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N°1 AVRIL - MAI 2017
INNOVATION DIGITALE
L’Afrique passe à la
vitesse grand D !
Ce n’est plus à prouver, l’humanité a déjà entamé la révolution du siècle : La digitalisation,
et plus que jamais, l’Afrique a l’occasion d’endosser le rôle du précurseur
plutôt que l’habituel rôle du suiveur. Plus que cela, selon une récente étude du très
sérieux cabinet d’audit et de conseil américain PwC, « En accomplissant pleinement
sa révolution digitale, l’Afrique a tous les atouts pour devenir la nouvelle puissance
économique ». Zoom sur un secteur pas comme les autres dans un continent pas
comme les autres.
2
Un partenaire de confiance
dans un monde en mouvement
NOS SAVOIR-FAIRE RASSEMBLÉS
AUTOUR D’UNE MARQUE UNIQUE
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
bollore-transport-logistics.com
sommaire
3
3 ǀ ÉDITO
26 DOSSIER
Analyse : L’Afrique : futur géant numérique ?
16 ÉCONOMIE
La Banque Africaine de Développement
répond aux attentes des Africains
6 ǀ ACTUALITÉ
•Investec Asset Management
rachète la société SJL
•Oilibya rénove son usine de
lubrifiants à Casablanca
•Alpha Condé invite les
pays africains à s’inspirer du
modèle marocain
•Dangote investit dans
la plus grande usine de
transformation de sucre
•CIMAF construit une 3e
cimenterie en Côte d’Ivoire
•Cooper Pharma fait le point
sur sa stratégie africaine
22 ENTREPRISE
L’Afrique invente son propre modèle, selon
Mazars
18 ÉCONOMIE
Le rapport Africa Pulse de la Banque mondiale
14 ǀ ÉVÉNEMENT
•Le Salon International
de l'Agriculture au Maroc
(SIAM)
16 ǀ ÉCONOMIE
•La Banque Africaine de
Développement répond aux
attentes des Africains
•Le rapport Africa Pulse de la
Banque mondiale
24 INTERVIEW
Amine Louali Directeur Général délégué de
Maghreb Steel
14 ÉVÉNEMENT
Le Salon International de l'Agriculture au Maroc
20 ENTREPRISE
La coopération Sud-Sud s’impose à l’Afrique
comme alternative au modèle de développement
post colonial
20 ǀ ENTREPRISE
•La coopération Sud-Sud
s’impose à l’Afrique comme
alternative au modèle de développement
post colonial
•L’Afrique invente son propre
modèle, selon Mazars
24 ǀ INTERVIEW
•Amine Louali Directeur
Général délégué de Maghreb
Steel
26 ǀ DOSSIER : INNOVA-
TION DIGITALE
L’AFRIQUE PASSE À LA
VITESSE GRAND D !
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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SOMMAIRE
42 INVITÉ DE LA RÉDACTION
Khaled Igue
58 OPINION
Maroc–Afrique subsaharienne : Un modèle
réussi du partenariat Sud-Sud !
48 ÉNERGIE
Alpha Condé Annonce La Création D’un
Centre Africain Pour L’eau Et Les Énergies
Renouvelables À Conakry
46 ÉNERGIE
Quelle énergie pour l’Afrique à l’horizon 2050 ?
54 INVESTIR
Investir au Gabon
53 INNOVATION
Le «SMARTilab EMSI» Champion de l’innovation
50 INNOVATION
Comment peut-on innover dans l’industrie
automobile ?
•Analyse : L’Afrique : futur
géant numérique ?
•Décryptage :La révolution
numérique au cœur de la
transformation de l’Afrique
(PwC)
•L’Afrique, eldorado de
l’innovation inversée ?
•Le programme Xl Africa
: Les startups numériques,
moteurs de l’innovation en
Afrique
42 ǀ INVITÉ DE LA RÉ-
DACTION
•Khaled Igue : Président du
Think Tank Club Afrique
2030
46 ǀ ÉNERGIE
•Quelle énergie pour
l’Afrique à l’horizon 2050 ?
•Alpha Condé Annonce
La Création D’un Centre
Africain Pour L’eau Et Les
Énergies Renouvelables À
Conakry
50 ǀ INNOVATION
•Comment peut-on innover
dans l’industrie automobile ?
•Le «SMARTilab EMSI»
Champion de l’innovation
54 ǀ INVESTIR
•Investir au Gabon
58 ǀ OPINION
•Maroc–Afrique subsaharienne
: Un modèle réussi du
partenariat Sud-Sud !
62 ǀ R&D
•LafargeHolcim Maroc
inaugure son premier centre
d’innovation à vocation
africaine
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ÉDITO
5
Akram ESSEBAHI
Directeur de publication
a.essabbahi@usineafricaine.com
L’usine africaine, c’est parti !
« L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique.»
C’est en entendant cette phrase lourde de sens
prononcée en février 2014 par SM le Roi Mohammed
VI, à l’occasion de l’ouverture à Abidjan
du forum économique maroco-ivoirien, que
l’idée de lancer un magazine 100% marocain
dédié exclusivement à l’industrie en Afrique
(ce continent d’avenir
par excellence, ce continent
aux potentialités
énormes au regard de
ses ressources naturelle
et de ses forces vives)
a germé. Trois ans plus
tard, l’idée a fait son
petit chemin pour donner
enfin naissance à
ce premier numéro. A
lui seul, ce premier «
jet » représente l’aboutissement de trois années
de recherches, de réflexions, connaissant les
nombreuses barrières à l’entrée du marché de
la presse écrite et le risque encouru, à cause
du déclin de ce secteur au profit des nouvelles
technologies d’information. Tant pis ! L’équipe
la digitalisation de
l'Afrique est unique
dans son genre, tant
par la façon dont
ce continent met à
profit l’innovation
technologique que par
la vitesse hallucinante
de progression dans ce
domaine
de L’usine africaine constituée de jeunes gens
ambitieux, multiculturels et désireux d’accompagner
cette transition mondiale qu’est le développement
du continent africain, a accepté le
relever le défi, car le « jeu » et l’enjeu valent
largement la chandelle.
Pour ce premier numéro donc, cette même
équipe a choisi de braquer les projecteurs sur la
transition digitale sans précédent qu’est en train
d’opérer le continent noir en ce moment même.
En effet, jouant un rôle prééminent dans la métamorphoses
des économies africaines, la digitalisation
de l'Afrique est unique dans son genre,
tant par la façon dont ce continent met à profit
l’innovation technologique que par la vitesse
hallucinante de progression dans ce domaine,
allant même jusqu’à bruler quelques étapes,
notamment concernant la dématérialisation
des processus. Toutefois, certains freins à cette
évolution (ou dois-je plutôt parler de révolution
?) sont à dénombrer, mais ils n’en demeurent
pas moins surmontables, à condition d’unifier
les efforts et d’établir une stratégie commune
sur l’échelle continentale. Autrement dit : «
l’Afrique doit faire confiance à l’Afrique ».
• Directeur de publication : Akram ESSABBAHI • Rédacteur en chef : Soufiane CHAKKOUCHE
• Secrétaire de rédaction : Said ZINNID • Directeur Stratégie & Relations Internationales :
Hicham BRITEL • Directeur Commercial & Marketing : Hajar EL HAMDOUCHI • Chef de publicité
: Younes IRAGUI • Maquette : Afrimedia • Dépôt légal : en cours • Impression : BS Print
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0537 69 92 57 • email : contact@usineafricaine.com • www.usineafricaine.com
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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ACTU
Transport : Investec
Asset Management
rachète la société SJL
Agro-industrie : Le marocain Sefrioui
investit 115 millions d’euros dans le riz au
Sénégal
Le Groupe Sefrioui va porter son investissement à hauteur de plus d’1
milliard de dirhams au Sénégal. L’investissement réalisé à travers la filiale
sénégalaise du Groupe, Afri Partners Sénégal s’inscrit dans le cadre de la
stratégie nationale sénégalaise du Plan Sénégal Emergent (PSE) et promet
d’après le top management, une « approche proactive et constructive ».
Le projet en lui-même, qui va donc créer plus de 1 500 emplois ainsi que
l’aménagement des parcelles villageoises sur une superficie de 2 500 ha,
prévoit la mise en place d’un contrat programme avec les villageois, qui
bénéficieront de l’assistance technique et de la formation du groupe marocain.
Le groupe SJL, un des opérateurs
majeurs du transport et de la logistique
en Europe et au Maroc vient d’annoncer
l’acquisition de la totalité de ses
actions par le fond d’investissement
Investec Asset Management, groupe
financier anglo-sud-africain majeur
sur le marché mondial.
Cette opération de rachat permettra
au groupe SJL de poursuivre le
développement de son activité sur ces
deux vastes marchés, en se positionnant
aussi bien comme un trait d’union entre
les deux continents, qu’un acteur du
développement des relations Sud-Sud.
En effet, le positionnement stratégique
de SJL au Maroc, dont le siège est
basé à Tanger, cadre parfaitement
avec ses ambitions internationales.
Pour piloter son développement sur les
cinq prochaines années, À travers ce
plan stratégique SJL prévoit d’investir
plus de 40 Millions d’Euros et créer
plus de 500 emplois entre l’Europe et
l’Afrique.
Agro-industrie : Dangote investit dans la plus
grande usine de transformation de sucre de
l’Afrique de l’Ouest
Aliko Dangote, le richissime homme d’affaires nigérian, investira 700 millions de
dollars dans la construction d’une usine de transformation de sucre située dans l’Etat
de Nasarawa. Située dans la localité de Tunga, dans le gouvernement local d’Awe, cette
usine sera la plus grande du genre en Afrique de l’Ouest. Côté emploi, elle devrait
générer 30 000 postes directs et indirects. D’après le propriétaire du groupe Dangote, le
projet de construction de l’usine comprendra une plantation de cannes à sucre s’étendant
sur 60 000 ha. Pour ce qui est de sa réalisation, le projet s’achèvera dans environ deux
ans et demi. Une fois le process de production entamé, l’usine produira 480 000 t de
sucre par an ; soit 27% de la demande locale annuelle du pays qui est de 1,7 Mt.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
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des métiers du pét r ole et du gaz
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Le plus grand centre de formation
d’Afrique
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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ACTU
CIMAF construit une
3e cimenterie en Côte
d’Ivoire
Avec l’augmentation de la demande
en coté d’ivoire, Ciments d'Afrique
(CIMAF), société appartenant à Anas
Sefrioui, est en train de doubler sa
capacité à San Pedro en rajoutant une
unité à 1 000 000 de tonnes. Cette
usine démarrera en juillet 2017, les
augmentations de capacités annoncées
le mois d’avril concernent Bobo
Dioulasso avec 700 000 tonnes et un
investissement de 30 millions EUR
; Bouaké avec 500 000 tonnes et un
investissement de 25 millions EUR et
enfin Doula avec l’extension de l’usine
existante d’1 million de tonnes pour
atteindre 1 500 000 tonnes, avec un
investissement de 25 millions EUR.
Ces usines seront opérationnelles
au courant de la 2e partie de 2018.
Chaque usine comptera plus de 1000
personnes dans la phase projet et
plus de 250 personnes entre la main
d’oeuvre directe et indirecte pendant
la phase exploitation. L’objectif du
groupe CIMAF est de devenir le 1er
opérateur e Afrique de l’ouest en l’an
2020.
Hydroélectrique : Platinum Power signe
un important accord au Cameroun
Un accord sur les termes de références relatifs au Projet et au Contrat d’Achat
d’Électricité a été signé le 13 avril 2017 entre l’État de la République du
Cameroun, Platinum Power et ENEO Cameroon représentés respectivement
par Dr. Basile Atangana KOUNA, Ministre de l’Eau et de l’Énergie, Omar
BELMAMOUN, président directeur général et Joël Nana Kontchou,
directeur général.
Cet accord, établi dans le cadre d’un partenariat public-privé, porte sur
les principes du futur Contrat d’Achat d’Electricité relatif au complexe
hydroélectrique de Makay.
Le complexe hydroélectrique de Makay, situé dans la région du Centre,
dans le département du Nyong-et-Kelle, développera une capacité de 350
MW, permettant de produire plus de 2000 GWh/an, ce qui se traduirait par
un accès à l’électricité en faveur d’une population de plus de 6 millions
de personnes. Le complexe hydroélectrique de Makay, dont la mise en
exploitation est prévue pour le deuxième semestre 2023, contribuera au
renforcement de l’offre énergétique, stimulera la croissance économique et
fournira au Cameroun une électricité propre, fiable et renouvelable.
Le Message du Président Babacar Ndiaye
pour l’Afrique
A l’occasion de la cérémonie de lancement à Dakar de la 2e édition de The
Africa Road Builders, le Président Babacar Ndiaye a lancé un message
d’espoir pour l’Afrique.
« Croire en l’Afrique. Faire partager sa foi en l’Afrique. Transformer
l’Afrique. Se sentir Africain, au-delà des frontières de nationalités. Nourrir
l’ambition d’avoir une Afrique unie, une Afrique de l’espoir. Cette Afrique,
j’y crois. Je crois qu’elle va réussir, parce que ceux qui nous suivent, ceux qui
ont pris la relève, ceux qui sont dans cette salle et au-delà de cette salle, n’ont
plus de complexe…Ils sont branchés sur ce qui existe de mieux ailleurs.
Nous pouvons leur dire : ‘vous pouvez croire en vous-même. En croyant en
vous-même, vous croyez en l’Afrique’ »
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ACTU
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L’African Public Relations Association
organise sa 29e conférence annuelle à
Casablanca
L'Association Panafricaine des Relations Publiques (APRP) organise pour
la première fois au Maroc sa conférence annuelle dont la 29e édition aura
lieu du 10 au 12 mai à Casablanca. C’est la première fois que cet événement
prestigieux se déroule au Maroc.
Placée sous le thème “Competitive Africa : Effective Positioning Through
Integrated Communications”, ("L'Afrique Compétitive: Un positionnement
efficace grâce à une stratégie de communication intégrée") la conférence
de l’APRA s’adresse à tous les professionnels des relations publiques, de la
publicité, du branding, de l’édition, du journalisme et des nouveaux médias.
Pharmaceutique
: Cooper Pharma
fait le point sur sa
stratégie africaine
Cooper Pharma, leader marocain de
la production pharmaceutique, vient
d’annoncer avoir bouclé l’année 2016
et entamer 2017 sous de bons auspices.
Derrière son leadership, une stratégie à
l’international que le leader marocain
a initié il y a presque une vingtaine
d’années. Cette stratégie a visé essentiellement
le continent africain et le
Moyen-Orient. Cooper Pharma a ainsi
tout au long de ces années multiplié
les installations en propre ou en jointventure
avec des partenaires solvables
avec qui le leader marocain partage la
même vision.
Cette stratégie africaine continue son
bout de chemin avec des réalisations
de taille. Ainsi, Cooper Pharma, mène
actuellement deux grands projets au
Rwanda et en Côte d’Ivoire. Elle y installe
deux unités de productions industrielles
afin de permettre aux patients
de ces deux pays d’avoir accès à des
médicaments à la portée, sans pour
autant négliger la qualité.
Autour de keynotes et de tables-rondes animés par des experts reconnus, cet
événement de networking réunira des chefs d’entreprise réputés, des officiels
de premier plan, ainsi que des investisseurs de haut niveau.
Avec une participation de plus de 300 invités venus de toute l’Afrique, la
conférence de l’APRA permettra d’identifier les défis du continent en mettant
l'accent sur son image et le rôle de la communication, de proposer un
agenda sur la base duquel les défis énoncés seront abordés et de diriger une
action collective en vue de promouvoir l'image de l'Afrique à travers les
efforts coordonnés des professionnels de la communication.
En partenariat avec The Holmes Report, la 29e conférence de l’APRA verra
en outre la remise des prix « SABRE Awards Africa » aux gagnants de la
première version continentale cette compétition. Les prix « Sabre Awards »
sont les plus réputés dans le secteur des relations publiques.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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ACTU
Agriculture : Alpha Condé
invite les pays africains
à s’inspirer du modèle
marocain
Énergie : Oilibya rénove son usine
de lubrifiants à Casablanca
Acteur de référence dans le secteur énergétique en Afrique,
OiLibya a toujours contribué au développement économique
et social des pays où la marque est implantée. Plaçant la qualité
et l’innovation au cœur de ses préoccupations, OiLibya a mis
en place un plan d’investissement ambitieux au Maroc pour
les prochaines années. Un de ses projets les plus importants est
la rénovation et l’équipement des usines de lubrifiant avec des
technologies de pointe et les systèmes de contrôle qualité les
plus avancés. Le budget est estimé à 85 millions de dirhams ce
qui garantira une production de lubrifiants de qualité, à même
de satisfaire tous les besoins des clients. L’unité de production
manuelle, existant depuis 1967, sera remplacée par un système
complètement automatisé qui assurera une augmentation de la
capacité de production, une plus grande sécurité des opérations
et améliorera sans commune mesure la qualité des produits.
Ce sont là les propos d’Alpha Condé le président en
exercice de l’UA lors de la 9e édition des Assises
nationales de l’agriculture et de l’édition 2017 du
Salon internationale de l’agriculture du Maroc
(SIAM 2017). Lors de son allocution, le Président
guinéen a insisté sur le fait que le développement
du continent africain passe inévitablement par le
développement de l’agriculture. Dans ce sens, il a
mis en exergue l’exemple du Maroc qui peut servir
de modèle pour le reste du continent à travers le Plan
Maroc Vert dans l’accompagnement de l’adaptation
de l’agriculture aux changements climatiques.
Pour Alpha Condé, l’agriculture offre des
alternatives très crédibles qui permettront au
continent de relever les défis prioritaires auxquels
il est confronté, à savoir la sécurité alimentaire et
la création d’emplois en plus de l’objectif d’une
croissance durable, soutenue et inclusive.
Un partenariat signé entre la Fenelec et EPD of
Rwanda
La Fenelec, Fédération Nationale de l’Electricité,
l’Electronique et les Energies Renouvelables a signé un
accord de partenariat avec son homologue Rwandaise
EPD, Energy Private Developers of Rwanda.
