You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
oo rr dd rr e e dd e e ll a a cc hh aa nn nn e e -- 55 00 aa nn ss
1957 2007
ORDRE DE LA CHANNE
Regards sur 50 ans d’existence
o r d r e d e lS a O M c Mh Aa In Rn Ee - 5 0 a n s
Préface
5
La fondation
6
Le règne Wuilloud
23
L’interrègne
31
L’épopée Deslarzes + le Billet du Troubadour
36
L’ère Zwissig + le chapitre de Paris
46
L’ère Rouvinez
65
L’ère Follonier + la Vigne des cantons
77
Intérim
89
L’ère Kalbermatten + les Chapitres à la carte + les Officiers du Conseil et leurs rôles
93
Les Chanteurs de l’Ordre de la Channe
111
Considérations
114
Conclusion et remerciements
116
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Une confrérie
d’abord
Profondément chaleureuse et conviviale, arborant
avec simplicité un charme désuet, la Confrérie de
l’Ordre de la Channe évoque pour moi les valeurs immuables
de « l’Etre ensemble ». En cette fin d’année,
nous fêtons avec elle cinquante années de générosité
partagée, de reconnaissance à un pays aimé et ses
produits reflétant le soleil et sa chaleur, de joie de se
rencontrer dans une atmosphère sentant bon le terroir.
A l’heure où d’aucuns se targuent de vivre dans une
société dite évoluée dans les maîtres mots de la
« performance » et de la « compétitivité », nous sommes
fiers et heureux de tirer notre chapeau bien bas
à ces mousquetaires de l’authentique terroir valaisan
qui ont souvent une excellente idée d’avance pour la
défense des crus.
Aux plus jeunes, dont je suis, une question se pose :
comment expliquer que, lors des Chapitres renommés
dans le monde entier, aucun notable ou vénérable
personnage ne reste indifférent à l’invitation
personnelle reçue du Procureur de l’Ordre ? Paré de
ses plus beaux habits, chacun retrouve sa simplicité
primesautière à l’approche des symboles bachiques
issus des siècles lointains et toujours restitués avec
faste et solennité… ! - Il m’apparaît clairement que
l’on touche là à l’essence même de l’humanité, noble
dans son besoin de relations fraternelles qui dépassent
les ambitions personnelles pour rejoindre le bien
commun.
Nos souhaits d’avenir
Le dynamisme d’une Confrérie est affaire de tous ses
membres. Nous souhaitons que cet état d’esprit perdure
pour que, dans un siècle ou deux, l’on reparle
avec joie de ce premier jubilé de 2007. La cause défendue
par les Chevaliers, ne l’oublions pas, est à
l’origine le vin, alors levons nos verres et trinquons à
la bonne santé de tous les Chevaliers ainsi qu’à leur
vénérable vocation.
LE CHEF DU DEPARTEMENT DE
L’ECONOMIE ET DU TERRITOIRE:
Jean-Michel Cina
5
LA FONDATION
Les considérations
Il a paru opportun et nécessaire au Conseil de l’Ordre
de la Channe de présenter, à l’occasion du 50ème
anniversaire de sa fondation, la brillante contribution
qui a été la sienne dans la vie valaisanne, en particulier
dans le domaine de ce qui touche au vin, à la
vigne et aux vignerons.
Dès son origine, et jusqu’à maintenant, cet ordre bachique
a réuni une sorte de phalanstère de personnalités
exceptionnelles, issues de divers milieux qui
ont fait leur, sur la base de la Charte fondamentale,
de valoriser le Valais du vin.
En guise d’introduction, nous signalons la synthèse
A la Saint-Martin (11 novembre),
aime ta femme et bois ton vin.
(Dicton Bourguignon)
faite lors de l’assemblée constituante, par le président
Edouard Morand, membre de la Commission de
travail qui avait élaboré la Charte.
«L’Ordre de la Channe, tel qu’on vous le présente
aujourd’hui, est issu du brassage et du rassemblement
d’idées émises à maintes reprises dans ce canton
par des hommes respectueux du bon vin, soucieux
de lui rendre hommage et désirant le propager toujours
davantage. On peut même ajouter que l’Ordre
de la Channe s’inspire de réalisations concrètes dans
notre pays.»
Ces propos nous permettent ainsi de mieux situer
ce qui se passait vraiment dès 1955 dans les milieux
valaisans désireux de doter le Valais d’une confrérie
vineuse à l’égal de l’Académie du Cep à Genève, de la
Confrérie du Guillon dans le canton de Vaud et aussi,
pourquoi ne pas le rappeler, «des Compagnons du
Bouteiller valaisan» qu’animait depuis plusieurs années
le Dr. Wuilloud avec son souci, celui de remonter
aux sources de la gastronomie et du savoir
bien boire.
On est donc en droit d’affirmer, 50 ans après, que
6
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
tous avaient comme point de mire: découvrir une formule
en étroite harmonie avec nos traditions valaisannes
où, de tout temps, on a choisi de s’unir avec
un sens communautaire, certains pour réaliser des
oeuvres d’intense génie.
Les préalables
Dans les années 1953-1957 la situation économique
des vignerons n’était guère au beau fixe. Ils avaient
en cave des trésors qui se vendaient mal!
Provins, la maison Orsat, l’Union des négociants en
vins se partageaient le marché du vin. Il ne faisait
pas encore l’objet d’analyses précises. Le flou existait
dans les relations producteurs-acheteurs. La
demande n’était pas toujours suffisante, les prix pas
suffisamment indexés. Les garanties du lendemain
incertaines.
C’est donc dans ce climat, certes pas encore catastrophique
mais peu rassurant, que l’on recherchait à
valoriser nos vins, leur accorder la place qu’ils méritaient,
et récompenser ainsi les efforts et le travail des
vignerons.
Cet aspect rapidement effleuré, envisageons les autres
réalités connues des responsables. Celles notamment
de savoir, qu’en France en particulier, et surtout en
Bourgogne, des confréries de vignerons s’étaient associées
pour défendre leur production et vanter leurs
cuvées par la publicité certes, mais aussi par l’organisation
de réunions vineuses avec certains rituels rehaussant
ces soirées bachiques.
Devant le succès et l’essor
de ces confréries vineuses,
il est apparu rapidement à
certaines personnalités
valaisannes qu’il était souhaitable,
à bref délai, de
coordonner leurs efforts
en vue d’actions et de manifestations
identiques en
faveur des vins du pays du
Haut-Rhône.
Ainsi, dès fin 1955 et début
1957, on observe que cer-
Selon les statistiques récentes, le Valais
compte 5’159 hectares de vignes
dont 2’004 hectares, soit 39 %, produisant
des raisins blancs et 3’155, soit
61 %, des raisins rouges. 540 hectares,
soit le 10,4 %, sont situés dans le Haut-
Valais et 4’619 hectares, soit le 89,6 %,
dans le Bas-Valais.
Saviez-vous que...
7
tains groupes se constituent pour présenter diverses
formules susceptibles de faire l’unanimité de fonder
une confrérie valaisanne du vin.
Nous avons le privilège d’avoir conservé un précieux
document en rapport direct avec cette tentative, demeuré
pratiquement inconnu, mais qui relevait d’une
étude approfondie et sérieuse. Voyez plutôt: Il date de
1952!
Le projet 1952
Les presses des maîtres imprimeurs Max Roth et Carl
Sauter, à la demande de M. Henri Imesch au nom de
la Corporation des négociants en vins du Valais, ont
imprimé à la St-Luc, le 18.10.1952, les «propositions
de statut, règle et constitution d’une confrérie valaisanne
de la vigne et du vin».
Après la soupe, un coup de vin
vole un écu au médecin.
Ce tirage limité à 100 exemplaires a été envoyé à titre
personnel aux confrères des négociants en vins et à
une dizaine de privilégiés pour étude et avec sollicitation
d’un préavis favorable ou défavorable.
Il faut relever qu’il s’agit d’un document artistique
de 21/30 cm en couleur, de 16 pages. Paul Boesch,
graveur et verrier à Berne, André Delherbe, écrivain
public et bachique, ont prêté leur concours à Maître
Max Roth, imagier et prieur de la Confrérie de St-Jean
d’Epesses. Il est précisé de plus que ce document a
été établi en présence de M. Elie Zwissig, président de
la commune de Sierre. Nous verrons par la suite pour
quelle raison ce nom est cité.
Ce document est primordial. Il représente en fait
un des éléments futurs constituant de l’Ordre de la
Channe. Reconnaissons avec le temps passé et avec
satisfaction que la Charte fondamentale est le reflet
exact des propositions faites. Il vaut donc la peine de
disséquer ce travail préalable de la Commission.
Nobles considérants, à titre d’introduction, attestant
qu’en tout temps les confréries ont voué leur
vigilance et leurs soins attentifs à établir «Messi-
8
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
re Vin», désignation de quelques
symboles tels le tastevin, le sac
à vins. Mais à ces propos s’ajoutent
une façon d’exalter le vigneron,
la culture du vin, son travail
et la fermentation du vin en cave
et se terminant par la citation
du père dominicain Samson que
le vin est «facteur de concorde
et de compréhension entre les hommes.»
Ceci explicité, on entre dans le vif du sujet. Il est proposé
que la confrérie porte le nom de «Chevaliers des
13 étoiles du Château de Villa». Dans un texte de haute
tenue, le titre est justifié par des rappels historiques
bienvenus et surtout il est précisé que «par chance
et privilège insignes, le Château de Villa est élu siège
de la Confrérie», d’où la présence de M. Elie Zwissig,
président de cette fondation.
Comment servir Messire le Vin? C’est l’objet d’une
analyse presque jésuitique de tout ce qu’il y a lieu
d’envisager pour diviniser ce fin jus de la treille.
Gastronomie généreuse, musique harmonieuse et
Médiathèque Valais - Martigny
régionale, solennels chapitres,
poésie, madrigaux en l’honneur
de poètes, théâtres, danses,
toutes ressources de l’éloquence,
impression d’almanach, lithographies
et vignettes hagiographiques,
tout se devait d’être
mis en valeur.
A lire en détail cette énumération, nous ressentons
une émotion certaine plus
un désir ardent de jouer
le rôle de chantre de la
confrérie.
Les initiateurs du projet
suggéraient la gamme de
dignitaires à élire, avec titres
appropriés, portant
robes et insignes.
Place est faite ensuite à la
nomination des membres,
à l’organisation des chapitres
et à la création d’un
Si le rhinocéros est bicorne, l’officier
de l’Ordre de la Channe l’est aussi...
pas parce qu’il a deux cornes mais
pour la raison qu’il est coiffé d’un
chapeau à deux pointes....comme celui
des académiciens! Cet accessoire,
indispensable pour protéger le cerveau
des agressions extérieures, est
en feutre noir «mascotté» c’est-à-dire
dur.
Saviez-vous que...
9
ordre pour récompenser les personnes ayant servi la
cause du vin valaisan.
Il fallait que, dans cet historique, large place soit faite
à de joyeux rabelaisiens, dignes de la littérature bachique,
mais aussi à constater avec joie que certaines
personnalités, convaincues de trouver une solution,
la cherchaient avec vigilance, hors des discussions
de café, hors de propos utopiques.
L’OPAV
Après plusieurs tractations avec les organisations
faîtières de l’agriculture, de la viticulture, des marchands
de vins et sous l’égide de l’Etat du Valais, un
instrument stimulant de l’économie générale avait
été envisagé: l’OPAV (Office de promotion pour les
produits de l’agriculture valaisanne).
Au fond des pots sont les bons mots.
Dans l’évolution de l’Ordre, cette institution va jouer
un rôle utile et efficace par la suite.
Ses structures:
- un chef de valeur à sa tête, Joseph Michaud, à Sion,
directeur de Provins, assisté d’un responsable pour
le domaine viti-vinicole, Albert Biollaz, à la tête d’une
maison de vins renommée à St-Pierre-de-Clages et
- d’un responsable coiffant les vastes secteurs des
fruits et légumes, à savoir Octave Giroud, influent propriétaire
terrien à Charrat.
- La direction de l’OPAV est
confiée à un homme de terrain,
modeste mais efficace,
le Dr. Alexandre Cachin, avec
la délicate mission pour lui
de situer désormais cet instrument
de la vie économique
non seulement valaisanne,
mais suisse. Tout était
à concevoir, à réaliser, à
concrétiser, notamment
sa présence sur le terrain.
10
M. Joseph Michaud directeur de
Provins
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
On doit à ce Haut-Valaisan (d’origine vaudoise), au
caractère pugnace, d’avoir conçu l’idée de la création
d’une confrérie vineuse. Il sut, dans l’optique de la réalisation
de cette idée, s’entourer de personnalités de
premier plan directement intéressées par ses buts.
Le Dr. Cachin n’hésita pas à porter le problème sur
la place publique avec divers articles particulièrement
incisifs parus dans la presse de l’époque (pour
mémoire le Nouvelliste, la Feuille d’Avis du Valais, le
Walliser Bote représentant la presse journalière et
d’autres publications paraissant à raison de 2 ou 3 fois
par semaine, tels Le Rhône, Le Journal de Sierre, les
Walliser Nachrichten, le Confédéré, la Feuille d’Avis
de Monthey).
La Suisse romande pour sa part, avec l’Académie du
Cep, la Confrérie du Guillon, possédait des instruments
de propagande bienvenus et très utiles auprès
des consommateurs.
Il appuya avec autorité et celle de son comité, l’idée de
créer une confrérie vineuse dont l’idée avait été envisagée
lors de la création de l’OPAV.
Grâce à cette prise de position ferme et très motivée,
les initiateurs purent compter sur l’appui de l’OPAV,
un appui déterminant.
La Fondation du Château
de Villa
Le directeur de l’OPAV estimait notamment que l’appartenance
d’un individu à des amicales, à des clubs,
constituait un véritable critère de rang social de l’individu.
D’où la nécessité, en Valais, de rendre à une
confrérie vineuse tout l’hommage qu’elle méritait.
Les exemples ne manquaient pas, notamment celui
de la France, pays classique des confréries vineuses
formant l’ossature d’organisations professionnelles.
Après avoir noté les prises
de position de l’OPAV et
des négociants en vins du
Valais, nous devons aborder
le rôle déterminant
que le Conseil de la Fondation
du Château de Villa et
de la Commune de Sierre
allaient jouer dans la créa-
Si les officiers de l’Ordre portent fièrement
le chapeau bicorne, les femmes-officiers,
elles, agrémentent leur
brushing, leur mise en pli ou leur permanente,
d’un couvre-chef, symbole
de l’ouverture de l’Ordre et du Valais
à l’Europe, puisqu’il est un souvenir
de vacances que l’Officier Troubadour
passa à Venise.
Saviez-vous que...
11
Médiathèque Valais - Martigny
tion de l’Ordre de la Channe. Les Sierrois visaient à
acheter le Château de Villa, devenu propriété de la
BCV par suite de la faillite, pour créer un musée du
vin et de la vigne. Diverses étapes marquèrent le processus
qui permit, le 17 novembre 1950, de procéder à
l’assemblée constitutive de la fondation du Château.
M. Elie Zwissig, président de la ville de Sierre, allait
en assumer la présidence avec, à ses côtés, M. le
Conseiller René Bonvin et M. Henri Imesch, négociant
en vins, le tout avec l’appui personnel du Conseiller
d’Etat Maurice Troillet. Ce dernier devait épouser les
idéaux des fondateurs du Château. Mieux, appuyant
son ami Elie Zwissig, il suggérait l’idée de faire du
château le premier relais de dégustation des vins du
Valais. Villa allait donc s’imposer comme un élément
générateur d’idées pour la promotion des produits de
la vigne et du vin.
C’est ainsi qu’au cours de l’année 1957 s’affirma définitivement,
avec une volonté bien définie, la structure
d’aller de l’avant.
Au matin, bois le vin blanc,
le rouge au soir, pour faire le sang.
Dans ce sens et au risque d’omettre peut-être certaines
personnes, retenons les noms du Conseiller
d’Etat Troillet, d’Elie Zwissig pour la fondation, Joseph
Michaud pour Provins, Alphonse Orsat pour sa
maison, Albert Biollaz et Henri Imesch pour les négociants
en vins, Dr. Cachin pour l’OPAV et, à titre privé,
Francis Germanier conseiller national, l’Abbé Georges
Crettol pour le Heimatschutz, Aloys Theytaz, Préfet
et M. Oscar de Chastonay, Directeur de la BCV. Cette
phalange était de plus animée par la Municipalité de
Sierre et sa Société de développement représentée
par Max Zwissig, Président, et Me Paul-Albert Berclaz,
secrétaire. Enfin, il convient de ne pas oublier
le célèbre Dr. Henry Wuilloud, spécialiste et excellent
connaisseur de la viticulture. Depuis des années, ce
solitaire mettait ses qualités au service de la cause du
vin, et par des articles de bon sens, entendait que l’on
témoigne aux produits du Valais une place de choix
qu’ils méritaient. Il devint un des ardents défenseurs
de la fondation.
C’est donc au cours d’entrevues informelles, et
avec un panel de personnalités différentes, que
l’esquisse de la future première confrérie vineuse
valaisanne se concrétise.
12
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Pour accomplir les tâches qui seraient les siennes,
les initiateurs établirent une sorte de Charte, qui dès
la fondation effective de l’Ordre de la Channe allait
être considérée comme des statuts.
L’idée maîtresse voulait que, pour servir utilement la
cause du vin, il faille réunir les amoureux de la vigne
et des crus, les techniciens et oenologues, les producteurs
indépendants ou sociétaires de grandes
maisons de vins et ne pas oublier les distributeurs,
d’où le rôle de l’OPAV dans ce secteur.
Eveiller l’intérêt du quidam, réveiller l’attention du
spécialiste, guider l’amateur dans les arcanes bachiques
et susciter un élan spontané, telles étaient les
priorités à réaliser immédiatement.
La création de chapitres, de ressats, de «disnées»
spéciales devaient permettre aux membres futurs de
déguster, apprécier, discuter, comparer et, en un mot,
créer et développer chez chacun le goût et la volonté
de vulgariser les connaissances acquises dans le public.
L’Ordre de la Channe, pour sa part, proposait des buts
13
simples par un développement d’idées culturelles et
artistiques dans les domaines du folklore, de la culture
générale, de la gastronomie. Il était envisagé des
publications régulières, de diffuser des informations
particulières, de distribuer des prix, d’aménager le
musée de la vigne et du vin, de constituer une bibliothèque
du vin.
D’entrée de cause on perçut que l’activité de l’Ordre
de la Channe ne serait couronnée de succès que dans
la mesure où son rayonnement
à l’extérieur du canton
pourrait s’extérioriser.
Pour mener à chef, il fallut
envisager une équipe
conquérante, indépendante,
franche de collier,
susceptible par la qualité
de ses fondateurs d’inciter
de nombreuses personnes
à devenir membres. C’est
dans cet ordre d’idées que
fin 1957 les initiateurs invitèrent
toute personne
Afin de financer la promotion du vin
du Valais confiée à l’IVV (Interprofession
de la Vigne et du Vin du Valais),
les propriétaires de plus de 400 m2
de vigne paient une redevance de 2
centimes par mètre carré. Les marchands
de vins, quant à eux, s’acquittent
d’un montant correspondant à 2
centimes par kilo de raisins encavés.
La somme totale des redevances encaissées
se monte annuellement, en
moyenne, à 2 millions de francs. Cet
argent sert à la promotion du vin du
Valais.
Saviez-vous que...
intéressée par le programme envisagé à constituer
l’Ordre de la Channe avec l’appui de tous les milieux
que nous avons énumérés.
La Constitution: le 1er décembre 1957:
L’orateur du jour, Me Morand, d’entrée en matière,
évoque l’existence en temps immémoriaux de confréries
joyeuses qui, dans nos villages, réunissaient une
ou deux fois l’an leurs membres autour d’un verre de
vin, né de la vigne possédée en commun, lors de fêtes
patronales ou d’assemblées bourgeoisiales.
Il précise ainsi:
«En créant aujourd’hui l’Ordre de la Channe, on ne fait
donc que reprendre des coutumes fort anciennes en
transposant sur un territoire plus étendu - celui que
délimitent nos grandes chaînes alpestres et qu’unit
Autant de vin il entre,
autant de secrets qui sortent.
le Rhône - une idée qui avait pris corps à l’échelon
restreint de nos villages et de nos bourgs.
Mais dès qu’on se met sur ce plan élevé, il s’agit
d’emblée de viser à la qualité. Le but poursuivi est de
réunir des défenseurs éclairés du vin moins ardents
à boire pour boire qu’à se pénétrer de la grandeur
d’une mission.
Le moment est d’autant mieux choisi que l’on a fait des
pas de géants ces dernières années pour améliorer la
qualité de nos vins, tandis qu’autrefois, trop souvent,
nos caves n’offraient qu’une parodie de ce qui aurait
dû être, vu l’excellence des vendanges encavées. On
peut affirmer aujourd’hui que les vins offerts par ceux
qui ont pris soin de les élever minutieusement respectent
leur origine et sont à la mesure de ce qu’on
est en droit d’attendre.
Il est donc normal de consacrer les progrès réalisés
par la création d’une confrérie réunissant aussi
bien les artisans que leurs admirateurs.
L’examen de la Charte, tout à l’heure, vous apprendra
en peu de mots tous les buts que l’on se pro-
14
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Médiathèque Valais - Martigny
pose. Certains articles
vous étonneront peutêtre
par les termes un
peu grandiloquents et
vieillots utilisés pour
désigner ceux qui adhéreront
à l’Ordre et
ceux qui conduiront
ses destinées.
Les auteurs du projet ont intentionnellement adopté
ces formules particulières pour souligner tout le relief
qu’ils entendent donner à cette confrérie. Elle devra
se surpasser elle-même par la classe de ses réunions,
par la sélection de ses membres et par la véritable
glorification du vin à laquelle elle va se vouer».
Le projet de Charte est remis à chaque membre avec
des pages de garde pour d’éventuelles remarques.
Impressionnant silence et unanimité touchante pour
l’acceptation de cet important document!
Relevons de ce papier comportant 13 articles, l’article
3 qui énumère le but général de l’Ordre.
15
BUT
Art. 3. Le but général de l’Ordre est de servir la cause
du vin valaisan. L’Ordre se voue à la glorification du
vin. Il pourra notamment:
a. susciter des études ou réalisations scientifiques,
historiques, littéraires, artistiques, etc. sur le vin;
b. distribuer périodiquement un Grand Prix du Vin aux
personnes dignes de cette distinction;
c. organiser des expositions
sur la vigne et le vin;
d. aménager une maison
du vin, centre de l’activité
de l’Ordre et comportant
notamment un musée et
une bibliothèque du vin;
e. organiser des dégustations
périodiques et des
séances gastronomiques.
Dans les articles suivants
sont énumérés des principes
de qui peut être membre,
de leur admission.
L’Ordre de la Channe a été pionnier
en matière de délocalisation. Depuis
quatre décennies, alors que le faisan
nichait encore en Valais, les deux plumes
qui ornent avec plus ou moins de
panache le bicorne des officiers sont
commandées à la mondialement célèbre
maison parisienne Février qui
livre également ce produit pour les
girls du Lido, du Moulin Rouge, du
Casino de Paris ou encore de Las Vegas.
Saviez-vous que...
Il est prévu le financement de l’Ordre en termes plus
que vagues.
Une hiérarchie est établie, un insigne sera créé et
sont précisés les organes compétents, leur fonctionnement.
L’organe dirigeant sera le Conseil de l’Ordre
et les diverses missions des 8 membres sont définies
à l’article 11, à savoir:
Art. 11. Le Procureur convoque les réunions de l’Ordre,
reçoit les candidatures, entretient les relations
extérieures et établit le programme d’activité d’entente
avec ses collaborateurs.
Avec bon pain, bonne chère et bon vin,
on peut envoyer promener le médecin.
Le Sautier administre l’Ordre sous la direction générale
du Procureur.
Le Majordome dirige les cérémonies.
Le Chapelain sauvegarde les intérêts spirituels de
l’Ordre.
Le Chancelier régit l’activité intellectuelle de l’Ordre.
Le premier Métral organise et dirige les dégustations.
Le deuxième Métral prépare les réunions gastronomiques.
Le troisième Métral tient les comptes.
La lecture de cette Charte n’appelle aucune intervention.
On est en droit de s’étonner de l’apathie dans laquelle
se déroule ce baptême.
Le Dr. Donnet, avec lucidité, signale que le programme
était grandiose, mais avec des ressources financières
inexistantes. Un esprit réaliste rêve à cette énumération
des projets mentionnés à l’article 3, ceci sans que
l’on parle des finances sinon laconiquement.
Cotisation, oui, facile! A part des contributions bénévoles,
quelques appuis discrets de quelques marchands
de vins et la contribution annuelle de l’OPAV,
rien n’est envisagé pour alimenter les finances.
Par conséquent, l’auteur du Propos 22 n’hésite pas
à écrire que pour le Conseil sur lequel pesait désormais
l’avenir: «Il fallait tout créer en partant de
rien».
Le Conseil, en plus de tous les soucis évoqués,
16
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
devait faire face à une campagne de doutes, de remarques
insidieuses prétendant qu’on n’était qu’une
assemblée de «bâfreurs et d’ivrognes».
Au soir du 1er décembre, 8 personnalités allaient
pourtant défier ces critiques, à savoir les 8 premiers
membres du premier Conseil.
Nul mieux que le Dr. Henry Wuilloud, oenologue émérite,
paraissait être apte à diriger le «Conseil de l’Ordre»
et à remplir le poste délicat de «Procureur ».
Aussi fut-il acclamé dans sa nouvelle charge tout
comme les autres membres du Conseil dont voici la
composition:
- «Le Sautier»: Dr. Alexandre Cachin.
- «Le Majordome»: Me Guy Zwissig
- «Le Chapelain»: Rd Curé Louis Fournier.
- «Le Chancelier»: Dr. André Donnet.
- «Le premier Métral»: Alfred Kramer.
- «Le deuxième Métral»: Henri Arnold.
- «Le troisième Métral»: Me Edouard Morand.
Pro mémoria, signalons que l’assemblée constitutive
de l’Ordre de la Channe a dénombré environ 50 personnes
de divers milieux. Les membres du Conseil
élus ont bénéficié des présentations personnelles
teintées d’humour et d’ironie, concoctées par le préfet
Theytaz.
Seuls 6 fondateurs vivent encore. Ils peuvent témoigner
de cette soirée enthousiaste, un tantinet irréelle:
Edouard Morand, ancien
président de Martigny,
troisième Métral
Guy Zwissig, avocat, Commandeur
Jean Cleusix, ancien juge
cantonal, deuxième Métral
Cyrille Pralong, agent d’assurances
Alfred Gillioz, représentant
Provins
Jean-Claude Bonvin, hôtelier.
Les 5’159 hectares du vignoble valaisan
sont très morcelés. Ils sont constitués
de plus de 110’000 parcelles
d’importance différente. Alors que la
moyenne d’une parcelle atteint 450
mètres carrés, la plus petite parcelle
cadastrée mesure 1,67 mètre carré et
est complantée de 3 ceps. Il s’agit en
l’occurrence de la célèbre «vigne de
Farinet» à Saillon.
Saviez-vous que...
17
La Réalité de 1957
En abordant ce sujet d’une brûlante actualité, avec
tristesse, émotion et respect, je me réfère à l’excellence
du Propos 22 de l’Ordre de la Channe «Aux origines
de l’Ordre de la Channe - Le temps des illusions»
écrit par l’éminent Dr. André Donnet, fondateur, 1er
Chancelier de l’Ordre, grand Officier d’Honneur qui,
avec son esprit perspicace et surtout sa spiritualité
exceptionnelle, a su restituer non seulement l’historique,
mais surtout ce climat presque kafkaïen du
1er décembre 1957, dans lequel comme l’écrit André
Donnet: «Les Sages se sont plutôt empressés
de confier l’entreprise qu’ils venaient de porter sur
les fonts baptismaux, à un comité de 8 membres (le
Conseil de l’Ordre) et, leur mettant entre les mains
des statuts hâtivement commentés, leur ont dit, non
sans précautions oratoires plus habiles qu’explicites:
« Au travail, Messieurs: nous avons mis en vous de
grands espoirs. Débrouillez-vous!»
Beauté sans bonté est comme vin éventé.
