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19


ÉDITO<br />

LE BAZAR DE L’EVEREST<br />

On évoque souvent l’Everest mal à propos. Pour<br />

dénoncer les méfaits des expéditions d’alpinisme,<br />

principalement, avec, au premier chef,<br />

l’emploi des populations sherpas <strong>com</strong>me porteurs<br />

d’altitude (le terme « sherpa » désigne une<br />

ethnie, et non pas un métier, rappelons-le une<br />

énième fois), sans réelle gratification, tout juste<br />

un salaire « au mérite » – indexé sur la réussite<br />

du sommet par les participants plutôt que sur<br />

l’extrême prise de risque que requiert leur effort.<br />

Ou encore l’inacceptable pollution des principales<br />

voies d’ascension, par des bouteilles d’oxygène,<br />

du matériel d’alpinisme abandonné durant la<br />

retraite, lorsqu’il ne s’agit pas des corps des alpinistes<br />

eux-mêmes, qui mettent parfois des<br />

années avant d’être redescendus (lorsqu’ils le<br />

sont ; cherchez « Green Boots » sur Wikipédia, il<br />

y a de quoi être sidéré)…<br />

On pourrait clore le chapitre sur ce grand bazar<br />

du Toit du monde en imputant ces dérives touristiques<br />

à la seule pratique du « huit-millisme »<br />

(qui désigne l’ascension des quatorze plus hauts<br />

sommets du monde, par des alpinistes qui, parfois,<br />

n’en sont même pas) mais il serait malgré<br />

tout bien cavalier de ne pas étendre la question<br />

au tourisme tout entier. On estime à trente-cinq<br />

mille le nombre de personnes qui découvrent<br />

la haute vallée du Khumbu chaque année,<br />

principalement des randonneurs, voire<br />

des touristes classiques. Chacun<br />

savoure – de plus en plus – le plaisir<br />

de la vue, mais également d’une<br />

douche chaude le soir venu,<br />

devant une bière bien <strong>fr</strong>aîche,<br />

avant de se réfugier au coin du poêle pour<br />

déguster une bonne assiette de nouilles sautées.<br />

Sans oublier la mise à jour de son profil<br />

Facebook, car le Wi-Fi (pas donné au demeurant),<br />

irradie désormais tous les lodges du Khumbu.<br />

En étant parfaitement honnête, il y a largement<br />

de quoi se poser des questions sur nos pratiques<br />

de voyageurs dès lors que l’on examine<br />

avec attention les problématiques environnementales<br />

ou sociales qu’elles engendrent. Loin<br />

de moi l’idée de jeter la pierre à quiconque, si<br />

ce n’est à moi-même. Toutes les critiques énoncées<br />

ci-dessus sont parfaitement justifiées, et<br />

personne ne cherchera sérieusement à les nier.<br />

Mais il n’en demeure pas moins qu’un voyage<br />

dans la vallée de l’Everest n’est pas QUE ça.<br />

C’est également – et d’une manière encore plus<br />

péremptoire – une merveilleuse expérience.<br />

Qui mêle avec maestria la beauté du monde<br />

(on ne l’a peut-être pas encore assez dit dans<br />

ce numéro, mais cet itinéraire est réellement<br />

d’une beauté stupéfiante), la sagesse et la douceur<br />

du peuple sherpa, sans oublier que cette<br />

activité économique qu’est le tourisme dans<br />

cette partie du monde, apporte à une population<br />

de montagne, jusqu’à des altitudes déraisonnables,<br />

la possibilité de vivre, d’habiter,<br />

d’envisager leur avenir autrement que dans<br />

les gourbis des grandes villes. Et tout<br />

bien considéré, après vingt ans de<br />

baroude de par le monde, si vraiment<br />

j’avais à choisir un voyage<br />

et un seul… cet Everest ne serait<br />

vraiment pas loin du nirvana…<br />

ANTHONY<br />

NICOLAZZI<br />

Rédacteur en chef<br />

3


EN COUVERTURE<br />

P. 24<br />

EVEREST<br />

OBJECTIF CAMP DE BASE !<br />

Le plus haut sommet du monde, intense objet de fascination pour les alpinistes,<br />

est aussi devenu le théâtre de l’un des treks les plus époustouflants de la planète,<br />

qui mène jusqu’au camp de base, à plus de cinq mille mètres d’altitude. Une véritable<br />

immersion au cœur du pays sherpa, dans le temple absolu de la montagne<br />

sacrée du Toit du monde.<br />

P. 14<br />

P. 44<br />

HAUTE<br />

ROUTE<br />

L’EVEREST<br />

AUGMENTÉ<br />

SAGA<br />

ELLA<br />

MAILLART<br />

Son épopée à travers l’Asie centrale<br />

des années 1930 a inspiré<br />

des générations de voyageurs.<br />

4


SOMMAIRE<br />

LE MAG<br />

P. 62<br />

ZANSKAR<br />

CHADAR,<br />

LE FLEUVE GELÉ<br />

La traversée mythique<br />

par le chemin des glaces<br />

8 ACTU<br />

Népal : une formation<br />

internationale pour<br />

les guides de trek.<br />

L’agenda des festivals<br />

d’automne.<br />

14 SAGA<br />

Ella Maillart<br />

Voyageuse par vocation.<br />

REPORTAGES<br />

24 OBJECTIF<br />

EVEREST !<br />

Les plus beaux sentiers<br />

pour découvrir le Khumbu.<br />

34 EN ROUTE VERS<br />

LE CAMP DE BASE<br />

Toutes les infos pour<br />

réaliser le trek mythique !<br />

44 LA HAUTE ROUTE<br />

L’itinéraire des experts,<br />

par les hauts cols.<br />

54 L’ITINÉRAIRE<br />

HISTORIQUE<br />

Osez l’intégrale depuis Jiri !<br />

62 CHADAR<br />

LE CHEMIN<br />

DES GLACES<br />

L’itinéraire le plus original<br />

de la planète, au cœur du<br />

Zanskar, en plein hiver !<br />

P. 84<br />

HIMALAYA INDIEN<br />

LE SPITI<br />

EN FAMILLE<br />

Qui a dit que le voyage d’aventure<br />

n’était pas un jeu d’enfants ?<br />

84 SPITI<br />

EN FAMILLE<br />

Un voyage découverte<br />

avec des enfants, dans une<br />

vallée de culture tibétaine.<br />

96 ILS PARTENT/<br />

ILS RENTRENT<br />

La liste de mes envies…<br />

5


CONTRIBUTEURS<br />

BRIEUC<br />

COESSENS<br />

Rédacteur­photographe<br />

JOCELYN<br />

CHAVY<br />

Rédacteur­photographe<br />

GILLES<br />

MODICA<br />

Rédacteur<br />

JULIE<br />

LE LOUËR<br />

Directrice artistique<br />

ANTHONY<br />

NICOLAZZI<br />

Rédacteur en chef<br />

FRANCK<br />

CHARTON<br />

Grand reporter<br />

JEAN-MARC<br />

PORTE<br />

Grand reporter<br />

GUILLAUME<br />

NAHRY<br />

Responsable équipement<br />

BÉATRICE<br />

GRELAUD<br />

Rédactrice<br />

6


19


8<br />

Une formation internationale<br />

pour les guides de trek ? L’idée<br />

fait son chemin, et pourrait<br />

changer la donne du côté des<br />

agences de voyages d’aventure.<br />

© Anthony Nicolazzi


LE MAG<br />

UN DIPLÔME POUR LES<br />

GUIDES DE TREK<br />

NÉPALAIS<br />

AUCUN DIPLÔME RECONNU INTERNATIONALEMENT<br />

N’ENCADRAIT LES GUIDES DE TREKKING AU NÉPAL<br />

JUSQU’À PRÉSENT. L’ÉMERGENCE D’UNE FORMATION<br />

QUALIFIANTE SÉRIEUSE POURRAIT POURTANT CHANGER<br />

LA DONNE DURANT LES ANNÉES À VENIR.<br />

PAULO GROBEL<br />

Été <strong>2017</strong>. Une date historique car c’est la première édition officielle d’une<br />

formation qualifiante International Mountain Leader (IML, l’équivalent au<br />

niveau international de notre diplôme d’ac<strong>com</strong>pagnateur en moyenne montagne<br />

AMM), organisée par la NMA (Nepal Mountaineering Association) avec<br />

le soutien de l’UIAA (Union internationale des Associations d’alpinisme). Le<br />

début, donc, d’une nouvelle réalité au Népal mais surtout l’aboutissement<br />

d’une belle histoire.<br />

À l’été 2002, Henri Sigayret mettait en place avec la NMA une formation technique<br />

en <strong>com</strong>plément des stages « basic » et « advanced ». L’année suivante,<br />

il est secondé par Patrick Magnier qui va permettre de pérenniser la formation<br />

avec le soutien de la Fondation Petzl. Sous l’égide de la NMA, le « Petzl<br />

Training » connaîtra un beau succès. Doucement, une réflexion émerge sur la<br />

nécessité d’un diplôme international pour les guides de trek, suivant en cela<br />

l’exemple de la formation de guide de haute montagne UIAGM au Népal. Une<br />

dynamique soutenue par Steve Long, responsable des formations à l’UIAA.<br />

En parallèle, les tour-opérateurs se sont impliqués depuis longtemps dans la<br />

formation des guides de trek népalais avec des actions pilotées par leurs<br />

réceptifs locaux et à destination de leurs personnels respectifs. L’I<strong>fr</strong>emmont<br />

(Institut de formation et de recherche en médecine de montagne) et certains<br />

médecins se sont également impliqués dans ces formations « maison » pour<br />

le contenu médical. Dans les différentes agences, ces ac<strong>com</strong>pagnateurs formés<br />

et <strong>com</strong>pétents (mais non diplômés), ont tous une licence de guide de<br />

trek après une formation d’un mois mise en place par le gouvernement et<br />

indispensable pour être enregistré et en règle au Népal. Ils sont payés entre 50<br />

et 90 €/jour. Pour mémoire, le salaire mensuel moyen à Katmandou est de<br />

15 000 à 20 000 roupies (soit 150 à 200 €) par mois.<br />

Reste à savoir, désormais, <strong>com</strong>ment vont se positionner les agences <strong>fr</strong>ançaises<br />

avec l’émergence de ces nouveaux acteurs diplômés aux standards internationaux.<br />

Et du côté des agences népalaises ou de la foultitude de « guides de<br />

trek » népalais ? Quelle en sera la répercussion sur l’encadrement des treks à<br />

plus long terme ? Cette formation IML va-t-elle s’ancrer définitivement dans<br />

le paysage des professionnels népalais du trek jusqu’à atteindre une taille critique<br />

suffisante pour devenir représentative d’une qualité de formation et de<br />

<strong>com</strong>pétences, attestées par un diplôme international ? À suivre…<br />

9


LE MAG /<br />

12 FESTIVALS<br />

À NE PAS MANQUER<br />

CET AUTOMNE<br />

ON S’APPRÊTE À CÉLÉBRER LE VOYAGE D’AVENTURE UN<br />

PEU PARTOUT EN FRANCE, AVEC DES PROJECTIONS DE<br />

FILMS, CONFÉRENCES, RENCONTRES… LE POINT SUR LES<br />

FESTIVALS À COCHER SUR VOTRE AGENDA DURANT<br />

LES PROCHAINES SEMAINES.<br />

What a trip Festival<br />

28 septembre-1 er octobre<br />

Montpellier (34)<br />

Une première à Montpellier pour ce<br />

tout nouveau « What a trip festival »,<br />

consacré au film de voyage et d’aventure,<br />

qui se déroulera du 28 septembre<br />

au 1 er octobre, en plein cœur de<br />

Montpellier, sur l’esplanade Charles<br />

de Gaulle. 12 films en <strong>com</strong>pétition,<br />

mais aussi une série de concerts, des<br />

expositions et conférences gratuites,<br />

un village intégrant un salon du<br />

voyage, un salon du livre de voyage<br />

ainsi qu’une épicerie du monde.<br />

www.watmontpellier.<strong>fr</strong><br />

Festival des Globe-Trotters<br />

29 septembre au 1 er octobre / Massy (91)<br />

Vingt-neuvième année pour ce<br />

grand rendez-vous des baroudeurs,<br />

consacré cette année à la thématique<br />

« Cultivons nos différences », pour une<br />

édition placée sous le signe du rêve, de<br />

l’évasion, de l’aventure, de rencontres<br />

authentiques entre voyageurs. Avec la<br />

présence exceptionnelle de Marc<br />

Dozier et Mundiya Kepanga,<br />

chef papou, qui nous invite avec<br />

humour et poésie au cœur de sa<br />

forêt menacée, mais aussi la diffusion<br />

d’une quarantaine de films à la découverte<br />

des merveilles du globe, des<br />

conférences animées par de grands<br />

aventuriers, des expositions…<br />

www.festivaldesglobetrotters.<strong>fr</strong><br />

ANTHONY NICOLAZZI<br />

Rendez-vous du<br />

carnet de voyage<br />

17 au 20 novembre / Clermont-Ferrand<br />

Après les « métropoles du monde »<br />

l’an passé, les Rendez-vous du carnet<br />

de voyage de Clermont Ferrand poursuivent<br />

leur exploration des villes en<br />

trois ans (le thème 2018 sera « La ville<br />

dans tous ses éclats » avec une thématique<br />

<strong>2017</strong> dédiée à « La vie dans la<br />

ville ». À pied, à vélo, la ville of<strong>fr</strong>e au<br />

voyageur le ballet de ceux qui y vont<br />

et viennent, passent, se hâtent ou se<br />

posent en terrasse. Une vie plurielle<br />

et bigarrée de marchés, de halls de<br />

gares, de quais de métro, de bistrots<br />

ou de quartiers chauds.<br />

www.rendezvous­carnetdevoyage.<strong>com</strong><br />

Rencontres Cinémontagne<br />

7 au 11 novembre / Grenoble (38)<br />

Le grand rendez-vous des<br />

montagnards, au cœur de la capitale<br />

des Alpes, dans la grande salle du<br />

palais des sports de Grenoble, chaque<br />

soir durant une semaine <strong>com</strong>plète. De<br />

l’alpinisme, bien sûr, mais également<br />

une ouverture à tous les sports de<br />

montagne : trekking, escalade,<br />

parapente, base-jump, ski de rando,<br />

expéditions… Des images à foison,<br />

et des rencontres avec leurs auteurs<br />

et les légendes internationales<br />

de la montagne.<br />

www.grenoble­montagne.<strong>com</strong>/<br />

<strong>10</strong>33­19e­rencontres­cine­montagne.htm<br />

Les Écrans de l’Aventure<br />

5 au 8 octobre / Dijon (21)<br />

Ce rendez-vous de l’aventure,<br />

organisé par la Guilde, à Dijon<br />

(cinémas Olympia et Darcy), rassemble<br />

chaque année les meilleures productions<br />

audiovisuelles internationales et<br />

les professionnels de l’image, aventuriers<br />

et voyageurs. Sept prix pour les<br />

films, un prix pour les livres, et une<br />

Toison d’or de l’aventurier de l’année<br />

seront décernées à l’issue de ce festival<br />

par le jury présidé cette année par<br />

la navigatrice Anne Quéméré.<br />

la­guilde.org/aventure/festival<br />

Le Grand Bivouac<br />

19 au 22 octobre / Albertville (73)<br />

1<strong>10</strong> rendez-vous, 80 invités et plus de<br />

30 000 entrées pour cet incontournable<br />

de l’agenda des grands voyageurs. Le<br />

thème « Nos nouvelles odyssées » veillera<br />

à mettre en avant la diversité des<br />

voyages, autour des fidèles, Arnaud<br />

Guérin, Louis-Marie Blanchard, Olivier<br />

Weber ou Roland<br />

et Sabrina Michaud, mais aussi tous<br />

les autres voyageurs, qu’ils soient<br />

scientifiques, écrivains, sportifs…<br />

www.grandbivouac.<strong>com</strong><br />

Festival du film<br />

d’aventure de La Rochelle<br />

14 au 19 novembre / La Rochelle (17)<br />

Dix ans après le grand prix du<br />

public décerné à Amazonian Vertigo,<br />

d’Evrard Wendenbaum à La Rochelle,<br />

c’est l’une des héroïnes du film, la<br />

grimpeuse Stéphanie Bodet, qui préside<br />

le jury du 14 e festival du film<br />

d’aventure de la cité portuaire de<br />

Charente-Maritime. 22 films cette<br />

année en <strong>com</strong>pétition officielle,<br />

et 18 hors <strong>com</strong>pétition.<br />

www.festival­film­aventure.<strong>com</strong><br />

Rencontres de la<br />

cinémathèque montagne<br />

15 au 18 novembre / Gap (05)<br />

Tout en contribuant à collecter, archiver<br />

et diffuser les plus grands films<br />

de montagne (Rébuffat, Afanassieff…),<br />

la Cinémathèque de Gap organise<br />

son festival annuel avec un public de<br />

connaisseurs. Un rendez-vous incontournable<br />

dans les Alpes du Sud.<br />

www.cimalpes.<strong>fr</strong><br />

<strong>10</strong>


Quais du départ<br />

23 au 26 novembre / Lyon (69)<br />

C’est sur les quais de la rive gauche du<br />

Rhône, en plein cœur de Lyon, que se tient<br />

ce festival atypique : une salle de 400 places<br />

pour les projections (la Mutualité), et deux<br />

bateaux (La Plateforme et le Volle Petrol)<br />

amarrés sur le fleuve pour les cafés<br />

voyageurs, rencontres, conférences…<br />

Avec cette 6 e édition, le festival des livres et<br />

films voyageurs s’affirme <strong>com</strong>me le grand<br />

rendez-vous lyonnais des voyageurs.<br />

www.quaisdudepart.<strong>fr</strong><br />

Les Défis de l’aventure<br />

24 au 26 novembre / Le Fontanil (38)<br />

La 3 e édition du « festival international<br />

du film d’aventure vécue », qui se déroule<br />

au Fontanil (agglomération grenobloise),<br />

présente une quinzaine de films en <strong>com</strong>pétition,<br />

et une thématique « les défis au<br />

féminin », qui honore les exploratrices et<br />

aventurières contemporaines. Également<br />

des projections-débat, et un salon de<br />

l’aventure de 700 m 2 sous chapiteau.<br />

www.defisaventure.<strong>com</strong><br />

European Outdoor<br />

Film Tour<br />

27 novembre au 12 décembre<br />

7 dates en France<br />

Deux heures de film outdoor non-stop :<br />

c’est le cocktail qui fait recette un peu partout<br />

en Europe, avec un European Outdoor<br />

Film Tour qui fait étape pour sept dates<br />

programmées en France cet automne :<br />

Paris (27/11), Strasbourg (29/11), Toulouse<br />

(06/12), Marseille (07/12), Grenoble (08/12),<br />

Annecy (<strong>09</strong>/12), Lyon (13/12), mais aussi à<br />

Lausanne, Genève, Bruxelles, Liège…<br />

www.eoft.eu/<strong>fr</strong>/<br />

Festival international<br />

du film de montagne<br />

6 au <strong>10</strong> décembre / Autrans (38)<br />

« Enfin seul(s) ? » une thématique toute<br />

rêvée pour cet opus #34 du festival international<br />

du film de montagne d’Autrans,<br />

dans le Vercors, qui verra converger les<br />

amateurs de belles images de montagne et<br />

les professionnels du documentaire et de<br />

la réalisation. Un thème qui viendra étayer<br />

les soirées de la traditionnelle <strong>com</strong>pétition<br />

de films documentaire, sans oublier la<br />

sélection « premières réalisations », les<br />

longs, les courts, les films d’animation…<br />

www.festival­autrans.<strong>com</strong><br />

11


LE MAG /<br />

PENDANT CE<br />

TEMPS-LÀ<br />

…<br />

QUECHUA<br />

FÊTE SES VINGT ANS<br />

ANTHONY NICOLAZZI<br />

2005 : premier test<br />

grandeur nature de la tente<br />

2 Seconds, en Patagonie.<br />

LANCÉE EN 1997, LA MARQUE MONTAGNE DE DÉCATHLON<br />

S’EXPORTE AVEC SUCCÈS À L’INTERNATIONAL.<br />

1997. Une dizaine de collaborateurs de Décathlon quittent les locaux de Lille<br />

pour s’installer en Haute-Savoie, dans un appartement de 55 m 2 reconverti<br />

en bureau, et créer la marque montagne de l’enseigne : Quechua. Vingt ans<br />

plus tard, forte de ses succès, parmi lesquels l’iconique tente 2 Seconds,<br />

Quechua est présent un peu partout dans le monde, et s’affirme au rang des<br />

plus grandes marques d’équipement outdoor. Depuis 2014, c’est au cœur<br />

des 14 000 m 2 de son Mountain Store de Passy (74), un camp de base rassemblant<br />

à la fois bureaux d’étude et magasin témoin, que sont imaginés,<br />

conçus et prototypés les produits Quechua, avant d’être testés et éprouvés<br />

sur le terrain, par des équipes dédiées. Si, aujourd’hui, Quechua affirme son<br />

expertise sur la randonnée, d’autres marques du groupe ont repris le flambeau<br />

des marchés de niche, tels que le trail (Kalenji), l’alpinisme (Simond)<br />

ou encore le ski (Wed’Ze). www.quechua.<strong>fr</strong><br />

© DR<br />

Voyageurs du<br />

Monde grignote…<br />

Début juillet, Voyageurs du<br />

Monde a acquis KE Adventure<br />

Travel, un spécialiste anglais<br />

du voyage d’aventure. Après<br />

le rachat d’Original Travel,<br />

tour­opérateur haut de gamme<br />

britannique lui aussi en janvier,<br />

cette acquisition atteste du<br />

développement à l’international<br />

de la holding qui possède,<br />

rappelons­le, une grande partie<br />

des voyagistes d’aventure du<br />

marché <strong>fr</strong>ançais : Terres<br />

d’Aventure, Allibert <strong>Trek</strong>king,<br />

Nomade Aventure, Chamina<br />

Voyages ou encore Grand Nord<br />

Grand Large.<br />

Chemin<br />

du Sud aussi…<br />

Dans un tout autre registre,<br />

six mois après la reprise en SCOP<br />

par ses salariés, la SARL Chemins<br />

du Sud, tour­opérateur spécialiste<br />

de l’Italie à pied depuis<br />

1987, vient de reprendre la<br />

totalité de la production de<br />

l’agence vosgienne Montagne<br />

Évasion, mise en liquidation<br />

en janvier <strong>2017</strong>.<br />

DIRECTRAVEL<br />

Le voyage en direct s’invite à Paris<br />

Après une première édition sur les quais de Seine, l’an passé, le salon Direc-<br />

Travel, dédié aux agences locales, pose ses valises à la Halle des Blancs<br />

Manteaux dans le Marais (Paris 4 e ), du 22 au 24 septembre. Une centaine<br />

d’agences venues du monde entier seront présentes, à l’instar des membres<br />

du groupement Voyages Réceptifs, qui rassemble une vingtaine d’agences<br />

<strong>fr</strong>ancophones prestataires des agences d’aventure <strong>fr</strong>ançaises. « L’amateur de<br />

voyage sur mesure a besoin de connaître celui qui le reçoit », estime Christophe Sentuc,<br />

fondateur de DirecTravel. Français expatriés ou étrangers <strong>fr</strong>ancophiles,<br />

ces agences engagées dans la « vente en direct » seront à la disposition des<br />

