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Ordre de la Channe - Regards sur 50 ans d'existence

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oo rr dd rr e e dd e e ll a a cc hh aa nn nn e e -- 55 00 aa nn ss

1957 2007

ORDRE DE LA CHANNE

Regards sur 50 ans d’existence


o r d r e d e lS a O M c Mh Aa In Rn Ee - 5 0 a n s

Préface

5

La fondation

6

Le règne Wuilloud

23

L’interrègne

31

L’épopée Deslarzes + le Billet du Troubadour

36

L’ère Zwissig + le chapitre de Paris

46

L’ère Rouvinez

65

L’ère Follonier + la Vigne des cantons

77

Intérim

89

L’ère Kalbermatten + les Chapitres à la carte + les Officiers du Conseil et leurs rôles

93

Les Chanteurs de l’Ordre de la Channe

111

Considérations

114

Conclusion et remerciements

116


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Une confrérie

d’abord

Profondément chaleureuse et conviviale, arborant

avec simplicité un charme désuet, la Confrérie de

l’Ordre de la Channe évoque pour moi les valeurs immuables

de « l’Etre ensemble ». En cette fin d’année,

nous fêtons avec elle cinquante années de générosité

partagée, de reconnaissance à un pays aimé et ses

produits reflétant le soleil et sa chaleur, de joie de se

rencontrer dans une atmosphère sentant bon le terroir.

A l’heure où d’aucuns se targuent de vivre dans une

société dite évoluée dans les maîtres mots de la

« performance » et de la « compétitivité », nous sommes

fiers et heureux de tirer notre chapeau bien bas

à ces mousquetaires de l’authentique terroir valaisan

qui ont souvent une excellente idée d’avance pour la

défense des crus.

Aux plus jeunes, dont je suis, une question se pose :

comment expliquer que, lors des Chapitres renommés

dans le monde entier, aucun notable ou vénérable

personnage ne reste indifférent à l’invitation

personnelle reçue du Procureur de l’Ordre ? Paré de

ses plus beaux habits, chacun retrouve sa simplicité

primesautière à l’approche des symboles bachiques

issus des siècles lointains et toujours restitués avec

faste et solennité… ! - Il m’apparaît clairement que

l’on touche là à l’essence même de l’humanité, noble

dans son besoin de relations fraternelles qui dépassent

les ambitions personnelles pour rejoindre le bien

commun.

Nos souhaits d’avenir

Le dynamisme d’une Confrérie est affaire de tous ses

membres. Nous souhaitons que cet état d’esprit perdure

pour que, dans un siècle ou deux, l’on reparle

avec joie de ce premier jubilé de 2007. La cause défendue

par les Chevaliers, ne l’oublions pas, est à

l’origine le vin, alors levons nos verres et trinquons à

la bonne santé de tous les Chevaliers ainsi qu’à leur

vénérable vocation.

LE CHEF DU DEPARTEMENT DE

L’ECONOMIE ET DU TERRITOIRE:

Jean-Michel Cina

5


LA FONDATION

Les considérations

Il a paru opportun et nécessaire au Conseil de l’Ordre

de la Channe de présenter, à l’occasion du 50ème

anniversaire de sa fondation, la brillante contribution

qui a été la sienne dans la vie valaisanne, en particulier

dans le domaine de ce qui touche au vin, à la

vigne et aux vignerons.

Dès son origine, et jusqu’à maintenant, cet ordre bachique

a réuni une sorte de phalanstère de personnalités

exceptionnelles, issues de divers milieux qui

ont fait leur, sur la base de la Charte fondamentale,

de valoriser le Valais du vin.

En guise d’introduction, nous signalons la synthèse

A la Saint-Martin (11 novembre),

aime ta femme et bois ton vin.

(Dicton Bourguignon)

faite lors de l’assemblée constituante, par le président

Edouard Morand, membre de la Commission de

travail qui avait élaboré la Charte.

