You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
LEXUS NX 300h HYBRIDE
L’HYBRIDE SOUS
UN NOUVEL ANGLE
À PARTIR DE 399 €/MOIS (1)
SANS CONDITION DE REPRISE
LOA** 49 MOIS, 1 er loyer de 4 100 € suivi de 48 loyers de 399 €.
Montant total dû en cas d’acquisition : 41 752 € TTC.
UN CRÉDIT VOUS ENGAGE ET DOIT ÊTRE REMBOURSÉ. VÉRIFIEZ VOS CAPACITÉS DE REMBOURSEMENT AVANT
DE VOUS ENGAGER.
Consommations mixtes : de 5,0 à 5,3 L/100 km. Émissions de CO 2 mixtes : de 116 à 123 g/km. Données homologuées CE.
** LOA : Location avec option d’achat. (1) Exemple pour un Lexus NX 300h 2WD neuf au prix exceptionnel de 36 590 €, remise de 4 000 € déduite. LOA** 49 mois, 1 er loyer de 4 100 €
suivi de 48 loyers de 399 €/mois hors assurances facultatives. Option d’achat : 18 500 € dans la limite de 49 mois & 40 000 km. Montant total dû en cas d’acquisition : 41 752 €. Assurance
de personnes facultative à partir de 40,25 €/mois en sus de votre loyer, soit 1 972,25 € sur la durée totale du prêt. Modèle présenté : Lexus NX 300h 4WD F SPORT (peinture
métallisée incluse) neuf au prix exceptionnel de 54 390 €, remise de 4 000 € déduite. LOA** 49 mois, 1 er loyer de 4 100 € suivi de 48 loyers de 655 €/mois hors assurances facultatives.
Option d’achat : 26 614 € dans la limite de 49 mois & 40 000 km. Montant total dû en cas d’acquisition : 62 154 €. Assurance de personnes facultative à partir de 59,83 €/mois en sus de votre
loyer, soit 2 931,67 € sur la durée totale du prêt. Offre réservée aux particuliers valable jusqu’au 31/07/2017 chez les distributeurs Lexus participants, portant sur le tarif en vigueur au jour de la
souscription du contrat. En fin de contrat, restitution du véhicule dans votre concession avec paiement des frais de remise en état standard et des éventuels kilomètres excédentaires. Sous réserve
d’acceptation par TOYOTA FRANCE FINANCEMENT, 36 bd de la République 92423 Vaucresson, RCS 412 653 180 – n° ORIAS 07 005 419 consultable sur www.orias.fr.
* Vivez l’exceptionnel.
Édito
ANTONY HUCHETTE
Les vendeurs de rêves et de vacances n’ont plus que ce mot-là à la bouche : l’expérience.
Comprendre : comment va-t-on occuper vos journées, et surtout qu’allez-vous en retirer ?
Vous pensiez piscine et farniente, les doigts de pied en éventail et cocktail à portée de la main
sitôt rédigée votre « réponse automatique d’absence du bureau » avant de filer vous la couler
douce ? Très bien.
Mais on s’est dit qu’il était de notre devoir de vous faire voir un peu plus loin que le bout
du transat. Et de donner du sens à ces si chères vacances (et autres week-ends prolongés).
Alors la rédaction de GQ a pris son bâton de pèlerin défricheur de tendances et de nouveaux
horizons. Nous avons (presque) grimpé sur les rochers du Yosemite Park, couru sur les pistes
ocre du Kenya, cruisé à bord de sacrés beaux bateaux en mer Méditerranée et sur le lac Léman
puis au volant des plus belles summer cars de tous les temps, pédalé au Pays basque espagnol,
traversé l’Afrique en avion et l’Argentine à moto.
Au bout de ce périple, durant lequel nous avons tout de même pris le temps de nous
(re)poser (en déjeunant sur l’herbe avec quatre grands chefs et après avoir testé quelques
cocktails), nous avons listé des dizaines d’adresses donnant un nouveau sens à notre quête
de plaisirs. Ensoleillé, authentique, joueur, vertigineux, savoureux, ce deuxième numéro de
Life ne déroge pas à sa règle : pro f i te r de la vi e , en mi e u x .
— Mathieu Le Maux
« Ma devise est : d’où venons-nous, où allons-nous et à quelle heure on mange ? »
―Woody Allen
LIFE 6
Été 2017
Sommaire
COMMENT NOUS TROUVER ?
GQMAGAZINE.FR GQFRANCE @GQFRANCE @GQ_FRANCE GQFRANCE LECTEURSGQ@CONDENAST.FR
SOMMAIRE
Dans les années 1970, ils ont été
les premiers à escalader sans
protection. Récit page 32.
26 IDÉES...
16 HÔTELS
Cinq lieux de villégiatures
qui ne donnent pas
envie de repartir.
18 LIFESTYLE
Le kit de voyage idéal
pour un long, très long
vol en avion.
19 TENDANCES
Un foot de table qui rend
tous les joueurs addicts.
20 HIGH-TECH
Quel appareil photo
choisir ?
22 LIVRES
Sélection de bouquins
pour traverser
l’existence avec grâce…
24 SAGA
L’histoire du concept
store Colette qui a fêté
ses 20 ans.
26 DESIGN
Le mobilier outdoor qui
donne du style à l’apéro.
28 LIFESTYLE
Et si on apprenait
à manger avec
des baguettes, à ouvrir
des huîtres sans finir
aux urgences et à tout
déchirer au karaoké ?
BOUGER
32 EXTRÊME
Rencontre avec les
Stonemasters, pionniers
de la grimpe dans les années
1970, qui ont fait de
l’escalade un sport cool.
GEORGE MEYERS / ANTONY HUCHETTE
LIFE 8
Été 2017
HUGO BOSS FRANCE SAS Téléphone + 33 1 44 17 16 70
HUGOBOSS.COM
Sommaire
44 VOILE
Reportage au cœur
de la régate Giraglia.
48 HORLOGERIE
Les chronographes
GOÛTER
94 VÉLO TRIP
Expérience ! 550 km en
ULTIMATE
118 LE GUIDE ULTIME
Toutes les adresses
qui font prendre
« Mon vélo ! »
six étapes pour tester
du moment pour se
un bon départ.
52 MOTEURS
Sur la route des
vacances de notre
les meilleurs restaurants
du Pays basque.
102 COCKTAILS
Cinq grands classiques
faire tatouer, goûter les
meilleurs tacos, visiter
les plus belles toilettes
de bar, vivre les plus
grands moments de
enfance, les plus belles
à tester et faire tester
karaoké…
« summer cars ».
60 VÉLOS
Sept bicyclettes
qui sortent de
l’ordinaire.
68 BATEAUX
La success-story
du fabricant Boesch.
PARTIR
au bord de la piscine.
108 PIQUE-NIQUE
Quatre grands chefs
dévoilent leur recette
pour des déjeuners sur
l’herbe haut de gamme.
Un pique-nique de chef aux
Buttes-Chaumont, ça vous dit ?
Les toilettes intergalactiques
du Sketch à Londres.
BENOIT PAILLEY / MARION BERRIN / PRESSE / ANTONY HUCHETTE
74 RUNNING
Un camp d’entraînement
pour tous a vu le jour au
Kenya. Rencontre avec
son fondateur, Bob Tahri.
78 ROAD TRIP
Cinq voyages à faire à
moto avant de mourir.
82 VOYAGE
Le Sri Lanka, sa
JOUER
126 À VOS CRAYONS !
Jeu des sept erreurs,
coloriage, mots fléchés,
devinettes et une
voiture à découper !
civilisation millénaire,
sa gastronomie subtile,
ses plages de rêve…
88 RÉCIT
Vivre la traversée de
l’Afrique en biplans avec
les pilotes survoltés
du Vintage Air Rally.
La plage de Tangalle au Sri Lanka.
LIFE 10
Été 2017
Ours
RÉDACTION EN CHEF
Rédactrice en chef Béline Dolat
Rédacteur en chef adjoint (magazine) Mathieu Le Maux
Rédacteur en chef adjoint (digital) Antoine Jaillard
Rédacteur en chef (Life) Nicolas Salomon
CRÉATION ARTISTIQUE
Directeur artistique Éric Pillault
Directrice artistique adjointe Marion Tremoy
Art editor François Chaperon
Rédacteurs graphistes
Celya Bendjenad (responsable tablette), Arnaud Mendes,
Pamani Missotte (stagiaire)
Directeur photo Jamel Benjemaia
Responsable photo (Life) Armelle Lafferrerie
Productrice/rédactrice photo Agathe Renaudat
INTERNATIONAL
Italie Paola Zuffi +39 02 25 06 06 04
Grande-Bretagne Agnès Wanat +44 20 8749 6176
Espagne, Portugal, Belgique, Amérique latine
Laurent Bouaziz +33 1 44 62 70 38
États-Unis Bertrand Bordenave +1 212 630 4937
Japon Yoshinori Ikeda +81 3 3661 3785
PÔLE IMAGE
Responsable du service syndication Caroline Berton
Documentaliste et gestionnaire
du patrimoine photos de Condé Nast Vanessa Bernard
LES PUBLICATIONS CONDÉ NAST S.A.
3, avenue Hoche, 75008 Paris – Téléphone 01 53 43 60 00 –
Télécopie 01 53 43 68 66
ÉDITION
Chef d’édition Jean Perrier
Secrétaire de rédaction Céline Leporrier
Relectrice Anne Pauly
RÉDACTION
Chef de rubrique Lifestyle Alexandre Lazerges
Chef de rubrique High-tech Jérémy Patrelle
Chef de rubrique Food Marie Aline
Rédaction Charles Audier, Marine Delcambre,
Jacqueline de Cossette
Responsable des relations presse et rubrique #GQClub Adèle Schnur
Gestionnaire de la rédaction Marianne Botté
ONT CONTRIBUÉ À CE NUMÉRO
Textes Marie Farman,
Andrew Knowlton, Clara Le Fort,
Élisabeth Philippe, Andrew Salomon,
Lisa Vignoli, Luke Zaleski
Traducteurs Étienne Menu, Laure Motet
Photos Marion Berrin, Benoît Pailley, Paul Rousteau
Illustrations Tom Haugomat,
Antony Huchette, Mat Maitland
Stylisme Marie Labarre
Directrice marketing Laurence Bernheim
Chargée d’études Foulémata Drame
Directeur de la fabrication Francis Dufour
Chef de fabrication Adrien Repettati
Directrice du Développement des audiences Marie Van De Voorde
Directrice Marketing & Audiences Charlotte Peter
Directeur Expertises Audiences Hadrien Millet
Responsable Marketing Audiences Eve-Marie Duménil
Directeur adjoint des ventes Fabien Miont
Directrice des ressources humaines
et responsable juridique Joëlle Cuvyer
Directrice adjointe des abonnements Brigitte Juncker
Responsable export Anne Claisse
Directrice financière Isabelle Léger
Directeur informatique Julien Leroy
Chef comptable Andrée Videaud
CONSEIL D’ADMINISTRATION
Président directeur général Xavier Romatet
Administrateur Nicholas Coleridge
Administrateur Giampaolo Grandi
Condé Nast International Ltd.
Chairman Jonathan Newhouse
SATOSHI HASHIMOTO
ÉDITIONS DIGITALES DE GQ
Responsable de la technologie des tablettes Juan David Estupinan
Directrice de la création et des contenus digitaux Dalila Joly
Directeur artistique Jean-Sébastien Barrais
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Xavier Romatet
Directrice générale adjointe Violaine Degas
Attachée de direction Isabelle Delaunay
PUBLICITÉ ET COMMUNICATION
Éditeur Louis Orlianges
Directeur de publicité Nicolas Souchier
Directeurs de clientèle Romain Da Silva Oliveira,
Sandrine Larairie, Jean-François Puš
Coordinatrice publicité Aurore Vetillart
Responsable promotion et communication Anne-Laure Alberge-Diez
Chargée de promotion et communication Marion Hinzelin
GQ FRANCE
3, avenue Hoche, 75008 Paris Rédaction téléphone 01 53 43 69 26
Mail gqfrance@condenast.fr Internet www.gqmagazine.fr
Diffusion Presstalis – ISSN 1959-7800 – Numéro de commission paritaire
0720 K 89484 – Photogravure Arciel. Imprimé chez ROTOFRANCE,
rue de la Maison-Rouge, 77 185 Lognes
Dépôt légal à parution. Notre publication contrôle les publicités
commerciales avant insertion pour qu’elles soient parfaitement loyales.
Elle suit les recommandations de l’Autorité de régulation professionnelle de
la publicité. Si, malgré ces précautions, vous aviez une remarque à faire,
vous nous rendriez service en écrivant à l’ARPP :
23, rue Auguste-Vacquerie, 75 116 Paris
www.arpp-pub.org
GQ est une publication mensuelle (11 numéros par an).
Le service abonnements est à votre disposition
par téléphone de 9 h à 18 h au 01 55 56 71 44
Par courrier : service Abonnements GQ – 4, rue de Mouchy,
60438 Noailles Cedex. Par mail : gq@condenast.fr
Commande d’anciens numéros :
patrimoine.condenast@gmail.com ou 02 28 97 09 45
Éditeur : Les Publications Condé Nast, Société anonyme,
3, avenue Hoche, 75008 Paris. Principal associé Condé Nast International LTD.
Provenance des papiers : papier Condat matt Périgord France (Ptot : 0,01 kg/tonne) taux de fibres recyclés 0 %
LIFE 12
Été 2017
26 IDÉES
POUR EMBELLIR
ANTONY HUCHETTTE
SA VIE
VOYAGE, CULTURE, HIGH-TECH, DESIGN
16_Les hôtels de rêve à découvrir 18_Comment faire sa valise intelligemment 20_Sélection des
meilleurs appareils photo 22_Les livres à lire pour traverser l’existence avec grâce
24_Retour sur la saga Colette, la boutique culte 26_Le mobilier de jardin qui redonne vie aux apéros
28_Et si on profitait des vacances pour apprendre à faire des trucs ?
2017 Été 15 LIFE
Séjourner en milieu
extraordinaire
Entouré de tortues, en orbite
dans le désert, perché sur la
roche italienne… certains hôtels
de luxe vont bien au-delà du gîte
et du couvert. Cinq lieux
de villégiatures inoubliables.
Par Nicolas Salomon
Illustrations Antony Huchette
1
L’AMOUR
À L’ITALIENNE
LE SANTA CATERINA
D’abord l’azur infini de la côte
amalfitaine depuis la terrasse,
vertigineuse. Puis les tomettes
centenaires, les citronniers
pas plus jeunes, le service irréprochable.
Il faut emprunter un
ascenseur troglodyte « jamesbondien
» pour accéder à la
piscine. La famille Gargano, propriétaire
depuis quatre générations,
connaît son affaire. Pendant
que les enfants cuisent des
pizzas, les parents roucoulent
autour d’un verre de spumante.
CHAMBRE DOUBLE
À PARTIR DE 360 €/NUIT.
HOTELSANTACATERINA.IT
2 3
IMMERSION TOTALE
AU MAROC
BELDI COUNTRY CLUB
La famille Leymarie est ancrée au
Maroc depuis des décennies. « Si
on ne tombe pas amoureux de ce
pays, on ne s’y installe pas pour y
faire carrière », assène le père,
Dominique. Le projet du Beldi
n’est pas une mince affaire. « La
seule chose que nous ne produisons
pas, ce sont les couverts »,
ajoute son fils Alexandre. Mi-hôtel,
mi-manufacture, l’établissement
valorise le savoir-faire et le
consommer local. Entre potager,
élevage, roseraie, vigne et oasis,
de petites fabriques artisanales
permettent à l’hôtel situé à l’extérieur
de la ville rouge, de vivre
en quasi autarcie. Quelques
chats circulent entre les jambes
des clients. Les couloirs de
carreaux bleu nuit de la piscine
permettent à l’eau de conserver
une température idéale. Le plus
difficile n’est pas de s’y rendre,
mais d’en partir.
CHAMBRE DOUBLE
À PARTIR DE 160 €/NUIT.
BELDICOUNTRYCLUB.COM
PRENDRE UN BAIN
DE LUXE AU MEXIQUE
COQUI COQUI
Des plages du Mexique, on a
parfois une vision un peu sévère.
Si Cancun sert souvent de
terrain de jeu au fameux Spring
Break des étudiants américains,
Tulum, à deux heures de route,
offre un visage radicalement
différent. Calme, chic, discrète,
à l’image du lieu qui nous occupe,
la destination cultive la
différence avec sa sœur aînée.
Le Coqui Coqui est une boutique-hôtel
tenu par un jeune
couple assorti, beau et jet-setter.
Construit sur le sable dans
un style rappelant les anciens
édifices coloniaux, la bâtisse fait
la part belle au « rough luxe ».
Un mélange de matière brute
locale et d’apports précieux,
d’authenticité et de sophistication.
Adossée au lieu, une parfumerie
renoue avec une tradition
ancestrale. Lors de l’arrivée
des conquistadors sur place,
les moines franciscains se sont
appuyés sur la connaissance
de la flore des autochtones
pour mettre au point différents
remèdes. De ces travaux sont
sortis les premiers effluves de
parfums. Aujourd’hui, pour les
clients, cette parfumerie atelier
est l’occasion de découvrir ce
métier et de créer son propre
assemblage. Et pour le spa,
d’avoir une signature olfactive à
nulle autre pareille.
CHAMBRE DOUBLE À PARTIR
DE 190 €/NUIT. COQUICOQUI.COM
PRESSE
16
26 Idées_Voyage
PRESSE
4 5
SEUL AU MONDE
À TAHITI
THE BRANDO
Si on devait se faire une idée de
l’Éden, on ne devrait pas en être
trop éloigné. Marlon Brando
disait de l’île de Tetiaroa que
sa beauté dépassait tous ses
mots. Cet atoll de carte postale,
qui héberge également un
centre culturel ainsi qu’une cellule
de recherche sur la faune
et la flore, forme l’une des réserves
de tortues des plus précieuses
de la planète. Le spectacle
est là, grandiose. Seules
trente-cinq villas piscines
construites à partir de maté-
riaux locaux, les pieds dans le
sable du lagon, ont trouvé refuge
dans ce sanctuaire. Avec
une climatisation produite à
partir d’eau basse température
et puisée en grande profondeur,
un désalinisateur, des panneaux
solaires, le potager, l’élevage…
l’île tente de limiter au mieux
son empreinte carbone. Les
seules empreintes qui restent
sont celles des tortues de mer
qui viennent s’y reproduire.
VILLA À PARTIR DE 3 000 €
POUR 2 PERSONNES/NUIT.
THEBRANDO.COM
ÊTRE EN UTAH
DE GRÂCE
AMANGIRI
L’Amérique dans ce qu’elle
offre de plus grandiose entoure
l’hôtel. Entre Monument
Valley et Grand Canyon, la lumière
produit un spectacle
permanent sur des concrétions
millénaires. Dans ce décor de
pierres, aux nuances passant
du gris au petit matin au fauve
orangé le soir, la présence de
l’hôtel semble aussi incongrue
qu’évidente. Des monolithes de
béton lui confèrent une allure
de station orbitale, comme si
cet objet hôtelier non identifié
venait de coloniser une planète
inconnue. Au zénith, une spectaculaire
piscine offre un point
de fraîcheur salvateur dans ce
désert sévère.
SUITE À PARTIR DE 1 500 €/NUIT.
AMAN.COM/RESORTS/AMANGIRI
2017 Été 17
LIFE
6
S’équiper
pour un
(très)
long-courrier
FRANÇOIS CHAPERON
L’important, c’est
d’atterrir la mine
reposée. Voici le kit
idéal pour voyager
sereinement.
Par Jacqueline de Cossette
UN VRAI COUSSIN
Reposer ses cervicales sur une
UN PULL MÉRINOS
S’il fait 40 °C sur le tarmac, il en
DES LUNETTES PLIABLES
Été comme hiver, en mer
UN CASQUE ANTIBRUIT
Pour ne plus souffrir du lanci-
bouée en plastique ? Ça va pas
la tête ?
MUJI, 29,95 €.
fait 20 de moins dans la cabine
(et 80 de moins dans les nuages).
UNIQLO, 35 €.
comme en l’air, un homme doit
toujours être prêt à dégainer
ses lunettes de soleil.
nant vrombissement des réacteurs,
un casque sans fil pour
rester zen.
ROUND METAL FOLDING RAY-BAN, 189 €.
BOSE QUIETCOMFORT 35, 380 €.
18
26 Idées_Lifestyle
7
UN ROMAN
Le meilleur remède contre
l’ennui en avion.
UNE DERNIÈRE CHOSE AVANT DE
PARTIR, DE JONATHAN TROPPER, ÉD.
FLEUVE NOIR, 2013, 19,90 €.
UN PLAID
Même si une couverture est prêtée
à tous les passagers, avoir la
sienne est une façon de se sentir
un peu comme chez soi.
HERMÈS, 2 000 €.
UNE CRÈME HYDRATANTE
Avoir les mains douces est un luxe
Le foot
sur le bout
des doigts
Ce jeu de table est si
addictif que vous en
oublierez les saucisses
sur le barbecue.
Par Mathieu Le Maux
Le jeton
qui rend
foot.
ANTONY HUCHETTE / PRESSE
abordable.
NEUTROGENA, 3,99 €.
DU DOLIPRANE
L’antidote efficace contre les
maux de tête. Rappel : 500 à
1 000 mg par prise, à renouveler
au bout de 4 heures minimum.
EN PHARMACIE, 2,10 €.
UNE POCHETTE EN PVC
Pour protéger papiers importants
(billets d’avion, réservations
d’hôtel), car une fois sur
la plage, on n’est jamais à l’abri
d’une vague un peu trop forte.
MARK’S TRAVEL KIT, 9 € ,
SUR MARKSTYLETOKYO.FR
UN ÉTUI À PASSEPORT
Pour éviter que l’agent ne colle
Lorsqu’ils ne tapent pas dans un ballon
ou n’encouragent pas Neymar
et la Seleção, ces mordus de foot
de Brésiliens jouent au futebol de
prego (ou futebol de pino, « football
au doigt »). Ce jeu d’adresse, au
croisement du air hockey, du billard et du
baby-foot, est d’une simplicité enfantine.
Sur une planche de bois (64 × 42 cm),
entre 22 pions faisant office de joueurs,
les adversaires doivent tour à tour, d’un
coup d’index (comme aux billes ou au
mythique Subbuteo), expédier un petit
jeton de la taille d’un bouton de cardigan
dans le but adverse. Toutes les trajectoires
sont autorisées et il est vivement
conseillé de jouer avec les bandes
(comme au foot à cinq). Si le fabricant
français Fingabol a su conserver l’esprit
d’origine de ce jeu aux règles on ne
peut plus basiques (la victoire se joue en
cinq points) à sortir entre le rosé et les
merguez, il l’a conçu avec des matériaux
nobles et robustes : terrain en bois de
hêtre massif issu des forêts françaises
et du développement durable, pièces en
Inox et aluminium sur mesure, et packaging
recyclable. Attention, ce passetemps
est terriblement addictif.
DISPONIBLE EN BLEU, VERT OU GRIS, 135 €.
FINGABOL.COM
Une planche de bois,
22 pions et un seul but
à atteindre.
ses étiquettes Security ICTS au
dos du passeport.
MARK’S TRAVEL KIT, 9 € ,
SUR MARKSTYLETOKYO.FR
DE BONNES CHAUSSETTES
Elles doivent être chaudes
et moelleuses pour faire office
de chaussons.
STANCE, 19 € .
DES SLIP-ON
Sans lacets, elles sont la paire
idéale pour passer les sas de
sécurité.
VANS, 75 €.
TROLLEY DIOR HOMME, 2 990 €.
2017 Été
19
LIFE
Pour quel appareil
êtes-vous fait ?
Cet été, vous vous êtes fait la promesse de
réussir enfin vos photos de vacances.
Pour respecter cet engagement solennel,
il est sage de se munir d’un matériel adapté.
Par Jérémy Patrelle
Photographies Benoît Pailley
8
PRAGMATIQUE
HUAWEI
L’avantage du téléphone portable
réside dans son immédiate
disponibilité. Objet dont
on ne se sépare jamais, il se
transforme en appareil photo
en quelques secondes, sans
avoir besoin d’être déverrouillé
au préalable. Sur l’iPhone 7,
par exemple, il suffit de swiper
(balayer) l’écran de droite à
gauche pour accéder à l’appareil.
Autre façon de procéder
chez Huawei, aussi efficace : le
double-clic. Sur le nouveau P10,
une double tape sur le bouton
situé au dos du smartphone
donne accès aux fonctions
photos. Ces dernières sont
très complètes puisque le
constructeur chinois s’est offert
les services de Leica. Résultat,
en mode automatique,
et davantage encore en mode
manuel (ce qui demandera tout
de même quelques réglages en
amont), la qualité des photos
est remarquable, avec une multitude
de détails qui fait du P10
l’un des meilleurs photophones
du marché.
HUAWEI P10, À PARTIR DE 599 €
20
26 Idées_High-tech
9
12 13
AVENTURIER
GOPRO
Phénomène popularisé par
PURISTE
LEICA
Boîtier métallique en magné-
FÉTICHISTE
FUJI
Disparus des albums au début
PRESSE / ANTONY HUCHETTE
GoPro, filmer ses exploits sportifs
caméra fixée sur la tête, la
planche de surf ou le guidon
est devenu un rituel. Parmi
les plus efficaces, la KeyMission
360. Signé Nikon, ce petit
cube d’environ 6 cm 2 (pour
198 grammes) immortalise vos
exploits (n’ayons pas peur des
mots) à 360 degrés en résolution
4K. Les deux objectifs
grand angle s’occupent d’associer
les images afin de les
rendre nettes. Antichocs,
cette caméra filme à 30 mètres
de profondeur pendant une
heure. Également résistante au
gel et étanche à la poussière,
elle vous permettra de briller
cet été dans l’hémisphère sud
comme dans l’hémisphère nord.
KEYMISSION 360, 499 €
10
ARTISTE
HASSELBLAD
Ce boîtier noir aux finitions silver
signé Hasselblad s’adresse
aux fins connaisseurs de la
technique photographique.
Le X1D est un hybride moyen
format, à l’encombrement
moindre qu’un reflex, pour une
qualité d’images quasi équivalente.
Dès le premier coup
d’œil, l’architecture de l’appareil
interpelle, allures rétro,
format carré qui rappelle les
géniales créations du designer
Dieter Rams. La prise en mains
est agréable et la marque suédoise
n’a pas compté ses efforts
pour offrir une ergonomie
efficace.
HASSELBLAD, X1D, 7 900 €
(OPTIQUE EN OPTION)
11
MINIMALISTE VINTAGE
SONY
Si le compact disparaît tranquillement
mais sûrement de
la circulation en raison de la
qualité des capteurs intégrés
aux smartphones, certains
modèles du genre gardent un
réel intérêt. Premier à avoir
commercialisé un compact
doté d’un capteur 24x36 mm en
2012, le RX1, Sony (qui fournit
40 % des capteurs photos des
smartphones) poursuit avec
le RX1R II. Un appareil haut de
gamme, soigné esthétiquement,
certes un peu lourd à la pesée
(507 g, l’objectif Zeiss est en
verre), mais qui se démarque
grâce à son viseur électronique
périscopique rétractable
nommé « pop-up ». La multitude
de réglages disponibles
(sur l’écran orientable) permet
d’ajuster au mieux son appareil
en fonction de l’environnement.
La qualité d’image est bluffante.
Seul le prix fait tiquer.
SONY RX1R II, ENV. 3 000 €
Sony,
toujours dans
le game avec
le RX1R II.
sium, semelle en laiton, finition
argent, le dernier Leica
complète fidèlement la gamme
emblématique M, lancée en
1954 avec le M3. Léger (660 g),
élancé, le M10 intègre un viseur
télémétrique offrant un large
champ de vision et un grossissement
0,73x. Le capteur 24 millions
de pixels peut réaliser cinq
images par seconde en pleine
résolution (5976 x 3992 pixels)
et jusqu’à 30-40 images par seconde
en fonction des options
et réglages. Ce qui fait du M10
le modèle le plus rapide jamais
créé par Leica. L’ajustement
desdits réglages s’avère un jeu
d’enfant avec les commandes
de contrôle réduites à l’essentiel
: un joystick et trois boutons.
Dernier atout : la présence d’un
barillet de réglages ISO sur le
dessus de l’appareil qui permet
de paramétrer la mise au point,
la sélection de l’ouverture, de
la vitesse et de la sensibilité ISO
sans passer par le menu.
LEICA M10, 6 500 €
(OPTIQUE NON COMPRISE)
du XXI e siècle, les clichés physiques
reviennent. Les appareils
instantanés type Polaroid envahissent
les rayons des grands
magasins depuis deux ans, et
même le très classique Leica a
franchi le pas fin 2016 avec le
Sofort. Nouveauté conseillée,
le dernier Fuji, l’Instax SQ10,
« SQ » faisant référence au format
carré de la photographie
qui sortira de l’appareil. Juste
avant qu’elle ne soit entre vos
mains, la photo pourra être customisée
sur l’écran LCD situé
au dos de l’appareil avec une
dizaine des filtres préenregistrés.
Le pola 2.0 donc.
SQ10, FUJIFILM, 289 €
14
GRAND DÉBUTANT
LOMO
Comme son nom l’indique, le
Simple Use Film Camera de
Lomography est très simple
d’utilisation et intègre une pellicule
préchargée ainsi qu’un
flash. Le tout est alimenté par
une pile. Oui, il s’agit bien d’un
appareil jetable, dans la lignée
de ceux popularisés par Kodak
dans les années 1980. Avec,
bien sûr, la petite molette à
tourner après chaque photo
prise. L’argentique, c’est fantastique.
LOMOGRAPHY SIMPLE USE FILM
CAMERA, À PARTIR DE 16,90 €.
PACK DE 3 PELLICULES À PARTIR
DE 10,90 €.
2017 Été 21 LIFE
26 Idées_Livres
15
Prendre
sa vie
en mains
Sélection de livres
pour traverser
l’existence avec grâce.
Par Élisabeth Philippe
AMOURS TOUJOURS
l love Dick de Chris Kraus.
Ce n’est pas du tout ce que
vous croyez, bande d’obsédés.
Artiste conceptuelle sans
succès, Chris Kraus, déjà en
couple, fait un blocage sur Dick
après une soirée (une seule !).
Résultat, elle lui écrit lettre sur
lettre, parfois même en compagnie
de son mari, c’est plus
fun. Pratique pour déjouer un
cas de harcèlement érotomane.
FLAMMARION, 272 PAGES, 20 €
CORPS-À-CORPS
Une sœur de Bastien Vivès.
Antoine, 13 ans, connaît ses premiers
émois... Et sache, lecteur,
qu’on n’a jamais fini d’apprendre
à connaître son corps.
CASTERMAN, 216 PAGES, 20 €
L’ÂGE D’HOMME
Le Monde merveilleux de la
crise de la quarantaine de
J. Hazeley et J. Morris.
Comment gérer une gueule de
bois, un premier rendez-vous,
ou réussir à devenir un mari
modèle… Des guides pratiques
absurdes, assez drôles, et à
l’imagerie vintage.
10/18, 56 PAGES, 6,50 €
CASTOR JUNIOR
Manuel à l’usage des femmes
de ménage de Lucia Berlin.
