Le magazine CNC, automne 2017
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AUTOMNE <strong>2017</strong><br />
Plus forts<br />
ensemble<br />
Célébrons le 10 e anniversaire du<br />
Programme de conservation des zones naturelles
Conservation de la nature Canada<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong><br />
Conservation de la nature Canada<br />
245, avenue Eglinton Est, bureau 410<br />
Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />
<strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />
Tél. : 416 932-3202<br />
Sans frais : 1 800 465-0029<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est le<br />
chef de file au pays en matière de conservation<br />
des terres, œuvrant à la protection de nos milieux<br />
naturels les plus importants et des espèces qu’ils<br />
abritent. Depuis 1962, <strong>CNC</strong> et ses partenaires ont<br />
contribué à la protection de 2,8 millions d’acres<br />
(plus de 1,1 million d’hectares) de terres, d’un<br />
océan à l’autre.<br />
<strong>Le</strong> <strong>magazine</strong> Conservation de la nature Canada est<br />
distribué aux donateurs et sympathisants de <strong>CNC</strong>.<br />
MC<br />
Marque de commerce de La Société canadienne<br />
pour la conservation de la nature<br />
FSC® n'est pas responsable des calculs concernant l’économie<br />
des ressources réalisée en choisissant ce papier.<br />
Imprimé sur du papier Rolland Opaque fait<br />
à 30 % de fibres post-consommation, certifié<br />
Écologo et Procédé sans chlore. Ce papier est<br />
fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le<br />
biogaz comme source d’énergie. L’impression est<br />
effectuée au Canada, avec des encres végétales<br />
par Warrens Waterless Printing. La publication<br />
de ce <strong>magazine</strong> a sauvegardé 29 arbres et<br />
104 292 litres d’eau*.<br />
Graphisme par Evermaven.<br />
COUVERTURE<br />
Baie Big Trout, Ontario.<br />
Photo de Costal Productions.<br />
CETTE PAGE<br />
Réserve naturelle de la baie Big Trout, Ontario.<br />
Photo by Daniel Ehrenworth.<br />
CALCULATEUR : WWW.ROLLANDINC.COM/FR.<br />
*<br />
2 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca<br />
natureconservancy.ca
Sommaire<br />
Conservation de la nature Canada AUTOMNE <strong>2017</strong><br />
Meilleurs ensemble<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
8 : DANIEL EHRENWORTH. 12 : TIM ZUROWSKI. 14 : THE NATURE TRUST OF BC.<br />
Selon un récent sondage Ipsos MORI, le<br />
Canada est le pays ayant actuellement la<br />
plus grande influence positive dans le monde.<br />
En tant que Canadienne, et sans vouloir me vanter,<br />
je dois dire que cela ne me surprend pas. Nous<br />
savons que, généralement, nous travaillons mieux<br />
(que nous sommes meilleurs) ensemble. Pensons<br />
seulement à la réaction de la population après les<br />
incendies qui ont dévasté Fort McMurray en 2016. On<br />
a pu y voir des gens de tous les horizons s’entraider<br />
pour améliorer leur situation.<br />
À Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>), je<br />
suis témoin de cette réalité à tous les jours. Dans<br />
ce numéro de notre <strong>magazine</strong>, vous découvrirez des<br />
personnes et des organismes qui travaillent en<br />
partenariat avec <strong>CNC</strong> par l’intermédiaire du<br />
Programme de conservation des zones naturelles<br />
(PCZN), afin de protéger d’importantes aires<br />
naturelles. Ensemble, nous avons déjà protégé plus<br />
de 1 million d’acres (430 000 hectares) de terres et<br />
d’étendues d’eau prioritaires. Et il reste encore<br />
beaucoup à faire.<br />
<strong>Le</strong> PCZN est fondé sur la science de la<br />
conservation et conçu à la fois pour créer un effet<br />
de levier, grâce à chaque dollar amassé, et pour<br />
mobiliser des partenaires des secteurs privé et public.<br />
<strong>Le</strong> Programme encourage les projets de conservation<br />
à l’échelle des collectivités et incite les donateurs<br />
locaux à protéger les lieux qui leur sont chers.<br />
Grâce à l’engagement du Gouvernement du<br />
Canada et au dévouement de personnes partout au<br />
pays, nous sommes encore une fois un exemple à<br />
suivre pour le monde entier. <strong>Le</strong> message est simple :<br />
chacun d’entre nous a un rôle à jouer pour la<br />
conservation des lieux qu’il chérit et pour la<br />
protection des milieux naturels qui nous permettent<br />
de vivre. Quel rôle souhaitez-vous jouer?<br />
Cordialement,<br />
Lisa McLaughlin<br />
Lisa McLaughlin<br />
Vice-présidente, politiques et planification en<br />
conservation à <strong>CNC</strong><br />
8<br />
12<br />
Un partenariat de grande valeur<br />
Célébrons le 10 e anniversaire du Programme de conservation des zones naturelles<br />
14 Espèces rares à<br />
l'échelle mondiale<br />
Mettre fin à la sixième extinction des<br />
espèces commence chez soi.<br />
16 Fairy Hill<br />
Une propriété de la Saskatchewan<br />
qui fait le bonheur de ses visiteurs.<br />
17 Inspiration naturelle<br />
<strong>Le</strong>s indispensable de l'auteurecomposititrice-interprète<br />
Sarah Harmer.<br />
14<br />
12 <strong>Le</strong> pluvier siffleur<br />
Pesant moins que 10 pièces de 1 dollar, cet<br />
oiseau de rivage est en péril au Canada.<br />
14 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />
Quatre projets d'organisme en conservation<br />
rendus possibles grâce au PCZN.<br />
16 Mike Hendren :<br />
Pouvoir collectif<br />
Comment certains organismes locaux font<br />
des gains considérables en conservation.<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 3
D’UN OCÉAN<br />
À L’AUTRE<br />
Mettre de l’ordre<br />
chez soi d’abord<br />
Tenter de résoudre la crise d’extinction massive des<br />
espèces commence par la sauvegarde des espèces rares<br />
à l’échelle de notre pays<br />
On a souvent l’impression que la crise d’extinction<br />
des espèces se passe ailleurs qu’au Canada. <strong>Le</strong> sort<br />
des éléphants, des tigres et des gorilles est bien connu<br />
de beaucoup d’entre nous; et il va sans dire que nous<br />
devons absolument préserver ces espèces. Mais<br />
mettre fin à la crise mondiale d’extinction doit<br />
commencer chez soi.<br />
<strong>Le</strong> Canada abrite environ 80 000 espèces animales<br />
et végétales. Nous savons que 16 espèces et sousespèces<br />
sont disparues du Canada et de la surface de<br />
la Terre. Vous avez peut-être déjà entendu parler de<br />
certaines d’entre elles, comme le pigeon voyageur et<br />
le grand pingouin. Toutefois, l’histoire de l’extinction<br />
d’autres espèces, comme celle du criquet des<br />
montagnes Rocheuses, de la macounie luisante (une<br />
mousse) et du cisco de profondeur (un poisson) est<br />
tout aussi tragique, mais moins connue.<br />
La situation mondiale des espèces est évaluée<br />
par l’Union internationale pour la conservation de la<br />
nature (UICN) et répertoriée dans la Liste rouge<br />
mondiale des espèces menacées. À l’heure actuelle, le<br />
Canada compte 127 espèces figurant sur la Liste rouge<br />
de l’UICN. De plus, 70 autres ont été évaluées comme<br />
étant quasi menacées, ce qui signifie qu’elles risquent<br />
d’être en voie de disparition dans un proche avenir.<br />
L’un des résultats les plus importants qui découle<br />
du travail de Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />
est la protection et le rétablissement de plus de<br />
50 espèces au Canada figurant sur la Liste rouge de<br />
l’UICN ou qui ont été évaluées comme étant quasi<br />
menacées. Bon nombre de ces espèces se trouvent<br />
sur des terres acquises au cours des 10 dernières<br />
années grâce au Programme de conservation des<br />
zones naturelles du Gouvernement du Canada.<br />
Ci-contre se trouvent quelques espèces figurant<br />
sur la Liste rouge des espèces menacées que publie<br />
