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# 15<br />
oct<br />
NOV<br />
17<br />
12 /<br />
14 /<br />
18 /<br />
22 /<br />
34 /<br />
36 /<br />
38 /<br />
40 /<br />
42 /<br />
44 /<br />
46 /<br />
48 /<br />
À cœur vaillant<br />
césaré<br />
juliette mock<br />
Sebastião Salgado<br />
ted x<br />
bisqueers roses<br />
mathieu boogaerts<br />
pavillon du futur<br />
sunnyside festival<br />
rock to fakie<br />
camille mutel<br />
kevin morby
<strong>magazine</strong> peel<br />
passe la seconde et devient<br />
15 numéros. Nous arrivons à notre quinzième numéro. Autant de découvertes,<br />
de rencontres, de trouvailles. Et toujours ce plaisir de dénicher<br />
un créateur, un agitateur, un projet, une idée, pour vous en faire part.<br />
Soigneusement le mettre en valeur et lui donner la place qu’il mérite.<br />
Choisir ou créer chaque image. Trouver le mot juste. S’entourer des meilleurs<br />
rédacteurs, photographes, illustrateurs, têtes chercheuses. Souvent<br />
des personnalités qui pourraient faire eux-même l’objet d’un article.<br />
Ce sont eux qui font ce <strong>magazine</strong> et ils sont tous animés du même feu :<br />
vous dire « hey !, on a vu ça, on a trouvé ça cool, et on avait vraiment envie<br />
de vous le montrer… ».<br />
ÉDITEUR / Dir. de publication<br />
Benoît Pelletier<br />
RÉALISATION / design / diffusion<br />
www.belleripe.fr<br />
direction artistique<br />
Benoît Pelletier<br />
assisté de amélie luca<br />
Si vous souhaitez devenir<br />
diffuseur, vous abonner pour<br />
recevoir le <strong>magazine</strong> chez<br />
vous, ou en commander un<br />
exemplaire, contacter nous ici :<br />
hello@process-mag.com<br />
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06 80 65 89 72<br />
Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> est édité<br />
par Belleripe SARL - 5 avenue vallioud<br />
69110 Sainte-foy-lès-lyon.<br />
Tous droits réservés.<br />
Toute reproduction, même partielle<br />
est interdite, sans autorisation.<br />
Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> décline toute responsabilité<br />
pour les documents remis.<br />
Les textes, illustrations et photographies<br />
publiés engagent la seule<br />
responsabilité de leurs auteurs et leur<br />
présence dans le <strong>magazine</strong> implique<br />
leur libre publication.<br />
Le <strong>magazine</strong> <strong>PROCESS</strong> est disponible<br />
gratuitement dans 170 points de dépôt<br />
à Reims. retrouvez toute la liste sur<br />
www.process-mag.com<br />
Magazine à parution bimestrielle.<br />
ce <strong>magazine</strong> est publié avec deux couvertures<br />
différentes<br />
Participant au singsing de Paya.<br />
Province des Hautes-Terres occidentales,<br />
Papouasie-Nouvelle-Guinée.<br />
2008 © Sebastião Salgado<br />
Mudman. Paya, province des Hautes-<br />
Terres occidentales, Papouasie-<br />
Nouvelle-Guinée. 2008 © Sebastião<br />
Salgado<br />
Et apparemment ils sont entendus car vous êtes à chaque numéro un peu<br />
plus nombreux à vous y intéresser. Les exemplaires partent à vitesse grand<br />
V, les retours sur les réseaux sociaux se multiplient, et de nouveaux points<br />
de diffusion proposent spontanément de délivrer le <strong>magazine</strong>. Sans parler<br />
de nos partenaires, (« supporters » serait sans doute un terme plus juste)<br />
qui nous accompagnent en dansant avec nous ce pas de deux qui rend la<br />
relation intelligente et riche, tout en ringardisant définitivement le terme<br />
d‘« annonceur ».<br />
Alors autant vous dire, que cet intérêt (pour ne pas dire engouement parce<br />
qu’on est modeste et qu’on à le sens de la mesure) réchauffe notre petit<br />
cœur. Et nous donne des ailes. Nous nous sommes dis que le temps était<br />
venu d’enfoncer le clou et de vous proposer un petit updating. Maquette<br />
liftée, site mis à jour, une brouette de projets et d’idées neuves pour les<br />
prochains mois, une diffusion qui va augmenter dans la saison à venir…<br />
Et donc, last but not least, ce changement de nom qui signe la volonté<br />
de réaffirmer notre ligne éditoriale en la rendant plus lisible : vous raconter<br />
le processus créatif, qu’il se déploie dans le champ artistique et culturel,<br />
bien sur, mais aussi dans celui de l’architecture, du design, de l’artisanat,<br />
de l’entreprise…<br />
Pour fêter ça, et marquer le passage de cette nouvelle étape, nous avons<br />
eu envie de réaliser un sujet vraiment exceptionnel. Nous avons choisi d’approcher<br />
l’immense photographe brésilien Sebastiao Salgado, star mondiale<br />
de la photo, et pu, grâce à l’élégante complicité du Champagne Taittinger,<br />
le convaincre de nous accorder un long entretien et de nous ouvrir grand<br />
les portes de ses archives. Les images que vous allez découvrir ou redécouvrir<br />
sont magistrales et d’une puissance phénoménale. Cerise sur le gâteau,<br />
ce numéro, potentiellement collector, s’habille de 2 couvertures différentes.<br />
Et nous avons d’autres petites pépites. On vous raconte le parcours de<br />
Juliette Mock, une des artistes visibles à l’occasion de la belle opération<br />
Frichorama. On vous embarque pour une visite en image dans les studios<br />
de Césaré. Vous découvrirez aussi les conférences TED ainsi que le Pavillon<br />
du futur, tous deux propagateurs actifs d’idées neuves. On vous raconte la<br />
génèse du projet « Mathilde est revenue » ainsi que celle du morceau « I've<br />
been to the mountain » de Kevin Morby ou du festival Sunnyside. Mathieu<br />
Boogaerts nous dévoile en toute sensibilité son processus créatif, et nous<br />
avons pu jeter un coup d’œil à la préparation de la prochaine expo de Sylvère<br />
Hyeule & ; Iemza. Pour lier le tout, Anne-sophie Velly crée la bande<br />
son de ces images, lumineuse et acidulée, of course.<br />
Bienvenue dans votre<br />
Benoît Pelletier<br />
www.process-mag.com
© Stéphane de Bourgie<br />
BENOÎT PELLETIER<br />
éditeur<br />
directeur créatif<br />
& photographe<br />
JULES FÉVRIER<br />
journaliste<br />
& photographe<br />
agathe cebe<br />
rédactrice<br />
& journaliste freelance<br />
arnaud lallement<br />
chef ***<br />
08 / HOP<br />
10 / goût<br />
12 / À cœur vaillant<br />
14 / césar du meilleur studio<br />
18 / la bulle créative de juliette mock<br />
22 / Sebastião Salgado<br />
34 / les conférences ted à reims<br />
36 / paillettes party & pop culture<br />
38 / mathieu boogaerts<br />
40 / bouillon de futur<br />
42 / take a walk on the sunnyside<br />
44 / retrouvailles en terre de beton<br />
46 / camille mutel<br />
48 / I’ve been to the mountain<br />
50 / figures taïm<br />
Anne-sophie velly<br />
DA de Maison Vide art<br />
contemporain, musiques<br />
& confettis<br />
SYLVÈRE HIEULLE<br />
OVNI (& accessoirement<br />
photographe)<br />
Peggy Leoty<br />
communication / événementiel /<br />
relations presse<br />
JUSTINE PHILIPPE<br />
journaliste<br />
PLAYLIST<br />
la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY www.mixcloud.com/salsifi-velly/<br />
Flavien<br />
Berger<br />
1<br />
La fête<br />
noire<br />
Il y a quelque mois, la<br />
talentueuse Yvonne Debeaumarché<br />
a fait un très joli<br />
documentaire sur les forains<br />
« Chacun cherche sa place ».<br />
Et j’ai redécouvert ce morceau<br />
de Flavien Berger qui<br />
sent bon la barbe à papa, les<br />
pommes d’amour et les gros<br />
camions. Excitante poesie<br />
de cette fête éphémère, les<br />
lumières éblouissent, les<br />
manèges tournent la tête, et<br />
des ballons qui flottent en<br />
cage attendent de se faire<br />
« carabiner » par des enfants<br />
insouciants, pour la bonne<br />
cause sans doute.<br />
Flavien Berger<br />
x Véronique<br />
Vincent &<br />
Aksak 3Maboul<br />
Je pleure<br />
tout le<br />
temps<br />
On s’approprie tous un peu,<br />
beaucoup, passionnément,<br />
à la folie, les morceaux que<br />
l’on aime... Celui-ci, pour moi,<br />
ressemble à un nuage qui<br />
pleure tout le temps et qui fait<br />
déborder les pluviomètres.<br />
Il n’y a rien de plus émotif<br />
qu’un nuage non ? À part moi<br />
peut être… Mais c’est difficile<br />
a consoler un nuage, il faut le<br />
laisser pleurer en attendant<br />
qu’il se dissipe. « Je pleure<br />
quand y m' dit je t’aime,<br />
j'pleure si y m’dit pas je t’aime.<br />
J’pleure quand y m’dit tu<br />
m’énerves, je pleure parce qu'il<br />
m’énerve (…), je pleure tout le<br />
temps »<br />
Rouge<br />
Gorge<br />
2<br />
Les Primevères<br />
des<br />
fossés<br />
Robin Poligné signe un album<br />
« wouaouh » sous le nom<br />
de Rouge Gorge, il y parle<br />
d’amour, parfois de sexe, de<br />
primevères, d’orage, de plage,<br />
de télé, d’enfance, de la vie<br />
quoi…<br />
Avec sa boite à rythmes, ses<br />
claviers, ses lunettes et son<br />
look 80’s à la Parker Lewis, on<br />
part avec lui dans un monde<br />
parallèle pas si éloigné, qui<br />
donne envie de se rouler dans<br />
l’herbe mouillée, et de cueillir<br />
des fleurs sauvages... que l’on<br />
pourrait apprivoiser avec un<br />
peu d’amour et d’eau fraîche.<br />
VOYOV<br />
4<br />
Le<br />
naufragé<br />
Il nous mène en bateau<br />
VOYOV, un bateau après la<br />
tempête, qui force les marins<br />
à rester à quai et à faire<br />
des rencontres « liCŒURreuses<br />
» et heureuses. Ces<br />
marins-là sont loin de ceux<br />
de ceux des demoiselles de<br />
Rochefort. Pourtant Thibaut<br />
Vanhooland est Nantais et<br />
nous donne envie de faire<br />
une Perm’ à Nantes en dansant<br />
avec lui, emporté par<br />
le mistral qui rend fou, bien<br />
connu en Loire-Atlantique…<br />
Mais ses marins à lui, seul un<br />
navire les a fait voyager...<br />
ontriuteurs<br />
5<br />
05<br />
CYRILLE PLANSON<br />
redac-chef La Scène,<br />
Le Piccolo, Théâtre(s) mag<br />
Nicolas VUILLEMIN<br />
auteur<br />
& chroniqueur<br />
JEAN DELESTRADE<br />
souplesse<br />
& décontraction<br />
vincent van der hedde<br />
photographe<br />
Retrouvez nous sur<br />
www.process-mag.com<br />
Etienne<br />
Daho<br />
Sortir<br />
ce soir<br />
Que fait Etienne Daho le week<br />
end à Rome ? Il sort le soir.<br />
Peut-être qu’il sort boire un<br />
dernier verre avec sa perruche<br />
sur l’épaule, comme sur la<br />
photo de Pierre et Gilles sur<br />
la pochette de « la notte, la<br />
notte ». La naïveté et l’insouciance<br />
de la fête, de la vie<br />
des années 80, et la furieuse<br />
envie de brûler la chandelle,<br />
et de danser debout sur les<br />
tables d’une boite de nuit de<br />
province italienne.<br />
Eddy<br />
de 6pretto<br />
Fête<br />
de trop<br />
Bizarrement je me rends<br />
compte que cette playlist<br />
parle beaucoup de fête…<br />
Celle qui nous concerne ici est<br />
un peu glauque, une fête clairobscure<br />
chantée par Eddy de<br />
Pretto.<br />
Le texte cogne, la violence est<br />
poétique, oui c’est possible<br />
ça. Ça suinte la vodka, il est de<br />
ces nuits ou on voit le jour se<br />
lever, sans avoir fermé l’oeil, ni<br />
compté le nombre de verres<br />
qui a rempli les dernières<br />
heures. (ATTENTION l’abus<br />
d’alcool est dangereux pour<br />
la santé).