A l’occasion de la première étape de l’African Business
Connect à Kigali le 3 avril 2017, Azelarab EL HARTI et
Ivan TWAGIRASHEMA respectivement présidents de
FENELEC et EPD, ont scellé ce partenariat, premier du
genre pour la Fédération marocaine en Afrique de l’Est.
Outre, le développement des secteurs électrique,
électronique et énergies renouvelables entre les deux
pays, cette convention prévoit le déploiement d’actions
communes, structurées et coordonnées visant l’amélioration
du climat d’affaires, et le renforcement de la coopération et
le partenariat Sud-Sud, dans un esprit Win-Win.
Ainsi, l’Association Professionnelle Rwandaise vientelle
s’ajouter aux 22 autres associations professionnelles
africaines partenaires de la FENELEC et membres de la
Confédération Africaine de l’Electricité dont le siège est
à Casablanca.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
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• Agadir 2 : 05 28 83 81 19 / 90 / 91 • Oujda 1 : 05 36 52 40 20
• Salé : 05 37 88 63 19 / 21 / 23 • Tétouan : 05 39 71 52 05
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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ÉVÉNEMENT
Le président guinéen Alpha Condé, invité d'honneur des 9es Assises de l'agriculture du Salon SIAM
SIAM : silence, ça pousse !
Par Soufiane Chakkouche
A quelques levers du soleil après la baisse du rideau de la 12ème édition du Salon
international de l’agriculture au Maroc (SIAM pour les intimes) qui s’est tenu du 18 au
23 avril dernier à Meknès sous le thème "Agrobusiness et chaînes de valeur agricoles
durables", les sourires affichés par les organisateurs et les exposants en disent long sur
la récolte de cette année. L’usineafricaine vous en dresse le bilan.
La graine semée il y a 11 ans
de cela (ndlr : la première
édition du SIAM a eu
lieu en 2006) est devenue
pousse et la pousse s’est métamorphosée
en arbre ! Pour preuve, à en
croire les responsables du SIAM, la
moisson 2017 est bonne, très bonne.
« Cette 12ème édition a été une réussite
sur tous les plans. L'ensemble
des professionnels y ont trouvé une
réponse à leurs attentes et ont pu
réaliser leurs objectifs », affirme le
Commissaire du SIAM, Jawad Chami,
et les chiffres semblent abonder
dans son sens.
L’année de tous les records
Ils voulaient atteindre la barre symbolique
de 1 millions de visiteurs,
mais ils n’en ont comptabilisé que
810.000 contre 850.000 un an auparavant.
Et pourtant, l’édition 2017
a affolé les compteurs, notamment
s’agissant du nombre des exposants
nationaux et internationaux, ainsi
que celui des pays participants. Ils
étaient plus 1.230 exposants provenant
de 66 contrées, dont 19
africaines, a étaler leurs produits,
services et savoir-faire sur la moquette
flambant neuve du salon. En
outre, 20 délégations étrangères
conduites par quelques 15 ministres
ont répondu présent. Quant au fond,
l’événement a enregistré un record
de taille avec l’organisation de 33
conférences et colloques pour 21
conventions signées, des paraphes
synonymes de « renforcement de la
vocation de carrefour international
et incontournable du salon », comme
le souligne Jawad Chami.
« Africulture »
Il fallait leur dédier une grande surface
d’exposition, car ils étaient
venus des 4 coins de l’Afrique ! Sénégal,
Algérie, Égypte, Bénin, Burkina
Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire,
Gabon, Gambie, Ghana, Guinée
Conakry, Mali, Mauritanie, Madagascar,
Niger, Nigeria, Ouganda,
Togo et Namibie, 19 drapeaux, unis
sous l’étendard africain, flottaient
au-dessus des têtes lors de cette édi-
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ÉVÉNEMENT
15
tion. Alors, et à l’instar de cet espace
réservé à l’Afrique au milieu du pôle
International, comme si ce continent
était voué à jouer un rôle central dans
les échanges internationaux s’agissant
de la chose de l’agriculture, le
SIAM s’est clairement positionné
comme tribune pour plaider la cause
d’une agriculture continentale. Une
cause largement partagée et défendue
par Alpha Condé, Président de
la République de Guinée et Président
en exercice de l’Union africaine,
invité de marque de la 9ème édition
des Assises nationales de l’agriculture
et du SIAM 2017. En effet,
après ses récentes et fracassantes déclarations
coup de gueule à Abidjan
et à Paris en faveur d’une prise de
conscience collective du continent
africain à propos du secteur agricole
de ce dernier, c’est à Meknès que le
Président au verbe incisif a choisi de
réitérer son plaidoyer. « L'Afrique
doit prendre son avenir entre ses
mains et définir son propre moyen
pour gérer sa démocratie… Le développement
de nos pays, quelles que
soient leurs richesses en matières
premières minérales, passe nécessairement
par le développement de
nos agricultures », a-t-il déclaré à
l'occasion de l'ouverture des Assises
nationales de l'agriculture. Une pensée
qui s’accorde parfaitement avec
l’initiative pour l’Adaptation de
l’Agriculture Africaine, la fameuse
« Triple A » (ndlr : lire encadré :
« Le Triple A pour les nuls ») lancée
par le Maroc lors de la COP22
et qui consiste dans ces grandes
lignes à réduire l’impact négatif
des changements climatiques sur
l ’ a g r i c u l t u r e d u c o n t i n e n t a f r i c a i n .
Côté produits, « le panier en osier
» des exposants africains contenait
des produits agricoles transformés
et d’autres du terroir tels que l’huile
de soja, le maïs, le riz, le fonio ou
encore le chocolat et les fruits exotiques,
mais pas seulement. On pouvait
y trouver également beaucoup
d’ambitions et l’espoir de sceller
des partenariats gagnant-gagnant
avec le Royaume chérifien, véritable
tremplin pour un rayonnement à
l’international. Et, au vu du potentiel
énorme dont regorge le continent
de Thomas Sankara, les solutions
ne devraient en principe pas faire
défaut. L’avenir nous le dira… Un
avenir qu’on espère vert.
Pour sa 12ème édition, les têtes pensantes du SIAM ont
jeté leur dévolu sur l’Italie afin d’occuper le siège d’invité
d’honneur. Et pour cause, ce pays méditerranéen
représente la 3ème puissance agricole de l’Union européenne
(juste derrière la France et l’Allemagne) avec un
chiffre d’affaire du secteur agricole de plus de 42 milliards
d’euros et quelques 1,6 millions d’exploitations
agricoles pour une surface arable d’environ 7,1 millions
d’hectares. Qui plus est, le pays de Léonard de Vinci est
sans conteste l’un des leaders mondiaux de l’agriculture
biologique et de la production placée sous le signe de
L’Italie à l’honneur
le « Triple A » pour les nuls
l’identification de la qualité et de l'origine. En effet, la
péninsule compte le plus grand nombre d'appellations
d'origine protégée (AOP), d'indications géographiques
protégées (IGP) et de spécialités traditionnelles garanties
(STG) de l’Union européenne. Quant à la relation
commerciale avec le Maroc, l’Italie occupe le 17ème
rang des partenaires commerciaux du Royaume concernant
le domaine agricole, et c’est bel et bien pour faire
bouger ce classement que les responsables du SIAM ont
opté pour l’Italie. Alors oui messieurs ! ce fut bien le
bon choix.
A comme Adaptation, A comme Agriculture, A comme
Afrique. Lancée en grande pompe par le Maroc en marge
de la COP22 qui s’est déroulée du 7 au 18 novembre
dernier à la Ville ocre, l’initiative dite « Triple A » vise
essentiellement à adapter l’agriculture du continent
noir, et ce afin de relever l’énorme défi que constitue
le changement climatique, ou à moindre mesure, réduire
le taux de vulnérabilité de l’agriculture africaine face à
ce fléau planétaire. Pour cela, le plan « Triple A » préconise
le traitement prioritaire de 3 axes principaux, à
savoir : l'accès aux énergies propres, le développement
des villes durables et le renforcement de la résilience à
la production agricole. En somme, pour la première fois
dans l’histoire de ce continent, une corrélation claire
a été établie entre le climat et la sécurité alimentaire.
Enfin, il convient de rappeler que les climatologues s’accordent
tous à dire que l’Afrique est la première victime
du changement climatique, et que son agriculture commence
d’ores et déjà à en pâtir. Cette situation est plus
qu’alarmante lorsque l’on sait que ce secteur fait travailler
60 % de la population africaine, de quoi faire passer
ce problème en priorité continentale numéro 1 !
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
16
ÉCONOMIE
La Banque Africaine de Développement
répond aux attentes des Africains
Lors d’un discours passionné
prononcé mercredi
19 avril 2017 au Center
for Global Development à
Washington, DC, le président de la
Banque africaine de développement
(BAD), Akinwumi Adesina a évoqué
l’énorme potentiel de l’Afrique
ainsi que le programme de développement
ambitieux de la Banque qui,
a-t-il déclaré, « est en bonne voie de
réalisation ».
Au cours de sa rencontre avec le
groupe de réflexion de Washington,
le Président de la BAD a dressé un
bilan de ses 19 premiers mois à la
tête de l’institution. Deux ans plus
tôt, le 16 avril 2015, alors qu’il était
ministre de l’Agriculture et du Développement
rural du Nigeria, il participait
à un débat dans la même salle
avec d’autres candidats à la présidence
de la BAD avant l’élection
présidentielle en mai 2015.
« L’Afrique était au premier plan
pour une excellente raison », a-t-il
déclaré dans un discours préliminaire
qui introduisait le panel sur le
thème « Les difficultés et la logique
d’une hausse des financements pour
l’Afrique », organisé en marge des
réunions de printemps du FMI et de
la Banque mondiale. « La Banque
africaine de développement a donné
la direction à suivre, en matière de
leadership, à toutes les banques multilatérales
de développement (BMD)
en faisant preuve de transparence
dans l’élection de son président,
dans le cadre d’un processus ouvert
et concurrentiel », a-t-il ajouté, faisant
référence à la publication des
résultats en direct sur Twitter, de
l’élection organisée par la BAD.
Deux ans plus tard, Akinwumi
Adesina a déclaré, devant une salle
comble, que la vision qu’il avait présentée
lors de son discours inaugural
– les « Cinq grandes priorités »
(le Top 5) en matière de développement
– est en cours de déploiement à
l’échelle du continent.
« La vision que nous avons de
l’Afrique, à la BAD, fait partie
intégrante du Top 5 : éclairer
l’Afrique et l’alimenter en énergie,
nourrir l’Afrique, industrialiser
l’Afrique, intégrer l’Afrique et
améliorer la qualité de vie des
Africains », a affirmé le président,
avant d’énumérer une liste
d’initiatives qu’entreprend la BAD
actuellement.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ÉCONOMIE
17
« En lançant le « New Deal » pour
l’énergie en Afrique, nous nous
sommes engagés à investir 12 milliards
de dollars au cours des cinq
prochaines années, avec l’ambition
de mobiliser 45 à 50 milliards de
dollars supplémentaires. L’objectif
étant de raccorder 130 millions de
personnes au réseau et 75 millions
à des systèmes hors réseau, afin de
permettre à environ 150 millions
de ménages d’accéder à une source
d’énergie de cuisson propre.
« Nous avons mis en place une toute
nouvelle vice-présidence spécifiquement
dédiée à l’électricité et à
l’énergie : la BAD est la première
et l’unique banque multilatérale de
développement à prendre une telle
mesure. L’an dernier, nous avons
financé un projet d’un montant de
1,7 milliard de dollars dans le secteur
de l’électricité couvrant 19 pays
et, cette année, ce montant passera à
2 milliards de dollars, avec l’objectif
de mobiliser 5 à 7 milliards de
dollars. Nous avons lancé un Fonds
pour l’inclusion énergétique à hauteur
de 500 millions de dollars avec
un capital de départ de 100 millions
de dollars, afin de proposer des
financements abordables aux entreprises
qui investissent dans les énergies
renouvelables.
« À l’instar de l’électricité qui alimente
une économie, la nourriture
fournit de l’énergie aux populations.
Le coût annuel des importations alimentaires
en Afrique se chiffre à 35
milliards de dollars et l’on prévoit
une augmentation de ce montant à
110 milliards de dollars d’ici 2025
; ceci affaiblit les économies des
pays africains, décime son secteur
agricole et exporte les emplois du
continent », a déclaré Adesina, en
précisant que 35 milliards de dollars
représentent approximativement le
montant dont le continent a besoin
pour combler son déficit énergétique.
« Dans un souci d’apporter un soutien
rapide à la diversification des
économies en Afrique et à la relance
des zones rurales sur le continent,
nous avons fait de l’agriculture notre
plus haute priorité », a-t-il poursuivi.
« La BAD s’est engagée à verser
24 milliards de dollars pour soutenir
l’agriculture au cours des 10
prochaines années, en se focalisant
principalement sur l’autosuffisance
alimentaire et sur l’industrialisation
agricole. Les sécheresses et les
famines auxquelles certains pays ont
récemment été confrontés (Soudan
du Sud, Somalie, Nigeria, Kenya,
Éthiopie et Ouganda) appellent à des
interventions immédiates, car 20 millions
de personnes sont touchées par
l’insécurité alimentaire et souffrent
de malnutrition aiguë. C’est dans ce
cadre que la BAD a décidé de lancer
de nouvelles initiatives et prévoit
un appui de 1,1 milliard de dollars,
suite à l’approbation de son Conseil
d’administration, pour faire face à
cette crise et prévenir toute nouvelle
famine en cas de sécheresse. »
« Nous prenons des mesures pour
rehausser le niveau de parité en
Afrique. C’est la raison pour laquelle
nous avons lancé le programme de
Discrimination positive en matière
de financement pour les femmes
d’Afrique (AFAWA) en vue de mobiliser
3 milliards de dollars en faveur
des femmes entrepreneures.
Nous nous sommes attaqués au
plus grand problème social auquel
l’Afrique fait face aujourd’hui : les
taux élevés de chômage des jeunes.
Actuellement, un tiers des 230 millions
de jeunes Africains (environ
20 % de la population jeune dans le
monde) est au chômage ou se sent
découragés, un autre tiers occupe
un emploi précaire, principalement
dans le secteur informel, et seulement
1/6e occupe des emplois rémunérés.
»
Pour résoudre ce problème, la BAD
a lancé l’initiative ENABLE Youth
(Empowering Novel Agri-Business-Led
Employment Youth) un
programme destiné aux jeunes et
promouvant l’entrepreneuriat dans
l’agro-industrie par l’acquisition
de compétences qui s’adresse aux
jeunes « agripreneurs » dans plusieurs
pays, dont le Nigeria et le
Soudan. La BAD s’est également
associée à la Banque européenne
d’investissement (BEI) afin de lancer
l’initiative « Boost Africa » pour
les jeunes entrepreneurs innovants,
et elle investit dans la formation de
la jeunesse dans les domaines des
sciences, des technologies et des
mathématiques en vue de les préparer
aux emplois de demain.
« Notre vision pour l’Afrique est
claire », a déclaré Akinwumi Adesina
en énonçant certains des succès
qu’a connu l’institution en 2016 :
• 3,3 millions d’Africains ont bénéficié
de nouveaux raccordements à
l’électricité ;
• 3,7 millions d’Africains ont bénéficié
d’une amélioration de leur
accès à l’eau et à l’assainissement ;
• 5,7 millions d’Africains ont bénéficié
d’améliorations dans le secteur
agricole ;
• 9,3 millions d’Africains ont bénéficié
d’un accès à des services de
santé améliorés ;
• 7 millions d’Africains ont bénéficié
d’une amélioration de leur
accès aux services de transport.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
18
ÉCONOMIE
Le rapport Africa Pulse de la Banque
mondiale
« La croissance économique en
Afrique subsaharienne rebondit en
2017 », Tel est la conclusion d’Africa
Pulse, le rapport semestriel de la
banque mondiale dédié à l’état des
économies africaines.
Après avoir enregistré en 2016, son
niveau le plus bas depuis plus de
deux décennies, la croissance dans
cette région reprend en 2017 pour
atteindre 2,6 %. Toutefois, elle reste
faible et se situe légèrement au-dessus
de la croissance démographique.
Autrement dit, elle avance avec un
rythme qui entrave les efforts relatifs
à l’emploi et à la réduction de la
pauvreté.
Ce redressement est lent eu égard à
l’ajustement insuffisant par rapport à
la baisse des prix des matières premières
et à l’incertitude des politiques.
Plusieurs pays exportateurs
de pétrole sont confrontés à des difficultés
économiques.
Heureusement ! D’autres pays
comme la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie,
Kenya, Mali, Rwanda, Sénégal
et Tanzanie continuent d’afficher
des taux de croissance annuels supérieurs
à 5,4 % entre 2015 et 2017,
aidés en cela par la demande intérieure.
Les perspectives économiques mondiales
s’améliorent et devraient favoriser
la reprise dans la région. Selon
le rapport Africa’s Pulse « la croissance
globale du continent devrait
passer à 3,2 % en 2018 et à 3,5 %
en 2019, reflétant ainsi la reprise
dans les principales puissances économiques.
La croissance demeurera
atone dans les pays exportateurs de
pétrole, alors qu’elle devrait repartir
modestement dans les pays exportateurs
de métaux. La croissance
du PIB dans les pays dont l’économie
dépend des matières premières
devrait rester forte, soutenue par
les investissements dans les infrastructures,
des secteurs de services
résilients et le redressement de la
production agricole. C’est le cas en
Éthiopie, au Sénégal et en Tanzanie
».
