Magazine CNC printemps 2018
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PRINTEMPS <strong>2018</strong><br />
Tenir bon<br />
La réserve des prairies à herbes hautes du Manitoba<br />
donne à l’hespérie de Poweshiek, une espèce en voie<br />
de disparition, la chance de survivre.
Conservation de la nature Canada<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong><br />
Conservation de la nature Canada<br />
245, avenue Eglinton Est, bureau 410<br />
Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />
magazine@conservationdelanature.ca<br />
Tél. : 416 932-3202<br />
Sans frais : 1 800 465-0029<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est le<br />
chef de file au pays en matière de conservation<br />
des terres, œuvrant à la protection de nos milieux<br />
naturels les plus importants et des espèces qu’ils<br />
abritent. Depuis 1962, <strong>CNC</strong> et ses partenaires ont<br />
contribué à la protection de 2,8 millions d’acres<br />
(plus de 1,1 million d’hectares) de terres, d’un<br />
océan à l’autre.<br />
Le magazine Conservation de la nature Canada est<br />
distribué aux donateurs et sympathisants de <strong>CNC</strong>.<br />
MC<br />
Marque de commerce de La Société canadienne<br />
pour la conservation de la nature<br />
FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant l’économie<br />
des ressources réalisée en choisissant ce papier.<br />
Imprimé sur du papier Rolland Opaque fait<br />
à 30 % de fibres post-consommation, certifié<br />
Écologo et Procédé sans chlore. Ce papier est<br />
fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le<br />
biogaz comme source d’énergie. L’impression est<br />
effectuée au Canada, avec des encres végétales<br />
par Warrens Waterless Printing. La publication<br />
de ce magazine a sauvegardé 29 arbres et<br />
104 292 litres d’eau*.<br />
Graphisme par Evermaven.<br />
COUVERTURE<br />
Hespérie de Poweshiek<br />
Photo de Rachel Caro.<br />
CETTE PAGE<br />
Platanthère blanchâtre de l’Ouest, réserve<br />
des prairies à herbes hautes du Manitoba<br />
Photo de Thomas Fricke.<br />
CALCULATEUR : WWW.ROLLANDINC.COM/FR.<br />
*<br />
2 SPRING <strong>2018</strong> natureconservancy.ca
Sommaire<br />
Conservation de la nature Canada PRINTEMPS <strong>2018</strong><br />
Coups de pouce pour la nature<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
THOMAS FRICKE. BRENT CALVER. ROBERT MCCAW.<br />
Il y a toujours du nouveau à apprendre sur le<br />
monde naturel lorsque l’on travaille pour<br />
un organisme de conservation. Par exemple,<br />
en préparant le présent numéro du magazine<br />
Conservation de la nature Canada, j’ai appris<br />
que 800 espèces d’oiseaux migrateurs profitent<br />
d’accords assurant leur protection au Canada et<br />
aux États-Unis, et ce, depuis plus d’un siècle.<br />
Chaque <strong>printemps</strong>, quand bon nombre de ces<br />
espèces reviennent au pays pour s’accoupler et<br />
nidifier, des bénévoles pour la conservation se<br />
rendent sur des propriétés de Conservation de<br />
la nature Canada (<strong>CNC</strong>) situées d’un bout à<br />
l’autre du pays pour participer à des activités.<br />
Quel que soit leur âge, ils peuvent tous nous<br />
donner un coup de pouce pour faire en sorte que<br />
nos propriétés soient sécuritaires et propices<br />
pour accueillir les oiseaux. Vous pouvez vous<br />
joindre à eux en vous inscrivant à une activité<br />
à l’adresse benevolesconservation.ca.<br />
Dans ce numéro de notre magazine, vous<br />
pourrez en apprendre plus sur nos efforts pour<br />
sauvegarder des espèces en péril rares à l’échelle<br />
mondiale, comme l’hespérie de Poweshiek. Ce<br />
papillon, autrefois commun, est aujourd’hui une<br />
espèce plus rare que le panda. Les scientifiques<br />
mènent une véritable course contre la montre<br />
pour comprendre les raisons de son déclin. Dans<br />
notre article Une force pour la nature, nous vous<br />
présentons Scott et Julie Palmer, des ranchers<br />
qui nous ont parlé de leur attachement à la terre<br />
et de l’impact qu’a eu l’entente de conservation<br />
qu’ils ont conclue avec <strong>CNC</strong>. Vous pourrez aussi<br />
découvrir comment, au Québec, des citoyens<br />
scientifiques peuvent maintenant venir en<br />
aide à diverses espèces de tortues, dont la<br />
tortue serpentine.<br />
Nous vous remercions, encore et toujours, de<br />
votre généreux appui à <strong>CNC</strong>.<br />
Avec vous pour la conservation,<br />
CBT<br />
Christine Beevis Trickett<br />
Directrice de la rédaction<br />
8<br />
12<br />
14 Pour l’amour<br />
des oiseaux<br />
Honorez les accords visant la sauvegarde<br />
des oiseaux migrateurs en<br />
participant à la protection de leurs<br />
habitats au Canada.<br />
16 Une communauté<br />
au grand cœur<br />
La réserve naturelle de Creemore<br />
(Ontario) rassemble des gens<br />
partageant une passion pour un<br />
joyau naturel de leur région.<br />
17 Étoffe à tout faire<br />
L’éducatrice en plein air Jackie Pye<br />
n’oublie jamais d’apporter ses<br />
sarongs indonésiens lors de ses<br />
sorties en plein air.<br />
18 Discrète hespérie<br />
La réserve des prairies à herbes<br />
hautes du Manitoba donne à ce petit<br />
papillon la chance de survivre.<br />
14<br />
12 Tortue<br />
serpentine<br />
Véritable char d’assaut, avec son corps<br />
musclé et sa puissante mâchoire, elle<br />
est la plus grosse tortue d’eau douce<br />
au Canada.<br />
14 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />
Protéger l’habitat insulaire d’un arbuste<br />
rare à l’échelle du pays; sauvegarder le<br />
patrimoine naturel d’une famille; honorer<br />
les efforts d’un regretté bénévole.<br />
16 Histoire de<br />
famille<br />
Au ranch Palmer, en Alberta, veiller<br />
sur la terre et sur le troupeau est une<br />
affaire de famille.<br />
18 La chance de grandir<br />
La sénatrice Diane Griffin se remémore<br />
une rencontre inoubliable avec une<br />
gazelle de Thomson lors d’un safariphoto<br />
en Afrique.<br />
natureconservancy.ca PRINTEMPS <strong>2018</strong> 3
D’UN OCÉAN<br />
À L’AUTRE<br />
Pour l’amour<br />
des oiseaux<br />
Célébrez les efforts concertés pour sauvegarder plus<br />
de 800 espèces d’oiseaux migrateurs en contribuant<br />
bénévolement à protéger leurs habitats au Canada<br />
Depuis une centaine d’années, des accords canado-américains ont<br />
contribué à la protection de plus de 800 espèces d’oiseaux migrateurs.<br />
En 1916 était en effet signée la Convention pour la protection des<br />
oiseaux migrateurs aux États-Unis et au Canada visant à mettre fin<br />
au commerce et à la chasse sans discrimination des oiseaux migrateurs,<br />
et à protéger leurs sites de nidification. L’année 2017 marquait pour sa<br />
part le centenaire de la Loi sur la convention concernant les oiseaux<br />
migrateurs du Canada. En <strong>2018</strong>, c’est au tour du centenaire du<br />
Migratory Bird Treaty Act des États-Unis d’être souligné.<br />
Ces trois traités sont au nombre des efforts majeurs visant<br />
la conservation des oiseaux migrateurs en Amérique du Nord.<br />
Vous pouvez contribuer à la gestion et à la restauration de<br />
l’habitat des oiseaux migrateurs en devenant un bénévole pour<br />
la conservation de <strong>CNC</strong>.<br />
