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Essentiel Prépas Hors-Série n°3 - 22 décembre 2017

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suite de la page 6<br />

comme SKEMA ou privées. Dans ce contexte comment<br />

pouvez-vous faire front commun contre des décisions qui<br />

vous handicapent ?<br />

A. G : Notre enjeu commun est le rayonnement du modèle français.<br />

Nous devons être unis notamment sur la taxe d’apprentissage.<br />

Nous devons être soudés pour faire face à la concurrence<br />

internationale de grandes universités comme Fudan ou le Massachussetts<br />

Institute of Technology (MIT).<br />

O. R : Pour mieux peser faut-il créer un syndicat des<br />

écoles de management comme vient de le proposer le directeur<br />

général de Grenoble EM et président du chapitre<br />

des écoles de management de la Conférence des grandes<br />

écoles, Loïck Roche ?<br />

A. G : Je ne suis pas opposée à l’idée d’un syndicat mais<br />

aujourd'hui la Conférence des grandes écoles unit toutes les<br />

grandes écoles et sa présidente, Anne-Lucie Wack, fait un travail<br />

remarquable. Il faut lui donner de véritables moyens de lobbying,<br />

que ce soit à Paris ou à Bruxelles. Et pour cela, pour ne pas se<br />

retrouver dépassés par des idéologues qui persuadent la puissance<br />

publique que l’année de césure est un emploi déguisé, il<br />

nous faut des professionnels.<br />

O. R : Il vous faut des moyens pour vous développer et<br />

SKEMA les a trouvés dans son développement international.<br />

Notamment en recrutant de plus en plus d’étudiants<br />

internationaux qui représentent aujourd'hui 40 % des<br />

effectifs.<br />

A. G : Faire venir des étudiants internationaux c’est un modèle<br />

qui fonctionne mais prend du temps à se mettre en place.<br />

Comme nous l’avons fait il faut déjà commencer par envoyer ses<br />

propres étudiants à l’étranger pour créer de véritables campus.<br />

Aujourd'hui le système est bien rodé et nous sommes submergés<br />

de candidatures d’étudiants internationaux de bon niveau :<br />

11000 pour 1000 places. Nous le devons notamment au formidable<br />

travail aux États-Unis, en Chine ou au Brésil de notre<br />

équipe admissions menée par Benoît Anger.<br />

O. R : La croissance du chiffre d’affaires de SKEMA –<br />

83 M€ cette année, 100 millions dans les trois ans - va venir<br />

essentiellement de cette augmentation de vos effectifs<br />

d’étudiants internationaux ?<br />

A. G : Nous visons une croissance de plus en plus qualitative.<br />

Notre montée en puissance ne se fera pas au rythme de celle<br />

des candidatures. Dans les 100 millions d’euros que nous visons<br />

à l’échéance 2021 une grande partie viendra également de l’executive<br />

education. Aux États-Unis nous pouvons encore augmenter<br />

nos frais de scolarité qui sont très modestes si on les compare<br />

Qui est Alice Guilhon ?<br />

Un sourire. Quand on pense à Alice Guilhon c’est<br />

d’abord son sourire qui vous revient. Eclatant.<br />

Puis une équipe. Celle qui l’entoure. Soudée.<br />

Alice Guilhon sait s’entourer de cadres qui<br />

partagent sa vision. Et sa détermination. Il lui en a<br />

fallu pour réaliser d’abord la fusion Ceram / ESC<br />

Lille puis développer ses campus à l’étranger.<br />

Le tout après un parcours académique classique.<br />

Titulaire d’un DEA et d’un doctorat en sciences de<br />

gestion, Alice Guilhon enseigne d’abord à<br />

l’université de la Méditerranée, de 1994 à 2000,<br />

avant d’intégrer le Ceram dont elle devient doyenne<br />

de la recherche, puis directrice déléguée.<br />

DIRECTEUR / TRICE DE L’ANNÉE<br />

aux 25000 $ annuels qu’un étudiant doit débourser pour suivre<br />

un bachelor dans l’université de North Carolina, qui est voisine de<br />

notre campus de Raleigh.<br />

O. R : Parlons plus précisément de votre programme<br />

grande école. Comment va-t-il évoluer ?<br />

A. G : Là aussi nous voulons être de plus en plus qualitatifs avec<br />

une sélectivité qui augmente de 0,2 point chaque année. Notre<br />

PGE est une pépite qui reçoit 500 étudiants issus de prépas pour<br />

100 admis sur titre.<br />

O. R : Tout un travail est réalisé en ce moment entre une<br />

quinzaine d’écoles de management et les professeurs de<br />

l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires<br />

économiques et commerciales) sur la notion de<br />

continuum entre les CPGE et les grandes écoles. Un travail<br />

