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Made in Bern<br />
Le Matin Dimanche — N° 2 — 18 juin 2017<br />
Les plus belles<br />
routes à vélo<br />
On se met dans la roue du champion<br />
olympique Fabian Cancellara pour le suivre<br />
à travers le canton<br />
Berne à la nage<br />
Tous en maillot: la capitale se découvre<br />
au fil de l’Aar<br />
Grand Tour<br />
Le chef Anton Mosimann revisite<br />
ses villages préférés et partage<br />
ses bonnes adresses<br />
Un partenariat entre<br />
BE! Tourisme SA<br />
et Le Matin Dimanche
Lightrider E1<br />
Nous n‘avons aucune agence de<br />
publicité,aucun conseiller en relations<br />
publiques et aucun demi-gros, mais<br />
avec le Lightrider E1<br />
probablement le meilleur VTT<br />
électrique du monde.
É DITORIAL<br />
C’est ici que je me sens bien<br />
et que je suis chez moi<br />
Matthias Glarner est l’un des lutteurs les plus célèbres de Suisse.<br />
En été 2016, il a été sacré roi de la lutte. Tradition et authenticité sont les deux valeurs<br />
que le Bernois de naissance considère comme les principaux atouts de sa région<br />
Chère lectrice,<br />
cher lecteur,<br />
Berne est mon chez-moi. Je passe près de 90%<br />
de mon temps dans ce canton magnifique.<br />
C’est à Meiringen que j’ai vu le jour, à Berne<br />
que j’ai étudié, à Meiringen, de nouveau, que<br />
je travaille (dans les remontées mécaniques),<br />
et mon amie est, elle aussi, du canton, plus<br />
précisément du Seeland.<br />
A mes yeux, le plus beau paysage est celui<br />
qu’on a depuis le Planplatten, dans la région<br />
du Haslital. J’y vais souvent, que ce soit pour<br />
le travail, à l’occasion d’une balade ou pour le<br />
ski. La vue y est tout simplement inégalable,<br />
entre le lac de Brienz et les trois sommets de<br />
l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau.<br />
Mais Berne a davantage à offrir que des beaux<br />
paysages, des domaines de ski, des balades,<br />
des sommets enneigés et des lacs aux eaux<br />
bleu profond. La gastronomie y est unique,<br />
riche d’innombrables produits régionaux.<br />
Lorsque je me rends à l’étranger, j’éprouve<br />
toujours de la nostalgie pour nos plats copieux,<br />
comme la fameuse Berner Platte, avec toutes<br />
ses viandes et ses charcuteries, ou pour une<br />
grosse portion de meringues. C’est la nostalgie<br />
du terroir, qu’ici nous estimons et soignons.<br />
On ne s’ennuie jamais dans le canton de Berne.<br />
Notre diversité est unique en Suisse. En une<br />
heure, on peut se retrouver sur les sommets<br />
de l’Oberland ou dans la splendeur du Seeland.<br />
Ici et là vivent d’autres hommes, qui respectent<br />
leurs propres traditions. Et pourtant,<br />
les Bernois constituent une entité. Un même<br />
esprit règne sur toutes les régions du canton.<br />
On éprouve très nettement ce sentiment durant<br />
la Fête fédérale de lutte. Il faut voir les<br />
Bernois marcher en rangs, portant fièrement<br />
leur drapeau. Que l’on vienne du Jura bernois<br />
ou de la capitale, nous tirons à la même corde.<br />
Et puis, c’est important pour notre région très<br />
imprégnée par le tourisme: nous devons nous<br />
montrer unis, débarrassés de l’esprit étroit<br />
des vallées, sûrs de nous. C’est là notre chance.<br />
Exactement comme avec la lutte, ce sport<br />
traditionnel, qui nous représente si bien, nous<br />
les Bernois, et dans lequel, ces dix dernières<br />
années, nous avons plutôt réussi. La lutte incarne<br />
toutes les qualités des Bernois: l’attachement<br />
aux racines, l’énergie, l’orgueil, la volonté.<br />
Et également un certain réconfort.<br />
Mais justement, cette «Gemütlichkeit», autrement<br />
dit ce concept de bien-être douillet, est<br />
souvent mal comprise à l’extérieur du canton<br />
et confondue avec notre prétendue lenteur.<br />
Alors que cela signifie prendre du temps pour<br />
soi, jouir avec davantage de conscience des<br />
beautés qui nous entourent, les montagnes,<br />
les lacs, les charmants villages du lac de Bienne<br />
ou de l’Emmental, et, bien sûr, notre capitale.<br />
Son inscription au Patrimoine mondial<br />
de l’Unesco nous invite d’ailleurs à regarder sa<br />
vieille ville, ses ruelles, ses arcades d’un nouvel<br />
œil.<br />
Nous désirons accueillir nos hôtes avec chaleur<br />
et gentillesse. Pour qu’ils se sentent<br />
comme à la maison et qu’ils n’aient qu’une envie:<br />
revenir dans notre belle région. ■<br />
«En une heure,<br />
on est dans<br />
les montagnes<br />
de l’Oberland<br />
ou au milieu des<br />
beaux paysages<br />
du Seeland»<br />
MATTHIAS GLARNER<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
3
SOMMAIRE<br />
Une capitale aquatique<br />
La ville de Berne se visite aussi en nageant dans l’Aar.<br />
Un point de vue qui permet de découvrir monuments<br />
et paysages sous un angle étonnant<br />
Page 12<br />
Le bärndütsch avec style<br />
L’écrivain Pedro Lenz rédige presque tous ses livres<br />
en suisse allemand. Une langue pas vraiment faite pour<br />
l’écrit, mais qui lui vaut un beau succès<br />
Page 20<br />
Fabian Cancellara<br />
Petites boucles, parcours de montagne:<br />
pour le double champion olympique, le canton de Berne<br />
est le paradis des cyclistes<br />
Page 24<br />
Le magicien de la petite reine<br />
C’est à Oberried, dans la ferme familiale,<br />
que Thomas Binggeli produit ses vélos. Sa marque,<br />
Thömus, a toujours une roue d’avance<br />
Page 28<br />
L’air du temps<br />
Longines a trouvé dans le canton de Berne un terrain<br />
favorable pour rayonner à travers le monde en innovant,<br />
notamment dans le secteur du quartz<br />
Page 30<br />
La Fête d’Unspunnen<br />
Le lancer de la pierre est un des grands moments du<br />
folklore suisse, 150 000 spectateurs sont attendus fin août<br />
à Interlaken pour la 10 e édition de la manifestation<br />
Page 34<br />
Balade sur les sommets<br />
Les beautés des Alpes bernoises se découvrent<br />
chaussures de montagne aux pieds selon un itinéraire plein<br />
de charme entre Grindelwald, Adelboden et Lenk<br />
Page 38<br />
Le Tour du chef<br />
A bord d’une Jaguar Type E, le cuisinier star<br />
Anton Mosimann sillonne les plus beaux endroits du canton<br />
et propose ses meilleures adresses où manger<br />
Page 40<br />
4<br />
MADE IN BERN 2/2017
40<br />
20<br />
12<br />
30<br />
24<br />
28<br />
34
01<br />
Un tremplin géant pour les meilleurs freestylers<br />
Freestyle.ch est le plus important événement du genre en Suisse. Il s’est<br />
d’abord tenu à Zurich, puis, après une pause de deux ans, snowboarders,<br />
mountainbikers, skieurs et motards freestyle ont trouvé un nouveau terrain<br />
de jeu: cette année, pour la première fois, freestyle.ch aura lieu au parc d’exposition<br />
Bernexpo, du 29 septembre au 1er octobre. «La crème de cette discipline<br />
s’affrontera sur le tremplin Big Air », explique Peter Hürlimann, directeur de la<br />
manifestation, qui, grâce à cette installation, a pu intégrer la coupe du monde<br />
FIS-Big Air et les qualifications officielles pour les Jeux de PyeongChang 2018.<br />
freestyle.ch<br />
6<br />
MADE IN BERN 2/2017
POINTS FORTS<br />
On décolle!<br />
Inutile de partir très loin, cet été, puisqu’une foule de distractions vous attendent<br />
dans le canton de Berne. Parmi elles, le plus grand rendez-vous freestyle<br />
de Suisse, le festival Seaside, qui accueille des pointures rock et pop au bord du lac<br />
de Thoune et une fête vintage pour les fous de vélo<br />
PAR NENA ORF<br />
7<br />
MADE IN BERN 2/2017
POINTS FORTS<br />
Les chiens squattent<br />
la capitale<br />
02<br />
Cet été, les saint-bernards seront<br />
partout dans les rues de Berne,<br />
avec une centaine de sculptures.<br />
Ces BerARTiner, puisque c’est<br />
ainsi qu’on les appelle, mesurent<br />
1 m 25 de haut pour un poids de<br />
15 kilos. A l’origine de cette action,<br />
on trouve la ville de Berne, auprès<br />
de laquelle particuliers, entreprises<br />
et institutions ont pu acquérir<br />
des pièces brutes, avant de les<br />
personnaliser. «Beaucoup d’acheteurs<br />
ont engagé des artistes pour<br />
décorer leur BernARTiner», précise<br />
Pascal Schütz, de Verein Bern.<br />
La confiserie Eichenberger a ainsi<br />
confié l’habillage de son toutou<br />
au dessinateur Ted Scapa.<br />
www.bernartiner.ch<br />
04<br />
Status Quo et Krokus mettent le feu au lac<br />
Le festival Seaside aura lieu les 25 et 26 août, à Spiez, dans le décor<br />
de carte postale du bord du lac de Thoune. La fête conjuguera<br />
plaisirs gastronomiques et musique. «Le vendredi sera placé sous<br />
le signe de la musique pop», explique l’organisateur Philippe Cornu,<br />
qui se réjouit particulièrement d’accueillir la chanteuse britannique<br />
Emeli Sandé. Le samedi, quant à lui, sera dévolu aux légendes du<br />
rock, avec, à l’affiche, Status Quo, Krokus ou The Hooters.<br />
seasidefestival.ch<br />
Sur terre et sur les flots<br />
Petites reines vintage sur l’alpe<br />
«Il fut un temps où la Suisse était célèbre pour ses champions cyclistes.<br />
Nous avons eu envie de faire revivre cette époque», confie Alex<br />
Beeler, à l’origine du « Bergkönig » (« Roi de la montagne» en français),<br />
le plus dingue des festivals consacré aux deux-roues, qui se déroulera<br />
pour la première fois le 26 août dans le Saanenland. «C’est une façon<br />
de rendre hommage à Ferdy Kübler ou Hugo Koblet.» Les engins utilisés<br />
par les compétiteurs doivent dater d’avant 1986. Ils sillonneront différents<br />
parcours dans les montagnes de la région de Gstaad.<br />
bergkoenig-gstaad.ch<br />
On commence avec une magnifique<br />
balade le long du lac de Brienz. Puis,<br />
pour le retour, grâce au nouveau Paddle<br />
Trail, les amateurs ont le choix entre<br />
kayak et paddle. «Grâce à sa situation<br />
et à la faible densité de bateaux, le lac<br />
de Brienz est idéal pour pratiquer ce<br />
sport », résume David Storey, de l’entreprise<br />
familiale Hightide Kayak School.<br />
Bönigen, Iseltwald et Brienz proposent<br />
tous trois des points d’entrée pour<br />
la balade: on peut y louer et y rendre<br />
le matériel. « Les «paddlers» ont ainsi<br />
le loisir de combiner une belle sortie<br />
aquatique avec une balade ou un tour<br />
à vélo », souligne David Storey.<br />
paddletrail.ch / hightide.ch<br />
8<br />
MADE IN BERN 2/2017
03<br />
KROKUS<br />
EMELI SANDÉ<br />
PHOTOS: KEYSTONE, ANDREAS VON GUNTEN, ZVG<br />
06<br />
Tous en selle<br />
05<br />
Premier festival du canton de Berne consacré<br />
à la bicyclette, Hallo Velo, aura lieu<br />
le dimanche 6 août. La ville de Berne et<br />
sept communes de la région proposent<br />
un circuit de 40 kilomètres aux fans de<br />
la petite reine. Une belle occasion de<br />
pratiquer le vélo sous des formes différentes,<br />
selon l’endroit choisi. Ainsi, à Münsingen,<br />
les deux-roues électriques seront<br />
rois, tandis qu’à Köniz ou encore au Gurten<br />
le mountainbike tiendra la vedette.<br />
hallovelo.be<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
9
A toute vapeur au sommet du Rothorn<br />
L’Oberland bernois ne voulait pas être en reste après la construction<br />
du chemin de fer du Rigi (SZ), en 1871: il y a 125 ans exactement,<br />
le premier train de la ligne du Rothorn s’élançait à l’assaut du sommet,<br />
qui culmine à 2244 mètres. Cet anniversaire est une bonne occasion<br />
de faire la fête! «Du 19 au 30 juin, nous proposerons des offres spéciales<br />
aux fans de trains à vapeur », précise le directeur, Simon Koller.<br />
Signalons qu’en septembre, un grand spectacle «Vapeur» sera présenté<br />
au Pays de Galles avec le Snowdon Mountain Railway, qui roule<br />
sur une voie à crémaillère inspirée de celle du Brienz-Rothorn.<br />
brienz-rothorn-bahn.ch<br />
Terrain de jeu pour<br />
marcheurs et bikers<br />
Il n’y a pas que la Jungfrau qui compte. Des<br />
dizaines de funiculaires ou téléphériques emmènent<br />
les promeneurs sur les sommets, où de<br />
nombreuses activités attendent les touristes.<br />
Le Gelmer, qu’on atteint grâce au funiculaire<br />
le plus raide d’Europe, mérite le détour, comme<br />
le Schilthorn et son restaurant tournant avec<br />
vue imprenable sur les 4000. Une excursion au<br />
Harder, près d’Interlaken, au Niederhorn, qui<br />
surplombe le lac de Thoune, ou au Stockhorn,<br />
dans le Simmental, constituent des varian-<br />
08<br />
tes certes plus confidentielles, mais tout aussi<br />
spectaculaires.<br />
madeinbern.com/montagne<br />
10<br />
MADE IN BERN 2/2017
07<br />
10<br />
Comme un aigle<br />
dans le ciel<br />
On monte, on se sangle et c’est<br />
parti! Dans le First-Glider, cette<br />
drôle d’attraction de la famille<br />
des tyroliennes, on se sent libre<br />
comme un aigle dans le ciel. On<br />
commence en ascensionnel, face<br />
à la montagne, à quelque 70 km/h,<br />
de la station de Schreckfeld à celle<br />
de First. Une fois dans ce nid d’aigle,<br />
les téméraires se tournent vers<br />
l’aval et plongent la tête la première<br />
dans le vide, à toute allure. Jusqu’à<br />
présent, il y avait, à Grindelwald,<br />
une installation à câble nommée<br />
First-Flyer, à pratiquer en monoplace.<br />
Le First-Glider, qui vient la<br />
compléter, est encore plus impressionnante<br />
et se pratique à quatre.<br />
jungfrau.ch<br />
Renouveau luxueux<br />
Deux hôtels brillent d’un nouvel<br />
éclat dans le canton de Berne.<br />
Le premier est le boutique-hôtel<br />
Ultima, à Gstaad. Ses 17 suites<br />
sont dignes d’un complexe de luxe.<br />
Mais point de réception, au sens<br />
traditionnel du terme: «Nos hôtes<br />
doivent se sentir comme à la maison»,<br />
souligne le directeur général<br />
Andrés Oppenheim. Voilà pourquoi<br />
chaque client est maintenant<br />
accueilli personnellement. A Berne,<br />
10<br />
le fameux Savoy s’est également<br />
offert une seconde jeunesse: seule<br />
la façade a été conservée. «Nous<br />
avons entièrement rénové le bâtiment<br />
et l’avons doté des équipements<br />
dernier cri », résume son<br />
directeur, Marc Haubensak.<br />
11<br />
HOTEL SAVOY<br />
hotelsavoybern.ch<br />
ultimagstaad.com<br />
HOTEL ULTIMA<br />
09<br />
Grand frisson à Kandersteg<br />
Nerfs fragiles s’abstenir. Le Mountain Tubing, la dernière attraction<br />
de la Nordic Arena, promet des sensations fortes! Assis sur une<br />
grande bouée, on s’élance sur la pente d’un tremplin de saut à skis<br />