«L’Ordre de la Channe, tel qu’on vous le présente

aujourd’hui, est issu du brassage et du rassemblement

d’idées émises à maintes reprises dans ce canton

par des hommes respectueux du bon vin, soucieux

de lui rendre hommage et désirant le propager toujours

davantage. On peut même ajouter que l’Ordre

de la Channe s’inspire de réalisations concrètes dans

notre pays.»

Ces propos nous permettent ainsi de mieux situer

ce qui se passait vraiment dès 1955 dans les milieux

valaisans désireux de doter le Valais d’une confrérie

vineuse à l’égal de l’Académie du Cep à Genève, de la

Confrérie du Guillon dans le canton de Vaud et aussi,

pourquoi ne pas le rappeler, «des Compagnons du

Bouteiller valaisan» qu’animait depuis plusieurs années

le Dr. Wuilloud avec son souci, celui de remonter

aux sources de la gastronomie et du savoir

bien boire.

On est donc en droit d’affirmer, 50 ans après, que

6


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

tous avaient comme point de mire: découvrir une formule

en étroite harmonie avec nos traditions valaisannes

où, de tout temps, on a choisi de s’unir avec

un sens communautaire, certains pour réaliser des

oeuvres d’intense génie.

Les préalables

Dans les années 1953-1957 la situation économique

des vignerons n’était guère au beau fixe. Ils avaient

en cave des trésors qui se vendaient mal!

Provins, la maison Orsat, l’Union des négociants en

vins se partageaient le marché du vin. Il ne faisait

pas encore l’objet d’analyses précises. Le flou existait

dans les relations producteurs-acheteurs. La

demande n’était pas toujours suffisante, les prix pas

suffisamment indexés. Les garanties du lendemain

incertaines.

C’est donc dans ce climat, certes pas encore catastrophique

mais peu rassurant, que l’on recherchait à

valoriser nos vins, leur accorder la place qu’ils méritaient,

et récompenser ainsi les efforts et le travail des

vignerons.

Cet aspect rapidement effleuré, envisageons les autres

réalités connues des responsables. Celles notamment

de savoir, qu’en France en particulier, et surtout en

Bourgogne, des confréries de vignerons s’étaient associées

pour défendre leur production et vanter leurs

cuvées par la publicité certes, mais aussi par l’organisation

de réunions vineuses avec certains rituels rehaussant

ces soirées bachiques.

Devant le succès et l’essor

de ces confréries vineuses,

il est apparu rapidement à

certaines personnalités

valaisannes qu’il était souhaitable,

à bref délai, de

coordonner leurs efforts

en vue d’actions et de manifestations

identiques en

faveur des vins du pays du

Haut-Rhône.

Ainsi, dès fin 1955 et début

1957, on observe que cer-

Selon les statistiques récentes, le Valais

compte 5’159 hectares de vignes

dont 2’004 hectares, soit 39 %, produisant

des raisins blancs et 3’155, soit

61 %, des raisins rouges. 540 hectares,

soit le 10,4 %, sont situés dans le Haut-

Valais et 4’619 hectares, soit le 89,6 %,

dans le Bas-Valais.

Saviez-vous que...

7


tains groupes se constituent pour présenter diverses

formules susceptibles de faire l’unanimité de fonder

une confrérie valaisanne du vin.

Nous avons le privilège d’avoir conservé un précieux

document en rapport direct avec cette tentative, demeuré

pratiquement inconnu, mais qui relevait d’une

étude approfondie et sérieuse. Voyez plutôt: Il date de

1952!

Le projet 1952

Les presses des maîtres imprimeurs Max Roth et Carl

Sauter, à la demande de M. Henri Imesch au nom de

la Corporation des négociants en vins du Valais, ont

imprimé à la St-Luc, le 18.10.1952, les «propositions

de statut, règle et constitution d’une confrérie valaisanne

de la vigne et du vin».

Après la soupe, un coup de vin

vole un écu au médecin.

Ce tirage limité à 100 exemplaires a été envoyé à titre

personnel aux confrères des négociants en vins et à

une dizaine de privilégiés pour étude et avec sollicitation

d’un préavis favorable ou défavorable.