Pour apprendre à rester classe
en centre de désintox ou s’en
sortir quand on est dans la
dèche... En bonus : comment
arracher une dent à mains nues,
ce qui peut toujours être utile.
GRASSET, 560 PAGES, 23 €
LA SOLITUDINE
Des hommes sans femmes
de Haruki Murakami.
Le premier qui, à l’évocation
de ce titre, s’écrie « Han, mais
comment vais-je faire pour mon
repassage ? » a droit à un aller
simple pour des vacances à
durée indéterminée avec Éric
Zemmour sur une île déserte.
Grâce à ces nouvelles, on
LIFE 22
Été 2017
#GÊNANCE
Merci pour l’invitation de
Lorrie Moore.
Des nouvelles génialement
drôles et grinçantes qui
mettent en scène des situations
de grand malaise auxquelles
nous sommes tous un jour ou
l’autre confrontés. Exemple :
un nouveau « date » qui entretient
une relation fusionnelle
avec son fils qui lui-même vous
fait sentir de trop – le fils peut
être remplacé par le chat, ou la
mère. Excellent guide de survie
en terrain hostile.
ÉDITIONS DE L’OLIVIER,
240 PAGES, 21 €
PRESSE / ANTONY HUCHETTE
INTO THE WILD
Walden ou la Vie dans les
bois de H.D. Thoreau.
Parmi les rééditions tous azimuts
qui célèbrent cette année
le bicentenaire de la naissance
de l’auteur, ce récit vous permettra
d’apprendre à vivre seul
et à anticiper en toute quiétude
la fin du monde tel un gentleman
survivaliste.
L’IMAGINAIRE/GALLIMARD,
384 PAGES, 12,50 €
PLUS BELLE LA LIFE
La Vie mode d’emploi de
Georges Perec.
Ne serait-ce pas la meilleure
notice Ikea existentielle (en
mieux écrit) pour monter nos
vies en kit ? N’oubliez pas
« L’Art et la manière d’aborder
son chef de service pour lui
apprend à faire face à la solitude,
à garder sa dignité quand
notre femme nous trompe ou
nous quitte. Han...
BELFOND, 304 PAGES, 21 €
PARTIR, UN JOUR
Voyager de Russell Banks.
Beaucoup plus chic que le
Guide du Routard, ce recueil de
récits de voyage est le parfait
petit viatique pour traverser le
monde, et l’existence.
ACTES SUD, 320 PAGES, 22,50 €
POP FÉMINISME
Chère Ijeawele, un manifeste
pour une éducation
féministe de Chimamanda
Ngozi Adichie.
We should all be feminists, le
slogan qui s’affiche sur tous
les T-shirts Dior, c’est elle. Le
sample engagé sur « Flawless »
de Beyoncé, c’est encore elle.
La Nigériane Chimamanda
Ngozi Adichie recadre les bases
du féminisme. Absolument pas
réservé aux femmes, bien au
contraire. On ne peut pas s’en
sortir dans la vie si on pense que
virilité rime avec manspreading.
GALLIMARD, 84 PAGES, 8,50 €
LOST GENERATION
Je me tuerais pour vous et
autres nouvelles inédites
de F. Scott Fitzgerald.
Il est toujours bien vu de citer
Francis Scott dans les dîners en
ville. Car tout le monde n’a pas
la classe innée de Gatsby.
GRASSET, 480 PAGES, 23 €
demander une augmentation
», indispensable. À noter
que toute l’œuvre de Perec
est aujourd’hui disponible en
Pléiade. Joie.
LE LIVRE DE POCHE, 640 PAGES,
8,60 €
23
16
Vagabonder
chez Colette
La boutique fête ses 20 ans
et le monde entier y défile.
Retour sur la success-story du
concept store Colette, avec sa
cofondatrice, Sarah Andelman.
Par Nicolas Salomon
Illustration Antony Huchette
PRESSE
Selon Pharrell Williams,
« il y a deux choses à voir
à Paris, le Louvre et Colette
». Fondée 1997 par
Colette Rousseau, la maison
fête cette année ses 20 ans.
Premier concept store de luxe
en France, Colette a depuis
inspiré des boutiques du même
type dans le monde entier, sans
jamais vraiment être égalé. Un
magasin qui se feuillette comme
un magazine. C’est d’ailleurs
dans la presse que Sarah Andelman,
fille de la fondatrice, a
fait ses premières armes avant
de rejoindre la maison mère.
Rencontre avec celle qui fuit
la lumière, mais dont la vision
éclaire Paris.
Comment a commencé
l’aventure ?
Ma mère tenait une boutique
d’habillement dans le quartier
du Sentier à Paris. Elle ne
vendait qu’aux professionnels,
mais faisait déjà cohabiter une
sélection de marques qui lui
plaisaient, ce qui était assez
inhabituel. Elle a voulu pousser
un cran plus loin cette idée,
en proposant des vêtements,
mais aussi et surtout ce qui
n’était pas distribué en France
et qu’elle rapportait de ses
voyages.
Le choix de l’emplacement
(rue Saint-Honoré) était
un sacré pari à l’époque…
Nous vivions déjà dans cet immeuble.
Le rez-de-chaussée
était inutilisé depuis des lustres
et semblait presque à l’abandon.
Ma mère rêvait d’y faire
ce magasin du futur alors que
le quartier entamait tout juste
sa mutation. La place du Marché-Saint-Honoré
(1 er arrondissement
de Paris, ndlr) qui
n’était jusqu’ici qu’une place
Chanel, Coca Cola,
Martin Margiela/
Ruby (casque
femme), Lacoste,
Le Coq sportif
(baskets Arthur
Ashe), artistes…
tous veulent être
dans la vitrine
du 213, rue
Saint-Honoré et
signent des collab’
avec Colette.
malodorante et bruyante – dont
les agents immobiliers parlaient
en se bouchant le nez –,
venait d’être rénovée. Nous
savions que nous n’étions pas
loin de la place Vendôme et de
sa clientèle. On pouvait parier
sur la curiosité de celle-ci pour
la faire venir jusqu’à nous, au
détriment de la rue Royale qui
ronronnait.
Quelle est la clientèle ?
Étrangère à 60 %. Notre grande
fierté, je dois dire. Cela signifie
que notre enseigne n’est pas le
ghetto parisien dans lequel certains
veulent nous enfermer.
Certes, nous avons nos habitués,
notamment au Waterbar
(le restaurant au sous-sol, ndlr)
où l’on croise régulièrement
des têtes « amies » à l’heure du
déjeuner. Pour le reste, il y a des
curieux, des « modeux », des
jeunes et des vieux, des connus
Colette
Rousseau,
la fondatrice
du concept
store, et sa
fille Sarah
Andelman.
24
26 Idées_Saga
PRESSE
et des anonymes. Bref, tout le
monde pousse la porte et ressort
avec ou sans achat. D’ailleurs,
beaucoup fantasment
sur notre chiffre d’affaires.
Même si certains jours, près de
2 000 personnes franchissent
le seuil, avec 28 millions d’euros
pour 110 personnes employées,
Colette n’est pas le modèle de
rentabilité que l’on veut faire
croire.
Qu’est-ce qui a changé
dans votre sélection en
vingt ans ?
Évidemment, l’explosion de la
high-tech. Nous avons été les
premiers à vendre l’iPod en
France, ce produit qui a fait
entrer la high-tech en général,
et Apple en particulier dans les
codes du luxe. À l’époque, avec
un réseau balbutiant, sourcer
les nouveautés et les interlocuteurs
relevait sinon du défi,
à tout le moins de l’enquête.
Aujourd’hui, en naviguant sur
Instagram, on trouve tout. Il
faut donc que nous travaillions
davantage en amont. L’autre
secteur qui a explosé, c’est le
« street » : sneakers, jeans,
hoodies… dont le luxe et la
mode ont fait leur principal
relais de croissance. Regardez
ce que font des marques
comme Supreme ou Vetements
aujourd’hui. Enfin, et cela n’en
est que la conséquence, la
multiplication des collabs. Jamais
le co-branding n’a connu
un tel développement que ces
vingt dernières années. On
considérait historiquement que
1 + 1 = 3. Dans certains cas, on
flirte aujourd’hui avec les 10.
Nous sommes toujours sidérés
de voir le résultat de certaines
de ces alliances.
Que cherchent les nouveaux
clients du luxe ?
De l’exclusivité avant toute
chose. Dans un monde où tout
se standardise, la singularité
est notre voie. Les produits
sont proposés ici en quantité
assez restreinte et pour une
durée qui l’est tout autant. Cela
entretient la curiosité, le désir.
Chaque dimanche, nos équipes
changent l’intégralité de la mise
en place pour alimenter cette
sensation de nouveauté permanente.
Ils cherchent aussi du détournement
: plus le produit est
iconique, plus ses déclinaisons
inattendues sont convoitées.
Un des exemples les plus étonnants
est le succès des « customisateurs
» de montres. Il y a
dix ans, les premières montres
noircies que nous présentions
avaient été perçues comme
un gadget pour collectionneur
blasé. Certaines marques
ne supportaient pas que l’on
touche à leurs modèles et nous
envoyaient des courriers d’avocat
pour nous demander de les
retirer de la vente. Les mêmes
Le Carré Hermès « Brides
de Gala » a été réalisé
par la maison de luxe pour
Colette en édition limitée.
Pour beaucoup de grandes
marques, la collaboration avec
elle est devenue incontournable.
qui aujourd’hui en proposent
dans leur collection… Si détourner
une icône est devenu
monnaie courante, à l’époque
peu de gens s’y risquaient.
Y a-t-il des domaines que
vous vous interdisez ?
Absolument aucun. Notre force,
c’est de parler avec Gucci ou
Coca, les Daft Punk, Murakami,
Disney ou Mercedes. Notre
sélection va de 1 € à près de
100 000 et nous tenons à garder
cette élasticité qui permet au
plus grand le monde de se faire
plaisir. De 7 à 77 ans, du prince
arabe au quidam, tout le monde
a sa place ici et vient y découvrir
ce qu’il n’a pas vu ailleurs.
Si aujourd’hui les cosmétiques
Kiehl’s sont dans le giron de
L’Oréal, c’est dans nos rayons
que les Français les ont découverts,
il y a justement vingt ans.
C’est la même chose pour la
mode où Jay-Z et Kanye West
ont fondu sur Thome Brown ici
même. Pour garder cette énergie,
je continue de voyager afin
de débusquer nouveaux talents
et nouvelles idées.
Qu’est-ce qui n’a pas
fonctionné ou se vend difficilement
?
Certains de nos bijoux. Nous
parions sur de jeunes créateurs
dont les dessins nous inspirent.
Mais vu les matériaux, les tarifs
sont tout de suite assez
élevés. Or, à ce niveau de prix,
les clients sont parfois frileux.
Mais nous tenons à continuer
à faire émerger de nouvelles
créations joaillières. Souvent,
ils se font connaître ici, et se
développent ailleurs. Regardez
Delfina Delettrez. Elle a débuté
chez nous et aujourd’hui, elle
est incontournable. Il y a un
côté pépinière ici.
Vous vous voyez où dans
vingt ans ?
Idéalement au même endroit,
continuant à décloisonner et à
tenter d’improbables alliances.
Ce qui changera, c’est sans
doute la qualité des produits
qui s’améliore globalement.
Plus respectueux de l’environnement,
d’une certaine
forme d’éthique, même si évidemment,
ce n’est pas demain
qu’on aura des téléphones en
chanvre fabriqués en petite
couronne. On nous a proposé
100 fois de décliner notre magasin
ou de nous racheter, mais ça
n’est pas ce que nous voulons.
On aime notre Colette, comme
il est, nerveux et intuitif. Nos
équipes nous sont fidèles, on aimerait
qu’elles restent encore
longtemps avec nous. C’est très
familial, parfois clanique nous
dit-on, mais on tient à ces liens
solides. Si on devait grandir, on
les diluerait. Finalement Colette,
c’est ça : ne rien changer
pour que tout change.
COLETTE, 213, RUE SAINT-HONORÉ,
PARIS 1.
AU-DELÀ DU CONCEPT…
Certains concept stores vont au-delà de
la simple boutique tendance. C’est le cas
d’Archive 18–20, où GQ a clôturé sa Style
Night en juin dernier. Sous son immense
verrière, 400 m 2 de mode, d’art,
de design, un café et une galerie qui
accueillera du 6 au 25 septembre, une
expo d’artistes et de designers repérés
par la fondatrice Séverine Lahyani.
18-20, rue des Archives, Paris 4.
archive1820.com
2017 Été
25
LIFE
26 Idées_Design
17
Donner du style
à l’apéro
Cet été, le mobilier
d’extérieur en pince pour
le tube d’acier plié et
coloré. Sélection des
meilleurs meubles de jardin
pour apéritifs en plein air.
Par Marie Farman
Fauteuil
« Asymmetric »
d’Harry Bertoia,
8 604 €
(knoll.com)
Vous prendrez bien un
rafraîchissement ? »,
comme le proposent
Romy Schneider et Alain
Delon à leurs hôtes Jane
Birkin et Maurice Ronet dans
La Piscine (1969). Le film culte
de Jacques Deray a offert un
coup de projecteur à la toute
première collection de mobilier
outdoor ayant marqué l’histoire
du design : la Locus Solus.
Créée en 1964 par la grande
dame du design italien Gae Aulenti
et composée de chaises
longues, de tables, de chaises
et de luminaires, cette collection
mélangeait acier tubulaire,
couleurs pop et tissu psychédélique.
Le mythique ensemble
réédité par la maison italienne
Exteta combine esprit vintage
et outdoor chic. Si après ça,
le secteur a connu des années
sombres (chaises en plastique
et nains de jardin), aujourd’hui
des grandes marques spé-
cialisées aux petites maisons
d’édition pointues, toutes
misent sur des modèles innovants
au design léché. Le métal
coloré revient cet été avec le
fauteuil « Week- End » du Studio
Brichet Ziegler pour l’éditeur
Petite Friture, la chaise
« Swim » de Margaux Keller
pour Bibelo ou l’éternel fauteuil
« Luxembourg » du jardin
éponyme. Le mélange de matières
est aussi très tendance
comme avec la chaise « Yard »
de Stefan Diez dont l’assise est
constituée d’un tressage de
bandes élastiques ou le fauteuil
« Nef » de Patrick Norguet avec
un dossier haut en cordes de
polyester et clips d’acier, deux
modèles distingués et techniques
édités chez Emu.
RENSEIGNEMENTS SUR EXTETA.IT/IT
ANTONY HUCHETTE / PRESSE
1.
FAUTEUIL « A600 »
DE CHRISTOPHE PILLET,
295,30 €
(MAIORIFURNITURE.COM)
2.
FAUTEUIL BAS
« LUXEMBOURG »
DE FRÉDÉRIC SOFIA,
389 € (FERMOB.COM)
3.
FAUTEUIL « WEEK-
END » DU STUDIO
BRICHET ZIEGLER, 252 €
( MADEINDESIGN.COM)
4.
CHAISE « SWIM »
DE MARGAUX KELLER,
185 €
(BIBELO.COM)
5.
FAUTEUIL « YARD »
DE STEFAN DIEZ, 255 €
( MADEINDESIGN.COM)
6.
FAUTEUIL « NEF »
DE PATRICK NORGUET,
PRIX SUR DEMANDE
(EMU.IT)
LIFE 26
Été 2017
Alain Delon, Romy Schneider,
Maurice Ronet et Jane Birkin
dans La Piscine, de Jacques
Deray (1969), autour de la
collection outdoor « Locus
Solus » de Gae Aulenti.
VISUAL / PRESSE
Chaise longue
« Locus Solus »
de Gae Aulenti,
2 600 €
(locus-solus.it)
LA NOUVELLE VAGUE DU DESIGN
Réalisé en 1969 par Jacques Deray, le film La Piscine raconte l’histoire d’un
jeune couple, joué par Alain Delon et Romy Schneider, dont les vacances
dans une luxueuse villa de Saint-Tropez vont être perturbées par la visite
de leur ami Harry et sa fille, incarnés par Maurice Ronet et Jane Birkin.
Le film est notamment connu pour son décor design, les abords de la
piscine ayant été aménagés avec du mobilier de Roger Tallon et le salon de
jardin avec le célèbre ensemble « Locus Solus » de Gae Aulenti, aujourd’hui
réédité par la maison italienne Exteta.
27
Brigitte Bardot
et Gunter Sachs
à Saint-Tropez,
en 1965.
RUE DES ARCHIVES
Et si on
apprenait à...
Parce que l’été est
l’occasion parfaite pour
se lancer les défis que
l’on n’ose relever le reste
de l’année...
Par Marine Delcambre
18 19 20
BARRER UN BATEAU
Parce que « face à la mer, on
veut tous grandir ». Parce que
c’est plus facile pour prendre le
large. Parce qu’à la barre d’un
bolide puissant et ultra-perfectionné,
la vie est définitivement
plus belle. On peut passer son
permis partout en France, ou
presque. Néanmoins, on misera
sur le sérieux de l’École
de Navigation Française qui
forme, depuis dix ans, au permis
bateau mer option côtière
et extension hauturière. Bonne
nouvelle, la formation ne dure
qu’une semaine – deux pour
obtenir en plus l’extension hauturière.
Permis côtier : 545 € .
Permis côtier + extension hauturière
: 845 €.
ECOLEDENAVIGATIONFRANCAISE.FR
CONCOCTER
UN WHITE RUSSIAN
Voici la recette pour réussir
la boisson préférée du Dude
(Jeff Bridges) dans The Big
Lebowski, le film des frères
Coen sorti en 1998.
Dans un verre old-fashioned (ou
verre à whisky), verser directement
sur des glaçons 6 cl de
vodka. Ajouter ensuite 6 cl de
liqueur de café et 6 cl de crème
fraîche liquide (ou de lait entier,
pour plus de légèreté). Servir
avec un bâtonnet mélangeur.
C’est prêt !
TOUT DÉCHIRER
AU KARAOKÉ
« Chanter, c’est comme honorer
l’oxygène ». C’est la musicienne
Björk qui l’a dit. Avènement du
karaoké entre collègues (et/ou
amis) oblige, chanter c’est aussi
une nouvelle manière de briller
en société. Encore faut-il savoir
aligner plus de deux mots sans
fausse note. Bien qu’on n’en
soit pas encore à s’inscrire à
« The Voice », le télé-crochet
musical de TF1, rien ne nous empêche
de nous offrir des cours
privés avec l’un de ses (vrais)
coachs vocaux – ils supportent
les chanteurs du jury pendant les
répétitions.
POUR UN COURS AVEC LA COACH
VOCAL NATHALIE DUPUY, ALLEZ SUR
FACEBOOK.COM/NATHALIE.DUPUY.31
28
26 Idées_Lifestyle
22
23
24
ANTONY HUCHETTE
FAIRE DE LA BIÈRE
Dans son livre Le Meilleur de
la bière artisanale (éd. Tana),
l’équipe de La Fine Mousse
(la première cave à bière de
Paris) explique que « la bière
n’est plus seulement une boisson
réservée aux amateurs de
football les soirs de match ».
La boisson fermentée à base
de céréales dans sa version
artisanale, authentique et
riche en saveurs, se déguste
comme le vin, jouant même
les accompagnements à table.
Les connaisseurs la produisent
eux-mêmes. À Bondues, près
de Lille, At Home Bière propose
différentes formules aux particuliers
(et aux entreprises)
venus apprendre à brasser leur
propre bière avec cours de zythologie
(l’étude de la bière),
analyses organoleptiques (apparence,
odeur, goût…), mise
en bouteille et dégustation de
bières de microbrasseries...
… CUISINER
UN LOBSTER ROLL
Ingrédients pour 4 personnes :
2 homards (de 700 g environ
chacun) – 4 pains à hot-dog
– 1/2 tasse de mayonnaise –
2 cuillères à soupe de jus de
citron – 2 cuillères à soupe de
persil frais haché – 1 branche
de céleri – beurre – sel, poivre
– laitue.
Dans un saladier, mélanger la
mayonnaise, le jus de citron et
le persil. Assaisonner avec du
sel et du poivre. Tailler le céleri
en dés. Hacher grossièrement
la chair de homard. Ajouter le
tout dans le saladier. Mélanger.
Réserver au frais pendant
15 minutes. Beurrer l’extérieur
des pains. Les faire dorer dans
une poêle à feu doux. Garnir les
pains de salade de homard et
de feuilles de laitue. Servir immédiatement.
CONSTRUIRE UNE
CABANE
DANS UN ARBRE
Il y a le Construire une cabane
dans les arbres de Philip
Schmidt (éd. Massin), et le Une
cabane dans les arbres de Pete
Nelson (éd. de La Martinière).
Deux livres qui regorgent
d’idées et de conseils pratiques
pour construire de ses mains
des maisons en bois dans les arbres.
Autre source d’inspiration,
le blog « The Cinder Cone » du
photographe Foster Huntington,
et son compte Instagram.
Sa cabane est installée au beau
milieu d’une forêt dans l’Oregon,
aux États-Unis, et elle abrite un
skatepark et un jacuzzi. Il n’y a
plus qu’à. Les moins courageux
peuvent toujours se rabattre
sur la location d’une luxueuse
cabane avec spa et vue sur la
vallée de la Garonne sur le site
cabanes-de-france.com.
À PARTIR DE 45 € .
AT HOME BIÈRE, 897 AVENUE
DU GÉNÉRAL-DE-GAULLE, 59910
BONDUES (ATHOMEBIERE.COM)
21 25
26
OUVRIR DES HUÎTRES
(SANS FINIR
AUX URGENCES)
Prendre un couteau à lame
plate, courte et robuste. Tenir
l’huître dans un torchon pour
se protéger les mains à l’ouverture.
Placer le pouce à un centimètre
du bout de la lame. Insérer
la pointe du couteau entre
les coquilles au 2/3 de l’huître.
Faire un mouvement de levier
en tranchant le muscle. Soulever
et détacher délicatement la
coquille supérieure sans déchirer
la chair. Jeter la première
eau. Vous êtes un pro.
ÉCRIRE
Selon un sondage par
OpinionWay pour Le Figaro littéraire,
32 % des Français rêvent
d’écrire un livre, mais seulement
3 % passent à l’acte. Écrire reste
un bon moyen de comprendre
son évolution. Quand on relit ses
précédents écrits, on réalise
le chemin parcouru, les réussites
et les échecs. Certains
oseront écrire chaque jour dans
un journal intime – ou un « carnet
de pensées », c’est plus
viril. D’autres coucheront des
punchlines dans un carnet. Et
pour se lancer dans un premier
roman, rien de tel qu’un atelier
d’écriture comme Les Mots, ouvert
à paris en début d’année.
LES MOTS, 4, RUE DANTE, PARIS V E .
INFO@LESMOTS.CO, LESMOTS.CO
MANIER
DES BAGUETTES
Positionner la main dominante
comme pour serrer celle de
quelqu’un. Placer la première
baguette sous le pouce, contre
la paume de la main. Mettre
la seconde baguette entre le
pouce et l’index. Plier l’auriculaire
et l’annulaire afin que ce
dernier soit coincé sous la première
baguette (celle du bas).
Placer le majeur sous la deuxième
baguette (celle du haut).
Bouger la deuxième baguette
de haut en bas pour attraper de
la nourriture.
2017 Été 29
LIFE
NOUVELLE CITROËN C3
UNIQUE, PARCE QUE VOUS L’ÊTES
Caméra embarquée ConnectedCAM Citroën*
36 combinaisons de personnalisation
Citroën Advanced Comfort ®
À partir de
149 € /MOIS (1)
Après un 1 er loyer de 2 000 €
sans condition
3 ANS : ENTRETIEN,GARANTIE
citroen.fr
Modèle présenté : Nouvelle Citroën C3 BlueHDi 100 S&S BVM Shine avec options Caméra de recul + Système de surveillance d’angle mort, ConnectedCAM Citroën, jantes
alliage 17’’ CROSS Diamantées et peinture nacrée (289 €/mois après un 1er loyer de 2 000 €, sur 36 mois et 30 000 km, assistance, entretien et extension de garantie inclus). (1) Exemple pour la LLD sur 36 mois et
30 000 km d’une Nouvelle Citroën C3 PureTech 68 BVM Live neuve, hors option ; soit un 1 er loyer de 2 000 € puis 35 loyers de 149 € incluant l’assistance, l’extension de garantie et l’entretien au prix de 19,50 €/mois pour 36 mois
et 30 000 km (au 1 er des deux termes échu). Montants exprimés TTC et hors prestations facultatives. Offre non cumulable, réservée aux particuliers, valable jusqu’au 31/08/17, dans le réseau Citroën participant et sous réserve
d’acceptation du dossier par CREDIPAR/Citroën Financement, locataire-gérant de CLV, SA au capital de 138 517 008 €, RCS Nanterre n o 317 425 981, 9 rue Henri-Barbusse, CS 20061 92623 Gennevilliers Cedex. * Équipement en
option ou non disponible selon les versions.
CONSOMMATIONS MIXTES ET ÉMISSIONS DE CO 2
DE NOUVELLE CITROËN C3 : DE 3,2 À 6,3 L/100 KM ET DE 83 À 110 G/KM.
ANTONY HUCHETTE
BOUGER
FURTIF, PRÉCIS ET TOUJOURS BIEN ÉQUIPÉ
32_Escalade : les pionniers américains racontent comment ils ont révolutionné la discipline
44_Giraglia, une course à la voile pas comme les autres 48_Tout savoir des chronographes
52_Les plus belles « summer cars » 60_Les vélos sortent du cadre 68_Bateaux : la saga Boesch
2017 Été 31
LIFE
Mémoires
de jeunes
gens
perchés
Dans les années 1970,
ils ont été les premiers à gravir
les plus hauts rochers de Yosémite,
sans protection et sous LSD.
Rencontre avec les Stonemasters,
une bande de Californiens déjantés,
qui ont, contre toute attente,
fait de l’escalade un sport cool.
Par Luke Zaleski
Traduction Laure Motet
32
Bouger_Extrême
GEORGE MYERS
2017 Été
33
LIFE
Bouger_Extrême
QUI SONT-ILS ?
John Long : coauteur
du livre The Stonemasters
(éd. T. Adler Books/Stonemaster
Press, 2009). Arrivé à Yosemite
en 1969, à l’âge de 16 ans.
Lynn Hill : première personne
à avoir réalisé l’ascension en libre
du Nose, la grande voie la plus
emblématique de Yosemite.
Dean Fidelman : coauteur
du livre The Stonemasters,
photographe et concepteur
du calendrier « Stone Nudes ».
Mike Graham : fondateur
de Gramicci, la marque qui a fait
de l’escalade un lifestyle.
Arrivé à Yosemite en 1974, l’année
de ses 18 ans.
Rick Accomazzo :
photographe arrivé à Yosemite en
1973, à l’âge de 18 ans.
Dale Bard : arrivé à Yosemite
en 1971, à l’âge de 17 ans. A vécu
plusieurs années sous une tente.
Jim Bridwell : « le plus gros
bonnet de l’escalade américaine »
dans les années 1970, selon
John Long. A grimpé pour la
première fois à Yosemite en 1961,
à l’âge de 17 ans.
Rick Cashner
et John Bashar,
en solo, à Yosemite.
vant eux, ça n’avait jamais été aussi cool d’escalader
des montagnes. En entreprenant des ascensions de plusieurs jours
inédites et en perfectionnant l’art de l’escalade en solo intégral
(on grimpe seul, sans corde), ils ont inventé leur propre style.
Dépouillé, riche en sensations fortes. Ils ont aussi imaginé un mode
de vie autour de leur sport – tout ça sous l’effet du soleil californien,
de la musique psychédélique des seventies (Jimi Hendrix,
en particulier) et de pas mal de pétards. Ils allaient accéder à la
célébrité sous le nom de Stonemasters (« les maîtres du rocher »)
et régner sur la discipline pendant une dizaine d’années. De 1970 à
1980 environ, ils ont effectué leurs premières ascensions démentes
dans le parc national de Yosemite (puis dans le monde entier), tout
en s’éclatant autour de feux de camp. Les principaux membres du
groupe ayant survécu à cette époque nous la font revivre ici.
LA NAISSANCE D’UN STYLE
John Long : les Stonemasters ont été un véritable phénomène
culturel. Ce sont eux qui ont lancé la mode des sports extrêmes.
C’était un nouveau style.
Lynn Hill : c’est le style qui fait tout. Ce n’est pas parce qu’on
atteint le sommet qu’il faut se réjouir. C’est la manière d’y parvenir
qui compte.
Dean Fidelman : on savait tous ce qui se passait dans le milieu
du surf. On trouvait que ces mecs avaient vraiment la classe,
qu’ils avaient du style, vous voyez ? Et c’est ce qu’on a apporté à
l’escalade : un certain style. Ça a commencé par les fringues – le
pantalon de peintre blanc, le sac à magnésie et le bandana. Puis,
ça s’est étendu à la manière de grimper. On escaladait de manière
fluide, mais quand on trouvait une bonne prise, on s’y suspendait.
Il fallait montrer qu’on était forts et gracieux. Et on utilisait peu de
protections pour prouver qu’on avait des couilles.
John Long : On était un peu arrogants, c’est vrai, parce qu’on
faisait partie d’un nouveau mouvement et que c’était cool. Mais on
ne se sentait pas supérieurs aux autres.
Mike Graham : on avait un aplomb insolent, de l’assurance. On
aurait pu tomber, finir en fauteuil pour le restant de nos jours ou
même mourir, mais on avait survécu alors que personne n’y était
parvenu avant. Du coup, on se disait : « Je suis peut-être invincible. »
Dean Fidelman : on voulait que ce soit aussi naturel que possible,
parce qu’on respecte la beauté de la roche et de notre environnement.
On essayait donc de se fondre dans le décor, d’en faire
partie. Ici, la nature est au sommet de sa beauté et on voulait être
comme ça, nous aussi. Beaux et gracieux comme des arbres, forts
comme des rocs.
BILLY SERNIC
LIFE 34
Été 2017
Richard Harrison en 1977,
cofondateur des Stonemasters,
décédé en 2014.
GIB LS
35
Bouger_Extrême
John Long : il y a des formations extraordinaires dans le
parc national de Joshua Tree, mais rien n’est comparable à Yosemite.
Je venais du sport, mais aucun complexe créé par l’homme
n’est aussi grandiose qu’El Capitan (la formation rocheuse située
au nord de la vallée de Yosemite, ndlr). Il fait plus de 900 mètres de
haut, putain ! À côté, le Yankee Stadium a l’air d’une vulgaire niche.
Rick Accomazzo : vous ne pouvez pas imaginer comme El Capitan
est impressionnant. C’est hallucinant. Après ça, votre vie
n’est plus la même. Vous voyez le World Trade Center ? Les deux
tours ? Empilez-les : ça, c’est El Cap.