voyageurs. 6 000 visiteurs sont attendus. www.directravel.org<br />

Du trek à l’expé<br />

Dans cet ouvrage paru cet été,<br />

Emmanuel Daigle évoque avec<br />

clarté et pédagogie tous les<br />

ingrédients utiles pour étoffer<br />

ses <strong>com</strong>pétences en haute<br />

altitude : organisation, logistique,<br />

entraînement physique,<br />

équipement, acclimatation,<br />

météo… Complet et sérieux.<br />

Du trek à l’expé,<br />

par Emmanuel Daigle,<br />

éditions Glénat, 192 pages, 25 €.<br />

12


19


Ella Maillart<br />

VOYAGEUSE PAR VOCATION<br />

NÉE SUR LES RIVES DU LAC LÉMAN AU TOURNANT DU XX E SIÈCLE,<br />

ELLA MAILLART FERA PREUVE TOUT AU LONG DE SA VIE D’UNE<br />

INCROYABLE HARDIESSE QUI LA CONDUIRA DES JEUX OLYMPIQUES DE<br />

PARIS, EN 1924, JUSQU’AUX CONTRÉES LES PLUS RECULÉES. DURANT<br />

PLUS DE DIX ANS, DANS LES ANNÉES 1930, ELLE FOULERA SANS<br />

RELÂCHE LES STEPPES INFINIES D’ASIE CENTRALE ET LES MONTAGNES<br />

DU PAMIR, DU KARAKORAM OU DE L’HINDOU KOUCH.<br />

Gilles Modica<br />

Rédacteur<br />

Notre spécialiste de l’histoire<br />

de l’exploration s’est replongé<br />

cet été dans les récits<br />

de voyage d’Ella Maillart à<br />

travers l’Asie centrale.<br />

Kini, pour les proches et les<br />

<strong>com</strong>pagnons de route, de<br />

mer ou du ski club. Physiquement,<br />

la Suissesse des<br />

publicités pour Zermatt ou<br />

Verbier, la monitrice de ski,<br />

blonde, saine, sportive, svelte,<br />

riante à ravir, bon enfant. Née<br />

sur le lac Léman (20 février<br />

1903, à Genève), ses parents<br />

ayant acquis dès 1913, au<br />

Creux, à sept kilomètres<br />

de Genève, une maison au<br />

bord de l’eau, Ella Maillart<br />

s’adonne tous les étés à la<br />

voile, avec son amie Miette,<br />

sur des bateaux prêtés.<br />

À vingt ans, les deux filles<br />

osent acheter un cotre de<br />

sept mètres et de trois tonnes,<br />

La Perlette, un yacht de haute<br />

mer avec une cabine et deux<br />

couchettes. Les deux filles<br />

aménagent leur bateau au<br />

mouillage du Vieux Port, à<br />

Marseille, près d’un navigateur<br />

au long cours qu’elles<br />

voudraient imiter : Alain<br />

Gerbault. Le bateau, les<br />

régates sur le Léman, les<br />

croisières en Méditerranée :<br />

sa première passion. Le ski<br />

passionna également sa jeunesse.<br />

Mais à vingt-cinq ans,<br />

Ella Maillart ne se sent vivre<br />

qu’à moitié dans ces aventures<br />

limitées aux montagnes<br />

suisses ou aux côtes de la<br />

Méditerranée.<br />

La déferlante des steppes<br />

« Ex oriente lux » est un<br />

aphorisme courant à l’époque<br />

dans bien des capitales européennes<br />

après l’hécatombe<br />

de la Grande Guerre. L’Europe<br />

se déchire : révolutions,<br />

guerres civiles. De bons<br />

esprits se tournent vers<br />

les sagesses orientales, ou<br />

cèdent à la démagogie de<br />

l’espoir, de l’avenir radieux.<br />

Instauré en Russie après des<br />

années de guerre civile, le<br />

<strong>com</strong>munisme of<strong>fr</strong>ait une<br />

autre société, une Autre<br />

Europe, titre d’un livre de Luc<br />

Durtain qui emballa la jeune<br />

Suissesse. Ella Maillart part<br />

pour Moscou après une brève<br />

expérience de figurante au<br />

cinéma dans les studios de<br />

Berlin. Un séjour de cinq mois,<br />

matériellement difficile.<br />

Ses amitiés avec de jeunes<br />

Russes, garçons ou filles,<br />

leur beauté, leur foi, leur<br />

enthousiasme, leur esprit<br />

de sacrifice, lui firent oublier<br />

la pénurie et la morosité des<br />

files d’attente. Un voyage<br />

de six semaines au Caucase,<br />

à pied principalement dans<br />

les montagnes, lui dévoile<br />

non pas une autre Europe<br />

mais l’arrière-pays asiatique<br />

de la Russie, la déferlante<br />

des steppes aux confins de<br />

l’Europe et de la mer Noire.<br />

Mordue profondément par<br />

un chien, Ella Maillart<br />

ravale ses craintes de la rage<br />

et se soigne en marchant.<br />

Du haut de ses sommets<br />

plus élevés que le mont<br />

Blanc, le Caucase tombe<br />

sur le premier des trois<br />

plateaux, immenses et<br />

arides, fuyant, de seuil<br />

14


SAGA<br />

Ella Maillart (à gauche)<br />

et son amie Miette<br />

(ci­contre) découvrent<br />

la voile dès l’adolescence<br />

sur les bords du lac Léman.<br />

Elles ont vingt ans à peine<br />

lorsqu’elles achètent leur<br />

premier bateau, et Ella<br />

représentera l’équipe<br />

de voile suisse aux Jeux<br />

olympiques de Paris,<br />

en 1924.<br />

À vingt ans, les deux<br />

filles osent acheter La Perlette,<br />

un cotre de sept mètres avec<br />

une cabine et deux couchettes,<br />

qu’elles stationnent au<br />

Vieux Port, à Marseille.<br />

en seuil, vers des altitudes<br />

toujours plus élevées : le<br />

plateau anatolien, le plateau<br />

iranien, le plateau tibétain.<br />

Dans le récit qu’elle publia à<br />

son retour, Parmi la jeunesse<br />

russe, Ella Maillart présentait<br />

le pays et le régime sous un<br />

jour favorable. Kini, la petite<br />

genevoise, essuie d’âpres<br />

critiques. Son propos, au<br />

fond, n’avait pourtant plus<br />

rien de politique. « La réalité<br />

géographique de la terre m’obsède.<br />

Je sens autour de moi la<br />

vie des latitudes, dotée chacune<br />

de sa couleur spéciale. Pas une<br />

de mes pensées qui ne soit en<br />

quelque sorte orientée vers l’un<br />

des points cardinaux. Je suis<br />

prise à jamais dans les lignes<br />

de force de l’aiguille aimantée. »<br />

Deux ans plus tard (juillet 1935),<br />

Ella Maillart ne revient à<br />

Moscou que pour gagner<br />

au plus vite les montagnes<br />

de l’Asie centrale. Ella Maillart<br />

voyage seule dans le Turkestan<br />

soviétique (Karakol, Tachkent,<br />

Samarcande, Boukhara,<br />

15


Khiva, Kazalinsk) avec un<br />

cran et un aplomb qui forcent<br />

l’admiration. Son voyage<br />

s’achève en novembre à dos<br />

de chameau, sur quatre cent<br />

cinquante kilomètres. Un<br />

<strong>fr</strong>oid de canard, des nuits de<br />

quatre heures, des crampes<br />

de novice. Retour à Genève<br />

pour le Nouvel An.<br />

Une âme forte<br />

Redécouverte vers la fin de sa<br />

vie (elle meurt en 1997), mais<br />

toujours lue et admirée, entre<br />

autres, par l’écrivain genevois<br />

Nicolas Bouvier qui s’inspira<br />

de ses récits pour ses itinéraires,<br />

Ella Maillart fut une<br />

âme forte, <strong>com</strong>me on disait<br />

jadis, une voyageuse hors<br />

pair. « Kini peut manger n’importe<br />

quoi et dormir n’importe<br />

où », écrit son <strong>com</strong>pagnon<br />

de voyage à travers le<br />

Taklamakan, l’Anglais Peter<br />

Fleming. Une femme bien<br />

armée face aux hommes, par<br />

son sens de l’à-propos et une<br />

autorité naturelle. La voile,<br />

école du caractère, lui avait<br />

En 1939, Ella Maillart est<br />

déjà célèbre, pour ses voyages<br />

à travers l’Union soviétique<br />

de l’entre­deux­guerres et<br />

l’Asie centrale. Alors que<br />

la Seconde Guerre mondiale<br />

s’apprête à ravager l’Europe<br />

et le monde, elle profite de<br />

la neutralité suisse pour partir<br />

à la découverte de l’Iran et de<br />

l’Afghanistan, en <strong>com</strong>pagnie<br />

d’Annemarie Schwarzenbach.<br />

16


SAGA<br />

Genève et aux Alpes, ceux<br />

qui expliqueraient ma destinée.<br />

Mais ce genre de biographie,<br />

où les héros savent si bien à<br />

l’avance quelle sera l’orientation<br />

de leur vie, ne donne jamais<br />

l’impression de la vérité. Dans<br />

la réalité, les choses n’obéissent<br />

pas à une telle logique : on<br />

se dirige à tâtons, <strong>com</strong>me des<br />

aveugles, vers l’inconnu et on<br />

sent son énergie minée par la<br />

torture de l’indécision. » Cette<br />

femme, aux allures décidées,<br />

plutôt jolie et sûre de ses<br />

avantages, championne de<br />

voile et de ski, journaliste,<br />

parlant <strong>fr</strong>ançais, anglais,<br />

allemand, russe, se débattait,<br />

<strong>com</strong>me le premier et le dernier<br />

des hommes, dans le<br />

labyrinthe de ses choix.<br />

Annemarie Schwarzenbach<br />

(à gauche) et Ella Maillart<br />

(à droite) prennent la route<br />

le 6 juin 1939, pour rallier<br />

Genève à Kaboul. Deux livres<br />

en naîtront, celui d’Ella, La Voie<br />

cruelle, et celui d’Annemarie,<br />

Où est la terre des promesses ?<br />

Deux femmes, en voiture,<br />

à travers l’Iran des années 1940…<br />

Quatre-vingts ans plus tard,<br />

le récit demeure surréaliste…<br />

également enseigné le<br />

fatalisme nécessaire aux<br />

marches dans l’inconnu. Le<br />

seul défaut de sa cuirasse,<br />

note de façon amusante Peter<br />

Fleming, c’était la finesse de<br />

son odorat. Attention : dire<br />

qu’elle avait la vocation du<br />

voyage, qu’elle y était prédestinée,<br />

c’est une façon de<br />

méconnaître ses mérites<br />

et la tension de ses années<br />

d’incertitude. Comme chacun<br />

d’entre nous, Ella Maillart<br />

traversait les mirages de<br />

l’existence sans savoir où<br />

elle allait, dans l’ignorance<br />

totale de son destin. Il faut<br />

se méfier de l’après-coup,<br />

du regard rétrospectif et des<br />

bilans qui présupposent ce<br />

qu’on ne pouvait qu’ignorer.<br />

Dans son autobiographie,<br />

Croisières et caravanes (1951),<br />

écrite à 2 000 mètres d’altitude,<br />

au village de Chandolin<br />

(Valais), Ella Maillart indique,<br />

dès les premières lignes, le<br />

défaut courant des biographies<br />

ou des autobiographies.<br />

« Quand une moitié de notre<br />

vie est écoulée, il est facile d’en<br />

faire un récit logique – et artificiel.<br />

Je pourrais, pour ma part,<br />

choisir parmi ses souvenirs<br />

d’enfance, tous liés au lac de<br />

En Asie centrale<br />

L’ère des caravanes a disparu<br />

en moins d’un demi-siècle<br />

sur la route de la Soie. Le<br />

moteur a changé la physionomie<br />

du monde, durablement,<br />

plus durablement que les<br />

armées d’Alexandre ou que<br />

les massacres de Tamerlan.<br />

Ella Maillart ne fut pas une<br />

exploratrice de l’Asie centrale<br />

<strong>com</strong>me le Suédois Sven<br />

Hedin, ou le Russe Nicolaï<br />

Prjevalski : elle arrivait trop<br />

tard et n’ajouta rien à la<br />

connaissance des grandes<br />

régions de l’Asie centrale.<br />

Son bonheur, ce fut de bourlinguer<br />

et d’enquêter (elle<br />

se voulait ethnographe),<br />

en Haute-Asie avant l’ère<br />

atomique, avant les convois<br />

de camions et les bases<br />

aériennes bâties au bulldozer<br />

en un mois, à quelques encablures<br />

des yourtes d’un<br />

campement de nomades.<br />

Ces années de l’entre-deux-<br />

17


À Bâmiyân, rencontre avec<br />

la délégation archéologique<br />

<strong>fr</strong>ançaise, qui travaille à<br />

la préservation du site<br />

et des deux bouddhas géants<br />

sculptés dans la falaise.<br />

Ceux­ci seront détruits en<br />

mars 2001 par les Talibans.<br />

guerres accélérèrent la<br />

marche de l’histoire et des<br />

techniques. Chance insigne,<br />

Ella Maillart put voyager<br />

<strong>com</strong>me Abraham, Noé ou les<br />

Rois mages, <strong>com</strong>me on voyageait<br />

depuis le fond des âges<br />

sur la route de la Soie et des<br />

grandes religions, à dos de<br />

cheval, ou de chameau, ou<br />

d’âne, ou à pied, derrière des<br />

animaux dont on interroge<br />

<strong>fr</strong>aternellement le regard,<br />

le soir, à l’étape quand on<br />

n’a pas un cœur de pierre<br />

ou d’automate.<br />

La voie cruelle<br />

Ella Maillart continua de<br />

voyager, principalement en<br />

Asie, après la Seconde Guerre<br />

mondiale mais les voyages<br />

les plus significatifs de cette<br />

femme, pour elle <strong>com</strong>me<br />

pour nous, ses humbles lecteurs,<br />

se placent entre 1930<br />

et 1935. Périple de la mer<br />

Noire (Trabzon) aux berges<br />

de l’Indus, La Voie cruelle (1939)<br />

est un voyage automobile,<br />

d’autant plus moderne qu’il<br />

s’agit de deux femmes,<br />

Ella Maillart et Annemarie<br />

Schwarzenbach, au volant<br />

d’une Ford décapotable, aménagée<br />

par le meilleur garage<br />

de Zurich, avec deux jerricans<br />

d’essence de quinze litres<br />

pour les mauvaises surprises,<br />

et des suspensions renforcées.<br />

Les pistes de La Voie cruelle<br />

Deux ans plus tard, c’est<br />

par télégramme qu’Ella<br />

apprend la mort de son amie.<br />

La Voie cruelle lui est dédiée<br />

cahotent sur des milliers de<br />

kilomètres. Ce voyage entre<br />

femmes et sur le siège d’une<br />

Ford est un voyage à part<br />

dans la vie d’Ella Maillart à<br />

cause de cette amie qui risquait<br />

de sombrer. Issue d’une<br />

riche famille de Zurich, dilettante<br />

de la photographie et<br />

de l’écriture, rescapée d’une<br />

tentative de suicide en 1935,<br />

incurable de la mélancolie,<br />

Annemarie Schwarzenbach<br />

s’était trop souvent injecté<br />

de la morphine. Sa détresse<br />

de toxi<strong>com</strong>ane, son drame,<br />

se lisent entre les lignes de<br />

La Voie cruelle. Santé <strong>fr</strong>agile,<br />

Annemarie Schwarzenbach<br />

meurt trois ans plus tard, en<br />

Suisse, des suites d’un accident<br />

de vélo (15 novembre 1942).<br />

Oasis interdites<br />

Son voyage le plus long et<br />

le plus risqué, Ella Maillart le<br />

fit à trente-deux ans (1935),<br />

non pas seule mais avec un<br />

homme de vingt-sept ans,<br />

chroniqueur au Times,<br />

18


De tous les voyages réalisés<br />

par Ella Maillart, c’est sans aucun<br />

doute les périples à travers l’Asie<br />

centrale qui demeurent les plus<br />

audacieux. Ci­contre, avec le<br />

journaliste anglais Peter Fleming,<br />

à leur arrivée au Cachemire.<br />

SAGA


ELLA<br />

MAILLART<br />

une vie d’aventure<br />

1903<br />

Naissance d’Ella Maillart, le<br />

20 février, à Genève. En 1913,<br />

la famille s’installe sur les bords<br />

du Léman, et Ella (surnommée<br />

« Kini ») rencontre Hermine<br />

de Saussure, alias « Miette ».<br />

1916-1923<br />

Sportive, Ella pratique le ski et<br />

participe à des régates sur le lac<br />

avec Miette, tout en dévorant<br />

des livres et en rêvant de voyage.<br />

En 1922, Miette achète la Perlette,<br />

un cotre de sept mètres de long,<br />

au constructeur d’avions Louis<br />

Breguet, et toutes deux se lancent<br />

dans une traversée pour la Corse.<br />

Ella barrera pour la Suisse aux<br />

Jeux olympiques de Paris en 1924.<br />

1930-1934<br />

En 1930, Ella Maillart part à Moscou,<br />

et découvre le Caucase, la mer Noire,<br />

la Crimée. En 1932, elle part pour<br />

le Turkestan russe, gagne les Tian<br />

Shan (monts Célestes), et gravit<br />

une montagne de 5 000 m. Au<br />

retour, elle publie Des monts<br />

Célestes aux sables rouges.<br />

1934-1935<br />

« Kini » part pour Pékin, où elle<br />

rencontre le journaliste Peter<br />

Fleming, le Père Teilhard de Chardin,<br />

et Sven Hedin, qui lui conseille, pour<br />

rejoindre l’Inde, de passer par le<br />

Nord du Tibet. En février 1935,<br />

Ella et Peter quittent Pékin ; ils<br />

mettront sept mois à atteindre<br />

Srinagar, au Cachemire indien.<br />

1939<br />

Désormais reconnue, Ella part pour<br />

un voyage vers l’Afghanistan en <strong>com</strong> ­<br />

pagnie d’Annemarie Schwarzenbach,<br />

qu’elle tentera en vain de libérer de<br />

la morphine. De cette épopée naîtra<br />

le livre La Voie cruelle.<br />

1946<br />

Après avoir passé la période de la guerre en Inde, Ella<br />

s’établit à Chandolin, dans le val d’Anniviers, qui demeurera<br />

son camp de base jusqu’à sa mort. Elle effectue son<br />

premier voyage au Népal avant même l’ouverture du<br />

pays, en 1951, et durant trente ans (1957­1987), elle<br />

organisera des voyages culturels, avec de petits<br />

groupes de touristes, dans de nombreux pays d’Asie.<br />

1997<br />

Ella Maillart s’éteint à Chandolin,<br />

le 27 mars 1997, à l’âge de 94 ans.<br />

Les fonds photographiques d’Ella<br />

Maillart sont conservés au musée<br />

de l’Élysée, à Lausanne. Une<br />

exposition permanente lui<br />

est consacrée à Chandolin.<br />

20


SAGA<br />

À gauche : La mosquée<br />

fortifiée de Doğubayazıt,<br />

sur les flancs du mont<br />

Ararat, non loin de la<br />

<strong>fr</strong>ontière avec l’Iran.<br />

Ci­dessus : Ella Maillart<br />

et Peter Fleming, à leur<br />

arrivée à Gilgit (au nord du<br />

Pakistan actuel), en 1935.<br />

écrivain renommé en<br />

Angleterre depuis un récit<br />

de voyage au Brésil. Le dernier<br />

livre de Peter Fleming<br />

s’intitulait : En <strong>com</strong>pagnie de<br />

soi-même. Dans sa version<br />

anglaise, le dernier récit<br />

d’Ella Maillart revendiquait<br />

lui aussi sa solitude : Turkestan<br />

solo (traduit par Des monts<br />

Célestes aux sables rouges, en<br />

<strong>fr</strong>ançais). Les deux individualistes<br />

firent bon ménage<br />

pendant cinq mois sous une<br />

même petite tente malgré<br />

leur agacement réciproque<br />

devant les manières de<br />

l’autre. Les hommes et les<br />

De leur voyage entre Pékin<br />

et les Indes, Ella Maillart et<br />

Peter Fleming livreront deux<br />

récits radicalement différents…<br />

femmes sont devenus bêtement<br />

soupçonneux. Dans<br />

un demi-siècle, les lecteurs<br />

d’Ella Maillart se demanderont<br />

s’ils avaient couché<br />

ensemble. En 1935, province<br />

lointaine d’un pays où flambaient<br />

déjà la guerre civile<br />

(entre Nationalistes et<br />

Communistes) et l’invasion<br />

japonaise, le Turkestan chinois<br />

(Xinjiang ou Sin-Kiang)<br />

sortait à peine d’une insurrection<br />

des musulmans de<br />

la province, les Tounganes.<br />

Depuis plus de huit ans,<br />

aucun voyageur allant de<br />

Pékin aux Indes n’avait osé<br />

21


SAGA<br />

Bibliographie<br />

Parmi la jeunesse russe ­<br />

De Moscou au Caucase (1932)<br />

Éditions Payot & Rivages, 2003.<br />

Le premier grand voyage d’Ella,<br />

<strong>com</strong>me journaliste.<br />

Des monts Célestes aux<br />

sables rouges (1934)<br />

Éditions Payot & Rivages, 2001.<br />

Son périple à travers le Pamir<br />

et les Tian Shan.<br />

« Ne vous inquiétez pas si<br />

dans un an vous n’avez toujours<br />

pas de nouvelles de nous…»<br />

Lettre d’Ella à ses parents<br />

traverser cette province aux<br />

rumeurs, souvent documentées,<br />

de brigandage et de<br />

massacre. Le couple qui<br />

n’est pas un couple parie sur<br />

l’apaisement des cœurs et<br />

des déserts après tant d’années.<br />

Terminus du train à<br />

Xian dans le Shaanxi. Kini :<br />

« Je me demande où nous<br />

verrons notre prochaine gare. »<br />

La prochaine gare, ce fut<br />

Lahore dans le Pendjab.<br />

De Xian à Lahore, les deux<br />

voyageurs utilisent toutes<br />

sortes de montures (âne,<br />

mulet, cheval, poney, chameau).<br />

Leurs <strong>com</strong>pagnons,<br />

un couple de Russes blancs,<br />

les Smigunov, parlant chinois<br />

couramment, futurs ambassadeurs<br />

chez des Russes<br />

blancs du Sin-Kiang, sont<br />

arrêtés à Lanchow (Lanzhou)<br />

par les autorités chinoises et<br />

reconduits à Pékin. Un long<br />

voyage, diablement engagé,<br />

bien que Fleming dans son<br />

récit (Courrier de Tartarie)<br />

ait parlé d’une escapade et<br />

non d’une expédition. Six<br />

semaines après son départ<br />

de Pékin, à un jour de marche<br />

de Sining, dans le village<br />

de Tangar, à 2 600 mètres<br />

d’altitude, où réside un<br />

missionnaire suisse avec<br />

sa femme, Kini poste sa<br />

dernière lettre à ses parents :<br />

« Si tout va bien, ma prochaine<br />

lettre sera datée des Indes dans<br />

six mois d’ici ; mais il ne faudra<br />

pas vous inquiéter si dans un an<br />

vous n’avez pas de nouvelles de<br />

nous. Nous allons nous joindre à<br />

la caravane d’un prince mongol<br />

et voyager avec lui pendant dixsept<br />

jours. Ensuite nous ne<br />

savons pas. » Ella Maillart<br />

enfourche son poney qu’elle<br />

a baptisé Slalom. Trois mois<br />

de vivres dans les bagages<br />

de la petite caravane. Selon<br />

le missionnaire, personne<br />

n’a <strong>fr</strong>anchi le Tsaidam<br />

depuis deux ans.<br />

« Le potier d’Istalif émaille<br />

ses faïences turquoise. »<br />

Illustration et légende<br />

tirée de La Voie cruelle,<br />

paru chez Jeheber, en 1952.<br />

Oasis interdites ­ De Pékin<br />

au Cachemire (1937)<br />

Éditions Payot & Rivages,<br />

préface de Nicolas Bouvier,<br />

2002. La traversée entre<br />

Pékin et le Cachemire, par<br />

la route Sud du Takla Makan,<br />

avec Peter Fleming.<br />

La vagabonde des mers (1942)<br />

Éditions Payot & Rivages, 2002.<br />

Retour sur ses années de<br />

voileuse…<br />

La Voie cruelle (1947)<br />

Éditions Payot & Rivages, 2001.<br />

De Genève à Kaboul, avec<br />

Annemarie Schwarzenbach.<br />

Croisières et caravanes,<br />

autobiographie (1951)<br />

Éditions Payot & Rivages, 2001.<br />

Ella Maillart, vue par elle­même.<br />

Ti­Puss, ou l’Inde<br />

avec ma chatte (1951)<br />

Éditions Payot & Rivages, 2002.<br />

Le récit de ses cinq années en<br />

Inde, durant la guerre.<br />

Au pays des Sherpas<br />

Éditions Zoé, Genève, <strong>2017</strong><br />

Le Népal s’ouvre au monde et<br />

à Ella Maillart, en 1951.<br />

22


19


Après une semaine sur<br />

les sentiers du Khumbu,<br />

c’est le souffle court que l’on<br />

parvient jusqu’au belvédère<br />

du Kala Pattar (5 550 m), pour<br />

savourer l’ultime ré<strong>com</strong>pense<br />

du trek : le coucher de soleil<br />

sur la pyramide noire de<br />

l’Everest (8 850 m, à gauche)<br />

et l’aiguille acérée du Nuptse<br />

(7 861 m, à droite).<br />

24


EVEREST<br />

L’INVENTION<br />

D’UN MYTHE<br />

LE PLUS HAUT SOMMET DU MONDE, OBJET DE FASCINATION<br />

POUR LES ALPINISTES, EST AUSSI DEVENU LE THÉÂTRE DE L’UN<br />

DES TREKS LES PLUS CÉLÈBRES DE LA PLANÈTE, QUI MÈNE<br />

JUSQU’AU CAMP DE BASE, À PLUS DE CINQ MILLE MÈTRES<br />

D’ALTITUDE. UNE VÉRITABLE IMMERSION AU CŒUR DU PAYS<br />

SHERPA, DANS LE TEMPLE ABSOLU DE LA MONTAGNE SACRÉE.<br />

BÉATRICE GRELAUD<br />

JOCELYN CHAVY (SAUF MENTION)


JOCELYN<br />

CHAVY<br />

Alpiniste et randonneur,<br />

mais également journaliste<br />

et photographe, absolument<br />

incollable sur les itinéraires<br />

de haute montagne,<br />

Jocelyn Chavy a parcouru<br />

pour nous les sentiers<br />

les plus exigeants de<br />

la vallée de l’Everest.<br />

BÉATRICE<br />

GRELAUD<br />

« Je pars pour vingt jours de trek jusqu’au<br />

camp de base de l’Everest », annoncé-je à<br />

mon directeur le matin même de mon<br />

départ, sac au dos, habillement de rando<br />

oblige. Dans son imaginaire, je partais gravir<br />

des sommets glacés aussi hostiles les uns<br />

que les autres, à des altitudes invivables,<br />

sans croiser personne ni me laver pendant<br />

vingt jours. Il se voyait presque devoir<br />

bientôt me remplacer… On en revient, pourtant,<br />

de ce trek le plus connu du monde.<br />

Généralement enchanté, mais pas que. On<br />

y va pour « voir le Toit du monde » et l’on<br />

se rend <strong>com</strong>pte une fois sur place que les<br />

découvertes porteront bien au-delà de cette<br />

rencontre avec la montagne aux trois noms.<br />

L’EVEREST, LE SACRÉ GRAAL<br />

DES ALPINISTES<br />

Le Toit du monde doit son nom au géomètre<br />

anglais Georges Everest, missionné aux Indes,<br />

qui détermina le premier son altitude en<br />

1841, l’officialisant ainsi « plus haute montagne<br />

du globe ». Il devint alors l’objet d’une<br />

lutte engagée entre les puissances occidentales,<br />

toutes déterminées à gagner le défi<br />

de la première ascension. Les tentatives se<br />

sont multipliées dans la première moitié<br />

du XX e siècle et ce sont finalement les<br />

Britanniques qui l’ont atteint les premiers,<br />

le 29 mai 1953 (voir encadré page 31). Depuis,<br />

atteindre le sommet de l’Everest représente<br />

toujours un rêve pour beaucoup, réalisable<br />

moyennant une extrême motivation, une<br />

excellente forme physique, du temps… et<br />

quelques (dizaines de) milliers d’euros.<br />

L’EVEREST POUR TOUS<br />

Plus modestement, le plus haut sommet du<br />

monde attire également d’autres montagnards,<br />

souvent de simples randonneurs,<br />

parfois même pas (les backpackers l’ont à<br />

demeure sur leur Must Do List). Le fameux<br />

« trek du camp de base de l’Everest », point<br />

ultime accessible au (presque) <strong>com</strong>mun des<br />

mortels, nécessite une douzaine de jours<br />

aller-retour rien que pour la partie « trek ».<br />

L’idéal étant d’y passer deux semaines – ou<br />

plus – en sachant qu’il s’agit d’un itinéraire<br />

en aller-retour, pas en boucle, il est possible<br />

de ne garder que trois ou quatre jours pour<br />

le retour si l’on est bien acclimaté.<br />

Située au nord-est de Katmandou, la région<br />

du Khumbu est accessible soit à pied (en<br />

suivant la route historique de l’Everest), soit<br />

en avion (ce qui fait économiser six à huit<br />

jours de marche). Les habitants, des populations<br />

d’ethnie Sherpa (leur nom a fini par<br />

désigner de manière erronée les porteurs<br />

népalais), y vivent aujourd’hui essentiellement<br />

du tourisme, notamment au-delà du<br />

village de Namche Bazar, qui marque la véritable<br />

porte d’entrée des différents itinéraires<br />

vers l’Everest. Randonneurs venus approcher<br />

les plus hautes montagnes du globe,<br />

backpackers, alpinistes et marathoniens<br />

Montagnarde dans l’âme,<br />

fine connaisseuse des<br />

sentiers alpins, Béatrice<br />

ne pouvait pas manquer<br />

le rendez­vous avec le Toit<br />

du monde, qu’elle a découvert<br />

en famille, avec une petite<br />

équipe locale népalaise.<br />

L’ÉNIGME MALLORY-IRVINE<br />

Les premières explorations autour du sommet de l’Everest débutent en 1913, par l’ouverture de la<br />

voie d’approche tibétaine, au nord. En 1921, George Mallory et Guy Bullock atteignent 6 990 m et<br />

un an plus tard, Mallory et une autre équipe britannique atteignent 8 230 m avant de se replier<br />

suite à la mort de 7 sherpas emportés par une avalanche, premières victimes connues de l’Everest.<br />

En 1924, Norton monte à 8 572 m, qui devient la plus haute altitude atteinte sur ces pentes jusque<br />

1952. Deux jours plus tard, tentant à leur tour l’ascension, Mallory et Irvine disparaissent après<br />

avoir été aperçus le long de la dernière arête nord. Ces « fantômes de l’Everest » ont­ils atteint le<br />

sommet avant de périr à la descente ? Le corps de Mallory a été retrouvé en 1999, à 8 290 m<br />

d’altitude ; trop bas, selon les spécialistes, pour avoir pu fouler le sommet. Seul son appareil<br />

photo, toujours introuvable, pourrait apporter la réponse à cette énigme.<br />

26


Découvrir la vallée de l’Everest nous fait<br />

toucher du doigt les géants du globe,<br />

et leur incroyable perfection esthétique<br />

La canine de l’Ama Dablam<br />

(6 812 m) domine le sentier à<br />

partir de Namche. Grandiose ?<br />

L’Everest toise ce « petit<br />

poucet » de plus de<br />

2 000 mètres…<br />

même, y côtoient des millionnaires américains<br />

ou japonais s’of<strong>fr</strong>ant le luxe de<br />

séjourner, après un trajet en hélicoptère,<br />

deux jours dans un des « Everest view hotel »<br />

construits dans les années 2000 pour élargir<br />

le potentiel touristique de la région.<br />

LE KHUMBU DU SOURIRE<br />

Paradoxalement, cette dynamique de modernisation,<br />

qui tend parfois au tourisme de<br />

masse, ne la rend pas moins attirante.<br />

L’ambiance globale demeure éminemment<br />

sympathique, cordiale, souriante, et les paysages<br />

sont d’une telle beauté qu’ils vous<br />

feront largement oublier votre voisin de table<br />

(occupé tout <strong>com</strong>me vous à photographier<br />

le coucher de soleil sur l’Ama Dablam).<br />

D’autant que les options pour parcourir le<br />

Khumbu sont multiples, avec désormais un<br />

certain confort, une ambiance vivante sur<br />

les sentiers <strong>com</strong>me dans les villages, où se<br />

mêlent paysages époustouflants, efforts grisants,<br />

rencontres enrichissantes et immersion<br />

dans une culture en pleine mutation.<br />

Pendant longtemps, la « longue marche »<br />

vers le Khumbu démarrait très loin du Toit<br />

du Monde, dans les vallées lointaines qui<br />

marquaient le bout de la route, à Jiri, dans<br />

les piémonts himalayens du Solu. Depuis<br />

sa construction en 1964, mais plus encore<br />

depuis qu’il a été asphalté en 2001, l’aérodrome<br />

de Lukla constitue un accès <strong>com</strong>mode<br />

et la plupart des trekkeurs l’utilisent<br />

<strong>com</strong>me point de départ et d’arrivée, économisant<br />

huit jours de trek à l’aller <strong>com</strong>me<br />

au retour. L’expérience est saisissante, avec<br />

COMMENT Y ALLER ?<br />

Les vols sur le Népal depuis<br />

l’Europe (<strong>com</strong>pter de 600 à<br />

1 000 € suivant la saison) font<br />

nécessairement une escale<br />

dans la péninsule arabique<br />

(Qatar Airways, Oman Air ou<br />

Emirates), à Dehli (Air India)<br />

ou à Istanbul (Turkish Airlines).<br />

À l’aéroport de Katmandou<br />

(Tribhuvan), vous n’aurez<br />

aucun souci pour rejoindre<br />

votre point de chute, les<br />

chauffeurs de taxi vous assaillent<br />

littéralement à la sortie du<br />

bâtiment. Comptez 800 NPR<br />

pour rejoindre Thamel.<br />

Change possible à l’aéroport<br />

ou dans Thamel en arrivant.<br />

27


LA VALLÉE<br />

DE L’EVEREST<br />

Cho Oyu<br />

(8 201 m)<br />

Gyachung Kang<br />

(7 952 m)<br />

TIBET<br />

Constituée de trois vallées qui<br />

convergent au niveau de Namche<br />

Bazar, la région du Haut­Khumbu<br />

of<strong>fr</strong>e de magnifiques itinéraires<br />

jalonnés de lodges, jusqu’au camp<br />

de base de l’Everest.<br />

Gokyo Ri<br />

(5 357 m)<br />

Cho La<br />

(5 420 m)<br />

GOKYO<br />

Renjo La<br />

(5 360 m)<br />

MACHHERMO<br />

LUNGDEN<br />

→<br />

vers Rolwaling<br />

THAME<br />

Tashi Labsta<br />

(5 760 m)<br />

<strong>Trek</strong> du camp de base (12 jours)<br />

Haute route de l’Everest (21 jours)<br />

Autres sentiers<br />

Sites remarquables


Everest<br />

(8 850 m)<br />

Lhotse<br />

(8 516 m)<br />

Makalu<br />

(8 485 m)<br />

Kala Pattar<br />

(5 550 m)<br />

GORAK SHEP<br />

Camp de base<br />

de l’Everest<br />

Nuptse<br />

(7 861 m)<br />

Chukhung Ri<br />

(5 560 m)<br />

Island Peak<br />

(6 189 m)<br />

Baruntse<br />

(7 152 m)<br />

Cholatse<br />

(6 440 m)<br />

LOBUCHE<br />

Taboche<br />

(6 542 m)<br />

Kongma La<br />

(5 535 m)<br />

PHERICHE<br />

DINGBOCHE<br />

CHHUKHUNG<br />

Ama Dablam<br />

(6 812 m)<br />

Lac Imja<br />

Amphu Lapcha<br />

(5 845 m)<br />

Ama Dablam BC<br />

(4 600 m)<br />

→<br />

vers Makalu<br />

(Trois cols)<br />

PANGBOCHE<br />

Kangtega<br />

(6 783 m)<br />

PHORTSE<br />

TENGBOCHE<br />

Thamserku<br />

(6 623 m)<br />

KHUMJUNG<br />

KHUNDE<br />

NAMCHE<br />

BAZAR<br />

KONGDE<br />

MONJO<br />

NÉPAL<br />

PHAKDING<br />

N<br />

LUKLA<br />

vers Jiri<br />

(page 54)<br />

→<br />

1km<br />

© Google Earth<br />

29


Étagée dans une <strong>com</strong>be<br />

en fer à cheval, sous la cime<br />

du Thamserku (6 623 m),<br />

Namche Bazar, située à<br />

3 400 m d’altitude, est la<br />

principale bourgade de la<br />

haute vallée du Khumbu.<br />

© Anthony Nicolazzi<br />

VISA<br />

Pour se rendre au Népal, il<br />

suffit d’un passeport en cours<br />

de validité encore 6 mois après<br />

la date de retour, et d’un visa<br />

touristique, délivré à l’aéroport<br />

de Katmandou, moyennant une<br />

photo d’identité (en prévoir<br />

deux). 25 € pour 15 jours, 40 €<br />

pour 30 jours, <strong>10</strong>0 € pour<br />

90 jours, payable en euros.<br />

PERMIS DE TREK<br />

Vous aurez besoin de la carte<br />

de « <strong>Trek</strong>kers’ Information<br />

Management System » (TIMS),<br />

délivrée par le Nepal Tourism<br />

Board, qui se trouve sur Exhibition<br />

Road, à l’est de Thundikhel :<br />

2 000 roupies (NPR, soit 17 €)<br />

via une agence, 4 000 NPR<br />

(34 €) pour les individuels.<br />

Nécessite deux photos (cabine<br />

gratuite dans les bureaux pour<br />

les étourdis). Si votre trek est<br />

organisé par une agence, elle<br />

s’occupera de ces formalités.<br />

PERMIS PARC<br />

NATIONAL<br />

un droit d’entrée (3 500 NPR,<br />

30 €) est requis à l’entrée du<br />

Sagarmartha National Parc, au<br />

checkpoint de Monjo, (35 €).<br />

C’est au terme d’une incroyable journée,<br />

entre les caravanes de yacks, que l’on<br />

rejoint Namche Bazar, la capitale sherpa<br />

une piste de cinq cents mètres de long et<br />

une inclinaison de vingt pour cent (soit la<br />

montée finale de la Planche-des-Belles-Filles<br />

pour les connaisseurs). À Lukla, ne peuvent<br />

donc se poser que des appareils à décollage<br />

et atterrissage court, tels que le DeHavilland<br />

DHC-6 Twin Otter ou le Dornier Do 228.<br />

Ajoutez à ces minuscules coucous les conditions<br />

météos « himalayennes », et vous <strong>com</strong>prendrez<br />

que Lukla soit souvent classé dans<br />

la liste des « dix aéroports les plus dangereux<br />

au monde » (cf. encadré page 32).<br />

LE MYTHE DES SHERPAS<br />

Chaque matin, pourtant, tandis que les<br />

bimoteurs se posent à la queue leu leu,<br />

débarquant les passagers ahuris au milieu<br />

d’une cohorte de porteurs en quête de travail,<br />

une petite file joyeuse se met en place<br />

sur le chemin pavé qui s’élance, en amont<br />

vers Namche Bazar. Bientôt, les murs à mani,<br />

moulins à prière, rivières tumultueuses, passerelles<br />

himalayennes… vous plongent dans<br />

l’ambiance, (irrémé)diablement. Tout le<br />

monde se croise ou se côtoie avec le sourire,<br />

à grand renfort de « Namasté » (bonjour).<br />

Les uns en groupe, encadrés par des<br />

agences internationales, les autres en individuels,<br />

simples routards chargés <strong>com</strong>me<br />

des yacks ou randonneurs avertis, suffisamment<br />

en tout cas pour gérer euxmêmes<br />

itinéraire et logistique.<br />

Pour les populations sherpas, installées<br />

dans la région bien avant l’arrivée des<br />

30


LA PREMIÈRE…<br />

La première ascension est attribuée au duo<br />

Tensing Norgay et Edmund Hillary, en 1953.<br />

Une expédition Suisse étant montée, un an<br />

avant, à 255 m du sommet, les Britanniques,<br />

attachés à réussir la conquête du toit du monde,<br />

réunissent une expédition digne d’une campagne<br />

militaire. Elle part le <strong>10</strong> mars, par le Khumbu,<br />

direction la face sud. Le 29 mai 1953, l’alpiniste<br />

néo­zélandais et le Sherpa partent du camp<br />

établi à 8 500 m, dans les traces de Bourdillon<br />

et Evans, parvenus à 90 m du sommet, trois jours<br />

plus tôt. Ils <strong>fr</strong>anchissent le dernier obstacle, un<br />

ressaut de 12 m, appelé depuis ressaut Hillary<br />

et parviennent au sommet à 11 h 30.<br />

premiers explorateurs occidentaux, le « Toit<br />

du monde » représente avant tout une montagne<br />

sacrée, dont la tête touche le ciel, ainsi<br />

nommée « Sagarmatha ». Son ascension,<br />

inenvisageable car sacrilège, a <strong>com</strong>mencé<br />

à devenir possible aux yeux de certains<br />

Sherpas avec la venue des premières expéditions<br />

d’alpinistes. Les Sherpas, avec leur<br />

31


La piste de Lukla, longue de<br />

460 mètres, avec une pente<br />

finale à 20 %, n’est accessible<br />

qu’aux petits bimoteurs.<br />

Chaque matin, si le temps<br />

le permet, leur ballet aérien<br />

ininterrompu dépose les<br />

trekkeurs au pied du Khumbu.<br />

© Anthony Nicolazzi<br />

REJOINDRE L’EVEREST<br />

→ En avion : l’aérodrome de<br />

Lukla représente le moyen le<br />

plus rapide pour accéder aux<br />

sentiers de l’Everest. Compter<br />

150 € l’aller­retour, au départ<br />

de l’aéroport domestique de<br />

Katmandou, dont il faut partir<br />

à l’aube pour bénéficier d’une<br />

météo clémente. Plusieurs <strong>com</strong> ­<br />

pagnies aériennes desservent<br />

Lukla et vous pourrez réserver<br />

vos vols dans une de leurs<br />

agences à Thamel.<br />

→ En bus : si vous optez pour<br />

la route, deux options s’of<strong>fr</strong>ent<br />

à vous : Jiri (une journée de<br />

voyage, environ 1 500 NPR,<br />

soit 13 €) si vous envisagez l’itinéraire<br />

historique intégral (voir<br />

page 54), d’où vous atteindrez<br />

Lukla, en 8 à 9 jours de marche ;<br />

ou, depuis peu, Phaplu, désormais<br />

accessible en bus, et à 3<br />

jours de Lukla à pied.<br />

COMBIEN ÇA COÛTE ?<br />

Avec une agence <strong>fr</strong>ançaise, au<br />

départ de Paris, <strong>com</strong>ptez entre<br />

2 500 et 4 000 € selon l’itinéraire<br />

(camp de base AR ou<br />

haute route) et la durée (de 15<br />

ou 21 jours). Avec une agence<br />

locale, en direct, il faut prévoir<br />

entre 35 et 45 € par personne et<br />

par jour, pour 20 jours de trek,<br />

guide, porteurs, hébergement,<br />

nourriture, transfert et permis<br />

inclus. Avec un budget « au plus<br />

juste », autrement dit sans<br />

guide ni porteur, <strong>com</strong>ptez de<br />

12­15 €/jour pour la nourriture<br />

et l’hébergement en lodge en<br />

dessous de Namche, et autour<br />

de 20­25 €/jour et par personne<br />

au­delà. À cela, il faudra bien<br />

évidemment ajouter les permis<br />

(voir page 30), et évidemment<br />

les vols internationaux, domestiques<br />

et/ou bus locaux pour<br />

l’approche.<br />

FAUT-IL PRENDRE LES VOLS INTÉRIEURS ?<br />

En mars 2016, une dizaine d’agences <strong>fr</strong>ançaises prend la décision de ne plus utiliser les vols<br />

intérieurs dans le pays, suite à deux crashes successifs, pour « ne plus exposer leurs clients<br />

à ce type de risque ». En réalité, c’est l’anticipation d’un contentieux assurantiel qui dicte ces<br />

décisions, toutes les <strong>com</strong>pagnies népalaises étant sur la liste noire des autorités aériennes<br />

européennes. Cet abandon des vols Katmandou­Lukla aura, économiquement, des conséquences<br />

lourdes, car il rend impossible les voyages de 15 jours, les treks démarrant alors de Phaplu avec<br />

8 jours de marche supplémentaires. Pour plus de sécurité ? Pas si sûr… car les routes népalaises<br />

demeurent tout aussi dangereuses que l’avion (de 1 800 à 5 500 morts par an pour 12 000 km de<br />

routes, contre 165 victimes en <strong>10</strong> ans pour l’aérien). Depuis, les agences ont fait machine arrière,<br />

rappelant une évidence : le risque zéro n’existera jamais. Au Népal encore plus qu’ailleurs.<br />

connaissance des lieux et de la montagne<br />

et leur physiologie adaptée aux efforts en<br />

altitude, représentaient des atouts indispensables<br />

à ces conquérants – qui ont<br />

malgré tout parfois du mal à les considérer<br />

<strong>com</strong>me des alpinistes à part entière.<br />

Aujourd’hui, même si les sherpas continuent<br />

de constituer une bonne part des<br />

équipes locales, plus particulièrement pour<br />

les expéditions d’alpinismes, c’est également<br />

avec des porteurs tamangs, rai, bhote,<br />

gurung… que l’on partagera ses journées.<br />

Comme toutes les populations des hautes<br />

vallées népalaises, les sherpas sont essentiellement<br />

bouddhistes, et cette culture<br />

colorée fait partie intégrante de la découverte<br />

du pays de l’Everest, les habitants ayant<br />

à cœur de la montrer : chaque jour vous<br />

trouverez sur votre chemin des pierres<br />

peintes en sanskri (les manis), des moulins<br />

à prières de toute taille et finement décorés,<br />

tous plus ingénieux les uns que les autres<br />

(de ceux qui nécessitent l’intervention hu -<br />

maine à ceux qui utilisent le courant de la<br />

rivière), des constructions à la forme typique<br />

(les stupas) et monastère. Respectez-les en<br />

abordant toujours les monuments religieux<br />

par la gauche et en tournant autour dans le<br />

sens des aiguilles d’une montre. Prévoyez<br />

un peu de temps pour visiter les monastères<br />

de Tengboche, Phortse ou Khunde, leur décor<br />

intérieur, mélange d’ancien et de moderne,<br />

vaut le détour. Et ramenez pour vos proches<br />

des rouleaux de drapeaux à prière, souvenir<br />

typique léger, pas cher et très en vogue chez<br />

les Occidentaux.<br />

32


n°425 Les plus beaux voyages n°426 Itinéraires d’exception<br />

n°427 Iran<br />

Il vous manque un numéro…<br />

Complétez votre collection de<br />

Grands Reportages<br />

n°428 Grands parcs américains n°429 Japon<br />

HORS-SÉRIE<br />

n°430 Italie+Pérou n°431 Europe<br />

n°432 Pays Nordiques<br />

HORS-SÉRIE<br />

n°433 Guide du voyageur n°434 Routes de la soie<br />

n°435 Un été à la montagne<br />

n°436 Bretagne<br />

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n°437 Terres Bouddhistes<br />