l’UICN et que <strong>CNC</strong> contribue à protéger.1<br />
DÉFINIR LE RISQUE<br />
Classification de l’Union internationale pour<br />
la conservation de la nature de la Liste rouge<br />
des espèces menacées.<br />
• Éteinte (EX) : espèce dont le dernier individu<br />
est mort.<br />
• Éteinte à l’état sauvage (EW) : espèce qui<br />
ne survit qu’en captivité ou au sein d’une<br />
population naturalisée en dehors de son aire<br />
de répartition historique.<br />
• En danger critique (CR) : espèce<br />
confrontée à un risque extrêmement élevé<br />
d’extinction à l’état sauvage.<br />
• En danger (EN) : espèce confrontée à un<br />
risque très élevé d’extinction à l’état sauvage<br />
• Vulnérable (VU) : espèce confrontée à un<br />
risque élevé d’extinction à l’état sauvage.<br />
• Quasi menacée (NT) : espèce près de<br />
remplir les critères correspondant aux<br />
espèces menacées dans un proche avenir.<br />
• Préoccupation mineure (LC) : espèce ayant<br />
le niveau de risque d’extinction le plus faible.<br />
Ne remplit pas les critères des catégories<br />
d’espèces menacées d’extinction. Comprend<br />
les taxons (groupes d’organismes) largement<br />
répandus et abondants.<br />
• Données insuffisantes (DD) : espèce pour<br />
laquelle on ne dispose pas d’assez de<br />
données pour évaluer directement ou<br />
indirectement le risque d’extinction.<br />
• Non évaluée (NE) : espèce qui n’a pas<br />
encore été confrontée aux critères.<br />
La classification d’une espèce « menacée »<br />
dans la Liste rouge de l’UICN, correspond à<br />
l’une des trois catégories d’espèces menacées<br />
d’extinction (CR, EN ou VU).<br />
POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Lire le texte de Dan Kraus, biologiste<br />
principal de la conservation à <strong>CNC</strong>,<br />
et consulter une carte des sites où<br />
<strong>CNC</strong> contribue à la protection<br />
d’espèces de la Liste rouge :<br />
conservationdelanature.ca/sixieme<br />
extinction<br />
La platanthère<br />
blanchâtre de l’Ouest /<br />
L’hespérie du Dakota<br />
Dans la prairie à herbes hautes du<br />
Manitoba, <strong>CNC</strong> protège et rétablit<br />
l’habitat de la platanthère blanchâtre<br />
de l’Ouest (une plante en danger)<br />
et celui de l’hespérie du Dakota<br />
(un papillon vulnérable). En plus<br />
d’acquérir des habitats clés, <strong>CNC</strong><br />
a recours au brûlage dirigé ainsi<br />
qu’à d’autres activités agricoles,<br />
telle que le pâturage contrôlé, pour<br />
combattre les espèces envahissantes<br />
ligneuses et pour protéger l’habitat<br />
d’herbes hautes.<br />
JACQUI OAKLEY.<br />
4 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
<strong>Le</strong> pluvier siffleur /<br />
<strong>Le</strong> bécasseau semipalmé<br />
L’érioderme boréal<br />
Ce lichen (en danger critique d’extinction)<br />
a besoin des forêts anciennes côtières<br />
pour survivre. Éteint en Suède et en<br />
Norvège, on ne retrouve désormais<br />
l’érioderme boréal qu’au Canada<br />
atlantique. <strong>CNC</strong> protège l’habitat de ce<br />
lichen rare à Terre-Neuve-et-Labrador<br />
et en Nouvelle-Écosse.<br />
La tortue mouchetée<br />
<strong>CNC</strong> protège les habitats côtiers clés de<br />
deux oiseaux de rivage, soit le pluvier siffleur<br />
et le bécasseau semipalmé (tous deux quasi<br />
menacés). <strong>CNC</strong> œuvre à la protection des<br />
aires de nidification du pluvier siffleur à des<br />
endroits comme l’île de Sandy Point, à<br />
Terre-Neuve-et-Labrador, et sur la Côte Sud<br />
de la Nouvelle-Écosse. <strong>Le</strong> pluvier siffleur<br />
niche également dans les Prairies, dont sur<br />
des propriétés de <strong>CNC</strong> du Missouri Coteau<br />
en Saskatchewan. Quant au bécasseau<br />
semipalmé, c’est sur la propriété de <strong>CNC</strong> de<br />
Johnson’s Mills, au Nouveau-Brunswick, que<br />
plus de 30 % de la population mondiale de<br />
cette espèce fait une halte au cours de sa<br />
migration, qui se déroule de la mi-juillet à la<br />
mi-septembre.<br />
<strong>Le</strong> cypripède<br />
tête-de-bélier<br />
<strong>CNC</strong> protège plus de<br />
15 propriétés qui recèlent<br />
des habitats du cypripède<br />
tête-de-bélier (quasi<br />
menacé), notamment dans<br />
la vallée de l’Outaouais et<br />
sur la péninsule de Bruce,<br />
en Ontario. Cette délicate<br />
orchidée est souvent<br />
présente dans des habitats<br />
rares, comme les alvars et<br />
les dunes boisées. <strong>Le</strong><br />
personnel de <strong>CNC</strong> surveille<br />
de façon périodique les<br />
populations de cypripèdes<br />
tête-de-bélier et leur<br />
santé, et ce, sur de<br />
nombreuses propriétés.<br />
<strong>CNC</strong> protège des milliers d’hectares<br />
d’habitat de la tortue mouchetée (en voie<br />
de disparition) dans des endroits comme<br />
l’arche de Frontenac, en Ontario, et dans<br />
la portion québécoise de la vallée de<br />
l’Outaouais. Maintenir l’intégrité des<br />
habitats de cette tortue est essentiel à sa<br />
survie, car plusieurs femelles meurent<br />
chaque année en traversant les routes<br />
pour atteindre leurs aires de nidification.<br />
<strong>Le</strong> pic à tête rouge<br />
Dans les plaines du lac Rice, près de Toronto (Ontario),<br />
<strong>CNC</strong> protège un habitat rare de savane de chênes noirs<br />
abritant le pic à tête rouge (quasi menacé). L’aire de<br />
répartition de cet oiseau s’étend de la Saskatchewan<br />
jusqu’au Québec. Depuis 1966, sa population diminue<br />
de près de 3 % annuellement. <strong>CNC</strong> procède au<br />
rétablissement de l’habitat du pic à tête rouge par des<br />
brûlages dirigés et l’élimination d’espèces envahissantes.<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 5
SUR LES<br />
SENTIERS<br />
Connexions<br />
naturelles<br />
<strong>Le</strong> complexe Fairy Hill South, en Saskatchewan, est un bijou de<br />
propriété où la population locale et la conservation vont de pair.<br />
Cerfs à Fairy Hill, Sask.<br />
<strong>Le</strong> complexe Fairy Hill South, près<br />
de Regina, n’est pas qu’une histoire<br />
concernant l’avenir de milieux et<br />
d’espèces sauvages, c’est aussi une histoire<br />
d’individus et de partenariats.<br />
<strong>Le</strong> travail qu’y effectue Conservation de la<br />
nature Canada (<strong>CNC</strong>) signifie que cette aire<br />
sera gérée dans son état naturel. Située à<br />
seulement 30 minutes de route au nord de<br />
Regina, le long de l’autoroute 6, cette étendue<br />
panoramique de 1 642 acres (665 hectares)<br />
de prairies indigènes, de terres boisées,<br />
de rivières et de plaines inondables sert<br />
d’habitat pour des espèces aquatiques et<br />
terrestres, ainsi que de havre de paix pour<br />
les visiteurs.<br />
Fairy Hill est protégée à long terme depuis<br />
que <strong>CNC</strong> l’a acquise de Dorothy Schuurmans,<br />
une propriétaire soucieuse de la conservation,<br />
et grâce à un généreux don de Lloyd et Janet<br />
Sauer. <strong>Le</strong>s visiteurs peuvent y observer<br />
plusieurs espèces en péril, comme la pie-grièche<br />
migratrice, la grenouille léopard (population<br />
des Prairies) et le pipit de Sprague. <strong>Le</strong> site sert<br />
également d’aire de repos pour les canards et<br />
les oies, et de halte migratoire pour plusieurs<br />
espèces d’oiseaux de rivage.<br />
UN LIEU DE RENCONTRE<br />
En plus d’être une importante aire naturelle,<br />
Fairy Hill constitue un lieu de rencontre.<br />
Ainsi, cet été, des résidents et des bénévoles<br />
pour la conservation d’ailleurs dans la<br />
province, se sont joints au personnel de<br />
<strong>CNC</strong> pour extraire de la bardane, une<br />
plante envahissante, et pour retirer de<br />
vieilles clôtures.<br />
La proximité de Regina fait de la propriété<br />