John Long : l’escalade n’était pas du tout connue du grand public
à l’époque. Du coup, les grimpeurs étaient un peu des objets de
curiosité. Et ils étaient tous en super forme – un mélange explosif
de sport et de culture. C’était des hors-la-loi. Les règles ordinaires
ne s’appliquaient pas à eux, parce qu’il n’y avait personne pour
faire respecter quoi que ce soit. Les valeurs traditionnelles ne les
intéressaient pas, tout simplement. Un peu comme les jazzmen…
Dean Fidelman : et puis il y avait les mecs de Dogtown, les
Z-Boys, qui savaient surfer (référence à Dogtown and Z-Boys, un
documentaire sur les débuts des skateurs de Venice en Californie,
qui ont commencé à skater dans les piscines vides, en refaisant
des figures de surf, ndlr). Ils faisaient des trucs dingues avec leur
planche. À l’époque, il y avait tout un tas de connards, de coincés, qui
grimpaient, mais ils ne maîtrisaient pas vraiment l’art de la grimpe.
Dale Bard : certains bouddhistes appellent ça l’éveil. Et c’est ce
qui décrit le mieux un Stonemaster. On est au-delà de tout. Au-delà
de l’entraînement, au-delà du talent. Ça fait juste partie de nous.
John Long : psychologiquement, il faut avoir ce truc, ce je-nesais-quoi,
qui nous fait dire : « Oh, mais c’est rien ! », alors qu’on se
dirige vers une falaise immense.
Lynn Hill : avec l’escalade, on découvre de quelle étoffe on est
fait. On ne peut pas cacher notre vraie nature. Elle ressort vite.
Dale Bard : je n’ai jamais bien compris pourquoi, mais les pantalons
blancs étaient incontournables. Ils étaient blancs, mais alors
blancs de chez blancs. C’était la mode des pattes d’eph’. J’avais
quelque 501. En fait, quand on faisait des parcours qui sortaient
de l’ordinaire, on faisait des photos et [Jim] Bridwell nous habillait
pour l’occasion. Histoire qu’on nous remarque bien, qu’on ait l’air
de vrais rebelles.
Dean Fidelman : une fois qu’on avait le pantalon de peintre
blanc, on allait s’acheter une chemise excentrique dans une friperie.
N’importe quoi, pourvu que ce soit psychédélique. C’était seulement
pour le style que Bridwell escaladait les parois en pantalon
immaculé et en chemise à motif cachemire.
Jim Bridwell : j’aimais les motifs cachemire. Ça vient d’Inde,
vous savez ?
Rick Accomazzo : le port du bandana avait une utilité – le style
n’était pas la fonction première de notre attitude vestimentaire. On
avait tous les cheveux longs, et il fallait éviter de les avoir dans les
yeux quand on grimpait. Les pantalons blancs, eux, réfléchissent la
lumière du soleil : tout en haut d’une paroi brûlante de Yosemite, ils
tiennent sensiblement moins chaud. Les pantalons de peintre et les
bandanas étaient donc de rigueur, mais ce n’était pas, au départ,
une question d’esthétique.
Pantalon de peintre et bandana : sans le savoir, les Stonemasters avaient créé un style. Ci-dessous, Dale Bard (de dos), Jim Bridwell, Fred East,
Billy Westbay et Jay Fisk au sommet d’El Capitan après une semaine d’ascension en 1975. À droite : John Bachar grimpant sans corde à Joshua Tree.
WERNER BRAUN
LIFE 36
Été 2017
DEAN FIDELMAN
37
Bouger_Extrême
RICHARD HARRISON / JIM B
Ci-dessus : Tobin Sorenson, membre fondateur des Stonemasters. Pionnier de l’escalade free style à Yosemite, il était l’un des meilleurs.
Ci-dessous, de gauche à droite : Wener Braun en solo sur El Capitan, Lynn Hill et John Long bras dessus, bras dessous, Jim Wilson et Guy Keesee
en pleine ascension émotionnelle et John Bachar jouant du saxophone dans un camping de la vallée de Yosemite.
LIFE 38
Été 2017
« On n’aimait pas les hippies. Ils voulaient juste glander,
faire l’amour et fumer de l’herbe. Ils n’étaient pas
sportifs. Ils n’en avaient rien à battre des falaises. »
DALE BARD
SHAWN CURTIS / RICK ACCOMAZZO
SEXE, DROGUES, ROCK’N’ROLL ET JAZZ
Dale Bard : on prenait beaucoup de drogues. Et on baisait aussi.
Et il y avait, euh… de la musique.
John Long : ce que je préférais, c’était écouter du jazz. Gary
Burton, Miles Davis, Bill Evans. Et du jazz fusion aussi, qui est apparu
à ce moment-là – Chick Corea et Bill Bruford. Cette musique
dégageait une énergie cinétique de dingue, qui était très bien reçue.
Dean Fidelman : le jazz était basé sur la performance individuelle.
Roland Kirk, Miles Davis. On écoutait ça, et on se disait :
« Ces mecs déchirent. C’est tripant la manière qu’ils ont de souffler
dans leurs cuivres. » Ils maîtrisaient leur sujet, et c’est ce qu’on
voulait nous aussi, arriver à maîtriser la performance individuelle.
John Long : et aussi Hendrix, the Who et Led Zeppelin. Hendrix,
c’était la référence. Il était inventif. Et à certains moments, sa
musique était d’une beauté transcendante. Il représentait tout
ce qu’on aimait, tout ce à quoi on s’identifiait. C’était un peu la
mascotte des Stonemasters.
Rick Accomazzo : des drogues psychédéliques circulaient,
mais la majorité des grimpeurs étaient plutôt sobres lors des ascensions.
Enfin, il y avait quand même des exceptions.
Dale Bard : Jim Bridwell était connu pour prendre du LSD sur
les parois.
John Long : la première fois que j’ai pris de l’acide, c’était avec
Bridwell. Il avait une petite fiole et quelques « windowpanes » au
fond (du LSD sous forme de pastilles gélatineuses, ndlr). C’est
minuscule, vous savez ? Il m’a dit : « Qui pourrait croire qu’on peut
se défoncer avec ça ? » Et j’ai répondu : « Pas moi. On ferait mieux
d’en prendre deux. »
Jim Bridwell : mieux vaut ne pas s’attaquer à une paroi sérieuse
sous acide – quand tu prends du LSD, ça t’emmène dans des
hauteurs que tu n’es pas encore capable de maîtriser.
John Long : notre drogue de prédilection, c’était juste de l’herbe
bon marché, de mauvaise qualité. Notre rituel, c’étaient les bangs.
On fumait des joints à longueur de temps.
Lynn Hill : Ouais, les Stonemasters, tu parles ! Les « maîtres
stones » tu veux dire !
Dean Fidelman : Nixon était persuadé que les hippies allaient
envahir les parcs nationaux. Du coup, aux débuts des années 1970,
l’obsession, c’était de se débarrasser des hippies, des cheveux
longs… C’est à ce moment-là que les rangers – les gardes du parc –
ont commencé à s’acharner sur nous.
39
Bouger_Extrême
Dale Bard : on n’aimait pas les hippies. Mais alors pas du tout.
Ils nous ont vraiment rendu la vie infernale. Pour les rangers, on
était un seul et même groupe. Mais ce n’était pas le cas. En gros, les
hippies voulaient juste glander, faire l’amour et fumer de l’herbe.
Ils n’étaient pas sportifs. Ils n’en avaient rien à battre des falaises.
Rick Accomazzo : enfin, on traînait quand même un peu avec
les filles hippies (rires), mais ça s’arrêtait là. Oh, il y en avait partout,
des filles. Avec les cheveux longs. Style Joni Mitchell.
John Long : j’ai encore du mal à y croire aujourd’hui. On avait
un mode de vie très austère. Il n’y avait rien de romantique là-dedans.
Excepté le fait que la plupart des gens étaient très jeunes, en
super forme, et ultra-sexy. Le truc, c’est qu’il y avait toujours une
quantité de filles inouïe dans les parages. Un peu comme un éternel
Woodstock.
Dale Bard : on bouffait gratuitement si on sortait avec une serveuse,
ou un truc du genre. Il y avait certains avantages.
John Long : les filles étaient là pour la saison, elles bossaient
comme femmes de ménage, ou dans les hôtels. Elles étaient toutes
jeunes, comme nous. Idéal pour multiplier les expériences, non ?
C’était ça, notre vie à l’époque.
Dean Fidelman : on se trouvait une copine en moins d’une semaine.
Parfois, les filles revenaient d’une année sur l’autre, parfois
non. Il y avait de fortes chances pour qu’elles ne reviennent pas.
C’étaient des amours d’été, les années 1970. Tout le monde s’en foutait.
John Long : les gens ne venaient pas pour se trouver un mari ou
une femme…
Rick Accomazzo : j’ai des tas de bons souvenirs à Yosemite…
et j’y ai rencontré ma femme !
JIM BRIDWELL / ANTONY HUCHETTE
UN STYLE DEVENU INTERNATIONAL
Mike Graham : il y avait de plus en plus de monde. Et plus on
est nombreux, plus il y a de gens à satisfaire. D’après moi, peu
étaient prêts à risquer leur vie. C’est devenu plus adapté aux
masses qu’aux tarés dans notre genre qui ne réfléchissaient pas
aux risques avant de grimper.
Dale Bard : on est devenus assez célèbres. C’était romanesque.
Tout le monde voulait faire partie des Stonemasters. Ils pensaient
que c’était cool, pour ainsi dire, de vivre comme un clochard, dans
la saleté. Ils ne comprenaient absolument pas qu’on faisait ça parce
qu’on aimait grimper.
Dean Fidelman : je ne me suis jamais senti aussi bien qu’assis
à une table de pique-nique après une longue journée de grimpe
avec une bande de potes. Juste assis là, à parler de la journée en
partageant un joint.
John Long : le groupe s’est divisé, on est parti aux quatre coins
du monde. Notre style est devenu international. Partout où les
Stonemasters allaient, ce qu’ils faisaient, leur manière de s’habiller
– bandanas, foulards autour de la tête, cheveux longs et muscles.
S’entraîner toute la journée, fumer de l’herbe. Tout ça, c’était la
signature du groupe.
Rick Accomazzo : maintenant que j’y repense, ce n’était pas
parfait comme style de vie, mais qu’est-ce qu’on s’est marré !
C’était une manière géniale de gâcher notre jeunesse.
LIFE 40
Été 2017
Lynn Hill, photographiée par Jim Bridwell, sur une paroi du Yosemite. L’une des meilleures grimpeuses au monde, hommes femmes confondus.
41
Alors,
GEORGE MEYERS
on
grimpe ?
Les plus beaux murs
du monde, les accessoires,
le bon vocabulaire…
Les stars de la varappe
vous dévoilent tous leurs
secrets pour devenir des
champions de l’escalade.
John Yablonski
suspendu
à la paroi du
Nabisco, dans
le parc national
de Yosemite.
Par Charles Audier
42
Bouger_Extrême
FRANÇOIS CHAPERON / DR
RÈGLES ET ÉQUIPEMENT DE BASE
La discipline se divise en trois grandes catégories.
Le bloc, la corde et le big wall. Les deux premières
s’effectuent en salles ou en extérieur, tandis
que le big wall est une ascension en cordes de
plusieurs centaines de mètres, obligeant parfois
à passer une nuit sur place en pleine progression.
C’est d’ailleurs cette dimension d’action en pleine
nature, à flanc de falaise, qui intrigue et enivre le
plus. C’est aussi la plus exigeante.
LA TECHNIQUE. Trouver un appui sur le rocher ou
une prise et rien d’autre. Même les points d’ancrage
dans lesquels on passe sa ligne de vie ne
servent pas à évoluer. Ils sont là pour sécuriser
une éventuelle chute.
LA RÈGLE D’OR. Ne jamais s’engager en solo. Le
binôme assure la retenue en cas de chute. Sans
ce partenaire, la chute se prolonge jusqu’au pied
de la voie. Aïe.
LES CHAUSSURES. Appelées chaussons ou pains
au lait, ces souliers ont une semelle lisse pour une
grimpe verticale, ou cambrée pour une progression
sur un plan en dévers.
LA BROSSE. Pour nettoyer les prises avant d’y
mettre le poids de tout son corps. Les puristes
enlèvent les traces après leur passage pour limiter
l’impact de leur passage sur la voie. Cela
évite aussi de fausser la lecture des grimpeurs
suivants.
LE SAC À MAGNÉSIE. L’oxyde de magnésium, appelé
magnésie, est une poudre blanche basique
aux propriétés d’absorption d’eau inégalées.
LA CORDE. Elle mesure au moins 60 à 80 m pour
10 mm d’épaisseur afin d’assurer l’ascension
mais aussi la descente du grimpeur une fois sa
ligne de vie assurée au point culminant de la voie.
ET AUSSI… une quinzaine de dégaines – paires
de mousquetons liés par une sangle courte –, un
appareil d’assurage pour retenir la descente,
une longe pour s’attacher au relais sécurité, un
casque et des lunettes d’assurage pour préserver
ses cervicales.
CHAUSSURES
BROSSE
SAC À MAGNÉSIE
CORDE
DÉGAINE
APPAREIL
D’ASSURAGE
LONGE
CASQUE
LUNETTES
D’ASSURAGE
COMMENT PROGRESSER ?
« Tais-toi et grimpe ». Les grimpeurs sont unanimes.
Pour s’améliorer, il faut grimper. Un point
c’est tout. Mais à partir d’un certain niveau, des
exercices au sol accélèrent la progression.
DU NIVEAU 1 AU 6B. Trois séances de grimpe
par semaine. L’important, c’est d’apprendre
à lire sa voie avec les yeux avant de s’élancer.
Car avec cette lecture efficace, on peut gagner
une cotation en un clin d’œil. En parallèle, il faut
s’étirer les jours sans ascension pour gagner en
amplitude en bas du corps sur les ischio-jambiers
et l’ouverture du bassin. Pour le haut du corps,
il faut assouplir le dos, les épaules et le psoas
(muscle de la hanche).
À PARTIR DE 6C. L’entraînement a évolué et les
tractions lestées ne sont plus au goût des grimpeurs.
L’objectif est de muscler les doigts avec
une poutre et des gainages au sol ou sur un ballon
suisse. Les plus motivés vont jusqu’à se muscler
les épaules et des doigts avec des ascensions
courtes (sur bloc) sans s’aider des pieds.
1 2
LES FILMS À VOIR…
En dehors des blockbusters hollywoodiens
Vertical Limit ou Cliffhanger qui misent sur un enchaînement
de situations critiques ou le matériel
casse, le monde de l’escalade recèle des pépites :
1. La Vie au bout des doigts, documentaire de
Jean-Paul Janssen sur Patrick Edlinger (1982).
2. Valley Uprising, documentaire de Peter
Mortimer, Nick Rosen et Josh Lowell (2014).
LE JARGON
DE LA GRIMPETTE
BROUTÉ : « être brouté », c’est
avoir les doigts usés jusqu’au sang
parce qu’on a trop grimpé.
COLLER : on dit que ça colle
lorsque les conditions
d’adhérence sont bonnes.
DÉFAIRE LES NOUILLES :
défaire les nœuds d’une corde.
ÊTRE DAUBÉ : c’est avoir les
avant-bras durs et douloureux
qui ne répondent plus, et les
doigts qui ne peuvent rien serrer.
FAIRE UNE CROIX : c’est
enchaîner une voie, la grimper
sans prendre de points de repos.
FLASH PUMP : un anglicisme
pour dire qu’on s’est « explosé »
en allant dans une voie trop
difficile à froid.
GRIGRI : appareil d’assurage
autobloquant de la marque Petzl,
fonctionnant un peu comme le
principe des ceintures de sécurité
automobile. Très pratique, il s’est
imposé chez les pratiquants
réguliers.
HUIT : le type de nœud le plus
utilisé pour relier la corde à son
baudrier.
LOVER : signifie plier sa corde.
On dit délover la corde pour
préparer la corde au pied de la
voie, pour qu’elle ne fasse pas de
nouilles (cf. défaire des nouilles).
MORPHO : passage ou voie
où la grande taille est un atout.
On dit « la voie était morpho »,
c’est-à-dire infaisable pour
une petite taille.
MOU (DONNER DU) :
souvent demandé en urgence.
« Du mou steuplaîîît ! », pour
gagner de la longueur de corde
et pouvoir clipper.
SOLO : grimper sans corde.
Évidemment très dangereux
car mortel à la moindre erreur.
TICKET : marque de magnésie
pour repérer plus facilement
les prises.
VOLER : chuter, tomber, avant
que la corde ne vous retienne.
LES MEILLEURS SPOTS DANS LE MONDE
GRÈCE – Sur l’île de
Kalymnos, la roche calcaire
est devenue de l’or
pour cette île perdue
du Dodécanèse. Le vrai
paradis blanc…
FRANCE – Sur le site de
Fontainebleau, la qualité
de la grimpe est
exceptionnelle et
l’ambiance très conviviale.
MAROC – Aux sources
de l’Assif Ahansal, le site
de Taghia, discret, est
accessible après un vol
en avion, du 4×4 et
une rando à dos de mules.
AUSTRALIE – Le mont
Grampians dans le parc
national de Grampians,
possède un décor luxuriant
au cœur de la culture
aborigène.
ITALIE – La montagne
Marmolada, la plus haute
des Dolomites, offre
une vue imprenable.
ÉTATS-UNIS – Le parc
national de Yosemite en
Californie, et l’Indian Creek
dans l’Utah sont les plus
visités au monde. Atteindre
le sommet est le seul moyen
d’éviter la foule.
SUISSE – Le canton
du Tessin et le site de
Voralpsee offrent une
multitude et une diversité
de terrains de jeux aux
grimpeurs : du calcaire,
du granit, du gneiss,
de la dolomie…
GRANDE-BRETAGNE – Sur
le site de Peak District, les
voies entre 12 et 20 mètres
de hauteur permettent
d’escalader en couenne
– sur une longueur – et
d’en tester beaucoup
en une seule session.
AFRIQUE DU SUD –
Grimper dans la réserve
naturelle de Cederberg,
c’est comme découvrir
et admirer la beauté d’une
autre planète. Un site
ébouriffant.
YOSEMITE &
INDIAN CREEK
NIVEAUX DE
DIFFICULTÉ
+
++
TAGHIA
+++
++
+
+
+++
++
PEAK DISTRICT
VORALPSEE
MARMOLADA
KALYMNOS
CEDERBERG
++
GRAMPIANS
+++
+++
ABORDABLE INTERMÉDIAIRE EXPERT
2017 Été
43
LIFE
Bouger_Voile
GIRAGLIA,
LA GÎTE
ET LE COUVERT
Pour ceux qui ne voient dans le mythe tropézien qu’un rassemblement de fortunes mal faites,
la Giraglia pourrait être une voie de réconciliation. En juin, cette régate réunit
dans le golfe les plus beaux voiliers de la planète pour un circuit magique : Saint-Tropez-Corse-Gênes.
Récit d’une traversée chic et salée au milieu d’experts aguerris et de novices sur leurs gardes.
Par Nicolas Salomon
KURT ARRIGO
À
l’aéroport de Hyères, de solides gaillards
américains engoncés dans des polos
North Sail se saluent virilement. Des bras
gros comme des cuisses de cyclistes, ils
chargent d’immenses sacs de voiles dans
des minibus VIP qui ploient déjà sous le poids des
occupants. Avec leur bronzage de moniteurs de
ski et leurs grands sourires, ils font souffler un
vent de fraîcheur sur la French Riviera.
Débarrassé de ses motor-yachts aux allures
de fers à repasser, le petit port de Saint-Tropez
cher à Roger Vadim change de physionomie.
Une forêt de mâts en carbone tutoie le
ciel dans un concert de drisse. Les poupes, largement
ouvertes, offrent un spectacle digne
du Vendée Globe. Des polos, des bermudas,
des Docksides, on dirait presque la Bretagne.
Seuls les sponsors changent. Sur les drapeaux
de la course dont Rolex est le partenaire principal,
on trouve aussi les logos de BMW et de
la banque Rothschild. On croise des industriels
propriétaires et une tête couronnée invitée.
On court, on s’affaire, on charge, on hisse, on
scrute. Sur le quai, les curieux mitraillent les
incroyables Wally. Depuis vingt ans, ces unités
de grand luxe conçues comme des
LIFE 44
Été 2017
Bouger_Voile
bateaux de course assurent le spectacle.
Immenses, aussi larges que plats, leurs ponts
de teck ne laissent apparaître aucun accastillage.
Seules deux gigantesques roues de carbone
y trônent. À côté, les Swann, leurs ennemis
jurés. Les Wally sont italiens, les Swann, finlandais.
Le match Nord-Sud. Un peu comme Porsche
et Ferrari. À l’avant, les gigantesques semi-rigides
des propriétaires servent de navette.
Quinze mètres, 3 x 300 chevaux, c’est la norme
pour les annexes de la Giraglia. À moins, on ne
vous prend pas au sérieux. Sur l’une des coques
de Swann, nous lisons « Soleone », qui désigne
notre embarcation. Son propriétaire n’est autre
que le couturier Salvatore Ferragamo, mais
il ne dispute pas la course. Coque et accastillage
noirs, pont de teck gris, les trente mètres
de long du Soleone ne manquent pas d’allure. En
montant à bord avec nos chaussures, on s’attire
tout de suite les foudres de l’équipage. À
la hâte, on découvre nos pieds blancs. Dès les
premiers pas, une douleur aiguë remonte d’un
doigt de pied dont la course vient de s’arrêter
contre un winch. On étouffe un cri. Ils appellent
ça « s’amariner ».
L’heure du départ approchant, le capitaine ordonne
à l’équipage de larguer les amarres. Il faut
serpenter alors, sans véritable frein ni direction,
entre les autres concurrents. Tout ce petit
monde se frôle sans se toucher, dans une sérénité
étonnante. À l’arrivée dans la baie, l’horizon
est gris. Pas de nuage, mais une nuée carbone,
de la couleur des voiles. Depuis sa création en
1953, la régate a multiplié par dix le nombre de
participants, pour flirter aujourd’hui avec les
deux cents…
KURT ARRIGO
COUP DE CANON
Le golfe de Saint-Tropez a beau ne pas manquer
de profondeur, on se sent à l’étroit.
Les bateaux lancés se croisent à quelques
mètres les uns des autres, charge au régleur
de voiles posté à l’avant de calculer si
ça passe. Une règle, la priorité à droite. Pour le
reste, ça ressemble à la place de l’Étoile un jour
de grève. Toujours sans frein. Et naturellement,
çà et là, certains s’éperonnent. Imaginez deux
conducteurs de Bugatti qui se rentrent dedans
sur un parking.
La tension est palpable. C’est ici que la brise
thermique monte en puissance, du fond de la
baie, ajoutant de la vitesse à tous les voiliers.
Un coup de canon retentit. Dix minutes avant
le départ. Chacun des dix membres qui composent
l’équipage règle son compte à rebours.
Les bateaux montent en puissance. Les croisements
dans la zone de départ sont de plus
en plus vifs. Tous les skippers engagés sont
des pros, de redoutables compétiteurs, même
si la course n’a d’autre enjeu que la gloire.
On se refuse les priorités, on cherche à déventer
les autres. Deuxième coup de canon.
Cinq minutes. Les semi-rigides d’assistance
s’éloignent. Les coques commencent à se coucher
et à dévoiler leur quille. Au pied du mât,
un large écran affiche la vitesse : 12 nœuds.
Les réactions à la barre sont plus vives, les virements
de bord incessants. Il faut à tout prix
rester collés à la ligne, sans la franchir avant le
départ, tout en conservant le maximum d’élan.
Or, on est deux cents à avoir la même idée. Les
voiles, semi-rigides, représentent près de
1 000 m 2 de surface. Le bruit lors des virements
de bord est assourdissant. À bord, le capitaine
égrène à voix haute les dernières trente secondes.
On nous jette des gants, certains enfilent
des genouillères. L’angoisse étreint soudain
les quelques néophytes. Qu’attend-on de
nous au juste ?
Au coup de canon, les ordres fusent, des bruits
de tension s’échappent de la structure. Et
s’installe une nouvelle norme : 45° de gîte. Désormais,
et durant toute une nuit, la vie sera
de biais. Accroché au bastingage, les pieds dehors,
l’équipage savoure l’instant. Le soleil,
l’écume, le gris, le bleu, les chromes, le treillage
de carbone, les régates semblent avoir
été inventées pour Instagram. Au mât, on est
à 16 nœuds. Le Soleone tient son rang. En fin
d’après-midi, le rocher de la Giraglia se détache
enfin. L’idée est de passer entre lui et l’île
LIFE 46
Été 2017
de Beauté, distant de 1 300 mètres, dans une
large passe.
À LA NUIT TOMBÉE, il est décidé des quarts :
chaque binôme aura la charge de barrer durant
deux heures, avec pour mission évidente de garder
le cap et surtout le rythme. Comme je suis
novice, on m’adjoint le capitaine du bateau. Ou
comment faire l’école des Glénans en une nuit.
À l’heure du dîner, les équipiers sont invités à
descendre dans le carré. Là, au milieu d’un salon
d’une vingtaine de mètres carrés, une grande
table est dressée. Et malgré la gîte, toute la vaisselle
prévue à cet effet tient en place ! Le dîner
est composé de cakes salés, de lasagnes cuisinées
à bord. De l’eau, pas de vin. On dîne léger.
Jusqu’ici, on a tenu à distance la nausée, inutile
de la convoquer subitement sur un excès de gourmandise.
Les pieds calés, on s’habitue à cette inclinaison
permanente, ponctuée par la houle. Le
capitaine, bien qu’attablé avec tout le monde, tellement
rodé au sens de la mer, fait indiquer au
barreur qu’il a dû dévier sa route de quelques degrés.
Le barreur, confus, confirme et corrige.
Avant l’heure fixée pour la prise quart, direction
la cabine, presque une chambre en vérité. Deux
Le confort règne en cabine. À un détail
près : avec 45° de gîte, c’est le nez
collé à la paroi qu’il faudra dormir...
lits simples, une petite salle de bains avec douche
et toilettes attenantes ; Ferragamo sait prendre
soin de ses invités. Jusque dans les moindres détails.
Chaque tiroir bénéficie de languette en cuir
grainé avec piqûre sellier. Sur la couchette, des
draps en coton égyptien et une couette soyeuse,
il ne devrait pas être trop difficile de trouver le
sommeil. À un détail près : avec 45° de gîte, c’est
sur la tranche et le nez collé à la paroi qu’il faudra
dormir.
VÉRITABLE TORTURE
En plein milieu de la nuit, c’est le moment.
Sortir de sa torpeur, enfiler une salopette,
des bottes, on a connu des heures plus
douces. Surtout que la mer s’est creusée.
Sur le pont, le capitaine est déjà à la barre.
Derrière sa roue, de larges écrans rétroéclairés
affichent tous les paramètres : météo, route, vitesse,
vent, courant, etc.
En dépit des trente mètres de coque, les vagues
commencent à rincer le pont. Une main agrippée
aux étais, une autre sur une tasse de thé, j’essaie
de sentir danser la coque sous mes pieds. Une
vague, plus violente, me fait perdre ce contact
avec le pont. La capitaine me demande d’enfiler
le baudrier qu’il me tend et de m’attacher. De
nuit, secoué de toute part, on n’est pas tenté de
discuter ce type de recommandation. Soudain,
un grand cri jaillit du carré. Le capitaine me demande
de tenir la barre et le cap le temps d’aller
voir. J’empoigne cette grande roue de carbone
en essayant de suivre les indications sur l’écran.
Avec la vitesse, le bateau est très vif et il suffit d'un
rien pour risquer une embardée. Surprenant de
voir ce monstre louvoyer au moindre mouvement
du poignet. À l’intérieur, les nouvelles ne sont pas
bonnes : l’un des équipiers s’est cassé deux côtes
en chutant contre une marche. Sauf que là, de
nuit, en pleine mer, il n’y a qu’à prendre son mal
en patience… Heureusement, le Soleone avale les
milles à un rythme effréné et le capitaine prédit
une arrivée à Gênes aux premières lueurs du jour.
Mais en Méditerranée,
rien n’est jamais joué.
Vers 4 heures du
matin, on distingue au
loin les premières lumières.
Un à un, les
équipiers remontent sur
le pont. Au fur et à mesure
que l’on s’approche
des côtes italiennes, la
météo change et le vent
commence à retomber.
Au départ, au soulagement
de tous. Le rythme
de la nuit a fatigué tout le monde, semble-t-il. Il est
excitant de naviguer par gros temps, mais aussi
épuisant. Minute après minute, le vent faiblit. Et
en moins d’une heure, on est passé de la petite
tempête à la pétole !
Deux heures plus tard, à moins de 5 milles des
côtes, ce calme met les nerfs de l’équipage à
rude épreuve. Les gigantesques voiles de carbone
faseillent et claquent au gré d’infimes risées.
Au pied du mât, la vitesse affichée oscille
entre 0,5 et 1 nœud… Quant à la nausée tant redoutée,
elle envoie ses premiers signaux. Évidemment,
mettre le moteur est éliminatoire. Et
si ce grand voilier est à l’aise quand ça souffle, là,
son poids important fait office d’ancre flottante.
Et voir tous les concurrents plus légers vous remonter
lentement mais sûrement, devient une
véritable torture.
Ce n’est finalement que trois heures plus tard
que le Soleone franchit la ligne d’arrivée située
à une encablure du port, avec quatre bonnes
heures de retard sur le programme initial. Si les
traits sont tirés, les sourires sont sincères. Le
champagne a un goût bizarre à cette heure-ci,
mais on le partage de bon cœur. C’est fou comme
les traversées soudent. On s’échange des cartes
et numéros de téléphone comme des enfants à la
fin d’une colonie de vacances. Autorisés à lancer
le moteur, nous glissons vers l’entrée du port.
Un taxi attend notre blessé sur le quai. Au débarquement,
un deuxième doigt de pied est victime
d’une poulie. La régate, ça vous gâte.
Située à 1 300 mètres au large de la Corse,
l'île de Giraglia est cette petite excroissance
terrestre qu'il faut contourner lors de la Giraglia
Rolex Cup.
47
L’art
de
prendre
un bon
départ
Lors des régates,
pour que
les skippers
professionnels
anticipent l’instant
décisif du départ,
les chronographes
leur sont
indispensables.
Sélection des
modèles les plus
beaux (et les plus
performants).
Par Nicolas Salomon
Illustrations Mat Maitland
Vendée Globe l’hiver dernier,
l’America’s Cup qui
s’est achevée au printemps,
et, à venir cet
automne, la Transat
Jacques-Vabre... Rarement le
calendrier nautique aura été
aussi dense. Partenaire historique
des « voileux », l’horlogerie
n’a pas manqué de
se manifester, en proposant
cette année une nouvelle vague
de chronographes et autres
comptes à rebours. Si, en voile
comme ailleurs, les professionnels
remettent leur sort entre
les mains de la technologie, les
amateurs eux restent attachés
au charme indicible de leur version
mécanique. S’agissant des
chronographes, ils permettent
la mesure de temps courts. Une
fois que vous êtes lancé, vous
chronométrez vos temps de
passage à la bouée, ce qui vous
permet de déterminer à quelle
allure vous êtes le plus performant.
Mais qu’en est-il du
compte à rebours ? En quoi serait-il
spécifique à la voile
48
Bouger_Horlogerie
LOUIS VUITTON
TAMBOUR NAVY CHRONO
Partenaire officiel et historique
de l’America’s Cup, Louis Vuitton
a initialement conquis le marché
de la montre pour homme
grâce à cette forme de boîte si
spécifique et sa réinterprétation
subtile des codes couleurs
du nautisme. Ce chronographe
en fait la synthèse.