ISTOCK.<br />
Manifestez<br />
votre amour!<br />
Joignez-vous à des Canadiennes et<br />
Canadiens qui donnent de leur temps<br />
pour la protection d’espèces et d’habitats<br />
naturels. Qui s’assemble se ressemble!<br />
benevolesconservation.ca<br />
4 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
RAPACES<br />
Devenez un citoyen<br />
scientifique<br />
OISEAUX CHANTEURS<br />
Restaurez des<br />
habitats d’oiseaux<br />
ILLUSTRATIONS : LAURA FETTERLEY. PHOTO : <strong>CNC</strong>.<br />
Les rapaces (ou oiseaux de proie)<br />
englobent les espèces qui chassent<br />
et se nourrissent d’animaux,<br />
notamment de rongeurs et d’autres<br />
oiseaux. Ils ont une excellente<br />
vision, un bec crochu et des pattes<br />
pourvues de serres acérées et<br />
recourbées. Parmi ces oiseaux, on<br />
compte des faucons, des balbuzards,<br />
des buses, des vautours et<br />
des aigles.<br />
L’an dernier, durant une activité<br />
organisée au col Crowsnest, en<br />
Alberta, des bénévoles de <strong>CNC</strong> ont<br />
pu observer des aigles royaux en<br />
migration. Des experts locaux<br />
étaient sur place pour fournir des<br />
informations sur les rapaces. Du<br />
côté de la Colombie-Britannique,<br />
des bénévoles ont participé à des<br />
inventaires d’oiseaux pour guider<br />
l’élaboration des plans de<br />
conservation de <strong>CNC</strong>.<br />
Vous pouvez vous inscrire à un<br />
des inventaires d’oiseaux organisés<br />
à travers le pays par <strong>CNC</strong> pour en<br />
apprendre plus sur les rapaces. Il<br />
est aussi possible de télécharger<br />
deux applications fantastiques de<br />
science citoyenne, eBird et iNaturalist,<br />
qui vous permettront de recueillir<br />
des données sur les oiseaux lors<br />
d’une prochaine sortie et d’ainsi<br />
contribuer au développement d’une<br />
imposante banque de données.<br />
OISEAUX DES PRAIRIES<br />
Rendez les clôtures<br />
plus sécuritaires<br />
Dans les prairies canadiennes,<br />
des poteaux creux sont souvent<br />
utilisés pour fabriquer des clôtures.<br />
Avec leur petit diamètre et leur<br />
paroi intérieure lisse, ces poteaux<br />
peuvent représenter un danger<br />
pour les oiseaux chanteurs des<br />
prairies. Ces derniers peuvent en<br />
effet y rester piégés en cherchant<br />
un trou où se bâtir un nid, ou en se<br />
perchant sur leur rebord pour voir<br />
ce qui se trouve à l’intérieur. Les<br />
oisillons sont particulièrement à<br />
risque, puisqu’ils peuvent s’introduire<br />
dans les poteaux. Une fois à<br />
l’intérieur, il leur devient impossible<br />
d’en sortir, et ils y meurent.<br />
Les saisons migratoires et celles de<br />
reproduction, quand le nombre<br />
d’oiseaux en quête d’un abri est en<br />
hausse, sont les périodes les plus<br />
risquées pour ces oiseaux. Vous<br />
pouvez offrir votre appui aux<br />
oiseaux chanteurs des prairies,<br />
comme le bruant de McCown, à<br />
l’aire de conservation des prairies<br />
patrimoniales de Old Man on His<br />
Back (Saskatchewan) en aidant le<br />
personnel de <strong>CNC</strong> à boucher les<br />
poteaux des clôtures à l’aide de<br />
boîtes de conserve et d’autres<br />
objets recyclés.<br />
Les oiseaux chanteurs, comme<br />
la paruline orangée, une espèce<br />
menacée, sont des oiseaux<br />
percheurs reconnus pour leurs<br />
chants modulés et complexes.<br />
Bon nombre d’entre eux, dont les<br />
mésanges, les pics, les roselins et<br />
les sittelles peuvent être observés<br />
en hiver près des mangeoires.<br />
Malheureusement, de nombreuses<br />
espèces disparaissent, en grande<br />
partie en raison de la perte<br />
d’habitats.<br />
Cette année, contribuez aux travaux<br />
de restauration et d’entretien des<br />
habitats d’espèces indigènes<br />
d’oiseaux, en participant à l’un des<br />
projets de restauration de <strong>CNC</strong>. Que<br />
ce soit en creusant le sol pour en<br />
extraire une plante envahissante ou<br />
en plantant un arbre, vous pouvez<br />
nous aider à faire en sorte que les<br />
oiseaux chanteurs continuent de<br />
profiter d’endroits sécuritaires pour<br />
nicher et élever leurs oisillons.<br />
En Ontario, les bénévoles pour la<br />
conservation de <strong>CNC</strong> participent<br />
depuis plus de huit ans à notre<br />
travail de restauration à l’île Pelee,<br />
un site reconnu pour l’observation<br />
de la migration printanière des<br />
oiseaux chanteurs. Les activités<br />
bénévoles qui s’y déroulent<br />
comprennent la collecte de graines<br />
et la plantation d’espèces végétales<br />
indigènes dans les prés et les<br />
milieux humides restaurés, et ce,<br />
afin de créer un habitat idéal pour<br />
les oiseaux sur cette propriété.<br />
OISEAUX DE RIVAGE<br />
Contribuez à garder<br />
les rivages propres<br />
Les oiseaux de rivage sont pourvus<br />
de longues pattes pour marcher<br />
dans l’eau et les vasières, et de longs<br />
becs pour se nourrir des invertébrés<br />
enfouis dans le sable. Ce groupe<br />
d’oiseaux comprend des huîtriers,<br />
des avocettes, des échasses, des<br />
tournepierres, des bécasseaux, des<br />
chevaliers, des bécassines, des<br />
barges, des courlis, des phalaropes<br />
et des pluviers. Le pluvier siffleur<br />
est une espèce emblématique, mais<br />
il est en voie de disparition. Au<br />
Canada atlantique, il se reproduit<br />
sur les plages de sable et de galets.<br />
Cette année, vous pouvez aider le<br />
pluvier siffleur et d’autres espèces<br />
d’oiseaux de rivage en participant<br />
à une corvée de nettoyage. En<br />
débarrassant les rives des débris<br />
marins et des ordures qui s’y<br />
trouvent, vous améliorerez la santé<br />
des côtes et protégerez les aires de<br />
nidification et d’alimentation des<br />
oiseaux de rivage. Chaque année,<br />
<strong>CNC</strong> organise plusieurs corvées<br />
de nettoyage, notamment à l’île<br />
Holman (Î.-P.-É.), à l’île Brier (N.-É.),<br />
et à la plage Sandy Point (sud-ouest<br />
de l’île de Terre-Neuve).1<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong> 5
SUR LES<br />
SENTIERS<br />
Une communauté<br />
au grand cœur<br />
La réserve naturelle de Creemore, en Ontario, réunit des personnes<br />
partageant une passion pour un joyau naturel de leur région<br />
Réserve naturelle de Creemore, Ontario<br />
Àdeux heures de route au nord-ouest<br />
du centre-ville de Toronto se trouve<br />
le village de Creemore, près duquel<br />
a été créée la réserve naturelle de Creemore.<br />
S’étendant sur 204 acres (83 hectares) est<br />
appréciée autant par les résidents locaux que<br />
par les visiteurs.<br />
Avec ses érables à sucre majestueux, son<br />
ruisseau sinueux et ses petits milieux humides,<br />
cette forêt luxuriante de l’escarpement<br />
du Niagara constitue l’habitat d’une variété<br />
d’espèces rares et en péril. Le son des pics<br />
chevelus et des grands pics y résonne à<br />
travers les arbres, tandis que le ciel est<br />
parcouru par des buses à épaulettes. Des<br />
grives des bois et des piouis de l’Est, deux<br />
espèces en péril, habitent également les<br />
lieux. Les ruisseaux restaurés de la propriété<br />
abritent des truites et d’autres espèces de<br />
poissons d’eau froide, ainsi que de nombreuses<br />
grenouilles et tortues.<br />
