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Haiti Liberte 13 Septembre 2017

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Haïti Top 10 Athlètes<br />

Numéro 9 Henry Francillon (Bainet 1946)<br />

« Un ange-gardien providentiel »<br />

Par Ed Rainer Sainvill<br />

Une carrière providentielle pour un<br />

portier salvateur dans un pays qui<br />

pouvait s’enorgueillir d’être comme<br />

l’Italie, l’Allemagne, les Etats-Unis etc;<br />

un grenier de grands portiers à travers<br />

une succession de célébrités comme:<br />

Edouard Esper, (RCH), Antoine Smith<br />

(VAC et E,H), Fédherbe Mews (VAC),<br />

Paquitte (BAC) , Roland Lacossade<br />

(Exelsior), Michel Blain l’inviolable<br />

(AN), Abel Léger (Pétion Ville),<br />

l’ange divin René Vertus (RCH), l’ange<br />

merveilleux Raphael Manoyrine (RCH)<br />

qui prit part à l’exode des mid-sixties,<br />

et les deux derniers , fauchés par des<br />

blessures impardonnables, au sommet<br />

de leur carrière: Edner Charles (A,N) et<br />

Kesnel Duchatelier (RCH). C’est dans<br />

ce contexte qu’apparut ‘’Yonyon’’,<br />

avec son insolence et son savoir –faire<br />

pour prendre la relève avec conviction.<br />

Ce qui lui ouvrit très vite le chemin de<br />

la gloire. Une ascendance éclair pour<br />

quelqu’un qui a contemplé une carrière<br />

d’attaquant, avant de trouver sa vraie<br />

vocation dans les cages. Spécialement<br />

avec le Victory au sein duquel il fut en<br />

charge de la barricade et de la fortification,<br />

épatant les connaisseurs du beau<br />

jeu. Fort de sa sureté, de son sens de<br />

placement mais surtout pour son autorité<br />

et sa maitrise qui en firent un<br />

portier de première classe,<br />

Même l’imbattable Wilner Piquant<br />

plus complet ne put s’opposer à<br />

sa titularisation, autant sa dominance<br />

dans les buts fut exceptionnelle. Avec<br />

seule ombre une certaine hésitation<br />

dans les sorties aériennes. (Ce qui fut<br />

le point fort de ces deux concurrents<br />

directs dont l’excellent Piquant et le<br />

laborieux mais si efficace Bobby). Avec<br />

un air de mec fier qui lui valut une certaine<br />

réputation. Si l’on récapitule sa<br />

rentrée parmi le Bicolore pour la campagne<br />

de Mexique 1970, le coup de<br />

foudre avec la population fut énorme.<br />

Car, si Tiguy’’ marquait les buts à<br />

l’avant pointe, ‘’Yonyon’’ lui était une<br />

forteresse imprenable dans les buts,<br />

devenant le gardien miracle des éliminatoires.<br />

Multipliant les sorties salvatrices,<br />

les arrêts exceptionnels, les plongeons<br />

spectaculaires avec une braverie<br />

sans pareil.<br />

Pas étonnant qu’il fut taxé de ”El<br />

diablo’’ par le président guatémaltèque<br />

d’alors. L’après Mexique l’a vu de retour<br />

avec le Victory renouant avec<br />

la première division: ‘’Yonyon’’ sorti<br />

d’une année de prêt au Violette pour retrouver<br />

la forme et son poste de numéro<br />

un. De là, sa participation au Concacaf<br />

de Trinidad avec une deuxième place<br />

invaincue, en passant au Mini Tournoi<br />

du Brésil en 1972, où malgré les<br />

sévères défaites de la Sélection CON-<br />

CACAF, il reçut les ovations du public.<br />

Car, Lorsque H.F encaisse 2 ou 3 buts<br />

c’est sûr qu’il en a arrêté une douzaine.<br />

Dino Zoff et Henry Francillon juste après le match Haïti-Italie à Munich<br />

le 15 juin 1974<br />

Face aux grands ténors du foot-ball<br />

mondial, il s’impose dominant avec<br />

une charnière défensive commandée<br />

par Nazaire et Tinès. Puis vint le sacre<br />

du Prémondial qui l’envoya à Munich<br />

en 1974 où il fut une consécration malgré<br />

les contre-performances de l’équipe<br />

nationale.<br />

Ses prouesses lui valurent d’être<br />

repéré par l’équipe allemande Munich<br />

