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suite de la page 6<br />
comme SKEMA ou privées. Dans ce contexte comment<br />
pouvez-vous faire front commun contre des décisions qui<br />
vous handicapent ?<br />
A. G : Notre enjeu commun est le rayonnement du modèle français.<br />
Nous devons être unis notamment sur la taxe d’apprentissage.<br />
Nous devons être soudés pour faire face à la concurrence<br />
internationale de grandes universités comme Fudan ou le Massachussetts<br />
Institute of Technology (MIT).<br />
O. R : Pour mieux peser faut-il créer un syndicat des<br />
écoles de management comme vient de le proposer le directeur<br />
général de Grenoble EM et président du chapitre<br />
des écoles de management de la Conférence des grandes<br />
écoles, Loïck Roche ?<br />
A. G : Je ne suis pas opposée à l’idée d’un syndicat mais<br />
aujourd'hui la Conférence des grandes écoles unit toutes les<br />
grandes écoles et sa présidente, Anne-Lucie Wack, fait un travail<br />
remarquable. Il faut lui donner de véritables moyens de lobbying,<br />
que ce soit à Paris ou à Bruxelles. Et pour cela, pour ne pas se<br />
retrouver dépassés par des idéologues qui persuadent la puissance<br />
publique que l’année de césure est un emploi déguisé, il<br />
nous faut des professionnels.<br />
O. R : Il vous faut des moyens pour vous développer et<br />
SKEMA les a trouvés dans son développement international.<br />
Notamment en recrutant de plus en plus d’étudiants<br />
internationaux qui représentent aujourd'hui 40 % des<br />
effectifs.<br />
A. G : Faire venir des étudiants internationaux c’est un modèle<br />
qui fonctionne mais prend du temps à se mettre en place.<br />
Comme nous l’avons fait il faut déjà commencer par envoyer ses<br />
propres étudiants à l’étranger pour créer de véritables campus.<br />
Aujourd'hui le système est bien rodé et nous sommes submergés<br />
de candidatures d’étudiants internationaux de bon niveau :<br />
11000 pour 1000 places. Nous le devons notamment au formidable<br />
travail aux États-Unis, en Chine ou au Brésil de notre<br />
équipe admissions menée par Benoît Anger.<br />
O. R : La croissance du chiffre d’affaires de SKEMA –<br />
83 M€ cette année, 100 millions dans les trois ans - va venir<br />
essentiellement de cette augmentation de vos effectifs<br />
d’étudiants internationaux ?<br />
A. G : Nous visons une croissance de plus en plus qualitative.<br />
Notre montée en puissance ne se fera pas au rythme de celle<br />
des candidatures. Dans les 100 millions d’euros que nous visons<br />
à l’échéance 2021 une grande partie viendra également de l’executive<br />
education. Aux États-Unis nous pouvons encore augmenter<br />
nos frais de scolarité qui sont très modestes si on les compare<br />
Qui est Alice Guilhon ?<br />
Un sourire. Quand on pense à Alice Guilhon c’est<br />
d’abord son sourire qui vous revient. Eclatant.<br />
Puis une équipe. Celle qui l’entoure. Soudée.<br />
Alice Guilhon sait s’entourer de cadres qui<br />
partagent sa vision. Et sa détermination. Il lui en a<br />
fallu pour réaliser d’abord la fusion Ceram / ESC<br />
Lille puis développer ses campus à l’étranger.<br />
Le tout après un parcours académique classique.<br />
Titulaire d’un DEA et d’un doctorat en sciences de<br />
gestion, Alice Guilhon enseigne d’abord à<br />
l’université de la Méditerranée, de 1994 à 2000,<br />
avant d’intégrer le Ceram dont elle devient doyenne<br />
de la recherche, puis directrice déléguée.<br />
DIRECTEUR / TRICE DE L’ANNÉE<br />
aux 25000 $ annuels qu’un étudiant doit débourser pour suivre<br />
un bachelor dans l’université de North Carolina, qui est voisine de<br />
notre campus de Raleigh.<br />
O. R : Parlons plus précisément de votre programme<br />
grande école. Comment va-t-il évoluer ?<br />
A. G : Là aussi nous voulons être de plus en plus qualitatifs avec<br />
une sélectivité qui augmente de 0,2 point chaque année. Notre<br />
PGE est une pépite qui reçoit 500 étudiants issus de prépas pour<br />
100 admis sur titre.<br />
O. R : Tout un travail est réalisé en ce moment entre une<br />
quinzaine d’écoles de management et les professeurs de<br />
l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires<br />
économiques et commerciales) sur la notion de<br />
continuum entre les CPGE et les grandes écoles. Un travail<br />