PROMENADE NATURELLE<br />
Au fil des ans, le personnel et les bénévoles de<br />
<strong>CNC</strong> ont installé de nouvelles passerelles et<br />
amélioré les sentiers de la réserve afin d’offrir<br />
un accès aux randonneurs, et ce, tout en<br />
protégeant les habitats naturels. La réserve<br />
offre un réseau de sentiers de difficulté et<br />
de longueur variables jalonnés de panneaux<br />
d’interprétation sur les caractéristiques<br />
naturelles et historiques de la région.<br />
Si vous marchez dans la forêt en longeant<br />
le ruisseau, vous pourriez apercevoir le reflet<br />
argenté d’une truite à la surface de l’eau.<br />
Empruntez le sentier secondaire Lookout pour<br />
voir un ancien étang qui se transforme peu<br />
à peu en un marais bordé de saules et de<br />
cornouillers. Une visite tôt le matin ou en fin<br />
d’après-midi augmentera vos chances<br />
d’apercevoir un cerf ou un coyote.<br />
COUP DE CŒUR LOCAL<br />
Connue localement sous le nom The Mingay,<br />
du nom des propriétaires donateurs de cette<br />
terre, la réserve naturelle de Creemore occupe<br />
une place importante dans la vie de la<br />
communauté. Le site a longtemps été habité<br />
<strong>CNC</strong>.<br />
6 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
par des peuples autochtones, suivis des<br />
colons. <strong>CNC</strong> y a entrepris son travail de<br />
conservation en 1997, mais les sentiers<br />
parcourant la forêt étaient déjà bien connus<br />
des amateurs de plein air de la région. Le nom<br />
Creemore vient du gaélique Croí Mór, qui<br />
signifie grand cœur. Le village est fidèle à son<br />
nom dans sa façon d’appuyer et d’entretenir<br />
cet important joyau naturel.<br />
De nombreux partenaires ont appuyé<br />
le travail de <strong>CNC</strong> à la réserve naturelle de<br />
Creemore, y compris la Brasserie Creemore<br />
Springs, Nottawasaga Valley Conservation<br />
Authority, Pêches et Océans Canada, Gail<br />
Worth, Ian Cook et Carol Phillips, Bruce et<br />
Anne Godwin, DJ et Diane Wiley, la famille<br />
Dichek, en plus de nombreuses familles de<br />
la région et du Gouvernement du Canada, en<br />
vertu du Programme de conservation des<br />
zones naturelles.<br />
LES<br />
INDISPENSABLES<br />
Trille blanc<br />
SENTIERS<br />
Boucle Maple Leaf | modéré<br />
Longueur : 2,5 km Largeur : 1 à 3 m<br />
Terrain : vallonné et en terre battue<br />
À voir : boucle chevauchant des cours d’eau<br />
à travers une forêt mature d’érables à sucre<br />
Étoffe à<br />
tout faire<br />
Les sarongs indonésiens de Jackie Pye, éducatrice<br />
en plein air, sont aussi jolis que pratiques pour ses<br />
sorties en plein air<br />
TRILLE BLANC : <strong>CNC</strong>. SARONGS : JUAN LUNA.<br />
Sentier Mingay | modéré<br />
Longueur : 2,5 km Largeur : 1 à 3 m<br />
Terrain : vallonné et en terre battue<br />
À voir : ruisseau restauré et point de vue<br />
Sentier Lookout | facile<br />
Longueur : 0,1 km Largeur : 0,5 m<br />
Terrain : plat et en terre battue<br />
À voir : ancien étang restauré maintenant<br />
peuplé de saules et de cornouillers<br />
Sentier Trout | facile<br />
Longueur : 0,5 km Largeur : 0,5 m<br />
Terrain : plat et en terre battue<br />
À voir : ruisseau d’eau fraîche peuplé<br />
de truites1<br />
Parfois, les objets les plus<br />
simples sont d’une grande<br />
utilité en forêt. Que je parte<br />
en camping, en randonnée ou<br />
en canot, il y a des outils,<br />
certains spécialisés et<br />
d’autres simplement<br />
pratiques, que j’apporte<br />
toujours. Les sarongs<br />
(ou paréos) que j’ai<br />
collectionnés alors que<br />
je travaillais à la Green<br />
School, en Indonésie, tombent<br />
dans la catégorie pratique et se sont<br />
révélés des plus utiles. Ces pièces de<br />
tissu bon marché, polyvalentes et<br />
réutilisables ne servent pas qu’à se<br />
couvrir après la baignade. Ils ont<br />
en effet une foule d’autres<br />
utilités qui les rendent<br />
indispensables sur les<br />
sentiers. Je m’en suis<br />
servi principalement<br />
comme couverture,<br />
écharpe pour une<br />
blessure, pare-soleil, sac,<br />
passoire, filtre à café,<br />
bandeau pour cacher les yeux<br />
pour les jeux, serviette, ceinture, foulard<br />
et mitaines de four!1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong> 7
Discrète hesp<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
HAUT : RACHEL CARO. BAS : THOMAS FRICKE.<br />
8 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
Avec peut-être aussi peu que<br />
500 hespéries de Poweshiek<br />
subsistant dans le monde, la<br />
Réserve des prairies à herbes<br />
hautes du Manitoba offre à ce<br />
papillon en voie de disparition<br />
la chance de survivre.<br />
PAR Susan Peter, auteure et réviseure<br />
érie<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
De couleur brun<br />
terne et plus<br />
petite qu’une<br />
pièce de 1 dollar,<br />
l’hespérie de<br />
Poweshiek est une<br />
espèce plus rare<br />
que le panda.<br />
Par un jour ensoleillé de novembre, Marika Olynyk note la<br />
température au-dessus et en dessous de la neige à la réserve<br />
des prairies à herbes hautes du Manitoba, à 80 km au sud-est<br />
de Winnipeg. « Ah, c’est intéressant, dit-elle. Sous la neige, près du sol,<br />
la température est plus élevée de 9 degrés. » Ce site abrite certaines des<br />
dernières hespéries de Poweshiek au monde, une espèce de papillon en<br />
voie de disparition. Actuellement en diapause (l’équivalent de l’hibernation<br />
chez les insectes), elles sont protégées du froid par une couche de neige.<br />
« Nous pensons qu’elles se trouvent près de la surface du sol. En hiver,<br />
certains insectes se réfugient dans le sol, mais nous croyons que les<br />
hespéries de Poweshiek ne font pas la même chose. »<br />
Ce « nous pensons » est important, car il ne resterait que 500 hespéries<br />
de Poweshiek à travers le monde, dont une large proportion dans la réserve<br />
des prairies à herbes hautes du Manitoba. Autrefois commune, cette espèce<br />
est désormais extrêmement rare. Dix pour cent de sa population mondiale<br />
se trouve peut-être gelée et dormante à quelques pas de la station météorologique<br />
de Mme Olynyk. Au cours des 20 dernières années, la population<br />
d’hespéries de Poweshiek a connu un déclin rapide et inquiétant.<br />
La recherche entourant les motifs de la disparition de cette espèce et la<br />
manière de la rétablir est un travail d’équipe qui s’effectue des deux côtés<br />
de la frontière canado-américaine. Cela exige la participation d’universités,<br />
de zoos et de chercheurs, y compris celle de Conservation de la nature<br />
Canada (<strong>CNC</strong>), afin de mettre en commun les connaissances de chacun et<br />
répondre aux questions concernant cette espèce sous-étudiée.<br />
« Voilà le problème des insectes en voie de disparition : ils ne sont sur<br />
l’écran radar de personne. Ils sont fascinants quand vous les observez de<br />
près, mais personne ne les observe de près », explique avec ironie Mme<br />
Olynyk. Ayant grandi à la campagne, à l’extérieur de Saskatoon, elle y était<br />
entourée par la nature, avec des grenouilles qui, les jours de pluie, émergeaient<br />
du sol sablonneux pour bondir sur la véranda de la famille, et un<br />