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CAMP DE BASE DE L’EVEREST<br />

L’HIMALAYA EN MAJESTÉ<br />

C’EST SANS AUCUN DOUTE L’UN DES ITINÉRAIRES LES PLUS<br />

POPULAIRES DE LA PLANÈTE. DE SON INCROYABLE BEAUTÉ, LE TOIT<br />

DU MONDE AIMANTE LE REGARD ET ATTISE LES CONVOITISES. AUX<br />

COURAGEUX QUI SE HISSENT JUSQU’AU CAMP DE BASE, À PLUS DE<br />

CINQ MILLE MÈTRES D’ALTITUDE, IL OFFRE EN RÉCOMPENSE SUPRÊME<br />

LE SPECTACLE DES PLUS BELLES MONTAGNES DE LA TERRE.<br />

BÉATRICE GRELAUD & JOCELYN CHAVY<br />

JOCELYN CHAVY (SAUF MENTION)<br />

SEUL OU AVEC<br />

UNE AGENCE ?<br />

Techniquement, tout est possible.<br />

Mais au­delà du prix final,<br />

si vous choisissez de voyager<br />

seul, sachez qu’en cas de souci<br />

(accident, indisposition, annulation<br />

des vols entre Lukla et<br />

Katmandou…), vous serez livrés<br />

à vous­mêmes et qu’étrangement,<br />

dans ces moments­là, les tarifs<br />

(secours, billet d’hélicoptère<br />

lorsque les avions ne volent<br />

plus…) deviennent tout à coup<br />

prohibitifs. Dans le même cas<br />

de figure, avec une bonne<br />

agence <strong>fr</strong>ançaise, vous n’aurez<br />

rien à gérer, et tout aussi étrangement,<br />

vous embarquerez<br />

dans le premier avion, éventuellement<br />

af<strong>fr</strong>été pour l’occasion,<br />

sans avoir à payer un centime<br />

de plus (expérience vécue). Le<br />

choix appartient à chacun, en<br />

fonction de son budget, de son<br />

expérience, de ses éventuelles<br />

appréhensions, du temps<br />

disponible, etc.<br />

Lukla, sept heures du matin. Sans transition,<br />

en moins d’une heure, on est littéralement<br />

catapulté de la chaude vallée de<br />

Katmandou à quelques kilomètres de<br />

l’Everest à vol d’oiseau – autant dire rien,<br />

<strong>com</strong>paré au trajet qu’effectua l’expédition<br />

de reconnaissance de Bill Tilman en 1950.<br />

La civilisation est là, malgré tout : agglomération<br />

de lodges et de magasins aussi<br />

achalandés qu’à Katmandou, Lukla est une<br />

fourmilière dédiée au business du tourisme.<br />

Différence de taille, l’absence totale de véhicules<br />

rend l’air bien plus respirable.<br />

Après une arrivée au petit matin, il faut<br />

<strong>com</strong>pter deux heures de marche, après le<br />

passage de la porte dédiée à Pasang Lamu,<br />

première Népalaise au sommet de l’Everest,<br />

pour atteindre Phakding, première étape<br />

possible après une descente vers les berges<br />

chaotiques de la Dudh Kosi. Les plus en forme<br />

pourront poursuivre jusqu’à Monjo, moyennant<br />

1 h 30 de marche supplémentaire.<br />

LA PORTE D’ENTRÉE DU KHUMBU<br />

Le chemin agréablement pavé grouille de<br />

porteurs et de convois de bêtes de somme<br />

qui « alimentent » le haut Khumbu en absolument<br />

tout : denrées alimentaires, pour<br />

certaines encore vivantes, matériaux de<br />

construction, bouteilles de gaz, équipement<br />

de la maison… Attention aux passages de<br />

pont : face au pouvoir de réflexion somme<br />

toute limité d’un yack, l’humain n’est jamais<br />

prioritaire. Pour éviter tout incident ; lorsque<br />

vous croisez une caravane de yacks ou de<br />

chevaux en chemin, montez sur le bord<br />

supérieur du sentier, versant amont (et surtout<br />

pas côté aval où vous risqueriez de<br />

OÙ DORMENT LES PORTEURS ?<br />

Parmi les évolutions observées au Khumbu durant cette dernière décennie, la « disparition »<br />

des porteurs en fin d’étape, regrettée par beaucoup, mérite explication. Dans la majorité des<br />

villages entre Namche et Lobuche, ont été construites des maisons destinées à loger et nourrir<br />

les porteurs embauchés par les expéditions. Le tourisme ayant fait exploser les prix des prestations<br />

de restauration et d’hébergement, il était devenu difficile, pour les porteurs, de se nourrir<br />

et même de se loger, l’accès aux chambres des lodges leur étant souvent interdit. Si cela leur<br />

« facilite » la vie, ils s’en trouvent néanmoins systématiquement isolés du groupe pour lequel<br />

ils travaillent. Un mal pour un bien ?<br />

34


Emblématique du trek<br />

vers le camp de base,<br />

l’Ama Dablam (6 812 m)<br />

est omniprésent durant<br />

la montée, avant l’arrivée<br />

sur le glacier du Khumbu.<br />

35


Au fil du sentier, entre<br />

sommets étincelants et<br />

chörtens couverts de<br />

drapeaux à prière.<br />

Ci­dessous : visite<br />

obligatoire à la gompa de<br />

Khumjung, qui abrite le<br />

fameux « scalp » du yeti.<br />

36


Des cieux azur où resplendissent les<br />

glaciers aux drapeaux colorés des gompas,<br />

on renoue avec la pureté des origines<br />

chuter en cas de bousculade impromptue).<br />

Monjo marque le point d’entrée dans le<br />

haut Khumbu, celui tout du moins où l’on<br />

paie l’indispensable permis d’entrée dans<br />

le Sagarmatha National Park. Après une<br />

courte montée, on atteint le Larja Bridge, le<br />

pont le plus spectaculaire de tout le<br />

Khumbu, immortalisé dans le film Everest,<br />

adaptation du récit Tragédie à l’Everest de<br />

Jon Krakauer, en 2015. Cette vertigineuse<br />

passerelle permet de <strong>fr</strong>anchir la Dudh Kosi<br />

une nouvelle fois pour atteindre, quelque<br />

six cents mètres plus haut, et au prix de<br />

nombreux lacets, la capitale du Khumbu :<br />

Namche Bazar.<br />

NAMCHE BAZAR, CAPITALE SHERPA<br />

Namche est le village emblématique du<br />

Khumbu, identifiable entre mille par ses<br />

maisons aux toits bleu et vert, disposés en<br />

fer à cheval dans un cirque naturel face à<br />

l’Ama Dablam (6 812 m) et le Thamserku<br />

(6 623 m). On ne manquera pas son marché,<br />

et c’est assurément un bon endroit pour<br />

passer au moins deux nuits d’acclimatation,<br />

en occupant ses journées à découvrir<br />

les villages de Khunde et Khumjung, situés<br />

sur un large plateau en amont de Namche.<br />

C’est à Khumjung, dans un petit monastère,<br />

que l’on peut « admirer » le célèbre<br />

« scalp » du yeti. Ce que l’on ne pourra s’empêcher<br />

de faire, quand bien même l’ADN<br />

dudit scalp a révélé depuis longtemps qu’il<br />

ne s’agissait en réalité… que d’une vulgaire<br />

peau de bique…<br />

LE MONASTÈRE DE TENGBOCHE<br />

Une fois quitté Namche, une longue traversée<br />

à flanc of<strong>fr</strong>e des vues époustouflantes sur<br />

l’Ama Dablam et, dès les premières plateformes<br />

aménagées le long du sentier, où<br />

trônent des stupas d’un blanc éclatant, sur<br />

l’Everest tant attendu, et la muraille impressionnante<br />

du Lhotse, quatrième sommet du<br />

globe (8 516 m) et pourtant éclipsé par la fascination<br />

exercée par son illustre voisin. Depuis<br />

Sanasa, le sentier principal descend abruptement<br />

jusqu’à la Dudh Kosi, qu’il <strong>fr</strong>anchit<br />

en un lieu nommé Phunki Tenga (3 250 m),<br />

où il fait bon boire un thé avant la pénible<br />

remontée jusqu’à Tengboche (3 860 m).<br />

Une demi-journée de marche suffit ainsi<br />

pour atteindre le monastère le plus important<br />

du Khumbu, qui accueille en quasipermanence<br />

une cinquantaine de lamas. Si<br />

vous choisissez de ne pas passer la nuit à<br />

Tengboche, mieux vaut vous arrêter à<br />

Pangboche (3 990 m) pour s’assurer une parfaite<br />

acclimatation – d’autant que ce charmant<br />

village face à l’Ama Dablam mérite<br />

d’y passer deux à trois heures à flâner au<br />

milieu des habitations. Dans tous les cas,<br />

le sentier principal du Khumbu traverse de<br />

nombreux villages, à quatre-vingts pour<br />

PRENEZ DE LA MARGE !<br />

Gardez en tête que les aléas<br />

climatiques peuvent bloquer les<br />

vols sur Lukla pendant plusieurs<br />

jours, obligeant parfois les<br />

trekkeurs sur le retour à marcher<br />

de Lukla à Phaplu pour emprunter<br />

la route (environ 2­3 jours).<br />

Au moment de réserver ses vols<br />

AR internationaux, pensez à<br />

prévoir 4 jours de marge entre<br />

la fin prévue du trek et le<br />

départ de Katmandou, pour<br />

s’éviter bien des moments de<br />

stress, susceptibles de gâcher<br />

quelque peu la fin du voyage…<br />

TÉLÉPHONE MAISON ?<br />

Au Khumbu, le portable (et<br />

les SMS) passe très bien jusqu’à<br />

Namche pour les opérateurs<br />

Orange et Bouygues Télé<strong>com</strong>.<br />

Peu de GSM dans le Haut­Khumbu,<br />

mais du Wi­Fi en revanche<br />

dans quasiment tous les<br />

lodges (moyennant <strong>10</strong>0<br />

à 500 NPR, soit 1 à 5 €,<br />

la demi­heure).<br />

PRÉVOYEZ<br />

DU LIQUIDE !<br />

Prévoyez suffisamment<br />

d’argent liquide pour le<br />

Khumbu car les retraits y sont<br />

<strong>com</strong>pliqués (un distributeur à<br />

Namche, lorsqu’il fonctionne…).<br />

Le change, en revanche, est<br />

facile partout. On trouve des<br />

distributeurs automatiques de<br />

billets à Katmandou (à l’entrée<br />

dans Thamel, notamment).<br />

LE LAC IMJA<br />

La rivière Imja, longée par le sentier d’accès au camp de base de l’Island Peak, l’un des plus<br />

accessible « 6 000 » de la planète, est naturellement barrée par une moraine née de la fonte<br />

accélérée des glaciers qui ont façonné la vallée. La magnificence de cette étendue laiteuse au<br />

pied des falaises glacées des « ice flutes » trompe le trekkeur : cette moraine menace de céder<br />

à mesure que le lac gagne en volume. Ses eaux menaçant toute la vallée du Haut­Khumbu, des<br />

travaux de drainage ont été entrepris pour en abaisser le niveau. Chantier titanesque rendu<br />

possible par l’implication des autorités locales sur influence de la <strong>com</strong>munauté montagnarde.<br />

37


Nuages d’après­midi.<br />

Un dévoilement.<br />

Ici, les montagnes sont<br />

au­dessus des cieux.<br />

38


Convoités pour leur esthétique pure<br />

ou leurs arêtes vertigineuses, les sommets<br />

sont l’incarnation d’une essence divine<br />

39


Ci­dessus : un petit lodge<br />

traditionnel, à Namche Bazar.<br />

Le peuple sherpa, installé<br />

dans les vallées du Khumbu,<br />

est pratiquant du<br />

bouddhisme tibétain.<br />

Après une journée sur le sentier, on<br />

s’abandonne devant une tasse de thé,<br />

dans la douce chaleur du lodge<br />

Page de droite en haut :<br />

Sur le chemin qui mène<br />

à la gompa de Tengboche,<br />

peu après Namche Bazar,<br />

apparaît soudain l’Everest,<br />

salué par les chörtens qui<br />

longent ce chemin vers<br />

le ciel. © Anthony Nicolazzi<br />

CHARGER<br />

SES BATTERIES ?<br />

Il est possible de recharger ses<br />

batteries d’appareil photo et de<br />

téléphone portable dans tous<br />

les lodges, pour un tarif qui<br />

s’élève avec l’altitude. Comptez<br />

200 NPR (soit environ 2 €)<br />

au niveau de Lukla, et jusqu’à<br />

1 000 NPR (soit <strong>10</strong> €) dans<br />

les lodges d’altitude.<br />

cent constitués de lodges, ce qui permet<br />

d’adapter les étapes à votre acclimatation<br />

et à vos envies. On marche rarement plus<br />

d’une heure sans rencontrer un lodge, pour<br />

boire un thé, une bière (une Everest, forcément)<br />

ou y passer la nuit.<br />

GLACIER GÉANT<br />

Depuis Pangboche, le sentier monte tranquillement<br />

jusqu’à Pheriche en longeant<br />

l’impressionnante et très esthétique falaise<br />

du Taboche (6 542 m). C’est au niveau de<br />

Pheriche que l’on laisse, à main droite, la<br />

vallée de l’Imja Khola, la face sud du Lhotse,<br />

le lac Imja et le Baruntse (variante re<strong>com</strong>mandée)<br />

pour se glisser, le long de la<br />

Lobuche Khola, dans l’ultime vallée de ce<br />

trek vers le camp de base. En amont de<br />

Pheriche, le sentier monte doucement vers<br />

Dughla (ou Thokla, 4 620 m), avant de s’attaquer<br />

à la moraine <strong>fr</strong>ontale du glacier du<br />

Khumbu, porte d’entrée d’un univers de<br />

très haute montagne.<br />

Au sommet de la moraine, alors qu’on ne<br />

distingue encore de la langue du glacier<br />

géant qu’un enchevêtrement chaotique de<br />

pierraille d’où émergent çà et là quelques<br />

lacs d’une eau laiteuse, on découvre le<br />

mémorial érigé à la mémoire des victimes<br />

de l’Everest, encore à bout de souffle, et soudain<br />

con<strong>fr</strong>onté à « l’envers du décor » du<br />

mythe Everest. Dans un lieu d’une intense<br />

beauté, entre la pyramide parfaite du Pumori<br />

(7 161 m), dans le fond, et l’impressionnant<br />

Nuptse (7 861 m) à droite, on est soudain<br />

rattrapé par la puissance des lieux, incarnée<br />

par les cairns, stupas, plaques <strong>com</strong>mémoratives<br />

qui égrènent à l’infini les patronymes,<br />

40


connus ou anonymes, de ceux dont le<br />

chemin s’est arrêté ici.<br />

On rattrape, en rive droite du glacier, le<br />

chemin qui provient du Cho La (voir page 47)<br />

et qui longe la moraine jusqu’à Lobuche<br />

(4 930 m). Dormir ici vous permet d’explorer<br />

les environs du hameau en grimpant sur la<br />

moraine qui le domine, pour admirer le<br />

panorama grandiose et l’immense langue<br />

glaciaire venue tout droit du sommet de<br />

l’Everest dont les séracs bleus semblent<br />

presque accessibles. Déjà, en amont, on<br />

devine Gorak Shep (5 150 m), coin de gazon<br />

contrastant avec cet univers glaciaire de<br />

haute montagne, et la « taupinière » du Kala<br />

Pattar, en arrière-plan.<br />

LA CASCADE DE GLACE<br />

Gorak Shep, point habité le plus haut du<br />

Népal, est en effet le point de départ vers<br />

la « colline noire » du Kala Pattar, qui of<strong>fr</strong>e<br />

le plus beau point de vue sur le massif de<br />

l’Everest et les séracs gargantuesques de sa<br />

fameuse Ice Fall, dont l’ampleur modifie<br />

considérablement les référentiels. Le panorama<br />

embrasse les sommets du Khumbu,<br />

Omniprésents au Khumbu, les yacks assurent le ravitaillement<br />

de tous les villages de la vallée, inaccessible aux véhicules.<br />

41


TROUVER DES<br />

PORTEURS ?<br />

Si vous décidez d’organiser<br />

vous­même votre trek sans<br />

pour autant tout porter, vous<br />

avez la possibilité d’embaucher<br />

un ou plusieurs porteurs pour<br />

vous ac<strong>com</strong>pagner. Soit en<br />

passant par une agence locale<br />

parmi les centaines de Thamel,<br />

soit directement à l’arrivée à<br />

Lukla ou Phaplu, où les porteurs<br />

proposent leur service à<br />

la descente de l’avion. Les<br />

guides mandatés par les<br />

agences locales choisissent<br />

d’ailleurs souvent leur<br />

équipe à ce moment­là.<br />

DES LODGES PARTOUT !<br />

Le potentiel touristique<br />

du Khumbu en fait la région<br />

du Népal la plus équipée en<br />

lodges et services en tout<br />

genre. Aucune difficulté, donc,<br />

pour trouver un lit en dur dans<br />

chacun des villages traversés.<br />

Ils sont même désormais quasiment<br />

tous équipés de couvertures.<br />

Attention cependant aux<br />

hautes saisons (octobre et mai),<br />

où les places peuvent s’avérer<br />

plus chères. Camper reste<br />

possible, à condition de<br />

pouvoir porter (ou faire porter)<br />

sa tente. Sauf programme<br />

spécifique, aucune agence<br />

n’organise plus de treks au<br />

Khumbu sous tente, ou alors<br />

uniquement dans celles prévues<br />

par les lodges pour faire face<br />

à l’affluence.<br />

du Pumori à l’Ama Dablam. Bien que sa base<br />

soit masquée par le Nuptse, la face sudouest<br />

de l’Everest est bien visible, de même<br />

que le col Sud, emplacement du dernier<br />

camp de la voie d’ascension népalaise. Le<br />

col Sud sépare l’Everest (à gauche) de la crête<br />

de rochers sombres du Lhotse, à droite. Si,<br />

chaque matin, une ribambelle de lampes<br />

<strong>fr</strong>ontales s’étire en direction du Kala Pattar,<br />

l’idéal est d’y monter dans le courant de<br />

l’après-midi, si le temps le permet, pour<br />

assister au coucher du soleil là-haut (prévoir<br />

alors la <strong>fr</strong>ontale pour redescendre). Pour<br />

la plupart des candidats à l’Everest Base<br />

Camp, le voyage s’achève au Kala Pattar. Le<br />

camp de base proprement dit, à quatre ou<br />

cinq heures aller-retour de Gorak Shep, n’est<br />

pas <strong>fr</strong>anchement inoubliable, sauf peut-être<br />

au printemps, quand les lieux se transforment<br />

en village de tentes.<br />

POURQUOI REDESCENDRE ?<br />

Une fois acclimaté, la descente vers Namche<br />

Bazar et Lukla, par le même chemin s’apparente<br />

à une longue dégringolade avalée<br />

en quatre jours pour les plus vaillants. Mais<br />

pour tout randonneur normalement<br />

constitué, un aller-retour a toujours un<br />

arrière-goût de <strong>fr</strong>ustration. Pourquoi redescendre<br />

? Et pourquoi, surtout, redescendre si<br />

vite ? Les variantes et extensions possibles<br />

(Chhukhung, Island Peak, Gokyo, haute<br />

route…) <strong>com</strong>posent en effet un Khumbu « à<br />

tiroir » dont, avec un minimum de forme<br />

physique et d’exigence, on aura intérêt à<br />

profiter sans retenue. Si, pour le <strong>com</strong>mun<br />

des mortels, aller jusqu’au camp de base de<br />

l’Everest s’apparente à un aboutissement,<br />

ce trek d’exception, pour ceux qui ont eu la<br />

chance de la parcourir, est bien souvent…<br />

le début d’une très longue histoire.<br />

Nang, Tibétain de Tingri,<br />

rencontré à Namche. Les<br />

liens avec le Tibet demeurent<br />

toujours très forts, malgré la<br />

surveillance du col du Nangpa<br />

La par les autorités chinoises.<br />

KALA PATTAR OU CAMP DE BASE ?<br />

Pour le trekkeur en partance vers l’Everest, atteindre son mythique camp de base représente<br />

sans doute l’objectif final. Pourtant, mis à part d’immenses séracs et éventuellement une<br />

foultitude de tentes (au printemps seulement), vous n’y apercevrez qu’une infime partie<br />

des montagnes alentour et en aucun cas le sommet. Dès lors, la plupart des trekkeurs optent<br />

plutôt pour l’ascension du Kala Pattar (5 550 m), dominant toute la vallée et dispensant une<br />

vue époustouflante sur toute la chaîne. Le sommet du Toit du monde y apparaît presque<br />

secondaire tant l’ensemble est grandiose. Des regrets ? Montez au Kala Pattar pour le<br />

coucher du soleil, et réservez le matin suivant pour le camp de base, avant de redescendre.<br />

42


NOTRE ITINÉRAIRE - 12 JOURS<br />

LE CAMP DE BASE DE L’EVEREST<br />

Réalisable au départ de l’aérodrome de Lukla,<br />

en 11­12 jours environ en <strong>com</strong>ptant les journées<br />

d’acclimatation à l’altitude (deux jours<br />

environ), le trek vers le camp de base de<br />

l’Everest est l’un des itinéraires les plus grandioses<br />

de la planète.<br />

ÉTAPE 1 / LUKLA – MONJO<br />

4 h 30 / +150 m / ­300 m<br />

Depuis Lukla (2 840 m), le sentier très aménagé<br />

descend doucement jusqu’à la rivière, la<br />

Dudh Khosi, que l’on <strong>fr</strong>anchit au niveau de<br />

Phakding (2 8<strong>10</strong> m) village qui peut également<br />

servir d’étape. La route vers Monjo (2 840 m)<br />

monte ensuite doucement.<br />

ÉTAPE 2 / MONJO – NAMCHE BAZAR<br />

4 h / +700 m / ­150 m<br />

Juste après Monjo (2 840 m), une portion assez<br />

raide dans la forêt permet d’apercevoir le<br />

sommet de l’Everest. Au milieu du trajet, le<br />

sentier <strong>fr</strong>anchit de nouveau la rivière sur une<br />

haute passerelle toute neuve, avant de poursuivre<br />

en lacets, sa montée jusqu’à Namche<br />

(3 440 m).<br />

ÉTAPE 3 / NAMCHE – TENGBOCHE<br />

4 h 30 / +600 m / ­400 m<br />

Après une première journée d’acclimatation,<br />

en général effectuée à Manche, on repart en<br />

balcon jusqu’à Sanasa, puis descente raide<br />

jusqu’à Phunki Tenga (3 250 m), remontée en<br />

lacets jusqu’à Tengboche (3 860 m). Visite du<br />

monastère.<br />

ÉTAPE 4 / TENGBOCHE – PHERICHE<br />

6 h / +550 m / ­150 m<br />

Courte descente pour traverser une passerelle<br />

métallique sur l’Imja Khola, avant de remonter<br />

sur Pangboche (3 990 m) en rive droite, et d’atteindre<br />

Pheriche (4 240 m) ou Dingboche<br />

(4 300 m) si l’on envisage la variante de<br />

Chhukhung ou le passage du Kongma La<br />

(5 535 m). Une journée en aller­retour jusque<br />

Chhunkhung le lendemain est d’ailleurs une<br />

excellente idée pour favoriser l’acclimatation.<br />

ÉTAPE 5 / PHERICHE – LOBUCHE<br />

5 h 30 / +530 m<br />

En quittant le village, le sentier monte le long<br />

de la crête pour conduire à Dughla (4 620 m)<br />

au pied de la moraine du glacier du Khumbu.<br />

Gravir cette moraine pour atteindre l’émouvant<br />

mémorial de Chukpi Lhara, dédié aux<br />

(innombrables) grimpeurs morts sur le Toit du<br />

monde, puis, une heure plus tard, le hameau<br />

de Lobuche (4 9<strong>10</strong> m).<br />

ÉTAPE 6 / LOBUCHE – GORAK SHEP<br />

(+ ASCENSION DU KALA PATTAR)<br />

1 h 30 / +250 m<br />

(3 h AR / +500 m / ­500 m pour le Kala Pattar)<br />

Sentier d’abord facile puis pénible au milieu<br />

des éboulis morainiques du Khangri Glacier.<br />

Arrivée à Gorak Shep (5 160 m), puis montée<br />

au Kala Pattar (5 643 m) dans l’après­midi.<br />

ÉTAPE 7 / GORAK SHEP – DINGBOCHE<br />

4 h / ­750 m<br />

Avant le retour sur Dingboche, possibilité<br />

d’effectuer l’aller­retour jusqu’au camp de base<br />

(4 h AR / +200 m / ­200 m). Descente classique<br />

jusqu’à Dughla, avant de bifurquer vers la<br />

gauche, pour suivre le plateau herbeux qui<br />

mène sur les hauteurs de Dingboche (4 440 m).<br />

ÉTAPE 8 À <strong>10</strong><br />

Retour vers Namche Bazar et Lukla par le<br />

chemin suivi à l’aller.<br />

VARIANTE 1<br />

L’OPTION « RIVE DROITE » PAR PHORTSE<br />

Au retour, en arrivant sur Pangboche, plutôt<br />

qu’un retour par le chemin suivi à l’aller par<br />

le monastère de Tengboche, vous pouvez opter<br />

pour l’option « rive droite » qui vous conduira<br />

dans le village « oublié du tourisme » de<br />

Phortse (3 8<strong>10</strong> m, 2 h 30, +150 m, ­250 m,<br />

étape possible). Le lendemain, on rentrera sur<br />

Namche (4 h 30, +200 m, ­550 m) en traversant<br />

la Dudh Koshi avant de remonter jusqu’au<br />

col du Mong La (3 985 m), pour rattraper le<br />

sentier principal au niveau de Sanasa.<br />

VARIANTE 2<br />

LE TREK DU CAMP DE BASE EN BOUCLE,<br />

PAR LES LACS DE GOKYO<br />

Sans opter pour l’itinéraire de la haute route<br />

intégrale, la variante de Gokyo vous permet<br />

de sortir de l’itinéraire classique et de réaliser<br />

une boucle, plutôt qu’un aller­retour. Dans le<br />

sens de la montée, <strong>com</strong>pter 3 jours depuis<br />

Namche Bazar pour rejoindre Gokyo, en faisant<br />

étape à Dhole (4 <strong>10</strong>0 m, 6 h, +1 200 m,<br />

­700 m), et éventuellement à Machhermo<br />

(3 h, +400 m, ­50 m). Le troisième jour, on<br />

rejoint Gokyo (4 800 m, 2 h, +350 m) et on<br />

profite de l’après­midi pour monter au point<br />

de vue du Gokyo Ri (5 450 m, 3 h AR, +650 m,<br />

­650 m) pour y contempler le coucher du soleil.<br />

Depuis Gokyo, on rejoint l’itinéraire classique<br />

du camp de base en empruntant le Cho La<br />

(5 420 m), par l’itinéraire de la haute route<br />

(voir page 44).<br />

EXTENSION<br />

CHHUKHUNG ET LE CAMP DE BASE<br />

DE L’ISLAND PEAK<br />

Depuis Dingboche, au retour ou à la montée<br />

pour favoriser votre acclimatation, vous pouvez<br />

prévoir de passer deux ou trois jours dans la<br />

vallée de l’Imja khola, vers Chhukhung (2 h,<br />

+350 m) et l’Island Peak.<br />

→ Chhukhung Ri (5 560 m)<br />

4 h AR / +800 m / ­800 m<br />

Un point de vue exceptionnel sur le Makalu,<br />

le Baruntse, le Lhotse Char et l’Ama Dablam.<br />

Sentier évident en amont des refuges. À faire<br />

au coucher du soleil ; la redescente à la <strong>fr</strong>ontale<br />

se fait facilement.<br />

→ Lac Imja et camp de base<br />

de l’Island Peak (5 050 m)<br />

5 h / + 400 m / ­400 m<br />

Le sentier pour monter au lac Imja (voir<br />

page 37) traverse les moraines naturelles qui<br />

bloquent le cours d’eau. Arrivé au niveau du<br />

camp de base de l’Island Peak, en rive droite<br />

du lac, la vue est imprenable sur les ice flutes<br />

dominant le lac aux eaux turquoise.<br />

43


HAUTE ROUTE DU KHUMBU<br />

L’EVEREST AUGMENTÉ<br />

SOUS L’APPELLATION « HAUTE ROUTE », PARFOIS « HAUTS COLS », SE<br />

CACHE SANS AMBIGUÏTÉ LA PLUS BELLE BOUCLE QUE L’ON PUISSE RÉALISER<br />

DANS LES VALLÉES DU KHUMBU. AVEC DES PASSAGES PANORAMIQUES PAR<br />

DES COLS DE HAUTE ALTITUDE ET DES POINTS DE VUE INÉDITS SUR LES<br />

GÉANTS HIMALAYENS OU LES LACS AZUR DU TOIT DU MONDE.<br />

BÉATRICE GRELAUD & JOCELYN CHAVY<br />

JOCELYN CHAVY<br />

Page de droite : le Gyanchung<br />

Kang, un « presque 8 000 »,<br />

avec 7 952 m, situé dans<br />

la haute vallée de Gokyo,<br />

rarement parcourue.<br />

ATTENTION AU<br />

MAL DES MONTAGNES !<br />

Sans en faire une obsession,<br />

ni une anxiété permanente,<br />

le mal aigu des montagnes<br />

(MAM) est le principal danger<br />

pour le trekkeur, et nécessite<br />

d’être appréhendé en parfaite<br />

connaissance de cause (et<br />

d’effets) pour mieux le gérer.<br />

Le MAM, lié à une mauvaise<br />

acclimatation à l’altitude,<br />

apparaît généralement audessus<br />

de 3 500 m, parfois<br />

à des altitudes inférieures,<br />

et peut causer la mort en<br />

quelques heures. N’hésitez<br />

pas à vous référer à notre<br />

dossier <strong>com</strong>plet, disponible<br />

à tout instant en ligne :<br />

bit.ly/mal­aigu­montagnes<br />

La haute route de l’Everest est une boucle.<br />

En <strong>com</strong>paraison avec le « bête » aller-retour<br />

de l’itinéraire classique vers le camp de<br />

base, l’information a de quoi faire dresser<br />

l’oreille, rien n’étant plus désagréable que<br />

de revenir sur ses pas (sensation en partie<br />

psychologique car on redécouvre souvent les<br />

lieux avec un regard différent). La haute route<br />

est une boucle donc, qui passe, elle aussi, par<br />

le camp de base de l’Everest, mais qui « augmente<br />

» l’itinéraire principal par deux, voire<br />

trois cols à plus de 5 000 mètres d’altitude.<br />

Un challenge sportif supplémentaire par<br />

conséquent, mais également un gage de vues<br />

époustouflantes sur les sommets les plus<br />

emblématiques de l’Himalaya. Le tout en une<br />

vingtaine de jours, soit une semaine de plus<br />

que l’itinéraire classique environ.<br />

TOURISME<br />

L’EMPREINTE DE SONAM SHERPA<br />

PANORAMIQUE…<br />

Ce trek des « hauts cols du Khumbu », tel<br />

qu’on l’intitule parfois, débute par le trek<br />

classique vers le Kala Pattar avant un<br />

enchaînement de cols qui nous mènera,<br />

d’est en ouest, de vallée en vallée : le Cho<br />

La (5 420 m), tout d’abord, pour atteindre la<br />

vallée de Gokyo, le Renjo La (5 360 m),<br />

ensuite, pour basculer dans la vallée de la<br />

Bhote Khosi et revenir par Thame. À ces<br />

deux passages d’altitude, on ajoute parfois<br />

un troisième, en début de parcours, le<br />

Kongma La (5 535 m), qui relie Chhukhung<br />

et Lobuche. Aucune règle ne régit le sens<br />

de l’itinéraire, si ce n’est éventuellement<br />

une logique d’acclimatation. Cette haute<br />

route sera ici décrite dans le sens inverse<br />

des aiguilles d’une montre, la période<br />

Directeur de l’agence Thamserku, la plus importante du Népal, Sonam Sherpa est un personnage<br />

influent du tourisme d’aventure au Khumbu et dans le pays. Son expérience, mais également<br />

ses multiples voyages à l’étranger, lui confèrent un regard précurseur sur l’évolution du<br />

tourisme dans la région. Alors qu’au Népal prédominent les hébergements rustiques à des tarifs<br />

modiques, Sonam Sherpa voit davantage l’avenir dans les modèles occidentaux ou de l’A<strong>fr</strong>ique<br />

de l’Est, avec des hébergements haut de gamme, à l’instar de ceux qu’il développe au Népal<br />

avec les Yeti Mountain Home. Celui qui avait prédit avant tout le monde l’obsolescence des<br />

treks sous tente au Khumbu table aujourd’hui sur le développement des hébergements confortables<br />

dans le pays. La fin annoncée d’un Népal à <strong>10</strong> € par jour ?<br />