Oui, il est inutile de se voiler la face. Cette séance
fut menée au pas de charge par Me Edouard Morand,
président de Martigny, membre de la Commission de
travail. Il remplaçait au pied levé l’écrivain Maurice
Zermatten qui aurait dû présenter l’institution et ses
buts, lequel était alité. Nous extrayons de la présentation
de Me Morand quelques éléments constitutifs de
l’Ordre de la Channe:
«L’Ordre de la Channe tel qu’on vous le présente
aujourd’hui est issu du brassage et du rassemblement
d’idées émises à maintes reprises dans ce canton par
des hommes respectueux du bon vin, soucieux de lui
rendre hommage et désireux de le propager toujours
davantage.
On peut même ajouter que l’Ordre de la Channe
s’inspire de réalisations concrètes dans notre pays
même.
Je songe aux «Compagnons du Bouteiller valaisan»,
confrérie qu’anime depuis de nombreuses années M.
le Dr. Wuilloud avec un remarquable souci de remonter
aux sources de la gastronomie et du savoir
bien vivre, c’est-à-dire aux écrits immortels du
grand maître Rabelais.
Il s’est trouvé en définitive de nombreuses per-
18
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Médiathèque Valais - Martigny
sonnalités dans ce
canton pour estimer
qu’il fallait mettre
sur pied une sorte
d’institution où l’on
s’efforcerait de promouvoir
le respect
de la vigne et de tout ce qui la concerne.
Encore fallait-il trouver une formule qui soit dans la
ligne de nos traditions valaisannes où l’on a eu de tout
temps, à un degré plus élevé qu’ailleurs, le sens du
communautaire.»
Et à distance ceci dit, il est légitime d’affirmer que
dans un climat totalement démuni de sage raison, le
message adressé aux membres du nouveau Conseil
c’était: «Allez que vogue la galère».
L’Aventure
Au lendemain de cette assemblée, pour le moins étonnante,
8 personnalités se sont vu confier l’avenir de
l’Ordre de la Channe, sur des fondements inexistants,
sinon 13 vagues articles d’une Charte. On est tenté
d’ailleurs, en pensant à ce futur, qu’Anatole France
19
n’avait pas tort de considérer «l’avenir comme un lieu
commode pour y mettre des songes».
A l’enthousiasme débridé des fondateurs, à une totale
absence des réalités de ses nouveaux précurseurs, à
leur confiance accordée à 8 responsables, on croit vivre
en quelque sorte l’aventure. On doit tout faire, tout
envisager, on doit tout réaliser avec rien.
Dans un climat tout à fait détendu, l’assemblée constitutive
a désigné le premier
conseil et les 8 membres
appelés à siéger. Dans
l’ordre protocolaire que la
Charte a établi, il appartient
à un Procureur-Commandeur
de présider l’Ordre
et de le représenter.
Cette tâche incombe au Dr.
Henry Wuilloud. L’unanimité
s’est faite sur lui. Son
nom représentait un symbole
de ce Valais viticole.
Le Sautier administrait
sous la direction générale
Si l’on prend la peine de dénuder
un officier de l’Ordre normalement
constitué (entre 80 et 95 kg) et que
l’on dépose ses attributs (vestimentaires)
sur une balance, l’on remarque,
sans doute avec surprise, que son
«harnachement» (chaussures comprises)
pèse 5,200 kilos. La redingote et le
pantalon, à eux seuls, représentent
2,700 kilos. C’est sans doute ce que
certains considèrent comme étant le
poids des responsabilités.
Saviez-vous que...
du Procureur. C’est tout naturellement qu’il est fait
appel au Dr. Alexandre Cachin, directeur de l’OPAV,
spécialiste en ce qui concerne la promotion des vins
valaisans. Il avait eu le mérite de préparer minutieusement
un projet qu’il avait vulgarisé par une intéressante
publication dans la presse valaisanne.
Boire au volant, c’est pas bien.
Faut boire à la bouteille.
(dicton breton)
Un autre poste, particulièrement sensible, était attribué
au Majordome, grand directeur des cérémonies
et animateur des diverses activités de la confrérie.
C’est l’avocat et notaire Guy Zwissig qui fut choisi à
cet effet, M. Walthy Schoechli, maître imprimeur à
Sierre, s’étant formellement refusé à l’accepter. Dans
les milieux valaisans, le nouveau membre n’avait à
l’époque aucune activité quelconque dans les milieux
viti-vinicoles. Les problèmes du vin et de la vigne lui
étaient peu familiers, mais il avait l’expérience de diriger
plusieurs groupements d’intérêts privés ou publics.
Dans un Valais respectueux de ses traditions ancestrales,
de ses convictions religieuses, il était apparu
nécessaire aux initiateurs de compléter le Conseil par
un Chapelain, le vénérable abbé chargé de sauvegarder
les intérêts spirituels. C’est le populaire Prieur
Louis Fournier, terrien, connaisseur de l’âme valaisanne,
qui fut spontanément choisi.
Lors des tractations, colloques et séances préparatoires,
il fut beaucoup discuté de donner à cet Ordre
un rôle culturel, une philosophie du vin. Le Valais avait
la chance de posséder cet homme d’une rare intelligence,
un élève brillant de l’Ecole des Chartes de
Paris, archiviste du canton, le Dr. André Donnet, dont
on ne dira jamais assez le rôle combien utile, mieux,
déterminant qui fut le sien.
L’activité spécifique relative à l’organisation et la direction
des dégustations allait être confiée à un Métral,
un courtier spécialiste, dégustateur officiel des
vins lors de l’exposition nationale de Lausanne. Il
offrait les garanties requises pour assumer cette
fonction: Alfred Kramer. Il se révéla un précieux
auxiliaire du Conseil et sut insuffler à l’Ordre un
esprit de recherche permanent du savoir.
Une confrérie bachique ne peut se concevoir sans
20
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
y ajouter la gastronomie. Ce secteur était intéressant
à développer vu les productions du terroir valaisan:
fromages, pain de seigle, desserts susceptibles de
créer l’harmonie des vins et des mets. Henri Arnold,
hôtelier de renom, président de la section valaisanne
des hôteliers, fut pressenti. Avec intérêt il accepta.
Collègue particulièrement apprécié au titre de deuxième
Métral, il apporta un climat d’amitié certaine et
surtout sut donner aux mets valaisans une place de
choix.
Comme rien ne se fait sans argent, et Dieu sait si l’Ordre
de la Channe en avait un urgent besoin, il fallait
nommer le «maître des écus». C’est l’actif président
de la ville de Martigny, le notaire Edouard Morand, par
ailleurs secrétaire des négociants en vins du Valais,
que l’assemblée choisit pour sa parfaite gestion administrative.
Ainsi fut constitué le Conseil.
Après 50 ans, il est légitime de constater que le choix
de ces 8 personnalités fut décisif pour l’avenir de la
confrérie. C’est à eux seuls et grâce à leurs efforts
personnels, constants, que l’on sut éviter l’échec.
En 2007 on se doit de tenir compte du dévouement et
de la volonté de cette équipe qui débutait sans programme
existant, les moyens nécessaires pour les
réaliser étant quasi nuls. Relisons à ce sujet les propos
du Chancelier, car ils restent d’actualité.
«Le programme de l’Ordre était grandiose; il sous-entendai
non seulement des collaborateurs nombreux,
dévoués et compétents, mais aussi des ressources financières
considérables.
Qu’on en juge plutôt: la
simple énumération des
projets mentionnés à l’art.
3 fera rêver un esprit réaliste:
«... susciter des études ou
réalisations scientifiques,
historiques, littéraires,
artistiques, etc. sur le vin:
«... distribuer périodiquement
un grand prix du vin
aux personnes dignes de
cette distinction:
«... organiser des expositions
sur la vigne et le vin;
Sur les 158 communes politiques du
Valais, 69 d’entre elles peuvent se targuer
d’être des communes viticoles:
22 d’entre elles sont dans le Haut-Valais
et 47 dans le Bas-Valais. La plus
importante commune viticole est celle
de Chamoson (427 hectares) alors
que la plus petite se trouve dans le
Haut-Valais, à Baltschieder plus précisément
(3000 mètres carrés).
Saviez-vous que...
21
«... aménager une maison du vin, centre de l’activité
de l’Ordre et comportant
notamment un musée et une bibliothèque du vin:
«... organiser des dégustations périodiques et des
séances gastronomiques.»
Quant aux moyens, les rédacteurs de la Charte ont
été moins circonstanciés; l’art. 6 des statuts stipule
d’une manière fort laconique «Les besoins financiers
de l’Ordre sont couverts par des cotisations et des
contributions bénévoles...»
Les cotisations, tout le monde le sait, permettent
seulement d’assurer le fonctionnement de la société,
surtout dans les premières années d’activité, où elle
en était à recruter les membres.
Mais qu’en a-t-il été des «contributions bénévoles»?
A l’exception d’une modique aide initiale de l’OPAV
et d’appuis très discrets de quelques marchands de
vins, le Conseil de l’Ordre n’a pas eu l’occasion de voir
des mécènes se précipiter pour lui offrir assistance,
loin de là.
Les seules et réelles «contributions bénévoles» dont
l’Ordre ait bénéficié durant les huit premières années
de son activité, ce sont surtout celles que lui ont apportées,
à bien plaire - puisque la majorité d’entre eux
n’avait aucun profit personnel à attendre de l’exercice
- des membres du Conseil.
Oui cet hommage se justifie. Il est mérité. Les membres
du premier Conseil ont droit à y être sensibles
car personne n’a prévu les ennuis, les doutes, les tracas
qui furent les leurs.
Volontairement et à bon escient, nous avons voulu jeter
un regard aigu et clairvoyant sur les débuts. Pour
mieux illustrer encore les origines, laissons place
maintenant à nos souvenirs, que nous voulons partager,
et vous faire revivre les 6 étapes décisives de la
confrérie, cela avec des Procureurs de tempérament
totalement différent mais tous animés du feu sacré:
celui d’optimiser toujours plus l’Ordre de la Channe.
Boire du vin c’est être bon catholique.
22
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Le Règne
Wuilloud:
décembre
1957 - août
1963
Abordons cette première période de la mise en train
de la Confrérie. Chaque Conseiller ayant pris le temps
d’une sage réflexion, cherchait d’un commun accord à
découvrir les formules harmonieuses pour que « vivat
floreat, crescat» l’Ordre de la Channe!
Avant la première séance du Conseil, le Chancelier,
le Sautier, le premier Métral et le Majordome avaient
tenu réunion à la fameuse table ronde de l’hôtel Arnold.
Le but : procéder à un examen détaillé et préparer
un programme d’activité minimum. De prime
abord, il fut convenu désormais d’une présence de la
Confrérie dans la vie économico-sociale du canton, du
sérieux de son activité sachant toutefois marier avec
Dr Henry Wuilloud, premier procureur
bonheur humour et entrain. Cette
présence exigeait de suivre un rituel
strict. L’OPAV en serait en quelque
sorte l’ambassadeur.
Au mois d’avril 1958 invitation du Procureur
à assister à la première séance,
étant préalablement admis: que les
séances se tiendraient toujours au domicile
du Dr. Wuilloud, selon son ordre
du jour et en «temps voulu»
comme il devait le préciser.
Pittoresques heures
que celles vécues dans le
carnotzet de Diolly où le
Procureur s’exprimait à
sa façon, en exposant de
quelle manière se passerait
un chapitre. Avant la
séance, la tradition voulait
que l’on mange une
pomme... de Diolly, que
l’on boive un verre de vin
de ... Diolly, qu’on effectue
une visite du domaine de…
Le sautoir, signe extérieur d’adhésion
à l’Ordre, fut confectionné durant
plus de quarante ans par les révérendes
soeurs du couvent de Géronde.
Depuis 2004, cet accessoire, dont la
couleur sert à distinguer les diverses
catégories des membres, est confectionné
par une couturière de Sierre.
Saviez-vous que...
23
Diolly. Telle était la volonté du souverain.
D’où moments inoubliables lorsque, courageusement,
le Chancelier proposa un schéma de chapitre
de toute autre conception, que le Majordome défendit
un projet séduisant pour le déroulement futur
des réunions annuelles. Coup de tonnerre! Le Dr.
Wuilloud précisa qu’il était maître à bord, que le Dr.
Cachin était fonctionnaire de l’OPAV, que le Conseil
était utopiste et qu’il n’y avait qu’une loi, celle du maître
des lieux.
Cette forme de concevoir fut fermement combattue.
Désormais le Comité se trouva confronté au trio
Wuilloud, Abbé Fournier, Kramer, en opposition avec
Cachin, Donnet, Arnold, Zwissig. Edouard Morand se
voulut neutre. La guerre fut larvée.
Chaque séance fut ponctuée de suspensions, de reprises,
le tout dans ce carnotzet où les sentences peintes
Ce n’est pas le vin qui enivre l’homme,
c’est lui qui s’enivre.
(proverbe chinois)
sur les murs traduisaient les
connaissances littéraires des
orateurs grecs, latins, français
dont était féru le Dr. Wuilloud.
Les critiques, les réparties, réponses
qui nous furent faites
par le Procureur étaient bourrues
et sèches. Toutefois elles Chapitre de Saint-Léonard
M. Alfred Kramer en 1961 au
ne manquaient ni d’esprit, ni
même de charme. Son hospitalité prenait une forme
particulière où générosité et plaisir d’offrir attestaient
de l’esprit subtil du maître des lieux, avec un certain
mépris à l’égard des projets envisagés.
Pour le premier chapitre de printemps de la Confrérie,
les 7 membres enregistrèrent donc les ordres précis:
- le lieu: Diolly
- le programme: visite des biens de Diolly, apéro au
carnotzet, raclette en plein air, pomme comme entrée
et dessert saviésan.
Pas question de «chichi» dixit notre cher Henry.
Le résultat fut concluant: 13 personnes presque, le
Conseil 5 personnes !!! Un chiffre fatidique. Or, à
24
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
cette époque l’Ordre enregistrait déjà 130 à 140 membres.
Grand Seigneur, le Procureur accepta avec une certaine
amertume cet échec. Par contre, il rappela au
Conseil qu’il était le chef, mais que désormais les
utopistes pouvaient organiser un futur chapitre à leur
gré. Il n’en fallait pas plus pour permettre d’envisager
un projet de cérémonial.
C’est Sierre qui vécut cette grandiose journée et première
initiative.
Choix de la séance: les jardins du château Bellevue.
La vaste salle fleurie, aménagée avec soin, places
réservées pour les invités, les futurs membres, les
membres et accès libres pour la population sierroise
qui s’intéressait à ces assises. Les fifres et tambours
pour animer la cérémonie.
Un schéma bien rôdé qui constitua désormais la pierre
d’angle des futures assemblées:
- accueil du Conseil au son de la musique
- les trompettes sonnent
- emblème de l’Ordre hissé
- le Majordome prononce la harangue de bienvenue
- péroraison magistrale du Procureur
- intronisation des nouveaux chevaliers selon des règles
strictes: le Procureur armé du cep de vigne posé
sur la tête du candidat lui dit: «Je te sacre Chevalier
de l’Ordre de la Channe et je te félicite.» Le Chapelain
lui offre la coupe et prononce une sentence religieuse,
un Officier remet le cordon à l’élu qui va signer le livre
d’honneur.
C’est ensuite, au gré des
événements, la remise de
cordon d’honneur et de titres
à des dignitaires choisis
par le Conseil.
A cette époque, les Chanteurs
de l’Ordre n’existaient
pas encore. Il appartenait
donc aux trompettes
de se produire et de clore
les intronisations.
En Valais, le commerce du vin est
l’apanage de trois groupes d’intervenants
soit une fédération de caves
coopératives groupées sous la raison
sociale «Provins Valais» (20% de la
production), des négociants en vins
au nombre de 136 (58% de la production)
et 650 propriétaires-encaveurs
(22% de la production).
Saviez-vous que...
25
Le chapitre général d’automne du 4 octobre
1958
Le chapitre général d’automne, fixé le 4 octobre 1958,
permit à 115 membres de s’inscrire pour suivre les assises
et participer ensuite au dîner de gala à l’hôtel
Bellevue, un joyau architectural, ancien château de la
Cour de la famille de Courten. Un succès qui augurait
enfin heureusement de l’avenir.
Le Conseil avait déjà décidé que désormais les invitations,
dessinées artistiquement par un peintre valaisan,
seraient adressées pour chaque manifestation.
C’est ainsi que, sur papier glacé, avec sigle en
couleur, programme détaillé et ordonnance du repas,
cette première formule allait connaître un succès.
Etape décisive lors de ce chapitre: l’ordonnance du
repas.
Depuis que le soleil et la lune
brillent au firmament,
on a rien connu de meilleur que le vin.
(dicton persan)
Chaque convive trouve sa place réservée sur table
fleurie. Une liste préparée à l’avance et affichée indique
à chacun où il se trouve et avec qui.
Trompettes sonnent, Conseil entre et prend place et,
aux ordres du Sautier, déploie ses fastes, tandis que
le Majordome lit les règles de la table et que le premier
Métral présente le vin. Ce fut minuté, ordonné.
Dans une ambiance exceptionnelle, les membres dégustèrent
un repas digne de Lucullus avec son velouté
anniviard, suprême de truite, bouquetière des jardins
bourgeoisiaux, gigue de chevreuil et assortiment de
fromages d’alpage. Par respect pour le Procureur,
nous lui avons réservé un dessert qui ne pouvait que
le satisfaire: corbeille de fruits de Diolly.
Ce chapitre préludait le rituel qui allait être adopté.
Au soir de ce mois d’octobre, une base était acquise.
Les participants ressentaient une fierté à avoir participé
à des heures exceptionnelles et l’Ordre de la
Channe annonçait son identification de confrérie
de haut rang.
Par ailleurs, à l’occasion de ce festin, nous avons
26
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
rempli une autre tâche prévue dans les buts: celle de
faire connaître les vins de choix. Tel fut le cas puisqu’il
fut présenté par M. Kramer 8 vins notamment à l’apéritif
et à l’entrée du menu: 2 Fendant de Sion et de
Sierre, ensuite une Humagne 56 de Vétroz, un Johannisberg
57 de Pont de la Morge, une Dôle royale 55 de
Sion, un rouge du pays de bon aloi de 1947!!! et pour
clore avec succès cette gamme: une Humagne 1949
de Martigny et une Malvoisie 1957 de l’Etat du Valais.
Qui dit mieux, sinon que l’on commençait à déguster
des crus avec intelligence.
Autre but réalisé, et non des moindres, grâce au Chancelier
celui de la présentation du 1er Propos de l’Ordre
de la Channe, édité sur papier de choix et écrit avec
tendresse par notre cher et illustre Maurice Zermatten.
En termes délicats, choisis, avec des mots venus
du coeur, notre romancier valaisan nous offrait à
méditation: «Poésie de la vigne et du vin». Hommage
vibrant au vigneron, analyse profonde à la grandeur
de la vie du vin, philosophie de sa culture. Un régal
littéraire.
Ce rappel nous autorise à relever que le Dr. Donnet,
archiviste, s’était assigné comme but de présenter un
Propos chaque année au chapitre d’automne.
Sous l’ère Wuilloud, l’Ordre se dota d’une étude du
professeur Paul Aebischer: «Elucubrations bachiques
et étymologiques» sur les noms des vieux cépages valaisans,
no 2 des Propos.
Honneur fut rendu au Procureur Wuilloud qui put narrer
dans le Propos no 3 «Harmonies valaisannes - la
raclette et autres bonnes choses». Une savoureuse
et délicate étude, truffée de littérature greco-latine,
de propos de qualité sans
flatterie. Ce texte constitue
encore un petit chefd’oeuvre.
Albert Chavaz,
avec talent, avait illustré
ce Propos.
Pour le Propos no 5, le
Chancelier sut mettre en
valeur un chercheur émérite,
une personnalité de
rare compétence qui, depuis
des années, se faisait
le défenseur du patois et lui
consacrait de très sérieu-
Le sautoir, signe extérieur d’adhésion
à l’Ordre, fut confectionné durant
plus de quarante ans par les révérendes
soeurs du couvent de Géronde.
Depuis 2004, cet accessoire, dont la
couleur sert à distinguer les diverses
catégories des membres, est confectionné
par une couturière de Sierre.
Saviez-vous que...
27
ses recherches à savoir M. le Dr. Ernest Schulé. Avec
le Propos sur: « Aspects de la terminologie viticole
du Haut-Valais», ce professeur invita nos membres
à une approche du patois, de ses formules spéciales,
de ses mots inattendus, des termes locaux.
Qui mieux que le conservateur des musées, Albert de
Wolff, homme de rare intelligence, pouvait avec un
sens poétique aigu présenter le 7ème «Les raisins
dans l’art du Valais». L’Ordre ainsi s’enrichissait d’un
nouvel élément propre à fortifier la culture vineuse.
Nous avons dressé la liste des Propos du temps
Wuilloud. Evoquons les quelques chapitres qu’il sut
mener à la baguette en fonction des idées nouvelles
désormais reconnues, signalons de folkloriques assises
au Vieux Bisse à Savièse en 1959, le rendez-vous
à l’alpage de Thyon à 2020 m en 1960, un prestigieux
chapitre en 1961 à St-Léonard et le 24 novembre 1962
chapitre à Sierre, pour la première fois patronné par
Eau de Saint-Jean ôte le vin
et ne donne pas de pain.
Beau temps vers la Saint -Jean,
blés et vins abondants..
(proverbe bourguignon)
28
M. Paul Chaudet, ancien conseiller fédéral et des
hauts dignitaires de l’époque.
D’année en année, pareil au vin qui vieillit - heureusement
- l’Ordre inscrivait à son palmarès des réussites
certaines dont la presse désormais se plaisait à
signaler le sérieux, l’intérêt spirituel et la qualité des
mets et vins proposés.
Ajoutons à ce rappel qu’à l’initiative du Chancelier, du
1er Métral et de l’OPAV un chapitre consacré aux dégustations
fut organisé en 1960 à Sion à l’hôtel de la
Planta. Furent analysés 3 Fendant, 2 Johannisberg, 2
Ermitage, 1 mousseux mi-sec 1958, 1 Goron, 2 Dôle, 1
Arvine, 1 Amigne et 1 Malvoisie. Convenons que chacun
pouvait retirer de cette épreuve de précieuses leçons
susceptibles d’améliorer son goût et son sens
de la dégustation. Le Chancelier présenta quelques
brèves notices sur la compilation historique des cépages
du Valais. Cette intéressante expérience fut
reprise en 1964 à Loèche-Ville où furent dégustés
les Fendant et Johannisberg des crus 1960 et 1959
avec quelques spécialités de 1951, 53, 55.
Stupeur en ce mois d’août tropical 1963, un appel
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
de la fidèle Marie à Diolly au Majordome où, émotionnée
et en pleurs, elle lui annonçait: le Dr. est mort!
Foudroyante disparition de cet homme d’un autre siècle,
sorte de Seigneur solitaire, rébarbatif à la société
moderne. Il y avait en lui une débauche de vitalité.
Oenologue avisé, fin connaisseur de la vigne et du
vin, écrivain à la plume sarcastique, homme au verbe
mordant, avec ses étonnantes qualités et ses défauts
certains, tel était le Dr. Wuilloud.
A réfléchir, ceux qui, comme nous, ont eu le privilège
de côtoyer le Dr Wuilloud, malgré nos conceptions
fondamentalement opposées, peuvent prétendre avoir
connu une personnalité hors du commun, porteur d’un
message d’indépendance, visionnaire à sa façon.
Il est donc justifié que, dans cette plaquette, soit relevé
l’hommage que son Chancelier et le Conseil ont
tenu à exprimer à sa mémoire:
Aujourd’hui, nous ressentons cruellement le vide qu’a
creusé sa mort. Nous ne dirons pas qu’Henry Wuilloud
est irremplaçable. Mais avec lui nous avons vu disparaître
quasi l’ultime spécimen d’un type d’homme en
voie d’extinction.
Au cours de sa carrière exceptionnelle, Henry Wuilloud
a su créer son personnage: il était devenu, pour le public,
l’autorité viticole par excellence, fondée sur des
connaissances théoriques et pratiques étonnantes,
pour ainsi dire encyclopédiques. Vigneron, encaveur,
agriculteur, journaliste, professeur, érudit, poète, dessinateur,
toutes ses activités, il les a mises au service
d’une noble cause: son amour pour les produits du Valais,
auxquels il souhaitait
qu’on accorde la place de
choix qu’ils méritent.
Maintenant, il nous fait
redire avec le prophète:
«Vinum in forculari noncalcabit»,
le vin, dans le
pressoir, il ne le foulera
plus....»
Le règne du 1er Procureur
venait de s’éteindre.
Si l’on divise la surface viticole du
Valais par le nombre de propriétaires
de vigne, l’on constate que la grandeur
moyenne d’une exploitation
viticole atteint 2’350 m2....ce qui est
fort modeste si l’on songe que pour
pouvoir disposer d’un revenu décent,
il convient de cultiver 3 hectares de
vigne c’est-à-dire d’encaver quelque
30’000 kilos de vendange.
Saviez-vous que...
29
LES PROPOS
DE L’ORDRE
DE LA CHANNE
Entre Saint-Denis (9 octobre)
et Saint-François (4 octobre),
prends ta vendange quelle qu’elle soit.
1958: Poésie de la vigne et du vin.
(Maurice Zermatten).
1959: Elucubrations bachiques et étymologiques
sur
les noms des vieux cépages valaisans.
(Paul Aebischer).
1960: Harmonies valaisannes. La raclette et autres
bonnes choses. (Dr Henry Wuillloud).
1961: Le raisin dans l’art du Valais. (Albert de Wolff).
1962: Aspect de la terminologie viticole
du Haut-Valais. (Ernest Schülé).
1963: Le vin, ses sous-produits et les raisins dans
un recueil de recettes (1825) de l’Abbé Fardel,
curé d’Ayent. (Jean Nicollier).
30
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
L’interrègne:
août 1963 -
juin 1964
Dans l’historique des 25 ans de l’Ordre de la Channe,
le chroniqueur signale, sans autre précision que: «la
succession du Procureur Wuilloud allait provoquer
quelques sursauts ». Si sérieux en fait d’ailleurs qu’à
cette date fatidique de 1963, l’enjeu de l’avenir de l’Ordre
s’est trouvé confronté avec une telle acuité à des
impondérables qu’il a fallu même envisager dissoudre
la confrérie après la démission générale du Conseil.
Rétrospectivement il est intéressant d’analyser les
raisons qui, à l’époque, motivaient cette ultime solution.
Il faut revenir aux faits qui ont suivi la mort du
Procureur. A l’appel du Majordome, remplaçant institué
du Procureur selon les statuts, le Conseil fut
réuni fin septembre avec comme seul objet de l’ordre
du jour: succession du Procureur. Une discussion générale,
approfondie, sérieuse, motivée permit de dégager
quelques principes généraux pour les futures
31
activités de la confrérie et pour tracer un profil idéal
du nouveau Procureur.
De l’avis général il convenait d’oser sortir de la solitude
de l’Ordre sur le plan valaisan, d’envisager une
réforme totale des statuts, d’établir une liste des
marchands de vins, négociants, indépendants valaisans
susceptibles de s’intéresser à nos activités, de
ne pas craindre de trouver des sponsors pour assainir
nos finances, certes saines mais modestes, de modifier
et améliorer encore le
cérémonial, de renforcer
les efforts déjà consentis
dans le développement
de la culture générale et
vinicole et de trouver une
formule pour assurer une
saine marche administrative
de l’Ordre.
Le Conseil a eu ce grand
mérite d’approfondir ses
recherches pour vivifier la
confrérie, lui donner plus
d’efficacité et de l’armer
La couleur du sautoir est le signe
distinctif des différents membres de
l’Ordre: le Chevalier se voit attribuer
un sautoir jaune, le Chevalier d’Honneur
qui distingue un invité de marque,
est vert alors que celui de Chevalier
des arts et des lettres est bleu.
Quant aux Officiers et au Procureur,
ils portent un sautoir rouge. Notons
que le titre d’Officier est conféré par
l’assemblée générale sur préavis du
Conseil de l’Ordre.
Saviez-vous que...
pour faire face à l’avenir.
A ces préoccupations s’ajoutait celle de veiller à entretenir
une collaboration utile et loyale avec l’OPAV et
cela d’une manière durable. Le Conseil estimait qu’il
appartenait à cet organisme d’appuyer sans réserve
la confrérie, véritable et seule ambassadrice du vin à
l’époque et de savoir respecter son indépendance.
