# 15
oct
NOV
17
12 /
14 /
18 /
22 /
34 /
36 /
38 /
40 /
42 /
44 /
46 /
48 /
À cœur vaillant
césaré
juliette mock
Sebastião Salgado
ted x
bisqueers roses
mathieu boogaerts
pavillon du futur
sunnyside festival
rock to fakie
camille mutel
kevin morby
magazine peel
passe la seconde et devient
15 numéros. Nous arrivons à notre quinzième numéro. Autant de découvertes,
de rencontres, de trouvailles. Et toujours ce plaisir de dénicher
un créateur, un agitateur, un projet, une idée, pour vous en faire part.
Soigneusement le mettre en valeur et lui donner la place qu’il mérite.
Choisir ou créer chaque image. Trouver le mot juste. S’entourer des meilleurs
rédacteurs, photographes, illustrateurs, têtes chercheuses. Souvent
des personnalités qui pourraient faire eux-même l’objet d’un article.
Ce sont eux qui font ce magazine et ils sont tous animés du même feu :
vous dire « hey !, on a vu ça, on a trouvé ça cool, et on avait vraiment envie
de vous le montrer… ».
ÉDITEUR / Dir. de publication
Benoît Pelletier
RÉALISATION / design / diffusion
www.belleripe.fr
direction artistique
Benoît Pelletier
assisté de amélie luca
Si vous souhaitez devenir
diffuseur, vous abonner pour
recevoir le magazine chez
vous, ou en commander un
exemplaire, contacter nous ici :
hello@process-mag.com
POUR DEVENIR ANNONCEUR,
DIFFUSEUR OU PARTENAIRE :
bp@process-mag.com
06 80 65 89 72
Le magazine PROCESS est édité
par Belleripe SARL - 5 avenue vallioud
69110 Sainte-foy-lès-lyon.
Tous droits réservés.
Toute reproduction, même partielle
est interdite, sans autorisation.
Le magazine PROCESS décline toute responsabilité
pour les documents remis.
Les textes, illustrations et photographies
publiés engagent la seule
responsabilité de leurs auteurs et leur
présence dans le magazine implique
leur libre publication.
Le magazine PROCESS est disponible
gratuitement dans 170 points de dépôt
à Reims. retrouvez toute la liste sur
www.process-mag.com
Magazine à parution bimestrielle.
ce magazine est publié avec deux couvertures
différentes
Participant au singsing de Paya.
Province des Hautes-Terres occidentales,
Papouasie-Nouvelle-Guinée.
2008 © Sebastião Salgado
Mudman. Paya, province des Hautes-
Terres occidentales, Papouasie-
Nouvelle-Guinée. 2008 © Sebastião
Salgado
Et apparemment ils sont entendus car vous êtes à chaque numéro un peu
plus nombreux à vous y intéresser. Les exemplaires partent à vitesse grand
V, les retours sur les réseaux sociaux se multiplient, et de nouveaux points
de diffusion proposent spontanément de délivrer le magazine. Sans parler
de nos partenaires, (« supporters » serait sans doute un terme plus juste)
qui nous accompagnent en dansant avec nous ce pas de deux qui rend la
relation intelligente et riche, tout en ringardisant définitivement le terme
d‘« annonceur ».
Alors autant vous dire, que cet intérêt (pour ne pas dire engouement parce
qu’on est modeste et qu’on à le sens de la mesure) réchauffe notre petit
cœur. Et nous donne des ailes. Nous nous sommes dis que le temps était
venu d’enfoncer le clou et de vous proposer un petit updating. Maquette
liftée, site mis à jour, une brouette de projets et d’idées neuves pour les
prochains mois, une diffusion qui va augmenter dans la saison à venir…
Et donc, last but not least, ce changement de nom qui signe la volonté
de réaffirmer notre ligne éditoriale en la rendant plus lisible : vous raconter
le processus créatif, qu’il se déploie dans le champ artistique et culturel,
bien sur, mais aussi dans celui de l’architecture, du design, de l’artisanat,
de l’entreprise…
Pour fêter ça, et marquer le passage de cette nouvelle étape, nous avons
eu envie de réaliser un sujet vraiment exceptionnel. Nous avons choisi d’approcher
l’immense photographe brésilien Sebastiao Salgado, star mondiale
de la photo, et pu, grâce à l’élégante complicité du Champagne Taittinger,
le convaincre de nous accorder un long entretien et de nous ouvrir grand
les portes de ses archives. Les images que vous allez découvrir ou redécouvrir
sont magistrales et d’une puissance phénoménale. Cerise sur le gâteau,
ce numéro, potentiellement collector, s’habille de 2 couvertures différentes.
Et nous avons d’autres petites pépites. On vous raconte le parcours de
Juliette Mock, une des artistes visibles à l’occasion de la belle opération
Frichorama. On vous embarque pour une visite en image dans les studios
de Césaré. Vous découvrirez aussi les conférences TED ainsi que le Pavillon
du futur, tous deux propagateurs actifs d’idées neuves. On vous raconte la
génèse du projet « Mathilde est revenue » ainsi que celle du morceau « I've
been to the mountain » de Kevin Morby ou du festival Sunnyside. Mathieu
Boogaerts nous dévoile en toute sensibilité son processus créatif, et nous
avons pu jeter un coup d’œil à la préparation de la prochaine expo de Sylvère
Hyeule & ; Iemza. Pour lier le tout, Anne-sophie Velly crée la bande
son de ces images, lumineuse et acidulée, of course.
Bienvenue dans votre
Benoît Pelletier
www.process-mag.com
© Stéphane de Bourgie
BENOÎT PELLETIER
éditeur
directeur créatif
& photographe
JULES FÉVRIER
journaliste
& photographe
agathe cebe
rédactrice
& journaliste freelance
arnaud lallement
chef ***
08 / HOP
10 / goût
12 / À cœur vaillant
14 / césar du meilleur studio
18 / la bulle créative de juliette mock
22 / Sebastião Salgado
34 / les conférences ted à reims
36 / paillettes party & pop culture
38 / mathieu boogaerts
40 / bouillon de futur
42 / take a walk on the sunnyside
44 / retrouvailles en terre de beton
46 / camille mutel
48 / I’ve been to the mountain
50 / figures taïm
Anne-sophie velly
DA de Maison Vide art
contemporain, musiques
& confettis
SYLVÈRE HIEULLE
OVNI (& accessoirement
photographe)
Peggy Leoty
communication / événementiel /
relations presse
JUSTINE PHILIPPE
journaliste
PLAYLIST
la playlist ECRILLUSTRÉE D’ANNE-SOPHIE VELLY www.mixcloud.com/salsifi-velly/
Flavien
Berger
1
La fête
noire
Il y a quelque mois, la
talentueuse Yvonne Debeaumarché
a fait un très joli
documentaire sur les forains
« Chacun cherche sa place ».
Et j’ai redécouvert ce morceau
de Flavien Berger qui
sent bon la barbe à papa, les
pommes d’amour et les gros
camions. Excitante poesie
de cette fête éphémère, les
lumières éblouissent, les
manèges tournent la tête, et
des ballons qui flottent en
cage attendent de se faire
« carabiner » par des enfants
insouciants, pour la bonne
cause sans doute.
Flavien Berger
x Véronique
Vincent &
Aksak 3Maboul
Je pleure
tout le
temps
On s’approprie tous un peu,
beaucoup, passionnément,
à la folie, les morceaux que
l’on aime... Celui-ci, pour moi,
ressemble à un nuage qui
pleure tout le temps et qui fait
déborder les pluviomètres.
Il n’y a rien de plus émotif
qu’un nuage non ? À part moi
peut être… Mais c’est difficile
a consoler un nuage, il faut le
laisser pleurer en attendant
qu’il se dissipe. « Je pleure
quand y m' dit je t’aime,
j'pleure si y m’dit pas je t’aime.
J’pleure quand y m’dit tu
m’énerves, je pleure parce qu'il
m’énerve (…), je pleure tout le
temps »
Rouge
Gorge
2
Les Primevères
des
fossés
Robin Poligné signe un album
« wouaouh » sous le nom
de Rouge Gorge, il y parle
d’amour, parfois de sexe, de
primevères, d’orage, de plage,
de télé, d’enfance, de la vie
quoi…
Avec sa boite à rythmes, ses
claviers, ses lunettes et son
look 80’s à la Parker Lewis, on
part avec lui dans un monde
parallèle pas si éloigné, qui
donne envie de se rouler dans
l’herbe mouillée, et de cueillir
des fleurs sauvages... que l’on
pourrait apprivoiser avec un
peu d’amour et d’eau fraîche.
VOYOV
4
Le
naufragé
Il nous mène en bateau
VOYOV, un bateau après la
tempête, qui force les marins
à rester à quai et à faire
des rencontres « liCŒURreuses
» et heureuses. Ces
marins-là sont loin de ceux
de ceux des demoiselles de
Rochefort. Pourtant Thibaut
Vanhooland est Nantais et
nous donne envie de faire
une Perm’ à Nantes en dansant
avec lui, emporté par
le mistral qui rend fou, bien
connu en Loire-Atlantique…
Mais ses marins à lui, seul un
navire les a fait voyager...
ontriuteurs
5
05
CYRILLE PLANSON
redac-chef La Scène,
Le Piccolo, Théâtre(s) mag
Nicolas VUILLEMIN
auteur
& chroniqueur
JEAN DELESTRADE
souplesse
& décontraction
vincent van der hedde
photographe
Retrouvez nous sur
www.process-mag.com
Etienne
Daho
Sortir
ce soir
Que fait Etienne Daho le week
end à Rome ? Il sort le soir.
Peut-être qu’il sort boire un
dernier verre avec sa perruche
sur l’épaule, comme sur la
photo de Pierre et Gilles sur
la pochette de « la notte, la
notte ». La naïveté et l’insouciance
de la fête, de la vie
des années 80, et la furieuse
envie de brûler la chandelle,
et de danser debout sur les
tables d’une boite de nuit de
province italienne.
Eddy
de 6pretto
Fête
de trop
Bizarrement je me rends
compte que cette playlist
parle beaucoup de fête…
Celle qui nous concerne ici est
un peu glauque, une fête clairobscure
chantée par Eddy de
Pretto.
Le texte cogne, la violence est
poétique, oui c’est possible
ça. Ça suinte la vodka, il est de
ces nuits ou on voit le jour se
lever, sans avoir fermé l’oeil, ni
compté le nombre de verres
qui a rempli les dernières
heures. (ATTENTION l’abus
d’alcool est dangereux pour
la santé).
faut pas rater ça
ews
loud
jusqu'au
29/10
Liu Bolin,
Ghose stories
à la Maison européenne
de la photographie
Sculpteur, performeur et photographe, Liu
Bolin, surnommé " l’homme invisible ",
présente dans cette exposition à caractère
rétrospectif des photographies issues des
quatre grands thèmes abordés dans son
œuvre depuis plus de dix ans.
www.mep-fr.org
jusqu'au
29/01
Irvin Penn
au Grand Palais à Paris
L’année 2017 célèbre le centenaire de la
naissance d’Irving Penn, l’un des plus
grands photographes du XX e siècle.
En partenariat avec le Metropolitan Museum
of Art de New York, le Grand Palais
rend hommage à cet artiste talentueux,
célèbre pour ses photographies de personnalités
majeures telles que Pablo Picasso,
Yves Saint Laurent, Audrey Hepburn,
Alfred Hitchcock, etc.
www.grandpalais.fr
marché de
la photo
des nouvelles du duo des halles
Le photographe Romuald Ducros mène
depuis plusieurs semaines un projet au
long cours qui se déroulera sur une année
entière : il installe sur les marchés rémois un
studio conçu spécialement et immortalise
les chalands en compagnie de leurs achats,
toujours avec la même lumière, toujours
dans la même position. Nous suivons l’élaboration
progressive du projet au fil du temps
et vous livrons dans chaque numéro une des
dernières images de la série en cours.
Une première restitution des images est
exposée aux Halles du Boulingrin depuis
le 22 septembre.