Diamètre : 46 mm
Étanchéité : 100 m
Prix : 5 300 €
ROLEX
YACHT-MASTER II
On ne peut pas être
chronométreur d’une vingtaine
des plus prestigieuses régates
de la planète sans proposer
un instrument de référence.
Au centre, le compte à rebours
10 minutes, ouvert sur
240 degrés, se déclenche
à l’aide des poussoirs entourant
la couronne, à l’ancienne,
avec start/stop à 2 heures,
et remise à zéro à 4 heures.
Diamètre : 44 mm
Étanchéité : 100 m
Prix : 15 150 €
2017 Été 49
LIFE
Bouger_Horlogerie
plutôt qu’à l’automobile par
exemple ? Après tout, les départs
de course sont soumis à
la même urgence : prendre le
meilleur sur les autres concurrents.
Alex Thomson, l’un des
grands skippers du Vendée
Globe, détaille l’importance
que revêt le départ : « Sur un
bateau, lorsque vous participez
à votre première régate,
la seule chose que vous pouvez
maîtriser, c’est votre vitesse,
et encore. Pas de frein, encore
moins de marche arrière,
une manœuvrabilité extrêmement
restreinte, vous ne savez
qu’avancer. Votre seul axe de
progrès possible, c’est d’optimiser
le moment où vous franchissez
la ligne de départ. »
COUP DE CORNE DE BRUME
Petit rappel. Lors d’une régate,
avant le début de la
course, tous les concurrents
font des ronds dans
l’eau dans une zone dite
« d’attente ». L’idée est d’optimiser
le rapport distance/
vitesse. Pour franchir la ligne
de départ à pleine balle, il
faut s’être lancé d’assez loin,
mais pas trop. Alors en quoi
les comptes à rebours de régate
peuvent-ils aider à cette
manœuvre ? Dix minutes avant
le départ, le commissaire de
course envoie un grand coup
de corne de brume pour indiquer
aux concurrents que c’est
le moment d’affûter leur élan.
Idem à cinq minutes du départ.
C’est précisément là que les
chronographes entrent en jeu.
Avec leur affichage très distinct
des dix ou des cinq dernières
minutes, le barreur peut
déclencher le chronographe au
coup de corne de brume, puis
comparer en temps réel sa position
par rapport à la ligne de
départ. Il a une idée précise de
sa vitesse. L’objectif est donc
de trouver la montre qui résout
l’équation parfaite entre lisibilité,
ergonomie et élégance.
ULYSSE NARDIN
MARINE REGATTA
Il suffisait d’y penser ! En
proposant un compte à rebours
tournant dans le sens contraire
des aiguilles d’une montre,
Ulysse Nardin est le premier
à comprendre la logique
d’un décompte. La prouesse
est d’autant plus remarquable
qu’à l’issue de ce cycle de
5 minutes dans un sens,
le chronographe repart dans
l’autre dès le début de la course.
Diamètre : 44 mm
Étanchéité : 100 m
Prix : 15 900 €
OMEGA
SEAMASTER DEEP BLACK GMT
Assortie aux couleurs du bateau
néo-zélandais de l’America’s
Cup dont la marque est
partenaire, cette version
GMT a un parfum de collector.
Point de compte à rebours,
mais une lunette unidirectionnelle
qui permet une lecture
immédiate du temps restant, à la
manière d’une montre de plongée.
Diamètre : 45,5 mm
Étanchéité : 600 m
Prix : 10 400 €
ZENITH
EL PRIMERO SPORT LAND
ROVER BAR TEAM EDITION
Dans la droite lignée du
partenariat noué avec
Range Rover, la manufacture
du Locle s’engage aux côtés
du team Bar en proposant
une version légère de son
célèbre chronographe, épaulé
par un bracelet en cuir perforé
qui en renforce la sensation. Une
belle combinaison de couleurs.
Diamètre : 45 mm
Étanchéité : 200 m
Prix : 8 300 €
PANERAI
LUMINOR 1950 PCYC
REGATTA 3 DAYS CHRONO
FLYBACK AUTOMATIC
TITANIO
Les plus pointus d’entre vous
auront certainement reconnu
la parenté avec la Regatta 3 Days.
Certes, elle reprend le même
principe technique, un compte
à rebours 5 minutes avec fonction
remise à zéro immédiate, mais
elle bénéficie d’une toute nouvelle
livrée vintage, en titane. Celle-ci
fait écho aux régates classiques
de la marque et perpétue
la tradition qui lie Panerai à la mer.
Diamètre : 47 mm
Étanchéité : 100 m
Prix : 16 700 €
LIFE 50
Été 2017
51
Bouger_Moteurs
LA YOUNGTIMER FAMILIALE :
BREAK VOLVO 245
Malgré sa couleur fanée, ses trente ans de services
et sa consommation d’un autre âge, il a été décidé
en conseil de famille de ne pas se séparer du bon
vieux break 245, tellement il regorgeait de souvenirs
de vacances et de voyages au long cours. Toujours
aussi chic, cette grande voiture redevenue à la mode
avec la vague des Youngtimers a donc fini dans le
garage, en Normandie, et se destine aux virées entre
potes ou aux travaux de bricolage dans la maison.
Chaque été on le retrouve avec délice, comme on se
plonge dans un album familial.
La cote : Volvo 245 (1974-1993) 2,0L, 106 ch,
170 km/h. Entre 5 000 et 7 000 €.
Le choix en neuf : Volvo V90, 254 ch, 52 550 €.
VOLVO
LIFE 52
Été 2017
SUMMER CARS
LA GRANDE ÉVASION
Sur la route des vacances reviennent en mémoire
les souvenirs de départs en famille, quand tout le monde
s’entassait dans des voitures chargées d’histoire...
Du break Volvo au cabriolet Alpha Romeo en passant par
la Mehari, panorama des plus belles « summer cars ».
Par Alexandre Lazerges
LE FRANCHISSEUR ULTIME :
LAND CRUISER TOYOTA
Principalement apprécié en montagne ou lorsque la
demeure n’est accessible qu’en crapahutant, le 4×4
Toyota rustique et indestructible franchit n’importe
quel obstacle. Utile pour accéder aux meilleures
voies d’escalade ou aux spots de surf reculés,
ce véhicule japonais, loin des SUV citadins, a arpenté
tous les terrains imaginables depuis son apparition
en 1951. Si le préparateur américain Icon4×4
s’est spécialisé dans la customisation du bon vieux
Toy, c’est encore dans son jus qu'il est le plus cool.
La cote : Toyota BJ 70 (1984-1999), diesel 3,4 L,
90 ch, 135 km/h. Entre 5 000 et 10 000 €.
Le choix en neuf : Land Cruiser 2017, 2,8 L
diesel, 177 ch, 37 100 €.
FERDINANDO SCIANNA / MAGNUM PHOTOS
Bouger_Moteurs
LA VOITURE DE PLAGE :
CITROËN MEHARI
Véhicule idéal pour aller se baigner, emprunter un
chemin sablonneux ou transporter le pique-nique,
la Mehari a inventé un genre en 1968. Sa carrosserie
en plastique ne craint pas les embruns et la bâche
qui sert de toit se roule pour laisser passer le soleil.
Quant au bicylindre refroidi par air de la 2CV, il ne
nécessite que peu d’entretien, et toutes les pièces
sont disponibles neuves grâce au Mehari Club
de Cassis.
MONIQUE JACOT/GAMMA-RAPHO
La cote : Mehari, (1968-1987), 602 cm 3 , 33 ch,
115 km/h. Entre 10 000 et 21 000 €.
Le choix en neuf : Citroën E-Mehari Électrique,
30 kWh, 68 ch, 25 000 €.
2017 Été 55
LIFE
Bouger_Moteurs
REX / SIPA
LIFE 56
Été 2017
LE FOURGON CULTE :
COMBI VOLKSWAGEN
Rien de mieux pour transporter
avec style des objets volumineux
comme l’équipement d’alpinisme,
de kitesurf, ou des VTT. Le combi
peut aussi servir d’abri
en cas d’intempérie et certaines
versions disposent même
d’une tente dépliable sur le toit
(Westfalia). En mode caravelle
neuf places, il embarque tous
les convives de la maisonnée,
et sa porte coulissante, laissée
ouverte, rafraîchit l’habitacle.
La cote : Combi VW T2
(1967 -2013) 1,6 L, 50 ch, 105 km/h.
Entre 15 000 et 20 000 €.
Le choix en neuf : le VW Combi
T6 California TDi, 105 ch, 44 700 €.
57
Bouger_Moteurs
LA CITADINE RECYCLÉE :
RENAULT 5
Depuis que « maman » roule en Autolib’, elle a laissé
sa vieille R5 chérie à la campagne. Pratique avec
sa banquette rabattable et ses sièges en Skaï peu
salissant, cette mignonne petite voiture démarre
en toutes circonstances puisque sa mécanique est
héritée de la bonne vieille 4L. Sa bouille sympathique
et les versions à toit ouvrant en toile en font
la coqueluche des apéros sur la place du village.
La cote : Renault 5 (1972-1984), LS : 1,3 L,
65 ch, 155 km/h. Entre 3 000 et 7 000 €.
Le choix en neuf : Zoé électrique 4.0,
77 ch, 400 km d’autonomie, 17 700 € (+ location
des batteries).
RENAULT
LIFE 58
Été 2017
ALFA ROMEO
LE CABRIOLET VINTAGE :
ALFA ROMEO SPIDER
Certes, il nécessite un peu d’attention et un garage
fermé, voire chauffé, pour l’hiver, mais le cabriolet
Alfa représente la classe internationale depuis
Le Lauréat avec Dustin Hoffman. Symbole des années
1970 encore insouciantes, sa ligne en « os de sèche »
et la sonorité délicieuse de son moteur suffisent à se
sentir en vacances. S’il ne dispose que de deux
places, il fera tourner toutes les têtes en passant
devant le café Sénéquier à Saint-Trop’.
La cote : Alfa romeo Spider (1966-1993), 1,6 L,
109 ch, 173 km/h. Entre 10 000 et 30 000 €.
Le choix en neuf : Fiat 124, 140 ch, 1,4 L, 26 290 €.
59
MAGIC
BIKE
Oubliés les fixies et autres vélos
vintage à la mode.
Pour la performance ou le plaisir,
GQ a sélectionné trois bicyclettes
qui sortent de l’ordinaire.
Par Charles Audier_Photographies Benoît Pailley
60
Bouger_Vélos
Le Speedmax
de Canyon,
une vraie bête
de course.
2017 Été 61
LIFE
Comme on choisirait une
paire de souliers en fonction
de la soirée, le vestiaire
et le garage du cycliste
doivent s’accorder
à l’usage de leur propriétaire.
En 2016, il s’est vendu en France
plus de 3 millions de vélos selon
l’Union sport & cycle. Soit une
croissance de 6,4 % par rapport
à 2015. Et un magot de plus
d’un milliard d’euros à se partager
entre toutes les marques
et segments du marché. À qui
doit-on cette embellie ? Principalement
aux VTT VAE. Un acronyme
barbare pour désigner les
vélos tout-terrain à assistance
électrique. Avec la prime d’État
voulue par la ministre de l’Écologie
Ségolène Royal d’alors,
le marché s’envole. Mais le domaine
de la petite reine ne se
joue pas que sur batterie. On
note aussi une explosion des
amateurs de triathlon avec
près de 50 000 licenciés et au
moins 100 000 pratiquants en
2017. Enfin, les néo-bobos ne
jurent plus que par leurs trajets
à bicyclette, tandis que
les héritiers des beatniks ne
misent que sur le cruiser bike
pour tenir la dragée haute aux
hipsters et leur fixie. Alors pour
s’y retrouver dans la jungle du
biclou, GQ débroussaille le terrain.
À vous d’assurer l’aménagement
du garage.
62
Bouger_Vélos
LA FUSÉE POUR TRIATHLÈTES
Le triathlon galvanise les foules car les formats sont variés, allant
de 10 à 180 km de parcours à vélo – hors natation et course à pied
qui complètent le trio de la discipline. Mais attention, si l’on s’affole
souvent sur la partie running, l’épreuve cycliste nécessite de
l’entraînement et, surtout, un « partenaire » adéquat. Cela tombe
bien, chez Canyon, le maître-mot est l’efficience. Et cela, dès la
commande. Ne cherchez pas une boutique pour flâner ou baver sur
votre prochaine acquisition, le modèle économique de la maison
mise sur Internet et la personnalisation de votre Rolls sur deux
roues directement sur le site. Ensuite, vous recevez votre précieux
cadre dans un écrin en carton qui servira à faire des retours en
cas de panne ou de modification sur votre machine. À ce niveau, on
ne parle plus d’un « simple » vélo. Le Speedmax CF SLX, truffé de
carbone de la roue au guidon, est un engin venu de l’espace imaginé
et conçu pour battre des records et faciliter les performances de
vos guibolles. Cadre, potence, cassettes, boîte de vitesses, selle,
extensions pour les avant-bras, pneus, roues, pédales, cintre, etc…
Tout s’adapte à votre morphologie et à vos objectifs. Ce vélo se destine
aux fins connaisseurs de la discipline capable de se caler dans
la roue de Jan Frodeno. Si l’athlète olympique ne vous dit rien, alors
vous n’êtes pas digne de cette fusée sur roue.
SPEEDMAX CF SLX 9.0 LTD, CANYON, 9 500 €. CANYON.COM/FR
LE BON ÉQUIPEMENT :
Pour garder l’allure à tous les niveaux, il faut posséder les accessoires
à la hauteur de sa monture. Optez pour ces chaussures Fizik rouges,
renseignez vos sorties sur le GPS Lezyne et arborez les couleurs de
votre club avec la casquette typique Kilomètre Ø.
CHAUSSURES « R1 UOMO BOA », FIZIK, 289 € .
GPS « MACRO GPS », LEZYNE, 150 €. CASQUETTE KILOMÈTRE Ø, 20 € .
(CHAQUE ARTICLE EST EN VENTE SUR KM0.PARIS.)
2017 Été 63
LIFE
Bouger_Vélos
LE PETIT CRUISER
L’image d’Épinal du surfeur faisant la tournée des spots au guidon
de son vélo épuré comme un chopper, la planche sous le bras et
la mèche au vent, n’est pas un leurre. Il faut juste vivre avec son
temps. Aujourd’hui, on mise sur le style toujours aussi épuré du
Straight 8 8i d’Electra avec son cadre étiré, ses lignes simples et
sans fioritures. On opte pour des roues surdimensionnées et l’ajout
d’une selle Brooks authentique qui se façonnera à votre postérieur.
Mais fini la balade avec la planche de surf calée sous l’épaule au
risque de se casser la margoulette à la moindre brise. La monture
se veut toujours en single speed (une seule vitesse et à pignon libre,
comme un vélo normal), mais pas en fixie (pignon fixe où il faut toujours
continuer à pédaler, même dans les descentes), pour filer sur
les pistes cyclables en descente et atteindre la côte des Basques en
bordure de Biarritz. Mais avec l’avantage de posséder un frein efficace
à la main et en rétropédalage, pour toujours plus de sécurité.
Et pour veiller à la commodité sans contraindre le style, on accepte
exceptionnellement une béquille sur son vélo et on investit dans
un rack de surf pour garder les deux mains sur le guidon. Quant
au surf, n’oubliez pas qu’en été, les houles côté atlantique ne sont
pas légion. Choisissez une planche avec du volume et plutôt courte
pour pallier le manque de puissance des vagues. Ce « twin fish »
(ci-contre) fera parfaitement l’affaire.
STRAIGHT 8 8I, ELECTRA, 699 €. ELECTRABIKE.COM
SELLE « TEAM PRO CHROME », BROOKS, ENVIRON 125 €. BROOKSSHOP.FR
LE BON ÉQUIPEMENT :
Malgré son patronyme aux consonances nippones, le casque Nakamura
est un pur produit français. Tandis que le sac Velomacchi, lui, nous vient
tout droit des États-Unis. Et se destine initialement à la moto. Son
caisson étanche pour la combinaison mouillée et son ergonomie n’ayant
pas d’égal, il est indispensable à tous les surfeurs-cruisers motivés.
CASQUE « PERFORMANCE ROUTE », NAKAMURA, 50 €. NAKAMURA.FR
SAC À DOS « SPEEDWAY ROLL-TOP », VELOMACCHI, 349 €. VELOMACCHI.COM
LIFE 64
Été 2017
Hey, c’est par
où la plage ?
OÙ RÉPARER SON VÉLO ?
Les « répariders » de Ridy se déplacent dans
tout Paris pour fixer un dérailleur, réparer
un pneu crevé ou faire une révision complète.
En quelques clics, l’utilisateur définit la panne,
fixe le lieu et l’heure du rendez-vous. ridy.fr
Kilomètre Ø, c’est le temple parisien
du cyclisme, qui réunit une salle
d’entraînement, une équipe de
professionnels toujours prête à conseiller,
un magasin et un atelier de réparation. On y
trouve même une salle d’exposition
et un café pour échanger entre deux séances
de perfectionnement.
Kilomètre Ø, 20, rue des Acacias, Paris 17.
km0.paris
65
Bouger_Vélos
TOUT SCHUSS EN VTT ÉLECTRIQUE
À l’aube de chaque automne, aux premiers jours d’octobre, c’est la
transhumance des aficionados du tout-terrain vers Fréjus à Roquebrune-sur-Argens,
précisément. Là, à la compétition ROC d’Azur,
on célèbre le vélo dans sa dimension la plus vertigineuse, avec des
courses de VTT. Mais depuis quelques années, les progrès de la
technologie en termes de miniaturisation et d’autonomie font jaillir
des engins déroutants et surprenants : les VTT VAE. Ils provoquent
l’ire de certains et la fascination des autres. Les VTT à assistance
électrique permettent de pousser le curseur un peu plus loin. Soit
dans la taille de l’itinéraire à couvrir, soit dans le niveau de difficulté
à aborder. Alors quand les passionnés de la marque Moustache
ont voulu consommer le mariage de la souffrance et du plaisir
dans un objet bourré de technologie, le Samedi 27 Race est né. Ce
mastodonte en carbone possède un débattement de 160 mm sur
les suspensions, un système de freins à disques puissant et un look
d’enfer. Mais il cache surtout un moteur Bosch avec une batterie de
500 Wh de 2,5 kg, pour une assistance de 50 à 300 % de l’effort et
une accélération de 75 Nm. Avec 25 km/h en pointe sur le tout électrique,
vous ne rivaliserez pas avec une Tesla Model S sur le départ
arrêté. Mais vous n’aurez rien de plus pratique pour emprunter les
chemins de traverse et arriver à bon port en faisant le plein d’émotions.
Et en période estivale, vous pourriez même damer le pion de
votre rival à quatre roues.
PRESSE
SAMEDI 27 RACE, MOUSTACHE, 6 799 €. MOUSTACHEBIKES.COM
LE BON ÉQUIPEMENT
Pour une telle pratique, une sécurité optimale est de mise. Optez pour
ce casque intégral POC en fibre de verre, une paire de gants POC, fine
et robuste, et des lunettes Oakley – avec elles, aucun risque de prendre
un caillou dans l’œil. Vous pourrez alors foncer tête baissée.
CASQUE « CORON INTENSE ED. », POC, 550 €. EN VENTE SUR KM0.PARIS.
GANTS « VPD 3.0 », POC, 80 €. EN VENTE SUR KM0.PARIS.
LUNETTES « JAWBREAKER PRIZM », OAKLEY, 199 €. FR.OAKLEY.COM/FR.
D’AUTRES PETITES REINES DE CŒUR
LE PASSE-MONTAGNE
Conçu par Marc Simoncini, le
fondateur de Meetic (oui, oui), pour
les participants de La Haute Route,
le HR au design alvéolé permet une
meilleure pénétration dans l’air.
Et à ce prix-là, vous pouvez aussi
l’utiliser pour aller au bureau.
LE FIXIE POUR TOUS
Pour François Duris, responsable
design chez Huawei, un vélo doit
être épuré au max. Le « Jitensha »,
chic et sans fioritures, est la
preuve qu’il n’y a pas besoin
d’avoir une barbe d’hirsute et
de manger bio pour faire du fixie.
LA GRANDE AVENTURE
En légère perte de vitesse par
rapport aux VTT électriques, le
fat bike reste le compagnon idéal
pour les aventuriers purs et durs.
Ses gros pneus lui donnent une
assise confortable sur le sable,
la neige et les sols rocailleux.
LE « GRAVEL » ADDICT
Le « gravel », c’est la nouvelle
tendance venue des États-Unis :
associer un cadre typé route et un
agrément de baroudeur. Pratiquée
en forêt ou sur piste cyclable, la
discipline est l’alternative idéale
à l’entraînement routier.
HR, HÉROÏN, 11 000 €.
JITENSHA, 550 €.
DUDE CF 9.0 EX, CANYON, 3 299 €.
ADDICT CX 20, SCOTT, 3 499 €.
LIFE 66
Été 2017
67
BOESCH
MET
LE FEU
ARCHIVE PERSONNELLE
AUX LACS
L’entreprise familiale Boesch fabrique depuis
presque cent ans à Zurich des canots à moteurs aussi
puissants qu’élégants. Et presque indestructibles.
Récit d’une success-story familiale.
Par Nicolas Salomon
68
Bouger_Bateaux
Faire de beaux bateaux,
en famille, pour des
clients si peu nombreux
qu’ils sont tous devenus
des amis… En 1920,
lorsque Jakob Boesch
lance son entreprise
de construction
de bateaux sur les rives
du lac de Zurich, le jeune
charpentier de la marine
n’imagine pas qu’il
deviendra le fournisseur
officiel des
championnats
européens de ski
nautique de 1960 à 1976,
puis des championnats
du monde jusqu’en 1991.
Aujourd’hui, l’entreprise
dirigée par Markus,
l’arrière-petit-fils
du fondateur, compte
plus de 4 000 bateaux
fabriqués en cent ans,
dont 3 000 naviguent
encore.
2017 Été 69
LIFE
Bouger_Bateaux
Dans trois ans, en 2020, l’entreprise Boesch fêtera ses
100 ans. À sa tête aujourd’hui, l’arrière-petit-fils du fondateur,
Markus Boesch. Après avoir fait ses armes dans l’informatique,
il est revenu au début des années 2000 dans le giron
familial, pour moderniser sans la déformer, l’entreprise
que son père et son oncle dirigeaient. Si le destin de Riva, son rival
transalpin passé sous pavillon chinois, a été intimement lié à celui
de la jet-set monégasque, celui de Boesch, à l’inverse, est lié
à de discrets et riches propriétaires. Construits dans le souci du
respect d’une culture et d’une rigueur toute protestante, ces canots
de bois, toujours fabriqués à la main et assemblés avec soin
au bord du lac de Zurich, sont les derniers vestiges d’une tradition
d’excellence suisse méconnue.
En 1900, Jakob Boesch est un jeune charpentier de marine. Sur les
rives du lac de Zurich, quelques artisans fabriquent à la commande
de petites embarcations. Jakob Boesch fait appel à leurs services
pendant une vingtaine d’années, jusqu’à ce que l’un d’eux fasse
faillite au lendemain de la Première Guerre mondiale. À l’époque,
l’atelier a pour voisin le célèbre et prospère chocolatier Lindt,
installé sur l’autre rive. Jakob Boesch prend son courage à deux
mains et décroche un rendez-vous avec le directeur financier du
chocolatier. Par chance, celui-ci, versé dans le nautisme, apprécie
le projet. Boesch le convainc de le financer, certain que son
talent fera le reste. Sous son impulsion, l’entreprise redémarre
et bientôt Jakob Boesch est rejoint par son fils Walter, qui dès le
milieu des années 1920 se passionne pour cette nouvelle génération
de canots à moteur, aux lignes effilées et aux motorisations
puissantes. Au début des années 1930, alors que l’essentiel des
motorisations se concentre sur la partie arrière, Walter Boesch a
l’idée d’avancer la position du moteur pour le placer au centre du
bateau et limiter ainsi la sensation d’écrasement arrière lors de la
poussée. De cette manière, les bateaux déjaugent beaucoup plus
vite que leurs concurrents, atteignent leur vitesse maximum en un
temps plus court et surtout, créent un sillage bien moins important.
Après-guerre, cette particularité va intéresser les sportifs et
asseoir la réputation du chantier helvète.
LA COQUELUCHE DES CHAMPIONS
Au début des années 1950, le ski nautique débarque en Europe.
Les Américains, qui surclassent habituellement leurs homologues
européens, sont très impressionnés par la faible hauteur
de sillage des bateaux Boesch qui permet aux athlètes de
slalomer derrière, dans de bien meilleures conditions. Aidé
par une parité monétaire qui rend les productions suisses compétitives,
le chantier connaît un succès sans précédent. Agiles, rapides,
les Boesch deviennent la coqueluche des champions. À tel
point que de 1960 à 1976, Boesch est intronisé fournisseur officiel
de bateaux des championnats européens de ski nautique, puis des
championnats du monde jusqu’en 1991. Aujourd’hui encore, tous les
bateaux de ski nautique ont conservé ce principe de moteur central.
En parallèle, la maison continue d’améliorer le poids des embarcations
pour augmenter la vitesse, réduire la consommation et
la taille du sillage. Après un voyage aux États-Unis en 1964, Walter
Boesch découvre qu’en mélangeant différentes couches d’acajou
et d’époxy, certains fabricants réussissent à marier légèreté, rigidité
et beauté du bois verni. Walter Boesch adopte à son tour cette
nouvelle technique, tout en prenant soin de ne jamais trahir son
histoire : faire de beaux bateaux, en famille, pour des clients si peu
nombreux qu’ils sont tous devenus des amis.
Norme écologique oblige, la dernière innovation made in Boesch
est la possibilité d’implanter des moteurs électriques dernier cri
sur les embarcations. Suite aux restrictions en vigueur dans les
eaux intérieures de certains pays comme l’Autriche, l’Allemagne
ou dans certains cantons suisses, il devenait impossible pour les
clients d’utiliser leur motorisation habituelle. Aujourd’hui, pour un
usage journalier, les 100 kW (environ 135 chevaux-vapeur) électriques
convainquent près d’un client sur trois. Certes, il est toujours
possible de choisir de puissants V8. Mais en se positionnant
ainsi, en mariant patrimoine et pertinence énergétique, le
chantier a réussi à créer une niche dans laquelle aucun autre en
Europe n’a posé la moindre hélice. Aujourd’hui, via le site internet,
les demandes pour des bateaux Boesch affluent du monde
entier : Asie, États-Unis, Golfe… Mais l’entreprise helvète ne
court pas après les clients éloignés, préférant garder le lien privilégié
qui les unit à ceux qui, de père en fils, leur sont fidèles.
Le seul relais de croissance qui émerge n’est d’ailleurs que la
restauration des premières embarcations, réalisées par leurs
aïeux… Sur près de 4 000 bateaux fabriqués en cent ans, plus de
3 000 naviguent encore…
BOESCH. DE 6,25 M À 10 M, DE 140 000 À 630 000 € HT (HORS OPTIONS).
Le destin s’empare de l’entreprise
au début des années 1930,
quand Walter, fils de Jakob, a l’idée
d’installer le moteur au centre
du bateau et non plus à l’arrière.
ARCHIVE PERSONNELLE
LIFE 70
Été 2017
Finesse des lignes, noblesse des matières,
élégance discrète… Depuis 1920, et le lancement de
l’entreprise par le jeune charpentier Jakob Boesch,
la construction des bateaux ne déroge pas à cette
règle : des canots de bois fabriqués et assemblés
à la main, dans le respect des traditions.
HENRI THIBAULT / ARCHIVES PERSONNELLES
71
ANTONY HUCHETTE
PARTIR
ON A TOUS UN BATEAU DANS LE CŒUR
74_Courir au Kenya... comme un Kenyan 78_Les plus beaux parcours du monde à faire en moto
82_Sri Lanka, l’île aux trésors 88_Raid (mouvementé) en avion à travers le continent africain
2017 Été 73 LIFE
74
Partir_Running
COURIR
COMME
UN
STUART FRANKLIN MAGNUM
KENYAN
Voilà près de vingt ans que l’athlète et marathonien Bob Tahri,
médaillé aux championnats du monde, foule régulièrement la terre rouge de la
ville d’Iten au Kenya, patrie des runners. Il y a créé un camp d’entraînement
ouvert au grand public où règnent l’ascèse, l’humilité et le dépassement de soi.
Par Mathieu Le Maux
Dans un coin de la brasserie Flo, gare de l’Est à Paris,
Bouabdellah Tahri, alias Bob Tahri, observe les trombes d’eau
qui s’abattent sur le parvis. « Ça tombe comme là-bas à la
saison des pluies. Enfin, “saison des pluies”, c’est beaucoup
dire… Ça dure une heure et on ne voit plus une goutte pendant
des jours. » Là-bas, c’est le Kenya. Et jusque dans la plus banale des
considérations météorologiques, Bob, 38 ans, né à Metz, y revient
toujours. Porte-drapeau de la course à pied française dans les années
2000 – il fut notamment médaillé de bronze du 3 000 mètres
steeple des championnats du monde d’athlétisme en 2009 –, le désormais
marathonien passe la moitié de sa vie dans son « deuxième
pays », nation leader de la planète running. À Iten, précisément,
dans la vallée du Rift, à 350 kilomètres au nord-ouest de Nairobi.
C’est la « Home of Champions », comme l’indique la grande arche
installée à l’entrée de la ville. Bob Tahri s’y entraîne depuis 1999.
Parce que c’est là, à 2 400 mètres d’altitude et à la rude, que les
meilleurs athlètes de sa discipline se forgent la « caisse » et ce
mental si précieux pour qui veut briller dans ce sport.
Il tend son smartphone. Sur une photo : lui, à 21 ans, avec le même
corps de phasme – la barbe en moins – et le même sourire malin.
Il prend la pose debout devant une hutte à peine plus haute que
son mètre quatre-vingt-onze et au confort qu’on devine spartiate.
« Je dormais là. La première fois, j’avais emporté une malle avec
toute ma nourriture dedans parce que je ne savais vraiment pas où
je mettais les pieds. » Il y reviendra. Pendant près de quinze ans,
le Messin prépare « à la roots » les plus grands rendez-vous
mondiaux, décrochant de très honorables accessits (de la 4 e à la
7 e place) face aux Kenyans, intouchables. Surtout, il y gagnera
2017 Été
75
LIFE
Partir_Running
leur amitié. Et leur respect. « Là-bas, je me suis construit en
tant que sportif, mais aussi en tant qu’homme. » À chaque fois qu’il
y retourne, il retrouve le mythique stade Kamariny et sa tribune en
bois décati, ses vaches et ses chèvres qui broutent dans les virages
de l’anneau rouge et ses kilomètres de pistes ocre alentour, labourés
dès l’aube par des milliers de coureurs, du champion olympique
aux gamins sur le chemin de l’école.
