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Les replis identitaires, conséquences d’un déficit d’accueil et<br />
d’intégration, renforcé par l’absence de volonté d’intégration de certains<br />
migrants, accentuent le fossé entre la Guyane et les jeunes qui y sont nés de<br />
parents étrangers. Le déficit d’intégration étant lui même le corollaire d’une<br />
immigration non contrôlée et surtout massive. Car, par le passé, la Guyane a<br />
su accueillir et intégrer. Tant que l’immigration se déroulait par petites vagues<br />
successives, permettant de la sorte aux nouveaux arrivants de se fondre dans<br />
le moule existant. Mais, depuis près de trois décennies le pays fait face à une<br />
arrivée massive de personnes originaires d’horizons plus ou moins lointains,<br />
attirées par la perspective d’une vie meilleure. Aujourd’hui, et contrairement<br />
à ce qui s’est produit antérieurement, les groupes <strong>commun</strong>autaires présentent<br />
des effectifs beaucoup plus importants et sont tentés de vivre en autarcie,<br />
allant même jusqu’à s’ignorer mutuellement.<br />
Certes, nous comprenons la légitime solidarité qui accompagne le repli<br />
identitaire et <strong>commun</strong>autaire qui s’opère dès lors que des populations sont en<br />
situation de diaspora. Néanmoins, il est de notre devoir de combattre, sans<br />
réserve, toutes les situations discriminatoires qui génèrent de la division entre<br />
les hommes.<br />
De ce fait, un des enjeux fondamentaux de nos politiques humaines<br />
réside dans le devoir d’intégration de tous les jeunes issus de l’immigration.<br />
Aujourd’hui, ils représentent une part très importante de la population. Pour<br />
la seule année 2004, on retiendra que 60% des bébés sont nés de mères<br />
étrangères.<br />
Constamment, nous sommes interpellés par la position de jeunes<br />
adolescents qui semblent être écartelés psychologiquement entre des<br />
aspirations liées à leur tranche d’âge d’un côté, et les projets d’avenir que<br />
nourrissent leurs parents, de l’autre.<br />
En effet, si quelques parents se battent pour inculquer l’amour de la<br />
Guyane à leurs enfants, ils sont encore trop nombreux, ceux-là qui, laissant<br />
parler leur cœur, disent avec une déconcertante franchise, leur profond<br />
désamour pour le ‘‘Pays Guyane’’. Souvent leurs propos reflètent des<br />
situations de déception ou d’angoisse face à un avenir qui leur semble<br />
incertain.<br />
En conséquence, et pour sauver la mise ils influencent leurs enfants, bon<br />
gré mal gré, vers une dynamique de repli identitaire, par ailleurs largement<br />
soutenu par un <strong>commun</strong>autarisme quasi institutionnalisé.<br />
Cela se voit à travers l’acceptation du principe de <strong>commun</strong>es ou de<br />
quartiers <strong>commun</strong>autaires. Ou encore lorsque certains médias dédicacent un<br />
titre musical à telle ou telle <strong>commun</strong>auté, à croire que tous les habitants de<br />
Guyane ne pourraient pas jouir au même moment de l’écoute d’une même<br />
pièce musicale.<br />
Nous devons sans plus tarder décliner les modalités à mettre en œuvre en<br />
vue de générer chez ces jeunes de Guyane le sentiment d’appartenir à une<br />
citoyenneté guyanaise partagée. Sa définition doit englober des notions de<br />
droits fondamentaux dont bénéficierait chacun.<br />
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