Dans le cadre de la programmation
" Arts visuels " de la ville de Reims
avec le soutien de Veuve Clicquot,
maison fondée en 1772.
www.laproductionremoise.fr
LE
10+11/11
Kyan Khojandi,
Pulsions
à la cartonnerie
Quatre ans après le succès de sa minisérie,
Kyan Khojandi, alias le « mec de Bref »
revient sur les planches. Un stand-up drôle,
touchant et rythmé. Bref, il faut aller voir
Kyan Khojandi.
www.cartonnerie.fr
du 05/10 jusqu'au
20/12
Oujevipo Expo
à Saint-Ex, centre
culturel numérique
Une exposition entre borne d’arcade et jeux
vidéos ! En tout, 6 bornes d’arcades, conçues
de A à Z par leurs créateurs.
www.saintex-reims.com
du 05/10 AU
12/12
urba
Médiathèques d’Épernay
Les cultures urbaines serviront de fil rouge
aux animations organisées au sein des médiathèques.
Programmé avec l’association
Velours, ce temps fort mettra à l'honneur
l'urba street art, le slam, les ateliers lego et
palette, l’architecture ou encore le graffiti
végétal.
http://velours-prod.com
© DR © LIU BOLIN
© DR
© DR © DR © irvin penn
DU mer. au sam.
17-21
h
h
MA BOUTEILLE
S’APPELLE
REVIENS
19 rue de la Magdeleine
à Reims
Notre contributeur Dominique Bunel qui a
plus de 3 ou 4 cordes à son arc,vient de lancer
son concept de « wine truck ». Du vin
bio et naturel à retrouver sur les marchés et
autres hot spots rémois et en version fixe au
19 rue de la Magdeleine.
le
21/10
Journée
Brickfilm
(dans le cadre de la Fête
du cinéma d’animation)
Médiathèque Jean Falala
15h -> Atelier découverte de la technique
du stop-motion et initiation à la réalisation
d’un brickfilm, animé par Maxime Marion
18h -> Séance « Brickfilm » : projection des
films Henri et Edmond, Moutons
et aussi -> expo des maquettes de Steeve
Grandsire et des photos de figurines de
Dimitri Bois
www.bm-reims.fr
PAR AGATHE CEBE
collectif
17
des
chiffres &
des belles
lettres
Le Collectif 17 est composé de 8 jeunes, dont 7 comédiens
et 1 metteur en scène. Ça fait déjà une belle addition.
Ils sont résidents à la Comédie pour toute cette
saison, et résidents à Reims, pour une vie commune
vraiment commune. Résolument tourné vers les belles
lettres, le Collectif 17 met à l’honneur le théâtre antique,
en le sublimant d’une fraîcheur nouvelle. Ferdinand Barbet,
jeune auteur, comédien et metteur en scène, mène
cette joyeuse troupe au gré de leurs multiples projets
prévus cette année, dans et hors des murs de la Comédie.
Il y a d’abord leur diptyque, Quelqu’un arrive et je
ne me connais plus, inspiré des Bacchantes d’Euripide,
du 11 au 20 janvier 2018 à l’Atelier, ainsi qu’une création,
Narcisse, du 13 au 20 avril. Mais déjà, vous avez certainement
croisé les énergies folles du Collectif 17, notamment
au marché Boulingrin, à la médiathèque Croix-
Rouge, à l’ESAD ou à Maison Vide, où les comédiens
ont déjà donné des représentations de Lysistrata, une
pièce d’Aristophane où des femmes décident d’arrêter
la guerre en faisant du chantage à leurs hommes. Hors
les murs, ça fait sacrément d’espaces à visiter, et le Collectif
se laisse jusque début décembre pour venir près
de chez vous. Alors, certes, vous pouvez laisser jouer le
hasard de la rencontre, mais…
Riches de transmissions, et généreux, les membres du
Collectif 17 ont aussi prévu des ateliers de formation, un
accompagnement des classes de la Comédie, des petits
spectacles impromptus, des lectures, des concerts…
Nul doute que vous risquez de croiser leur route durant
leur grande année d’immersion culturelle rémoise
lacomediedereims.fr - 03 26 48 49 10
rp@lacomediedereims.fr
OP
Hélène, elle est community
questions en passant
à hélène IOANNIDIS
manager à la Carto. On peut
dire que c’est une sacrée
mission, car une sacrée community,
la Carto. Public, artistes,
fans euphoriques, trolls
rabat-joie, bonnes nouvelles,
déconvenues : tout passe par
le petit doigt d’Hélène sur
son écran tactile. Un job de
l’instant, un job minutieux. Une
mécanique précise, de l’ombre,
pour mettre en lumière la
grande boîte à musique de
Reims.
Trois verbes pour décrire ton activité :
Forcément des verbes d’action… « Courir », tout le monde s’en
doute. Alors je dirais « scroller », « uploader » et « surprendre ».
Que fais-tu des trolls ?
Je m’amuse avec eux tant que je peux, mais jamais méchamment
! Ils redoublent toujours d’imagination pour me surprendre.
Et il y a les trolls occasionnels, et les trolls réguliers.
R*** est un troll régulier auquel je me suis presque attachée,
même s’il pose toujours les mêmes questions, et que je lui
donne toujours les mêmes réponses !
Ton plus beau live-tweet ?
C’est celui que j’ai fait pendant la conférence de presse de
la Magnifique Society. Ce n’est pas tant pour le contenu que
pour les circonstances dans lesquelles je live-tweetais. C’était
ma première conférence de presse à la Carto, et je savais que
ma mission était de dévoiler, progressivement, une programmation
que tout le monde attendait de connaître. C’était
excitant.
Si tu étais un hashtag ?
#jpeuxpasjaiconcert!
Question existentielle : les réseaux sont-ils une réalité augmentée
?
Il y a plein de réponses possibles ! Et il faut savoir que chaque
personnalité réelle possède sa personnalité virtuelle. Mais
cette réalité, sur les réseaux, on en fait ce qu’on veut. Mon job,
c’est de maîtriser ça, cet outil qui crée du rêve. Je vois vivre la
Carto, je la mets en valeur. Ça reste de l’image, il y a des réactions
ou pas, mais être community manager, c’est inventer des
petits paradis, et donner de l’envie.
Confession intime : ton premier pseudo internet ?
C’était Leni601 ! Pour mon adresse msn… Leni, parce que
c’était mon surnom d’enfance, et 601, parce
08
que tu te rends
compte que beaucoup d’autres filles doivent avoir ce surnom,
et je suis arrivée 601 e , certainement !
Paint
it (not)
black
Il y a bien plus de belles choses dans plusieurs cerveaux
réunis que dans un seul isolé. L’association des
entreprises du Port Sec et La Husselle l’a bien compris,
lorsqu’il s’est agi de redonner un coup de frais à la rue
Philippe, le long de la Carto. Sur ce mur de béton de
840 m 2 , qui appartient à la SNCF, plusieurs artistes
ont été conviés à un embellissement collectif, pérenne,
sous forme de challenge performance en public, le 9
septembre dernier. Ça, c’est le cœur battant du projet
ZI Artistes Plus de soixante artistes, locaux et moins
locaux – de Reims à Casablanca, ont répondu présents
pour bûcher sur le thème imposé « L’industrie d’hier
et aujourd’hui ». Les bombes de peinture ont cliqué,
claqué, sifflé, soufflé. Et les 220 panneaux ont été couverts
d’une œuvre urbaine, cohérente dans sa diversité,
diverse dans sa cohérence. En longeant le mur, c’est
comme faire un voyage graphique, périple de couleurs
et d’univers alternatifs. Ce projet d’envergure a été
porté par plusieurs instances rémoises, dont PRISME,
Projet Rémois d’Initiative et de Sensibilisation au Mécénat
d’Entreprise, qui a co-organisé l’évènement.
Aujourd’hui, « on est certains qu’il va y avoir une suite »
confie Thierry Prévoteau, directeur de l’entreprise
Majuscule et président de l’association du Port-Sec.
En pourparlers avec la Culture et l’Office du Tourisme,
le projet pourrait voir la fresque se démultiplier sur les
autres murs en friche du
quartier. Et c’est vrai qu’il y
a de quoi faire…
Si cet art est viral, nous
ne lutterons pas contre la
contamination.
Au rendez-vous
des inspirations
Des portraits d’artistes et d’amis, trente-deux portraits. C’est la prochaine
expo de Alain Hatat, « un projet de longue date ». Le photographe
a souhaité fixer des visages connus depuis longtemps,
des personnalités qui l’ont forgé, humainement et professionnellement.
Mêlant affection et admiration, Alain Hatat rend hommage,
comme un bilan artistique, à des hommes et des femmes qui ont, à
un moment donné, transformé le cours de sa vie. Ismael Kachtihi Del
Moral, Alain Margoton, Armelle Blary, José Renaud. C’est une ronde,
en noir et blanc, qui emporte le visiteur dans une exposition symbolique,
intime, introspective. « Le parti-pris était de créer un face à
face avec chaque artiste. Je souhaite porter sur eux un regard sans
artifice. Pour montrer tout ce que leurs âmes m’ont humainement
transmis. » Ce n’est certes pas une révérence, mais il est
impossible de savoir qui, de l’artiste photographe ou de
l’artiste muse, honore le travail de l’autre.
Portraits d’artistes, à la Caisse d’Epargne,
rue Carnot – du 15 octobre au 30 novembre.
BB
Initials
La troupe fantôme d’Anthonin Ternant va souffler dans vos
oreilles la nuit : les Black Bones sortent leur premier album le 13
octobre. Kili Kili, ça chatouille quand on le dit, mais ça dépote
quand on l’écoute. Dix morceaux, pour la plupart déjà bien
connus de leur fervent public, que l’on va pouvoir écouter et
réécouter à l’envi, comme You’re the Tomb, I’m Gay ou encore
The Shaggs. Le 21 septembre dernier, Anthonin Ternant, alors
plus ange que démon, avait présenté en exclu à Ami-Ami
le clip de Deathco, tourné cet été. Mais là, pour fêter l’album
et aussi les plaisirs de la Toussaint, les Black Bones seront sur
la scène de la Carto le 31 octobre, pour une Noche De Muertos.
Lumière noire et néons fluos : seuls les braves sont invités.
Soundcloud : @blackbonesreims
Infos et réservations : La Carto - 03 26 36 72 40
V
le chiffre
romain,
pas la lettre
Elles sont cinq jeunes diplômées de l’ESAD. En juin dernier,
elles ont terminé leur Master, cycle de cinq années
de recherches, et pour fêter cet aboutissement, la Comédie
les accueille, jusqu’au 21 octobre, en ses lieux, pour
une exposition collective. Elvire Flocken-Vitez, Noémie
Mahieux, Laura Merkbaoui, Marie Servas ont toutes installé
leurs œuvres aux quatre coins de la Comédie. Mais
s’il devait être un cinquième coin nécessaire, ce serait
pour Carla Adra qui a remporté, le 3 octobre, lors de du
vernissage, le prix PRISME – 4 e du nom. Sa vidéo performance,
« Aire » d’une durée de quinze minutes, a séduit
le jury, et obtenu des mains de Didier Janot une dotation
de 5000 euros. « Un drôle de concert de grincements
de sièges ! » se souvient Florence Lhermitte. Comme elle
en a coutume, la Comédie ouvre ses
portes pour tous les visiteurs qui voudraient
observer le travail de ces jeunes
talents, aux cinq coins de son théâtre.
Mais attention : à installations choisies,
horaires précis.
www.esad-reims.fr/v
© esad
figue
gaufrette
«La figue :
forme, texture,
chair, couleur,
elle ne ressemble
à aucun fruit.
Ses accents vineux
et sucrés appellent
un coteau champenois
blanc ou rouge.
»
par Arnaud Lallement
Gavotte
108 g d’eau | 10 g de beurre | 10 g de farine | 1 g de sel | 20 g de
sucre glace | 60 g de blancs d’œufs
Mélanger la farine, le sucre glace et les blancs d’œufs. Chauffer
jusqu’à ébullition l’eau, le beurre et le sel. Ajouter le mélange
d’avant. Cuire pour épaissir. Mixer. Etaler sur une plaque des
rectangles de 12 cm par 9 cm. Cuire à 160°C pendant 10 à 12
min. Rouler avec un tube de 2 cm de diamètre.
Compotée de figues
75 g de figues | 10 g de miel | 10 g de sucre | 25 g de beurre | 1 g
de jus de citron | 1 g d’acide citrique
Couper les figues en dés. Ajouter le jus de citron et l’acide
citrique. Colorer le miel et le sucre. Déglacer avec le beurre.
Mélanger le tout. Cuire. Refroidir. Mettre en poche.
Réduction vin rouge
25 cl de vin rouge réduit à 50 g
Faire chauffer et réduire le vin rouge à 50 g.
