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TÉLÉMARK<br />
Elle n’apprécie guère le snowboard,<br />
qu’elle trouve «casse-pieds».<br />
Fort bien, mais elle<br />
pratique elle-même la traditionnelle discipline<br />
du télémark, se permet-on de lui<br />
objecter. Amélie Reymond est trop charmante<br />
et courtoise pour réagir à notre<br />
remarque et préfère nous exposer les<br />
qualités nécessaires à tout adepte de ce<br />
sport: la puissance, l’endurance, le sens<br />
de l’équilibre et des capacités de coordination<br />
hors du commun. Au total, il<br />
convient de maîtriser non moins de<br />
trois techniques lors des épreuves de<br />
Coupe du monde, qui se tiennent chaque<br />
année à l’image des championnats<br />
de ski alpin ou nordique, et comportent<br />
systématiquement des difficultés additionnelles.<br />
Le slalom géant, par exemple,<br />
se complète d’un saut de 25 mètres,<br />
évalué selon un système de points. La<br />
discipline «classique» se compose d’un<br />
slalom géant, d’un parcours de skating,<br />
d’un saut et d’un tour de 360 degrés sur<br />
une pente abrupte. Chaque épreuve<br />
dure environ trois minutes, ainsi que le<br />
précise Amélie Reymond. «Les compétitions<br />
exigent une excellente condition<br />
physique et une concentration extrême.<br />
En pivotant sur nous-mêmes, nous avons<br />
souvent l’impression de nous trouver<br />
dans une essoreuse.» Dans le sprint parallèle,<br />
plus court, deux athlètes se mesurent<br />
l’une à l’autre. «Cette course très<br />
spectaculaire captive toujours le public.<br />
Elle n’est pas simple pour nous, car nous<br />
sommes parfois tenues de livrer jusqu’à<br />
six duels contre différentes concurrentes.»<br />
Inventé par un Norvégien en 1860, le<br />
télémark illustre les balbutiements du<br />
ski. Pendant près d’un siècle, il a représenté<br />
l’unique manière de dévaler des<br />
pentes couvertes de neige. Les skis<br />
eux-mêmes étaient deux lattes de bois<br />
droites qui exigeaient une méthode particulière<br />
pour prendre un virage: en<br />
pliant le genou situé à l’intérieur, le skieur<br />
déplaçait son poids et commençait<br />
à tourner. Cette vénérable technique<br />
doit sa renommée aux sportifs d’un certain<br />
âge qui en appliquaient encore les<br />
principes au cours des décennies 1960<br />
et 1970. Cela fait longtemps toutefois<br />
que le télémark est devenu une discipline<br />
à part entière qui répond à de nouvelles<br />
règles, suit un calendrier de courses<br />
établi par la FIS et dispose d’une<br />
équipe de onze athlètes sous l’égide de<br />
Swiss-Ski.<br />
Depuis dix ans, Amélie Reymond fait<br />
partie de l’équipe nationale, composée<br />
de quatre femmes et de sept hommes,<br />
et affiche de loin le meilleur palmarès. A<br />
cette époque, elle a tout misé sur le télémark<br />
et n’a cessé de remporter un titre<br />
après l’autre. Elle domine la Coupe du<br />
monde depuis 2009, à la seule exception<br />
de 2013 où elle s’est inclinée devant<br />
une skieuse norvégienne. Cette discipline<br />
requiert de nombreuses heures<br />
d’entraînement, souligne la sportive de<br />
30 ans. Après avoir obtenu un master en<br />
biomécanique à l’EPF de Zurich, elle travaille<br />
à 80% au Service de la santé du<br />
canton du <strong>Valais</strong>. Elle s’entraîne pourtant<br />
presque tous les jours. Elle entretient sa<br />
condition physique, s’élance sur les pistes<br />
et se rend régulièrement à la salle de<br />
musculation pendant la pause de midi.<br />
«Je n’ai jamais connu de blessure grave<br />
alors que je pratique le sport au plus<br />
Amélie<br />
Reymond est<br />
aussi gymnaste<br />
et vicechampionne<br />
suisse<br />
à la barre fixe.<br />
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