une destination de choix pour les sorties<br />
scolaires. Des élèves y sont venus apprendre<br />
les rudiments du travail de conservation. Ils<br />
ont aussi aidé le personnel de <strong>CNC</strong> à déraciner<br />
de la petite bardane.<br />
Grâce à un permis de pâturage, <strong>CNC</strong> met<br />
la propriété à la disposition d’un éleveur local<br />
qui y fait paître son bétail. En contrepartie, le<br />
pâturage du bétail aide à maintenir la santé<br />
des prairies de la propriété.<br />
DANIEL GRUNERT.<br />
6 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
LES<br />
INDISPENSABLES<br />
1<br />
Grenouille léopard<br />
2<br />
UN LIEU D'EXPLORATION<br />
Ceux qui parcourent le site traversent une<br />
prairie indigène, des zones boisées ainsi que<br />
des milieux humides. En suivant le sentier,<br />
ils parviennent à une colline qui surplombe la<br />
vallée. C’est l’endroit idéal pour pique-niquer<br />
ou pour simplement faire une pause.<br />
5<br />
4<br />
3<br />
GRENOUILLE LÉOPARD : ROBERT MCCAW. LES INDISPENSABLES : JUAN LUNA. SARA HARMER : ANITA DORON.<br />
UN LIEU HISTORIQUE<br />
Fairy Hill se situe dans la vallée Qu’Appelle,<br />
en plein territoire du Traité n o 4. L’endroit fut<br />
nommé ainsi par les Européens qui s’installèrent<br />
dans la région, car certains y voyaient<br />
une ressemblance avec des collines d’Irlande<br />
appelées Fairy Hill.<br />
UN LIEU DE PARTENARIATS<br />
Plusieurs partenaires ont participé à ce projet<br />
de conservation. Divers donateurs privés<br />
(entreprises et particuliers) ont en effet versé<br />
des fonds pour l’achat de Fairy Hill. Aussi,<br />
Environnement Canada (désormais Environnement<br />
et Changement Climatique Canada),<br />
dans le cadre du Programme de conservation<br />
des zones naturelles, ainsi que le Gouvernement<br />
de la Saskatchewan, au moyen du Fonds<br />
de développement de la pêche et de la faune,<br />
ont également contribué de façon substantielle<br />
à cette acquisition.<br />
SENTIERS<br />
Longueur totale : 5 km<br />
Difficulté : intermédiaire, avec dénivelé<br />
Terrain : terre battue, quelques panneaux<br />
de signalisation<br />
Description : boucle à travers la prairie, des<br />
zones boisées et des milieux humides.1<br />
DESTINATIONS NATURE<br />
Pour en savoir davantage sur cette destination<br />
nature : conservationdelanature.ca/fairyhill<br />
Inspiration<br />
naturelle<br />
L’auteure-compositrice-interprète canadienne Sarah<br />
Harmer dévoile quelques-uns des articles<br />
indispensables qu’elle apporte lors de ses randonnées.<br />
1. UN CARNET Comme j’apprécie la<br />
compagnie des arbres et tout ce qu’ils<br />
nous apportent, j’aime savoir que<br />
mon carnet n’est pas fabriqué à<br />
partir d’arbres de forêts<br />
anciennes. Voilà pourquoi<br />
je recherche les produits<br />
faits de papier recyclé<br />
ou ayant la certification<br />
FSC (Forest<br />
Stewardship Council).<br />
2. DES JUMELLES Mes<br />
jumelles Skipper 7 x 50 de<br />
Swift sont lourdes mais solides.<br />
Elles m’accompagnent depuis que je les<br />
ai dénichées dans une boutique<br />
d’occasion il y a plusieurs années.<br />
3. UNE BOUTEILLE D’EAU L’eau est<br />
un élément vital, particulièrement<br />
en randonnée.<br />
4. UNE CASQUETTE<br />
À l’<strong>automne</strong>, pendant<br />
la saisonde la chasse,<br />
le port de cette<br />
casquette voyante<br />
est incontournable.<br />
Rester sain et sauf<br />
est crucial.<br />
5. DES STYLOS<br />
De bons stylos sont nécessaires<br />
pour faire des croquis de feuilles<br />
d’arbres, ou pour noter une<br />
bonne idée!1<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 7
UN<br />
partenariat<br />
DE<br />
grande valeur<br />
Cette année marque le 10 e anniversaire du Programme de conservation des zones naturelles,<br />
un partenariat public-privé unique qui a mené la conservation de terres privées<br />
au Canada à atteindre de nouveaux sommets.<br />
DE Brian Banks, auteur et journaliste pigiste PHOTOS Daniel Ehrenworth<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
8 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
Reconnue pour sa beauté sauvage,<br />
la rive nord du lac Supérieur se<br />
passe de présentation, mais cela<br />
n’empêche pas Gary Davies d’en parler.<br />
« Je pense que vous serez émerveillés<br />
par cette propriété, dit ce directeur des<br />
programmes de Conservation de la nature<br />
Canada (<strong>CNC</strong>) pour la région du nord-ouest<br />
de l’Ontario. Elle recèle des vues et des<br />
panoramas spectaculaires. »<br />
La propriété en question, d’une superficie<br />
de 2 500 acres (1 012 hectares), porte le nom de<br />
réserve naturelle de la baie Big Trout. On y<br />
trouve des forêts, des milieux humides, de hauts<br />
escarpements et des péninsules. Elle comprend<br />
un rivage de 21 km sur le lac Supérieur et abrite<br />
certaines espèces emblématiques, notamment<br />
l’orignal, l’ours noir, le lynx du Canada, le<br />
pygargue à tête blanche et le faucon pèlerin,<br />
une espèce préoccupante au Canada.<br />
Acquise en août 2016 par <strong>CNC</strong> au coût<br />
total de 8,5 millions de dollars (grâce à une<br />
contribution de 3 millions de dollars du<br />
Programme de conservation des zones<br />
naturelles (PCZN) du Gouvernement du<br />
Canada et aux fonds amassés par des fondations<br />
et donateurs privés), la baie Big Trout est<br />
l’une des dernières zones encore sauvages sur<br />
la rive des Grands Lacs, entre Thunder Bay, en<br />
Ontario, et Duluth, au Minnesota. Selon Lisa<br />
McLaughlin, vice-présidente des politiques et<br />
de la planification en conservation à <strong>CNC</strong>, il<br />
s’agit également d’un excellent exemple du<br />
type de réussite qui peut être obtenu par<br />
l’entremise du PCZN, grâce auquel <strong>CNC</strong> est<br />
parvenu à protéger 1 000 000 d’acres (430 000<br />
hectares) depuis la création du Programme,<br />
il y a 10 ans cet <strong>automne</strong>.<br />
Aujourd’hui, Gary Davies se trouve à la<br />
limite ouest de la réserve et discute avec un<br />
groupe de scientifiques de la faune du Musée<br />
royal de l’Ontario et du Centre d’information<br />
sur le patrimoine naturel du ministère des<br />
Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario.<br />
En plus d’être émerveillé par les paysages,<br />
ce groupe est également susceptible de l’être<br />
tout autant par les plantes, les oiseaux et les<br />
insectes rares. Ils sont tous là pour entreprendre<br />
un bioblitz intensif d’une semaine sur<br />
la propriété. Il s’agit de l’un des 10 relevés<br />
scientifiques de la biodiversité effectués cette<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 9
année dans le cadre du programme Canada<br />
Bioblitz 150, et M. Davies présente au groupe<br />
les caractéristiques, les points d’accès et les<br />
risques présents sur le site. « Il y a des<br />
escarpements très abrupts, avertit-il. En vous<br />
frayant un chemin dans la végétation dense,<br />
vous pourriez vous retrouver soudainement<br />
sur le bord d’un escarpement. »<br />
Habituellement, quand <strong>CNC</strong> acquiert une<br />
nouvelle propriété, il y effectue son propre<br />
inventaire de base de la faune et de la flore.<br />
Ces données s’ajoutent aux connaissances<br />
déjà disponibles sur le site afin de créer un<br />
plan de gestion à long terme. Il n’est donc pas<br />
étonnant que M. Davies soit ravi d’accueillir<br />
l’équipe du bioblitz : les données à venir, dit-il,<br />
seront l’équivalent d’un « inventaire de base<br />
sur stéroïdes. »<br />
Partager la richesse<br />
Tout comme le bioblitz a le potentiel de donner<br />
le coup d’envoi au travail de <strong>CNC</strong> dans la baie<br />
Big Trout, il est permis de croire qu’il en va de<br />