« Alors que les pays procèdent à
des ajustements budgétaires, nous
devons faire en sorte que la conjoncture
demeure propice à l’investissement
afin que les pays d’Afrique
subsaharienne connaissent une reprise
plus forte », explique Albert
G. Zeufack, économiste en chef de
la Banque mondiale pour la région
Afrique. « Nous devons mettre en
œuvre des réformes qui augmentent
la productivité des travailleurs
africains et créer un environnement
macroéconomique stable. Des emplois
plus productifs et de meilleure
qualité contribuent à lutter contre la
pauvreté sur le continent. »
Concernant les mesures à prendre,
ledit rapport recommande une mise
en œuvre urgente de réformes visant
à améliorer les institutions qui promeuvent
la croissance du secteur
privé, développer les marchés financiers
locaux, améliorer les infrastructures
et renforcer la mobilisation
des ressources intérieures.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
19
20
ENTREPRISE
Nasser Benkirane
VP Business Development
« La coopération Sud-Sud s’impose à
l’Afrique comme alternative au modèle
de développement post colonial »
Plus qu’une tendance, c’est un fait : les entreprises marocaines sont de plus en plus
présentes sur le très prometteur marché africain, jadis boudé par ces dernières. Le
Groupe MEDTECH n’échappe pas à la règle, objectif : faire connaître le Groupe à
l’échelle continentale. Entretien avec Nasser Benkirane, VP Business Development.
Le Groupe MEDTECH est
le 1er opérateur global des
NTIC au Maroc ; A l’actif
du Groupe, 13 filiales totalisant
un effectif de 900 personnes,
100 Millions d’Euros de CA consolidé,
opérant dans les Solutions IT,
les Solutions de Paiement, les Data
Center et les Solutions Réseaux et
Télécoms (Mobilité, Big Data, Virtualisation,
Cloud, Intelligence de
la donnée, Progiciels de gestion,
Conduite du changement, Sécurité
IT, Communications unifiées, Développement
spécifique, Switch monétique,
Centre de contacts, GED, Portail
d’entreprise, etc…).
Le Groupe a développé une expertise
reconnue dans divers secteurs
d’activité (finance, industrie, administration,
services, …), avec un
champ d’intervention dépassant le
cadre national (Europe, Afrique du
Nord, Afrique de l’Ouest et Afrique
Centrale).
Parmi ses nombreux partenaires éditeurs
et constructeurs, on citera entre
autres : Oracle (depuis 1989), IBM,
CISCO, Alcatel-Lucent (filiale Nokia),
NCR (fournisseur de guichets
automatiques), Dell EMC, Nutanix,
Sage ou encore Microsoft.
En tant que Vice-Président Business
Développent du Groupe MED-
TECH, je suis en charge du développement
de ses activités sur l’Afrique
avec un focus particulier sur la partie
Francophone.
Quelle est votre stratégie d’investissement
dans le continent africain
?
Le Groupe MEDTECH s’investit
depuis maintenant 5 années dans la
prospection des marchés d’Afrique
du Nord et d’Afrique Subsaharienne.
Cela se traduit en premier par une
étude des différents marchés porteurs
et la constitution d’un réseau
de partenaires capables de représenter
localement notre offre globale de
produits et services. Notre stratégie
se poursuit ensuite à travers des déplacements
réguliers dans les pays
ciblés pour assister à des salons et
forums IT, mais aussi pour y rencontrer
des prospects et clients de même
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ENTREPRISE
21
que nos futurs partenaires locaux.
L’objectif de notre démarche est
de faire connaître notre Groupe à
grande échelle et de s’appuyer sur
nos partenaires pour faire le travail
commercial tout en bénéficiant de
notre support total durant les phases
d’avant-vente.
Le Groupe MEDTECH mène en
parallèle des réflexions pour s’implanter
dans certains pays en propre
ou à travers un rachat de structures
locales.
Parlez-nous de vos projets en
Afrique
Le Groupe MEDTECH compte à
son actif plusieurs projets réalisés
en Afrique du Nord et en Afrique
Subsaharienne. Parmi les projets en
cours, on citera entre autres : projet
de switch monétique en Sierra Leone
à travers sa filiale S2M, projet de gestion
électronique des documents en
Côte d’Ivoire à travers sa filiale Uniforce,
projet de formations Oracle
au Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire et
Niger à travers sa filiale OmniAcademy,
projet de déploiement de solutions
de gestion des forces de vente
mobiles au Tchad à travers sa filiale
Ncrm, projet de mise en œuvre de
solutions de sécurité Oracle chez
un opérateur télécoms au Cameroun
à travers sa filiale Omnidata, projet
de Datawarehouse et de Reporting
règlementaire en Algérie à travers sa
filiale Omnidata Business Solutions,
etc…
Comment votre entreprise accompagne
la politique du royaume
dans le développement du continent
africain ?
L’Afrique est un relai de croissance
non négligeable. Tout le monde se
rue sur cet eldorado jadis délaissé.
Le marché marocain est saturé, d’où
la nécessité pour les entreprises marocaines
d’aller chercher de la croissance
en Afrique, où la compétence
marocaine est aujourd’hui fortement
reconnue et appréciée.
En ce qui nous concerne, et fort de
nos expériences réussies depuis
plus de 25 ans dans le domaine des
Nouvelles Technologies de l’Information
et de la Communication,
nous œuvrons à l’instar des autres
secteurs d’activité (finance, télécoms,
assurance, …) à faire bénéficier
plusieurs pays frères de tout
notre savoir-faire, en leur proposant
des idées de projets IT déjà réalisés
au Maroc aussi bien dans le secteur
Privé que Public. Nous agissons
également au niveau de nombreuses
Agences de Développement de l’Informatique
de ces pays, en tant que
conseiller sur les Best Practices de
notre domaine d’activité, en vue de
leur permettre d’améliorer leur notation
« Doing Business ».
L’informatique constitue en somme
aujourd’hui un ingrédient essentiel
permettant aux pays Africains de
passer d’un statut de pays sous-développé
à pays émergent. Nous faisons
notre possible pour y contribuer du
mieux que nous pouvons.
Quel regard portez-vous sur la
coopération Sud-Sud ?
Le Maroc a entamé depuis quelques
années une politique Africaine basée
sur la coopération Sud-Sud et sur le
partenariat Public-Privé dans une
perspective Win-Win. Ceci est à
mettre à l’actif de Sa Majesté Le Roi
Mohammed VI, que Dieu l’assiste,
qui a ouvert cette voie permettant
au Maroc de renforcer sa position
de deuxième investisseur africain en
Afrique, voir premier en Afrique de
l’Ouest.
La coopération Sud-Sud s’impose
au continent Africain comme alternative
au modèle de développement
post colonial des pays Africains.
L’Afrique peut ainsi se fédérer,
trouver son chemin vers le développement
et s’affranchir de la dépendance
vis-à-vis de l’Europe et de la
Chine.
Cette conception de coopération du
Maroc avec les autres pays Africains
ambitionne de donner à l’Afrique les
moyens de se développer par ellemême,
en comptant sur ses propres
ressources naturelles et humaines.
Comment à votre avis, les entreprises
marocaines pourraient être
une réelle locomotive dans le développement
du continent africain ?
Doté de ressources naturelles limitées,
le Maroc fait partie des rares
pays africains qui ont réussi à bâtir
des Groupes privés solides, au
savoir-faire reconnu. On assiste en
effet aujourd’hui à une présence
significative de ces grands Groupes
Marocains en Afrique, permettant
aux pays concernés de bénéficier
du partage de leur expertise, de leur
savoir-faire et de leur compétitivité
dans divers domaines d’activité : la
finance, les télécoms, la construction
d’infrastructures, l’immobilier,
l’assurance, la santé, l’agriculture,
l’exploitation des richesses du soussol,
l’industrie pharmaceutique, le
ciment, la formation professionnelle,
les énergies renouvelables, etc…,
tout ceci auréolé par une compagnie
aérienne nationale, Royal Air Maroc,
contribuant à une vaste mobilité
intercontinentale permettant de faciliter
la libre circulation des ressortissants
des pays Africains frères.
Ce constat permet à mon sens de
conforter le statut du Maroc en tant
que « réelle locomotive » du développement
du continent Africain.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
22
ENTREPRISE
L’Afrique invente son propre modèle,
selon Mazars
À
l’occasion de l’édition
2017 de l’Africa CEO
Forum, le groupe international
d’audit et de
conseil Mazars dévoile les enseignements
de son étude « Afrique :
les nouvelle voies de l’innovation
– dans le sillage des catalyseurs de
l’intrapreneuriat et de l’open innovation
». Propulsée par l’intrapreneuriat
et l’innovation, l’Afrique connait
aujourd’hui une transformation décisive.
À travers cette étude, Mazars
part à la rencontre d’entrepreneurs et
d’entreprises qui ont développé des
initiatives locales pragmatiques et
innovantes.
L’innovation devient une priorité
stratégique pour un nombre croissant
d’entreprises établies en Afrique, qui
disposent rarement des ressourcesinternes
et de l’agilité nécessaires pour
se transformer, qui plus est rapidement
».
S’inspirant des succès extérieurs
sans chercher à les copier et s’adaptant
aux réalités locales pour générer
L’Afrique : des
écosystèmes
entrepreneuriaux aux
multiples facettes
de nouveaux projets, les entrepreneurs
innovants africains contribuent
à inventer de nouveaux modèles.
Certaines entreprises misent sur le
potentiel d’innovation de leurs collaborateurs.
D’autres s’ouvrent à des
acteurs externes, parmi lesquelles
les start-ups.De Dakar à Nairobi, du
Cap à Casablanca, les expérimentations
d’intrapreneuriat et d’open
innovation se multiplient, créant une
dynamique panafricaine.
« Continent de la disruption technologique,
l’Afrique franchit actuellement
une nouvelle étape en matière
d’innovation. Après les success stories
des fintechs et de la bancarisation
du secteur des télécommunications,
le continent connaît un nouvel élan
avec les pratiques d’intrapreneuriat
et d’open innovation qui apportent
des solutions locales pragmatiques
dans des environnements ne bénéficiant
pas toujours des ressources
internes et du cadre réglementaire
propices à la création d’offres innovantes.
C’est désormais aux entreprises
de s’impliquer dans ce type de
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ENTREPRISE
23
démarches afin de répondre aux
besoins de proximité du marché
et de créer une culture d’agilité
qui les aidera à réinventer leur
business model», explique Abdou
Diop, Managing Partner de
Mazars au Maroc.
Les initiatives d’intrapreneuriat
et d’open innovation constituent
également une composante importante
de l’attraction et de la
rétention des talents. L’étude
Mazars révèle ainsi que près de
90% des répondants indiquent
que l’ouverture d’une entreprise
à l’innovation et à l’intrapreneuriat
est un critère qui les inciterait
à la rejoindre.
L’Afrique : des écosystèmes
entrepreneuriaux aux multiples
facettes
Le continent africain est en
ébullition numérique : bourgeonnants
en Afrique centrale
ou dans l’Ouest francophone,
en phase de développement
accéléré comme au Rwanda,
structurés comme l’exception
sud-africaine. D’autres encore
bénéficient de positions privilégiées
comme au Maroc, proche
historiquement des États-Unis
et géographiquement de l’Europe,
ou en Egypte, qui profite
de sa proximité avec le Moyen-
Orient.
L’étude Mazars démontre
qu’aujourd’hui un peu partout
des précurseurs montrent la
voie rapprochant les mondes
des entreprises établies et des
entrepreneurs/innovateurs, ou
libérant le potentiel « intrapreneurial
» des salariés.
Elle nous apprend également
qu’il existe un écart de maturité
entre les écosystèmes anglophones
et francophones. Ainsi,
seules 16% des personnes anglophones
interrogées pensent
que leur entreprise n’a pas fait
de l’innovation une priorité
contre 25% côté francophone.
L’Afrique anglophone dispose
en effet d’un terreau d’innovation
important, à Nairobi, à Lagos,
à Johannesburg et au Cap, à
Accra ou à Kigali.
La mondialisation avancée et
les technologies de communication
instantanée renforcent les
interconnexions entre les écosystèmes
africains mais aussi
au-delà des frontières. L’étude
Mazars met ainsi en avant la
manière dont des start-ups de
la diaspora africaine s’allient à
des grands groupes pour prolonger
l’aventure dans leurs filiales
africaines, ou encore l’intérêt
croissant pour l’Afrique de startups
internationales, notamment
dans les Fintechs.
Si le courant d’intrapreneuriat
et d’open innovation gagne petit
à petit du terrain et de la visibilité
en Afrique, beaucoup reste
à faire, dans la majorité des
écosystèmes, pour qu’émergent
plus d’entrepreneurs pérennes :
assouplissement des cadres ou
encore facilitation de l’accès
au marché de la part des entreprises
établies.
À propos de Mazars
Mazars est une organisation internationale
intégrée et indépendante
spécialisée dans l’audit, le conseil
ainsi que les services comptables
fiscaux et juridiques. Au 1er janvier
2017, Mazars est présent dans les
79 pays qui forment son partnership
international intégré.
Mazars fédère les expertises de 18
000 femmes et hommes.
Emmenés par 950 associés, ils
servent leurs clients à toutes les
étapes de leur développement : de la
PME aux grands groupes internationaux
en passant par les entreprises
intermédiaires, les start-ups et les
organismes publics.
En Afrique, Mazars est présent dans
25 pays avec 2 500 collaborateurs
répartis dans 45 bureaux.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
24
INTERVIEW
Amine Louali
Directeur général délégué de
Maghreb Steel
« La problématique de l’industrialisation
de l’Afrique commence par la question
de la logistique »
Après que certains l’ait donnée pour morte, l’entreprise Maghreb Steel semble renaitre
de ses cendres. Mieux encore, ce symbole de la sidérurgie marocaine reprend, petit à
petit, du poil de la bête pour reprendre le flambeau de la sidérurgie marocaine à l’échelon
africain. Interview avec Amine Louali, le directeur général délégué de Maghreb Steel.
Après des années de difficultés,
Maghreb Steel
est en train de se redresser,
depuis que vous êtes
aux commandes. Que pouvez-vous
nous dire là-dessus ?
Maghreb Steel a connu depuis la
mise en service de l’investissement
colossale (6 milliards de DH) dans la
nouvelle usine (aciérie + 2 laminoirs
à chaud) une grave crise financière
qui a failli entrainer l’arrêt de son
activité. Cet investissement a coïncidé
avec l’effondrement des marchés
des commodités dans le monde
et a accentué les pertes financières.
En 2014, un plan de transformation
a été décidé entre les banques, l’État
et les actionnaires pour redresser
l’entreprise. Nous avons commencé
par mettre en place la structure managériale
et organisationnelle pour
assurer une maitrise de nos opérations.
Nous devions maitriser toute
la chaine de production pour offrir
au marché les bons produits, avec la
bonne qualité, dans les délais et en
étant compétitif. Tous les processus
internes de l’entreprise ont connu
une transformation radicale. Nous
cherchons à responsabiliser les personnes
en charge, à les faire monter
en compétences et à reprendre
la maitrise sur les opérations. Nous
cherchons aussi à appliquer l’état de
l’art dans tous nos processus pour
transformer cette entreprise à gestion
familiale en une référence de la
bonne gouvernance qui n’a rien à envier
aux meilleures multinationales.
Beaucoup de réalisations sont déjà à
notre actif mais il reste beaucoup à
faire pour pérenniser l’entreprise et
occuper la place que Maghreb Steel
mérite au sein de l’écosystème industriel
du Maroc.
Comment avez-vous réussi à faire
baisser les tensions et regagner la
confiance du marché ?
Nous devions faire la démonstration
par la preuve. C’est vrai que
Maghreb Steel était à l’arrêt faute de
financement et cela a entrainé beaucoup
de tension avec nos clients.
Les conditions nécessaires pour le
lancement du plan de restructuration
ont mis un certain temps à se mettre
en place (financement, mesures
de protection…), mais nous avons
commencé à obtenir de bons résul-
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
INTERVIEW
25
tats opérationnels (fiabilisation des
lignes de production, réduction des
couts…) après quelques mois. Ce
qui a permis d’embarquer les troupes
dans cette aventure très tôt. Une fois
la maitrise des fondamentaux a commencé,
la confiance de nos clients
a commencé à revenir. Nous avons
presque mis un an à rassurer les
clients et le marché surtout après
une grève et un problème de financement
au cours de l’année. Maintenant
nous pouvons être fiers de la
confiance de nos clients et même de
nous ériger comme moteur de notre
écosystème. Nous identifions des
opportunités de développement pour
nous et nos clients et cela se traduit
par un marché qui s’accroit malgré
un contexte économique défavorable
ces deux dernières années.
L’autre élément de confiance c’est
les prix que nous appliquons. Ils
sont très compétitifs ; ce qui permet
de réduire de manière significative
l’importation au Maroc.
Dernier élément, c’est celui de la
qualité. Nous avons amélioré de manière
significative notre qualité au
point de pouvoir livrer Renault. Cela
a des conséquences sur la qualité de
l’ensemble de nos produits. Résultat
: l’obtention d’une certification ISO
TS 16949, sésame indispensable
pour livrer le secteur très exigent du
secteur de l’automobile.
Que pouvez-vous nous dire sur votre
stratégie de développement au niveau
africain ?
Maghreb Steel a toujours exporté
une part importante de ses capacités
(20 à 30%), dans le bassin méditerranéen
en Europe, au Maghreb et au
Moyen-Orient. Le positionnement
du Maroc par rapport à l’Afrique
est très intéressant. La plupart des
marché africains sont très petits
et ne consomment pas beaucoup
d’acier. De facto, nous avons un
avantage compétitif qui nous permet
de bien servir ce marché. Nous
sommes déjà présents en Afrique
depuis des années. Nous sommes en
train de renforcer nos équipes pour
pouvoir servir plus de marchés. La
nouveauté que nous cherchons à déployer
et d’accompagner nos clients
marocains dans leur implantation en
Afrique en leur proposant des offres
compétitives pour qu’ils puissent
percer dans ce marché.
Quels sont les projets que vous avez
déjà menés à bon port en Afrique
?Nos produits sont déjà commercialisés
depuis plusieurs années dans
une dizaine de pays en Afrique. Nous
espérons accaparer plus de parts de
marché ; ouvrir de nouveaux horizons
et de nouveaux pays.
Quel regard porte Maghreb Steel sur
l’industrialisation en Afrique ?