Siphon orange
33 cl de jus d’orange | 17 g de sucre vergeoise | 167 g de crème
liquide
Faire chauffer et réduire le jus d’orange à 167 g. Mélanger tout
dans l’ordre. Refroidir. Mettre en siphon.
Figues à poêler
25 g de miel | 6 figues | 5 g de beurre | 1 cuillère à soupe de
réduction vin rouge
Couper les figues en quartiers. Les poêler dans le miel. Déglacer
au vin rouge. Monter au beurre.
Chantilly au citron
100 g de crème | 8 g de sucre glace | 1/2 citron vert
Monter la crème avec le sucre. Prélever le zeste du citron vert.
Ajouter et mettre en poche.
Dressage
Placer la gavotte sur la gauche de l’assiette. Garnir au centre
de compotée figue et de siphon orange sur les côtés. Coller le
tube avec un peu de chantilly pour éviter qu’il bouge. Faire une
bande de chantilly sur le tube avec une douille droite. Ajouter
quelques morceaux de figues, deux fleurs de tagette et des
feuilles de limon cress. Faire des points de réduction vin rouge
au centre de l’assiette et poser trois quartiers de figue sur la
droite.
G
goût
10
figue gaufrette © matthieu cellard
GOÛT
Le sagarno
d’Eztigar
En Iparralde – le pays basque français – la tradition veut que
les fermes produisent du sagarno, un cidre local qui en réalité
« s’apparente plus à un vin de pomme ». C’est ce qu’explique
Clément Lourme, maître de chai qui a repris avec sa compagne
Marie Ascano la gérance d’une petite SARL implantée à
Saint-Just Ibarre, au pied du Col d’Osquich. Ne vous attendez
pas à voir à proximité de vastes vergés de pommiers mais plutôt
quelques arbres épars, rassemblés en bosquet ici ou là.
Les variétés de pommes sont locales, rustiques et répondent
aux noms d’Anisa, Eri Sagara, Ondo motxa, Gordin xuria…
Ici la culture immémoriale de la pomme – elle remonterait à la
plus haute antiquité - ne constitue qu’un revenu de complément
pour les quelques agriculteurs qui se sont réunis autour
d’Eztigar en 1990. L’objectif était alors de sauvegarder ces
variétés locales en voie de disparition en replantant 15 000
pommiers. « Nous travaillons le plus naturellement possible,
sans sucre ni gaz ajoutés, uniquement avec des ferments indigènes
», rappelle Clément Lourme, le sagarnoegile (littéralement
le producteur de cidre), qui se concentre après la récolte
de novembre, sur les quelques semaines clés de l’élaboration
du sagarno. Récolté, pressé et pasteurisé, le jus de pomme
passe presque trois mois pour une fermentation lente, en
barrique, avant d’être mis en bouteille. Il affiche alors un degré
d'alcool toujours
supérieur à
5°, une acidité
prononcée et un
pétillant léger
plus proche
de la bulle de
champagne que
de la mousse du
cidre ou de la
bière.
À la dégustation,
la surprise est au rendez-vous, tant le produit fini se
démarque de ses très lointains cousins de Normandie ou de
Bretagne. Le sagarno est puissant avec, au nez, quelques
notes de musc ou de cuir qui n’entament en rien sa fraîcheur
lorsqu’il arrive en bouche. Ce vin de pommes rustique désaltère.
Il est constitutif de l’identité de l’Iparralde rurale, loin de
la côte. « Nous gérons des années avec de fortes alternances
dans la production. Avec parfois des récoltes de 400 tonnes
de pommes, ce qui est presque trop. Elles sont capricieuses
mais aussi très riches à travailler ». Etzigar se développe peu à
peu. « Les idées fusent, sourit Clément Lourme. Nous faisons
désormais du jus de pomme pétillant, le Bikainia, un cidre millésimé
haut-de-gamme que nous avons lancé en 2014. Nous
avons déjà des vergers en bio, nous espérons en intégrer un
peu plus. Et puis nous voulons intégrer de nouveaux producteurs,
des jeunes, pour un complément de revenu ». À boire en
bouteille si l’on se fait livrer ou à la cidrerie de Saint-Just Ibarre
pour une dégustation au bord du txotx, le tonneau basque
que l’on met en perce en février pour fêter le cidre nouveau.
Cyrille Planson
11
Une
vodka
champenoise
La société Bastille Day a lancé
voici quelques mois une vodka
blanche dénommée Guillotine,
issue de marc de raisins du vignoble
champenois. Héritage
est une vodka vieillie en fûts
de chêne, sur une durée de quinze
jours à six mois. Les produits
sont distillés à Aÿ-Champagne,
puis acheminés en région parisienne
pour être mis en bouteille,
avant diffusion dans les réseaux
haut-de-gamme et à l’export. C.P.
roederer
100%
bio
Pour la vendange 2017, l’antique maison de Champagne Roederer
– fondée en 1776 – a annoncé que 100 % de son vignoble avait été
cultivé selon des normes biologiques. Ainsi, quelques premières
bouteilles de la célèbre cuvée Cristal devrait être commercialisée
sous le label bio dès 2020. Cette cuvée d’exception passe environ
5 ans en caves, puis encore 8 mois après le dégorgement et le
dosage avant d’être commercialisée. C. P.
VIGNERONS
INDÉPENDANTS
EN SALON
À l’agenda du lecteur de Process, forcément, on trouvera pour
cet automne le 25 ème salon des vignerons indépendants (Parc des
expositions – du 10 au 13 novembre), l’un des plus grands salons
de France qui présente l’avantage de pouvoir rencontrer les producteurs.
Chez Process, on vous conseille donc le Domaine Sainte-
Juste, de Durban-Corbières, dans l’Aude. Ce domaine bio de 11
hectares que cultive Rémy Miquel cache quelques jolies bouteilles.
Les sols argileux, calcaires et schiste du domaine, sont plantés de
grenache noir, syrah, carignan, mourvèdre, cincault (pour les vins
rouges et rosés), et de grenache blanc, macabeo, bourboulenc et
roussanne (pour les blancs). On ne saurait trop vous conseiller de
goûter la cuvée Melchior, le must du domaine. Puissante et racée,
elle met à leur avantage ces rouges rustiques qui naissent
sur ces terres inhospitalières, écrasées par le soleil et balayées par
le cers et le marin, deux vents particulièrement rageurs. À découvrir
sur le stand du Domaine Sainte-Juste, avec modération, bien
évidemment. C.P.
el
À cœur vaillant
Trois hommes s’attaquent
à Jacques Brel sur la scène
du Bar de la Comédie.
Rien d’impossible.
Ils sont nous
Enfants, nous avons tous eu des rêves. Derrière la maison, poussant un ballon
sur la pelouse pourrie du jardin de ses parents on se prend pour Michel Platini,
dribblant des adversaires imaginaires, commentant à voix basse l’action formidable
qui se déroule dans notre tête, avec ce foutu clébard qui nous court après,
la frappe finale finie sa course dans le but, entre le cerisier et le vélo. Devant une
petite glace dans sa chambre, la main gauche aux doigts crispés, une main droite
non moins crispée et Jimi Hendrix à fond sur une chaîne Akaï tout aussi pourrie
que la pelouse. On y est, on se voit Jimi Hendrix mais en droitier, tout son être
d’adolescent tendu vers un rêve, jouer comme lui. Et puis arrive l’âge d’après.
Une chose dont je suis sûr, c’est qu’Olivier Vaillant ne chantait pas du Jacques
Brel tenant dans sa main une brosse à cheveux en guise de micro. Jacques Brel
ce n’est pas un truc d’enfant. Et on ne peut pas jouer à Jacques Brel. Jacques Brel
est trop impressionnant, son interprétation est trop folle, trop illuminée et effrayante
pour s’en approcher. Pour jouer à Jacques Brel il faut être Jacques Brel.
Et pourtant. Les pauvres types qui peuplent ses chansons et ses mots, ces mecs
aux coeurs brisés qui trainent dans des endroits qui puent la pisse et la bière, ces
couplent qui hésitent, ces vies qui tanguent, ces rêves d’enfant qui s’évanouissent.
Ils sont nous.
Lire plutôt qu’écouter
Tout a commencé par une discussion avec Benjamin Benoit, un copain
d’Olivier Vaillant, qui gère le bar de la Comédie. Il y avait d’un côté une idée de
décor, ambiance seventies « quelque chose entre le studio d’enregistrement et une
chambre » et puis Brel. « Cette idée de s’attaquer à Brel m’a emballé ». Il lui fallait
trouver deux comparses pour se lancer dans l’aventure. Le premier, Damien
Buisson, à la guitare, au sampler et clavier. Le deuxième, François Malnovic, à
la production musicale, le design sonore et la programmation lumière. Certes,
des comparses brillants pour construire un son moderne et épuré, mais le troisième
- Brel - est autrement plus emmerdant à manipuler. « Nous avons décidé
dès le départ de partir ce postulat : nous avons entre les mains les textes de Brel
comme si c’étaient ceux que j’avais écrit et nous devons composer et interpréter »
Sacré pari tant il est difficile de dissocier les textes de leur incarnation par Brel.
« J’ai pour ma part décidé d’oublier le personnage pour me glisser dans les textes.
Un des moyens que j’ai trouvé a été de les apprendre par cœur. Lire les textes plutôt
que de les écouter change tout. »
Dans la gueule
« Quand je me suis attaché aux mots de ses chansons, je me suis rendu compte
que ça me parlait à moi, à ma vie. Je me suis plongé dedans. Plutôt que de vouloir
incarner Brel, ce sont les gens de ma vie, ceux que j’ai croisé, ceux qui m’ont fait mal,
ceux que j’ai aimé, qui viennent s’habiller des mots des chansons de Brel. C’était là
la vraie façon de l’aborder. Ce sont mes mots qui sont dit sur scène, ma vie. »
La salle est plongée dans le noir, le public est spectateur de cette mise à nu.
« Quand on a travaillé pendant plusieurs jours lors d’une résidence à la Comédie,
je dois dire très honnêtement que je me suis pris tous les textes dans la gueule.
J’ai une histoire perso qui s’incarne dans chaque personnage des chansons. » Je fais
remarquer à Olivier que finalement, tout cela ressemble furieusement à une psychanalyse.
Il rit.
Le sparadrap qui colle
Ils ont donc décidé de s’attaquer à 17 textes de Jacques Brel, certains mythiques
d’autres moins connus : Amsterdam, Au suivant, La quête, Mathilde, Orly,
Ces gens là, J’arrive, Le plat pays, Les bourgeois, Le Lion, Si il te faut…
« Nous avons beaucoup bossé, recommençant jusqu’à arriver à une musique qui
corresponde vraiment à notre ligne artistique. » Avec parfois des partis pris forts.
« Amsterdam est en trois temps. Tout le monde la fredonne en trois temps. » Difficile
effectivement de se séparer des trois temps d’Amsterdam, un sparadrap qui
colle au bout du doigt. « Et bien nous avons décidé de la passer en quatre temps.
Ça donne quelque chose d’autre. Pour certaines, nous avons viré les mélodies pour
créer nos propres musiques. »
Sept dates ont déjà été jouées à la Comédie. « J’ai flippé lors des premières quand
j’ai vu débarquer des personnes d’un certain âge. Je me suis dit qu’elles devaient
avoir leur Brel et je redoutais de les confronter à ce que nous en avions fait.
Les réactions ont été super, les gens sont venus nous voir pour nous dire qu’ils
avaient totalement redécouvert certaines chansons. » Huit nouvelles dates arrivent.
« C’est un vrai projet de scène que l’on a envie de porter, ça ne peut pas
fonctionner sur disque, il faut le voir, le vire. »
MATHILDE EST REVENUE
du 20 octobre au 04 novembre
www.lacomediedereims.fr
TEXTE jean delestrade
PHOTO romus ducros
C
chanson
12
César
du meilleur studio
VISITE EN IMAGES
Césaré, Centre National de Création Musicale, abrite une vaste palette
de curiosités musicales, de créations atypiques et d’outils pour
projets naissants. Chaque saison, outre sa programmation toujours
étonnante, Césaré accueille des artistes résidents – dix-huit cette
année – afin de les aider dans leurs progressions créatrices, et de les
promouvoir, ensuite, au gré de leurs différents partenariats culturels.
En effet, Césaré, loin du repli sur soi, s’ouvre à toutes les grands
manifestations rémoises, et se fait terre d’asile pour des festivals qui
s’égrènent dans la ville, comme le festival We Insist, ou le prochain
Sunnyside.