et on atteint une vitesse de près de 100 km/h. Cette expérience<br />
hors du commun se pratique de juin à septembre, les vendredis<br />
de 18 h à 20 h, et les samedis de 16 h à 18 h. Le reste du temps,<br />
même en été, les trois grands tremplins sont en service.<br />
nordicarena.ch<br />
Un club<br />
de 240 hôtels<br />
et 23 000 lits<br />
L’Association hôtelière de l’Oberland<br />
bernois a été fondée en 1917 dans<br />
le but de relancer l’économie touristique<br />
à la fin de la Première Guerre<br />
mondiale. La première année, 405 des<br />
500 hôtels que comptait la région se<br />
sont affiliés. Aujourd’hui, l’association<br />
fédère quelque 240 établissements,<br />
pour un total de 23 000 lits et 3,7 millions<br />
de nuitées par année.<br />
berneroberland.hotelleriesuisse.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
11
Pause rafraîchissante<br />
devant le Palais<br />
fédéral. En 2004,<br />
26 jets d’eau représentant<br />
les cantons<br />
y ont été installés<br />
12<br />
MADE IN BERN 2/2017
VILLE DE BERNE<br />
L’Aar du<br />
farniente<br />
Visiter une ville en été peut vite tourner au supplice… sauf<br />
à Berne! Avec sa rivière et sa douceur de vivre très appréciées,<br />
la cité est la capitale de la baignade. A vos maillots!<br />
PAR PHILIPP PROBST<br />
13<br />
MADE IN BERN 2/2017
REPORTAGE<br />
01<br />
A Berne,<br />
on passe<br />
sans transition<br />
du canot<br />
pneumatique<br />
au Palais<br />
fédéral<br />
02<br />
La cathédrale de Berne possède<br />
le plus haut clocher de Suisse<br />
Toutes les villes se visitent à pied, en tram,<br />
en bus ou en voiture. Toutes, sauf Venise et<br />
Berne, qui se découvre aussi… en maillot de<br />
bain! Cette particularité est due à la présence<br />
de l’Aar, cet affluent du Rhin long de 228<br />
kilomètres qui traverse la cité. La rivière permet<br />
aux visiteurs qui s’y plongent de rencontrer<br />
les habitants, mais aussi de découvrir de<br />
beaux monuments. Sur ses rives règne une<br />
ambiance conviviale, car au bord de l’Aar on<br />
peut «chiller» et se laisser aller à la fameuse<br />
«lenteur» qu’on prête volontiers aux Bernois.<br />
Un cliché éculé, à l’heure des smartphones,<br />
d’EasyJet et des e-mails? Bien sûr, sauf... au<br />
bord de l’Aar. Sur ses berges et dans ses flots,<br />
on s’accorde un instant de sérénité, on prend<br />
le temps de discuter et on fait l’éloge de la paresse,<br />
vertu rare dans notre monde pressé.<br />
Découvrir Berne au fil de l’Aar nécessite<br />
tout de même un minimum de préparation.<br />
On n’oublie pas de se munir d’un sac étanche<br />
dans lequel ranger ses affaires, et, bien sûr,<br />
d’un maillot de bain! Puis on se glisse dans la<br />
rivière pour se laisser porter au fil du courant<br />
le temps d’une balade aquatique. Ouvrez les<br />
yeux: bientôt les toits de la capitale font leur<br />
apparition à travers les arbres: la coupole du<br />
Palais fédéral, les maisons de la vieille ville...<br />
Première pause, obligatoire au bain du<br />
Marzili, juste après le passage sous le pont<br />
Monbijou, à droite duquel se trouve le théâtre<br />
Junge Bühne Bern. Cette piscine fluviale,<br />
l’une des plus grandes de Suisse, est le lieu<br />
de ralliement numéro un des Bernois lors<br />
des grandes chaleurs estivales: jusqu’à 15 000<br />
personnes viennent y piquer une tête et parfaire<br />
leur bronzage en plein cœur de la ville.<br />
03<br />
Les ours de Berne ont quitté leur fosse<br />
pour s’installer dans un parc au bord de l’Aar<br />
14<br />
MADE IN BERN 2/2017
04<br />
L’une des plus<br />
longues rues<br />
commerçantes<br />
couvertes d’Europe:<br />
la vieille ville de<br />
Berne est mondialement<br />
connue<br />
pour ses arcades<br />
05<br />
Surmontée<br />
d’un ours coiffé<br />
d’un casque et<br />
muni d’une épée,<br />
la fontaine de<br />
Zähringen, située<br />
près de la Tour<br />
de l’Horloge, date<br />
du XVI e siècle<br />
PHOTOS: ISTOCK, ALAMY<br />
Devenir un «Marzilien», l’espace de quelques<br />
heures, rien n’est plus facile: le bain est ouvert<br />
toute l’année sans interruption. Les bassins<br />
sont bien sûr vidés en hiver, mais ceux qui ne<br />
craignent pas le froid peuvent plonger dans<br />
l’Aar. «Quelle que soit la météo, on croise tous<br />
les jours au moins dix à quinze personnes»,<br />
explique Beat Wüthrich, responsable des<br />
installations du Marzili.<br />
Ce boucher de formation est heureux d’être<br />
le maître de ces lieux très fréquentés. Mais il<br />
est surtout «fier de sa superteam», une équipe<br />
de 22 personnes, qui maintiennent les installations<br />
en bon état et veillent au bien-être et à<br />
la sécurité des baigneurs. Des baigneurs qui,<br />
d’ailleurs, ne déboursent pas un centime, car<br />
l’entrée est gratuite, comme d’ailleurs dans<br />
tous les lieux de baignade de la ville. Suivant<br />
une tradition bernoise toujours bien ancrée,<br />
les autorités estiment que tout le monde doit<br />
pouvoir profiter des «Bädele». A condition de<br />
pouvoir maîtriser les flots. Car si les maîtresnageurs<br />
gardent un œil sur la rivière, officiellement,<br />
elle n’est pas surveillée. «Ceux qui ne<br />
savent pas nager n’ont rien à y faire», rappelle<br />
Beat Wüthrich.<br />
La descente de l’Aar reprend. Les nageurs<br />
affamés trouveront de quoi boire et manger au<br />
Schwellenätteli, où se trouvent quatre restau-<br />
SOUVENIRS<br />
Pains d’épices, parfum Aarewasser,<br />
pavés au chocolat Stockere Manndli,<br />
le label «typisch Bern» distingue des<br />
produits, traditionnels ou innovants,<br />
mais aussi des commerces, des<br />
institutions et des manifestations.<br />
bern.com/typisch-bern<br />
rants: le Terrasse, la Casa, l’Event Lounge et la<br />
Fondü Hütte. Ici, l’on se sent comme sur une<br />
île: un endroit très agréable où se prélasser et<br />
retrouver l’esprit du farniente si présent dans<br />
la capitale de la Suisse. On peut continuer la<br />
balade sur la terre ferme jusqu’au Nydeggbrücke<br />
pour aller voir les ours (Bär en allemand),<br />
qui ont donné leur nom à Berne. Cet animal<br />
figure sur l’écusson de la ville depuis 1224. La<br />
fosse aux ours, elle, existe depuis 1513. Mais<br />
depuis 2009, c’est un parc de 6000 m 2 qui<br />
accueille «Finn», «Björk» et leur fille «Ursina».<br />
Si l’on décide de quitter les rives de l’Aar<br />
pour s’enfoncer dans la ville, d’autres merveilles<br />
vont se dévoiler. Celles du Centre Paul<br />
Klee, par exemple, auquel on accède par le bus<br />
N°12. Ou celles de la vieille ville de Berne,<br />
classée au Patrimoine mondial de l’Unesco.<br />
La capitale réserve d’autres surprises. En empruntant<br />
la Kramgasse, le visiteur passe devant<br />
la maison où a été élaborée, par un certain <br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
15
VILLE DE BERNE<br />
Albert Einstein, une théorie mondialement<br />
connue, celle de la relativité. La rue mène à<br />
la fameuse Zytglogge, ou Tour de l’Horloge<br />
en français. Datant du XVI e siècle, le cadran<br />
astronomique indique l’heure de Berne, en retard<br />
de 90 minutes par rapport à l’heure d’été<br />
officielle et de 30 minutes par rapport à l’heure<br />
d’hiver.<br />
Retour aux plaisirs aquatiques. Au Palais<br />
fédéral, il est en effet possible de se rafraîchir.<br />
Bien sûr, pas dans les salles où l’on débat de<br />
politique et où l’on veille à la bonne marche<br />
du pays, mais sur la place, arrosée par vingtsix<br />
jets d’eau symbolisant chacun un canton.<br />
La visite continue par l’ascenseur de<br />
la Matte, le «Senkeltram» (le tram vertical),<br />
actionné par de véritables liftiers. Il emmène<br />
le promeneur à la «Pläfe», la place autour de<br />
la cathédrale: cette basilique à trois nefs est<br />
l’exemple le plus impressionnant du gothique<br />
06<br />
La zone Breitenrain-Lorraine,<br />
au nord de Berne, est un quartier tendance<br />
tardif de la ville. Par les escaliers de la Matte,<br />
l’on peut ensuite descendre dans le quartier<br />
du même nom, le plus ancien de Berne, qui<br />
est mentionné pour la première fois en 1327.<br />
Le Marzili est<br />
le bain des hipsters,<br />
la Lorraine celui<br />
des hippies<br />
Ses habitants y parlaient un dialecte étonnant<br />
non reconnu par les pouvoirs publics, le «matteänglisch»,<br />
qui leur permettait de communiquer<br />
avec les marchands étrangers venus faire<br />
des affaires le long de l’Aar. Basée sur le dialecte<br />
de la Matte, cette langue est encore pratiquée<br />
de nos jours par un très petit nombre de<br />
personnes.<br />
Retour – enfin! – à l’Aar et à sa reposante<br />
fraîcheur. On s’y plonge à nouveau pour se<br />
laisser mener par le courant jusqu’aux bains<br />
de la Lorraine, autre lieu culte de la ville. «Le<br />
Marzili est le bain des hipsters, la Lorraine celui<br />
des hippies», explique Christoph Hoigné,<br />
organisateur d’événements culturels, en précisant<br />
que ces derniers sont moins fréquentés<br />
par les Bernois que ceux du Marzili, car ils<br />
sont plus escarpés. «Ici, c’est le Woodstock des<br />
baigneurs libres», illustre encore Christoph<br />
Hoigné. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir<br />
avec quelle décontraction ceux qui fréquentent<br />
les lieux laissent tomber le maillot.<br />
Non loin de la Lorraine se trouve le quartier<br />
du Breitenrain. Le «Breitsch», comme l’appellent<br />
les Bernois, recèle un petit bijou, la Cappella,<br />
qui fêtera ses 20 ans l’année prochaine.<br />
Cette scène culturelle, fondée et dirigée par<br />
Christoph Hoigné, a trouvé refuge dans une<br />
ancienne église méthodiste. On y vient pour<br />
y écouter de la musique de cabaret. L’endroit<br />
se cache au milieu d’un quartier résidentiel,<br />
mais est bien connu des Bernois: 26 000 personnes<br />
s’y rendent chaque année, ce qui n’est<br />
pas négligeable. Christoph Hoigné l’assure,<br />
la cohabitation se passe très bien, personne<br />
ne s’est jamais plaint: «Nous entretenons des<br />
relations très amicales avec nos voisins. Dans<br />
ce quartier, la collaboration marche bien.»<br />
Car à Berne on pratique volontiers<br />
la tolérance. C’est ce qui permet au centre culturel<br />
autonome de la Reitschule de continuer<br />
à fonctionner, malgré les critiques formulées<br />
par les politiciens de la droite bourgeoise.<br />
Son bâtiment recouvert de tags, résolument<br />
«en marge», est quasi la première chose que<br />
découvrent les voyageurs venus de Suisse et<br />
du monde entier lorsqu’ils arrivent à Berne.<br />
Ce lieu de rencontre à l’allure de forteresse est<br />
l’endroit devant lequel se terminent traditionnellement<br />
toutes les manifestations, avec, parfois,<br />
des débordements. Pourtant, les Bernois<br />
LES PLUS<br />
BELLES<br />
TERRASSES<br />
EN VILLE<br />
DE BERNE<br />
Altes Tramdepot<br />
Bière brassée maison.<br />
Dans le jardin de ce bâtiment<br />
historique on déguste une<br />
Bären-Salat ou l’assiette du<br />
brasseur, accompagnée d’une<br />
Tram-Bier, brassée sur place.<br />
altestramdepot.ch<br />
Hotel Schweizerhof<br />
Vue époustouflante. Depuis<br />
la terrasse installée sur le toit,<br />
on a un formidable coup d’oeil<br />
sur la vieille ville de Berne, mais<br />
aussi sur les sommets enneigés<br />
de l’Oberland bernois.<br />
schweizerhof-bern.ch<br />
Schwellenmätteli<br />
Décor de rêve. Entre les méandres<br />
de l’Aar et la forêt, avec<br />
la vue sur le quartier de la Matte<br />
et la cathédrale en arrière-plan,<br />
se nichent les deux restaurants<br />
du Schwellenmätteli.<br />
schwellenmaetteli.ch<br />
16<br />
MADE IN BERN 2/2017
07<br />
La vieille ville<br />
de Berne,<br />
blottie dans<br />
les méandres<br />
de l’Aar, est<br />
classée au patrimoine<br />
culturel<br />
de l’Unesco<br />
08<br />
La Lorraine,<br />
ancien quartier<br />
industriel<br />
au bord de<br />
la rivière<br />
PHOTOS: FABIAN UNTERNÄHRER/13PHOTO, MAURITIUS IMAGES<br />
refusent de voter sa fermeture, même s’ils sont<br />
régulièrement appelés à se prononcer sur son<br />
sort.<br />
Autre preuve de cette tolérance bernoise,<br />
le maintien de modes de vie alternatifs,<br />
regroupés dans des mobile-homes ou des<br />
cabanes, qui sont apparus lors des révoltes<br />
de la jeunesse dans les années 1980 et ont<br />
été interdits, depuis, dans la plupart des villes.<br />
Mais pas à Berne. La ville, par exemple,<br />
a toujours son village de Zaffaraya, érigé vers<br />
le Marzili et déplacé aujourd’hui vers l’autoroute<br />
de Neufeld. Cet esprit bernois rebelle<br />
et authentique, Christoph Hoigné le chérit et<br />
l’entretient à la Cappella, où son public «est<br />
encore prêt à mettre le prix pour venir écouter<br />
un artiste». Ce qui lui permet de recevoir des<br />
jeunes talents, mais aussi des musiciens et des<br />
chanteurs confirmés. Comme l’artiste de cabaret<br />
suisse Lorenz Keiser ou encore le pianiste<br />
et chanteur allemand Bodo Wartke, qui vient<br />
«de préférence en été, parce qu’il peut ensuite<br />
aller se baigner dans l’Aar», explique Christoph<br />
Hoigné.<br />
L’Aar, cette rivière qui donne l’impression<br />
aux Bernois d’être toujours en vacances, passe<br />
non loin de la Cappella. «Les commerces, proposant<br />
des produits du monde entier y sont<br />
aussi à portée de main, complète Christoph<br />
Hoigné. C’est ce qui fait le charme du quartier.»<br />
Parmi les échoppes les plus fréquentées,<br />
il y a la Gelateria di Berna, une maison bernoise<br />
pur sucre, qui rencontre un succès im-<br />
<br />
Rosengarten<br />
Hotel Allegro<br />
Bellevue Palace<br />
Einstein au Jardin<br />
Des ours dans le viseur.<br />
Le Rosengarten est situé dans<br />
un magnifique parc à deux pas<br />
de celui des ours. Il offre une<br />
vue époustouflante sur la vieille<br />
ville et la cathédrale.<br />
rosengarten.be<br />
Dolce vita. Depuis la grande<br />
terrasse de cet hôtel-casino,<br />
la vue sur les montagnes<br />
est superbe. On peut y savourer<br />
un cocktail tout en dégustant<br />
des spécialités italiennes.<br />
kursaal-bern.ch<br />
Oasis en ville. C’est juste<br />
à côté du Palais fédéral que<br />
le Bellevue Palace accueille<br />
ses clients sur sa terrasse<br />
avec vue panoramique<br />
sur la ville et sur l’Aar.<br />
bellevue-palace.ch<br />
Self-grillade. Le client peut<br />
déguster gâteaux et tartelettes<br />