faut pas rater ça<br />
ews<br />
loud<br />
jusqu'au<br />
29/10<br />
Liu Bolin,<br />
Ghose stories<br />
à la Maison européenne<br />
de la photographie<br />
Sculpteur, performeur et photographe, Liu<br />
Bolin, surnommé " l’homme invisible ",<br />
présente dans cette exposition à caractère<br />
rétrospectif des photographies issues des<br />
quatre grands thèmes abordés dans son<br />
œuvre depuis plus de dix ans.<br />
www.mep-fr.org<br />
jusqu'au<br />
29/01<br />
Irvin Penn<br />
au Grand Palais à Paris<br />
L’année 2017 célèbre le centenaire de la<br />
naissance d’Irving Penn, l’un des plus<br />
grands photographes du XX e siècle.<br />
En partenariat avec le Metropolitan Museum<br />
of Art de New York, le Grand Palais<br />
rend hommage à cet artiste talentueux,<br />
célèbre pour ses photographies de personnalités<br />
majeures telles que Pablo Picasso,<br />
Yves Saint Laurent, Audrey Hepburn,<br />
Alfred Hitchcock, etc.<br />
www.grandpalais.fr<br />
marché de<br />
la photo<br />
des nouvelles du duo des halles<br />
Le photographe Romuald Ducros mène<br />
depuis plusieurs semaines un projet au<br />
long cours qui se déroulera sur une année<br />
entière : il installe sur les marchés rémois un<br />
studio conçu spécialement et immortalise<br />
les chalands en compagnie de leurs achats,<br />
toujours avec la même lumière, toujours<br />
dans la même position. Nous suivons l’élaboration<br />
progressive du projet au fil du temps<br />
et vous livrons dans chaque numéro une des<br />
dernières images de la série en cours.<br />
Une première restitution des images est<br />
exposée aux Halles du Boulingrin depuis<br />
le 22 septembre.<br />
Dans le cadre de la programmation<br />
" Arts visuels " de la ville de Reims<br />
avec le soutien de Veuve Clicquot,<br />
maison fondée en 1772.<br />
www.laproductionremoise.fr<br />
LE<br />
10+11/11<br />
Kyan Khojandi,<br />
Pulsions<br />
à la cartonnerie<br />
Quatre ans après le succès de sa minisérie,<br />
Kyan Khojandi, alias le « mec de Bref »<br />
revient sur les planches. Un stand-up drôle,<br />
touchant et rythmé. Bref, il faut aller voir<br />
Kyan Khojandi.<br />
www.cartonnerie.fr<br />
du 05/10 jusqu'au<br />
20/12<br />
Oujevipo Expo<br />
à Saint-Ex, centre<br />
culturel numérique<br />
Une exposition entre borne d’arcade et jeux<br />
vidéos ! En tout, 6 bornes d’arcades, conçues<br />
de A à Z par leurs créateurs.<br />
www.saintex-reims.com<br />
du 05/10 AU<br />
12/12<br />
urba<br />
Médiathèques d’Épernay<br />
Les cultures urbaines serviront de fil rouge<br />
aux animations organisées au sein des médiathèques.<br />
Programmé avec l’association<br />
Velours, ce temps fort mettra à l'honneur<br />
l'urba street art, le slam, les ateliers lego et<br />
palette, l’architecture ou encore le graffiti<br />
végétal.<br />
http://velours-prod.com<br />
© DR © LIU BOLIN<br />
© DR<br />
© DR © DR © irvin penn<br />
DU mer. au sam.<br />
17-21<br />
h<br />
h<br />
MA BOUTEILLE<br />
S’APPELLE<br />
REVIENS<br />
19 rue de la Magdeleine<br />
à Reims<br />
Notre contributeur Dominique Bunel qui a<br />
plus de 3 ou 4 cordes à son arc,vient de lancer<br />
son concept de « wine truck ». Du vin<br />
bio et naturel à retrouver sur les marchés et<br />
autres hot spots rémois et en version fixe au<br />
19 rue de la Magdeleine.<br />
le<br />
21/10<br />
Journée<br />
Brickfilm<br />
(dans le cadre de la Fête<br />
du cinéma d’animation)<br />
Médiathèque Jean Falala<br />
15h -> Atelier découverte de la technique<br />
du stop-motion et initiation à la réalisation<br />
d’un brickfilm, animé par Maxime Marion<br />
18h -> Séance « Brickfilm » : projection des<br />
films Henri et Edmond, Moutons<br />
et aussi -> expo des maquettes de Steeve<br />
Grandsire et des photos de figurines de<br />
Dimitri Bois<br />
www.bm-reims.fr
PAR AGATHE CEBE<br />
collectif<br />
17<br />
des<br />
chiffres &<br />
des belles<br />
lettres<br />
Le Collectif 17 est composé de 8 jeunes, dont 7 comédiens<br />
et 1 metteur en scène. Ça fait déjà une belle addition.<br />
Ils sont résidents à la Comédie pour toute cette<br />
saison, et résidents à Reims, pour une vie commune<br />
vraiment commune. Résolument tourné vers les belles<br />
lettres, le Collectif 17 met à l’honneur le théâtre antique,<br />
en le sublimant d’une fraîcheur nouvelle. Ferdinand Barbet,<br />
jeune auteur, comédien et metteur en scène, mène<br />
cette joyeuse troupe au gré de leurs multiples projets<br />
prévus cette année, dans et hors des murs de la Comédie.<br />
Il y a d’abord leur diptyque, Quelqu’un arrive et je<br />
ne me connais plus, inspiré des Bacchantes d’Euripide,<br />
du 11 au 20 janvier 2018 à l’Atelier, ainsi qu’une création,<br />
Narcisse, du 13 au 20 avril. Mais déjà, vous avez certainement<br />
croisé les énergies folles du Collectif 17, notamment<br />
au marché Boulingrin, à la médiathèque Croix-<br />
Rouge, à l’ESAD ou à Maison Vide, où les comédiens<br />
ont déjà donné des représentations de Lysistrata, une<br />
pièce d’Aristophane où des femmes décident d’arrêter<br />
la guerre en faisant du chantage à leurs hommes. Hors<br />
les murs, ça fait sacrément d’espaces à visiter, et le Collectif<br />
se laisse jusque début décembre pour venir près<br />
de chez vous. Alors, certes, vous pouvez laisser jouer le<br />
hasard de la rencontre, mais…<br />
Riches de transmissions, et généreux, les membres du<br />
Collectif 17 ont aussi prévu des ateliers de formation, un<br />
accompagnement des classes de la Comédie, des petits<br />
spectacles impromptus, des lectures, des concerts…<br />
Nul doute que vous risquez de croiser leur route durant<br />
leur grande année d’immersion culturelle rémoise<br />
lacomediedereims.fr - 03 26 48 49 10<br />
rp@lacomediedereims.fr<br />
OP<br />
Hélène, elle est community<br />
questions en passant<br />
à hélène IOANNIDIS<br />
manager à la Carto. On peut<br />
dire que c’est une sacrée<br />
mission, car une sacrée community,<br />
la Carto. Public, artistes,<br />
fans euphoriques, trolls<br />
rabat-joie, bonnes nouvelles,<br />
déconvenues : tout passe par<br />
le petit doigt d’Hélène sur<br />
son écran tactile. Un job de<br />
l’instant, un job minutieux. Une<br />
mécanique précise, de l’ombre,<br />
pour mettre en lumière la<br />
grande boîte à musique de<br />
Reims.<br />
Trois verbes pour décrire ton activité :<br />
Forcément des verbes d’action… « Courir », tout le monde s’en<br />
doute. Alors je dirais « scroller », « uploader » et « surprendre ».<br />
Que fais-tu des trolls ?<br />
Je m’amuse avec eux tant que je peux, mais jamais méchamment<br />
! Ils redoublent toujours d’imagination pour me surprendre.<br />
Et il y a les trolls occasionnels, et les trolls réguliers.<br />
R*** est un troll régulier auquel je me suis presque attachée,<br />
même s’il pose toujours les mêmes questions, et que je lui<br />
donne toujours les mêmes réponses !<br />
Ton plus beau live-tweet ?<br />
C’est celui que j’ai fait pendant la conférence de presse de<br />
la Magnifique Society. Ce n’est pas tant pour le contenu que<br />
pour les circonstances dans lesquelles je live-tweetais. C’était<br />
ma première conférence de presse à la Carto, et je savais que<br />
ma mission était de dévoiler, progressivement, une programmation<br />
que tout le monde attendait de connaître. C’était<br />
excitant.<br />
Si tu étais un hashtag ?<br />
#jpeuxpasjaiconcert!<br />
Question existentielle : les réseaux sont-ils une réalité augmentée<br />
?<br />
Il y a plein de réponses possibles ! Et il faut savoir que chaque<br />
personnalité réelle possède sa personnalité virtuelle. Mais<br />
cette réalité, sur les réseaux, on en fait ce qu’on veut. Mon job,<br />
c’est de maîtriser ça, cet outil qui crée du rêve. Je vois vivre la<br />
Carto, je la mets en valeur. Ça reste de l’image, il y a des réactions<br />
ou pas, mais être community manager, c’est inventer des<br />
petits paradis, et donner de l’envie.<br />
Confession intime : ton premier pseudo internet ?<br />
C’était Leni601 ! Pour mon adresse msn… Leni, parce que<br />
c’était mon surnom d’enfance, et 601, parce<br />
08<br />
que tu te rends<br />
compte que beaucoup d’autres filles doivent avoir ce surnom,<br />
et je suis arrivée 601 e , certainement !<br />
Paint<br />
it (not)<br />
black<br />
Il y a bien plus de belles choses dans plusieurs cerveaux<br />
réunis que dans un seul isolé. L’association des<br />
entreprises du Port Sec et La Husselle l’a bien compris,<br />
lorsqu’il s’est agi de redonner un coup de frais à la rue<br />
Philippe, le long de la Carto. Sur ce mur de béton de<br />
840 m 2 , qui appartient à la SNCF, plusieurs artistes<br />
ont été conviés à un embellissement collectif, pérenne,<br />
sous forme de challenge performance en public, le 9<br />
septembre dernier. Ça, c’est le cœur battant du projet<br />
ZI Artistes Plus de soixante artistes, locaux et moins<br />
locaux – de Reims à Casablanca, ont répondu présents<br />
pour bûcher sur le thème imposé « L’industrie d’hier<br />
et aujourd’hui ». Les bombes de peinture ont cliqué,<br />
claqué, sifflé, soufflé. Et les 220 panneaux ont été couverts<br />
d’une œuvre urbaine, cohérente dans sa diversité,<br />
diverse dans sa cohérence. En longeant le mur, c’est<br />
comme faire un voyage graphique, périple de couleurs<br />
et d’univers alternatifs. Ce projet d’envergure a été<br />
porté par plusieurs instances rémoises, dont PRISME,<br />
Projet Rémois d’Initiative et de Sensibilisation au Mécénat<br />
d’Entreprise, qui a co-organisé l’évènement.<br />
Aujourd’hui, « on est certains qu’il va y avoir une suite »<br />
confie Thierry Prévoteau, directeur de l’entreprise<br />
Majuscule et président de l’association du Port-Sec.<br />
En pourparlers avec la Culture et l’Office du Tourisme,<br />
le projet pourrait voir la fresque se démultiplier sur les<br />
autres murs en friche du<br />
quartier. Et c’est vrai qu’il y<br />
a de quoi faire…<br />
Si cet art est viral, nous<br />
ne lutterons pas contre la<br />
contamination.<br />
Au rendez-vous<br />
des inspirations<br />
Des portraits d’artistes et d’amis, trente-deux portraits. C’est la prochaine<br />
expo de Alain Hatat, « un projet de longue date ». Le photographe<br />
a souhaité fixer des visages connus depuis longtemps,<br />
des personnalités qui l’ont forgé, humainement et professionnellement.<br />
Mêlant affection et admiration, Alain Hatat rend hommage,<br />
comme un bilan artistique, à des hommes et des femmes qui ont, à<br />
un moment donné, transformé le cours de sa vie. Ismael Kachtihi Del<br />
Moral, Alain Margoton, Armelle Blary, José Renaud. C’est une ronde,<br />
en noir et blanc, qui emporte le visiteur dans une exposition symbolique,<br />
intime, introspective. « Le parti-pris était de créer un face à<br />
face avec chaque artiste. Je souhaite porter sur eux un regard sans<br />
artifice. Pour montrer tout ce que leurs âmes m’ont humainement<br />
transmis. » Ce n’est certes pas une révérence, mais il est<br />
impossible de savoir qui, de l’artiste photographe ou de<br />
l’artiste muse, honore le travail de l’autre.<br />
Portraits d’artistes, à la Caisse d’Epargne,<br />
rue Carnot – du 15 octobre au 30 novembre.<br />
BB<br />
Initials<br />
La troupe fantôme d’Anthonin Ternant va souffler dans vos<br />
oreilles la nuit : les Black Bones sortent leur premier album le 13<br />
octobre. Kili Kili, ça chatouille quand on le dit, mais ça dépote<br />
quand on l’écoute. Dix morceaux, pour la plupart déjà bien<br />
connus de leur fervent public, que l’on va pouvoir écouter et<br />
réécouter à l’envi, comme You’re the Tomb, I’m Gay ou encore<br />
The Shaggs. Le 21 septembre dernier, Anthonin Ternant, alors<br />
plus ange que démon, avait présenté en exclu à Ami-Ami<br />
le clip de Deathco, tourné cet été. Mais là, pour fêter l’album<br />