« SI T’ES CHAUD, VIENS AVEC MOI »
Ce jour de mai pluvieux, Bob Tahri descend d’un train en provenance
des Vosges où il possède un chalet, son autre camp de
base, pour un saut de puce à Nanterre où il vit, avant de rejoindre
Iten dans une dizaine de jours. Ce sera son 31 e périple
africain. « J’ai été obligé de prendre un passeport “grand
voyageur”. En moyenne, sur une année, j’y passe deux semaines
par mois. » En 2016, il y est même resté 160 jours. Parce qu’en
plus de sa vie d’athlète, l’ex-recordman d’Europe du 3 000 mètres
steeple y gère le Tahri Athletic Center, un camp d’entraînement
pour tous (du coureur régulier à l’athlète de haut niveau) qu’il
a ouvert en mars 2017. L’idée a germé un peu malgré lui. En décembre
2009, puis en mars 2011, deux reportages d’« Intérieur
Sport », diffusés sur Canal+, ont dévoilé au grand public sa vie
d’ascète qui s’articule en trois temps : courir, manger, dormir.
« Après la première diffusion, beaucoup de gens m’ont demandé
s’ils pouvaient m’accompagner. Cela a mûri dans ma tête et je me
suis dit : “Pourquoi pas ?” Ma première envie était de faire découvrir
“mon” Kenya à une vingtaine de personnes. Et puis, j’étais aussi
un peu remonté contre ces sportifs du dimanche – ou pas d’ailleurs
–, qui critiquent ceux du haut niveau sans vraiment savoir de
quoi ils parlent, sans connaître ce qu’on “s’envoie”. Là, ils allaient
voir. » Il se décide le 8 novembre 2014 et invite ses 10 000 fans sur
Facebook à le suivre dans ses aventures : « Comme chaque année
depuis quinze ans, je retournerai en mars au Kenya (…) Quel
que soit ton niveau, si tu es motivé et que la notion de dépassement
de soi te parle, tu as alors ta place dans ce voyage. Si t’es chaud,
viens avec moi ! Go Hard or Go Home. » Sa boîte mail explose. En
quelques heures, plus de 300 candidats répondent à l’appel de
la terre rouge. Bob Tahri sonde leurs motivations et sélectionne
vingt candidats. À eux de dégoter le billet d’avion. Bob et quelques
amis – dont le blogueur Jean-Pierre Giorgi, connu des pelotons
comme le loup blanc –, gèrent l’intendance. Deux stages plus tard
naît l’envie de ce village vacances pour warriors du running. « Et
là, je me suis lancé dans un truc… Il a d’abord fallu trouver un terrain.
Au fur et à mesure, j’ai découvert les rouages de l’Afrique : les
choses se font lentement et difficilement. Si tu n’as pas les fonds,
Bob Tahri, 38 ans,
effectue sans
arrêt des séjours
au Kenya
depuis 1999.
Il y a ouvert
son camp
d’entraînement
en janvier 2017.
TOM KUBIK / JULIEN GOLDSTEIN PRESSESPORT
LIFE 76
Été 2017
tu ne commences pas les travaux. Et les banques ne t’accordent
pas de prêt, il faut du cash et avant cela, obtenir les autorisations
pour ouvrir un compte. On t’impose presque de faire travailler les
gens du coin. Tout prend du temps, surtout pour un étranger qui se
lance dans la construction d’un camp d’entraînement. C’était une
grande première. Et j’ai beau y séjourner depuis près de vingt ans,
je reste un muzungu (un blanc, ndlr). » Après seize mois de marathon
administratif, son petit hameau de maison en briques rouges,
abritant 24 chambres individuelles, une salle de musculation, un
restaurant, un salon télé, une épicerie, un terrain de pétanque et
une table de ping-pong, est inauguré en ce début d’année.
« Le top, c’est quand David Rudisha
passe une tête au centre,
au petit déjeuner, pour boire un café. »
BOB TAHRI
DANS LA PEAU D’UN ATHLÈTE DE HAUT NIVEAU
DR
Logés à la même enseigne (moyennant 35 € par jour), les participants
sont choyés par une quinzaine d’employés mobilisés,
de leur arrivée à l’aéroport aux runs sur les collines de la vallée
du Rift ou sur la piste du Kamariny. Les stagiaires suivent
leur plan d’entraînement, les conseils du maître des lieux en
sus, ou bien les séances « à la carte » concoctées par Bob. Quel
que soit le profil du coureur, « du marathonien en 2h50 à celui en
4 heures », la première mission de Bob Tahri est celle de calmer les
ardeurs. « Beaucoup se mettent en tête qu’ils vont pouvoir courir
trois fois par jour comme je le fais. C’est normal, ils sont là pour se
mettre dans la peau d’un athlète de haut niveau. Mais je dois pondérer
cette motivation excessive pour leur éviter de se “griller” en
deux jours. » Deuxième priorité : les prévenir des conditions atmosphériques,
forcément spécifiques à cette altitude. « L’oxygène
est plus rare. Or, c’est le premier carburant du coureur. Les stagiaires
sont surpris et même un peu déçus quand je leur explique
qu’ils devront courir moins vite qu’en France et réduire leur vitesse
de 2 km/h. Mon petit plaisir “vicieux”, lors de la toute première
séance – qui est toujours effectuée à la coule pour dérouiller les
jambes –, c’est de ne rien leur dire et de les laisser y aller au feeling.
» Ça ne loupe jamais : peu finissent le parcours, rôtis parce
que partis sur leur allure européenne. « Après, ils comprennent…
Il faut trois à quatre jours minimum pour s’acclimater. C’est pour
cela que je conseille de venir deux semaines. » Le temps, aussi, de
voir du pays (lire encadré), et surtout de baigner dans le quotidien
de ces champions qu’ils admirent habituellement sur petit écran.
« Le top, c’est quand mes potes David Rudisha (double champion
olympique et du monde du 800 mètres, ndlr) ou Asbel Kiprop (triple
champion du monde et médaillé d’or olympique en 2008 sur 1 500
mètres, ndlr) passent une tête au centre au petit déjeuner pour
boire un café. Imagine ! Tu es footeux, tu t’inscris à un stage, et là, il y
a Cristiano Ronaldo et Lionel Messi qui viennent avaler un expresso
à ta table. Pour les runners, c’est de ce niveau. » À Iten, qui possède
la culture de la course à pied (près de 20 % de la population s'y
adonnent), on court et on échange avec tout le monde, dans le plus
grand respect. « Il n’y a pas de star. Je continue de m’entraîner làbas
parce que je ne me sens jamais le Bob Tahri qui a fait 8’ au 3 000
steeple. J’y vais pour me bastonner avec des gamins de 18 ans qui
ne savent pas qui je suis, ni ce que j’ai fait par le passé. »
Grand adepte du #NoPainNoGain, l’autre « slogan hashtag » qu’il
appose à la fin de chacun de ses posts Instagram, Bob Tahri tente
aussi d’inculquer un autre style de vie, une autre mentalité, un autre
rapport au temps. Lui qui pourtant raffole des réseaux sociaux se
restreint, là-bas, au strict minimum. « J’invite à une sorte de simplification
de soi au quotidien, à se débarrasser du superflu. En course
à pied, quand tu te concentres sur le choix de tes écouteurs, de ton
appli training ou de ta paire de pompes, c’est que tu as oublié l’essentiel
qui est de courir, point. À Iten, je prolonge cet état d’esprit
dans le quotidien. Par exemple, il y a parfois des coupures d’électricité,
il faut s’adapter. Le village et les commerces sont à trois
kilomètres et il n’y a pas de bus ou de métro, donc t’as pas intérêt à
oublier ton pain (rires). » Même chose quand les stagiaires partent
assister à l’entraînement des champions au Kamariny. « C’est bien
normal de vouloir prendre une ou deux photos. Mais je leur dis surtout
de regarder, d’étudier leur foulée et de s’imprégner de ces
mecs avec leurs yeux, pas à travers un appareil. » Pour plus tard,
au départ d’une course, durant ces secondes d’attente stressantes
qui précèdent le départ, n’avoir qu’à fermer les yeux pour se remémorer
leur fluidité et leur aisance. Avant de voler jusqu’à la ligne
d’arrivée, comme un géant, comme un Kenyan.
POUR OBTENIR PLUS D’INFORMATIONS : TAHRIATHLETICCENTER@GMAIL.COM
UNE SEMAINE AU TAHRI ATHLETIC CENTER
À Iten, le réveil sonne à 6 heures pour un premier footing à jeun. Après le petit déjeuner, c’est l’heure de la sieste ou d’un soin (bain froid, drainage lymphatique, kiné).
L’après-midi, après un déjeuner de sucres lents, les stagiaires jouent les touristes (safari, visite d’une école, d’un village, rencontre chez l’habitant ou avec un champion,
parapente…). En fin d’après-midi, selon le niveau de chacun, ils suivent une deuxième session de running ou une séance de renforcement musculaire, souvent menée
par Bob Tahri. Puis pétanque ou ping-pong avant/après le dîner (viande blanche ou poisson accompagné de légumes), une tisane, un film ou un match à la télé et au lit !
« C’est un programme assez monacal, mais c’est la vraie vie d’un coureur pro. Il y a zéro alcool. Et une fois par semaine, on a quartier libre au menu, et un barbecue. »
77
Partir_Road trip
SORTEZ
DES SENTIERS
BATTUS !
Le Dakar, y'en a marre. Nous, on veut enfourcher
nos bécanes et jouer au Che en Argentine,
foncer sur une île irlandaise, saluer les koalas australiens…
Cinq voyages à faire à moto avant de mourir.
Par Charles Audier
Illustrations Antony Huchette
1-À TRAVERS L’AMÉRIQUE DU SUD
EN ROYAL ENFIELD
Si vous avez toujours rêvé de revivre le périple du
Che à travers le film Carnets de Voyage, l’Argentine
se révèle à vous comme une terre promise.
Réservées aux aventuriers motards, les terres
au nord du pays dans la région de Salta regorgent
de décors de cinéma à parcourir à dos de Royal
Enfield Classic. Cette moto de légende possède
un monocylindre de 500 cc pour 28 chevaux, avec
le chuintement originel de cette bécane anglaise
passée sous étendard indien il y a plusieurs décennies
déjà. Mais pour plus de confort, la boîte
de vitesses et l’injection ont été repensées en
2006 pour gagner en fiabilité. Elle devient donc
l’acolyte idéal pour parcourir les terres arides ou
luxuriantes de l’Argentine, entre le toit des Andes
et les traces encore fraîches du Dakar qui s'y déroule
depuis 2009. Mais attention, louer une moto
sur place est un casse-tête. Et ces territoires
immenses deviennent hostiles sans un bon guide.
GQ vous conseille de passer par Mono 500, une
petite agence créée par un couple de passionnés
initiés à l’aventure en Inde, sur les parcours sinueux
du plateau du Ladakh.
APRÈS DES MOIS à arpenter l’Argentine sur
une Honda Africa Twin à bout de souffle, ils ont
scrupuleusement confectionné des itinéraires en
Argentine (et en Équateur depuis 2017). Avec un
objectif très clair pour Gauthier Deschamps, le
motard aux commandes : « Étudier le terrain,
vivre l’itinérance, être sur la route et partager
le monde au fur et à mesure que nous le découvrons…
Voilà ce qui nous fait vibrer ! » Les
convois de 4 à 8 motos vous donneront l’occasion
de vivre comme les gauchos antiques et de découvrir
la sève du pays en vous écartant régulièrement
de la route, avec une cavalerie motorisée
en guise de monture.
FILER SUR CES PISTES provoque alors un sentiment
unique d’être un pionnier de l’aventure
et devient un moyen de découvrir un nouveau
monde. La diversité des paysages vous mènera
tour à tour sur les différents plateaux de l’Altiplano,
pour y croiser des troupeaux de guanacos
et de vigognes et rejoindre les Salinas Grandes
(désert de sel). Pour enchaîner sur les hauts plateaux
de la frontière chilienne. Avant d’enquiller
sur la route carrossable de l’Abra del Acay, la
plus haute d’Amérique à plus de 4 900 mètres
d’altitude. Vous succomberez à la vue imprenable
sur le sommet Nevado de Cachi. S’imposera
alors une pause bien méritée dans une hacienda
typique afin de faire l’expérience de l’asado
(barbecue traditionnel). Mais très vite, l’itinéraire
vous conduira vers Cachi, un village andin
incontournable, perdu au milieu des montagnes
qu’il faudra rejoindre par une piste rocailleuse
bourrée de passages de gués exigeants. L’envie
d’avaler de la poussière sur la route désertique
parsemée d’oasis exemptes de modernité vers
les contreforts de la cordillère des Andes vous
conduira dans les confins reculés du pays et les
gorges de Las Flechas, perdues au milieu d’un
décor lunaire. Pas étonnant que la production
du récent Star Wars 7 y soit allée pour tourner
des passages du film. Et comme une ultime surprise
avant de retrouver la civilisation, l’équipe
de Mono 500 vous fera découvrir une partie des
1 200 hectares de vignobles autour de Cafayate.
Une occasion rêvée de vous abreuver à outrance
des cépages locaux, une excellente excuse pour
ne pas reprendre la route. Et de rester sur place
une nuit de plus. Vous verrez, tous les moyens
seront bons pour repousser un peu plus votre
retour au pays.
Pour revivre le périple du Che comme
dans le film Carnets de Voyage…
PRESSE
LIFE 78
Été 2017
79
Partir_Road trip
4-CAPE TOWN ET LE BUSH AFRICAIN
EN BMW R 1 200 GS
Une moto taillée pour traverser la savane sans
sourciller, les yeux presque fermés. Mais ça serait
rater le spectacle féerique offert par la route
entre Cape Town et Johannesburg. Un mélange
de chemin au bord des océans, entre l’Atlantique
et l’Indien. Avant de rejoindre les terres arides
sud-africaines.
PRESSE
Rejouer Out of Africa en version motarde,
entre savane et océans.
2-GREAT OCEAN ROAD EN AUSTRALIE
EN HONDA GOLDWING
Lassé d’avaler des kilomètres en ligne droite sur
la route 66 ? Direction la Great Ocean Road au sud
de l’Australie. Un tracé sinueux de 243 km dans
le détroit de Bass à flanc de falaises, le long de
l’océan Indien. Ce monument national regroupe
des sites tels que Bells Beach, célèbre étape de
surf, les Douze Apôtres, formations calcaires
entre le grand large et la montagne, ou le parc
national de Great Otway et ses koalas sauvages.
3-EL ROLLO À SAN SEBASTIAN
EN INDIAN SCOUT FTR 750
Une course aussi simple qu’exigeante. Le pilote
se bat contre une demi-douzaine de participants
sur un anneau poussiéreux de 400 mètres. Les
pilotes portent un casque de moto-cross et une
paire de lunettes pour lutter contre les éléments,
une dorsale, une paire de gants et une semelle de
fer sur la botte gauche afin de prendre appui dans
les virages. Dernier détail, la moto ne possède
pas de freins et le tracé s’effectue tout en glisse.
Pour croiser des koalas et avoir le vertige
depuis les falaises face et à l'océan Indien.
Pour lutter contre les éléments, mordre la
poussière, entouré de vallons espagnols.
LIFE 80
Été 2017
PRESSE
5-LE TOURIST TROPHY SUR L’ÎLE DE MAN
EN YAMAHA MT-10
Chaque année, les plus mordus monde : le Tourist Trophy. Le TT,
de moto se rassemblent sur pour les intimes, ouvert à tous,
cette île minuscule à l’ouest du est la course ultime, à réaliser
Royaume-Uni afin de participer à toute berzingue sur une route
à la course la plus exigeante au nationale sans la moindre sécurité.
Un parcours de 60 km
et aux 264 virages. Les meilleurs
réalisent le tracé à une
vitesse moyenne ahurissante
de 210 km/h. Chaud ?
Pour les amateurs de sensations fortes, une
course à 210 km/h sans filet de sécurité,
au beau milieu de la mer irlandaise.
81
Partir_Voyage
SRI
LANKA,
L’ÎLE
AUX
TRÉSORS
Quelques années
après la fin de
la guerre civile, le
Sri Lanka, perle du
sous-continent indien,
est devenue une
destination tentante.
Civilisation millénaire,
gastronomie riche
et plages de rêve, il ne
reste qu’à définir la
durée de son séjour…
Par Andrew Salomon
Photographies Felix Odell
Traduction Étienne Menu
La guerre transforme parfois
des voisins en ennemis. De paisibles
communautés peuvent,
en un clin d’œil, devenir les protagonistes
de luttes sanguinaires
– la Syrie, le Rwanda,
le Kosovo. La reconstruction
post-conflit, en revanche, est
souvent longue et fastidieuse.
Au terme de vingt-cinq années
de carnage – qui ont fait plus de
100 000 morts –, le Sri Lanka a
su s’en tirer autrement. La paix
qui y règne depuis peu a réussi
à unir des ethnies autrefois violemment
opposées. Cette harmonie
discrète mais solide, le
visiteur étranger la perçoit aussitôt
arrivé sur l’île : elle colorera
tout son séjour.
Les barrages routiers ont disparu et avec eux les
innombrables portraits de Mahinda Rajapakse, le
président cinghalais et bouddhiste qui, en 2009, a
brutalement écrasé les non moins brutaux Tigres
tamouls hindouistes qui menaient une guérilla
pour obtenir la construction d’un État indépendant.
Plus de traces non plus des camionnettes
blanches qui, après la victoire du gouvernement,
embarquaient régulièrement les opposants présumés
à la dictature népotiste. À la place s’est installée
une forme inédite d’unité et d’ouverture. On
la devine à ces grands panneaux portant le slogan
« Une équipe, une nation » (on parle de cricket,
sans surprise), que l’on voit un peu partout au
bord des routes, ou encore à ces assiettes d’un
restaurant d’hôtel, ornés de mots à la fois cinghalais
et tamouls. Ce basculement historique est le
résultat de l’élection présidentielle de 2015, remportée
par le président Maithripala Sirisena, un
progressiste qui a entrepris des réformes visant
à combattre la corruption et à apaiser les
tensions intercommunautaires. En moins de
deux ans, il a restauré la démocratie dans le pays
et la confiance de son peuple en lui-même. « Le
Sri Lanka est l’un des rares endroits du monde
où s’améliorent les libertés, et notamment la liberté
d’expression, nous a ainsi déclaré l’ambassadeur
américain Atul Keshap. Les gens avaient
peur pendant la guerre et ont continué à avoir
peur durant les années autoritaires qui ont suivi.
Aujourd’hui, la peur les a quittés. »
DESTINATION TROIS-EN-UN
Cette « résilience » reflète plus largement
l’histoire d’un peuple marquée par la violence
et la perte. Ceylan, comme elle s’appelait
alors, a d’abord été envahie par les
Portugais en 1505. Puis les Néerlandais
leur ont succédé en 1658 avant qu’en 1796, ces
derniers ne cèdent eux-mêmes la place aux Britanniques.
Leur départ, en 1948, fit naître
ANTONY HUCHETTE
LIFE 82
Été 2017
83
une polarité entre Tamouls et Cinghalais,
deux ethnies jadis puissantes, qui dégénérera
en guerre ouverte quatre décennies plus tard.
En 2004, le tsunami tua 30 000 Sri-Lankais. Aujourd’hui,
le littoral a pourtant été largement reconstruit
et des investisseurs étrangers, notamment
chinois et indiens, y mettent en place
de solides infrastructures. En s’attaquant aux
problèmes intérieurs les plus urgents – la lutte
contre le racisme interethnique en vue de bâtir
une identité nationale unique –, le président Sirisena
a donné à son pays la possibilité de regarder
désormais devant lui. Et il y a quelque chose
de grisant à sentir cette liberté toute neuve sur
l’île, à tel point que l’on se dit parfois que l’on aurait
fait le voyage, même si l’endroit n’offrait pas
de telles merveilles naturelles et historiques.
Le Sri Lanka est une destination trois-en-un : en
deux semaines, on peut y visiter des monuments
d’une beauté comparable à celle de Kyoto, y faire
un safari du niveau du Serengeti (parc national
situé en Tanzanie, ndlr) et y trouver des plages
dignes de la côte amalfitaine. Le tourisme n’y est
pas encore massif : on croise peu d’Européens ou
d’Américains, et plutôt des Sri-Lankais ainsi que
quelques Indiens et Chinois. Il faut en tout cas
cinq bonnes heures pour faire les 100 kilomètres
qui séparent Colombo, la bouillonnante capitale
de bord de mer, et ce qu’on appelle le Triangle
culturel, qui, à l’intérieur des terres, se tient entre
les cités anciennes de Kandy, Anuradhapura et Polonnâruwâ.
On y devine une civilisation qui, à une
époque, était sans aucun doute l’une des plus sophistiquées
du monde – cinq sites sont classés au
Patrimoine mondial de l’Unesco.
BAWA, PÈRE DU « MODERNISME TROPICAL »
À
70 kilomètres de là, la forteresse de Sigiriya
est posée sur un rocher en forme de
soufflé, d’environ 200 mètres de haut :
on dirait une version asiatique du Machu
Picchu. Il faut grimper 1 200 marches
pour gravir son sommet – un peu épuisant par
forte chaleur – mais le parcours et la vue en
valent la peine : on longe des fresques peintes
ornées de beautés sorties d’un harem, un mur
de pierres tellement poli qu’on l’appelle « le miroir
», une grande porte dont on dit qu’elle était
jadis la gueule d’un lion, avant de parvenir à un
plateau surmonté de vastes bassins et de palais
en ruines, qui domine tout le centre de l’île. Et le
centre de ce centre, c’est Kandy. La ville s’étale
autour d’un lac et fourmille de bazars, de cafés
et de passages tortueux. On y admire presque à
chaque instant ce Sri Lanka nouveau. On y visite
forcément le temple de la Dent, où est préservée
une molaire de Bouddha et dont les fresques
murales ont été restaurées après un bombardement
des Tigres tamouls en 1998. Mais l’île ne
se résume pas à ses monuments. Non loin de Sigiriya
et de Dambulla, on trouve ainsi le célèbre
Kandalama Hôtel, bâti par Geoffrey Bawa en 1947.
Parmi les réalisations de l’architecte sri-lankais Geoffrey Bawa, le père du modernisme tropical,
on peut visiter sa résidence privée Number 11 à Colombo (ci-dessus) À droite, la plage de Galle
Fort, à la pointe sud du pays, est idéale pour une partie de cricket. La gastronomie sri-lankaise
(au restaurant Hela Bojun, près de Kandy), est réputée plus douce que sa cousine indienne.
Et les hautes cascades Ravana Ella Falls offrent un lieu de bains naturel aux habitants.
De ce grand édifice horizontal aux lignes nettes
émane un sentiment d’ouverture et de bienveillance
: il est un parfait exemple du modernisme
sri-lankais dont Bawa a été l’un des pionniers.
Homosexuel issu d’un milieu privilégié, l’architecte
avait été formé en Grande-Bretagne avant
de revenir pratiquer dans son pays natal. Il incitera
ses confrères et compatriotes à honorer
l’âme de leur île plutôt que de reproduire les modèles
européens. Bawa est aujourd’hui connu de
ses concitoyens pour avoir été le père du « modernisme
tropical », un style mêlant une certaine
austérité à la densité des jungles. Combinant
à parts égales le spartiate et l’extravagant,
ses créations constituent comme une métaphore
de l’ensemble de la culture locale : Lunuganga, sa
maison de vacances près de Bentota ; Number 11,
sa résidence principale à Colombo, que l’on peut
visiter sur rendez-vous ; sa Last House au bord de
l’océan, à Tangalle, reconvertie en boutique-hôtel,
et enfin, ni plus ni moins que le Parlement srilankais
de la capitale.
84
Partir_Voyage
En deux semaines, on peut visiter des monuments
d’une beauté comparable à celle de Kyoto,
faire un safari du niveau du Serengeti et trouver
des plages dignes de la côte amalfitaine.
2017 Été
85
LIFE
Partir_Voyage
Les montagnes couvertes de plantations de
thé peuvent-elles être considérées comme des
monuments ? Presque, tant le paysage et les chemins
qui le parcourent paraissent régulés par
un ordre architectural sacré. Surtout, la guerre
a miraculeusement épargné les lieux, comme
s’ils bénéficiaient d’une divine immunité. Les
femmes qui récoltent les feuilles – les hommes,
réputés plus maladroits, sont absents – s’enorgueillissent
de l’uniformité et de la régularité
des rangées de buissons dont elles ont chacune
la charge. Et la visite d’un atelier de fabrication
enchante par le raffinement de ses ouvriers et
de leurs instruments anciens. La vénérable estate
house coloniale de Thotalagala propose un
service à l’ancienne, une cuisine exceptionnelle
et une vue imprenable sur les plantations. Dans
cette ville, où il n’y a rien de spécial à faire, on se
prend à vouloir rester six mois pour écrire ses
mémoires, se promener sans but et explorer l’ensemble
du spectre gastronomique sri-lankais.
Oubliez tout de suite les aberrations occidentalisantes
que servent certains établissements pour
déguster les plats locaux. Certains décrivent leur
goût comme une version adoucie de la nourriture
indienne. Les currys ne sont jamais trop lourds
et se présentent surtout par groupes de dix ou
douze à chaque repas : le jeu consiste à les découvrir
les uns après les autres, en agrémentant
chaque bouchée d’un peu de riz blanc ou rouge.
rasiens descendants des colons). Une femme tamoule
raconte qu’en 2009, alors qu’elle assistait à
un défilé de mode au Taj de Colombo, ville cinghalaise,
les Tigres tamouls avaient bombardé le quartier.
Au moment où elle évacuait les lieux, elle ne
put s’empêcher d’être fière d’entendre la voix de
son peuple ainsi s’exprimer. À table, les autres s’offusquent,
mais le ton de la conversation reste ami-
Les cités du Triangle culturel
témoignent d’une civilisation qui était
l’une des plus sophistiquées du monde.
cal et indulgent, malgré les profondes différences
d’opinions. « Si la guerre est finie, nous ne sommes
pas encore en paix, résume un des convives. Mais
après des années de douleur et de pessimisme,
nous avons enfin l’espoir. C’est à notre tour d’être
libres. Et cette liberté inclut celle de vous accueillir
chez nous comme il se doit. Le simple fait de pouvoir
le faire nous réjouit du fond du cœur. »
« LA GUERRE EST FINIE »
Pour un territoire si peu étendu et si considérablement
peuplé, le Sri Lanka accueille un
nombre étonnant d’animaux sauvages. Il y a
bien sûr les éléphants du parc national de Minneriya
qui offrent un spectacle unique au lever
du soleil, avec leur peau ridée et leur trompe
gracieuse et maladroite. Mais on croise aussi la
plus forte concentration de léopards du monde
dans un autre parc national, celui de Yala – lequel
donne aussi à voir un chacal à dos doré, des mangoustes,
des singes et des paons à n’en plus finir,
des troupeaux de biches mouchetées, des crocodiles
aux airs étrangement dociles, un boa des
sables… sans compter tous les oiseaux de la jungle.
Quand on rejoint les côtes, le calme des plages désertes
bordées de palmiers contrebalance l’agitation
des eaux, notamment dans le Sud, vers Tangalle,
Weligama ou Bentota. Lorsque la mer est plus
paisible, les pêcheurs sur pilotis prennent la pose
pour les touristes. Un peu plus loin, la ville coloniale
et chic de Galle est prisée des artistes et des
riches familles de Colombo, qui viennent y souffler
le week-end. Dans ses rues étroites, on passe d’une
boutique d’antiquités douteuses à une fabrique familiale
de tissus. Les épais remparts construits par
les Néerlandais, puis par les Portugais, ont permis
à la ville de se protéger du tsunami de 2004. Un soir,
nous dînons à l’hôtel Amangalla, installé dans une
forteresse du XVII e siècle, en compagnie d’invités
cinghalais, chrétiens, tamouls et burghers (eu-
LIFE 86
Été 2017
87
Entre les pêcheurs sur pilotis
qui profitent du calme de la mer
et le Temple d’or de Dambulla
(ci-dessus), haut lieu de
pèlerinage, il y a vingt-deux
siècles d’histoire.
Les fameuses plantations de thé,
miraculeusement épargnées
par la guerre, sculptent
les paysages tandis que les
nombreux animaux sauvages
que compte le pays, dont
les singes, omniprésents,
observent incrédules le temps
qui passe.
Partir_Récit
RAID
DINGUE
DE
L’AFRIQUE
Traverser le continent africain
avec une flotte de vieux biplans ?
C’est le défi relevé par les
pilotes survoltés du Vintage
Air Rally. Comme au bon vieux
temps de Saint-Ex’.
Par Clara Le Fort
Illustrations Tom Haugomat
Terre en vue, terre en vue ! » lâche Mark
Oostingh, pilote chevronné du biplan Tiger
Moth de 1931, les doigts crispés sur son
transmetteur. Quelques heures plus tôt,
le Sud-Africain décollait de l’aéroport de
Sitia, en Crète, en compagnie de huit autres biplans.
L’objectif de cette folle aventure ? Rallier
le Cap en cinq semaines en survolant les régions
les plus préservées, et parfois aussi les
plus inhospitalières, du continent africain (Sud
de l’Égypte, Soudan, Éthiopie). « Je n’avais quasiment
plus de carburant », se souvient Oostingh.
Cristallisant toutes les angoisses, le premier
vol – entre la Crète et Marsa Matrouh en
Égypte – est un vrai défi à relever. Droit devant,
un minimum incompressible de 250 milles nautiques
d’océan ; une distance correspon-
LIFE 88
Été 2017
89
Partir_Récit
dant, peu ou prou, à la capacité maximale de
leurs réservoirs. « Se crasher en Méditerranée
n’est pas une option », pensaient tous les pilotes
à voix basse, espérant échapper aux gros titres.
« Cette première étape requiert une certaine
expérience car la consommation de fuel dépend
du poids de l’avion, des vents contraires, de la
précision du réglage du moteur », explique Béatrice
de Smet, cofondatrice de Vintage Air Rally
avec son mari Sam Rutherford.
Vintage Air Rally est une histoire sortie des livres
d’aventuriers, des récits de Saint-Exupéry et de
ses vols inauguraux. L’envie, aussi, de revivre un
autre âge d’or : dans les années 1920, pilotes
français et italiens faisaient la course le long du
Nil, jusqu’aux frontières du Soudan. Les cartes
conservées par l’Aéroclub d’Égypte, fondé
en 1910, en attestent. Aujourd’hui, sous le joug
d’une dictature militaire, la réalité égyptienne est
autre… et l’obtention des permis adéquats pour
faire voler des coucous anciens à basse altitude,
un authentique casse-tête administratif ! « De
nos jours, la notion de risque est constamment
filtrée. Certains préfèrent gérer l’inconnu, être
confronté à des situations ou environnements
incontrôlables. Le Vintage Air Rally est fait pour
eux ! » explique Sam Rutherford, chef d’orchestre
de cette aventure.
SAINS ET SAUFS !
Pendant des semaines, des équipes se relayèrent,
jour et nuit, au sol, pour ouvrir
la voie du ciel à cette étrange famille de biplans
bicolores : trois Tiger Moth, trois
Travel Air 4000, un Waco et un Stampe de
l’aviation belge. Un pari remporté dès les premières
quarante-huit heures où les chaînes
de télé du monde entier ont titré : « Breaking
News ! Un biplan se pose sur le site des pyramides
d’Égypte, un exploit inédit depuis quatrevingts
ans ! » Sam Rutherford, lui, ne pouvait
s’empêcher de penser qu’il n’avait reçu le permis
(d’atterrir) qu’à 9 heures le matin même.