Il faut relever qu’il s’agit d’un document artistique

de 21/30 cm en couleur, de 16 pages. Paul Boesch,

graveur et verrier à Berne, André Delherbe, écrivain

public et bachique, ont prêté leur concours à Maître

Max Roth, imagier et prieur de la Confrérie de St-Jean

d’Epesses. Il est précisé de plus que ce document a

été établi en présence de M. Elie Zwissig, président de

la commune de Sierre. Nous verrons par la suite pour

quelle raison ce nom est cité.

Ce document est primordial. Il représente en fait

un des éléments futurs constituant de l’Ordre de la

Channe. Reconnaissons avec le temps passé et avec

satisfaction que la Charte fondamentale est le reflet

exact des propositions faites. Il vaut donc la peine de

disséquer ce travail préalable de la Commission.

Nobles considérants, à titre d’introduction, attestant

qu’en tout temps les confréries ont voué leur

vigilance et leurs soins attentifs à établir «Messi-

8


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

re Vin», désignation de quelques

symboles tels le tastevin, le sac

à vins. Mais à ces propos s’ajoutent

une façon d’exalter le vigneron,

la culture du vin, son travail

et la fermentation du vin en cave

et se terminant par la citation

du père dominicain Samson que

le vin est «facteur de concorde

et de compréhension entre les hommes.»

Ceci explicité, on entre dans le vif du sujet. Il est proposé

que la confrérie porte le nom de «Chevaliers des

13 étoiles du Château de Villa». Dans un texte de haute

tenue, le titre est justifié par des rappels historiques

bienvenus et surtout il est précisé que «par chance

et privilège insignes, le Château de Villa est élu siège

de la Confrérie», d’où la présence de M. Elie Zwissig,

président de cette fondation.

Comment servir Messire le Vin? C’est l’objet d’une

analyse presque jésuitique de tout ce qu’il y a lieu

d’envisager pour diviniser ce fin jus de la treille.

Gastronomie généreuse, musique harmonieuse et

Médiathèque Valais - Martigny

régionale, solennels chapitres,

poésie, madrigaux en l’honneur

de poètes, théâtres, danses,

toutes ressources de l’éloquence,

impression d’almanach, lithographies

et vignettes hagiographiques,

tout se devait d’être

mis en valeur.

A lire en détail cette énumération, nous ressentons

une émotion certaine plus

un désir ardent de jouer

le rôle de chantre de la

confrérie.

Les initiateurs du projet

suggéraient la gamme de

dignitaires à élire, avec titres

appropriés, portant

robes et insignes.

Place est faite ensuite à la

nomination des membres,

à l’organisation des chapitres

et à la création d’un

Si le rhinocéros est bicorne, l’officier

de l’Ordre de la Channe l’est aussi...

pas parce qu’il a deux cornes mais

pour la raison qu’il est coiffé d’un

chapeau à deux pointes....comme celui

des académiciens! Cet accessoire,

indispensable pour protéger le cerveau

des agressions extérieures, est

en feutre noir «mascotté» c’est-à-dire

dur.

Saviez-vous que...

9


ordre pour récompenser les personnes ayant servi la

cause du vin valaisan.

Il fallait que, dans cet historique, large place soit faite

à de joyeux rabelaisiens, dignes de la littérature bachique,

mais aussi à constater avec joie que certaines

personnalités, convaincues de trouver une solution,

la cherchaient avec vigilance, hors des discussions

de café, hors de propos utopiques.

L’OPAV

Après plusieurs tractations avec les organisations

faîtières de l’agriculture, de la viticulture, des marchands

de vins et sous l’égide de l’Etat du Valais, un

instrument stimulant de l’économie générale avait

été envisagé: l’OPAV (Office de promotion pour les

produits de l’agriculture valaisanne).

Au fond des pots sont les bons mots.

Dans l’évolution de l’Ordre, cette institution va jouer

un rôle utile et efficace par la suite.

Ses structures:

- un chef de valeur à sa tête, Joseph Michaud, à Sion,

directeur de Provins, assisté d’un responsable pour

le domaine viti-vinicole, Albert Biollaz, à la tête d’une

maison de vins renommée à St-Pierre-de-Clages et

- d’un responsable coiffant les vastes secteurs des

fruits et légumes, à savoir Octave Giroud, influent propriétaire

terrien à Charrat.