même pour le PCZN. En effet, au cours de la<br />
dernière décennie, <strong>CNC</strong>, Canards illimités<br />
Canada et d’autres organismes de conservation<br />
ont eu recours au PCZN afin d’accroître le<br />
nombre de terres conservées au Canada, et ce,<br />
jusqu’à un niveau qui aurait été difficile à<br />
imaginer avant la création du Programme.<br />
En matière de superficie, le million d’acres<br />
protégés jusqu’à présent en vertu du PCZN<br />
représente près du tiers des habitats protégés<br />
par <strong>CNC</strong> depuis sa fondation, en 1962. « Nous<br />
avons actuellement des centaines de milliers<br />
d’acres protégés qui ne l’auraient pas été sans<br />
ce programme », explique Mme McLaughlin.<br />
<strong>Le</strong> Programme n’est toutefois pas qu’une<br />
question de chiffres bruts. Dès le départ,<br />
quand le Gouvernement du Canada a investi<br />
225 millions de dollars dans un fonds administré<br />
par <strong>CNC</strong>, dont une enveloppe de<br />
25 millions de dollars pour Canards Illimités<br />
et une autre de 15 millions de dollars pour<br />
d’autres organismes de conservation, les<br />
règles interdisaient d’utiliser l’argent du<br />
Programme sans qu’il soit apparié, selon un<br />
ratio de 1:1, avec des fonds ou des propriétés<br />
de valeur équivalente provenant d’autres<br />
sources, principalement des fondations, des<br />
sociétés et des donateurs. En 2013, lorsque le<br />
Gouvernement a octroyé un autre 100 millions<br />
de dollars au PCZN, pour soutenir le Programme<br />
jusqu’en 2019, il a changé ce ratio à 2:1, doublant<br />
<strong>Le</strong> directeur des programmes de <strong>CNC</strong> pour la région du nord-ouest de<br />
l’Ontario, Gary Davies, affirme que le PCZN a considérablement aidé à<br />
la protection de la baie Big Trout.<br />
En matière de superficie, le million d’acres<br />
protégés jusqu’à présent en vertu du PCZN<br />
représente près du tiers des habitats protégés<br />
par <strong>CNC</strong> depuis sa fondation, en 1962.<br />
ainsi l’exigence des fonds devant être amassés<br />
par d’autres sources.<br />
La ministre d’Environnement et Changement<br />
climatique Canada, Catherine McKenna,<br />
considère que l’engagement envers le financement<br />
de contrepartie est essentiel au succès<br />
du PCZN. « Cela démontre que ce n’est pas<br />
seulement le Gouvernement qui dépense de<br />
l’argent, mais qu’il travaille avec des gens<br />
exceptionnels, comme des agriculteurs et des<br />
éleveurs, qui font des dons de terres et fournissent<br />
du financement pour le Programme. »<br />
Grâce aux fonds de contrepartie, chaque<br />
acquisition en vertu du PCZN est un partenariat,<br />
explique Mme McLaughlin. « Cela renforce<br />
l’idée que la conservation et la protection de la<br />
biodiversité sont la responsabilité de tous. »<br />
Cela facilite également le financement, car nous<br />
pouvons dire aux donateurs que chaque dollar<br />
est apparié, triplant ainsi leur impact. « Cela a<br />
été un important facteur de réussite [dans le cas<br />
de la baie Big Trout] », explique M. Davies.<br />
Pour la baie Big Trout, la contrepartie a<br />
même contribué à motiver un certain nombre<br />
de donateurs et de partenaires américains, y<br />
compris The Conservation Fund, un prêteur<br />
national pour la conservation, et les sections<br />
10 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
du Minnesota et du Wisconsin de The Nature<br />
Conservancy (É.-U.). « Ils ont tous parlé du<br />
lac Supérieur comme d’un important actif<br />
de conservation à l’échelle internationale,<br />
explique M. Davies. C’était remarquable de<br />
voir une coopération transfrontalière<br />
empreinte de tant générosité. »<br />
Pour de nombreux projets, <strong>CNC</strong> doit trouver<br />
des partenaires de financement. Dans d’autres<br />
cas, les initiatives de partenariat proviennent de<br />
gens sur le terrain.<br />
<strong>Le</strong> projet de l’estuaire de la Musquash, à<br />
moins de 20 km au sud-ouest de Saint John,<br />
au Nouveau-Brunswick, est la plus grande<br />
réserve naturelle de <strong>CNC</strong> dans l’Atlantique,<br />
et un parfait exemple de ce type d’initiative.<br />
Cette étendue sublime, verdoyante et sinueuse<br />
composée de marais salés, de tourbières, de<br />
battures, et entourée par la forêt acadienne et<br />
des milieux humides d’eau douce, est l’un des<br />
derniers estuaires entièrement fonctionnels<br />
de la baie de Fundy, et un refuge pour les<br />
espèces aquatiques, les oiseaux d’eau<br />
migrateurs et d’autres espèces animales. En<br />
2007, l’estuaire de la Musquash est devenu<br />
la sixième Zone de protection marine (ZPM)<br />
du Canada en vertu de la Loi sur les océans.<br />
L’implication de <strong>CNC</strong> dans cette région<br />
remonte à l’an 2000 environ, lorsque des<br />
résidents locaux ont commencé à faire<br />
campagne pour que l’estuaire soit désigné Zone<br />
de protection marine, afin de le protéger d’un<br />
projet de développement industriel. Puisque<br />
la désignation ZPM permet de protéger<br />
uniquement les zones marines, ils ont demandé<br />
l’aide de <strong>CNC</strong> pour protéger les terres bordant<br />
l’estuaire. Ainsi, à la désignation de la ZPM, <strong>CNC</strong><br />
avait déjà acquis près de 3 000 acres (1 200 hectares)<br />
de propriétés avoisinantes, qui ont pour<br />
la plupart été transférées au Gouvernement<br />
provincial. Cet événement marquant a également<br />
coïncidé avec le lancement du PCZN.<br />
Dans la décennie qui a suivi le lancement<br />
du Programme, <strong>CNC</strong> s’est appuyé fortement<br />
sur celui-ci pour protéger 2 000 acres (800 hectares)<br />
supplémentaires dans l’estuaire. « Ce<br />
qui est arrivé depuis 2007 a en grande partie<br />
été le fruit des dons de familles locales, explique<br />
Paula Noel, directrice de programmes de <strong>CNC</strong><br />
au Nouveau-Brunswick. Ils ont donné leurs<br />
terres et, en se basant sur leur valeur, le PCZN<br />
a couvert les autres coûts qui nous ont permis<br />
d’en prendre la charge, soit les inventaires<br />
biologiques et la collecte de données sur les<br />
espèces et les habitats. »<br />
L’estuaire de la Musquash est récemment<br />
devenu d’autant plus important, puisque le<br />
Gouvernement fédéral a intensifié ses efforts<br />
pour respecter les engagements du Canada<br />
en tant que membre de la Convention sur la<br />
diversité biologique (CDB). <strong>Le</strong>s signataires de<br />
cette convention se sont engagés à conserver<br />
au moins 17 % des terres et des eaux intérieures,<br />
et 10 % des zones côtières et marines, par des<br />
réseaux d’aires protégées et d’autres mesures<br />
de conservation efficaces axées sur des zones<br />
spécifiques, et ce, d’ici 2020. « Je crois qu’ils<br />
considèrent l’estuaire de la Musquash comme un<br />
exemple à suivre pour les ZPM, explique Mme<br />
Noel. Tout cela en raison de la participation de la<br />
collectivité qui a permis d’obtenir la désignation. »<br />
<strong>Le</strong>s efforts du Gouvernement pour<br />
atteindre les cibles de la CDB s’inscrivent<br />
dans un programme intitulé En route vers<br />
...suite à la page 18<br />
La fin de semaine du bioblitz de la baie Big Trout a permis de collecter des données<br />
qui serviront à élaborer un plan de gestion à long terme de la propriété.<br />
Entretien avec<br />
Catherine McKenna,<br />
ministre d’Environnement<br />
et Changement<br />
climatique Canada<br />
BB : Cette année, <strong>CNC</strong> célèbre le<br />
10 e anniversaire du PCZN. Comment<br />
voyez-vous les principales réussites<br />
de ce programme?<br />
CM : « Je pense qu’il est important<br />
d’établir des partenariats entre les<br />
secteurs public et privé, et c’est<br />