et aussi les plaisirs de la Toussaint, les Black Bones seront sur<br />
la scène de la Carto le 31 octobre, pour une Noche De Muertos.<br />
Lumière noire et néons fluos : seuls les braves sont invités.<br />
Soundcloud : @blackbonesreims<br />
Infos et réservations : La Carto - 03 26 36 72 40<br />
V<br />
le chiffre<br />
romain,<br />
pas la lettre<br />
Elles sont cinq jeunes diplômées de l’ESAD. En juin dernier,<br />
elles ont terminé leur Master, cycle de cinq années<br />
de recherches, et pour fêter cet aboutissement, la Comédie<br />
les accueille, jusqu’au 21 octobre, en ses lieux, pour<br />
une exposition collective. Elvire Flocken-Vitez, Noémie<br />
Mahieux, Laura Merkbaoui, Marie Servas ont toutes installé<br />
leurs œuvres aux quatre coins de la Comédie. Mais<br />
s’il devait être un cinquième coin nécessaire, ce serait<br />
pour Carla Adra qui a remporté, le 3 octobre, lors de du<br />
vernissage, le prix PRISME – 4 e du nom. Sa vidéo performance,<br />
« Aire » d’une durée de quinze minutes, a séduit<br />
le jury, et obtenu des mains de Didier Janot une dotation<br />
de 5000 euros. « Un drôle de concert de grincements<br />
de sièges ! » se souvient Florence Lhermitte. Comme elle<br />
en a coutume, la Comédie ouvre ses<br />
portes pour tous les visiteurs qui voudraient<br />
observer le travail de ces jeunes<br />
talents, aux cinq coins de son théâtre.<br />
Mais attention : à installations choisies,<br />
horaires précis.<br />
www.esad-reims.fr/v<br />
© esad
figue<br />
gaufrette<br />
«La figue :<br />
forme, texture,<br />
chair, couleur,<br />
elle ne ressemble<br />
à aucun fruit.<br />
Ses accents vineux<br />
et sucrés appellent<br />
un coteau champenois<br />
blanc ou rouge.<br />
»<br />
par Arnaud Lallement<br />
Gavotte<br />
108 g d’eau | 10 g de beurre | 10 g de farine | 1 g de sel | 20 g de<br />
sucre glace | 60 g de blancs d’œufs<br />
Mélanger la farine, le sucre glace et les blancs d’œufs. Chauffer<br />
jusqu’à ébullition l’eau, le beurre et le sel. Ajouter le mélange<br />
d’avant. Cuire pour épaissir. Mixer. Etaler sur une plaque des<br />
rectangles de 12 cm par 9 cm. Cuire à 160°C pendant 10 à 12<br />
min. Rouler avec un tube de 2 cm de diamètre.<br />
Compotée de figues<br />
75 g de figues | 10 g de miel | 10 g de sucre | 25 g de beurre | 1 g<br />
de jus de citron | 1 g d’acide citrique<br />
Couper les figues en dés. Ajouter le jus de citron et l’acide<br />
citrique. Colorer le miel et le sucre. Déglacer avec le beurre.<br />
Mélanger le tout. Cuire. Refroidir. Mettre en poche.<br />
Réduction vin rouge<br />
25 cl de vin rouge réduit à 50 g<br />
Faire chauffer et réduire le vin rouge à 50 g.<br />
Siphon orange<br />
33 cl de jus d’orange | 17 g de sucre vergeoise | 167 g de crème<br />
liquide<br />
Faire chauffer et réduire le jus d’orange à 167 g. Mélanger tout<br />
dans l’ordre. Refroidir. Mettre en siphon.<br />
Figues à poêler<br />
25 g de miel | 6 figues | 5 g de beurre | 1 cuillère à soupe de<br />
réduction vin rouge<br />
Couper les figues en quartiers. Les poêler dans le miel. Déglacer<br />
au vin rouge. Monter au beurre.<br />
Chantilly au citron<br />
100 g de crème | 8 g de sucre glace | 1/2 citron vert<br />
Monter la crème avec le sucre. Prélever le zeste du citron vert.<br />
Ajouter et mettre en poche.<br />
Dressage<br />
Placer la gavotte sur la gauche de l’assiette. Garnir au centre<br />
de compotée figue et de siphon orange sur les côtés. Coller le<br />
tube avec un peu de chantilly pour éviter qu’il bouge. Faire une<br />
bande de chantilly sur le tube avec une douille droite. Ajouter<br />
quelques morceaux de figues, deux fleurs de tagette et des<br />
feuilles de limon cress. Faire des points de réduction vin rouge<br />
au centre de l’assiette et poser trois quartiers de figue sur la<br />
droite.<br />
G<br />
goût<br />
10<br />
figue gaufrette © matthieu cellard<br />
GOÛT<br />
Le sagarno<br />
d’Eztigar<br />
En Iparralde – le pays basque français – la tradition veut que<br />
les fermes produisent du sagarno, un cidre local qui en réalité<br />
« s’apparente plus à un vin de pomme ». C’est ce qu’explique<br />
Clément Lourme, maître de chai qui a repris avec sa compagne<br />
Marie Ascano la gérance d’une petite SARL implantée à<br />
Saint-Just Ibarre, au pied du Col d’Osquich. Ne vous attendez<br />
pas à voir à proximité de vastes vergés de pommiers mais plutôt<br />
quelques arbres épars, rassemblés en bosquet ici ou là.<br />
Les variétés de pommes sont locales, rustiques et répondent<br />
aux noms d’Anisa, Eri Sagara, Ondo motxa, Gordin xuria…<br />
Ici la culture immémoriale de la pomme – elle remonterait à la<br />
plus haute antiquité - ne constitue qu’un revenu de complément<br />
pour les quelques agriculteurs qui se sont réunis autour<br />
d’Eztigar en 1990. L’objectif était alors de sauvegarder ces<br />
variétés locales en voie de disparition en replantant 15 000<br />
pommiers. « Nous travaillons le plus naturellement possible,<br />
sans sucre ni gaz ajoutés, uniquement avec des ferments indigènes<br />
», rappelle Clément Lourme, le sagarnoegile (littéralement<br />
le producteur de cidre), qui se concentre après la récolte<br />
de novembre, sur les quelques semaines clés de l’élaboration<br />
du sagarno. Récolté, pressé et pasteurisé, le jus de pomme<br />
passe presque trois mois pour une fermentation lente, en<br />
barrique, avant d’être mis en bouteille. Il affiche alors un degré<br />
d'alcool toujours<br />
supérieur à<br />
5°, une acidité<br />
prononcée et un<br />
pétillant léger<br />
plus proche<br />
de la bulle de<br />
champagne que<br />
de la mousse du<br />
cidre ou de la<br />
bière.<br />
À la dégustation,<br />
la surprise est au rendez-vous, tant le produit fini se<br />
démarque de ses très lointains cousins de Normandie ou de<br />
Bretagne. Le sagarno est puissant avec, au nez, quelques<br />
notes de musc ou de cuir qui n’entament en rien sa fraîcheur<br />
lorsqu’il arrive en bouche. Ce vin de pommes rustique désaltère.<br />
Il est constitutif de l’identité de l’Iparralde rurale, loin de<br />
la côte. « Nous gérons des années avec de fortes alternances<br />
dans la production. Avec parfois des récoltes de 400 tonnes<br />
de pommes, ce qui est presque trop. Elles sont capricieuses<br />
mais aussi très riches à travailler ». Etzigar se développe peu à<br />
peu. « Les idées fusent, sourit Clément Lourme. Nous faisons<br />
désormais du jus de pomme pétillant, le Bikainia, un cidre millésimé<br />
haut-de-gamme que nous avons lancé en 2014. Nous<br />
avons déjà des vergers en bio, nous espérons en intégrer un<br />
peu plus. Et puis nous voulons intégrer de nouveaux producteurs,<br />
des jeunes, pour un complément de revenu ». À boire en<br />
bouteille si l’on se fait livrer ou à la cidrerie de Saint-Just Ibarre<br />
pour une dégustation au bord du txotx, le tonneau basque<br />
que l’on met en perce en février pour fêter le cidre nouveau.<br />
Cyrille Planson<br />
11<br />
Une<br />
vodka<br />
champenoise<br />
La société Bastille Day a lancé<br />
voici quelques mois une vodka<br />
blanche dénommée Guillotine,<br />
issue de marc de raisins du vignoble<br />
champenois. Héritage<br />
est une vodka vieillie en fûts<br />
de chêne, sur une durée de quinze<br />
jours à six mois. Les produits<br />
sont distillés à Aÿ-Champagne,<br />
puis acheminés en région parisienne<br />
pour être mis en bouteille,<br />
avant diffusion dans les réseaux<br />
haut-de-gamme et à l’export. C.P.<br />
roederer<br />
100%<br />
bio<br />
Pour la vendange 2017, l’antique maison de Champagne Roederer<br />
– fondée en 1776 – a annoncé que 100 % de son vignoble avait été<br />
cultivé selon des normes biologiques. Ainsi, quelques premières<br />
bouteilles de la célèbre cuvée Cristal devrait être commercialisée<br />
sous le label bio dès 2020. Cette cuvée d’exception passe environ<br />
5 ans en caves, puis encore 8 mois après le dégorgement et le<br />
dosage avant d’être commercialisée. C. P.<br />
VIGNERONS<br />
INDÉPENDANTS<br />
EN SALON<br />
À l’agenda du lecteur de Process, forcément, on trouvera pour<br />
cet automne le 25 ème salon des vignerons indépendants (Parc des<br />
expositions – du 10 au 13 novembre), l’un des plus grands salons<br />
de France qui présente l’avantage de pouvoir rencontrer les producteurs.<br />
Chez Process, on vous conseille donc le Domaine Sainte-<br />
Juste, de Durban-Corbières, dans l’Aude. Ce domaine bio de 11<br />
hectares que cultive Rémy Miquel cache quelques jolies bouteilles.<br />
Les sols argileux, calcaires et schiste du domaine, sont plantés de<br />
grenache noir, syrah, carignan, mourvèdre, cincault (pour les vins<br />
rouges et rosés), et de grenache blanc, macabeo, bourboulenc et<br />
roussanne (pour les blancs). On ne saurait trop vous conseiller de<br />
goûter la cuvée Melchior, le must du domaine. Puissante et racée,<br />
elle met à leur avantage ces rouges rustiques qui naissent<br />
sur ces terres inhospitalières, écrasées par le soleil et balayées par<br />
le cers et le marin, deux vents particulièrement rageurs. À découvrir<br />
sur le stand du Domaine Sainte-Juste, avec modération, bien<br />
évidemment. C.P.
el<br />
À cœur vaillant<br />
Trois hommes s’attaquent<br />
à Jacques Brel sur la scène<br />
du Bar de la Comédie.<br />
Rien d’impossible.<br />
Ils sont nous<br />
Enfants, nous avons tous eu des rêves. Derrière la maison, poussant un ballon<br />
sur la pelouse pourrie du jardin de ses parents on se prend pour Michel Platini,<br />
dribblant des adversaires imaginaires, commentant à voix basse l’action formidable<br />
qui se déroule dans notre tête, avec ce foutu clébard qui nous court après,<br />
la frappe finale finie sa course dans le but, entre le cerisier et le vélo. Devant une<br />
petite glace dans sa chambre, la main gauche aux doigts crispés, une main droite<br />
non moins crispée et Jimi Hendrix à fond sur une chaîne Akaï tout aussi pourrie<br />
que la pelouse. On y est, on se voit Jimi Hendrix mais en droitier, tout son être<br />
d’adolescent tendu vers un rêve, jouer comme lui. Et puis arrive l’âge d’après.<br />
Une chose dont je suis sûr, c’est qu’Olivier Vaillant ne chantait pas du Jacques<br />
Brel tenant dans sa main une brosse à cheveux en guise de micro. Jacques Brel<br />
ce n’est pas un truc d’enfant. Et on ne peut pas jouer à Jacques Brel. Jacques Brel<br />
est trop impressionnant, son interprétation est trop folle, trop illuminée et effrayante<br />
pour s’en approcher. Pour jouer à Jacques Brel il faut être Jacques Brel.<br />
Et pourtant. Les pauvres types qui peuplent ses chansons et ses mots, ces mecs<br />
aux coeurs brisés qui trainent dans des endroits qui puent la pisse et la bière, ces<br />
couplent qui hésitent, ces vies qui tanguent, ces rêves d’enfant qui s’évanouissent.<br />
Ils sont nous.<br />
Lire plutôt qu’écouter<br />
Tout a commencé par une discussion avec Benjamin Benoit, un copain<br />
d’Olivier Vaillant, qui gère le bar de la Comédie. Il y avait d’un côté une idée de<br />
décor, ambiance seventies « quelque chose entre le studio d’enregistrement et une<br />
chambre » et puis Brel. « Cette idée de s’attaquer à Brel m’a emballé ». Il lui fallait<br />
trouver deux comparses pour se lancer dans l’aventure. Le premier, Damien<br />
Buisson, à la guitare, au sampler et clavier. Le deuxième, François Malnovic, à<br />
la production musicale, le design sonore et la programmation lumière. Certes,<br />
des comparses brillants pour construire un son moderne et épuré, mais le troisième<br />
- Brel - est autrement plus emmerdant à manipuler. « Nous avons décidé<br />
dès le départ de partir ce postulat : nous avons entre les mains les textes de Brel<br />
comme si c’étaient ceux que j’avais écrit et nous devons composer et interpréter »<br />
Sacré pari tant il est difficile de dissocier les textes de leur incarnation par Brel.<br />