cactus des prairies qu’elle se plaisait à montrer aux visiteurs.<br />
Passionnée par les écosystèmes, Marika Olynyk a tout d’abord étudié<br />
les sciences de l’environnement, avant d’obtenir sa maîtrise en gestion<br />
des ressources naturelles. Coordonnatrice à la mobilisation pour <strong>CNC</strong><br />
au Manitoba, son travail comprend de la recherche sur l’hespérie de<br />
Poweshiek. « Elles ne sont pas aussi captivantes que les pandas ou les ours<br />
polaires – qui sont néanmoins super pour attirer l’attention sur les enjeux<br />
environnementaux. » Il est aussi plus habituel d’admirer des papillons<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong> 9
comme les monarques, ces marathoniens du<br />
ciel répartis dans le sud du Canada, que<br />
d’observer les petites hespéries de Poweshiek<br />
brun terne qui naissent et meurent sur une<br />
même petite parcelle de prairie.<br />
L’été dernier, Mme Olynyk a observé<br />
des hespéries de Poweshiek pendant trois<br />
semaines, en notant leurs habitudes : les<br />
adultes se nourrissent de plantes nectarifères<br />
(la rudbeckie hérissée est parmi leurs<br />
favorites), le comportement de ces papillons<br />
sous la pluie (elles cessent de voler); leur<br />
distance de vol (très courte), et où elles se<br />
reproduisent et pondent leurs œufs (selon<br />
Mme Olynyk, l’endroit idéal est à la rencontre<br />
des sols plus secs, où croissent les plantes<br />
nectarifères dont se nourrissent les adultes,<br />
et des sols un peu plus humides, où poussent<br />
les plantes consommées par les chenilles).<br />
Aujourd’hui, la biologiste installe un nouvel<br />
appareil de surveillance météorologique et<br />
une caméra, et vérifie le bon fonctionnement<br />
des autres instruments. La caméra, qui sert<br />
habituellement à photographier les animaux,<br />
notamment les cerfs, prendra plutôt une photo<br />
quotidienne de la neige, avec une règle de<br />
1 mètre en arrière-plan, afin de surveiller<br />
l’épaisseur de la neige au fur et à mesure que<br />
l’hiver avance.<br />
Sauvegarder la prairie<br />
Autrefois commune à travers tout le Midwest<br />
américain et le Manitoba voisin, l’hespérie<br />
de Poweshiek ne se trouve désormais que<br />
près de Flint, au Michigan, possiblement au<br />
Wisconsin, et à un seul endroit au Canada,<br />
soit dans la réserve des prairies à herbes<br />
hautes du Manitoba. D’une superficie de<br />
plus de 12 000 acres (4 800 hectares), cette<br />
réserve est une copropriété de <strong>CNC</strong> et<br />
d’organismes partenaires.<br />
Dans la réserve, le vent souffle sur des<br />
champs plats et broussailleux, freiné seulement<br />
par les boisés de chênes à gros fruits et<br />
de trembles. À quelques endroits, des accessoires<br />
de tracteurs jonchent le sol, laissés<br />
derrière par des colons ayant tenté d’y<br />
pratiquer la culture, pour finalement réaliser<br />
que le sol convenait mieux à l’élevage du bétail.<br />
Ce sont les ranchers et les fermiers qui ont<br />
conservé les prairies indigènes de la région par<br />
le pacage, la culture du foin et la régénération<br />
des sols par le brûlage, et ce, au grand bonheur<br />
des botanistes qui un siècle plus tard sont<br />
partis à la recherche d’exemples subsistants<br />
de prairies à herbes hautes.<br />
Créée en 1989, la réserve des prairies<br />
à herbes hautes du Manitoba abrite 16 espèces<br />
en péril, dont 2 de papillons en voie de<br />
disparition : le spectaculaire monarque<br />
et l’hespérie de Poweshiek, d’apparence<br />
plus modeste.<br />
<strong>CNC</strong> s’affaire à la protection et au rétablissement<br />
de près de 200 espèces en péril<br />
trouvées sur ses propriétés. Son personnel voit<br />
également à la gestion et à la restauration<br />
d’habitats de ces espèces par des brûlages<br />
dirigés et des méthodes de contrôle des plantes<br />
envahissantes sur certaines de ces propriétés.<br />
<strong>CNC</strong> travaille aussi à l’élaboration de plans<br />
de gestion de propriétés avec des groupes<br />
locaux de conservation et des propriétaires. Par<br />
exemple, dans la réserve des prairies à herbes<br />
hautes du Manitoba, le pacage du bétail et la<br />
Créée en 1989, la réserve des prairies à herbes hautes du Manitoba abrite 16<br />
espèces en péril. Malheureusement, 99 % de cet habitat de prairie a disparu.<br />
Le plus urgent pour les espèces en péril,<br />
comme l’hespérie de Poweshiek, est de<br />
protéger et restaurer leurs habitats.<br />
récolte du foin contribuent à l’entretien des<br />
pâturages, ce qui est bénéfique pour la santé<br />
de la prairie comme pour l’économie locale.<br />
« Le Canada a une longue histoire en<br />
matière de rétablissement d’espèces rares,<br />
dont le renard véloce, le pélican d’Amérique et<br />
le pygargue à tête blanche », souligne M. Kraus,<br />
en ajoutant que trois causes principales ont<br />
entraîné la disparition d’espèces sauvages au<br />
Canada au cours des 150 dernières années :<br />
l’agriculture non durable, la pollution (par<br />
exemple, le DDT) et la perte d’habitats. « Nous<br />
avons fait des progrès en ce qui concerne les<br />
deux premiers problèmes. Aujourd’hui, le plus<br />
urgent pour les espèces en péril est de protéger<br />
et de restaurer leurs habitats. » Les prairies à<br />
herbes hautes et les espèces qui y vivent sont<br />
en difficulté, explique M. Kraus, en ajoutant<br />
que « nous avons perdu 99 % de cet habitat et<br />
nous devons sauver ce qu’il en reste ».<br />
SENS HORAIRE, D’EN HAUT À DROITE : JIM BRANDENBURG/MINDEN. THOMAS FRICKE. THOMAS FRICKE.<br />
10 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
DE HAUT EN BAS : TIM FITZHARRIS/MINDEN. GLENN BARTLEY/BIA/MINDEN. THOMAS FRICKE.<br />
Un coup de main<br />
En 2011, des naturalistes alarmés par<br />
la soudaine disparition de l’hespérie de<br />
Poweshiek ont tenu une conférence<br />
à Winnipeg. Les chercheurs et experts en<br />
conservation ont émis des théories sur<br />
les causes expliquant sa disparition d’une<br />
centaine de sites où elle se trouvait autrefois<br />
(disparue du Minnesota et du Dakota du Nord,<br />
et dorénavant présente sur un seul site au<br />
Wisconsin). La perte d’habitat était évidemment<br />
un problème majeur, car les hespéries<br />
de Poweshiek ont des besoins très spécifiques<br />
en matière d’habitat.<br />
Les autres raisons qui pourraient expliquer la<br />
disparition de ces papillons sont demeurées un<br />
mystère. Certaines zones avaient été broutées<br />
par le bétail, d’autres non. Certaines zones<br />
avaient été brûlées régulièrement, d’autres non.<br />
Les changements climatiques étaient une autre<br />
possibilité. Il est possible que les insectes ne<br />
puissent pas survivre aux -35 °C des hivers secs,<br />
lorsque le sol est dégagé, ou durant les redoux<br />
de février, qui font fondre la neige.<br />
Parmi les partenaires de la conférence se<br />
trouvaient des représentants du Michigan,<br />
la seule autre région du monde où se trouve<br />
toujours une importante population d’hespéries.<br />
Les papillons y vivent à la lisière de<br />
marais de prairies, où il est impossible de<br />
construire des fermes ou des projets résidentiels.<br />
« Il n’y a probablement pas de cause<br />