maison dans ce lieu charmant<br />
proche de la cathédrale. Et<br />
dans le jardin, chacun peut<br />
faire ses grillades.<br />
einstein-jardin.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
17
DU NEUF<br />
AU MUSÉE<br />
09<br />
Albert<br />
Einstein<br />
au Musée<br />
d’histoire<br />
de Berne<br />
10<br />
Les meilleures<br />
glaces<br />
se dégustent<br />
dans les<br />
filiales de<br />
la Gelateria<br />
di Berna<br />
MUSÉE<br />
DE LA COM-<br />
MUNICATION<br />
Le19 août prochain<br />
verra la<br />
réouverture<br />
du musée de l’Helvetiaplatz.<br />
Sur 2000 m 2 le monde entier<br />
communique...<br />
MUSÉE DES<br />
BEAUX-ARTS<br />
Avec les<br />
œuvres des<br />
collectionneurs<br />
Hahnloser,<br />
le «Kunstmuseum Bern»<br />
enrichit considérablement<br />
ses collections. Ouverture<br />
le 10 août prochain.<br />
IN A NUTSHELL<br />
L’histoire des<br />
friandises suisses<br />
s’est écrite dans<br />
la Länggasse<br />
pressionnant, puisque la petite chaîne, dont<br />
l’aventure a commencé au fond d’un garage,<br />
compte aujourd’hui 12 employés fixes et<br />
55 collaborateurs à temps partiel répartis dans<br />
ses quatre filiales. La recette de cette réussite?<br />
«L’authenticité et la qualité des produits»,<br />
confie Hansmartin Amrein, l’un des fondateurs.<br />
Le premier laboratoire de la Gelateria<br />
di Berna se trouvait dans la Länggasse, également<br />
appelée «Längiige» par ses habitants.<br />
Aux yeux des Bernois, l’Aar en est immensément<br />
éloignée, ce qui est un désavantage<br />
majeur. Pourtant, ce quartier, le plus animé de<br />
Berne, vaut le détour. Ici vivent des personnes<br />
issues de toutes les couches sociales et les étudiants<br />
sont nombreux, à cause de la proximité<br />
de l’université. C’est aussi un paradis pour les<br />
amateurs de bonne chère. Outre la Gelateria<br />
di Berna, on y trouve la boulangerie Glatz, qui<br />
y est installée depuis 1890 et dont le slogan,<br />
«Gäng delicious», est typiquement bernois.<br />
Connue au-delà des frontières de la ville pour<br />
ses «Mandelbärli», ces oursons aux amandes<br />
que l’on ne trouve que dans ses rayons, l’enseigne<br />
y côtoie Apfelgold, le paradis des gâteaux.<br />
Le tableau serait incomplet si l’on<br />
oubliait de mentionner le Tingel Kringel, un<br />
café à bagels qui excelle aussi dans la fabrication<br />
de cakes et de tartes.<br />
Dans la Länggasse s’est aussi écrite la grande<br />
histoire suisse et mondiale de la friandise:<br />
c’est en effet ici que Theodor Tobler et son<br />
cousin Emil Baumann ont inventé, en 1908,<br />
le Toblerone. Aujourd’hui encore, même si<br />
le produit appartient à la multinationale américaine<br />
Mondelēz, chacun des triangles du<br />
fameux chocolat est fabriqué à Berne. Plus à la<br />
Länggasse, mais à Berne-Brünnen.<br />
Les glaces de la Gelateria di Berna continuent,<br />
elles, à être fabriquées artisanalement.<br />
«La glace de base, constituée de lait, de crème<br />
et de sucre, est conçue à Marzili», explique<br />
Hansmartin Amrein. Dans son magasin situé<br />
en face de l’entrée des bains, ce qui permet au<br />
visiteur d’allier les douceurs de la gourmandise<br />
à celles qu’offre la proximité de l’Aar. ■<br />
L’auteur de ce reportage est l’écrivain et<br />
journaliste suisse Philipp Probst, qui a vécu<br />
plusieurs années à Berne.<br />
PHOTOS: ESTHER MICHEL, 2017 PROLITTERIS, ZÜRICH, CHRISTINE MOOR<br />
Summer<br />
in the city<br />
The picturesque old town<br />
of Bern with its arcades and<br />
narrow streets is a UNESCO<br />
World Heritage Site. The<br />
many historic buildings, the<br />
Bundeshaus, which is home<br />
to the Swiss government and<br />
Swiss Federal Parliament,<br />
and the Minster of Bern,<br />
which features Switzerland’s<br />
highest church tower (100<br />
metres), are among the<br />
must-see spots. Not to<br />
forget Bern’s museums, such<br />
as the Einstein Museum (it<br />
was here in Bern that the<br />
physicist developed his<br />
theory of relativity) or the<br />
Zentrum Paul Klee. In<br />
summer, the Swiss capital<br />
reveals another charming<br />
side. Its beautiful location on<br />
the river Aare and its many<br />
outdoor swimming pools<br />
offer unlimited bathing<br />
pleasure. Numerous<br />
shaded beer gardens create<br />
that special summer feeling.<br />
18<br />
MADE IN BERN 2/2017
SHOPPING ET LOISIRS<br />
A la pointe de la mode<br />
Dans son vieux centre, Berne héberge des boîtes à trésors pour fashionistas. Notre sélection<br />
shopping ou la preuve par six que notre capitale n’a rien à envier aux plus grandes métropoles<br />
CPH<br />
KULTA<br />
HAUTNAH LES DESSOUS<br />
MAX&MOI<br />
TOKU<br />
ZANA<br />
CPH Ou Copenhague en abrégé.<br />
La petite boutique de la Kramgasse<br />
propose accessoires et vêtements<br />
de marques très pointues (D-due,<br />
Caliban), dont beaucoup sont<br />
danoises (Decadent, billi bi).<br />
c-p-h.ch<br />
HAUTNAH LES DESSOUS Près de<br />
la peau les dessous. Dans cet antre<br />
de lingerie fine située à la Münstergasse,<br />
on déshabille hommes et<br />
femmes. Avec les grandes marques.<br />
hautnah-lesdessous.ch<br />
KULTA Barbara Mohr est une des<br />
rares joaillières à travailler sans tour<br />
ni moulage. Dans son atelier de la<br />
Münstergasse elle crée de superbes<br />
bijoux, alliances personnalisées,<br />
colliers, boucles d’oreilles, etc.<br />
kulta.ch<br />
MAX&MOI La marque parisienne<br />
de prêt-à-porter a des filiales dans<br />
toute l’Europe, et à Berne aussi.<br />
Défilé de vêtements et accessoires<br />
dans un décor luxueux.<br />
maxemoi.ch<br />
TOKU La boutique de Gerechtigkeitsgasse<br />
(la rue de la Justice) s’est<br />
spécialisée dans les labels suisses.<br />
Elle offre un assortiment toujours<br />
renouvelé de vêtements et accessoires<br />
des créateurs du pays.<br />
toku-store.ch<br />
ZANA C’est l’incarnation de l’italianité<br />
à Berne... Dans la boutique tenue<br />
par Marianne Feher, l’élégance<br />
subtile flirte joyeusement avec<br />
l’extravagance la plus impertinente.<br />
zana.ch<br />
ET VIVE LA<br />
MUSIQUE<br />
CLASSIQUE<br />
CAMERATA Le célèbre<br />
orchestre de chambre fondé<br />
en 1962 s’est depuis lors produit<br />
dans les salles de tous les<br />
continents. A Berne, la Camerata<br />
présente ses concerts au<br />
Centre Paul Klee, au Conservatoire<br />
et au Kultur Casino.<br />
cameratabern.ch<br />
KONZERT THEATER BERN<br />
L’union institutionnelle de l’orchestre<br />
symphonique et du<br />
théâtre de la ville permet de<br />
proposer à chaque saison<br />
30 créations et 20 concerts.<br />
konzerttheaterbern.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
19
20<br />
MADE IN BERN 2/2017
INTERVIEW<br />
Le rocker du dialecte<br />
Originaire de Langenthal, l’écrivain Pedro Lenz fait figure d’exception sur<br />
la scène littéraire suisse, car la plupart de ses textes sont en schwyzerdütsch. Cette langue,<br />
il la récite, la scande, la savoure. Mais est-elle vraiment faite pour l’écrit?<br />
PAR MARIUS LEUTENEGGER (TEXTE) ET TAMARA JANES (PHOTOS)<br />
Dans sa bouche, le dialecte suisse alémanique<br />
prend une couleur, une saveur, une<br />
puissance toutes particulières. C’est que<br />
l’écrivain bernois Pedro Lenz entretient un<br />
rapport totalement sensuel avec ce dialecte<br />
qu’il a appris, petit. Maçon de formation,<br />
il décroche une maturité sur le tard, en<br />
1995, à 20 ans, et devient écrivain. Mais<br />
outre son œuvre littéraire et ses chroniques<br />
dans la presse, il multiplie les lectures<br />
publiques, qui sont autant de spectacles<br />
pleins de panache. C’est que l’homme a de<br />
l’allure, du haut de ses 2 mètres, avec ses<br />
costumes de dandy portés sur des T-shirts<br />
et ses bagues plein les doigts. Son public<br />
le suit, enthousiaste, de bistrot en bistrot...<br />
et surtout dans son café à lui, le Flügelrad,<br />
à la gare d’Olten, dont il est copropriétaire<br />
avec des amis, intellectuels et écrivains eux<br />
aussi. Même ceux qui peinent à comprendre<br />
le dialecte auront plaisir à l’entendre lors de<br />
ces soirées, donner profondeur et vitalité<br />
à cette langue de cœur. Les plus rétifs se<br />
contenteront de lire l’excellente traduction<br />
en français de son livre «Der Goalie bin ig»<br />
- devenu «Faut quitter Schummertal!»<br />
(Ed. d’En Bas) - et de voir le non moins<br />
excellent film qui en est tiré. S’il vit aujourd’hui<br />
à Olten, Pedro Lenz garde aussi<br />
un penchant pour Langenthal, où son père<br />
dirigeait l’usine de porcelaine du même nom.<br />
Vous sentez-vous d’abord de Langenthal,<br />
où vous êtes né, ou avant tout Bernois?<br />
Des deux! D’ailleurs, Langenthal est une ville<br />
qui déborde d’amour pour Berne, tout en<br />
étant un petit monde en soi, sans Mani Matter<br />
(le Georges Brassens suisse alémanique,<br />
ndlr), sans le marché aux oignons, les arcades.<br />
L’intérêt de Berne, c’est son immense diversité,<br />
sa capacité d’absorption. Et il ne faut<br />
pas oublier qu’à une époque la capitale était<br />
«J’ai mes propres<br />
règles d’orthographe,<br />
et elles sont redéfinies<br />
continuellement»<br />
une ville-Etat, et que nous étions ses sujets.<br />
La conviction que la langue de la capitale est la<br />
plus belle du monde rejaillit sur nous.<br />
Votre mère vient d’Espagne, votre père de<br />
Saint-Gall. Vous êtes-vous senti étranger?<br />
J’ai fait comme saint Pierre, qui a renié le<br />
Seigneur trois fois. Si ma mère me parlait<br />
en espagnol, je fichais le camp. J’avais<br />
la trouille de passer pour un «Tschinggeli»<br />
(terme péjoratif pour immigré, ndlr). Les<br />
Espagnols et les Italiens étaient nos étrangers<br />
de l’époque, ils étaient mis de côté.<br />
Vos rapports alors avec le dialecte?<br />
Mon père ne parlait que le saint-gallois. Au<br />
jardin d’enfants, les mômes se moquaient de<br />
moi du coup, j’ai très vite appris le bernois.<br />
Aujourd’hui vous écrivez surtout en dialecte.<br />
Pourquoi ce choix?<br />
J’ai longtemps pensé que le schwyzerdütsch,<br />
c’était pour l’oral. Et au début, je ne sortais<br />
mes textes en bernois que sur CD. Mais un<br />
jour à Glasgow, où je passais six mois, un poète<br />
qui écrivait en patois écossais, m’a dit que<br />
quand je parlais dans ma langue, donc en bernois,<br />
c’était plus naturel, et que je devais écrire<br />
en dialecte. J’ai décidé de me lancer!<br />
Vous écrivez en dialecte, mais aussi en<br />
allemand. Comment choisissez-vous?<br />
En général, j’opte pour l’allemand pour tout<br />
ce qui concerne le courrier privé ou pour<br />
mes chroniques de presse. L’écriture est<br />
plus rapide, car je n’ai pas besoin de réfléchir<br />
à la manière d’orthographier les mots.<br />
Mais quand je fais parler des gens, j’écris<br />
plutôt en suisse allemand. Le dialecte permet<br />
de mieux caractériser les personnages.<br />
A quelle langue va votre préférence?<br />
Le suisse allemand est devenu ma langue<br />
d’écriture, mais je crois que ma préférence est<br />
liée à l’endroit où je me trouve: quand je vais<br />
en Espagne, je m’adapte vite. L’espagnol étant<br />
<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
21
PEDRO LENZ EN TOURNÉE<br />
Pour donner une tournure plus musicale à ses lectures<br />
en public, Pedro Lenz tourne avec le pianiste Christian<br />
Brantschen, du groupe rock Patent Ochsner - réputé<br />
lui aussi pour ses chansons en patois. Actuellement,<br />
il lit son dernier roman, «Di schöni Fanny»<br />
à 50% auteur de théâtre et j’ai bien davantage<br />
appris sur l’art de la scène auprès des musiciens<br />
qu’auprès des acteurs. Les musiciens<br />
pensent groupe, s’écoutent, savent comment<br />
on change de rythme, quand faire une pause,<br />
comment s’habiller sur scène.<br />
Votre tournée vous emmène dans toute<br />
la Suisse alémanique. Ressentez-vous de<br />
grandes différences selon les régions?<br />
Dans les villes, j’ai mon public, mais dans<br />
la Suisse des campagnes les gens viennent<br />
souvent juste parce qu’il se passe quelque chose.<br />
Et ça me plaît: je suis fier d’écrire aussi pour<br />
ceux qui ne lisent pas. J’éprouve une immense<br />
satisfaction quand on me dit: je n’ouvre jamais<br />
un bouquin, mais le tien, je l’ai lu!<br />
Quel est votre rapport avec la capitale?<br />
J’éprouve une passion pour les Young Boys!<br />
Dès que je peux, je vais voir leurs matches. La<br />
ville elle-même, je la trouve très confortable,<br />
parfois même, un peu trop confortable. Rien<br />
ne nous pousse à se confronter à elle.<br />
Où emmenez-vous des amis en visite?<br />
Quand mes amis espagnols viennent, ils s’extasient<br />
à peine sortis de Langenthal: «Oh, ces prés!<br />
Oh, tout ce vert!» Je leur réponds: «Attendez<br />
qu’on soit dans l’Emmental!» J’aime vraiment<br />
beaucoup cette région, car je suis définitivement<br />
plus porté sur les collines que sur les hautes montagnes.<br />
Les pics de 4000 mètres m’angoissent. ■<br />
ma langue maternelle, après une semaine passée<br />
dans la famille, je rêve dans cette langue!<br />
Comment réglez-vous les questions de<br />
grammaire et d’orthographe en dialecte?<br />
J’ai développé mes propres règles, que je ne<br />
cesse de redéfinir. Il faut bien sûr que le texte<br />
soit lisible. J’écris, par exemple, «machen»<br />
(faire, ndlr) et non pas «macheni», tout simplement<br />
parce c’est plus facile à lire.<br />
Malgré tout, difficile de vous lire...<br />
Effectivement, on me dit toujours que lire mes<br />
textes représente un effort. Je réponds que l’effort<br />
est positif: il induit une plus grande adhésion<br />
du lecteur.<br />
Vous avez connu vos plus grands succès<br />
avec des romans, mais vous publiez surtout<br />
des recueils de petits textes.<br />
Pour moi les lectures publiques demeurent<br />
très importantes. Cette année, j’en ai déjà une<br />
centaine de prévues. Je ne peux pas m’engager<br />
six mois sur un gros projet d’écriture.<br />
Un de vos personnages essaie d’écrire<br />
quatre pages par jour. Et vous?<br />
Chaque jour est différent. Il m’arrive d’écrire<br />
quatre pages et d’en effacer une le lendemain.<br />
Les conversations de bistrot sont importantes<br />
dans vos livres. Et dans votre vie?<br />
Je recherche le contact direct. Je refuse tout ce<br />
qui est Skype, chat et compagnie. Je veux voir<br />
«S’il y avait plus<br />
