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ZESO_2_2018 F

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Pour réussir l’insertion, il faut éviter<br />

des écueils particuliers<br />

L'insertion dans le marché du travail des bénéficiaires de l’aide sociale souffrant de troubles<br />

psychiques est une tâche extrêmement exigeante. En dehors des informations médicales, le<br />

cursus professionnel qui existe déjà dans la plupart des cas peut lui aussi fournir des indications<br />

importantes.<br />

Avec quelque 35 pour cent, la proportion des personnes souffrant<br />

d’une maladie psychique n’est pas beaucoup plus faible chez les<br />

bénéficiaires de l’aide sociale que chez les bénéficiaires d’une rente<br />

AI, où elle se situe à quelque 45 pour cent (rapport de l’OCDE<br />

de 2014, basé sur les données de 2007).Contrairement au personnel<br />

de l’assurance invalidité, qui a accès aux informations médicales<br />

et qui dispose, en outre, du soutien des Services médicaux<br />

régionaux, les assistants n’ont souvent pas officiellement connaissance<br />

des problèmes psychiques des bénéficiaires de l’aide sociale.<br />

Du fait que les services sociaux ne bénéficient que rarement d’une<br />

collaboration étroite et systématique avec la psychiatrie, ils restent<br />

dans l’incertitude quant à la mesure dans laquelle une maladie psychique<br />

limite la capacité de travailler.<br />

De même, il est souvent difficile, voire impossible, de répondre<br />

à la question de savoir si le bénéficiaire de l’aide sociale «ne veut<br />

pas» ou «ne peut pas», autrement dit de connaître le lien entre<br />

vouloir et pouvoir. Dès lors, les collaborateurs des services sociaux<br />

travaillent dans des conditions très difficiles en ce qui concerne<br />

l’insertion professionnelle ou l’activation de leur clientèle. La réinsertion<br />

professionnelle des clients chômeurs, hommes et femmes,<br />

souffrant de troubles psychiques est une tâche particulièrement<br />

exigeante par rapport à celle des clients souffrant de maladies<br />

physiques, et ceci pour différentes raisons : les particularités des<br />

troubles psychiques, les caractéristiques typiques des personnes et<br />

également les réactions de l’environnement – qui sont différentes<br />

face aux personnes psychiquement malades de celles face aux malades<br />

physiques – jouent un rôle important.<br />

Début précoce, évolution récurrente<br />

Une particularité banale, mais lourde de conséquences des troubles<br />

psychiques réside dans le fait que ceux-ci sont «invisibles». Dès<br />

lors, il n’est pas facile d’évaluer correctement l’étendue et le type<br />

d’atteinte psychique: quel taux d’activité pourrait être exigé, quel<br />

type d’activité et quelles adaptations liées à la maladie seraient nécessaires?<br />

L’absence d’évidence peut également avoir pour effet<br />

que la patience et la compréhension de l’entourage professionnel<br />

sont bien plus rapidement épuisées que celles témoignées aux personnes<br />

souffrant d’atteintes physiques. Une autre spécificité de la<br />

maladie psychique réside dans son début particulièrement précoce<br />

«Des pas vers l'insertion qui<br />

encouragent la confiance en soi<br />

sont d’autant plus importants.»<br />

ainsi que dans son évolution: 50 pourcent de toutes les maladies<br />

psychiques apparaissent dès l'âge de 15 ans et 75 pour cent apparaissent<br />

avant l’âge de 25 ans. En clair, il est très probable qu‘un<br />

bénéficiaire de l’aide sociale âgé de 45 ans ait été psychiquement<br />

malade pour la première fois de nombreuses années plus tôt.<br />

Par ailleurs, du fait que la majorité des clients souffrant de<br />

troubles psychiques a exercé une activité lucrative et présente une<br />

évolution récurrente, voire continue du trouble, la plupart d’entre<br />

eux ont un cursus professionnel avec (et non pas avant) leur problème<br />

psychique. Etant donné qu’une bonne connaissance de ce<br />

cursus professionnel fournit de nombreuses informations pour la<br />

planification de l’insertion, il s’agirait de discuter de celui-ci avec<br />

les clients: quelles étaient les places de travail où ça se passait bien<br />

ou moins bien, et pourquoi? En dehors des informations médicales,<br />

le cursus professionnel est la source d’information la plus<br />

importante pour les efforts d’activation et d’insertion. Pour les<br />

deux sources d’information, tout comme en vue d’une insertion<br />

réussie en général, il est indispensable de chercher le contact avec<br />

le médecin traitant.<br />

Aborder la peur de l‘échec<br />

La personnalité joue également un rôle dans l’insertion: selon les<br />

médecins évaluateurs, quelque 70 pour cent des bénéficiaires d’une<br />

rente AI pour des raisons psychiques ont une personnalité exacerbée,<br />

voire un trouble de la personnalité. Les personnalités anxieusement<br />

évitantes, émotionnellement instables et narcissiques sont<br />

particulièrement fréquentes. S’agissant de modèles de comportement<br />

profondément enracinés, inadaptés, sans prise de conscience<br />

du problème, les personnes concernées sont nombreuses à échouer<br />

régulièrement pour les mêmes raisons. Une insertion réussie doit intégrer<br />

d’emblée ces caractéristiques de la personnalité dans la planification.<br />

Un deuxième obstacle réside dans la peur et dans le manque<br />

de confiance en soi – souvent confondus avec un manque de motivation<br />

(qui, de toute évidence, existe également).<br />

Les clients psychiquement malades sont en général désécurisés<br />

en raison de l’apparition précoce de la maladie, souvent associée<br />

à des biographies familiales difficiles et des expériences précoces<br />

de l’échec. Ils ont peur d’échouer à nouveau dans leur prochaine<br />

tentative. Mais cette peur n’est souvent pas exprimée ouvertement,<br />

parfois elle est même occultée par un comportement fanfaron.<br />

C’est pourquoi il est très important que les assistants abordent<br />

franchement les craintes liées au travail. Les craintes non exprimées<br />

agissent souvent en arrière-plan en amenant par exemple la<br />

personne concernée à ne pas se présenter à un emploi. A terme, un<br />

manque de confiance en soi peut devenir chronique et entraîner la<br />

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