dans lequel SKEMA et vous-même jouez un rôle majeur,<br />

par exemple avec la définition d’un cursus « 2+1+2 »…<br />

A. G : Il nous faut avant tout communiquer sur la réalité d’un<br />

cursus en cinq ans. Dans ce cadre l’année de pré-master<br />

entre les deux années de prépas et les deux années de master,<br />

est une sorte d’année « sas ». Après plusieurs années où ils<br />

ont suivi 1000 heures de cours par an, les étudiants doivent à<br />

la fois décompresser et découvrir une vie associative qui va<br />

les restructurer. Il faut isoler cette année pour y placer plus de<br />

cours connectés à la classe préparatoire, de l’économie, de la<br />

philosophie, de la géopolitique, au-delà du marketing et de la<br />

comptabilité.<br />

C’est aussi pour cela que nous faisons venir des professeurs<br />

comme Emmanuel Combe, dont le « Précis d’économie » est une<br />

référence pour tout élève de prépa, et dont les étudiants boivent<br />

littéralement les paroles. Même chose avec les cours de géopolitique<br />

de Frédéric Munier. Depuis cette année nous proposons<br />

ainsi toute une nouvelle offre de cours dans la continuité de la<br />

prépa. Nos étudiants suivent plus de cours et en sont ravis. Tout<br />

l’objectif est de faire de cette « année 1 » à la fois une année<br />

de continuité et de rupture pour préparer progressivement nos<br />

étudiants à intégrer le cycle master.<br />

Mais encore une fois notre travail c’est de dispenser un cycle en<br />

5 ans tous ensemble, classes prépas et grandes écoles.<br />

O. R : Plusieurs écoles ont fait évoluer ces dernières années<br />

la manière dont se déroulent leurs oraux des<br />

concours. Réfléchissez-vous également à des évolutions ?<br />

A. G : Comment juge-t-on des candidats ? Comment estime-t-on<br />

la façon dont ils se projettent au-delà de leur choix d’école ? Cela<br />

ne peut pas être par une énième validation de leur analyse de<br />

l’œuvre de Sartre. Nous pourrions les faire travailler en groupes<br />

sur des cas pratiques. Et en amont du concours nous pourrions<br />

les faire accompagner des dirigeants ou leur proposer des stages<br />

pour mieux leur faire appréhender ce que leur apportera leur<br />

future école. Nous voulons bien être une école pilote pour tester<br />

ces nouvelles formes de préparation et de passage du concours.<br />

O. R : Les écoles de management sont ouvertes au monde<br />

mais est-ce si facile que cela de faire travailler ensemble<br />

des étudiants venus du monde entier ? Et notamment des<br />

étudiants français issus de prépas…<br />

A. G : Les étudiants français ne sont clairement pas préparés à<br />

recevoir des étudiants étrangers. Nous devons les y forcer en les<br />

mélangeant dans des groupes interculturels sinon ils restent avec<br />

leurs amis de prépas. Cela fait aussi partie de notre travail de les<br />

brasser avec toutes les nationalités. Les classes préparatoires<br />

sont un univers très homogène qui doit s’ouvrir au monde réel.<br />

→→<br />

Bientôt deux<br />

nouveaux campus ?<br />

Au Brésil, Skema sera<br />

bientôt la première<br />

business school étrangère<br />

à dispenser un diplôme<br />

brésilien. Avec d’autres<br />

programmes adaptés au<br />

marché local : « Nous ne<br />

sommes pas Coca Cola<br />

qui propose le même<br />

produit partout mais nous<br />

nous adaptons à chaque<br />

réalité locale », rappelle<br />

Alice Guilhon. Prochains<br />

objectifs dans les cinq<br />

ans : l’Afrique - « Nous<br />

n’avons pas encore fixé<br />

de pays car tout bouge<br />

très vite mais nous allons<br />

tout de suite développer<br />

des doubles diplômes au<br />

Benin » - mais aussi la<br />

Russie.<br />

→→<br />

Cap sur la recherche<br />

L’embauche du professeur<br />

« star » Florencio Lopez<br />

de Silanes avait quelque<br />

peu ému la planète écoles<br />

de management quand il<br />

avait quitté l’Edhec pour<br />

Skema en février <strong>2017</strong>.<br />

Alice Guilhon n’entend<br />

pas en rester là et prévoit<br />

de recruter quatre autres<br />

professeurs « stars ». 17<br />

nouveaux professeurs<br />

ont déjà été embauchés<br />

en <strong>2017</strong> portant le total<br />

à 250.<br />

Pour une école mono-site qui n’a pas beaucoup bougé depuis<br />

longtemps c’est très difficile alors que notre fusion et nos >>> suite page 8<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | HS N°3

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