de rencontres au<br />
bistrot, il y aurait<br />
moins de haine<br />
dans les médias»<br />
les gens avec lesquels je parle. A cet égart, je<br />
suis un passéiste total. Le bistrot était le lieu<br />
d’échange par excellence. Je suis convaincu<br />
que s’il y avait davantage de Stammtische, il y<br />
aurait moins de haine dans les médias.<br />
Vous insistez sur la musicalité des textes.<br />
A mon avis, il n’y a rien de plus important,<br />
en littérature, que le son des mots. J’écoute<br />
la musique d’Ernest Hemingway, ou de Peter<br />
Bichsel, autant que je lis leurs romans. Je suis<br />
IN A NUTSHELL<br />
Great literature<br />
in Swiss dialect<br />
Novelist and writer Pedro Lenz, who<br />
grew up in Langenthal in the Canton<br />
of Bern, stands out among the Swiss<br />
literary figures. His novels and<br />
columns are highly successful, even<br />
though he pens them almost exclusively<br />
in the local vernacular. Writing in<br />
Swiss dialect – «Schwiizerdütsch» –<br />
is not easy, however, because there<br />
are no rules to follow. Which is why<br />
Pedro Lenz constantly changes his<br />
writing style, following his own grammar<br />
and spelling rules. At the moment<br />
he is criss-crossing Switzerland<br />
together with a pianist, reading from<br />
his works. Langenthal is not just the<br />
home town of Pedro Lenz but also a<br />
hot spot for quality design. Touring it<br />
means gaining direct insight into the<br />
production world of locally domiciled<br />
companies and manufacturers with<br />
national and international presence.<br />
Every two years a «Designers’ Saturday»<br />
is being held here. It’s an event<br />
that always attracts some 15 000 fans<br />
of contemporary design.<br />
22<br />
MADE IN BERN 2/2017
DESIGNTOUR LANGENTHAL<br />
Tout pour le design<br />
Langenthal est un haut lieu du design suisse. Cinq entreprises, dont le rayonnement dépasse<br />
les frontières du pays, se dévoilent à la curiosité des amateurs grâce des visites guidées<br />
PAR ERIK BRÜHLMANN<br />
GIRSBERGER<br />
CRÉATION<br />
BAUMANN<br />
HECTOR EGGER HOLZBAU<br />
GLAS TRÖSCH<br />
RUCKSTUHL<br />
Les spécialiste en design industriel<br />
haut de gamme connaissent bien<br />
ces noms: Création Baumann, Glas<br />
Trösch, Ruckstuhl, Girsberger, Hector<br />
Egger Holzbau. Création Baumann<br />
produit des textiles extraordinaires,<br />
Glas Trösch réalise, en verre, toutes<br />
sortes de rêves d’aménagement intérieur,<br />
Ruckstuhl se profile comme<br />
la plus ancienne manufacture de revêtements<br />
de sol de Suisse, Girsberger<br />
fabrique des chaises et des tables de<br />
très haute qualité, Hector Egger Holzbau<br />
a gravé son nom dans le bois et<br />
les matériaux de construction.<br />
Le fait que la ville de Langenthal soit<br />
devenue un haut lieu du design s’explique<br />
par des raisons historiques. La<br />
région a été longtemps peu industrialisée,<br />
mais très densément peuplée:<br />
deux éléments qui ont convaincu de<br />
courageux pionniers, qui y ont trouvé<br />
des forces de travail et des espaces<br />
pour développer leurs projets, de venir<br />
s’y installer. Les fabriques se sont<br />
ensuite appuyées les unes sur les autres<br />
pour créer une dynamique.<br />
Le Designers’ Saturday, organisé<br />
tous les deux ans et qui attire quelque<br />
15 000 fans, est un exemple de cette<br />
collaboration réussie.<br />
Désormais, il est aussi possible de<br />
découvrir les cinq fleurons de la ville<br />
cités plus haut, grâce au Designtour<br />
Langenthal, qui se décline en deux<br />
variantes: le Showroom Tour, pour<br />
les visiteurs qui désirent un maximum<br />
de flexibilité, et le Factory Tour, qui<br />
propose des découvertes un peu<br />
plus exclusives.<br />
Pour 49 francs par personne, le Showroom<br />
Tour propose la découverte de<br />
quatre showrooms (l’horaire et la thématique<br />
sont laissés au choix du visiteur),<br />
le repas de midi, ainsi que les<br />
transferts d’un showroom à l’autre.<br />
Le Factory Tour, quant à lui, prévoit<br />
une viste de trois des cinq entreprises.<br />
Il coûte 86 francs, repas et transferts<br />
inclus. Sa version light associe la visite<br />
de deux marques à une excursion au<br />
monastère de Saint-Urbain. Une façon<br />
de rappeler que la région de Langenthal<br />
a plusieurs «trésors» à offrir<br />
à ses visiteurs. designtour.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
23
CYCLOTOURISME<br />
Au royaume<br />
de la petite reine<br />
L’ancien champion de cyclisme bernois Fabian Cancellara a sillonné<br />
les routes du monde. Mais celles de son canton restent ses préférées<br />
PAR ERIK BRÜHLMANN (TEXTE) ET MICHAEL SIEBER (PHOTOS)<br />
24<br />
MADE IN BERN 2/2017
25<br />
Pour l’ancien cycliste<br />
professionnel Fabian<br />
Cancellara, ici sur le toit<br />
de l’Hôtel Allegro, «Berne<br />
est le paradis du vélo»<br />
MADE IN BERN 2/2017
«La chose qui me manque,<br />
depuis que j’ai arrêté<br />
la compétition, c’est de<br />
ne pas pouvoir être tous<br />
les jours sur mon vélo»<br />
Au cours de sa longue carrière de cycliste professionnel,<br />
Fabian «Spartacus» Cancellara a<br />
accumulé les victoires. Parmi elles, trois fois le<br />
doublé, soit Paris-Roubaix et le Tour des Flandres<br />
durant la même année. Il a également<br />
failli gagner le Tour de Suisse et a été quatre<br />
fois champion du monde du contre-la-montre.<br />
Même sans être fan de vélo, on se souvient<br />
aussi de ses deux victoires dans cette épreuve<br />
aux JO de Pékin et de Rio.<br />
Mais c’est du passé. En octobre dernier,<br />
le sportif né à Wohlen, près de Berne, a participé<br />
à sa dernière compétition. «Très franchement,<br />
le circuit ne me manque pas, je suis très<br />
occupé», lance ce jeune retraité de 36 ans. Outre<br />
ses obligations envers ses sponsors et ses<br />
partenaires, la question est surtout de se réinventer<br />
une vie après avoir été sportif d’élite.<br />
«Je dois tout gérer moi-même jusque dans<br />
les moindres détails, c’est vraiment différent.<br />
Avant, mon équipe se chargeait de tout», précise-t-il.<br />
En vue de sa reconversion, Fabian<br />
Cancellara a prévu de reprendre des études<br />
en gestion à Saint-Gall. «Je ne suis plus cycliste,<br />
mais entrepreneur, avec tout ce que cela<br />
implique. Je dois m’y préparer et apprendre<br />
ce qui est nécessaire pour réussir.» Car d’ici<br />
À VÉLO<br />
DANS<br />
LE CANTON<br />
DE BERNE<br />
1<br />
Langnau–Trubschachen (30 km)<br />
Cette boucle plutôt facile commence<br />
à la gare de Langnau, traverse Hühnerbach<br />
et monte au Hüpfenboden. On redescend<br />
ensuite le Chrümpelgraben, direction Trubschachen.<br />
De là, on passe par Gohl pour<br />
rentrer à Langnau.<br />
2<br />
Brienz–Meiringen (13 km)<br />
De la gare de Brienz, on roule en direction<br />
de l’Aar jusqu’au Funtenensee en passant<br />
par Hausen et Meiringen, où l’on peut aller<br />
voir les chutes du Reichenbach ou les gorges<br />
de l’Aar. Un trajet idéal pour les débutants,<br />
car il est presque plat.<br />
26<br />
MADE IN BERN 2/2017
CYCLOTOURISME<br />
à quelques années, ces succès sportifs ne pèseront<br />
plus très lourd dans le monde des affaires.<br />
Avec tous ses projets en cours, il ne reste<br />
guère de temps à l’ancien champion pour pédaler<br />
sur les routes du canton de Berne. «Mais<br />
j’espère que cela va bientôt changer. La seule<br />
chose qui me manque, depuis que je me suis<br />
retiré du circuit professionnel, c’est de ne plus<br />
monter en selle tous les jours», confie Fabian<br />
Cancellara, qui s’offrirait volontiers une petite<br />
virée au lac de Thoune ou encore dans le<br />
Seeland. Avec une petite pause café, pourquoi<br />
pas? «Aujourd’hui, quand je roule, je n’ai plus<br />
de pression, je peux vraiment profiter totalement<br />
de la balade.»<br />
Pour «Spartacus», si Berne est «le centre<br />
de l’Europe», le canton est également une<br />
région idéale pour pratiquer le vélo, que l’on<br />
soit sportif d’élite ou simple touriste. Car on y<br />
trouve tout ce qui fait battre le cœur des amateurs<br />
de deux-roues. «Dans l’Oberland, on<br />
a des montagnes; et, direction Fribourg, le<br />
paysage devient plus vallonné; le Seeland est<br />
plat et en Emmental on attaque les collines<br />
«Le vélo électrique est<br />
un engin très efficace<br />
pour se déplacer»<br />
– en vélo, je ne parle de montagne qu’à partir<br />
de 10 à 15 kilomètres de montée.» Ses parcours<br />
préférés? «J’adore l’Emmental et l’Oberland<br />
bernois, mais j’aime aussi rayonner dans<br />
les environs de la ville de Berne. En partant<br />
d’Ittingen, par exemple, je prends la direction<br />
d’Oberaargau, ensuite, cap sur l’Emmental et<br />
l’Oberland, puis sur le Seeland, avant de retourner<br />
à la maison.»<br />
A entendre Fabian Cancellara se lancer<br />
dans l’éloge de son canton, on se dit qu’il pourrait<br />
sans autre proposer ses services à l’Office<br />
du tourisme! «C’est vrai qu’à Berne nous<br />
FEREZ-VOUS MIEUX QUE CANCELLARA?<br />
Le double champion olympique du contrela-montre<br />
lance ses «Chasing Cancellara», une<br />
série de courses cyclistes organisées sur des parcours<br />
fermés au trafic. Trois manches sont au programme,<br />
qui permettront aux fans de la petite reine de se confronter<br />
sur la route avec le champion. Les 10 meilleurs de chaque<br />
parcours décrocheront leur qualification pour la grande finale,<br />
qui se déroulera l’année prochaine à Lugano.<br />
chasingcancellara.com<br />
sommes vraiment privilégiés, entre la nature,<br />
omniprésente, et l’aéroport international de<br />
Belp. C’est tout simplement parfait, lance-t-il.<br />
Et j’aime aussi beaucoup l’atmosphère décontractée<br />
de Berne.» Comme de pouvoir plonger<br />
dans l’Aar et contempler le Palais fédéral en<br />
nageant!<br />
Mais revenons au vélo. Quel engin l’ancien<br />
coureur conseillerait-il pour se lancer sur<br />
le genre de parcours qu’il vient de décrire?<br />
«Un vélo de course avec un bon dérailleur,<br />
c’est l’idéal, évidemment», recommande<br />
Fabian Cancellara. Mais il n’est pas forcément<br />
utile d’en acquérir un à 10 000 francs. «Cela<br />
dépend de la fréquence à laquelle on l’utilise<br />
et de l’usage qu’on en fait», précise l’expert.<br />
En fait, si le matériel a son importance, c’est<br />
surtout l’état de... son propriétaire qui est primordial!<br />
«Un vélo fait sur mesure, qui ne pèse<br />
que 4,8 kilos, ne sert à rien si son utilisateur<br />
n’est pas en bonne condition physique. La vitesse<br />
vient de celui qui pédale, pas du deuxroues!»<br />
Selon Cancellara, un entraînement régulier<br />
et une bonne alimentation sont déjà une<br />
bonne base pour le cycliste moyen. Mais il faut<br />
allier les deux, car s’entraîner sans manger sainement<br />
est aussi inutile que l’inverse.<br />
Et chez lui, combien trouve-t-on de vélos<br />
de course? «Un vélo de course, un pour le<br />
contre-la-montre, un de piste, un VTT, un<br />
moutain bike, un vélo de ville et un électrique.<br />
Et je les utilise tous.» Avec ceux de sa<br />
femme et de ses enfants, qui sont tout aussi<br />
bien équipés, cela représente une quantité assez<br />
considérable! Au fait, pourquoi un double<br />
champion olympique a-t-il besoin d’un vélo<br />
électrique? «Pourquoi pas? Cela me permet<br />
de laisser la voiture au garage pour les courts<br />
trajets et d’arriver à destination rapidement,<br />
sans transpirer. Le vélo électrique est un moyen<br />
de déplacement souvent plus efficace que la<br />
voiture pour aller d’un point A à un point B.»<br />
Fabian Cancellara voit le vélo électrique<br />
comme un complément de son cousin traditionnel.<br />
«Le vélo électrique a beaucoup<br />
d’avantages. Par exemple, ma femme arrive<br />
à suivre mon rythme. On peut aussi l’utiliser<br />
pour visiter une ville au lieu de prendre le bus,<br />
le tram ou le métro. Ou se rendre au travail<br />
en bougeant, mais sans être épuisé. Et c’est le<br />
moyen de transport parfait pour déconnecter<br />
tout en prenant l’air en rentrant chez soi.»<br />
Il faut cependant maîtriser l’engin, surtout<br />
au niveau de l’accélération et du freinage.<br />
Mais en fin de compte, quand il s’agit de faire<br />
du vélo, c’est simple: même pour un double<br />
champion olympique, «l’essentiel, c’est avoir<br />
du plaisir, tout le reste est secondaire»! ■<br />
3<br />
4<br />
5<br />
Lenk–Simmenfälle (5 km)<br />
Un itinéraire parfait pour les familles, les<br />
débutants et ceux qui ont envie de rouler<br />
tranquillement. Au départ de Lenk, on rejoint,<br />
en roulant presque à plat, les impressionnantes<br />
chutes de Simmen. On peut<br />
prolonger le parcours jusqu’à Zweisimmen.<br />
Gstaad–Zweisimmen (14 km)<br />
Cet itinéraire traverse le Saanenland en longeant<br />
de pittoresques villages. On part de<br />
Gstaad et on monte en direction de Saanenmöser.<br />
En bonus, une magnifique descente<br />
à travers le Simmental en direction de Zweisimmen,<br />
qu’on peut prolonger jusqu’à Spiez.<br />
Autour du lac de Bienne (39 km)<br />
Avec ses paysages de rêve, ses collines<br />
et ses villages vignerons, le Seeland bernois<br />
est un endroit parfait pour rouler à vélo.<br />
L’un des plus jolis parcours va de Bienne<br />
à Cerlier en traversant les vignobles qui<br />
bordent le lac. Comptez trois heures.<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
27
Thomas Binggeli<br />
a ouvert son premier<br />
bike-shop à 17 ans<br />
Un vélo qui parle au cœur<br />
Leonardo DiCaprio, Bryan Adams ou encore Elon Musk pédalent sur des vélos bernois:<br />
la marque Thömus fabrique des modèles qui ont toujours une roue d’avance<br />
PAR ERIK BRÜHLMANN (TEXTE) ET FILIPA PEIXEIRO (PHOTOS)<br />
A Köniz, au lieu dit Oberried, le visiteur remarque<br />
surtout les vastes espaces et les fermes<br />
imposantes. Dans l’une d’elles, on ne fabrique<br />
pas de fromage: chez Thömus, on accueille la<br />
grande famille des cyclistes et on leur propose<br />
le meilleur. «Thömu» est en fait le petit nom de<br />
Thomas Binggeli, 43 ans, plombier reconverti<br />
dans l’art du deux-roues: «Le vélo m’a ouvert<br />
les portes du monde, raconte-t-il. A l’époque,<br />
quand on habitait à Oberried et qu’on voulait<br />
rendre visite à quelqu’un, le vélo était à peu<br />
près le seul moyen de le faire.» A 17 ans, en<br />