La problématique de l’industrialisation
de l’Afrique commence par la
question de la logistique qui rend le
fret couteux et freine les ambitions
de développement du continent. Les
besoins de consommation sont très
importants, mais malheureusement
les infrastructures ne suivent pas
toujours. La stratégie de la Chine
consistant à augmenter le salaire de
la main d’œuvre pour donner naissance
à une classe moyenne importante
est une grande opportunité
pour le continent africain et pour
le Maroc en particulier. Nous avons
assisté à la signature du projet de «
Mohamed VI – Tanger Tech City »
qui confirme cette opportunité. Pour
développer davantage l’Afrique, il
faut renforcer les liens et faire du «
sur-mesure » pour répondre aux besoins
grandissant du continent.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
26
DOSSIER
L’Afrique : futur géant
numérique ?
Olivier Labbe
Directeur général chez Cap dc
A
un peu plus de 50 ans, je
m’amuse toujours à expliquer
aux jeunes de 25
ans que, lorsque j’avais
leur âge, la Chine était considérée
comme un pays « en voie de développement
». Cet état de fait, radicalement
bouleversé en l’espace d’une
seule génération, est une formidable
promesse d’espoir pour le continent
Africain.
Les retards technologiques d’hier
permettent les innovations de demain
Il faudra d’abord, comme l‘explique
l’économiste togolais Jonas Aklesso
Daou, que l’Afrique développe des «
canaux de diffusion positive », affirmant
une contribution à la valeur
mondiale, et s’appuyant sur la fierté
de sa propre culture. Une fois ce «
socle fondateur » établi, la nouvelle
perception de l’Afrique auprès des
autres acteurs permettra une véritable
influence au niveau du développement
économique.
L’Afrique se
transformera demain en
leader économique par
la « reverse innovation »
numérique
L’histoire a ensuite toujours montré
que les retards technologiques d’hier
permettaient les innovations de
demain, tout particulièrement dans
l’industrie numérique.
Le leadership mondial du Kenya,
et désormais de certains pays
d’Afrique, dans le paiement mobile,
tient en grande partie au retard
qu’avait accumulé ce continent dans
les infrastructures bancaires classiques
(distributeurs de billets, terminaux
de paiement etc…). Ainsi,
la possession massive par un grand
nombre de citoyens kenyans d’un téléphone
mobile (plus de 90 %), a rendu
évidente la logique d’utilisation
de ce terminal comme infrastructure
de base pour déployer les services
bancaires, avec en premier lieu la
fonction paiement. A l’inverse, un
citoyen européen n’a jusqu’à présent
jamais ressenti le besoin d’une telle
technologie car son système actuel
lui suffit. Ainsi, le classement économique
du mobile money présentée
par l’experte anglaise Alix Murphy
fin 2014 montrait d’ailleurs en n°1
….l’Afrique subsaharienne et en
queue de peloton … l’Europe. Alors
que M-Pesa lance au Kenya cette
semaine le premier emprunt obligataire
exclusivement disponible
sur téléphone mobile (une première
mondiale), j’observais encore en
novembre dernier à Paris le membre
d’une délégation ministérielle africaine,
cherchant en vain comment
payer depuis son smartphone, et
constatant que notre pays n’était
pas encore équipé ! Situation, vous
l’avouerez, assez paradoxale….
L’Afrique se transformera demain en
leader économique par la « reverse
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
DOSSIER
27
L’Afrique se contente
encore souvent de
répliquer ou de
déployer les innovations
développées dans les
autres continents
innovation » numérique
L’Afrique se contente encore souvent
de répliquer ou de déployer les
innovations développées dans les
autres continents, même si elle le
fait désormais avec une remarquable
dextérité : créé en 2012 au Nigéria,
Jumia est devenu en quelques années
l’Amazon africain, générant un
chiffre d’affaires de 135 M€ en 2015.
Mais c’est vraiment par la « reverse
innovation » numérique, à l’instar du
paiement mobile, que l’Afrique se
transformera demain en leader économique.
Et le retard technologique d’aujourd’hui
sera le catalyseur des solutions
de demain.
Les innovations digitales se retrouveront
dans la e-citoyenneté (formidable
enjeu du continent face à ces 1
,2 Milliards de citoyens), la e-santé
(il y a parfois moins de 1 médecin
spécialiste pour 1 million d’habitants
dans certains pays d’afrique
sub-saharienne) ou encore la e-agriculture
(un pourcentage intolérable
des productions agricoles pourrit
dans les entrepôts, faute d’information
« ICT4Ag » sur la logistique ou
la capacité à vendre)
Ainsi, la pharmacie virtuelle sénégalaise
Jokkosanté, la solution M-Pedigree
qui lutte au Ghana contre les
faux médicaments, la bourse sénégalaise
M-Iouma de vente de fruits
et de céréales, la place de marché
agricole virtuelle kenyanne M-farm,
sont autant d’applications digitales
qui génèrent des fonctionnalités innovantes.
Un jeune entrepreneur burkinabé
me parlait récemment de sa future
application géo-localisée permettant
à chacun de connaître l’heure d’arrivée
d’un prochain moyen de transport,
évitant que certaines personnes
prennent des risques inconsidérés
à sauter sur les bus en mouvement.
En plus d’éviter des accidents, cela
permettra peut-être de découvrir un
futur modèle « Uber »…
En conclusion
Bien sûr, il faudra que les états africains
investissent dans les infrastructures
du numérique, en premier
lieu les réseaux et les Data Centers,
pour permettre à leur entrepreneurs
de développer ces innovations. C’est
la raison pour laquelle nous travaillons
avec des ingénieries locales
autour du modèle Cap DC.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
28
DOSSIER
Décryptage : La révolution numérique
au cœur de la transformation de
l’Afrique (PwC)
Croissance 2.0
La révolution numérique au cœur de la transformation de l'Afrique
PwC vient de publier une étude portant sur la révolution numérique en Afrique. Le
choix du continent noir tient du fait que « l'Afrique se positionne plus en précurseur
qu'en suiveur ». L’étude en question porte sur l’impact potentiel et réel des technologies
dans six domaines clés. Clés que nous vous présentons ci-dessous en guise d’extraits
L'Afrique se distingue des
autres continents par sa
façon de s'emparer de l'innovation
technologique.
En effet, dans cette région du monde,
la révolution numérique n'est pas
tant caractérisée par la technologie
sur laquelle elle s'appuie que par
les tarifs abordables pratiqués dans
ce domaine, la facilité d'accès aux
appareils et, jusqu'à récemment,
une demande largement inexploitée.
Autant de facteurs qui ont permis à
l'Afrique de progresser rapidement.
Imaginez un instant que vous vivez
dans les montagnes isolées d'Afrique
de l'Est. Un de vos enfants a besoin
de médicaments mais l'acheminement
de ce traitement jusqu'à votre
village nécessite deux à trois jours
d'un long périple à moto.
Imaginez à présent comme votre vie
serait transformée si vous pouviez
commander ce médicament à partir
de votre téléviseur alimenté par
l'énergie solaire, régler la facture
depuis votre téléphone portable et
récupérer votre livraison déposée
par un drone devant votre porte.
C'est désormais possible. En effet,
grâce à la disponibilité croissante
d'unités de production électrique
solaire, des millions d'Africains
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
DOSSIER
29
ont maintenant accès à l'électricité.
Par ailleurs, le paiement mobile est
aujourd'hui possible même dans les
contrées les plus reculées.
Des tests pour la livraison par drone
de produits médicaux, même des
poches de sang, sont actuellement en
cours dans les montagnes d'Afrique
de l'Est.
Face à cette vague d'innovations,
l'Afrique présente un grand avantage
par rapport aux autres continents :
tout est à inventer et rien ne vient
freiner les entreprises qui cherchent
à instaurer leur propre modèle distinctif.
De nombreux marchés se développent
à vitesse grand V. Les frontières
entre les secteurs s'estompent.
La réunion des énergies renouvelables,
des paiements mobiles et
des moyens de financement des
consommateurs en constitue un bon
exemple.
L'économie de partage, modèle qui
a propulsé des entreprises comme
Uber et Airbnb à la tête de leur secteur
d'activité, est également fermement
ancrée en Afrique. Exemple
frappant; Uber, qui est présent sur
le continent africain, doit partager
le marché avec de nombreux
concurrents locaux. On retrouve ce
modèle d'économie de partage dans
le nombre croissant de réseaux qui
permettent à des millions d'entrepreneurs
de trouver du travail, d'obtenir
des informations sur leur marché et
de se développer commercialement
bien au-delà des limites de la localité
où ils étaient jusqu'à présent cantonnés.
Un potentiel précieux
Où se cache le potentiel de demain?
Cette étude analyse l'impact
potentiel et réel des technologies
dans six domaines clés :
01
Rendre les entreprises et les services
publics plus efficaces
La technologie ouvre de nouveaux
marchés, enrichit l'offre et raccourcit
les délais de livraison.
La connectivité qui non seulement
accroît la disponibilité des biens et
des services mais permet également
aux collaborateurs et aux entreprises
et personnes innovantes de travailler
ensemble au sein de communautés
virtuelles est au cœur de ces développements.
Toutefois, si les portables
sont très présents, le développement
d'Internet reste faible. En Afrique,
moins de 30 % des habitants ont accès
au haut débit mobile (contre
43 % en Asie), et seulement 15 %
bénéficient d'un accès à Internet à
leur domicile3. Les appareils avec
lesquels ils se connectent font appel
à une technologie relativement
ancienne, ce qui limite la diversité
et le volume des contenus auxquels
ils peuvent accéder et qu'ils peuvent
télécharger. En améliorant l'accès
à Internet et à des équipements de
nouvelle génération, il serait possible
non seulement de favoriser la
connectivité mais également de créer
des plates-formes dédiées à d'autres
développements commerciaux dans
différents domaines : publicité, e-
commerce et divertissements.
Par ailleurs, une collecte, une analyse
et un partage de données plus
efficaces pourraient doper la performance
des services publics tout
en garantissant une utilisation à bon
escient des investissements. Malgré
leur nombre, les données disponibles
sont souvent fragmentées, incomplètes
ou obsolètes, d'où des difficultés
à cibler les investissements,
à évaluer la progression des projets
par rapport aux objectifs ou à permettre
aux citoyens de demander des
comptes aux autorités. La transformation
des services publics passera
obligatoirement par une meilleure
préparation au partage des données
en toute transparence.
02
Renforcer la confiance et lutter
contre la corruption
La lutte contre la corruption et le
gaspillage implique une documentation
précise et exhaustive des dépenses
publiques.
La technologie blockchain qui
constitue, pour chaque transaction
et chaque information échangée une
base de données sécurisée, pourrait
être la solution dans la lutte contre
la fraude. Elle pourrait également
réduire les dépenses considérables
liées à la collecte et la vérification
des registres.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
30
DOSSIER
03
Simplifier l'accès au marché et les
interactions économiques
Le e-commerce dispose du potentiel
pour révolutionner le secteur de la
distribution, comme il l'a déjà fait en
Europe, en Asie et en Amérique du
Nord.
Toutefois, les ordinateurs et les
smartphones étant assez peu répandus,
les interfaces de vente doivent
fonctionner sur des appareils basiques.
L'impact des publicités s'en
trouve amoindri (moins d'illustrations
et de vidéos), tout comme la
diversité des options proposées. Le
piètre état des routes, des systèmes
postaux et des infrastructures de
paiement freine également les perspectives
de développement.
Le développement des drones pourrait
aider à contourner certains des
problèmes liés aux infrastructures
routières et postales. Néanmoins, il
faudrait mettre en place des adresses
fiables et des moyens de paiement
numériques pour tirer pleinement
profit du e-commerce. L'impression
3D met la fabrication personnalisée
à la portée des communautés les plus
éloignées.
On compte déjà plusieurs exemples
de prothèses orthopédiques fabriquées
avec ce procédé. À l'avenir,
l'impression 3D pourrait révolutionner
la production en modifiant les
procédés de réalisation. Il ne s'agirait
plus d'investir massivement dans des
machines et de rechercher une main
d'œuvre à bas coût - modèle qui a alimenté
l'essor de l'Asie au XXe siècle
- mais plutôt de se contenter d'une
technologie relativement bon marché
et de tout miser sur la créativité
des utilisateurs ; ce changement représenterait
une véritable source de
valeur. Voilà comment sans héritage
technologique, l'Afrique pourrait
prendre la tête de cette nouvelle révolution
industrielle et devancer les
pays disposant de ressources technologiques
plus traditionnelles.
04
Améliorer les soins de santé et prévenir
les crises sanitaires
La technologie abolit les distances et
contribue à élargir l'accès aux soins.
Dans ce domaine, les exemples ne
manquent pas : depuis les kits d'examens
ophtalmologiques portables
jusqu'au dépistage de maladies cardiovasculaires
dont les résultats sont
transmis à un spécialiste à distance
pour établir un diagnostic. De son
côté, l'analyse des Big Data et la
surveillance opérée par les drones
peuvent permettre de détecter les
premiers signes d'une épidémie
éventuelle, de suivre sa propagation
pour mieux cibler la distribution des
médicaments et de l'endiguer.
En œuvrant à la démocratisation de
ces technologies, les responsables
politiques et les entreprises contribueraient
à améliorer l'accès aux
systèmes de soins, tout en réduisant
les coûts et en soulageant un personnel
de santé débordé.
05
Améliorer les soins de santé et pré-
Promouvoir l'éducation, l'innovation
et la création d'emplois
Grâce aux hubs d'innovation, les
entreprises en place peuvent se rapprocher
de start-up et créer des écosystèmes
prospères d'entreprises
créatives. Pourtant, en Afrique, la
plupart des hubs technologiques
souffrent d'un manque d'infrastructures
(informatique, Internet, électricité
et routes), d'expertise technique,
d'investisseurs et de réglementation
pour pouvoir réaliser pleinement
leur potentiel. Les pouvoirs publics
ont un rôle majeur à jouer dans ce
domaine : ils peuvent fournir un soutien
réglementaire et développer les
infrastructures, notamment les télécommunications
et le réseau électrique,
pour permettre à ces pôles de
devenir de véritables centres d'excellence.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
DOSSIER
31
06
Réintégrer le secteur informel
dans les circuits économiques traditionnels
Grâce aux téléphones portables, les
banques et les opérateurs de télécommunications
peuvent désormais
proposer des services accessibles à
bas coûts à des clients jusqu'alors
non bancarisés. Par exemple, au
Kenya, la plate-forme de paiement
M-PESA offre non seulement la possibilité
d'obtenir un crédit mais également
d'accéder à d'autres services
tels que payer ses factures d'électricité
et même acheter des produits
plus rares.
L'effacement des frontières entre
les secteurs ainsi que la création de
nouveaux écosystèmes commerciaux
sont au cœur de ces développements.
Cette imbrication accrue des activités
nécessite d'adapter la réglementation
et de repenser la façon dont les
entreprises dotées de modèles économiques
très différents (les banques
d'un côté, les opérateurs mobiles
de l'autre) peuvent unir leurs forces
en créant des joint-ventures performantes.
Selon nous, la réussite de ce
genre de rapprochement passe plutôt
par un autre modèle : un intermédiaire
ou une spin-off fonctionnant
indépendamment des deux maisons
mères.
LES ACTIONS PRIORITAIRES
Comment tirer parti de ce potentiel ? D'après notre expérience et l'analyse à grande échelle
du marché réalisée dans le cadre de cette étude, nous estimons que cinq grandes priorités
se dégagent pour les entreprises traditionnelles, les nouveaux acteurs et les responsables
politiques.
LES ENTREPRISES
TRADITIONNELLES
01
La révolution numérique n'est pas
qu'une opportunité technique
La connectivité abolit les barrières
entre les différents secteurs d'activité
et ouvre de nouveaux marchés aux
produits industriels et aux biens de
consommation. Le potentiel commercial
vient de la mise en place
d'infrastructures physiques, financières
et de télécommunications qui
vont faciliter ces échanges commerciaux.
02
Créer des écosystèmes d'innovation
L'Afrique compte de plus en plus de
pôles technologiques et de « technopreneurs
». Les partenariats ouvrent
les portes de l'innovation. En contrepartie,
la présence de certains partenaires
sur le marché permet de tester
les produits et de réaliser des économies
d'échelle pour accélérer la commercialisation
des innovations.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
32
DOSSIER
03
Voir plus loin
En abaissant le prix des produits
et des services, en les rendant plus
accessibles et plus simples d'utilisation,
la révolution numérique participe
de façon significative à l'augmentation
du nombre de consommateurs
en Afrique.
Alors que les entreprises s'adressent
traditionnellement aux classes supérieures
et aux classes moyennes
supérieures, celle que nous pouvons
définir comme la « classe
moyenne émergente » constitue
une manne beaucoup plus importante
puisqu'elle devrait représenter
un marché de 6 000 milliards
de dollars en 20214. Avec plus de
deux milliards de consommateurs
(comprenant une grande proportion
de la population africaine), la
classe moyenne émergente, dont les
revenus annuels oscillent entre 996
dollars et 3 945 dollars, se positionne
juste en dessous de la classe
moyenne conventionnelle en termes
de revenus. En matière de qualité et
de performance des produits, ses attentes
sont identiques à celles des catégories
supérieures. D'ailleurs, cette
étude montre que les consommateurs
restent fidèles à une entreprise bien
implantée dans la classe moyenne
émergente, même quand leur niveau
de revenus progresse.
04
Tirer parti des expériences
Autrefois, il fallait des années à un
produit innovant pour trouver son
marché. Aujourd'hui, c'est l'affaire
de quelques mois. En conséquence,
les business plans qui s'étirent en
longueur ne sont plus valables -
quand le produit arrive sur le marché,
il n'y est déjà plus attendu. Pour
réussir, il faut sortir des sentiers battus
- passer rapidement à la phase
de commercialisation, recueillir tout
aussi rapidement les avis, tirer les
leçons et s'adapter... en cas d'échec,
autant échouer vite pour se relever et
recommencer.