44


45


Sur les rives du lac émeraude<br />

de Goyko, lors de la montée<br />

au point de vue du Gokyo Ri<br />

(5 357 m). Dès le lendemain,<br />

il faudra <strong>fr</strong>anchir le Renjo La<br />

(5 360 m, au fond), l’ultime<br />

col de la haute route.<br />

Plus encore que sur l’itinéraire principal,<br />

la haute route collectionne vallées sauvages<br />

et panoramas d’envergure<br />

ACHETER SON<br />

MATÉRIEL SUR PLACE ?<br />

Si, dans le quartier de Thamel<br />

à Katmandou <strong>com</strong>me à Namche<br />

Bazar, de nombreuses échoppes<br />

proposent du matériel de<br />

randonnée et de montagne à<br />

des prix défiant toute concurrence,<br />

il s’agit essentiellement<br />

de contrefaçons de qualité<br />

médiocre (sauf quelques<br />

magasins officiels et quelques<br />

articles d’occasion). À n’acquérir<br />

qu’en dépannage, donc, sauf<br />

pour les fourrures polaires,<br />

les tee­shirts (tous en cotons),<br />

foulards type Buff, chapeaux<br />

et autres petits accessoires<br />

« couleur locale ».<br />

d’acclimatation étant plus simple à gérer<br />

en attaquant par l’est, avec des possibilités<br />

de variantes plus larges favorisant une<br />

montée en altitude et une acclimatation<br />

raisonnables.<br />

Le tour <strong>com</strong>mence par l’itinéraire classique<br />

jusque Dingboche où ceux qui auront choisi<br />

de <strong>fr</strong>anchir le premier col, le Kongma La,<br />

délaisseront temporairement la vallée de<br />

l’Everest proprement dite, pour se diriger,<br />

plein est, vers le hameau excentré de<br />

Chhukhung. Comparé à l’agitation qui règne<br />

dans les villages depuis Lukla, Chhukhung<br />

est d’un calme olympien. Situé sous la<br />

monumentale face sud du Lhotse, c’est un<br />

endroit idéal pour s’acclimater, avec des<br />

balades à la journée magnifiques, du lac<br />

Imja au Chhukhung Ri (voir encadrés).<br />

LE KONGMA LA<br />

La montée au Kongma La (5 535 m) est rude.<br />

À cette altitude, s’élever de huit cents mètres<br />

n’a rien d’anodin, et c’est généralement à<br />

la <strong>fr</strong>ontale que l’on entame cette longue<br />

déambulation entre pierriers et alpages<br />

pour arriver, en milieu de matinée, en vue<br />

du splendide lac glaciaire qui annonce le<br />

col. La vue époustouflante sur les impressionnants<br />

Taboche et Cholatse Peak ré<strong>com</strong>pense<br />

largement l’effort douloureusement<br />

fourni. Pour rejoindre Lobuche, se dresse<br />

un ultime écueil, de taille : le glacier du<br />

Khumbu. Le traverser n’est pas une mince<br />

affaire après la longue journée. Sur ce « sentier<br />

» en mouvement permanent, on suivra<br />

tant bien que mal les cairns mis en place<br />

par les équipes précédentes, louvoyant sur<br />

46


la moraine qui recouvre la glace, entre les<br />

lacs qui émaillent le monstre.<br />

LE CHO LA ET LES LACS DE GOKYO<br />

À Lobuche, on retrouve le gros des troupes,<br />

et l’itinéraire principal. L’aller-retour vers<br />

Gorak Shep et le Kala Pattar (voir « camp<br />

de base de l’Everest », page 34) est une<br />

quasi-formalité après l’épreuve du Kongma<br />

La. Au retour, au niveau de Dughla, on abandonne<br />

à nouveau le sentier qui file vers<br />

Namche, pour bifurquer sur la droite en<br />

direction des lacs de Gokyo. Le sentier<br />

s’élève doucement sous les faces nord et<br />

est du Taboche et du Cholatse dont les austères<br />

pentes de glace contrastent avec les<br />

paisibles alpages de Dzonglha (4 800 m).<br />

Entre moraines et falaises, on atteint un<br />

premier col avant de prendre pied sur le<br />

glacier, dont la traversée mène au Cho La<br />

(5 420 m). Une première descente raide dans<br />

un pierrier instable conduit à un replat herbeux<br />

puis une seconde plus douce suit un<br />

vallon ombragé jusqu’à la vallée de Gokyo.<br />

Au terme de cette étape, longue, avec<br />

quelques passages qui nécessitent un<br />

Ci­dessus, l’Everest (à gauche) et le Lhotse<br />

(à droite), respectivement premier et quatrième<br />

sommets du globe, ici vus depuis Kongde.<br />

En haut, la gompa de Thame, village « oublié »<br />

des trekkeurs, à la conclusion de la haute route.<br />

47


Depuis le point de vue<br />

du Gokyo Ri, la vue s’étend<br />

sur le lac de Gokyo, joyau<br />

du haut Khumbu, et la<br />

silhouette immanquable<br />

du Cholatse (6 440 m).<br />

48


On découvre le lodge, aux marges du glacier,<br />

avant d’aller savourer les lumières du soir<br />

sur les eaux turquoise du lac<br />

49


50


Des monastères jusqu’aux hauts cols,<br />

le vent des montagnes porte la litanie<br />

des mantras au plus près des dieux,<br />

vers les hautes sphères du Toit du monde<br />

minimum de vigilance (on l’évitera d’ailleurs<br />

en cas de mauvaise visibilité ou de<br />

neige), il est prudent de passer la nuit à<br />

Dragnak (4 700 m), afin de récupérer de l’effort<br />

et de <strong>fr</strong>anchir le glacier de Ngozumpa<br />

à la <strong>fr</strong>aîche, le lendemain matin. Cela permettra<br />

en outre de monter au point de vue<br />

du Gokyo Ri (5 357 m) en début d’après-midi<br />

pour y profiter du coucher du soleil. Le<br />

brouillard peut parfois investir les lieux,<br />

vigilance de mise, que ce soit pour <strong>fr</strong>anchir<br />

les débris glaciaires ou pour descendre du<br />

belvédère. Avec une ou deux journées supplémentaires,<br />

ne pas hésiter à explorer la<br />

magnifique vallée de Ngozumpa et marcher<br />

jusqu’au cinquième lac, le Ngozumpa Tso,<br />

pur joyau aux eaux bleues, cerné par un<br />

fantastique ensemble de très hautes montagnes.<br />

Depuis la moraine, la vue sur<br />

l’Everest est l’une des meilleures du<br />

Khumbu. On distingue ainsi l’arête nord de<br />

la tentative d’ascension historique (peutêtre<br />

réussie) des Anglais Mallory et Irvine,<br />

en 1924 et le col Sud, le plus haut « camp »<br />

du monde, qui sépare l’Everest du Lhotse.<br />

RENJO LA, LE DERNIER COL<br />

En cas de coup de fatigue, il sera toujours<br />

possible de redescendre directement dans<br />

la vallée, et de rejoindre Namche. Mais<br />

l’acclimatation, désormais parfaite, aura tôt<br />

fait de vous convaincre de poursuivre en<br />

direction de l’ultime col du périple, le Renjo<br />

La (5 360 m), qui conduit dans la dernière<br />

grande vallée du Khumbu, celle de la Bhote<br />

Koshi. Troisième passage clé de cette haute<br />

route de l’Everest, le Renjo La nécessite lui<br />

aussi de bonnes conditions climatiques (pas<br />

de chutes de neige récentes) pour être<br />

<strong>fr</strong>anchi sans en<strong>com</strong>bre. Laissant le dôme<br />

herbeux du Gokyo Ri à droite, le sentier du<br />

Renjo La mène dans un vallon suspendu<br />

sous le col haut perché. Trop exposée, l’ancienne<br />

sente qui remontait directement au<br />

col a été abandonnée au profit d’un long<br />

détour au milieu de dalles de rochers<br />

(cairns). Le panorama qui se dévoile depuis<br />

le col vaut tous les efforts : de gauche à<br />

droite on distingue le Gyachung Kang, le<br />

Pumori, l’Everest, le Nuptse, le Lhotse, et le<br />

Makalu. Sans oublier le Cholatse au premier<br />

plan. L’Everest paraît d’ici vraiment<br />

dominer tous les autres. Le sentier qui descend<br />

vers la vallée de la rivière Bhote a été<br />

réaménagé, avec de belles marches de<br />

pierre. La longue, très longue descente s’en<br />

trouve considérablement sécurisée, jusqu’à<br />

déboucher sur les murets de Lungden où<br />

sont situés quelques lodges bienvenus. Une<br />

fois rejoint le fond de la vallée, Marulung<br />

L’HÉRITAGE HILLARY<br />

Le vainqueur de l’Everest, au­delà de sa passion pour l’alpinisme, est resté toute sa vie très<br />

attaché au pays des Sherpas. Il monta plusieurs projets humanitaires destinés essentiellement<br />

au développement des soins et de l’éducation. La première école du village de Khumjung, audessus<br />

de Namche Bazar, porte son nom. Il a également participé à la construction de l’hôpital<br />

de Khunde et de l’aéroport de Lukla, nécessaire à l’acheminement des matériaux nécessaires à<br />

ses projets. Défenseur de l’environnement, il a encouragé le gouvernement du Népal à créer la<br />

zone protégée du Sagarmatha National Park, et a participé à son reboisement.<br />

En haut, les drapeaux<br />

à prières claquent au vent<br />

lors du passage du Cho La<br />

(5 420 m), sur l’itinéraire<br />

menant vers Gokyo.<br />

En bas, les gardiens<br />

du temple, à l’entrée du<br />

monastère de Tengboche,<br />

sur l’itinéraire de montée<br />

vers le camp de base.<br />

À LIRE<br />

GUIDES<br />

→ <strong>Trek</strong>king around Everest, par<br />

Bob Gibbons and Siân Pritchard­<br />

Jones, Himalayan Map House,<br />

2014. Une valeur sûre, dans une<br />

excellente collection devenue<br />

une référence. En anglais.<br />

→ <strong>Trek</strong>king in the Everest<br />

Region, par Jamie McGuinness,<br />

Trailblazer Editions, 5 e édition<br />

20<strong>09</strong> (en anglais). Très bon<br />

également, mais mériterait<br />

d’être mis à jour.<br />

CARTES<br />

Everest Base Camp & Gokyo,<br />

Three Passes : la carte au<br />

1:50 000 éditée par Himalayan<br />

Map House. Ou les nombreuses<br />

autres cartes népalaises, désormais<br />

fiables, que l’on trouve<br />

partout dans les boutiques de<br />

Thamel à Katmandou. Vérifiez<br />

les dates de dernière mise à<br />

jour, car les choses évoluent<br />

constamment.<br />

LITTÉRATURE<br />

→ Tragédie à l’Everest (Into<br />

Thin Air), de Jon Krakauer : pour<br />

tenter de <strong>com</strong>prendre quelque<br />

chose à la folie de l’Everest, et<br />

au drame de 1996 où périrent<br />

de nombreux « huit­millistes ».<br />

Adapté au cinéma en 2015<br />

(Everest, de Baltasar Kormákur).<br />

→ Tenzing, Sur le toit du<br />

monde avec Edmund Hillary,<br />

par Christian Clot : en bande<br />

dessinée, un autre point de<br />

vue sur la relation entre<br />

Occidentaux et Sherpas. Glénat.<br />

→ Le Sommet des Dieux, de<br />

Jirō Taniguchi : cet incontournable<br />

manga en cinq tomes<br />

relate les aventures d’un<br />

photographe japonais en<br />

Himalaya avec un souci du<br />

détail qui <strong>fr</strong>ise la perfection.<br />

Un must have, surtout si vous<br />

n’aim(i)ez pas les mangas.<br />

51


ÉQUIPEMENT :<br />

ATTENTION AU FROID !<br />

Qu’on se le tienne pour dit :<br />

il fait (très) <strong>fr</strong>oid dans la vallée<br />

de l’Everest ! Bien plus, à titre<br />

de <strong>com</strong>paraison, que dans les<br />

Annapurna, ou qu’au Ladakh à<br />

altitude équivalente. On veillera<br />

donc à être parfaitement équipé,<br />

à <strong>com</strong>mencer par un sac de<br />

couchage autour de ­<strong>10</strong> °C<br />

confort, idéalement (même<br />

si on dort en lodge, sans chauffage).<br />

Emportez également une<br />

grosse doudoune, appréciable<br />

le soir et les matins lors des<br />

départs à la <strong>fr</strong>ontale, ainsi que<br />

des gants chauds, un bonnet,<br />

et l’équipement classique des<br />

randonnées en (haute) montagne.<br />

À noter : autant que possible,<br />

prenez ce matériel en bagage<br />

à main dans l’avion, pour éviter<br />

qu’une perte de bagage ne<br />

<strong>com</strong>promette votre trek. Pour<br />

<strong>com</strong>poser votre paquetage,<br />

aidez­vous de notre check­list :<br />

bit.ly/check­list­trek<br />

Dans le village de Thame, un<br />

marchand tibétain, venu de la<br />

région de Tingri, par le col de<br />

Nangpa La, tout proche.<br />

TREKKING PEAKS<br />

GRAVIR UN SOMMET ?<br />

Outre l’ascension de l’Island Peak (voir ci­contre), d’autres sommets sont envisageables<br />

pour les alpinistes expérimentés et/ou les trekkeurs encadrés. Dans l’ordre de difficulté :<br />

→ Mera Peak (6 476 m) : l’autre « classique » du secteur, peu difficile, mais avec une altitude<br />

élevée et une situation excentrée, dans une vallée à l’est de Lukla. Permis d’ascension obligatoire.<br />

→ Pokalde (5 806 m) : un très beau belvédère, au­dessus du Kongma La. Possibilité<br />

de bivouaquer au bord du lac la nuit précédant l’ascension. Pas de permis requis.<br />

→ Lobuche East (6 120 m) : le « false summit » souvent gravi est un peu moins<br />

élevé que le sommet principal. Camp de base au­dessus de Dzonglha.<br />

→ Machhermo, antécime (5 559 m) : plus facile que le sommet principal, qui culmine à 6 237 m,<br />

cette antécime surplombe le village de Machhermo, une demi­étape environ avant Gokyo. Départ<br />

du Namgyal Lodge de Machhermo (réputé être l’un des plus accueillants de tout le Khumbu).<br />

→ Pachermo (6 273 m) : souvent gravi à l’occasion de la difficile traversée du<br />

Tashi Lapsa, col permettant de quitter le Khumbu pour basculer dans la Rolwaling.<br />

apparaît et il reste encore quelques heures<br />

de marche avant Thame, loin, tout au bout<br />

de la vallée (et rive droite de celle-ci), après<br />

un grand stupa qui marque l’entrée – et la<br />

sortie – de la Bhote Valley proprement dite.<br />

LA PORTE DU TIBET<br />

Même si Thame rappelle par ses lodges sa<br />

voisine Namche, les habitants de Thame ont<br />

toujours été mal considérés par les autres<br />

habitants du Khumbu (le terme Bhote, qui<br />

désigne les ethnies Bhotia, et par extension<br />

les populations montagnardes reculées, a<br />

d’ailleurs, dans la bouche du Népalais<br />

moyen, une connotation parfois péjorative<br />

assez proche de nos « péquenauds »).<br />

Dédaignée jusqu’à peu de temps en arrière<br />

par le business du trekking, Thame a pourtant<br />

longtemps été une étape essentielle sur<br />

la route de <strong>com</strong>merce avec le Tibet. Porte de<br />

la Bhote Khosi et du col du Nangpa La, point<br />

de passage historique avec le Tibet, Thame<br />

voit à nouveau passer des caravanes de<br />

yacks chargés de marchandises chinoises,<br />

vendues par des Tibétains sur le marché<br />

de Namche. Discussion d’un soir avec des<br />

Tibétains rencontrés sur le marché de<br />

Namche deux semaines plus tôt : ils se ravitaillent<br />

en nourriture avant de rentrer au<br />

Tibet et négocient âprement plusieurs<br />

dizaines d’œufs à une famille de Thame.<br />

Plus étonnant, ils transportent encore<br />

quelques charges destinées aux monastères<br />

du Khumbu : plusieurs centaines de livres<br />

de prières – bouddhistes – imprimés à bas<br />

coût… en Chine ! Le village de Thame est<br />

quant à lui dominé par un magnifique<br />

monastère bouddhiste, blotti contre une<br />

falaise ornée de drapeaux de prière, dont<br />

la quiétude paraît bien plus propice à la<br />

méditation que celui de Tengboche… À<br />

deux ou trois heures de là, à peine, se profile<br />

déjà l’agitation perpétuelle de Namche,<br />

le confort des lodges locaux et la fin d’un<br />

beau voyage en altitude.<br />

52


NOTRE ITINÉRAIRE - 21 JOURS<br />

LA HAUTE ROUTE DE L’EVEREST<br />

Avec trois cols d’altitude pour basculer de<br />

vallée en vallée, la « haute route » of<strong>fr</strong>e un<br />

panorama <strong>com</strong>plet du Haut­Khumbu. L’iti ­<br />

néraire décrit ici ne <strong>com</strong>porte pas les étapes<br />

<strong>com</strong>munes avec celles du camp de base, ni les<br />

journées de repos ou d’acclimatation.<br />

ÉTAPE 1 /<br />

CHHUKHUNG – LOBUCHE par le Kongma La<br />

<strong>10</strong> h / +950 m / ­750 m<br />

La montée au départ de Bibre, un peu en dessous<br />

de Chhukhung. Assez raide, le sentier suit<br />

les <strong>com</strong>bes pour arriver au col. Ne pas tarder<br />

à redescendre sur la vallée et se garder du<br />

temps pour la traversée du glacier du Khumbu.<br />

ÉTAPE 2 / LOBUCHE – DZONGLHA<br />

2 h / ­200 m / +150 m<br />

Une courte étape de transition, à peine plus<br />

longue pour ceux qui auront dormi à Gorak<br />

Shep après l’aller­retour vers le Kala Pattar. Il<br />

est conseillé d’arriver de bonne heure à<br />

Dzonglha, les lodges étant souvent bondés.<br />

ÉTAPE 3 /<br />

DZONGLHA – DRAGNAK par le Cho La<br />

6 à 8 h / +650 m / ­800 m<br />

Après les derniers alpages, le sentier remonte<br />

une croupe raide puis traverse un couloir<br />

rocheux (cairns) qui permet de monter à droite<br />

jusqu’à un « faux » col (5 250 m). De là suivre<br />

(à gauche) la rive droite du glacier jusqu’au<br />

« vrai » col, le Cho La (5 420 m). Descente dans<br />

les éboulis, traversée ascendante puis longue<br />

descente menant à Dragnak (4 700 m).<br />

ÉTAPE 4 / DRAGNAK – GOKYO<br />

2 h / +400 m / ­300 m<br />

Le sentier se <strong>fr</strong>aye un chemin entre séracs et<br />

éboulis morainiques pour <strong>fr</strong>anchir la langue<br />

glaciaire. Paysage fantasmagorique et vigilance<br />

de mise. À Gokyo (4 750 m), on <strong>com</strong>plétera<br />

cette courte journée par l’indispensable allerretour<br />

au Gokyo Ri (5 357 m, 3 h, +700 m,<br />

­700 m). Possibilité de rester un jour de plus<br />

à Gokyo pour explorer la haute vallée.<br />

ÉTAPE 5 /<br />

GOKYO – LUNGDEN par le Renjo La<br />

6 à 8 h / +700 m / ­1 000 m<br />

Une fois contourné le lac, remonter un ressaut<br />

raide (lacets, éboulis) pour déboucher sur le<br />

plateau. Le « bon » col est bien à droite. La<br />

longue descente du Renjo La (5 360 m) s’effectue<br />

par des escaliers (neige, verglas <strong>fr</strong>équent) par<br />

trois lacs successifs (Angladumpa, Relama, Renjo<br />

Tso), avant d’atteindre Lungden (4 380 m).<br />

ÉTAPE 6 / LUNGDEN – THAME<br />

5 h 30 / ­1 000 m<br />

Descente tranquille en matinée le long de la<br />

Bhote Koshi, jusqu’au village de Thame.<br />

Possibilité de visiter la gompa, au­dessus du<br />

village. Nombreux lodges, et étape possible à<br />

Thame. C’est ici que part, en direction de la<br />

Thame Khola, le sentier de l’exigeant Tashi<br />

Lapsa (5 753 m). Poursuite vers Namche (2 à<br />

3 h) dans l’après­midi ou le lendemain.<br />

TREKKING PEAK<br />

L’ASCENSION DE L’ISLAND PEAK (6 189 M)<br />

11 h / +1 <strong>10</strong>0 m / ­1 400 m<br />

L’Imja Tse (6 189 m), plus connu sous le nom<br />

d’Island Peak tel que l’avait baptisé l’équipe<br />

d’Eric Shipton lors de sa reconnaissance à<br />

l’Everest en 1951, est le <strong>Trek</strong>king Peak le plus<br />

populaire de tout le Népal. Son ascension<br />

nécessite un permis spécial « climbing permit »<br />

(cher : environ 750 €) délivré par la NMA<br />

(Nepal Mountaineering Association). Depuis<br />

Chhukhung, il faut une demi­journée pour<br />

atteindre le camp de base, à 5 050 m. De là,<br />

on démarre l’ascension vers 2 h du matin, pour<br />

parvenir sur le glacier au lever du jour, et<br />

atteindre le sommet aux alentours de 8 h. La<br />

partie finale, une pente de 150 m aux alentours<br />

de 40°, est équipée à demeure de cordes<br />

fixes. Retour à Chhukhung en fin de journée.<br />

VARIANTE<br />

LUKLA PAR KONGDE<br />

2 jours / +1 000 m / ­ 2 <strong>10</strong>0 m<br />

Au retour de la haute route, il vous est possible<br />

de rentrer sur Lukla par un itinéraire qui vous<br />

évitera la foule du chemin classique. Depuis<br />

Thame, descendre en rive droite jusqu’à Pare<br />

(3 500 m), puis remonter à flanc à main droite,<br />

de manière régulière pour aller <strong>fr</strong>anchir, vers<br />

4 <strong>10</strong>0 m, la gorge de la Sartema Khola. Un<br />

sentier aérien mène aux lodges de Kongde<br />

(4 250 m, +800 m, ­400 m, 6 à 7 h 30 depuis<br />

Thame). Bivouacs possibles aux alentours. Le<br />

lendemain, la descente est directe (­1 650 m,<br />

5 h) sur Toktok (2 600 m), d’où l’on rejoint le<br />

sentier principal, pour remonter à Lukla.<br />

EXTENSION 1<br />

CAMP DE BASE DE L’AMA DABLAM<br />

4 h / +700 m / ­700 m<br />

Il est possible, depuis Pangboche, entre les<br />

jours 7 et 8 et pour favoriser l’acclimatation,<br />

de monter en aller­retour au camp de base<br />

(4 600 m) de l’Ama Dablam (6 812 m), sommet<br />

emblématique de la vallée. On descend vers<br />

la rivière (<strong>10</strong> mn) pour remonter sur la croupe<br />

herbeuse de la rive gauche. Le sentier suit<br />

ensuite le profond talweg <strong>fr</strong>iable dessiné par<br />

la rivière Chhulungche Khola. Aux alentours<br />

de 4 600 m, on débouche, au pied des moraines<br />

qui permettent l’accès (!) à la mythique dent<br />

blanche, sur les aménagements du camp de<br />

base, invisibles jusqu’alors. Quelques lodges<br />

ont été construits à 2 km au sud, au lieu­dit<br />

Mingbo, et permettent de déjeuner.<br />

EXTENSION 2<br />

LES TROIS COLS<br />

Même si l’itinéraire décrit dans cette partie<br />

passe par trois cols, il ne doit pas être confondu<br />

avec l’itinéraire dit des « Trois cols », qui part<br />

du Khumbu pour rejoindre le camp de base<br />

du Makalu. Deux itinéraires sont possibles. Le<br />

premier <strong>fr</strong>anchit le Mera La (ascension possible<br />

du Mera Peak au passage) puis rejoint<br />

la vallée de la Honggu Khola pour enchaîner<br />

avec le West Col (6 143 m), puis le Sherpani<br />

Col (6 146 m), avant de descendre sur les vallées<br />

de Braun et de l’Arun. Le second emprunte<br />

l’itinéraire classique vers le camp de base de<br />

l’Everest, avant de bifurquer vers l’Amphu<br />

Lapcha (5 845 m), pour rejoindre la vallée de<br />

la Honggu Khola. Ces itinéraires tiennent autant<br />

de l’alpinisme que du trekking en raison de<br />

l’altitude et des passages sur glaciers. Ils<br />

demeurent techniquement accessibles, avec<br />

un guide expérimenté et avec une bonne condition<br />

physique.<br />

53


JIRI-LUKLA<br />

LE CHEMIN HISTORIQUE<br />

JUSQU’AUX ANNÉES 1980, LE TREK DU CAMP DE BASE DE L’EVEREST<br />

DÉBUTAIT DANS LES BASSES VALLÉES DU SOLU, AU NIVEAU DE JIRI. DEPUIS<br />

L’OUVERTURE, À MI-PARCOURS, DE L’AÉRODROME DE LUKLA, L’ITINÉRAIRE<br />

ORIGINEL EST TOMBÉ EN DÉSUÉTUDE, MAIS DEMEURE PRISÉ PAR LES<br />

VOYAGEURS DÉSIREUX D’ACCÉDER AU TOIT DU MONDE EN PARCOURANT<br />

UN NÉPAL PRÉSERVÉ DE LA FRÉNÉSIE TOURISTIQUE DU HAUT KHUMBU.<br />

BRIEUC COESSENS<br />

BRIEUC<br />

COESSENS<br />

Notre reporter a parcouru<br />

l’intégralité du sentier vers le<br />

camp de base, au départ de Jiri,<br />

quelques mois à peine après les<br />

séismes de 2015. De ce périple<br />

est né un documentaire,<br />

Splendeurs et tremblements,<br />

sur les chemins de l’Everest.<br />

youtu.be/PqiMDwYmY6s<br />

Si l’on a parcouru les sentiers de l’Everest<br />

depuis Lukla (trek classique ou haute<br />

route) vers le camp de base tant convoité<br />

sans connaissance préalable du Népal, on<br />

retiendra à jamais cette expérience unique<br />

d’une longue marche où la lenteur se met<br />

au service de l’émerveillement de tous les<br />

sens : les yeux, bien sûr, mais aussi l’ouïe,<br />

le goût et, plus subtilement, l’odorat ! Nul,<br />

sans doute, ne pourra oublier cette expérience<br />

touristique unique et si particulière<br />

– avant dosage de dépaysement, de rupture,<br />

d’accueil, d’aventure et d’imprévus – qui<br />

fait de cet « Everest Base Camp <strong>Trek</strong> » un<br />

must indiscutable.<br />

VOUS AVEZ DIT AUTHENTIQUE ?<br />

Mais en revenir pose forcément la question<br />

suivante : tout cela est-il encore « authentique<br />

», lorsque l’on sait que le sentier de<br />

l’Everest est <strong>fr</strong>équenté chaque année par<br />

près de trente-cinq mille marcheurs ? Poster<br />

un selfie sur Facebook depuis Gorak Shep<br />

(5 160 m) lors de l’ultime étape menant au<br />

camp de base reflète-t-il vraiment la réalité<br />

du Népal et, plus précisément, celle du<br />

peuple sherpa ? Si l’authentique évolue,<br />

alors il faut admettre que oui. Nourris par<br />

l’Everest depuis plus de soixante ans, les<br />

Sherpas se sont adaptés à la demande en<br />

proposant un accueil de pointe tout en préservant<br />

leurs coutumes, techniques et traditions.<br />

Un équilibre subtil qui est la clé de<br />

voûte du système touristique du Haut-<br />

Khumbu.<br />

Mais si ce modernisme, les avions de Lukla<br />

et les hélicos de Namche Bazar, les cybercafés,<br />

les smartphones, les processions de<br />

touristes, les « reggae bar » et « Irish pub »<br />

bordant le sentier dans ses premières<br />

étapes, vous laissent ce sentiment de<br />

n’avoir pas tout <strong>com</strong>pris, appliquez à la<br />

lettre le slogan du Népal « Once is not<br />

enough » (une fois ne suffit pas) et revenezy.<br />

Revenez-y par ailleurs et revenez-y<br />

autrement !<br />

ITINÉRAIRE HISTORIQUE<br />

Ailleurs, c’est à Jiri, pour <strong>com</strong>mencer.<br />

Autrement, c’est en bus, puis en huit jours<br />

de marche supplémentaires, seul ou presque,<br />

sans connexion Wi-Fi, sans réseau mobile,<br />

sans boutique à chaque détour de <strong>com</strong>be.<br />

Autrement, c’est aussi plus durement,<br />

54


À Shivalaya, au premier<br />

réveil, vue sur le massif du<br />

Gaurishankar et le Numbur.<br />

En bas : vers Jubing, on<br />

ramène le bois pour la<br />

cuisine. Plus haut dans le<br />

Khumbu, on verra les<br />

porteurs transporter<br />

des bouteilles de gaz.<br />

55


56


Moins de 5 % des randonneurs en route<br />

vers l’Everest se lancent aujourd’hui sur<br />

ce sentier historique, emprunté en 1953<br />

par Tenzing Norgay et Edmund Hillary<br />

moralement, physiquement… Plus éprouvant,<br />

plus accidenté, plus long, plus espacé,<br />

plus sauvage ! Que du bonus ! Ou presque…<br />

Car il y a aussi du « moins ». Moins de<br />

confort, certainement ! Moins d’ambiance,<br />

peut-être aussi ; ou une autre, indéniablement.<br />

Bref, revenez-y, mais différemment.<br />

N’en attendez pas autre chose. Le trek Jiri –<br />

Lukla – Camp de base de l’Everest, autrement<br />

dit le tracé historique vers l’Everest<br />

emprunté par l’expédition Tenzing-Hillary<br />

et désormais dénommé Tenzing-Hillary <strong>Trek</strong>,<br />

n’a rien à voir ni à envier au classique<br />

Everest Base Camp <strong>Trek</strong> ! Par ailleurs, il se<br />

suffit largement à lui-même pour découvrir<br />

un Népal profond, isolé du tourisme et préservé<br />

de ses travers, en plus d’être un voyage<br />

à part entière. En effet, moins de cinq pour<br />

cent des candidats au camp de base<br />

empruntent désormais ce circuit. Dès le<br />

départ de Jiri, on se sent dans une campagne<br />

sauvage et peu peuplée, parfois même hostile<br />

lorsque l’on se retrouve pour la première<br />

fois, de nuit, à traverser des villages encore<br />

meurtris par les séismes de 2015. Comme<br />

toujours, il va falloir s’habituer…<br />

VOYAGE EN MODE DÉTOX<br />

Mais dès le premier matin, le réveil à<br />

Shivalaya – carrefour de vallées et point<br />

d’entrée de la zone de conservation du<br />

Gaurishankar – redonne du baume au cœur<br />

par son animation et son paysage de carte<br />

postale. On traverse des champs verdoyants<br />

et des forêts luxuriantes au fil d’un sentier<br />

souvent bordé de cabanons qui, tous, font<br />

salon de thé et épicerie. On vous y accueille<br />

avec un sourire intéressé, parfois d’un regard<br />

interrogateur. Il faut négocier la photo, peutêtre<br />

la monnayer. Le touriste ici, est un<br />

animal rare. Alors, peut-être vous aussi<br />

hésiterez-vous à vous approcher de trop près<br />

des paysans, portant tous fièrement à la<br />

ceinture le fameux khukuri, le poignard traditionnel<br />

du Népal. Mais en plus de vous<br />

habituer aux cabanons, à la rupture de vos<br />

connexions diverses, vous vous habituerez<br />

aussi à cette profonde ruralité, et apprendrez<br />

vite que votre voyage s’enrichira grandement<br />

d’aller au contact, sans fausse<br />

pudeur et sans timidité. Respectez, soyez<br />

poli, intéressez-vous et prenez le temps. Le<br />

Tenzing-Hillary <strong>Trek</strong> ne se consomme pas,<br />

COMMENT Y ALLER ?<br />

Par la route uniquement !<br />

Environ 8 h de trajet depuis<br />

Katmandou, sur des chemins<br />

tortueux et chaotiques. Liaisons<br />

quotidiennes depuis Katmandou<br />

au départ de la gare routière de<br />

Ratna Park. Compter 750 NPR<br />

(6,20 €). Acheter son billet sur<br />

place la veille. Pauses régulières<br />

et « lunch stop ». On peut aussi<br />

recourir à un véhicule privé avec<br />

chauffeur, pour 25 000 NPR<br />

environ (200 €). Retour à<br />

Katmandou par le même<br />

itinéraire, ou en avion<br />

depuis Lukla (150 €).<br />

QUELS PERMIS ?<br />

Pour ac<strong>com</strong>plir le Tenzing<br />

Hillary <strong>Trek</strong> dans son intégralité,<br />

vous devrez vous acquitter<br />

de multiples taxes : l’inévitable<br />

carte TIMS (voir page 30),<br />

le permis d’entrée dans le<br />

parc national de Sagarmatha<br />

à Jorsale (30 €) mais aussi<br />

le permis d’entrée dans la<br />

zone de conservation du<br />

Gaurishankar à Shivalaya,<br />

que vous ne traverserez que<br />

durant 3 h !!! Étonnant, mais<br />

inévitable ! Ajoutez 20 € !<br />

L’APRÈS SÉISME<br />

Localisées dans le district de Dolakha, siège de l’épicentre du séisme du 12 mai 2015 (magnitude<br />

7,2), les premières étapes du Tenzing­Hillary <strong>Trek</strong> traversent certains des secteurs les plus meurtris<br />

du pays. Six mois après la catastrophe, on pouvait constater que les habitants touchés avaient<br />

déjà entrepris de reconstruire, à la main, sans attendre l’arrivée d’une hypothétique aide financière.<br />

Une fois sorti de Jiri et ce jusqu’au Lamjura La, il n’existait plus la moindre auberge en dur pour<br />

accueillir les touristes. L’hébergement se fait donc dans des lodges « provisoires », cabanes en bois<br />

qui servent également d’habitations principales aux hôtes. Au vu de l’ampleur du travail de reconstruction,<br />

on peut penser que cette situation perdurera au moins encore quelques années même si,<br />

d’ores et déjà, tous les villages sont en mesure d’héberger les randonneurs en route vers l’Everest.<br />