- La direction de l’OPAV est

confiée à un homme de terrain,

modeste mais efficace,

le Dr. Alexandre Cachin, avec

la délicate mission pour lui

de situer désormais cet instrument

de la vie économique

non seulement valaisanne,

mais suisse. Tout était

à concevoir, à réaliser, à

concrétiser, notamment

sa présence sur le terrain.

10

M. Joseph Michaud directeur de

Provins


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

On doit à ce Haut-Valaisan (d’origine vaudoise), au

caractère pugnace, d’avoir conçu l’idée de la création

d’une confrérie vineuse. Il sut, dans l’optique de la réalisation

de cette idée, s’entourer de personnalités de

premier plan directement intéressées par ses buts.

Le Dr. Cachin n’hésita pas à porter le problème sur

la place publique avec divers articles particulièrement

incisifs parus dans la presse de l’époque (pour

mémoire le Nouvelliste, la Feuille d’Avis du Valais, le

Walliser Bote représentant la presse journalière et

d’autres publications paraissant à raison de 2 ou 3 fois

par semaine, tels Le Rhône, Le Journal de Sierre, les

Walliser Nachrichten, le Confédéré, la Feuille d’Avis

de Monthey).

La Suisse romande pour sa part, avec l’Académie du

Cep, la Confrérie du Guillon, possédait des instruments

de propagande bienvenus et très utiles auprès

des consommateurs.

Il appuya avec autorité et celle de son comité, l’idée de

créer une confrérie vineuse dont l’idée avait été envisagée

lors de la création de l’OPAV.

Grâce à cette prise de position ferme et très motivée,

les initiateurs purent compter sur l’appui de l’OPAV,

un appui déterminant.

La Fondation du Château

de Villa

Le directeur de l’OPAV estimait notamment que l’appartenance

d’un individu à des amicales, à des clubs,

constituait un véritable critère de rang social de l’individu.

D’où la nécessité, en Valais, de rendre à une

confrérie vineuse tout l’hommage qu’elle méritait.

Les exemples ne manquaient pas, notamment celui

de la France, pays classique des confréries vineuses

formant l’ossature d’organisations professionnelles.

Après avoir noté les prises

de position de l’OPAV et

des négociants en vins du

Valais, nous devons aborder

le rôle déterminant

que le Conseil de la Fondation

du Château de Villa et

de la Commune de Sierre

allaient jouer dans la créa-

Si les officiers de l’Ordre portent fièrement

le chapeau bicorne, les femmes-officiers,

elles, agrémentent leur

brushing, leur mise en pli ou leur permanente,

d’un couvre-chef, symbole

de l’ouverture de l’Ordre et du Valais

à l’Europe, puisqu’il est un souvenir

de vacances que l’Officier Troubadour

passa à Venise.

Saviez-vous que...

11


Médiathèque Valais - Martigny

tion de l’Ordre de la Channe. Les Sierrois visaient à

acheter le Château de Villa, devenu propriété de la

BCV par suite de la faillite, pour créer un musée du

vin et de la vigne. Diverses étapes marquèrent le processus

qui permit, le 17 novembre 1950, de procéder à

l’assemblée constitutive de la fondation du Château.

M. Elie Zwissig, président de la ville de Sierre, allait

en assumer la présidence avec, à ses côtés, M. le

Conseiller René Bonvin et M. Henri Imesch, négociant

en vins, le tout avec l’appui personnel du Conseiller

d’Etat Maurice Troillet. Ce dernier devait épouser les

idéaux des fondateurs du Château. Mieux, appuyant

son ami Elie Zwissig, il suggérait l’idée de faire du

château le premier relais de dégustation des vins du

Valais. Villa allait donc s’imposer comme un élément

générateur d’idées pour la promotion des produits de

la vigne et du vin.

C’est ainsi qu’au cours de l’année 1957 s’affirma définitivement,

avec une volonté bien définie, la structure

d’aller de l’avant.