Se glisser dans leur studio pour un reportage photo, c’est comme
s’immiscer dans un trou de souris, ou jeter un œil de l’autre côté du
miroir.
14 15
R
reportage
eportage Vincent Van Der Hedde
texte agathe cebe
16
SoHome
18
IMMOBILIER
Parvis de la Cathédrale l www.sohome18.com l 03.52.82.97.42
TRANSACTION - LOCATION - GESTION - PROGRAMMES NEUFS
Parmi les artistes qui exposeront à Frichorama,
Juliette Mock, un bac Littéraire en poche, diplômée
de l’ESAD en 2016 et en résidence longue
à la Fileuse depuis juillet 2017, fait figure de
toute nouvelle venue. Nous l’avons rencontrée,
il y a quelques jours, dans son atelier,
dans lequel se trouvent des petits chariots
couverts d’outils, des étagères remplies de
livres d’art et de matériaux, quelques photos
accrochées aux murs, mais aussi les travaux
de sa dernière série, Les jambes, qu’elle doit
terminer au plus vite avant de les dévoiler mioctobre.
En ce moment, nous dit-elle, « c’est
le rush » ! Mais à ses yeux, le stress qu’il induit
n’est pas négatif : « le rush, c’est un plaisir.
Ça nous met dans une autre bulle. » Quand elle
parle, Juliette Mock est à la fois calme et très
vive et si ses yeux sont à la fois doux et pénétrants,
ses mains, elles, bougent sans cesse
et traduisent un grand bouillonnement intérieur.
Rencontre avec une jeune artiste étonnante
qui nous a déjà dévoilé le plat phare
servi au bar lors de l’ouverture de Frichorama
au public : une harira à base de pois chiches,
de lentilles et de piment !
La bulle créative
de Juliette Mock
1_
18
D
danse
Comment t’es-tu sentie à l’ESAD ?
Être en école d’art est un vrai plaisir.
J’aurais aimé que ça dure toute
la vie… On est dans notre petit
monde et c’est très agréable ! J’ai en
plus eu la chance d’avoir de grands
professeurs : Guillaume Leblon et
Giuseppe Gabellone, qui venaient
régulièrement voir notre travail dans
nos ateliers respectifs. En première
année, on touchait un peu à tout et
ensuite, nous devions nous créer des
objectifs de travail, approfondir nos
recherches, et nous concentrer sur
certains artistes.
Quel est le talent qui t’a donné envie
de te lancer dans ce domaine ?
J’ai toujours aimé dessiner et sinon,
mon premier « talent », c’est le bordel !
En ce moment, je manie beaucoup
le plâtre : j’aime bien travailler sur les
matériaux avant d’étudier un concept
précis. L’œuvre présentée lors de l’exposition
Frichorama, elle, sera constituée
de résine et de papier, deux
matériaux qui n’aiment pas du tout la
poussière…. Or, le plâtre en produit
beaucoup. C’est donc assez délicat de
travailler tous ces matériaux dans la
même pièce. Il y a à chaque fois tout
un processus de nettoyage !
Comment est né ce projet auquel tu
as donné pour titre « Les
jambes »?
Je suis partie de photographies,
qui ont ensuite été
imprimées sur du papier
avion, couramment utilisé
pour l’impression des plans
des architectes. J’ai demandé
à des garçons de prendre
leurs jambes en photo
d’après une perspective
assez complexe. Certains
d’entre eux étant au courant
que j’étudiais l’art, ils ont cherché, ne
voulant pas paraître trop amateurs,
à réaliser des clichés originaux. J’ai
donc eu beaucoup de drapés, de
miroirs… Quelques plasticiens m’ont
aussi envoyé des photos. J’ai finalement
choisi la jambe d’un footballeur
et cela se voit : elle est musclée !
C’est vrai ! Et pourquoi avoir donné
cet effet de déchirure ?
J’avais envie de mettre en valeur
la matérialité de l’image ! Avec la
résine - qui finit brillante car c’est de
la résine polyglass - on peut jouer
pendant des heures et si l’image est
devenue telle qu’est elle maintenant
c’est parce après avoir humidifié
mon papier, je l’ai accroché à un clou
et l’ai laissé se déchirer. Toutes les
déchirures, toujours très nettes, sont
différentes.
Où puises-tu ton inspiration ?
Dans la peinture ! Elle me permet
de comprendre mes formes, mes
sujets. Je l’utilise comme un moyen
de réflexion. C’est une sorte d’étape
préparatoire. Beaucoup de légendes
circulent quant à la naissance de la
peinture et j’ai retenue celle-ci, que
je trouve très belle : la peinture serait
née grâce à une femme qui, à l’instant
même où son amant fut appelé pour
partir à la guerre, se mit à dessiner
les contours de son corps (il était de
dos). J’aime la gestuelle liée à la peinture,
les techniques, les couleurs…
Et j’aime aussi la balance qu’il peut
y avoir entre le beau et le violent,
comme c’est par exemple le cas dans
La lamentation sur le Christ Mort de
Mantegna.
Ton projet de juin 2016, alors que
tu étais encore à l’ESAD, a quelques
points communs avec « Les Jambes »:
les couleurs, la texture, la volonté d’un
figuratif incomplet…. Qu’avais-tu en
tête ?
Je me suis inspirée d’extraits de peintures
de Mantegna et je les ai mélangés
avec des univers de mariages.
On voit beaucoup de vêtements de
femmes, de voiles. J’ai présenté ce
projet dans la salle de l’école rémoise
du musée St Rémi pendant un mois
et mon œuvre, accrochée juste devant
une fenêtre, ressemblait à un vitrail.
C’était un projet très esthétique, très
fin, et oui, il est vrai qu’il y a un lien
entre mes deux projets !
As-tu une obsession ou une idée qui
prime dans ton travail ?
La question du vivant ! En tant qu’artiste,
nous transformons des matières
qui continuent à vivre et nous les
parons d’une sorte d’immortalité.
Liz Magor, une artiste plasticienne
canadienne qui compte à mes yeux,
s’approche elle aussi beaucoup du
vivant dans ses productions.
Que deviennent tes œuvres après une
expo ? Les accroches-tu chez toi ? En
vends-tu ?
Non, chez moi, c’est blanc. Elles ne
sont ni à vendre, ni à jeter puisque
je leur ai donné une valeur mais à
emballer et à garder. Je conserve mon
travail sur du papier couché, dans
une grande pochette à dessin : cela
me fait une sorte de mini musée.
Et as-tu des activités parallèles à ta
vie d’artiste ?
Oui, j’ai travaillé sur des marchés :
je vendais des fruits et des légumes
et j’aidais à monter et à démonter
les stands. J’adore ces petits boulots,
ils me permettent de ne pas être
trop loin du monde actuel, ce qui
est important pour un artiste. Par
contre, je peux vite m’ennuyer ou en
avoir marre, et c’est ce qui s’est passé
sur les marchés. J’ai donc arrêté et
me suis lancée dans les vendanges !
Et maintenant, je vais voir ce que je
vais faire.
FRICHORAMA
2017
À l’occasion de Frichorama, le grand rendez-vous
de la Friche artistique rémoise, Elsa
Bezaury, directrice de La Fileuse, vous invite
à découvrir deux ans de travail artistique au
travers d'une exposition, de spectacles et
d'installations in-situ. 35 artistes plasticiens et
8 compagnies de spectacle vivant sont au rendez-vous
pendant ces 3 jours (les 14, 15 et 21
octobre) d'ouverture grand public. Du lundi au
vendredi, des visites guidées (sur réservation),
sont aussi proposées aux groupes scolaires, aux
associations et aux entrepreneurs, et une journée
professionnelle aura lieu le jeudi 19 octobre
de 10H à 17H dans le but d'échanger sur le métier
d'artiste et sur les métiers accompagnant la
création artistique.
La Fileuse 26 Rue du Docteur Albert
Schweitzer, 51100 Reims
www.reims.fr/333/la-fileuse.htm
Le 14, 15 et 21 octobre
TEXTE justine philippe
PHOTOs Baptiste Heller - Marcels
1_Sans titre. impression jet d'encre, 2016. 1_
Le
photographe
Sebastião Salgado
qui
Aimait
les
arbres
P
photo
22
_Mali. 1985.
Il est l’une des dernières légendes
vivantes de la photographie.
À 73 ans ce Brésilien
citoyen du monde qui a trouvé
asile en France en 1969
après avoir fuit la dictature,
reste un globe trotter passionné,
constamment prêt à
coller son œil sur les enjeux
majeurs de la planète.
Dans ses images et ses
mots, toujours la même
musique lancinante
pour défendre la dignité
de l’Homme et
de ce qui est devenu
pour lui son corollaire incontournable,
l’écologie.
_Iguane marin. Galápagos, Équateur. 2004.
Sebastião Salgado ! Pour le jeune photographe que j’étais à la fin des années 80,
la découverte des images des orpailleurs de la mine de Serra Pelada, a constitué
un sacré choc, comme une évidence révélée. Salgado rassemblait dans ses photos
tout ce qui pouvait faire rêver un photojournaliste débutant : un humanisme
engagé magnifié par un style noir et blanc crépusculaire et presque mystique, des
contrées lointaines, des sujets au long cours apparemment loin des contingences
économiques. C’était beau, vrai et tellement important !
« Mon temps est très rationné en ce moment, j’ai mille choses à faire avant de
partir pour deux mois retrouver les communautés indigènes en Amazonie », me
lâche-t-il au téléphone depuis le Brésil, comme pour entretenir sa légende. Sa
voix est ferme et chantante, ses phrases au français impeccable rythmées par de
multiples « tu vois ».
« On est en train de foutre en l’air la dernière portion de forêt tropicale en Amazonie,
c’est un moment grave pour ce pays et les tribus autochtones mais ça l’est
aussi pour l’ensemble de la planète. Tu vois, il nous faut trouver d’autres rapports
économiques avec l’Amazonie, jusqu’à présent tous les investissements ont été
destructifs pour l’environnement, c’est une catastrophe. Si on perd cette forêt,
on perd tout. »
L’Amazonie et son peuple pacifique « en harmonie totale avec la nature », c’est
l’histoire qu’il photographie quasi à plein temps depuis bientôt quatre ans et il estime
devoir travailler encore au moins trois années de plus pour finir son projet.
Ce sera alors certainement une nouvelle exposition qui fera le tour du monde et
un probable best-seller. « J’ai organisé ma vie pour pouvoir traiter les sujets pendant
longtemps, je ne saurais pas faire autrement. Pour bien comprendre ce qu’il
se passe ou se faire accepter par une communauté il faut du temps. Il faut vivre
ce que l’on photographie pour que cela prenne de l’importance. » Je me souviens
alors avoir lu qu’il avait passé des jours entiers assis sur des quais au Bangladesh
à regarder et se faire voir des ouvriers qui déconstruisaient les bateaux avant de
sortir son boîtier !
Faire revivre la forêt tropicale de son enfance
Salgado est l’homme pressé qui prend sont temps, même pour des projets insensés
comme replanter une forêt tropicale sur sa terre natale, la vallée du Rio Dulce
au Brésil. Son père y possédait une ferme sur des centaines d’hectares où paissait
un immense bétail, et puis autour de la propriété les bulldozers des entreprises
de déforestation ont accompli leur œuvre mortifère.
À l’aube de l’an 2000, particulièrement meurtri psychologiquement par les années
passées à photographier l’exode des peuples chassés par la faim ou la guerre,
notamment au Rwanda, atteint aussi par les mêmes critiques qui après l’avoir
encensé lui reprochaient maintenant, vieille rengaine, un esthétisme de la misère,
il s’octroie une pause dans l’endroit où il a grandit, seul garçon au milieu de
ses sept sœurs. « J’ai récupéré une terre complètement dégradée presque morte
alors qu’enfant cette région était peuplée d’arbres fantastiques avec une grande
biodiversité », explique le photographe. C’est sa femme Lélia, sa complice de toujours
qui organise son travail et à laquelle il rend sans cesse hommage, qui va
lui lancer ce nouveau défi : planter deux millions et demi d’arbres de trois cent
espèces différentes pour faire revivre la forêt tropicale de son enfance et ramener
la biodiversité. Le couple fonde alors l’ONG « Instituto Terra » pour lever des
fonds et lancer des programmes de sensibilisation et d’éducation à l’environnement.