1991, il ouvre un bike-shop à son nom dans<br />
la cour de la ferme familiale – même si maman<br />
et papa auraient préféré le voir reprendre<br />
le domaine agricole. Qu’il n’ait pas fait un apprentissage<br />
en mécanique s’explique de façon<br />
toute simple: «J’avais ma propre entreprise et<br />
aucun des marchands de vélos des environs<br />
n’avait envie de former la concurrence.»<br />
SUR-MESURE<br />
Au siège de Thömus, à Oberried, et au<br />
magasin bernois, chaque vélo est adapté<br />
sur-mesure. Depuis 2016, Thömus<br />
est partenaire de BE! Tourisme SA.<br />
madeinbern.com/thoemus<br />
Mais même dans ces circonstances, Thömus a<br />
démarré en trombe. «Nous avons initié ce qui<br />
est devenu une pratique normale aujourd’hui:<br />
nous allions vers les usagers, explique le fondateur.<br />
Nous organisions des courses, des<br />
tours dans la nature... C’est ainsi que nous<br />
avons bâti notre clientèle.» A ce moment déjà,<br />
s’appliquait le slogan qui n’est devenu officiel<br />
que bien plus tard: «Be part of the Family» -<br />
bienvenue dans la famille. Ça sonne un peu<br />
kitsch et gentillet, mais de fait, chez Thömus,<br />
on se sent un peu comme à la maison. A l’évidence,<br />
les valeurs prônées par Thomas-le-patron<br />
sont davantage que des litanies creuses:<br />
courage, facilité, amour, transparence, plai-<br />
28<br />
MADE IN BERN 2/2017
EN SELLE<br />
IN A NUTSHELL<br />
Dans la ferme des Binggeli, à Oberried, Köniz, on accueille les cyclistes<br />
et on leur propose le meilleur, en vélos traditionnels ou électriques<br />
sir. Avant de vendre, il s’agit de comprendre:<br />
«Nous parlons beaucoup avec nos clients, relève<br />
Thomas Binggeli, nous essayons de voir<br />
quels projets ils ont avec leur vélo». Après cette<br />
étape, les choses sont relativement simples:<br />
«Nous construisons le vélo adapté à chaque<br />
fessier», rit-il.<br />
Le verbe «construire»<br />
prend ici tout son sens,<br />
car depuis 1998 Thömus<br />
n’est pas qu’un commerce,<br />
mais bel et bien une<br />
marque de vélo. «Nous<br />
avons invité des constructeurs<br />
spécialisés et des designers<br />
à la ferme et nous<br />
les avons adoptés dans<br />
la famille Thömus», se<br />
La dernière nouveauté de Thömus:<br />
le e-Mountain bike Lightrider E1<br />
rappelle l’entrepreneur.<br />
L’objectif était de ne pas<br />
se contenter d’assembler<br />
toujours les mêmes pièces,<br />
mais d’inventer quelque<br />
chose de vraiment<br />
neuf, si possible sans intermédiaires.<br />
C’est qu’il y<br />
a vingt ans déjà l’esprit de famille ne pouvait<br />
guère suffire pour se distinguer sur le marché<br />
très compétitif du vélo. «Nous avons appliqué<br />
le principe du «trial and error», l’essai et l’erreur,<br />
pour avoir toujours un pas d’avance sur<br />
nos concurrents.»<br />
La méthode s’est avérée efficace, comme l’a<br />
prouvé, en 2006, le prix du Swiss Economic<br />
Award. Thomas Binggeli a été nommé Jeune<br />
entrepreneur suisse de l’année. Il a aussi vu venir<br />
l’engouement pour l’e-bike. C’est en 2008<br />
qu’est sorti le premier Stromer. «A l’époque,<br />
raconte-t-il, j’avais suivi une conférence chez<br />
«Le vélo m’a<br />
ouvert les chemins<br />
du monde»<br />
THOMAS BINGGELI<br />
Apple sur les technologies du carbone et j’ai<br />
été si impressionné par cette entreprise que je<br />
suis rentré en disant à mon frère: «Il faut que<br />
nous développions un e-bike qui soit l’équivalent<br />
de l’iPhone!» Il fallait entendre un engin<br />
que les amis du vélo pourraient manier<br />
facilement, mais aussi<br />
que les hipsters auraient<br />
envie d’aimer. «Si on a<br />
une vision d’ensemble<br />
du trafic dans le monde,<br />
proclame Thomas Binggeli,<br />
on ne peut qu’arriver<br />
à la conclusion que le<br />
déplacement à vélo sera<br />
la manière la plus efficace<br />
de se mouvoir.» Reste<br />
que le développement du<br />
Stromer a coûté très cher<br />
– on va dire que c’est le<br />
prix de l’apprentissage.<br />
Mais Thomas ne serait<br />
pas Thömus s’il avait renoncé.<br />
Bien au contraire!<br />
Grâce au savoir-faire acquis<br />
à travers l’expérience<br />
Stromer, voilà que sort sur le marché un<br />
e-mountain bike, le Lightrider E1, qui est paré<br />
pour tous les défis.<br />
Les différents vélos Thömus et Stromer sont<br />
appréciés de la communauté des cyclistes,<br />
qu’il s’agisse de puristes ou de sportifs du dimanche.<br />
Même des personnalités connues<br />
– comme les acteurs Leonardo DiCaprio et Til<br />
Schweiger, le chanteur Bryan Adams, la tête<br />
pensante des voitures Tesla Elon Musk ou le<br />
ministre britannique des Affaires étrangères<br />
Boris Johnson – entretiennent leur forme sur<br />
des vélos de la bourgade d’Oberried. ■<br />
On tour with an<br />
Olympic medallist<br />
The Swiss are known to be<br />
good skiers. But one of the<br />
greatest Swiss sportsmen<br />
is cyclist Fabian Cancellara.<br />
He was crowned time-trial<br />
world champion four times<br />
and twice won Olympic Gold.<br />
The athlete, who was born in<br />
Wohlen near Bern, finished<br />
his active career in October<br />
2016. He is now busy creating<br />
a life after professional<br />
racing and fulfilling his many<br />
obligations with sponsors<br />
and partners. Of course, still<br />
hardly a day goes by without<br />
Cancellara mounting his bike:<br />
«The Canton of Bern is the<br />
perfect cycling region», he<br />
says. «The Oberland gives<br />
you the mountains, Fribourg<br />
is undulating, the Seeland is<br />
as flat as can be, and the<br />
Emmental offers the challenging<br />
hills.» For hobby cyclists<br />
he recommends a 100-<br />
kilometre ride around Lake<br />
Thun, starting in Bern. Hardcore<br />
cyclists will enjoy a ride<br />
across one of the passes –<br />
from Brienz across the<br />
Susten pass to Göschenen,<br />
for instance.<br />
IN A NUTSHELL<br />
From Oberried<br />
to Hollywood<br />
Leonardo DiCaprio, Bryan<br />
Adams and Elon Musk ride<br />
bicycles from the Canton of<br />
Bern. It all began when Thomas<br />
Binggeli set up a small<br />
bike shop on his parents’<br />
farm. Today, his two companies,<br />
Thömus and Stromer,<br />
produce bicycle brands that<br />
are among the world’s most<br />
prestigious. The Bernese<br />
entrepreneur has just introduced<br />
his latest model: the<br />
Lightrider E 1, an e-mountainbike<br />
that lives up to any<br />
cross-country challenge.<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
29
30<br />
MADE IN BERN 2/2017
Longines,<br />
à la gloire<br />
du quartz<br />
Le canton de Berne a vu naître Longines. La maison<br />
horlogère a puisé là ses forces et continue<br />
d’y évoluer. Elle y a notamment développé un secteur<br />
stratégique de l’horlogerie suisse: le quartz<br />
PAR MATHILDE BINETRUY<br />
Dedans-dehors: le mouvement<br />
quartz ultraprécis développé pour<br />
le nouveau modèle Conquest V.H.P.<br />
«Lorsque j’étais petit garçon, cette grande entreprise<br />
au pied de Saint-Imier, qui employait<br />
la plupart des gens de notre région, m’ impressionnait<br />
et j’étais persuadé qu’un jour j’allais<br />
y travailler.» En président plein d’entregent<br />
rodé à chauffer son public, Walter von Känel<br />
entame son discours. C’est une habitude chez<br />
celui que tous ses employés surnomment «Le<br />
Chef» que de mettre en perspective l’histoire<br />
de son entreprise. Il y est entré en 1969,<br />
y est devenu directeur en 1988 et peut-être<br />
fêtera-t-il ses 50 ans de maison en 2019. Il<br />
présente, ce printemps, la dernière nouveauté<br />
à quartz maison: la montre Conquest V.H.P.<br />
Avec cette pièce, Longines repousse les limites<br />
dans le domaine du quartz dont elle a su se<br />
faire pionnière et experte, en particulier par<br />
ses activités de chronométrage.<br />
Tout commence en 1954, le jour où une<br />
horloge à quartz de la marque établit une<br />
série de records de précision qui sont certifiés<br />
à l’Observatoire de Neuchâtel. Elle équipe la<br />
Chronocinegines, instrument qui fournit aux<br />
juges une bande filmée comprenant une série<br />
de clichés au 1/100 e de seconde leur permettant<br />
de suivre le mouvement des athlètes au<br />
moment où ils franchissent la ligne d’arrivée.<br />
La photo finish est née. Difficile de ne pas<br />
sourire aujourd’hui en voyant l’appareil de<br />
l’époque: une sorte de gros transistor rectangulaire<br />
dont les fils sont reliés à une caméra.<br />
Et pourtant, c’est cet objet qui inspirera la marque<br />
Longines pour créer la première montrebracelet<br />
à quartz, l’Ultra-Quartz, en 1969.<br />
Entre 1975 et 1985, face à la concurrence<br />
des montres à quartz à très bas prix fabriquées<br />
au Japon et aux USA, l’horlogerie<br />
suisse manque de disparaître. Des montres<br />
cent fois plus précises sont commercialisées<br />
pour cent fois moins cher! Toute la branche <br />
31<br />
MADE IN BERN 2/2017
HORLOGERIE<br />
Publicité Longines de 1881 montrant la manufacture de Saint-Imier.<br />
économique – et la Suisse entière avec elle –<br />
a des sueurs froides. Finalement, pourtant, la<br />
technologie helvétique trouve son salut. Pas<br />
dans le quartz, mais dans les mouvements<br />
mécaniques, fragiles et précieux, une manne<br />
pour les collectionneurs. Ce renouveau est<br />
un phénomène aussi puissant qu’imprévu.<br />
Il va de pair avec la généralisation des PC,<br />
d’internet et des images numériques. Le regain<br />
d’intérêt pour une technologie qui peut<br />
sembler anachronique s’explique notamment<br />
par le fait que la montre est le seul bijou<br />
masculin. Elle acquiert un nouveau statut et<br />
devient un objet de luxe. Longines contribue<br />
à ce retournement de situation en créant des<br />
montres à complication inédites, offrant une<br />
fiabilité nouvelle, mariant la tradition à l’innovation.<br />
Elle n’en oublie pas pour autant<br />
de cultiver et perfectionner son savoir-faire<br />
de la montre à quartz, et lance, en 1984, le calibre<br />
quartz 276 VHP (Very High Precision)<br />
doté d’une nouvelle technologie qui jugule les<br />
effets des variations de température. C’est un<br />
pas de géant pour la collection Conquest.<br />
Les alliances dans le chronométrage<br />
sportif se multiplient ensuite: la Fédération<br />
internationale de gymnastique (1985), la Fédération<br />
internationale de ski (2007), le tournoi<br />
de tennis Open de France à Roland-Garros<br />
(2007), France Galop (2011), Fédération<br />
Equestre Internationale (2013), etc. Longines<br />
le sait, elle est attendue au tournant de l’extrême<br />
précision, si elle veut à nouveau capitaliser<br />
IN A NUTSHELL<br />
sur une montre à quartz. En premier lieu parce<br />
que l’horlogerie subit un fort ralentissement<br />
économique, ensuite parce que les marques<br />
ne jurent que par la belle mécanique, et enfin<br />
parce que les géants du high-tech considèrent<br />
la montre connectée comme la réponse aux<br />
années web 3.0. Mais Longines parvient<br />
à créer un nouvel aboutissement dans le domaine<br />
du quartz et frappe fort, cette année,<br />
en lançant la digne héritière de ses modèles<br />
à quartz: la nouvelle Conquest V.H.P.<br />
La liste de ses atouts parle d’elle-même:<br />
ultraprécision, soit une variation limitée<br />
à plus ou moins cinq secondes par an, résistance<br />
aux chocs et aux champs magnétiques,<br />
calendrier perpétuel qui ne nécessite plus<br />
aucune correction et, bouquet final, très longue<br />
autonomie de la pile, soit cinq ans contre<br />
dix-huit mois pour un modèle à quartz classique.<br />
Côté esthétique, les modèles arborent<br />
des cadrans bleus, carbone, argentés ou noirs.<br />
La ligne compte deux variantes: un 3 aiguilles<br />
calendrier perpétuel et un chronographe.<br />
«Nous avons voulu mettre l’accent sur<br />
la prouesse horlogère, explique Juan-<br />
Carlos Capelli, vice-président et directeur<br />
international du marketing de Longines.<br />
C’est une montre moderne de tradition<br />
suisse, qui nous représente.» Et dont le<br />
prix plancher est inférieur à 1000 francs.<br />
The quartz movement hails from the Bernese Jura<br />
Many famous clock and watch manufacturers<br />
have their headquarters and<br />
production sites in the Canton of Bern.<br />
One of them is Longines, a brand with<br />
a long tradition. It was founded in 1832<br />
and has remained true to its roots. More<br />
than half of the 5 000 inhabitants of<br />
Saint-Imier work at Longines. The<br />
company achieved world fame when it<br />
developed the quartz movement and<br />
became instrumental in measuring time<br />
at sport events. Longines is a partner of<br />
the International Ski Federation and the<br />
French Open tennis tournament.<br />
LES<br />
DATES DU<br />
QUARTZ<br />
DANS LES<br />
CALIBRES<br />
LONGINES<br />
1954 Première horloge à<br />
quartz. Elle établit une série de<br />
records de précision à l’Observatoire<br />
de Neuchâtel. Couplée à<br />
une caméra 16 mm, elle compose<br />
la Chronocinegines, bande de<br />
clichés au 100e de seconde des<br />
athlètes sur la ligne d’arrivée.<br />
1965 Longines développe<br />
un mouvement électronique à<br />
quartz, le calibre 800, pour équiper<br />
les chronomètres de bord.<br />
Surpassant tous les records<br />
obtenus avec des mouvements<br />
mécaniques, ce calibre ouvre<br />
une nouvelle ère de précision.<br />
1969 Lancement de<br />
l’Ultra-Quartz, la première<br />
montre-bracelet à quartz<br />
de la marque Longines.<br />
Et une ouverture vers un<br />
nouveau marché. La pièce<br />
est dotée du calibre à quartz<br />
Longines baptisé L6512.<br />
32<br />
MADE IN BERN 2/2017
Il fallait bien cela pour célébrer 185 ans<br />
d’histoire. Et prouver, si besoin encore était,<br />
que la technologie quartz répond elle aussi<br />
à des lettres de noblesse profondément ancrées<br />
dans la tradition suisse.<br />
Ancrage historique à Saint-Imier<br />
Il faut remonter au XIX e siècle pour retracer<br />
le chemin de Longines. En 1832, Auguste<br />
Agassiz s’associe à un comptoir d’horlogerie<br />
de Saint-Imier, qui devient bientôt Agassiz<br />
& Compagnie. Ernest Francillon, le neveu<br />
d’Agassiz, rassemble tous les savoir-faire<br />
sous un même toit, au lieu dit Les Longines,<br />
et fonde en 1867 la fabrique éponyme. La<br />