Cette analyse faite, les Officiers se penchèrent sur
les éventuelles candidatures du futur Procureur. Une
première évidence s’imposa: celle d’une personnalité
connue dans les milieux économiques, sociaux
et politiques du canton, d’un homme d’ouverture, au
caractère amène et chaleureux, à l’esprit caustique,
au rayonnement reconnu, fermement convaincu de la
mission qui lui était confiée, apte à la mener au mieux
et capable de maîtriser toute situation particulière.
Envisager surtout un homme prêt à sacrifier du
La vérité est dans le vin.
temps pour valoriser l’Ordre et le vulgariser. Il ne faut
pas oublier que d’aucuns considéraient notre confrérie
comme celle de joyeux drilles, tandis que d’autres
nous reprochaient d’être un cercle fermé où seuls
certains initiés pouvaient être admis. Enfin, ils étaient
nombreux à penser à une société carnavalesque de
bons vivants. Ainsi les buts réels étaient méconnus.
C’était le défi auxquels les 7 Officiers devaient faire
face. Il convenait donc d’être unis, conscients des recherches
à accomplir et tous unanimes dans les méthodes
à utiliser.
Satisfaits de nos travaux préliminaires, il était désormais
urgent de dénicher l’oiseau rare.
Le premier tour concerna l’éventualité de trouver
parmi les membres du Conseil le successeur du Dr.
Wuilloud. Aucun ne s’estima être en mesure de s’arroger
le titre de Procureur: le bon sens interdisait à
l’un des nôtres, à l’époque du moins, d’envisager
cette promotion.
Commença alors la chasse véritable en précisant
encore que le Procureur, outre les qualités défi-
32
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
nies, devait être une personnalité absolument indépendante,
apolitique, n’appartenant pas au milieu du
commerce des vins et susceptible de réunir autour
d’elle une large majorité d’adhérents.
La prospection débuta. Quelque 30 personnalités
furent sollicitées appartenant aux milieux les plus
divers, aux étiquettes politiques connues, aux compétences
admises. Chaque Officier avait à coeur de
pouvoir présenter un candidat de choix. A l’exception
du Chapelain, tous se trouvèrent concernés, malheureusement
sans succès.
Aussi, après 3 mois d’intense activité, rien ne se profilait
à l’horizon. Les désillusions, les doutes, les critiques
commencèrent à se manifester.
L’année 1964 commença dans ce climat morose. En
janvier, le Conseil en était à sa xième séance. En février,
dans un climat de nervosité, d’anxiété, le Majordome
ouvre la séance où tous sont présents. Une
surprise de taille attendait le Conseil.
Un Officier auquel personne ne s’attendait accusa les
autres membres d’avoir politisé l’Ordre, de vouloir imposer
un Procureur radical au mépris de personnalités
de valeur. L’auteur de l’intervention: Le Chapelain!
Stupeur totale. L’Officier Abbé Fournier de prétendre à
l’inertie, au manque de volonté des Officiers, à estimer
qu’il avait des ukases contre certaines candidatures.
A cette outrageante et inexplicable attaque, à cette philippique,
un homme de droiture, de parfaite honorabilité,
en termes tranchants, allait répliquer. A l’image
du poète latin, le Dr. Donnet, dans une véritable catilinaire,
traduisit le désarroi
ressenti à la bassesse des
propos proférés.
Il faut admettre que les
conséquences de l’intervention
du Chapelain
Fournier laissèrent des
blessures certaines en particulier
chez le Chancelier
et surtout le Majordome.
On craignit que l’Ordre de
la Channe n’implose, cette
idée étant confortée par les
démissions successives
«L’embarras du choix» caractérise
l’offre vinicole valaisanne puisque
le canton produit des raisins issus
officiellement de 49 cépages. Quatre
cépages principaux (Pinot Noir,
Chasselas/Fendant, Gamay et Sylvaner/Johannisberg)
couvrent le 80%
du vignoble et les 45 autres cépages
(20%) forment ce que la tradition appelle
«spécialités».
Saviez-vous que...
33
des Officiers. Le Majordome Guy Zwissig se sentant
le plus impliqué dans le monde politique pensait devoir
laisser sa place et ne pas être un élément négatif
pour l’avenir; le Chancelier suivait. Le Dr. Cachin,
pour sa part, estima que dans ces conditions sa place
n’était plus de mise. Si bien qu’à la fin janvier tout
était consommé, la confrérie en tant que telle n’avait
plus d’existence légitime. C’est M. Kramer, absent,
qui reçut toutes les démissions. Diverses solutions
furent envisagées dans un premier temps, notamment
une assemblée générale extraordinaire pour
élire un nouveau Conseil. Des avis pertinents furent
émis pour éviter cette formule. Commença alors une
véritable course contre la montre pour sauvegarder à
vie l’Ordre.
Dans ces heures incertaines de l’interrègne, relevons
les interventions pleines de sagesse de M. Joseph Michaud,
convaincu du maintien de la Confrérie, de M.
Henri Imesch au nom des négociants en vins apportant
son soutien au Conseil et quelques solutions pour
l’avenir et enfin celles extrêmement fermes du Président
de la Fondation du Château de Villa: Elie Zwissig.
Grâce à ce trio, grâce aux relations du Majordome avec
les autorités cantonales, Conseil d’Etat, des partis,
grâce surtout à l’appui total d’anonymes fermement
décidés à éviter le naufrage, une solution appropriée
fut trouvée, à savoir de confier les pleins pouvoirs au
Chancelier Donnet pour découvrir le sauveteur, établir
un programme susceptible d’être réalisé, trouver
le futur financement de telle sorte que la personnalité
qui reprendrait les rênes sache sur qui et sur quoi elle
pouvait compter. Un certain apaisement se fit immédiatement
sentir. Des appuis jusqu’alors inconnus se
manifestèrent. C’est dans un climat serein que tout
fut préparé pour permettre à l’assemblée générale du
27 juin 1964, à Martigny, d’entériner l’ordre du jour: la
nomination du Procureur, le programme d’action, les
nominations statutaires, la ratification des nouvelles
candidatures.
La vue de l’ivrogne
est la meilleure leçon de sobriété.
(dicton grec)
Minutieusement préparé et ciselé, c’est dans une
sorte de travail de bénédictin que le Chancelier
Donnet organisa ces assises déterminantes de
34
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
l’Ordre. Il avait su envisager la réorganisation de l’Ordre
avec les exigences de l’époque, ceci pour en faire
un instrument plus adapté aux besoins. De plus, le
Procureur nouveau, un homme d’ouverture, accepta
ce mandat: le Dr. René Deslarzes, solide Bagnard,
très connu dans le monde médical romand,
un généreux de coeur et d’esprit,
ami de tous. Présenté avec humour
par le nouveau Chapelain, l’Abbé
Georges Crettol releva les mérites de
ce praticien réputé, se mettant à disposition
des sportifs. A ses qualités il
ajouta celle, entre autres, de présider
la solide Société des médecins suisses
amis du bon vin.
Le temps passé n’effacera jamais dans nos esprits ce
que nous avons vécu et ressenti en 1963-1964, ni l’immense
gratitude professée à l’égard d’André Donnet et
Georges Crettol auteurs du renouveau 1964.
La crise était résolue. Joie et plaisir
partagés par le nouveau Conseil.
Le 3e Métral, M. Jean Cleusix, remplaça
le Président Morand. Tous les
le Dr. René Deslarzes et Guy Zwissig
Officiers élus en 1957 acceptèrent de
continuer à oeuvrer avec le nouveau Procureur.
Selon le «Petit Robert», le jabot est un
ornement de dentelle, de mousseline,
attaché à la base du col d’une
chemise, d’une blouse, et qui s’étale
sur la poitrine. Celui des officiers de
l’Ordre est en en coton et en soie de
couleur blanche. Tout en fines dentelles,
il témoigne de la compétence des
brodeurs de Saint-Gall.
Saviez-vous que...
35
L’épopée Deslarzes:
27 juin 1964 -
27 novembre 1970
C’est sous d’excellents auspices que commença l’ère
du chaleureux Dr. Deslarzes. Doté d’Officiers confirmés,
efficaces, jamais il ne se prévalut de ses titres
pour imposer ses idées. Au contraire, homme de
consensus, il tenait lors de chaque séance à ce que
chacun témoigne et apporte son avis.
L’assemblée de Martigny ayant ratifié certaines propositions,
le Conseil décida d’y donner suite immédiatement.
Le Majordome, dès la première séance à Diolly, avait
préconisé comme une condition «sine qua non» de
Lait sur vin est venin.
Vin sur lait est souhait.
doter le Conseil d’une tenue d’apparat. Aussi proposa-t-il
que M. Albert de Wolff, conservateur des musées,
envisage quels habits seraient appropriés. Ce
dernier procéda à diverses recherches. Il admit qu’il
convenait que l’habit choisi soit en rapport direct avec
l’histoire valaisanne. C’est ainsi que le Conseil accepta
de porter la même tenue que les députés valaisans en
1815 quand ils sollicitèrent l’entrée du Valais dans la
Confédération. Il s’agissait d’un habit noir avec redingote,
culotte d’époque, veste-gilet, lavallière, le tout
constituant un ensemble harmonieux.
Le Procureur s’occupa ensuite des relations avec
l’OPAV. Des conceptions diverses se manifesteront.
Aucun accord de principe ne fut envisagé, sinon l’octroi
d’un subside annuel.
Il fut décidé d’une refonte totale des statuts (Charte)
en particulier sur les buts à atteindre, notamment à
s’intéresser à tout effort national ou international relatif
à la vigne et au vin.
D’emblée une idée s’imposa d’étendre les cérémonies:
à savoir à l’extérieur du Valais et de la Suisse,
de vulgariser ce qui se passait dans le pays
36
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
du Rhône. Cette formule allait trouver sa raison d’être
lors des 10 ans de la fondation de la Confrérie.
Jusqu’à cette date, tous les chapitres se tenaient en
Valais, que ce soit celui du printemps ou de l’automne.
C’est ainsi qu’un chapitre haut en couleur allait dérouler
ses fastes à Brigue, au Château Stockalper, le
21 novembre 1964 où, surprise, le Conseil se présentait
pour la première fois en tenue d’apparat.
Une pléiade de personnalités honorait de leur présence
cette cérémonie émouvante dans l’enceinte du
château. Proclamation de nouveaux Officiers d’Honneur
avec le concours de l’Oberwalliser Volksliederchor.
Une belle journée s’inscrivait au livre d’or.
Il convient aussi de préciser qu’à chaque chapitre
d’automne on continuait à présenter un Propos de
l’Ordre.
1965: Nous sommes heureux et flattés d’accueillir
une grande dame, Hanny Favre, première Chevalier
d’Honneur. Elle le mérita et elle nous permit d’associer
enfin et à juste titre la «gent» féminine à nos activités.
37
Ovronnaz, Sion à l’occasion du 150e anniversaire de
l’entrée du Valais dans la Confédération, Chandolin,
Sierre, Venthône constituent les étapes des chapitres
des années 1965 au printemps 1967.
10ème anniversaire
C’est à l’occasion de son Xème anniversaire que l’Ordre
de la Channe fit son
baptême européen sous la
houlette joyeuse d’un Procureur
en verve, heureux
d’innover. Il fallait avoir un
Conseil de choc pour réaliser
ce qui fut appelé: «Les
Cheminements vineux du
Xème chapitre de l’Ordre
de la Channe, du 24 au 26
novembre».
Détaillons plutôt: 7 confréries,
et non des moindres
réunies sous le haut pa-
La production valaisanne de vins atteint
les 40-45 millions de litres ce qui
représente le tiers de la production
suisse qui, en moyenne, s’élève à 110-
120 millions de litres. Il est à noter
que cette production indigène couvre
moins de la moitié de la consommation
de vins dans notre pays (280
millions de litres soit 39 litres par personne:
une moyenne honteuse pour
un Valaisan).
Saviez-vous que...
Chapitre du dixième anniversaire à
Sierre 1967: les officiers d’honneur
Walter Schoechli, M. Hohn de la Division
de l’agriculture, Elie Zwissig,
Charles Zimmermann et John Mounir
au cortège.
tronage de M. Paul Chaudet, ancien président de la
Confédération, soit
1. l’illustre Commanderie de Champagne de l’Ordre
des Coteaux, Reims
2. la Confrérie des Chevaliers du «Sacavin» d’Anjou,
une des plus anciennes ambassadrices du vin
3. les Connétables de Guyenne, Bordeaux
4. la Confrérie de St-Etienne, Colmar, Alsace
5. la Grolla Valdotaine d’Aoste
6. la Confrérie du Guillon, Vaud
7. la Compagnie des Vignolants du vignoble neuchâtelois.
Offre alléchante que celle qui leur avait été communiquée,
à savoir:
Le vin fait beaucoup de bien aux femmes,
surtout quand ce sont des hommes qui le boivent.
(dicton bourguignon)
Vendredi: - réception à l’Hôtel de Ville Sierre
- visite de la cave de M. Imesch, président des négociants
en vins
- Disnée en Gentilhommière de Villa
avec le Conseil de Fondation du château
Samedi: Grand Chapitre de St-Théodule, patron des
vignerons
Cérémonie grandiose au Casino de Sierre, échange
d’aimables propos - péroraison magistrale du Procureur
-intronisations, souhaits officiels et retour à
l’Hôtel de Ville cortège mené par la royale Clique des
Tambours et Clairons Sierrois et la Gérondine, où se
déroule, selon une ordonnance digne d’une cour royale,
un fameux repas de chasse, le tout accompagné
par les Chanteurs de l’Ordre, ensemble vocal costumé
en vigneron, créé spécialement pour cet anniversaire
grâce à Monseigneur le Chapelain.
On vécut une ambiance nouvelle, européenne, chaleureuse,
humaine et, ce jour-là, se créèrent des
amitiés spontanées qui ont perduré.
Le lendemain, les rescapés des libations du Manoir,
des caves Imesch, du Carnotzet de l’Hôtel de
38
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Ville partent à la découverte du Val d’Anniviers. Etape:
St-Luc. Exceptionnelle réception de la population et
honneur pour les invités par la réception dans les salles
de la bourgeoisie et ce fait rarissime de pouvoir
déguster le Glacier au tonneau de l’Evêque.
Fêtes inoubliables. La Confrérie de suivre allègrement
le chemin du succès avec une étape de renouveau,
le 7 décembre 1968, à Genève, au restaurant de
l’Aéroport. Le Procureur dirige avec maestria le Chapitre
de l’Escalade. Une femme d’exception patronne
cette festivité: Mme Lise Girardin, Maire de Genève,
accompagnée des Conseillers nationaux Revaclier et
Carruzzo.
Autres faits marquants à relever:
- le chapitre rhodanien à Martigny, ouverture vers la
France.
- Dans un hommage de coeur, le sélect chapitre Vaud-
Valais, en pays d’Agaune et en terre spirituelle de la
royale Abbaye de St-Maurice.
- Le 19 octobre fraternisent ainsi à l’entrée du Valais,
à quelques kilomètres du Château de Chillon, centre
de la confrérie du Guillon, les Conseils d’Etat et
Grands Conseils Vaud-Valais, sous la bénédiction de
l’inoubliable Monseigneur Séverin Haller, Evêque de
Bethléem et Abbé de St-Maurice.
Ce samedi 19 octobre 1968, le Guillon et l’Ordre de la
Channe scellent à jamais un pacte d’amitié qui subsiste
encore.
Journée où on loua le vin, où fut souvent exaltée la
spiritualité de ce chapitre qui déroula ses fastes dans
l’Abbaye proprement dite après que les participants se
soient arrêtés à la maison
historique de la Pierre.
Les participants bénéficièrent,
sous la houlette
de l’historien réputé, le
Chanoine Dupont-Lachenal,
d’une visite complète
du trésor de l’Abbaye, une
véritable richesse, tandis
qu’en Abbatiale, avec ravissement,
il fut exécuté
un concert d’orgue sous
la direction du Chanoine
Atanasiades. L’artiste Mo-
Quel que soit son grade, chaque membre
de l’Ordre a été obligatoirement
adoubé. Ce terme «adoubé» provient
de «dubban» ( frapper) parce que, il
y a quelque mille ans, le futur chevalier
recevait de son parrain un coup
sur la nuque. Voilà la raison pour
laquelle le Procureur, dans un geste
symbolique, «frappe» le nouvel adhérent
avec un cep de vigne.
Saviez-vous que...
39
end, de St-Maurice, présenta de façon élégante le
programme de cette journée.
St-Gall, Sierre, Loèche-les-Bains, Brigue, Martigny
et Zurich attestent de la diversité des villes choisies
par le Conseil. On constate que la Suisse allemande
figure avec des cités sélectionnées et historiques.
Il faut encore signaler que dans le cadre des manifestations
des vins du Valais à Martigny, plusieurs
confréries eurent l’occasion de fraterniser. Elles se
rencontrèrent à Martigny, à Sion, ou à Sierre.
Années riches d’expériences où le Procureur Deslarzes,
avec une fermeté de bon aloi, réalise le programme
de l’implantation définitive de l’Ordre de la
Channe dans le paysage valaisan.
Le vin entre et la raison sort.
Sur le plan strictement culturel s’est concrétisé le
projet du Chancelier, celui d’offrir à chaque chapitre
un programme dessiné par un artiste valaisan.
C’est un véritable régal qui est offert aux membres.
Nombreux sont d’ailleurs ceux qui recherchent les
premiers programmes illustrés de l’époque Joseph
Gautschi, Christiane Zufferey, Albert Chavaz, Jean-
Claude Rouiller, Charles Menge, Alfred Wicky, Léo
Andenmatten, Robert Weissenbach, Jean Rouvinet,
Werner Zurbriggen. Etonnante panoplie qui permet à
l’artiste, au gré de sa fantaisie, de représenter le vin et
la vigne sous des aspects les plus inédits.
Par ailleurs, la parution des «Propos de l’Ordre» continue
son rythme annuel et commence à constituer une
intéressante source littéraire.
Le port de l’habit seyant apporte une note joyeuse.
Création du groupe
des Chanteurs de l’Ordre
de la Channe
Pour clore cette énumération
d’innovations,
relevons avec
plaisir la création de
Les Gais Chanteurs en 1972
40
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
l’Ordre des Chanteurs de l’Ordre de la Channe que Mgr
Crettol réussit à réunir. Sous sa direction des chants
bachiques nouveaux sont créés notamment celui de
St-Théodule. Une gamme inédite de chansons est
offerte aux amis à chaque chapitre. Leur existence
est officiellement avalisée par des statuts adoptés le
24 avril 1970. L’avenir confirmera la valeur et surtout
l’utilité de la présence désormais inséparable du bon
déroulement des manifestations.
Malgré toutes les créations évoquées, initiatives inédites,
ce qui a permis à l’Ordre de trouver sa plénitude,
c’est la réforme totale de la Charte.
On se souvient que dès la première séance de l’Ordre
à Diolly, le Majordome Guy Zwissig guerroie avec le
Dr. Donnet pour convaincre le Dr. Wuilloud qu’il est
impossible de se fonder sur la Charte pour justifier la
réalité de l’Ordre. Peine perdue. Aussi, dans le programme
que le nouveau Procureur avait envisagé, ce
sujet était un principal souci.
Au début 1965 une commission composée du Procureur,
du Majordome et du Chancelier commencèrent
ce travail de bénédictin pour trouver les articles
conformes à l’activité de l’Ordre de la Channe.
Après moult séances, un premier projet fut esquissé,
étudié par le Conseil, modifié. Une seconde mouture
acceptée par le Conseil permit, en date du 9 juin 1965,
de soumettre à chaque membre de l’Ordre la nouvelle
Charte avec possibilité de proposer des modifications
ou de présenter de nouvelles propositions.
Cette façon très démocratique d’agir créa un intérêt et
nombreuses furent les propositions.
Epurés, les statuts furent
soumis à l’assemblée générale
du 26 juin 1965 et
adoptés dans leur ensemble.
Avec une vive satisfaction,
pendant cette nouvelle période,
toute l’activité administrative
de l’Ordre est
assurée par Mlle Suzanne
Brun, secrétaire des cafe-
Deux sites, la maison Zumhofen à
Salquenen (Salgesch) et le château de
Villa à Sierre, reliés par le sentier viticole,
parcours découverte à travers
le vignoble, accueillent le Musée Valaisan
de la Vigne et du Vin. A Salquenen,
le Musée présente son volet viticole:
travaux, vignerons, production
intégrée, connaissance et travail du
sol, vendanges placées sous le regard
de St-Théodule.
Saviez-vous que...
41
tiers-restaurateurs valaisans. C’est une personnalité
de premier plan qui a mis au service de l’Ordre ses
compétences, son vaste savoir et surtout une rare
disponibilité à rendre service, précieuse auxiliaire du
Procureur. Elle sut garder sa personnalité et l’imposer
en temps utile. Une victoire du féminisme. Le
Conseil la proclama Châtelaine.
Au cours de l’année 1970, le Procureur Deslarzes,
surchargé de travail, devant l’ampleur prise par l’activité
exigeante de la Confrérie, soucieux de ne pas
pouvoir accorder tout le temps qu’il voulait à la direction,
estima devoir faire part au Conseil qu’il désirait
se retirer. Avec regret le Conseil ne put que donner
suite à cette demande et il fut décidé qu’un hommage
officiel lui serait rendu à Sierre.
le vin est bon qui en prend par raison.
A la fin de ce mandat parfaitement exécuté, nous devions
constater avec plaisir
1. le rôle essentiel que jouaient désormais les Vidômes
2. la commission de dégustation des vins
En ce qui concerne les Vidômes, nous nous référons
aux explications de l’Epistolier Fernand Schalbetter
qui, dans l’excellente parution du « Chevalier » indique
ce qui suit:
Le substantif « Vidôme » ne figure dans aucun dictionnaire.
Il s’agit, en effet, d’une altération du vocable
« vidame » qui, selon Flammarion, provient du
latin médiéval vice-dominus qui signifie « lieutenant
du prince ». Il s’agit, en fait, du titre de l’Officier qui
représentait l’évêque dans l’administration de la justice
temporelle et le commandement des troupes à
l’époque moderne, le titre de vidame est intégré à la
hiérarchie nobiliaire et considéré comme équivalent à
celui de vicomte.
A l’Ordre de la Channe, le vidame, devenu vidôme (ou
encore vidome et vidomne), a perdu ses fonctions
premières pour endosser celle de représentant de la
Confrérie dans sa région.
Nous tenons à rappeler les sept premiers Vidômes
de l’époque, à
savoir:
42
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
le Vidôme de Paris, Pierre Androuet, qui fut aussi Officier
du Conseil, grand écrivain spécialiste de tous les
fromages
le Vidôme de Milan, Primo Lavizzari, industriel
le Vidôme de Frigourg, Gilbert Montani, hôtelier
le Vidôme de Genève, Gaston Bochaud, restaurateur
le Vidôme du Tessin, Luigi Bosia, journaliste spécialisé
en matière gastronomique et bachique
le Vidôme de Zurich, Werner Zimmermann, administrateur
le Vidôme de Bâle, Dominique Benone, entrepreneur
le Vidôme de Vaud, Jean-Paul Zuber, administrateur
Nous sommes heureux, dans cette plaquette, de rappeler
leur précieuse collaboration et de les remercier
d’avoir su, avec compétence et intelligence, représenter
l’Ordre dans les secteurs qui leur avaient été attribués.
2. La commission de dégustation des vins fut une
création bienvenue car, sous l’impulsion de l’excellent
et sympathique Hubert de Wolff, oenologue réputé,
elle permit de sélectionner avec soin les divers
nectars qui furent présentés pendant des années
dans les chapitres de l’Ordre. Hubert de Wolf était un
homme de classe. Il avait un esprit de diplomate avisé
et, grâce à lui, l’Ordre n’a jamais eu un problème quelconque
dans cette délicate mission de trouver les vins
adéquats.
Pour mémoire, rappelons aussi la fierté avec laquelle
nous avons été conviés à participer aux fêtes de Genève
qui étaient notre première sortie à l’époque. Par
la suite, nous pouvons nous féliciter d’avoir été comblés
en étant les invités de choix et d’honneur de la
Fête des Vendanges à Neuchâtel
et surtout à l’inoubliable
Fête des Vignerons
à Vevey.
Le billet du Troubadour
Et Dieu créa la femme... Il
en fallait bien une dans ce
monde de machos!
La Channe n’était pas
différente des autres
Confréries... Les hommes
trônaient en maîtres et
seigneurs. Femmes inter-
Coupé sur mesure dans du tissu satin
brillant, la couleur du gilet reflète la
personnalité de chaque Officier de
l’Ordre. Certains l’harmonisent avec
la couleur de leurs yeux, d’autres le
veulent reflet de leurs opinions politiques,
d’autres encore choisissent une
couleur qui affine la silhouette....coquetterie
quand tu nous tiens!
Saviez-vous que...
43
dites. Femmes exclues... Les confréries bachiques
étaient strictement le rendez-vous des hommes, jusqu’au
jour où... une porte s’ouvrit légèrement. Et là,
il faut reconnaître que la Channe fut pionnière. Déjà
en 1965, Suzanne Brun fit son entrée en tant que Châtelaine.
Elle y resta 25 ans et son travail fut des plus
efficaces. On en retrouve des traces à ce jour dans
la plaquette que l’Ordre publie pour son jubilé. Les
premiers documents de la fondation de la Channe ont
été soigneusement répertoriés et classés. On les a
retrouvés intacts 50 ans après. Merci Suzanne!
Sur la pointe des pieds... et sur les interventions du
Procureur de l’époque, Guy Zwissig, je fis à mon tour
partie de ce Conseil formé d’Officiers... du genre
masculin. J’y ai trouvé une ambiance faite d’égards
et d’amitié! Ils ont été «super» tous ces hommes que
j’ai côtoyés. Même si j’en ai vu défiler un grand nombre,
tous m’ont laissé un merveilleux souvenir! Je
pouvais, grâce à mon sens artistique, apporter cette
Le vin est le lait des vieillards.
pierre précieuse à l’édifice. J’avais aussi la plume facile.
Vingt ans de Grenier de Borsuat (Revue sierroise)
m’avaient familiarisée avec l’humour et la poésie satirique...
Et il y avait les costumes... Habiller ces «Officiers» à la
rigueur d’un costume historique... une prouesse pas
évidente! J’ai abouti à la Rue du Mail - chez «Février»
- le fournisseur officiel du Lido, du Moulin Rouge et
des casinos de Las Vegas - pour acheter les plumes
d’autruche qui flottent sur les chapeaux des Officiers.
Un jour que je me trouvais à Paris pour choisir
une plume verte, un casino de Las Vegas téléphonait
pour commander 5’000 plumes d’une couleur, 5’000
plumes d’une autre... ce qui me prouvait que c’était
par gentillesse qu’on me livrait les rutilantes plumes
d’autruche... Les jabots en dentelle proviennent,
bien entendu, de Saint-Gall alors que le costume est
confectionné sur mesure à Sierre. Les redingotes
sont une fidèle reproduction du célèbre tableau qui
décore la salle du Grand Conseil et qui représente les
bourgeois de Sion à la diète fédérale de Zurich où
ils se rendirent en 1815 pour demander l’entrée du
Valais dans la Confédération.
Si, pour moi, fêter les 50 ans de la Channe est un
bonheur partagé avec tous les Officiers, je n’oublie
44
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
pas ceux pour qui mon coeur a gardé un précieux
souvenir. Je veux parler, bien sûr, de mes Procureurs
René Deslarzes, Albert Rouvinet, Gérard Follonier qui
sont partis pour trinquer ensemble dans un monde
que l’on dit «meilleur». On ne les oublie pas car c’est
aussi grâce à eux que la Channe est aujourd’hui une
alerte quinquagénaire. Et je souhaite qu’il y ait toujours
cette flamme joyeuse pour fêter les 100 ans...
Bon vent! ... aux suivants. Et merci à tous ceux du présent.
Le Troubadour Cilette Faust
Les Propos
de l’Ordre de la
Channe
1964: Ustensiles de bois en usage dans le district de
Sierre pour les travaux de la vigne et du vin. (Elie Zwissig).
1965: Krameriania ou Libres variations sur les vins valaisans.
(Alfred Kramer).
1966: Comment vivait, en son temps, une communauté
valaisanne de vignerons. (Zacharie Balet).