« J’ai pour ma part décidé d’oublier le personnage pour me glisser dans les textes.<br />
Un des moyens que j’ai trouvé a été de les apprendre par cœur. Lire les textes plutôt<br />
que de les écouter change tout. »<br />
Dans la gueule<br />
« Quand je me suis attaché aux mots de ses chansons, je me suis rendu compte<br />
que ça me parlait à moi, à ma vie. Je me suis plongé dedans. Plutôt que de vouloir<br />
incarner Brel, ce sont les gens de ma vie, ceux que j’ai croisé, ceux qui m’ont fait mal,<br />
ceux que j’ai aimé, qui viennent s’habiller des mots des chansons de Brel. C’était là<br />
la vraie façon de l’aborder. Ce sont mes mots qui sont dit sur scène, ma vie. »<br />
La salle est plongée dans le noir, le public est spectateur de cette mise à nu.<br />
« Quand on a travaillé pendant plusieurs jours lors d’une résidence à la Comédie,<br />
je dois dire très honnêtement que je me suis pris tous les textes dans la gueule.<br />
J’ai une histoire perso qui s’incarne dans chaque personnage des chansons. » Je fais<br />
remarquer à Olivier que finalement, tout cela ressemble furieusement à une psychanalyse.<br />
Il rit.<br />
Le sparadrap qui colle<br />
Ils ont donc décidé de s’attaquer à 17 textes de Jacques Brel, certains mythiques<br />
d’autres moins connus : Amsterdam, Au suivant, La quête, Mathilde, Orly,<br />
Ces gens là, J’arrive, Le plat pays, Les bourgeois, Le Lion, Si il te faut…<br />
« Nous avons beaucoup bossé, recommençant jusqu’à arriver à une musique qui<br />
corresponde vraiment à notre ligne artistique. » Avec parfois des partis pris forts.<br />
« Amsterdam est en trois temps. Tout le monde la fredonne en trois temps. » Difficile<br />
effectivement de se séparer des trois temps d’Amsterdam, un sparadrap qui<br />
colle au bout du doigt. « Et bien nous avons décidé de la passer en quatre temps.<br />
Ça donne quelque chose d’autre. Pour certaines, nous avons viré les mélodies pour<br />
créer nos propres musiques. »<br />
Sept dates ont déjà été jouées à la Comédie. « J’ai flippé lors des premières quand<br />
j’ai vu débarquer des personnes d’un certain âge. Je me suis dit qu’elles devaient<br />
avoir leur Brel et je redoutais de les confronter à ce que nous en avions fait.<br />
Les réactions ont été super, les gens sont venus nous voir pour nous dire qu’ils<br />
avaient totalement redécouvert certaines chansons. » Huit nouvelles dates arrivent.<br />
« C’est un vrai projet de scène que l’on a envie de porter, ça ne peut pas<br />
fonctionner sur disque, il faut le voir, le vire. »<br />
MATHILDE EST REVENUE<br />
du 20 octobre au 04 novembre<br />
www.lacomediedereims.fr<br />
TEXTE jean delestrade<br />
PHOTO romus ducros<br />
C<br />
chanson<br />
12
César<br />
du meilleur studio<br />
VISITE EN IMAGES<br />
Césaré, Centre National de Création Musicale, abrite une vaste palette<br />
de curiosités musicales, de créations atypiques et d’outils pour<br />
projets naissants. Chaque saison, outre sa programmation toujours<br />
étonnante, Césaré accueille des artistes résidents – dix-huit cette<br />
année – afin de les aider dans leurs progressions créatrices, et de les<br />
promouvoir, ensuite, au gré de leurs différents partenariats culturels.<br />
En effet, Césaré, loin du repli sur soi, s’ouvre à toutes les grands<br />
manifestations rémoises, et se fait terre d’asile pour des festivals qui<br />
s’égrènent dans la ville, comme le festival We Insist, ou le prochain<br />
Sunnyside.<br />
Se glisser dans leur studio pour un reportage photo, c’est comme<br />
s’immiscer dans un trou de souris, ou jeter un œil de l’autre côté du<br />
miroir.<br />
14 15<br />
R<br />
reportage
eportage Vincent Van Der Hedde<br />
texte agathe cebe<br />
16<br />
SoHome<br />
18<br />
IMMOBILIER<br />
Parvis de la Cathédrale l www.sohome18.com l 03.52.82.97.42<br />
TRANSACTION - LOCATION - GESTION - PROGRAMMES NEUFS
Parmi les artistes qui exposeront à Frichorama,<br />
Juliette Mock, un bac Littéraire en poche, diplômée<br />
de l’ESAD en 2016 et en résidence longue<br />
à la Fileuse depuis juillet 2017, fait figure de<br />
toute nouvelle venue. Nous l’avons rencontrée,<br />
il y a quelques jours, dans son atelier,<br />
dans lequel se trouvent des petits chariots<br />
couverts d’outils, des étagères remplies de<br />
livres d’art et de matériaux, quelques photos<br />
accrochées aux murs, mais aussi les travaux<br />
de sa dernière série, Les jambes, qu’elle doit<br />
terminer au plus vite avant de les dévoiler mioctobre.<br />
En ce moment, nous dit-elle, « c’est<br />
le rush » ! Mais à ses yeux, le stress qu’il induit<br />
n’est pas négatif : « le rush, c’est un plaisir.<br />
Ça nous met dans une autre bulle. » Quand elle<br />
parle, Juliette Mock est à la fois calme et très<br />
vive et si ses yeux sont à la fois doux et pénétrants,<br />
ses mains, elles, bougent sans cesse<br />
et traduisent un grand bouillonnement intérieur.<br />
Rencontre avec une jeune artiste étonnante<br />
qui nous a déjà dévoilé le plat phare<br />
servi au bar lors de l’ouverture de Frichorama<br />
au public : une harira à base de pois chiches,<br />
de lentilles et de piment !<br />
La bulle créative<br />
de Juliette Mock<br />
1_<br />
18<br />
D<br />
danse<br />
Comment t’es-tu sentie à l’ESAD ?<br />
Être en école d’art est un vrai plaisir.<br />
J’aurais aimé que ça dure toute<br />
la vie… On est dans notre petit<br />
monde et c’est très agréable ! J’ai en<br />
plus eu la chance d’avoir de grands<br />
professeurs : Guillaume Leblon et<br />
Giuseppe Gabellone, qui venaient<br />
régulièrement voir notre travail dans<br />
nos ateliers respectifs. En première<br />
année, on touchait un peu à tout et<br />
ensuite, nous devions nous créer des<br />
objectifs de travail, approfondir nos<br />
recherches, et nous concentrer sur<br />
certains artistes.<br />
Quel est le talent qui t’a donné envie<br />
de te lancer dans ce domaine ?<br />
J’ai toujours aimé dessiner et sinon,<br />
mon premier « talent », c’est le bordel !<br />
En ce moment, je manie beaucoup<br />
le plâtre : j’aime bien travailler sur les<br />
matériaux avant d’étudier un concept<br />
précis. L’œuvre présentée lors de l’exposition<br />
Frichorama, elle, sera constituée<br />
de résine et de papier, deux<br />
matériaux qui n’aiment pas du tout la<br />
poussière…. Or, le plâtre en produit<br />
beaucoup. C’est donc assez délicat de<br />
travailler tous ces matériaux dans la<br />
même pièce. Il y a à chaque fois tout<br />
un processus de nettoyage !<br />
Comment est né ce projet auquel tu<br />
as donné pour titre « Les<br />
jambes »?<br />
Je suis partie de photographies,<br />
qui ont ensuite été<br />
imprimées sur du papier<br />
avion, couramment utilisé<br />
pour l’impression des plans<br />
des architectes. J’ai demandé<br />
à des garçons de prendre<br />
leurs jambes en photo<br />
d’après une perspective<br />
assez complexe. Certains<br />
d’entre eux étant au courant<br />
que j’étudiais l’art, ils ont cherché, ne<br />
voulant pas paraître trop amateurs,<br />
à réaliser des clichés originaux. J’ai<br />
donc eu beaucoup de drapés, de<br />
miroirs… Quelques plasticiens m’ont<br />
aussi envoyé des photos. J’ai finalement<br />
choisi la jambe d’un footballeur<br />
et cela se voit : elle est musclée !<br />
C’est vrai ! Et pourquoi avoir donné<br />
cet effet de déchirure ?<br />
J’avais envie de mettre en valeur<br />
la matérialité de l’image ! Avec la<br />
résine - qui finit brillante car c’est de<br />
la résine polyglass - on peut jouer<br />
pendant des heures et si l’image est<br />
devenue telle qu’est elle maintenant<br />
c’est parce après avoir humidifié<br />
mon papier, je l’ai accroché à un clou<br />
et l’ai laissé se déchirer. Toutes les<br />
déchirures, toujours très nettes, sont<br />
différentes.<br />
Où puises-tu ton inspiration ?<br />
Dans la peinture ! Elle me permet<br />
de comprendre mes formes, mes<br />
sujets. Je l’utilise comme un moyen<br />
de réflexion. C’est une sorte d’étape<br />
préparatoire. Beaucoup de légendes<br />
circulent quant à la naissance de la<br />
peinture et j’ai retenue celle-ci, que
je trouve très belle : la peinture serait<br />
née grâce à une femme qui, à l’instant<br />
même où son amant fut appelé pour<br />
partir à la guerre, se mit à dessiner<br />
les contours de son corps (il était de<br />
dos). J’aime la gestuelle liée à la peinture,<br />
les techniques, les couleurs…<br />
Et j’aime aussi la balance qu’il peut<br />
y avoir entre le beau et le violent,<br />
comme c’est par exemple le cas dans<br />
La lamentation sur le Christ Mort de<br />
Mantegna.<br />
Ton projet de juin 2016, alors que<br />
tu étais encore à l’ESAD, a quelques<br />
points communs avec « Les Jambes »:<br />
les couleurs, la texture, la volonté d’un<br />
figuratif incomplet…. Qu’avais-tu en<br />
tête ?<br />
Je me suis inspirée d’extraits de peintures<br />
de Mantegna et je les ai mélangés<br />
avec des univers de mariages.<br />
On voit beaucoup de vêtements de<br />
femmes, de voiles. J’ai présenté ce<br />
projet dans la salle de l’école rémoise<br />
du musée St Rémi pendant un mois<br />
et mon œuvre, accrochée juste devant<br />
une fenêtre, ressemblait à un vitrail.<br />
C’était un projet très esthétique, très<br />
fin, et oui, il est vrai qu’il y a un lien<br />
entre mes deux projets !<br />
As-tu une obsession ou une idée qui<br />
prime dans ton travail ?<br />
La question du vivant ! En tant qu’artiste,<br />
nous transformons des matières<br />
qui continuent à vivre et nous les<br />
parons d’une sorte d’immortalité.<br />
Liz Magor, une artiste plasticienne<br />
canadienne qui compte à mes yeux,<br />
s’approche elle aussi beaucoup du<br />
vivant dans ses productions.<br />
Que deviennent tes œuvres après une<br />
expo ? Les accroches-tu chez toi ? En<br />
vends-tu ?<br />
Non, chez moi, c’est blanc. Elles ne<br />
sont ni à vendre, ni à jeter puisque<br />
je leur ai donné une valeur mais à<br />
emballer et à garder. Je conserve mon<br />
travail sur du papier couché, dans<br />
une grande pochette à dessin : cela<br />
me fait une sorte de mini musée.<br />
Et as-tu des activités parallèles à ta<br />
vie d’artiste ?<br />
Oui, j’ai travaillé sur des marchés :<br />
je vendais des fruits et des légumes<br />
et j’aidais à monter et à démonter<br />
les stands. J’adore ces petits boulots,<br />
ils me permettent de ne pas être<br />
trop loin du monde actuel, ce qui<br />
est important pour un artiste. Par<br />
contre, je peux vite m’ennuyer ou en<br />
avoir marre, et c’est ce qui s’est passé<br />
sur les marchés. J’ai donc arrêté et<br />
me suis lancée dans les vendanges !<br />
Et maintenant, je vais voir ce que je<br />
vais faire.<br />
FRICHORAMA<br />
2017<br />
À l’occasion de Frichorama, le grand rendez-vous<br />
de la Friche artistique rémoise, Elsa<br />
Bezaury, directrice de La Fileuse, vous invite<br />
à découvrir deux ans de travail artistique au<br />
travers d'une exposition, de spectacles et<br />
d'installations in-situ. 35 artistes plasticiens et<br />
8 compagnies de spectacle vivant sont au rendez-vous<br />
pendant ces 3 jours (les 14, 15 et 21<br />
octobre) d'ouverture grand public. Du lundi au<br />
vendredi, des visites guidées (sur réservation),<br />
sont aussi proposées aux groupes scolaires, aux<br />
associations et aux entrepreneurs, et une journée<br />
professionnelle aura lieu le jeudi 19 octobre<br />
de 10H à 17H dans le but d'échanger sur le métier<br />
d'artiste et sur les métiers accompagnant la<br />
création artistique.<br />
La Fileuse 26 Rue du Docteur Albert<br />
Schweitzer, 51100 Reims<br />
www.reims.fr/333/la-fileuse.htm<br />
Le 14, 15 et 21 octobre<br />
TEXTE justine philippe<br />
PHOTOs Baptiste Heller - Marcels<br />
1_Sans titre. impression jet d'encre, 2016. 1_
Le<br />
photographe<br />
Sebastião Salgado<br />
qui<br />
Aimait<br />
les<br />
arbres<br />
P<br />
photo<br />
22<br />
_Mali. 1985.