Les caméras, elles, retiendront la silhouette
aluminium du Stampe SV4 et celles, élégantes,
de leurs deux jeunes pilotes, Cédric Collette et
Alexandra Maingard, en combinaison gris plomb,
bonnet et lunettes d’aviateur en cuir. « Impossible
de filmer, précise Rutherford, ce fut tellement
intense. Nos yeux étaient rivés sur la
piste, si étroite. Le gigantisme des pyramides,
à quelques mètres, nous aspirait. Ce fut un vol
inoubliable ! Dès le deuxième jour, rien ne semblait
pouvoir dérouter le Vintage Air Rally 2016.
Cette première édition fut un vrai succès ! » Aujourd’hui
encore, Sam Rutherford a du mal à s’en
remettre : « L’odyssée de trente-cinq jours a
emmené dix-huit équipes, avec dix-sept nationalités
différentes, à travers dix pays. Soixante
Les biplans approchaient de la frontière éthiopienne
quand les autorités envoyèrent l’ordre formel de faire
demi-tour. Que faire ? Les pilotes n’avaient plus assez
de fuel pour rebrousser chemin. Seule solution :
passer en force en invoquant le droit international.
mille kilomètres et quarante-deux atterrissages
plus tard, les premiers se posaient au Cap avec
vingt-cinq minutes d’avance. En termes de visibilité,
nous avons atteint une audience de plus
d’un million de personnes à travers 160 pays. Ce
n’était pas des vacances mais un véritable rallye
avec treize incidents et quatre avions disqualifiés
pour des raisons techniques. Surtout, tout
le monde en est sorti sain et sauf ! » En écoutant
l’organisateur en chef, on en déduit rapidement
qu’il n’est pas novice en la matière : son diplôme
de l’Académie militaire royale de Sandhurst
en poche, le jeune Sam fonde Prepare2go, une
agence spécialisée dans la logistique en zones
hostiles. Pays en guerre, zones rebelles, rien ne
semble pouvoir le prendre de cours. Mais même
préparé, il sentait bien que de nombreux obstacles
viendraient entraver le rallye…
LES VERTIGINEUSES CHUTES VICTORIA
Les ennuis commencèrent à la frontière
avec l’Éthiopie. Un jour avant d’entrer dans
l’espace aérien, le directeur de la CAA
( Civil Aviation Authority) promettait que
les permis de vol seraient faxés le lende-
main matin. Au tour du directeur de l’aéroport
de Gambela, Éthiopie, d’ajouter : « Nous avons
réceptionné votre fuel ; nous sommes impatients
de vous accueillir ! » Pourtant, alors que
les premiers biplans approchaient la frontière,
les autorités envoyèrent l’ordre formel de faire
demi-tour. « Head Back, Head Back ! » Que
faire ? Les pilotes n’avaient plus assez de fuel
pour rebrousser chemin. La seule solution était
de passer en force en invoquant le droit international.
Il stipule en effet « que les autorités,
quel que soit le pays, doivent obligatoirement
venir en aide à un pilote qui déclare un Mayday
(un incident technique ou un problème de carburant,
ndlr) ».
La raison pour laquelle l’autorisation d’atterrir
ne fut jamais délivrée reste opaque. Les avions
se posèrent un à un. « Nous fûmes accueillis
par des soldats ; ils nous confisquèrent immédiatement
tous nos moyens de communication
», se souvient Béatrice de Smet. Pendant
cinquante-six heures, tous les équipages furent
retenus. Sam Rutherford contacta toutes les ambassades
concernées, soit dix-sept pays, pour
leur signifier une détention illégale. La situation
prit soudain une ampleur hémorragique que les
90
Partir_Récit
autorités locales ne purent contenir – John Kerry,
ancien secrétaire d’État américain et ami d’un
des pilotes serait intervenu. Les pilotes furent
libérés sur-le-champ.
UN JOUR PLUS TARD, l’équipe des Bush Cat
effectuait le premier atterrissage dans l’histoire
du parc national de Nairobi. « Cela ne s’est pas
fait sans quelques frayeurs préalables, se souvient
Béatrice de Smet. Quand nous sommes
arrivés pour inspecter les lieux, ils étaient
toujours en train de creuser la piste d’atterrissage.
» D’autres moments inoubliables suivirent,
comme un atterrissage sur le bord du cratère du
Ngorongoro en Tanzanie, salué par les Massaïs ou
un survol des chutes Victoria. Bordé de falaises
hautes de 600 mètres, le cratère du Ngorongoro
est la plus grande caldeira intacte et non submergée
au monde, soit 326 km 2 . « Se poser sur l’un
de ses bords était comme faire corps avec un
temps géologique », s’enthousiasme un pilote. Un
survol et atterrissage vertigineux, de surcroît.
Quant aux chutes Victoria, elles comptent tout
simplement comme les plus spectaculaires au
monde : marquant la frontière entre la Zambie et
le Zimbabwe, le fleuve Zambèze se jette dans une
cataracte de 100 mètres de haut et 1 700 mètres
de large. « Longtemps, on les cherche, elles
semblent invisibles. On distingue enfin un rideau
d’embruns qui s’en échappe, puis les découvre au
dernier moment. Là, la terre semble aspirer l’immense
fleuve africain », raconte l’un des autres
aviateurs, conquis par le survol des chutes.
Également au programme, la découverte des
pyramides de Méroé au Soudan restera l’un des
temps forts de cette traversée continentale, tout
comme des processions de voitures de collection,
garées sur le tarmac, en Égypte, en Zambie,
au Zimbabwe et en Afrique du Sud. « Aucun des
pilotes ne se doutait que le monde les regardait »,
se souvient Béatrice de Smet, elle-même surprise
de découvrir un attroupement de 5 000 personnes
sur la finish line. Au terme de ce périple, le Spirit
of the Rally Award fut remporté par la Team Alaska
à bord de son Travel Air 4000 tandis que Pedro
Langton, Team Canada, remporta cette première
édition à bord de son Travel Air 4000 (1928). Une
chose est certaine : quand, le 3 mars 2018, la prochaine
édition du rallye décollera d’Ushuaia pour
rallier la Floride, bien d’autres pilotes chevronnés
s’élanceront dans les airs à bord de leur biplan,
des flots d’adrénaline pleins les veines.
WWW.VINTAGEAIRRALLY.COM
2017 Été 91
LIFE
ABONNEZ-VOUS À GQ
LES 3 PREMIERS NUMÉROS À 1 €
PUIS 3 € LE NUMÉRO
€
LE NUMÉRO
SANS
ENGAGEMENT
FRANÇOIS CHAPERON / DESSIN : SATOSHI HASHIMOTO
RENDEZ-VOUS SUR LA PAGE ABONNEMENT DE GQ : ABONNEMENT.CONDENAST.FR/GQ
VOUS POUVEZ AUSSI VOUS ABONNER PAR TÉLÉPHONE AU 01 55 56 71 44
Offre sans engagement et résiliable par simple courrier, réservée à la France métropolitaine et valable jusqu’au 31/12/2017.
Livraison du 1 er numéro de GQ : 1 mois à réception de la commande. Conformément à la Loi Informatique et Libertés
du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression de vos coordonnées auprès de notre service
abonnements : 4, rue de Mouchy - 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 55 56 71 44. RC Paris B 562 077 206 00091.
ANTONY HUCHETTE
GOÛTER
CROQUANT, GOURMAND (ET JAMAIS CHIANT)
94_Vélo-trip au Pays basque, entre bons petits plats et faux-plats montants
102_Cocktails d’été, on se calme et on boit frais
108_Chefs de campagne : quatre cuisiniers de renom revisitent le pique-nique
2017 Été 93
LIFE
Goûter_Vélo trip
COUPS DE FRINGALE
AU PAYS BASQUE
Rien de tel que la petite reine pour ouvrir l’appétit !
Notre journaliste est donc parti à l’assaut des restaurants du Sud-Ouest… à vélo.
515 kilomètres en six étapes, 26 200 calories brûlées et les meilleurs plats
(et faux-plats) testés de sa vie. Récit d’un « gastro-trip » qui forge les mollets.
Par Andrew Knowlton_Traduction Étienne Menu_Photographies Grant Harder
LIFE 94
Été 2017
La presqu’île Gaztelugatxe
sur la côte de Biscaye et son
ermitage datant du X e siècle.
Urkiola. On dirait le nom d’une méchante belle-mère dans un
film de Disney, ou d’une planète désolée où Dark Vador aurait
formé Obi-Wan Kenobi au maniement du sabre-laser. C’est un
nom qui laisse entendre des intentions cruelles, hostiles. Et
effectivement, l’Urkiola a bien failli me tuer. Chaîne montagneuse
située à l’ouest du Pays basque espagnol, à trois quarts
d’heure de Bilbao, l’Urkiola culmine à 1 330 petits mètres, au sommet
du mont Anboto. Ce joli massif calcaire peut presque donner
des envies de pique-nique quand, confortablement installé dans
sa voiture, on l’aperçoit au loin. Mais depuis la selle d’un vélo, au
terme d’une semaine passée à pédaler, il apparaît tout autre : terrifiant.
Et dire que je m’étais sciemment engagé dans cette torture
– pardon : dans cette aventure.
Mon projet masochiste est né de la réflexion suivante : quand le
journaliste culinaire que je suis part en voyage gastronomique et
qu’il passe trois jours, ou plus, à manger au restaurant à chaque
repas, il finit très vite par être « gavé » et par ne plus avoir faim
du tout. Ce qui entrave un peu la qualité de son jugement critique.
Alors, pour résoudre ce problème, pourquoi, me suis-je dit, ne pas
associer un gastro-trip à un cyclo-trip, et dépenser des milliers de
calories en pédalant avant et après chaque repas afin d’arriver à
table disposé à dévorer tout ce qu’on me servirait ?
Le Pays basque s’est imposé à moi comme un choix évident : c’est
une région dont la fierté et l’esprit d’indépendance se ressentent
immanquablement dans l’assiette. La cuisine locale est réputée
exceptionnelle. La seule ville de San Sebastián peut se vanter
d’avoir été récompensée par le Michelin de 14 étoiles (pour
Étape 3 :
déjeuner
au Elkano,
« l’un des plus
grands
restaurants
de poisson
au monde ».
Son turbot
grillé est une
référence
pour les
spécialistes.
95
Goûter_Vélo trip
200 000 habitants) et offre par ailleurs une ribambelle de
pintxos, ces bars à tapas toujours bondés. Le reste des environs
n’en est pas moins bien achalandé, tant sur la côte que dans les
terres. Mais une semaine plus tard, tandis que je gravissais à bout
de souffle les flancs de l’Urkiola, je ne me posais plus qu’une seule
question : serais-je vivant pour mon dernier souper ?
« Tandis que je gravissais l’Urkiola,
une seule question me venait : serais-je vivant
pour mon dernier souper ? »
Étape 6 : notre
infatigable
guide Juan
Carlos Nájera,
en pause
photo lors
de la montée
de l’Urkiola.
Ci-dessous,
le village
d’Ondarroa
à Biscaye.
ÉTAPE 1
145 KM // 4H40 // 5 000 CALORIES BRÛLÉES
Je ne roule pas depuis quinze minutes que je prends déjà
conscience d’une chose : ce « gastro-cyclotrip » ne sera en aucun
cas une petite promenade de santé sur fond de paysages enchanteurs.
Mon groupe a quitté San Sebastián pour se diriger vers
le Jaizkibel, une montagne qui a déjà terrassé des cyclistes professionnels.
Personnellement, je ne suis pas du tout cycliste professionnel
: même si je dois être plus en forme que la moyenne et que
je peux rallier par beau temps ma maison de Brooklyn à mon bureau
de Times Square, je reste un amateur et rien de plus.
À mi-course, je sens que mon haleine a des relents d’alcool et je regrette
d’avoir abusé des digestifs la veille, au terme d’un menu dégustation
de haut vol au Mugaritz, premier établissement à jalonner
mon parcours. Alors que la montée dure depuis une heure et
que la douleur s’installe à peu près partout dans mon corps, j’aperçois
une table au bord de la route. Nous sommes arrivés au sommet
et Cesar Estevez, qui conduit la voiture de mon « équipe »,
a préparé un petit casse-croûte à base d’amandes et de figues
fraîches, arrosé de Coca-Cola, une boisson recommandée par les
pros pour ses vertus réparatrices et que je n’ai jamais trouvée
aussi savoureuse qu’aujourd’hui.
Après une descente à 60 km/h, j’arrive encore tout tremblant et
néanmoins affamé dans la bonne ville d’Hondarribia (Fontarrabie
en français), pour déjeuner à l’Alameda, un établissement familial
et étoilé. Je me change avec mes camarades sur un parking de supermarché
et bientôt, me voici en train de me bâfrer de tranches de
bellota, de risotto à la pieuvre et de fromages locaux dégustés sur
du pain fait maison. Mais je ne vois qu’une seule bouteille de vin sur
la table – un blanc pétillant très facile à boire, typique de la région,
le txakoli – alors que nous sommes six à table. Je m’apprête donc à
en commander une autre lorsque je remarque que notre guide, Juan
Carlos Nájera, un ancien vététiste pro, aujourd’hui chargé des événements
de la marque de vélos basques Orbea, ne boit que de l’eau
minérale. Je réalise qu’il nous faut encore retourner à San Sebastián
et décide donc de demander la même chose que lui.
À la fin de la journée de course, j’aurais certainement
été me coucher sans dîner ni même me doucher
si nous n’avions pas été attendus à l’Arzak,
un lieu triplement étoilé au Michelin. Juan Mari
Arzak et sa fille Elena sont considérés comme des
demi-dieux dans la région : le père a notamment
contribué dans les années 1970 à faire émerger
le mouvement de la nouvelle cuisine basque, dont
l’avènement du légendaire El Bulli. Avec Elena, ils
poursuivent leur quête d’innovations tout en restant
fidèles aux ingrédients et aux saveurs de
leurs terres. Alors que je déguste une lotte parfaitement
cuite entourée d’une fine pellicule de
riz vert – le Monkfish Green Witch –, le chef septuagénaire
vient s’enquérir de notre cyclo-trip. Il
aperçoit une quille d’Arzak Gran Reserva 1968 et
nous demande combien de jours il nous reste à
pédaler. Quand il entend ma réponse, il s’éloigne
en secouant la tête, consterné. Je crois qu’il est
temps que nous allions nous coucher.
LIFE 96
Été 2017
CHRISTINA HOLMES (2)
Étape 2 : une part de tortilla
espagnole en bord de plage,
au Café de la Concha, avant
de prendre la direction
du sud-ouest, vers Tolosa.
97
ÉTAPE 2
75 KM // 3H30 // 4 400 CALORIES BRÛLÉES
Je ne sais plus très bien comment je réussis à remonter sur mon
vélo. J’ai dû penser à mes futurs repas, j’imagine. Mon ami et camarade
de course Alex Thoman me donne de la crème pour apaiser
les irritations et autres courbatures – un moment qui deviendra,
comme le Coca, un petit rituel quotidien. Nous avalons un morceau
de tortilla en bord de plage, au Café de la Concha, avant de prendre
la direction du sud-ouest, vers Tolosa, en traversant le parc naturel
de Pagoeta. Kevin Patricio, un autre de mes équipiers, vit à San Sebastián
avec sa femme – celle-ci y est née. Il me parle de la Casa
Julián et de ses steaks, réputés pour faire partie des meilleurs du
monde. Nous nous changeons sur un parking au vu et au su d’une
bande d’adolescentes avant de pénétrer dans ce qui ressemble à la
remise mal rangée d’un restaurant. Puis, nous voici attablés dans
une autre pièce, spartiate et caverneuse : six tables plus que patinées,
un antique poêle à charbon qui trône dans un coin, des bouteilles
aussi vieilles que l’Amérique alignées contre les murs brunis
par la fumée, et voilà, c’est tout. Et je me rappelle que c’est aussi
pour découvrir ces lieux uniques que je fais ce métier.
Nous commandons le menu à six plats, vin compris : des sucrines
simplement salées et agrémentées d’huile d’olive, des poivrons piquillos
marinés, des grosses asperges blanches, des tranches de
lomo pimenté, une bouteille de vin (pas plus) et le plat de résistance
: deux chuletón de buey, des steaks à l’os épais de sept ou
huit centimètres recouverts de gros sel puis grillés à la perfection
par le fils du patron, qui les découpe ensuite en tranches avant de
replacer les os sur le grill pour les caraméliser. Je passe dix minutes
à ronger ces derniers, puis m’enfonce dans ma chaise. C’est
le meilleur steak que j’aie mangé de ma vie. Je ne sais pas comment
j’ai fait pour revenir à San Sebastián sans tomber de ma monture.
ÉTAPE 3
75 KM // 3H30 // 4 300 CALORIES BRÛLÉES
Les courses se feraient-elles plus faciles, ou c’est moi qui m’endurcis
? Dédicace au vélo Orbea Orca que l’on m’a fourni et dont
j’ai été choqué d’apprendre qu’il coûtait plus de 9 000 euros. Pas
très surprenant, donc, que je m’en sorte si bien : mon destrier est
équipé de tous les gadgets dernier cri, y compris d’une boîte de vitesses
électrique. Mais il faut quand même pédaler. Et quand après
une course intense j’arrive à Getaria, une ville côtière, c’est comme
si je n’avais pas mangé depuis des jours. Nous devons déjeuner au
Elkano, un établissement décrit comme l’un des plus grands restaurants
de poisson du monde. Son turbot grillé est même cité parmi
les plats les plus exceptionnels par les spécialistes.
98
Goûter_Vélo trip
Une fois attablés, nous pénétrons un univers culinaire parallèle, où
une cuisson experte succède à une autre. Pieuvre aux oignons caramélisés
et sa sauce à l’encre (celle de la pieuvre, forcément), homard
grillé et ses œufs orange vif, kokotxas (une spécialité basque
que le menu décrit comme « de délicates languettes de chair qui
pendent de la gorge du merlu », autrement dit le double menton du
poisson) servis de trois façons et donc, ce turbot, qui nous arrive
déconstruit en une vingtaine de parties, chacune d’entre elles décrite
par le chef Pedro Arregui avec la même intensité que les déclamations
d’Hamlet dont nous gâtait mon prof de littérature anglaise
à la fac. On nous recommande de manger avec les doigts
et nous nous exécutons ; bientôt nous sommes en train de lécher
les toutes petites arêtes du poisson, enrobées de gélatine naturelle.
Je commence à me demander si tous ces efforts ne déforment
pas trop ma perception gustative. Est-il dieu possible que
je puisse savourer deux des meilleurs repas de ma vie en à peine
vingt-quatre heures ? La remontée vers San Sebastián ne parvient
pas à tempérer mon ardeur, même sous une pluie torrentielle. Je
suis prêt à reprendre la route le lendemain et à aller voir ce que le
Pays basque a encore à m’offrir.
« J’observe les moutons et vaches un par un,
je hume l’air imprégné de réglisse, de lavande…
Je ne suis pas défoncé, je suis juste zen. »
ÉTAPE 4
100 KM // 4H45 // 5 500 CALORIES
BRÛLÉES
À vélo, on remarque des choses que l’on ne
voit pas en conduisant une voiture. On se sent
plus connecté à ce qui nous entoure. On se
retrouve à la merci des intempéries et des
routes en mauvais état ; on prend conscience
que l’on peut tomber dans un ravin à n’importe
quel moment et ne plus jamais revoir
les gens qu’on aime. Cette vulnérabilité rend
plus sensible à l’environnement. Nous pédalons
vers l’ouest en direction
de Mundaka : c’est le plus
long trajet de notre voyage.
Voici trois jours que nous roulons,
nous avons déjà parcouru
200 kilomètres et je comprends
peu à peu ce qui fait
l’attrait de ce genre d’effort
intensif : j’observe les moutons
et vaches un par un, je
marque des haltes devant les
coteaux de vigne, j’inventorie
mentalement les petits jardins
qui s’étendent à l’arrière de
chaque maison basque, je hume
l’air imprégné de réglisse,
de lavande et de sel alors que
nous approchons de la côte.
Je ne suis même pas défoncé,
je suis juste parfaitement zen.
C’est ce que ça fait, de rouler à
vélo toute la journée. Après des kilomètres passés à changer frénétiquement
de vitesse entre les villes de Zumaia et de Lekeitio,
nous faisons une petite halte pour pique-niquer au bord de la route,
sur une corniche surplombant un verger. Cesar nous a préparé
quelques fantastiques tartines de bonito del norte (du thon blanc à
l'huile d'olive) à l’huile d’olive, de jamon iberico et de poivrons guindillas
vinaigrés. Le tout, arrosé de Coca, bien sûr, se termine par
une part de gâteau basque.
ÉTAPE 5
70 KM // 3H30 // 4 500 CALORIES BRÛLÉES
On m’a raconté bien des merveilles au sujet de l’Etxebarri. La
moitié d’entre elles pourrait n’être que baliverne que ce restaurant
resterait tout de même le meilleur moment de mon voyage.
Mais j’ai encore une fois bien des kilomètres à parcourir
Étape 5 : Victor Arguinzoniz (ci-contre), le chef de l’Etxebarri, a créé son propre grill et
recherche les effets subtils que celui-ci peut produire sur les aliments. Ci-dessus, un
spectateur régulier, la vache, et une assiette de pouces-pieds en récompense. Page de
gauche : soupe de haricots agrémentée de chorizo et de boudin au Santuario Urkiola.
2017 Été 99
LIFE
Goûter_Vélo trip
« Nous approchons de l’Urkiola,
alertés par des panneaux anxiogènes :
“Attention : pentes raides.”
Et soudain, mon pneu crève. »
Le plaisir de pédaler
et de se régaler,
entre terre et mer :
« Tu sais pourquoi on
fait ça ?, lance Juan
Carlos à Andrew
Knowlton. Pour
pouvoir manger et
boire tant qu’on veut
après ! ». Ci-dessous,
le chef du Ganbara,
Amaiur Martinez
Ortuzar.
avant d’atteindre le lieu du déjeuner. Après être passés devant
un ermitage du X e siècle dédié à Saint Jean-Baptiste, nous
tournons vers l’intérieur des terres pour rejoindre le petit bourg
d’Axpe, connu pour être un haut lieu de pèlerinage des dévots
du chef Victor Arguinzoniz et de son grill conçu sur mesure. Cet
homme est obsédé par le fumage et par les effets subtils qu’il
peut produire sur les aliments, qu’il s’agisse de beurre, de fromage,
de caviar ou d’huîtres. Son influence sur le métier est aujourd’hui
mondiale. Notre repas dure quatre heures et provoque
des chocs à chaque fois que nous goûtons un plat. Des tomates
fumées accompagnées de thon blanc, des anchois fraîchement
salés sur du pain grillé, d’énormes pédoncules, des gambas écarlates
et une pièce de bœuf de Galice qui tient la comparaison avec
celle dévorée à la Casa Juliàn. Le déjeuner dans son ensemble
frappe par son profond respect du produit, une formule certes
galvaudée mais qui incarne néanmoins ici mieux que nulle autre
l’essence de la cuisine basque. Je me sens alors tellement grisé
par mon expérience que j’en oublie que demain sera le dernier
jour de notre périple. Et que nous devons gravir le mont Anboto,
le plus haut sommet du massif d’Urkiola le terrible.
ÉTAPE 6
50 KM // 2H20 // 2 500 CALORIES
Nous voici dès l’aube remontés sur nos selles et presque aussi vite
en train d’arpenter le bitume. L’Anboto, déjà ? Non, c’est un bébé
colline en comparaison, si j’en crois Juan Carlos. Puis nous approchons
de l’Urkiola, alertés par des panneaux anxiogènes : « Attention
: pentes raides ». Soudain mon pneu crève, mais Cesar le
change en un clin d’œil avant de me dire que je suis bon pour continuer
ma route – facile à dire pour lui qui roule en voiture. « Le
voici », nous indique-t-il un peu plus tard en souriant. Un autre
panneau prévient les conducteurs que l’inclinaison de la côte oscille
entre 12 et 15 %. La route se fait de plus en plus à pic, jusqu’à
ce que j’aie l’impression de grimper un mur. Je baisse mon braquet,
mais rien n’y fait. Mes jambes flageolent. Je me contente
d’appuyer sur une pédale puis sur l’autre. Je songe à zigzaguer
comme je le faisais en BMX quand j’étais petit, mais il y a trop de
bagnoles sur la chaussée, c’est trop dangereux. Je ne peux que
subir le mur sans broncher.
« Tu sais pourquoi on fait ça ?, me lance alors Juan Carlos. Pour
pouvoir manger et boire tant qu’on veut après ! » Mon camarade a
ralenti et m’aide à monter, en me parlant ou en m’encourageant. Je
garde la tête baissée, je ne peux pas abandonner,
pas après avoir fait tout ce chemin. Et au moment
même où je sens que je vais chuter, nous prenons
un virage et j’aperçois alors le sanctuaire
de Saint Antoine. Le sommet. Je vis un moment
d’une intensité telle qu’elle en est presque religieuse.
Je l’ai fait. Maintenant, allons festoyer
à l’Hotel Santuario Urkiola. Juan Carlos commande
du txakoli et, selon la coutume basque, le
verse de très haut pour qu’il mousse bien dans
nos verres. Je commande vite une autre tournée,
puis une troisième. Nous finissons le repas
en ayant achevé six quilles et mangé une soupe
de haricots agrémentée de chorizo et de boudin.
Nous traînons sur place pendant des heures,
car nous n’avons rien d’autre à faire, ni d’autre
endroit où aller. Nous arpentons la place carrée
du bourg, heureux et enfin pompettes. Notre
Tour du Pays basque se termine enfin et l’Urkiola
ne provoque plus en moi la moindre peur
– juste de l’appétit.
LIFE 100
Été 2017
Le menu dégustation bien arrosé
au Mugaritz, un restaurant
deux étoiles, aura raison
de mes guibolles le lendemain.
CARNET D'ADRESSES
Mugaritz. Aldura Gunea Aldea, 20,
20100 Errenteria, Gipuzkoa. mugaritz.com
Alameda. Minasoroeta Kalea, 1, 20280
Hondarribia. restaurantealameda.net/fr
L’Arzac. Alcalde Elósegui, 273, 20015
Donostia, San Sebastián. arzak.es
Café de la Concha. paseo de la
Concha, s/n 20003 San Sebastián.
cafedelaconcha.com/home.htm
Casa Julián. Calle de Sta Klara,
6,20400 Tolosa. casajuliandetolosa.com
Elkano. Herrerieta Kalea, 2, 20808
Getaria. restauranteelkano.com
Etxebarri. San Juan Plaza, 1, 48291
Atxondo, Bizkaia. asadoretxebarri.com
Santuario Urkiola. Urkiola 9 Abadiño,
Bizkaia. hotelsantuariourkiola.com.
101
Goûter_Cocktails
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION.
LIFE
102 Été 2017
RESTEZ
FRAIS !
L’été appelle le cocktail :
VERRE MERCI, SAC LA TRÉSORERIE
il fait chaud et il fait soif
au bord de la piscine.
Voici cinq grands classiques
à tester et faire tester.
Par Marie Aline
Photographies Paul Rousteau
Stylisme Marie Labarre
L’HIBISCUS
Le bissap est une boisson très
répandue en Afrique de l’Ouest,
et aussi très sucrée. En voici
une version allégée, encore
plus rafraîchissante.
INGRÉDIENTS POUR 2 LITRES
3 cuillères à soupe de fleurs
d’hibiscus séchées.
1 cuillère à soupe de fleurs
d’oranger séchées.
2 citrons verts.
60 g de gingembre frais.
4 branches de menthe fraîche.
Sucre (optionnel).
Faire bouillir un litre d’eau dans
une casserole. Y jeter les fleurs
d’hibiscus et d’oranger et laisser
infuser à feu doux pendant
10 minutes. Filtrer dans une
carafe. Ajouter le deuxième
litre d’eau, les citrons verts
coupés en petits morceaux,
le gingembre épluché et grossièrement
débité, et du sucre
à votre convenance. Briser
les tiges de menthe avant de
les mettre dans l’infusion.
Réserver au frigo pendant au
moins cinq heures. Au moment
de servir, filtrer à nouveau le
breuvage. Ajouter des glaçons.
C’est parti, sirotez !
103
Goûter_Cocktails
LA CITRONNADE
Attention, ce n’est pas un jus de citron pressé
allongé à l’eau. La vraie citronnade passe d’abord
sur le feu !
INGRÉDIENTS POUR 2 L
2 citrons jaunes bien mûrs.
1 orange.
2 litres d’eau.
Sirop de sureau.
Faire bouillir l’eau. Pendant ce temps, découper
les citrons en tranches assez fines, en ayant
pris soin d’enlever les extrémités de l’agrume.
Presser l’orange, réserver le jus. L’eau est bouillante.
La verser dans une grande carafe (ou un
saladier) dans laquelle auront été déposées les
tranches de citron. Laisser infuser une quinzaine
de minutes. Ajouter le sirop de sureau à votre
convenance et le jus de l’orange pressée. Quand
l’eau est assez froide pour y tremper l’index, récupérer
les rondelles de citron et les presser
dans la citronnade. Réserver au frigo au moins
cinq heures avant consommation. Servir avec
beaucoup de glaçons.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION.
L’EAU À LA MENTHE
Simplissime et élégante, cette recette habille de
chic n’importe quelle table.
INGRÉDIENTS POUR 2 LITRES
2 litres d’eau.
Quelques branches de menthe fraîche.
Dans une belle carafe, verser l’eau. Briser deux à
six branches de menthe fraîche, selon votre goût.
Les glisser dans la carafe. Réserver au moins une
heure au frais. Pour le style, retirer les branches
cassées de la carafe et les remplacer par une
belle branche fraîche.
LIFE
104
Été 2017
CARAFE ET VERRE LA TRÉSORERIE, PRESSE-AGRUME MERCI, NAPPE LINUM
105
Goûter_Cocktails
LE MINT JULEP
Le bourbon comme le whisky est souvent associé
aux longues soirées d’hiver. Dans ce classique,
il se boit aisément en maillot de bain.
INGRÉDIENTS
6 cl de bourbon Woodford Reserve.
0,5 cl d’angostura.
1 cuillère à café de sucre roux.
Quelques feuilles de menthe.
Glace pilée.
Traditionnellement, ce cocktail se sert dans une
timbale en argent. Si vous n’en avez pas, ou que
les traditions vous ennuient, utiliser un verre
old fashioned ou carrément la partie en métal
du Boston shaker. Dedans, piler la menthe et le
sucre. Mélanger le tout avec l’angostura. Remplir
le verre de glace pilée et verser le bourbon dessus.
Mélanger et servir avec ou sans paille.
LA MARGARITA
Équilibre parfait entre le sucré, le salé et l’amer,
on pourrait dire que la margarita est l’umami
des cocktails. Elle est surtout la reine des étés
réussis.
INGRÉDIENTS
5 cl de tequila Don Julio Blanco.
3 cl de triple sec (Cointreau, Grand Marnier…).
2 cl de jus de citron vert.
Sel rose d’Himalaya.