1967: Les Bedjuis et leurs vignes au début du XXe siècle.
(Denis Favre-Fournier).
1968: Au vignoble de Plan-Cerisier avec ses forains,
les Salvanins notamment, jusque dans le deuxième
tiers du XXe siècle. (Maurice Coquoz).
1969: Dans les vignes et les caves bourgeoisiales du
dizain ou district de Sierre. (Léon Monnier).
1970: Des Sédunois: une approche des activités intellectuelles
et didactiques des Messieurs de Sion en
faveur de la viticulture (1879-1946).
45
Ere Zwissig:
28 novembre 1970 -
20 septembre 1976
C’est dans un esprit de saine convivialité, avec une décision
commune du Conseil, dans une parfaite identité
de vue que la démission de l’ancien Procureur et
la désignation du nouveau responsable de l’Ordre de
la Channe se réalisa. Une cérémonie de haute gamme
et un chapitre d’apparat, le 28 novembre 1970 à
Sierre scella, de la plus heureuse des manières, ces
instants de fervente fraternité.
Le Conseil avait tenu que soit remercié officiellement
le Procureur Deslarzes pour l’apport effectif qui avait
été le sien à l’Ordre. Avec distinction, clairvoyance
et fermeté, il sut tracer le chemin de l’avenir. Par
Le vin est nécessaire,
Dieu ne le défend pas,
sinon il eût fait la vendange amère.
(dicton angevin)
ailleurs les Officiers désiraient témoigner leur profond
attachement au nouveau Procureur, fondateur
chevronné, et au Majordome qui avait en temps utile
été parmi ceux qui avaient sauvé l’institution.
C’est en salle fleurie du Casino, en grande tenue, que
le Conseil avait convié les plus hautes autorités, les
confréries amies à assister à un festival oratoire où
Mgr le Chapelain et leurs Excellences les Procureurs
firent assaut de courtoises civilités.
De l’hommage vibrant de gratitude que prononça cet
illustre homme de Dieu retenons:
Souvenez-vous en, vous les aînés, l’Ordre hésitait, stationnait,
piétinait, cherchait sa forme et sa direction.
Il était - si vous me passez cette comparaison - comme
un bel enfant qui est au berceau mais qui, au désespoir
de ses parents, ne prospère pas...
Ou, si vous aimez mieux, il était comme la chrysalide
qui se débat dans l’obscurité du sol, tente de secouer
sa carapace qui l’alourdit et l’aveugle, pour
pouvoir enfin gagner l’immense joie de l’été en
fleurs.
Notre ami Deslarzes fut l’artisan qui permit la
46
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
métamorphose merveilleuse.
Le papillon put enfin faire éclater la carapace qui le
tenait prisonnier, prendre son vol et de ses ailes fantastiquement
belles tracer dans l’azur les plus éclatantes
arabesques.
C’est grâce à notre ami Deslarzes que l’Ordre put enfin
prendre l’essor et l’épanouissement auxquels il
méritait d’être promu.
Les autorités de la Rome Antique, quand elles voulaient
honorer spécialement un bon serviteur de la
République, proclamaient: Bene meritus es de Patria.
Tu as bien mérité de ta Patrie...
Docteur Deslarzes, Procureur charmant et combien
aimable, TOI tu as bien mérité de l’Ordre de la Channe,
de la vigne et du vin, et donc de notre bonne terre valaisanne.
Officiers, Chevaliers, acclamons-le de toutes nos forces!
Emu, en termes choisis et délicats, le Dr. René sut
trouver les mots:
Je suis confus et ne sais comment exprimer ma reconnaissance
à mon ami le Chapelain, Monseigneur
Crettol. Je constate une fois encore que c’est généralement
au moment de quitter une charge qu’on reçoit
le plus de louanges. On a souvent l’impression que
l’adage «Ote-toi pour que je m’y mette» soit vrai. Cependant,
j’ose croire qu’il y a des exceptions et pour
une fois je suis persuadé que c’est le cas.
Lorsque j’ai accepté cette lourde charge nous n’avions
qu’une assemblée générale au printemps et un chapitre
d’automne, une fois les vendanges terminées.
Actuellement les manifestations ont quadruplé, si ce
n’est quintuplé, car outre nos deux chapitres, printemps
et automne, il y a
deux chapitres extérieurs
et il y a également les représentations
auprès des
Confréries vineuses amies.
Dans ces conditions il ne
m’est plus possible d’assumer
ma charge comme
je le voudrais et il n’est que
juste que je donne ma démission
en vous priant de
bien vouloir l’accepter.
L’Ordre de la Channe a eu
un essor merveilleux durant
ces dernières années,
La pièce maîtresse du costume des
Officiers de l’Ordre est la redingote
taillée sur mesure dans du drap noir
épais en pure laine. Il en va de même
pour le pantalon s’arrêtant au genou
et laissant admirer un mollet plus ou
moins sportif ou galbé.
Les dames officiers revêtent une
seyante cape en lainage et coton noir,
doublée de satin rouge.
Saviez-vous que...
47
et il occupe actuellement une situation enviable au
sein de nos confréries bachiques. Ce n’est pas, il va
sans dire, uniquement dû au seul mérite et au savoirfaire
de votre Procureur.
Et de terminer sous de chaleureux applaudissements:
Merci à tous les grands Officiers, Officiers et Chevaliers
pour votre compréhension et votre soutien.
Que l’Ordre de la Channe vive encore de nombreuses
années de prospérité et qu’il continue à réunir des
gens de bonne compagnie pour chanter et faire apprécier
ce grand nectar qu’est le vin.
Dans une atmosphère de fête le cérémonial se poursuit.
Une nouvelle fois, le Chapelain s’adresse de manière
rabelaisienne à l’assemblée en traçant le profil
du nouvel élu, une présentation que la presse s’empressa
de relever et de citer:
Le vin pour boire, l’eau pour se raser.
Lisons ce texte d’anthologie:
Votre Chapelain, une nouvelle fois est à la tâche, de
par la volonté du Conseil de l’Ordre. Il est chargé de la
redoutable mission de vous décliner les qualités que
doit incarner qui veut accéder à la dignité suprême de
notre Ordre.
Le prétendant doit posséder le format physique digne
de l’emploi. Il doit être beau comme une statut
antique de la Pinacothèque de Rome. Il doit être séduisant
comme le dieu Dyonisos avec évidemment la
jovialité de Bacchus.
Il doit être pacifique et robuste. En lui doivent cohabiter
la bénignité et la paix dont parle le Psalmiste:
benignitas et pax osculatae sunt..., la bénignité et la
paix vivent dans un embrasement perpétuel et amoureux.
Et comme il s’agit de présider aux destinées d’un
Ordre vineux, il doit être pétillant d’esprit et capiteux
comme une suave Malvoisie de notre bonne
terre sierroise, paradis des Pinots gris et noirs. Il
doit n’avoir d’égal que le Pinot noir rutilant dont
48
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
la prestance s’apparente à la fastueuse
majesté d’un duc de Bourgogne.
Il doit avoir reçu en partage les dons de la
joie, de la jovialité, de la bonne humeur,
de la finesse et de l’esprit.
le Procureur Guy Zwissig
Permettez-moi seulement de vous dire,
parce que vous l’ignorez probablement,
que si les membres de notre Conseil portent
aujourd’hui de fastueux vêtements
qui font l’admiration de tous nos chapitres,
c’est surtout à Me Zwissig qu’on le
doit.
Il doit avoir été formé à l’école du grand Rabelais,
l’incomparable maître es-sciences vineuses et avoir,
comme lui, la fécondité du verbe et la chaleur du vin.
et de conclure:
Le Conseil de l’Ordre possède en son sein un Officier
qui réunit, à un degré éminent, les qualités que je
viens de célébrer et donc capable de faire un Procureur
de haute classe.
C’est presque une offense de vous dire qu’il s’agit de
Maître Guy Zwissig, avocat et notaire, quelquefois occupé
de politique ou de défense civile!
Vous l’avez vu tant de fois à l’oeuvre. Son intense activité
comme Majordome est connue de vous tous. Inutile
donc d’en dresser le bilan devant vous.
C’est lui qui, à temps et contretemps, a plaidé la cause
du costume. Il a eu finalement
gain de cause. Après
quoi, soin a été laissé à M.
Albert de Wolff, conservateur
de nos musées cantonaux,
de ressusciter, pour
le joie de tous, les beaux
costumes des autorités valaisannes
du siècle passé.
Sous des dehors pleins de
jovialité charmante bout en
Me Zwissig l’ardeur juvénile
d’un tempérament aussi
heureux que fougueux.
Selon la légende, Théodule, premier
évêque et saint protecteur des vignerons
du Valais, pressa une grappe de
raisin bien mûre sur des tonneaux vides
et, d’un signe de croix, les remplit
de vin généreux.
Saviez-vous que...
49
Son passé à l’Ordre de la Channe est garant de son
avenir!
Aussi le Conseil unanime de l’Ordre vous propose-t-il
de l’acclamer comme nouveau Procureur!
L’assemblée debout salue, les chanteurs entonnent
le St-Théodule, le nouvel élu est sacré Procureur.
Une nouvelle époque s’ouvre pour la Confrérie dont la
nouvelle composition du Conseil comporte:
- Procureur, Me Guy Zwissig
- Majordome, M. Henri Imesch
- Chapelain, Monseigneur Georges Crettol
- Sénéchal, M. Carlo Giorla
- Chambellan, M. Albert de Wolff
- Chancelier, M. Jean Nicollier
- Métral, M. Gérard Follonier
- Officier de bouche, M. Henri Arnold
Le vin tue plus de gens que n’en guérit le médecin:
injure de vin aisément s’oublie.
- Conseiller, M. Alfred Kramer
- Châtelaine, Mlle Suzanne Brun
- Sautiers, M. Walter Bührer, M. Albert Frossard
- Officier Chambellan, M. Pierre Franzetti
- Clavendier, M. Antoine Venetz
- Epistolier, M. Robert Clivaz
- Amphitryon, Dr. Charles Bessero
- Chartiste, M. Elie Zwissig.
Les membres suivants forment les Chanteurs de l’Ordre
de la Channe:
Marco Bérard, Julot Felley, Léon Mabillard
Henri Buchard , Albert Frossard, Maurice Martin,
Innocent Buchard, Cyrille Gaillard, Michel Moren, Michel
Coppey, Guy Luisier, Jean Séverin
Musiciens: Théo Simons, accordéon, Jean Folly, batterie
Ils mettent leurs joies à chanter moult chansons vineuses
et bachiques pour susciter des coeurs en
fête.
L’organigramme suivant est adopté immédiatement
pour 1971:
50
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
1. Organisation des chapitres:
- les 19, 20 et 21 mars, Lutèce à l’heure du Valais,
Paris
- le 5 juin. Le chapitre des «Fendant», chapitre
de printemps sur le lac Léman
- le 20 juin. Chapitre en l’honneur de l’Association
Internationale des Editeurs de journaux au
château Stockalper à Brigue.
- le 11 septembre. Le Chapitre des Oignons au
Kursaal de Berne
- le 27 novembre. Le Chapitre des «Brantes» et
des «Bossettes» à Sierre
2. Mise au point avec l’OPAV de la collaboration et de
la représentation de l’Ordre de la Channe à l’extérieur
du Valais. Contrat à envisager.
3. Plan financier à réaliser avec l’appui de sponsors,
étant précisé que l’Ordre de la Channe conserve sa
liberté d’action totale. Recherches de formules permettant
d’alimenter les fonds limités de la confrérie.
4. Efforts à fournir pour la propagande, rapport avec
la Presse, Radio, TV, organes spécialisés à améliorer.
5. Enfin l’idée initiale du Procureur: sortir de Suisse
et oser présenter l’Ordre à l’étranger. Dans cette optique:
Paris, Milan, Nice.
6. Ouverture de la confrérie aux gentes dames et damoiselles.
Pour la première fois une Valaisanne, secrétaire
des cafetiers, restaurateurs valaisans, est
agréée au sein du Conseil, Mlle Suzanne Brun, une
véritable perle, notre Châtelaine.
Dans l’optique de l’amitié
entre les confréries,
après le magistral chapitre
Guillon-Ordre de la
Channe, un chapitre valaisan
de l’Amitié se déroula
à la Tour de Super-Crans
comportant la Commanderie
de l’Ordre international
des Anysetiers du Roi,
le Club des Ambassadeurs
du Valais romand et l’Ordre
de la Channe.
Les bas montants blancs sont le seul
accessoire dont la texture est laissée
au bon vouloir de l’officier: coton,
laine, polyester, soie, tout est bon
pour mettre en valeur des mollets
nerveux et peu charnus comme ceux
des coqs, ou des mollets très musclés
comme ceux des cyclistes (sans ajouts
de produits interdits).
Saviez-vous que...
51
le Dr. René Deslarzes et Guy Zwissig
Au moment où nous arrivons à cette relation, nous
sommes dans l’obligation de faire halte et en quelque
sorte de respirer. Les cheminements de la confrérie
se traduisent par une suite de succès. L’Ordre de la
Channe prend nom dans les grandes sociétés vineuses.
On commence à être sollicités de toute part,
comme hôtes ou invités d’honneur.
C’est donc dans une atmosphère d’époque glorieuse
de l’Ordre de la Channe que le Conseil ose lancer ce
défi dont on parlait en aparté: se présenter à Paris,
être les premiers ambassadeurs des vins du Valais
en terre gauloise, riches en vins de haute lignée et
réaliser cet exploit dans une sorte de mission diplomatique
historique.
A vrai dire, même les plus utopistes n’avaient oser
rêver pareille aventure. On n’aurait envisagé être capables
de conduire une confrérie complète au coeur
de Paris, dans son hôtel de Ville, d’être accueillis par
Les vignes et jolies femmes
sont difficiles à garder.
l’ambassadeur de Suisse et de pouvoir bénéficier de
l’appui spontané et généreux d’amis parisiens.
Ce fut le miracle du 19 mars 1971 à Paris.
Paris: 19 au 21 mars 1971
En son temps nous aurions dû avoir l’esprit visionnaire:
consigner dans un document officiel cette invasion
en terre lutécienne. Nous y aurions aujourd’hui
plaisir à découvrir comment, dans une étonnante fraternité,
on puisse vivre aussi intensément cette harmonieuse
idylle que furent les trois journées de mars
1971 entre Paris et le Valais. Tel n’est pas le cas. C’est
dans un succédané édulcoré que nous l’insérons dans
ce document, désireux que l’on n’oublie jamais cette
ardeur généreuse d’un Ordre en plein essor, qui savait
vivre à l’européenne, notion inconnue à l’époque.
Le mérite de la réussite des heures parisiennes, de
l’hôtel de Ville, de l’ambassade de Suisse, de la
Maison du Valais, de la mairie du XVIIIe arrondissement
de la république libre de Montmartre, de
l’hôtel Meurice, des grandes heures versaillaises,
des découvertes du fameux restaurant La Bonne
52
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Franquette. Ce mérite nous le devons aussi au Consul
suisse à Paris de l’époque: Marcel Guléat, jurassien,
un amoureux inconditionnel du Valais, un organisateur
né, exceptionnel dans ses activités, précis dans
le programme choisi, capable de dominer toutes situations
scabreuses.
Par un matin frisquet de la St-Joseph débarquent en
gare de Lyon les membres et sympathisants de l’Ordre
de la Channe. La délégation officielle est conduite
par le Conseiller d’Etat et Conseiller aux Etats Marius
Lampert, accompagné du Colonel Georges Roux à titre
militaire, de M. Albert Biollaz, vice-président de
l’OPAV et président de l’Union des négociants en vins.
Ce trio constitue la délégation officielle valaisanne accompagnant
le Conseil de l’Ordre et ses Officiers.
53
Immédiatement le regroupement est opéré dans les
divers hôtels où chacun se prépare à assister à la première
manifestation prévue: la réception à l’hôtel de
Ville.
A 10 h 30, flanqués d’huissiers, officiels et dignitaires
sont conduits dans le grand salon de réception, rutilant
d’ors et de couleurs, où première surprise, c’est
le syndic de Paris lui-même qui a tenu avec le viceprésident
de la ville de Paris à saluer officiellement
la délégation, étant naturellement entouré de nombreuses
personnalités du monde politique, littéraire.
Il souligne le fait exceptionnel d’accueillir des invités
dans une salle réservée à l’usage des rois, empereurs,
chefs d’Etat.
La presse (Figaro, Liberté, Dauphiné Libéré) relatant
cette visite inaccoutumée d’une confrérie, tint à relever
les propos du Procureur, en particulier ce qui suit:
Nous mesurons l’insigne
privilège réservé par la
Ville de Paris qui nous reçoit
en cet hôtel construit il
y a à peu près 100 ans sur
l’illustre place de Grève. Si
nous résumions son histoire,
ce serait certainement
non seulement résumer
l’histoire de Paris,
mais aussi celle de votre
nation.
Ainsi donc, dans cette maison
historique où en 1246
Depuis 2004, les vignerons-encaveurs
du Valais ont mis sur pied «La Charte
Saint-Théodule» qui a pour but de
valoriser, promouvoir et défendre les
produits de qualité. Par sa signature,
le vigneron-encaveur s’engage à appliquer
la déontologie de la Charte
pour l’intégralité de sa production et
s’engage en faveur d’une viticulture
respectueuse de l’environnement.
Le vigneron-encaveur a également
l’obligation de respecter les limitations
de rendement, d’élaborer des
Saviez-vous que...
L’Ordre de la Channe à Paris: Toni Venetz,Jean Nicollier,
Henri Imesch, Marcel Guelat, Guy Zwissig
Saint-Louis créa la première institution municipale,
où les bourgeois élirent leurs premiers représentants,
les échevins, dont le chef était le prévôt, vous
nous accueillez exceptionnellement, nous ceux de
l’Ordre de la Channe, confrérie bachique du Valais.
Vous associez aujourd’hui non plus les marchands
d’eau, transporteurs ayant le monopole du trafic fluvial
sur la Seine, l’Oise, l’Yonne, qui avaient reçu de
Louis VII le Jeune leurs lettres de créance, mais bien
plus, vous recevez les représentants de ceux qui entendent
illustrer le vin et la vigne. Un parallèle peut
s’établir.
Nous nous voulons simples ambassadeurs des vertus
de l’enchantement que le vin apporte partout, de
On boira du lait
quand les vaches mangeront du raisin.
(dicton breton)
ce vin où se conjuguent parfums, couleurs et grâce
des saveurs.
Nous nous voulons aussi comme ceux qui relèvent de
l’inspiration du vigneron et par là de toute poésie de la
vigne. La patience de l’homme de la terre, la constance
qu’il témoigne jour après jour à regarder vivre sa
vigne, à palper le grain qui perce, à désherber, sulfater,
effeuiller, attacher, doit être dite.
Il protège ce lopin de terre qui tous les jours de l’année
provoque chez lui inquiétude et soucis jusqu’au
jour où, dans la joie des résonances du pressoir, le vin
nouveau coule.
Ce qui importe pour nos ordres bachiques, c’est de
penser que grâce au vin mûrit l’amitié, naît la joie. Le
rire éclate, le respect s’instaure, la discussion jaillit.
Heureux donc, ceux qui en cette époque de matérialisme,
de technocrates, savent retrouver cette philosophie
de la terre et réserver encore le temps pour
dire le vin et la vigne.
A l’ovation qui avait salué les propos présidentiels,
c’est un «Quel est ce pays merveilleux» et la Marseillaise
qui clôturèrent dignement cette partie
officielle.
54
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Programme serré! A 12 h 30 précises, son Excellence
Pierre Dupont et Madame, ambassadeur de Suisse,
offraient une généreuse hospitalité au Valais. S’étaient
joints aux membres M. Bonin, Président de la Fédération
internationale des confréries bachiques, M. Robert
Vernay, un Valaisan, président directeur général
de l’hôtel Meurice, M. Jean Thalman, président directeur
général de la Foire de Paris qui désirait engager
les Chanteurs de l’Ordre pour les manifestations, M. le
Commandeur Georges Prade de l’Ordre des Coteaux
de Champagne et, honneur évident, le Ministre d’Etat
M. Alain Peyrefitte.
C’est un magnifique hôtel qui abritait et l’Ambassade
et le Consulat, ancienne propriété du Baron Pierre-
Victor de Besenval bien en cour près de Marie-Antoinette.
Feux oratoires, entretiens savants, truffés de citations
latines et grecques, l’ambassadeur et le Procureur ont
puisé dans l’histoire les thèmes littéraires vineux. Retenons
au passage quelques propos du Procureur:
Nous vous savons gré Monsieur l’Ambassadeur et
55
Madame, d’avoir décelé que le vin représentait la victoire
de l’homme sur la rocaille, le mauvais temps, la
sécheresse, les maladies.
Considérant que l’eau suffit à la soif mais qu’elle ne
nourrit point l’âme, nous avons donc pensé que le vin
fait un don à l’esprit et au coeur des hommes.
Voilà très simplement le message que nous entendons
traduire dans la capitale de la France amie.
Enfants de Genève, vous apportez ici dans une grande
cité, l’esprit international
de la cité de Calvin. Votre
qualité d’Ambassadeur de
Suisse avec la présence
appréciée de votre épouse,
nous permet de vous dire
à tous deux que notre pays
par vous est bien servi,
mieux encore, qu’il est
grâce à vous mieux compris.
L’hymne national suisse,
le «Pays merveilleux», termine
ces instants de fra-
La très grande partie du vignoble valaisan
est cultivée selon les règles de
la «Production intégrée» (PI). Cette
technique ménage l’environnement
en n’autorisant notamment l’utilisation
des engrais minéraux et les produits
phytosanitaires (insecticides,
herbicides) qu’en quantités minimales.
Des contrôles sévères et réguliers
garantissent l’application stricte de
la PI.vins de qualité et de les soumettre
au contrôle d’une commission de
dégustation neutre.
Saviez-vous que...
ternité avec le bénéfice d’avoir constaté l’intérêt du
Gotha et des personnalités du monde économique,
social, touristique et viti-vinicole de Paris et de la
France pour notre Ordre.
Où pouvait-on mieux apprécier un déjeuner roboratif,
sinon à la «Maison du Valais», restaurant créé par
divers grands propriétaires de vins valaisans, à l’initiative
d’un homme de qualité et de compétence, M.
René Antille, administrateur.
Où l’hôtesse est belle, le vin est bon.
Fleuron de la journée: le chapitre de Lutèce à l’honneur
du Valais, chapitre tenu dans les salons des
«Tuileries de l’hôtel Meurice», selon un cérémonial
strict et qu’on pourrait intituler d’impérial.
A lire la liste des invités et des participants à cette
frairie, avec le recul du temps on reste rêveur à découvrir
les grands noms de la gentry parisienne présente,
des hommes députés, sénateurs, militaires,
PDG. Comment avait-on réussi à ce que l’élite intellectuelle
soit séante! Laissons exprimer l’immense
fierté qui fut la nôtre et oublier notre modestie pour
traduire notre satisfaction d’avoir réussi.
L’apéritif servi, fut ouvert solennellement le chapitre.
Moments inoubliables, émotion, larmes, militaires au
garde à vous, debout pour entonner la Marseillaise,
avec le choeur de nos chanteurs. Il faut avoir vécu ces
instants pour mieux comprendre que le Procureur en
ait eu la voix étranglée. Tout ce Paris distingué, élégant
applaudissant à tout rompre, refusant de s’asseoir,
bissant nos chanteurs. Dès l’ouverture la partie
était gagnée. Désormais Paris allait nous fêter à sa
façon. Elle adoptait l’Ordre de la Channe. La presse
attestait le lendemain que nous avions pris racine au
coeur de Lutèce.
Prenant de l’assurance, les membres du Conseil
participèrent avec brio mais solennité à d’exaltants
moments, notamment ceux de la cérémonie des intronisations.
Le Conseil avait trouvé pour chaque
personnalité une formule de bienvenue parsemée
de propos d’esprit et de coeur.
La délicate formule d’offrir la coupe du vin et de
56
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
formuler le souhait du patriarche Isaac à son fils Joseph,
dite par le Chapelain: «Que le Seigneur te donne
la rosée du ciel, le vin et le froment en abondance», fut
répétée à l’envi par l’assemblée conquise.
On aurait mauvaise grâce à ne pas parler de l’excellence
du repas servi par une brigade attentive et de
rare compétence. Ce sont «pro memoria» des véritables
Maîtres de Gueule qui apprêtèrent le menu
inspiré de spécialités culinaires servies en Valais et
adaptées aux goûts parisiens.
A ce sujet rappelons que les produits avaient été apportés
par les soins des membres du Conseil: fromages,
viande sèche, liqueurs valaisannes et surtout
la gamme des vins offerts: Ermitage, Fendant, Pinot
noir, Dôle, Malvoisie. Ceux-ci avaient franchi la frontière
de façon très spéciale.
Au dessert, la poire William flambée donna plus que
satisfaction aux fins dégustateurs, tandis qu’à l’heure
des finales: Williamine, Abricotine, Marc du Valais
vieilli, prunes et lies connurent un légitime succès.
A l’apéro, le Conseil avait exigé que soit servi un goulayant
Ermitage, viande séchée du Valais et pain de
57
seigle, ce qui permettait en fin de repas d’offrir la
gamme des fromages du Haut pays du Rhône soit un
vieux Conches et un jeune Bagnes rehaussés par une
robuste Dôle.
L’animation de la soirée fut affaire des Chanteurs de
l’Ordre. Fait rarissime dans l’Ordre de la Channe, ce
n’est qu’à trois heures du matin que fut prononcée la
rituelle clôture officielle.
Au coeur des Valaisans résonnaient encore les délicieux
vers composés par
Gérard Follonier, à l’époque
Métral, poète improvisé,
mais digne héraut
des poésies du moyen âge.
De cette soirée résonnent
encore en nos coeurs les
fameuses strophes entonnées
par tous:
O Kerambrun,
royal tribun
impérial président
d’un village charmant
où il ne manque que le
La Charte de qualité «Grain Noble»
regroupe des encaveurs s’engageant
à respecter l’authenticité des vins valaisans
naturellement liquoreux. Ces
producteurs prennent notamment
l’engagement de ne considérer que
des vignes de quinze ans d’âge et plus,
de renoncer à toute forme d’enrichissement
des raisins et des moûts, de
sélectionner uniquement des moûts
d’un minimum de 130 degrés Oechslé
et de pratiquer un élevage en barrique
de douze mois au moins.
Saviez-vous que...
Fendant.
Les démocratiques embruns de nos vins
n’enlèveront rien aux vertus de nos vins.
Vous, vous avez Bonin,
nous avons Suzanne Brun.
Kenavo!
Un à zéro.
Vous avez Utrillo,
nous avons le Pinot.
Vous avez Valladon,
nous avons le Goron.
Vous avez la Goulue,
nous sommes des goulus.
Toulouse-Lautrec
vous êtes à sec.
Dans les joutes pacifiques entre le Valais et Montmartre
où seuls président bons vins, Gonin et Kerambrun,
Pluie du jour de Saint-Grégoire,
autant de vin de plus à boire.
(dicton bourguignon)
il n’est qu’un seul score,
m’a dit le Procureur:
celui du coeur.
Un à un.
Egalité - Fraternité.
En auvergnat on dit: «Chantez»;
les Valaisans disent: «Santé».
Samedi, après la visite traditionnelle de la Ville Lumière,
on nous offre la cerise sur le gâteau: une réception
à la Mairie du XVIIIème arrondissement et une soirée
à Montmartre organisée par M. Kerambrun, maire de
la République de la Butte.
A signaler la présence de la maire du XVIIIème arrondissement,
femme de choc, Mme Binoche, savoureuse
et pittoresque politicienne, soeur du Général Binoche
qui nous accueille joyeusement. Elle gérait cet
arrondissement cosmopolite et mondialement connu
avec un brio digne d’un chef d’Etat. Joutes oratoires,
apéro à la mode de Montmartre, oubli de l’heure,
règne de la fantaisie la plus totale.
Tout a une fin. Le 21, après la messe célébrée en
la chapelle de la Ste Trinité se déroule le dernier
58
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
repas académique avec le monde de l’économie, de
l’agriculture, de la politique, au fameux restaurant «la
Pérouse».