05
Penser autrement
Dans une économie de rupture, il faut se montrer
créatif, avoir envie de partager et être prêt à
accueillir le changement. Les entreprises innovantes
ne sont pas seulement des spécialistes
de la technologie et des analystes de données,
elles doivent faire preuve d'empathie pour être
plus proches des consommateurs et comprendre
leurs besoins. Il convient également d'anticiper
le fonctionnement d'un effectif hybride ou des
hommes et des femmes travailleront en collaboration
avec l'intelligence artificielle.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
DOSSIER
33
LES NOUVEAUX ACTEURS
01
02
03
Définir un modèle unique
Les modèles occidentaux ne sont
pas adaptés à l'Afrique - l'absence de
structures préexistantes et la vitesse
du changement font que la région est
déjà en train de dépasser les autres
continents. De plus, aucun modèle
n'est transposable d'un pays africain
à un autre. Les nouveaux acteurs performants
ont développé des modèles
économiques adaptés aux besoins spécifiques
de chaque marché, intégrant
les différences de réglementation, de
structure de marché et de préférences
clients propres à chaque partie de
l'Afrique.
04
Croître avant qu'il ne soit trop tard
De nombreuses start-up performantes
ont prospéré sur des plates-formes
créées par des sociétés mères ou des
partenaires de joint-ventures. À mesure
de leur croissance, elles peuvent
se sentir à l'étroit sur ces plates-formes
ou estimer qu'elles sont freinées dans
leur expansion vers de nouveaux marchés.
C'est pourquoi il est important
d'anticiper le développement de sa capacité
de croissance et de sa présence
sur le marché, via de nouveaux partenariats,
des structures indépendantes
ou une séparation de la maison mère
en vue d'une introduction en bourse.
Voir au-delà de l'innovation technologique
Les logiciels et autres avancées technologiques
ne peuvent pas fonctionner
seuls. Tout l'enjeu réside dans la mise
en place d'un modèle économique
efficace et pertinent pour le client.
Les consommateurs africains réclament,
sur leurs canaux numériques, du
contenu produit localement. Malheureusement,
il ne faut pas oublier que
l'accès au Wifi est généralement limité
et que les appareils ne sont pas de dernière
génération.
05
Contrer les résistances des intérêts
particuliers
On peut s'attendre à ce que les grands
acteurs bien établis voient d'un mauvais
œil une réglementation qui permettrait
à de nouveaux arrivants de
leur prendre des parts de marché. Si
l'unique façon d'accéder au marché
est de nouer des partenariats, rien
n'empêche qu'une fois sur pied et pleinement
opérationnelle, l'entreprise
tente de convaincre les responsables
politiques que les innovations qu'elle
porte et la concurrence qu'elle représente
sont, à long terme, bénéfiques
pour le marché.
Trouver sa place
Certains nouveaux acteurs ont réussi
à créer un nouveau marché en partant
de zéro. Mais la plupart des start-up
africaines se sont engouffrées dans les
brèches des marchés existants et ont
généré des revenus en raccourcissant
les délais de livraison ou en élargissant
l'accès. L'utilisation des données
mobiles pour vérifier la localisation
et faciliter les demandes de prêts est
un exemple révélateur. Alors que les
téléphones portables et l'Internet des
objets sont en plein essor en Afrique,
les données, plutôt que les appareils et
les équipements qui permettent de les
échanger, pourraient devenir une véritable
mine d'or.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
34
DOSSIER
LES RESPONSABLES POLITIQUES
01
Accepter le changement comme une
opportunité
Pour les communautés oubliées des
services publics et des banques, la
révolution numérique est synonyme
d'accès à l'électricité, aux télécommunications
et aux services financiers.
S'il est important de réguler les activités
en pleine expansion dans des secteurs
économiques sensibles, il ne faut
pas en profiter pour protéger des intérêts
particuliers.
04
Placer l'agriculture au cœur du développement
En matière d'investissements, l'agriculture
arrive toujours en queue de peloton.
Comme le souligne cette étude,
c'est l'un des domaines dans lequel les
besoins d'innovation se font le plus
sentir mais aussi où ils sont le plus
difficiles à satisfaire. Un développement
intelligent placerait l'agriculture
en première ligne, mettrait en production
les terres inexploitées en utilisant
les dernières technologies pour doper
le rendement et progresserait sur la
chaîne de valeur vers des domaines tels
que le développement des semences.
02
Encourager la libre circulation des
données
Les données détenues par les pouvoirs
publics représentent une ressource
énorme et sous- exploitée. Les technologies
aident non seulement à cartographier
les maladies et à cibler les
réponses mais également à identifier
les besoins en infrastructures, en soins
de santé et en éducation. Les pouvoirs
publics doivent jouer leur rôle en améliorant
la qualité de leurs propres données,
en acceptant de les partager et en
exploitant les informations qu'elles recèlent
pour cibler les investissements
et accroître l'efficacité des services
publics.
05
Renforcer la transparence
La connectivité renforcera les possibilités
de surveillance des pouvoirs
publics. Il faut y voir une chance de
promouvoir davantage de transparence
et de confiance. La technologie blockchain
offre une occasion unique de
lutter contre la corruption et la fraude
dans les administrations publiques.
03
Bénéficier d'un tremplin technologique
Alors que la technologie devient plus
abordable et simple d'utilisation,
l'Afrique a l'opportunité de profiter
des derniers développements, qu'il
s'agisse de la fibre optique ou de la 4G.
UNE
OCCASION
UNIQUE
Nous vivons une période pleine d'opportunités.
Depuis les services bancaires
mobiles jusqu'aux énergies
renouvelables, l'Afrique est en train
de passer devant les autres régions du
monde dans ces domaines. Les entreprises
et les pouvoirs publics disposent
là d'une opportunité inédite d'exploiter
la révolution numérique que connait
actuellement l'Afrique pour intensifier
et amplifier la prospérité à travers tout
le continent. Ne la laissons pas filer !
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
35
36
DOSSIER
Jean-Michel Huet
Associé au sein du cabinet
BearingPoint
L’Afrique, eldorado de l’innovation
inversée ?
Mobile banking, e-commerce, e-gouvernement… Grâce à l’avènement du digital,
l’Afrique est aujourd’hui le laboratoire de multiples cas d’innovations inversées.
Après la vague de l’innovation
frugale vient
celle de l’innovation inversée,
théorisée par Vijay
Govindarajan et Chris Trimble.
Nous assistons au renversement du
cycle classique de l’innovation qui
ne vient plus seulement des pays du
Nord mais aussi des pays du Sud.
Alors que l’innovation frugale vise
à créer plus de valeur économique et
sociale tout en consommant moins
de ressources, l’innovation inversée
– qui consiste à concevoir des produits
ou services dans et pour les
pays émergents, avant de les commercialiser,
avec quelques ajustements,
dans les pays industrialisés –
s’en différencie sur plusieurs points.
Tout d’abord, l’innovation inversée
n’est pas qu’une simple exportation
d’un modèle car elle découle des besoins
des marchés émergents où elle
a été conçue. Ensuite, elle implique
”
Le cabinet
américain McKinsey
Global Institute avait
publié en septembre
dernier la deuxième
“
édition
un changement de culture profond,
caractérisé notamment par la valorisation
de l’expertise du personnel
implanté localement, l’émergence
de nouvelles compétences créatives
au sein de ces équipes, et la création
d’un véritable écosystème local
participatif favorisant le développement
de produits issus de l’innovation
inversée. Enfin, elle s’appuie
sur une réelle autonomie des équipes
locales, pouvant ainsi partir d’une
feuille blanche pour créer de nouvelles
solutions et définir un dispositif
de gouvernance approprié.
Le digital en Afrique s’inscrit pleinement
dans cette logique d’innovation,
initialement frugale, puis
inversée. Le processus d’inversion
est en cours : l’innovation africaine
arrive dans les pays plus développés.
Aujourd’hui, les Européens se demandent
par exemple si ce qui a fait
le succès du digital en Afrique pourrait
trouver un écho sur le continent.
Pour comprendre ce qu’on entend
par « digital », quatre critères sont à
appréhender.
– L’accès aux données. C’est le cœur
de la révolution des TIC que nous vivons
depuis un quart de siècle avec
la numérisation, le développement
des réseaux de communication pour
échanger les données, et l’interopérabilité
entre les équipes techniques
pour fluidifier les échanges. Le trait
marquant des dernières années est
le renforcement significatif de la
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
DOSSIER
37
mobilité en Afrique, où la majorité
des pays comptabilise davantage de
téléphones mobiles que d’habitants.
– La donnée elle-même. Quelle que
soit cette donnée, fut-elle simple
(comme les SMS) ou complexe
(un échange vocal en direct), c’est
l’usage de la donnée et sa monétisation
qui sont au cœur du digital.
L’enjeu est de savoir ce que l’on fait
de cette donnée et comment l’exploiter,
par le biais d’algorithmes
notamment.
– Les plateformes. Gérer tout cela
par le biais de plateformes est aussi
un élément clé du digital. Dans le
contexte de l’Afrique, où l’innovation
passe par des partenariats publics-privés
importants, cette dimension
est centrale.
– Le web social. Les plateformes
digitales offrent la possibilité de
gérer un écosystème de partenaires
pour de l’open innovation, du développement
business, etc. L’Afrique
a été en avance sur cette dimension
avec les Printemps arabes pendant
lesquels les réseaux sociaux ont joué
un rôle clé, notamment en Tunisie.
Les cinq étapes du développement
numérique de l’Afrique
Le développement du digital en
Afrique s’est fait en plusieurs étapes.
Les économistes et les experts les
ont analysées en commençant par le
début des années 2000. Ils ont alors
utilisé le terme de « leapfrog » (littéralement,
« saute-mouton »). Cela
révèle une des spécificités du digital
en Afrique : les étapes de développement
ont été différentes de ce que
nous avons pu observer ailleurs. Ce
développement s’est réalisé en sautant
des étapes.
Les deux premiers « sauts » correspondent
à des cas d’innovations
inversées, les trois suivants sont en
devenir.
1. Le développement des TIC.
Pas de digital sans télécoms et sans
capacité d’échanger des données.
Jusqu’aux années 1990, l’Afrique
était déconnectée du monde avec
un taux de pénétration des accès
téléphoniques de moins de 3%. La
téléphonie fixe, déployée depuis les
années 1880 ailleurs, ne concernait
en Afrique que les grandes administrations,
les élites et les entreprises
importantes.
Le rattrapage a été fulgurant, mais
s’est opéré grâce au mobile, sans
passer par l’étape de la ligne fixe.
Ce saut est même double car à partir
des années 2010, l’accès à Internet
et aux réseaux sociaux est passé directement
par les smartphones et les
réseaux mobiles 3G ou 4G, et non
par l’ADSL ou la fibre reliées à des
ordinateurs personnels.
En soi, on ne peut pas parler ici d’innovation
inversée, mais plutôt d’une
voie de développement adaptée au
contexte local, donc d’une innovation
frugale. Cependant, d’autres
secteurs découvrent ou redécouvrent
le système du « prépayé ». Ainsi,
dans le champ de l’énergie et notamment
de l’électricité, le modèle
prépayé télécom, intimement lié aux
TIC, fait aujourd’hui des émules.
C’est le cas notamment en Amérique
du Sud mais aussi au Nord, dans les
grandes exploitations agricoles du
Midwest. Le modèle de télécom africain
est ainsi devenu une innovation
inversée.
2. Le paiement. Les pays africains
sont, à quelques exceptions près, très
peu bancarisés et l’usage du cash
y est massif. Le recours aux chéquiers,
virements ou cartes bleues
est rare. Là encore, un nouveau saut
a eu lieu avec l’éclosion du paiement
par mobile. Le succès des pays tels
que le Kenya, la Côte d’Ivoire ou le
Mali ont ouvert la voie à un nouveau
moyen d’échange d’argent (les premiers
usages sont essentiellement de
l’échange de personne à personne),
puis de paiement. Non seulement
les pays africains sautent des étapes
mais ont aussi un usage encore plus
« digital » des paiements que les
Européens ou les Américains. A ce
jour, cette étape, qui représente un
bel exemple d’innovation inversée,
est l’apport digital de l’Afrique le
plus significatif.
3. Le e-commerce. Les services par
contournement ou « over-the-top
» (OTT) (c’est-à-dire proposés en
dehors des offres commerciales des
fournisseurs d’accès à l’Internet,
NDLR) ont rapidement investi les
téléphones et les Smartphones des
Africains.
Avec des spécificités : Facebook est
accessible par SMS et Uber accepte
le paiement par cash dans certains
pays. Si tous les grands acteurs de
l’Internet mondial sont présents en
Afrique, Amazon a encore du mal
à adapter son modèle au contexte
africain. En retard d’une quinzaine
d’année sur les Etats-Unis, le e-commerce
africain connaît un développement
récent.
Ce développement n’est pas un rattrapage,
mais bel et bien une nouvelle
voie. En effet, les sites à succès
tels que Jumia (première licorne
africaine, NDLR) sont davantage
des places de marché, qui ne gèrent
pas leur stock. Le modèle s’adapte
à la spécificité locale (complexité
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
38
DOSSIER
logistique, manque d’adresses postales,
de confiance, etc.), et permet
d’enrichir le catalogue, y compris
avec des offres des marchés locaux
informels.
Il est encore trop tôt pour parler ici
d’innovation inversée car l’applicabilité
dans les pays du nord reste
à démontrer, mais l’Afrique est en
train de proposer un nouveau modèle
de e-commerce.
4. Le secteur public. Le digital peut
permettre au secteur public africain
d’effectuer un vrai bon en avant. Dès
les années 2000, les premières tentatives
dans le domaine de la santé ont
vu le jour. Depuis les années 2010,
nous assistons à une accélération :
projets de e-gouvernement, e-santé,
e-éducation… Même si beaucoup
sont encore au stade théorique, ils
témoignent d’une vraie volonté politique
d’utiliser le digital comme
catalyseur du développement.
Certains pays africains disposent aujourd’hui
d’états civils entièrement
numérisés et biométriques, ce dont
ne disposent pas les pays européens
ou américains à ce jour ! Là encore,
il s’agit d’un terreau fertile d’innovation
inversée.
5. Le développement de l’économie
des plateformes. Si ce modèle
est largement commenté et développé
en Amérique du Nord, puis en
Europe et en Asie, il va aussi toucher
l’Afrique. Là encore, la question de
l’innovation frugale devenant inversée
va se poser.
Le développement des « smart cities
» à l’Africaine (Casablanca, Kigali,
etc.) semblent ouvrir la voie à de
nouvelles expérimentations pour
adapter ces plateformes au contexte
local, et devenir à terme un autre
exemple d’innovation inversée.
Biographie
Jean-Michel Huet est diplômé de
Sciences-Po Paris et de Neoma Business
School, il est associé au sein du
cabinet BearingPoint après avoir travaillé
chez France Télécom et chez
PwC.
Il accompagne depuis 20 ans, les opérateurs
télécoms et utilities, médias,
gouvernements et institutions internationales
dans leur stratégie de développement.
Il intervient notamment
dans la transformation digitale des
organisations.
Il pilote aussi les activités Afrique
de BearingPoint et intervient depuis
une dizaine d’années dans plus de la
moitié des pays du continent pour leur
développement et leur transformation.
Il a ouvert le bureau de Casablanca du
cabinet en 2011.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
Offshore Safety
Industry Training
os ita. maroc @gmail. c om
00212 6 61 53 54 06
www.osita-maroc . co m
39
NEBOSH
IGC
INTERNATIONAL GENERAL
IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY
WHO SHOULD ATTEND?
People who not need a b road knowledge of Health and S afety
iss ues and a re ba s ed outside of the U K .
Managers and S uperviso rs who have health and s afety
respons ibilities and/or advis e others on health and s afety.
Employees needing the health and s afety sk ills for
employment.
And Individuals who wis h to further their ca reer in health and
s afety.
COURSE DATES
JUNE 14, 2017 JUNE 24, 2017
COURSE CONTENT
UNIT IGC 1
Management of international health and sa fety involving polic y,
organization, and audit (IG C C1 )
UNIT G C 2
Co ntrol of international workplace hazards i ncluding transpo rtation,
equipement, elec tric al, fire, c hemica l, and physica l (IGC 2)
UNIT G C 3
International health and sa fety pratica l applic ation in risk control
(GC 3)
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T
JULY 10, 2017 JULY 23, 2017
FROM 8 AM - 5 PM
FROM MONDAY
FROM 8 AM- 5 PM
TO FRIDAY
1033
FIND US AT:
NEBOSH
IGC
INTERNATIONAL GENERAL
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
O ffshore Sa fety Industry Training Agency N° 2, I mm. Annas r, Av. Moulay Abdellah, 80020 - Agadir
IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T
40
DOSSIER
Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique
Les startups numériques africaines à
l’honneur
Parallèlement à ses réunions printanières qui se tiennent à la capitale américaine, les
responsables de la Banque mondiale ont donné le coup d’envoi de l’initiative Xl Africa.
Premier du genre, ce programme vise à accompagner 20 startups numériques des plus
prometteuses de l’Afrique subsaharienne. L’usineafricaine souligne ses grandes lignes.
X1, 1 pour la première
initiative de ce genre.
C’est l’appellation attribuée
par la Banque
mondiale à son programme d’accompagnement
des startups numériques
africaines. Concrètement,
il s’agit d’un programme d’apprentissage
sur mesure, qui permettra, à
terme, d’améliorer la visibilité des
20 startups sélectionnées, tout en accédant
à de potentiels investisseurs
et partenaires commerciaux. Sur le
plan pratique, les startups retenues
bénéficieront d’une formation accélérée
qui les obligera à entrer en
immersion durant cinq long mois, et
ce afin de « recevoir un mentorat de
la part d’experts internationaux et
locaux » comme on peut le lire sur le
communiqué de presse de la Banque
mondiale.