Avant tout, commencer par givrer les verres
(des coupes de champagne ou des verres dits
« à margarita »). Pour cela, il suffit d'humecter
les pourtours du récipient à cocktail en passant
une tranche de citron vert tout autour, puis de le
renverser dans une coupelle pleine de sel. Tourner
le verre juste assez pour que son pourtour
soit uniformément recouvert de sel. Mettre les
verres au freezer durant cinq minutes. Verser la
tequila, le triple sec et le jus de citron dans un
shaker rempli de glaçons. Shaker huit secondes,
puis filtrer et servir dans le verre tout juste sorti
du froid. Déguster. S’il y a une deuxième tournée,
sauter l’étape givrage.
TIMBALE CHRISTOFLE, ASSIETTE ET SUCRIER LA TRÉSORERIE, PLAID LINUM
LIFE
106
Été 2017
Et pour
les anti-cocktails ?
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, CONSOMMEZ AVEC MODÉRATION.
Non, les margaritas et autres caïpis,
ce n’est pas vraiment votre truc.
GQ vous propose quelques alternatives
originales et savoureuses.
LE CHAMPAGNE
MOËT ICE IMPERIAL
Puisque vous êtes au bord de
la piscine, autant en boire une.
Pas à la tasse, mais bel et bien
dans un verre à bourgogne
ample et profond. Surtout,
n’oubliez pas les glaçons. Ce
champagne a été spécialement
conçu très sucré pour supporter
la dilution de la glace en cas
de hausse des températures.
Autour de 48 €.
Illustrations François Chaperon
SI VOUS ÊTES PLUTÔT VIN...
LE ROSÉ
LE 281, CHÂTEAU MINUTY
Référence des références dans
sa palette de couleur, le Château
Minuty a développé une
gamme hors du commun : le 281.
Il est à la fois intense et léger.
Une complexité incarnée par
les notes de pêche blanche et
d’iode qui se marient étonnamment
bien.
Autour de 55 €.
LE VIN BLANC
PIERRE PRÉCIEUSE,
ALEXANDRE BAIN
Un sauvignon blanc incisif et
frais, sans être agressif. Ce vin
de Loire est tout ce qu’il faut
pour débuter une soirée haute
en chaleur.
Autour de 20 €.
SI VOUS ÊTES PLUTÔT SODA...
LE TONIC
que les habitants de la botte
Incontournable des meilleurs adorent, que ce soit en cocktail
ou simplement accompagné
bars à cocktails, la Tonic Water
de l’élégante marque Fever d’un rayon de soleil.
Tree est surtout un désaltérant Lurisia, Nostro Chinotto, 3,20 €,
parfait pour qui voudrait rester 27,5 cl.
sage. Elle assure la compétition
avec les tonics faits maison car LA GINGER BEER
la quinine (ingrédient de base Oui, il existe le Canada Dry. Mais
de ce soda) utilisée dans la recette
est l’une des plus pures une ginger beer au plus proche
les gourmets opteront pour
du monde dixit Charles Ross et de l’artisanale, l’une de celles
Tim Warrillow, concepteurs de qui picotent tellement que l’on
la marque.
plisse les yeux avant même d’en
Tonic Water Fever Tree, 1,80 € la avoir bu une gorgée. La Belvoir
bouteille de 20 cl.
est parfaite. Fabriquée avec du
gingembre frais, bio, cuit puis
LE CHINOTTO
mélangé à des citrons également
« propres », et un peu
Largement méconnu en France,
ce soda italien est fabriqué à d’eau pétillante de source. On ne
base d’un agrume originaire peut pas faire plus homemade
de Chine, d’où son nom de en bouteille à décapsuler.
« Petit Chinois ». Il rentre dans Ginger Beer Belvoir, autour de
la grande famille des amers 3 € la bouteille de 25 cl.
107
Chefs
de
campagne
Quatre cuisiniers
hors pair dévoilent
leur recette
pour des déjeuners
sur l’herbe chic
(et sans chips).
Par Lisa Vignoli
Photographies Marion Berrin
D
ès le début l’été, les premières invitations
tombaient. Le mot composé clignotait
alors en objet d’un e-mail ou en tête d’un
enfantin bristol : pique-nique. Sa seule
évocation suffisait à donner l’envie de retirer
ses chaussures, là, tout de suite. Combien
de souvenirs d’enfance, de pluies imprévues, de
madeleines oubliées et de tire-bouchons restés
dans le tiroir de la cuisine dans cette simple
expression ? Eux ont l’habitude de recevoir dans
des fauteuils moelleux, loin de toute improvisation,
de servir des assiettes ultra-dressées sur
des tables nappées de blanc. Quatre chefs ont
accepté de jouer le jeu de la nappe à carreaux et
du panier en osier et de nous dévoiler leur version
du pique-nique haut de gamme.
LES BENTOS SOUS LES CERISIERS
DE MAORI MUROTA
Maori Murota voulait devenir styliste dans une
famille où l’on portait une grande attention à
la table. Partie du Japon à 17 ans, elle a fait ses
classes dans la mode à New York, puis en Indonésie,
avant de s’installer à Paris en 2003. En cuisine,
elle a commencé à proposer chaque jour à
l’heure du déjeuner des bentos au Verre Volé sur
Mer (X e arr. de Paris) avant de s’installer à son
compte. Aujourd’hui, elle donne des cours de cuisine,
imagine des caterings sur mesure pour des
dîners et des événements privés, illustre des
livres de cuisine. Elle se voit plus comme une cuisinière
japonaise que comme une « cheffe ».
« AU JAPON, ON PRATIQUE le pique-nique comme en
France, mais en un peu plus sérieux. J’ai le souvenir,
quand j’étais enfant, que dès que le printemps
commençait, ma mère se réveillait à cinq heures
du matin pour tout préparer. C’était un investissement
de temps important. J’ai grandi entre
Tokyo et Yokohama. À Tokyo, pour pique- niquer,
on trouvait un parc, à Yokohama, nous nous installions
au pied d’une petite montagne. Pendant
la saison des cerisiers – “hanami”, qui dure deux
semaines et signifie “regarder les fleurs, admirer
les cerisiers” – on pique- niquait même ça le
108
Goûter_Pique-nique
C’est le temps
des cerises
aux Buttes-
Chaumont !
CRÉDITS PHOTOS.
2017 Été
109 LIFE
Goûter_Pique-nique
« CHEZ MOI, ON EN FAISAIT tous les week-ends.
J’ai perdu mon père très tôt, à l’âge de 7 ans,
mais le souvenir de nos pique-niques reste tenace.
J’ai grandi à Valence. Le dimanche, on prenait
la route en direction du Vercors pour déjeusoir,
après le travail. L’organisation nécessitait
une vraie direction artistique : on installait
des petites lumières, de beaux tapis… Surtout,
on se battait pour trouver une place sous un cerisier.
Dans mon souvenir, nous étions nombreux,
entre 10 et 20 personnes à chaque fois. Chacun
apportait un bento à partager. Jamais d’assiettes
jetables mais de grandes boîtes rectangulaires
en bois laqué achetées dans des brocantes, de
la vaisselle en porcelaine, et des verres pour le
saké et la bière. Bien sûr, le pique-nique étant un
sport national et les Japonais très organisés, il y
a en cette saison, à l’entrée des parcs, de petits
stands qui vendent de la nourriture. Et c’est aussi
l’occasion de dire “regardez comme ma femme
cuisine bien !” Ma mère préparait des chirashis
garnis de toutes sortes de choses. Elle poussait
le raffinement jusqu’à en composer des tableaux
vus de dessus. Mon mari – qui est français – ne
comprend pas pourquoi je mets tant de temps à
préparer un pique-nique. Lui aurait tendance à
me dire : “Viens, on prend des paquets de chips et
on file au parc des Buttes-Chaumont”. À Paris, les
cerisiers sont rares, d’ailleurs je fais partie d’un
groupe d’expatriés qui partagent les adresses
pour en trouver. Je sais, grâce à nos échanges,
qu’il y en a au parc Monceau ou dans le petit jardin
de l’hôpital Saint-Louis. »
UN CHIRASHIZUSHI EN BENTO
Mélanger du vinaigre de riz,
du sucre et du sel dans un bol.
Faire cuire le riz japonais avec
une tranche de kombu séché
(algue). Une fois le riz cuit et
encore très chaud, y incorporer le
mix vinaigré et laisser refroidir.
Couper une racine de lotus en
fines lamelles et des carottes en
julienne. Réhydrater des shiitakés
séchés (champignons) et les
couper en fines tranches. Faire
une omelette comme une crêpe,
puis la couper finement pour
lui donner un aspect de « fibres ».
Chauffer de l’huile de sésame
dans une poêle. Y faire sauter
les légumes (les garder croquants)
en ajoutant de la sauce de soja,
du vinaigre de riz, du sucre,
du mirin (saké très doux) et laisser
mijoter pendant quelques minutes.
Mélanger le riz et les légumes.
Cuire de l’anguille fumée à la
flamme. Disposer des œufs
de saumon, l’anguille, l’omelette,
des feuilles de shiso tranchées
finement et de l’aneth sur le riz.
LA SALADE DE RIZ EN MAKI
DE JEAN-FRANÇOIS PIÈGE
Élodie et Jean-François Piège se sont en quelque
sorte « rencontrés » autour d’un pique-nique.
C’était en 2007. À l’époque, elle est directrice de
la communication de l’hôtel de Crillon, lui, chef
dans ce même palace parisien. Le challenge :
rendre champêtre, le temps d’un été, un patio
dépourvu de verdure. Pour cela, Jean-François
Piège a imaginé une carte de pique-nique (une
de ses fiertés au Crillon). Et Élodie a contribué à
la faire connaître. C’était leur première collaboration
professionnelle. Depuis, ils ont ensemble
écumé de nombreux parcs autour de déjeuners
sur l’herbe plus intimes.
LIFE 110
Été 2017
LA SALADE DE RIZ EN MAKI
Pour 4 personnes.
1 cuillerée à soupe de mayonnaise,
½ cuillerée à soupe de moutarde
de Dijon, 2 œufs durs, 1 cuillerée
à café de vinaigre de vin rouge,
200 g de riz basmati cuit,
1 tomate, ½ oignon blanc,
1 poivron cuit au four, 8 olives
noires dénoyautées, 6 feuilles de
basilic, sel fin et poivre du moulin.
À l’aide d’une cuillère, mélanger
la mayonnaise avec la moutarde,
les jaunes d’œufs durs hachés
et le vinaigre de vin.
Peler la tomate après l’avoir
plongée 30 secondes dans de
l’eau bouillante, et immédiatement
dans de l’eau très froide.
Hacher finement l’oignon blanc.
Hacher grossièrement le poivron
et la tomate, ainsi que les olives.
Incorporer au mélange de
mayonnaise le riz, puis les autres
ingrédients. Ajouter les feuilles
de basilic concassées avec des
ciseaux. Bien mélanger et vérifier
l’assaisonnement en sel et poivre.
Réaliser plusieurs rouleaux
de salade de riz à l’aide d’un film
alimentaire. Laisser prendre
au frais pendant quelques heures.
Couper tous les 2 centimètres
et enlever le film alimentaire.
Servir les makis tels quels
ou agrémentés de basilic, de
demi-olives ou de tomates cerises.
ner au vert, à l’ombre d’un arbre, pas toujours
dans le même coin. Le plus souvent, nous nous
posions au-dessus de Sainte-Eulalie-en-Royans,
près d’un cours d’eau. Je revois la glacière – qui
est toujours dans le garage de ma maman – la
table pliée et les chaises, et cet immense sentiment
de liberté qui nous envahissait. Nous
n’étions pas seuls pour pique-niquer, il y avait
des amis aussi. Et c’était participatif : chacun
emmenait quelque chose de chez lui. Peut-être
y avait-il, dans nos paquets à nous, cette salade
de riz qui est aujourd’hui l’un de mes plats préférés
? Ça peut être très bon une salade de riz !
Pour ça, il faut tout miser sur les produits : de
bonnes tomates, de bons poivrons, de la ventrèche
de thon excellente, un joli riz parfaitement
cuit… Pour moi, qu’il s’agisse de pique-nique ou
de gastronomie, il faut toujours penser aux clés
de la cuisine qui sont au nombre de trois : le choix
des ingrédients, l’assaisonnement et la cuisson.
À Paris, on ne pique-nique pas. Une fois, il y a
quelques années, on a tenté le coup au pied
de la tour Eiffel, mais ce n’était pas franchement
agréable. Pour moi, c’est un peu compliqué
de m’asseoir au milieu du monde pour manger.
Quand je vais au restaurant, je suis assez
scruté par les gens qui se demandent : “Que commande-t-il
? Est-ce qu’il a l’air d’aimer ?” Du coup,
chez nous, le pique-nique est associé aux États-
Unis, où l’on passe la plupart de nos vacances. On
pose souvent notre panier, par exemple, à Central
Park à New York, au niveau du Metropolitan
Museum. Ça nous amuse d’être allongés là, à ne
rien faire, et de sentir la ville bouger autour de
nous : les promeneurs de chiens, les nounous,
les employés en baskets… À Los Angeles aussi,
on a découvert de nombreux parcs grâce au pique-nique,
et j’ai même trouvé des produits que
111
je ne connaissais pas. À Santa Monica, il y a un
marché incroyable – le Farmers Market – où j’ai
notamment découvert le concombre citron. J’en
ai fait un carpaccio mariné. Et j’ai trouvé l’un des
meilleurs pastramis que j’aie jamais goûtés.
Il faut beaucoup penser le pique-nique. Là-bas, il
faut trouver le parc, faire les courses, préparer.
On se casse la tête : on achète des nappes, des
saladiers qu’on laisse ensuite dans les chambres
d’hôtel. Une fois que tout ça est fait, il faut savoir
en profiter. On joue au Frisbee. C’est un moment
de vie, un plaisir un peu spirituel qui va au-delà
du seul acte de manger. Nous avons aujourd’hui
un fils qui a un an et demi et n’a jamais mangé
comme ça, de manière très libre. J’aimerais lui
transmette le goût de cela. Lui montrer qu’il n’y a
pas que le restaurant. »
LES SANDWICHS BALLS
DE GUILLAUME SANCHEZ
Au bout de la rue André-del-Sarte, en contrebas
du Sacré-Cœur à Paris, où Guillaume Sanchez a
ouvert son restaurant Nomos il y a deux ans, se
trouve le square Louise-Michel. À peine quelques
marches à grimper et quelques bancs à investir.
Quand GQ lui a envoyé une proposition pour qu’il
confie sa version du pique-nique, il a pourtant
relu deux fois le message pour être certain de la
question qu’on lui posait, lui, le chef exigeant au
menu imposé, à la carte d’équilibriste, le tatoué
qui n’a jamais déjeuné sur l’herbe.
Goûter_Pique-nique
« J’AI GRANDI DU CÔTÉ de Bordeaux, au milieu
des vignes, et pourtant je n’ai jamais pique-niqué
de ma vie. Je ne suis pas spécialement contre,
mais généralement, quand je suis dans la nature,
je n’ai pas envie de manger, j’ai envie de cueillir,
de ramasser des choses. Quand j’y pense,
je vois ça comme une façon de faire un peu ce
qu’on veut, de partager, à la coule, loin des restaurants.
Pour ce pique-nique, je me suis demandé
comment mettre Nomos en boîte, comment
transposer ma cuisine de façon à pouvoir la
transporter. Ça a été un vrai challenge ! J’ai eu le
même problème d’imagination quand Deliveroo
– le service de livraison à domicile – s’est rapproché
de moi pour proposer un sandwich à livrer.
J’ai mis six mois à trouver la solution. Cette
fois, j’ai décidé de revisiter deux sandwichs
très classiques. Un jambon-beurre et un saumon-aneth
façon smørrebrød à la nordique. J’ai
choisi de bons produits, dont un merveilleux jambon
de la ferme de Clavisy, près de Noyers-sur-
Serein, dans l’Yonne. J’ai mixé ce qui fait l’inté-
LIFE 112
Été 2017
ieur du sandwich classique (le jambon-beurre et
le saumon-aneth), et avec ça, j’ai formé des petites
balles que j’ai entourées de pâte à ravioles
(jouant le rôle du pain en quelque sorte). Ensuite,
j’ai plongé le tout dans l’huile d’une friteuse pendant
à peine deux minutes. Le résultat créé une
bouchée croustillante à l’extérieur et une surprise
moelleuse à l’intérieur. On peut manger ces
“boules” froides, chaudes ou tièdes, les transporter
facilement où que l’on aille, au bout de la
rue, ou au bout du monde. »
ANTONY HUCHETTE
Des
sandwichs
en une seule
bouchée.
LES SANDWICHS BALLS
Pour la pâte de ravioles noire :
20 g d’encre de seiche, 500 g de
farine de riz, 10 g d’huile d’olive,
340 g de jaunes d’œuf, 5 g de sel.
Mélanger le tout et laisser
reposer 24 heures au froid avant
d’étaler finement la pâte.
Pour la farce : 350 g de porc confit
pendant 36 heures, 25 g de
moutarde, 50 g de sang de porc,
100 g d’oignon, 10 g d’ail, 20 g de
persil plat, 100 g de laitue de mer.
Effilocher le cochon confit
36 heures, puis y ajouter la
moutarde, le sang de porc, les
oignons, l’ail, le persil et la laitue
de mer, le tout haché finement.
Assaisonner le mélange, puis
former des boules. Les poser au
centre de la pâte à ravioles, puis
refermer en enlevant tout l’air a
l’intérieur. Faire frire les ravioles
dans de l’huile de tournesol,
les saler avant de les recouvrir
de poudre de bois d’acacia.
113
Goûter_Pique-nique
LIFE 114
Été 2017
LA SALADE
QUATRE TOMATES
DE STÉPHANIE LE QUELLEC
La chef étoilée du restaurant gastronomique de
l’hôtel du Prince de Galles, La Scène, à Paris,
aime l’été. Mais plutôt que de pique-nique, elle
préfère parler de « cuisine d’extérieur ». L’idée
de partir avec quelques produits et de cuisiner
sur place étant encore la chose la plus excitante.
« CE QUI ME PLAÎT dans cette façon de cuisiner,
c’est qu’il n’y a pas de règles. On sort du cadre de
l’hôtel étoilé, un peu comme si c’était l’heure de
la récré. On peut tout manger dans le désordre.
Acheter deux trois trucs sur le bord de la route et
improviser selon où l’on est, en fonction du terroir
où l’on se trouve et selon son humeur. Je préfère
avoir un bon pique-nique que de ne pas savoir
où je vais m’arrêter déjeuner.
Au début du mois de juin, j’ai emmené mon équipe
à Carrières-sur-Seine, une petite commune des
Yvelines où se trouve l’un de mes producteurs
de légumes. Là-bas, nous avons cueilli des mini-concombres,
pris quelques poireaux nouveaux
et quelques fruits. J’avais emmené dans le
coffre un Big Green Egg – un petit barbecue portable
en forme d’œuf vert – qui permet de faire
cuire à l’étouffée au feu de bois. On s’est alors
amusés à griller les petits poireaux, à disposer
quelques fruits rouges dessus et à accompagner
ça d’une vinaigrette que j’ai faite sur place. Le
reste s’est plus ou moins improvisé avec des tartines
de burrata et de coriandre, accompagnées
d’une harissa maison. Il faut être malin dans le pique-nique,
apporter des éléments un peu rares
qui vont faire que le casse-croûte va prendre un
tournant chic, surprenant et inattendu. C’est un
exercice assez drôle pour un chef car on sort de
notre zone de confort. La seule règle à suivre
est celle de garder l’exigence du bon produit
et du produit de saison. Je fais mes cornichons
chaque hiver, j’en emporte toujours un pot avec
moi. Il y a aussi toujours une petite terrine maison
qui vient se glisser dans le panier. Après, je
m’adapte au cadre. Dans le Sud de la France,
nous partons souvent en promenade en bateau,
je fais alors de bons pans bagnats. J’ai besoin
d’un minimum de confort pour pouvoir savou-
rer l’instant. Je ne peux pas boire un verre de
rosé dans un verre en plastique par exemple. Ou
encore m’installer sur une table au milieu de la
foule. Je n’ai jamais compris ce qui poussait les
gens à s’arrêter sur une aire d’autoroute ou au
bord de la route pour pique-niquer. L’intérêt du
pique-nique est, selon moi, de savourer une cuisine
sauvage dans des endroits inaccessibles, et
non d’être contraint par le lieu où l’on se trouve.
Avant de vivre ici (à Paris, ndlr), c’est quelque
chose que j’ai beaucoup fait avec mes enfants.
Nous habitions dans le Var, dans la commune de
Fayence. On avait deux options : soit aller à la
plage, soit en forêt durant l’automne. C’est toujours
une aventure : on ne sait pas où l’on va aller,
et surtout pas à quelle heure on va revenir !
Cette année, je compte bien insuffler un peu de
cette idée au restaurant. Dans le patio du Prince
de Galles, je vais mettre en place un esprit barbecue.
Ainsi, le soir, on pourra dîner de grillades
au milieu des palmiers, histoire d’oublier qu’on
est à Paris. »
115
LA SALADE QUATRE TOMATES
Pour 4 personnes.
1 tomate jaune, 1 tomate noire
de Crimée, 1 tomate verte zébrée,
1 tomate cœur de bœuf, 20 g
de gingembre frais, 1 gousse d’ail,
20 g de sucre muscovado, 1 citron
vert, 4 framboises, 50 g de
fromage Philadelphia, persil,
menthe, coriandre et basilic.
Monder et couper les tomates
en 4, râper l’ail, le gingembre
et saupoudrer de sucre. Saler,
poivrer. Faire confire le tout
au four à 200 °C pendant
10 minutes Dans l’eau bouillante,
faire cuire le persil, la menthe
et la coriandre. Mixer avec des
glaçons jusqu’à obtention d’une
purée bien lisse. Mélanger cette
purée d’herbe au Philadelphia,
saler, poivrer et ajouter le jus de
citron vert. Déposer les quartiers
de tomates au fond de l’assiette,
des rondelles de framboises
par-dessus, une quenelle de
Philadelphia, un zeste de citron
vert et une pousse de basilic.
HORS-SÉRIE SPÉCIAL ÉTÉ Nº2 LES PUBLICATIONS CONDÉ NAST S.A.
Inspirations
Inspirations
ARCHITECTURAL DIGEST HORS-SÉRIE SPÉCIAL ÉTÉ Nº2
L’ESPRIT
VACANCES
200 pages d’idées
et de shopping pour décorer
les maisons d’été
DOM : 16,95 € – ALL. : 16,95 € – A : 16,95 € – BEL. : 16,95 € – CAN. : C$ 22,00 – CH : 19,95 SF
ESP. : 16,95 € – FIN. : 18,95 € – GR. : 16,95 € –IT. : 16,95 € – LUX. : 16,95 € – PORT. : 16,95 €
COVER.indd 2 20/06/17 12:23
LE MEILLEUR
DE VOTRE ÉTÉ
En vente à partir du 1 er juillet
ANTONY HUCHETTE
LE GUIDE ULTIME
POUR BIEN VOYAGER, LIRE, DORMIR, MANGER...
Réalisé par Marine Delcambre
2017 Été 117
LIFE
DR HARRIS (LONDRES)
C’est la plus vieille pharmacie de Londres. Spécialisée
dans les produits de beauté traditionnels
pour homme (crème à raser, lotion après-rasage,
eaux de Cologne, soins pour le corps) et installée
depuis plus de deux cents ans dans le quartier de
St. James’s à Londres, DR Harris est aussi, et surtout,
le fournisseur officiel de Son Altesse Royale
le Prince de Galles, et de la première classe de la
British Airways.
TACOS
BREDDOS TACOS (LONDRES)
Dans une autre vie, Breddos Tacos était un
« taco truck » de fortune garé au milieu d’un
parking du quartier d’Hackney, à Londres. Aujourd’hui,
il est une jolie et petite taqueria du
centre de Clerkenwell où l’on sert une cuisine
(dont dix délicieux et originaux tacos) inspirée
par les voyages et les très nombreux restaurants
qu’ont visités les propriétaires en Amérique et
au Mexique.
82 GOSWELL RD, LONDRES EC1V 7DB, ROYAUME-UNI.
BREDDOSTACOS.COM
Les assiettes
du Breddos Tacos,
un voyage gustatif
depuis Londres
entre le Mexique
et les États-Unis.
ria de Joshua Pourgol et Oliver Mateen avec sa
façade taguée et colorée (la seule échoppe du
genre dans le coin). Pour passer commande, il
faudra se pencher à la minuscule fenêtre prévue
à cet effet – le menu y est affiché. Chez Tacos Tu
Madre, on sert de grands classiques (crispy fish,
grilled chicken, pastor) et des originaux (Vegan
Banh Mi, Korean BBQ…).
1945 1/2 WESTWOOD BLVD, CA 90025, LOS ANGELES.
TACOSTUMADRE.COM
52 PICCADILLY, LONDRES, W1J 0DX
DRHARRIS.CO.UK
OFFICINA PROFUMO FARMACEUTICA DI SANTA
MARIA NOVELLA (FLORENCE)
Officine d’apothicaire italienne devenue pharmacie-parfumerie,
l’Officina Profumo Farmaceutica
di Santa Maria Novella se situe dans le
complexe de la basilique Santa Maria Novella, la
première de Florence, sur la piazza éponyme. Elle
est réputée en Europe pour ses parfums et ses
soins corporels.
VIA DELLA SCALA, 16, 50123 FLORENCE, ITALIE.
SMNOVELLA.IT
ANTONY HUCHETTE / PRESSE
TACO MARÍA (COSTA MESA)
Son restaurant, le chef Carlos Salgado l’a voulu
à l’image de ses origines. María ? C’est le nom que
portent toutes les femmes de sa famille (génération
après génération). Sa cuisine ? L’Alta California
cuisine, littéralement cuisine de Haute-Californie,
un mélange de recettes mexicaines et
américaines. Et parce que sin maíz, no hay país
(sans maïs, pas de pays, un vieux dicton mexicain),
Salgado apporte un soin tout particulier à
la confection de ses tacos.
3313 HYLAND AVE, COSTA MESA, CA 92626, ÉTATS-UNIS.
TACOMARIA.COM
TACOS TU MADRE (LOS ANGELES)
S’il y avait un dieu du tacos, Tacos Tu Madre
en serait le disciple. Difficile une fois arrivé sur
Westwood Boulevard de manquer la petite taque-
GROOMING
L’OFFICINE UNIVERSELLE BULY (PARIS)
2014 a signé la résurrection de l’officine de Jean-
Vincent Bully, créée en 1787 et installée à Paris
en 1803. Dans sa version nouvelle génération, la
pharmacie de luxe, réinventée par le duo toucheà-tout
Ramdane Touhami et Victoire de Taillac
(ils sont mariés), propose des soins innovants
composés d’ingrédients naturels (ni parabens,
ni phénoxyéthanol, ni silicone). Mais aussi des
parfums à l’eau, sans glycérine et sans alcool, et
des accessoires venus du monde entier (peignes,
éponges, brosses, instruments de coupe, etc.).
6, RUE BONAPARTE, PARIS 6.
BULY1803.COM/FR
L’officine universelle Buly,
un havre des sens en plein Paris
pour marquises et vicomtes.
COMICS
COMICS RECORDS (PARIS)
Dans cette chaleureuse et singulière librairie
dédiée aux comics, près de la République, on
trouve des romans graphiques, des bandes dessinées,
des produits de petites maisons d’édition,
des vinyles d’occasion (rock et funk seulement)
et une quantité d’objets tout droit sortis de l’univers
des comics.
76, RUE CHARLOT, PARIS 3.
COMICSRECORDS.COM
118
Le guide ultime
TOILETTES
ALL STAR COMICS (MELBOURNE)
En 2014, l’échoppe spécialisée dans l’univers
de la BD américaine de super-héros a reçu, de
la part du Comic-Con de San Diego, le « Spirit of
Comics Retailer Award ». Un prix qui récompense
le travail de promotion de l’industrie, la valorisation
des auteurs et la relation clientèle. Depuis,
la boutique de Mitchell Davies et Troy Varker est
considérée comme l’une des meilleures librairies
de comics du monde.
LE STANDARD HOTEL (NEW YORK)
Au Top of The Standard, le bar de l’hôtel au
18 e étage, on s’installe confortablement les yeux
rivés sur la High Line et la One World Trade Center.
L’occasion, s’il en fallait une, de regarder
New York de haut. On en oublierait presque que
les vitres ne sont pas teintées et que d’en bas, les
passants voient tout, absolument tout.
THE STANDARD, HIGH LINE, 848 WASHINGTON ST,
NEW YORK, NY 10014, ÉTATS-UNIS. STANDARDHOTELS.
COM/NEW-YORK/FEATURES/TOP-OF-THE-STANDARD
Pour un tatouage
d’Horiyoshi
the Third,
j’enlève le bas.
ANTONY HUCHETTE / PRESSE
53 QUEEN ST, MELBOURNE VIC 3000, AUSTRALIE.
ALLSTARCOMICS.COM.AU
ST. MARK’S COMICS (NEW YORK)
Les fans de comics pourraient passer des jours
entiers à errer entre les rayons de ce petit magasin
d’East Village. Pas étonnant quand on sait que
depuis 1984, le propriétaire des lieux, Mitch Cutler,
amasse ici un nombre incalculable de titres
populaires, de romans graphiques, de mangas
(dont certains très érotiques), de figurines et
d’objets de collection rarissimes.
11 ST MARKS PL, NEW YORK, NY 10003, ÉTATS-UNIS.
STMARKSCOMICS.COM
MINI PONG (PARIS)
À Pigalle, les lieux de fête ne manquent pas.
Simple et funky, le Mini Pong – un minuscule bar à
la façade rouge sang rue Jean-Baptiste-Pigalle –
est une adresse de référence. Et si la table de
ping-pong du fond a mystérieusement disparu
peu après l’ouverture, on peut toujours suivre
(oralement) des matchs de pros dans les toilettes
aux mille miroirs.
64, RUE JEAN-BAPTISTE-PIGALLE, PARIS 9.
MINIPONGBAR.COM, FACEBOOK.COM/MINIPONGBAR
LE SKETCH (LONDRES)
Il serait dommage de quitter le Sketch et l’atmosphère
Wes Anderson de sa « Gallery » rose
sans avoir visité les restroom. Murs immaculés,
cabine(t)s en forme d’œuf XXL, ambiance sonore
digne d’un space opera, plafond décoré à
la Dance Dance Revolution… Tout ici fait penser
au clip « Hotline Bling » de Drake ou à l’univers
lumineux de James Turrell ou de Dan Flavin.
9 CONDUIT ST, MAYFAIR, W1S 2XG LONDRES, ROYAUME-
UNI. SKETCH.LONDON
TATOUEURS
HORIYOSHI THE THIRD (YOKOHAMA)
Impossible de ne pas évoquer Horiyoshi III, le
célèbre tatoueur, peintre et illustrateur japonais.
Et le maître incontesté du tatouage japonais traditionnel
intégral – comprenez sur le corps entier
(en japonais, on les appelle irezumi ou horimono).
NE.JP/ASAHI/TATTOO/HORIYOSHI3/TOP.HTML
BRIKO TATTOO (LILLE)
Depuis quinze ans, Greg Briko s’illustre dans
le tatouage ultra-coloré et vintage – il est l’un
des spécialistes français du style « old school ».
Reconnu pour son tracé « parfait » – dit-on –, il
officie dans une petite boutique située dans le
quartier de Wazemmes, à Lille. PS : ici, on peut
aussi se faire percer.