...entre joies et tristesses
L’OPAV eut l’excellente idée de convoquer les membres
de l’Ordre sur le lac Léman le 19 juin en cité de
St-Gingolph. Fastueuse journée appréciée à sa juste
valeur. Toujours sous l’égide de l’OPAV, chapitre magistral
déployant ses fastes le 20 juin à Brigue en
l’honneur de la Fédération internationale des éditeurs
de journaux.
Sur sa lancée le Conseil tenait chapitre du «Zum Zytglogge»
à Berne, à l’invitation des associations professionnelles
des hôteliers et cafetiers restaurateurs
bernois, cette journée dans un climat de profonde
amitié.
Ces diverses manifestations relatées par presse, radio
et TV apportaient encore plus de crédit à la confrérie.
Un des buts du Procureur était atteint: confirmer la
présence de la confrérie en Suisse et à l’étranger.
Triste mois d’août 1971. Une nouvelle bouleversante:
L’Abbé Georges Crettol, victime d’un accident de la
route, décède. Stupeur en Suisse romande, en Valais,
au Conseil de l’Ordre car avec lui, notre Chapelain, celui
que nous avions désigné au titre de Monseigneur
n’était plus. Avec lui disparaissait un prêtre de choc,
un avocat de l’agriculture, un défenseur des valeurs
spirituelles (Heimatschutz), un journaliste éclairé et
surtout un homme de bien
dans l’acceptation du terme.
Le Conseil lui rendit un
hommage solennel à Châteauneuf
dont il était le
Chapelain, le 5 novembre
1971.
Relevons du vibrant hommage
que lui rendit le Procureur
ces propos:
«Dans un monde de plus en
Si actuellement les Chanteurs sont,
pour certaines de leurs interprétations,
accompagnés par le son des
trompettes, ils furent durant un
temps, soutenus par les accents mélodieux
d’un accordéon ou par ceux
plus saccadés d’une batterie.
Saviez-vous que...
59
plus coupé de ses bases spirituelles, Georges Crettol
prêtre, était de ceux dont la seule existence constitue
un démenti au courant de l’athéisme et de l’agnosticisme
et dont la raison d’être n’était rien d’autre que
d’apporter son témoignage permanent au Dieu vivant.
C’est à cette mission grandiose qu’il s’est donné totalement.
Témoin irrécusable du spirituel, médiateur
entre le Créateur et la créature, agent efficace des
mystères les plus sublimes, il a tenté tout au cours
de sa vie de vulgariser et d’exprimer la réalité de son
sacerdoce dans le profond amour de Dieu»
et ceux de l’ami personnel l’Officier Chancelier André
Donnet:
«J’ai dit tout à l’heure, que tout le mouvement de sa
vie n’a été que de jonction, de concorde et d’harmonie.
Son appel au Conseil de l’Ordre de la Channe, en qualité
de Chapelain, à Martigny, le 27 juin 1964, a permis
à ses compagnons de vérifier par la suite le jugement
Quand les cheveux commencent à blanchir,
laisse la femme et prends le vin.
que je viens d’énoncer.
En effet, dans cette assemblée restreinte où se rencontrent
des hommes de caractère bien affirmé,
d’opinions politiques différentes, de tempérament
exubérant, l’Abbé Crettol a fait merveille; il a réussi à
amener à travailler dans l’harmonie ses collègues qui
avaient été susceptibles de succomber à la tentation
de s’affronter; il a opéré sans peine l’union de leurs
forces et de leurs bonnes volontés pour concourir à
un seul but: mieux faire connaître nos vins valaisans.
Dans l’Ordre de la Channe, il a encore travaillé à son
illustration en créant le «choeur des chanteurs » qu’il
a dirigé avec brio et dont il a alimenté le répertoire par
des compositions originales.»
La mémoire de Mgr Crettol reste vive. Il est en fait
évoqué à chaque intronisation, car c’est lui qui a vulgarisé
le verset biblique:
«Noble Chevalier, porte cette coupe à tes lèvres,que
le Seigneur te donne la rosée du ciel, le vin et le
froment en abondance.»
Belle finale en 1971 avec le chapitre des Brantes
60
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
et Bossettes où Villes d’Evian et de Sierre, Confrérie
des Comtés de Nice et de Provence, sous le signe de
l’amitié franco-suisse, renouvelaient leurs valeurs
européennes.
Il appartenait au Président de la Confédération, Nello
Celio, de présider avec le charme tessinois le chapitre
d’union entre l’Ordre des Coteaux de Champagne
et le Valais, dans la belle station de Crans fin janvier
1972. Le mariage des champagnes et crus valaisans
reste un des harmonieux souvenirs, ce fut une journée
inoubliable dans ce site alpin unique.
Le souvenir le plus amusant: celui des Français de
Reims qui ne pouvaient comprendre la présence du
Président de la Suisse et de son épouse sans une protection
policière particulière. Stupéfaits les Reimsois
avaient vu l’arrivée de M. Celio et de son épouse, dans
leur voiture personnelle, portant eux-mêmes leurs
valises et s’inscrivant simplement à leur arrivée. Le
fait a été rapporté en pays champenois plusieurs fois
lors de leurs frairies.
61
15ème anniversaire
La suite des rencontres: Potes au feu à St-Saphorin,
la fusion Tessin-Valais à Lugano et pour clore le
XVeme anniversaire de l’Ordre de la Channe né le 1er
décembre 1957, un chapitre magistral avec la Fédération
internationale des confréries et ordres bachiques
français, italiens, belges et suisses, du vendredi 22
au dimanche 24 septembre 1972. Ce ne fut qu’étonnantes
manifestations en plein air. Ce fut inédit, mais
follement apprécié par les
invités. Au menu grillades,
raclettes, le tout avec
tonneaux de vins apportés
sur place, en pleine forêt
de Finges, la seule pinède
de Suisse. Tandis qu’il
pleuvait à torrent à 0800h
le dimanche de la manifestation,
à 10h00 les participants
souffraient d’une
chaleur torride, sous le ciel
bleu de la cité du soleil.
Parmi certains chapitres
Le «Mondial du Pinot Noir» à Sierre,
est la seule confrontation de ce niveau
consacrée à un unique cépage.
En moins de 10 ans, le Mondial du
Pinot Noir (MPN) s’est forgé une
belle réputation parmi les grands
concours internationaux de vins. De
400 échantillons en 1998, le Mondial
a mis en compétition plus de 1200
crus, issus de 15 pays, lors de l’édition
2006.
Saviez-vous que...
de cette époque, il est légitime
d’évoquer celui «des
fromages, du pain et du
vin» avec le maître fromager
gastronome et auteur
Pierre Androuet de Paris et Jacques Montandon de
Lausanne.
Dans le rapport final de son mandat le Procureur
Zwissig a relevé des éléments et faits notables qui ont
valorisé les activités de la confrérie. Nous avons cru
utile d’extraire quelques observations relevées.
Le document signale l’OPAV comme un des éléments
de la réussite de l’Ordre, la qualité de ses directeurs:
les Tony Venetz, André Lugon Moulin, André Darbellay,
Fernand Schalbetter, l’apport constant accordé,
ses initiatives en faveur de l’écoulement des vins en
présence de l’ordre bachique.
MM. Albert de Wolff, Henri Imesch, Albert Biollaz, Jacques
Montandon au Chapitre du 15ème anniversaire à Grimentz
Il évoque aussi les excellentes
relations entretenues
avec la SVCRH (Société valaisanne
des cafetiers, restaurateurs
et hôteliers), en
particulier son inoubliable président Pierre Moren qui
a permis que le Conseil puisse bénéficier de la présence
et de la fructueuse activité de sa dévouée et
discrète secrétaire Suzanne Brun.
Le rôle joué par les chanteurs est déterminant, car
organiser une réunion de l’Ordre sans leur présence
est désormais inconcevable depuis 1967, date de leur
création grâce à l’Abbé Crettol, puis d’Albert Rouvinez
dès 1971.
Une collectivité publique est mise à l’honneur, la Cité
de Sierre qui peut s’enorgueillir d’avoir, dès sa naissance,
accordé son plus large soutien à l’Ordre de la
Channe: salles à disposition, apéritifs offerts, la Gérondine
présente aux cortèges et nous en passons.
Qui boit s’enivre
Qui s’enivre s’endort
Qui s’endort ne pèche pas
Qui ne pèche pas va au paradis
Moralité: buvons (dicton breton)
62
Autre élément de succès: la présence, dès les premières
assemblées, de l’Académie de danse de
Cilette Faust, danseuse de classe et de ses petits
rats. D’ailleurs cette dernière complète heureuse-
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
ment le Conseil au titre de Troubadour. Dans le procurariat
de Follonier elle sut épauler le Commandeur et
être un peu la véritable âme de l’Ordre de la Channe.
Un officier d’une rare discrétion, mais d’une efficacité
notoire et mérite qu’on souligne son souvenir, le chaleureux
Carlo Giorla, Sénéchal, collaborateur discret
des Procureurs pour lesquels il assumait des tâches
particulières. Il avait cette qualité appréciée, celle
d’envisager la vie sous des aspects les plus optimistes.
Enfin un éloge justifié pour ce Conseil dynamique,
soudé par l’amitié, conscient de ses responsabilités,
qui a su des années durant donner le meilleur de luimême
dans une symbiose d’amitié, de fraternité.
Que leur mémoire soit honorée, car malheureusement
il ne reste que quelques membres ayant vécu
cette fastueuse époque.
Dans cette conclusion, il est relevé la qualité des
membres du Conseil et il lui paraît justifié d’honorer
M. Henri Imesch, Majordome et représentant des
négociants valaisans pour son concours permanent
hautement apprécié. Hommage est aussi à rendre à
Provins, la maison Orsat et à l’Union des négociants
en vins, en ce qui concerne cette époque.
Sur le plan de la presse, il est à relever l’hospitalité
généreuse qu’apporta «Treize Etoiles» à Martigny et
de «Plaisirs», revue suisse des confréries bachiques
à Neuchâtel, ceci grâce à l’heureuse complicité de M.
Guy Gessler, président, pour vulgariser les activités
de l’Ordre.
Pour mobiliser l’attention des convives,
l’Ordre dispose de 4 trompettistes
de grand talent qui, s’il le faut, sont
capables d’offrir, durant plus d’une
heure, un concert dont l’éclectisme
rivalise avec la qualité. Ils sont appelés
à se produire lorsque retentit l’injonction
«Sonnez trompettes» et non
pas «Trompez sonnettes»... comme il
fut annoncé une fois par mégarde.
Saviez-vous que...
63
LES PROPOS DE
L’ORDRE DE LA
CHANNE
Qui vin ne boit après salade
est en danger d’être malade.
1971: Plaisir du vin par la dégustation. (Sylvio
Bayard).
1972: In memoriam Abbé Georges Crettol (1912-1971),
Chapelain de l’Ordre de la Channe de 1964 à 1971.
(Henri Bérard, Guy Zwissig, André Donnet).
1972: Gastronomie du pain. (Jacques Montandon).
1972: La Channe. (Albert de Wolff).
1973: Message valaisan. (Jean Graven).
1973: Autour du fromage, de la raclette et de la gastronomie.
(Pierre Androuët).
1974: Vendanges sédunoises d’hier. (André Donnet).
1975: Le vin des montagnards valaisans. (Rose-Claire
Schülé).
1976: Aux origines de l’Ordre de la Channe: le temps
des illusions. (André Donnet).
1976: Eaux-de-vie valaisannes. (Francis Germanier)
64
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Ere Rouvinez:
21 mars 1977 -
4 mars 1986
Son discours d’investiture! Un modèle du genre. Il atteste
de sa totale adhésion à la charte et au maintien
de l’esprit de la confrérie.
Il assaisonne sa péroraison d’expériences personnelles
qu’il désire partager. On décèle déjà dans ses propos
sa volonté de confirmer certaines valeurs. Ainsi
s’exprima-t-il:
Jour de joie! Le printemps est là. En ce 21 mars 1977,
dans un sympathique climat de confiance est élu le
successeur du Procureur Zwissig. Il a nom d’Albert
Rouvinez, Officier Grand Chantre. A l’unanimité l’Ordre
de la Channe a confié les rênes de la confrérie
à cette personnalité de valeur, homme de coeur, apprécié
pour son caractère d’amoureux de la musique
et des arts. Cet anniviard typique, fils d’une famille
de terriens possède la fibre d’un meneur d’hommes.
Pharmacien de profession, il consacre tout son temps
libre à vulgariser l’amour du chant. N’est-il pas celui
qui a dû, la mort du Chapelain Crettol, toutes affaires
cessantes, maintenir le groupement de chanteurs et
le perfectionner? A des qualités indéniables d’ouverture
d’esprit, pétri de culture latino-grec, il rehausse
ses propos de réflexion pertinents qui marquent.
65
C’est pourquoi, je propose que l’on clame sur tous les
toits, dans toutes les chaumières, ce qu’est l’Ordre de
la Channe. Il faut démontrer que l’Ordre de la Channe
n’est pas et ne saurait être
une assemblée de «bâfreurs»
et «d’ivrognes» et
par conséquent faire disparaître
l’ambiguïté qui a
cours, à son égard, entretenue
par les insinuations
ironiques de gens mal intentionnés
ou mal informés.
Il faut continuer l’oeuvre,
lui donner le panache
qu’elle mérite aux yeux
des Confréries suisses et
L’Interprofession de la Vigne et du Vin
du Valais (IVV) a pour but la défense
des intérêts généraux de l’économie
viti-vinicole du Valais.
Constituée en décembre 2000, l’IVV
poursuit les tâches principales suivantes:
prendre position sur toutes
questions touchant la viti-viniculture
valaisanne, assurer la liaison entre
les divers acteurs de l’économie vitivinicole,
promouvoir le vignoble et les
vins du Valais, définir les normes qualitatives
et quantitatives de la production
en relation avec les appellations
des vins du Valais.
Saviez-vous que...
étrangères en se pénétrant de sa
mission «FAIRE CONNAITRE et
APPRECIER les VINS VALAISANS»
non seulement aux indigènes qui
n’en demandent pas tant, mais
surtout aux non-Valaisans. C’est
votre Dignité (ne disons-nous pas
de vous qui êtes les «Dignitaires»
de l’Ordre) et votre Noblesse qui
marqueront l’Ordre dans les années
à venir.
Avec délicatesse et esprit il relève le dévouement de
ces prédécesseurs. Il sait définir pour chacun les
caractéristiques de leur «pontificat». Apprécions sa
vision:
Septembre est le mois de l’automne
et s’il tonne, la vendange est bonne.
(dicton bourguignon)
le Procureur Albert Rouvinez
Je ne serai pas:
- Ce personnage célèbre et pittoresque, individualiste,
rebelle à toutes collaborations et fermé sinon hostile
à l’esprit qui doit animer notre
équipe - (Wuilloud)
- Ce personnage qui donna l’apparat
à notre Ordre, qui le marqua de
sa note académique et lui a permis
de survivre - (Deslarzes)
- Ce personnage enfin sous la férule
duquel l’Ordre de la Channe
commença à prendre manière et
distinction, relations étrangères,
européennes et assuma pleinement le rôle qu’on attendait
de lui - (Zwissig).
Vous m’avez compris: Je voulais par ces quelques
mots rendre hommage, diversement, à mes prédécesseurs
et prendre chez chacun le meilleur de luimême.
Pour terminer, c’est un nouvel acte de foi fervent
qu’il manifeste et avec l’humilité qui est sienne il
conclut:
Je me dois aussi de donner le meilleur de moi-
66
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
même à l’Ordre de la Channe mais en collaboration
totale avec vous.
J’ai besoin de votre appui. Je compte sur vous, sans
conditions. On constatera alors qu’une entreprise
conçue d’une manière quelque peu chimérique, est
parvenue néanmoins, avec des moyens relativement
modestes, à promouvoir avec succès, la cause des
vins valaisans, aussi bien hors de nos frontières que
dans le pays lui-même.
Nous allons nous atteler ensemble et tirer sur la
même Chaîne de Channe
- avec dynamisme
- avec sagesse
- avec dignité
- avec noblesse et efficacité.
Examen d’entrée: parfaite réussite, avec fermeté, intelligence
il a su s’imposer et conquérir le coeur des
Officiers, Chevaliers et membres.
Des années qu’il va vivre dégageons les grandes lignes
de sa politique:
- renforcement des relations avec l’OPAV
67
- adaptation des statuts en vertu des expériences vécues
- valorisation des Officiers du Conseil en leur confiant
des tâches précises conformes à leur tempérament et
en décelant de nouvelles personnalités aptes à compléter
le Conseil.
Ce qui reste notamment de son règne, c’est la parfaite
organisation des anniversaires des 20e, 25e et 30e de
l’existence de l’Ordre de la Channe. Il le fait avec délicatesse.
Il a su magnifier
chaque époque. Discret, il
se veut lettré comme le Dr.
Wuilloud, joyeux à l’image
du Dr. Deslarzes et avoir
les qualités de meneur
d’hommes de Me Zwissig.
Chaque occasion l’incite à
toujours renouer avec le
passé pour qu’il se profile
comme un exemple pour
l’avenir.
Parmi tous les Procureurs,
il fut certainement celui
Si le sautoir de chaque membre de
l’Ordre se termine par une channe
de 13 cm de hauteur sur 8 cm de largeur,
cette même channe, mais d’une
dimension nettement plus imposante
(45 cm. de hauteur sur 23 cm. de
largeur) et d’une contenance de 15
litres, trône à la place d’honneur lors
de chaque chapitre. Ces channes ont
été coulées par les soins des ateliers
«Au Potier d’Etain S.A.» à Sugiez.
Saviez-vous que...
Les Officiers Arthur Darbellay,
André Lugon-Moulin et Cilette
Faust écoutent la harangue du
Procureur Rouvinez
que sut varier le mieux la présentation de chaque
chapitre des meilleurs textes, des références à l’histoire
du vin et de la vigne dans les auteurs anciens.
Comme chanteur émérite qu’il fut, il ajouta les notes
de douceur poétique à toutes ses interventions. De
plus, il avait le doigté et un sens aigu de la sensibilité.
On pourrait donc lui attribuer la formule: Il est Noble
Procureur. Patiemment il sait détecter les personnes
réellement aptes à maîtriser les exigences de leur
mission.
La composition du Conseil en 1977 se présente comme
suit:
- Bureau du Conseil - une heureuse initiative destinée
à alléger certaines tâches particulières:
- le Procureur: Albert Rouvinez, pharmacien, Crans
- le Majordome: Gérard Follonier, directeur Centre
professionnel, Sion
- le Sénéchal: André Lugon-Moulin, collaborateur
OPAV, Sion
- Conseil des Officiers:
Si le mari boit, la moitié de la maison brûle.
Si la femme boit, toute la maison est en feu.
(dicton russe)
- Sautier: W. Bührer
- Sautier adjoint: J. Frey
- Chambellan: A. de Wolff
- Chancelier: J. Nicollier
- Métral: A. Venetz
- Métral adjoint: R. Clivaz
- Officier de bouche: J. Montandon
- Amphitryon: L. Richoz
- Troubadour: C. Faust
- Epistolier: M. Gessler
- Garde des Sceaux: A. Besse
- Banneret: N. Bumann
- Vidôme de Paris: P. Androuët
- Vidôme du Tessin: L. Bosia
- Vidôme de Milan: P. Lavizzari
- Vidôme de Genève: G. Bochud
- Vidôme de Fribourg et du Seeland: G. Montani
Ce fut, à cette époque, l’occasion d’un toilettage des statuts
nécessité par les multiples activités de l’Ordre,
à l’extérieur notamment. L’assemblée générale les
modifia donc le 15 avril 1978. Le Conseil disposa par
conséquent d’une charte nouvelle l’autorisant à agir
au mieux des intérêts de l’époque et surtout de ma-
68
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
nière simplifiée.
Qu’en est-il du périple des chapitres?
Trois chapitres extérieurs en 1978: ceux de Schaffhouse,
Fribourg et Gstaad où une nouvelle fois on confirma
le mariage Ordre des Coteaux de Champagne avec
notre confrérie sous le patronage du Directeur général
du Palace Hôtel, Hans Scherrer. Une visite de courtoisie
en Chablais qui précéda le magnifique chapitre du
XXe anniversaire célébré au Château Bellevue à Sierre
le 11 novembre 1978. Une belle réussite que cette manifestation
toute de sensibilité, d’émotion !
Grâce au souci de satisfaire et valoriser la culture selon
les voeux exprès des fondateurs, le message des
20 ans subsiste grâce à l’édition d’une plaquette de
choix. Il faut relever la qualité des articles qui ont été
sélectionnés. Dans la préface, le Procureur témoigne
à sa manière de toute sa reconnaissance:
Merci pour les épis levés
En mai quand c’est bien l’été.
Merci pour les talus humides et frais
Pour le chant du rossignol.
Merci pour les récoltes et les herbes nouvelles
Pour les dimanches de pluie et les carillons des cloches.
Merci pour l’injustice et la bonté
Pour le pardon et la pitié.
Merci pour le chemin parcouru
Pour ceux d’avant et pour ceux d’après.
Merci pour le vin, pour le pain
Merci pour la channe enrubannée.
Il signe par ailleurs un excellent
article sur le vin et
ses valeurs médicinales,
tandis qu’avec à propos le
Commandeur Elie Zwissig
évoque les travaux des vignes
d’une bourgeoisie
d’Anniviers, celle de St-
Jean. Légitimement le Dr.
Donnet explicite la valeur
des Propos de l’Ordre. Les
observations sur le vin et
la santé, la dégustation,
trouvèrent large place
ainsi que les apprécia-
Construit en 1453 par le Vénérable
Chapitre de la Cathédrale de Sion
pour irriguer le vignoble des communes
d’Ayent, Grimisuat et Sion, le bisse
de Clavau prend sa source dans les
gorges sauvages de la Lienne et rejette
le surplus de son précieux chargement
12 km plus loin dans la Sionne,
sur les hauts de la ville de Sion.
Saviez-vous que...
69
tions sur la valeur des guides gastronomiques, des
traditions gastronomiques. Article de la Châtelaine
Suzanne Brun qui trace avec humour le portrait des
Procureurs avec lesquels elle a travaillé. Poésie avec
le Métral Follonier, analyse des vins avec Nicollier le
Chancelier, quelques propos de l’Officier Troubadour
Cilette Faust. Ce document subsiste. Il mérite d’être
compulsé. C’est un jalon dans l’histoire de la Channe
qui témoigne d’une étape.
Méthodique, le Conseil décide à cette occasion de
la publication d’un vade-mecum sur la situation de
l’Ordre. Document de statistique du plus haut intérêt.
La confrérie est radiographiée. Ce livret offre au lecteur
les noms de tous les membres de l’Ordre de la
Channe, Commandeurs, Officiers d’honneur, Conseil,
Chevaliers, membres, etc. Plus encore, les Chevaliers
sont inventoriés par canton. Ce travail de recherche
est un reflet parfait de la variété et de la diversité des
participants. On constate que beaucoup de membres
S’il pleut à la mi-août, le vin ne sera pas doux.
(dicton bourguignon)
sont issus de pays étrangers, France, Italie... 1500
membres environ constituent l’Ordre de la Channe! 52
fondateurs en 57, il y a de quoi être surpris en bien
quant à l’évolution.
Le cours tranquille des activités est perturbé par la
mort accidentelle, le 11 novembre1978, de M. Albert de
Wolff, conservateur des musées cantonaux du Valais.
Les milieux artistiques du Valais apprennent avec
une profonde affliction cette disparition. L’Ordre de la
Channe perd un précieux ami. Il était son parfait Officier
Chambellan. Il avait non seulement apporté à
la confrérie son amour de l’art et de l’histoire, mais il
avait réussi à le faire partager.
Nous pouvons nous féliciter de lui avoir confié le choix
de nos habits, des sigles de l’Ordre et du Propos No 3
«Le raisin dans l’art du Valais» et surtout le Propos 17
consacré à «La Channe». Il a remarquablement servi
la Confrérie.
De belles heures sont ensuite à nouveau vécues.
La confrérie a pris sa vitesse de croisière à Berne,
un chapitre musical Brass Band à Brigue, à Sion,
70
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
départ pour le chapitre de la Rose au Parc des Eaux
Vives Genève, un coucou à Bienne, un pèlerinage à
Venthône, une immersion dans le Rhin à Bâle et de
joyeuses assises à Sion aux Iles puis à Berne, sans
oublier le Chablais à Vionnaz, mi-avril 1982.
25ème anniversaire
Et l’heure des 25 ans d’existence sonne. Le Procureur
Rouvinez entend donner un lustre particulier à
cette journée anniversaire. Avec le précieux appui de
son Conseil, il concocte un programme nec plus ultra
pour accompagner les confréries invitées suisses et
françaises à Sierre et Crans. Une gamme d’invités
de haut rang honore les cérémonies. Ne soyons pas
modestes. Citons-les pour que chacun puisse se rendre
compte de l’audience de notre confrérie et de son
succès à cette époque.
Patronage
Monsieur Fritz Honegger
Président de la Confédération
M. Pierre Dreyer
Président du Conseil des Etats
en présence de
Madame Heidi Lang
Présidente du Conseil national
Monsieur Amédée Arlettaz
Président du Grand Conseil valaisan
Monsieur Jean Cleusix
Président du Tribunal cantonal valaisan
des Commandeurs de l’Ordre de la Channe
des Confréries bachiques
suisses et étrangères.
Chacun connaît l’amour
que porte le Procureur à
tout ce qui touche à la musique
et en particulier à
la musique sacrée. C’est
la raison qui l’a incité à ce
que les festivités débutent
ce vendredi 3 septembre à
la participation d’un gala
musical-concert offert par
le Choeur «le Valais chan-
Toute société digne de ce nom, se doit
d’avoir à sa disposition un drapeau,
une bannière qui la signale à l’admiration
des foules et de ses membres
tout particulièrement. La bannière
de l’Ordre date du 25ème anniversaire
de l’Ordre, soit de 1982, et fut
brodée avec patience et savoir-faire
par une broderie de Saint-Gall.
Saviez-vous que...
71
Le Procureur Rouvinez avec à ses côtés les Officiers Cilette
Faust et Gérard Follonier
te» et un régal de récital d’orgue de Mme Huber,
une musicienne de classe internationale, amie du
Conseil.
Le lendemain, par un temps superbe, les Chevaliers,
le Conseil et les invités vont s’adonner aux joies des
productions musicales avec office divin en l’Eglise
Ste-Catherine. Le Choeur de Muzot chante la messe,
au sortir de l’office le cortège défile en ville de Sierre
aux rythmes enchanteurs des fifres et tambours de
Sierre, ceux de St-Luc, de la Gérondine, le cortège
entouré par les pages et danseuses de l’Académie de
danse de Cilette la Troubadour.
Au Château de Villa, apéritifs, intronisations, productions
des Chanteurs de l’Ordre.
A l’initiative de l’Officier de bouche, Antoine Venetz, il
est offert pour la première fois un buffet royal inattendu.
L’escriteau mentionne ainsi 8 entrées, 2 potages,
9 plats de résistance, 5 desserts avec la ronde des
pains helvétiques et la sélection des fromages. Mais,
suprême gâterie, tous les mets offerts émanent de
régions différentes et de gastronomies locales. Cette
initiative trouve un accueil enthousiaste et Tony se voit
proclamé nouveau Curnowsky.
C’est l’unique fois dans les annales de l’Ordre qu’un
Officier Métral ait tenté de réaliser pareille gageure.
Aussi nous voulons signaler dans cet historique et
dans son intégralité cet unique et spécifique cas.
C’est toutefois à Crans que se déroule ensuite le gala,
à l’Hôtel du Golf où la fanfare de Crans accueille les
participants.
S’il pleut à la Saint-Médard (8 juin),
la vendange diminue d’un quart.