Depuis, la propriété familiale est devenu un parc national et aujourd’hui le
projet de reforestation s’étend à toute la vallée. « C’est à cette époque que je suis
devenu écologiste et conscient de l’importance fondamentale de l’enjeu, ça m’a
évidemment donné l’envie de travailler sur ce sujet. »
Et ce sera le nouvel élan de sa carrière, le projet « Genesis » qui le conduira au
quatre coins du globe photographier la beauté et la grandeur des endroits encore
vierges, les paysages, la vie animale et les communautés humaines qui continuent
à vivre selon leurs ancestrales cultures et traditions. La faune et les volcans
des Galápagos ; les manchots, les lions de mer, les cormorans et les baleines de
l’Antarctique et de l’Atlantique sud ; les alligators et les jaguars du Brésil ; les lions,
les léopards et les éléphants d’Afrique ; la tribu isolée des Zo’é au fin fond de la
jungle amazonienne ; le peuple Korowaï vivant à l’âge de pierre en Papouasie occidentale
; les éleveurs de bétail nomades Dinka du Soudan ; les Nenets et leurs
troupeaux de rennes dans le cercle arctique ; les communautés des îles Mentawai
à l’ouest de Sumatra ; les icebergs de l’Antarctique; les volcans d’Afrique centrale
et de la péninsule du Kamtchatka ; les déserts du Sahara ; le rio Negro et le
rio Juruá en Amazonie ; les failles du Grand Canyon ; les glaciers de l'Alaska…
autant de versets à son poème d’amour plus ou moins désespéré à notre bonne
vieille Terre.
Huit ans de travail et des centaines d’images plus sublimes les unes que les autres
pour cette quête du monde des origines dont la beauté fragile est livrée à l'inconséquence
conquérante de l'espèce dominante. « L’action de l’Homo sapiens sur sa
planète est en train de la bousiller complètement, nous vivons peut être actuellement
le moment le plus important de notre histoire. » Pas d’amertume dans sa
voix, ni d’optimisme faussement enjoué d’ailleurs, juste le discours d’un homme
passionné et déterminé à mener à bien la mission qu’il s’est donnée : témoigner
selon son art.
Millésime 2008
Des images fondatrices qui émaillent les plus grands magazines mondiaux mais
également plus proche de nous et c’est une surprise, une bouteille de champagne
de la maison Taittinger qui traditionnellement, convoque un artiste pour illustrer
une cuvée millésimée d’exception. Après Victor Vasarely qui inaugura la collection
en 1983, Robert Rauschenberg ou Amadou Sow, c’est Salgado qui griffe
le millésime 2008 avec l’image d’un léopard s’abreuvant au clair de lune dans un
point d’eau de Namibie.
Paradoxal de retrouver sur ce symbole du luxe occidental une œuvre de Salgado,
lui si proche des damnés de la terre ? En fait pas du tout. « J’ai fait beaucoup de
publicité quand j’étais à l’agence Magnum, comme les autres photographe, j’ai
fait des campagnes pour Volvo, Renault ou des cigarettes. Ce n’est pas du tout un
pansement sur ma conscience », affirme-t-il. On comprend également que des
projets comme les siens ne sont pas avares de financements.
C’est la maison de champagne rémoise qui l’a contacté pour ce projet, plus exactement
Vitalie Taittinger en charge du marketing dans l’entreprise familiale et
c’est l’épouse de Salgado qui a choisi l’image. « C’était un défi énorme de trouver
une photo qui s’adapte au volume d’une bouteille. Lélia a fait cela avec beaucoup
de cœur ! », explique-t-il avant de revenir sur ce faux paradoxe. « Je ne considère
pas le champagne comme un produit de luxe, mais comme un grand produit
traditionnel français. J’ai déjà raconté des histoires avec des produits qui représentent
une grande intensité de travail, comme la culture du tabac ou l’artisanat
du parfum. J’ai vu des hommes chercher des plantes, des fixateurs de parfum sur
les pentes volcaniques, des jours, des mois passés pour ne redescendre qu’avec
deux ou trois bouquets ! Tout cela c’est du travail, pas du luxe et le champagne
c’est la même chose, des milliers d’heures de travail traditionnel. J’ai une admiration
énorme pour cette concentration de connaissance pour fabriquer un produit
d’une qualité exceptionnelle. » Aucune compromission donc, un discours
d’une cohérence absolue qui cadre toujours l’humain et son rapport au monde.
24
25
_Mine d’or à ciel ouvert de Serra Pelada. Etat du Para, Brésil, 1986. _Travailleurs sur les puits de pétrole en feu, résultat de la guerre du Golfe. Gisement de pétrole du Grand Burhan, Koweit, 1991.
_Désert du Namib, au sud de Walvis Bay. Namibie. 2005.
1_
2_
_Mosquée d'Istiqlal. Djakarta, Indonésie. 1996.
27
1_Eléphants de mer du Sud dans
la baie de Saint Andrews.
Géorgie du Sud. 2009.
2_Baleine franche australe.
Péninsule Valdés, Argentine. 2004.
_Gare de Church Gate. Bombay (Mumbai), Inde. 1995.
La dignité des travailleurs
Quand Sebastião débarque à Paris avec Lélia en 1969, il est économiste et travaille
bientôt pour une banque d’investissement londonienne en charge du développement
agricole en Afrique. C’est là qu’il fait ses premières images et décide de
tout lâcher pour la photographie. « Je viens du Tiers-monde et
comme économiste j’étais sensibilisé à la mondialisation. C’était
la fin du travail manuel en occident et les pays émergeants récupéraient
ces industries. J’ai alors montré ce monde, celui des
travailleurs dans leur dignité parce qu’ils avaient le droit à plus
d’égards, plus de respect et plus de partage économique. C’était
une sorte d’archéologie de la fin de la première ère industrielle.
Quand j’ai fait ces photographies, j’étais certain d’être le témoin de
la fin d’une époque, c’était un hommage à la classe ouvrière, une
notion qui a été extrêmement importante dans ma formation de
macro-économiste qui a étudié les fonctions de production. »
Ce sont les célèbres images de la mine d’or de Serra Pelada, les
prolétaires du textile ou les déconstructeurs de navires au Bengladesh
ou encore les corps mazoutés des ouvriers des puits de
pétrole au Koweit après le première guerre du Golfe…
L’occasion de multiples voyages où il prend également
conscience de l’importance croissante des flux migratoires,
autre sujet majeur de son travail. Parmi les nombreuses images
iconiques, ce visage de femme bouleversant dont le clair obscur
révèle les yeux morts, détruits par les tempêtes de sable et les
infections en fuyant la famine du Sahel.
« Un photographe doit s’adapter à son moment historique, il fallait
bien témoigner du sort de ces ouvriers et de ces exilés. Je ne
suis pas un militant politique, je suis juste concerné par mon
monde et son histoire. Actuellement l’écologie est une composante
essentielle de notre époque, si je veux être cohérent je ne
peux que travailler sur le sujet », lance-t-il.
Mais la photographie est-elle toujours aussi pertinente pour
raconter l’histoire ? « Bien sûr que oui! Le numérique a changé
les choses mais ce qu’on prend avec les téléphones portables
ce n’est pas de la photographie, ce sont des images de communication,
c’est virtuel. La photographie c’est quelque chose de
tangible, cela s’imprime, se touche et ainsi cela constitue de la
mémoire. Je suis persuadé que le photojournalisme a encore un
rôle majeur. Ces enfants migrants retrouvés noyés sur les plages
de Méditerranée, c’est la photographie qui les a fixés dans nos
consciences. »
_Léopard dans la vallée de la Barab au Damaraland. Namibie. 2005.
Le millésime au léopard
Dernière cuvée d’exception en
date de la Collection Taittinger,
le millésime 2008 se pare
des courbes d’un majestueux
léopard s’abreuvant au
crépuscule africain, signé de
Sebastião Salgado. La photo
réalisée en 2005 dans la
vallée de la rivière Barab dans
le Damaraland en Namibie, est
extraite du projet « Genesis »,
son ode à la vie sauvage et au
monde des origines.
« Nous cherchions depuis plusieurs
années un artiste pour
cette cuvée d‘exception et
Salgado s’est imposé comme
une évidence.
Son esthétique
tiques accueillant la photo
recèle un assemblage de
première presse de chardonnays
et de pinots noirs issus
des meilleures parcelles de la
Côte des Blancs, de la Montagne
de Reims et de la Vallée
de la Marne. Il est enchâssé
dans un coffret luxueux d’un
noir profond qui reprend des
détails du pelage du félin. Des
flûtes noires accompagnent
l’ensemble qui est tiré à
25000 exemplaires.
« L’épure de la photo et sa
force intemporelle se marient
très bien avec ce millésime
2008 qui présente
une belle
et surtout
tension avec
son profond
humanisme
une expression
franche et dont
_Mine d’or à ciel ouvert de Serra Pelada. Etat du Para, Brésil, 1986.
s’accordent
la bonne acidité
avec les valeurs
en fait un grand
que nous por-
vin de garde »,
tons, explique
souligne la
Vitalie Taittinger, directrice
jeune femme.
de la communication et du
En 1983, la maison de cham-
marketing au sein de la maison
pagne familiale rémoise a
de champagne. Pour cette
cuvée nous voulons mettre à
inauguré la Collection Taittinger
avec une œuvre de Victor
1_
l’honneur des artistes qui ont
Vassarely qui a habillé de ses
acquis une forme de sagesse.
abstractions géométriques le
Nous ne les choisissons pas en
cru 1978. Depuis, douze autres
début de carrière pour éviter
artistes contemporains de re-
ainsi les effets d’opportunisme
nom, dont Arman (1985), Roy
ou de mode, ce sont des gens
qui ont vécu des décennies
avec l’estime de leurs pairs et
Lichenstein (1990), Toshimitsu
Imaï (1994), Corneille (1996),
Zao Wou Ki (2003), Rau-
2_
_Un produit chimique est projeté sur le combattant du feu pour le protéger de l’extrême
chaleur des flammes. Gisement de pétrole du Grand Burhan, Koweit, 1991.
du public. »
schenberg (2007) ou encore
Le flacon recouvert d’un film
Amadou Sow (2011) ont étoffé
en polymères thermoplas-
la série. J.F.
TEXTE jules février
PHOTOs Sebastião Salgado - Amazonas images
30
1_Manchots à jugulaire sur un iceberg.
Îles Sandwich du Sud. 2009.
2_Tepui Roraima. Venezuela. 2006.
_Jeune cueilleuse dans une plantation de thé. Rwanda, 1991.
_Chaîne Brooks. Refuge national de la vie sauvage de l’Arctique. Alaska, États-Unis. 2009.
33
idées virales
les conférences ted
à reims
Les conférences TED.
Derrière cet acronyme
quelque peu
surprenant se
cachent en réalité
Technology, Entertainment
and Design,
TED
piliers fondateurs
du monde digital.
Depuis le milieu des
années 80, ces conférences,
données à
travers le Monde,
connaissent un beau
succès.
34
TEXTE NICOLAS VUILLEMIN
© DR
La clé du succès tient en quelques
minutes
Organisées par la Fondation Sapling,
les conférences cherchent à valoriser
« les idées qui valent la peine d’être
diffusées » (ideas worth spreading,
comme le précise le site officiel ted.
com). Deux fois par an, ces conférences
ont lieu à Vancouver. En
réalité, l’organisateur de la première
conférence s’était rendu compte que
lors des conférences auxquelles il
assistait, il ne parvenait à être attentif
aux propos tenus que pendant une
durée de 18 minutes. 18 minutes, c’est
à la fois peu et beaucoup. Toutes les
conférences TED de par le Monde,
sont donc contraintes, par uniformité,
à cette durée maximale de 18 minutes.
Cela permet d’avoir une conférence
dynamique, rythmée et un speaker
toujours réactif.
En quête des meilleurs spécialistes
Le speaker, c’est comme cela que l’on
appelle le spécialiste qui vient tenir
un discours lors d’une conférence.
Ce peut être sur des sujets variés tels
que les sciences, l’art (y compris la
musique), l’architecture…De grands
noms sont régulièrement présents
aux conférences pour y faire des
discours. C’est notamment le cas de
Bono (le chanteur de U2), Bill Clinton
ou Al Gore (deux politiciens, dont
un ancien président des USA). TEDx
est le nom accordée à la « franchise »
permettant d’exploiter les conférences
TED ailleurs qu’à Vancouver. Chaque
ville ayant son bureau TEDx bénéficie
donc d’une appellation bien précise :
TEDx Reims en ce qui concerne notre
belle ville. Les bureaux TEDx, dans les
villes d’ici et d’ailleurs, doivent justement
chercher de nouveaux speakers
chaque années et les « motiver » à venir
parler de leurs spécialités lors des
conférences. Tout cela se réalise grâce
à un travail d’équipe.
