Stratégies 2017
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l'événement / Enquête<br />
Anne-Sophie Cruque directrice générale de Starcom<br />
et de Spark Foundry (Publicis Groupe)<br />
Pour moi, le sujet devrait plutôt être l’égalité que le<br />
sexisme. Je ne suis pas féministe, je suis pour la représentation<br />
de toutes les spécificités ; la progression<br />
au mérite, qu’importe, qu’on soit un homme ou<br />
une femme, on doit capitaliser sur les qualités pas sur<br />
le genre… A priori, nous sommes égaux, c’est après<br />
que nous sommes conditionnés. D’ailleurs, nous devrions<br />
favoriser les actions pour les hommes en matière<br />
d’éducation. Qu’on leur demande à eux aussi, comment ils concilient vie<br />
de famille et vie professionnelle. Eux aussi ont des enfants et s’en occupent !<br />
Le schéma s’est créé à notre insu, mais je suis confiante quant aux changements<br />
insufflés aux nouvelles générations. Les choses ont évolué : beaucoup<br />
plus de femmes lancent leur entreprise aujourd’hui qu’il y a vingt ans… Et<br />
ces questions vont de moins en moins se poser. La preuve ? Ma fille s’est inscrite<br />
au foot cette année !<br />
Aurélie irurzun directrice d’Affiperf (Havas Group)<br />
Je n’ai jamais connu de difficultés liées à mon sexe.<br />
Au contraire, j’ai bénéficié d’évolutions de poste fréquentes<br />
et régulières. J’ai même obtenu une promotion<br />
tout en étant enceinte, alors même que mon entreprise<br />
avait reçu des candidatures masculines ! Le<br />
numérique bouscule les schémas classiques. Ce secteur<br />
nouveau, avec ses compétences propres, a mis<br />
tout le monde au même niveau et a favorisé l’emploi<br />
et la responsabilisation des femmes. À l’époque, il n’y<br />
avait pas de formation, et il y avait de la place pour tout le monde. Ce qui m’inquiète<br />
le plus, c’est qu’il y ait une forme de discrimination envers les mères,<br />
dans la loi même : le combat à mener me paraît se situer au niveau des congés<br />
parentaux qui devraient être de même durée pour les femmes et les hommes.<br />
lAure deboS directrice analytics, research & insights<br />
chez Publicis Media (Publicis Groupe)<br />
Pourquoi les femmes sont-elles bien représentées en<br />
agences médias ? Ce n’est pas une question de secteur<br />
mais d’individus : des personnes ont fait progresser<br />
cette « influence au féminin ». Celles qui tiennent<br />
les cordons de la bourse, qui négocient avec les régies,<br />
sont souvent des femmes. Et en face, leurs interlocutrices<br />
sont souvent des patronnes de régie, un univers<br />
où les femmes bénéficient aussi d’une bonne représentation.<br />
Mais ne nous leurrons pas : le plafond de verre n’a pas encore explosé.<br />
En revanche, il va reculer mécaniquement. Les pôles stratégiques comme le<br />
consumer insight, les stratégies de marché, ou la data, font émerger des profils<br />
de femmes différents : ingénieures, expertes du data mining et des datas<br />
sciences... Des postes techniques et donc mieux rémunérés. C’est donc la data,<br />
de prime abord plus « masculine », qui permettra de faire émerger les profils<br />
« féminins ».<br />
AlexAndrA ChAbAnne<br />
CEO de Mediacom France (WPP)<br />
C’est le travail et la motivation qui favorisent<br />
l’ascension. À titre personnel, je n’ai pas ressenti<br />
de plafond de verre. Là où la femme a<br />
peut-être plus de difficultés dans sa carrière,<br />
c’est dans le networking, à une période de sa<br />
vie. Il faut pouvoir arbitrer entre sa vie de famille<br />
et les événements de networking, qui se<br />
déroulent plutôt en soirée et le week-end. Sur<br />
ce point, il y a sans doute des zones de progression<br />
et une autre organisation à trouver.<br />
Personnellement, j’ai deux enfants et pendant<br />
un certain nombre<br />
d’années, j’ai peu été<br />
présente sur la partie<br />
networking pour préserver<br />
mes moments<br />
familiaux. Maintenant<br />
que mes enfants sont<br />
plus grands, j’ai plus de<br />
temps pour rencontrer<br />
les clients et les partenaires.<br />
MAgAli FlorenS CEO de Mindshare France (WPP)<br />
Le thème se justifie car il est dans l’air du<br />
temps, et au-delà de la communication. On est<br />
même en retard sur la grande tendance sociologique<br />
mondiale. Une « femme d’influence »<br />
est capable d’encourager, de provoquer des<br />
pensées, des habitudes, des comportements.<br />
Nous en avons eu par le passé, avec des écrivains<br />
comme Marguerite Yourcenar ou Françoise<br />
Sagan. Ce qui est nouveau c’est qu’elles<br />
sont plus nombreuses et plus entendues. On en<br />
trouve même sur YouTube ! C’est souvent une<br />
question de confiance. Pour obtenir un poste,<br />
une femme sera plus bosseuse, peut-être parce<br />
qu’elle sera moins sûre d’elle. Alors quand elle<br />
est sélectionnée, elle sait qu’elle est capable de<br />
faire le job. Mais regardez, ma génération est<br />
face à un vrai plafond de verre. Nous sommes<br />
nombreuses à diriger<br />
des agences média,<br />
mais pas une au<br />
niveau des groupes !<br />
Jusqu’à maintenant.<br />
Mais Pierre Conte vient<br />
de partir [de son poste<br />
de Country Manager<br />
de WPP], peut-être que<br />
l’avenir me contredira !<br />
© amélie Marzouk - Dr<br />
StratégieS N° 1915<br />
8 07/09/<strong>2017</strong>