À gauche, en haut : l’un des<br />

nombreux villages traversés<br />

durant les 8 heures de route<br />

entre Katmandou et Jiri.<br />

En bas : en descendant<br />

de Bandhar vers le fond<br />

de vallée de la Likhu Khola.<br />

57


Ci­dessus : entre Jiri et<br />

Lukla, le labourage des<br />

champs en terrasses,<br />

s’effectue généralement<br />

à l’aide de dzos, issus<br />

du croisement de<br />

vaches et de yacks.<br />

Le chemin procure le sentiment grisant de<br />

découvrir une région sauvage et préservée,<br />

sur laquelle le temps n’a aucun cours<br />

OÙ DORMIR ?<br />

Même peu <strong>fr</strong>équentées par les<br />

touristes, et fortement impactées<br />

par les séismes, les étapes du<br />

Tenzing Hillary <strong>Trek</strong> disposent<br />

de toutes les <strong>com</strong>modités<br />

nécessaires : lodges sommaires<br />

(cabanes « provisoires ») entre<br />

Jiri et Jumbesi et nombreuses<br />

tea houses en bordure du<br />

chemin. Compter <strong>10</strong>0 NPR/nuit,<br />

50 NPR la bouteille d’eau,<br />

300 NPR le dal bhat… On s’en<br />

sort largement à moins de<br />

1 500 NPR/jour (12 €) jusqu’à<br />

Lukla, où les prix montent en<br />

flèche.<br />

il se déguste avec sagesse et c’est de cette<br />

façon qu’il est le meilleur !<br />

Passés ces premières constatations, on<br />

entame un voyage intérieur, renforcé par<br />

l’absence de touristes et la proximité immédiate<br />

avec les habitants du secteur – Sherpas,<br />

mais aussi Raïs, Tamangs, Newars… Chaque<br />

jour, vous serez surpris de la disponibilité<br />

des gens, même de ceux qui auraient tout<br />

perdu dans les séismes ! Chaque jour, vous<br />

regarderez devant vous le paysage en appréhendant<br />

les milliers de mètres de dénivelées<br />

à avaler, mais vous vous habituerez<br />

aussi, <strong>com</strong>prenant vite qu’ici, marcher est un<br />

mode de vie, une nécessité, et que, <strong>com</strong>me<br />

tous ceux qui vivent là, vous n’en avez pas<br />

le choix. Vous trouverez votre rythme, posé,<br />

et vous oublierez de vous presser…<br />

UN NÉPAL TRADITIONNEL<br />

Chaque hameau, chaque terrasse de champ<br />

est l’occasion de s’arrêter, d’observer, de<br />

respirer ! De contempler, aussi, une infinité<br />

de montagnes et des paysages chaque jour<br />

renouvelés ! De s’imprégner d’un mode de<br />

vie rural traditionnel et de techniques séculaires,<br />

aux accents préindustriels. À part le<br />

ballet matinal des rotations aériennes entre<br />

Katmandou et Lukla, ou un rare tracteur<br />

parfois croisé, le chemin entre Jiri et Lukla<br />

procure le sentiment grisant de découvrir<br />

une région méconnue, sauvage, préservée,<br />

sur laquelle le temps n’a aucun cours.<br />

On y dort dans de minuscules auberges à<br />

peine dotées de trois lits, de douze volts<br />

d’électricité et d’un unique foyer de terre<br />

sèche. On finit par se sentir non plus seul,<br />

58


Famille regroupée autour<br />

du foyer dans un lodge au<br />

Lamjura La (3 530 m).<br />

En bas : Solitude et<br />

recueillement dans la<br />

gompa de Taksindu.<br />

59


La longue descente vers<br />

Jumbing et le fond de vallée<br />

de la Dudh Khosi, dernière<br />

en date avant la lente<br />

ascension vers Lukla.<br />

Un caractère initiatique nécessaire, à l’heure<br />

où le trek de l’Everest se consomme en<br />

moins de deux semaines de congés payés<br />

UN PLAN B ?<br />

Cet itinéraire peut être<br />

une alternative au retour<br />

à Katmandou par avion depuis<br />

Lukla, notamment en cas<br />

d’interruption des liaisons<br />

aériennes Lukla­Katmandou.<br />

Un bon moyen de rencontrer<br />

une part de l’âme du Népal<br />

et de plonger dans l’intimité<br />

du quotidien de son peuple<br />

avant de retrouver la capitale.<br />

mais unique, et l’on prend conscience de<br />

vivre des moments rares, privilégiés.<br />

« Authentiques » ? Certainement !<br />

On peut visiter les monastères de Taksindu,<br />

de Jumbesi, de Kharikhola sans autre<br />

Occidental à proximité, et même être invité<br />

à prendre part à une puja, une cérémonie<br />

bouddhiste. Discrètement et sans fard. Ici,<br />

les hommes sont pauvres et l’on n’affiche<br />

pas sa foi avec autant de luxure et d’ostentation<br />

qu’au pied de l’Everest. Expérience<br />

intérieure, toujours…<br />

L’EVEREST INITIATIQUE<br />

Expérience évolutive aussi. Sur le plan social,<br />

d’abord, car plus on avance, plus on sent<br />

poindre l’influence de l’Everest Business :<br />

des lodges et des maisons de plus en plus<br />

cossus, des groupes de porteurs, des caravanes<br />

de mules, des touristes de plus en plus<br />

nombreux… Expérience physique, enfin. Car<br />

avec près de 8 000 mètres de dénivelée positive<br />

et autant à descendre, on a mal ; mais plus<br />

on avance, moins les courbatures se font sen -<br />

tir. Même, on s’acclimate lentement, avec un<br />

passage à 3 600 mètres d’altitude notamment.<br />

Par sa diversité et sa difficulté, si le trek historique<br />

de l’Everest au départ de Jiri peut<br />

parfois paraître long, il n’en revêt pas moins<br />

un caractère initiatique, nécessaire pour<br />

aborder le Haut-Khumbu dans une logique<br />

de découverte, de curiosité et d’ouverture,<br />

logique de plus en plus rare à l’heure où<br />

l’EBC <strong>Trek</strong> se consomme en moins de deux<br />

semaines de congés payés, aller-retour<br />

Paris-Lukla <strong>com</strong>pris !<br />

60


LA ROUTE HISTORIQUE - 8 JOURS<br />

JIRI – LUKLA<br />

Très peu <strong>fr</strong>équentée depuis que l’aérodrome<br />

de Lukla a permis de raccourcir l’itinéraire vers<br />

le camp de base de l’Everest de deux semaines,<br />

la portion entre Jiri et Lukla demeure l’approche<br />

privilégiée des puristes.<br />

ÉTAPE 1 / JIRI – SHIVALAYA<br />

3 h 30 / +450 m / ­600 m<br />

Première courte journée de mise en jambes pour<br />

rejoindre Shivalaya, de l’autre côté de la Khimti<br />

Khola, en <strong>fr</strong>anchissant un premier (petit) col.<br />

ÉTAPE 2 / SHIVALAYA – BANDHAR<br />

5 h / + 900 m / ­500 m<br />

Ça grimpe ! En direction de Deurali, perché à<br />

2 700 m d’altitude sur la crête d’où l’on redescend<br />

sur Bandhar, étape du soir.<br />

ÉTAPE 3 / BANDHAR – KINJA<br />

4 h / +<strong>10</strong>0 m/ ­700 m<br />

Descente facile vers les rives de la Likhu Khola,<br />

que l’on remonte pour aller passer la nuit à<br />

Kinja ou à Sete, un peu plus haut si l’on veut<br />

s’économiser la grosse montée du lendemain,<br />

ou gagner un jour sur l’itinéraire global.<br />

ÉTAPE 4 / KINJA – GOYAM<br />

6 h / +1 600 m<br />

Une grosse étape de montée (1 600 m), que<br />

l’on avalera à son rythme, aucune descente<br />

n’étant au programme. Nuit à 3 200 m.<br />

ÉTAPE 5 / GOYAM – RINGMO<br />

7 h / + 600 m / ­ 850 m<br />

On <strong>fr</strong>anchit le Lamjura La (3 530 m) pour redescendre<br />

sur Junbesi, vers les sentiers de plus<br />

en plus <strong>fr</strong>équentés du Solu Khumbu. Descente<br />

possible vers Phaplu / Salleri, aérodrome,<br />

liaison vers Katmandou. Dans l’après­midi,<br />

poursuite vers Ringmo (2 700 m).<br />

ÉTAPE 6 / RINGMO - KARIKHOLA<br />

7 h / +800 m / ­1 500 m<br />

Au petit matin, on <strong>fr</strong>anchit le Taksindu La (3 070 m),<br />

où le ballet des bimoteurs annonce l’entrée<br />

dans la vallée de l’Everest. On redescend pour<br />

<strong>fr</strong>anchir la Dudh Khosi (1 500 m) et passer la<br />

nuit à Kharikhola (2 000 m), en rive gauche.<br />

ÉTAPE 7 / KARIKHOLA – POYAN<br />

4 h / +1 000 m / ­250 m<br />

On remonte sur Bupsa pour <strong>fr</strong>anchir le Kari<br />

La (2 820 m) et rejoindre Poyan, où l’on peut<br />

faire étape si l’on n’a pas le cœur à « tracer »<br />

sur Lukla directement.<br />

ÉTAPE 8 / POYAN – LUKLA<br />

2 h 30 / +750 m / ­750 m<br />

Première partie en « nepali flat » (le plat<br />

népalais qui ne fait que monter et descendre)<br />

jusqu’au Chutok La (2 770 m), avant de plonger<br />

vers Surke (2 300 m), puis de remonter sur<br />

Lukla (2 800 m).<br />

61


Un fleuve (gelé) qui abrite<br />

un itinéraire unique dans<br />

l’hiver himalayen. Le Chadar<br />

demeure l’un des itinéraires<br />

le plus étonnants qui soit<br />

dans le panthéon du trek…<br />

ZANSKAR<br />

L’ESPRIT<br />

CHADAR<br />

JEAN-MARC PORTE<br />

MAGISTRALEMENT DÉVOILÉS DANS LES ANNÉES 1980, LES<br />

MONDES SINGULIERS DU LADAKH ET DU ZANSKAR EN HIVER<br />

ONT RÉVÉLÉ L’UN DES ITINÉRAIRES LES PLUS ATYPIQUES DE<br />

L’HIMALAYA : LE FLEUVE GELÉ, CONNU LOCALEMENT SOUS<br />

L’APPELLATION CHADAR. RETOUR SUR UN ITINÉRAIRE<br />

D’EXCEPTION, ET PETIT EXERCICE DE PROSPECTIVE SUR<br />

SES ALTERNATIVES POSSIBLES, EN RÉCIT ET EN CARTES.<br />

62


63


JEAN-MARC<br />

PORTE<br />

Après un premier<br />

périple sur le fleuve gelé<br />

au début des années 2000,<br />

Jean­Marc est reparti au<br />

Zanskar en plein hiver,<br />

utilisant à nouveau les<br />

glaces <strong>com</strong>me voie de<br />

passage entre le Changtang<br />

et la rivière Zanskar.<br />

1983. Coup de tonnerre dans l’univers du<br />

voyage, mais pas seulement : avec la publication<br />

de Deux hivers au Zanskar. Le talent du photographe<br />

<strong>fr</strong>anco-suisse Olivier Föllmi entrouvre<br />

les portes de l’une des régions des plus isolées<br />

de la planète Himalaya. Révélation majeure :<br />

en séjournant à plusieurs reprises dans l’hiver<br />

des monastères et des villages de cet ancien<br />

royaume bouddhiste, enserré autour de sa haute<br />

plaine centrale par un chaos tectonique le séparant<br />

rigoureusement de la vallée de l’Indus et<br />

du Ladakh, Olivier, en solo, puis avec sa <strong>com</strong>pagne<br />

Danielle, va non seulement tomber profondément<br />

amoureux du mode de vie isolé et<br />

de la sagesse des Zanskaris. Mais apprendre, parfois<br />

au bord de la survie que la malédiction hivernale<br />

des cols d’altitude bloqués par la neige, ici,<br />

possède pour les habitants eux-mêmes une<br />

unique et extraordinaire alternative : les gorges<br />

de la puissante rivière Zanskar.<br />

LA RÉVÉLATION DU CHADAR<br />

Un itinéraire incroyable autant qu’éphémère. Un<br />

court-circuit d’ombre et de glace à la fois évident<br />

et engagé. Durant quelques courtes semaines,<br />

entre janvier et février, les eaux tumultueuses de<br />

la Zanskar se figent provisoirement à l’ombre des<br />

défilés. Pour les Zanskaris, c’est le temps du<br />

Chadar. Une fenêtre temporaire pour un allerretour<br />

possible de quelque cent dix kilomètres au<br />

cœur de l’hiver et du <strong>fr</strong>oid, rompant, de grottes<br />

en villages, pour les marchandises <strong>com</strong>me pour<br />

les hommes, l’étau de l’isolement. En 1989, Olivier<br />

va emprunter cet axe pour conduire, jusqu’à<br />

l’école de Leh, Motup et Diskit, deux enfants<br />

confiés par un couple de paysans zanskaris. Le<br />

livre relatant ce Chadar peu banal, Le Fleuve gelé,<br />

sera salué par Life Magazine <strong>com</strong>me de l’une des<br />

« plus belles aventure humaines du XX e siècle ». Et<br />

sera ré<strong>com</strong>pensé par un World Press Photo.<br />

Pour les grands voyageurs ? Cette révélation des<br />

univers du fleuve gelé devient vite une réelle<br />

tentation. Et dès l’hiver 2000, des agences <strong>fr</strong>ançaises<br />

(Allibert et Terres d’Aventure) proposent<br />

l’itinéraire dans leur catalogue. Une « aventure »<br />

aussi exclusive que difficile à cerner, versant<br />

mode d’emploi, pour les premiers élus. L’appren -<br />

tissage du Chadar et de ses mondes <strong>com</strong>mence.<br />

À quoi ressemble la formidable barrière<br />

himalayenne en hiver ? Et l’isolement de Leh,<br />

64


COMMENT<br />

Y ALLER ?<br />

Les routes rejoignant<br />

Leh et la haute vallée<br />

de l’Indus depuis Manali,<br />

Srinagar et Kargil sont<br />

fermées pendant l’hiver<br />

durant une période de<br />

six à huit mois selon<br />

les années. Accès aérien<br />

uniquement. Vols réguliers<br />

Delhi­Leh sur plusieurs<br />

<strong>com</strong>pagnies, dont<br />

Air India et Jet Airways.<br />

De 200 à 500 €.<br />

FORMALITÉS<br />

Visa tourisme indien<br />

(90 jours) + passeport<br />

valable 6 mois après la<br />

date d’entrée. 140 € et<br />

une heure de saisie pour<br />

remplir le formulaire<br />

électronique. Attention :<br />

photos format « indien »<br />

5x5 uniquement. Autre<br />

élément à ne pas oublier :<br />

les formules iVisas indiens<br />

(pré­enregistrement<br />

sur le net et délivrance<br />

à Delhi) ne sont pas<br />

valables pour la région<br />

du Jammu & Kashmir.<br />

CARTES<br />

ET GUIDES<br />

→ Deux cartes « solides »<br />

et précises (GPS Grid) :<br />

les séries Olizane<strong>Trek</strong>king<br />

Map Ladakh­Zanskar au<br />

1:150 000. Feuilles Centre<br />

+ Sud. www.olizane.ch<br />

→ Peu d’infos sur le<br />

Chadar dans les guides de<br />

voyages. Quelques pages<br />

dans le <strong>Trek</strong>s au Ladakh­<br />

Zanskar d’Élodie et<br />

Rambert Jamen<br />

(Éditions Glénat).<br />

Page de gauche : les<br />

atmosphères de bivouac<br />

font partie des grands<br />

moments du Chadar.<br />

Page de droite : dans<br />

les sections centrales du<br />

Chadar, les échappatoires<br />

n’existent pas. En cas de<br />

mauvaise météo (neige)<br />

ou de fonte des glaces,<br />

l’itinéraire peut devenir…<br />

problématique.<br />

65


Attention et entraide :<br />

les passages délicats se<br />

négocient… à plusieurs.<br />

Mettre un pied dans<br />

l’eau ? Désagréable, mais<br />

gérable. Passer à l’eau ?<br />

La figure est interdite,<br />

par moins 20 °C…


Les chörtens du col de<br />

Yar La (5 000 m), le point<br />

haut de la liaison hivernale<br />

ancestrale entre le<br />

Changtang indien<br />

(lac Tso Kar) et la Khurna<br />

Chu (ou Karnak Chu).<br />

UNE FRÉQUENTATION EN BAISSE ?<br />

Après une hausse exponentielle et très internationale (Amérique et Europe…) de sa <strong>fr</strong>équentation,<br />

le nombre total de marcheurs empruntant l’intégralité de l’itinéraire a baissé ces cinq dernières<br />

années. Le dernier « phénomène » Chadar concerne majoritairement le tourisme… indien. Chadar<br />

« express » ? Les groupes de nationaux, en forte hausse, ne s’engagent que pour deux ou trois<br />

nuits, en un bref aller­retour sur la partie aval de l’itinéraire.<br />

accessible uniquement en avion. Aux questions<br />

sur l’équipement (crampons ? bâtons ?) et le <strong>fr</strong>oid<br />

(-<strong>10</strong> °C ? -20 °C ? -30 °C ?) s’ajoutent celles sur les<br />

bivouacs (grottes ou tentes ?), les incertitudes<br />

sur l’état de la rivière (est-ce que la glace sera<br />

là ?), la météo (que se passe-t-il en cas de fortes<br />

chutes de neige ?)…<br />

UNE AVENTURE MAJUSCULE<br />

L’équation délicate de ces premières, sur un itinéraire<br />

pourtant familier aux Zanskaris, se termine<br />

dans l’enthousiasme. Le cocktail Chadar<br />

est réellement unique. La progression sur la glace.<br />

Les « paysages » fermés, d’une fixité et d’une<br />

minéralité magnifiée par l’hiver. Les mouvances<br />

et les sons de l’eau sous la « surface ». Les pièges<br />

potentiels et les glissades assurées du « chemin ».<br />

L’isolement réel de certaines sections des gorges.<br />

Les passages un peu délicats sur des portions de<br />

falaises, lorsque la rivière elle-même n’est pas<br />

suffisamment gelée. Tout est neuf. Inattendu.<br />

Unique. La gestion du <strong>fr</strong>oid. Le son des lourds<br />

bâtons qui sondent la glace avec chaque pas. Des<br />

rencontres avec les groupes de Zanskaris engagés<br />

sur leur Chadar jusqu’aux énormes bûchers<br />

qu’enflamment les équipes de porteurs à la<br />

tombée de la nuit (le bois flotté et sec, qui<br />

s’amoncelle sur certains coudes des rives, est<br />

pour beaucoup la bénédiction inattendue des<br />

nuits passées dans les gorges), les petites<br />

angoisses du départ sont balayées.<br />

Mais par-dessus tout, bien au-delà des soucis<br />

« techniques », de Lingshed à Karsha, les heures<br />

et les nuits passées dans les villages zanskaris<br />

of<strong>fr</strong>ent aux voyageurs quelques <strong>fr</strong>agments précieux<br />

de la vie quotidienne en hiver des habitants<br />

et des moines. Pour beaucoup, la vaste<br />

plaine de Padum recouverte par la neige dans<br />

un écrin de sommets devient l’image même de<br />

l’Himalaya hivernal. Le Chadar, seul itinéraire<br />

LE POINT MÉTÉO<br />

On considère généralement,<br />

indépendamment des aléas<br />

sur la rivière proprement<br />

dite (le trajet peut passer<br />

de « bon » à « mauvais »<br />

en quelques jours et inversement…)<br />

que l’itinéraire<br />

est praticable au mieux<br />

deux mois, chaque année,<br />

entre janvier et février.<br />

Moyenne des températures<br />

à Leh sur cette<br />

période : 2 °C. L’Ouest<br />

himalayen bénéficie en<br />

hiver d’une météo calme<br />

(hautes pressions sur de<br />

longues périodes, mêlées<br />

de flux de sud­sud­ouest,<br />

généralement par périodes<br />

de 3 à 4 jours, avec passages<br />

nuageux entraînant des<br />

chutes de neige souvent<br />

mineures (pas toujours)<br />

très inégalement réparties<br />

selon les versants). Les<br />

hauteurs de neige, en<br />

altitude, sont généralement<br />

très inférieures<br />

à nos repères alpins.<br />

LE LADAKH<br />

EN HIVER ?<br />

La <strong>fr</strong>équentation de Leh<br />

en hiver n’a rien à voir avec<br />

son rythme estival. L’accès<br />

terrestre est impossible.<br />

Tout (ou presque) est<br />

fermé. Seuls quelques<br />

guest­houses ou cybercafés<br />

demeurent ouverts.<br />

Les Occidentaux présents<br />

sont en général sur place<br />

pour réaliser une Chadar,<br />

visiter les nombreux<br />

monastères de la vallée<br />

(Hemis, Shey, Alchi…) ou<br />

assister aux festivals des<br />

monastères tout proches<br />

de Stock ou Matho.<br />

www.reachladakh.<strong>com</strong>/<br />

festival_dates.htm<br />

67


ZANSKAR<br />

LES FLEUVES GELÉS<br />

CHILING<br />

Les rivières gelées de la Zanskar et de la Khurna Chu<br />

constituent des itinéraires époustouflants pour découvrir<br />

l’ambiance sauvage des vallées du Zanskar en hiver.<br />

Guru Do<br />

Tilat Sumdo<br />

SKIU<br />

LE CHADAR<br />

12 À 14 JOURS<br />

<strong>10</strong>5 KM X 2 (AR)<br />

Nierak<br />

Comptez un peu moins de<br />

deux semaines pour l’allerretour<br />

entre Chilling et Padum.<br />

DÉPART / ARRIVÉE<br />

Route jusque la jonction<br />

Zanskar­Indus, à 25 km de Leh,<br />

puis piste jusqu’à Tilat Sumdo,<br />

peu après le village de Chilling.<br />

ITINÉRAIRE<br />

Il suffit de remonter la rivière.<br />

Les camps et bivouacs, ainsi que<br />

les affluents et villages se répartissent<br />

ainsi depuis Chilling :<br />

Tilat Sumdo (départ), grottes<br />

de Dar, Padar Chomo, Tip<br />

Yokma (camp 2), Zang Bochi,<br />

Nierak (village), Lingshed Do,<br />

Amlung, grottes de Nigra,<br />

Tsarak Do, Killema, Hamonil<br />

(village), Pichu (village),<br />

Karsha (village), Padum.<br />

PIDMO<br />

PICHU<br />

ZANGLA<br />

Charchar La<br />

(4 900 m)<br />

Khurna Sumdo<br />

Tilit Sumdo<br />

Lalung Tokpo<br />

JOUR PAR JOUR<br />

→ Jour 1 : Tilat Tsumdo ­<br />

Shingra Yokma (4 à 5 h).<br />

→ Jour 2 : Shingra Yokma ­<br />

Tip Yokma (6 à 7 h).<br />

→ Jour 3 : Tip Yokma ­<br />

Nierak Pulu (6 à 7 h).<br />

→ Jour 4 : Nierak Pulu ­<br />

Lingshed (5 h).<br />

→ Jour 5 : Lingshed ­<br />

Tsarak Do (6 à 7 h).<br />

→ Jour 6 : Tsarak Do ­<br />

Pichu (6 à 7 h).<br />

→ Jours 7 et 8 : Pichu ­ Karsha<br />

ou Padum (3 600 m) (5 à 4 h).<br />

→ Jour 9 : Retour de Karsha<br />

à Pichu (5 h).<br />

→ Jour <strong>10</strong> : Pichu ­<br />

Changdo (5 à 6 h).<br />

→ Jour 11 : Changdo ­<br />

Nierak Pulu (5 à 6 h).<br />

→ Jour 12 : Nierak Pulu /<br />

Padar Chomo (5 à 6 h).<br />

→ Jour 13 : Padar Chomo /<br />

Chilling (2 à 3 h + retour<br />

sur Leh).<br />

KARSHA<br />

PADUM<br />

Route<br />

Fleuve gelé<br />

Sentier<br />

Shapodak La<br />

(4 900 m)<br />

68


LEH<br />

SHEY<br />

LA TRAVERSÉE<br />

TSO KAR<br />

ZANSKAR<br />

22 JOURS / 220 KM<br />

MARKHA<br />

Rabrang La<br />

(4 900 m)<br />

Stok Kangri<br />

(6 153 m)<br />

Zalung Karpo La<br />

(5<strong>10</strong>0 m)<br />

Dat<br />

Tantse<br />

Kang Yatse<br />

(6 394 m)<br />

MATHO<br />

HEMIS<br />

RUMTSE<br />

UPSHI<br />

DÉPART / ARRIVÉE<br />

Départ du lac Tso Kar<br />

(4 600 m), accessible en jeep<br />

depuis Leh. Arrivée à Guru Do,<br />

à la confluence de la Markha et<br />

de la rivière Zanskar (3 300 m).<br />

ITINÉRAIRE<br />

Cet itinéraire engagé nécessite<br />

de solides connaissances en<br />

termes de montagne, d’orientation,<br />

de gestion ou de logistique.<br />

Et une équipe locale sérieuse.<br />

Compter 15 jours environ pour<br />

la traversée proprement dite,<br />

trois à quatre semaines en<br />

intégrant l’acclimatation<br />

et le préacheminement.<br />

JOUR PAR JOUR<br />

→ Jour 1 : Tso Kar ­ vallée<br />

de la Zara, en direction<br />

de Yakang (4 500 m).<br />

→ Jour 2 : Yagang. Repos<br />

dans le village.<br />

→ Jour 3 : Yagang ­ Lungmoche<br />

(6 h). Nuit dans les bergeries.<br />

→ Jour 4 : Passage du col du<br />

Yar La (4 940 m, 7 h).<br />

Nuits en bivouac.<br />

→ Jour 5 à 7 : village de Dat<br />

(4 400 m), avec les nomades.<br />

→ Jour 8 : Début de la descente<br />

des gorges de la Khurna Chu :<br />

Dat ­ Tanze Sumdo (5 h).<br />

→ Jour 9­<strong>10</strong> : Descentes des<br />

gorges (6 h/j). Bivouacs.<br />

→ Jour 11 : Campement à<br />

Lalung Tokpo. Aller­retour<br />

en direction des cols du<br />

Shapodakh La et/ou Lar La.<br />

→ Jour 12 : Lalung Tokpo ­<br />

Khurna Sumdo (4 <strong>10</strong>0 m ­ 7 h).<br />

→ Jour 13 : Repos et/ou<br />

aller­retour vers le Rabrang<br />

La (vallée de la Markha).<br />

→ Jour 14 : Repos et/ou<br />

aller­retour au CharChar La<br />

(grottes d’Anchu Chengmo).<br />

Camp dans les grottes (8 h).<br />

→ Jour 15­16 : Jonction vers<br />

Tilat Sumdo (rivière Zanskar)<br />

puis Guru Do (confluence<br />

Markha/Zanskar) (7 h + 9 h).<br />

Retour le lendemain sur Leh.<br />

Yar La<br />

(4 940 m)<br />

Lac Tso Kar<br />

69


Sur la Khurna Chu<br />

(ou Karnak Chu),<br />

l’un des autres fleuves<br />

gelés de la zone,<br />

affluent de la Zanskar.<br />

À LIRE<br />

→ Les ouvrages d’Olivier<br />

Föllmi restent la plus<br />

magnifique introduction<br />

aux mondes de l’Himalaya<br />

en hiver. Entre autres,<br />

Deux hivers au Zanskar<br />

pour la partie Jumlam ; ou<br />

pour le Chadar, Le fleuve<br />

gelé, éditions de la Martinière,<br />

1990 et rééditions.<br />

→ Plus pointu ? Pour<br />

approcher l’esprit et la<br />

culture des nomades du<br />

Chang Tang, l’ouvrage en<br />

anglais de Rinpoche<br />

Namkhai Norbu, Journey<br />

Among the Tibetan Nomads,<br />

est une somme sensible<br />

et érudite. Écrit sur des<br />

terres très différentes<br />

(région de Sertha/Kham),<br />

l’ensemble reste parfaitement<br />

valable pour saisir<br />

l’essence de ces mondes.<br />

Journey among the Tibetan<br />

Nomads, An Account of<br />

a Remote Civilisation,<br />

Library of Tibetan Works<br />

& Archives, 1997.<br />

70<br />

hivernal « facilement accessible » en Himalaya,<br />

accède de facto au statut de trek… exceptionnel.<br />

FENÊTRE MÉTÉO<br />

Le Chadar va prendre son rythme de croisière<br />

dans les années 2000. Un véritable mythe en passe<br />

de devenir un itinéraire rodé et « facile » ? Voire.<br />

En plusieurs épisodes, les conditions météo vont<br />

se rappeler au bon souvenir de quelques individuels<br />

et groupes d’agences. En 2005, fortes chutes<br />

de neige. Plus question de circuler dans les gorges<br />

dominées par d’impressionnantes pentes : le<br />

risque objectif d’avalanche fige net des dizaines<br />

de voyageurs à Padum. Évacuation en hélico pour<br />

certains. Vols retours retardés de quelques jours,<br />

le temps que les pentes se purgent, pour d’autres.<br />

Le scénario inverse, côté température, existe :<br />

réchauffement climatique ou simple épisode local<br />

de relatif redoux, en 2011, les conditions d’englacement<br />

du Chadar furent suffisamment mauvaises<br />

pour dissuader plusieurs groupes de<br />

s’engager au-delà de Guru Do. Plutôt facile techniquement<br />

(dénivelée ridicule, et « pas glissé »<br />

économe), l’extraordinaire Chadar demeure bien,<br />

quoi qu’on en dise, un itinéraire potentiellement<br />

engagé : les contes et légendes zanskaris font<br />

suffisamment la part belle aux voyageurs piégés<br />

dans les gorges par l’absence de glace (et toujours<br />

miraculeusement sauvés par le retour du <strong>fr</strong>oid,<br />

« les dieux sont vainqueurs ! ») pour oublier que<br />

le chemin est par nature… éphémère.<br />

LA FIN D’UN MYTHE ?<br />

Cette dernière décennie, une tout autre menace<br />

pèse sourdement, sur l’existence même du<br />

Chadar : la construction d’une route reliant<br />

Shilling à Padum. Le chantier de cette « all season<br />

paved road » est engagé depuis 2007. Le Zanskar<br />

n’est accessible – l’été – que par une unique route<br />

(depuis Kargil) : à l’image d’autres projets locaux<br />

(route et tunnel du Rothang La, depuis Manali)<br />

visant au désenclavement « stratégique » du<br />

Zanskar, le tracé grignote très lentement les rives<br />

des points de départ (au-dessus de Shilling) et<br />

d’arrivée (en aval de Zangla). Le Chadar est passé<br />

en mode obsolescence programmée ? Si la fin<br />

de l’isolement absolu des gorges n’est pas pour<br />

demain, et si l’on peut même douter de l’ouverture<br />

de cette route en hiver, l’ombre de ce<br />

chantier a modifié pour beaucoup (cf. encadré<br />

« Une <strong>fr</strong>équentation en baisse ») l’aura du lieu,<br />

écorné également par la concentration de


prétendants sur un itinéraire aux points de<br />

bivouacs (grottes notamment) limités. La « problématique<br />

» de la route est à la fois une malédiction<br />

pour les marcheurs (rarement pour les<br />

populations) et, à l’image du Népal, une excellente<br />

occasion d’aller voir plus loin.<br />

VALLÉES SECONDAIRES<br />

Un œil sur les cartes. Et une oreille aux savoirs<br />

des Zanskaris suffit : les vallées secondaires de<br />

la Zanskar possèdent bien évidemment toutes<br />

leurs propres « fleuves gelés ». Des itinéraires<br />

moins connus. Moins <strong>fr</strong>équentés, y <strong>com</strong>pris par<br />

