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rapport_violences_policieres_acat (1)

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68 RAPPORT D’ENQUÊTE . L’ORDRE ET LA FORCE<br />

MANQUE DE TRANSPARENCE QUANT AUX ENQUÊTES DE L’IGGN ET DE L’IGPN<br />

Les motifs de saisines de l’IGPN ne sont que partiellement connus. En 2014, l’IGPN a été saisie de<br />

1 035 enquêtes judiciaires et de 257 enquêtes administratives. Si l’on sait que 43 % des enquêtes judiciaires<br />

concernent des faits de <strong>violences</strong> volontaires, on ne connaît pas, en revanche, le nombre d’enquêtes administratives<br />

ouvertes portant sur un usage disproportionné de la force.<br />

L’IGPN nous renseigne par ailleurs sur les sanctions disciplinaires qu’elle a proposées en 2014. Elle nous<br />

apprend ainsi qu’elle a constaté 668 manquements mettant en cause 289 agents. Toutes saisines administratives<br />

confondues, elle a proposé 47 avertissements, 78 blâmes, 4 renvois devant un conseil consultatif<br />

paritaire, 81 renvois devant un conseil de discipline et 79 classements. L'Inspection a par ailleurs précisé à<br />

l'ACAT que 35 enquêtes administratives ont révélé un usage disproportionné de la force mettant en cause<br />

38 fonctionnaires. Dans ces affaires, elle a proposé 6 blâmes, 4 avertissements, 11 renvois en conseil de<br />

discipline et 14 classements (soit 40 %). Le <strong>rapport</strong> annuel de l’Inspection ne précise pas, en revanche, à<br />

quels faits se <strong>rapport</strong>ent ces propositions de sanctions. Si l’ACAT note une évolution positive en matière de<br />

transparence au sein de l’IGPN, elle estime cependant que les informations publiées sont encore insuffisantes<br />

pour connaître réellement le sort des enquêtes administratives concernant des faits de violence, et<br />

pour évaluer la proportionnalité des sanctions proposées au regard des faits incriminés.<br />

Quant à l’Inspection de gendarmerie, l’opacité est encore plus importante. Le <strong>rapport</strong> d’activité de l’IGGN<br />

pour 2013, le seul à avoir été rendu public ces dernières années, est très confus sur ces éléments. On y<br />

apprend simplement que le bureau d’enquête administrative a été « sollicité à 18 reprises », sans que ne soit<br />

précisé clairement à quels faits se <strong>rapport</strong>ent ces enquêtes, et quelles ont été les sanctions proposées par<br />

le corps d’inspection.<br />

MANQUE DE TRANSPARENCE QUANT AUX SUITES DISCIPLINAIRES<br />

« Dès que des allégations de <strong>violences</strong> verbales ou physiques sont portées à la connaissance des autorités,<br />

une enquête approfondie est menée, et tout manquement établi fait l’objet d’une sanction administrative,<br />

sans préjudice d’une sanction pénale (…). Ces sanctions sont appliquées avec rigueur, dès lors qu’un<br />

manquement aux obligations est établi ». Telles étaient les déclarations du Gouvernement français devant<br />

le comité des Nations unies contre la torture en 2008 130 . Difficile pourtant d’en avoir la certitude. Les autorités<br />

de police et de gendarmerie ne communiquent que très peu sur les sanctions prononcées à la suite<br />

des enquêtes administratives. Le <strong>rapport</strong> d’activité de l’IGPN nous apprend qu’en 2014, l’Administration a<br />

prononcé 2098 sanctions disciplinaires concernant la Police nationale, tous motifs confondus. Il s’agissait<br />

de 989 avertissements, 826 blâmes, 146 sanctions du 2 e groupe (ex. : exclusion temporaire de moins de<br />

15 jours, abaissement d’échelon), 79 sanctions du 3 e groupe (ex. : exclusion temporaire de 16 jours à 2 ans,<br />

rétrogradation), 63 sanctions du 4 e groupe (ex. : révocation) 131 . Pourtant, ces seules données ne permettent<br />

pas d’évaluer réellement le suivi disciplinaire des affaires dans lesquelles est allégué un usage illégal de la<br />

force. On ne sait pas combien d’affaires concernent un usage de la force et à quels faits se <strong>rapport</strong>ent les<br />

sanctions prononcées. Impossible donc d’évaluer leur proportionnalité.<br />

Quant aux faits concernant les gendarmes, l’ACAT constate une totale opacité : on ne connaît ni le nombre de<br />

faits allégués ni le nombre de sanctions prononcées, et encore moins le quantum de ces sanctions au regard<br />

des faits incriminés.<br />

130. Quatrième à sixième <strong>rapport</strong>s périodiques de la France au Comité contre la torture des Nations unies, CAT/C/FRA/4-6, 30 juin 2008, p. 10<br />

131. IGPN, Rapport d’activité 2014, p. 14

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