Depuis 2013 dans la Cité des Sacres
Et à Reims, justement, c’est une
équipe de choc qui s’occupe de gérer
les conférences TEDx. Ainsi, Arielle,
Maheethan ou bien encore Hélène
participent à mettre en place, chaque
année, une conférence encore meilleure
que l’année précédente. Rencontre
avec leur président (depuis
l’origine, en 2013), Jean-Sébastien
Lefévère.
Organisé, passionné et méthodique
Jean-Sébastien est ce que l’on appelle
un homme digital, passionné par les
nouvelles technologies, les nouvelles
manières de communiquer et de
transmettre des informations. Pour
lui, le partage et l’échange sont primordiaux.
Il avait quitté la Cité des
Sacres, se jurant par la même occasion
de ne jamais y revenir. Mais le coeur
a été plus fort que la raison… pour
notre plus grand plaisir, puisqu’il a
mis son efficacité et son professionnalisme
au service d’une belle cause.
Il a vite compris que l’esprit d’équipe
et le relationnel qu’il développait au
sein de TEDx lui apporteraient en
outre beaucoup pour son travail dans
le domaine bancaire.
Bonjour Jean-Sébastien ! Comment
s’est passée l’arrivée de TEDx à
Reims ? Y a t-il eu des freins particuliers
?
Bonjour ! L’association s’est montée en
2013 à Reims. Depuis, l’équipe a bien
grandi et accueille désormais 15 personnes,
toutes bénévoles je le précise.
Comme dans toute associaiton, des
gens arrivent et d’autres partent mais
je dirais qu’il existe un « noyau dur »
de 6-7 personnes présentes depuis le
départ. D’ailleurs moi-même, je suis le
président de l’association depuis 2013.
Je m’y sens bien et je dois dire que j’apprécie
le travail que nous effectuons
tous, collectivement. Nous avons
réussi à développer un solide réseau
ici à Reims et je dois reconnaître que
l’accueil fait par les collectivités et les
institutions a été positif tout de suite,
ce qui est plutôt rare pour ce genre
d’événement.
Comment se déroule typiquement une
conférence TEDx ?
Chaque événement ne peut accueillir
que cent personnes. Cela permet
d’avoir une excellente qualité d’événement
et surtout, que chacun en
profite au maximum. Nous pourrions
obtenir un licence pour avoir
le droit à plus de places mais pour
cela, il faudrait que l’un des membres
de l’équipe assiste à une conférence à
Vancouver. Pour des raisons de budget,
cela se révèle compliqué car tout
est bénévole je le rappelle, même si
nous avons de bons espoirs pour l’an
prochain, à New York notamment.
Nous avons la chance de faire chaque
conférence dans un lieu différent et
avec un thème également différent.
Pour cette année, nous serons dans les
somptueux et spacieux locaux de la
Cartonnerie. C’est l’équipe technique
de la Cartonnerie qui gérera la partie
sonore de l’événement. Pour l’image,
nous faisons appel à un professionnel
qui pourra nous permettre de faire du
multicaméra et de nous « reposer » sur
ses compétences. Enfin, concernant
les photos, nous passerons probablement
par le Studio 341 de notre ami
Dimitri Bois, vidéaste et photographe
important de la scène locale. Tout cela
nous permettra d’avoir un beau rendu
final et donc, une meilleure visibilité
sur YouTube. C’est d’autant plus important
que des membres américains
de Ted vérifient régulièrement les
vidéos des conférences TED.
Pourquoi enregistrer et diffuser les
vidéos sur YouTube ?
Parce que c’est ainsi que tout cela a
été pensé : la transmission et le partage
sont vraiment au coeur de ce
processus de conférence. Le format
des conférences est idéal pour You-
Tube, qui est un support sur lequel les
gens passent énormément de temps
mais visionnent de courtes (voire très
courtes) vidéos. Généralement, pas
plus de 20 minutes. C’est parfait pour
TED et donc, pour TEDx Reims.
Que peut-on te souhaiter ainsi qu’à
TEDx Reims pour cette nouvelle saison
qui débute ?
Je souhaite continuer à faire vivre
TEDx Reims avec mon équipe.
Comment fait-on si on veut en savoir
plus sur les conférences et s’inscrire ?
Les gens intéressés peuvent aller sur
notre page Facebook et sur notre site
tedxreims.fr
Merci, Jean-Sébastien !
Merci à vous !
Il fête ses 16 ans, le festival des
BisQueers Roses. Mais, s’il ne s’agit
pas d’une adolescence, cette nouvelle
édition marque la maturité
d’un rendez-vous annuel qui a su
pérenniser son utilité et sa cohérence.
Du 6 au 12 novembre, Olivier
Nostry, président de l’association
LGBT Exaequo, et Yoann Datt, co-organisateur,
ont garni avec attention
et malice ce festival en forme
de pochette surprise.
S
surprise
Paillettes Party
et Pop Culture
TEXTE agathe cebe
Les BisQueers Roses ont toujours su
se démarquer par une programmation
riche et variée. Et si cette année,
l’association Exaequo ne reçoit pas
en son local rue du Jard, elle ouvre
grand les portes d’espaces familiers
et fidèles, à Reims et ailleurs. Après
un before, le 6 novembre
au cinéma Opéra, c’est
au Manège que le festival
s’inaugure, le 8 novembre,
pour un triptyque palpitant.
En plein cœur d’un autre
festival, Born to be a live, le
spectacle de Aude Lachaise
« Outsiders, la rencontre »
propose un stand-up inédit,
suivi de « Backline », de
Thierry Micouin et Pauline
Boyer, duo artistique qui
mettra en évidence le thème
fil rouge du festival : le corps.
Corps physique, corps
social, comment l’apprivoiser
? À la Verrière, en fin de soirée,
il sera bien temps de prendre son
corps à bras le corps pour danser sur
la pop-porn de Martin Poppins, ovni
musical sorti du sac magique de la
plus célèbre nourrice d’Angleterre.
Pour la première fois, et pour honorer
l’ouverture d’une autre antenne
de l’association, il y a quelques mois,
le festival se délocalise sur Charleville-Mézières
le jeudi 9 novembre,
au Forum. Cette soirée annonce trois
propositions, parfaitement décentes.
Déjà, un cabaret avec « Mathilde », où
Loïc Brabant, figure phare de notre
théâtre local, se joue des frontières du
genre et honore une dualité espiègle,
franche et sensible avec son personnage
créé il y a plusieurs années
maintenant. Ensuite, un concert, avec
les bordelaises de Lkill, souligné d’un
DJ Set de Herr Pop, pour un voyage
européen, à pulsations rapides. Pas
de jaloux : cette même soirée est
rejouée le lendemain, le vendredi 10,
au centre culturel du Crous de Reims.
Le festival des BisQueers Roses a à
cœur de rassembler le plus de monde
possible autour d’évènements de pop
culture curieux, rares et fédérateurs.
Mais au-delà, « nous voulons de la
visibilité, auprès de tous les publics »
confie Olivier Nostry, président de
l’association Exaequo. « Aller à la
rencontre des gens, que les gens
viennent à notre rencontre, faire
tomber les préjugés, autant de petits
challenges que le festival nous permet
de multiplier. » Pour être au plus
près du public, le festival lance des
invitations plus intimistes, comme
pour le samedi 11 novembre, avec
l’atelier danse de Thierry Micouin,
une projection au cinéma Opéra et
la conférence de Caroline Muller au
Crous, ou également le dimanche 12,
avec le brunch et, pour la route, une
dernière séance… Et le rideau sur
l’écran est tombé.
Mais, en tout cas, le vrai bouquet
final du festival, c’est le samedi soir,
au Crous. « Paillettes dans la palette »
et mix Popingays : folie douce et
plaisir vrai en large distribution.
Parce que, au-delà de toutes les problématiques
profondes et sérieuses
que l’association Exaequo gère, avec
persévérance et patience, tout au long
de l’année, au-dessus de la solidarité,
de la prévention, de l’écoute, tout en
haut de la pyramide de la vie, il reste
l’amour. Et l’amour, il faut que ça
brille et que ça pétille, comme un biscuit
rose trempé dans du champagne.
36
festival des bisqueers roses
du 06 au 12 novembre
www.exaequoreims.fr
51 rue de Talleyrand - 51100 Reims 03 26 47 49 85
Suivez-nous sur et
CRÉATION / CONCEPTION WWW.BELLERIPE.FR
Artiste lunaire et sensible, Mathieu Boogaerts est un créateur appliqué,
jonglant avec l’humilité du talent qui n’a rien à prouver.
Invité sur la première scène du Charabia Festival, il accepte de
nous parler de l’intimité de son travail d’écriture, là où la composition
flirte avec le jeu de pistes, l’heureux hasard et la broderie
fine.
«
Lune, c’était
p’t’être la lune,
qu’il avait vue
Artiste discret, comment as-tu progressé depuis ton premier album « Ondulé » ?
Je ne choisis pas consciemment d’être discret. Si demain, Drucker m’invite et
fait une semaine spéciale sur moi, j’y vais en courant. Je n’ai jamais dénigré les
rendez-vous ou les invitations. Je subis presque d’être discret. Mais c’est vrai que
ma musique est, elle, discrète. Pas tapageuse, intime, calme, et c’est peut-être une
façon inconsciente d’être discret. S’il s’agit de progression… Dans le mot « progression
», il y a « progrès », et donc en quoi serais-je meilleur qu’il y a 22 ans ?
Je n’ai pas vraiment le recul pour m’en rendre compte. Mais avant j’étais amateur
et aujourd’hui je me sens vraiment professionnel. J’ai aussi le sentiment d’écrire
beaucoup mieux aujourd’hui. Et heureusement : car si j’avais l’impression que le
mieux était derrière, je ne sais pas dans quel état je serais ! Ce qui est certain, c’est
qu’à chaque chanson, chaque disque, j’ai toujours la même ambition, la même
énergie.
Quel lien t’unit aux mots et à la poésie ?
Comme j’écris des chansons, les paroles et la musique sont liées. Je n’écris pas
plus l’une que l’autre. Mon texte lu sans la musique qui l’accompagne, j’ai l’impression
qu’il n’est pas censé avoir de valeur. Enfin… Il manque vraiment la
mélodie qui va accentuer tel ou tel mot et qui va donner aussi du sens au texte.
Quand j’écris, je commence toujours par la musique, et ensuite le texte arrive.
En tant que consommateur de poésie, je peux être ému et je peux reconnaître la
qualité d’un texte poétique.
Et donc tu ne te considères pas comme poète ?
… Si… Mais pas au sens strict. Je me sens une âme de poète, dans le sens où si
on prend cent personnes dans le métro le matin, je suis sûrement dans le lot des
poètes. Mais pas « profession poète ». Je parle plus « vision du monde poète ».
En tout cas, comme j’écris des chansons, je me sens plus chansonnier.
Ta composition musicale est caressante, elle prend soin du texte…
Oui, c’est vrai que le texte arrive tout de suite, très vite. Au départ, je ne prends
pas ma guitare en me disant « allez, je vais écrire une chanson ». Ça, je ne sais
pas faire. Alors, je gratouille ma guitare, comme j’adore le faire, et puis d’un seul
coup, je vais sentir quelque chose, une mélodie, un air. Alors hop, je m’attarde
un peu dessus, et très vite – mais quand je te dis très vite, c’est une seconde et
demi – spontanément, vient se greffer ma voix sur cette mélodie, et avec ma voix,
des mots arrivent. Mais je ne les choisis pas vraiment. Ils arrivent naturellement,
parce qu’ils collent bien à la mélodie, et aussi parce que les sentiments de cette
mélodie vont convoquer ces mots. Une phrase va venir, me plaire, m’inspirer. Je
reste accroché à cette phrase clé, cette phrase étalon, et tout va se décliner par
rapport à elle, le son, le rythme, le propos… Ça fonctionne toujours comme ça.
Et en parlant d’inspiration… Tu évolues dans un univers onirique, parfois naïf, enfantin,
et toujours avec un clin d’œil à la vie réelle, au quotidien. Qu’est-ce que tu
as envie de raconter ?
C’est difficile de répondre à cette question, car je ne décide pas foncièrement de
raconter telle ou telle chose. Mais il faudrait que je passe en revue mes chansons,
pour vérifier ça, et l’expliquer… Toi, choisis une chanson que tu connais ?