les Zanskaris eux-mêmes. Mais d’un isolement<br />

quasi absolu. Parmi les exemples les plus évidents<br />

: la branche de la Kargyag, qui remonte vers<br />

le Shingo La, la Tsarap, la Doda, la Lungnak ou<br />

la haute vallée de la Marka et de la Jumlam<br />

demeurent de vastes réservoirs à « l’esprit<br />

Chadar ». Tout autant que les bordures nord (secteurs<br />

entre Lamayuru et Photoskar) du royaume,<br />

sans oublier, au nord de l’Indus même, les vallées<br />

de la Nubra ou de la Shyok. Dans ce vaste<br />

répertoire de possibles, une solide piste existe<br />

déjà : la « vieille » jonction depuis les hauts plateaux<br />

du Changtang (lac Tso Moriri) vers la<br />

Zanskar, via la vallée de la Zara, le col de Yar La<br />

(4 940 m…) et la Khurna Chu a été parcourue en<br />

2008. Vingt-et-un jours de marche pour traverser<br />

les solitudes des mondes nomades des hauts<br />

plateaux et s’engager dans les dédales d’autres<br />

fleuves gelés. Possible ? Il suffit de regarder les<br />

cartes : à partir de Leh, sous les immensités silencieuses<br />

de l’hiver himalayen, des dizaines de<br />

Chadar potentiels sommeillent encore…<br />

Les troupeaux et les<br />

bergères du clan de<br />

Karnak rejoignent<br />

leur campement<br />

temporaire dans<br />

le village de Dat.<br />

71


IL ÉTAIT UNE FOIS…<br />

LE CHADAR<br />

« JULAY ! » ET SOURIRES. GLISSADES PAR -20 °C ET COR-<br />

RIDORS DE GEL. VILLAGES ET MONASTÈRES. AU FIL D’UN<br />

CHADAR, L’ÉCRIN TITANESQUE DE L’HIVER HIMALAYEN<br />

CHANGE DE MASQUE, LE TEMPS D’UN ITINÉRAIRE<br />

D’EXCEPTION, AUSSI ÉPHÉMÈRE QU’EMPLI DE VIE…<br />

EST-CE<br />

DIFFICILE ?<br />

Une fois passé quelques<br />

jours à Leh (3 700 m),<br />

le Chadar ne pose aucun<br />

problème d’acclimatation :<br />

les dénivelées quotidiennes<br />

n’excèdent pas 50 à <strong>10</strong>0 m<br />

sur un parcours « plat »,<br />

étagé entre 3 200 et<br />

3 700 m… sur une semaine.<br />

C’est tout simplement<br />

l’itinéraire de montagne…<br />

le plus plat du monde !<br />

Il est 17 heures passées. L’ombre qui nous<br />

ac<strong>com</strong>pagne depuis des heures semble se renforcer<br />

avec la tombée de la nuit et la venue d’un<br />

autre <strong>fr</strong>oid. Fin de journée sur le fleuve gelé. Assis<br />

sur un rocher poli, au bord de la langue de sable<br />

clair, regarder les hautes falaises, les volutes de<br />

synclinaux <strong>fr</strong>acturés. Là-haut, à cinq cents mètres<br />

au-dessus du niveau de la rivière, tout est encore<br />

au soleil. Rêve d’entomologiste ? Se sentir épinglé<br />

au fond d’un décor titanesque, arasé de lumière<br />

claire dont aucune chaleur pourtant ne parviendra<br />

jusqu’à nous… Voyage au pays des<br />

ombres ? Un genévrier qui se découpe au bord<br />

des couleurs d’une crête lointaine. Le jeu des<br />

strates suspendues dans l’air. Le croissant de la<br />

lune pâle a disparu des quelques minces degrés<br />

de ciel « ouvert » au-dessus de notre étrange<br />

monde de falaises et de glace : cette nuit, une<br />

nouvelle année tibétaine <strong>com</strong>mence.<br />

UN HIVER EN HIMALAYA<br />

Se raccrocher à l’altitude ; 3 370 mètres qui ne<br />

veulent rien dire au fil horizontal du fleuve… Et<br />

au nom du lieu : Tasrak Do. Tasrak Do ? Le « coin<br />

où l’on file vite ». Pour les Zanskaris, la réputation<br />

de ce campement n’est plus à faire, toute<br />

d’histoires de gelures subites, doigts et oreilles<br />

confondus. Bref : le coin le plus <strong>fr</strong>igo du Chadar.<br />

Nous avons de la chance, ce soir, il fait bon. À<br />

vue de nez, un petit -20 °C… En regardant les<br />

lueurs des feux s’élever des abris de roche sous<br />

les falaises, chercher vainement à retrouver les<br />

images « d’avant ». La réalité, ou peut-être plus<br />

justement encore l’irréalité <strong>com</strong>plète de la rivière<br />

gelée a subverti tout imaginaire. Même le mot<br />

de « trek » ne convient plus : le Chadar est un<br />

monde en soi, qui finit par ne plus se signifier<br />

que de lui-même…<br />

Mémoires de cette défaite magnifique ? Un vol<br />

72


Grande ambiance : chutes<br />

(légères) de neige et ciel pâle,<br />

à la sortie de l’itinéraire,<br />

en amont de Tsarak Do.<br />

L’ouverture de la grande<br />

plaine de Padum est à une<br />

journée de marche encore…<br />

73


sur Leh, en hiver. Par le hublot, regarder naître<br />

des plaines brumeuses du Pendjab les contreforts<br />

de l’Himalaya. Les Nun-Kun. Rêver de reconnaître<br />

les géants de l’est, K2 ou Nanga Parbat.<br />

L’infini des reliefs qui s’installe, finissant par<br />

excaver de lumière jusqu’à la courbure du globe.<br />

Ce jour-là, le Boeing a fait demi-tour à la verticale<br />

de la vallée de l’Indus. La piste de Leh n’était<br />

pas en condition. Choc encore, passé cet allerretour<br />

improbable : l’hiver de Leh. La lumière<br />

d’or le soir dans le bazar. Les échoppes de souvenirs<br />

et les hôtels fermés. Plus tard, sous les<br />

arches de roche du monastère d’Hemis, transfiguré<br />

d’hiver, des enfants, sur le ruisseau gelé,<br />

glissent accroupis sur de petits traîneaux de bois.<br />

Me demander si bientôt, nous serons aussi<br />

habiles à maîtriser nos propres glissades…<br />

LE CHEMIN DES GLACES<br />

Un 28 janvier. Nous sommes à Chilling. Chilling<br />

<strong>com</strong>me point de départ du Chadar ? Sur ce linceul<br />

gelé, que nous sommes allés toucher du<br />

bout de nos bottes si timidement tout à l’heure,<br />

je regarde progresser un homme. Chargé d’un<br />

fagot, il passe, légère silhouette, semblant<br />

presque danser, exactement là où je n’imaginerais<br />

même pas mettre les pieds… Je me souviens<br />

que la rivière, ce soir-là, était tout entière dans<br />

mon esprit une appréhension d’inconnu…<br />

30 janvier. Sensations nouvelles. Les heures de<br />

marche entre l’ombre <strong>fr</strong>oide, magnifique, des<br />

falaises. L’apprentissage du « laisser-aller » très<br />

attentif des pas sur la glace. Les silhouettes<br />

rapides des porteurs. Les éclats de blanc et<br />

d’émeraude du fleuve. Au kaléidoscope des<br />

lumières et des contrastes, des ombres et des<br />

formes, répondent sans cesse de folles harmonies<br />

sonores, toutes jouées de glace et d’eau.<br />

Bruits de torrents et de rapides, de lents ressacs<br />

aussi, jusqu’à <strong>fr</strong>ôler, parfois, des semblants<br />

de bord de mer. Résonance des pas et de nos<br />

bâtons de rose sauvage, du simple glissement<br />

aux sourdes résonances pas très amicales.<br />

Parfois, c’est la « banquise » elle-même qui rugit,<br />

dans une brève et invisible convulsion, rehaussée<br />

d’autres silences. Rire avec les porteurs, de nos<br />

magistrales pertes d’équilibre, de nos chutes et<br />

de nos figures libres. Ne pas trop rire, encore,<br />

de certains passages au bord des rives. La langue<br />

de glace qui se faufile contre le rocher. Parfois<br />

guère plus d’un mètre. Attention maximale, souvent,<br />

lorsque la surface, <strong>fr</strong>acturée à force de passages,<br />

se gorge d’eau. Regarder sans y croire<br />

certains porteurs se déchausser et traverser pieds<br />

nus. Ne pas trop rire non plus de certaines sentes,<br />

qui remontent parfois au détour de barres<br />

rocheuses, au-dessus de la rivière… Et ne surtout<br />

pas imaginer lorsque la débâcle interdit<br />

d’utiliser le linceul du fleuve, à quoi peut ressembler<br />

un « mauvais » Chadar…<br />

UN THÉ AU MONASTÈRE<br />

Lundi 3 février. Village de Lingshed. Une matinée<br />

de marche à l’écart de la Zanskar, à remonter<br />

dans les gorges étroites, hier. Des arbres (!). La<br />

neige si cristalline. Les enfants en file indienne<br />

sur le chemin. Corvée de bois, sourires amusés.<br />

Nanouche est remplie d’émotion : visiter ce village<br />

en hiver, après tant d’étés de « passages »,<br />

est au cœur même de son Chadar. Le thé au<br />

monastère. Sa fierté de nous faire visiter la nouvelle<br />

nonnerie qu’elle a financée. La grande<br />

maison où nous nous sommes installés. Dans le<br />

paysage, depuis la terrasse surchargée de<br />

réserves de bois : la silhouette d’un cavalier rentrant<br />

chez lui. Le tissage des sentiers entre les<br />

fermes. Penser longtemps, dans la cuisine<br />

sombre où nous préparons le repas du soir (boudins<br />

grillés, à base de sang de chèvre et de<br />

tsampa…) à l’invraisemblable « permanence » de<br />

APPRENDRE À MARCHER SUR LA GLACE…<br />

Tenté par le Chadar ? Alors il va vous falloir… apprendre à marcher ! Et à maîtriser le fameux « pas Chadar »,<br />

un « glissé­retenu » alternatif, assez déconcertant (<strong>com</strong>me avec les patins sur le parquet de belle­maman, les<br />

pieds ne quittent presque jamais le contact au sol), ac<strong>com</strong>pagné au choix d’appuis sur bâtons télescopiques<br />

ou, mieux encore, sur un solide bâton de bois… qui servent également de sonde (sonore) permettant<br />

d’apprécier la solidité de la glace.<br />

Page de gauche :<br />

à 3 500 m d’altitude,<br />

la gompa (monastère)<br />

de Karsha est entourée<br />

d’une cascade de cellules<br />

monastiques accrochées<br />

à la montagne, face à<br />

Padum. En hiver, l’activité<br />

monastique ne désarme<br />

pas : près de 300 moines<br />

y résident…<br />

EST-CE<br />

DANGEREUX ?<br />

On ne risque rien sur<br />

les glaces du Chadar, en<br />

faisant un peu attention.<br />

Tous les incidents (<strong>fr</strong>acture<br />

de la couche de glace) se<br />

passent aux abords des<br />

rives, particulièrement<br />

près des blocs rocheux<br />

affleurants. Indice évident<br />

de ces zones <strong>fr</strong>agiles :<br />

une glace non translucide,<br />

cassante en surface <strong>com</strong>me<br />

des assiettes, et qui semble<br />

<strong>com</strong>posée de milliers<br />

de cristaux en « dents<br />

de requin ». Les passages<br />

les plus « engagés » sont<br />

souvent des passages sur<br />

berges, où des sentes<br />

raides peuvent passer<br />

parfois 20 à 30 m au­dessus<br />

de l’eau, dans des ressauts<br />

rocheux ou des dalles<br />

recouvertes de neige.<br />

QUEL<br />

ÉQUIPEMENT ?<br />

Duvet ­20 °C minimum,<br />

système trois couches,<br />

veste en duvet, gants,<br />

bonnets, etc. Il ne fait pas<br />

« toujours » ­30 °C, loin<br />

de là, mais s’arrêter une<br />

heure à l’ombre, poser<br />

un camp ou marcher tôt<br />

le matin sont des moments<br />

parfois cinglants en termes<br />

de <strong>fr</strong>oid. Crampons ?<br />

Marcher « rigide » sur<br />

cet itinéraire (en rupture<br />

évidente avec l’esprit<br />

des lieux…) est à la fois<br />

possible et… <strong>fr</strong>ustrant.<br />

75


DES BOTTES ?<br />

Dans les gorges, les<br />

chaussures en cuir sont à<br />

proscrire, que ce soit en<br />

raison des passages à gué<br />

ou des « faux pas » pos ­<br />

sibles à travers la glace. À<br />

notre modeste avis, il existe<br />

plus efficace que les bottes<br />

« canadiennes » (Sorel ou<br />

Kamik). Soit sur le marché<br />

local, les bottes blanches<br />

de l’armée indienne. Soit<br />

des bottes d’alpinisme,<br />

type Davai (voire Everest)<br />

de chez Millet.<br />

DANS LE SAC…<br />

Singularité du Chadar : il<br />

est très sage de transporter<br />

dans son sac le nécessaire<br />

pour se changer (intégralement)<br />

en cas de passage<br />

à l’eau, toujours possible…<br />

Mais aussi pour avoir de<br />

quoi rester confortablement<br />

« posé » pour manger<br />

un morceau et boire un<br />

thé au beurre par ­20 °C<br />

à l’ombre, avec un petit<br />

vent <strong>fr</strong>ais en prime…<br />

la vie si loin de nos propres mondes. S’ancrer<br />

jour après jour dans ce qui pour nous est nulle<br />

part ? Et regarder ces mondes de l’hiver himalayen<br />

vivre, <strong>com</strong>me un luxe sans nom du voyage.<br />

Quelques jours plus tard. Quitter Lingshed pour<br />

retrouver le fleuve, en croisant les doigts derrière<br />

les porteurs qui foncent par crainte des avalanches.<br />

Transfiguration du paysage : il a (un peu)<br />

neigé. La rivière est immobile, monochrome.<br />

Deux jours encore dans ce décor si étrangement<br />

apaisé, avant de sortir, petit à petit, de l’univers<br />

si particulier des gorges.<br />

UNE CARAVANE EN HIVER<br />

La plaine vers Padum qui s’ouvre lentement. Les<br />

fermes silencieuses d’Anomil. Des stupas dans<br />

l’immensité, sous l’horizon des hautes montagnes.<br />

Après Pichu, le voyage finit par prendre<br />

des allures de véritable caravane. Chevaux dans<br />

la lumière. Vertige d’espace libre. Regarder de très<br />

loin avancer les silhouettes de notre équipe dans<br />

ce fantastique silence. Vendredi 7. Karsha. L’appel<br />

de la trompe au monastère. La puja des moines.<br />

En brûlant des bouses de yacks dans un poêle à<br />

kérosène, écouter la rumeur des rues de gel, assis<br />

sur une terrasse. Les cris des enfants. Des animaux.<br />

De ces heures d’étrange dé<strong>com</strong>pression<br />

après le « tunnel » du fleuve, tout le monde, dans<br />

notre petit groupe, mesurer la puissance des jours<br />

passées à <strong>fr</strong>ôler la vie forte et simple des<br />

Zanskaris, entre nos étonnements et la « normalité<br />

» (pour eux) de ce chemin de glace. Paysans<br />

allant vendre le beurre à Leh. Familles entières<br />

ou groupes de villageois. Nos mémoires étaient<br />

peuplées de furtifs et joyeux échanges. Du goût<br />

mêlé du <strong>fr</strong>oid et du thé au beurre de yack. De<br />

« julay » sonores lancés en avant de toutes ces<br />

improbables rencontres sur le fleuve gelé…<br />

AVEC QUI PARTIR ?<br />

En France, les agences<br />

Tamera et Allibert <strong>Trek</strong>king<br />

sont aujourd’hui les seules<br />

à proposer l’itinéraire du<br />

Chadar, sur 21 à 24 jours,<br />

au départ de Paris. Un<br />

contact ? David Ducoin,<br />

aujourd’hui chez Tamera,<br />

qui a parcouru cet itinéraire<br />

à plusieurs reprises<br />

et qui saura vous conseiller<br />

efficacement.<br />

bit.ly/chadar­tamera<br />

Passages les plus délicats ?<br />

Les bords de falaises, les<br />

lignes de jonction rocherglace.<br />

Sur certains secteurs,<br />

il est même parfois<br />

nécessaire de quitter<br />

le lit de gel proprement<br />

dit, pour remonter sur<br />

le flanc des gorges…<br />

LIRE LA GLACE<br />

Les qualités d’englacement varient du poli parfait, translucide et plan, aux crevasses, zones enneigées,<br />

<strong>fr</strong>acturées, voire recouvertes d’eau… Deux niveaux se mêlent toujours : une lecture visuelle et sonore.<br />

Plus ça sonne mat, plus la glace est épaisse. À l’inverse, les « bong » creux de certains secteurs incitent à la<br />

rapidité… voire au demi­tour ! Parfois, des couches d’eau emprisonnées entre deux niveaux de glace fissurent<br />

la surface. Ça craque un peu partout autour de vous, on accélère alors le pas, et ça passe (très bien) !<br />

76


Étape possible sur<br />

l’itinéraire : le village<br />

de Lingshed, à une petite<br />

journée en marche en<br />

rive gauche, permet de<br />

(re)prendre pied avec<br />

la vie hivernale des<br />

Zanskaris. Ici, dans la<br />

nonnerie du village.<br />

77


L’AUTRE TRAVERSÉE<br />

DES GLACES<br />

TRAVERSER LES PLATEAUX DU CHANGTANG EN HIVER.<br />

PUIS REJOINDRE LE ZANSKAR PAR LES GORGES DE LA<br />

KHURNA CHU. TROIS SEMAINES DE PROGRESSION, ENTRE<br />

SOLITUDE ET RENCONTRES NOMADES. UN ITINÉRAIRE<br />

D’AMPLEUR ISOLÉ ET EXIGEANT, QUE LES ANCIENS<br />

CHANGPAS CONNAISSENT POURTANT TOUJOURS…<br />

C’EST OÙ ?<br />

Cette traversée se déroule<br />

au sud de Leh (Himalaya<br />

indien), dans la chaîne<br />

du Zanskar. Elle démarre<br />

au niveau du lac Tso Kar,<br />

pour aboutir à la sortie<br />

des gorges de la rivière<br />

Zanskar, tous deux accessibles<br />

en jeep depuis Leh.<br />

Les routes vers le Ladakh<br />

étant fermées l’hiver, on<br />

atteindra Leh uniquement<br />

par avion.<br />

Leh, 24 janvier. Nous sommes venus discuter<br />

une dernière fois dans la maison de Meme<br />

Tchunik, un nomade « retraité » de la vallée de<br />

Korzok, aux marges du Changtang et du Rupshu.<br />

« Mais bien sûr ! Il arrivait, en cas de trop fortes chutes<br />

de neige, que nous quittions les hauts plateaux pour<br />

rejoindre le Zanskar ! Nous marchions soit sur Phuktal,<br />

puis Kharsha, en suivant la Tsarap… Soit sur Chilling,<br />

en empruntant les glaces de la Karnak Chu [ou Khurna<br />

Chu, ndlr]. Mais c’était il y a tellement longtemps<br />

maintenant… Plus personne n’a fait ça depuis des<br />

années et des années… » Reprendre à nouveau ces<br />

itinéraires. Côtoyer nomades et troupeaux<br />

changpas dans l’hiver immense de l’altitude, vers<br />

le lac Tso Kar. S’engager en grand vers le <strong>fr</strong>oid et<br />

les solitudes, dans les traces quasi oubliées des<br />

clans de Khorzok ou de Karnak. Relier des <strong>fr</strong>agments<br />

de mondes, entre les routes tibétaines du<br />

Ngari et celles du Ladakh, en un exercice aussi<br />

imaginaire désormais qu’immense et libre…<br />

Pourquoi pas ?<br />

DU GIVRE DANS LES LUNETTES<br />

26 janvier. Allongé sur la surface de glace sans<br />

fin, bras en croix, laisser le regard glisser à l’envers<br />

sur les horizons bleus du ciel et du lac Tso<br />

Kar désormais réunis. Étoiles de givre dans les<br />

lunettes. Magie sauvage des troupeaux de kiangs,<br />

à peine dérangés par notre présence. Mais entre<br />

le <strong>fr</strong>oid (-30 °C) et l’altitude (4 500 m), notre petite<br />

balade d’acclimatation finit par devenir une<br />

bavante à elle toute seule. Le passage du col, hier,<br />

à pousser les jeeps indiennes dans la neige, était<br />

vraiment limite. Un regret ? La brièveté des rencontres<br />

avec les nomades, à Puga. Les fumerolles<br />

des sources chaudes. Les chevaux. Les thés sous<br />

les tentes de laine, à discuter de la rigueur de<br />

cet hiver, des droits de pâturages ancestraux, des<br />

liens avec le Tibet et la poche de Tchi Mur, l’ancien<br />

axe d’entrée des caravanes tibétaines vers<br />

l’Indus, désormais reconvertie en zone de contrebande<br />

et de passage pour les réfugiés…<br />

30 janvier. Trois jours pour rejoindre le hameau<br />

de Yagang, en suivant l’axe de la Zara Chu. À vue :<br />

l’horizon de hautes falaises marquant les reliefs<br />

à venir du Zanskar. En été, Yagang est le quartier<br />

général des nomades de Khurna. Mais en ce<br />

moment, il n’y a strictement… personne. Derrière<br />

nous : suffisamment d’espace vide et de gel pour<br />

ne pas ressentir – presque – une ombre d’angoisse.<br />

Les sacs à pleine charge. La neige plus<br />

profonde que ce que nous attendions. La fatigue<br />

et le lent cisaillement du <strong>fr</strong>oid. Nous avançons<br />

<strong>com</strong>me des fourmis épinglées sur l’immensité<br />

de ces déserts blancs, vides, bluffant de beauté.<br />

Palme de l’étrangeté : la traversée de la route de<br />

78


Un itinéraire hivernal<br />

atypique. Exigeant. Mais<br />

si vous aimez les grandes<br />

solitudes… vous n’avez<br />

quasiment aucune chance<br />

de rencontrer âme qui vive<br />

sur 5 à 6 jours, à partir de<br />

l’entrée dans la Khurna Chu<br />

(ou Karnak Chu) depuis<br />

Dat jusqu’à la Zanskar.<br />

79


Manali. Comme des gamins, nous galopons tous<br />

sur les cinq cents mètres du ruban d’asphalte<br />

dégagé par le vent, histoire de ne pas manquer<br />

ce bout de route inutile, noyé d’un hiver qui ne<br />

mène plus nulle part…<br />

LE VIEUX CHANGPA<br />

Palme de l’improbable : ce matin, nous avons<br />

croisé Meme. Avec son chien et sa besace, le vieux<br />

Changpa arpente les solitudes en éclaireur, pour<br />

les zones de pâturages. Ce soir, il rentre droit sur<br />

Dat, où il est attendu. « Vous allez là-bas aussi ?<br />

Le clan y est installé, mais nous partons bientôt. Il<br />

faut que nous montions plus haut, sur Tandse Sumdo.<br />

Le col du Yar La ? Pas de soucis… ! Vous verrez. Il faut<br />

juste suivre le mur ! » Le mur ? Sans trop bien <strong>com</strong>prendre,<br />

nous finissons dans la soirée, entre thés<br />

brûlants et énormes bols de thukpa, par abandonner<br />

notre option « gorges de la Tsarap », pour<br />

effectivement nous diriger vers Dat. Nous tournons<br />

le dos à six jours minimum en aller-retour,<br />

sans trop de regret : dans trois jours, si tout va<br />

pour le mieux, nous rejoindrons… la vie des<br />

hommes.<br />

1 er février. Le (sublime) col du Yar La (4 900 m) est<br />

<strong>fr</strong>anchi en fin de matinée. Ce point haut était un<br />

réel enjeu pour nous. Il ne nous reste désormais<br />

plus… qu’à descendre. Les tentes sont posées face<br />

à la déferlante immense qui monte désormais<br />

devant nous, mélange d’aiguilles de Chamonix,<br />

de tours du Paine et de canyons américains. Notre<br />

dernière nuit dans les bergeries de Lungmoche<br />

est presque (déjà) oubliée. Par un petit -40 °C,<br />

jamais nous n’aurons eu si <strong>fr</strong>oid. Progression neige<br />

jusqu’aux genoux. Et puis nous avons suivi le mur.<br />

Un fabuleux cadeau de pierre d’un mètre par un<br />

mètre, rasant la surface des neiges, serpentant<br />

de part et d’autre du col. Cet ouvrage génial,<br />

auto-nettoyé par les vents, date de quelque trente<br />

ans. Et garantit aux troupeaux <strong>com</strong>me aux<br />

hommes, en cas de chutes de neige, de pouvoir<br />

quitter la nasse immaculée des plateaux.<br />

AVEC LES NOMADES<br />

5 février. La scène ne va durer que quelques<br />

minutes. Elle marquera l’un de nos plus forts souvenirs<br />

de ces semaines. Depuis trois jours, nous<br />

vivons à l’heure de Dat. Une trentaine de familles,<br />

toutes générations confondues. Les troupeaux<br />

de chèvres et de yacks, les chevaux. Les grands<br />

mouvements du cheptel qui s’égaillent chaque<br />

matin dans les vallées alentour. Les chants des<br />

bergères qui reviennent avec l’ombre du soir. Les<br />

deux jeunes moines-gardiens du monastère où<br />

nous dormons. Le dédale des maisons de pierre<br />

et des enclos où nous finissons par avoir nos<br />

repères, nos haltes. Le programme très simple,<br />

plein de chaleur : invitations, thés, rires, <strong>fr</strong>omages<br />

et pains ronds, photos, viandes séchées, farniente<br />

et récupération. Mais ce matin est un grand jour<br />

pour nos hôtes. Il est 5 h 30 du matin. Partout, on<br />

s’active dans la nuit. Chevaux et yacks bâtés en<br />

une poignée de minutes : avec les premières<br />

lueurs de l’aube, c’est le village entier qui se met<br />

en route sous nos yeux. Grands « dju dju»heureux,<br />

noyés d’ombres bleues, mêlés aux crissements<br />

des sabots sur la neige gelée. Grands aux<br />

revoirs de la main. Sur un yack, un môme qui<br />

ne doit pas avoir deux ans, émerge à peine des<br />

couvertures. Il doit faire un bon -20 °C. La scène<br />

va durer cinq minutes, jusqu’à ce que la caravane<br />

entière disparaisse au premier coude de la<br />

vallée. Le silence qui revient d’un trait. En retournant<br />

vers le village totalement déserté, nous partageons<br />

quelques mots maladroits sur<br />

l’impensable « liberté » des peuples nomades…<br />

UN RÉEL ENGAGEMENT<br />

Hormis le (redoutable) duo <strong>fr</strong>oid­altitude, l’itinéraire ne présente pas de difficultés particulières en termes<br />

de marche. L’enneigement sur les hauts plateaux ne nécessite pas l’emploi de raquettes… Quant aux<br />

dénivelées, elles sont très raisonnables, voire quasi nulles sur les sections gelées. Reste que : les conditions<br />

de glace sur la partie basse de l’itinéraire, les possibilités de mauvais temps sur les plateaux d’altitude (vent,<br />

notamment), ou encore les risques d’avalanches en cas de fortes chutes de neige dans les gorges englobent<br />

ce vaste itinéraire d’une aura spécifique : contrairement au Chadar, ici, l’isolement et l’autonomie sont<br />