Pour sa part, Makhtar Diop, Viceprésident
de la Banque mondiale
pour la région Afrique, également
présent lors de cette annonce, n’a
pas manqué de rappeler que « Les
startups numériques sont des moteurs
importants de l’innovation en
Afrique », puis d’ajouter « Pour
multiplier et diffuser les nouveaux
services et technologies au-delà
des frontières, elles ont besoin d’un
écosystème intégré qui fournisse un
accès aux marchés régionaux et aux
investissements mondiaux.
Les initiatives panafricaines telles
que Xl Africa jouent un rôle essentiel
en liant à l’échelle du continent
les startups locales et les sociétés
et investisseurs ». Par ailleurs, la
Banque mondiale a d’ores et déjà
levé le voile sur la liste des groupes
d’investisseurs africains qui accompagneront
le programme X1 Africa.
On peut ainsi y trouver le réseau
African Business Angel Network
(Aban), Goodwell Investments,
Knife Capital, Nest Africa, Silvertree
Capital, Singularity Investments
et bien d’autres. Aussi, comme
partenaires commerciaux participants
à cette initiative, on trouve
des groupes comme le mastodonte
O r a n ge o u e n c o r e T h o m s o n R e u t e r s .
Pour rappel, cette initiative est loin
d’être le fruit du hasard, elle est
plutôt à corréler avec le récent rapport
de Disrupt Africa, qui fait état
d’une augmentation de 16,8% en
seulement une année, concernant le
nombre de startups technologiques
africaine ayant décroché un financement.
C’est de bon augure !
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
Guichet Unique National des Procédures du Commerce Extérieur
41
PARTENAIRE OFFICIEL
PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
www.logismed.ma
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
42
INVITÉ DE LA RÉDACTION
Khaled Igue
Président du Think Tank Club
Afrique 2030
« Le plus grand défi que doit relever le
continent africain aujourd’hui est celui
de la transition démographique »
Il n’a qu’un objectif : servir son continent. Cet objectif, il en fait la principale mission du
think tank Club 2030 Afrique dont il est président. Lui, c’est Khaled Igué, un béninois
qui consacre son quotidien au développement du continent noir. Interview
Parlez-nous de votre parcours
académique ?
Né au Bénin, Khaled Igué y grandit
et fait ses études à Cotonou jusqu’à
l’âge de 18 ans. Il part ensuite étudier
l’anglais au Ghana, s’installe
en France le temps d’enchaîner
une classe préparatoire et une école
d’ingénieur – l’INSA, Institut National
des Sciences Appliquées – et
s’envole pour une dernière année à
Chicago, au sein de l’Illinois Institute
of Technology. Il obtient son diplôme
en 2009, et rejoint Areva où il
travaille sur des projets énergétiques
et des partenariats stratégiques. Il
continue à enrichir sa formation universitaire.
Il est bientôt diplômé en
sciences économiques de l’université
de Paris I, titulaire d’un MBA
en Management de la Sorbonne Graduate
Business School et un Master
en Politiques de développement, Potentiel
Afrique de Sciences Po Paris.
Vous avez fait vos classes chez Areva.
Une telle expérience, qu’est-ce
qu’elle vous a apporté ?
Travailler pour une grande entreprise
comme AREVA dans un environnement
international apporte
forcément une expérience gratifiante
sur la gestion des grands projets,
leurs financements et le développement
de compétences. Chez AREVA
j’ai eu la chance de travailler avec le
Japon, de vivre en tant qu’expatrié
en Finlande et au Niger, et je peux
vous dire que rien que pour l’ouverture
culturelle, on apprend beaucoup.
L’Afrique a besoin de grandes
entreprises pour créer des emplois
et de la valeur ajoutée. Avoir pu travailler
dans un grand groupe comme
AREVA pendant près de 7 ans dans
différents secteurs comme l’Energie
et les Mines donne aussi une bonne
idée des bonnes et des mauvaises
pratiques pour bâtir et réussir à faire
prospérer ce genre d’organisation.
Actuellement, vous êtes directeur
des partenariats publics et institutionnels
d’OCP Africa. Ça vous
donne du pain sur la planche. Parlez-nous
un peu de vos missions ?
Le pain sur la planche n’est pas la
bonne expression, c’est un beau challenge.
Le groupe OCP a fait le choix
de dédier une stratégie à l’Afrique et
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
INVITÉ DE LA RÉDACTION
43
d’y mettre des moyens, c’est donc
un honneur pour moi de prendre part
à cette aventure. J’ai décidé depuis
quelques années de dédier mon avenir
et mon travail au développement
du continent africain, je le fais donc
à travers mes missions chez l’OCP
et aussi à travers le think tank Club
2030 Afrique dont je suis le fondateur
et le président. L’agriculture est
un secteur qui représente près du 1/3
du PIB des pays africains, près de la
moitié des exportations de certains
pays et emploie près de 7O% de la
population active, c’est donc sans
aucun doute le secteur qu’il faut renforcer
d’urgence.
Est-ce qu’elles répondent à vos attentes
personnelles ; à savoir servir
votre continent ?
Ma mission est complètement dédiée
au continent africain. Il s’agit pour
moi de faire des partenariats de long
terme avec les pays d’Afrique subsaharienne
pour la transformation
du secteur agricole, pour un partenariat
Sud-Sud gagnant-gagnant.
Il s’agit non seulement d’améliorer
les échanges entre les pays africains
mais aussi de trouver des solutions
L’Afrique a
”
besoin de grandes
entreprises pour créer
des emplois et de la
valeur ajoutée
“
africaines aux défis du continent.
L’Afrique est à un tournant de son
histoire. Si les voyants sont au vert,
il y a encore de nombreux défis à
relever, notamment le déploiement
des politiques publiques de développement,
accès à l’énergie et à
l’eau potable, accès à l’éducation, à
la santé et le développement d’une
agriculture durable et moderne. Le
Groupe OCP est dans le domaine de
l’agriculture, donc y travailler me
permet de répondre aux différents
défis énoncés.
Vous êtes à la tête du think tank
Club 2030 Afrique qui veut « apporter
des réponses africaines aux
défis du continent ». Que pouvezvous
nous dire sur les missions
principales de ce think tank ?
Club 2030 Afrique, institution à but
non lucratif, s’est assigné pour mission
principale de mettre ses compétences,
son savoir et son énergie au
service des organes de gouvernance
africains afin de les accompagner
dans le processus d’émergence qui
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
44
INVITÉ DE LA RÉDACTION
mènera à un développement économique
et social harmonieux à horizon
2030.
À travers son activité, ce think tank a
pour ambition de devenir la première
plateforme de réflexion en Afrique
en œuvrant en faveur du partage des
idées et des échanges entre la société
civile, les entrepreneurs et les décideurs
politiques locaux, nationaux et
panafricains.
S’appuyant sur un réseau d’experts
reconnus, de leaders d’opinion de
la société civile, de décideurs politiques,
de hauts fonctionnaires et de
dirigeants de grandes entreprises,
Club 2030 Afrique organise des
temps de rencontre et d’échange,
diffuse des publications, veille, centralise
et partage l’information pertinente,
enfin s’associe à des partenaires
pour conduire des actions de
terrain.
Comment à votre avis, l’Afrique
pourrait-elle réussir son industrialisation
?
L’Afrique a déjà commencé son industrialisation
et elle va non seulement
être réussie mais aussi dépasser
les attentes.
Il y a deux types de tendances sur
le continent, il y a des pays qui
sont déjà rentrés dans la chaîne de
valeur mondiale et vous pouvez retrouver
le Maroc, l’Afrique du Sud
et le Nigéria par exemple, et vous
avez des pays comme le Bénin qui
créent des industries intermédiaires
pour répondre à la demande du marché
local notamment dans l’industrie
agroalimentaire et le textile. Je
mise pour la réussite de l’industrie
africaine sur ces industries intermédiaires
de proximité qui répondent
aux attentes des populations et sont
vraiment créatrices d’emplois et
de valeur ajoutée. Un exemple tout
simple est l’industrie de transformation
du manioc, qui sur toute la
chaine de valeur permet de créer des
emplois et donne plusieurs produits
finis comme la farine,
l’amidon et les provendes pour les
animaux. Ce produit représente l’aliment
protéiné le plus consommé en
Afrique de l’Ouest. Pour accélérer la
création de ces industries intermédiaires,
Il faudra favoriser l’accès à
l’énergie et à l’eau potable, financer
les PME et mettre le cadre règlementaire
adéquat pour garantir un environnement
des affaires stable.
”
L’Afrique a déjà
commencé son
industrialisation et elle
va non seulement être
réussie mais aussi
“
dépasser les attentes
Quels sont les grands défis que doit
relever l’Afrique d’aujourd’hui ?
Le plus grand défi que doit relever
le continent africain aujourd’hui est
celui de la transition démographique
qui par effet de ricoché impacte tous
les autres aspects du développement
qui sont la création d’emplois
stables, l’accès à l’énergie, la santé,
l’éducation et l’autosuffisance alimentaire.
Si les économistes ont
raison et que la population africaine
passe la barre des deux milliards
d’habitants en 2050, cela suppose
que graduellement, la croissance démographique
connaît un saut moyen
de près 10% presque tous les ans. Il
faudra donc chaque année créer près
de 12 millions d’emplois en Afrique,
mettre en place les infrastructures de
santé et d’éducation et repenser l’urbanisation
des villes et des villages.
Le défi est énorme.
Quelles sont, selon think tank
Club 2030 Afrique, les solutions
qui s’imposent pour relever ces
défis ?
Club 2030 Afrique en tant que think
tank engagé pour un développement
harmonieux mais durable du continent
a le souci de penser en premier
lieu à des modèles socio-économiques
qui favorisent un développement
inclusif pour accélérer le bienêtre
des populations.
Nous partons donc du principe qu’il
n’aura ni développement, ni émergence
si le continent africain ne finance
pas ardemment l’éducation, la
santé, l’accès à l’énergie, le développement
de l’agriculture. Aujourd’hui
le numérique permet de faire des
sauts technologiques importants, il
faut donc intégrer l’économie numérique
dans toutes nos réflexions.
L’une de nos recommandations importantes
est de créer une agence
pour le développement inclusif dans
tous les pays africains qui accompagnera
les populations pauvres dans
la création d’activités rentables (alimentaires,
agriculture et services).
Cette agence inclurait la participation
des entreprises par leur RSE, les
gouvernements qui y consacrent ne
serait-ce qu’un 1% de leur budget,
la société civile mettra à disposition
son expertise et l’accompagnement.
C’est ce que j’appelle un développement
basé sur le consensus.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
Sous l’egide de :
45
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
46
ENERGIE
Quelle énergie pour l’Afrique à
l’horizon 2050 ?
Comme pour toute économie qui connait une croissance pérenne (3% en moyenne
annuelle pour l’Afrique), le continent africain fait face à l’inévitable problématique de
l’autosuffisance énergétique. Partant de ce lien de causalité, nous allons, dans un premier
temps, établir un état des lieux de la production énergétique africaine, avant de se risquer
à des solutions, et ce afin de tenter de répondre à la question suivante : l’Afrique sera-telle
à la hauteur des objectifs fixés à l’horizon 2050 ?
Avant de s’atteler à dresser
un état des lieux
énergétique du continent
noir, il convient
de rappeler les principales sources
d’énergie utilisées par l’homme.
Mis à part les énergies renouvelables,
les habitants de la planète
Terre ont coutume d’utiliser le pétrole,
le gaz et le charbon en guise de
sources d’énergie.
Cependant, en matière de consommation
énergétique, l’Afrique fait
figure d’exception. En effet, abstraction
faite de l’Afrique du Sud,
80% de l’énergie consommée en
Afrique subsaharienne provient
de l’utilisation massive du bois de
feu. L’autre spécificité (et pas des
plus glorieuses) du continent noir
réside dans un paradoxe : l’Afrique
demeure en déficit énergétique malgré
le fait qu’il en produit plus qu’il
n’en consomme. Preuve en chiffre,
l’Afrique produit 14% du pétrole
mondial, 8% du gaz et 5% du charbon
de la planète, alors que ce continent
n’en consomme respectivement
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
ENERGIE
47
que 4%, 3,5% et 1%, une situation
pour le moins ubuesque.
Par ailleurs, une grande disparité
régionale caractérise le secteur énergétique
africain. A ce propos, on
peut faire la distinction entre trois
régions avançant à trois vitesses :
l’Afrique du Nord, l’Afrique du Sud,
et «le reste de l’Afrique».
Plus en détail, de par leurs réserves
de pétrole et de gaz, les pays du nord
ainsi que l’Afrique du Sud sont les
mieux lotis avec une consommation
de 70% de la production du continent.
En revanche, les autres pays
subsahariens qui, pour rappel, représentent
pas moins de 75% de la population
africaine, ne consomment
que le tiers de la production continentale.
Les solutions
Afin d’améliorer la situation énergétique
de l'Afrique à l’horizon 2050,
quelques solutions ont bel et bien été
avancées par les experts mondiaux.
Parmi ces dernières, on trouve l’optimisation
des ressources énergétiques
; En les termes du commun des mortels,
cela signifie que l’Afrique doit
mettre en place des énergies alternatives
en adéquation avec les besoins
des populations, et ce afin de s’extirper
à la dépendance au pétrole.
Voilà qui nous ramène directement
à la question du développement des
énergies renouvelables.
Il est vrai que ces énergies ont, depuis
peu, le vent en poupe, néanmoins,
le potentiel africain en ce
domaine reste largement inexploité,
à l’instar de l’énergie hydraulique
dont l’Afrique de l’Est pourrait jouer
un rôle de premier plan, et changer
ainsi la donne. Aussi, soulignons
l’importance du secteur des biomasses,
une niche qui reste très loin
d’une exploitation optimale.
Le temps presse pour mettre en
place de telles solutions salvatrices,
surtout lorsque l’on sait que selon
les prévisions du Programme des
nations unies pour le développement
(PNUD pour les intimes), l’Afrique
ne tardera pas à connaitre un boom
démographique historique.
Selon cet organisme, l’Afrique
comptera le quart de la population
mondiale à l’horizon 2050, et qui dit
boom démographique, dit accroissement
exponentiel des besoins en
énergie. En somme, mieux vaut prévenir
que guérir, n’est-ce pas ?
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
48
ENERGIE
Alpha Condé en marge de sa visite à Paris et d’un colloque organisé par l’agence française de développement (AFD)
Création d’un centre africain pour
l’eau et les énergies renouvelables
L’Afrique va se doter d’un centre pour l’eau et les énergies renouvelables. Ce futlà
la principale information résultant du dernier colloque de l’Agence française de
développement organisé le 12 avril dernier à l’Institut du monde arabe à Paris, sous le
thème «Toute l’Afrique : les enjeux d’une approche continentale ». Les détails.
C’est le Président Alpha
Condé « himself » qui
a fait l’annonce. En effet,
invité par les organisateurs
du dernier colloque de
l’Agence française de développement,
le Président en exercice de
l’Union africaine a profité de cette
tribune qui a pignon sur rue, pour
annoncer la création prochaine à
Conakry (ndlr : pour ceux qui sont
en brouille avec la géographie,
Conakry est la capitale de la République
de Guinée) d’un centre pour
l ’ e a u e t l e s é n e rg i e s r e n o u ve l a b l e s .
Hasard du calendrier
(ou pas), cette déclaration intervient
au lendemain de la deuxième session
du conseil d’administration de l’initiative
africaine pour les énergies
renouvelables tenue également à
Conakry. Cette édition a été principalement
dédiée à la problématique
de la levée de fonds nécessaires à la
réalisation de certains projets. Quant
à la justification du choix de la création
de ce centre africain, Alpha
Condé avance, à juste titre, le constat
suivant : « la Guinée est le château
d’eau de l’Afrique de l’Ouest », autrement
dit, ce pays abrite les sources
d e s p r i n c i p a u x fl e u ve s d e l a r é g i o n .
Aussi, l’une des conditions sine qua
non au vu de la création de ce centre,
réside dans le fait qu’il soit entièrement
piloter par des africains, et ce,
toujours selon le Président de l’Union
africaine « afin d’exploiter au
mieux et au profit de tous, les potent
i e l l e s é n e rg é t i q u e s d u c o n t i n e n t » .
Pour rappel, la présence d’Alpha
Condé à ce colloque entre dans le
cadre de sa visite officielle en France.
Une visite d’Etat où le Président a
multiplié les rencontres, notamment
avec Gérard Larcher, Président du
Sénat français. Avaient-ils parlé
énergies renouvelables ou élections
présidentielles françaises (ou les
deux) ? A l’heure de la mise sous
presse, rien n’a encore filtré à propos
de cette réunion. Alors, affaire
à suivre…
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
Offshore Safety
Industry Training
osita.maroc@gmail.com
00212 6 61 53 54 06
www.osita-maroc.com
49
NEBOSH
IGC
INTERNATIONAL GENERAL
IN OCCUPA TIONAL HEALTH & SAFETY
WHO SHOULD ATTEND?
People who not need a broad knowledge of Health and Safety
issues and are based outside of the UK.
Managers and Supervisors who have health and safety
responsibilities and/or advise others on health and safety.
Employees needing the health and safety skills for
employment.
And Individuals who wish to further their career in health and
safety.
COURSE DATES
JUNE 14, 2017 JUNE 24, 2017
COURSE CONTENT
UNIT IGC 1
Management of international health and safety involving policy,
organization, and audit (IGCC1)
UNIT GC 2
Control of international workplace hazards including transporta -
tion, equipement, electrical, fire, chemical, and physical (IGC2)
UNIT GC 3
International health and safety pratical application in risk control
(GC3)
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T
JULY 10, 2017 JULY 23, 2017
FROM 8 AM - 5 PM
FROM MONDAY
FROM 8 AM- 5 PM
TO FRIDAY
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FIND US AT:
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IGC
INTERNATIONAL GENERAL
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Offshore Safety Industry Training Agency N°2, Imm. Annasr, Av. Moulay Abdellah, 80020 - Agadir
IN OCCUPATIONAL HEALTH & SAFETY
In Association with NEBOSH Accredited Course Provider UT&T
50
INNOVATION
Tarik Hrima
Project Manager Applied
Mechanics
Comment peut-on innover dans
l’industrie automobile ?
