LG 200
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
<strong>LG</strong><br />
JUILLET/AOÛT 2017<br />
35<br />
Quelle est la situation de l’artisanat au<br />
Luxembourg?<br />
La conjoncture est bonne et l’artisanat<br />
tire son épingle du jeu. En témoignent<br />
les données structurelles: il y a plus de<br />
7.000 entreprises qui occupent environ<br />
90.000 personnes. L’artisanat est ainsi<br />
le premier employeur au Luxembourg.<br />
Dans l’artisanat, la majorité des créateurs<br />
d’entreprises sont des non-luxembourgeois.<br />
Ceci est indéniablement une richesse pour le<br />
secteur et notre pays et nous pouvons en être<br />
fiers. En même temps, il serait souhaitable<br />
que ceux qui ont été formés au Luxembourg<br />
prennent davantage la responsabilité de<br />
s’engager, et de créer leur société. L’esprit<br />
d’entreprendre et l’esprit d’initiative sont des<br />
valeurs sur lesquelles nous devons travailler.<br />
Que faut-il faire pour susciter davantage<br />
l’intérêt des résidents pour l’Artisanat?<br />
C’est notre rôle de promouvoir l’artisanat<br />
dans les écoles. Dès le départ, il faut<br />
montrer aux jeunes tout ce qui peut être<br />
entrepris. Aujourd’hui, on ne prend pas<br />
assez en compte les aptitudes des élèves<br />
lors de leur orientation, l’accent est trop<br />
souvent mis sur les langues si bien que des<br />
jeunes qui pourraient choisir l’artisanat<br />
ne le font pas. Par conséquent, la main<br />
d’œuvre étrangère, qui ne parle souvent<br />
qu’une langue, est importée. L’Etat et<br />
l’administration attirent aussi beaucoup de<br />
jeunes. Avec son programme de valorisation<br />
de l’artisanat pour les jeunes “handsup”, la<br />
Chambre des Métiers montre la diversité<br />
et les perspectives de carrière qu’offre<br />
l’artisanat. Mais il faudra intensifier nos<br />
efforts dans ce domaine.<br />
“Pas assez de<br />
terrains pour créer<br />
ou développer son<br />
activité”<br />
Quels problèmes rencontrent les<br />
artisans au Grand-Duché?<br />
L’artisanat, avec une centaine de métiers,<br />
n’est pas homogène. Il existe toutefois<br />
des points communs à tous les métiers. A<br />
côté du défi de trouver des gens qualifiés,<br />
le manque de terrain à un prix abordable,<br />
soit pour créer son entreprise, soit pour<br />
la développer, est un réel problème. La<br />
Chambre n’arrête pas de le thématiser, mais<br />
jusqu’à présent sans grand succès. Une étude<br />
a été réalisée l’année dernière montrant que<br />
l’artisanat a besoin d’environ 100 hectares.<br />
Et quand bien même le terrain a été trouvé,<br />
vu les prix pratiqués, il est difficile pour<br />
certaines sociétés d’obtenir la confiance<br />
des banques. Le financement est une autre<br />
difficulté que rencontre le secteur et il est<br />
souvent un frein à la création ou la reprise<br />
d’une entreprise. Je trouve par conséquent<br />
très positif que dans le «Pakt Pro Artisanat»<br />
que nous avons signé avec la secrétaire<br />
d’Etat à l’Economie Francine Closener,<br />
une garantie de dernier ressort pour les<br />
mutualités est prévue. Cela permettra aux<br />
mutualités d’accompagner davantage de<br />
projets d’entreprise. Il faudra également<br />
réfléchir à d’autres pistes pour améliorer la<br />
situation du financement.<br />
Les entreprises luxembourgeoises sontelles<br />
freinées dans leur développement<br />
au point de ne pas pouvoir s’attaquer à<br />
la Grande Région?<br />
Le Luxembourg est un marché qui vit<br />
dans les deux sens. Tous les jours il y a des<br />
entreprises étrangères, des salariés étrangers<br />
qui viennent travailler au Grand-Duché.<br />
Et tous les jours, il y a des entreprises<br />
luxembourgeoises qui s’exportent dans<br />
la Grande Région. On a de plus en plus<br />
d’entrepreneurs luxembourgeois qui nous<br />
disent qu’ils sont contents de pouvoir<br />
compter sur un deuxième pilier, notamment<br />
dans la construction.<br />
Cela signifie-t-il que la qualité luxembourgeoise<br />
est reconnue?<br />
Bien entendu. Les entreprises luxembourgeoises<br />
ne misent pas sur les tarifs mais sur<br />
ce qu’elles proposent. Si nos entreprises<br />
sont reconnues pour leur qualité, c’est<br />
aussi grâce à la formation. C’est un cercle<br />
vertueux.<br />
La formation connaît-elle une crise dans<br />
certains secteurs?<br />
Roland Kuhn dit que dans un rayon de<br />
<strong>200</strong> kilomètres, dans le secteur de la<br />
construction, il n’y a plus de main d’œuvre.<br />
L’idée est maintenant de se tourner vers les<br />
pays de l’Est. Mais où loger ces travailleurs,<br />
comment les faire venir? Il faudra trouver<br />
les bonnes recettes pour séduire la main<br />
d’œuvre qualifiée étrangère de façon à ce<br />
qu’elle vienne travailler dans l’artisanat.<br />
Sans oublier de former et de motiver les<br />
jeunes de notre propre pays.<br />
A l’issue de votre mandat, dans cinq ans,<br />
que voudriez-vous que l’on retienne?<br />
En tant que secteur intensif en main<br />
d’œuvre, l’apprentissage et la qualification<br />
est une des priorités. Par conséquent, je vais<br />
m’investir pour que la formation initiale<br />
dans l’artisanat continue à se développer en<br />
termes de nombre et de qualité.<br />
La réforme du brevet de maîtrise est un<br />
autre cheval de bataille important pour le<br />
secteur que j’entends mener à bon terme.<br />
L’artisanat est un des derniers secteurs qui<br />
soit structuré, au sens d’une carrière qui<br />
dépend des diplômes et avec des conditions<br />
de qualifications professionnelles pour<br />
s’établir. Nous aimerions l’ouvrir un peu<br />
plus, sans remettre en cause la structure,<br />
pour créer des passerelles et permettre à<br />
des personnes qui n’ont pas choisi la voie<br />
de formation classique DAP-Brevet de<br />
maîtrise, de pouvoir créer leur entreprise.<br />
Je voudrais également contribuer à ce<br />
que l’artisanat profite des opportunités<br />
qu’offre la digitalisation. Il faudra aussi,<br />
sur un autre point, faciliter la transmission<br />
des entreprises car c’est un vrai problème<br />
aujourd’hui. Autant dire que le travail ne<br />
manque pas… n