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Haïti Top 10 Athlètes<br />
Numéro 9 Henry Francillon (Bainet 1946)<br />
« Un ange-gardien providentiel »<br />
Par Ed Rainer Sainvill<br />
Une carrière providentielle pour un<br />
portier salvateur dans un pays qui<br />
pouvait s’enorgueillir d’être comme<br />
l’Italie, l’Allemagne, les Etats-Unis etc;<br />
un grenier de grands portiers à travers<br />
une succession de célébrités comme:<br />
Edouard Esper, (RCH), Antoine Smith<br />
(VAC et E,H), Fédherbe Mews (VAC),<br />
Paquitte (BAC) , Roland Lacossade<br />
(Exelsior), Michel Blain l’inviolable<br />
(AN), Abel Léger (Pétion Ville),<br />
l’ange divin René Vertus (RCH), l’ange<br />
merveilleux Raphael Manoyrine (RCH)<br />
qui prit part à l’exode des mid-sixties,<br />
et les deux derniers , fauchés par des<br />
blessures impardonnables, au sommet<br />
de leur carrière: Edner Charles (A,N) et<br />
Kesnel Duchatelier (RCH). C’est dans<br />
ce contexte qu’apparut ‘’Yonyon’’,<br />
avec son insolence et son savoir –faire<br />
pour prendre la relève avec conviction.<br />
Ce qui lui ouvrit très vite le chemin de<br />
la gloire. Une ascendance éclair pour<br />
quelqu’un qui a contemplé une carrière<br />
d’attaquant, avant de trouver sa vraie<br />
vocation dans les cages. Spécialement<br />
avec le Victory au sein duquel il fut en<br />
charge de la barricade et de la fortification,<br />
épatant les connaisseurs du beau<br />
jeu. Fort de sa sureté, de son sens de<br />
placement mais surtout pour son autorité<br />
et sa maitrise qui en firent un<br />
portier de première classe,<br />
Même l’imbattable Wilner Piquant<br />
plus complet ne put s’opposer à<br />
sa titularisation, autant sa dominance<br />
dans les buts fut exceptionnelle. Avec<br />
seule ombre une certaine hésitation<br />
dans les sorties aériennes. (Ce qui fut<br />
le point fort de ces deux concurrents<br />
directs dont l’excellent Piquant et le<br />
laborieux mais si efficace Bobby). Avec<br />
un air de mec fier qui lui valut une certaine<br />
réputation. Si l’on récapitule sa<br />
rentrée parmi le Bicolore pour la campagne<br />
de Mexique 1970, le coup de<br />
foudre avec la population fut énorme.<br />
Car, si Tiguy’’ marquait les buts à<br />
l’avant pointe, ‘’Yonyon’’ lui était une<br />
forteresse imprenable dans les buts,<br />
devenant le gardien miracle des éliminatoires.<br />
Multipliant les sorties salvatrices,<br />
les arrêts exceptionnels, les plongeons<br />
spectaculaires avec une braverie<br />
sans pareil.<br />
Pas étonnant qu’il fut taxé de ”El<br />
diablo’’ par le président guatémaltèque<br />
d’alors. L’après Mexique l’a vu de retour<br />
avec le Victory renouant avec<br />
la première division: ‘’Yonyon’’ sorti<br />
d’une année de prêt au Violette pour retrouver<br />
la forme et son poste de numéro<br />
un. De là, sa participation au Concacaf<br />
de Trinidad avec une deuxième place<br />
invaincue, en passant au Mini Tournoi<br />
du Brésil en 1972, où malgré les<br />
sévères défaites de la Sélection CON-<br />
CACAF, il reçut les ovations du public.<br />
Car, Lorsque H.F encaisse 2 ou 3 buts<br />
c’est sûr qu’il en a arrêté une douzaine.<br />
Dino Zoff et Henry Francillon juste après le match Haïti-Italie à Munich<br />
le 15 juin 1974<br />
Face aux grands ténors du foot-ball<br />
mondial, il s’impose dominant avec<br />
une charnière défensive commandée<br />
par Nazaire et Tinès. Puis vint le sacre<br />
du Prémondial qui l’envoya à Munich<br />
en 1974 où il fut une consécration malgré<br />
les contre-performances de l’équipe<br />
nationale.<br />
Ses prouesses lui valurent d’être<br />
repéré par l’équipe allemande Munich<br />
1860, club modeste du bas de tableau<br />