unique, mais plusieurs : les produits chimiques,<br />
la destruction des habitats et les changements<br />
climatiques », explique David Cuthrell,<br />
scientifique de la conservation à la Michigan<br />
State University. Il s’inquiète des sécheresses<br />
plus intenses et des températures hivernales<br />
inégales qui sévissent au Michigan. Par<br />
ailleurs, selon une autre théorie, les nouveaux<br />
produits chimiques contenus dans les pesticides,<br />
soit les composés organophosphorés et<br />
les néonicotinoïdes, qui se sont avérés nocifs<br />
pour les bourdons et les abeilles, pourraient<br />
également nuire aux hespéries de Poweshiek<br />
s’ils sont utilisés incorrectement.<br />
Le bon côté de l’élucidation du mystère du<br />
déclin de l’hespérie de Poweshiek est que la<br />
lutte pour sauver cette espèce pourrait aider<br />
les chercheurs à apprendre comment sauver<br />
d’autres papillons en voie de disparition,<br />
à travailler des deux côtés de la frontière<br />
internationale et à conserver d’autres espèces<br />
en péril, en sauvant les habitats dont ils<br />
dépendent pour prospérer.<br />
« Grâce aux excellents partenariats que<br />
nous avons établis, nous protégeons un plus<br />
grand nombre d’habitats pour d’autres espèces,<br />
explique M. Cuthrell. Au Michigan, on retrouve<br />
deux ou trois autres papillons rares dans les<br />
aires protégées pour l’hespérie de Poweshiek.<br />
Une petite cicadelle se trouve sur cinq sites<br />
seulement à travers le monde, et dans quatre<br />
de ces sites, on retrouve également des<br />
hespéries de Poweshiek. »<br />
L’été dernier, les chercheurs du zoo du<br />
parc Assiniboine ont recueilli des œufs pour<br />
essayer d’élever des hespéries de Poweshiek<br />
en captivité (six chenilles passent actuellement<br />
l’hiver dans un incubateur dont la<br />
température est réglée à -4 °C, avant d’être<br />
décongelées au <strong>printemps</strong>). D’autres scientifiques<br />
ont étudié la diversité génétique de<br />
l’espèce, afin de déterminer l’étendue de sa<br />
consanguinité. Les populations d’hespéries<br />
de Poweshiek sont désormais isolées en<br />
groupes incapables de traverser les routes<br />
pour se reproduire, et encore moins de<br />
traverser quatre États américains. En été,<br />
durant la courte période de deux à trois<br />
semaines pendant laquelle les hespéries<br />
adultes sont en vol, les biologistes et les<br />
bénévoles se réunissent à la réserve des<br />
prairies à herbes hautes du Manitoba pour<br />
effectuer des inventaires de l’espèce.<br />
Cette journée de fin d’automne consacrée à<br />
l’examen des appareils de surveillance météorologique<br />
tire à sa fin sur ce site qu’affectionnent<br />
les hespéries de Poweshiek, sans doute en raison<br />
des rudbeckies hérissées qui s’y trouvent en<br />
abondance. Marina Olynyk affiche une confiance<br />
sereine. Elle croit qu’elle reverra ces modestes<br />
papillons bruns l’an prochain. « Nous avons ici<br />
cinq zones qui conviennent aux Poweshiek, et<br />
nous nous attendons à les revoir à ces mêmes<br />
endroits cet été. Nous surveillons d’autres sites<br />
où l’espèce se trouvait par le passé, mais nous ne<br />
nous attendons pas à la revoir à ces endroits. »<br />
Au <strong>printemps</strong>, Marina Olynyk et des<br />
employés de <strong>CNC</strong> iront collecter les données<br />
recueillies par les instruments de mesure.<br />
Ils analyseront par la suite ces données de<br />
l’hiver 2017-<strong>2018</strong> pour les sites caractérisés<br />
par la présence de Poweshiek. Tous les<br />
indices qui permettront d’élucider le mystère<br />
qui plane sur cette espèce et ses besoins<br />
vitaux sont d’une valeur inestimable pour la<br />
course contre la montre pour s’assurer que<br />
ces papillons continuent de voler librement<br />
dans la prairie à herbes hautes du Canada.1<br />
TROIS ESPÈCES<br />
EN PÉRIL DE LA PRAIRIE<br />
À HERBES HAUTES<br />
TÉTRAS DES PRAIRIES<br />
Désignée disparue du Canada, à cause de la<br />
perte d’habitat et de la chasse excessive, cette<br />
espèce n’a pas été vue au Manitoba depuis<br />
30 ans. Au Minnesota, État voisin de la réserve<br />
des prairies à herbes hautes du Manitoba, des<br />
efforts déployés pour le rétablissement du<br />
tétras des prairies démontrent un certain<br />
succès. L’espèce pourrait ainsi voir son aire<br />
de distribution actuelle s’agrandir et ainsi<br />
faire un retour au Canada.<br />
GOGLU DES PRÉS<br />
Le plumage du goglu des prés mâle<br />
donne l’impression qu’il porte un tuxedo<br />
à l’envers! Cet oiseau chanteur de taille<br />
moyenne est un des oiseaux au parcours<br />
migratoire le plus long, soit 20 000 km,<br />
allant de l’Amérique du Sud au Canada,<br />
en passant par le nord des États-Unis.<br />
PLATANTHÈRE BLANCHÂTRE<br />
DE L’OUEST<br />
Cette orchidée en voie de disparition croît<br />
dans les prés et prairies humides et est<br />
pollinisée par le sphinx, un papillon attiré<br />
par son odeur. <strong>CNC</strong> protège l’habitat de<br />
plus de 25 % de la population mondiale de<br />
la platanthère blanchâtre de l’Ouest.<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong> 11
PROFIL<br />
D’ESPÈCE<br />
Tortue<br />
serpentine<br />
Véritable char d’assaut du monde naturel, avec son corps<br />
musclé et sa puissante mâchoire, la tortue serpentine est<br />
la plus grosse tortue d’eau douce du Canada.<br />
ROBERT MCCAW<br />
12 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
POIDS ET TAILLE<br />
Son poids peut atteindre 16 kg. Sa carapace<br />
grandit généralement jusqu’à 35 cm de long,<br />
et parfois jusqu’à 50 cm.<br />
CARAPACE<br />
Cette espèce robuste possède une épaisse<br />
dossière striée (carapace dorsale) de couleur<br />
brun clair, olive ou noire, et une longue<br />
queue munie « d’épines ». Son plastron est<br />
petit, comparativement à celui d'autres<br />
espèces, ce qui laisse ses membres et son<br />
cou à découvert. Puisqu'elle ne peut se<br />
rétracter complètement dans sa carapace,<br />
la tortue serpentine cherche à mordre ses<br />
prédateurs quand elle se sent menacée.<br />
DISTRIBUTION<br />
Au Canada, la tortue serpentine se retrouve<br />
sur un vaste territoire qui s’étend du sud-est<br />
de la Saskatchewan jusqu’en Nouvelle-Écosse.<br />
Elle est assez commune dans l’est du Canada,<br />
mais moins répandue en Saskatchewan et<br />
au Manitoba.<br />
REPRODUCTION<br />
À la fin de mai et en juin, la femelle bâtit son<br />
nid sur un sol sablonneux. Le nombre d’œufs<br />
pondus varie considérablement, mais une<br />
couvée typique contient de 25 à 45 œufs. Le<br />
sexe des nouveau-nés est déterminé par la<br />
température de l’incubation : les mâles se<br />
développent entre 23 et 28 °C, tandis que<br />
les femelles se développent au-dessus ou<br />
au-dessous de ces températures.<br />
ALGUES<br />
La tortue serpentine passe tellement de<br />
temps dans l’eau que des algues poussent<br />
sur sa carapace. Elle grimpe parfois sur des<br />
troncs d'arbres ou des roches pour profiter<br />
de la chaleur du soleil, et ce, surtout dans les<br />
régions plus froides.<br />
CONTRIBUEZ à la protection des tortues<br />
en visitant carapace.ca!<br />
Une carapace qui ne suffit<br />
