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INSPIRÉS<br />
DE FAITS REELS<br />
LA RÉALITÉ DÉPASSE TOUJOURS LA FICTION. LES SCÉNARISTES HOLLYWOODIENS<br />
L’ONT BIEN COMPRIS, QUI PUISENT TOUJOURS PLUS LARGEMENT LEUR INSPIRATION<br />
À SA SOURCE. VOYAGE LE LONG DE LA FRONTIÈRE ENTRE FICTION ET RÉALITÉ<br />
AVEC LES FILMS DE PETER BERG, THEODORE MELFI ET JAMES GRAY. PAR JEANNE DE MAISONNEUVE<br />
vraiment<br />
l’une des<br />
histoires les plus<br />
“C’est<br />
incroyables que<br />
j’ai entendues de ma vie.» C’est ainsi<br />
que Peter Berg, le réalisateur de Traque<br />
à Boston, racontait sa rencontre avec<br />
l’homme pris en otage par les terroristes<br />
après les attaques perpétrées pendant<br />
le marathon de Boston en 2013.<br />
Pourquoi aller inventer des histoires<br />
quand on sait que la réalité dépasse<br />
toujours la fiction ? À Hollywood, ça fait<br />
longtemps qu’on a répondu à la question<br />
qui travaille la philosophie depuis<br />
ses origines : le 7 e art peut-il et doit-il<br />
imiter la nature ? Il peut l’embellir, la<br />
transformer, la tordre, la faire oublier<br />
aussi. Mais le cinéma n’est jamais aussi<br />
fort que lorsqu’il donne le sentiment<br />
de la reproduire. Un drame n’est-il pas<br />
plus poignant lorsqu’il est basé sur une<br />
histoire vraie ? Un thriller plus haletant ?<br />
Un film catastrophe plus impressionnant<br />
? Un récit initiatique plus édifiant ?<br />
Si les cinéastes puisent dans le réel leur<br />
inspiration depuis les balbutiements de<br />
leur art, jamais il ne les aura autant inspirés<br />
qu’aujourd’hui. Plusieurs facteurs<br />
expliquent cette tendance.<br />
Transcender la réalité<br />
<strong>Le</strong> premier tient de la catharsis : la salle<br />
de cinéma est devenue le temple des<br />
émotions. Un lieu où l’on peut rire et<br />
pleurer sans retenue, éprouver, ressentir,<br />
vivre ou revivre même des événements<br />
dramatiques en toute sécurité. C’est la<br />
fonction thérapeutique du cinéma que<br />
Peter Berg active en réalisant, quatre<br />
ans à peine après les faits, un film sur<br />
le double attentat qui a traumatisé la<br />
ville de Boston lors du marathon de<br />
2013. Comme Oliver Stone (World<br />
Trade Center) ou Paul Greengrass (Vol<br />
93) l’ont fait avant lui avec la tragédie<br />
du 11 septembre 2001, le réalisateur<br />
de Deepwater et Du Sang et des larmes<br />
(tous deux également basés sur des<br />
histoires vraies) a entrepris avec Traque à<br />
Boston la tâche difficile de reconstituer<br />
les événements pour en livrer sa vision<br />
et rendre hom<strong>mag</strong>e aux héros qui se<br />
sont distingués lors de cette journée.<br />
La puissance du cinéma – de la fiction,<br />
donc – consiste à transcender la réalité<br />
en la réorganisant, la rendant compré-<br />
16<br />
LES CINÉMAS GAUMONT ET PATHÉ