Par exemple pour « Nehemie d’Akkadé* » ? Il y a un personnage, un propos…
Ouah ! Ça fait quinze ans, et je ne sais plus comment c’est venu… En fait, si. Je me
souviens d’être parti de l’anecdote de l’invention de la roue. Quelle est la motivation
pour inventer la roue ? Et j’ai imaginé un prétexte d’amour, pour écrire
une chanson d’amour. Mais initialement je n’ai pas voulu écrire une chanson
d’amour. C’est la roue qui m’a évoqué l’amour, le décor, le propos. Mais quand je
pars d’une idée singulière comme celle-là, ça me prend ensuite énormément de
temps à tout écrire, tout construire, tout assembler.
Un travail de broderie, donc ?
Exactement, c’est tout à fait ça. C’est comme en art graphique. Je vois un motif,
par exemple les étoiles sur le pull que tu portes. C’est un motif simple, parfois
c’est plus sophistiqué, mais quand on prend du recul, c’est harmonieux, on repère
qu’il y a un rythme dans cette composition d’étoiles. La musique, c’est pareil. Il
y a un phrasé, une rime à la fin, ou une rime au milieu, les mots ont des sons,
leurs sons sont matières, et je dois travailler cette matière, ces motifs sonores,
les imbriquer, les harmoniser, et ça prend du temps. Mes chansons s’égrènent à
cette mécanique.
* album « 2000 »
MATHIEU BOOGAERTS
ronde, qu’il avait
vue tourner.
Pourquoi pas t’la
C
chanson
française
promettre
»
?
TEXTE
39
agathe cebe
PHOTOGRAPHIE sylvère HIEULLE
une idée
bouillon de futur
Prenez un dôme blanc de 9
mètres de haut et 18 mètres
de diamètre. Posez-le délicatement
au milieu des tracteurs
exposés sur la Foire de Châlons.
Disposez à l’intérieur des
coworkers, des start-up, des
robots, un espace de conférence
et quelques curieux.
Omettez volontairement les
cloisons. Mélangez pendant
onze jours. Laissez agir. Bienvenue
au cœur du Pavillon du
Futur.
C’est une bulle aussi imposante
qu’ambitieuse. Un tiers-lieu éphémère
qui rassemble des institutions, des
entreprises et des jeunes pousses, avec
l’innovation comme cri de ralliement.
L’idée nait en 2016 sous l’impulsion
de Bruno Forget, commissaire
général de la Foire, et
Dominique Lebrun, dirigeant
de l’agence Tercom.
En parallèle, début 2017, les
rémois Arnaud Bassery, à
l’origine du projet Quartier
Libre, et Maxime Valette,
dirigeant d’entreprises et
co-fondateur de viedemerde.fr,
créent Le Bloc,
générateur d’innovation.
Entourés de partenaires, ils
s’emparent du concept et le
revisitent pour proposer, dans cette
deuxième édition du Pavillon, une
expérience à la croisée des mondes
culturel, social, entrepreneurial et
public.
Mélanger les torchons et les
serviettes
Ce n’est pas une vitrine de l’innovation
mais un concept innovant.
« Dans cet espace sans cloison, on
confronte différents univers et on crée
les conditions propices aux échanges »
explique Arnaud. Les publics hétéroclites
sont invités à se projeter dans le
futur. Durant le workshop sur la silver
économie, on débat sur le concept de
senior 2.0 pour lutter contre la perte
d’autonomie et l’isolement. Césaré,
centre national de création musicale,
apporte une autre réponse à travers
un projet qui convoque une plasticienne,
une chorégraphe et un compositeur.
« Tissage d’Interactions Sociales
Innovantes à travers la Création
Artistique » propose aux personnes
âgées fragilisées, vivant en EHPAD,
une activité ludique qui favorise le
développement cognitif, affectif et
la relation à l’autre. C’est toujours la
force et la richesse du collectif qui caractérisent
les initiatives présentes. Le
challenge confié par le département
de la Marne à la Team M25 en est une
illustration. Dix personnes d’horizons
variés, encadrées par des coachs,
ont bûché sur ce que pourrait être la
Marne en 2025. Ainsi dans cette bulle,
les barrières entre start-up et grandes
entreprises, entre politique et terrain
tendent à s’effacer. Et la parole se libère,
le temps d’un atelier.
Un générateur d’idées
Certaines entreprises présentes
comme Artech’drone ont rempli leur
carnet de commandes. Pourtant, faire
du business n’est pas la priorité. « Des
représentants d’une grande enseigne
nationale d’hypermarchés sont venus
visiter le Pavillon. Nous nous sommes
arrêtés sur l’installation d’aquaponie.
Très vite, l’idée de recréer ce mini écosystème
naturel dans les rayons frais a
germé. » Pour Arnaud et Maxime, il
s’agit bien de semer des graines, déclencher
des collaborations inédites.
On assiste également à une passation
de relais, une forme de tutorat. « Je
suis fils de profs et j’ai depuis longtemps
une réelle volonté de transmettre »
confie Maxime. Un dispositif inédit
a été expérimenté pour accompagner
huit bénéficiaires du RSA. Autour de
la table, des hommes et femmes aux
compétences complémentaires (communication,
digital, management,
etc.) mobilisés pour les conseiller et
co-construire une méthodologie favorisant
leur retour à l’emploi.
Des projets gigognes
Mi-octobre, le dôme du futur prend
ses quartiers au salon international
des technologies des vins effervescents
(VITeff) à Epernay, pour s’attaquer
au (à la) Champagne innovant(e)
et, à nouveau, créer des connexions.
Mais le voyage ne s’arrête pas là. « Ce
concept plaît et nous avons plusieurs
opportunités pour le développer sur
d’autres sites et thématiques en 2018. »
Les signaux sont positifs et l’enjeu est
de taille avec l’ouverture programmée
fin 2017 de Quartier Libre #2. Deux
bâtiments de 1000 m 2 chacun,
l’un dédié à l’entrepreneuriat,
l’autre à la culture
et l’événementiel. Dans une
troisième phase, à l’horizon
2021-2022, Le Bloc investira
les anciens Magasins Généraux
situés Port Colbert
à Reims, dans un Quartier
Libre format XXL. Loin de
la philanthropie, Maxime
rappelle que « Le Bloc est
une entreprise comme une
autre. L’objectif est d’investir, de la pérenniser.
Cela passe notamment par la
création d’emplois ».
quartierlibre-reims.com
viteff.com
40
B
BOOSTER
TEXTE peggy leoty
PHOTOs axel coeuret
Portrait benoît pelletier
08 > 17 NOV
DANSE,
PERFORMANCE,
CIRQUE...
4 SOIRÉES /
8 SPECTACLES
manege-reims.eu
03 26 47 30 40
« La colonne vertébrale du Sunnyside
festival, c’est sa programmation » précise
Jean Delestrade, une des deux
têtes pensantes de Jazzus « mais nous
avons souhaité aussi nous ouvrir à
d’autres esthétiques, comme le hip
hop ou le classique. Ainsi, chaque
public peut trouver sa porte d’entrée. »
Et en effet, du 19 octobre au 11 novembre,
ce sont vingt rendez-vous qui
sont donnés à des spectateurs voulus
et attendus variés, curieux, spécialistes
ou néophytes.
Dans cette optique, la programmation
laisse place à plusieurs types de
scènes, comme des photo-concerts,
des ciné-concerts, des têtes d’affiche
de renommée internationale, des
artistes locaux, et, une nouveauté,
des spectacles pour le jeune public, le
« Sunnykids ».
Riche de son lien désormais plus
étroit avec la ville, le Sunnyside festival
s’étend dans tous les grands pôles
culturels de Reims. Véritable jeu de
piste, l’organisation permet aux artistes
d’être accueillis sur des scènes
fameuses, comme celles de la Cartonnerie,
du théâtre du Chemin Vert,
de la Comédie, de Césaré, du Cellier
ou du Centre culturel Saint Ex. Mais
aussi, certains spectacles se nichent
dans des espaces plus insolites, à l’utilité
détournée, comme le Lieu Minuscule,
petite galerie d’art, ou la Maison
des ventes Chativesle. Enfin, certains
concerts seront aussi prétextes propices
à redécouvrir des lieux emblématiques
de notre patrimoine rémois,
comme la Demeure des Comtes de
Champagne ou le musée Saint Rémi.
« Et s’il était trois spectacles à ne surtout
pas manquer ? » ai-je demandé à
Jean Delestrade. Le choix est difficile.
Pourtant, il mentionne le diptyque
des 4 et 5 novembre, à la Cartonnerie.
Le samedi 4, avec Steve Coleman,
dont le nom fera frémir l’oreille des
avertis. « Il est un monument musical.
Il est celui qui a réussi à faire la synthèse
de la musique afro-américaine. »
La Creative Black Music avant-gardiste
de Coleman semble donc indiscutablement
immanquable. Et le
lendemain, le dimanche 5, le Avishaï
Cohen Trio est aussi largement connu
de la sphère jazz. Ces deux têtes
d’affiche sont aussi rejointes, dans la
sélection de Jean Delestrade, par Leïla
Martial : le 26 octobre, sur la scène
du théâtre du Chemin Vert – qui se
prête divinement bien à cette prestation
– la jeune chanteuse, accompagnée
de trois autres musiciens,
viendra explorer et expérimenter les
possibilités du traitement de la voix.
À la fois traditionnel et audacieux,
son travail étonne par la réinvention
du jazz qu’il propose aux spectateurs.
Difficile de se contenter de trois coups
de projecteurs. Jean Delestrade ajoute
que « l’acoustic trio de Bireli Lagrène,
au centre des congrès le 10 novembre,
vaut aussi le coup d’œil et l’oreille
attentive » pour qui aime le jazz manouche.
Evidemment indicative et non-exhaustive,
cette petite sélection ne met
pas dans l’ombre les autres rendezvous,
tous aussi incontournables les
uns que les autres, à l’instar de la sélection
jeune public, avec Jazz Toons
ou Marcel son (petit) orchestre, qui
se déguste en famille ou en groupe
scolaire – de la crèche au CM2 – et
qui tend à ouvrir les plus petits aux
délices du jazz et de l’impro.
Echo du Reims Jazz Festival, le Sunnyside
s’impose pour la troisième
année, valeureux et varié, été indien
musical rémois, et se déguste minutieusement.
Et pourquoi pas avec
un verre de Sunnyside#17, une bière
fruity west coast pale ale, créée et brassée
pour l’occasion, avec la complicité
de Yves Leboeuf et le saxophoniste
Léon Phal, le premier travaillant sur
l’accord bière / musique, le deuxième
assurant la clôture du festival le 11
novembre.
La boucle est bouclée, mais tout est
lié, en termes de plaisirs.
SUNNYSIDE REIMS FETSIVAL
DU 16.10 AU 11.11
www.sunnyside.fr
facebook.com/JazzusProductions/
JAZZ
Take a walk
on the
Sunnyside
Pour sa troisième édition,
le festival de jazz rémois
s’offre un petit voyage dans
le calendrier. Auparavant
adepte du printemps, le
Sunnyside festival est désormais
automnal, pour répondre
au cahier des charges d’un
appel à projet lancé par la
Ville de Reims et remporté
par l’association Jazzus. Pour
cette édition 2017, si les dates
ont changé, les moyens ont
augmenté, et le festival garde
son esprit jazz singulier.
F
FESTIVAL
TEXTE agathe cebe
43
Il y a des années (mais pas trop
quand même car Iemza et Sylvère H.
sont encore jeunes), nos deux
artistes, qui se connaissent depuis
toujours, faisaient du skate dans
l’un des quartiers d’Epernay : Bernon.
Imaginons-les à cette époque, debout sur leur planche,
roulant d’avant en arrière : C’était le temps de leurs premiers
" Rock to Fakie ", une figure de skate bien connue
de ceux qui pratiquent ce sport de rue. À présent, ils ont
quitté Epernay, arrêté le skate, et, depuis cet été, leur objectif
est de mener leur nouveau projet à terme : Sylvère
prend des photos, toujours en noir et blanc, dans leur
ancien quartier et Iemza s’empare de ses Posca pour étirer
toutes les lignes, existantes ou imaginaires, jusqu’au
bord de la toile. Déjà modifiés par la symétrie rajoutée
par Sylvère dans sa volonté de donner naissance
à de nouvelles formes, à de nouveaux lieux, les bâtiments
en béton prennent, avec le geste créateur d’Iemza, une
dimension encore plus impressionnante. Il y a, dans ce
qu’il trace, un côté géométrique et un goût certain
pour la perspective, pour ces lignes, ces points de fuite
que tout dessinateur, tout peintre connait, mais qui,
d’habitude, restent invisibles. Ces lignes que l’on gomme
presque toujours sur nos dessins, Iemza les garde et
les rend constitutives d’un monde qui ressemble à celui
d’un roman de science-fiction. 15 de ces œuvres seront
exposées du jeudi 5 octobre au samedi 6 janvier dans les
Médiathèques Centre-Ville et Daniel Rondeau d’Epernay.