pas à la protéger<br />
La tortue serpentine a peu de prédateurs<br />
naturels en raison de sa taille, mais elle<br />
connaît tout de même un déclin à cause de la<br />
perte des milieux humides, son habitat. Cette<br />
espèce est aussi particulièrement vulnérable<br />
à la mortalité sur les routes, car la femelle<br />
les traverse souvent en quête d'un site de<br />
nidification adéquat. La tortue serpentine a une<br />
réputation de prédateur vorace et agressif, ce<br />
qui en fait malheureusement une espèce<br />
persécutée. Elle n’attaque pas les nageurs et<br />
devient agressive seulement si on la provoque.<br />
Espèce charognarde, elle joue un rôle important<br />
en contribuant à garder les eaux propres.<br />
La tortue serpentine peut vivre jusqu’à l’âge<br />
de 70 ans et n’atteint sa maturité sexuelle<br />
qu’entre 15 et 20 ans. Toute perte d’individus<br />
matures peut ainsi avoir un impact sur sa<br />
population. Les nids bâtis aux abords des<br />
routes sont susceptibles d’être détruits<br />
par des véhicules, alors que les œufs et<br />
les oisillons peuvent être dévorés par<br />
d’autres animaux.<br />
La tortue serpentine est présentement inscrite<br />
sur la liste des espèces préoccupantes en vertu<br />
de la Loi sur les espèces en péril au Canada.<br />
Soyez à l’affût des tortues<br />
À l’été 2017, Conservation de la nature Canada<br />
(<strong>CNC</strong>), avec le soutien de ses partenaires,<br />
a lancé le Projet Carapace qui invite le public<br />
à signaler toute tortue aperçue à la grandeur<br />
du Québec. Les données récoltées aideront<br />
à identifier les sites nécessitant des mesures<br />
de conservation et à définir les lieux les plus<br />
sensibles à la mortalité routière. Jusqu'à<br />
maintenant, 856 tortues ont été signalées sur<br />
le site carapace.ca, dont la moitié étaient des<br />
tortues serpentines.<br />
À travers le pays, <strong>CNC</strong> protège des habitats<br />
d’eau douce et des propriétés où vivent des<br />
espèces comme la tortue serpentine. Parmi<br />
les propriétés, on compte le Grand marais<br />
de Bristol et les milieux naturels Clarendon<br />
et Sheenboro dans la vallée de l’Outaouais<br />
au Québec, le milieu naturel Interlake<br />
(Entre-les-Lacs) au Manitoba, et la propriété<br />
Silver River en Nouvelle-Écosse. En Ontario,<br />
<strong>CNC</strong> a procédé à la restauration d'habitats de<br />
milieux humides sur l’île Pelee et dans la plaine<br />
sablonneuse du sud de Norfolk où des tortues<br />
serpentines ont été aperçues presque<br />
immédiatement!1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong> 13
<strong>CNC</strong><br />
À L’ŒUVRE<br />
1<br />
Protégé : Habitat insulaire d’un arbuste<br />
rare à l’échelle nationale<br />
YARMOUTH, NOUVELLE-ÉCOSSE<br />
3<br />
2<br />
POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Visitez conservationdelanature.ca/noustrouver<br />
pour plus d’information sur les projets de <strong>CNC</strong>.<br />
Phoque commun. Ci-dessous : Tete a Milie est un drumlin, c’est-à-dire un<br />
monticule de sol riche et de débris rocheux formé il y a des milliers d’années<br />
par le retrait des glaciers, et façonné ensuite par les marées.<br />
1<br />
Dans le sud de la Nouvelle-Écosse, à l’intérieur<br />
d’une zone de 25 km de large, pousse un arbuste<br />
BC<br />
très particulier. Le baccharis à feuilles d’arroche,<br />
N.-É.<br />
une espèce vivace à fleurs de la famille des<br />
Astéracées, peut atteindre jusqu’à 3 mètres de<br />
hauteur. Au Canada, sa population totale, estimée<br />
à 3 000 individus, se trouve dans les marais salés<br />
bordant la baie Lobster, près de Yarmouth.<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) protège dorénavant une île<br />
de 61 acres (25 hectares) de la baie Lobster pour assurer la protection de<br />
cette plante menacée à l’échelle nationale. Le nom de l’île : Tete a Milie,<br />
lui a été donné par d’anciens colons acadiens. Bien que le baccharis<br />
à feuilles d’arroche peuple la Côte Est américaine, on le retrouve en<br />
Nouvelle-Écosse, la limite nord de son aire de distribution.<br />
L’île a été confiée à <strong>CNC</strong> par John Brett, un résident de Halifax très<br />
enthousiasmé d’y avoir découvert le baccharis à feuilles d’arroche il y a<br />
une quinzaine d’années. « Puisque je suis un naturaliste amateur, vous<br />
pouvez imaginer à quel point j’étais excité : ce n’est pas tous les jours que<br />
l’on croise un gros arbuste bien visible qui s’avère être la seule espèce de<br />
son genre dans tout le pays! Il était pourtant là, sous le regard de tous. »<br />
Cet environnement naturel dynamique, auquel s’ajoutent les abris que<br />
constituent les marais salés de la baie Lobster et un climat relativement<br />
doux, attire une grande variété d’espèces, dont le chevalier semipalmé, le<br />
pygargue à tête blanche, le balbuzard, le grand héron, le martin-pêcheur<br />
d’Amérique, le phoque commun, le phoque gris, le cerf de Virginie, l’ours<br />
noir, le lynx roux, le vison d’Amérique et même, à l’occasion, quelques<br />
marsouins communs et de petites baleines. À l’automne, de nombreuses<br />
espèces d’oiseaux de rivage viennent se nourrir sur les vasières de la baie<br />
avant de poursuivre leur migration vers le sud. Durant l’hiver, canards<br />
marins, plongeons et harles trouvent refuge dans la baie Lobster.<br />
<strong>CNC</strong> a maintenant réalisé deux projets de conservation dans la région<br />
de la baie Lobster, en s’appuyant sur les travaux de la Province de la<br />
Nouvelle-Écosse pour la création de la Tusket Islands Wilderness Area<br />
(« Aire naturelle des îles Tusket »).<br />
PHOQUE COMMUN : NICK HAWKIN. TETE A MILIE : ANTHONY CRAWFORD.<br />
14 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
Pleins feux sur<br />
les partenaires<br />
Merci aux commanditaires de la<br />
série de conférences Ici, on parle<br />
nature de Conservation de la<br />
nature Canada.<br />
Les conférences Ici, on parle nature<br />
invitent la population à participer<br />
à des discussions sur des enjeux<br />
pressants en matière de conservation.<br />
Cette série de conférences<br />
pancanadienne réunit un groupe<br />
pluridisciplinaire d’experts pour permettre<br />
le partage de connaissances<br />
et le renforcement des liens entre<br />
les individus, la nature et le secteur<br />
de la conservation.<br />
John Walters (neveu de Nancy<br />
Ferrier) et son épouse Sylvia ont été<br />
désignés exécuteurs testamentaires<br />
au décès de Nancy.<br />
2<br />
Histoire de famille : La propriété Ferrier<br />
LAC GOUGH, ALBERTA<br />
En 2017, Ici, on parle nature a visité<br />
10 grandes villes canadiennes et<br />
exploré des sujets divers, dont l’eau,<br />
les prairies et le capital naturel.<br />
Merci à tous ceux qui se sont joints à<br />
nous pour une soirée de discussion<br />
favorisant la réflexion.<br />
En 1904, en Écosse, les frères John et Tom Ferrier ont embarqué sur un navire en<br />
direction du Canada, pour se trouver une propriété en milieu rural et se bâtir une vie<br />
ALB.<br />
meilleure. Arrivés en Alberta, ils s’établissent au bord du lac Gough, à 125 km à l’est de<br />
Red Deer, où ils construisent une cabane en bois avec un toit de tôle.<br />