(dicton bourguignon)
72
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
E s c r i t e a u
Les Entrées
SH: La Tarte aux oignons (Bölledunne)
AR: La Viande séchée et le saucisson (Pantli und
Mostbröckli)
GE: La Longeole
NE: Les Filets de Bondelles fumés - La salade de Fenouil
FR: La Cuchaule et la Moutarde de la Bénichon
BS: La Saucisse de Bâle (Basler Klöpfer)
BE: Les Crudités du Seeland
JU: Le Pâté de campagne
Les Potages
TI: La Minestrone
AG: La Soupe de Poissons de Hallwil
Les Plats de Résistance
ZG:Les Filets de Fera à la zougoise
VD: Le Boutefas - La Compote de raves
SZ: Le Jambon à l’os
LU: Le Sauté de Lapin (Chungelibraten)
GR: Le Civet d’Agneau Maienfeld - La Bramata
SO: Le Rôti de porc au lait
SG: La Saucisse de Saint-Gall
ZH: Le Boeuf à la Ficelle - La Sauce Raifort
VS: La Raclette
Les Garnitures
AI: Les Pommes de Terre au lard
UR: Le Riz aux Poireaux (Rys und Spohr)
GL: Les Cornettes au Schabzieger
La Ronde des Pains Helvétiques
***
La Sélection des Fromages
Les Desserts
TG: La Crème au Cidre
NW: La Crème brûlée
OW: Les Bricelets
BL: Les Cerises au Kirsch
VS: Les Tartes aux Pommes,
Poires, Framboises,
Fraises et Abricots
Ajoutez à la richesse de ce
buffet la qualité des vins
offerts.
Pour l’apéro un délectable
Muscat des frères Rouvi-
Chaque année, le premier week-end
de septembre, Sierre accueille Vinéa,
le plus grand salon suisse du vin et
rendez-vous incontournable des oenophiles.
Pour l’occasion, la cité se
transforme en oenothèque en plein
air, proposant à la dégustation plus
de 1’500 crus provenant d’un quarantaine
de cépages et produit par
une centaine d’encaveurs valaisans.
Saviez-vous que...
73
nez et, répondant à l’appel, plusieurs propriétaires
offrent au plaisir de la dégustation 6 Fendant, 4 Dôle,
2 Pinot noir et la fameuse surprise du Métral, le Pinot
blanc.
Les Fendant: Adrien Mathier, Salquenen
Les Fils de Charles Favre, Sion
Provins Valais, Sion
Henri Imesch SA, Sierre
A. Orsat SA, Martigny
Robert Gilliard SA, Sion
Les Dôle: Les Fils d’U. Germanier, Vétroz
Héritier-Favre, Sion
Vital Massy, Sierre
Maurice Gay, Sion
Les Pinot Noir:Les Hoirs Bonvin, Sion
La Vinicole de Sierre, Sierre
La Surprise du Métral
Le Pinot Blanc A. Biollaz SA, St-Pierre-de-Clages
Taille le jour de la Saint-Aubin (1er mars)
pour récolter de gros raisins.
(dicton bourguignon)
Il est impossible de relater la finale de cette manifestation
du Haut Plateau, car les règles du cérémonial
furent totalement modifiées, les invités voulant par les
sentiments d’amitié, de gratitude de tous, prononcer
discours, péroraisons, exhortations. L’Ordre, à l’image
de Paris, se sublimait.
La clôture officielle de ces manifestations fut particulièrement
digne, cela dans la tradition du souvenir
et du respect dus aux fondateurs et de la reconnaissance
qui leur était due. Le cadre choisi fort apprécié
du Couvent des moniales de Géronde où au cours de
l’office divin fut prononcé l’hommage aux morts rendu
par le commandeur Guy Zwissig, dans un silence impressionnant.
L’apéro fut servi dans le préau du couvent
où les Soeurs avaient accueilli fraternellement
la confrérie.
Une dernière surprise était réservée à tous: la distribution
d’une plaquette sur les 25 ans dont Albert
Rouvinez avait confié la rédaction à Me Guy Zwissig.
Dans un esprit de synthèse, l’auteur a retracé
objectivement ce que furent les années vécues :
1957 - 1972.
74
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Ces fêtes anniversaires des 20 et 25 ans de l’Ordre
de la Channe permettent de signaler la part que le
Conseil d’Etat du Valais a, après quelques années
d’attente, apporté pleinement aux buts poursuivis.
Il nous choisit comme ambassadeur pour relever la
remise des cadeaux qu’il offre aux cantons suisses.
C’est un appui moral apprécié. A maintes occasions
la Confrérie a été sollicitée pour rehausser d’autres
manifestations patronnées par l’Etat.
Dopé par ses réussites successives, l’Ordre de la
Channe continua ses pérégrinations à Horn en Thurgovie,
pour les 30 ans d’Expovina à Zurich, pour se retrouver
à Saxon, puis à Savièse où l’ambassadeur de
Belgique à Berne se vit conférer le titre de Chevalier
d’Honneur. Départ en juin sur Muttenz, Bellinzona,
arrêt à Venthône pour fêter le chapitre des cabales,
l’année 1984 étant électorale.
Suivirent quelques belles randonnées à Schwyz, Bouveret,
Saignelégier, Bürgenstock et Sils.
Et toute aventure si belle soit-elle se termine un jour.
En 1984, le Procureur Rouvinez estime que le temps
qu’il a offert à la Confrérie l’autorise à passer la main.
75
Il le fait avec sa franchise et son sens aigu des réalités.
Certes ce n’est pas sans un certain pincement de
coeur qu’il s’en va. Il le fait avec la conviction d’avoir
loyalement oeuvré. Par contre, il entend surtout laisser
la place à une nouvelle force aux idées différentes
des siennes, mais conformes à la charte pour magnifier
l’Ordre.
Salut à ce noble Procureur, prince de l’esprit, éminent
artisan du succès de l’Ordre de la Channe.
Nous lui devons aussi l’assainissement
des finances
de la Confrérie. A dessein,
nous n’en avons pas parlé
préalablement car nous
aurions dû faire le constat
de la mauvaise situation
chronique, qui se répétait,
ceci malgré des interventions
radicales de caissiers
successifs tous soucieux
de trouver les solutions
adéquates. Albert Rouvinez,
homme de sensibilité,
Nanti d’un bougeoir et, bien entendu,
d’une bougie allumée, le Procureur
s’approche du micro, allume un cigare
et déclare «Il plaît au Procureur
que fumer soit». C’est par ces mots,
prononcés en fin de repas, qu’il est
permis, aux adeptes de la plante à
Nicot «d’en griller une». Pour la petite
histoire, relevons que c’est Don Christobal
Colomb qui, en 1492, découvrit
le tabac et l’importa pour la première
fois en Europe.
Saviez-vous que...
a su, à un moment précis, découvrir le « magicien »,
en l’occurrence le Sautier Eddy Bruchez, expert fiscal,
de Saxon. Personnalité très en vue du Bas-Valais,
cet homme intègre, décidé et surtout discret a, avec
intelligence, assuré l’avenir financier. Il a droit à nos
félicitations, car il continue, heureusement, à être le
gardien vigilant de la Channe.
Trois coupes de vin
font saisir une doctrine profonde.
(dicton chinois)
LES PROPOS
DE L’ORDRE
DE LA CHANNE
1977: Souvenirs d’un jeune vigneron d’Arbaz dans les
années 1924-1945. (Gabriel Constantin).
1979: Anecdotes sur l’usage du vin chez les notables.
(Sylvain Maquignaz)
1980: Souvenirs, traditions, légendes autour du vin
des Anniviards. (Robert Clivaz).
1981: Sur une collection de timbres consacrés à la vigne
et au vin. (Henri Hauser).
1983: Souvenirs d’un pépiniériste-viticulteur dans les
années 1936-1983. (Gabriel Constantin).
1985: Les cépages du vignoble valaisan autrefois et
dans le vingtième siècle. (Jean Nicollier).
76
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Ere Follonier:
11 mars 1988 -
21 avril 2001
11 mars 1986! La cité du soleil fidèle au Dieu Ra accueille
l’Ordre de la Channe qui tient assises solennelles
sous les auspices du chapitre de «la communication».
Pour clore dignement son mandat, Albert
Rouvinez a convié les membres de la confrérie à s’informer
sur ce thème d’actualité. Présence appréciée
du Directeur général du Département des télécommunications
suisses, M. Rudolf Trachsel, et celle du
Sierrois Werner Haenggi, directeur valaisan. Quelques
autres personnalités complètent le patronage
de cette manifestation.
Toutefois, avant d’écouter l’orateur M. Haenggi présenter
le thème choisi, il est prévu que l’assemblée
générale élise le nouveau Procureur. Pour la première
fois, le 5ème responsable de la confrérie est nommé
dans une manifestation mixte. Cela donne à cette
77
cérémonie un faste inhabituel. Echanges de voeux, de
souhaits, de remerciements à l’ancien et félicitations
au nouveau Procureur se succèdent. Belles envolées
littéraires.
Avec une émotion certaine, le Procureur Rouvinez dit
sa confiance en l’avenir, exprime sa joie d’avoir pu apporter
le meilleur de lui à l’accomplissement de sa
tâche. Il constate que l’âme et la sensibilité portées à
la cause du vin, de la vigne se perpétue à souhait. En
intronisant Gérard Follonier
à son nouveau grade de la
hiérarchie il espère vivement
que cet esprit qu’ont
désiré les fondateurs soit
optimisé.
C’est en 1971, à la requête de
l’Abbé Crettol, que ce jeune
Hérensard, Gérard Follonier,
enseignant, après
des études littéraires à
la Sorbonne, est promu
Métral. C’est à Paris, à
Montmartre, au fameux
La démarche «Grand Cru» repose
sur une base volontaire des communes
viticoles et vise à produire des
vins de qualité. Les cépages destinés
à produire des vins «Grands Crus»
doivent être cultivés dans les secteurs
d’encépagement pour lesquels ils sont
particulièrement bien adaptés. La
commune peut commercialiser au
maximum 4 cépages (vins) portant
l’appellation «Grand Cru’». Le règlement
de chaque «Grand Cru» doit
être soumis pour approbation au service
cantonal de l’agriculture.
Saviez-vous que...
estaurant à la Bonne Franquette
qu’il se fait connaître. Après avoir
enseigné à Martigny et participé à
l’ouverture du Centre de formation
professionnelle de Sion, il va en devenir
le patron. Entre-temps, dans
la confrérie, il accepte d’assumer
la délicate tâche de Majordome où
il trouve l’occasion de faire valoir
son talent d’orateur. Il sait quelle
est la mission qu’il a à accomplir.
Il a pour lui sa jeunesse et son entrain
pour animer comme il se doit l’Ordre. Toutefois,
il lui est recommandé de mettre un bémol et d’éviter
quelques propos malvenus sur la politique, car très
engagé dans un parti. En effet la règle est impérative,
justifiée et respectée: l’Ordre étant apolitique, telle
doit être aussi la position du Procureur.
C’est dans ce climat que va débuter un long règne de
Trop boire noie la mémoire.
le Procureur Gérard Follonier
12 ans. Il assumera, selon un rituel
établi, la présidence des confréries
bachiques suisses de 1994 à 1997.
Reproche lui est fait de ne pas avoir
maintenu les excellentes relations
avec la Fédération internationale
des confréries bachiques, où depuis
1971 à 1988 la Channe occupa
une place prépondérante.
Nous ne pouvons donc que saluer
la courageuse initiative de Cilette
Faust, Officier Troubadour, qui de son propre chef,
pallia cette carence en assistant seule aux délibérations
des sociétés vinicoles. Le Conseil international
d’ailleurs conscient de l’apport accordé par cette
représentante connue lui décerna le titre d’Officier
d’Honneur, titre qu’elle partagea avec le Procureur
Zwissig qui l’avait reçue en 1978.
Que de chapitres pendant cette décennie! Sans
entrer dans une statistique ennuyeuse, observons
qu’officiellement on dénombre cinquante manifestations
au moins. Cela implique pour les responsables,
en particulier pour le Procureur, des
78
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
solutions inédites, chaque chapitre exigeant des solutions
différentes vu la topographie des lieux, la classe
des hôtels, la disponibilité des salles. C’est la raison
pour laquelle on peut reconnaître, sans que personne
n’en soit responsable, que quelques chapitres n’ont
pas eu le renom qu’ils auraient mérité.
la période 1990 à 2001. Nous observons et évoquons
d’une part le célèbre et unique chapitre de l’Europe à
Riehen, celui des 100 ans de l’existence des stations
de Crans-Montana, celui du 175e anniversaire relatif à
l’entrée dans la Confédération des cantons de Genève,
Neuchâtel, Valais.
Le parcours de l’Ordre a permis d’apporter notre
présence effective aussi bien en Suisse allemande
Schwyz, Urnäsch, Interlaken, Ittigen, Berne, Merligen,
Riehen, Zürich, Bienne, Spiez, Bâle notamment qu’en
Valais qui enregistre des assemblées générales et
chapitres réussis à Sierre, Saas-Fee, Martigny, Loèche-les-Bains,
Leytron, Sion, Salquenen, Ovronnaz,
Leytron, Vouvry, Verbier, Montana, Zermatt, Veysonnaz,
Bouveret, Thyon. Une véritable course-étape à la
découverte géographique de la Suisse.
Pendant cette période, à part une incursion officielle
à Vaduz à l’invitation du Prince régnant, un chapitre
exceptionnel est organisé à Londres à la demande de
Valais Tourisme et de l‘OPAV.
Comme mémorialiste, il nous a paru impératif de remémorer
quelques-unes des réunions qui ont marqué
79
Riehen, 5 septembre 1992, chapitre de l’Europe
Pour la présentation du chapitre de l’Europe à Riehen/Bâle,
le 5 septembre
1992, le Conseil a mis en
exergue la fameuse déclaration
de Victor Hugo: «La
Suisse dans l’histoire aura
le dernier mot» suivie des
propos féroces de Denis de
Rougement: «Encore faudrait-il
qu’elle le dise!».
Relevons fait rare: le haut
patronage du Conseil fédéral
suisse in corpore, du
Chancelier de la Confédération,
du Conseil d’Etat
A l’invitation du bureau de Suisse
Tourisme, une ambassade de l’Ordre
s’est rendue à Paris en 2004. Quelle
ne fut pas la surprise de la délégation
de constater que les fromages
à raclette, envoyés à Paris deux semaines
avant la manifestation, ressemblaient
fortement à des tommes
fondues. Ils avaient été stockés dans
un local dont la température avoisinait
les 28 degrés. Ignorance, quand
tu nous tiens!
Saviez-vous que...
du canton du Valais, à titre personnel de nombreuses
éminentes personnalités. Quelques noms prestigieux,
ceux des Ambassadeurs d’Autriche, du Liechtenstein,
de France, de la République fédérale d’Allemagne, de
l’Italie. C’est un honneur insigne pour l’Ordre que de
pouvoir être aussi un ambassadeur émérite.
Il nous plaît de relever encore les noms prestigieux
de
- M. Franz A. Blankart, Secrétaire d’Etat aux Affaires
économiques extérieures
- M. Raymond Deferr, Vice-Président du Conseil
d’Etat, Valais, Président du
du Conseil du Léman
- M. François Lachat, Vice-Président du Gouvernement,
Jura, vice-président de l’Assemblée des Régions
d’Europe
- M. Claude Ruey, Conseiller d’Etat, Vaud, Président
de la Communauté de
travail des Alpes occidentales
Un âne ne boit que s’il a soif
mais c’est parce qu’il ne boit que de l’eau.
- M. Henri Rieben, Président de la Fondation Jean
Monnet pour l’Europe
- M. Jean Bourquin, Président du Centre Européen de
la Culture
- M. l’Ambassadeur William Rossier, Chef de la Délégation
Suisse près l’AELE
et le Gatt à Genève
- M. l’Ambassadeur Bruno Spinner, Chef du Bureau
de l’Intégration,
Départements fédéraux des Affaires étrangères et
de l’Economie publique
- M. Hans Balsiger, Generaldirektor Schweizerischer
Bankverein
- M. Hans Leuenberger, Président de l’Académie suisse
des Sciences techniques
- M. Marcel Rochat, Vice-président de la Société des
Exportateurs de vins
suisses
- M. Christophe Scholz, Internationaler Wirtschaftsberater
et
- M. Raymond Loretan, Délégué aux Affaires européennes
et transfrontalières,
Valais, homme brillant et défenseur de la confrérie.
80
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Nous devons à M. Raymond Lorétan une dette de
profonde reconnaissance pour l’organisation de cette
grandiose manifestation d’esprit européen dont il
a été le père spirituel. D’ailleurs, devenu ambassadeur
à New York, c’est encore à lui que la Channe doit
d’avoir pu se présenter avec une modeste délégation
en cité de l’ONU. Pour nous ce sont ainsi créés de précieux
contacts avec des milieux qui jusqu’alors nous
étaient fermés.
En jardin du Wenkenhof, véritable éden terrestre, les
encaveurs et négociants en vins valaisans eurent l’insigne
honneur de pouvoir présenter la diversité de
leurs productions en guise d’apéritif.
Pour la plupart des invités, la dégustation de ces vins
fut une révélation. On ne peut, avec le recul des années,
que se féliciter de l’impact de ces heures bâloises
où une fraternité spontanée s’établit entre les
plus hauts responsables de la vie politique et économique
suisses.
La présence et les productions des Chanteurs de l’Ordre
sous l’experte direction de l’Officier Grand Chantre
Paul Morard, directeur et musicien de talent, ajouta
un climat de convivialité unanimement apprécié.
Les 175 ans de la Confédération
Revenons au Vieux Pays. 1815 -1990 - 175 ans d’existence
avec la Suisse, trois entrées la même année, celle
des trois derniers cantons. Cette date anniversaire
valait bien un chapitre spécial et Sion, d’abord en salle
du Grand Conseil, illuminée par la magnifique fresque
d’Ernest Bieler évoquant
notre entrée dans la Confédération,
endroit rêvé pour
y évoquer les faits historiques
de la délégation valaisanne
passant le col de
la Gemmi pour apporter
à la diète la demande officielle
de délibérer d’être
membre à part entière de
la future Suisse.
Fierté des Conseillers
d’Etat de Genève, Neuchâtel,
Valais, qui pour la pre-
Chaque année, durant le premier
week-end de juin, le Groupement des
encaveurs de Vétroz organise la «Fête
de la Fleur d’Amigne». Chaque membre
du groupement tient un stand sur
la Place du Four et y présente ses vins.
L’Amigne est naturellement en vedette,
mais les vins issus d’autres cépages, et
particulièrement les Grands Crus de
Vétroz sont proposés en dégustation.
Saviez-vous que...
81
mière fois fusionnent sous le signe de Bacchus. Chacun
des représentants sut tirer les conclusions de
leur union. Ils se plurent à relever anecdotes inédites
de la vie de l’époque. Belle page aussi pour l’Ordre qui
avait su préparer cette manifestation avec panache,
le tout complété par un déjeuner sélect consacré aux
mets et vins du pays du Haut-Rhône.
Le souvenir de la naissance de la station de
Montana
Un ivrogne remplit plus souvent son verre
que ses engagements.
Ensuite, le Procureur et le Conseil de l’Ordre ne peuvent
pas ne pas accéder à la demande des responsables
du plus connu du monde du plateau Crans-
Montana, M. Gaston Barras, président suisse du golf,
pour organiser fastueuses heures du souvenir de la
naissance de la station de Montana en 1893. Les organisateurs
dans un élan unanime, toutes querelles
de clocher oubliées, voulaient être les chantres modernes
pour honorer ainsi les hôtes d’exception qui
avaient choisi ces hauts lieux soit pour y passer leur
fin de vie, soit pour s’y adonner au sport en particulier
le golf, soit pour y trouver un endroit idéal pour des
vacances régénératrices et sauvegarder aussi certains
de leurs intérêts.
Ce raout, gala mondain de haute tenue, se déroule au
Régent, dans son centre des congrès et expositions.
Le Procureur Follonier en forme étincelante, propos
académiques, sourire aux lèvres, allait avec aménité
saluer ces prestigieux hôtes auxquels s’étaient jointes
une nouvelle fois, comme il se doit en pareille occasion,
les plus hautes autorités du pays, voyez plutôt
- M. Adolf Ogi, Président de la Confédération
- M. Paul Schmidhalter, Président du Conseil National
- M. Hans Wyer, Président du Conseil d’Etat du canton
du Valais
- M. Herbert Volken, Président du Grand Conseil
- M. Serge Sierro, Conseiller d’Etat.
- M. Jean-Pierre Clivaz, Président des Championnats
du Monde de ski 1987
- M. Jean Clivaz, Président du 100e anniversaire
- M. Gaston Barras, Président suisse du golf
82
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
- M. Guy Praplan, Secrétaire des Championnats du
Monde de ski 1987
Les responsables de la vie économique entendaient
eux aussi, par leur présence, attester de leur intérêt à
constater que les gens du Haut Plateau avaient grâce
à leurs efforts, leur persévérance, leur courage et leur
esprit d’initiative dynamisé, la région pour offrir à la
Suisse et aux étrangers ce merveilleux tremplin du
tourisme.
Au passage, pourquoi ne pas citer encore la présence
de
- M. Hans Erni, artiste peintre
- S.E. M. Maurice Couve de Murville, Premier Ministre
de la République
française
- S.E. le Scheik Zaki Yamani
- Mme Louise Moreau, Députée-Maire de Mandelieu
- la Napoule
- M. André Frossard, membre de l’Académie française.
Avec cœur, Gérard Follonier trouve l’à-propos désirable
pour que chacun des invités se sache devenu un
ami du Valais, un ambassadeur de Crans-Montana.
C’était l’occasion de signaler en particulier le rôle international
de ces lieux à de véritables amis tels:
- M. Edouard Brunner, Ambassadeur de Suisse à
Washington
- le Commandant de Corps Adrien Tschumy
- M. Albert Défago, Directeur de l’Office fédéral de la
Culture
- M. Antonio Riva, Directeur général de la SSR,
sans oublier les artistes, les stars célèbres et industriels
de renom.
Comment mieux clore
une réunion aussi réussie
sans l’inviter à partager
royale agape sur les hauteurs,
soit au Restaurant
le Cervin à Vermala, face
au splendide paysage de
hautes montagnes de la
chaîne des Alpes.
C’est donc en ces lieux
bénis des dieux que fut
«baillée la disnée» originale,
le tout agrémenté de
Fidèle à sa mission intellectuelle, l’Ordre
de la Channe a édité, en 1972, un
somptueux ouvrage réunissant vingt
excellents peintres du Valais d’inspiration
variée. Intitulée «Vignes et vins
de chez nous», cette très importante
oeuvre bachique traduit une véritable
atmosphère qui anime l’esprit,
éclaire la vie du vin et spiritualise
son vrai charme.
Saviez-vous que...
83
crus de haute lignée. Le sympathique et dynamique
directeur de l’OPAV, Antoine Venetz, une nouvelle fois,
avait réussi le pari de faire déguster aux invités plus
de 30 crus. Qui dit mieux?
Au gré des souvenirs encore un bref regard
- en septembre 1997, un chapitre de douceurs et de
tendresse intitulé «Le Romantique» à Giessbach,
joyau de l’Oberland bernois
- en juin 1992, balade sur le Thunersee pour le chapitre
«Dampfschiff Blümlisalp»
- en mars 1998, chapitre printanier sur le Léman, avec
départ du Bouveret.
40ème anniversaire
Le 40ème anniversaire donna lieu à une large rencontre
d’amitié où se retrouvèrent de nombreux fondateurs,
les premiers membres de l’Ordre, ainsi que
Un verre de vin est la chemise d’un capucin.
des représentants des confréries bien que le même
jour avait lieu l’assemblée générale de la Fédération
Suisse des Confréries bachiques.
Après les harangues de bienvenue et les intronisations,
les participants furent invités à gagner le Château de
Villa pour déguster la fameuse brisolée de l’amitié
préparée minutieusement par André Besse, Garde
des sceaux. La découverte de divers vins, notamment
celui d’un moût de Muscat, ranima les coeurs et c’est
ainsi que le chapitre fut clôt le lendemain matin par
une messe du souvenir dite au Couvent de Géronde en
hommage aux défunts de l’Ordre de la Channe: Office
simple mais émouvant. A l’issue de cette rencontre
informelle, fut organisée une agape pour égrener et
conter les heurs et malheurs des 4 décennies de la
Channe entre amis de bonne cuvée.
De tristes événements allaient endeuiller l’Ordre:
Le 10 mars 2001 à l’hôtel du Parc à Martigny le Procureur
Gérard Follonier allait présider pour la dernière
fois l’assemblée générale de l’Ordre, rien ne
laissait présumer à l’époque l’issue fatale de Gérard.
Comme d’habitude l’ordre du jour fut rapidement
épuisé. Place au chapitre proprement dit
84
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
du «Verre à pied». Concept de caveau
oenothèque pour permettre la visite et
surtout la dégustation des vins. C’est la
Société des encaveurs de Sion qui avait
pris cette initiative. La Channe y avait
adhéré toujours soucieuse, selon les
buts qui étaient les siens, de favoriser
toute initiative propre à valoriser notre
viti-viniculture.
Préalablement à l’agape, les hôtes eurent plaisir à visiter
les jardins de l’hôtel où le célèbre artiste grec
Vassiliki exposait ses oeuvres.
Avec tristesse, le 21 avril 2001 à 0700h du matin un
coup de téléphone de la direction de Radio Rhône
avertissait le Commandeur que le Procureur Gérard
Follonier venait de décéder subitement et qu’il était
prié d’évoquer sa mémoire.Une réalité à laquelle il
était difficile de croire. Quelques instants plus tard,
avec une profonde émotion, et dans une improvisation
venue du coeur, il était rendu hommage au Procureur
décédé. Comment imaginer que Gérard n’était plus?
Le portrait de Gérard, c’est celui d’un homme de caractère
dans le bon sens du terme, généreux, ouvert.
Le Procureur Gérard Follonier et
l’officier Cilette Faust
85
Toutefois, nous n’avons pas été assez
proches, comme ce fut le cas avec
René Deslarzes, Albert Rouvinez, pour
le juger à sa juste valeur. Aussi avonsnous
réservé à Cilette Faust de lui rendre
un émouvant et touchant hommage
à Monthey.
Il a eu sa façon de diriger l’Ordre. Il
convient d’admettre et de concevoir
que chaque Procureur a
sa personnalité et une
conception très intimiste
d’accomplir son mandat.
Ce fut le cas de Gérard Follonier.
Ce fut le cas de ses
prédécesseurs.
On doit relever que, sous
sa houlette, les relations
avec la presse furent
maintenues, mais vu les
nouvelles tendances choisies
par les responsables
suisses du journalisme, la
Le Valais bénéficie d’un climat particulier
de steppes, marqué par des
étés brûlants, des automnes tardifs,
une vive insolation et une faible nébulosité.
La présence d’une faune et
d’une flore d’une diversité étonnante
témoigne de ces conditions exceptionnelles.
Alors que les cactus fleurissent et que
le grand lézard vert entame sa parade
nuptiale, les cigales stridulent
dans les buissons, les abricots mûrissent
dans les vergers et les scorpions
se protègent sous les pierres de la brûlure
du soleil.
Saviez-vous que...
diffusion des activités de confréries telles que la nôtre
ne se sont plus personnalisées comme au début
de nos activités.
Toutefois, puisqu’il nous est offert de parler presse,
il est légitime de la remercier pour sa disponibilité. A
part les journaux tels Le Nouvelliste, le Walliser Bote,
les conseils successifs avaient fait appel à des amis
titulaires de publications mensuelles telles la Revue
Plaisirs & Gastronomie de notre fidèle supporter Guy
Gessler, Gastronomie, le 13 Etoiles de Pillet et de petites
agences locales.
Ces reportages bienvenus ont rehaussé le renom de
la Channe.
Actuellement, signalons et saluons avec joie le travail
de bénédictin de Fernand Schalbetter, Officier
Epistolier qui a pris l’initiative de doter l’Ordre d’une
publication historique lors de chaque chapitre. Ces
documents sont précieux, historiquement justifiés et
Un verre de vin
tire souvent mieux que deux boeufs.
inédits quant aux sujets traités.
«Vigne des Cantons» et Ordre de la Channe: une
collaboration appréciée au service de l’image
du Valais.
En 1988, le Conseil d’Etat de la République et Canton
du Valais a pris la décision d’offrir, chaque année,
un parchet de 100 pieds de vigne de son domaine du
Grand-Brûlé à Leytron à un ou plusieurs cantons suisses.
L’année suivant la donation, le canton concerné
recevait, par l’intermédiaire de la chancellerie valaisanne,
120 bouteilles de Fendant provenant de sa vigne.
Nommé à la direction de l’OPAV (Office de Promotion
des Produits de l’Agriculture Valaisanne) en octobre
1991, l’Officier du Conseil Fernand Schalbetter a profité
de cette action «Vigne des Cantons» pour penser,
organiser et réaliser des opérations de relations
publiques auxquelles l’Ordre de la Channe était
associé.