Il est l’une des dernières légendes<br />
vivantes de la photographie.<br />
À 73 ans ce Brésilien<br />
citoyen du monde qui a trouvé<br />
asile en France en 1969<br />
après avoir fuit la dictature,<br />
reste un globe trotter passionné,<br />
constamment prêt à<br />
coller son œil sur les enjeux<br />
majeurs de la planète.<br />
Dans ses images et ses<br />
mots, toujours la même<br />
musique lancinante<br />
pour défendre la dignité<br />
de l’Homme et<br />
de ce qui est devenu<br />
pour lui son corollaire incontournable,<br />
l’écologie.<br />
_Iguane marin. Galápagos, Équateur. 2004.<br />
Sebastião Salgado ! Pour le jeune photographe que j’étais à la fin des années 80,<br />
la découverte des images des orpailleurs de la mine de Serra Pelada, a constitué<br />
un sacré choc, comme une évidence révélée. Salgado rassemblait dans ses photos<br />
tout ce qui pouvait faire rêver un photojournaliste débutant : un humanisme<br />
engagé magnifié par un style noir et blanc crépusculaire et presque mystique, des<br />
contrées lointaines, des sujets au long cours apparemment loin des contingences<br />
économiques. C’était beau, vrai et tellement important !<br />
« Mon temps est très rationné en ce moment, j’ai mille choses à faire avant de<br />
partir pour deux mois retrouver les communautés indigènes en Amazonie », me<br />
lâche-t-il au téléphone depuis le Brésil, comme pour entretenir sa légende. Sa<br />
voix est ferme et chantante, ses phrases au français impeccable rythmées par de<br />
multiples « tu vois ».<br />
« On est en train de foutre en l’air la dernière portion de forêt tropicale en Amazonie,<br />
c’est un moment grave pour ce pays et les tribus autochtones mais ça l’est<br />
aussi pour l’ensemble de la planète. Tu vois, il nous faut trouver d’autres rapports<br />
économiques avec l’Amazonie, jusqu’à présent tous les investissements ont été<br />
destructifs pour l’environnement, c’est une catastrophe. Si on perd cette forêt,<br />
on perd tout. »<br />
L’Amazonie et son peuple pacifique « en harmonie totale avec la nature », c’est<br />
l’histoire qu’il photographie quasi à plein temps depuis bientôt quatre ans et il estime<br />
devoir travailler encore au moins trois années de plus pour finir son projet.<br />
Ce sera alors certainement une nouvelle exposition qui fera le tour du monde et<br />
un probable best-seller. « J’ai organisé ma vie pour pouvoir traiter les sujets pendant<br />
longtemps, je ne saurais pas faire autrement. Pour bien comprendre ce qu’il<br />
se passe ou se faire accepter par une communauté il faut du temps. Il faut vivre<br />
ce que l’on photographie pour que cela prenne de l’importance. » Je me souviens<br />
alors avoir lu qu’il avait passé des jours entiers assis sur des quais au Bangladesh<br />
à regarder et se faire voir des ouvriers qui déconstruisaient les bateaux avant de<br />
sortir son boîtier !<br />
Faire revivre la forêt tropicale de son enfance<br />
Salgado est l’homme pressé qui prend sont temps, même pour des projets insensés<br />
comme replanter une forêt tropicale sur sa terre natale, la vallée du Rio Dulce<br />
au Brésil. Son père y possédait une ferme sur des centaines d’hectares où paissait<br />
un immense bétail, et puis autour de la propriété les bulldozers des entreprises<br />
de déforestation ont accompli leur œuvre mortifère.<br />
À l’aube de l’an 2000, particulièrement meurtri psychologiquement par les années<br />
passées à photographier l’exode des peuples chassés par la faim ou la guerre,<br />
notamment au Rwanda, atteint aussi par les mêmes critiques qui après l’avoir<br />
encensé lui reprochaient maintenant, vieille rengaine, un esthétisme de la misère,<br />
il s’octroie une pause dans l’endroit où il a grandit, seul garçon au milieu de<br />
ses sept sœurs. « J’ai récupéré une terre complètement dégradée presque morte<br />
alors qu’enfant cette région était peuplée d’arbres fantastiques avec une grande<br />
biodiversité », explique le photographe. C’est sa femme Lélia, sa complice de toujours<br />
qui organise son travail et à laquelle il rend sans cesse hommage, qui va<br />
lui lancer ce nouveau défi : planter deux millions et demi d’arbres de trois cent<br />
espèces différentes pour faire revivre la forêt tropicale de son enfance et ramener<br />
la biodiversité. Le couple fonde alors l’ONG « Instituto Terra » pour lever des<br />
fonds et lancer des programmes de sensibilisation et d’éducation à l’environnement.<br />
Depuis, la propriété familiale est devenu un parc national et aujourd’hui le<br />
projet de reforestation s’étend à toute la vallée. « C’est à cette époque que je suis<br />
devenu écologiste et conscient de l’importance fondamentale de l’enjeu, ça m’a<br />
évidemment donné l’envie de travailler sur ce sujet. »<br />
Et ce sera le nouvel élan de sa carrière, le projet « Genesis » qui le conduira au<br />
quatre coins du globe photographier la beauté et la grandeur des endroits encore<br />
vierges, les paysages, la vie animale et les communautés humaines qui continuent<br />
à vivre selon leurs ancestrales cultures et traditions. La faune et les volcans<br />
des Galápagos ; les manchots, les lions de mer, les cormorans et les baleines de<br />
l’Antarctique et de l’Atlantique sud ; les alligators et les jaguars du Brésil ; les lions,<br />
les léopards et les éléphants d’Afrique ; la tribu isolée des Zo’é au fin fond de la<br />
jungle amazonienne ; le peuple Korowaï vivant à l’âge de pierre en Papouasie occidentale<br />
; les éleveurs de bétail nomades Dinka du Soudan ; les Nenets et leurs<br />
troupeaux de rennes dans le cercle arctique ; les communautés des îles Mentawai<br />
à l’ouest de Sumatra ; les icebergs de l’Antarctique; les volcans d’Afrique centrale<br />
et de la péninsule du Kamtchatka ; les déserts du Sahara ; le rio Negro et le<br />
rio Juruá en Amazonie ; les failles du Grand Canyon ; les glaciers de l'Alaska…<br />
autant de versets à son poème d’amour plus ou moins désespéré à notre bonne<br />
vieille Terre.<br />
Huit ans de travail et des centaines d’images plus sublimes les unes que les autres<br />
pour cette quête du monde des origines dont la beauté fragile est livrée à l'inconséquence<br />
conquérante de l'espèce dominante. « L’action de l’Homo sapiens sur sa<br />
planète est en train de la bousiller complètement, nous vivons peut être actuellement<br />
le moment le plus important de notre histoire. » Pas d’amertume dans sa<br />
voix, ni d’optimisme faussement enjoué d’ailleurs, juste le discours d’un homme<br />
passionné et déterminé à mener à bien la mission qu’il s’est donnée : témoigner<br />
selon son art.<br />
Millésime 2008<br />
Des images fondatrices qui émaillent les plus grands <strong>magazine</strong>s mondiaux mais<br />
également plus proche de nous et c’est une surprise, une bouteille de champagne<br />
de la maison Taittinger qui traditionnellement, convoque un artiste pour illustrer<br />
une cuvée millésimée d’exception. Après Victor Vasarely qui inaugura la collection<br />
en 1983, Robert Rauschenberg ou Amadou Sow, c’est Salgado qui griffe<br />
le millésime 2008 avec l’image d’un léopard s’abreuvant au clair de lune dans un<br />
point d’eau de Namibie.<br />
Paradoxal de retrouver sur ce symbole du luxe occidental une œuvre de Salgado,<br />
lui si proche des damnés de la terre ? En fait pas du tout. « J’ai fait beaucoup de<br />
publicité quand j’étais à l’agence Magnum, comme les autres photographe, j’ai<br />
fait des campagnes pour Volvo, Renault ou des cigarettes. Ce n’est pas du tout un<br />
pansement sur ma conscience », affirme-t-il. On comprend également que des<br />
projets comme les siens ne sont pas avares de financements.<br />
C’est la maison de champagne rémoise qui l’a contacté pour ce projet, plus exactement<br />
Vitalie Taittinger en charge du marketing dans l’entreprise familiale et<br />
c’est l’épouse de Salgado qui a choisi l’image. « C’était un défi énorme de trouver<br />
une photo qui s’adapte au volume d’une bouteille. Lélia a fait cela avec beaucoup<br />
de cœur ! », explique-t-il avant de revenir sur ce faux paradoxe. « Je ne considère<br />
pas le champagne comme un produit de luxe, mais comme un grand produit<br />
traditionnel français. J’ai déjà raconté des histoires avec des produits qui représentent<br />
une grande intensité de travail, comme la culture du tabac ou l’artisanat<br />
du parfum. J’ai vu des hommes chercher des plantes, des fixateurs de parfum sur<br />
les pentes volcaniques, des jours, des mois passés pour ne redescendre qu’avec<br />
deux ou trois bouquets ! Tout cela c’est du travail, pas du luxe et le champagne<br />
c’est la même chose, des milliers d’heures de travail traditionnel. J’ai une admiration<br />
énorme pour cette concentration de connaissance pour fabriquer un produit<br />
d’une qualité exceptionnelle. » Aucune compromission donc, un discours<br />
d’une cohérence absolue qui cadre toujours l’humain et son rapport au monde.<br />
24<br />
25
_Mine d’or à ciel ouvert de Serra Pelada. Etat du Para, Brésil, 1986. _Travailleurs sur les puits de pétrole en feu, résultat de la guerre du Golfe. Gisement de pétrole du Grand Burhan, Koweit, 1991.<br />
_Désert du Namib, au sud de Walvis Bay. Namibie. 2005.<br />
1_<br />
2_<br />
_Mosquée d'Istiqlal. Djakarta, Indonésie. 1996.<br />
27<br />
1_Eléphants de mer du Sud dans<br />
la baie de Saint Andrews.<br />
Géorgie du Sud. 2009.<br />
2_Baleine franche australe.<br />
Péninsule Valdés, Argentine. 2004.
_Gare de Church Gate. Bombay (Mumbai), Inde. 1995.
La dignité des travailleurs<br />
Quand Sebastião débarque à Paris avec Lélia en 1969, il est économiste et travaille<br />
bientôt pour une banque d’investissement londonienne en charge du développement<br />
agricole en Afrique. C’est là qu’il fait ses premières images et décide de<br />
tout lâcher pour la photographie. « Je viens du Tiers-monde et<br />
comme économiste j’étais sensibilisé à la mondialisation. C’était<br />
la fin du travail manuel en occident et les pays émergeants récupéraient<br />
ces industries. J’ai alors montré ce monde, celui des<br />
travailleurs dans leur dignité parce qu’ils avaient le droit à plus<br />
d’égards, plus de respect et plus de partage économique. C’était<br />
une sorte d’archéologie de la fin de la première ère industrielle.<br />
Quand j’ai fait ces photographies, j’étais certain d’être le témoin de<br />
la fin d’une époque, c’était un hommage à la classe ouvrière, une<br />
notion qui a été extrêmement importante dans ma formation de<br />
macro-économiste qui a étudié les fonctions de production. »<br />
Ce sont les célèbres images de la mine d’or de Serra Pelada, les<br />
prolétaires du textile ou les déconstructeurs de navires au Bengladesh<br />
ou encore les corps mazoutés des ouvriers des puits de<br />
pétrole au Koweit après le première guerre du Golfe…<br />
L’occasion de multiples voyages où il prend également<br />
conscience de l’importance croissante des flux migratoires,<br />
autre sujet majeur de son travail. Parmi les nombreuses images<br />
iconiques, ce visage de femme bouleversant dont le clair obscur<br />
révèle les yeux morts, détruits par les tempêtes de sable et les<br />
infections en fuyant la famine du Sahel.<br />
« Un photographe doit s’adapter à son moment historique, il fallait<br />
bien témoigner du sort de ces ouvriers et de ces exilés. Je ne<br />
suis pas un militant politique, je suis juste concerné par mon<br />
monde et son histoire. Actuellement l’écologie est une composante<br />
essentielle de notre époque, si je veux être cohérent je ne<br />
peux que travailler sur le sujet », lance-t-il.<br />
Mais la photographie est-elle toujours aussi pertinente pour<br />
raconter l’histoire ? « Bien sûr que oui! Le numérique a changé<br />
les choses mais ce qu’on prend avec les téléphones portables<br />
ce n’est pas de la photographie, ce sont des images de communication,<br />
c’est virtuel. La photographie c’est quelque chose de<br />
tangible, cela s’imprime, se touche et ainsi cela constitue de la<br />
mémoire. Je suis persuadé que le photojournalisme a encore un<br />
rôle majeur. Ces enfants migrants retrouvés noyés sur les plages<br />
de Méditerranée, c’est la photographie qui les a fixés dans nos<br />
consciences. »<br />
_Léopard dans la vallée de la Barab au Damaraland. Namibie. 2005.<br />
Le millésime au léopard<br />
Dernière cuvée d’exception en<br />
date de la Collection Taittinger,<br />
le millésime 2008 se pare<br />
des courbes d’un majestueux<br />
léopard s’abreuvant au<br />
crépuscule africain, signé de<br />
Sebastião Salgado. La photo<br />
réalisée en 2005 dans la<br />
vallée de la rivière Barab dans<br />
le Damaraland en Namibie, est<br />
extraite du projet « Genesis »,<br />
son ode à la vie sauvage et au<br />
monde des origines.<br />
« Nous cherchions depuis plusieurs<br />
années un artiste pour<br />
cette cuvée d‘exception et<br />
Salgado s’est imposé comme<br />
une évidence.<br />
Son esthétique<br />
tiques accueillant la photo<br />
recèle un assemblage de<br />
première presse de chardonnays<br />
et de pinots noirs issus<br />
des meilleures parcelles de la<br />
Côte des Blancs, de la Montagne<br />
de Reims et de la Vallée<br />
de la Marne. Il est enchâssé<br />
dans un coffret luxueux d’un<br />
noir profond qui reprend des<br />
détails du pelage du félin. Des<br />
flûtes noires accompagnent<br />
l’ensemble qui est tiré à<br />
25000 exemplaires.<br />
« L’épure de la photo et sa<br />
force intemporelle se marient<br />
très bien avec ce millésime<br />
2008 qui présente<br />
une belle<br />
et surtout<br />
tension avec<br />
son profond<br />
humanisme<br />
une expression<br />
franche et dont<br />
_Mine d’or à ciel ouvert de Serra Pelada. Etat du Para, Brésil, 1986.<br />
s’accordent<br />
la bonne acidité<br />
avec les valeurs<br />
en fait un grand<br />
que nous por-<br />
vin de garde »,<br />
tons, explique<br />
souligne la<br />
Vitalie Taittinger, directrice<br />
jeune femme.<br />
de la communication et du<br />
En 1983, la maison de cham-<br />
marketing au sein de la maison<br />
pagne familiale rémoise a<br />
de champagne. Pour cette<br />
cuvée nous voulons mettre à<br />
inauguré la Collection Taittinger<br />
avec une œuvre de Victor<br />
1_<br />
l’honneur des artistes qui ont<br />
Vassarely qui a habillé de ses<br />
acquis une forme de sagesse.<br />
abstractions géométriques le<br />
Nous ne les choisissons pas en<br />
cru 1978. Depuis, douze autres<br />
début de carrière pour éviter<br />
artistes contemporains de re-<br />
ainsi les effets d’opportunisme<br />
nom, dont Arman (1985), Roy<br />
ou de mode, ce sont des gens<br />
qui ont vécu des décennies<br />
avec l’estime de leurs pairs et<br />
Lichenstein (1990), Toshimitsu<br />
Imaï (1994), Corneille (1996),<br />
Zao Wou Ki (2003), Rau-<br />
2_<br />
_Un produit chimique est projeté sur le combattant du feu pour le protéger de l’extrême<br />
chaleur des flammes. Gisement de pétrole du Grand Burhan, Koweit, 1991.<br />
du public. »<br />
schenberg (2007) ou encore<br />
Le flacon recouvert d’un film<br />
Amadou Sow (2011) ont étoffé<br />
en polymères thermoplas-<br />
la série. J.F.<br />
TEXTE jules février<br />
PHOTOs Sebastião Salgado - Amazonas images<br />
30<br />
1_Manchots à jugulaire sur un iceberg.<br />
Îles Sandwich du Sud. 2009.<br />
2_Tepui Roraima. Venezuela. 2006.