marque est lancée. Très vite, deux univers de<br />
prédilection s’imposent: l’élégance et la précision.<br />
Longines monte rapidement en puissance<br />
et additionne les innovations, notamment<br />
dans le chronométrage sportif. Suivent de<br />
nombreux partenariats avec des compétitions<br />
prestigieuses. Sans oublier des collaborations<br />
avec des athlètes, tels Stefanie Graf et André<br />
Agassi, véritables légendes qui rendent hommage<br />
aux valeurs sportives de la marque.<br />
C’est à Saint-Imier, à l’endroit même où<br />
elle fut fondée, que Longines demeure depuis<br />
1832. Au cœur de la commune de 5000 habitants,<br />
toutes les familles comptent un ou plusieurs<br />
membres en lien avec la manufacture.<br />
Si continuité et longévité sont les mots d’ordre<br />
de la marque, c’est donc en partie dû à son<br />
ancrage géographique. C’est dans cette vallée<br />
qu’elle a conforté son identité suisse, qu’elle<br />
s’y est investie depuis ses débuts en tant que<br />
comptoir d’établissage horloger jusqu’à devenir<br />
la marque internationale que l’on connaît<br />
aujourd’hui.<br />
Propriété du Swatch Group depuis 1983, la<br />
maison produit 1,4 million de pièces par an,<br />
et deux montres sur dix sont équipées d’un<br />
mouvement à quartz. Ce n’est de loin pas fini.<br />
«Cette proportion va encore augmenter grâce<br />
au nouveau modèle V.H.P.», prédit le Chef. ■<br />
LONGINES,<br />
ACTEUR<br />
ENRACINÉ<br />
DU JURA<br />
BERNOIS<br />
Lorsqu’on associe quartz et<br />
Swiss made, on pense à la crise<br />
des années 1970. Vous, à quoi<br />
pensez-vous?<br />
Depuis 1954, le quartz fait partie<br />
de l’histoire de Longines. Nos décennies<br />
de chronométrage sportif<br />
en sont un parfait exemple. Cette<br />
association quartz et Swiss made<br />
me fait donc penser à un extraordinaire<br />
potentiel d’innovation.<br />
L’image du quartz des années 1970<br />
doit laisser place à un quartz made<br />
in Switzerland alliant qualité et<br />
technologie de pointe, permettant<br />
ainsi son repositionnement au sein<br />
de l’horlogerie suisse.<br />
Qu’est-ce que Longines<br />
a apporté au canton de Berne?<br />
Longines a toujours représenté<br />
une présence forte au cœur du<br />
Jura bernois. C’est un acteur incontournable<br />
de la région ainsi<br />
qu’un employeur de qualité. Notre<br />
musée revient sur bientôt 185 ans<br />
d’histoire. Son rayonnement nous<br />
permet d’accueillir toute l’année<br />
des visiteurs du monde entier.<br />
Walter von Känel,<br />
président de Longines<br />
Et inversément, qu’est-ce que<br />
le canton de Berne a apporté<br />
à Longines?<br />
Installée à Saint-Imier depuis sa<br />
création en 1832, Longines puise<br />
sa longévité dans cette localisation<br />
de choix, idéalement située dans<br />
le berceau de l’horlogerie suisse.<br />
La proximité avec les partenaires<br />
économiques régionaux a été un<br />
atout indispensable pour le développement<br />
de la marque. Le soutien<br />
des autorités communales et<br />
cantonales a également constitué<br />
et constitue toujours un atout important.<br />
Les «conditions cadres»<br />
sont également favorables – j’entends<br />
par là les transports, les impôts,<br />
les écoles… De l’arrivée du<br />
chemin de fer jusqu’à Saint-Imier à<br />
la législation sur la protection des<br />
marques, cette excellente collaboration<br />
entre les autorités et les dirigeants<br />
de Longines s’étend sur des<br />
décennies. D’ailleurs, nous avons<br />
dans nos archives des règlements<br />
internes datant de 1879 validés<br />
et contresignés par les autorités<br />
cantonales bernoises.<br />
1972 Réalisée en collaboration<br />
avec Ebauches SA et Texas<br />
Instrument Incorporated,<br />
la montre Longines LCD (Liquid<br />
Crystal Display) reçoit la haute<br />
distinction de l’IR100 (Annual<br />
Industrial Research Conference<br />
and Awards).<br />
1979 Sortie de la montre à<br />
quartz de 1,98 mm d’épaisseur,<br />
qui est baptisée Feuille d’Or. Un<br />
exploit, fruit d’une collaboration<br />
entre plusieurs acteurs de<br />
l’horlogerie suisse. Un an plus<br />
tard, le même modèle sera<br />
encore réduit à 0.98 mm.<br />
1984 Le calibre 276 V.H.P.<br />
(Very High Precision), un mouvement<br />
à quartz de très haute<br />
précision, bénéficie d’une technologie<br />
qui jugule les effets des<br />
varia-tions de température. Ce<br />
mouvement équipe les montres<br />
de la collection Conquest.<br />
2017 La Conquest V.H.P. (Very<br />
High Precision, ici en version<br />
chrono) s’illustre par son ultraprécision<br />
(± 5 s/an) et sa capacité<br />
à réinitialiser les aiguilles<br />
après un choc ou un impact magnétique,<br />
grâce au système DPR<br />
(Détection Position Rouages).<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
33
TRADITION<br />
A la gloire<br />
des valeurs sûres<br />
C’est sans doute la manifestation la plus mythique de Suisse.<br />
Quelque 150 000 spectateurs assisteront, du 26 août au 3 septembre,<br />
à la 10 e Fête d’Unspunnen. Bienvenue à ce concentré des coutumes suisses<br />
PAR MARIUS LEUTENEGGER<br />
«La Fête d’Unspunnen est unique. Voir réunies<br />
tant de traditions suisses au même endroit,<br />
cela n’existe nulle part ailleurs.» Président<br />
du comité d’organisation, Ueli Bettler<br />
ne cache pas son enthousiasme. Pour son vice-président<br />
Walter Dietrich aussi, la fête impressionne<br />
par «son caractère pacifique. Notre<br />
expérience prouve que l’ambiance reste détendue<br />
et amicale, même si nous accueillons<br />
un public de 150 000 personnes.» Difficile,<br />
cependant, de s’appuyer sur les précédentes<br />
éditions pour faire des projections. D’abord,<br />
parce que beaucoup d’années s’écoulent entre<br />
deux éditions, au point que chaque rassemblement<br />
en devient un événement unique.<br />
Ensuite, parce qu’il y aura forcément de l’innovation,<br />
comme l’exige la devise «Bewährtes<br />
erhalten, neues gestalten» (s’appuyer sur les<br />
valeurs sûres et continuer à se renouveler).<br />
C’est ainsi que pour la première fois le festival<br />
s’étendra sur deux week-ends. Autre changement:<br />
les festivités migrent de la place historique<br />
d’Unspunnen, vers la plaine de la Höhematte<br />
à Interlaken.<br />
L’esprit de «réunion pacifique» remonte<br />
à l’origine de la manifestation, en 1805. Les<br />
conflits entre les habitants des villes et des<br />
campagnes étaient alors fréquents et ont conduit<br />
à la formation, dans les vallées montagneuses,<br />
du mouvement des «patriotes», opposé<br />
aux seigneurs des villes. Cette situation<br />
délicate a incité la ville de Berne à organiser<br />
une rencontre pour faciliter la fraternisation.<br />
Au travers d’un festival, les citadins devaient<br />
être initiés aux charmes bucoliques des traditions<br />
rupestres; à l’inverse, les pâtres devaient<br />
trouver là une occasion de valoriser leurs<br />
coutumes, sous le regard bienveillant des seigneurs,<br />
et gagner des prix pour récompenser<br />
leurs performances. Difficile de dire à quel<br />
point ces jeux relevaient vraiment des tradi-<br />
La nouvelle arène,<br />
sur la Höhematte<br />
à Interlaken,<br />
permet d’accueillir<br />
15 000 spectateurs<br />
tions locales. Après tout, des fêtes étaient organisées<br />
chaque année depuis longtemps, souvent<br />
quand les riches seigneurs se rendaient sur<br />
l’alpage, pour voir leurs troupeaux. Toujours<br />
est-il que pour la Fête d’Unspunnen, il s’est<br />
d’emblée agi de mettre en scène des mythes<br />
plutôt que de simples coutumes. Autre objectif<br />
de la fête originelle: donner un coup de<br />
pouce au tourisme en Suisse. A l’époque, cette<br />
industrie en était encore à ses balbutiements,<br />
mais les nantis européens commençaient à<br />
s’intéresser au monde merveilleux de l’Alpe.<br />
La Fête d’Unspunnen devait donc attirer<br />
nobles et riches bourgeois dans l’Oberland<br />
bernois et leur montrer la vie des bergers dans<br />
sa séduisante authenticité. Des publicités<br />
ont fleuri dans les pays européens et l’intérêt<br />
pour la manifestation a été massif. Il n’est pas<br />
exagéré d’affirmer que le festival a fait naître<br />
l’industrie du tourisme dans la région. Ainsi,<br />
en 1805, des milliers de curieux ont convergé<br />
vers Interlaken, parmi lesquels des princes,<br />
des nobles et même le roi de Wurtemberg.<br />
Les rares auberges disponibles se retrouvant<br />
vite débordées, les autochtones ont été quittes<br />
pour céder leurs lits à ces invités bien nés.<br />
Au regard de ce qui se fait aujourd’hui, les<br />
préparatifs de cette première édition ont été<br />
vite expédiés. Le programme définitif a été<br />
bouclé la veille: un défilé, suivi d’un concours<br />
de lancer de balles et de pierres, puis des tournois<br />
de lutte suisse et de tir, des épreuves de<br />
cor des Alpes et de chant. C’était parti!<br />
La 2 e édition a eu lieu trois ans plus tard,<br />
en 1808, et elle s’est avérée plus somptueuse<br />
que la précédente. La veille du festival, un<br />
feu d’artifice a été tiré pour la première fois<br />
à Interlaken. Les invités, accourus du monde<br />
entier, sont tombés définitivement amoureux<br />
de la région et de ses habitants. Cependant, si<br />
la manifestation a donné une impulsion capitale<br />
au tourisme, elle a manqué son objectif<br />
premier: les relations entre ville et campagne<br />
ne se sont nullement améliorées.<br />
Ce n’est que cent ans plus tard que l’idée a<br />
été reprise – comme une grandiose opération<br />
marketing. En 1905, pour la 3 e édition, l’idée<br />
était de célébrer le centenaire du tourisme<br />
étranger dans l’Oberland bernois. Cette année<br />
marque aussi l’apparition des supermen tout<br />
en muscles: il fallait être costaud pour s’essayer<br />
à déplacer le bloc de granit du Grimsel<br />
de 83,5 kilos. La fameuse pierre d’Unspunnen<br />
devenait un mythe, avec sa gravure commémorative<br />
«1805-1905». On voit donc que le<br />
lancer – jusqu’à une distance de 4 mètres – ne<br />
remonte pas à une tradition multicentenaire,<br />
comme la légende aimerait nous le faire<br />
croire. Ce qui n’empêche pas le bout de roc<br />
<br />
34<br />
MADE IN BERN 2/2017
PROGRAMME<br />
SAMEDI 26 AOÛT<br />
Ouverture de la fête<br />
et journée de la jeunesse<br />
DIMANCHE 27 AOÛT<br />
Lutte d’Unspunnen<br />
LUNDI 28 AOÛT<br />
Journée des armaillis<br />
et des femmes rurales, soirée<br />
«Délices d’Unspunnen»<br />
MARDI 29 AOÛT<br />
Lancer de la pierre<br />
MERCREDI 30 AOÛT<br />
Tir et hornuss<br />
JEUDI 31 AOÛT<br />
Cor des Alpes<br />
et lancer de drapeau<br />
VENDREDI 1 ER SEPTEMBRE<br />
Musique populaire et chorales<br />
SAMEDI 2 SEPTEMBRE<br />
Folklore et yodel<br />
DIMANCHE 3 SEPTEMBRE<br />
La grande finale<br />
unspunnenfest.ch<br />
35<br />
MADE IN BERN 2/2017
TRADITION<br />
Le lancer de la pierre d’Unspunnen, qui a plusieurs fois «disparu» au cours de l’histoire, appartient,<br />
depuis 1805, aux grandes traditions folkloriques de la Suisse<br />
d’acquérir le statut de symbole bernois. Les<br />
séparatistes jurassiens le volent d’ailleurs, en<br />
1984, pour ne le rendre qu’en 2001. Dans la<br />
foulée, ils lui enlèvent de son aura, puisque la<br />
pierre restituée a perdu deux kilos. Voilà qu’il<br />
faut recourir à une réplique. Pour couronner<br />
le tout, la pierre originelle se fait voler une<br />
fois de plus, en 2005. Depuis, on cherche le<br />
symbole désespérément.<br />
«Je reste optimiste, affirme<br />
le président du comité d’organisation,<br />
Ueli Bettler.<br />
Le festival d’Unspunnen,<br />
c’est la réconciliation. Nous<br />
trinquerons volontiers avec<br />
ceux qui nous la rendront!»<br />
Mais retournons à l’histoire:<br />
la 4 e édition n’aura<br />
lieu qu’en 1946. Cette fois,<br />
il s’agit avant tout de célébrer<br />
l’indépendance de la<br />
Suisse. Depuis, le festival<br />
a connu des éditions plus<br />
régulières, en 1955, 1968,<br />
1981, 1993 et en 2006.<br />
Nous voici arrivés à la 10 e édition. Fête de la<br />
réconciliation? Depuis longtemps, elle s’est<br />
transformée en un événement folklorique de<br />
tous les superlatifs...<br />
Si la manifestation touche autant de monde,<br />
c’est qu’elle est à l’origine de la création<br />
de nombreuses associations, à en croire Ueli<br />
Bettler: «La Fédération nationale des costumes<br />
suisses, l’Association fédérale de lutte<br />
suisse et celle des yodleurs ont leurs racines<br />
à Unspunnen.» Ces corporations donnent<br />
aussi son rythme atypique à la fête, qui a «en<br />
principe lieu tous les douze ans», selon le vice-président<br />
Walter Dietrich. Ce qui signifie<br />
que le festival doit se réinventer à chaque fois.<br />
Certains des responsables actuels étaient, certes,<br />
en fonction en 2006,<br />
mais le monde a changé<br />
et l’intérêt pour les traditions<br />
connaît un nouvel<br />
engouement, raison pour<br />
laquelle la fête est prévue<br />
sur neuf jours. Le nouveau<br />
lieu, sur la plaine<br />
de la Höhematte, permet<br />
La fête<br />
d’Unspunnen<br />
réunit ville<br />
et campagne<br />
aussi d’accueillir plus<br />
de monde. Avant, nous<br />
avions de la place seulement<br />
pour 10 000 spectateurs»,<br />
relève Ueli Bettler.<br />
Comment expliquer<br />
cette passion populaire<br />
pour le folklore et les<br />
traditions? «Il faut y voir le désir de retrouver<br />
une certaine authenticité et de renouer<br />
avec des temps plus paisibles, explique Ueli<br />
Bettler. Le festival d’Unspunnen est une sorte<br />
d’antidote à un monde devenu brutal.» Citadins<br />
et campagnards, jeunes et vieux, tous s’y<br />
retrouvent ensemble. Comme en rêvaient, jadis,<br />
les fondateurs de la fête.<br />
■<br />
IN A NUTSHELL<br />
Switzerland’s<br />
biggest Festival<br />
The Unspunnen festival near<br />
Interlaken is one of the most<br />
important events featuring<br />
traditional Swiss culture. It<br />
was held for the first time in<br />
1805, when Bern’s nobility<br />
wanted to appease their rural<br />
subjects and farmers –<br />
unsuccessfully. After a long<br />
hiatus, the idea of a big<br />
popular festival with<br />
hundreds of Swiss wrestlers,<br />
flag-throwers, yodellers,<br />
alphorn players and rockthrowers<br />
was taken up again<br />
and the event is now held<br />
every 12 years, this year<br />