exactement ce qu’est le PCZN. Des<br />
mesures concrètes sont nécessaires<br />
pour protéger les milieux naturels.<br />
De 2007 à 2016, le Programme a permis<br />
de conserver 430 000 hectares de<br />
terres indispensables sur le plan<br />
écologique. Nous prévoyons que ce<br />
nombre sera bien au-delà de 500 000<br />
hectares d’ici 2019. »<br />
« <strong>Le</strong> but est vraiment de protéger<br />
des milieux naturels chers à bien des<br />
gens. Vous connecter des personnes<br />
au territoire, vous encouragez leur<br />
participation et vous les motivez à le<br />
faire et à faire partie d’un projet plus<br />
vaste. Ce ne sont pas uniquement des<br />
écologistes. Des éleveurs et des fermiers<br />
se joignent également au Gouvernement<br />
fédéral et aux provinces pour<br />
protéger des milieux naturels<br />
réellement importants. »<br />
« <strong>Le</strong>s Canadiennes et les Canadiens<br />
comprennent bien qu’il est crucial que<br />
nous protégions la beauté naturelle de<br />
notre pays. Cette idée est largement<br />
répandue à travers le pays, quelle que<br />
soit l’allégeance politique. »<br />
Pour lire la version intégrale de<br />
l’entretien avec la ministre, visitez<br />
conservationdelanature.ca/<br />
catherinemckenna<br />
Pour en savoir plus sur le bioblitz<br />
et ses résultats :<br />
conservationdelanature.ca/<br />
btbbioblitz<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 11
PROFIL<br />
D’ESPÈCE<br />
L’art du<br />
camouflage<br />
<strong>Le</strong>s pluviers siffleurs, qui se fondent dans le décor des plages où ils nichent et élèvent leurs<br />
petits, sont sensibles à la perte d'habitat et aux perturbations des rives. Voilà qui en fait une<br />
espèce en voie de disparition à l'échelle du pays.<br />
TIM ZUROWSKI.<br />
12 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
Qu’est-ce qui est noir, blanc et brun, et en voie de<br />
disparition? Si vous avez pensé au pluvier siffleur, un<br />
petit oiseau indigène d’Amérique du Nord, vous avez<br />
deviné juste! Oiseau de rivage migrateur, il pèse entre<br />
43 et 63 grammes (moins que 10 pièces de 1 dollar). On le reconnaît<br />
à son court bec orange à pointe noire et à ses pattes orange.<br />
UNE ESPÈCE EN DANGER<br />
En raison des perturbations qui affectent les rives où elles nichent, les populations<br />
de pluviers siffleurs déclinent progressivement au Canada.<br />
<strong>Le</strong>s pluviers siffleurs nichent sur les plages au printemps et en été, saison de<br />
prédilection des amateurs de plage. Dans la plupart des cas, si un oiseau se sent<br />
menacé par des humains ou par des chiens, il abandonnera son nid.<br />
Pour protéger leurs œufs et leurs oisillons, les pluviers siffleurs ont recours au<br />
camouflage. Ils s’établissent sur des plages de sable mêlé de cailloux et de brindilles, ce<br />
qui les aide à passer inaperçus. Nicher dans des espaces dégagés les rend toutefois<br />
vulnérables aux prédateurs comme le chat féral (chat retourné à l’état sauvage), le renard<br />
et le goéland. <strong>Le</strong>s ondes de tempête et les marées hautes peuvent également détruire<br />
leurs nids et tuer leurs petits.<br />
FICHE DESCRIPTIVE<br />
NOM SCIENTIFIQUE<br />
Charadrius melodus<br />
TAILLE ET POIDS<br />
De 17 à 18 cm de longueur et peut peser<br />
jusqu’à 63 g.<br />
TENDANCE DES POPULATIONS<br />
Déclin progressif au Canada.<br />
STATUT AU CANADA<br />
En voie de disparition<br />
LA POPULATION DES PRAIRIES<br />
Bien que le pluvier siffleur soit un oiseau de rivage qu’on associe au milieu côtier,<br />
20 % de sa population mondiale niche sur les rives de lacs des Prairies canadiennes.<br />
<strong>Le</strong>s Prairies abritent en effet plus de 1 000 pluviers siffleurs (principalement en<br />
Saskatchewan). En plus de conserver leur habitat, Conservation de la nature du Canada<br />
(<strong>CNC</strong>) participe tous les cinq ans au recensement international de l’espèce en fournissant<br />
les données recueillies par son personnel et des bénévoles pour la conservation.<br />
En Saskatchewan, <strong>CNC</strong> a installé des clôtures autour des aires de nidification,<br />
ajusté le taux de densité du bétail et retardé le pâturage après la saison de nidification.<br />
<strong>Le</strong> personnel de <strong>CNC</strong> dénombre les pluviers siffleurs de la propriété de Shoe Lake West<br />
depuis le premier recensement international en 1991. Au mois de juin dernier, le personnel<br />
a pu observer jusqu’à 12 adultes, dont 3 couples nicheurs, et 1 oisillon.<br />
UN GRAND RETOUR DANS LES GRANDS LACS<br />
Bien qu’ils soient rares en Ontario, les pluviers siffleurs sont toutefois connus pour<br />
se reproduire au lac des Bois (sud-ouest de la province) ainsi que sur les rives des<br />
Grands Lacs, où ils font un retour remarquable. Dans les années 1980, l’espèce a en<br />
effet presque disparu de la région des Grands Lacs et été désignée en voie de<br />
disparition en Ontario.<br />
Grâce aux mesures de protection de l’habitat et au travail d’intendance sur les plages,<br />
les pluviers siffleurs se rétablissent et se reproduisent sur plusieurs sites en bordure<br />
des lacs Ontario et Huron. <strong>CNC</strong> protège plusieurs bandes riveraines des Grands Lacs<br />
susceptibles de fournir un habitat de nidification pour l’espèce qui continue de s’y rétablir.<br />
LA POPULATION DE LA CÔTE EST<br />
Au Nouveau-Brunswick, <strong>CNC</strong> protège l’habitat de nidification du pluvier siffleur dans<br />
péninsule acadienne, plus précisément à l’île Miscou et à Tabusintac.<br />
La Nouvelle-Écosse abrite quant à elle moins de 40 couples reproducteurs, ce qui<br />
représente une diminution de plus de 25 % depuis 2001. Pour contrer ce déclin, <strong>CNC</strong><br />
protège 4 propriétés côtières sur lesquelles (ou près desquelles) se trouvent des plages<br />
où niche le pluvier siffleur. À Port Joli, dans la région de la Côte Sud, <strong>CNC</strong> protège un<br />
Aire de répartition du pluvier siffleur<br />
Sous-espèce circumcinctus (pop. intérieure)<br />
• Sous-espèce melodus (pop. de l'Atlantique)<br />
littoral fragile et unique. Grâce à des clôtures et<br />
à des panneaux installés par <strong>CNC</strong>, les amateurs<br />
de plage savent qu’ils doivent rester à l’écart<br />
des nids actifs.<br />
<strong>CNC</strong> collabore avec le ministère des<br />
Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick,<br />
avec Études d’oiseaux Canada et son<br />
Programme des gardiens des pluviers siffleurs,<br />
ainsi qu’avec d’autres organismes pour<br />
s’assurer que les oiseaux migrateurs<br />
continuent de fréquenter les côtes des<br />
provinces de l’Atlantique.<br />
Chaque année, grâce à son programme<br />
Bénévoles pour la conservation, <strong>CNC</strong> organise<br />
des activités de restauration de sites de<br />
nidification du pluvier siffleur. Des opérations<br />
de nettoyage des plages sont menées dans le<br />
but d’éliminer les déchets échoués qui risquent<br />
de nuire à la nidification du pluvier siffleur.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 13
<strong>CNC</strong><br />
À L’ŒUVRE<br />
1<br />
Acquisition stratégique<br />
EAST KOOTENAY, COLOMBIE-BRITANNIQUE<br />
1<br />
2<br />
Partenaires pour la<br />
conservation<br />
<strong>Le</strong> Programme de conservation des zones naturelles (PCZN)<br />
fournit également du financement pour des projets de<br />
Canards Illimités Canada. Une somme supplémentaire de<br />
5 millions de dollars est aussi disponible pour d’autres<br />
organismes en conservation, et ce, grâce au Programme<br />
pour les autres organismes qualifiés (AOQ) du PCZN.<br />
conservationdelanature.ca/aoq<br />
3<br />
4<br />
Cette propriété de 170 acres<br />
(70 hectares) acquise par The Nature<br />
Trust of British Columbia, grâce au<br />