_Jeune cueilleuse dans une plantation de thé. Rwanda, 1991.<br />
_Chaîne Brooks. Refuge national de la vie sauvage de l’Arctique. Alaska, États-Unis. 2009.<br />
33
idées virales<br />
les conférences ted<br />
à reims<br />
Les conférences TED.<br />
Derrière cet acronyme<br />
quelque peu<br />
surprenant se<br />
cachent en réalité<br />
Technology, Entertainment<br />
and Design,<br />
TED<br />
piliers fondateurs<br />
du monde digital.<br />
Depuis le milieu des<br />
années 80, ces conférences,<br />
données à<br />
travers le Monde,<br />
connaissent un beau<br />
succès.<br />
34<br />
TEXTE NICOLAS VUILLEMIN<br />
© DR<br />
La clé du succès tient en quelques<br />
minutes<br />
Organisées par la Fondation Sapling,<br />
les conférences cherchent à valoriser<br />
« les idées qui valent la peine d’être<br />
diffusées » (ideas worth spreading,<br />
comme le précise le site officiel ted.<br />
com). Deux fois par an, ces conférences<br />
ont lieu à Vancouver. En<br />
réalité, l’organisateur de la première<br />
conférence s’était rendu compte que<br />
lors des conférences auxquelles il<br />
assistait, il ne parvenait à être attentif<br />
aux propos tenus que pendant une<br />
durée de 18 minutes. 18 minutes, c’est<br />
à la fois peu et beaucoup. Toutes les<br />
conférences TED de par le Monde,<br />
sont donc contraintes, par uniformité,<br />
à cette durée maximale de 18 minutes.<br />
Cela permet d’avoir une conférence<br />
dynamique, rythmée et un speaker<br />
toujours réactif.<br />
En quête des meilleurs spécialistes<br />
Le speaker, c’est comme cela que l’on<br />
appelle le spécialiste qui vient tenir<br />
un discours lors d’une conférence.<br />
Ce peut être sur des sujets variés tels<br />
que les sciences, l’art (y compris la<br />
musique), l’architecture…De grands<br />
noms sont régulièrement présents<br />
aux conférences pour y faire des<br />
discours. C’est notamment le cas de<br />
Bono (le chanteur de U2), Bill Clinton<br />
ou Al Gore (deux politiciens, dont<br />
un ancien président des USA). TEDx<br />
est le nom accordée à la « franchise »<br />
permettant d’exploiter les conférences<br />
TED ailleurs qu’à Vancouver. Chaque<br />
ville ayant son bureau TEDx bénéficie<br />
donc d’une appellation bien précise :<br />
TEDx Reims en ce qui concerne notre<br />
belle ville. Les bureaux TEDx, dans les<br />
villes d’ici et d’ailleurs, doivent justement<br />
chercher de nouveaux speakers<br />
chaque années et les « motiver » à venir<br />
parler de leurs spécialités lors des<br />
conférences. Tout cela se réalise grâce<br />
à un travail d’équipe.<br />
Depuis 2013 dans la Cité des Sacres<br />
Et à Reims, justement, c’est une<br />
équipe de choc qui s’occupe de gérer<br />
les conférences TEDx. Ainsi, Arielle,<br />
Maheethan ou bien encore Hélène<br />
participent à mettre en place, chaque<br />
année, une conférence encore meilleure<br />
que l’année précédente. Rencontre<br />
avec leur président (depuis<br />
l’origine, en 2013), Jean-Sébastien<br />
Lefévère.<br />
Organisé, passionné et méthodique<br />
Jean-Sébastien est ce que l’on appelle<br />
un homme digital, passionné par les<br />
nouvelles technologies, les nouvelles<br />
manières de communiquer et de<br />
transmettre des informations. Pour<br />
lui, le partage et l’échange sont primordiaux.<br />
Il avait quitté la Cité des<br />
Sacres, se jurant par la même occasion<br />
de ne jamais y revenir. Mais le coeur<br />
a été plus fort que la raison… pour<br />
notre plus grand plaisir, puisqu’il a<br />
mis son efficacité et son professionnalisme<br />
au service d’une belle cause.<br />
Il a vite compris que l’esprit d’équipe<br />
et le relationnel qu’il développait au<br />
sein de TEDx lui apporteraient en<br />
outre beaucoup pour son travail dans<br />
le domaine bancaire.<br />
Bonjour Jean-Sébastien ! Comment<br />
s’est passée l’arrivée de TEDx à<br />
Reims ? Y a t-il eu des freins particuliers<br />
?<br />
Bonjour ! L’association s’est montée en<br />
2013 à Reims. Depuis, l’équipe a bien<br />
grandi et accueille désormais 15 personnes,<br />
toutes bénévoles je le précise.<br />
Comme dans toute associaiton, des<br />
gens arrivent et d’autres partent mais<br />
je dirais qu’il existe un « noyau dur »<br />
de 6-7 personnes présentes depuis le<br />
départ. D’ailleurs moi-même, je suis le<br />
président de l’association depuis 2013.<br />
Je m’y sens bien et je dois dire que j’apprécie<br />
le travail que nous effectuons<br />
tous, collectivement. Nous avons<br />
réussi à développer un solide réseau<br />
ici à Reims et je dois reconnaître que<br />
l’accueil fait par les collectivités et les<br />
institutions a été positif tout de suite,<br />
ce qui est plutôt rare pour ce genre<br />
d’événement.<br />
Comment se déroule typiquement une<br />
conférence TEDx ?<br />
Chaque événement ne peut accueillir<br />
que cent personnes. Cela permet<br />
d’avoir une excellente qualité d’événement<br />
et surtout, que chacun en<br />
profite au maximum. Nous pourrions<br />
obtenir un licence pour avoir<br />
le droit à plus de places mais pour<br />
cela, il faudrait que l’un des membres<br />
de l’équipe assiste à une conférence à<br />
Vancouver. Pour des raisons de budget,<br />
cela se révèle compliqué car tout<br />
est bénévole je le rappelle, même si<br />
nous avons de bons espoirs pour l’an<br />
prochain, à New York notamment.<br />
Nous avons la chance de faire chaque<br />
conférence dans un lieu différent et<br />
avec un thème également différent.<br />
Pour cette année, nous serons dans les<br />
somptueux et spacieux locaux de la<br />
Cartonnerie. C’est l’équipe technique<br />
de la Cartonnerie qui gérera la partie<br />
sonore de l’événement. Pour l’image,<br />
nous faisons appel à un professionnel<br />
qui pourra nous permettre de faire du<br />
multicaméra et de nous « reposer » sur<br />
ses compétences. Enfin, concernant<br />
les photos, nous passerons probablement<br />
par le Studio 341 de notre ami<br />
Dimitri Bois, vidéaste et photographe<br />
important de la scène locale. Tout cela<br />
nous permettra d’avoir un beau rendu<br />
final et donc, une meilleure visibilité<br />
sur YouTube. C’est d’autant plus important<br />
que des membres américains<br />
de Ted vérifient régulièrement les<br />
vidéos des conférences TED.<br />
Pourquoi enregistrer et diffuser les<br />
vidéos sur YouTube ?<br />
Parce que c’est ainsi que tout cela a<br />
été pensé : la transmission et le partage<br />
sont vraiment au coeur de ce<br />
processus de conférence. Le format<br />
des conférences est idéal pour You-<br />
Tube, qui est un support sur lequel les<br />
gens passent énormément de temps<br />
mais visionnent de courtes (voire très<br />
courtes) vidéos. Généralement, pas<br />
plus de 20 minutes. C’est parfait pour<br />
TED et donc, pour TEDx Reims.<br />
Que peut-on te souhaiter ainsi qu’à<br />
TEDx Reims pour cette nouvelle saison<br />
qui débute ?<br />
Je souhaite continuer à faire vivre<br />
TEDx Reims avec mon équipe.<br />
Comment fait-on si on veut en savoir<br />
plus sur les conférences et s’inscrire ?<br />
Les gens intéressés peuvent aller sur<br />
notre page Facebook et sur notre site<br />
tedxreims.fr<br />
Merci, Jean-Sébastien !<br />
Merci à vous !
Il fête ses 16 ans, le festival des<br />
BisQueers Roses. Mais, s’il ne s’agit<br />
pas d’une adolescence, cette nouvelle<br />
édition marque la maturité<br />
d’un rendez-vous annuel qui a su<br />
pérenniser son utilité et sa cohérence.<br />
Du 6 au 12 novembre, Olivier<br />
Nostry, président de l’association<br />
LGBT Exaequo, et Yoann Datt, co-organisateur,<br />
ont garni avec attention<br />
et malice ce festival en forme<br />
de pochette surprise.<br />
S<br />
surprise<br />
Paillettes Party<br />
et Pop Culture<br />
TEXTE agathe cebe<br />
Les BisQueers Roses ont toujours su<br />
se démarquer par une programmation<br />
riche et variée. Et si cette année,<br />
l’association Exaequo ne reçoit pas<br />
en son local rue du Jard, elle ouvre<br />
grand les portes d’espaces familiers<br />
et fidèles, à Reims et ailleurs. Après<br />
un before, le 6 novembre<br />
au cinéma Opéra, c’est<br />
au Manège que le festival<br />
s’inaugure, le 8 novembre,<br />
pour un triptyque palpitant.<br />
En plein cœur d’un autre<br />
festival, Born to be a live, le<br />
spectacle de Aude Lachaise<br />
« Outsiders, la rencontre »<br />
propose un stand-up inédit,<br />
suivi de « Backline », de<br />
Thierry Micouin et Pauline<br />
Boyer, duo artistique qui<br />
mettra en évidence le thème<br />
fil rouge du festival : le corps.<br />
Corps physique, corps<br />
social, comment l’apprivoiser<br />
? À la Verrière, en fin de soirée,<br />
il sera bien temps de prendre son<br />
corps à bras le corps pour danser sur<br />
la pop-porn de Martin Poppins, ovni<br />
musical sorti du sac magique de la<br />
plus célèbre nourrice d’Angleterre.<br />
Pour la première fois, et pour honorer<br />
l’ouverture d’une autre antenne<br />
de l’association, il y a quelques mois,<br />
le festival se délocalise sur Charleville-Mézières<br />
le jeudi 9 novembre,<br />
au Forum. Cette soirée annonce trois<br />
propositions, parfaitement décentes.<br />
Déjà, un cabaret avec « Mathilde », où<br />
Loïc Brabant, figure phare de notre<br />
théâtre local, se joue des frontières du<br />
genre et honore une dualité espiègle,<br />
franche et sensible avec son personnage<br />
créé il y a plusieurs années<br />
maintenant. Ensuite, un concert, avec<br />
les bordelaises de Lkill, souligné d’un<br />
DJ Set de Herr Pop, pour un voyage<br />
européen, à pulsations rapides. Pas<br />
de jaloux : cette même soirée est<br />
rejouée le lendemain, le vendredi 10,<br />
au centre culturel du Crous de Reims.<br />
Le festival des BisQueers Roses a à<br />
cœur de rassembler le plus de monde<br />
possible autour d’évènements de pop<br />
culture curieux, rares et fédérateurs.<br />
Mais au-delà, « nous voulons de la<br />
visibilité, auprès de tous les publics »<br />
confie Olivier Nostry, président de<br />
l’association Exaequo. « Aller à la<br />
rencontre des gens, que les gens<br />
viennent à notre rencontre, faire<br />
tomber les préjugés, autant de petits<br />
challenges que le festival nous permet<br />
de multiplier. » Pour être au plus<br />
près du public, le festival lance des<br />
invitations plus intimistes, comme<br />
pour le samedi 11 novembre, avec<br />
l’atelier danse de Thierry Micouin,<br />
une projection au cinéma Opéra et<br />
la conférence de Caroline Muller au<br />
Crous, ou également le dimanche 12,<br />
avec le brunch et, pour la route, une<br />
dernière séance… Et le rideau sur<br />
l’écran est tombé.<br />
Mais, en tout cas, le vrai bouquet<br />
final du festival, c’est le samedi soir,<br />
au Crous. « Paillettes dans la palette »<br />
et mix Popingays : folie douce et<br />
plaisir vrai en large distribution.<br />
Parce que, au-delà de toutes les problématiques<br />
profondes et sérieuses<br />
que l’association Exaequo gère, avec<br />
persévérance et patience, tout au long<br />
de l’année, au-dessus de la solidarité,<br />
de la prévention, de l’écoute, tout en<br />
haut de la pyramide de la vie, il reste<br />
l’amour. Et l’amour, il faut que ça<br />
brille et que ça pétille, comme un biscuit<br />
rose trempé dans du champagne.<br />
36<br />
festival des bisqueers roses<br />
du 06 au 12 novembre<br />
www.exaequoreims.fr<br />
51 rue de Talleyrand - 51100 Reims 03 26 47 49 85<br />
Suivez-nous sur et<br />
CRÉATION / CONCEPTION WWW.BELLERIPE.FR
Artiste lunaire et sensible, Mathieu Boogaerts est un créateur appliqué,<br />
jonglant avec l’humilité du talent qui n’a rien à prouver.<br />
Invité sur la première scène du Charabia Festival, il accepte de<br />
nous parler de l’intimité de son travail d’écriture, là où la composition<br />
flirte avec le jeu de pistes, l’heureux hasard et la broderie<br />
fine.<br />
«<br />
Lune, c’était<br />
p’t’être la lune,<br />
qu’il avait vue<br />
Artiste discret, comment as-tu progressé depuis ton premier album « Ondulé » ?<br />
Je ne choisis pas consciemment d’être discret. Si demain, Drucker m’invite et<br />
fait une semaine spéciale sur moi, j’y vais en courant. Je n’ai jamais dénigré les<br />
rendez-vous ou les invitations. Je subis presque d’être discret. Mais c’est vrai que<br />
ma musique est, elle, discrète. Pas tapageuse, intime, calme, et c’est peut-être une<br />
façon inconsciente d’être discret. S’il s’agit de progression… Dans le mot « progression<br />
», il y a « progrès », et donc en quoi serais-je meilleur qu’il y a 22 ans ?<br />
Je n’ai pas vraiment le recul pour m’en rendre compte. Mais avant j’étais amateur<br />
et aujourd’hui je me sens vraiment professionnel. J’ai aussi le sentiment d’écrire<br />
beaucoup mieux aujourd’hui. Et heureusement : car si j’avais l’impression que le<br />
mieux était derrière, je ne sais pas dans quel état je serais ! Ce qui est certain, c’est<br />
qu’à chaque chanson, chaque disque, j’ai toujours la même ambition, la même<br />
énergie.<br />
Quel lien t’unit aux mots et à la poésie ?<br />