Après l’aéronautique,
l’industrie automobile
réfléchit à la meilleure
manière d’intégrer la
fibre composite dite de carbone dans
ses modèles. Il s’agit de gagner du
poids mais également de la robustesse.
La fibre de carbone pose néanmoins
des défis industriels et est handicapée
par des coûts élevés de production.
Alors puisque les constructeurs
acceptent l’idée de commencer
petit à petit à contacter les fabricants
des matériaux composites, pour une
éventuelle forme de charpente en
carbone qui permet de renforcer des
structures en acier. Cependant pourquoi
ne pas penser aussi à introduire
les matériaux élastomères dans la
structure de la tôle ??
Actuellement le marché automobile
français a retrouvé des couleurs
l’année dernière. En 2016, 2,015
millions de voitures particulières
neuves ont été vendues, selon les
statistiques publiées ce dimanche par
le comité des constructeurs français
d’automobiles (CCFA). Cela représente
une hausse de 5,1% par rapport
à 2015. PSA connaît actuellement un
creux commercial à cause du renouvellement
de produits vedettes (Peugeot
3008 et 5008, Citroën C3) et
d’une gamme DS en fin de carrière.
Il reste toutefois le premier groupe
français en France, avec 27,7% des
immatriculations l’an dernier, suivi
par Renault à 25,73% de part de marché
pour les voitures particulières.
C’est-à-dire que la construction de
l’automobile augmente de plus en
plus, c’est une bonne chose mais
dans un autre coté les accidents augmentent
aussi. Alors en introduisant
les matériaux élastomères comme le
caoutchouc sous forme d’une bande
dans la finalisation de la construction
d’une tôle ça nous permettra de
donner plus de sécurité aux conducteurs
et minimiser les dégâts des
accidents.
En fait, il est nécessaire de mette en
œuvre cette application afin d’arriver
à une nouvelle dimension de l’industrie
automobile et rendre son image
plus sécurisée et acharnée. Cet objectif
peut être atteint en traitant,
d’abord les matériaux élastomères
les plus fiables à utiliser à savoir les
caoutchoucs, ensuite la forme de la
bande en caoutchouc pour qu’elle ait
plus de résistance au choc, limiter
le pourcentage de déformation de
la tôle et restreindre l’endommagement.
Finalement la mise en place
de cette bande pour donner une belle
attirance à cette nouvelle marge de
construction de l’automobile.
Les points forts de cette application…
Beaucoup plus d’efforts doivent être
faits dans ce domaine pour décrocher
de nombreux avantages de sécurité :
• Les matériaux élastomères sont
présents dans de nombreuses applications
de la vie quotidienne et
occupent une place de choix dans
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
INNOVATION
51
l’industrie. C’est-à-dire qu’il serait
facile d’en trouver dans le marché
industriel.
• Si les pneumatiques consomment
plus de la moitié de la production des
élastomères, on utilise aussi ces derniers
dans un grand nombre d’autres
secteurs industriels : dans l’automobile
elle-même sous la forme
de joints, de liaisons élastiques, de
tubes et de tuyaux, de membranes ou
de dispositifs anti-vibratoires, ainsi
que dans l’industrie mécanique…
etc. Alors c’est un produit perpétuel
et disponible.
• L’intérêt des matériaux élastomères
est de pouvoir subir des déformations
très importantes (plus de
100% généralement) et de reprendre
leur forme initiale. Ils ont donc une
très bonne capacité à emmagasiner
de l’énergie lors d’un choc par
exemple, et à la restituer ensuite.
• Pour la majorité des applications,
le caoutchouc brut est mélangé avec
différents composés pour modifier
ses propriétés. Les charges qui améliorent
l’élasticité du produit final,
sans augmenter sa résistance, sont
des produits à base de carbonate de
calcium ou de sulfate de baryum.
Les charges de renforcement qui
améliorent la résistance du produit
fini sont le noir de carbone, l’oxyde
de zinc, le carbonate de magnésium
ou différentes argiles. Donc il serait
facile à éteindre la forme de la bande
souhaitée.
• Le caoutchouc brut, qui ne représente
que la moitié du poids du produit
fini, est traité mécaniquement
et chimiquement jusqu’à l’obtention
de produits spécifiques. La flexibilité
du caoutchouc est souvent mise
à profit pour ces applications; son
élasticité est adaptée à la réalisation
de différents systèmes d’absorption
des chocs et de diminution des vibrations.
Donc ça n’aura aucune influence
dans la nouvelle technologie
de construction d’automobile.
Les points à traiter avec prudence…..
Néanmoins, certaines questions
doivent être abordées:
• Les chercheurs ont amélioré très
nettement le caoutchouc synthétique.
Alors certes, il est reconnu comme
moins résistant que le caoutchouc
issu de l’hévéa, mais il est aussi plus
facilement disponible quand on ne
dispose pas des ressources naturelles
nécessaires. Le caoutchouc suit alors
le boom de l’industrie automobile, et
la production ne cesse de se développer.
Une grande série d’amélioration
de la vulcanisation et de la résistance
des caoutchoucs à tous les climats
pour une longue durée doit être étudié.
• Le marché du caoutchouc reste
dépendant de deux facteurs. D’une
part, la demande mondiale en matière
d’automobiles. Quand une
voiture est vendue, elle l’est le plus
souvent avec 5 pneus. D’autre part,
le prix du pétrole. Le caoutchouc
synthétique utilisant le pétrole dans
son procédé, des changements dans
les prix du pétrole entraîne des changements
dans le prix du caoutchouc.
• Habituellement, Il faut penser à
l’homogénéisation de la réalisation
parfaite de la bande du caoutchouc
souhaitée et son adaptation dans la
finalisation de la construction de
la tôle dans un strict minimum de
temps tout en restant dans l’innovation
du monde d’automobile.
• Il est nécessaire de disposer de
réglementations et de normes de
constructions internationales pour
suivre l’évolution de l’industrie
automobile afin d’assurer l’aspect
esthétique et le respect des recommandations
du fabricant. À l’heure
actuelle, il peut y avoir des problèmes
de traçabilité et certaines
parties douteuses apparaissent sur
les marchés secondaires.
Finalement……..pour conclure
La modification de la construction
de la tôle apparaît comme un moyen
efficace pour réduire les dégâts
matériels et humains des accidents.
Les constructeurs et les fabricants
devront se conformer à une accréditation
pour inclure les matériaux
composites à savoir les élastomères.
Il est grand temps que les institutions
internationales d’automobile
franchissent une nouvelle dimension
dans ce domaine et assimilent ce projet
innovant qui serait très bénéfique
pour les chefs des entreprises ainsi
que pour la population mondiale.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
52
INNOVATION
Le «SMARTilab EMSI» Champion de
l’innovation
L’EMSI (Ecole Marocaine des Sciences de l'Ingénierie) a reçu trois médailles d’or et une
médaille d’argent ainsi que deux prix spéciaux au Salon International de la Technologie
de Shanghai en Chine et à la Conférence Internationale de Design, de la Recherche et de
l’Innovation à Kuala Lumpur en Malaisie.
Consécration brillante du
Maroc à l’échelle international
en une semaine.
Le laboratoire SMAR-
TiLab rattaché au groupe EMSI a
pu décrocher au nom du Maroc 3
médailles en or et une médaille en
argent et 2 prix spéciaux dans de
prestigieux concours d’innovation
à savoir : le Concours International
des Inventions du Salon International
de la Technologie de Shanghai
et à la Conférence Internationale de
Design, de la Recherche et l’Innovation
à Kuala Lumpur
Le Concours International des Inventions
qui s’est déroulé du 20 au
22 avril 2017 au Salon International
de la Technologie de Shanghai supporté
par le conseil d’Etat chinois,
est considéré comme le plus grand
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
INNOVATION
53
salon de l’innovation et de la technologie
à l’échelle asiatique, organisé
par la Chambre de Commerce
chinoise pour l'importation et l'exportation
des machines et des produits
électroniques, le Centre International
d'Echange de Technologie
de Shanghai et le Groupe International
Shanghai Eastbest & Lansheng.
Il est aussi soutenu par l'UNIDO,
le UNDP, le WIPO, le Ministère
du Commerce, le Ministère de la
Science et de la Technologie, le Bureau
de Propriété Intellectuelle de
l'État et le Gouvernement Municipal
de Shanghai.
L’invention Senstenna est sans doute
la technologie phare de cette année.
Elle a remporté la médaille d’or
à la Conférence Internationale de
Design, de la Recherche et l’Innovation
à Kuala Lumpur, la médaille
d’argent au Salon International de la
Technologie de Chine et finaliste de
la Coupe du Monde de l’Innovation
à travers le projet Smartypark.
Le Senstenna est une innovation
technologique appartenant aux systèmes
de communications de la
5ème génération et spécialement au
domaine des objets connectés ou IoT
(Internet Of Things). Il s’agit d’un
IoT sans capteur (SensorLess) qui
utilise le recyclage des ondes RF du
module de communication pour détecter
différents types de grandeurs
physiques sans faire recours à un
capteur spécifique. Plusieurs applications
sont d’ores et déjà touchées
par ce projet révolutionnaire, à savoir
: la détection d’obstacles, de mouvements
et de vitesse. La technologie
SENSTENNA a été récemment exploitée
par le laboratoire SMARTI-
LAB-EMSI comme un objet connecté
sans capteur pour la réalisation du
projet SMARTYPARK qui vise une
gestion intelligente et écologique du
stationnement des voitures dans les
villes intelligentes. Le Smartypark à
base de la technologie Senstenna a
permis au Maroc d’être classé parmi
les quatre finalistes de la Coupe du
Monde de l’Innovation à Barcelone
en mars 2017, un classement historique
qui fait du Maroc le premier
pays arabo-africain ayant pu décrocher
une qualification à la coupe du
monde de l’innovation.
Le projet Multiview-Screen a été
couronné par la médaille d’or au
Concours International des Inventions
du Salon International de la
Technologie de Shanghai. C’est un
écran Multi-Vues inventé par M.
Majid El BOUAZAOUI, Inventeur
et chercheur membre du SMARTilab
EMSI. Un concept qui permet
à plusieurs personnes de regarder
divers programmes sur le même
téléviseur où chacun peut suivre un
seul programme sur toute la surface
de l’écran en fonction de la position
où elle se trouve sans utilisation de
lunettes spéciales ou autres accessoires
permettant ainsi la visualisation
simultanée de plusieurs vidéos
sur différents angles de vue.
Le projet EFMA, a été également décoré
par la médaille d’or à la Conférence
Internationale de Design, de la
Recherche et l’Innovation à Kuala
Lumpur. Ce projet innovant est un
nouveau Absorbant électromagnétique
à base d’un Meta-matériau
flexible et ultra fin pour la protection
du corps humain contre les radiations
électromagnétiques. Fruit
d’une collaboration entre le Maroc
à travers l’EMSI (SMARTiLab), la
France à travers l’INSA de Rennes et
les États-Unis à travers l’Université
Georgia Tech. Ce nouveau Absorbant
consiste à protéger le derme
humain contre les effets néfastes
de radiations électromagnétiques à
savoir l’Ionisation ainsi que l’effet
thermique plus particulièrement. Ce
nouveau absorbant verra des applications
dans le domaine médical notamment
la protection des patients et
du personnel des radiations du système
de radiologie et de la radiothérapie.
Par ailleurs ce même système
d’absorption constitue une solution
très prometteuse pour la protection
des individus contre les attaques
électromagnétiques militaires. Il est
à signaler que Le développement de
ce nouveau absorbant électromagnétique
a été fait entre le Maroc et la
France, sa fabrication et sa caractérisation
expérimentale a été réalisée
dans un laboratoire américain
moyennant des plates-formes de prototypage
de nano technologie.
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
54
INVESTIR
Investir au Gabon, est-ce bon ?
Numéro 1 oblige, L’usineafricaine
se doit de
fournir à ses lecteurs
une petite explication
concernant la motivation de la présente
rubrique. Ce n’est un secret
pour personne, l’Afrique couve un
énorme potentiel économique et
offre des opportunités sans pareilles
pour les investisseurs. Pour ne citer
qu’un seul indicateur, les spécialistes
s’accordent à dire que le pouvoir
d’achat des africains devrait doubler
d’ici moins de dix ans. Seulement
voilà, « devrait » n’est pas être ! Et
c’est justement pour cette raison que
la rédaction a choisi pour chaque
numéro de décortiquer le tissu économique
et social d’un pays africain,
et ce afin de répondre à une unique
question : Faut-il investir dans cette
lointaine contrée ?
De part son insoupçonnable potentiel,
pour ce premier numéro, c’est
le Gabon qui s’y colle. Mais tout
d’abord, voici quelques données
générales à toutes fins utiles, qui
Avec 900 sites
miniers potentiels
rassemblant un milliard
de tonnes de réserves
de fer (rien que ça !),
5,3 millions de tonnes
de manganèse, d’or, de
diamants et d’uranium,
le Gabon se positionne
incontestablement
comme un véritable
gisement de croissance
pour l’économie
planétaire.
permettront, sans doute, de situer
ce pays dans son contexte « géographico-démographique
». La République
gabonaise s’étale sur une
superficie de 267.667 km² et compte
Par Soufiane Chakkouche
une population d’à peine 2 millions
d’individus, mais qui connait une
croissance démographique annuelle
de 2.1 % et qui se caractérise par
sa jeunesse (62% des habitants ont
moins de 24 ans). Sa capitale est
Libreville, ses principales villes
sont Port-Gentil, Franceville, Oyem,
Lambaréné, et sa langue officielle est
le Français. Voilà pour les présentations.
Les tops
L’un des atouts majeurs plaidant
pour la cause gabonaise est son
incroyable richesse et diversité
s’agissant des ressources naturelles.
En effet, le pays peut se targuer de
posséder quelques 2 milliards de réserves
exploitables de barils de pétrole.
Aussi, avec 900 sites miniers
potentiels rassemblant un milliard
de tonnes de réserves de fer (rien
que ça !), 5,3 millions de tonnes
de manganèse, d’or, de diamants et
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
INVESTIR
55
d’uranium, le Gabon se positionne
incontestablement comme un véritable
gisement de croissance pour
l’économie planétaire. De plus, ce
pays renferme 12,5 millions d’hectares
de forêts exploitables et 5,2
millions d’hectares de terres cultiva
bles.
Le deuxième argument mis en avant
par les gabonais pour attirer les investisseurs
étrangers, réside dans
le contexte politique et social assez
stable du pays, et ce malgré les dernières
élections présidentielles agitées,
mais qui se sont soldées par
la confirmation de la Cour constitutionnelle
des résultats, reconduisant
ainsi Ali Bongo au pouvoir.
Depuis, la situation s’est nettement
apaisée. En outre, jouissant d’une
situation géographique de premier
plan avec un positionnement au
cœur de l’Afrique et une ouverture
sur la façade Atlantique, le Gabon
ouvre aux investisseurs, la porte
d’un foyer de quelques 250 millions
de consommateurs. Qui plus est, le
pays a comme objectif d’injecter 21
milliards de dollars sur l’ensemble
de son territoire, et ce afin d’améliorer
et se doter d’une infrastructure
moderne. L’enveloppe sera dispatchée
sur différents secteurs tels que
les transports, le logement, les TIC,
la santé et l’éducation.
Pour le reste, la République gabonaise
présente des atouts socioéconomiques
des plus solides de la
région. En effet, hormis un taux de
scolarisation supérieur à 96% et un
taux d’alphabétisation frôlant les
85%, le pays connait une croissance
économique soutenue avec 4% de
moyenne annuelle sur les dix dernières
années. Ajouté à cela un statut
de 5ème producteur de pétrole
d’Afrique ; le plus faible niveau de
jouissant d’une
situation géographique
de premier plan avec
un positionnement au
cœur de l’Afrique et une
ouverture sur la façade
Atlantique, le Gabon
ouvre aux investisseurs,
la porte d’un foyer de
quelques 250 millions de
consommateurs.
dette publique de l’Afrique centrale
; une monnaie (franc CFA) stable
indexée à l’euro, avec un taux d’inflation
relativement bas oscillant autour
des 2 % (soit 2 fois moins qu’un
pays émergeant comme le Brésil) ; et
une stratégie gouvernementale ambitieuse
désireuse de diversifier son
économie, à l’instar de ce vaste programme
d’investissement public qui
vise à hisser le pays au rang de pays
émergent à l’horizon 2025, le Gabon
offre de sérieux avantages sur le pan
économique. Et, afin d’atteindre cet
objectif, le pays tente d’augmenter
l’attractivité de son environnement
des affaire en poursuivant une stratégie
de rénovation de ses codes sectoriels,
à l’image de la création des
zones économiques et franches, l’allégement
fiscal en faveur des investisseur,
ou encore la mise en place
d’un guichet unique pour faciliter la
procédure de création d’entreprise.
Les flops
Toutefois, tout n’est pas rose (tout
n’est jamais tout rose en matière
d’investissement, cela porte le nom
de « risque », contrepartie du profit
!) Si le Gabon semble être un eldorado
pour les investisseurs, il présente,
néanmoins, quelques inconvénients,
et ils sont au nombre de 2. En effet,
au vu de sa dépendance aux matières
premières et ses exportations très
peu variées en termes de produits
(le secteur pétrolier représente 80 %
des exportations, 45 % du PIB et 60
% des recettes budgétaires), l’économie
du pays est soumise au dictat
des cours mondiaux du pétrole. En
d’autres termes, le tissu économique
est fortement impacté par le prix du
baril qui n’a eu de cesse de baisser.
Cependant, pour remédier à cette
dépendance, le Gabon a d’ores et
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
56
INVESTIR
déjà tracé les grandes lignes de différentes
stratégies futures, comme
le plan « Gabon Industriel », le plan
« Gabon Vert, Gabon Bleu » et le
plan « Gabon des Services », dans
l’unique but de diversifier son économie,
ce qui se traduit en terrain
vierge ou en aubaine dans le langage
des investisseurs.