dans lequel il connut bien de péripéties,<br />
de difficulté d’adaptation et de choc<br />
culturel et y joua peu. Il n’y resta pas<br />
longtemps. De retour au bercail, il<br />
partagea son temps entre les responsabilités<br />
familiales, le foot-ball à temps<br />
partiel tout en convoitant la politique.<br />
Devenant un candidat non sélectionné<br />
des mascarades législatives Jean- claudistes<br />
pour la ville de Bainet en 1976.<br />
Puis remorqué par les irréductibles, il<br />
vint chiper la place de Wilner Piquant,<br />
tutilaire indiscutable, jusqu’avant les<br />
Eliminatoires de 1978. Pour finalement<br />
raccrocher puis sélectionné comme<br />
autorité gouvernementale, devenant<br />
député de Bainet en 1979. A une époque<br />
où bousculé par les ‘’indépendantistes’’<br />
comme Sylvio Claude, G.<br />
Eugène, A. Lerouge, R. Guerre pris à<br />
l’hameçon de la libéralisation, le régime<br />
décida de lâcher du lest. En offrant cette<br />
sinécure ‘’d’ôte- toi que je m’y mette’’ à<br />
Francillon. Lequel fut subséquemment<br />
‘’déchouké’’ lors de la chute de ‘’babydoc’’<br />
en 1986 et n’eut la vie sauve qu’à<br />
son passé de foot-balleur. D’autant que<br />
ce qui lui arriva tenait plus de rivalité<br />
personnelle que d’accusation par la<br />
clameur populaire. Il atterrit avec sa famille<br />
en Floride comme exilé politique<br />
et pratiqua tous les boulots pour survivre,<br />
en plus d’un lot d’humiliation.<br />
Ensuite, il déménagea à Boston où<br />
il devint entraineur des jeunes. Il fut<br />
aussi honoré par la MLS durant une<br />
rencontre au cours de laquelle il fut<br />
présenté d’un jersey de la New England<br />
Revolution. En 1998, il fut classé 5ème<br />
gardien du 20e siècle.<br />
« Pleins Feux sur » :<br />
Carmen Brouard (Port-au-Prince, 1909 – Montréal, 2005)<br />
« Une légende à la fois discrète et surprenante »<br />
Par ED Rainer Sainvill<br />
Cette pianiste virtuose et précisément<br />
classique hérita de sa mère<br />
née Cléomine Gaëtjens qui fut son<br />
instructrice au piano, alors qu’elle<br />
n’avait que cinq ans. Mais lorsque la<br />
prodige fillette fit montre d’une capacité<br />
hors du commun, maman décida de<br />
la confier aux ingénieuses escapades<br />
de l’illustre Justin Elie et de sa femme<br />
Lily Price, pour peaufiner un talent qui<br />
avait hâte de s’épanouir .Dès l’âge de<br />
six ans, elle faisait déjà des prestations<br />
en public. Au cours d’un spectacle<br />
mis sur pied au ‘’Parisiana’’ par Mr.<br />
et Mrs. Elie. Alors que sa vocation et<br />
son talent s’accroitraient amplement,<br />
elle se retrouva subitement en France,<br />
où elle alla s’établir du fait de la santé<br />
chancelante de son frère ainé Max.<br />
Malgré tout, son intérêt pour le piano,<br />
la musique, la poésie et la culture en<br />
général s’amplifiait, qu’atteinte de musicalité,<br />
elle pianote et ‘’onomatopone’’<br />
à tout bout de champs. C’est ainsi<br />
qu’elle fut remise au ‘’Couvent des<br />
Oiseaux’’, à Paris sous la scrupuleuse<br />
formation de Mme Jacques Chailley.<br />
A cette étape, elle trouva un certain<br />
équilibre et une maturité qui lui permirent<br />
d’atteindre d’autres sommets.<br />
Dès son retour au bercail, elle alla<br />
s’innover avec Isidore Philipe et Mme.<br />
Stiviénart.<br />
Cependant, c’est son flair et<br />
ses traits singuliers dans les claviers<br />
qui la révèlent en disséminatrice hâtive<br />
à une époque auréolée d’une<br />
constellation d’étoiles. Comme elle<br />
s’éclata au milieu d’une floraison de<br />
pianistes féminines imbues de leur art,<br />
emmenée par la chef de file, l’incontournable<br />
Lina Mathon (dont elle fut<br />
pourtant une aide-professeure) et la<br />
