You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Pour réussir l’insertion, il faut éviter<br />
des écueils particuliers<br />
L'insertion dans le marché du travail des bénéficiaires de l’aide sociale souffrant de troubles<br />
psychiques est une tâche extrêmement exigeante. En dehors des informations médicales, le<br />
cursus professionnel qui existe déjà dans la plupart des cas peut lui aussi fournir des indications<br />
importantes.<br />
Avec quelque 35 pour cent, la proportion des personnes souffrant<br />
d’une maladie psychique n’est pas beaucoup plus faible chez les<br />
bénéficiaires de l’aide sociale que chez les bénéficiaires d’une rente<br />
AI, où elle se situe à quelque 45 pour cent (rapport de l’OCDE<br />
de 2014, basé sur les données de 2007).Contrairement au personnel<br />
de l’assurance invalidité, qui a accès aux informations médicales<br />
et qui dispose, en outre, du soutien des Services médicaux<br />
régionaux, les assistants n’ont souvent pas officiellement connaissance<br />
des problèmes psychiques des bénéficiaires de l’aide sociale.<br />
Du fait que les services sociaux ne bénéficient que rarement d’une<br />
collaboration étroite et systématique avec la psychiatrie, ils restent<br />
dans l’incertitude quant à la mesure dans laquelle une maladie psychique<br />
limite la capacité de travailler.<br />
De même, il est souvent difficile, voire impossible, de répondre<br />
à la question de savoir si le bénéficiaire de l’aide sociale «ne veut<br />
pas» ou «ne peut pas», autrement dit de connaître le lien entre<br />
vouloir et pouvoir. Dès lors, les collaborateurs des services sociaux<br />
travaillent dans des conditions très difficiles en ce qui concerne<br />
l’insertion professionnelle ou l’activation de leur clientèle. La réinsertion<br />
professionnelle des clients chômeurs, hommes et femmes,<br />
souffrant de troubles psychiques est une tâche particulièrement<br />
exigeante par rapport à celle des clients souffrant de maladies<br />
physiques, et ceci pour différentes raisons : les particularités des<br />
troubles psychiques, les caractéristiques typiques des personnes et<br />
également les réactions de l’environnement – qui sont différentes<br />
face aux personnes psychiquement malades de celles face aux malades<br />
physiques – jouent un rôle important.<br />
Début précoce, évolution récurrente<br />
Une particularité banale, mais lourde de conséquences des troubles<br />
psychiques réside dans le fait que ceux-ci sont «invisibles». Dès<br />
lors, il n’est pas facile d’évaluer correctement l’étendue et le type<br />
d’atteinte psychique: quel taux d’activité pourrait être exigé, quel<br />
type d’activité et quelles adaptations liées à la maladie seraient nécessaires?<br />
L’absence d’évidence peut également avoir pour effet<br />
que la patience et la compréhension de l’entourage professionnel<br />
sont bien plus rapidement épuisées que celles témoignées aux personnes<br />
souffrant d’atteintes physiques. Une autre spécificité de la<br />
maladie psychique réside dans son début particulièrement précoce<br />
«Des pas vers l'insertion qui<br />
encouragent la confiance en soi<br />
sont d’autant plus importants.»<br />
ainsi que dans son évolution: 50 pourcent de toutes les maladies<br />
psychiques apparaissent dès l'âge de 15 ans et 75 pour cent apparaissent<br />
avant l’âge de 25 ans. En clair, il est très probable qu‘un<br />
bénéficiaire de l’aide sociale âgé de 45 ans ait été psychiquement<br />
malade pour la première fois de nombreuses années plus tôt.<br />
Par ailleurs, du fait que la majorité des clients souffrant de<br />
troubles psychiques a exercé une activité lucrative et présente une<br />
évolution récurrente, voire continue du trouble, la plupart d’entre<br />
eux ont un cursus professionnel avec (et non pas avant) leur problème<br />
psychique. Etant donné qu’une bonne connaissance de ce<br />
cursus professionnel fournit de nombreuses informations pour la<br />
planification de l’insertion, il s’agirait de discuter de celui-ci avec<br />
les clients: quelles étaient les places de travail où ça se passait bien<br />
ou moins bien, et pourquoi? En dehors des informations médicales,<br />
le cursus professionnel est la source d’information la plus<br />
importante pour les efforts d’activation et d’insertion. Pour les<br />
deux sources d’information, tout comme en vue d’une insertion<br />
réussie en général, il est indispensable de chercher le contact avec<br />
le médecin traitant.<br />
Aborder la peur de l‘échec<br />
La personnalité joue également un rôle dans l’insertion: selon les<br />
médecins évaluateurs, quelque 70 pour cent des bénéficiaires d’une<br />
rente AI pour des raisons psychiques ont une personnalité exacerbée,<br />
voire un trouble de la personnalité. Les personnalités anxieusement<br />
évitantes, émotionnellement instables et narcissiques sont<br />
particulièrement fréquentes. S’agissant de modèles de comportement<br />
profondément enracinés, inadaptés, sans prise de conscience<br />
du problème, les personnes concernées sont nombreuses à échouer<br />
régulièrement pour les mêmes raisons. Une insertion réussie doit intégrer<br />
d’emblée ces caractéristiques de la personnalité dans la planification.<br />
Un deuxième obstacle réside dans la peur et dans le manque<br />
de confiance en soi – souvent confondus avec un manque de motivation<br />
(qui, de toute évidence, existe également).<br />
Les clients psychiquement malades sont en général désécurisés<br />
en raison de l’apparition précoce de la maladie, souvent associée<br />
à des biographies familiales difficiles et des expériences précoces<br />
de l’échec. Ils ont peur d’échouer à nouveau dans leur prochaine<br />
tentative. Mais cette peur n’est souvent pas exprimée ouvertement,<br />
parfois elle est même occultée par un comportement fanfaron.<br />
C’est pourquoi il est très important que les assistants abordent<br />
franchement les craintes liées au travail. Les craintes non exprimées<br />
agissent souvent en arrière-plan en amenant par exemple la<br />
personne concernée à ne pas se présenter à un emploi. A terme, un<br />
manque de confiance en soi peut devenir chronique et entraîner la<br />
14 ZeSo 2/18 DOSSIER