financement reçu dans le cadre du<br />
Programme pour les AOQ, est située a<br />
C.-B.<br />
1,5 kilomètre au nord de la confluence<br />
des rivières Bull et Kootenay. Elle<br />
constitue un important corridor de<br />
prairies et de forêts ouvertes reliant les<br />
terres de la Couronne situées au nord<br />
et au sud de la propriété.<br />
L’acquisition de cette propriété permet de réduire le<br />
risque de transmission de maladies du bétail aux mouflons<br />
d’Amérique, tout en protégeant l’habitat hivernal des<br />
wapitis et des cerfs ainsi que l’habitat du blaireau d’Amérique,<br />
une espèce en voie de disparition.<br />
« Cette propriété représente un ajout fort intéressant<br />
aux terres de conservation existantes de la région du cours<br />
inférieur de la rivière Bull », déclare Jasper Lament, chef<br />
de la direction de The Nature Trust of British Columbia.<br />
« La propriété sert d’habitat hivernal aux mouflons<br />
d’Amérique. Son emplacement contigu à trois autres<br />
terres protégées en fait une acquisition très importante<br />
sur le plan stratégique. »<br />
<strong>Le</strong> corridor de Bull River, protégé grâce au Programme pour les AOQ,<br />
constitue un corridor faunique et un habitat d’importance pour le wapiti,<br />
le cerf et le mouflon d’Amérique (ci-dessus).<br />
MINDEN. THE NATURE TRUST OF BC.<br />
14 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
La réserve naturelle de Noloqonokek/Nələkwənəkek fait partie de Grand<br />
Lake Meadows, le plus vaste complexe de milieux humides d’eau douce<br />
du Canada atlantique, qui couvre 12 360 acres (5 000 hectares).<br />
ONT.<br />
2<br />
SASK.<br />
3<br />
4<br />
N.-B.<br />
MINDEN. FONDATION POUR LA PROTECTION DES SITES NATURELS DU NOUVEAU-BRUNSWICK<br />
Riches<br />
milieux humides<br />
ENTENTE DE CONSERVATION<br />
BUSHFIELD, SASKATCHEWAN<br />
<strong>Le</strong>s collines Allan (Allan Hills) se<br />
trouvent à une cinquantaine de<br />
kilomètres au sud de Saskatoon.<br />
En raison de son grand nombre<br />
de milieux humides, cette zone<br />
abrite jusqu’à 60 couples de<br />
sauvagine reproductrice par mille 2<br />
(environ 23 couples au km 2 ),<br />
dont jusqu’à 10 couples de<br />
canards pilets, une espèce dont<br />
la population nord-américaine<br />
a chuté de 70 % de 1966 à 2012.<br />
<strong>Le</strong> développement agricole et<br />
municipal a eu des incidences sur<br />
les milieux humides de la région.<br />
Heureusement, Canards Illimités<br />
Canada a récemment annoncé,<br />
avec des agriculteurs fortement<br />
sensibilisés à ces enjeux, un projet<br />
de conservation dans le secteur.<br />
L’entente de conservation Bushfield<br />
permettra de protéger 3 000 acres<br />
(1 200 hectares) supplémentaires<br />
de milieux humides et de prairies<br />
dans les collines Allan.<br />
Canards Illimités Canada est<br />
un partenaire précieux et efficace<br />
depuis le lancement du PCZN.<br />
En vertu de ce programme,<br />
l’organisme a assuré, depuis 2007,<br />
la conservation de plus de<br />
158 150 acres (64 000 hectares) de<br />
terres dans le cadre de 569 projets.<br />
Bassin versant<br />
en péril<br />
RIVIÈRE SYDENHAM, ONTARIO<br />
Protégée par Ontario Nature avec<br />
l’appui du Programme pour les<br />
AOQ, cette propriété de 190 acres<br />
(80 hectares) fournit des habitats<br />
d’importance pour des espèces<br />
sauvages dans un bassin versant<br />
où près de 85 % des terres sont<br />
cultivées. La propriété protège<br />
une section du bras principal de<br />
la rivière Sydenham, des plaines<br />
d’inondation et des forêts<br />
dominées par l’érable à sucre et<br />
le hêtre à grandes feuilles. La<br />
rivière Sydenham est reconnue<br />
pour sa richesse en espèces<br />
aquatiques et contient la plus<br />
grande diversité de moules<br />
d’eau douce de tous les bassins<br />
hydrographiques du Canada.<br />
Plus de 10 espèces aquatiques<br />
en péril y ont été répertoriées,<br />
dont le dard de sable et le fondule<br />
rayé, deux poissons, ainsi que<br />
la mulette du Necture, une moule.<br />
Cette section de la rivière est<br />
également l’un des trois seuls<br />
endroits dans le monde où<br />
l’épioblasme ventrue (une moule)<br />
est encore saine et se reproduit.<br />
<strong>Le</strong>s autres espèces en péril<br />
trouvées sur la propriété incluent<br />
la paruline azurée, le pic à tête<br />
rouge, le frêne bleu et le<br />
chicot févier.<br />
Diversité en<br />
eau douce<br />
ÎLE MIDDLE,<br />
NOUVEAU-BRUNSWICK<br />
<strong>Le</strong> nom de la réserve naturelle<br />
de Noloqonokek/Nələkwənəkek,<br />
située sur l’île Middle, dans le<br />
cours inférieur de la rivière<br />
Saint-Jean (près de Maugerville),<br />
est inspiré du nom traditionnel de<br />
l’île, soit Wolastoqiyik/Wəlastəkwiyik.<br />
Grâce au Programme pour<br />
les AOQ, la Fondation pour la<br />
protection des sites naturels du<br />
Nouveau-Brunswick a acquis la<br />
nouvelle réserve de 170 acres<br />
(70 hectares) pour protéger sa<br />
forêt inondable et ses milieux<br />
humides d’importance provinciale.<br />
<strong>Le</strong>s milieux humides et les<br />
rives abritent une diversité de<br />
plantes, d’oiseaux, d’amphibiens<br />
et d’espèces aquatiques, dont la<br />
lampsile jaune et la leptodée<br />
ocre, deux espèces de moules<br />
rares à l’échelle mondiale.<br />
Située à 2 kilomètres au<br />
sud de la réserve nationale de<br />
faune du Ruisseau-Portobello<br />
(5 300 acres / 2 150 hectares),<br />
créée en 1995, l’île Middle assure<br />
désormais la conservation à long<br />
terme d’un riche habitat à<br />
proximité de cette réserve<br />
nationale de faune.1<br />
Pleins feux sur<br />
les partenaires<br />
Cette année, Conservation<br />
de la nature Canada présente<br />
Ici, on parle nature (NatureTalks),<br />
une série de conférences<br />
pancanadienne.<br />
Ici, on parle nature propose des<br />
soirées inspirantes, animées par<br />
un panel diversifié d’experts. Ces<br />
conférences incitent les collectivités<br />
à se réunir pour explorer et aborder<br />
la nature en tant que ressource,<br />
source d’inspiration et de vie.<br />
<strong>Le</strong>s conférences Ici, on parle nature<br />
sont offertes en partie grâce à<br />
notre commanditaire présentateur,<br />
Groupe financier Banque TD,<br />
par l’entremise du projet Espaces<br />
pour tous TD. Pour souligner le<br />
150 e anniversaire du Canada, TD<br />
contribue cette année à aménager<br />
un patrimoine de 150 espaces verts<br />
partout au pays grâce au projet<br />
#EspacesPourTousTD.<br />
Procurez-vous des billets (places<br />
limitées) et renseignez-vous<br />
sur les conférenciers et les villes<br />
prévues au calendrier, en<br />
visitant conservationdelanature.ca/<br />
icionparlenature<br />
Ici, on parle nature<br />
SÉRIE DE CONFÉRENCES<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 15
UNE FORCE POUR<br />
LA NATURE<br />
Pouvoir<br />
collectif<br />
À titre de directeur général du Kawartha Land Trust, Mike Hendren<br />
œuvre à protéger l’avenir des paysages naturels où il se sent chez lui.<br />
NEIL EVER OSBORNE.<br />
16 AUTOMNE <strong>2017</strong> conservationdelanature.ca
Quand Mike Hendren pense à son endroit préféré<br />
dans la nature, il s’imagine dans l’est de la région des<br />
lacs Kawartha, en Ontario, sur les rives du lac Stony.<br />
« J’adore l’eau, j’aime m’y baigner ou tout simplement<br />
la contempler », explique-t-il. « La rive est un lieu d’interaction<br />
privilégié pour la biodiversité et où les choses prennent vie ».<br />
NEIL EVER OSBORNE.<br />
<strong>Le</strong> lac Stony est bordé par deux rives : celle au nord est constituée de roches de<br />
granit, et celle au sud d’un mélange granuleux de sable et d’argile. Chaque rive<br />
témoigne de la géologie diversifiée des lacs Kawartha, une région dont la protection<br />