1860, club modeste du bas de tableau<br />

dans lequel il connut bien de péripéties,<br />

de difficulté d’adaptation et de choc<br />

culturel et y joua peu. Il n’y resta pas<br />

longtemps. De retour au bercail, il<br />

partagea son temps entre les responsabilités<br />

familiales, le foot-ball à temps<br />

partiel tout en convoitant la politique.<br />

Devenant un candidat non sélectionné<br />

des mascarades législatives Jean- claudistes<br />

pour la ville de Bainet en 1976.<br />

Puis remorqué par les irréductibles, il<br />

vint chiper la place de Wilner Piquant,<br />

tutilaire indiscutable, jusqu’avant les<br />

Eliminatoires de 1978. Pour finalement<br />

raccrocher puis sélectionné comme<br />

autorité gouvernementale, devenant<br />

député de Bainet en 1979. A une époque<br />

où bousculé par les ‘’indépendantistes’’<br />

comme Sylvio Claude, G.<br />

Eugène, A. Lerouge, R. Guerre pris à<br />

l’hameçon de la libéralisation, le régime<br />

décida de lâcher du lest. En offrant cette<br />

sinécure ‘’d’ôte- toi que je m’y mette’’ à<br />

Francillon. Lequel fut subséquemment<br />

‘’déchouké’’ lors de la chute de ‘’babydoc’’<br />

en 1986 et n’eut la vie sauve qu’à<br />

son passé de foot-balleur. D’autant que<br />

ce qui lui arriva tenait plus de rivalité<br />

personnelle que d’accusation par la<br />

clameur populaire. Il atterrit avec sa famille<br />

en Floride comme exilé politique<br />

et pratiqua tous les boulots pour survivre,<br />

en plus d’un lot d’humiliation.<br />

Ensuite, il déménagea à Boston où<br />

il devint entraineur des jeunes. Il fut<br />

aussi honoré par la MLS durant une<br />

rencontre au cours de laquelle il fut<br />

présenté d’un jersey de la New England<br />

Revolution. En 1998, il fut classé 5ème<br />

gardien du 20e siècle.<br />

« Pleins Feux sur » :<br />

Carmen Brouard (Port-au-Prince, 1909 – Montréal, 2005)<br />

« Une légende à la fois discrète et surprenante »<br />

Par ED Rainer Sainvill<br />

Cette pianiste virtuose et précisément<br />

classique hérita de sa mère<br />

née Cléomine Gaëtjens qui fut son<br />

instructrice au piano, alors qu’elle<br />

n’avait que cinq ans. Mais lorsque la<br />

prodige fillette fit montre d’une capacité<br />

hors du commun, maman décida de<br />

la confier aux ingénieuses escapades<br />

de l’illustre Justin Elie et de sa femme<br />

Lily Price, pour peaufiner un talent qui<br />

avait hâte de s’épanouir .Dès l’âge de<br />

six ans, elle faisait déjà des prestations<br />

en public. Au cours d’un spectacle<br />

mis sur pied au ‘’Parisiana’’ par Mr.<br />

et Mrs. Elie. Alors que sa vocation et<br />

son talent s’accroitraient amplement,<br />

elle se retrouva subitement en France,<br />

où elle alla s’établir du fait de la santé<br />

chancelante de son frère ainé Max.<br />

Malgré tout, son intérêt pour le piano,<br />

la musique, la poésie et la culture en<br />

général s’amplifiait, qu’atteinte de musicalité,<br />

elle pianote et ‘’onomatopone’’<br />

à tout bout de champs. C’est ainsi<br />

qu’elle fut remise au ‘’Couvent des<br />

Oiseaux’’, à Paris sous la scrupuleuse<br />

formation de Mme Jacques Chailley.<br />

A cette étape, elle trouva un certain<br />

équilibre et une maturité qui lui permirent<br />

d’atteindre d’autres sommets.<br />

Dès son retour au bercail, elle alla<br />

s’innover avec Isidore Philipe et Mme.<br />

Stiviénart.<br />

Cependant, c’est son flair et<br />

ses traits singuliers dans les claviers<br />

qui la révèlent en disséminatrice hâtive<br />

à une époque auréolée d’une<br />

constellation d’étoiles. Comme elle<br />

s’éclata au milieu d’une floraison de<br />

pianistes féminines imbues de leur art,<br />

emmenée par la chef de file, l’incontournable<br />

Lina Mathon (dont elle fut<br />

pourtant une aide-professeure) et la<br />