précoce, Micheline Laudun dont elle<br />
a fit part d’une trinité musicale. Musicienne<br />
de talent, pianiste accomplie<br />
dotée d’une touche faite d’une grande<br />
subtilité harmonique et d’un style fluide,<br />
cette adepte de l’esthétisme a su<br />
en prolonger la finesse, grâce à une<br />
sensibilité à fleur de peau et d’un sens<br />
mélodique profond .Entre ses activités<br />
diverses, elle trouva sa voie de pédagogue<br />
innée en mettant ses connaissances<br />
musicales approfondies à la<br />
portée de la jeunesse. Tout en s’affirmant<br />
en concertiste qui s’attela à faire<br />
les délices musicale des connaisseurs<br />
de la musique savante au pays et<br />
Carmen Brouard<br />
ailleurs. Son répertoire en dit autant<br />
quant à l’orientation adoptée : Franz<br />
Liszt, Claude Débussy, Edouard Lalo,<br />
Robert Schumann, Ludwig Beethoven,<br />
Friedrich Haendel, Amadeus Mozart,-<br />
Jean S. Bach, mais aussi : Justin Elie,<br />
Anton Jaegerhuber, Ludovic Lamothe,<br />
Frantz Casséus et certainement, Carmen<br />
Brouard.<br />
Entre temps, elle fut admise<br />
comme membre titulaire de la Société<br />
des Lettres et des Arts. Puis, elle retourna<br />
en France compléter son expertise<br />
musicale au Conservatoire<br />
de Paris où elle obtint la médaille de<br />
solfège sous l’impulsion de M. et<br />
de Mme. Rousseau Samuel, tout en<br />
prenant une année supplémentaire<br />
afin de compléter une maîtrise au piano<br />
sous la direction de Marguerite<br />
Long, dans l’entourage de laquelle elle<br />
se lia d’amitié avec le célèbre compositeur<br />
et chef d’orchestre Maurice Ravel<br />
qui lui fit bien de révérences. Fraîche<br />
émoulue du Conservatoire de Paris,<br />
elle débarqua en Haïti au même temps<br />
que la génération dénommée “Le<br />
tout-Paris”. Son frère, Carl Brouard*,<br />
célèbre poète et l’un des chefs de file<br />
du mouvement indigéniste des années<br />
1930-1940 faisait aussi partie<br />
de ce groupe d’étudiants de l’aristocratie<br />
locale. A cette étape, elle tint<br />
constamment les feux de la rampe. De<br />
prestations en performances en plus<br />
lumineuses. S’associant au violoniste<br />
Emile Friedman, le célèbre violoncelliste<br />
russe Bogumil Sykora et tant de<br />
fois à l’éminent flûtiste et saxophoniste<br />
Dépestre Salnave qui lui aussi a eu<br />
une fructueuse carrière en conquérant<br />
l’Europe. En faisant du Paramount, du<br />
Rex Théâtre, le Capitole, les Cercles<br />
de Port-au-Prince, le Cercle Bellevue,<br />
L’Amicale et autres Temples de spectacles<br />
sa chasse-gardée.<br />
Faisant accourir les mélomanes<br />
de la ville, ainsi que les couples présidentiels<br />
et amoureux de la culture ;<br />
leurs excellences Dumarsais Estimé.<br />
De même que les mécènes de l’art<br />
que furent les époux Eugène Magloire<br />
qui confièrent à Carmen la formation<br />
musicale de leurs quatre enfants. Elle<br />
continua à faire montre de maestria<br />
forte d’une sonorité synchro classique<br />
qui fit d’elle une novatrice de l’air post<br />
romantique, en concoureuse du modernisme<br />
pour aller au delà de la sensibilité<br />
et mettre à nu l’inventivité. Au<br />
gré d’une élaboration qui allait définir<br />
les standards d’une époque où l’artiste<br />
et l’adhérent se communiquent<br />
pour une excursion plus conviviale,<br />
laquelle éjecte les créateurs de leur<br />
sommet pour converger dans l’harmonie<br />
collective. Tout en infusant cet<br />
apport populaire qui atteste d’une sensibilité<br />
native. Au sommet de son art,<br />
elle reçut au début des années 1950,<br />
une proposition de Richard L. Boldrey<br />
de la Chicago Musical College ; mais,<br />
à cause de nombreux engagements<br />