passionne Mike Hendren.<br />
« On trouve ici une telle diversité de paysages. Il y a la moraine d’Oak Ridges<br />
au sud, la plaine calcaire au centre, et le Bouclier canadien au nord. En raison de<br />
sa proximité avec la plus grande région métropolitaine du Canada, Toronto, et le<br />
développement incessant à l’intérieur et autour de celle-ci, il est évident que cette<br />
région change et évolue. »<br />
À titre de directeur général du Kawartha Land Trust (KLT), sa compréhension<br />
de la conservation des terres s’est développée, selon ses propres mots, de façon<br />
progressive. Alors qu’il envisageait à l’origine de devenir avocat spécialisé en<br />
environnement, Mike Hendren a décidé de mettre son expérience professionnelle<br />
et sa maîtrise en urbanisme au service de la protection de terres.<br />
« Je préférais être associé à une communauté vouée à la conservation des<br />
terres », explique M. Hendren. « L’organisme, tout comme moi, en était encore à<br />
ses débuts quand j’ai joint l’équipe en 2010. On m’a donné l’occasion d’en être le<br />
directeur général et, par le fait même, d’apprendre “sur le tas”. J’ai eu la chance<br />
que mon prédécesseur et les autres membres de l’organisme aient déjà construit<br />
une base solide sur laquelle je pouvais travailler. »<br />
En tout, le KLT a contribué à la protection de 26 propriétés dans la région<br />
des lacs Kawartha. L’organisme a également assisté des douzaines de propriétaires<br />
dans la gestion et la conservation de leurs terres. M. Hendren affirme<br />
que l’organisme prévoit doubler le nombre d’aires protégées au cours des<br />
10 prochaines années.<br />
« Ce que nous faisons en tant qu’organismes en conservation me plaît grandement,<br />
sachant que le travail accompli aujourd’hui pour la protection des terres est<br />
là pour de bon. Bien qu’on ait parfois l’impression que les choses ne progressent<br />
pas assez rapidement, ce que nous avons réalisé jusqu’à présent est permanent. »<br />
La conservation des terres est l’une<br />
des façons d’assurer l’avenir des<br />
paysages naturels.<br />
Mike Hendren attribue la réussite de nombreux projets de conservation menés<br />
au Canada, en particulier ceux de plus petits organismes, au Programme de<br />
conservation des zones naturelles (PCZN).<br />
« <strong>Le</strong> PCZN a fait de la conservation des terres une plus grande priorité et<br />
comporte des critères qui font en sorte que d’autres ressources doivent être<br />
déployées, en particulier avec le programme de fonds de contrepartie. Cela a mené<br />
de plus petits groupes de conservation à un autre niveau. »<br />
« Nous avons eu accès à du financement<br />
dans le cadre du Programme pour les autres<br />
organismes qualifiés pour notre projet Big<br />
Island sur le lac Pigeon, explique Mike<br />
Hendren. Cela a été un levier important à un<br />
moment clé de notre évolution. La réalisation<br />
de ce grand projet emblématique a accru notre<br />
influence, notre notoriété et nos possibilités de<br />
conservation, et ce, à tous les niveaux. »<br />
Bien que le Canada ait de nombreux<br />
succès à son actif en matière de conservation,<br />
Mike Hendren croit qu’il faut en faire<br />
davantage pour protéger les terres à travers<br />
le pays. Pour faire progresser la conservation<br />
des territoires de façon efficace, nous devons<br />
revoir nos façons de l’utiliser, affirme-t-il.<br />
« Quatre-vingt-cinq pour cent des propriétés<br />
de la région des lacs Kawartha sont<br />
privées. Je pense que notre région ne représente<br />
qu’un minuscule échantillon des grands<br />
enjeux auxquels fait face le sud du Canada.<br />
Pour avoir un impact, il ne s’agit pas seulement<br />
de protéger quelques zones clés, mais<br />
d’établir un réseau d’aires naturelles pour<br />
toute une région. »<br />
Avec la volonté de la communauté, Mike<br />
Hendren croit que ces aspirations peuvent<br />
devenir une réalité.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
AUTOMNE <strong>2017</strong> 17
...suite de la page 11<br />
l’objectif 1 du Canada, dont le texte est adapté<br />
des Objectifs d’Aichi pour la biodiversité de la<br />
Convention sur la diversité biologique.<br />
En ce qui concerne les terres, Lisa<br />
McLaughlin affirme que le PCZN contribue à ce<br />
que le Canada se rapproche de sa cible de 17 %<br />
en favorisant la conservation de terres privées<br />
dans les zones les plus développées du sud du<br />
pays. « <strong>Le</strong>s outils du Gouvernement fédéral<br />
sont extrêmement efficaces sur de vastes<br />
superficies; les outils dont <strong>CNC</strong> dispose sont<br />
toutefois conçus pour les territoires fragmentés<br />
du sud, explique-t-elle. Ainsi, le PCZN soutient<br />
le Canada dans ses efforts pour atteindre ses<br />
objectifs nationaux et internationaux, ce qui<br />
aurait été peu probable sans cela. »<br />
Mme McKenna reconnaît que la collaboration<br />
entre des « partenaires inhabituels », y<br />
compris des organismes de conservation<br />
privés, des organismes sans but lucratif, des<br />
communautés autochtones et des éleveurs,<br />
est essentielle pour atteindre les objectifs du<br />
programme En route vers l’objectif 1 du<br />
Canada. « [Nous] réunissons toutes les parties,<br />
des peuples autochtones, aux éleveurs, aux<br />
organismes sans but lucratif, et ce, afin<br />
d’élaborer la marche à suivre pour atteindre ces<br />
objectifs, en plus d’avoir recours à notre comité<br />
consultatif [sur lequel siège John Lounds,<br />
président et chef de la direction de <strong>CNC</strong>]. »<br />
Conserver à l’échelle locale<br />
<strong>Le</strong> projet de <strong>CNC</strong> à Fort Ellice, sur la rivière<br />
Assiniboine dans l’ouest du Manitoba, est<br />
un autre exemple de la façon dont le PCZN<br />
favorise la réussite d’un projet. Cette<br />
propriété de 3 500 acres (1 420 hectares)<br />
présente une forte concentration d’espèces<br />
menacées et une grande diversité d’habitats<br />
de prairies. Toutefois, comme son nom le<br />
suggère, le Fort Ellice est également un site<br />
culturel d’importance. En 1831, C.T. William<br />
Todd y a en effet établi un poste de traite de<br />
la Compagnie de la Baie d’Hudson.<br />
Kevin Teneycke, directeur de la conservation<br />
pour <strong>CNC</strong> au Manitoba, explique que les<br />
documents de la Compagnie de la Baie d’Hudson<br />
indiquent également que de nombreux peuples<br />
autochtones établissaient leurs camps dans les<br />
environs pendant la saison hivernale. En fait, la<br />
valeur du site pour la Première nation locale est<br />
telle qu’elle y tient chaque année une cérémonie<br />
du lever du soleil, lors du solstice d’été. Cet<br />
arrangement conclu avec les anciens propriétaires<br />
de la terre a été respecté par <strong>CNC</strong> depuis<br />
son acquisition, en 2012.<br />
<strong>CNC</strong> prévoit d’ailleurs en faire plus pour<br />
reconnaître l’importance historique et culturelle<br />
du site. Selon M. Teneycke, <strong>CNC</strong> travaille avec<br />
la collectivité locale et une société de développement<br />
économique de la région pour établir<br />
« un site d’interprétation à faible impact et à<br />
entretien minime » pour mettre en valeur<br />
l’importance écologique et historique du site.<br />
<strong>Le</strong> soutien aux efforts locaux de conservation<br />
sous-tend également l’administration, par<br />
<strong>CNC</strong>, de la portion du PCZN qui est réservée<br />
aux plus petits organismes de conservation à<br />
travers le pays, en vertu du Programme pour les<br />
autres organismes qualifiés (AOQ).<br />
Un des organismes bénéficiaires du<br />
Programme pour les AOQ, le Kawartha Land<br />
Trust (KLT) de Peterborough, en Ontario,<br />