précoce, Micheline Laudun dont elle<br />

a fit part d’une trinité musicale. Musicienne<br />

de talent, pianiste accomplie<br />

dotée d’une touche faite d’une grande<br />

subtilité harmonique et d’un style fluide,<br />

cette adepte de l’esthétisme a su<br />

en prolonger la finesse, grâce à une<br />

sensibilité à fleur de peau et d’un sens<br />

mélodique profond .Entre ses activités<br />

diverses, elle trouva sa voie de pédagogue<br />

innée en mettant ses connaissances<br />

musicales approfondies à la<br />

portée de la jeunesse. Tout en s’affirmant<br />

en concertiste qui s’attela à faire<br />

les délices musicale des connaisseurs<br />

de la musique savante au pays et<br />

Carmen Brouard<br />

ailleurs. Son répertoire en dit autant<br />

quant à l’orientation adoptée : Franz<br />

Liszt, Claude Débussy, Edouard Lalo,<br />

Robert Schumann, Ludwig Beethoven,<br />

Friedrich Haendel, Amadeus Mozart,-<br />

Jean S. Bach, mais aussi : Justin Elie,<br />

Anton Jaegerhuber, Ludovic Lamothe,<br />

Frantz Casséus et certainement, Carmen<br />

Brouard.<br />

Entre temps, elle fut admise<br />

comme membre titulaire de la Société<br />

des Lettres et des Arts. Puis, elle retourna<br />

en France compléter son expertise<br />

musicale au Conservatoire<br />

de Paris où elle obtint la médaille de<br />

solfège sous l’impulsion de M. et<br />

de Mme. Rousseau Samuel, tout en<br />

prenant une année supplémentaire<br />

afin de compléter une maîtrise au piano<br />

sous la direction de Marguerite<br />

Long, dans l’entourage de laquelle elle<br />

se lia d’amitié avec le célèbre compositeur<br />

et chef d’orchestre Maurice Ravel<br />

qui lui fit bien de révérences. Fraîche<br />

émoulue du Conservatoire de Paris,<br />

elle débarqua en Haïti au même temps<br />

que la génération dénommée “Le<br />

tout-Paris”. Son frère, Carl Brouard*,<br />

célèbre poète et l’un des chefs de file<br />

du mouvement indigéniste des années<br />

1930-1940 faisait aussi partie<br />

de ce groupe d’étudiants de l’aristocratie<br />

locale. A cette étape, elle tint<br />

constamment les feux de la rampe. De<br />

prestations en performances en plus<br />

lumineuses. S’associant au violoniste<br />

Emile Friedman, le célèbre violoncelliste<br />

russe Bogumil Sykora et tant de<br />

fois à l’éminent flûtiste et saxophoniste<br />

Dépestre Salnave qui lui aussi a eu<br />

une fructueuse carrière en conquérant<br />

l’Europe. En faisant du Paramount, du<br />

Rex Théâtre, le Capitole, les Cercles<br />

de Port-au-Prince, le Cercle Bellevue,<br />

L’Amicale et autres Temples de spectacles<br />

sa chasse-gardée.<br />

Faisant accourir les mélomanes<br />

de la ville, ainsi que les couples présidentiels<br />

et amoureux de la culture ;<br />

leurs excellences Dumarsais Estimé.<br />

De même que les mécènes de l’art<br />

que furent les époux Eugène Magloire<br />

qui confièrent à Carmen la formation<br />

musicale de leurs quatre enfants. Elle<br />

continua à faire montre de maestria<br />

forte d’une sonorité synchro classique<br />

qui fit d’elle une novatrice de l’air post<br />

romantique, en concoureuse du modernisme<br />

pour aller au delà de la sensibilité<br />

et mettre à nu l’inventivité. Au<br />

gré d’une élaboration qui allait définir<br />

les standards d’une époque où l’artiste<br />

et l’adhérent se communiquent<br />

pour une excursion plus conviviale,<br />

laquelle éjecte les créateurs de leur<br />

sommet pour converger dans l’harmonie<br />

collective. Tout en infusant cet<br />

apport populaire qui atteste d’une sensibilité<br />

native. Au sommet de son art,<br />

elle reçut au début des années 1950,<br />

une proposition de Richard L. Boldrey<br />

de la Chicago Musical College ; mais,<br />

à cause de nombreux engagements<br />