John et son épouse Agnes ont élevé leurs enfants sur cette ferme pendant la<br />
Grande Dépression et deux guerres mondiales. Après des décennies marquées par<br />
des sécheresses et des tempêtes de sable et de grêle, les enfants du couple ont enfin<br />
vu la ferme prospérer.<br />
Récemment, Agnes Isabelle Ferrier (connue sous le nom de Nancy) est décédée.<br />
Dernière enfant des Ferrier à s’éteindre, Nancy avait décidé de léguer la terre à <strong>CNC</strong>. Cette propriété<br />
abrite des habitats de milieux humides et riverains essentiels aux mammifères, oiseaux de prairie et de<br />
rivage et espèces de sauvagine qui vivent dans la région ou qui la traversent au cours de leur migration.<br />
3<br />
Sur les traces de Dick Loomer<br />
VANCOUVER, COLOMBIE-BRITANNIQUE<br />
BRENT CALVER.<br />
En septembre dernier, la famille du regretté Dick Loomer, intendant bénévole<br />
décédé en juin, s’est jointe aux bénévoles et au personnel de <strong>CNC</strong> à la réserve<br />
naturelle de l’île Swishwash de <strong>CNC</strong>. Le groupe s’y était réuni pour deux jours<br />
afin de commémorer et poursuivre l’important travail de M. Loomer qui veillait<br />
C.-B.<br />
sur cette île située à l’embouchure du fleuve Fraser.<br />
Au coeur d’une des plus grandes métropoles canadiennes, l’île Swishwash<br />
constitue un refuge pour une grande diversité d’animaux, dont le coyote, l’aigle et<br />
le saumon, ainsi que pour des milliers d’oies des neiges qui y font une halte pendant<br />
leur migration depuis l’Arctique. Après avoir été transporté jusqu’à l’île à bord d’un<br />
Zodiac (canot pneumatique) de la Garde côtière, le groupe a planté 100 semis de sapins de Douglas, nettoyé<br />
la plage et retiré des plants de genêt à balais, une plante envahissante.1<br />
Une conférence de la série Ici, on parle<br />
nature aura-t-elle lieu dans une ville près<br />
de chez-vous en <strong>2018</strong>? Restez à l’affût<br />
pour connaître les villes, les dates, les<br />
thèmes abordés et les noms des<br />
conférenciers, en visitant conservationdelanature.ca/icionparlenature
FORCE UNE FORCE POUR<br />
LA NATURE<br />
Histoire<br />
de famille<br />
Au ranch Palmer, dans le sud-ouest de l’Alberta,<br />
l’élevage du bétail et la conservation vont de pair.<br />
COLIN WAY.<br />
16 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
Situé dans la prairie luxuriante et grouillante de vie des<br />
contreforts sud de l’Alberta, le ranch Palmer est un lieu<br />
riche en histoire où la pratique de l’élevage est ce qui lie<br />
la famille Palmer à la terre. Les vaches y broutent sur les collines<br />
bordant les Rocheuses qui dominent majestueusement à l’arrièreplan.<br />
La région abrite encore des espèces sauvages, y compris de<br />
grands carnivores qui existaient autrefois dans l’ensemble des<br />
Grandes Plaines du Nord.<br />
Le ranch Palmer est un exemple probant de ce qui peut<br />
être fait quand des ranchers et des experts en<br />
conservation travaillent ensemble.<br />
JULIA PALMER.<br />
En 1999, les copropriétaires Scott et Tom Palmer ont approché<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) dans le but faire de leur<br />
terre un héritage naturel. Cette rencontre mena à la première entente<br />
de conservation d’envergure de <strong>CNC</strong> à la limite du parc national des<br />
Lacs-Waterton et marqua le début d’une série de collaborations entre<br />
<strong>CNC</strong> et des ranchers de la région.<br />
En prenant les rênes du ranch Palmer, Julia (JP), fille aînée de Scott,<br />
tient à perpétuer l’héritage familial. Voici une entrevue menée avec<br />
Scott Palmer (SP) et elle.<br />
<strong>CNC</strong> : Scott, pourquoi avez-vous jugé important de montrer à Julia en<br />
quoi consistent le travail et la vie de rancher?<br />
SP : « Ça lui est venu naturellement. Je ne lui enseignais pas vraiment;<br />
elle apprenait par elle-même. Elle a vu plusieurs façons différentes<br />
d’effectuer le travail d’élevage. »<br />
JP : « Une chose qui était vraiment particulière dans mon enfance avec<br />
mes parents, c’est que je n’ai jamais eu à devenir éleveuse. Si je voulais<br />
explorer autre chose, j’en avais la possibilité. Il se trouve que j’adore<br />
l’élevage, alors maman et papa se sont fait un devoir de m’inclure dans<br />
un nombre incalculable d’aventures. Je n’étais pas toujours utile – j’ai<br />
même peut-être ralenti le processus – mais je n’ai jamais eu l’impression<br />
d’être un obstacle. J’avais quelque chose à offrir et j’avais droit à<br />
ma place sur le ranch. Dans le monde de l’élevage, « Vous êtes lié à un<br />
lieu que vous observez, cultivez, et avec lequel vous évoluez. Vous<br />
voyez petit à petit l’influence que vous avez eue sur ce lieu et comment<br />
il vous a façonné. »<br />
Vous êtes lié à un lieu que vous observez,<br />
cultivez, et avec lequel vous évoluez. Vous<br />
voyez petit à petit l’influence que vous avez<br />
eue sur ce lieu et comment il vous a façonné.<br />
<strong>CNC</strong> : Dans quelle mesure le travail de conservation de <strong>CNC</strong> au ranch<br />
Palmer a-t-il influencé les pratiques d’élevage de votre famille?<br />
SP : « <strong>CNC</strong> a été très important pour nous sur le plan de l’élevage. Nous<br />
avons pu disposer d’une très bonne base de pâturage pour produire du<br />
bétail nourri à l’herbe, comme [le faisaient les éleveurs] dans le temps. »<br />
JP : « Nous sommes absolument ravis d’avoir pu établir un partenariat<br />
avec un organisme comme <strong>CNC</strong> et d’avoir eu accès à son réseau de<br />
connaissances, notamment à des experts<br />
en santé des pâturages de la région. <strong>CNC</strong><br />
a également été très ouvert à nos suggestions,<br />
ce qui nous a permis d’œuvrer ensemble<br />
à l’amélioration et à la mise en valeur de<br />
cette propriété. »<br />
« Nous avons commis des erreurs<br />
à certains moments, ça ne fait aucun doute,<br />
mais nous en sommes conscients et nous<br />
apportons des changements en utilisant de<br />
nouvelles stratégies, et c’est dans ce domaine<br />
que <strong>CNC</strong> a vraiment été important pour nous.<br />
En collaborant avec <strong>CNC</strong>, nous avons pu<br />
mettre au point des systèmes d’arrosage hors<br />
site et modifier nos habitudes de pâturage<br />
en utilisant des clôtures électriques. »<br />
<strong>CNC</strong> : Julia, pourquoi trouves-tu important<br />
de perpétuer l’héritage de ta famille au<br />
ranch Palmer?<br />
JP : « J’adore cet endroit. S’il y a une chose<br />
que j’aimerais pouvoir bien faire dans ma<br />
vie, c’est de le laisser intact ou en meilleur<br />
état qu’avant. Je veux apporter quelque chose<br />
à un lieu, un paysage, qui a eu une importance<br />
que je ne parviendrai jamais à exprimer avec<br />
des mots. »<br />
« L’élevage me permet de vivre ici, et<br />
j’espère vraiment que c’est ce que je pourrai<br />
faire pour le restant de mes jours. Je n’ai<br />
pas encore fondé de famille – mon mari<br />
a grandi en Écosse dans une ferme d’élevage<br />
de moutons et il adore lui aussi l’élevage et<br />
l’agriculture – mais nous espérons avoir des<br />
enfants. Ils ne voudront peut-être pas être<br />
ranchers, mais j’espère qu’ils apprécieront<br />
toujours la nature et le ranch. »1<br />