Ces activités se déroulaient selon le concept suivant:
86
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Remise du vin de la «vigne des Cantons» aux autorités du canton de
Neuchâtel
- L’Etat du Valais continue à se charger de la remise
de la vigne aux divers cantons.
- Une année après cette donation, l’OPAV prend la
relève et apporte officiellement les 120 bouteilles de
Fendant aux autorités dudit canton.
- Cinq ans après la remise de la vigne, toujours par
l’intermédiaire de l’OPAV, le canton choisi se trouve
bénéficiaire de deux tonneaux de respectivement 20
litres de Fendant et de 20 litres de Dôle.
- Dix ans après la remise de la vigne, le canton reçoit,
par l’OPAV, un tonneau de 50 litres de Petite Arvine.
87
Les démarches mentionnées ci-dessus étaient, bien
entendu, accompagnées d’un décorum très officiel
et solennel. Ces opérations de relations publiques,
par exemple, avaient lieu lors d’une séance du Grand
Conseil et en présence de membres du Conseil d’Etat,
de la presse et de la population du canton concerné.
La délégation valaisanne, quant à elle, se composait
de représentants politiques (généralement le Président
du Grand Conseil accompagné du Chancelier),
d’un groupe folklorique (société de fifres et tambours).
Le Procureur (Gérard Follonier puis Melchior Kalbermatten)
et des Officiers de l’Ordre de la Channe, pour
leur part, assuraient par leur présence costumée, la
touche visuelle colorée et prestigieuse de la délégation
et ceci d’autant plus que, traditionnellement, celle-ci
parvenait en cortège sur le lieu de la manifestation.
Et les membres de l’Ordre de la Channe qui connaissent
l’éloquence du Procureur
Gérard Follonier
et, par la suite, de celle du
Procureur Melchior Kalbermatten,
peuvent sans
peine imaginer ce que furent
ces rencontres qui
contribuèrent grandement
à améliorer l’image du Valais
en général et de ses
vins en particulier auprès
des autorités et de la population
des divers cantons
confédérés.
Après avoir été adoubé, le membre
de l’Ordre est convié à boire quelques
gorgées (plus ou moins conséquentes)
de vin blanc contenu dans une
coupe. Cette invitation est précédée
de la formule «Porte cette coupe à
tes lèvres. Que Dieu te donne le vin
et le froment en abondance». Signalons
que la deuxième partie de
cette injonction peut être adaptée
aux «conditions locales». Par exemple,
pour un japonais: «Que Dieu te
donne le saké et le riz en abondance»
Saviez-vous que...
LES PROPOS DE
L’ORDRE DE LA
CHANNE
Un verre de vin vaut un habit de velours.
1987: La vigne et le vin dans les Lettres valaisannes.
(Pascal Thurre).
1988: Le vin et la joie de vivre. (Paul Anex).
1990: Climat - sol - cépage. Trois partenaires au service
du vigneron. (François Héritier et Jean-Louis Simon).
1992: L’avenir de la viticulture et des vins suisses dans
le grand marché européen. (Frédéric Rothen).
1997: Les vignes maudites. (Pascal Thurre)
2000: Des refrains qui nous enchantent. (Robert Clivaz)
88
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Intérim:
21 avril 2001
- 5 avril 2002
On doit à la sagesse et à la sagacité de quelques
conseillers avisés tels Christophe Venetz, Fernand
Schalbetter et André Darbellay, d’avoir su préserver
la continuation normale des chapitres en l’absence
d’un Procureur.
Cela nous a valu l’organisation de deux chapitres,
goûtés et appréciés de nos membres, à savoir
- le 22 septembre 2000 à la Fouly, celui de l’Inalpe, et
- le 17 novembre à Savièse, celui de la Raclette.
En Entremont, devant près de 150 membres, défilèrent
troupeaux fleuris rentrant au bercail, accompagnés
par des musiques locales. L’apéritif était offert
en plein air le long du parcours.
Quant à l’agape valaisanne de Savièse, en automne,
89
elle connut à nouveau un succès de prestige justifié.
Cette formule a le mérite d’inciter de nombreux membres
à se retrouver à ces agapes fraternelles.
Pro memoria, rappelons que malgré le deuil, le Conseil,
après le décès de Gérard Follonier, assura le déroulement
prévu du gala des vins du Valais à Berne le 4 mai
2001. Gérard Follonier l’avait préparé avec soin.
La disparition subite du Procureur a mis le Conseil face
à une vacance à laquelle on
ne s’était pas préparé. Certes
depuis quelques temps
on évoquait que l’on devrait
à brève échéance envisager
la succession du 5ème
Procureur, ceci après 12
ans de règne. Mais personne
n’envisageait cette
formule dans l’immédiat.
Pour la recherche d’un
successeur, le Conseil
chargea une délégation
composée de MM. Darbel-
Une des curiosités viticoles du Haut-
Valais est le Himbertscha d’origine inconnue.
Ce nom «Himbertscha» pourrait
se référer au goût de framboise. Il
est plus probable qu’il fasse référence
à «im-bercla» soit à la treille et à la
pergola. Les raisins de ce vin rare
sont, en effet, cultivés en pergola
dans la région comprise entre Viège
et Brigue et plus particulièrement à
Eyholz.
Saviez-vous que...
lay, Schalbetter, Venetz, Bruchez, Bumann, complétée
par le commandeur Zwissig et l’Officier Besse de
déterminer le profil du futur Procureur et ensemble
de procéder aux prises de contacts nécessaires. Il est
vrai que la succession d’Albert Rouvinez n’avait posé
aucun problème, tant il était établi que ce poste revenait
normalement à Gérard Follonier, d’où cette désignation
tacite. Dans la situation présente, ce n’était
pas le cas.
Après avoir consulté en premier lieu les Officiers et
leur avoir demandé s’ils étaient intéressés à se porter
candidat, il s’avéra que personne ne sollicitait ce
mandat, ceci d’ailleurs pour des raisons très diverses
mais fondées. Mener une confrérie comme l’Ordre de
la Channe n’est pas de la compétence de n’importe
qui.
Vin versé n’est pas avalé.
Outre des qualités de chef consensuel, d’esprit
d’ouverture, de posséder le sens des réalités, d’être
décidé à consacrer le temps voulu à l’Ordre et à sa
direction, il fallait disposer et bénéficier de connaissances
de la viti-viniculture, de contacts humains reconnus.
De plus, il faut que le nouveau Procureur soit connu,
ait une réputation d’homme d’action, aux qualités
morales reconnues, éloigné de la politique partisane,
en un mot: «l’oiseau rare».
De nombreux noms furent retenus et tout de suite
refusés parce que ne correspondant pas à l’idée du
Conseil, ou sollicités mais ayant refusé cette nomination.
A nouveau, des personnalités de valeur, s’excusèrent
de ne pouvoir souscrire à cette offre. Le temps
passa jusqu’au jour béni où les Officiers Christophe
Venetz et André Darbellay estimèrent être à même
de pouvoir suggérer un nom, en l’occurrence celui de
Melchior Kalbermatten, spécialiste du tourisme,
originaire du Haut-Valais, éventuellement disponible
pour assurer la tâche envisagée.
Pour le Conseil, cette personnalité possédait les
90
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
expériences voulues, surtout de la pratique
dans les domaines les plus variés de
l’économie, des relations avec l’étranger
et en particulier du tourisme qu’il a toujours
su défendre par d’heureuses initiatives.
Parfait bilingue, possédant allemand/
français, l’anglais, même quelques notions
de japonais et de néerlandais, il
ajoutait ainsi des qualités spécifiques
pour occuper ce poste. C’est un amoureux
de la montagne, adepte du ski, un
passionné de voyages. A ces brillantes
qualités, il ajoute celle d’être lieutenant colonel retraité.
L’homme nous convenait. Le tout c’était qu’il accepte
cette candidature, car il y avait urgence.
En effet, l’assemblée générale de Monthey prévoyait la
nomination d’un Procureur. Le Conseil, à l’unanimité,
entendait qu’il soit rapidement nommé, mais il nous
fallait une réponse. Or, surprise, Melchior Kalbermatten
voyageant en Chine, ne pouvait être présent.
Ce chapitre
fut aussi
le Procureur Melchior Kalbermatten une émouvante
journée
d’hommage solennel
à la mémoire du Procureur
défunt. C’est à l’officier
Troubadour que le Conseil
confia la tâche d’évoquer
ce que fut et fit Gérard Follonier.
Avec une délicatesse
touchante Cilette Faust
sut traduire les sentiments
que chacun professait à
l’égard de Gérard.
91
Par contre, par bonheur, il avertissait
les responsables de son accord de
principe.
C’est ainsi que le 6 avril 2002 au chapitre
du «Renouveau», l’assemblée
acclama Melchior Kalbermatten nouveau
Procureur de l’Ordre malgré son
absence. Il fut décidé de l’introniser à
Vercorin.
Une des missions de l’Ordre de la
Channe consiste à éditer des ouvrages
relatifs au monde de la vigne et
du vin. C’est à ce titre que sont publiés
régulièrement «Les Propos de l’Ordre
de la Channe». Depuis ceux intitulés
«Poésie de la vigne et du vin» dus à M.
Maurice Zermatten, en octobre 1958,
à ceux dénommés «Des refrains qui
nous enchantent» de M. Robert Clivaz,
au printemps 2000, 35 fascicules
poétiques, scientifiques, historiques et
sociologiques parcourent et célèbrent
l’ensemble des multiples aspects de la
viti-viniculture du Valais.
Saviez-vous que...
De son oraison funèbre retenons:
Vous avez Bonin
Nous avons Suzanne Brun
C’était déjà toi Gérard, le Poète qui as si bien su
chanter la Dôle et le Fendant.
Les mois, les années... se sont vite, vite écoulées et
un jour de
Printemps 1988
Tu recevais le titre d’honneur
de l’Ordre de la Channe, te voilà Procureur
Et tu resteras à ton poste fidèle et brillant
Jusqu’à ce triste jour de Printemps
21 avril, plus exactement.
Mais aujourd’hui, je voudrais te remercier
Pour tant d’éclats de rire, d’humour, de poésie
Tu as été au Conseil celui qu’on aime autant qu’on
admire
Tu as été la langue dorée de ce Canton
Ce ne sont pas tes victimes qui me contrediront.
Tes harangues étaient attendues avec bonheur
Car tu savais faire danser les Muses avec splendeur.
Tes gestes ont été et resteront des symboles.
Merci sincère et mérité de la part de tous les Chevaliers
de l’Ordre et un « Au Revoir » particulier des
Commandeurs et Officiers de l’Ordre.
Gérard Follonier le méritait.
Aut bibas aut abeas (bois ou va-t’en ).
92
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Ere Kalbermatten:
6 avril 2002
En ce 8 juin 2002, les cloches du sympathique village
de Vercorin carillonnent gaiement et à toutes volées.
Elles semblent s’associer à la fête de l’homme du jour:
Melchior Kalbermatten, nouvel et illustre Procureur,
le 6ème dans la chronologie de l’Ordre de la Channe
allait être intronisé.
Cette cérémonie simple en l’église paroissiale permit
au Commandeur Rouvinez d’adouber solennellement
le Procureur, en l’absence du Commandeur Zwissig
hospitalisé.
C’est la première fois que le nouveau responsable de
la confrérie avait l’honneur d’adresser son très cordial
et fraternel salut à ses futurs sujets.
93
Très fier d’appartenir au Lötschental, cet homme aux
qualités multiples, de caractère agréable mais ferme,
Melchior Kalbermatten a su conquérir immédiatement
les coeurs. En fait, cet homme ouvert à la discussion,
à l’écoute permanente des gens, très proche
des réalités journalières, avec un coeur généreux, ne
peut mieux que quiconque être le continuateur naturel
des Procureurs de l’Ordre, et devenir l’homme du jour,
lucide, efficient et doué d’un esprit visionnaire de bon
aloi, le tout dans le véritable esprit de foi des fondateurs.
Melchior Kalbermatten s’est forgé une belle carrière:
partout où il eut des missions à remplir, il sut les mener
à bien. Son passage de
1986 à 2000 à la direction
de l’Union Valaisanne du
Tourisme (UVT), où il s’associe
aux personnalités
valaisannes dans le cadre
des candidatures aux Jeux
Olympiques 2002 et 2006,
témoigne de son intérêt
constant de l’évolution. Tel
est le portrait que l’on peut
tracer du nouveau Procureur.
Après un apéritif servi dans
En parcourant le vignoble valaisan,
le bon observateur remarque
que certaines parcelles de vignes se
distinguent par une taille particulière,
dite «taille valaisanne»: une
ancienne méthode culturale qui n’est
encore maîtrisée que par de rares vignerons
et qui confère aux cornes des
ceps l’aspect de tire-bouchon.... ce qui
s’accorde parfaitement à la vigne et à
son noble produit: le vin.
Saviez-vous que...
Le Procureur Kalbermatten entouré
à gauche de Christophe Darbellay,
conseiller national et à droite de Georges
Mariétan, président du Grand-
Conseil du Valais
ce beau village, il fut dégusté un
fameux menu. Propos chaleureux,
ambiance joyeuse. Un bon
départ!
Immédiatement on a senti la
main du chef fixant des buts précis:
Ave color vini clari, Ave sapor sine pare.
(Salut, ô vin clair, Salut, ô vin au goût sans égal)
- chapitre préparé avec soin et surtout un déroulement
conforme aux règles de la confrérie
- patronages sélectionnés en associant à l’Ordre plusieurs
représentants des branches économiques jusqu’alors
délaissées
- choix explicite de certains hauts lieux, ceci dans
un contexte conçu voulu par le Procureur, à savoir un
retour permanent à la nature
- contact direct avec tous les membres par des communications
régulières
- une préparation minutieuse des 50 ans de l’Ordre
avec un programme mitonné et concocté d’une façon
à la fois rabelaisienne, mais
cartésienne
- une écoute permanente pour
tout ce qui peut être profitable à
l’avenir de l’Ordre.
Ces premières mesures sont saluées avec plaisir car
depuis peu de temps, l’Ordre de la Channe, pareil à
Blanche Neige, se laissait aller à la somnolence.
Une des préoccupations des responsables, celle de
maintenir la place acquise par notre confrérie sur
le plan international, quelle puisse être consolidée,
mieux encore soumise à un régime de renouveau qui
en fasse une société exemplaire, vivante, ouverte à
son siècle et s’y intégrer aisément. D’où des mesures
nouvelles à envisager, certaines méthodes à revigorer,
des responsables à stimuler, des aspects culturels à
revaloriser et enfin d’oser la recherche d’inédits susceptibles
de donner à l’Ordre de la Channe un panache
et une audience internationale aussi valable
que celle de la confrérie du Tastevin de France.
Vercorin c’était hier, demain c’est un futur promet-
94
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
teur. Le Procureur veut y croire. Et ce futur s’est offert
avec des chapitres qui ont pris une certaine hauteur:
alpage Siviez, la forêt de Planige, Champoussin 2000,
Anzère Pas de Maimbré 2300 m. Au plaisir d’humer
l’air pur, d’admirer des chaînes de montagnes et des
paysages radieux, s’ajoute celui, année après année,
de découvrir de nouveaux sites. Ces chapitres «raclette»
témoignent de la qualité de la production laitière
du Valais et grâce à ce label valaisan, ces genres de
chapitres sont particulièrement prisés.
Satisfaction aussi de fraterniser lors des incursions
en terre helvétique et de rencontrer quelques personnalités
cantonales. Ont ainsi été à l’honneur la TV
romande, le chef de l’agriculture valaisanne, Valais
Tourisme, le président du Grand Conseil valaisan, des
Conseillers d’Etats de Valais-Vaud-Genève.
Les rencontres sont riches d’enseignement et se font
dans un climat de détente et de fraternité.
Des chapitres de prestige au Rheinfall, Laufen, Grindelwald.
Les superbes heures à la Rathaus de Zurich
ont consolidé les liens Zurich/Valais avec la présence
de chefs des départements de l’économie cantonale.
Ces faits ont été signalés et relevés par la presse suisse.
On devrait pouvoir détailler la cadence de ce que les
Français appellent les «frairies». Contentons-nous de
souligner leur excellence notamment celui de la Limmat
à Zurich, celui du centenaire du TCS, de celui du
Jet d’Eau, à Genève.
Un hommage à l’hôtellerie de montagne a été aussi
rendu. Dans un décor alpestre
impressionnant du
Col du Grimsel avec le Président
du Conseil National
Yves Christen et les
Conseillers d’Etat Barbara
Egger-Jenzer de Berne et
Thomas Burgener du Valais
on a célébré la Montagne,
l’Eau, l’Energie. A
Fafleralp en un chapitre
de l’arrière-été, nous rendions
un vibrant hommage
à toute la vallée du Lötschental,
à ses Tschägätte,
Elus par l’assemblée générale, les 15
à 21 membres du Conseil de l’Ordre
se réunissent 6 à 9 fois par année
pour gérer le programme d’activités,
administrer l’Ordre et gérer ses biens.
Traditionnellement, ces séances se déroulent
le lundi soir, à Sierre, au siège
de l’Ordre soit à la «salle des Chevaliers»
du Château de Villa.
Saviez-vous que...
95
à ses spécialités montagnardes, à son folklore. C’était
pénétrer dans l’âme secrète du Valais.
Ce bref survol nous invite à réflexion. Il permet déjà
de tirer sinon des leçons du moins des tendances des
analyses susceptibles de nous faire partager les buts
du Procureur qui nous incite à nous remettre en cause
chaque chapitre.
Dans les options prises, nous observons que la
confrérie a su harmoniser certaines relations avec les
secteurs viti-vinicoles nouveaux d’heureuse façon.
Certains secteurs en rapport indirect avec la vigne
et le vin ont été invités à participer à nos efforts. Un
chapitre comme celui du Grimsel témoigne de la part
prépondérante que prend l’Ordre à la défense de l’environnement.
Les visites aux alpages, les incursions
dans certaines forêts sont des jalons posés permettant
un rapprochement plus étroit entre l’humain et
Bibere humanus est, ergo bibamus.
(boire est humain, donc buvons)
la nature. Comment rester insensibles aux heures de
Fafleralp où l’on a su valoriser les coutumes locales
du passé et les associer aux notions nouvelles d’une
civilisation plus égoïste?
Cette philosophie, nous la saluons avec plaisir et nous
espérons qu’elle soit désormais toujours présente. A
nous de nous en imprégner et d’en devenir les disciples.
Remercions aussi le Procureur d’avoir su restituer
au titre de patronage le sens premier que désirèrent
les fondateurs, celui de la rareté. Dans la période
1970 à 2000 on a trop souvent galvaudé cette formule
par l’octroi aux premiers venus du titre de Chevalier
d’Honneur. Quelquefois cela se légitime car le Conseil
doit céder à certaines pressions. Pour nous, recevoir
un titre honorifique se mérite, d’où un choix attentif.
Les intronisations font vivre de beaux instants. Elles se
font avec ce rite particulièrement bien réglé. L’imposant
et souriant Procureur, avec un vieux cep, intronise
le candidat sous l’oeil amusé et bienveillant
du vénérable Officier Bumann tandis que les spirituels
et si actifs Christophe Venetz et Fernand
96
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Schalbetter prononcent la présentation des candidats
avec un esprit de bon aloi et surtout un dialectique qui
ravit les auditeurs. Aux côtés, les sémillantes Cilette
Faust et Monic de Ronde, respectivement Troubadour
et Sénéchal s’affairent, complaisantes.
Ainsi, à fin 2006, on peut établir ce constat et saluer
avec joie la qualité des 20 chapitres déjà vécus. Le renouveau
bienvenu est là.
Les thèmes choisis charment. On y décèle des regards
pointus sur les réalités vigneronnes, les soucis
de l’environnement, les amitiés intercantonales, le
tourisme. Chaque année ont a pris l’habitude de célébrer
un label du pays du Rhône. C’est justice.
La direction discrète est ferme et intelligente. Actuellement
elle concrétise la vraie réalité de l’Ordre
malgré les aléas de l’existence, l’égoïsme moderne, le
désintérêt. Un nouvel esprit s’impose aussi bien pour
ses membres que pour ceux avec qui nous vivons.
C’est l’art de le promouvoir du Procureur visionnaire.
50ème anniversaire
A anniversaire exceptionnel, chapitre exceptionnel....
et c’est ce qui s’est passé samedi 25 août 2007 au couvert
de la bourgeoisie de Sierre à Granges.
Préparé de longue date par une commission placée
sous la direction du Procureur Melchior Kalbermatten
et composée des Officiers Cilette Faust, Monic de
Ronde, Christian Mayor, Stéphane Rudaz et Fernand
Schalbetter, le «chapitre bucolique du jubilé» fut à la
hauteur de l’événement.
Ce magnifique succès, applaudi
par les quelque 350
participants, tint à plusieurs
facteurs que nous
nous plaisons à détailler:
Tout d’abord, relevons la
qualité de la décoration
tant de la salle, que celle
des tables et de celle non
moins attrayante et originale
de l’emplacement
menant au couvert: une
Si l’on part du principe qu’en moyenne
chaque encaveur apporte deux
Fendant sur le marché, l’on peut prétendre,
sans crainte d’exagération,
que le consommateur a le choix entre
plus de 1’000 Fendant....Il serait donc
absolument peu probable qu’un de
ces produits ne soit pas à votre goût.
A bas les préjugés et bonne dégustation!
Saviez-vous que...
97
débauche de couleurs propres à concurrencer l’éclat
du soleil qui nous tint compagnie du matin au soir.
Ensuite, relevons la qualité de la harangue du Procureur
qui se plut à retracer avec éloquence l’épopée
de l’Ordre de la Channe au cours de ses 50 ans
d’existence. Ne pouvant demeurer en reste, les Officiers
Christian Mayor, Christophe Venetz et Fernand
Schalbetter firent assaut d’humour et de compétence
dans leur présentation des intronisés et des vins.
Quant aux animations, elles furent nombreuses et
éclectiques: qu’on en juge: spectacle de danse sous
le titre «la farandole des cépages» présenté par l’Académie
de danse de notre Officier Troubadour Cilette
Faust; intermède musical par le trio Barbonne; interventions
de haute tenue de la formation «Moulin à
Vent»; intermède folklorique des «fifres et tambours
de Saint-Luc»;prestations plus modernes du groupe
de jazz «Boucan-huit» sans oublier, naturellement,
Deficiente vino, deficit omne.
(Si le vin manque, il manque tout.)
les «Chanteurs de l’Ordre» et leur chants toujours
aussi vineux et harmonieux. Et que dire de la surprise
du jour c’est-à-dire du «combat de reines» qui vit
aux prises 8 vaches de la race d’Hérens et au cours
duquel les spectateurs purent se délecter d’un Humagne
Blanc de Saillon 2006, Domaine de Régalesse
gracieusement mis à disposition par M. Jacques-Alphonse
Orsat de la cave Taillefer S.A. à Charrat.
Le repas-buffet, apprêté par Claude Luisier d’Ovronnaz
et sa brigade, fut, lui aussi, un modèle du genre:
MENU
Apéritif d’accueil: Fendant Primus Classicus 2006 offert
par les Caves Orsat S.A. à Martigny
Apéritif d’avant repas: Petite Arvine 2006 offerte par
Maison Jean-René Germanier S.A. à Vétroz
«De la marmite»
Humagne Rouge Maître de Chais 2004 offerte par
la Maison Provins Valais à Sion
Soupe du chalet - Crème de courge - Crème de
tomate givrée
98
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
«Du fournil»
Johannisberg 2006 offert par la Cave la Tornale à Chamoson
Tarte saviésanne - quiche aux tomates - tarte à
l’oignon - feuilleté aux courgettes - diverses salades
de saison
«De la cuisine»
Syrah 2006 offerte par la Maison Charles Bonvin &
Fils à Sion
Filet de lapin au thym et pommes de terre - kneffles
gratinées - gigot d’agneau à la sauge - fondue de polenta
- tomates farcies - carré de porc aux abricots
- gratin de côtes de bettes du jardin
«De la cave»
Marsanne 2004 offerte par la Maison Provins Valais à
Sion
Plateau de fromages valaisans affinés
«De la pâtisserie»
Grain Noble 2002 offert par la Maison Rouvinez à Sierre
99
Vacherin glacé aux fruits du Valais - sorbet au Muscat
- sorbet cassis - poire à l’Humagne Rouge - mousse
aux fraises et coulis de rhubarbe - tartes aux pommes,
aux abricots, aux pruneaux, aux framboises, aux
myrtilles
......et en soirée: raclette à volonté offerte par la Fédération
Laitière du Valais (FLV ) à Sierre et accompagnée
de Fendant Soleil du Valais dû à la générosité la
Maison Varone Vins à Sion
Nous avons, à dessein,
réservé pour la «bonne
bouche», la liste des personnalités
qui ont accepté
d’assurer le patronage de
ce chapitre du jubilé:
M. Pascal Couchepin,
Conseiller fédéral - Chef
du Département fédéral de
l’intérieur
M. Georges Mariétan, Président
du Grand Conseil
Valaisan
Depuis l’été 2001, le choeur des Chanteurs
de l’Ordre, qui, par l’excellence
de ses prestations, concourt à la réussite
des chapitres, a, pour éviter toute
méprise, changé la dénomination de
son groupement. En effet, «Les Gais
Chanteurs de l’Ordre de la Channe»
sont devenus simplement «Les Chanteurs
de l’Ordre de la Channe». Utile
précision: c’est le 7 juillet 2001 que se
déroula, à Sion, la gay pride.
Saviez-vous que...
M. Jean-Michel Cina, Conseiller d’Etat - Chef du Département
de l’économie et du territoire
M. Manfred Stucky, Président de la Ville de Sierre
M. Bernard Theler, Président de la Bourgeoisie de
Sierre
M. Jacques-Alphonse Orsat, Président de l’Interprofession
de la vigne et du vin du Valais
Mme Irma Dütsch, Cheffe de cuisine et consultante
Mlle Tiffany Géroudet, Championne du monde junior
d’escrime
M. Gottfried Tritten, Artiste peintre et pédagogue
Alors que M. Pascal Couchepin, Conseiller fédéral,
sut recueillir des applaudissements nourris par son
aisance, sa décontraction et son éloquence teintée
d’humour, les autres personnalités du patronage ne
demeurèrent pas en reste et lui emboîtèrent le pas
pour le plus grand plaisir des membres et sympathisants
venus des quatre coins de Suisse, des pays limitrophes
(France et Belgique) et même d’outre mer
M. Jean-Michel Cina, Conseiller
d’Etat et hôte d’honneur au
chapitre du jubilé de l’Ordre, le
25 août 2007
(Nouvelle Calédonie).
En résumé et pour conclure, la célébration du 50ème
anniversaire de l’Ordre de la Channe fut une promotion
des plus réussies non seulement pour l’Ordre
lui-même mais aussi, bien entendu l’ensemble du
Valais et tout particulièrement pour ses vins et son
tourisme.
Inter pradendum sit saepe parumque bibendum.
(Pendant que tu manges, bois peu mais souvent.)
100
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Chapitres
à la carte
C’était encore sous l’ère Follonier, le vendredi 7 avril
2000, qu’une délégation de l’Ordre de la Channe
s’est rendue à Londres pour animer une cérémonie
organisée par la direction de Suisse Tourisme UK,
soutenue par l’Ambassade Suisse à Londres, Swissair
UK, Crossair UK, SWEA et Valais Tourisme. Ainsi était
libellé le Cérémonial d’invitation:
The London Chapter: Friday 7 April, 2000
Westminster City Hall,
« In honour of
The Lord Mayor of Westminster, Alex Segal, J.P
His Excellency Brunno Spinner, Ambassador of
Switzerland
Councillor Robert Jonathan Davis
Councillor Angela Hooper”.
Un honneur qui a permis aux participants de côtoyer
le gratin du monde politique britannique et de
leur prouver que le Valais a du savoir-vivre, sans
grandiloquence, mais avec la sobriété qui sied à la
noblesse. Treize intronisations sur 45 personnalités et
un repas concocté par le grand Anton Mosimann, par
ailleurs Chevalier Gourmet de l’Ordre de la Channe. Le
langage du cœur passe toujours bien et le nôtre s’est
fait entendre comme nous l’espérions. Nos vins, entre
autres, ont flatté les palais et le légendaire « sens of
humour » britannique s’est marié au sens de l’humour
valaisan pour, l’espace d’une soirée, tisser des liens et
des projets d’avenir.