Comme j’écris des chansons, les paroles et la musique sont liées. Je n’écris pas<br />
plus l’une que l’autre. Mon texte lu sans la musique qui l’accompagne, j’ai l’impression<br />
qu’il n’est pas censé avoir de valeur. Enfin… Il manque vraiment la<br />
mélodie qui va accentuer tel ou tel mot et qui va donner aussi du sens au texte.<br />
Quand j’écris, je commence toujours par la musique, et ensuite le texte arrive.<br />
En tant que consommateur de poésie, je peux être ému et je peux reconnaître la<br />
qualité d’un texte poétique.<br />
Et donc tu ne te considères pas comme poète ?<br />
… Si… Mais pas au sens strict. Je me sens une âme de poète, dans le sens où si<br />
on prend cent personnes dans le métro le matin, je suis sûrement dans le lot des<br />
poètes. Mais pas « profession poète ». Je parle plus « vision du monde poète ».<br />
En tout cas, comme j’écris des chansons, je me sens plus chansonnier.<br />
Ta composition musicale est caressante, elle prend soin du texte…<br />
Oui, c’est vrai que le texte arrive tout de suite, très vite. Au départ, je ne prends<br />
pas ma guitare en me disant « allez, je vais écrire une chanson ». Ça, je ne sais<br />
pas faire. Alors, je gratouille ma guitare, comme j’adore le faire, et puis d’un seul<br />
coup, je vais sentir quelque chose, une mélodie, un air. Alors hop, je m’attarde<br />
un peu dessus, et très vite – mais quand je te dis très vite, c’est une seconde et<br />
demi – spontanément, vient se greffer ma voix sur cette mélodie, et avec ma voix,<br />
des mots arrivent. Mais je ne les choisis pas vraiment. Ils arrivent naturellement,<br />
parce qu’ils collent bien à la mélodie, et aussi parce que les sentiments de cette<br />
mélodie vont convoquer ces mots. Une phrase va venir, me plaire, m’inspirer. Je<br />
reste accroché à cette phrase clé, cette phrase étalon, et tout va se décliner par<br />
rapport à elle, le son, le rythme, le propos… Ça fonctionne toujours comme ça.<br />
Et en parlant d’inspiration… Tu évolues dans un univers onirique, parfois naïf, enfantin,<br />
et toujours avec un clin d’œil à la vie réelle, au quotidien. Qu’est-ce que tu<br />
as envie de raconter ?<br />
C’est difficile de répondre à cette question, car je ne décide pas foncièrement de<br />
raconter telle ou telle chose. Mais il faudrait que je passe en revue mes chansons,<br />
pour vérifier ça, et l’expliquer… Toi, choisis une chanson que tu connais ?<br />
Par exemple pour « Nehemie d’Akkadé* » ? Il y a un personnage, un propos…<br />
Ouah ! Ça fait quinze ans, et je ne sais plus comment c’est venu… En fait, si. Je me<br />
souviens d’être parti de l’anecdote de l’invention de la roue. Quelle est la motivation<br />
pour inventer la roue ? Et j’ai imaginé un prétexte d’amour, pour écrire<br />
une chanson d’amour. Mais initialement je n’ai pas voulu écrire une chanson<br />
d’amour. C’est la roue qui m’a évoqué l’amour, le décor, le propos. Mais quand je<br />
pars d’une idée singulière comme celle-là, ça me prend ensuite énormément de<br />
temps à tout écrire, tout construire, tout assembler.<br />
Un travail de broderie, donc ?<br />
Exactement, c’est tout à fait ça. C’est comme en art graphique. Je vois un motif,<br />
par exemple les étoiles sur le pull que tu portes. C’est un motif simple, parfois<br />
c’est plus sophistiqué, mais quand on prend du recul, c’est harmonieux, on repère<br />
qu’il y a un rythme dans cette composition d’étoiles. La musique, c’est pareil. Il<br />
y a un phrasé, une rime à la fin, ou une rime au milieu, les mots ont des sons,<br />
leurs sons sont matières, et je dois travailler cette matière, ces motifs sonores,<br />
les imbriquer, les harmoniser, et ça prend du temps. Mes chansons s’égrènent à<br />
cette mécanique.<br />
* album « 2000 »<br />
MATHIEU BOOGAERTS<br />
ronde, qu’il avait<br />
vue tourner.<br />
Pourquoi pas t’la<br />
C<br />
chanson<br />
française<br />
promettre<br />
»<br />
?<br />
TEXTE<br />
39<br />
agathe cebe<br />
PHOTOGRAPHIE sylvère HIEULLE
une idée<br />
bouillon de futur<br />
Prenez un dôme blanc de 9<br />
mètres de haut et 18 mètres<br />
de diamètre. Posez-le délicatement<br />
au milieu des tracteurs<br />
exposés sur la Foire de Châlons.<br />
Disposez à l’intérieur des<br />
coworkers, des start-up, des<br />
robots, un espace de conférence<br />
et quelques curieux.<br />
Omettez volontairement les<br />
cloisons. Mélangez pendant<br />
onze jours. Laissez agir. Bienvenue<br />
au cœur du Pavillon du<br />
Futur.<br />
C’est une bulle aussi imposante<br />
qu’ambitieuse. Un tiers-lieu éphémère<br />
qui rassemble des institutions, des<br />
entreprises et des jeunes pousses, avec<br />
l’innovation comme cri de ralliement.<br />
L’idée nait en 2016 sous l’impulsion<br />
de Bruno Forget, commissaire<br />
général de la Foire, et<br />
Dominique Lebrun, dirigeant<br />
de l’agence Tercom.<br />
En parallèle, début 2017, les<br />
rémois Arnaud Bassery, à<br />
l’origine du projet Quartier<br />
Libre, et Maxime Valette,<br />
dirigeant d’entreprises et<br />
co-fondateur de viedemerde.fr,<br />
créent Le Bloc,<br />
générateur d’innovation.<br />
Entourés de partenaires, ils<br />
s’emparent du concept et le<br />
revisitent pour proposer, dans cette<br />
deuxième édition du Pavillon, une<br />
expérience à la croisée des mondes<br />
culturel, social, entrepreneurial et<br />
public.<br />
Mélanger les torchons et les<br />
serviettes<br />
Ce n’est pas une vitrine de l’innovation<br />
mais un concept innovant.<br />
« Dans cet espace sans cloison, on<br />
confronte différents univers et on crée<br />
les conditions propices aux échanges »<br />
explique Arnaud. Les publics hétéroclites<br />
sont invités à se projeter dans le<br />
futur. Durant le workshop sur la silver<br />
économie, on débat sur le concept de<br />
senior 2.0 pour lutter contre la perte<br />
d’autonomie et l’isolement. Césaré,<br />
centre national de création musicale,<br />
apporte une autre réponse à travers<br />
un projet qui convoque une plasticienne,<br />
une chorégraphe et un compositeur.<br />
« Tissage d’Interactions Sociales<br />
Innovantes à travers la Création<br />
Artistique » propose aux personnes<br />
âgées fragilisées, vivant en EHPAD,<br />
une activité ludique qui favorise le<br />
développement cognitif, affectif et<br />
la relation à l’autre. C’est toujours la<br />
force et la richesse du collectif qui caractérisent<br />
les initiatives présentes. Le<br />
challenge confié par le département<br />
de la Marne à la Team M25 en est une<br />
illustration. Dix personnes d’horizons<br />
variés, encadrées par des coachs,<br />
ont bûché sur ce que pourrait être la<br />
Marne en 2025. Ainsi dans cette bulle,<br />
les barrières entre start-up et grandes<br />
entreprises, entre politique et terrain<br />
tendent à s’effacer. Et la parole se libère,<br />
le temps d’un atelier.<br />
Un générateur d’idées<br />
Certaines entreprises présentes<br />
comme Artech’drone ont rempli leur<br />
carnet de commandes. Pourtant, faire<br />
du business n’est pas la priorité. « Des<br />
représentants d’une grande enseigne<br />
nationale d’hypermarchés sont venus<br />
visiter le Pavillon. Nous nous sommes<br />
arrêtés sur l’installation d’aquaponie.<br />
Très vite, l’idée de recréer ce mini écosystème<br />
naturel dans les rayons frais a<br />
germé. » Pour Arnaud et Maxime, il<br />
s’agit bien de semer des graines, déclencher<br />
des collaborations inédites.<br />
On assiste également à une passation<br />
de relais, une forme de tutorat. « Je<br />
suis fils de profs et j’ai depuis longtemps<br />
une réelle volonté de transmettre »<br />
confie Maxime. Un dispositif inédit<br />
a été expérimenté pour accompagner<br />
huit bénéficiaires du RSA. Autour de<br />
la table, des hommes et femmes aux<br />
compétences complémentaires (communication,<br />
digital, management,<br />
etc.) mobilisés pour les conseiller et<br />
co-construire une méthodologie favorisant<br />
leur retour à l’emploi.<br />
Des projets gigognes<br />
Mi-octobre, le dôme du futur prend<br />
ses quartiers au salon international<br />
des technologies des vins effervescents<br />
(VITeff) à Epernay, pour s’attaquer<br />
au (à la) Champagne innovant(e)<br />
et, à nouveau, créer des connexions.<br />
Mais le voyage ne s’arrête pas là. « Ce<br />
concept plaît et nous avons plusieurs<br />
opportunités pour le développer sur<br />
d’autres sites et thématiques en 2018. »<br />
Les signaux sont positifs et l’enjeu est<br />
de taille avec l’ouverture programmée<br />
fin 2017 de Quartier Libre #2. Deux<br />
bâtiments de 1000 m 2 chacun,<br />
l’un dédié à l’entrepreneuriat,<br />
l’autre à la culture<br />
et l’événementiel. Dans une<br />
troisième phase, à l’horizon<br />
2021-2022, Le Bloc investira<br />
les anciens Magasins Généraux<br />
situés Port Colbert<br />
à Reims, dans un Quartier<br />
Libre format XXL. Loin de<br />
la philanthropie, Maxime<br />
rappelle que « Le Bloc est<br />
une entreprise comme une<br />
autre. L’objectif est d’investir, de la pérenniser.<br />
Cela passe notamment par la<br />
création d’emplois ».<br />
quartierlibre-reims.com<br />
viteff.com<br />
40<br />
B<br />
BOOSTER<br />
TEXTE peggy leoty<br />
PHOTOs axel coeuret<br />
Portrait benoît pelletier<br />
08 > 17 NOV<br />
DANSE,<br />
PERFORMANCE,<br />
CIRQUE...<br />
4 SOIRÉES /<br />
8 SPECTACLES<br />
manege-reims.eu<br />
03 26 47 30 40
« La colonne vertébrale du Sunnyside<br />
festival, c’est sa programmation » précise<br />
Jean Delestrade, une des deux<br />
têtes pensantes de Jazzus « mais nous<br />
avons souhaité aussi nous ouvrir à<br />
d’autres esthétiques, comme le hip<br />
hop ou le classique. Ainsi, chaque<br />
public peut trouver sa porte d’entrée. »<br />
Et en effet, du 19 octobre au 11 novembre,<br />
ce sont vingt rendez-vous qui<br />
sont donnés à des spectateurs voulus<br />
et attendus variés, curieux, spécialistes<br />
ou néophytes.<br />
Dans cette optique, la programmation<br />
laisse place à plusieurs types de<br />
scènes, comme des photo-concerts,<br />
des ciné-concerts, des têtes d’affiche<br />
de renommée internationale, des<br />
artistes locaux, et, une nouveauté,<br />
des spectacles pour le jeune public, le<br />
« Sunnykids ».<br />
Riche de son lien désormais plus<br />
étroit avec la ville, le Sunnyside festival<br />
s’étend dans tous les grands pôles<br />
culturels de Reims. Véritable jeu de<br />
piste, l’organisation permet aux artistes<br />
d’être accueillis sur des scènes<br />
fameuses, comme celles de la Cartonnerie,<br />
du théâtre du Chemin Vert,<br />
de la Comédie, de Césaré, du Cellier<br />
ou du Centre culturel Saint Ex. Mais<br />
aussi, certains spectacles se nichent<br />
dans des espaces plus insolites, à l’utilité<br />
détournée, comme le Lieu Minuscule,<br />
petite galerie d’art, ou la Maison<br />
des ventes Chativesle. Enfin, certains<br />
concerts seront aussi prétextes propices<br />
à redécouvrir des lieux emblématiques<br />
de notre patrimoine rémois,<br />
comme la Demeure des Comtes de<br />
Champagne ou le musée Saint Rémi.<br />
« Et s’il était trois spectacles à ne surtout<br />
pas manquer ? » ai-je demandé à<br />
Jean Delestrade. Le choix est difficile.<br />
Pourtant, il mentionne le diptyque<br />
des 4 et 5 novembre, à la Cartonnerie.<br />
Le samedi 4, avec Steve Coleman,<br />
dont le nom fera frémir l’oreille des<br />
avertis. « Il est un monument musical.<br />
Il est celui qui a réussi à faire la synthèse<br />
de la musique afro-américaine. »<br />
La Creative Black Music avant-gardiste<br />
de Coleman semble donc indiscutablement<br />
immanquable. Et le<br />
lendemain, le dimanche 5, le Avishaï<br />
Cohen Trio est aussi largement connu<br />
de la sphère jazz. Ces deux têtes<br />
d’affiche sont aussi rejointes, dans la<br />
sélection de Jean Delestrade, par Leïla<br />
Martial : le 26 octobre, sur la scène<br />
du théâtre du Chemin Vert – qui se<br />
prête divinement bien à cette prestation<br />
– la jeune chanteuse, accompagnée<br />
de trois autres musiciens,<br />
viendra explorer et expérimenter les<br />
possibilités du traitement de la voix.<br />
À la fois traditionnel et audacieux,<br />
son travail étonne par la réinvention<br />
du jazz qu’il propose aux spectateurs.<br />
Difficile de se contenter de trois coups<br />
de projecteurs. Jean Delestrade ajoute<br />
que « l’acoustic trio de Bireli Lagrène,<br />
au centre des congrès le 10 novembre,<br />
vaut aussi le coup d’œil et l’oreille<br />
attentive » pour qui aime le jazz manouche.<br />
Evidemment indicative et non-exhaustive,<br />
cette petite sélection ne met<br />
pas dans l’ombre les autres rendezvous,<br />
tous aussi incontournables les<br />
uns que les autres, à l’instar de la sélection<br />
jeune public, avec Jazz Toons<br />
ou Marcel son (petit) orchestre, qui<br />
se déguste en famille ou en groupe<br />
scolaire – de la crèche au CM2 – et<br />
qui tend à ouvrir les plus petits aux<br />
délices du jazz et de l’impro.<br />
Echo du Reims Jazz Festival, le Sunnyside<br />
s’impose pour la troisième<br />
année, valeureux et varié, été indien<br />
musical rémois, et se déguste minutieusement.<br />