a permis de protéger 26 propriétés jusqu’à<br />
présent dans la région des lacs Kawartha. En<br />
2015, le KLT a reçu 108 000 $ en financement<br />
de ce programme. Ces fonds se sont avérés<br />
cruciaux pour réaliser la plus grande acquisition<br />
de l’histoire de l’organisme : l’île Big dans le<br />
lac Pigeon, d’une superficie de 1 100 acres (450<br />
hectares), au coût total de 6 millions de dollars.<br />
« <strong>Le</strong> propriétaire a donné la terre, tandis<br />
que les fonds de l’AOQ ont permis de voir<br />
aux évaluations, aux ressources humaines, à<br />
l’argentage et aux frais juridiques. Toutes ces<br />
choses sont nécessaires pour parachever un<br />
projet, mais ce n’est pas toujours attrayant aux<br />
yeux des donateurs », explique le directeur<br />
général du KLT, Mike Hendren.<br />
M. Hendren croit fermement que le PCZN est<br />
un bon programme qui doit continuer. « En fait,<br />
j’espère qu’il sera élargi, dit-il. Au cours des cinq<br />
à dix dernières années, la communauté canadienne<br />
des organismes de conservation s’est<br />
beaucoup développée. Nous sommes désormais<br />
en meilleure posture pour utiliser ce soutien. »<br />
Bien que les activités de <strong>CNC</strong> se déroulent<br />
à une plus grande échelle, Mme McLaughlin<br />
attribue au PCZN le mérite d’avoir entraîné, de<br />
la même manière, une évolution des activités<br />
de l’organisme au cours des dix années qui ont<br />
suivi la création du Programme.<br />
« Nous avons établi un processus de<br />
financement des activités de conservation basé<br />
sur la science, explique-t-elle. Par conséquent,<br />
lorsque <strong>CNC</strong> s’investit dans une région, nous<br />
disposons déjà de données scientifiques et nous<br />
avons déterminé les sites les plus indispensables<br />
sur le plan écologique. Ainsi, nos<br />
conversations avec la collectivité sont d’une<br />
autre nature. Que nos discussions portent sur<br />
le caractère irremplaçable d’un habitat ou la<br />
construction d’un corridor ou d’un réseau<br />
permettant aux animaux et aux plantes de se<br />
déplacer, nous aidons désormais les personnes<br />
à entrer en contact avec le territoire d’une<br />
manière plus concrète pour tous. »<br />
La baie Big Trout est un bon exemple. <strong>Le</strong><br />
bioblitz de cet été a en effet permis d’identifier<br />
le nombre remarquable de 532 espèces de<br />
plantes, d’oiseaux, d’insectes, de mammifères<br />
et d’autres animaux. Selon Gary Davies, ces<br />
données « permettront à <strong>CNC</strong> d’élaborer un<br />
bon plan de gestion de la propriété ». Un aspect<br />
important du plan est qu’il comprendra un<br />
sentier, des panneaux d’interprétation et qu’il<br />
offrira des activités pour la population de la<br />
région de Thunder Bay. « Nous voulons que les<br />
gens apprécient la propriété et les avantages qui<br />
découlent de sa protection », dit M. Davies.<br />
Selon Lisa McLaughlin, la création de telles<br />
occasions pour les Canadiens est l’une des plus<br />
importantes mesures qui ont mené à la réussite<br />
du PCZN. « Ils en apprennent plus sur ce qui<br />
fait le caractère spécial de leur communauté. Je<br />
pense aussi que cela accroît la sensibilisation<br />
et favorise une éthique de la conservation.<br />
L’ensemble des retombées du Programme aura<br />
un effet durable, tout comme la conservation<br />
à long terme des terres. »1<br />
Gauche : Une large portion de l’estuaire de la Musquash<br />
est maintenant protégée grâce aux efforts de membres<br />
de la collectivité locale. Droite : Ancien poste de traite<br />
de la Compagnie de la Baie d’Hudson, le Fort Ellice est un<br />
18 AUTOMNE <strong>2017</strong> site culturel d’importance.<br />
conservationdelanature.ca
NOTRE<br />
VRAIE<br />
NATURE<br />
Notre pays compte une multitude de milieux naturels parmi les plus<br />
exceptionnels au monde. C’est ce qui fait du Canada ce qu’il est,<br />
et c’est pourquoi nous œuvrons depuis plus de 50 ans à protéger<br />
ces espaces naturels irremplaçables et la faune qu’ils abritent.<br />
Joignez-vous à nous pour la protection du patrimoine<br />
naturel canadien à conservationdelanature.ca
DE VOS<br />
NOUVELLES<br />
La nature à deux pas de chez vous<br />
« Par un beau jour chaud et ensoleillé<br />
de juillet, j’ai longé à vélo le bas des<br />
falaises de Scarborough avec un<br />
ami. Nous étions sur une route<br />
construite il y a des années pour<br />
freiner l’érosion des falaises, certaines<br />
hautes de 90 m, par les vagues du<br />
lac Ontario.<br />
Cette région naturelle se trouve à<br />
moins de 17 kilomètres du centre-ville de Toronto. C'est un autre monde :<br />
couvert forestier luxuriant jusqu’au pied des falaises, pluviers kildir virevoltant,<br />
hirondelles de rivage entrant et sortant de leurs nids juchés sur les parois<br />
sablonneuses, un faucon tournoyant à la recherche d’une proie, et d’omniprésents<br />
goélands survolant le lac.<br />
Je suis convaincu que très peu de Canadiens, et encore moins de Torontois,<br />
ont déjà vu ou même entendu parler de cette « nature sauvage » sur les rives<br />
du lac Ontario, si proche de Toronto. On pourrait aisément croire que je suis<br />
en train de décrire une propriété de <strong>CNC</strong>, mais il s’agit en fait d’une terre appartenant<br />
en grande partie à l’Office de conservation de la région de Toronto.<br />
Ce projet de conservation me rappelle la mission de <strong>CNC</strong> : trouver, acheter,<br />
protéger et gérer des parcelles de terre, et y préserver la flore et la faune<br />
présentes, afin que les générations actuelles et futures puissent en profiter.<br />
Je ne peux pas exprimer l’intensité de ce que je ressens quand je me retrouve<br />
en présence des merveilles de la nature, comme en ce jour de juillet. En participant<br />
à un programme de dons de <strong>CNC</strong>, je peux, à ma façon, passer le mot à<br />
d’autres en espérant susciter leur intérêt pour la nature et les sensibiliser à la<br />
nécessité de contribuer à sa protection. »<br />
~ Stuart Logan est membre du cercle La nature en héritage de<br />
<strong>CNC</strong>. Il vit à Ajax, en Ontario.<br />
Partagez vos histoires avec nous à <strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />
Valeurs familiales<br />
« Je suis tombé amoureux de <strong>CNC</strong> en réalisant<br />
un projet portant sur les organismes<br />
de conservation au Canada, pendant mon<br />
baccalauréat à l’Université de Toronto. Un<br />
de mes favoris était <strong>CNC</strong> en raison de<br />
son travail discret et efficace de protection<br />
de nombreuses propriétés présentant une<br />
nature magnifique et fonctionnelle, et ce,<br />
sans être des parcs naturels.<br />
Pour ma famille et moi, donner à <strong>CNC</strong> et à<br />
d’autres organismes sur une base régulière<br />
n’est pas qu’un simple acte de charité, mais<br />
une manière de témoigner notre reconnaissance.<br />
Nous voyons ces contributions comme<br />
un moyen d’atténuer nos impacts involontaires<br />
sur la nature, et une façon de faire participer nos<br />
parents et amis. Depuis plus de 10 ans, nous leur<br />
offrons des calendriers et des cadeaux symboliques<br />
dans le cadre d’un programme de dons de<br />
<strong>CNC</strong>. Parents et amis aiment l’idée de contribuer<br />
eux aussi à la protection d'un beau coin de pays<br />
encore sauvage. »<br />
~ Kai M.A. Chan, Ph. D., vit à Vancouver,<br />
C.-B. Donateur de <strong>CNC</strong> depuis 20 ans,<br />
M. Chan verse des dons dans le cadre d'un<br />
programme spécifique depuis 10 ans (Gifts<br />
of Canadian Nature).<br />
STUART LOGAN, AVEC LA PERMISSION DE KAI M.A. CHAN.<br />
CONSERVATION DE LA NATURE CANADA<br />
55, avenue du Mont-Royal Ouest, bureau 1000, Montréal (Québec) H2T 2S6<br />
RE ID<br />
E 17 A3