from 26 August to 3 September.<br />
Some 150 000 visitors<br />
are expected to join. One of<br />
the main attractions is the<br />
so-called Unspunnenstein,<br />
a rock weighing more than<br />
80 kilos that the men have to<br />
throw as far as possible.<br />
PHOTOS: KEYSTONE (3)<br />
36<br />
MADE IN BERN 2/2017
TRADITION<br />
Quand la nature rencontre<br />
l’architecture<br />
L’habitat traditionnel suisse, comme un voyage dans le temps… Les férus d’histoire peuvent explorer les maisons<br />
anciennes sises dans un paysage de rêve, que ce soit à Ballenberg ou dans le parc naturel de Diemtigtal<br />
BALLENBERG<br />
Plus de cent maisons<br />
historiques venues<br />
de toute la Suisse<br />
DIEMTIGTAL<br />
D’extraordinaires<br />
bâtisses en<br />
bois des XVII e<br />
et XVIII e siècles<br />
LE MUSÉE BALLENBERG<br />
LE PARC NATUREL DE DIEMTIGTAL<br />
Un concentré de suissitude, sur<br />
66 hectares! Plus de 100 maisons<br />
traditionnelles de tout le<br />
pays - certaines plus que centenaires<br />
- ont été reconstituées<br />
dans cet exceptionnel musée<br />
en plein air. On plonge dans<br />
le temps... Là, une dentellière<br />
travaille au fuseau, ailleurs un<br />
artisan explique la technique<br />
des tavillons tandis qu’un jardinier<br />
enseigne les vertus des<br />
plantes médicinales. Une multitude<br />
d’ateliers invitent à mettre<br />
les mains à la pâte – pour<br />
pétrir le pain par exemple.<br />
Mais on peut préférer la découpe<br />
de bois, le tissage ou la fabrication<br />
de... chocolat. A ces tra-<br />
vaux pratiques s’ajoutent des<br />
expos qui éclairent les manières<br />
de vivre paysannes de<br />
jadis et de maintenant. Un<br />
exemple? A la ferme de Villars-<br />
Bramard, la photographe Claudia<br />
Schildknecht met en scène<br />
des paysans exploitant des niches<br />
nouvelles, comme l’élevage<br />
de lamas ou la culture des<br />
vers à soie. Les jeunes visiteurs<br />
mettront, eux, le cap sur les<br />
enclos des animaux: plus de<br />
250 têtes de bétail et autres<br />
poules sont élevées sur place.<br />
Cette année, le troupeau hétéroclite<br />
est à l’honneur, sous le<br />
slogan «Vachement bien!».<br />
ballenberg.ch<br />
Sans doute, le Diemtigtal appartient-il<br />
aux plus romantiques des<br />
paysages suisses. Cette vallée<br />
sur les hauts de Spiez, propose<br />
un environnement intact, avec<br />
des fermes coquettes et des<br />
alpages où se fabrique le fromage<br />
de l’Oberland bernois.<br />
Grâce à son exceptionnelle<br />
biodiversité, la région a obtenu<br />
le statut de «Parc naturel régional<br />
– Paysage d’importance nationale».<br />
Le village de Diemtigen,<br />
son église et ses maisons<br />
de bois, dont certaines datent<br />
du XVII e siècle, ont été distingués<br />
par le Prix Wakker en 2016, pour<br />
la mise en valeur du patrimoine<br />
suisse. Paradis des randonneurs,<br />
la vallée offre divers itinéraires: le<br />
chemin des maisons traditionnelles<br />
aux façades ornées comme<br />
de la dentelle (en trois parties,<br />
20 km en tout); pour les enfants,<br />
la piste d’aventure du Grimmimutz<br />
(3,3 km, 1 h 30, payant),<br />
inspirée du lutin Grimmimutz<br />
des contes de Peter Zahnd; pour<br />
les amateurs de mountain bike<br />
téméraires, l’option «A toute berzingue»<br />
(on hisse son engin par le<br />
télésiège du Wiriehorn ou on loue<br />
une «monstertrotti» tout-terrain)<br />
pour dévaler la pente sans retenue…Pour<br />
accéder à ce somptueux<br />
terrain de jeux? Par le col du<br />
Jaun ou via Berne par l’autoroute.<br />
diemtigtal.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
37
LES GORGES DE L’AAR<br />
1,4 km de long et 200 mètres<br />
de hauteur. Ces impressionnantes<br />
gorges se visitent grâce à un<br />
chemin aménagé dans la paroi.<br />
MEIRINGEN<br />
GRINDELWALD<br />
Les röstis de l’Hôtel<br />
Bahnhof, à la Petite<br />
Scheidegg, méritent<br />
qu’on s’y arrête.<br />
Spécialité locale:<br />
le gâteau aux<br />
noisettes sur<br />
pâte brisée.<br />
HÔTEL ROSENLAUI<br />
Témoin des débuts du<br />
tourisme: sous les stucs<br />
de cet hôtel, toujours<br />
en service et en grande<br />
partie dans son état d’origine,<br />
les premiers hôtes<br />
ont mangé en 1779.<br />
LAUTERBRUNNEN<br />
STAUBBACH<br />
Avec ses 300 m de<br />
chute, la cascade de<br />
Staubbach s’éparpille<br />
en poussière liquide.<br />
MÜRREN<br />
LA RANDONNÉE<br />
DU BÄRENTREK,<br />
SENTIER DES OURS<br />
JOUR 1 Meiringen-Gorges<br />
de l’Aar et retour (1 h 30 à plat).<br />
JOUR 2 Meiringen-Grindenwald<br />
via le col de la Grande<br />
Scheidegg (6 h, + 1367 m<br />
et - 928 m de dénivelé).<br />
JOUR 3 Grindelwald-Lauterbrunnen<br />
via le col de la Petite<br />
Scheidegg (8 h, + 1027 m<br />
et - 1266 m de dénivelé).<br />
JOUR 4 Lauterbrunnen-Kiental<br />
via le village de Mürren et le col<br />
de Sefinenfurgge (6 h, + 1817 m<br />
et - 1172 m de dénivelé).<br />
JOUR 5 Kiental-Kandersteg via<br />
le col de Hohtürli (7 h, + 1397 m<br />
et - 1661 m de dénivelé).<br />
JOUR 6 Kandersteg-Engstligenalp,<br />
au-dessus d’Adelboden<br />
via le plateau de Sunnbüel et<br />
le vallon de la Rote Chumme<br />
(5 h, + 1444 m et - 656 m de dénivelé).<br />
Transfert à Adelboden.<br />
La randonnée peut être effectuée<br />
individuellement. Elle existe<br />
aussi avec l’option bagages<br />
portés, à 1050 fr. par personne.<br />
alpavia.ch<br />
SCHILTHORN<br />
A 2970 m, on a devant<br />
les yeux le panorama<br />
suisse le plus fabuleux:<br />
Eiger, Mönch et Jungfrau.<br />
D’UN SPECTACLE NATUREL À L’AUTRE<br />
A ces six jours de marche<br />
copieux en dénivelés dans<br />
les montagnes de l’Oberland,<br />
ceux qui n’en ont pas encore<br />
assez peuvent ajouter deux<br />
étapes. D’Adelboden via le<br />
col d’Hahnenmoos et Bühlberg,<br />
on arrive au village de<br />
Lenk en 4 à 5 heures. De là,<br />
on n’est plus qu’à 7 heures<br />
de Gstaad... Le chemin passe<br />
par le col du Trüttlisberg<br />
et par la vallée du Turbach.<br />
Environ 1000 m de montée<br />
et autant de descente.<br />
lenk-simmental.ch
RANDONNÉE<br />
A pied, sur<br />
les sommets<br />
La Suisse des hauteurs n’est pas accessible aux seuls forcenés.<br />
Ce bel itinéraire jalonné de curiosités peut se parcourir sans porter<br />
ses bagages et en prenant le temps de s’imprégner du paysage.<br />
En route sur le sentier des ours<br />
PAR RENATA LIBAL<br />
KIENTAL<br />
Près du lac,<br />
le Berghotel<br />
propose des<br />
pâtisseries<br />
redoutables.<br />
LA VALLÉE<br />
DU KIENTAL<br />
Un lieu privilégié<br />
d’observation<br />
de la faune alpine:<br />
bouquetins,<br />
marmottes et<br />
autres chamois.<br />
OESCHINENSEE<br />
Parmi les glaciers et<br />
les pins centenaires,<br />
voici le plus grand<br />
lac d’altitude suisse.<br />
Baignade!<br />
KANDERSTEG<br />
ADELBODEN<br />
Charmant village<br />
où déguster toutes<br />
sortes de pains<br />
typiques.<br />
SUNNBÜEL<br />
Sur le plateau court<br />
un chemin des<br />
plantes signalisé.<br />
Bonjour achillée,<br />
pimprenelle,<br />
guimauve...<br />
LENK<br />
D’une paroi<br />
de la montagne<br />
jaillissent les sept<br />
fontaines de la<br />
Simme (Siebenbrünnen).
Le chef Anton Mosimann<br />
et sa Jaguar E cabriolet<br />
de 1972 s’offrent une<br />
pause dans le Saanenland<br />
entre deux étapes du<br />
Grand Tour de Berne<br />
40<br />
MADE IN BERN 2/2017
GRAND TOUR<br />
Splendeurs du<br />
Grand Tour<br />
Même s’il vit à Londres depuis plus de quarante ans, Anton Mosimann revient toujours<br />
avec plaisir au pays. Le temps d’une balade de deux jours en Jaguar Type E, ce célèbre cuisinier<br />
a retrouvé de vieux amis et nous a montré ses endroits préférés dans le canton de Berne<br />
PAR MARIUS LEUTENEGGER (TEXTES) ET TOM WÜTHRICH (PHOTOS)<br />
41<br />
MADE IN BERN 2/2017
GRAND TOUR<br />
01<br />
Le Grand Tour de Suisse est un<br />
nouvel itinéraire, qui emmène<br />
le visiteur, sur 1600 kilomètres,<br />
d’un point de vue spectaculaire<br />
à un monument inoubliable. Le<br />
chef Anton Mosimann en a parcouru<br />
la partie bernoise avec classe<br />
et élégance, à bord d’une Jaguar<br />
Type E Série 3 V12 de 1972. Ce<br />
véhicule est une véritable pièce<br />
Entre le chef<br />
Anton<br />
Mosimann<br />
et l’Emmental,<br />
c’est une belle<br />
histoire d’amour<br />
de musée, au sens littéral du terme,<br />
puisque lorsqu’il ne roule pas<br />
sur les chemins bernois il est exposé<br />
au Classic Car Museum, à<br />
Safenwil (AG). Anton Mosimann<br />
vit depuis plus de quarante ans<br />
à Londres, mais il reste très lié à<br />
son canton d’origine. Il est d’ailleurs<br />
de passage en Suisse afin de<br />
promouvoir son autobiographie<br />
intitulée «Life is a Circus».<br />
01 Le voyage commence à Nidau.<br />
La petite ville au bord du<br />
lac de Bienne ne se situe pas sur<br />
le Grand Tour de Suisse, mais<br />
c’est ici qu’Anton Mosimann a<br />
grandi. Ses parents y tenaient un<br />
restaurant, qui porte aujourd’hui<br />
le nom de Nidaux. «Je reste très<br />
attaché à cet endroit», confie le<br />
chef, qui revient au pays tous les<br />
mois, généralement pour des raisons<br />
commerciales. Désormais,<br />
il s’occupe aussi de la Mosimann<br />
02<br />
Collection: 6000 livres de cuisine<br />
et cinquante médailles d’or qu’il<br />
a reçues tout au long de sa carrière,<br />
et qu’il a offerts au musée de<br />
l’Ecole hôtelière César Ritz, au<br />
Bouveret.<br />
02 L’étape suivante du Tour à<br />
la sauce Mosimann est le restaurant<br />
Im Bären, à Douanne, où le<br />
chef a effectué son apprentissage,<br />
entre 1962 et 1964. Il y a appris<br />
à utiliser casseroles et couteaux,<br />
mais aussi à gérer les rapports<br />
humains. «Au Bären, j’avais<br />
deux maîtres d’apprentissage, se<br />
souvient-il. Le premier était une<br />
personne fantastique, l’autre, son<br />
exact opposé. Depuis, je traite les<br />
autres comme j’aimerais qu’ils me<br />
traitent.» Et Anton Mosimann<br />
n’est pas du genre à hurler en cuisine:<br />
«Si on ne me livre pas ce que<br />
j’attends, je commence par me demander<br />
ce que j’ai fait de travers.<br />
Je respecte l’autre et j’attends qu’il<br />
en fasse de même.»<br />
On mesure ce que cela veut dire<br />
pour lui au fil de nos haltes sur le<br />
Grand Tour: Anton Mosimann a<br />
beau être célèbre, il ne se donne<br />
pas de grands airs. Quand il croise<br />
des connaissances, il les approche<br />
toujours de manière cordiale.<br />
MUSÉE OLDTIMER<br />
Le Classic Car-Museum, à<br />
Safenwil, appartient à Emil Frey<br />
Classic AG. Emil Frey AG est<br />
partenaire de BE! Tourisme SA.<br />
Sur 1500 m 2 , les amoureux des<br />
belles voitures y découvriront<br />
une soixantaine de véhicules<br />
historiques, principalement des<br />
raretés anglaises et japonaises.<br />
emilfreyclassics.ch<br />
C’est le cas avec Hans-Jürg Aeschlimann,<br />
beau-fils du maître d’apprentissage<br />
du chef et serveur au<br />
Bären depuis des années, ou encore<br />
avec l’actuel chef de cuisine,<br />
Rafaël Antzlinger.<br />
03 Douanne, au bord du lac<br />
de Bienne, est un but d’excursion<br />
très couru. Mais Anton Mosimann<br />
apprécie aussi de faire<br />
le parcours en Jaguar type E, un<br />
modèle à bord duquel il a roulé<br />
pendant trente-cinq ans. «J’ai participé<br />
à beaucoup de rallyes vintage<br />
avec ce modèle, notamment<br />
en Europe de l’Est et au sud du<br />
Tyrol. Mais comme il manque de<br />
place pour les bagages, j’ai finalement<br />
opté pour une vieille Mercedes.»<br />
Cet automne, avec Suisse<br />
Tourisme, Anton Mosimann organise<br />
un rallye gourmand le long<br />
du Grand Tour.<br />
04 Retour au présent. Nous<br />
continuons vers l’Emmental et<br />
la fromagerie de démonstration<br />
d’Affoltern, où Anton Mosimann<br />
apprécie de pouvoir remuer le lait<br />
dans le chaudron. Le fromage est<br />
un ingrédient important dans sa<br />
cuisine, qu’il apprécie «surtout<br />
quand il est bien affiné».<br />
05 Entre Anton Mosimann et<br />
l’Emmental, c’est une longue histoire<br />
d’amour. «Je possédais un<br />
magnifique chalet tout près d’ici,<br />
que j’ai pu acheter quand j’avais<br />
19 ans. Lorsque nous sommes<br />
partis à Londres, nous l’avons<br />
vendu, mais c’est vraiment très<br />
agréable de revenir dans cette belle<br />
région.»<br />
06 «J’ai travaillé dans 80 villes<br />
à travers le monde, car j’ai toujours<br />
adoré voyager», raconte Anton<br />
Mosimann. Le chef se remet<br />
souvent aux fourneaux, à Berne,<br />
pour cuisiner en faveur d’événements<br />
caritatifs. Il aime aussi<br />
la vue sur les toits de Berne audessus<br />
de la fosse aux ours.<br />
07 C’est l’heure de l’Afternoon<br />
Tea, au Bellevue Palace, tout près<br />
du Palais fédéral. Notre chef semble<br />
y connaître la moitié du personnel.<br />
«La restauration est un<br />
tout petit monde», commente-til.<br />
Ce prestigieux établissement<br />
propose, dans un superbe décor,<br />
une ambiance étonnamment<br />
simple et décontractée. Nos éventuelles<br />
craintes en franchissant le<br />
seuil sont donc vite oubliées...<br />
08 Le tour nous conduit ensuite<br />
au parc naturel du Gantrisch,<br />
un endroit ravissant, situé à une<br />
demi-heure de Berne. A Rüeggisberg,<br />
nous faisons une courte<br />
pause près des ruines d’un monastère,<br />
qui fut le premier et plus<br />
important prieuré clunisien de<br />
Suisse.<br />
09 Le voyage se poursuit en<br />
direction de la ville de Thoune.<br />
L’imposant donjon du château<br />
a été construit vers 1190 par le<br />
comte Berthold V de Zähringen.<br />
Aujourd’hui, il abrite un musée<br />
historique, consacré au développement<br />
culturel de la région<br />
durant les quatre mille dernières<br />
années.<br />
10 Nous passons la nuit au<br />
Victoria Jungfrau Grand Hotel<br />
& Spa, à Interlaken, l’un des plus<br />
beaux établissements de Suisse.<br />
Anton Mosimann s’y connaît en<br />
matière d’hôtels de luxe, car il fut<br />
longtemps le chef du Dorchester,<br />
à Londres, où il n’avait pas moins<br />
de 130 cuisiniers sous ses ordres.<br />
Aujourd’hui, dans son restaurantclub,<br />
le Belfry, il en emploie 16. <br />
42<br />
MADE IN BERN 2/2017
03 04<br />
05 02<br />
08<br />
06 07<br />
43<br />
MADE IN BERN 2/2017
09<br />
10<br />
11<br />
13 12<br />
44<br />
14<br />
MADE IN BERN 2/2017