Pour en savoir plus sur l’histoire du ranch<br />
Palmer et sur Julia et Scott, visitez<br />
conservationdelanature/ranchpalmer.<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2018</strong> 17
GRANDEUR<br />
NATURE<br />
La chance de grandir<br />
Par Diane Griffin, sénatrice et ancienne directrice de programme de <strong>CNC</strong> pour l'Île-du-Prince-Édouard<br />
De la fenêtre de notre Jeep, nous observions une<br />
gazelle nettoyer délicatement son nouveau-né,<br />
avant de s’en éloigner en marchant. Le petit<br />
était encore trop faible pour bouger, la mère est donc<br />
revenue, puis s’est éloignée de nouveau. De la Jeep, nous<br />
encouragions doucement le bébé gazelle : « Lève-toi,<br />
lève-toi! », car nous avions aperçu des lions et des hyènes<br />
dans les parages et savions que le petit ne survivrait pas<br />
longtemps dans cette aire ouverte. La mère est revenue;<br />
cette fois, le bébé a essayé de boire son lait, mais encore<br />
une fois elle s’est éloignée. Enfin, il s’est levé, soutenu par<br />
ses jambes tremblantes. Nous avons soupiré de soulagement,<br />
car nous savions que sa mère trouverait un endroit<br />
adéquat où le cacher.<br />
J’étais alors dans la savane du Serengeti avec un groupe<br />
d’amis, lorsque notre chauffeur-guide à la vue perçante<br />
a aperçu une gazelle de Thomson couchée dans l’herbe.<br />
Même si j'ai vécu plusieurs rencontres avec des<br />
espèces sauvages, cette expérience au cours d'un safari<br />
africain est l’une des plus mémorables. Je crois qu’elle m’a<br />
rappelé les veaux que je regardais grandir sur la ferme<br />
laitière de ma famille. Sans les soins de leurs mères et,<br />
bien sûr, ceux des humains qui en avaient la responsabilité,<br />
ils n’auraient pas survécu. Grandir sur une ferme m’a<br />
inspiré à étudier la biologie à l’université; j’ai été chanceuse<br />
d’y suivre des cours en écologie, un domaine<br />
nouveau et stimulant dans les années 1970. Mon professeur<br />
en écologie m’a appris les interrelations entre les<br />
habitats et les espèces, ce qui m'a amené à travailler dans<br />
le domaine de la conservation, puis à Conservation de la<br />
nature Canada (<strong>CNC</strong>).<br />
Bien que j’aie eu la chance d’observer la vie sauvage à<br />
plusieurs endroits dans le monde, je suis toujours étonnée<br />
par la richesse de celle trouvée au Canada. Sans habitats<br />
naturels, il n’y aurait pas de vie sauvage, c’est aussi simple<br />
que ça. Le travail effectué par <strong>CNC</strong> permet d’assurer que<br />
notre pays continuera d’entretenir ces habitats naturels.<br />
Bien que j’aie aperçu plusieurs autres animaux durant ce<br />
voyage (une hyène a même mâchouillé nos chaises de camp<br />
à l’extérieur de notre tente), c’est la naissance d’une petite<br />
gazelle et sa vulnérabilité qui m’ont le plus impressionnée.<br />
Je suis extrêmement fière de mon travail à <strong>CNC</strong> et<br />
des liens que j’entretiens avec l’organisme. Nous avons<br />
tous un rôle à jouer dans la conservation et l’entretien des<br />
milieux naturels, afin que les espèces trouvées au Canada,<br />
comme l’orignal, la chèvre de montagne, la tortue mouchetée,<br />
aient la chance de naître et de grandir dans les habitats<br />
naturels dont ils dépendent pour survivre et prospérer.1<br />
HEATHER COOK.<br />
18 PRINTEMPS <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
Votre passion pour les espaces naturels qui nous entourent est au cœur de votre vie.<br />
Et maintenant, vous pouvez en faire votre héritage. Un don testamentaire à<br />
Conservation de la nature Canada, quel que soit le montant, vous permet de<br />
contribuer à la protection de nos habitats les plus vulnérables et de la faune qu’ils<br />
abritent. Pour aujourd’hui, pour demain, et pour les générations à venir.<br />
Pour en savoir plus sur les dons testamentaires, visitez le<br />
www.conservationdelanature.ca/dons-planifies<br />
ou appelez-nous au 1 800 465-0029
DE VOS<br />
NOUVELLES<br />
L'avenir en tête<br />
« En tant que bénévole pour <strong>CNC</strong> à<br />
Terre-Neuve-et-Labrador, je participe<br />
depuis de nombreuses années aux<br />
efforts de <strong>CNC</strong> pour conserver les<br />
paysages uniques de la province pour<br />
les générations futures. En 2017, notre<br />
famille a décidé de faire don à <strong>CNC</strong> d'une<br />
propriété côtière de 243 acres, située<br />
dans la baie Freshwater, près de St. John’s.<br />
Cette propriété est un endroit très tranquille,<br />
à quelques minutes de la ville, qui<br />
offre des vues extraordinaires sur l’Atlantique.<br />
Nous sommes heureux d’avoir rendu<br />
cette terre accessible, il y a plusieurs années,<br />
à l’East Coast Trail Association, afin<br />
de permettre aux randonneurs d’explorer<br />
la région. Nous avons maintenant hâte de<br />
travailler avec <strong>CNC</strong> pour assurer la protection<br />
permanente de cette terre, afin qu’elle<br />
demeure dans son état naturel pour les<br />
générations présentes et futures. »<br />
~ Rob Crosbie est un sportif passionné<br />
et un leader bien connu du monde des<br />
affaires qui s’implique auprès de <strong>CNC</strong> à<br />
Terre-Neuve-et-Labrador depuis 2009.<br />
Fouillis ou joli pré?<br />
« Dans mon ancien quartier au centre-ville de Toronto, une église a été détruite et<br />
remplacée par des maisons de ville. Le terrain est demeuré vacant longtemps avant<br />
de se transformer en chantier de construction. En fait, il n’était pas occupé par des<br />
gens, mais par des espèces sauvages opportunistes qui y avaient élu domicile.<br />
Au <strong>printemps</strong> et à l’été, c’était un endroit plein de vie. On y retrouvait des chardons<br />
mutiques et les chardonnerets qui s’en nourrissent, des hélianthes, des hémérocalles<br />
fauves, des salsifis majeurs aux porte-graines globuleux, des vesces bleues,<br />
des herbes ondulantes et des liserons des haies roses. Le petit pré, comme je l’appelais,<br />
n’était pas seulement un plaisir pour les yeux : il sentait la verdure pendant<br />
les journées où l’air était le plus chargé de smog et bourdonnait d’insectes.<br />
Je savais que tous ne voyaient pas ce pré d’un bon œil, car j’ai entendu des gens<br />
se plaindre de la moufette qui s’y était installée. « Quelqu’un devrait nettoyer ce<br />
fouillis », disaient-ils.<br />
À mes yeux, le pré était un des plaisirs qu’offrait le quartier et témoignait de la capacité<br />
de la nature de faire d’un tas de pierres un sanctuaire. Je rêvais de devenir assez<br />
riche pour acheter tous les terrains vacants de la ville afin de les laisser inexploités.<br />
Ce n’est pas arrivé, mais le destin de mon pré m’a incitée à me joindre aux efforts<br />
de <strong>CNC</strong> pour ouvrir les yeux des gens à la nature autour d'eux, et pour acquérir<br />
et conserver des terres à travers le pays, dont des prés qui pourront perdurer! »<br />
~ Liz Warman donne sur une base mensuelle à <strong>CNC</strong> depuis 2009.<br />
Partagez vos histoires avec nous à magazine@conservationdelanature.ca<br />
CHARDONNERET JAUNE : STEVE GETTLE/MINDEN PICTURES.<br />
CONSERVATION DE LA NATURE CANADA<br />
55, avenue du Mont-Royal Ouest, bureau 1000, Montréal (Québec) H2T 2S6<br />
RE ID<br />
F 18 A1