Comment est né ce projet ?
Iemza : Nous avions envie d’un petit
retour en arrière car nous sommes
tous deux sparnaciens ! Et nous nous
posions cette question : quel rôle joue
l’architecture au milieu de laquelle tu
vis dans ce que tu deviens ?
Sylvère H. : Pendant un moment, j’ai
pris des photos de stations service la
nuit, de lieux de passage, de parkings
et à cette époque, j’avais déjà été amené
à travailler avec Vincent (Iemza).
Comme nous connaissons bien l’architecture
sparnacienne, cela nous a
donné l’idée de monter ce nouveau
projet, qui fait d’ailleurs parti de la
programmation d’un festival organisé
par Velours : Urba.
Quelles idées aviez-vous en tête ?
Sylvère H. : L’objectif était de créer des
lieux sans limites, qui n’existent pas !
Iemza : Nous voulions de l’onirisme et
en même temps, avoir toutes les cartes
en main pour montrer ce qui dégorge
de la rue !
E
EXPO
Retrouvailles
en terre de béton
ROCK TO FAKIE DU 05.10.17 AU 06.01.18
45
dans les Médiathèques Centre-Ville
et Daniel Rondeau d’Epernay
TEXTE justine philippe
photos sylvère HIEULLE
camille mutel
CHORÉGRAPHE
Dans Animaux de béance,
la chorégraphe Camille
Mutel s’aventure dans
l’univers de la transe,
de la métamorphose
des corps et l’inversion
des sexes.
46
D
DANSE
TEXTE CYRILLE PLANSON
PHOTO Paolo Porto
Camille Mutel est artiste compagnon
du Manège, scène nationale de
Reims, où elle présentera la « première
» de son nouveau spectacle,
Animaux de béance. Dans le paysage
de la danse contemporaine, la jeune
femme a un univers singulier.
Son parcours est marqué par sa rencontre
avec Masaki Iwana, un maître
de la danse butô, la « danse du corps
obscur » née voici une cinquantaine
d’années au Japon, en rupture avec
les modèles traditionnels du nô et
du kabuki. Une danse subversive qui
emprunte tout autant aux avantgardes
occidentales qu’au bouddhisme
et au shintoïsme.
La culture asiatique la passionne,
pour « son rapport au silence, au
temps, à l’espace, au vide, à travers
notamment les notions de wabi sabi
(principe d’imperfection, d’impermanence
et d’incomplétude) et de ma
(l’espace temps qui relie et sépare les
choses) ».
Transe
Lenteur, minimalisme, poésie caractérisent
cette danse qui nourrit la
recherche de Camille Mutel qui, dans
son travail aime à explorer l’intime et
la nudité. Selon des codes qui lui sont
propres, le butô se danse d’ailleurs
le plus souvent le crâne rasé, le corps
nu et peint en blanc. Ce rituel a
nourri Camille Mutel. Dans Animaux
de béance, elle souhaite explorer « un
jeu de regard et de désir continûment
relancé et activé » en s’appuyant sur
une autre danse ritualisée, l’Argia, qui
est une tarentelle médiévale de Sardaigne,
et qui servira de socle à ce travail
sur le corps. Sous la direction de
Camille Mutel, celui de ses danseurs
se transforme, il devient le support de
projections, l’objet des transgressions,
dans un rite qui parfois peut évoquer
l’exorcisme, la transe extatique ou le
chamanisme. Camille Mutel interroge
la rupture identitaire au sein d’une
communauté, une situation à laquelle
se prête tout particulièrement la
tarentelle, cette danse de village dont
la tradition raconte qu’elle devait être
interprétée pour guérir le malade
souffrant d'une morsure de tarentule.
On y danse, on y chante, on transforme
son identité, les sexes s’inversent.
Au plateau évoluent Mathieu
Jedrazak, un contre-ténor et performeur
venu des scènes lyriques et
queer, Isabelle Duthoit, une chanteuse
portée sur l’expérimentation vocale, et
la danseuse Alessandra Cristiani, formée
elle aussi au butô, Pour Camille
Mutel, la nudité n’est pas mode, elle
n’est pas le vecteur d’une vaine provocation.
Elle est d’abord un révélateur
qui, au fil de ses pièces, dit le monde
en explorant la solitude, le désir ou le
manque dans l’intimité des individus
qui le composent.
Du nu au costume
La chorégraphe adoptera pour la
première fois une position singulière
pour elle. Celle du bord de plateau,
depuis lequel elle entend guider et
diriger « en live » ses trois interprètes.
Animaux de béance est une performance
dansée et chantée oscillant
entre l’animalité des corps nus, leur
tension, et le jeu social entre les êtres
introduit par le costume. Inspirés
des costumes traditionnels africains,
il sera évolutif. Asexué, avec pour
base de grandes couvertures donnant
l’impression d’avoir été rapiécées, il
offre une grande palette de jeu au
plateau. Le costume - ici réalisé par
Éléonore Daniaud - est un refuge, il
dévoile autant qu’il couvre. Il sera,
sur scène, le quatrième « acteur » de
cette pièce coproduite par le Manège
de Reims et qui, après le festival Born
to be a live, poursuivra sa tournée
dans le Grand Est et à Paris (pour le
festival Faits d’Hiver).
Animaux de béance
Une pièce chorégraphique
de Camille Mutel
Création le 10 novembre au
Manège de Reims dans le cadre
du festival Born to be A live
WWW.MANEGE-REIMS.EU
l'histoire
I’ve been to the mountain
Kevin Morby
Quand la musique croise la petite
et la grande histoire.
Avril 2016. Un clip commence à être
diffusé sur Youtube. Il s’agit du nouveau
titre de Kevin Morby, l’ancien
bassiste du groupe folk Woods, qui
s’apprête à sortir son troisième album
solo (Singing saw). Le premier extrait
de l’album, I’ve been to the mountain,
donne lieu à une vidéo saisissante. Sur
son lit d’hôpital, un homme agonise,
entouré de ses proches. À l’instant
même de sa mort, il semble s’échapper
de son corps pour reprendre vie
dans une danse plus organique que
macabre. Le danseur Nathan Mitchell
virevolte dans les couloirs désincarnés
de l’hôpital, se réappropriant
en quelques instants un corps trop
longtemps abîmé par la souffrance.
Un clip superbe, mais qui narre une
toute autre histoire que celle de ce titre.
Juillet 2014. L’afro-américain Éric
Garner, petit trafiquant de cigarettes
de contrebande, est étranglé à mort
par un policier de New-York, utilisant
alors une prise de corps interdite
par le règlement. Éric Garner est un
géant d’1,90 m, obèse, asthmatique,
il glisse dans un dernier souffle
« I can’t breathe, I can’t breathe ».
Il avait, quelques minutes auparavant,
refusé d’être arrêté une fois de plus,
s’estimant harcelé alors qu’il n’avait
à l’instant aucune activité illicite. Sa
mort est filmée, largement diffusée
sur les réseaux sociaux, et elle sera la
source d’une révolte qui couve encore
aux Etats-Unis et qui a donné naissance
au mouvement « Black lives
matter ». Avec ce titre, Kevin Morby,
fait une référence directe à la mort
d’Eric Garner. « That man lived in this
town, until that pig took him down.
And have you heard the sound of a
man stop breathing, breathing ? ».
Morby, petit blanc de l’Amérique des
middle states - il est né à Kansas City,
Missouri -, introduit une autre référence,
tout aussi métaphorique, à ce
titre. Son refrain, « I’ve been to the
mountain », reprend quelques unes es
paroles prononcées par Martin Luther
King le 4 avril 1968, la veille de son
assassinat : « Eh bien, je ne sais pas
ce qui va arriver maintenant. Nous
avons devant nous des journées difficiles.
Mais peu m’importe ce qui va
m’arriver maintenant, car je suis allé
jusqu’au sommet de la montagne. »
Trente ans plus tard, « I‘ve been to the
moutain » chantera Morby…
« Round'em out, make an écho, Destroy
the destroyer, and do it fast »,
chante Kevin Morby, aussi véhément
que militant. Il n’est donc pas étonnant
de voir que le clip d’Ive been
to the mountain, objectivement très
réussi, a fait l’objet de 20% de « dislikes
» sur Youtube. L’engagement de
Kevin Morby dans une Amérique déchirée
par ses dérives suprémacistes
n’y est sans doute pas étranger.
Et aussi
Kevin Morby joue le 2 novembre à
Paris, à la Grande Halle de la Villette.
Son dernier album, City Music, est
sorti au printemps 2017. Son dernier
album, City Music, est sort en juin
dernier. On y retrouve un titre sorti
quelques mois plus tôt, Beautifull
strangers. Kevin Morby l’avait mis
en ligne au bénéfice d’une association
militant contre les armes à feu
aux États-Unis. Le musicien y rend
hommage aux victimes des tueries du
Bataclan et de la boîte gay d’Orlando,
en Floride. « If the gunmen come, or If
I die too young, I'm full of love » a-til
écrit, puis plus lin : « Pray for Paris,
they cannot scare us ». En légende de
la mise en ligne de ce titre sur You-
Tube, Kevin Morby expliquait alors :
« Cette chanson est dédiée et écrite
pour tous les gens que je n'ai jamais
rencontrés mais sur lesquels j'ai lu des
choses. Tous ces noms, ces visages,
tous ces beaux inconnus… »
TEXTE cyrille planson
48
© DR
© DR
ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR
FigureS
taïm
NOM
Taïm.
PROFESSION
Tatoueuse couteau Suisse.
ÂGE
45 ans.
PLUS BEAU SOUVENIR
Mon père.
un rêve
De m'installer à Brooklyn ou Montréal.
une passion
Tout ce qui touche à l'art, la créativité.
photographie Sylvère HIEULLE
50
PARTICULIER • REIMS
DESIGN, MOBILIER CONTEMPORAIN, ARCHITECTURE D’INTÉRIEUR
32 RUE VOLTAIRE À REIMS I 03 26 04 33 46 I WWW.HOMEAGE.FR
Audi Q3 Urban Techno.
Le parfait équilibre.
Modèle présenté :
340 €/mois (1) avec apport.
Offre de location longue durée sur 36 mois et 45 000 km avec Garantie (2) , Entretien avec pièces d’usure (3) et Assistance inclus.
1 er loyer de 4 000 € et 35 loyers de 340 €.
Offre valable du 1 er septembre au 31 décembre 2017. (1) Exemple pour une Audi Q3 Urban Techno 2.0 TDI 120 ch BVM 6 en location longue durée sur 36 mois et pour 45 000 km
maximum, hors assurances facultatives. (2) Garantie 2 ans + 1 an de garantie additionnelle incluse. Offre réservée aux particuliers et valable chez tous les Distributeurs présentant ce
financement, dans la limite des stocks disponibles pour toute commande du 01/09 au 31/12/2017 livrée avant le 31/12/2017, sous réserve d’acceptation du dossier par Volkswagen
Bank GmbH – SARL de droit allemand – Capital 318 279 200 € – Succursale France : Bâtiment Ellipse – 15 av de la Demi-Lune 95700 Roissy-en-France – RCS Pontoise 451 618 904
– ORIAS : 08 040 267 (www.orias.fr). (3) Entretien plus obligatoire souscrit auprès de Volkswagen Bank Gmbh, détail et limites prévues dans les conditions générales, disponibles sur
demande auprès de votre Distributeur. Tarifs au 29/06/2017. Publicité diffusée par le concessionnaire en qualité d’intermédiaire de crédit, à titre non exclusif, de Volkswagen Bank.
Volkswagen Group France S.A. au capital de 7 750 000 € - 11 avenue de Boursonne Villers-Cotterêts – RCS Soissons B 602 025 538. Audi recommande Castrol EDGE Professional.
Gamme Audi Q3 : consommation en cycle mixte (l/100km) : 4,5 - 7,0. Rejets de CO 2
(g/km) : 117 - 161.
La Cité de l'Automobile
ZAC Croix Blandin
www.audi-reims.fr