à honorer, elle n’a pu donner suite à<br />
cette requête. C’est autant guidée par<br />
ce désir de toujours vouloir prolonger<br />
la beauté infinie de l’art et de son goût<br />
particulier pour la perfection , qu’un<br />
beau jour, elle liquida meubles et immeubles<br />
: piano Beinscntein, bijoux,<br />
maison et le plus dur que d’obliger<br />
de fermer les portes de son académie<br />
musicale pour aller se perfectionner à<br />
Paris dans l’harmonie, la composition,<br />
et le contrepoint.<br />
Installée en France, en 1956,<br />
elle fut admise à la Faculté des Lettres<br />
de Paris. En proie à la nostalgie et<br />
les difficultés pécuniaires, elle réussit<br />
à boucler les cycles d’études pour<br />
susciter l’admiration du célèbre compositeur<br />
et directeur d’Harmonie au<br />
Conservatoire National Supérieur de<br />
Musique, George Hugon lequel continua<br />
à superviser, par correspondance,<br />
les ?uvres de Carmen après son retour<br />
en Haïti ? la fin des années 1950. Le<br />
début de la prochaine décennie la trouva<br />
sans répit, s’attelant à secouer la<br />
léthargie qui avait enkysté les élans<br />
de l’art majeur ; spécialement avec la<br />
consolidation d’un régime luciférien,<br />
lequel s’acharna à faire la chasse aux<br />
sorcières à l’intelligentsia locale, incluant<br />
son frère Carl Brouard (1) dont<br />
les ‘’goulagueries’’ de ‘’papadoc ‘’, son<br />
ancien ami, le firent sombrer dans la<br />
démence. Armée de détermination,<br />
et de son apostolat pédagogique, elle<br />
rouvrit son académie musicale, malgré<br />
les difficultés économiques et l’absence<br />
de subvention étatique, l’ayant obligée<br />
malheureusement à mettre à nouveau<br />
la clef sous les portes quelques<br />
années plus tard. A la même époque,<br />
elle initia l’émission radiophonique,’’<br />
Les Dimanches Musicaux’’ pour les<br />
mordus dodécaphoniques, avec la collaboration<br />
de Clara Perez Price Mars.<br />
Puis, elle n’a pu résister à l’insistance<br />
de ‘’ Jeunesses Musicales d’Haïti’’, qui<br />
VENDREDIS CULTURELS<br />
Ce Vendredi 15 <strong>Septembre</strong> <strong>2017</strong> à partir de 7h PM<br />
Le Film<br />
<strong>Haiti</strong>: Where Did the Money<br />
Go?<br />
Sera projeté au local du journal Haïti Liberté<br />
Suivi d’un débat<br />
Information : 718-421-0162<br />
1583 Albany Ave Brooklyn, NY 11210<br />
Entrée Libre<br />
l’ont honorée du statut de Membre<br />
d’honneur de l’Association.<br />
Parallèlement, elle continua ses<br />
mélopées de concertiste achevée dans<br />
les fiefs musicaux de la ville, qu’elle<br />
sut rehausser de sa maestria. Maîtresse<br />
dans l’établissement du tempo et<br />
accords, toujours parés de mouvements<br />
éblouissants, faits d’inventivité<br />
et de mysticisme, auréolés d’équilibre<br />
et de parodies atteignant une flexibilité<br />
cérébrale harmoniquement complexe,<br />
embrasant culturellement une sonorité<br />
fusionnée et étincelante. Comme elle<br />
aima décrire sa musique qui baigne<br />
entre le folklorique et le romantique.<br />
En 1977, elle alla s’établir au Québec,<br />
laissant un environnement qui ne se<br />
soucia point de l’art qualitatif et majeur.<br />
Arrivée dans ce qui fut ‘’La belle<br />
province’’, elle entreprit un partenariat<br />
avec Claude Dauphin dans la fondation<br />
de la Société de Recherches et<br />
de Diffusion de la Musique Haïtienne<br />
(SRDMH), dans sa quête de doter les<br />
compatriotes déracinés, gelant dans<br />
l’hiver éternel des activités aptes<br />
suite à la page(19)<br />
18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol 11 # 10 • Du <strong>13</strong> au 19 <strong>Septembre</strong> <strong>2017</strong>