26, RUE SAINT-PIERRE-SAINT-PAUL, 59000 LILLE.
FACEBOOK.COM/BRIKO-TATTOO-118265588241166
SAVED THE TATTOO (BROOKLYN)
C’est ici que ceux qui veulent se faire tatouer
par Scott Campbell – il est l’un des tatoueurs les
plus réputés du monde – viennent faire la queue.
Pas de chance pour eux, et pour tous ceux qui auraient
l’idée de faire pareil, il n’est « actuellement
pas disponible pour prendre des rendez-vous ».
Heureusement, beaucoup d’autres artistes talentueux
comme Michelle Tarantelli, Anderson Luna
et Tamara Santibanez pratiquent dans ce studio
new-yorkais.
426 UNION AVENUE, AT THE CORNER OF DEVOE ST BROOK-
LYN NY, 11211. SAVEDTATTOO.COM
Les toilettes du Sketch à Londres,
un petit coin sur orbite.
2017 Été
119
LIFE
VEGANS
LE TRICYCLE (PARIS)
En mai 2015, Coralie Jouhier et Daqui Gomis (ils
ont un look incroyable) ont inauguré rue de Paradis,
dans le 10 e arrondissement de Paris, le Tricycle
store. Une version bétonnée de leur déjà célèbre
Food Bike Vegan. Au menu, des hot dogs aux
noms de rappeurs américains, des vegan bowls,
des « Bento Dog Veggie » de toutes les couleurs
et un menu brunch avec vegan french toast.
51, RUE DE PARADIS, PARIS 10. LETRICYCLE.FR
Un ancien de « Top Chef »,
Joris « Cuisinator » Bijdendijk,
aujourd’hui chef étoilé du Rijks
à Amsterdam.
THE SPRINGS (LOS ANGELES)
Depuis son ouverture en 2014, The Springs est
la destination préférée des pros du bien-être qui
enchaînent les cours de yoga et se désintoxiquent
à grands coups de jus pressés à froid. Ici, on
mange sans gluten, sans œufs et sans produits
laitiers. À la carte uniquement : des produits de
saisons qui varient en fonction du marché (toast,
salades, bowls et wraps).
608 MATEO ST, LOS ANGELES, CA 90021, ÉTATS-UNIS.
THESPRINGSLA.COM
KARAOKÉS
CAFÉS ET RESTAURANTS DE MUSÉE
THE ACORN (VANCOUVER)
Avant d’ouvrir son restaurant dans le centre de
Vancouver, Shira Blustein jouait dans des groupes
de musique punk et rock indé. Avec son chef Brian
Luptak, elle réconcilie aujourd’hui les vegans et
les carnivores autour de plats créatifs, élaborés
à partir d’ingrédients frais et de produits locaux.
3995 MAIN ST, VANCOUVER, BC V5V 3P3 CANADA.
THEACORNRESTAURANT.CA
BAM KARAOKE BOX (PARIS)
Celui-ci illustre le mieux le concept des salles
privatives haut de gamme – rien à voir avec
L’Époque ou La Noche, à Pigalle. Le karaoké, le
vrai, tel qu’il est pratiqué au Japon, avec écrans
tactiles qui permettent de choisir une chanson
ou de commander un verre (il y a un bar à cocktails)
et cabines modulables où tout est encastré,
même les banquettes. Le tout dans une ambiance
d’inspiration rétrofuturiste.
AMMO AU HAMMER MUSEUM (LOS ANGELES)
En 2012, Amy Sweeney a inauguré la version
café de son célèbre Ammo, cantine de l’élite du
divertissement hollywoodien de Los Angeles depuis
quelques décennies déjà, dans la paisible
cour du Hammer Museum. À la carte, un menu de
saison imaginé par le chef Mike Garber et inspiré
du marché local qui change toutes les semaines
(soupes, salades, sandwichs, pâtes, burgers…).
Excellent brunch.
ANTONY HUCHETTE / PRESSE
50, RUE D’ABOUKIR, PARIS 2. 30, RUE RICHER, PARIS 9.
40, AVENUE DE LA RÉPUBLIQUE, PARIS 11.
BAM-KARAOKEBOX.COM
HAMMER MUSEUM, 10899 WILSHIRE BLVD, LOS ANGELES,
CA 90024, ÉTATS-UNIS. AMMOCAFE.COM
KARAOKE KAN (TOKYO)
C’est ici que dans la comédie dramatique de
Sofia Coppola, Lost in Translation, Bill Murray
interprète admirablement « (What’s So Funny
’Bout) Peace Love and Understanding » du
groupe de rock A Perfect Circle aux côtés de
Scarlett Johansson. Pour imiter les deux acteurs
et profiter, comme eux, de la vue sur la rue du
Karaoke Kan, à Shibuya, il faudra demander les
salles 601 ou 602.
30-8 UDAGAWACHO, SHIBUYA 150-0042, JAPON.
KARAOKEKAN.JP
CHEZ IDA (MARSEILLE)
De Claude François à Johnny Hallyday, en passant
par Ophélie Winter, Renaud et les Destiny’s
Child, Chez Ida – au croisement du cours Julien et
de la place Jean-Jaurès – il y en a pour tous les
goûts. Ouvert depuis plus de trente-quatre ans,
le bistrot traditionnel et familial propose même,
le soir, une formule spéciale karaoké à 36 euros.
7, RUE FERDINAND-REY, MARSEILLE 6. CHEZIDA.FR
M. WELLS DINETTE (NEW YORK)
Avec ses tableaux noirs accrochés aux murs,
ses pupitres et ses chaises en métal, la cafétéria
d’Hugue Dufour et Sarah Obraitis au Museum of
Modern Art de New York a des allures de classe
d’école. Pourtant ici, pas de devoirs, juste du
café, de la bière, des salades, des omelettes et
des sandwichs, entre autres.
22-25 JACKSON AVENUE, LONG ISLAND CITY, NEW YORK
11101, ÉTATS-UNIS. MAGASINWELLS.COM/DINETTE
RIJKS (AMSTERDAM)
C’est, ici, au restaurant du Rijksmuseum d’Amsterdam,
le musée néerlandais consacré aux
beaux-arts, à l’artisanat et à l’histoire des Pays-
Bas, qu’officie Joris « Cuisinator » Bijdendijk.
Dans les cuisines du Rijks, le jeune premier de la
saison 4 de « Top Chef », qui a obtenu sa première
étoile en 2014, raconte l’histoire du pays à travers
une cuisine néerlandaise authentique mais moderne,
réalisée à partir de produits locaux.
MUSEUMSTRAAT 2, 1071 AMSTERDAM, PAYS-BAS.
RIJKSRESTAURANT.NL
The Springs à Los Angeles, pour les gens
sains de corps et d’esprit.
120
Le guide ultime
CLUBS DE SPORT
HAH-LAY (BIDART)
En hawaïen, hah lay signifie « maison ». Ouverte
fin juin et située à Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques,
cette surf house de 5 chambres (dont
deux avec terrasse) est probablement l’une des
plus agréables de la côte. Ici, on fait du surf, du
stand up paddle, du yoga, de la méditation, des
randonnées à moto, du trekking, et même de la
pelote basque, entouré de moniteurs diplômés
expérimentés. Pour ce qui est des repas, c’est
« HYF » (« Healthy and Yummy Food »), des plats
élaborés avec un naturopathe, c’est vous dire !
BIDART (DE 80 À 160 € LA NUIT). HAHLAY.COM
LE KLAY (PARIS)
C’est le parfait exemple de la salle de sport nouvelle
génération devenue lieu d’échanges et de
rencontres. Et pour cause, Arthur et Frank-Élie
Benzaquen ont imaginé leur club – ils étaient déjà
ANTONY HUCHETTE / JULIEN CHATELIN DIVERGENCE / PRESSE
proprios du Ken Club – comme un véritable lieu de
vie. Comme dans les hôtels cinq étoiles, on trouve
ici un lobby, un bar lounge, un business center, un
spa, une piscine et une cantine healthy à moitié
vegan et gluten free (le Klay Saint Sauveur).
4 BIS, RUE SAINT-SAUVEUR, PARIS 2. KLAY.FR
HARBOUR CLUB (LONDRES)
Il y a trois salles, toutes à Londres. Celle de
Chelsea met à la disposition de ses membres une
crèche, un restaurant, un teinturier, un coiffeur
et une boutique de vêtements de sport. Celle de
Kensington dispose de plusieurs lounges (dont un
dédié aux rendez-vous professionnels) et d’un
bar. La troisième, à Notting Hill abrite même une
station de lavage automobile. Pratique, non ?
CHELSEA, WATERMEADOW LANE, LONDRES, SW6 2RW.
KENSINGTON, POINT WEST, 116 CROMWELL ROAD,
KENSINGTON, LONDRES, SW7 4XR. NOTTING HILL,
1 ALFRED ROAD, LONDRES, W2 5EY. HARBOURCLUB.COM
OUVERTS APRÈS 23 HEURES
MEAT LIQUOR (LONDRES)
Parce que Londres ne dort jamais, il fallait bien
que certains restaurants restent ouverts jusque
tard dans la nuit. C’est le cas de Meat Liquor, le
temple du burger, des chicken wings et des cocktails.
PS : on sert des frites recouvertes de cheddar,
d’oignons caramélisés, de chili, de moutarde
et de piment jalapeño.
74 WELBECK ST, MARYLEBONE, LONDRES W1G 0BA,
ROYAUME-UNI. MEATLIQUOR.COM/LONDON
L’HÔTEL AMOUR (PARIS)
Au numéro 8 de la rue de Navarin, dans le 9 e arrondissement
de Paris, la cuisine ferme aux alentours
de 23h45. Ce qui fait de l’Hôtel Amour, sa
terrasse cachée, ses plats simples mais délicieux
et ses cocktails, l’endroit idéal pour finir la soirée.
8, RUE DE NAVARIN, PARIS 9. HOTELAMOURPARIS.FR
SUSHI SEKI (NEW YORK)
Si, passé minuit, beaucoup ont envie d’un
énorme burger (ou de tout autre aliment aussi
gras), d’autres préféreront limiter les excès. Quoi
de mieux que l’excellent poisson cru, et frais, de
cette luxueuse cantine japonaise de l’Upper East
Side ouverte toute la semaine jusqu’à 2h30 ? Rien.
1143 1ST AVENUE, NEW YORK, NY 10065, ÉTATS-UNIS.
SUSHISEKI.COM
Le Hah-Lay, à
Bidart, un hôtel
fait pour les
passionnés de
surf, de yoga,
de randonnées
et d’alimentation
healthy.
RAMENS
RAMEN-YA (NEW YORK)
Le ramen, plat traditionnel
ancestral, est réinventé
tous les jours par Shigemi
Kawahara à l’Ippudo à Paris.
Le Ramen-Ya s’est autoproclamé « meilleur
ramen de New York ». Si on ne peut pas vous certifier
que l’info est exacte, on peut au moins vous
assurer que dans ce restaurant de Greenwich
Village on prend la chose très au sérieux, quitte
à comparer la préparation du ramen à celle d’un
samouraï qui livrera bientôt bataille. À la carte,
douze sortes de ramens.
133 W 3RD ST, NEW YORK, NY 10012, ÉTATS-UNIS.
RAMENYA.NYC
TSUTA (TOKYO)
En 2016, la petite échoppe de neuf couverts
recevait les honneurs du Guide Michelin, et une
étoile. Situé dans le quartier de Sugamo, à Tokyo,
Tsuta devenait ainsi le premier restaurant de
ramen étoilé. Derrière la façade, pas de tables,
mais un long comptoir où l’on attend debout de se
voir servir des nouilles au porc grillé et au romarin
ou à la sauce soja goût cèpes. Succès oblige, il
vaut mieux arriver tôt si l’on veut une place.
170-0002 TOKYO, TOSHIMA, SUGAMO 1–14–1, JAPON.
IPPUDO (PARIS)
Certains poètes assurent que les ramens d’Ippudo
sont tel « le cosmos servi dans un bol ». La
faute au parfait équilibre entre les ingrédients,
le bouillon et les pâtes fraîches. Ce que l’on retiendra
surtout, c’est la capacité du chef Shigemi
Kawahara à réinventer chaque jour ce plat ancestral,
inventé il y a plus de trois cents ans.
14, RUE GRÉGOIRE-DE-TOURS, PARIS 6. IPPUDO.FR
2017 Été 121
LIFE
UNE PISCINE SUR LE TOIT
LE DESIGN EN EUROPE
ACE HOTEL (LOS ANGELES)
Inspiré du musée à ciel ouvert de Donald
Judd à Marfa au Texas, l’Upstairs Bar de l’hôtel
quatre étoiles a été aménagé autour d’une petite
piscine depuis laquelle on a une vue imprenable
sur le centre-ville de Los Angeles.
929 S BROADWAY, LOS ANGELES, CA 90015, ÉTATS-UNIS.
ACEHOTEL.COM/LOSANGELES
GRAND HOTEL CENTRAL BARCELONA
(BARCELONE)
Idéalement situé entre le quartier Gòtic, les
anciennes murailles de Barcelone et le quartier
El Born, l’hôtel cinq étoiles accueille sur son toit
l’une des piscines les plus agréables d’Europe.
À débordement, elle se confond avec les toits
alentour et offre aux clients et aux visiteurs (seulement
le soir) une vue panoramique sur la ville.
VIA LAIETANA, 30, 08003 BARCELONE, ESPAGNE.
GRANDHOTELCENTRAL.COM/FOOD-DRINK/SKYBAR
MARINA BAY SANDS (SINGAPOUR)
On la surnomme « l’Infinity Pool », et pour
cause… Sur le rooftop du Marina Bay Sands, à
Singapour, on nage au-dessus du monde, au
57 e étage. Et soudain, face à l’immensité de la ville,
dans ce bain à débordement, la ligne entre fantasme
et réalité devient floue. Dommage que la
piscine ne soit réservée qu’aux clients de l’hôtel.
10 BAYFRONT AVENUE, 018956 SINGAPOUR.
MARINABAYSANDS.COM
MILAN
LA GRANDE MESSE DU DESIGN
Le Salon du meuble de Milan est incontournable
pour tous les professionnels et amateurs de design.
Le centre des expositions de Fiera Milan-Rho
accueille chaque année plus de 2 000 exposants
venus présenter leurs pièces en avant-première
à 300 000 visiteurs provenant de 165 pays. Une
vingtaine de gigantesques halls regroupent les
marques par style, du classique au contemporain,
et par produit, des luminaires au mobilier
en passant par les salles de bains. En parallèle se
déroule la Design Week, des centaines d’événements
organisés partout dans la ville.
ON Y CROISE : des marchands, des journalistes,
des architectes, tous les designers de la planète,
des éditeurs…
QUAND ? Chaque année au mois d’avril.
SITE : salonemilano.it
LONDRES
PLAQUE TOURNANTE DU DESIGN
Au mois de septembre, plusieurs salons ont lieu
à Londres : 100 % Design, Design Junction, London
Design Fair + et des expositions dans toute la ville.
Les plus importantes galeries françaises (kreo,
Patrick Seguin, Carpenters…) y ont une seconde
antenne. Londres vient d’inaugurer son Design
Museum, un des plus importants au monde.
ON Y CROISE : de grands designers, comme Tom
Dixon ou Jasper Morrison, de jeunes designers,
des collectionneurs, des journalistes, des éditeurs.
QUAND ? Au mois de septembre.
SITE : designmuseum.org
STOCKHOLM
LE TOP DU DESIGN SCANDINAVE
La Stockholm Furniture and Light Fair est une
des foires les plus intéressantes du moment. Sur
ce salon, les plus grandes marques scandinaves
présentent leurs nouveautés. On y trouve le meilleur
du design nordique.
ON Y CROISE : des designers, des journalistes,
des dirigeants de maisons d’éditions.
QUAND ? Au mois de février.
SITE : stockholmfurniturelightfair.se
EINDHOVEN
POINTU ET EXPÉRIMENTAL
Dans cette petite ville tristounette de Hollande
se trouve la Design Academy, une des meilleures
écoles de design du monde. Une fois par an, elle
ouvre ses portes pour présenter les projets de
fin d’études de ses étudiants, on vient y repérer
les talents et les tendances de demain.
ON Y CROISE : des designers en devenir, des
chasseurs de tendances, des journalistes, mais
aussi des habitants fiers de leurs talents locaux.
QUAND ? Au mois d’octobre.
SITE : designacademy.nl
ANTONY HUCHETTE / PRESSE
HYÈRES
HYPE
Chaque été a lieu sur les hauteurs de la ville,
à la Villa Noailles, le festival Design Parade : expositions,
concours de jeunes designers, conférences,
c’est le meilleur des festivals de design
d’Europe et aussi le plus branché.
ON Y CROISE : de jeunes designers, des stars du
design, des influenceurs.
QUAND ? Au mois de juillet.
SITE : villanoailles-hyeres.com/design-parade-10/
COPENHAGUE
SHOPPING DESIGN
3 Days of Design se déroule dans toute la ville à
travers de multiples événements et expositions.
Copenhague est idéal pour faire du shopping, il y
a de très beaux showrooms, comme celui de HAY,
de Fritz Hansen et de &tradition.
ON Y CROISE : des designers, des locaux passionnés,
des éditeurs, des journalistes.
QUAND ? En juin
SITE : 3daysofdesign.dk
BÂLE
Les pieds dans l’eau,
la tête dans le ciel à l’Ace Hotel
de Los Angeles.
BUSINESS
Version suisse de la célèbre Design Miami (en
moins festive), on y vient pour admirer les dernières
acquisitions des plus grandes galeries
internationales, de grosses transactions s’y déroulent
(Prouvé, Perriand & Co). Il y a aussi le
musée Vitra à voir absolument à cette occasion.
ON Y CROISE : des collectionneurs, des gens
chics et très riches.
QUAND ? En juin
SITE : artbasel.com
PARIS
FUTURE CAPITALE DESIGN
Maison & Objet, Paris Design Week, Designer’s
Days, PAD… Paris grouille d’événements de design,
mais manque un peu de cohérence.
ON Y CROISE : à Maison & Objet des acheteurs et
des dirigeants de marques, aux Designer’s Days
des designers et des Parisiens, au PAD des collectionneurs,
des galeristes et un peu de people.
QUAND ? Maison &Objet en septembre et en janvier,
le PAD en mars, les Designer’s Days en mai.
122
Le guide ultime
MICHAEL PARKIN-FOLIO ART
COURTRAI
BELLES DÉCOUVERTES
Foire à taille humaine, la Biennale Interieur présente
tous les deux ans le meilleur du design belge.
ON Y CROISE : des professionnels du design, mais
aussi des locaux, heureux de l’événement.
QUAND ? En octobre.
SITE : interieur.be
OSLO
À DÉCOUVRIR
La capitale norvégienne organise depuis peu la
Oslo Design Fair. Après les Suédois et les Danois,
les Norvégiens ont le vent en poupe.
ON Y CROISE : de plus en plus une clientèle internationale,
acheteurs et professionnels.
QUAND ? Fin août, début septembre.
SITE : oslodesignfair.no
ET LE RESTE DU MONDE, ALORS ?
M I AMI
La Miami Beach est
certainement la foire
la plus festive de la
planète. Les grandes
marques (comme
Vuitton) y organisent
aussi des expositions
autour du design.
On y croise : des
collectionneurs,
des fêtards…
Quand ? En décembre.
NEW YORK
Les salons
WantedDesign,
Art + Design sont
de bonnes raisons
de se rendre à New York,
et surtout à Brooklyn,
devenu le quartier
des designers
contemporains :
c’est là que ça se passe.
On y croise : des
collectionneurs
et le gratin du design.
Quand ? WantedDesign
en mai, Art + Design
en novembre.
TORONTO
Le design canadien fait
de plus en plus parler de
lui. Une nouvelle vague à
suivre…
DUBAÏ
Depuis quelques années,
Dubaï s’ouvre au design
avec une Design Week
et le Design Days
Dubaï. A priori un peu
bling-bling, mais comme
nous n’y sommes jamais
allés, l’événement reste
à découvrir.
BRÉSIL
Les passionnés
d’architecture partiront
sur les traces de
l’architecte Oscar
Niemeyer, un parcours
qui va de Rio à Brasilia.
INDE
Destination Chandigarh,
ville nouvelle conçue
par Le Corbusier
et construite en 1947.
La plupart des bâtiments
ont été imaginés
par Pierre Jeanneret.
On y croise : des
antiquaires à l’affût des
dernières trouvailles.
JAPON
Pour les fans
d’architecture
et de design japonais
Isamu Noguchi, Nendo,
Naoto Fukasawa,
le pays du soleil levant
est votre prochaine
destination.
2017 Été 123
LIFE
LECLUB
AVANT-PREMIÈRES, OFFRES EXCLUSIVES, COUPS DE CŒUR DE LA RÉDAC…
POUR VOUS, GQ RÉTABLIT LES PRIVILÈGES. BIENVENUE AU CLUB !
REJOIGNEZ-NOUS !
DAVID HOCKNEY / FRANÇOIS CHAPERON / DESSIN : SATOSHI HASHIMOTO
POUR RECEVOIR LA NEWSLETTER CHAQUE SEMAINE
ET PROFITER DES OFFRES,
INSCRIVEZ-VOUS SUR LA PAGE CLUB DU SITE
WWW.GQMAGAZINE.FR/CLUB-GQ
COMMENT NOUS TROUVER ?
GQMAGAZINE.FR GQFRANCE @GQFRANCE @GQ_FRANCE GQFRANCE LECTEURSGQ@CONDENAST.FR
ANTONY HUCHETTE
JOUER
MOTS CROISÉS, JEU DES 7 ERREURS, COLORIAGE...
Réalisé par Mathieu Le Maux
2017 Été 12 5
LIFE
Jouer
Les mots rayés
Contrairement à ce qu’elle pourrait laisser croire, cette grille
n’est pas traversée par une thématique graveleuse.
O N O S S I R E H T G A L O C H E Ç B M
G O S P S E R S J O T N D U S X S Q I S
L D Q A L I E C R C S I E Z N E U N K C
A R U R N N N A B I E T U I H E O E M O
N A A T I I O R O R T U G C U U L A G U
Noms
d’oiseaux
Mais comment se
nomment-ils ?
BOEING 787 / BOEING 747 /
LOCKHEED SUPER CONSTELLATION /
BOEING 727 / AIRBUS A380 /
AIRBUS A320 / ATR 72
A
D G E I T T M G C A T L I E M U X K R B
C O R E O A A O A H E M F V O M X P U I
N E I F C P R T G L C Y R B C P E L E D
O W O E I D R T E T U O R I B E I U S O
J E P I P V V A I S S E L L E G V M L U
B
T O C I R B A P O L I R X M K R B E A E
E M G C H A P I T E A U U C N E K M V R
S R U O B M A T E P E E O Ç R P I D C E
I L F O N D E M E N T N J L G S R H A M
A E T T E U G A B N R O I O H A A H P I
R S X C E L U O M U I N B V G T U E G L
F E E P O L C Y C G G U D E T V T L F I
C
GETTY (2) / PRESSE
P A S T I L L E N O S A E E L A T O E B
M Ç E T T O M O T X U A E R R A B I H H
B O N B O N N N I W M I G D E L L E P K
D
ABRICOT – ASPERGE – BAGUETTE – BARREAU – BERLINGOT – BIJOUX – BIROUTE – BOCAGE – BONBON – BOULE
CHAPITEAU – CHATTE – CON – CYCLOPE – DRAGÉE – ESCARGOT – ÉPÉE – FIGUE – FRAISE – FONDEMENT
GALOCHE – GARDON – GAULE – GLAND – HARICOT – HÉRISSON – JONC – LIMER – LUNE – LUTIN – MEULE – MICHES
MINOU – MOTTE – MOULE – OBUS – OIGNON – PELLE – PARTIE – PASTILLE – PATIN – PÉTARD – PICOTIN – PIPE – PLUME
POIREAU – POLIR – QUEUE – RAMONER – SCOUBIDOU – SUCETTE – TAMBOUR – VAISSELLE – VALSEUR
E
Qui a dit ?
F
« J’adore les cacahuètes. Tu bois une bière et tu en as marre du goût.
Alors tu manges des cacahuètes. Les cacahuètes, c’est doux et salé,
fort et tendre, comme une femme. Manger des cacahuètes, it’s a really strong
feeling. Et après, tu as de nouveau envie de boire de la bière. Les cacahuètes,
c’est le mouvement perpétuel à la portée de l’homme. »
INDICE : IL A RÉVOLUTIONNÉ LA PHILOSOPHIE BELGE
G
LIFE 126 Été 2017
CHRISTOPHEL (2)
Le jeu des 7 erreurs
Entre la scène des Bronzés (1978) et la version ci-dessous,
retrouvez les quelques dissemblances.
127
Jouer
Les mots fléchés du Capitaine Haddock
Car l’ami de Tintin est le plus fort en punchlines et insultes.
HORIZONTALEMENT
1. Avance sans chaussures.
2. Idiot des montagnes.
3. Homme grossier, mal élevé,
rustre. 4. Dinosaure herbivore
nord-américain de la fin du
Jurassique. 5. Accessoire de
cuisine servant à préparer une
célèbre spécialité belge (sucre
ou Nutella ?). 6. Marionnette et
personnage de la commedia
dell’arte. 7. S’hydrate, même
quand ce n’est pas nécessaire.
8. Artiste se produisant de ville
en ville sous l’Ancien Régime.
9. Substance lumineuse
extériorisée par un médium en
transe ou lors de séance de
spiritisme. 10. « Mille millions
de mille milliards de mille… »
11. Voleur et pilleur.
12. Personne malhonnête,
voleuse et fourbe. 13. Insecte
jaune à rayures noires, gros
mangeur de pommes de terre.
VERTICALEMENT
14. Cavalier mercenaire albanais
de l’armée de l’Empire ottoman.
15. Nom de code du personnage
de Mathieu Kassovitz dans la
série Le Bureau des légendes.
16. Ivrogne. 17. Goths de l’Est.
18. Soldat des unités françaises
d’infanterie légère appartenant
à l’armée d’Afrique.
19. Personne malfaisante,
canaille. 20. Plante rustique dont
les tubercules ont la cote sur les
marchés bobo-bio. 21. Mauvais
conducteur. 22. Individu ridicule
se donnant de grands airs.
23. Film catastrophe de Night
Shyamalan avec Mark Wahlberg.
24. Goths de l’Ouest.
25. Ennemi des pompiers.
26. Crustacé terrestre.
27. Mascotte de Michelin.
28. Grondement du ciel venu
de Brest.
17
8
9 26
R
14
15
1 16
2
3
18 19 20
4 5
11
27
28
12
13
B
E
P
21 22
6 24
23
M
T
F
7
25
10
O
Y
F
A
H
RUE DES ARCHIVES / HEMIS (2) / SHUTTERSTOCK (3) / PRESSE
Tours
de taille
A B C D E F
Classez-les
de la plus
haute à la plus
petite.
La tour
Gherkin
Londres
One World
Trade Center
New York
La tour
First
Paris
World Financial
Center
Shanghai
Burj
Khalifa
Dubaï
La tour
CN
Toronto
LIFE 128
Été 2017
Jouer
Engrenage
Pour jeter l’ancre à l’eau, dans quel sens faut-il enclencher le mouvement ?
A
B
Coloriage
Car la vie tout entière est faite de nuances.
RÉPONSES
LES MOTS RAYÉS
O N O S S I R E H T G A L O C H E Ç B M
G O S P S E R S J O T N D U S X S Q I S
L D Q A L I E C R C S I E Z N E U N K C
A R U R N N N A B I E T U I H E O E M O
N A A T I I O R O R T U G C U U L A G U
D G E I T T M G C A T L I E M U X K R B
C O R E O A A O A H E M F V O M X P U I
N E I F C P R T G L C Y R B C P E L E D
FRANÇOIS CHAPERON
9 9
10
1
13
1
10
9
10
9
6
8
11
10
9
6
8
9
6
10
4
6
6
6
10
14
7
5
2
3
4
15
4
6
9
13
15
14
14
7
4
5
8
6
9
9
5
10
6
9 9
9
9
10
8
6
10 9
6
9 6
6
9
6
1
1
1
10
9
11
6
9
6
6
9
10
12
16
9
10
1
14
15
4
12
11
10
9
9 16
10
9
8
7
2
5
5
9
10
9
10
6
7
16
6 6
7
6 9
9
10
11
3
4
15
10
15
16
9
10
10
11
8
10
16
9
10
9
6
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
O W O E I D R T E T U O R I B E I U S O
J E P I P V V A I S S E L L E G V M L U
T O C I R B A P O L I R X M K R B E A E
E M G C H A P I T E A U U C N E K M V R
S R U O B M A T E P E E O Ç R P I D C E
I L F O N D E M E N T N J L G S R H A M
A E T T E U G A B N R O I O H A A H P I
R S X C E L U O M U I N B V G T U E G L
F E E P O L C Y C G G U D E T V T L F I
P A S T I L L E N O S A E E L A T O E B
M Ç E T T O M O T X U A E R R A B I H H
B O N B O N N N I W M I G D E L L E P K
QUI A DIT ?
Jean-Claude Van Damme.
LES AVIONS
A. Airbus A320. B. Boeing 747.
C. ATR 72. D. Boeing 727.
E. Airbus A380. F. Boeing 787.
G. Lockheed Super
Constellation
LES 7 ERREURS
La couleur des baskets de
Michel Blanc, la montre de
Christian Clavier, le slip de
bain de la femme derrière
Michel Blanc, les bretelles de
soutien-gorge de la femme
derrière Gérard Jugnot,
la banane dans le slip d’un
figurant, un homme dans le
fond à droite a disparu, les
fleurs en haut à gauche.
LES MOTS FLÉCHÉS
1. Va-nu-pieds. 2. Crétin
des Alpes. 3. Pignouf.
4. Brontosaure. 5. Moule
à gaufres. 6. Polichinelle.
7. Bois-sans-soif.
8. Saltimbanque. 9. Ectoplasme.
10. Sabords. 11. Brigand.
12. Escroc. 13. Doryphore.
14. Bachi-bouzouk. 15. Malotru.
16. Soulographe. 17. Ostrogoths.
18. Zouave. 19. Gredin.
20 Topinambour. 21. Chauffard.
22. Olibrius. 23. Phénomènes.
24. Wisigoths. 25. Pyromane.
26. Cloporte. 27. Bibendum.
28. Tonnerre.
LES TOURS
E (828 m) / F (553 m)/
B (541 m)/ D (492 m)/
C (231 m)/ A (180 m)
ENGRENAGE
Il faut tourner dans le sens B.
129
Jouer
La Mehari à monter
soi-même
On découpe, on colle
et on rigole.
Illustration François Chaperon
LIFE 130
Été 2017
NOUVEAU
.FR
Ce qu’il faut avoir lu, avant d’être vu...
Style
Sport
Food
Pop
Culture
Zzzz...
ILLUSTRATION JEAN-MICHEL TIXIER
Sexe
Tech
COMMENT NOUS TROUVER ?
GQMAGAZINE.FR GQFRANCE @GQFRANCE @GQ_FRANCE GQFRANCE LECTEURSGQ@CONDENAST.FR
.
DISPONIBLE SUR CHANEL.COM
La Ligne de CHANEL - Tél. : 0 800 255 005 ( appel gratuit depuis un poste fixe).