absolus sur 95 % de l’itinéraire.<br />

Nomade du clan de<br />

Karnak, Meme Tsundup<br />

est l’un des patriarches<br />

qui guide les familles<br />

et les troupeaux vers<br />

les maigres pâturages<br />

dispersés sur les<br />

plateaux d’altitude…<br />

S’ACCLIMATER<br />

La première partie de<br />

l’itinéraire est nichée à plus<br />

de 4 500 m, soit 1 500 m<br />

plus haut que « le fleuve<br />

gelé », qui n’est déjà pas<br />

une simple balade estivale.<br />

L’altitude de ce point de<br />

départ nécessite donc<br />

réellement un début<br />

d’acclimatation d’une<br />

poignée de jours à Leh<br />

ou dans ses environs.<br />

NB : envisager cet itinéraire<br />

« à l’envers », dans<br />

le sens Zanskar­Changtang<br />

est possible. Mais le trek,<br />

dans ce sens, perdrait –<br />

à notre avis – l’essentiel<br />

de sa magie…<br />

ATTENTION À<br />

L’ÉQUIPEMENT !<br />

Difficile de se contenter<br />

d’à­peu­près sur ce<br />

chapitre. Équipement<br />

trois couches type expé,<br />

grosses polaires et/ou<br />

doudounes, masques et<br />

gants d’altitude, duvets<br />

grands <strong>fr</strong>oids (­30 °C à<br />

­40 °C) indispensables.<br />

Variante au Gore­Tex ?<br />

Une grosse chuba (le<br />

manteau traditionnel<br />

ladakhi), de très bonne<br />

qualité, convient parfaitement<br />

aux conditions rencontrées…<br />

Pour les chaussures,<br />

les remarques<br />

sont les mêmes que<br />

pour le Chadar.<br />

81


Fiers <strong>com</strong>me des<br />

gamins ? Nos porteurs<br />

zanskaris étaient aux<br />

anges de renouer avec<br />

un très ancien itinéraire<br />

hivernal, délaissé depuis<br />

de nombreuses<br />

décennies…<br />

QUELLES<br />

TEMPÉRATURES ?<br />

Attention au <strong>fr</strong>oid intense,<br />

lié à un passage de col à<br />

près de 5 000 m et aux hauts<br />

plateaux du Changtang du<br />

début de l’itinéraire.<br />

Lorsque nous avons<br />

effectué ce trek entre la<br />

fin janvier et la mi­février,<br />

les températures les plus<br />

basses (de nuit) descendaient<br />

sous les ­40 °C, au<br />

niveau des bergeries de<br />

Lungmoche.<br />

BIVOUACS<br />

Contrairement encore<br />

au Chadar, les bivouacs en<br />

grottes sont quasi absents.<br />

Tout se passe sous tente,<br />

sauf quelques nuits dans<br />

des bergeries ou villages.<br />

À partir des gorges proprement<br />

dites, les stocks de<br />

bois flotté sur les rives<br />

permettent d’établir de<br />

très confortables feux<br />

à chaque campement.<br />

LE DÉSERT ABSOLU<br />

9 février. Jours de « relâche » à Khurna Sumdo.<br />

Nous sommes depuis six jours pleins les otages<br />

des gorges proprement dites. Encerclés. Enfermés.<br />

Débordés. Écrasés. De cataractes de falaises, de<br />

plissements, d’aiguilles, d’arches et de dalles suspendues<br />

au-dessus de nos têtes… Et sur cette<br />

dernière section de notre petite balade, pourquoi<br />

ne pas l’écrire, nous pétons les plombs de bonheur.<br />

Cette partie de l’itinéraire du Jumlam (traversée<br />

Zanskar-Indus par les cols) a débuté avec<br />

une météo douteuse. Mais la crainte lancinante<br />

des grosses chutes de neige et des avalanches<br />

est derrière nous : après le jour blanc et les<br />

ambiances monochromes, le grand bleu est<br />

revenu. Les strates orange-ocre-jaune explosent<br />

vers le ciel. Certains saules, dans les bosquets,<br />

bourgeonnent… Un peu partout, des traces de<br />

léopard des neiges. De loups. Des troupeaux de<br />

bharals perchés sur les arêtes.<br />

À part cela : l’isolement est absolu. Depuis des<br />

jours, nous n’avons croisé aucune présence ni<br />

trace de quoi que ce soit d’humain. Image ? Nous<br />

fonçons vers les vacances, sur une autoroute<br />

déserte, qui semble n’être là rien que pour nous.<br />

Et la mer n’est pas loin. La preuve ? Il ne fait plus<br />

-35 °C, mais un doux -<strong>10</strong> °C. Les sacs, réserves de<br />

nourriture quasi épuisées, semblent ultra-légers.<br />

Nous sommes passés d’une concentration plutôt<br />

« tendue » à une dolce vita hors catégorie. La progression<br />

sur les zones gelées est plus facile que<br />

sur la Zanskar. Il y a moins de débit, et la glace<br />

occupe parfois l’intégralité du fond des gorges…<br />

Pieds mouillés ? Pas grave ! Les chaussettes trempées<br />

(puantes) et les chaussons de feutre finissent<br />

toujours par fumer, piqués sur des bâtons audessus<br />

de foyers parfumés au genévrier.<br />

RENTRÉE DANS L’ATMOSPHÈRE<br />

Fin de la pression ? Nous profitons de chaque<br />

embranchement pour remonter les affluents…<br />

Une journée vers le col de Shapodak, en direction<br />

du Lar La. Une journée vers le Charchar La, qui<br />

redescend sur Zangla, Pishu, Karsha et Padum. Ou<br />

vers le Rabrang La, qui repart sur la Markha…<br />

Après l’engagement et les incertitudes des<br />

semaines passées, ces dernières longueurs dans<br />

l’hiver du Zanskar sont d’une immense liberté.<br />

Tous les porteurs ne pensent plus qu’à la manière<br />

dont ils vont, eux, raconter « leur » traversée.<br />

Histoire de marquer le coup, sur notre carte, Targye<br />

a même baptisé, très modestement, le dernier<br />

bivouac à son nom : « Targye Lungpa » !<br />

13 février. Une rentrée dans l’atmosphère ? Assis<br />

sur un rocher, regarder sans trop savoir quoi dire<br />

le flot vert émeraude de la Zanskar, face aux porteurs<br />

rayonnants. Pour eux, peut-être plus que<br />

pour nous encore, le retour de ce long voyage<br />

était empreint d’une vraie fierté. La virée était<br />

longue. Aventureuse dans le meilleur sens du<br />

terme. Et pouce levé, le plus vieux d’entre eux<br />

s’est fendu d’un immense sourire. Et, hilare, a<br />

posé en anglais son avis final sur notre histoire :<br />

« Fucking beautiful trip »…<br />

82


Solitudes par ­30 °C ?<br />

Troupeau de kiangs, les<br />

ânes sauvages du Tibet,<br />

sur le lac Tso Kar, point<br />

d’entrée de l’itinéraire,<br />

à 4 500 m d’altitude.<br />

83


LE SPITI<br />

EN FAMILLE<br />

IMPENSABLE DE VOYAGER EN HIMALAYA AVEC DES<br />

ENFANTS EN BAS ÂGE ? INSTALLÉS DANS LE SUD<br />

DE L’INDE DEPUIS 2015, RINA ET NICK ONT PARCOURU<br />

LA VALLÉE DU SPITI AVEC SALEM, DEUX ANS, ET NIL,<br />

CINQ ANS. UNE APPROCHE EN FAMILLE DES HAUTES<br />

MONTAGNES, DES GRANDS ESPACES DÉSERTS ET DES<br />

MONASTÈRES BOUDDHISTES DE CULTURE TIBÉTAINE.<br />

RINA<br />

NICK<br />

84


INDE<br />

Randonnée jusqu’aux<br />

lacs de Dashair et<br />

Dhankar. Deux ans<br />

dans la fournaise des<br />

plaines indiennes nous<br />

avaient fait oublier<br />

jusqu’à l’existence de<br />

la sensation de <strong>fr</strong>oid…<br />

85


En bas à gauche :<br />

bénédiction et procession<br />

ac<strong>com</strong>pagnant le lama<br />

Govind, ermite des<br />

montagnes du Kinnaur.<br />

Au centre : Nil fait<br />

connaissance avec un<br />

petit veau ; l’une des joies<br />

élémentaires du voyage pour<br />

un enfant de cinq ans.<br />

À droite : un mani,<br />

une pierre gravée<br />

de mantras tibétains,<br />

déposé en of<strong>fr</strong>ande<br />

au monastère de Tabo.<br />

86


INDE<br />

La rivière Spiti depuis<br />

le toit du monastère de<br />

Tashi Choling, à Dhakar.<br />

Salem, deux ans, et<br />

autres bambins de<br />

Dankhar, en bordure<br />

d’un enclos abritant<br />

des animaux.<br />

87


INDE<br />

Nous pensions<br />

rejoindre le Spiti<br />

par le nord,<br />

COMMENT<br />

Y ALLER ?<br />

Vols internationaux pour<br />

New Delhi avec la plupart des<br />

<strong>com</strong>pagnies internationales.<br />

Vols domestiques pour Kullu,<br />

à 40 km de Manali, avec<br />

Air India, un vol quotidien<br />

du lundi au vendredi.<br />

REJOINDRE<br />

LE SPITI<br />

→ Depuis Manali et le Lahaul,<br />

par les cols du Rohtang La<br />

et Kunzum La, une grosse<br />

journée de route jusqu’à<br />

Kaza. La route est fermée<br />

huit mois de l’année, les auto ­<br />

rités indiennes garantissent<br />

l’ouverture du col entre<br />

juillet et fin septembre.<br />

→ Depuis Shimla, par<br />

l’Hindustan­Tibet Highroad<br />

qui longe la rivière Sutlej,<br />

trois jours de route. La<br />

route est ouverte de mars<br />

à décembre, avec souvent<br />

de longs détours dus aux<br />

glissements de terrain,<br />

accidents ou fortes neiges.<br />

Si vous souhaitez explorer<br />

la région du Kinnaur, le<br />

guide Frommer’s India<br />

invite à diverses visites<br />

et écarts de la route.<br />

via les cols du Rohtang La (3 978 m) et Kunzum<br />

La (4 590 m). Mais d’abondantes neiges les maintiennent<br />

fermés et ce sont trois jours de voiture<br />

par la vallée de la Sutlej et la région du Kinnaur<br />

qui nous conduiront au Spiti. La route, découpée<br />

à flanc de montagne, est impressionnante. Elle<br />

est à l’image de l’emprise que l’homme exerce<br />

sur ces hautes montagnes. Les cours d’eau sont<br />

détenus par de colossaux barrages, tel le<br />

« 1 000 mégawatts » et son slogan scandé tout au<br />

long de la route « no dream too big » (aucun rêve<br />

trop grand). Des villes entières ont été bâties pour<br />

loger les travailleurs des centrales recluses, on y<br />

trouve école, hôpital, hauts immeubles pour les<br />

ouvriers et villas avec jardinets pour les cadres.<br />

CAHOTS ET CHAOS<br />

Dans les hautes vallées agricoles, les enseignes<br />

des <strong>com</strong>merces indiquent « seeds and pesticides ».<br />

Des panneaux signalent l’arrêt de la circulation<br />

à horaires fixes, trois fois par jour, pour le dynamitage<br />

de la roche. En bord de route des ma -<br />

chines réduisent la pierre en gravier. Une cascade<br />

est exploitée en lave-auto ! La route nécessite<br />

un constant entretien. Les montagnes assaillies<br />

se rebellent, les glissements de terrain arrachent<br />

des pans de route, d’énormes rochers écrasent<br />

les engins de chantier : aplatis <strong>com</strong>me des crêpes,<br />

ils sont abandonnés sur les bas-côtés… Chique -<br />

naudes de la montagne à l’opiniâtre domination<br />

humaine. Des torrents d’eau dévalent la pente.<br />

Des visions époustouflantes se succèdent.<br />

La région, <strong>fr</strong>ontalière de la Chine (ancien Tibet),<br />

est classée Restricted area : camps militaires et<br />

checkpoints ponctuent la route. Nous faisons<br />

halte à Rekhong Peo (2 500 m) pour y faire établir<br />

notre permis de circuler. Cahots et chaos<br />

nous rendent malades… Cœurs et estomacs<br />

balancent… Mais les habitants du Kinnaur ont<br />

belle et fière allure. Ils portent l’habit traditionnel.<br />

Nombreux sont les ateliers de tisserands filant<br />

Sur les bords de la<br />

rivière Spiti dans la<br />

campagne de Tabo,<br />

dans la partie aval<br />

de la vallée.<br />

88


la laine, de couturiers taillant sur mesure vestes<br />

et toques, de brodeurs et d’artisans bijoutiers.<br />

Nous manquons ostensiblement d’élégance à<br />

leurs côtés !<br />

EN TERRE BOUDDHISTE<br />

La circulation s’interrompt. Un lama retiré dans<br />

les montagnes voisines, est descendu bénir la<br />

population, son cortège bloque la route et un rituel<br />

s’organise. Nous nous arrêtons à Nako (3 600 m),<br />

sur les contreforts du Reo Purgyil (6 816 m) ; nous<br />

prenons de la hauteur ! Le village n’abrite que<br />

deux guest-houses et la vie paysanne y est<br />

conservée. Aux petites maisons sont accolés les<br />

enclos des animaux. Nil et Salem caressent les<br />

ânes, veaux et chèvres. De petites parcelles de<br />

culture sont irriguées par un réseau de canaux.<br />

Et tout autour les montagnes et le ciel sont majestueux.<br />

Nous nous rendons au monastère et y<br />

retrouvons le lama ermite ! Les chants des villageois<br />

l’accueillent, des jeunes filles parées lui<br />

servent le thé et font brûler des feuilles résineuses<br />

de cyprès. Au milieu de cette cérémonie, nous<br />

recevons la bénédiction du lama.<br />

Royaume minéral et porte céleste, la rivière Spiti<br />

annonce l’entrée dans le territoire du même<br />

nom. Nous passons une semaine à Tabo<br />

(3 280 m) : heureux d’être arrivés ! La toute petite<br />

ville <strong>com</strong>porte une école primaire et son pensionnat<br />

logeant les enfants des villages isolés,<br />

ainsi qu’un dispensaire médical. Au Spiti, la<br />

densité de population n’est que de deux habitants<br />

par kilomètre carré, contre trois cent<br />

quatre-vingt-deux pour l’ensemble de l’Inde. Le<br />

lieu est célèbre pour son ancien monastère<br />

bouddhiste. Construction de terre datant de<br />

l’an 996 dont l’intérieur est peint de magnifiques<br />

<strong>fr</strong>esques. Le site attend d’être classé au<br />

patrimoine mondial par l’Unesco, ce qui permettra<br />

d’effectuer des travaux de restauration<br />

et assurera sa conservation. Le lieu est animé<br />

par les rituels quotidiens des cinquante moines<br />

y résidant. Le Dalaï-Lama s’y rend à l’occasion<br />

de célébrations. Les possibilités d’hébergement<br />

sont nombreuses et il y a même un hôtel de<br />

luxe sur la route principale, il est destiné aux<br />

quelques riches Indiens qui, en une petite<br />

semaine, atteignent les sommets de l’Himalaya<br />

depuis Delhi au volant de gros véhicules performants,<br />

puis… font demi-tour !<br />

Situé à 4 <strong>10</strong>0 m<br />

d’altitude, sur les<br />

hauteurs d’une colline<br />

surplombant la rivière,<br />

le monastère de Key<br />

est le plus important<br />

de la vallée.<br />

CARTES<br />

ET GUIDES<br />

En anglais (an opportunity<br />

to practise before leaving !) :<br />

Frommer’s India, The Rough<br />

guide to India, Lonely Planet<br />

walking guide : <strong>Trek</strong>king in<br />

the Indian Himalayas.<br />

89


LOSAR<br />

HANSA<br />

KIATO<br />

Kunzum La<br />

(4 590 m)<br />

PANGMO<br />

KIBBER<br />

MORANG<br />

KEY<br />

KEY<br />

N<br />

→ Monastère : le plus grand du<br />

Spiti, abris de reliques et ruche<br />

de lamas, accueillant pèlerins<br />

mais aussi étrangers pour une<br />

simple visite, une méditation<br />

collective et un thé au beurre<br />

salé, ou pour une plus longue<br />

retraite et un ac<strong>com</strong>pagnement<br />

dans sa quête spirituelle.<br />

→ Le festival Burning of<br />

the demon, danses cham<br />

(costumes, masques et instruments<br />

traditionnels), procession<br />

et embrasement d’une<br />

immense sculpture de beurre,<br />

a lieu fin juin­début juillet.<br />

Parvati Parvat<br />

(6 633 m)<br />

KAZA<br />

→ Le village : New and Old<br />

Kaza s’étendent de part et<br />

d’autre de la rivière Spiti.<br />

Artisanat himalayen, bijoux,<br />

gemmes, fossiles…<br />

→ Le monastère de Tangyud.<br />

→ Balades : agences de trek<br />

et particuliers proposent des<br />

services de guides, porteurs,<br />

muletiers, location de matériel<br />

de camping, randonnées<br />

équestres au dos de Chhumurti<br />

(cheval indigène). Randonnées<br />

pour les villages de Komic, de<br />

Kibber et le monastère de Key.<br />

→ Collecte de fossiles au<br />

village de Langza.<br />

KAZA<br />

SANGNAM<br />

5km<br />

© Fonds Open Street Map<br />

Vallée de Pin


KIBBER<br />

→ Kibber wildlife sanctuary,<br />

entre 3 600 et 6 700 m d’altitude,<br />

réserve de faune et de<br />

flore depuis 1992.<br />

→ Randonnées pour le lac de<br />

Chandra Taal et les gorges de<br />

Gramphu.<br />

→ Possibilité de rejoindre<br />

le Rupshu (Tso Moriri) et le<br />

Ladakh à pied, via le col du<br />

Parang La (5 580 m, 15 jours,<br />

niveau difficile), dans les<br />

pas des caravaniers qui se<br />

rendaient au bazar de Leh.<br />

À VOIR, À FAIRE AU SPITI<br />

Longue d’une centaine de kilomètres, la vallée du Spiti dévoile une<br />

culture tibétaine typique, dans un cadre naturel vivifiant.<br />

TABO<br />

LARA<br />

DEMUL<br />

LALUNG<br />

DHANKAR<br />

→ Monastère de Tashi Choling :<br />

un défi à la gravité, avec un<br />

petit musée, un conservatoire<br />

de manuscrits et enluminures<br />

bouddhistes, des <strong>fr</strong>esques du<br />

XVII e siècle décrivant la vie du<br />

Bouddha.<br />

→ Les ruelles du village fortifié<br />

à la rencontre des habitants.<br />

→ Randonnées au lac de<br />

Dashair et Dhankar, au gompa<br />

de Sherkhang et ses superbes<br />

sculptures, poursuivre jusqu’au<br />

village de Demul.<br />

→ Le monastère millénaire :<br />

son <strong>com</strong>plexe de temples de<br />

terre, ses moulins de prières<br />

patinés, ses amoncellements<br />

de magnifiques manis (pierres<br />

sculptées de mantras tibétains),<br />

et enfin ses superbes <strong>fr</strong>esques<br />

colorées, dont les artistes itinérants,<br />

sous l’égide de Rinchen<br />

Zangpo, sont les mêmes qui<br />

peignirent les gompas d’Alchi<br />

(Ladakh), Toling et Tsaparang<br />

(Tibet), leur œuvre est reconnue<br />

trésor de l’art bouddhiste.<br />

Le visiteur est attendu pour la<br />

puja quotidienne à 6 h 30 !<br />

→ Les grottes de méditation<br />

surplombant le village.<br />

→ Autour du village : on peut<br />

se balader sur les berges de la<br />

rivière Spiti et sillonner entre<br />

canaux, parcelles de cultures<br />

et stupas.<br />

DHANKAR<br />

TABO<br />

LARI<br />

POH<br />

91


Un digne et souriant<br />

représentant de la région<br />

du Kinnaur, en surplomb<br />

de la rivière Sutlej, durant<br />

l’approche du Spiti par<br />

la route d’accès sud.<br />

92


INDE<br />

DANS LA VALLÉE DU SPITI<br />

Influence de la vie monacale, chacun égraine<br />

d’une main un chapelet et tient de l’autre main<br />

un téléphone portable. Tranquillité, sobriété,<br />

invitent à l’amitié. En ces lieux reculés, ne subsiste<br />

plus d’agriculture vivrière. Un gros camion<br />

approvisionne le village en sacs de farine de blé<br />

(les chapatis remplacent la tsampa d’orge cultivé<br />

localement), briques de lait pasteurisé (autrefois<br />

lait cru de yack), plaques d’œufs de batteries et<br />

légumes issus de l’agriculture intensive. Sur les<br />

rayons de l’épicier, emballages et sachets colorés.<br />

Tabo a conservé deux cultures : celles du petit<br />

pois et de la pomme. Produits rares et prisés qui<br />

ne peuvent pousser dans la chaleur des plaines<br />

indiennes, on les appelle cash crops ; leur <strong>com</strong>mercialisation<br />

rapporte. Ici aussi, engrais synthétiques<br />

et pesticides sont d’usage. Il y a peu<br />

de bétail, quelques rares vaches. La rivière Spiti<br />

gronde de grands remous, le vent s’engouf<strong>fr</strong>e dans<br />

la vallée. Sur la plage de sable noir et fin, quelques<br />

petits saules ramassés poussent resserrés en bosquets,<br />

leur feuillage d’un vert lumineux contraste<br />

avec le paysage minéral. Nil gambade dans les<br />

éboulis, joue la chèvre des montagnes, bâtit avec<br />

les pierres son monde imaginaire.<br />

ACCUEILLIS À LA LAMASERIE<br />

Notre voisin du moment s’appelle Hari, c’est<br />

un retraité originaire de Jaipur qui passe chaque<br />

été au <strong>fr</strong>ais des montagnes (au même moment<br />

l’Inde subit une terrible canicule), il a travaillé<br />

en A<strong>fr</strong>ique de l’Ouest, vécu au Canada, et parle<br />

couramment l’anglais, ce qui n’est pas le cas des<br />

locaux. Nous lui confions vouloir consulter un<br />

devin. Nous sommes reçus par le head lama, le<br />

directeur du monastère. C’est une chance et un<br />

honneur. L’homme transmet une belle énergie<br />

de paix et de simplicité. L’ambiance du monastère<br />

est sereine et <strong>fr</strong>aternelle, la hiérarchie n’exprime<br />

pas de supériorité, les lamas sont joyeux<br />

et joueurs, les enfants jouent avec les adultes,<br />

ils ont improvisé une partie de cricket avec un<br />

tuyau en guise de batte !<br />

Le head lama est tibétain, parle l’hindi mais très<br />

peu l’anglais, nous nous dépatouillons entre<br />

english et bodish, la langue locale, proche du tibétain.<br />

Nous <strong>com</strong>muniquons néanmoins. Le lama<br />

précise, qu’oracle ou pas, c’est à nous qu’appartiendront<br />

nos choix ! Ce soir, il méditera et<br />

LA VALLÉE DE PIN<br />

Le parc national de Pin Valley s’étend du sud­est de Dankhar où les rivières Pin et Spiti se rejoignent, jusqu’à<br />

la <strong>fr</strong>ontière tibétaine. Protégé depuis 1987, le lieu est enneigé huit mois de l’année, avec une altitude variant<br />

de 3 500 à 6 000 m et un climat <strong>fr</strong>oid (jusqu’à ­35 °C) et particulièrement venteux. Peu explorée, la vallée<br />

of<strong>fr</strong>e un habitat naturel pour des espèces faunistiques et floristiques menacées d’extinction : le léopard des<br />

neiges et sa proie le bouquetin de Sibérie, des oiseaux rares, le tétraogalle de l’Himalaya, la perdrix choukar,<br />

le lerva des neiges, des plantes médicinales, aconits, arnebia, ephedra… Clairsemée de pinèdes de cèdres de<br />

l’Himalaya, bordée de sommets enneigés, la vallée en été se constelle de fleurs. Depuis le village de Mud<br />

(3 770 m), s’organisent le très réputé Pin­Parvati <strong>Trek</strong> (8­<strong>10</strong> jours), ou le plus modeste Bhaba <strong>Trek</strong> (4 jours).<br />

Au départ de Kaza ou Reckong Peo également.<br />

Dans le village de<br />

Dankhar, une ânesse<br />

et son ânon rentrent<br />

au bercail.<br />

PERMIS<br />

KINNAUR / SPITI<br />

Un permis (Inner Line Permit)<br />

est nécessaire pour les zones<br />

<strong>fr</strong>ontalières de la Chine.<br />

Il peut être délivré à Kaza<br />

et Reckong Peo (dernières<br />

haltes avant checkpoints),<br />

mais aussi dans les principaux<br />

bureaux gouvernementaux<br />

de l’Himachal Pradesh<br />

(Manali, Shimla). Il s’établit<br />

sur la journée, dépôt le<br />

matin, retrait l’après­midi.<br />

Fournir passeport, photos<br />

d’identité, copie des<br />

passeports et visa.<br />

93


INDE<br />

SE DÉPLACER<br />

Depuis Kaza, un bus<br />

quotidien dessert Manali et<br />

Shimla, deux bus quotidiens<br />

pour Tabo et Key, deux bus<br />

quotidiens pour Mud (Pin<br />

Valley) et Kibber. Taxis et<br />

location de véhicules avec<br />

chauffeur à la gare routière<br />

de Kaza. Chemins pédestres<br />

de village à village.<br />

OÙ DORMIR ?<br />

→ À Kaza et Tabo : de<br />

nombreuses possibilités<br />

d’hébergement, tout budget,<br />

idem pour la restauration :<br />

tsampa (bouillie d’orge) au<br />

petit déjeuner, thali (repas<br />

végétarien) au déjeuner,<br />

dal (lentilles et chapatis)<br />

au dîner, également des<br />

restaurants à la carte…<br />

→ À Dhankar, Kibber, Key :<br />

chambres et tables d’hôtes,<br />

quelques guest­houses<br />

dont nous re<strong>com</strong>mandons<br />

celles des monastères,<br />

un ou deux restaurants,<br />

une petite épicerie.<br />

→ Dans les réserves,<br />

le bivouac n’est autorisé<br />

qu’ac<strong>com</strong>pagné de guides,<br />

des emplacements sont<br />

alloués en fonction des<br />

mesures de protection.<br />

Sur le chemin menant<br />

au monastère de<br />

Dhankar, construit sur<br />

un éperon rocheux face<br />

à la confluence entre<br />

les rivières Pin et Spiti.<br />

utilisera des techniques divinatoires qui nous<br />

resteront inconnues. Le lendemain, nous recevons<br />

du lama un verdict tranché qui, ma foi, se<br />

révélera conforme à nos résolutions…<br />

GOMPA SECRÈTE<br />

Destination Lari Cave, petit monastère perdu<br />

dans les montagnes, il n’est accessible qu’à pied.<br />

C’est aujourd’hui par la route traversant la vallée<br />

qu’hommes et marchandises circulent. Aussi,<br />

les chemins escarpés supportés par des murs de<br />

soutènement ne sont plus entretenus et s’effondrent.<br />

Deux sentiers mènent au monastère,<br />

le premier que nous empruntons se termine par<br />

un à-pic, nous rebroussons chemin après deux<br />

heures de grimpette ! Vertige de beauté, la subtilité<br />

des teintes et la variété des formations<br />

rocheuses sont infinies. Salem charge son sac<br />

de portage de « cailloux beaux » à emporter !<br />

Le lieu semble abandonné, les bâtisses effondrées<br />

; seul un lama de quatre-vingt-cinq ans vit<br />

ici, retiré. Trois petites dames sont à ses côtés,<br />

venues du village en contrebas servir le vieil<br />

homme. Nous amenons <strong>com</strong>me on nous l’a<br />

conseillé des produits <strong>fr</strong>ais : des tomates et des<br />

bananes. On nous of<strong>fr</strong>e le chai et des biscuits,<br />

des sourires et du bon accueil. Le petit papi nous<br />

fait visiter les lieux, la construction est accolée<br />

à une grotte où sont conservés de splendides<br />

objets de culte en argent et en cuivre. Sur le trajet<br />

retour nous avons la chance de rencontrer des<br />

urials, bouquetins célestes, qui broutent les<br />

parois verticales. Nil est fatigué, une fois redescendus<br />

sur la route goudronnée, nous faisons<br />

du stop et une petite voiture citadine de locaux<br />

nous ramène à Tabo.<br />

VILLAGES PERCHÉS<br />

Nous remontons la vallée pour le village de<br />

Dhankar (3 894 m). Cet ancien fort perché sur un<br />

piton rocheux fut la capitale du Spiti. La vue y<br />

est époustouflante, sommets glacés brillants et<br />

halos de lumière. De là, la rivière déferlante d’eau<br />

de la fonte des neiges est un immobile miroitement.<br />

L’altitude est grisante, sensation d’envol<br />

et de légèreté. Suis-je vraiment là les pieds sur<br />

terre ou bien ne suis-je qu’un courant d’air ? Le<br />

tambour de méditation des moines résonne dans<br />

la vallée. Le soir, les troupeaux de moutons et<br />

de chèvres descendent des estives, grande diversité<br />

d’espèces ovines, dont nous contemplons<br />

avec ravissement le défilé. Les villageoises se sont<br />

regroupées pour préparer des petits pains ; elles<br />

nous en of<strong>fr</strong>ent, délices chauds et croquants !<br />

Nous randonnons jusqu’aux lacs de Dashair et<br />

Dhankar, en amont du village. Au détour du<br />

94


chemin, nous recevons l’accueil sublime d’un<br />

groupe de chevaux. Le vert diaphane et le turquoise<br />

du lac, les étincelles de lumière à la surface<br />

de l’eau, les cercles d’or des touffes de genêts<br />

sur la rocaille, les ruisselets d’argent serpentant<br />

des sommets, la ronde des monts enneigés et<br />

partout le ciel bleu intense. Le profond silence<br />

est percé parfois par un bourdonnement d’insecte,<br />

un chant d’oiseau, un hennissement. Nil<br />

et Salem ne le troubleront pas.<br />

LE PLATEAU DE KIBBER<br />

Nous séjournons à Kibber (4 270 m). Depuis ce plateau<br />

d’altitude sont possibles de nombreuses<br />

balades dans le Kibber Wildlife Sanctuary, célèbre<br />

pour abriter le léopard des neiges. Au petit matin<br />

de notre première nuit, une neige exceptionnelle<br />

pour la saison a recouvert les montagnes et les<br />

prés, Nil euphorique réveille notre chambrée ! Les<br />

enfants sont très heureux de voir pour la première<br />

fois des yacks. Autrefois garants de l’économie<br />

des lieux, leur élevage tend aujourd’hui à se perdre.<br />

Nil se régale de collecter : pierre, os, sabot, dent,<br />

fer à cheval, laine… Sa grande motivation : trouver<br />

des fossiles et il ramènera du fond des âges un<br />

coquillage ! La journée, les femmes du village<br />

travaillent aux champs, les enfants <strong>fr</strong>équentent<br />

l’école au-dessus de laquelle nous logeons, les<br />

vieux jouent aux cartes leurs tout-petits dans les<br />

pattes, les hommes sont partis faire du business.<br />

Et les différentes générations cohabitent dans de<br />

grandes maisons. Quand rentre le soir le grand<br />

troupeau d’ânes, de moutons et de vaches, le<br />

village s’anime ! Nous visitons le monastère de<br />

Key, le plus grand de la vallée du Spiti. Forteresse<br />

de la sagesse, bâtie sur un éperon rocheux à<br />

4 <strong>10</strong>0 mètres. Deux cent cinquante enfants y<br />

vivent et y étudient la philosophie bouddhiste<br />

durant le long hiver. Ils rejoignent en été leurs<br />

familles qu’ils aident durant la saison agricole.<br />

ÉMERVEILLEMENT ET GRATITUDE<br />

Fin du voyage à Kaza, ville principale et centre<br />

administratif du Spiti, peuplée de trois mille habitants.<br />

Les <strong>com</strong>merces et <strong>com</strong>modités y sont nombreux.<br />

Le lit de la rivière fait office de décharge<br />

géante. Commentaire de Nil : « Les hommes se facilitent<br />

la vie et en même temps ils détruisent la vie. »<br />

Les enfants… une invite à l’étonnement. Un mois<br />

après, les cols sont toujours fermés, ceux qui<br />

attendent un revenu du tourisme piaffent et s’inquiètent.<br />

Nous nous en retournons via Shimla,<br />

route, avion… et l’enchantement durera.


ILS PARTENT<br />

ILS RENTRENT<br />

La liste de mes envies<br />

J’ai pour habitude de noter mes rêves sous forme de liste depuis que je suis assez jeune. J’aime<br />

constater que cette liste ne s’arrête jamais, tandis que je coche <strong>com</strong>me « fait » certains rêves,<br />

d’autres <strong>com</strong>me « à refaire », d’autres « à poursuivre »… Parmi eux, se trouvent des « voir un carnaval<br />

au Brésil », « naviguer », « marcher au Dolpo <strong>com</strong>me dans Himalaya, l’enfance d’un chef » (mon premier<br />

film au cinéma), « passer une nuit sous les étoiles du désert d’Atacama »… En jetant un œil sur cette<br />

liste devenue carnet, je prends conscience qu’il va falloir que je quitte un peu le pays si je veux réaliser<br />

tout ça ! Je ne sais rien de ce monde, des trésors de chaque partie du globe ; je ne veux pas les<br />

voir, je veux les vivre ! Typhaine, architecte d’intérieur et moi-même, Aurélie, ac<strong>com</strong>pagnatrice en<br />

montagne et aide-gardienne de refuge, nous sommes rencontrées lors d’une randonnée en Ariège.<br />

Je ne saurais dire entièrement pourquoi, ni <strong>com</strong>ment, mais nous partons un an. Nous marcherons,<br />

car c’est l’essence même de l’être humain, le rythme qui permet tout. Quand à votre magazine, je<br />

l’ai rencontré dans un aéroport, ayant passé six mois au Pérou. J’ai été attirée par votre couverture<br />

évoquant « le chemin de l’Inca », et je l’ai attrapé machinalement. Je l’ouvre à la page « Saison 1<br />

Dolpo », dont je venais de parler à mon amie Typhaine, pour la convaincre d’y aller pendant notre<br />

voyage… Depuis j’ai <strong>com</strong>mandé les numéros de tous les pays où nous irons. Il nous manquait ces<br />

informations. La vie fait bien les choses et encore une fois m’of<strong>fr</strong>e ce que je veux. Aurélie Delcol<br />

Nous <strong>com</strong>mençons<br />

par le Népal et avons<br />

nos billets pour arriver<br />

le 3 novembre. Nous<br />

avons craqué pour<br />

la vallée de Tsum<br />

(notre photo, ndlr),<br />

et pour les balcons des<br />

Annapurna. Ensuite,<br />

nous aimerions passer<br />

la <strong>fr</strong>ontière avec le<br />

Sikkim, puis poursuivre<br />

par la Birmanie, la<br />

Thaïlande, le Cambodge,<br />

le Laos. Avant, bien<br />

plus tard, la cordillère<br />

des Andes.<br />

© Anthony Nicolazzi<br />

96


PROCHAINEMENT<br />

…<br />

Abonnements : 33 (0)1 84 18 <strong>10</strong> 52<br />

Du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h à 17 h.<br />

INDEX et <strong>com</strong>mande d’anciens numéros sur :<br />

www.niveales.<strong>com</strong><br />

À paraître en novembre<br />

LE GRAND GUIDE DU<br />

KILIMANDJARO<br />

Toutes les voies,<br />

tous les itinéraires<br />

98<br />

À paraître en octobre<br />

BIRMANIE<br />

VIETNAM<br />

CAMBODGE<br />

LAOS…<br />

Le meilleur de<br />

l’Asie du Sud-Est<br />

© wallixx © Marc Dozier<br />

RÉDACTION<br />

3 rue Paul­Valérien Perrin<br />

38170 Seyssinet­Pariset ­ France<br />

redaction@trekmag.<strong>com</strong><br />

redaction@grands­reportages.<strong>com</strong><br />

Rédacteur en chef : Anthony Nicolazzi<br />

anthony.n@niveales.<strong>com</strong><br />

Rédacteur en chef délégué pour<br />

ce numero : Pierre Bigorgne<br />

pierre.bigorgne@<strong>fr</strong>ee.<strong>fr</strong><br />

Directrice artistique : Julie Le Louër<br />

Tél. +33 (0)4 76 70 92 64<br />

julie.l@niveales.<strong>com</strong><br />

Grand­reporter : Franck Charton<br />

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Reporter­chef de rubrique : Marc Dozier<br />

doziermarc@<strong>fr</strong>ee.<strong>fr</strong><br />

Responsable matériel : Guillaume Nahry<br />

Tél. +33 (0)4 76 70 54 11<br />

guillaume@niveales.<strong>com</strong><br />

Correction : Aurélie Lherminier<br />

Ont collaboré à ce numéro :<br />

Brieuc Coessens, Jocelyn Chavy, Béatrice Grelaud,<br />

Gilles Modica, Rina et Nick.<br />

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et photos non <strong>com</strong>mandés. La reproduction,<br />

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parus dans ce numéro est interdite.<br />

Impression : Rotolito Lombarda,<br />

imprimé en Italie / Printed in Italy.<br />

Provenance : Italie<br />

Jupiter 550 silk<br />

Certification : <strong>10</strong>0 %PEFC<br />

% papier recyclé : 0 %<br />

Ptot : 0,006 kg/tonne<br />

Dépôt légal : août <strong>2017</strong>


#ÉQUIPEMENT #TESTS #ASTUCES<br />

#TECHNIQUES #CONSEILS<br />

LE LABO<br />

NOUVEAUTÉS 2018<br />

P. <strong>10</strong>1<br />

TEXTILE<br />

P. <strong>10</strong>4<br />

SACS À DOS<br />

P. <strong>10</strong>6<br />

CHAUSSURES<br />

P. 1<strong>10</strong><br />

BIVOUAC


© Messe Friedrichshafen<br />

ÉQUIPEMENT<br />

LES GRANDES<br />

NOUVEAUTÉS<br />

POUR 2018<br />

LA GRAND-MESSE ANNUELLE DES FABRICANTS DE MATÉRIEL<br />

OUTDOOR SE DÉROULAIT EN CE DÉBUT D’ÉTÉ SUR LES BORDS DU<br />

LAC DE CONSTANCE, EN ALLEMAGNE. RETOUR SUR LES GRANDES<br />

TENDANCES DE CET OUTDOOR SHOW DE FRIEDRICHSHAFEN, ET<br />

SUR LES FUTURS MODÈLES À RETROUVER EN BOUTIQUE DÈS LA<br />

SAISON PROCHAINE.<br />

PAR GUILLAUME NAHRY<br />

<strong>10</strong>0


NOUVEAUTÉS 2018<br />

QUOI DE NEUF<br />

CÔTÉ TEXTILE ?<br />

VESTES, PANTALONS, SHORTS…<br />

Les fabricants poursuivent leurs efforts écolos sans<br />

pour autant oublier la technicité et la polyvalence.<br />

Fjällräven<br />

Retour aux sources<br />

Cinquante ans après la création de la Greenland Jacket par Åke Nordin,<br />

fondateur de la marque, Fjällräven lui rend hommage par une réédition<br />

au travers de deux produits. L’esthétique traditionnelle demeure<br />

mais la veste se voit optimisée par un choix de matériaux durables,<br />

tels que le G­<strong>10</strong>00 Eco et l'Eco­Shell sans PFCs. Munie d’une capuche<br />

confortable et de finitions extrêmement soignées, la Greenland Half<br />

Century Jacket confectionnée en G­<strong>10</strong>00 Eco et dont la coupe et les<br />

coutures thermo­soudées procurent une belle sensation de liberté,<br />

de légèreté et de douceur, fera face sans souci à tout type de conditions.<br />

Quant à la Greenland Eco­Shell Jacket, elle est confectionnée<br />

dans le nouvel Eco­Shell un peu plus lourd et dont le toucher n’est<br />

pas sans faire penser à la toile cirée originelle si chère à Åke Nordin.<br />

Sa coupe ample permet de porter plusieurs couches en dessous<br />

tout en restant à l’aise, les grandes poches à rabat contribuant à<br />

la géométrie de la veste. Le style à la ville <strong>com</strong>me au grand air.<br />

Eider - Tout d’une grande !<br />

La marque <strong>fr</strong>ançaise segmente son of<strong>fr</strong>e textile en<br />

deux collections avec d’un côté la série Crossover<br />

proposant des produits orientés lifestyle outdoor,<br />

et de l’autre la série Wide Angle avec des produits<br />

plus techniques, légers et ultra­respirants pour une<br />

pratique active de la montagne, <strong>com</strong>me en témoigne<br />

cette Bright Net Jacket W dédiée à la gent féminine.<br />

Dotée d’une coupe cintrée et légèrement allongée<br />

de manière à bien couvrir le bas du dos, cette veste<br />

2 couches a été développée autour de la technologie<br />

Defender® High Air Exchange affichant un joli 30000 /<br />

30000 d’imper­respirabilité, l’action respirante de la<br />

membrane étant soutenue par la doublure filet<br />

intégralement aérée et deux zips de ventilation<br />

placés sous les bras. On retrouve également tous<br />

les attributs d’une veste de montagne avec des<br />

coutures étanches thermosoudées, une capuche<br />

auto­ajustable avec élastiques de maintien, des<br />

poches zippées et autres poignets élastiqués.<br />

On pourrait donc craindre un tarif prohibitif,<br />

mais on reste dans le raisonnable, à savoir 179,95 €.<br />

The North Face<br />

Encore plus léger !<br />

Le géant américain avait présenté l’an<br />

passé une nouvelle veste, l’Apex Flex Gtx,<br />

développée sur la base d’un Gore­Tex®<br />

trois couches, et dont l’objectif était de<br />

conjuguer liberté de mouvement, effet<br />

coupe­vent, imperméabilité, le tout avec<br />

un niveau de confort proche de celui d’un<br />

sweat à capuche. Désireuse de pousser le<br />

concept encore plus loin, The North Face<br />

nous propose cette année la version 2.0<br />

avec un allégement de 40 g et la promesse<br />

d’une respirabilité accrue de près de 12 %.<br />

<strong>10</strong>1


Salewa<br />

La Pedroc tombe<br />

les manches<br />

La marque à l’aigle continue de développer sa ligne<br />

Pedroc destinée à l’évolution rapide en montagne<br />

avec notamment la Pedroc Alpha Convertible Jkt<br />

bénéficiant d’un système de fermeture éclair innovant<br />

qui permet très rapidement de transformer la veste en<br />

gilet. Développée selon le concept de « Body mapping »,<br />

elle alterne zones à isolation active Polartec® Alpha®<br />

(torse et manches) et zones ultra­respirantes en<br />

bambou Durastretch (panneau arrière central,<br />

flancs, sous les manches). Elle bénéficie de plus d’un<br />

traitement déperlant éco­<strong>fr</strong>iendly sans PFCs qui lui<br />

permettra de supporter de légères ondées. Fine, elle<br />

s’intégrera à merveille dans un système trois couches.<br />

Columbia<br />

La gamme OutDry Ex<br />

s’étoffe encore<br />

À chaque salon une évolution de la technologie<br />

OutDry Ex consistant, rappelons­le, à<br />

placer la membrane sur l’extérieur du vêtement.<br />

Elle nous est donc proposée cette<br />

année dans une version « Lightweight »,<br />

c'est­à­dire ultra­légère. Si la version initiale<br />

affichait un poids de 490 g, cette nouvelle<br />

version passe à 199 g (176 g chez la femme).<br />

Autres changements, une grande fluidité<br />

du tissu et une belle <strong>com</strong>pactabilité venant<br />

répondre à certaines critiques qui pointaient<br />

du doigt un certain manque de souplesse et<br />

un en<strong>com</strong>brement un peu trop important<br />

en fond de sac. Autre nouveauté présentée<br />

cette année, l’OutDry Extreme ECO Charcoal<br />

qui n’est autre que l’OutDry Extreme ECO<br />

présentée l’an passé mais dans un nouveau<br />

coloris gris obtenu grâce à un colorant<br />

naturel à base de bambou.<br />

Gore-Tex<br />

Le Shakedry<br />

dans la bataille<br />

Si la technologie Shakedry n’est pas<br />

une nouveauté à proprement parler<br />

(puisqu’elle avait été présentée en<br />

2015), Gore­Tex vient d’annoncer<br />

l’élargissement du nombre de marque<br />

partenaires. Rappelons le principe de<br />

cette technologie : l’absence de tissu<br />

extérieur, uniquement une membrane<br />

et une doublure. L’intérêt est triple avec<br />

une plus grande respirabilité (aucune<br />

absorption d’eau de la part du tissu),<br />

un poids allégé (entre <strong>10</strong>0 et 130 g selon<br />

le vêtement) et un séchage ultra­rapide.<br />

Ce Shakedry n’est pas sans rappeler<br />

l’Outdry Extreme de Columbia, notamment<br />

depuis l’annonce de sa version<br />

« Lightweight » : la bataille est lancée.<br />

Black Diamond<br />

Enfin une veste BD.dry !<br />

Black Diamond étoffe son of<strong>fr</strong>e textile développée<br />

autour de la technologie BD.dry.<br />

Déjà utilisée par la marque sur ses gants,<br />

cette membrane propriétaire est désormais<br />

intégrée dans un système 2,5 couches.<br />

Exemple parmi les 4 vestes et pantalons, la<br />

FineLine Stretch Rain Shell Jacket étanche à<br />

l’eau (<strong>10</strong>K), coupe­vent, et respirante. Elle se<br />

range directement dans sa poche et s’accroche<br />

au sac grâce à un mousqueton pour la garder<br />

à portée de main en cas d’averse. Quant au<br />

prix, il est annoncé à moins de 150 €.<br />

<strong>10</strong>2


NOUVEAUTÉS 2018<br />

Primaloft<br />

Gold Eco pour tous<br />

Présentée l’an passé et jusqu’à présent disponible en exclusivité sur la<br />

doudoune Nano Puff de Patagonia, l’isolation PrimaLoft® Gold Insulation<br />

Eco est désormais exploitable par l’ensemble des fabricants. Dotée d’un<br />

important rapport chaleur/légèreté doublé d’une véritable conscience<br />

écologique puisque <strong>com</strong>posée à 55 % de fibres recyclées après usage,<br />

elle conserve jusqu’à 98 % de la chaleur corporelle en milieu humide<br />

grâce à son importance déperlance. Notons que cette version Eco<br />

remplacera purement et simplement la version première Primaloft Gold.<br />

Polartec - Une innovation de plus, une…<br />

Salomon - La révolution du short ?<br />

Car la vie au grand air ne se limite pas uniquement au trek et à<br />

la randonnée, ce W Outdoor Speed Short est tout indiqué pour<br />

les touche­à­tout amatrices d’escalade ou encore de VTT grâce<br />

à sa longueur d’entrejambe et à sa matière à tissage double<br />

résistante et déperlante. Grâce à sa conception sans système<br />

de fermeture, ce short se met et s’enlève facilement. Autre<br />

grand intérêt, sa grande rapidité de séchage, particulièrement<br />

appréciable lors du <strong>fr</strong>anchissement d’un cours d’eau ou plus<br />

largement à la moindre occasion de baignade.<br />

Polartec <strong>com</strong>plète son of<strong>fr</strong>e en termes d’isolation synthétique. Après<br />

la technologie respirante et thermo­régulatrice Alpha, voici venue la<br />

technologie Power Fill conçue pour les conditions les plus <strong>fr</strong>oides.<br />