Liens tissés et à maintenir
en Angleterre où, toujours
avec le soutien de Suisse
Tourisme, de son directeur
Dino Dulio ainsi que de
notre « Vidôme » Madeleine
Beck, trois rencontres ont
été organisées à Londres
le 18 mars 2002, le 1er
juillet 2003, les 16 et 17
mars 2004.
Berlin, 16 novembre
2002: Winzerabend
En 2002, sous l’égide de
Le monde des soi-disant amateurs de
fines gouttes renferme plus de «buveurs
d’étiquettes» que d’authentiques
buveurs de vins. Test: faites déguster à
l’aveugle trois Fendant ou trois Dôle
et vous constaterez que, sans l’aide
visuelle de son étiquette préférée, le
«connaisseur autoproclamé» va devoir
avouer son embarras.
Saviez-vous que...
101
la SWEA, la tournée des Producteurs suisses s’est
déroulée en Allemagne. Au programme, et en point
d’orgue de cette tournée, une soirée « Winzerabend »
au Jolly Hotel Vivaldi à Berlin, le 16 novembre 2002, où,
sous le patronage de l’Ambassadeur Werner Baumann,
une petite délégation de l’Ordre de la Channe s’est
chargée de mettre une ambiance valaisanne en terre
berlinoise au cours d’une dégustation suivie d’un
succulent repas.
New York, 4 mars 2003
En mars 2003, la Suisse s’est présentée aux New
Yorkais huit semaines durant dans le cadre d’une
campagne de relations publiques de grande envergure.
C’est grâce à l’heureuse initiative du Consulat Général
de Suisse, plus personnellement l’Ambassadeur
Raymond Loretan et sa charmante épouse Carole,
talentueuse Chevalier Gourmet, grâce aussi à l’efficace
collaboration du directeur de Suisse Tourisme
d’Amérique du Nord, Urs Eberhard, et du responsable
marketing de Valais Tourisme, Marcel Perren, qu’une
Mme Mitsuko Suzuki, directrice Merketing
Switzerland Tourism, Japan et Mme Arisaka
Fumiko, Wine Journalist
Eau de Saint-Jean ôte le vin et ne donne pas de
pain. Beau temps vers la Saint -Jean, blés et vins
abondants..
(proverbe bourguignon)
petite délégation de notre Confrérie a été intégrée
à une rencontre placée sous le thème des « Swiss
Peaks », le 4 mars 2003 à New York. Une occasion
pour le Valais de se distinguer, notamment par ses
vins. L’intronisation d’une quinzaine de Chevaliers
d’Honneur et Chevaliers a précédé un « wine & dine »
organisé à la résidence de l’Ambassade qui avait
ouvert ses portes à des personnalités du monde
politique, économique, gastronomique, touristique et
médiatique triées sur le volet.
Le Valais étant une terre d’accueil et un terroir
authentique par excellence, c’est aussi dans un esprit
d’ouverture et persuadés que le contact personnel
sur place n’a pas son pareil, que nous avons voulu
reconduire l’expérience. C’est le 27 avril 2004 que la
même petite délégation s’est rendue, sur invitation,
à New York pour une nouvelle rencontre. Beaux
moments de convivialité bien arrosés des meilleurs
crus et ennoblis de saveurs gourmandes. Nouveau
succès et huit nouvelles intronisations!
Zermatt, 30 mars 2003: Swiss Wine
Symposium
A peine rentrée de New York, la même délégation
102
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
participait au Chapitre de l’International Swiss Wine
Symposium organisé à Zermatt le 30 mars 2003, une
plate-forme offerte par le Swiss Wine Exporters’Ass.
Somptueux décor de l’Hôtel Mont Cervin et des
vins savamment choisis pour accompagner un
délicieux repas ont laissé un souvenir intarissable
à tous les participants et plus particulièrement
aux 16 personnalités venues de Belgique, d’Italie,
d’Allemagne, des Pays-Bas, des Etats-Unis, du Japon,
choisies pour devenir nos nouveaux ambassadeurs, et
donc intronisées pour la circonstance.
Sierre, juillet 2003: Festival BD
Pas de frontières. Pas de barrières. Le festival BD
(Bandes Dessinées) sierrois et les vins valaisans ont
fait bon ménage à Sierre en juillet 2003 où des stars du
9e art ont été élevées au rang de Chevaliers des arts
de notre Confrérie, une cérémonie organisée au cœur
du 20e Festival International de la bande dessinée.
Paris, 21 juin 2005
Parce que c’est la fête de la musique ; parce que le
Valais a aussi ses stars ; parce que c’est l’Ordre de
la Channe ; parce que nos saveurs ne sont jamais
en panne… c’est l’invitation qui a été lancée aux
103
choisis par le directeur de Suisse Tourisme, Michel
Ferla, et Bernard Delaloye, attaché de presse. Il a fait
chaud. Très chaud. C’étaient les canicules. Le vin et le
fromage, raclé en fredonnant par nos Gais Chanteurs,
ont coulé à flot dans une ambiance amicale et farcie
d’optimisme qui a ravi les médias de la presse française
et tous ceux qui avaient œuvré pour que cette rencontre
soit mémorable.
Sierre, 9 septembre
1998: Puerto Rico
Le contact s’était fait
une première fois le
9 septembre 1998 au
Château de Villa à Sierre
où un Chapitre à la carte »
avait été organisé dans le
cadre d’une dégustation
« degustacion variada de
los magnificos vinos del
Alto Rodana (los mejores
vinos de Suiza) destinée
à des personnalités de
Puerto Rico. L’occasion
De Visperterminen à Martigny, le
«Chemin du Vignoble» est un itinéraire
culturel et gastronomique qui
permet au randonneur, au touriste et
à l’amoureux de la nature de découvrir
les grands centres viticoles du
canton à pied, à vélo, en voiture ou
en bus. En effet, depuis l’été 2006 un
chemin pédestre et une route balisés
par des panneaux rouges et blancs,
illustrés à gauche d’étoiles et à droite
de vrilles de pampres, jalonnent les
80 kilomètres qui séparent la vallée
de la Viège du coude du Rhône.
Saviez-vous que...
pour Valais Tourisme et l’Ordre de la Channe de
permettre à 20 personnalités venues des Grandes
Antilles de découvrir nos meilleurs crus et de nouer
des contacts sympathiques.
Forts de cette réussite, l’expérience a été reconduite
le 11 octobre 2005 dans le cadre de « Vendimia en
los Alpes ». Le Château de Villa a de nouveau été le
décor pour une dégustation et une raclette servie à 45
personnalités de Puerto Rico. Une soirée organisée
par notre Chevalier d’Honneur et « Vidôme » Narciso
Rabell-Mendez de San Juan et sa famille, heureux de se
tremper dans une ambiance festive et musicale. Vingt
nouveaux Chevaliers portoricains ont été intronisés
avec le souhait qu’ils deviennent nos ambassadeurs.
Martigny, 1er septembre 2006: TCS
C’est en s’appuyant sur une citation célèbre qui prétend
que “les gens qui veulent fortement une chose sont
presque toujours bien servis par le hasard” qu’est née
l’idée d’organiser un Chapitre « A la carte » avec le TCS
qui fêtait son 80e anniversaire. Le thème choisi pour
ce Chapitre, mené le 1er septembre 2006 à Martigny,
a été celui de la mobilité et les personnalités qui nous
ont fait l’honneur de le patronner, étaient en parfaite
harmonie avec le sujet. Le décor de la Fondation
Gianadda, qui se prête merveilleusement à tout ce
qui est culture, art et même mobilité puisqu’elle
abrite également le Musée de l’automobile, a donné
encore plus d’éclat à la cérémonie d’intronisation où
deux nouveaux Officiers d’Honneur, six Chevaliers
d’Honneur et trois Chevaliers, a été suivie d’un
délicieux repas au Restaurant « Le Gourmet » à
Martigny.
Qu’ils aient lieu en Suisse ou à l’étranger, tous nos
Chapitres « A la carte » ont été l’occasion d’apporter
un cordial message du Valais et ses vins dégustés un
symbole d’union d’un petit coin de l’Helvétie qui ne
craint pas la comparaison avec les plus grands.
Quand le vin est tiré, il faut le boire.
Quand le vin est bu, il faut se tirer
104
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
LES OFFICIERS
DU CONSEIL
ET LEUR RÔLE
PROCUREUR
Melchior Kalbermatten
Ambassadeur et chef d’orchestre,
le Procureur préside aux
destinées de la Confrérie.
En tant qu’ambassadeur, il assure
les relations de l’Ordre
avec les partenaires cantonaux,
nationaux et internationaux. Il
organise la représentation de la
société auprès des fédérations
suisse et internationale des confréries bachiques.
Comme chef d’orchestre, le Procureur conduit les
séances du conseil et anime l’Ordre de la Channe
dans le respect des buts fixés par les statuts. Lors des
chapitres, il prononce les harangues et décide, après
concertation avec l’Officier de bouche et l’Amphitryon,
de l’intronisation des Chevaliers Gourmets. Il lui revient
également de clore officiellement les chapitres
et d’établir le rapport de gestion à l’intention de l’assemblée
générale.
MAJORDOME
Christophe Venetz
Le Majordome se tient à la disposition
du Procureur dont il est
le remplaçant officiel. Il doit en
outre assurer la gestion du fichier
des membres ainsi que,
lors des chapitres, organiser
et présider la présentation des
candidats à l’intronisation.
C’est également le Majordome
qui prépare l’impression des cérémoniaux et qui réalise
les diplômes remis aux intronisés.
105
SAUTIER
Eddy Bruchez
Le Sautier, c’est le crayon rouge
de l’Ordre de la Channe. En tant
que caissier, le Sautier prépare
et assure le suivi rigoureux du
budget. Il procède aussi aux encaissements
du matériel vendu
et à ceux relatifs aux chapitres
et aux intronisations. Il établit
la comptabilité générale et celle
de chaque manifestation. De même, il règle les factures
après les avoir vérifiées.
Le Sautier organise le contrôle des comptes qu’il présentera
ensuite à l’assemblée générale.
Singula post ova, pocula sume nova.
(Après chaque oeuf, bois un autre verre de vin)
SENECHAL
MONIC DE RONDE
Main droite du Procureur, le
Sénéchal est responsable de
la partie administrative de la
Confrérie: réception du courrier,
traitement des affaires courantes,
permanence téléphonique,
secrétariat, convocation des
candidats à l’intronisation, tenue
et archivage des procès-verbaux
des séances du Conseil, telles sont les principales tâches
qui sont accomplies par le (la) titulaire de cette
très importante fonction.
METRAL
Jean-Daniel Favre
Le Métral, c’est le «monsieur
vin» de l’Ordre de la Channe. Il
lui revient l’agréable (et jalousée)
tâche de choisir, après dégustation,
les vins servis lors
des chapitres ou qui seront mis
106
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
en réserve au Château de Villa. Le Métral établit le décompte
des vins consommés lors des manifestations
et organise le retour des bouteilles non servies.
AMPHITRYON
Stéphane Rudaz
Avec l’Officier Troubadour et l’Officier
de bouche, l’Amphitryon
procède à la mise en place de la
salle des intronisations. Il définit
avec le restaurateur le déroulement
précis du chapitre, prépare
le minutage du repas, le fait valider
et veille à son respect. En fin
de manifestation, l’Amphytrion présente la brigade de
service et propose au Procureur d’éventuelles intronisations
après concertation avec l’Officier de bouche.
CHARTRISTE
Pascal Grichting
Le Chartriste se tient à disposition
de l’Amphitryon et le remplace
pour des tâches spécifiques.
Lors du repas, le Chartriste, avec
l’Officier de bouche et l’Amphytrion,
organise la surveillance
permanente du service. En outre,
cet Officier est responsable du
contrôle du matériel nécessaire aux intronisations.
EPISTOLIER
Fernand Schalbetter
L’Epistolier informe la presse
des activités de la confrérie et
l’invite à y participer. Il rédige le
«Chevalier», bulletin de l’Ordre
de la Channe. Sur demande, il
fournit du matériel d’information
et rédactionnels ayant trait à la
viticulture, à la confrérie et aux
chapitres. L’Epistolier prépare et
distribue les listes des vins servis lors des manifestations.
107
TROUBADOUR
Cilette Faust
Le Troubadour est chargé du
suivi des relations publiques
avec les confréries bachiques
de Suisse. Il assure la garde du
matériel de l’Ordre de la Channe
et s’occupe des archives.
De même et d’entente avec le
Sautier, il commande l’ensemble
de l’équipement et des accessoires
(costumes, matériel de décoration, etc...).
Le Troubadour est responsable de la bonne tenue du
livre d’or et de ses illustrations. Il entretient des relations
étroites avec le Musée du Vin du Valais pour y
maintenir une présence de l’Ordre de la Channe.
CHANCELIER
Christian Mayor
Le Chancelier joue un rôle très
important au sein de la confrérie:
c’est en effet lui qui planifie,
initie, organise et formalise des
événements particuliers et d’envergure.
Il dynamise le Conseil
par ses propositions, ses suggestions,
ses idées et, lors des
chapitres, il définit la mise en scène des intronisations.
GRAND CHANTRE
Paul Morard
Si l’alcool vous gène dans le travail,
arrêtez le travail. (dicton breton)
108
Le Grand Chantre, comme son
nom l’indique, prépare un programme
musical de qualité et
dirige le choeur des Gais Chanteurs
de l’Ordre de la Channe. Il
anime les chapitres et les nombreuses
autres manifestations
auxquelles les chanteurs participent.
Il constitue le lien entre le Conseil, les
chanteurs et les trompettes.
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
OFFICIER DU CONSEIL
Norbert Bumann
L’Officier du Conseil motive et
propose de nouveaux membres
à l’adhésion à l’Ordre de la
Channe. Il participe aux séances
du Conseil et, lors des chapitres,
s’acquitte des tâches qui lui sont
confiées. Une fois par année,
l’Officier du Conseil est tenu de
participer à une activité extérieure de l’Ordre.
CHAMBELLAN
La charge de Chambellan est assurée par un officier
qui a pour mission de s’occuper du bien-être des
convives lors de leur venue. Si le Chambellan organise
l’accueil des hôtes, sa principale fonction est de gérer
les inscriptions lors des chapitres en établissant un
plan des tables avec le restaurateur et en attribuant à
chaque participant une place qui lui convient....ce qui
demande doigté et entregent.
ECHANSON
L’Echanson assiste le Métral dont il est le remplaçant.
Il s’occupe de la commande des vins et en assure la
livraison. Lors des chapitres, l’Echanson organise le
service des vins en collaboration avec le restaurateur
et veille au niveau de remplissage correct des verres.
OFFICIER DE BOUCHE
En collaboration avec l’Amphitryon, l’Officier de bouche
visite les établissements proposés pour la tenue
des chapitres. Il assure le contact avec le restaurateur
et procède à la dégustation du menu et, si nécessaire,
à sa modification en accord avec le maître queux. En
compagnie de l’Amphitryon et du Chartriste, l’Officier
de bouche assure la surveillance permanente du service.
Il est également responsable de la mise en place
de la salle où ont lieu les intronisations.
109
Bernard Auberson
VIDÔME
Peter Beglinger
Robert Zurbriggen
Le Vidôme représente l’Ordre dans son canton, dans
son pays. Il développe un programme d’activités mensuel,
voire bi-mensuel propres à la région concernée.
Il recrute de nouveaux membres, propose et collabore
à l’organisation de chapitres dans son rayon d’action.
Les Vidômes font partie intégrantes des Officiers du
Conseil.
Si les femmes ne te tuent pas,
l’alcool aura ta peau.
(dicton breton)
Jacques Schlupp Benoît Hibo Pascal Yerly Giancarlo Nuzzo
110
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
LES JOYEUX
CHANTEURS:
40 ANS AU SERVICE
DE L’ORDRE
DE LA CHANNE
Il était une fois un Abbé,
Chapelain de l’Ordre de la
Channe, Georges Crettol,
chantre de la terre dans
ses écrits et dans ses rubriques
radiophoniques
traditionnelles. Se souvenant
de l’adage populaire
précisant que «chanter
c’est prier deux fois», il ne
manquait aucune occasion
de mettre ses nombreux
talents musicaux au ser-
La plupart des vignes du coteau sont
cultivées en terrasses soutenues par
des murs généralement en pierre sèche.
Dans certains parchets, la surface
des murs est plus importante que
la surface de la vigne! L’on prétend
que, mis bout à bout, la longueur des
murs de vigne du canton pourrait
(presque) rivaliser avec celle de la
grande muraille de Chine.
Saviez-vous que...
111
vice de la communauté.
Aussi, côtoyant de nombreux chanteurs, amoureux
comme lui de la terre et plus spécialement de la vigne,
il s’est mis en tête qu’une chorale ferait bien dans
le cérémonial de l’Ordre de la Channe. Une confrérie
vineuse, ça chante le vin et lorsque cela se traduit par
la création d’un choeur, la réussite est certaine.
1967 était l’année rêvée pour une telle création: la
Channe fêtait son dixième anniversaire. L’on ne pouvait
trouver mieux en guise de cadeau.
Et depuis quarante ans, quand ils arrivent, souriants,
arborant fièrement leur costume, les applaudissements
fusent, avant même qu’ils commencent à
chanter.
.
Ils ont mis leurs «habits du dimanche» comme l’on
disait autrefois. C’est-à-dire qu’ils portent fièrement
le chapeau rond et plat, orné d’un cordon et d’un
pompon rouge; le noeud papillon qui a remplacé le
S’il est permis d’avoir soif,
il est aussi permis de boire.
cordon à pompon du début; la veste en tissu marengo,
avec un col rouge, de même couleur que les poches;
des chaussettes rouges.
Les trompettes donnent fièrement le ton et le concert
commence. C’est un vrai régal pour l’assistance car
ils y vont de bon coeur, chantant sans aucune partition,
n’oubliant jamais le sourire.
On écoute religieusement le soliste lorsqu’il raconte
les péripéties d’amoureux ou de travailleurs de la vigne.
Et puis, il y a le yodleur qui entonne sa ritournelle
ou le psalmodieur qui murmure une prière.
Il y en a pour tous les goûts et les applaudissements
qui suivent chaque production attestent de l’intérêt et
de l’émerveillement de l’auditoire. Souvent, le public
trouve que le concert n’est pas assez long et manifeste
le désir d’entendre de nouvelles chansons.
De plus, lorsqu’en finale, s’entonne le solennel «Beau
Valais», tout le monde se lève et chante le refrain en
choeur.
Que d’émotions ainsi récoltées en 40 années,
ceci grâce aux nombreuses prestations des chanteurs....car
s’ils sont principalement réservés
pour animer et égayer les Chapitres de l’Ordre de
112
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
la Channe, ils donnent de nombreux concerts lors de
congrès, soirées, fêtes populaires et accompagnent
souvent les responsables de l’OPAV (Office de promotion
des Produits de l’Agriculture Valaisanne) lors de
manifestations organisées un peu partout en Suisse,
conférant un aspect festif à ces réceptions. C’est ainsi
que le choeur des Chanteurs prête son concours chaque
année en automne, lors de la remise par l’OPAV
du Sécateur d’Or à une personnalité, un groupement
ayant concouru de manière notable à la défense ou à
la promotion du vin suisse.
Trompettes, sonnez!
Au cours de leurs quarante années d’existence, les
Joyeux Chanteurs de l’Ordre de la Channe ont eu
l’heureuse idée de faire appel à des musiciens chargés
d’accompagner et de souligner la mélodie de leurs
chants. Si, dans les premières années qui suivirent la
fondation du choeur, ce furent successivement une
batterie et une guitare qui assurèrent le tempo
Chanteurs de l’Ordre de la Chane, que pouvons-nous
vous dire de mieux que de vous dédier ce titre d’une
chanson composée à votre intention par Jean Daetwyler
et Gérard Follonier: «Salut joyeux amis». Merci et
«ad multos annos».
(Tirés des propos ”Des refrains qui nous enchantent»
par feu Robert Clivaz)
113
des chansons, il appartint
ensuite à des clairons
d’annoncer les diverses interventions.
Actuellement,
des trompettes remplissent
cette fonction. Il est
à noter que ces trompettistes
ont été choisis pour
leur haute compétence
musicale: une qualité qui,
si les circonstances l’exigent,
leur permet d’ani-
Le vignoble le plus élevé d’Europe est
cultivé en terrasses, à Visperterminen,
dans le Haut-Valais.
S’il fallait une preuve de l’amour que
les hommes vouent au vin, on pourrait
citer le vignoble de Visperterminen
qui s’étage sur un coteau abrupt
entre 650 et 1150 mètres d’altitude. Le
Heida (Païen en français) y a trouvé
des conditions idéales: un climat sec
et ensoleillé, un coteau exposé au sud
et un sol où se mélangent le calcaire,
l’argile et le sable.
Saviez-vous que...
mer un concert à eux seuls: ces musiciens sont des
solistes accomplis dont la modestie n’a d’égale que
le talent. Et depuis que, récemment, leur costume
s’est enrichi d’un couvre-chef original, il semblerait
que leurs productions artistiques se soient encore
améliorées...
«Trompettes, sonnez» encore longtemps et continuez
à vous faire plaisir pour notre grand plaisir.
Considérations
Au moment d’arrêter ici les annales de la confrérie
( qui n’a qu’un demi-siècle), le mémorialiste est pris
d’un scrupule. Il se demande s’il valait la peine - operae
pretium - comme l’écrivait Tite Live en exergue
de ses oeuvres - de consacrer tant de pages à des
épisodes vécus, à l’instant où soucis et inquiétudes
prennent le pas sur d’autres réalités.
Il pense, écartant ce doute, que restituer l’histoire
permet de présenter une mosaïque multicolore susceptible
de garder sa valeur dans le temps.
Sum, ergo bibo; bibo, ergo sum.
(je suis, donc je bois; je bois, donc je suis)
Il aurait plu à l’historien de ces propos de chanter et
de créer un hymne de gloire à la culture du vin. Pour
mémoire, sans remonter jusqu’au déluge, c’est-àdire
à Noé, on doit constater que les temps bibliques
relatés par l’Ecriture sainte font l’éloge du vin. «Il n’y
a point chez les Hébreux», dit le Talmud, «de fête sans
vin». L’Orient asiatique semble bien, lui aussi, ne pas
s’en être fait faute. L’antiquité greco-latine évoque des
couronnements de fleurs pour déguster les vins de
Chio ou de Falerne. C’est la même révérence que la
114
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Renaissance classique accorda aux traditions. Tout ce
passé a permis que se constituent des confréries telles
que les nôtres. Il valait la peine de témoigner de
leur existence.
En conclusion, nous affirmons, avec modestie, sans
prétention quelconque, joyeux dans le déroulement de
ses chapitres, convivial pour chacun de ses membres,
que l’Ordre de la Channe a réussi à s’implanter définitivement.
Avec le poète nous disons: la chrysalide c’est l’avenir
avec cette part d’imprévisibilité qui l’accompagne.
C’est un instant qui demande soin et respect, car il ressemble
à une nouvelle jeunesse, dont on ne sait exactement
ce qui en sortira. C’est ce qui, comme la vie,
rend son apparence mystérieuse. La chrysalide n’est
pas rupture mais continuité dans le changement.
Guy Zwissig, Commandeur
Cette plaquette est à découvrir au gré du moment. Le
lecteur peut commencer sa lecture où le coeur lui en
dit. Il aura ainsi tôt fait de se laisser surprendre au
détour d’une page par un souvenir bienvenu.
En 2007 l’Ordre de la Channe vit mieux. Il semble s’apparenter
à une chrysalide, à savoir à un état transitoire
entre deux étapes du devenir. Il va vivre avec le même
souffle qu’à ses débuts de nouveaux instants de l’histoire,
un nouveau temps de maturation qui implique
deux choses: le renoncement à un certain passé sans
que l’on perdre pour autant sa substantifique moelle
et l’acceptation d’envisager d’autres horizons. C’est
ainsi que s’accomplira le chemin vers le futur.
Les divers éléments de la rubrique
«Le savez-vous» sont le résultat des recherches
approfondies, des connaissances
(lacunaires) et de la science
plus diffuse et confuse qu’infuse de
l’Officier Epistolier Fernand Schalbetter,
un (v)ignoble individu parti de
rien pour arriver à pas grand-chose,
selon ses propres dires. (Bravo, Fernand,
belle lucidité!)
Saviez-vous que...
115
CONCLUSION &
REMERCIEMENTS
La volonté des fondateurs était de faire de notre
Confrérie une institution qui serve, honore, célèbre le
vin en général - plus particulièrement les vins valaisans
- apporte un appui constant aux initiatives en
vue d’une meilleure défense du vin.
C’est dans cet esprit que nous agissons constamment,
en préparant des rencontres et des manifestations
où le Valais est à l’honneur et en accueillant des
personnalités qui deviennent nos porte-parole. Nous
faisons en sorte que la partie émotionnelle de nos
chapitres mette en valeur le Valais, son authenticité,
ses produits, qu’ils soient du terroir ou touristiques.
Le vin valaisan est un produit authentique et vrai, le
Eau de Saint-Jean ôte le vin
et ne donne pas de pain.
Beau temps vers la Saint -Jean,
blés et vins abondants..
(proverbe bourguignon)
116
plus souvent d’une qualité qui n’a rien à envier aux
meilleurs crus étrangers. C’est notre ambassadeur.
Il invite au partage et à l’amitié. Le vin est culture et
communication. Il crée des relations humaines, favorise
des réseaux économiques. C’est un phénomène
de société.
On dit des Valaisans qu’ils sont d’excellents producteurs
mais que la recherche de contacts hors canton
pourrait être plus vive. On sait que les technologies
modernes faciliteront les relations rapides et directes.
Mais l’ordinateur est rationnel, sans âme. Un
moyen technique uniquement. Or, le vin est communication
et l’Ordre de la Channe utilise cet outil pour
communiquer, pour créer des liens entre hommes et
femmes qui attachent de l’importance aux vraies valeurs
partout dans le monde.
Ce qui fait l’authenticité du Valais, des Valaisans, de
la culture valaisanne, c’est justement sa qualité de
vie, de son terroir, de ses produits. En un mot: son
âme.
50 ans ! L’occasion d’un bilan, d’une rétrospective,
mais surtout d’un nouvel élan. J’aimerais
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
une Confrérie qui se profile, qui se propose encore
davantage comme plate-forme émotionnelle, comme
ambassadrice du Valais dans son ensemble, et cela
surtout hors de ses frontières.
Une utopie ? Certainement pas ! Et j’en veux pour
preuve l’intérêt que nous portent les autorités politiques,
les personnalités qui acceptent de patronner
nos Chapitres. Nous n’avons pas que les moyens de
nos ambitions. Nous vivons notre engagement et je
tiens à exprimer ma profonde gratitude aux fondateurs
de notre Confrérie pour leur vision ; à nos Commandeurs,
Procureurs et Officiers du Conseil pour
leur enthousiasme, leur allant, leurs efforts soutenus
pour prôner la vigne et les vins du Valais, la vie de notre
Confrérie. Je veux dire ma reconnaissance aussi à
tous les Chevaliers et Dignitaires pour leur fidélité et
leur amitié.
Je dois évidemment de profonds et sincères remerciements
à notre Commandeur Guy Zwissig, mémoire
vivante de notre Confrérie, qui s’est chargé de la délicate
mission de rédiger cette plaquette, secondé par
notre Epistolier Fernand Schalbetter, rédacteur de
notre brochure « Le Chevalier ».
n’auraient pas suffi. Nous avions besoin d’un soutien
financier. Il est venu, substantiellement, de la part
de l’Etat du Valais, notamment du Conseiller d’Etat,
Jean-Michel Cina, qui a répondu favorablement à notre
requête. Qu’il en soit vivement remercié.
L’avenir me dira si j’ai eu raison de croire que notre
Confrérie n’a pas que de beaux jours derrière elle,
mais que l’avenir lui sourit parce que notre « Beau Valais
» est une chanson et aussi une réalité quotidienne
que nous sommes fiers de servir.
Melchior Kalbermatten
L’enthousiasme et l’esprit d’initiative à eux seuls
117
Médiathèque Valais - Martigny
o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s
Texte principal: Guy Zwissig
Photographies dès la page 89: Bernard Melon: Bernard Melon
Impression: imprimerie Gessler S.A - Sion