Et pourquoi pas avec<br />
un verre de Sunnyside#17, une bière<br />
fruity west coast pale ale, créée et brassée<br />
pour l’occasion, avec la complicité<br />
de Yves Leboeuf et le saxophoniste<br />
Léon Phal, le premier travaillant sur<br />
l’accord bière / musique, le deuxième<br />
assurant la clôture du festival le 11<br />
novembre.<br />
La boucle est bouclée, mais tout est<br />
lié, en termes de plaisirs.<br />
SUNNYSIDE REIMS FETSIVAL<br />
DU 16.10 AU 11.11<br />
www.sunnyside.fr<br />
facebook.com/JazzusProductions/<br />
JAZZ<br />
Take a walk<br />
on the<br />
Sunnyside<br />
Pour sa troisième édition,<br />
le festival de jazz rémois<br />
s’offre un petit voyage dans<br />
le calendrier. Auparavant<br />
adepte du printemps, le<br />
Sunnyside festival est désormais<br />
automnal, pour répondre<br />
au cahier des charges d’un<br />
appel à projet lancé par la<br />
Ville de Reims et remporté<br />
par l’association Jazzus. Pour<br />
cette édition 2017, si les dates<br />
ont changé, les moyens ont<br />
augmenté, et le festival garde<br />
son esprit jazz singulier.<br />
F<br />
FESTIVAL<br />
TEXTE agathe cebe<br />
43
Il y a des années (mais pas trop<br />
quand même car Iemza et Sylvère H.<br />
sont encore jeunes), nos deux<br />
artistes, qui se connaissent depuis<br />
toujours, faisaient du skate dans<br />
l’un des quartiers d’Epernay : Bernon.<br />
Imaginons-les à cette époque, debout sur leur planche,<br />
roulant d’avant en arrière : C’était le temps de leurs premiers<br />
" Rock to Fakie ", une figure de skate bien connue<br />
de ceux qui pratiquent ce sport de rue. À présent, ils ont<br />
quitté Epernay, arrêté le skate, et, depuis cet été, leur objectif<br />
est de mener leur nouveau projet à terme : Sylvère<br />
prend des photos, toujours en noir et blanc, dans leur<br />
ancien quartier et Iemza s’empare de ses Posca pour étirer<br />
toutes les lignes, existantes ou imaginaires, jusqu’au<br />
bord de la toile. Déjà modifiés par la symétrie rajoutée<br />
par Sylvère dans sa volonté de donner naissance<br />
à de nouvelles formes, à de nouveaux lieux, les bâtiments<br />
en béton prennent, avec le geste créateur d’Iemza, une<br />
dimension encore plus impressionnante. Il y a, dans ce<br />
qu’il trace, un côté géométrique et un goût certain<br />
pour la perspective, pour ces lignes, ces points de fuite<br />
que tout dessinateur, tout peintre connait, mais qui,<br />
d’habitude, restent invisibles. Ces lignes que l’on gomme<br />
presque toujours sur nos dessins, Iemza les garde et<br />
les rend constitutives d’un monde qui ressemble à celui<br />
d’un roman de science-fiction. 15 de ces œuvres seront<br />
exposées du jeudi 5 octobre au samedi 6 janvier dans les<br />
Médiathèques Centre-Ville et Daniel Rondeau d’Epernay.<br />
Comment est né ce projet ?<br />
Iemza : Nous avions envie d’un petit<br />
retour en arrière car nous sommes<br />
tous deux sparnaciens ! Et nous nous<br />
posions cette question : quel rôle joue<br />
l’architecture au milieu de laquelle tu<br />
vis dans ce que tu deviens ?<br />
Sylvère H. : Pendant un moment, j’ai<br />
pris des photos de stations service la<br />
nuit, de lieux de passage, de parkings<br />
et à cette époque, j’avais déjà été amené<br />
à travailler avec Vincent (Iemza).<br />
Comme nous connaissons bien l’architecture<br />
sparnacienne, cela nous a<br />
donné l’idée de monter ce nouveau<br />
projet, qui fait d’ailleurs parti de la<br />
programmation d’un festival organisé<br />
par Velours : Urba.<br />
Quelles idées aviez-vous en tête ?<br />
Sylvère H. : L’objectif était de créer des<br />
lieux sans limites, qui n’existent pas !<br />
Iemza : Nous voulions de l’onirisme et<br />
en même temps, avoir toutes les cartes<br />
en main pour montrer ce qui dégorge<br />
de la rue !<br />
E<br />
EXPO<br />
Retrouvailles<br />
en terre de béton<br />
ROCK TO FAKIE DU 05.10.17 AU 06.01.18<br />
45<br />
dans les Médiathèques Centre-Ville<br />
et Daniel Rondeau d’Epernay<br />
TEXTE justine philippe<br />
photos sylvère HIEULLE
camille mutel<br />
CHORÉGRAPHE<br />
Dans Animaux de béance,<br />
la chorégraphe Camille<br />
Mutel s’aventure dans<br />
l’univers de la transe,<br />
de la métamorphose<br />
des corps et l’inversion<br />
des sexes.<br />
46<br />
D<br />
DANSE<br />
TEXTE CYRILLE PLANSON<br />
PHOTO Paolo Porto<br />
Camille Mutel est artiste compagnon<br />
du Manège, scène nationale de<br />
Reims, où elle présentera la « première<br />
» de son nouveau spectacle,<br />
Animaux de béance. Dans le paysage<br />
de la danse contemporaine, la jeune<br />
femme a un univers singulier.<br />
Son parcours est marqué par sa rencontre<br />
avec Masaki Iwana, un maître<br />
de la danse butô, la « danse du corps<br />
obscur » née voici une cinquantaine<br />
d’années au Japon, en rupture avec<br />
les modèles traditionnels du nô et<br />
du kabuki. Une danse subversive qui<br />
emprunte tout autant aux avantgardes<br />
occidentales qu’au bouddhisme<br />
et au shintoïsme.<br />
La culture asiatique la passionne,<br />
pour « son rapport au silence, au<br />
temps, à l’espace, au vide, à travers<br />
notamment les notions de wabi sabi<br />
(principe d’imperfection, d’impermanence<br />
et d’incomplétude) et de ma<br />
(l’espace temps qui relie et sépare les<br />
choses) ».<br />
Transe<br />
Lenteur, minimalisme, poésie caractérisent<br />
cette danse qui nourrit la<br />
recherche de Camille Mutel qui, dans<br />
son travail aime à explorer l’intime et<br />
la nudité. Selon des codes qui lui sont<br />
propres, le butô se danse d’ailleurs<br />
le plus souvent le crâne rasé, le corps<br />
nu et peint en blanc. Ce rituel a<br />
nourri Camille Mutel. Dans Animaux<br />
de béance, elle souhaite explorer « un<br />
jeu de regard et de désir continûment<br />
relancé et activé » en s’appuyant sur<br />
une autre danse ritualisée, l’Argia, qui<br />
est une tarentelle médiévale de Sardaigne,<br />
et qui servira de socle à ce travail<br />
sur le corps. Sous la direction de<br />
Camille Mutel, celui de ses danseurs<br />
se transforme, il devient le support de<br />
projections, l’objet des transgressions,<br />
dans un rite qui parfois peut évoquer<br />
l’exorcisme, la transe extatique ou le<br />
chamanisme. Camille Mutel interroge<br />
la rupture identitaire au sein d’une<br />
communauté, une situation à laquelle<br />
se prête tout particulièrement la<br />
tarentelle, cette danse de village dont<br />
la tradition raconte qu’elle devait être<br />
interprétée pour guérir le malade<br />
souffrant d'une morsure de tarentule.<br />
On y danse, on y chante, on transforme<br />
son identité, les sexes s’inversent.<br />
Au plateau évoluent Mathieu<br />
Jedrazak, un contre-ténor et performeur<br />
venu des scènes lyriques et<br />
queer, Isabelle Duthoit, une chanteuse<br />
portée sur l’expérimentation vocale, et<br />
la danseuse Alessandra Cristiani, formée<br />
elle aussi au butô, Pour Camille<br />
Mutel, la nudité n’est pas mode, elle<br />
n’est pas le vecteur d’une vaine provocation.<br />
Elle est d’abord un révélateur<br />
qui, au fil de ses pièces, dit le monde<br />
en explorant la solitude, le désir ou le<br />
manque dans l’intimité des individus<br />
qui le composent.<br />
Du nu au costume<br />
La chorégraphe adoptera pour la<br />
première fois une position singulière<br />
pour elle. Celle du bord de plateau,<br />
depuis lequel elle entend guider et<br />
diriger « en live » ses trois interprètes.<br />
Animaux de béance est une performance<br />
dansée et chantée oscillant<br />
entre l’animalité des corps nus, leur<br />
tension, et le jeu social entre les êtres<br />
introduit par le costume. Inspirés<br />
des costumes traditionnels africains,<br />
il sera évolutif. Asexué, avec pour<br />
base de grandes couvertures donnant<br />
l’impression d’avoir été rapiécées, il<br />
offre une grande palette de jeu au<br />
plateau. Le costume - ici réalisé par<br />
Éléonore Daniaud - est un refuge, il<br />
dévoile autant qu’il couvre. Il sera,<br />
sur scène, le quatrième « acteur » de<br />
cette pièce coproduite par le Manège<br />
de Reims et qui, après le festival Born<br />
to be a live, poursuivra sa tournée<br />
dans le Grand Est et à Paris (pour le<br />
festival Faits d’Hiver).<br />
Animaux de béance<br />
Une pièce chorégraphique<br />
de Camille Mutel<br />
Création le 10 novembre au<br />
Manège de Reims dans le cadre<br />
du festival Born to be A live<br />
WWW.MANEGE-REIMS.EU
l'histoire<br />
I’ve been to the mountain<br />
Kevin Morby<br />
Quand la musique croise la petite<br />
et la grande histoire.<br />
Avril 2016. Un clip commence à être<br />
diffusé sur Youtube. Il s’agit du nouveau<br />
titre de Kevin Morby, l’ancien<br />
bassiste du groupe folk Woods, qui<br />
s’apprête à sortir son troisième album<br />
solo (Singing saw). Le premier extrait<br />
de l’album, I’ve been to the mountain,<br />
donne lieu à une vidéo saisissante. Sur<br />
son lit d’hôpital, un homme agonise,<br />
entouré de ses proches. À l’instant<br />
même de sa mort, il semble s’échapper<br />
de son corps pour reprendre vie<br />
dans une danse plus organique que<br />
macabre. Le danseur Nathan Mitchell<br />
virevolte dans les couloirs désincarnés<br />
de l’hôpital, se réappropriant<br />
en quelques instants un corps trop<br />
longtemps abîmé par la souffrance.<br />
Un clip superbe, mais qui narre une<br />
toute autre histoire que celle de ce titre.<br />
Juillet 2014. L’afro-américain Éric<br />
Garner, petit trafiquant de cigarettes<br />
de contrebande, est étranglé à mort<br />
par un policier de New-York, utilisant<br />
alors une prise de corps interdite<br />
par le règlement. Éric Garner est un<br />
géant d’1,90 m, obèse, asthmatique,<br />
il glisse dans un dernier souffle<br />
« I can’t breathe, I can’t breathe ».<br />
Il avait, quelques minutes auparavant,<br />
refusé d’être arrêté une fois de plus,<br />
s’estimant harcelé alors qu’il n’avait<br />
à l’instant aucune activité illicite. Sa<br />
mort est filmée, largement diffusée<br />
sur les réseaux sociaux, et elle sera la<br />
source d’une révolte qui couve encore<br />
aux Etats-Unis et qui a donné naissance<br />
au mouvement « Black lives<br />
matter ». Avec ce titre, Kevin Morby,<br />
fait une référence directe à la mort<br />
d’Eric Garner. « That man lived in this<br />
town, until that pig took him down.<br />
And have you heard the sound of a<br />
man stop breathing, breathing ? ».<br />
Morby, petit blanc de l’Amérique des<br />
middle states - il est né à Kansas City,<br />
Missouri -, introduit une autre référence,<br />
tout aussi métaphorique, à ce<br />
titre. Son refrain, « I’ve been to the<br />
mountain », reprend quelques unes es<br />
paroles prononcées par Martin Luther<br />
King le 4 avril 1968, la veille de son<br />
assassinat : « Eh bien, je ne sais pas<br />
ce qui va arriver maintenant. Nous<br />
avons devant nous des journées difficiles.<br />
Mais peu m’importe ce qui va<br />
m’arriver maintenant, car je suis allé<br />
jusqu’au sommet de la montagne. »<br />
Trente ans plus tard, « I‘ve been to the<br />
moutain » chantera Morby…<br />
« Round'em out, make an écho, Destroy<br />
the destroyer, and do it fast »,<br />
chante Kevin Morby, aussi véhément<br />
que militant. Il n’est donc pas étonnant<br />
de voir que le clip d’Ive been<br />
to the mountain, objectivement très<br />
réussi, a fait l’objet de 20% de « dislikes<br />
» sur Youtube. L’engagement de<br />
Kevin Morby dans une Amérique déchirée<br />
par ses dérives suprémacistes<br />
n’y est sans doute pas étranger.<br />
Et aussi<br />
Kevin Morby joue le 2 novembre à<br />
Paris, à la Grande Halle de la Villette.<br />
Son dernier album, City Music, est<br />
sorti au printemps 2017. Son dernier<br />
album, City Music, est sort en juin<br />
dernier. On y retrouve un titre sorti<br />
quelques mois plus tôt, Beautifull<br />
strangers. Kevin Morby l’avait mis<br />
en ligne au bénéfice d’une association<br />
militant contre les armes à feu<br />
aux États-Unis. Le musicien y rend<br />
hommage aux victimes des tueries du<br />
Bataclan et de la boîte gay d’Orlando,<br />
en Floride. « If the gunmen come, or If<br />
I die too young, I'm full of love » a-til<br />
écrit, puis plus lin : « Pray for Paris,<br />
they cannot scare us ». En légende de<br />
la mise en ligne de ce titre sur You-<br />
Tube, Kevin Morby expliquait alors :<br />
« Cette chanson est dédiée et écrite<br />
pour tous les gens que je n'ai jamais<br />
rencontrés mais sur lesquels j'ai lu des<br />
choses. Tous ces noms, ces visages,<br />
tous ces beaux inconnus… »<br />
TEXTE cyrille planson<br />
48<br />
© DR<br />
© DR
ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR<br />
FigureS<br />
taïm<br />
NOM<br />
Taïm.<br />
PROFESSION<br />
Tatoueuse couteau Suisse.<br />
ÂGE<br />
45 ans.<br />
PLUS BEAU SOUVENIR<br />
Mon père.<br />
un rêve<br />
De m'installer à Brooklyn ou Montréal.<br />
une passion<br />
Tout ce qui touche à l'art, la créativité.<br />
photographie Sylvère HIEULLE<br />
50<br />
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