Disponible en 4 grammages (60, 80, <strong>10</strong>0 et 135 g/m²), elle repose sur<br />

une construction exclusive de fibres creuses qui est plus douce et plus<br />

durable, formant des milliers de petites poches d’air qui capturent et<br />

retiennent la chaleur du corps en continu, assurant une barrière<br />

thermique résistante entre le <strong>fr</strong>oid externe et la chaleur interne. De plus,<br />

les propriétés hydrophobes des fibres polyester permettent au Polartec®<br />

Power Fill de résister à l’absorption de l’humidité et de sécher rapidement,<br />

tout en maintenant un ratio poids/chaleur élevé. À noter enfin<br />

la réduction de l’empreinte écologique, avec une <strong>com</strong>position à 80 %<br />

de matériaux recyclés post­consommation.<br />

Arc’Teryx<br />

Micro-doudoune, ultra-légère<br />

Nouvelle venue dans la collection Essentials d’Arc’Teryx, la<br />

Cerium SL Hoody (SL pour superlight) joue à fond la carte de<br />

la légèreté avec un poids de 215 g, et de la <strong>com</strong>pressibilité<br />

pour ne générer qu’un très faible en<strong>com</strong>brement en fond de<br />

sac lorsqu’elle n’est pas utilisée. Pour y parvenir, la marque<br />

canadienne s’appuie d’une part sur une enveloppe en nylon<br />

super­léger enduit d’un fini DWR, et sur un duvet d’oie grise au<br />

fort pouvoir gonflant (850 Cuin) d’autre part. Côté garnissage, le<br />

duvet alterne avec un isolant synthétique Coreloft stratégiquement<br />

réparti selon le procédé Down Mapping Composite sur<br />

les zones où l’humidité peut s’accumuler plus facilement. Côté<br />

accessoirisation, une capuche ajustable, des poignets élastiques,<br />

deux poches zippées et un sac de <strong>com</strong>pression de 1,5 litre.<br />

À noter qu’une version sans manches, la Cerium SL Vest,<br />

sera également disponible dans la collection.<br />

<strong>10</strong>3


NOUVEAUTÉS 2018<br />

SACS À DOS<br />

Du rétro, de la polyvalence, de<br />

l’étanchéité, des petits et grands<br />

volumes : on trouve de tout en 2018.<br />

Millet<br />

Une série Gokyo,<br />

<strong>com</strong>pacte et polyvalente<br />

Nouvelle gamme de sac à dos venant enrichir l’of<strong>fr</strong>e portage<br />

chez Millet, la série Gokyo fait la liaison entre voyages et aventures<br />

outdoor dans son acceptation la plus large. Pour preuve, la version<br />

40 litres (30 litres version femme) qui s’avère être la solution idéale<br />

pour l’itinérance avec assistance sur une semaine grâce à sa <strong>com</strong>partimentation<br />

dédiée, sa poignée <strong>fr</strong>ontale, sa ceinture amovible, son<br />

ouverture valise et son format cabine, ainsi que son système de<br />

portage confortable. Et pour qui souhaiterait partir plus longtemps,<br />

un volume plus conséquent de 55 litres rehaussable de 15<br />

(50+15 pour la femme) est également proposé.<br />

Lafuma<br />

Bienvenue au sac<br />

à dos néo-vintage<br />

Lafuma revisite ses sacs iconiques.<br />

En témoigne ce bel Altiplano 45 dont<br />

les deux grandes poches latérales<br />

au look rétro feront sans nul doute<br />

battre le cœur des plus nostalgiques<br />

d’entre nous. Mais si l’allure générale<br />

affiche un look vintage, la fabrication,<br />

elle, est actuelle. Bénéficiant d’une<br />

accessoirisation <strong>com</strong>plète avec de<br />

nombreuses poches et solutions<br />

de portage, un dos mousse, des<br />

bretelles et une ceinture matelassées,<br />

le tout pour 1 200 g.<br />

Seal Line<br />

Une housse étanche<br />

et sous vide<br />

Réputée pour ses solutions étanches,<br />

Seal Line s’attaque aux housses <strong>com</strong>pressibles<br />

avec ce BlockerLite Compression<br />

Dry Sack <strong>10</strong>l dont l’intérêt est de générer<br />

un en<strong>com</strong>brement minimal dans un sac<br />

à dos plus grand. L’action de <strong>com</strong>pression<br />

se fait à un double niveau. D’un côté<br />

grâce à la valve étanche PurgeAir pour<br />

vider l’air, et de l’autre grâce à 4 sangles<br />

de <strong>com</strong>pression. Ces dernières minimisent<br />

l’effort imposé aux coutures, améliorant<br />

la longévité du produit. Enfin, une attention<br />

toute particulière a été apportée au<br />

design du fond ovale qui confère au sac<br />

une meilleure stabilité.<br />

Osprey<br />

L’ultra-léger, c’est du lourd !<br />

Le fabricant américain de sac à dos vient indéniablement<br />

de <strong>fr</strong>apper un grand coup dans la guerre à la<br />

légèreté, et ce pour le plus grand bonheur de nos amis<br />

M.U.L. (marcheurs ultra­légers). Jugez par vousmême<br />

: disponible dans deux volumes de 45 et 60<br />

litres, le Levity (car c’est ainsi qu’il se nomme) atteint<br />

un poids de 8<strong>10</strong> et 850 grammes. Son secret ? Principalement<br />

le matériau principal NanoFly, ainsi que le<br />

dos filet suspendu AirSpeed. La largeur des sangles<br />

a, elle aussi, été adaptée en conséquence. Mais cette<br />

quête de la légèreté ne se fait cependant pas au détriment<br />

total de l’accessoirisation et de la qualité, en<br />

témoignent la fiche technique avec de nombreuses<br />

poches pour la plupart doublées, un <strong>com</strong>partiment<br />

dédié à une poche à eau, et différentes solutions<br />

de portage. Votre dos vous remerciera.<br />

<strong>10</strong>4


Gregory<br />

Le Baltoro nouveau<br />

est arrivé<br />

Conçus pour les randonnées exigeantes,<br />

le Baltoro et son alter ego féminin le Deva<br />

bénéficient d’une transformation en profondeur<br />

pour encore plus de technicité et de<br />

confort. Pour ce faire, de nouveaux matériaux<br />

conjuguant robustesse et légèreté. Ils reçoivent<br />

un nouveau dos <strong>com</strong>posé d’un dos respirant<br />

Matrix monté sur un cadre suspendu et articulé<br />

Response A3, une <strong>com</strong>binaison faisant également<br />

monter le confort en flèche, ce nouveau<br />

dos s’adaptant au moindre mouvement<br />

du corps pour un équilibre maximal.<br />

Lowe Alpine<br />

La respirabilité<br />

au rendez-vous<br />

Nouvelle gamme de sac à dos petit<br />

litrage, la série Aeon vient remplacer<br />

la série Eclipse. Lowe Alpine joue à fond<br />

la carte de la respirabilité et du confort<br />

avec un dos ultra­respirant en mousse<br />

perforée avec filet, une ceinture extensible<br />

et des bretelles néoprène aérées.<br />

La liste d’accessoires est bien <strong>com</strong>plète.<br />

Pour le choix des matériaux, la marque<br />

américaine opte pour un tissu Tri­Shell<br />

light dont la résistance garantira<br />

une belle longévité au produit.<br />

Déclinés en version homme et<br />

femme (série ND), les Aeon sont<br />

proposés dans 4 litrages avec<br />

ouvertures zippées (18L, 27L,<br />

ND16L, ND25L) et chapeau<br />

(22L, 35L, ND20L, ND33L).<br />

Ferrino<br />

Dry Hike, un nouveau<br />

sac étanche<br />

Mountain Hardwear avait l’an passé marqué<br />

les esprits avec son sac étanche Ozonic à<br />

membrane Outdry (propriété du groupe<br />

Columbia auquel appartient également<br />

Mountain Hardwear). C’est au tour de Ferrino<br />

d’utiliser la technologie Outdry sur une<br />

gamme dédiée à la randonnée, la marque<br />

italienne proposant déjà un sac étanche<br />

d’alpinisme et un de trail. Décliné en deux<br />

tailles (32 et 48+5 litres), le Dry Hike permet<br />

donc de pouvoir se passer d’une<br />

housse de pluie grâce à sa membrane,<br />

qui n’engendre de plus aucune prise de<br />

poids. Côté équipement, <strong>com</strong>me d’habitude<br />

chez Ferrino, rien ne manque, avec<br />

notamment une ouverture <strong>fr</strong>ontale XXL<br />

sur la version 48+5. Vivement la pluie !


CHAUSSURES<br />

Vos pieds sont importants, les fabricants<br />

le savent. Entre nouveautés et mises à jour,<br />

que des bonnes nouvelles pour 2018.<br />

La Sportiva<br />

Confort, stabilité, rapidité<br />

Nouveauté 2018, cette Blade Gtx présentée <strong>com</strong>me<br />

« le trait d’union entre mountain running et trekking,<br />

pour se déplacer rapidement à la montagne dans un<br />

confort total ». Au menu une tige mesh résistante à<br />

l’abrasion et à l’eau avec des renforts en microfibre<br />

thermo­adhésive légère pour plus de stabilité. Des<br />

solutions telles que le système de laçage remonté pour<br />

un meilleur chaussant et une plus grande flexibilité en<br />

pointe, un laçage rehaussé of<strong>fr</strong>ant une plus grande flexibilité<br />

en pointe, un intercalaire en EVA à injection amortissante,<br />

des inserts TPU stabilisants et une pointe antichoc<br />

en TPU. La Sportiva nous livre donc ici un modèle de confort<br />

et de technicité pour se sentir en confiance autant en<br />

pleine randonnée qu’à la ville entre deux étapes de trek.<br />

Mammut<br />

Une mid tout<br />

en confort<br />

Destinée à un large public,<br />

l’Alnasca Pro Mid GTX promet<br />

stabilité, sécurité et confort<br />

grâce à sa semelle exclusive<br />

Michelin® Rock Tech pour une<br />

accroche optimale, son intercalaire<br />

Dual­Density avec un<br />

insert EVA au talon pour le<br />

confort et une cale de<br />

semelle intermédiaire<br />

PORO <strong>com</strong>primée extrêmement<br />

flexible et élastique,<br />

et son chaussant Base Fit®<br />

Technology pour un fit et<br />

un confort parfaits.<br />

Asolo<br />

La gamme Radiant se réinvente<br />

Destinée à la randonnée régulière avec charge moyenne,<br />

la gamme Radiant prend le nom de Radiant Evo, avec trois<br />

innovations majeures. La semelle d’usure Vibram Megagrip<br />

associée au relief Radical of<strong>fr</strong>e une accroche, un <strong>fr</strong>einage<br />

et une relance hors­pair. La semelle intermédiaire gagne en<br />

soutien et en amorti en passant d’une simple à une double<br />

densité d’EVA. Enfin, de nouveaux œillets aluminium montés<br />

sur pivot permettent un laçage homogène. On retrouve trois<br />

grandes nouveautés : la Patrol GV (voir photo) dont la tige<br />

mixte intègre un collier souple en lycra thermosoudé pour un<br />

maximum de confort, la Greenwood GV dotée d’une tige tout<br />

cuir Perwanger®, et la Nilas ML au design alpin avec un laçage<br />

traditionnel, et une tige<br />

légèrement rabaissée.<br />

Garmont<br />

L’approche au<br />

service du trek<br />

Positionnée <strong>com</strong>me l’un des<br />

leaders du marché de la chaussure<br />

d’approche grâce à sa mythique<br />

Dragontail, Garmont étoffe son of<strong>fr</strong>e<br />

avec la Sticky déclinée à différentes<br />

sauces avec une version mesh ultra<br />

respirante (Sticky Cloud), une version<br />

cuir plus résistante (Sticky Stone) et<br />

une version cuir membranée Gore­Tex®<br />

(Sticky Stone Gtx, voir photo). Bien<br />

plus polyvalente que son illustre<br />

aînée, elle mise sur le confort et la<br />

légèreté, permettant une utilisation<br />

axée randonnée. Le chaussant reste<br />

néanmoins étroit pour garder un<br />

maximum de précision : on ne trahit<br />

pas ses origines aussi facilement.<br />

<strong>10</strong>6


NOUVEAUTÉS 2018<br />

Merrell<br />

Une nouvelle mue<br />

pour la Chameleon<br />

Modèle phare et quasiment<br />

historique du catalogue Merrel,<br />

la Chameleon septième du nom<br />

joue à fond la carte de la polyvalence<br />

avec une importante<br />

capacité d’adaptation. Tirant le<br />

meilleur des avancées technologiques<br />

de la marque américaine<br />

en termes de matériaux, elle puise<br />

son inspiration de la course en<br />

montagne tout en veillant à garantir<br />

toute la stabilité et la protection<br />

nécessaires aux randonnées les<br />

plus longues. La résistance à la<br />

torsion se fait progressive grâce<br />

à la technologie FlexPlate, le pas<br />

est léger et fluide grâce à la semelle<br />

fine, flexible et de faible densité,<br />

tandis que la semelle extérieure en<br />

Vibram® TC5+ Vibram® à crampons<br />

ovales multidirectionnels apportera<br />

toute l’adhérence nécessaire<br />

sur terrain sec ou mouillé.<br />

Meindl<br />

Tige haute tout terrain<br />

La marque bavaroise agrandit sa gamme Island MFS et<br />

propose pour 2018 cette Island MFS Active Rock, une<br />

chaussure tige haute à fort degré de technicité et destinée<br />

à la randonnée alpine technique et l’alpinisme léger,<br />

la semelle pouvant facilement recevoir des crampons<br />

légers à lanière. Le confort d’accueil est bon, le chaussant<br />

avec mousse à mémoire de forme s’adaptant aux<br />

différentes formes de pied grâce à la chaleur du corps<br />

pour un ajustement parfait. Côté bloc semelle, l’intercalaire<br />

Frame Technology of<strong>fr</strong>e rigidité et stabilité tandis<br />

que la semelle d’usure à caoutchouc bi­densité fournit<br />

l’accroche et l’adhérence nécessaire pour évoluer en<br />

sécurité sur tout type de terrain.<br />

Kayland<br />

Une classique<br />

qui annonce<br />

la couleur<br />

Dégageant une grande<br />

sensation de confiance et de<br />

solidité, et arborant un look<br />

classique et des couleurs<br />

vives caractéristiques d’un<br />

certain nombre de modèles<br />

de la marque, cette nouvelle<br />

XM Lite GTX se pose <strong>com</strong>me<br />

une chaussure de trekking<br />

légère, confortable et très<br />

précise. Ce modèle « cross<br />

over » conviendra parfaitement<br />

à une utilisation trois<br />

saisons sur des terrains<br />

techniques <strong>com</strong>me sur<br />

des chemins roulants, et<br />

ce même avec une charge<br />

conséquente sur le dos.<br />

Lowa<br />

Une belle polyvalence<br />

Pas toujours facile de trouver une chaussure<br />

suffisamment polyvalente pour of<strong>fr</strong>ir une<br />

sécurité maximale sur terrain technique tout<br />

en garantissant une belle fluidité sur des<br />

portions roulantes (et inversement). C’est<br />

pourtant la promesse de cette nouvelle Irox<br />

Gtx. Confortable, polyvalente et flexible, et<br />

développée autour d’une tige innovante et<br />

respirante en textile résistant et doublée Gore­<br />

Tex®, elle est la preuve que stabilité et confort<br />

peuvent aller de pair. Elle se décline également<br />

dans une version femme au collier légèrement<br />

rabaissé sous le nom de Lyxa Gtx® Mid Ws.<br />

<strong>10</strong>7


NOUVEAUTÉS 2018<br />

Hanwag<br />

Tatra nouvelle version<br />

Largement plébiscitée par le public, la Tatra aura droit pour le<br />

printemps 2018 à un lifting total. Elle conserve la même construction<br />

légère mais robuste et son niveau de confort élevé à laquelle<br />

vient s’ajouter un crochet à la cheville pour un laçage à deux<br />

zones, ainsi qu’un logo Hanwag brodé au talon pour la<br />

coquetterie. Une nouvelle semelle intérieure<br />

of<strong>fr</strong>e quant à elle une bonne gestion de<br />

l'humidité et un amorti salutaire pour<br />

des distances moyennes à longues. À<br />

noter que cette Tatra II sera disponible<br />

en version cuir, doublée Gore­Tex®<br />

ou non, en versions Wide (large),<br />

Narrow (étroite) et Bunion pour les<br />

personnes souf<strong>fr</strong>ant d’hallux valgus.<br />

La Sportiva<br />

De l’approche<br />

au trek<br />

Nouvelle venue dans la gamme<br />

TX initialement dédiée à l’approche,<br />

la TX5 GTX reprend<br />

exactement la base de la TX4<br />

(déjà sur le marché) en y ajoutant<br />

une généreuse tige haute,<br />

élargissant ainsi son utilisation<br />

à la randonnée backpacking.<br />

Of<strong>fr</strong>ant stabilité et protection,<br />

imperméabilité, sa tige haute<br />

préserve de l’intrusion de pierres<br />

ou boue alors que la jonction de<br />

la cheville 3D Flex System permet<br />

une précision maximale en appui<br />

et une liberté de mouvement<br />

en toute sécurité. Sous le pied,<br />

un intercalaire stabilisant et une<br />

semelle Vibram MegaGrip avec<br />

tasseaux de différentes épaisseurs<br />

Impact Brake System, pour un<br />

amorti ultérieur et une tenue<br />

sur tout type de terrain.<br />

Mammut<br />

Technicité et polyvalence<br />

Seconde nouveauté plus technique et polyvalente<br />

chez l’équipementier suisse, la Kento High GTX.<br />

Elle se destine aux terrains techniques ou mixtes,<br />

que ce soit en grande randonnée, en alpinisme<br />

léger ou même en via ferrata, grâce notamment<br />

à son chaussant souple (Soft Flex Area) et à<br />

mémoire de forme (3D Memo Foam), ainsi qu’à<br />

sa semelle Michelin semi­cramponnable et son<br />

poids tout à fait contenu de 624 g par pied.<br />

Columbia<br />

Signe extérieur<br />

d’imperméabilité<br />

On pouvait s’y attendre (ou pas),<br />

Columbia décide d’élargir le champ<br />

d’application de sa membrane Outdry<br />

Ex. La marque américaine nous propose<br />

donc cette Conspiracy Titanium Outdry<br />

Ex Eco <strong>10</strong>00. Et c’est plus précisément<br />

la version Eco sans perfluorocarbures<br />

(PFC) de cette technologie qui nous sera<br />

proposée. Pour ceux ayant loupé un<br />

épisode, l’intérêt de placer la membrane<br />

sur l’extérieur est multiple. En l’absence<br />

de tissu externe on gagne en respirabilité.<br />

De plus, inutile de réactiver la<br />

déperlance du tissu pour en préserver<br />

l’étanchéité. Enfin, l’entretien est extrêmement<br />

simple, un coup de chiffon<br />

humide et le tour est joué, un<br />

« détail » ayant toute son<br />

importance le cas présent.<br />

Et si l’on a pour l’instant<br />

uniquement droit qu’à<br />

une tige basse, il y a fort à<br />

parier qu’une tige haute<br />

est déjà à l’étude.<br />

<strong>10</strong>8


NOUVEAUTÉS 2018<br />

BIVOUAC<br />

Du léger, du <strong>com</strong>pact, du pratique,<br />

les fabricants font tout pour alléger<br />

la charge et vous simplifier la vie…<br />

Nemo - Nouveautés tout-terrain<br />

De nouveaux sacs de couchage chez Nemo avec du synthétique et<br />

du duvet traité pour une meilleure efficacité en conditions humides.<br />

Ramsey/Cleo, disponible en température limite de confort de ­ 1 °C<br />

(Ramsey 30 et Cleo 30) ou ­9 °C ( Ramsey 15 et Cleo 15), cette gamme<br />

adopte un garnissage en duvet traité Nikwax contre l’humidité,<br />

ainsi que les multiples finitions soignées Nemo pour assurer un<br />

haut niveau de confort et d’isolation.<br />

Forte/Viola, la forme spoon shape exclusive à Nemo of<strong>fr</strong>ant une<br />

liberté de mouvement maximale est désormais disponible en<br />

version synthétique. On les trouve en température limite de<br />

confort : ­ 7 °C (Forte 20 et Viola 20) et + 2 °C (Forte 35 et Viola 35).<br />

Hydro Flask - À votre santé !<br />

Primus - À table<br />

S’adressant aux trekkeurs en recherche de<br />

performance, le PrimeTech Stove Set 1,3 l est un<br />

kit <strong>com</strong>posé d’un réchaud à gaz avec pare­vent,<br />

2 casseroles of<strong>fr</strong>ant une contenance de 1,3 l<br />

dont 1 avec revêtement céramique anti­adhérent<br />

et d’un répartiteur de chaleur permettant de<br />

diviser par deux la consommation d’énergie par<br />

rapport à un équipement classique. On retrouve<br />

également une poignée amovible, un couvercle<br />

avec passoire intégrée et un allume­feu piezzo.<br />

Une valve de régulation permet quant à elle une<br />

puissance constante même en cas de cartouche<br />

presque vide ou de températures négatives.<br />

Qui ne s’est jamais pris à rêver le soir au bivouac à un bon verre de vin<br />

pour ac<strong>com</strong>pagner un délicieux repas préparé avec amour ? C’est dans cette<br />

optique qu’Hydro Flask a développé une nouvelle bouteille (75 cl) dont la<br />

construction TempShield en acier inoxydable 18/8 et le bouchon étanche<br />

permettra de maintenir votre breuvage préféré à la température souhaitée<br />

tout en en conservant toutes les saveurs. La technologie anti­gouttes Pure<br />

Pour permet d’ouvrir la bouteille et d’effectuer le service proprement,<br />

tandis que la base en silicone permet de transporter les bouteilles sans<br />

claquement et de maintenir la bouteille en place sur les surfaces glissantes.<br />

Petzl<br />

Lumière format<br />

de poche<br />

Ultra­<strong>com</strong>pacte et légère, la nouvelle<br />

Petzl Bindi s’imposera très vite <strong>com</strong>me<br />

votre meilleure amie dans toutes vos<br />

aventures en trek ou dans la vie quotidienne,<br />

à pied ou à vélo, dans votre sac<br />

à dos ou dans la boîte à gants de votre<br />

véhicule. Ne pesant qu’à peine 35 g et<br />

délivrant une puissance de 200 lumens,<br />

elle se fixe sur la tête grâce à un bandeau<br />

élastique ultra­fin permettant<br />

également de la porter aisément autour<br />

du cou sans créer la moindre gêne,<br />

et ne générant aucun en<strong>com</strong>brement<br />

lorsqu’on la range au fond d’un sac.<br />

Alimentée par une batterie 680 mAh<br />

rechargeable en USB, elle propose une<br />

position de verrouillage contre les allumages<br />

intempestifs et s’avère étanche<br />

jusqu’à ­1 m pendant 30 mn (IP X7).<br />

1<strong>10</strong>


Nordisk<br />

Chéri j’ai rétréci la tente !<br />

La course à la légèreté semble ne pas être finie, en témoigne<br />

cette Lofoten 1 ULW développée par les Danois de chez<br />

Nordisk. Cette tente individuelle est en effet annoncée à<br />

un poids de 490 grammes pour des dimensions une fois<br />

<strong>com</strong>pactée de 11 x 22 cm, un des secrets résidant dans<br />

la petite taille des brins <strong>com</strong>posant les arceaux.<br />

À noter la possibilité de la transformer en<br />

tente 2 places en changeant la chambre.<br />

Exped<br />

Matelas nouvelle génération<br />

C’est une toute nouvelle approche du matelas gonflable que nous propose<br />

Exped. Conçu pour un usage 4 saisons, le Downmat TT 9 a été développé selon<br />

un concept totalement innovant, à savoir une enveloppe contenant des tubes<br />

d’air indépendants garnis d’un isolant naturel (duvet) ou synthétique. Les<br />

intérêts d’une telle technologie sont multiples. Premièrement, la coque<br />

extérieure réduit les contraintes sur les tubes et par là même les risques de<br />

crevaison. Ensuite, en cas de crevaison, seul un tube individuel est affecté et<br />

peut être réparé facilement ou remplacé par un nouveau. Enfin, la possibilité<br />

de retirer l’un des tubes permet de réduire la largeur du matelas pour s’adapter<br />

par exemple à une tente trop étroite. Du côté du gonflage et du dégonflage,<br />

l’adaptateur Octopus rend les opérations simples et rapides.


NOUVEAUTÉS 2018<br />

Therm-A-Rest<br />

La famille SV<br />

s’agrandit<br />

Therm­A­Rest croit dur <strong>com</strong>me fer à sa technologie<br />

de gonflage ultra­rapide « Speed Valve » et adapte le<br />

concept à deux références existantes à son catalogue<br />

depuis plusieurs saisons, à savoir le NeoAir® XTherm<br />

et le NeoAir® Xlite® qui deviennent respectivement le<br />

NeoAir® XTherm Max SV et le NeoAir® XLite® Max SV.<br />

Ces deux matelas of<strong>fr</strong>ent un rapport chaleur­poids extrêmement<br />

bon grâce à la technologie thermo­réfléchissante<br />

ThermaCapture et la structure Triangular CoreMatrix qui<br />

minimise les pertes de chaleur par convection. Affichant tous<br />

deux une belle épaisseur d’un peu plus de 6 cm, ils se différencient<br />

néanmoins par leurs poids, le NeoAir XTherm affichant<br />

presque <strong>10</strong>0 grammes de plus du fait de matériaux encore plus<br />

robustes (70 deniers contre 30).<br />

Deuter<br />

L’Orbit nouveau<br />

est arrivé<br />

Produits emblématiques du catalogue de la<br />

marque allemande, les sacs de couchage<br />

Orbit font peau neuve en 2018. Tout se passe<br />

sur l’enveloppe externe puisque l’absence de<br />

couture confère au sac une meilleure résistance<br />

à l’humidité et une meilleure isolation<br />

thermique. Le tissu bénéficie également<br />

d’une imprégnation garantie sans PFCs contre<br />

l’eau et la poussière. Du côté du garnissage,<br />

on est sur du synthétique avec 3 grammages<br />

différents pour des conforts de +5 °C, 0 °C et<br />

­5 °C. Enfin, le zip intégral permet de convertir<br />

le sac de couchage en couverture. À noter<br />

l’existence d’une version féminine avec des<br />

inserts doux au niveau des reins et des pieds<br />

pour encore plus de douceur et de chaleur.<br />

Lifestraw<br />

Filtre universel<br />

Les gourdes à filtre intégré sont une solution<br />

particulièrement adaptée à la randonnée,<br />

mais elles nécessitent d’investir dans une<br />

nouvelle gourde. Plus la peine désormais<br />

grâce au filtre LifeStraw Universal adaptable à<br />

la plupart des gourdes du marché (Hydroflask,<br />

Klean Kanteen, Camelbak…), et se <strong>com</strong>posant<br />

d’un système de filtration à 2 niveaux pour<br />

éliminer les bactéries et les protozoaires tout<br />

en réduisant également le mauvais goût ainsi<br />

que le chlore.<br />

Stanley - Isolation maximale<br />

La marque américaine propose avec la Master Series sa vision de l’isolation<br />

haut de gamme. Fabriqués en acier épais et inoxydable 1.0 mm 18/8<br />

sur l’ensemble de la bouteille et son capuchon avec une zone d’air isolante<br />

supplémentaire, les produits la <strong>com</strong>posant permettent de garder<br />

les boissons au chaud jusqu’à 40 heures, et au <strong>fr</strong>ais jusqu’à 35 heures.<br />

Un gros travail a également été fourni sur la robustesse des poignées,<br />

ces dernières étant également dotées de silicone souple pour un meilleur<br />

confort de portage. Des performances de haut vol et des matériaux<br />

de grande qualité qui impliquent cependant un poids assez élevé.<br />

Leatherman<br />

Compacts et utiles<br />

Deux nouvelles références viennent étoffer<br />

la ligne Juice aux couleurs vives proposant<br />

des produits <strong>com</strong>pacts et légers. Les Juice B2<br />

et CS3 s’inscrivent donc parfaitement dans<br />

cette démarche minimaliste, proposant une<br />

lame crantée et une lame à bord droit pour<br />

le premier, et des ciseaux, un ouvre­boîtes,<br />

un décapsuleur et un tire­bouchon avec<br />

levier pour le second.<br />

112


NOUVELLE<br />

FORMULE<br />

n° 165 Grands treks n° 167 Spécial Népal<br />

n° 168 Europe en liberté<br />

Il vous manque un numéro…<br />

Complétez votre collection de<br />

TREK MAGAZINE<br />

n° 169 Guide du <strong>Trek</strong>keur n° 170 Spécial Corse<br />

n° 171 Toit du monde n° 172 Les plus beaux <strong>Trek</strong>s<br />

n° 173 Parcs Américains<br />

n° 174 Chemin de l’Inca n° 175 Islande<br />

n° 176 Guide du <strong>Trek</strong>keur<br />

n° 177 Tour du Mont­Blanc<br />

Retrouvez nos anciens numéros sur www.trekmag.<strong>com</strong>/anciens-numeros<br />

Bulletin à découper et à renvoyer à l’adresse suivante :<br />

i­Abo / <strong>Trek</strong> Magazine ­ 11 rue Gustave Madiot ­ 9<strong>10</strong>70 BONDOUFLE ­ Tél. 01 84 18 <strong>10</strong> 52 ­ i­abo@trekmag.<strong>com</strong><br />

Pour<br />

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1 écrin contient 12 numéros.<br />

Prix de vente : 27 €<br />

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✓OUI, je <strong>com</strong>mande les numéros suivants :<br />

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❑ 160 ❑ 161 ❑ 162 ❑ 163 ❑ 165 ❑ 167 ❑ 168 ❑ 169<br />

❑ 170 ❑ 171 ❑ 172 ❑ 173 ❑ 174 ❑ 175 ❑ 176 ❑ 177<br />

PRIX DÉGRESSIF<br />

❑ 1 numéro : 8€(<strong>fr</strong>ais d’envoi <strong>com</strong>pris)<br />

❑ A partir de 3 n° : 6€l'exemplaire<br />

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NOUVEAUTÉS 2018<br />

MSR - Trail Base<br />

Solution tout-en-un<br />

MSR propose avec cet ensemble Trail Base la solution<br />

parfaite pour l’autonomie, un kit microfiltre basé sur des<br />

<strong>com</strong>posants modulaires lui permettant d’être utilisé <strong>com</strong>me<br />

un système de filtration par gravité au camp de base, <strong>com</strong>me<br />

un filtre format de poche en phase active pour boire directement<br />

à la source (pompe TrailShot Microfilter que l’on tient<br />

directement dans la paume de sa main et capable de délivrer<br />

un litre d’eau par minute), ou <strong>com</strong>me simple poche à eau<br />

pour disposer d’eau potable. Chaque élément étant<br />

indépendant des autres, vous pourrez en laisser une<br />

partie à la maison selon vos projets et besoins.<br />

Katadyn<br />

Format famille nombreuse<br />

Nous vous présentions l’an passé la BeFree par Katadyn,<br />

une gourde souple à filtre intégré dont l’intérêt majeur<br />

était de ne générer quasi aucun en<strong>com</strong>brement, et de<br />

tenir même dans une poche de pantalon. La filtration se<br />

fait quant à elle lorsque l’eau passe au travers des fibres<br />

creuses de 0.1 microns qui bloquent bactéries et autres<br />

protozoaires. La famille s’agrandit puisque l’on pourra<br />

trouver aux côtés de la version 0,6 litre actuelle une<br />

version 1 litre et une autre de 3 litres. Cette dernière<br />

reste extrêmement légère (<strong>10</strong>0 g) et permettra grâce à<br />

son généreux volume de répondre aux besoins d’un<br />

groupe de quatre à cinq personnes. Une anse a également<br />

été prévue pour d’une part en faciliter la manipulation,<br />

et permettre de la suspendre le soir au bivouac,<br />

à un arbre par exemple, d’autre part.<br />

<strong>Trek</strong>’n Eat<br />

Ravalement de façade<br />

Pas de nouvelles recettes du côté des<br />

lyophilisés <strong>Trek</strong>’n Eat mais un nouvel emballage<br />

au design épuré pour une meilleure<br />

lisibilité pour le consommateur, ainsi<br />

qu’une utilisation simplifiée. Un système de<br />

pictogrammes indique la nature du repas, à<br />

savoir petits­déjeuners, plats végétariens,<br />

repas à base de viande ou de poisson et<br />

desserts, mais également la valeur nutritionnelle<br />

et la présence éventuelle d’allergènes.<br />

La préparation est quant à elle<br />

facilitée par une graduation pour le niveau<br />

d’eau, tandis qu’une nouvelle ligne de<br />

découpe laser permet de déchirer le<br />

sachet à mi­hauteur pour éviter de perdre<br />

sa fourchette ou cuillère au fond du plat.<br />

RAB - Toujours plus léger<br />

RAB propose avec ce Mythic 600 le meilleur rapport poids­chaleur de son<br />

catalogue avec une température de confort de ­5 °C (limite : ­12 °C / extrême :<br />

­32 °C) pour un poids de 885 grammes. Pour cela, un garnissage naturel duvet<br />

d’oie européen 900 FP contenu dans une housse en tissu Pertex® Quantum 7D.<br />

Et pour prolonger le plaisir par conditions humides, le duvet bénéficie d’un<br />

traitement hydrophobe Nikwax. On retrouve pour le reste tous les éléments<br />

classiques propres aux sacs de couchage hivernaux avec une capuche avec<br />

collerette, une footbox spécialement aménagement pour un confort et une<br />

chaleur maximale au niveau des pieds, une isolation supplémentaire au<br />

niveau du zip, et bien d’autres. Également disponible en version 200 et 400.<br />

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