L’autre hic qui, de prime abord, va
à l’encontre de l’encouragement des
investissements étrangers dans ce
pays, concerne le fameux indice de
développement humain, principal
indicateur du développement d’un
pays. A en croire le dernier classement
du PNUD (Programme des nations
unies pour le développement),
le Gabon occupe une timide 112ème
place. Toutefois, à y voir de plus
près, cela signifie qu’économiquement,
le Gabon est loin d’être saturé,
et que beaucoup y reste à faire, et qui
dit faire, dit investir. Alors oui ! Investir
au Gabon, c’est bon ! Et, n’oubliez
jamais : investir en Afrique,
c’est investir dans l’avenir.
A l’ intention des personnes pressées
Pour celles et ceux qui n’ont nullement
envie de se coltiner les
quelques feuillets de ce papier,
voici une synthèse reprenant les
meilleurs arguments en faveur de
l’investissement au Gabon :
- Un potentiel ressources naturelles
exceptionnel : la diversité et l’étendue
de la richesse minière du pays,
fait de ce dernier un véritable gisement
pour l’avenir de l’économie
mondiale.
- Une situation politique et sociale
stable : grâce, notamment, aux réformes
lancées par le Président Ali
Bongo Ondimba, au pouvoir depuis
2009, le Gabon connait un contexte
politique et social assez stable. Le
pays compte décrocher l’honorable
statut de « pays émergeant » à l’horizon
2025.
- Un positionnement géographique
avantageux : jouissant d’une situation
géographique de premier plan,
le Gabon ouvre aux investisseurs la
porte d’un foyer de quelques 250
millions de consommateurs.
- Des atouts économiques de taille
: une croissance soutenue, un faible
niveau de dette publique, une stratégie
gouvernementale ambitieuse visant
à diversifier l’économique, un
PIB par habitant largement au-dessus
de la moyenne de ses voisins, le
Gabon offre de sérieux atouts économiques
pour les investisseurs.
- Un environnement des affaires attractif
: afin de consolider son cadre
des affaires, le Gabon poursuit une
stratégie de rénovation de ses codes
sectoriels, à l’instar de la création
des zones économiques et franches,
l’allégement fiscal en faveur des
investisseurs, ou encore la mise
en place d’un guichet unique pour
faciliter la procédure de création
d’entreprises.
Voilà donc les 5 principaux atouts
du Gabon pour le lecteur pressé,
auquel la rédaction prodigue un ultime
conseil sous forme d’un vieux
dicton : « Rien ne sert de courir, il
faut partir à point ! ».
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
57
58
OPINION
Assalia Ousmane
Maïga
Directeur Usine chez Ciments de
l'Afrique
Maroc–Afrique subsaharienne : Un
modèle réussi du partenariat Sud-Sud !
Le développement économique de l’Afrique passe d’abord par les africains eux-mêmes
et réside dans leurs capacités à fédérer les efforts collectifs en vue de créer de la valeur
ajoutée locale par l’utilisation optimale de toutes les ressources disponibles en Afrique.
Le retour du Maroc à
l’Union africaine est
somme toute logique et
ne peut être que bénéfique
pour l’ensemble du continent.
En effet, le Maroc a su construire au
fil des années des relations diplomatiques
solides avec les Etats frères
Africains, en particulier ceux au sud
du Sahara. Ces relations qui, faut-il
le rappeler, reposent sur un solide
ancrage historique. Certes, l’espace
saharien a longtemps été une aire
d’échanges culturels, commerciaux
et de flux migratoires entre le Maroc
d’où partaient les expéditions
caravanières et l’actuelle Afrique
Occidentale. Ces contacts ont permis
d’ores et déjà d’établir entre le
Maroc et les pays d’Afrique Subsaharienne
des liens séculaires couvrant
les dimensions sociale, commerciale,
culturelle, intellectuelle et
spirituelle.
Mais c’est depuis une dizaine
d’années que nous constatons une
intensification des relations Maroc-
Afrique subsaharienne à travers une
diplomatie marocaine très agressive.
Telle est désormais la priorité stratégique
tracée par Sa Majesté, le Roi
Mohammed VI, en matière de politique
étrangère.
Une vision royale qui sera rapidement
matérialisée par des actions
concrètes de solidarité telles que
l’annulation de la dette qu’ont les
pays Africains les moins avancés
envers le Maroc et l’exonération de
leurs produits de droits de douane
à l’entrée du marché marocain ,la
régularisations de ressortissants
d’Afrique sub-saharienne en situation
irrégulière au Maroc, entre
autres.
Les nombreuses visites effectuées
par le Souverain Chérifien ces dernières
années en terre d’Afrique
Subsaharienne témoignent de l’importance
capitale accordée à cette
région. La stratégie impulsée par
Sa Majesté le Roi Mohammed VI
couvre désormais tous les domaines
qu’ils soient politiques, culturels,
spirituels ou bien entendu économiques.
Sur le plan politique et dans un
contexte géopolitique marqué par
l’insécurité grandissante au Sahel,
le Maroc a plus que jamais besoin
de renforcer ses liens de fraternité
et d’amitié avec les états frères
d’Afrique Subsaharienne et veut
désormais jouer un rôle majeur
dans les différentes problématiques
auxquelles sont confrontés les pays
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
OPINION
59
Addis Abeba, 31 janvier 2017.Le roi Mohammed VI prononçant son discours à la tribune de l’Union africaine.
sahelo-saharien en mettant en avant
plusieurs atouts dont son islam modéré
qu’il partage avec plus de 50%
des populations de cette région africaine
aux yeux desquelles le Roi du
Maroc représente plus qu’un simple
Leader politique mais il est avant
tout un chef religieux islamique : «
Amir Al Mouminine » c'est-à-dire «
Commandant des croyants ». C’est
au nom de cet islam solidaire que
des centaines d’Imams Maliens ont
été récemment formés au Maroc en
vue de renforcer les valeurs communes
de tolérance et d’ouverture à
l’autre que les deux pays partagent
depuis des siècles. Par ailleurs, cette
diplomatie de proximité permettra
aussi au Maroc de réaffirmer et de
consolider le soutien politique tant
précieux que ces pays lui apportent
au sujet de la question du Sahara.
Sur le plan économique, le Maroc a
compris, depuis la crise financière
de 2008 survenue en Europe qu’il
se devait de diversifier ses partenaires
économiques en revenant plus
au Sud tout en conservant son statut
avancé acquis auprès de l’Union
Européenne.
Afrique subsaharienne apparait ainsi
pour le Maroc comme l'environnement
naturel pour la diversification
de son économie.
En effet, le potentiel de croissance
de l’Afrique, en particulier la zone
subsaharienne, reste encore très important
et inexploité. Le continent a
réalisé un taux de croissance annuel
de 5% et à en croire les statistiques
de la Commission Economique Africaine
de l’ONU (CEA/UN), il serait
encore en 2016 de 4,5% en moyenne
dont 5,2% pour Afrique de l’ouest
et 6,8% pour l’Afrique de l’Est. En
plus de regorger 30% des réserves
mondiales en minerais de tous types,
l’Afrique subsaharienne c’est aussi
800 millions de consommateurs potentiels
aujourd’hui, une population
qui va croitre pour atteindre 1,3 milliards
en 2030 selon les estimations
de l’ONU. En un mot, l’Afrique est
devenu en l’espace de deux décennies
le relais de la croissance mondiale,
la région où se déploie une
compétition acharnée, la risée de
tous les espoirs d’investissements
économiques.
L’approche Marocaine du partenariat
Sud-Sud s’avère être aujourd’hui
la plus efficace puisqu’elle sort des
schémas classiques de coopération
fondés sur les conditionnalités, le
maintien des pays Africains dans
un statut d’exportateurs de matières
premières et d’importateurs de produits
finis, de pays endettés à des
taux d’intérêt volatils en imposant
des méthodes de gestion du type programme
d’ajustement structurel, en
totale incohérence avec les réalités
africaines.
Le modèle que propose le Maroc repose
avant tout sur la mise en exergue
de valeurs africaines fondamentales
que sont la solidarité, les développements
humain, social et culturel tout
en ayant pour finalité l’établissement
de relations économiques équitables
et mutuellement bénéfiques. Il s’agit
pour le Maroc d’établir un nouveau
type de relation diplomatique « Gagnant
– Gagnant » où les dimensions
humaine et sociale sont au cœur des
préoccupations.
Il est utile de remarquer que cette
coopération a positivement évolué
en plusieurs périodes :
• Avant l’an 2000 :
L’engagement du Maroc envers ses
pays frères d’Afrique subsaharienne
était visible dans la coopération militaire
et à travers l’implication des
entreprises publiques marocaines
(ONE, ONEP, AMCI,…) dans des
projets d’infrastructure de base tels
la construction de routes et de barrages,
l’électrification, la gestion des
ressources en eau, l’irrigation, la
santé et la formation.
Précisons que depuis cette époque à
nos jours, le Maroc octroie chaque
année des milliers de bourses
d’études aux étudiants ressortissants
de ces pays en vue de les former
dans ses meilleures universités
contribuant ainsi à préparer l’élite
africaine de demain ;
• De 2000 à 2014 :
La présence du Maroc en Afrique
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
60
OPINION
Subsaharienne est visible à travers
son secteur privé et ses « Champions
nationaux » comme Royal Air
Maroc, Maroc Telecom , BMCE
Bank, Attijariwafabak, BCP, Managem,
OCP, Addoha, Saham… dont
les performances n’ont rien à envier
à celles des multinationales européennes
et américaines sur place.
Mieux encore, des géants Français
comme BNP Paribas actifs en
Afrique subsaharienne depuis fort
longtemps perdent des parts de marché
face à l’agressivité des banques
marocaines. Toutefois est il que la
crise financière et économique de
2008 ait été un facteur non négligeable
dans le désengagement progressif
des banques françaises ou européennes
de leurs filiales africaines
au profit des groupes Africains.
• Depuis 2015 :
Une stratégie globale de co-développement
économique est amorcée par
le Maroc qui entend désormais inscrire
son action dans le long terme
en vue d’un développement durable
au profit des peuples d’Afrique et
pour l’émergence économique de
l’Afrique.
C’est dans ce cadre que le Maroc
envisage désormais une intégration
régionale plus poussée que des rapports
de coopération ont été établis
avec les communautés économiques
régionales comme l’UEMOA (Union
Economique et Monétaire Ouest
Africaine) ou la CEMAC (Communauté
Economique et Monétaire
de l’Afrique Centrale) dans l’objectif
d’établir des accords de libres
échange.
Les résultats obtenus par le Maroc
en appliquant cette approche innovante
de politique étrangère incitent
à lancer un appel pressant aux autres
géants du continent (hors Afrique du
Sud) à lui emboiter le pas.
En effet, durant la dernière décennie,
le volume des échanges commerciaux
entre le Maroc et les pays
Africains a enregistré une nette progression.
Ces échanges ont cru de
14% par an pour s’établir en 2014 à
38 milliards de dirhams en 2014 (4
milliards de $ US) soit environ 6%
du total des échanges extérieurs du
Maroc contre à peine 4% en 2004.
Ce qui fait du Maroc le deuxième
exportateur intra continental, après
l’Afrique du Sud.
Afrique subsaharienne compte pour
40% de ces échanges, les 60% ont
été réalisés surtout avec les pays
maghrébins notamment l’Algérie en
”
Le modèle que
propose le Maroc
repose avant tout sur la
mise en exergue de
valeurs africaines
“
fondamentales
vue de satisfaire les besoins énergétiques
du Maroc.
Les exportations du Maroc vers
l’Afrique subsaharienne ont atteint
13 milliards de dirhams (1,4 milliard
de $ US) en 2014 contre 2 milliards
de dirhams (210 millions de $ US)
en 2004 enregistrant une progression
annuelle de 19%.
Afrique subsaharienne est ainsi
devenue en l’espace de dix ans la
première destination des investissements
marocains directs à l’étranger
(IDE) : 80% des IDE sortants vers
le continent et 50% du total des IDE
marocains à l’étranger sont consacrés
à l’Afrique subsaharienne.
Les années à venir vont connaître
une influence économique grandissante
du Maroc en Afrique subsaharienne.
Et pour cause, cet engouement
du secteur privé marocain à
l’égard de l’Afrique subsaharienne
qui prend de plus en plus de l’ampleur
de nos jours à l’image des décisions
récentes prises par les fleurons
de l’économie marocaine, l’OCP
(Office Chérifien des Phosphates) et
la SNI (Société Nationale d’Investissement),
en vue de créer des filiales
spécialement dédiées à l’Afrique
pour la production d’engrais (OCP
Africa) et la production de ciments
(LafargeHolcim Maroc-Afrique).
A ces poids lourds de l’économie
marocaine s’ajoutent une multitude
de PME/PMI entrain de scruter à la
loupe toute opportunité d’investissement
en Afrique subsaharienne en
marge des nombreuses rencontres B
to B, foires et forums Maroc-Afrique
organisés par les uns et les autres.
Ces entreprises marocaines qui ont
pu développer un véritable savoirfaire
dans leurs différents secteurs
d’activité disposent de réels atouts
pour conquérir davantage le marché
subsaharien en particulier dans
la grande distribution, l’industrie,
l’énergie, l’éducation et la santé qui
recèlent encore d’énormes potentialités.
Pour conclure, le Maroc en raison de
l’expertise multisectorielle de son
économie et de ses liens séculaires
avec les Etats d’Afrique subsaharienne,
a tous les moyens d’y asseoir
son leadership sur les plans économique
et politique dans une logique
volontariste de co-développement.
Cette initiative forte louable du Maroc
devrait être soutenue et encouragée
par les politiques des Etats
d’Afrique subsaharienne tout en
incitant les autres à s’inspirer de ce
modèle au profit du développement
socio-économique des peuples africains.
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
R&D
61
LafargeHolcim Maroc inaugure son
premier centre d’innovation à vocation
africaine
LafargeHolcime Maroc
vient d’inaugurer, à Casablanca,
le 23 mars 2017
son premier centre d’innovation
à vocation africaine: le
Smart Construction Lab. Huitième
du genre pour LafargeHolcime et
une grande première au Maroc, ce
Smart Construction Lab. comme le
souligne un communiqué de LafargeHolcime
Maroc, est né pour «
Apporter des solutions pour mieux
construire le Maroc de demain ».
La même source ajoute qu’ « audelà
de produire des matériaux de
construction de grande qualité,
LafargeHolcim Maroc a depuis toujours
l’ambition de contribuer significativement
au développement du
secteur de la construction au Maroc
…et en Afrique subsaharienne francophone
».
Pour rappel, ce Smart Construction
Lab (SCL) a été inauguré par M.
Saâd Sebbar Président de la Région
Afrique Moyen Orient du groupe
LafargeHolcim et M. Hassan Ouriagli,
Président directeur général de
la Société Nationale d’Investissement
en présence des représentants
des autorités, des professionnels du
secteur de la construction, startups,
architectes, clients, partenaires et
collaborateurs de LafargeHolcim au
Maroc et en Afrique.
À cette occasion, Marcel Cobuz,
Directeur Général de LafargeHolcim
Maroc a souligné que « l’innovation
est au cœur de notre stratégie et le
Smart Construction Lab à Casablanca
va permettre d’accélérer le
développement de produits à valeur
ajoutée, de services et de systèmes
constructifs innovants qui répondent
aux enjeux majeurs de la construction,
tels que l’urbanisation croissante,
l’efficacité énergétique du
bâtiment, la durabilité des infrastructures,…
».
Le Smart Construction Lab aura
plusieurs missions. D’une part, il
permettra de concevoir des solutions
constructives innovantes qui
répondent aux besoins du marché
L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
62
R&D
local et du marché africain, en s’appuyant
sur le réseau mondial des
laboratoires LafargeHolcim et des
partenariats avec les professionnels
du secteur de la construction .
D’un autre côté, il favorisera le développement
des partenariats avec
des startups, universités et écoles
supérieures pour la promotion de
la R&D et le renforcement de passerelles
avec les professionnels de
la construction. Enfin, on y organisera
des formations pour les clients
et artisans afin d’améliorer la mise
en œuvre et la maitrise des solutions
innovantes.
Implanté sur 4.000 m2, le Smart
Construction Lab va regrouper plusieurs
unités offrant des services
diversifiés : laboratoires, conception
et essais de prototypes, auditorium
de 70 places, salles de formation et
showroom extérieur et intérieur pour
découvrir les derniers solutions et
produits innovants de LafargeHolcim
Maroc et ses partenaires.
Une équipe pluridisciplinaire de 50
ingénieurs, architectes et techniciens
de la construction, animée par les
équipes marketing de LafargeHolcim
Maroc, va œuvrer pour mettre
au point les futurs produits, solutions
et systèmes constructifs pour l’ensemble
du secteur de la construction
: le bâtiment, les routes, les ports….
Des partenariats ont d’ores et déjà
été noués avec plusieurs institutions,
notamment l’École Nationale
d’Architecture, l’École Hassania des
Travaux Publics, l’Université Euromed
de Fès ou encore le Laboratoire
Public des Études et Essais (LPEE)
et le CERIB (France). Par ailleurs,
le SCL a également lancé un incubateur
avec deux startups, qui travaillent
sur l’utilisation des matériaux
recyclés issus notamment de la
construction, pour réaliser avec eux
des essais de prototypes.
Le Smart Construction Lab a obtenu
la certification HQE Bâtiments en
Construction qui permet de distinguer
les bâtiments dont les performances
environnementales et énergétiques
correspondent aux meilleures
pratiques actuelles. Ce certificat
a été remis à LafargeHolcim
Maroc lors de la cérémonie d’inauguration
par Cerway, l’opérateur de
la certification HQE.
INVEST AFRICA EXPO
S A L O N
I N T E R N A T I O N A L D U
C O M M E R C E , D E
L ' I N D U S T R I E E T D E
L ' I N V E S T I S S E M E N T
AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE
R&D
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L’USINE AFRICAINE AVRIL - MAI 2017
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AVRIL - MAI 2017 L’USINE AFRICAINE