dans lequel SKEMA et vous-même jouez un rôle majeur,<br />
par exemple avec la définition d’un cursus « 2+1+2 »…<br />
A. G : Il nous faut avant tout communiquer sur la réalité d’un<br />
cursus en cinq ans. Dans ce cadre l’année de pré-master<br />
entre les deux années de prépas et les deux années de master,<br />
est une sorte d’année « sas ». Après plusieurs années où ils<br />
ont suivi 1000 heures de cours par an, les étudiants doivent à<br />
la fois décompresser et découvrir une vie associative qui va<br />
les restructurer. Il faut isoler cette année pour y placer plus de<br />
cours connectés à la classe préparatoire, de l’économie, de la<br />
philosophie, de la géopolitique, au-delà du marketing et de la<br />
comptabilité.<br />
C’est aussi pour cela que nous faisons venir des professeurs<br />
comme Emmanuel Combe, dont le « Précis d’économie » est une<br />
référence pour tout élève de prépa, et dont les étudiants boivent<br />
littéralement les paroles. Même chose avec les cours de géopolitique<br />
de Frédéric Munier. Depuis cette année nous proposons<br />
ainsi toute une nouvelle offre de cours dans la continuité de la<br />
prépa. Nos étudiants suivent plus de cours et en sont ravis. Tout<br />
l’objectif est de faire de cette « année 1 » à la fois une année<br />
de continuité et de rupture pour préparer progressivement nos<br />
étudiants à intégrer le cycle master.<br />
Mais encore une fois notre travail c’est de dispenser un cycle en<br />
5 ans tous ensemble, classes prépas et grandes écoles.<br />
O. R : Plusieurs écoles ont fait évoluer ces dernières années<br />
la manière dont se déroulent leurs oraux des<br />
concours. Réfléchissez-vous également à des évolutions ?<br />
A. G : Comment juge-t-on des candidats ? Comment estime-t-on<br />
la façon dont ils se projettent au-delà de leur choix d’école ? Cela<br />
ne peut pas être par une énième validation de leur analyse de<br />
l’œuvre de Sartre. Nous pourrions les faire travailler en groupes<br />
sur des cas pratiques. Et en amont du concours nous pourrions<br />
les faire accompagner des dirigeants ou leur proposer des stages<br />
pour mieux leur faire appréhender ce que leur apportera leur<br />
future école. Nous voulons bien être une école pilote pour tester<br />
ces nouvelles formes de préparation et de passage du concours.<br />
O. R : Les écoles de management sont ouvertes au monde<br />
mais est-ce si facile que cela de faire travailler ensemble<br />
des étudiants venus du monde entier ? Et notamment des<br />
étudiants français issus de prépas…<br />
A. G : Les étudiants français ne sont clairement pas préparés à<br />
recevoir des étudiants étrangers. Nous devons les y forcer en les<br />
mélangeant dans des groupes interculturels sinon ils restent avec<br />
leurs amis de prépas. Cela fait aussi partie de notre travail de les<br />
brasser avec toutes les nationalités. Les classes préparatoires<br />
sont un univers très homogène qui doit s’ouvrir au monde réel.<br />
→→<br />
Bientôt deux<br />
nouveaux campus ?<br />
Au Brésil, Skema sera<br />
bientôt la première<br />
business school étrangère<br />
à dispenser un diplôme<br />
brésilien. Avec d’autres<br />
programmes adaptés au<br />
marché local : « Nous ne<br />
sommes pas Coca Cola<br />
qui propose le même<br />
produit partout mais nous<br />
nous adaptons à chaque<br />
réalité locale », rappelle<br />
Alice Guilhon. Prochains<br />
objectifs dans les cinq<br />
ans : l’Afrique - « Nous<br />
n’avons pas encore fixé<br />
de pays car tout bouge<br />
très vite mais nous allons<br />
tout de suite développer<br />
des doubles diplômes au<br />
Benin » - mais aussi la<br />
Russie.<br />
→→<br />
Cap sur la recherche<br />
L’embauche du professeur<br />
« star » Florencio Lopez<br />
de Silanes avait quelque<br />
peu ému la planète écoles<br />
de management quand il<br />
avait quitté l’Edhec pour<br />
Skema en février <strong>2017</strong>.<br />
Alice Guilhon n’entend<br />
pas en rester là et prévoit<br />
de recruter quatre autres<br />
professeurs « stars ». 17<br />
nouveaux professeurs<br />
ont déjà été embauchés<br />
en <strong>2017</strong> portant le total<br />
à 250.<br />
Pour une école mono-site qui n’a pas beaucoup bougé depuis<br />
longtemps c’est très difficile alors que notre fusion et nos >>> suite page 8<br />
L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | HS N°3