Bouger_Extrême QUI SONT-ILS ? John Long : coauteur du livre The Stonemasters (éd. T. Adler Books/Stonemaster Press, 2009). Arrivé à Yosemite en 1969, à l’âge de 16 ans. Lynn Hill : première personne à avoir réalisé l’ascension en libre du Nose, la grande voie la plus emblématique de Yosemite. Dean Fidelman : coauteur du livre The Stonemasters, photographe et concepteur du calendrier « Stone Nudes ». Mike Graham : fondateur de Gramicci, la marque qui a fait de l’escalade un lifestyle. Arrivé à Yosemite en 1974, l’année de ses 18 ans. Rick Accomazzo : photographe arrivé à Yosemite en 1973, à l’âge de 18 ans. Dale Bard : arrivé à Yosemite en 1971, à l’âge de 17 ans. A vécu plusieurs années sous une tente. Jim Bridwell : « le plus gros bonnet de l’escalade américaine » dans les années 1970, selon John Long. A grimpé pour la première fois à Yosemite en 1961, à l’âge de 17 ans. Rick Cashner et John Bashar, en solo, à Yosemite. vant eux, ça n’avait jamais été aussi cool d’escalader des montagnes. En entreprenant des ascensions de plusieurs jours inédites et en perfectionnant l’art de l’escalade en solo intégral (on grimpe seul, sans corde), ils ont inventé leur propre style. Dépouillé, riche en sensations fortes. Ils ont aussi imaginé un mode de vie autour de leur sport – tout ça sous l’effet du soleil californien, de la musique psychédélique des seventies (Jimi Hendrix, en particulier) et de pas mal de pétards. Ils allaient accéder à la célébrité sous le nom de Stonemasters (« les maîtres du rocher ») et régner sur la discipline pendant une dizaine d’années. De 1970 à 1980 environ, ils ont effectué leurs premières ascensions démentes dans le parc national de Yosemite (puis dans le monde entier), tout en s’éclatant autour de feux de camp. Les principaux membres du groupe ayant survécu à cette époque nous la font revivre ici. LA NAISSANCE D’UN STYLE John Long : les Stonemasters ont été un véritable phénomène culturel. Ce sont eux qui ont lancé la mode des sports extrêmes. C’était un nouveau style. Lynn Hill : c’est le style qui fait tout. Ce n’est pas parce qu’on atteint le sommet qu’il faut se réjouir. C’est la manière d’y parvenir qui compte. Dean Fidelman : on savait tous ce qui se passait dans le milieu du surf. On trouvait que ces mecs avaient vraiment la classe, qu’ils avaient du style, vous voyez ? Et c’est ce qu’on a apporté à l’escalade : un certain style. Ça a commencé par les fringues – le pantalon de peintre blanc, le sac à magnésie et le bandana. Puis, ça s’est étendu à la manière de grimper. On escaladait de manière fluide, mais quand on trouvait une bonne prise, on s’y suspendait. Il fallait montrer qu’on était forts et gracieux. Et on utilisait peu de protections pour prouver qu’on avait des couilles. John Long : On était un peu arrogants, c’est vrai, parce qu’on faisait partie d’un nouveau mouvement et que c’était cool. Mais on ne se sentait pas supérieurs aux autres. Mike Graham : on avait un aplomb insolent, de l’assurance. On aurait pu tomber, finir en fauteuil pour le restant de nos jours ou même mourir, mais on avait survécu alors que personne n’y était parvenu avant. Du coup, on se disait : « Je suis peut-être invincible. » Dean Fidelman : on voulait que ce soit aussi naturel que possible, parce qu’on respecte la beauté de la roche et de notre environnement. On essayait donc de se fondre dans le décor, d’en faire partie. Ici, la nature est au sommet de sa beauté et on voulait être comme ça, nous aussi. Beaux et gracieux comme des arbres, forts comme des rocs. BILLY SERNIC LIFE 34 Été 2017
Richard Harrison en 1977, cofondateur des Stonemasters, décédé en 2014. GIB LS 35