à honorer, elle n’a pu donner suite à<br />

cette requête. C’est autant guidée par<br />

ce désir de toujours vouloir prolonger<br />

la beauté infinie de l’art et de son goût<br />

particulier pour la perfection , qu’un<br />

beau jour, elle liquida meubles et immeubles<br />

: piano Beinscntein, bijoux,<br />

maison et le plus dur que d’obliger<br />

de fermer les portes de son académie<br />

musicale pour aller se perfectionner à<br />

Paris dans l’harmonie, la composition,<br />

et le contrepoint.<br />

Installée en France, en 1956,<br />

elle fut admise à la Faculté des Lettres<br />

de Paris. En proie à la nostalgie et<br />

les difficultés pécuniaires, elle réussit<br />

à boucler les cycles d’études pour<br />

susciter l’admiration du célèbre compositeur<br />

et directeur d’Harmonie au<br />

Conservatoire National Supérieur de<br />

Musique, George Hugon lequel continua<br />

à superviser, par correspondance,<br />

les ?uvres de Carmen après son retour<br />

en Haïti ? la fin des années 1950. Le<br />

début de la prochaine décennie la trouva<br />

sans répit, s’attelant à secouer la<br />

léthargie qui avait enkysté les élans<br />

de l’art majeur ; spécialement avec la<br />

consolidation d’un régime luciférien,<br />

lequel s’acharna à faire la chasse aux<br />

sorcières à l’intelligentsia locale, incluant<br />

son frère Carl Brouard (1) dont<br />

les ‘’goulagueries’’ de ‘’papadoc ‘’, son<br />

ancien ami, le firent sombrer dans la<br />

démence. Armée de détermination,<br />

et de son apostolat pédagogique, elle<br />

rouvrit son académie musicale, malgré<br />

les difficultés économiques et l’absence<br />

de subvention étatique, l’ayant obligée<br />

malheureusement à mettre à nouveau<br />

la clef sous les portes quelques<br />

années plus tard. A la même époque,<br />

elle initia l’émission radiophonique,’’<br />

Les Dimanches Musicaux’’ pour les<br />

mordus dodécaphoniques, avec la collaboration<br />

de Clara Perez Price Mars.<br />

Puis, elle n’a pu résister à l’insistance<br />

de ‘’ Jeunesses Musicales d’Haïti’’, qui<br />

VENDREDIS CULTURELS<br />

Ce Vendredi 15 <strong>Septembre</strong> <strong>2017</strong> à partir de 7h PM<br />

Le Film<br />

<strong>Haiti</strong>: Where Did the Money<br />

Go?<br />

Sera projeté au local du journal Haïti Liberté<br />

Suivi d’un débat<br />

Information : 718-421-0162<br />

1583 Albany Ave Brooklyn, NY 11210<br />

Entrée Libre<br />

l’ont honorée du statut de Membre<br />

d’honneur de l’Association.<br />

Parallèlement, elle continua ses<br />

mélopées de concertiste achevée dans<br />

les fiefs musicaux de la ville, qu’elle<br />

sut rehausser de sa maestria. Maîtresse<br />

dans l’établissement du tempo et<br />

accords, toujours parés de mouvements<br />

éblouissants, faits d’inventivité<br />

et de mysticisme, auréolés d’équilibre<br />

et de parodies atteignant une flexibilité<br />

cérébrale harmoniquement complexe,<br />

embrasant culturellement une sonorité<br />

fusionnée et étincelante. Comme elle<br />

aima décrire sa musique qui baigne<br />

entre le folklorique et le romantique.<br />

En 1977, elle alla s’établir au Québec,<br />

laissant un environnement qui ne se<br />

soucia point de l’art qualitatif et majeur.<br />

Arrivée dans ce qui fut ‘’La belle<br />

province’’, elle entreprit un partenariat<br />

avec Claude Dauphin dans la fondation<br />

de la Société de Recherches et<br />

de Diffusion de la Musique Haïtienne<br />

(SRDMH), dans sa quête de doter les<br />

compatriotes déracinés, gelant dans<br />

l’hiver éternel des activités aptes<br />

suite à la page(19)<br />

18 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />

Vol 11 # 10 • Du <strong>13</strong> au 19 <strong>Septembre</strong> <strong>2017</strong>

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