15<br />
IN A NUTSHELL<br />
Favourite restaurants of a master chef<br />
Anton Mosimann, who grew<br />
up in the little Bernese town<br />
of Nidau, is one of Switzerland’s<br />
top chefs. He became<br />
world famous as a caterer to<br />
the rich and powerful,<br />
cooking for heads of state,<br />
royal families and movie<br />
stars. He is particularly close<br />
to the British royals. In 2004,<br />
Queen Elizabeth II awarded<br />
him the Order of the British<br />
Le tour s’achève<br />
dans le village<br />
typique de<br />
Saanen<br />
Qu’est-ce que le métier de cuisinier<br />
a-t-il de si exceptionnel pour<br />
qu’Anton Mosimann ait choisi de<br />
lui consacrer presque toute sa vie?<br />
«On donne du plaisir aux gens en<br />
leur proposant un bon repas dans<br />
une ambiance agréable», résume<br />
le septuagénaire. Le Victoria<br />
Jungfrau cumule ces deux plaisirs<br />
grâce au restaurant La Terrasse,<br />
qui affiche 15 points dans le<br />
guide Gault & Millau. Lorsqu’il<br />
a ouvert ses portes, Anton Mosimann<br />
avait été invité à tenir les<br />
fourneaux.<br />
11 Le deuxième jour de notre<br />
Grand Tour du canton de Berne<br />
démarre à Unterseen près d’Interlaken,<br />
sur la place de l’hôtel de<br />
ville, où les bons restaurants sont<br />
alignés les uns à côté des autres.<br />
Mosimann ne rêve-t-il pas, parfois,<br />
de revenir pour ouvrir le<br />
sien en Suisse? Le chef répond<br />
par la négative: «J’adore Londres,<br />
notamment pour ses musicals,<br />
aussi nombreux qu’excellents, et<br />
ses restaurants. On y trouve tout<br />
ce qu’on veut. Je connais quelques<br />
restaurants japonais extraordinaires,<br />
où j’adore me rendre.<br />
J’ai travaillé un an au Japon et<br />
j’apprécie cette cuisine. Mais si<br />
Londres restera sans doute ma<br />
ville, c’est parce que mes fils et<br />
leurs familles y vivent. Mes petitsenfants<br />
sont de vrais Anglais.»<br />
12 Prochain arrêt à Grindelwald<br />
et sa vue imprenable sur l’Eiger,<br />
le Mönch et la Jungfrau. A l’hôtel<br />
Aspen, où l’on s’arrête, tout le<br />
monde reconnaît immédiatement<br />
Anton Mosimann, qui prend son<br />
temps pour poser avec le chef cuisinier,<br />
Sebastian Schuster, et le directeur,<br />
Stefan Grossniklaus.<br />
13 Un second stop à Grindelwald<br />
emmène Anton Mosimann<br />
au Romantik Hotel Schweizerhof,<br />
qui a décroché sa cinquième étoile<br />
il y a quelques années, et qui dispose<br />
de trois restaurants.<br />
14 Après Grindelwald, nous redescendons<br />
sur Interlaken avant de<br />
traverser le Simmental pour rejoindre<br />
le Saanenland. Rénové de fond<br />
en comble, l’ancien hôtel Steigenberger<br />
a rouvert ses portes sous le<br />
nom de HUUS Gstaad. Son aménagement<br />
chaleureux et le service<br />
attentif séduisent les hôtes du plus<br />
grand hôtel de la région. Son CEO,<br />
Günter Weilguni, est heureux de<br />
bavarder avec un expert qui a bourlingué<br />
aux quatre coins du monde.<br />
15 Cette magnifique balade<br />
s’achève à Saanen. Anton Mosimann<br />
y a rencontré sa femme Kathrin.<br />
Le couple s’est marié en 1973,<br />
avant de s’installer à Montreux, où<br />
il possède un appartement décoré<br />
dans les tons de blanc. Bonne route<br />
sur le Grand Tour!<br />
madeinbern.com/grandtour ■<br />
Empire. Mosimann has just<br />
published his autobiography,<br />
«Life is a Circus». Because<br />
he has always been drawn<br />
back to this Swiss roots,<br />
Mosimann has started a<br />
Grand Tour of his home<br />
country, driving a vintage Jaguar<br />
E-Type. He showcases<br />
the most scenic spots in the<br />
Canton of Bern and stops at<br />
his favourite restaurants.<br />
LES BONNES TABLES<br />
D’ANTON MOSIMANN<br />
CHEF VEDETTE<br />
Dans sa bio richement illustrée,<br />
Anton Mosimann évoque sa vie<br />
dans le monde des stars.<br />
«Life is a Circus»,<br />
Ed. ReinhardtVerlag, 39 fr. 80<br />
(uniquement en allemand).<br />
Bären, Douanne<br />
Cette jolie auberge située<br />
au bord du lac de Bienne<br />
existe depuis 1526.<br />
«J’y mange volontiers<br />
un petit brochet grillé»,<br />
précise Anton Mosimann.<br />
baeren-twann.ch<br />
Harmonie, Berne<br />
«Quand j’ai envie de tripes,<br />
je vais chez Harmonie»,<br />
lance le chef. Ce restaurant<br />
au cœur de la vieille ville de<br />
Berne propose une bonne<br />
cuisine bourgeoise.<br />
harmonie.ch<br />
Kemmeriboden-Bad<br />
Cette magnifique auberge<br />
rurale près de Schangnau,<br />
dans l’Emmental, est connue<br />
loin à la ronde. Anton<br />
Mosimann y craque pour<br />
les meringues.<br />
kemmeriboden.ch<br />
Lüderenalp, Wasen<br />
Cet hôtel domine l’Emmental<br />
entre Sumiswald et<br />
Langnau. Le chef recommande<br />
le «Sauerbraten»,<br />
un bœuf mariné typique<br />
de la région».<br />
luederenalp.ch<br />
Ruedihus, Kandersteg<br />
Dans une maison en bois<br />
typique, construite construite<br />
il y a 250 ans, on y déguste<br />
le «Suure Mocke», un rôti<br />
mariné, ou le «Buurehamme»,<br />
un jambon paysan.<br />
ruedihus.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
45
FESTIVAL DU GURTEN<br />
AGENDA<br />
L’ÉTÉ DES FESTIVALS<br />
23-25 JUIN<br />
7-8 JUILLET<br />
12 JUILLET-24 AOÛT<br />
14-15 JUILLET<br />
MITTSOMMERFESTIVAL<br />
Au pied de la cascade de la Simme,<br />
une expérience inoubliable<br />
pour ceux qui aiment écouter la<br />
musique, manger, se relaxer en<br />
pleine nature. (Lenk - Simmental)<br />
mittsommerfestival.ch<br />
FESTIVAL VOGELLISI<br />
Sous le chapiteau d’Adelboden,<br />
cette année on applaudira<br />
Hecht, Love Bugs et Züri West.<br />
vogellisifestival.ch<br />
7-15 JUILLET<br />
LES JEUX DU LAC<br />
Décor de rêve sur le lac de<br />
Thoune pour accueillir «Cats»,<br />
la célèbre comédie musicale.<br />
thunerseespiele.ch<br />
FESTIVAL REGGAE<br />
DE LAKESPLASH<br />
La situation au bord du lac de<br />
Bienne imprègne idéalement<br />
l’Openair de Douanne d’une ambiance<br />
de vacances jamaïcaines.<br />
lakesplash.ch<br />
30 JUIN-1 ER JUILLET<br />
HANGAR ROCKIN’<br />
Rock sauvage et gros moteurs<br />
sur l’aérodrome St. Stephan<br />
dans le Haut-Simmental.<br />
hangarrockin.com<br />
LA SEMAINE MUSICALE<br />
DE MEIRINGEN<br />
Ce festival de musique classique<br />
a lieu depuis 1960 dans la<br />
très élégante Michaelskirche.<br />
Des moments uniques.<br />
musikfestwoche-meiringen.ch<br />
11-15 JUILLET<br />
14-23 JUILLET<br />
JAZZ TAGE LENK<br />
Du swing au new-orleans,<br />
cette année, on écoute,<br />
entre autres, les Stockholm<br />
Stompers, The Bowler Hats<br />
Jazz Band et les Swing Ninjas.<br />
jazztagelenk.ch<br />
30 JUIN-2 JUILLET<br />
JAZZ AU DOLDENHORN<br />
Mélange de jazz classique,<br />
de blues, de gospel et de<br />
rock’n’roll dans le cadre<br />
du Waldhotel Doldenhorn<br />
à Kandersteg. Un petit festival<br />
pour amateurs raffinés.<br />
doldenhorn-ruedihus.ch<br />
POD’RING<br />
Voilà déjà la 40 e fois qu’a lieu<br />
ce charmant festival culturel<br />
dans la très conviviale vieille<br />
ville de Bienne.<br />
podring.ch<br />
12-15 JUILLET<br />
FESTIVAL DU GURTEN<br />
Une institution! Qui, cet été,<br />
reçoit Lo & Leduc, LP, Dabu<br />
Fantastic, Beginner et Züri West.<br />
gurtenfestival.ch<br />
13 JUILLET-2 SEPTEMBRE<br />
GSTAAD MENUHIN<br />
FESTIVAL<br />
Plus de 70 concerts au<br />
programme de cette édition<br />
intitulée Pomp in Music.<br />
gstaadmenuhinfestival.ch<br />
Swing Ninjas<br />
15 JUILLET<br />
CÉLINE DION<br />
Eh oui, c’est au Stade de Suisse<br />
à Berne que vient chanter<br />
cet été la vedette planétaire.<br />
bern.com<br />
46<br />
MADE IN BERN 2/2017
LES JEUX DU LAC DE THUNE<br />
3-6 AOÛT<br />
FESTIVAL ROCK<br />
DU LAC DE BRIENZ<br />
Cela fait maintenant trente ans<br />
que le festival fait vibrer les eaux<br />
du lac. Cette année avec, entre<br />
autres, Dire Straits Experience,<br />
The Sweet et Pretty Maids.<br />
brienzerseerockfestival.ch<br />
10-12 AOÛT<br />
BUSKERS BERN<br />
Le festival de musique de rue<br />
déploie ses groupes d’artistes<br />
internationaux dans le centre<br />
de la vieille ville de Berne.<br />
buskersbern.ch<br />
25 AOÛT-10 SEPTEMBRE<br />
ESTIVALES MUSICALES<br />
DE COURT<br />
12 e édition du festival de musique<br />
de chambre dans la vallée<br />
de Tavannes (Jura bernois).<br />
estivales-musicales.com<br />
Richard Galliano<br />
19-26 AOÛT<br />
SEMAINE MUSICALE<br />
MENDELSSOHN<br />
Lors de la «Musikwoche» de<br />
Wengen, solistes prestigieux et<br />
ensembles interprètent la musique<br />
du compositeur et pianiste<br />
allemand le plus important.<br />
mendelssohn-wengen.ch<br />
25-26 AOÛT<br />
8-9 SEPTEMBRE<br />
COUNTRY NIGHT<br />
GSTAAD<br />
L’un des plus grands festivals<br />
de country de Suisse sous<br />
chapiteau, dans le centre sportif<br />
de Gstaad.<br />
countrynight-gstaad.ch<br />
22 SEPTEMBRE-1 ER OCTOBRE<br />
SWISS CHAMBER<br />
MUSIC FESTIVAL<br />
A Adelboden, série de concerts<br />
de musique de chambre de<br />
haute tenue avec, entre autres,<br />
l’orchestre Camerata Bern.<br />
adelboden.ch<br />
IMPRESSUM<br />
DIRECTION Dominic<br />
Geisseler RÉDACTION<br />
Mathilde Binetruy,<br />
Erik Brühlmann,<br />
Marius Leutenegger,<br />
Nena Moorf, Philipp Probst<br />
PRODUCTION Renata Libal,<br />
Dominic Geisseler, Catherine<br />
Maret, Loyse Pahud<br />
MISE EN PAGE Fabienne<br />
Boesch RÉDACTION<br />
PHOTO Suse Heinz<br />
TRADUCTIONS Rosemarie<br />
Graffagnini, Aline Jaccottet,<br />
Sylvie Ulmann<br />
PHOTO COVER Michael<br />
Sieber DIRECTION ÉDITO-<br />
RIALE Marcel Tappeiner<br />
DIRECTION DES VENTES<br />
Adriano Valeri<br />
IMPRIMÉ EN SUISSE<br />
Un partenariat entre<br />
BE! Tourisme SA<br />
et Le Matin Dimanche<br />
SEASIDE FESTIVAL<br />
De la pop et du rock dans la baie<br />
de Spiez, entre autres avec<br />
Emeli Sandé, Status Quo<br />
et Krokus.<br />
seasidefestival.ch<br />
2/2017 MADE IN BERN<br />
47
DIGITAL<br />
Participez<br />
et gagnez<br />
des prix<br />
fantastiques<br />
Suivez @madeinbern et<br />
répondez à la story. Attention: elle<br />
ne dure que 24 heures!<br />
Le grand concours<br />
Instagram de l’été<br />
Vous aimez les activités estivales? Alors ne manquez pas notre concours.<br />
Vous pouvez gagner des bons pour toutes sortes d’expériences proposées dans<br />
le canton de Berne. Suivez @madeinbern et répondez à la story<br />
Faire du rafting sur les rivières<br />
sauvages de l’Oberland bernois?<br />
Ou du vélo dans la nature somptueuse<br />
du Seeland? Ou du parapente<br />
en tandem au départ de la Schynige<br />
Platte? A partir du 19 juin, tous<br />
les lundis entre 16 h et 17 h,<br />
@madeinbern publie une story<br />
en rapport avec l’une des innombrables<br />
activités offertes par les hauts<br />
lieux récréatifs du canton de Berne.<br />
En répondant à la story, vous prenez<br />
automatiquement part au grand<br />
concours d’été #madeinbern.<br />
Ne perdez pas de temps, allez-y,<br />
le jeu en vaut largement la chandelle:<br />
il y a de nombreux prix à gagner,<br />
tous liés aux activités récréatives<br />
incomparables du canton.<br />
Mais attention: chaque story n’est<br />
présente sur Instagram que durant<br />
24 heures. Le concours dure huit<br />
semaines, jusqu’au 13 août.<br />
#madeinbern • instagram.com/madeinbern • facebook.com/madeinbern<br />
twitter.com/madeinbern • madeinbern.com/newsletter<br />
48<br />
MADE IN BERN 2/2017
BERNE EN CHIF<strong>FR</strong>ES<br />
Le plus haut sommet<br />
Finsteraarhorn (4274 mètres)<br />
Dans un<br />
emmental,<br />
les trous ont un<br />
diamètre de<br />
3 centimètres<br />
en moyenne<br />
(Illustration à l’échelle 1:1)<br />
Nombre d’ours: 5<br />
LE SAVIEZ-VOUS?<br />
Nombre de lacs: 800<br />
Nombre de points<br />
Gault-Millau: 1260<br />
Allure<br />
A Berne, les hommes et les femmes<br />
se déplacent dans la ville à une vitesse moyenne<br />
de 3,8 kilomètres à l’heure<br />
Oignons<br />
50 tonnes d’oignons sont<br />
vendus au Zibelemärit<br />
(marché aux oignons)<br />
Bière<br />
Aucun autre canton suisse ne brasse<br />
autant de bière! Sur la surface cantonale<br />
bernoise (près de 6000 km 2 ),<br />
on compte 88 brasseries<br />
LES PLUS JOLIS MOTS BERNOIS<br />
Himmugüegeli<br />
Marienkäfer<br />
Coccinelle<br />
Äckegschtabi<br />
Nackenstarre<br />
Nuque raide<br />
Bäredräck<br />
Lakritze<br />
Réglisse<br />
Ässmäntu<br />
Esslätzchen<br />
Bavette<br />
Figureetle<br />
Herumhantieren<br />
Bricoler<br />
LES SPÉCIALITÉS CULINAIRES<br />
Ohrepänkli<br />
Ohrenring<br />
Boucle<br />
d’oreille<br />
Müntschi<br />
Kuss<br />
Bisou<br />
Aareschwümme<br />
In der Aare<br />
schwimmen<br />
Nager dans l’Aar<br />
Les röstis<br />
La Berner Platte<br />
Les meringues<br />
Point le plus bas:<br />
L’Aar à Wynau (401,5 mètres)<br />
Température moyenne de l’Aar<br />
en juillet: 17,5 degrés
SOUVENIRS<br />
01<br />
02<br />
03<br />
04<br />
05<br />
06<br />
08<br />
10<br />
07<br />
09<br />
01 ADELBODNER<br />
MINERAL Une eau<br />
provenant d’une des<br />
plus hautes sources<br />
d’Europe<br />
02 TOM’S TONIC<br />
WATER L’embouteillage<br />
se fait à Berne<br />
03 DRACHEN-SIRUP<br />
Une production de<br />
la Droguerie de la<br />
nature, à Beatenberg<br />
04 LOLA COLA NULL<br />
La nouvelle boisson<br />
bernoise de l’été<br />
05 SAANE GUTSCH<br />
NR. 3 Une bière non<br />
filtrée du Saanenland<br />
50<br />
06 SIMMENTALER<br />
LAGER BIER Une bière<br />
brassée dans le massif<br />
du Wildstrubel<br />
07 BURGBIER 775<br />
La spéciale Ringgenberg<br />
pour ses 775 ans<br />
08 BÄNZ Un concentré<br />
de fruits bernois<br />
09 HABCHER-<br />
RUSCHTIG Un sirop<br />
produit à Habkern<br />
10 SWISS ALPINE<br />
HERBS Un sirop bio<br />
aux fleurs de sureau<br />
11 CHASSELAS<br />
Un cru de la cave Hasler,<br />
région des Trois-Lacs<br />
11<br />
Délices<br />
de Berne<br />
Les eaux du canton donnent une saveur<br />
toute particulière aux boissons artisanales<br />
locales. Fraîcheur pour l’été!<br />
MADE IN BERN 2/2017
LE MATIN DIMANCHE<br />
LE JOURNAL QUI CHANGE DU QUOTIDIEN.<br />
RAMON + PEDRO<br />
www.lematindimanche.ch
BE TOP | BE NATURAL | BE HAPPY | BE TRADITIONAL | BE 2 B<br />
Grande Scheidegg, région de la Jungfrau<br />
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ceux qui veulent avaler les kilomètres et venir à bout de dénivelés !<br />
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