Au matin, bois le vin blanc,

le rouge au soir, pour faire le sang.

Dans ce sens et au risque d’omettre peut-être certaines

personnes, retenons les noms du Conseiller

d’Etat Troillet, d’Elie Zwissig pour la fondation, Joseph

Michaud pour Provins, Alphonse Orsat pour sa

maison, Albert Biollaz et Henri Imesch pour les négociants

en vins, Dr. Cachin pour l’OPAV et, à titre privé,

Francis Germanier conseiller national, l’Abbé Georges

Crettol pour le Heimatschutz, Aloys Theytaz, Préfet

et M. Oscar de Chastonay, Directeur de la BCV. Cette

phalange était de plus animée par la Municipalité de

Sierre et sa Société de développement représentée

par Max Zwissig, Président, et Me Paul-Albert Berclaz,

secrétaire. Enfin, il convient de ne pas oublier

le célèbre Dr. Henry Wuilloud, spécialiste et excellent

connaisseur de la viticulture. Depuis des années, ce

solitaire mettait ses qualités au service de la cause du

vin, et par des articles de bon sens, entendait que l’on

témoigne aux produits du Valais une place de choix

qu’ils méritaient. Il devint un des ardents défenseurs

de la fondation.

C’est donc au cours d’entrevues informelles, et

avec un panel de personnalités différentes, que

l’esquisse de la future première confrérie vineuse

valaisanne se concrétise.

12


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Pour accomplir les tâches qui seraient les siennes,

les initiateurs établirent une sorte de Charte, qui dès

la fondation effective de l’Ordre de la Channe allait

être considérée comme des statuts.

L’idée maîtresse voulait que, pour servir utilement la

cause du vin, il faille réunir les amoureux de la vigne

et des crus, les techniciens et oenologues, les producteurs

indépendants ou sociétaires de grandes

maisons de vins et ne pas oublier les distributeurs,

d’où le rôle de l’OPAV dans ce secteur.

Eveiller l’intérêt du quidam, réveiller l’attention du

spécialiste, guider l’amateur dans les arcanes bachiques

et susciter un élan spontané, telles étaient les

priorités à réaliser immédiatement.

La création de chapitres, de ressats, de «disnées»

spéciales devaient permettre aux membres futurs de

déguster, apprécier, discuter, comparer et, en un mot,

créer et développer chez chacun le goût et la volonté

de vulgariser les connaissances acquises dans le public.

L’Ordre de la Channe, pour sa part, proposait des buts

13

simples par un développement d’idées culturelles et

artistiques dans les domaines du folklore, de la culture

générale, de la gastronomie. Il était envisagé des

publications régulières, de diffuser des informations

particulières, de distribuer des prix, d’aménager le

musée de la vigne et du vin, de constituer une bibliothèque

du vin.

D’entrée de cause on perçut que l’activité de l’Ordre

de la Channe ne serait couronnée de succès que dans

la mesure où son rayonnement

à l’extérieur du canton

pourrait s’extérioriser.

Pour mener à chef, il fallut

envisager une équipe

conquérante, indépendante,

franche de collier,

susceptible par la qualité

de ses fondateurs d’inciter

de nombreuses personnes

à devenir membres. C’est

dans cet ordre d’idées que

fin 1957 les initiateurs invitèrent

toute personne

Afin de financer la promotion du vin

du Valais confiée à l’IVV (Interprofession

de la Vigne et du Vin du Valais),

les propriétaires de plus de 400 m2

de vigne paient une redevance de 2

centimes par mètre carré. Les marchands

de vins, quant à eux, s’acquittent

d’un montant correspondant à 2

centimes par kilo de raisins encavés.

La somme totale des redevances encaissées

se monte annuellement, en

moyenne, à 2 millions de francs. Cet

argent sert à la promotion du vin du

Valais.

Saviez-vous que...


intéressée par le programme envisagé à constituer

l’Ordre de la Channe avec l’appui de tous les milieux

que nous avons énumérés.

La Constitution: le 1er décembre 1957:

L’orateur du jour, Me Morand, d’entrée en matière,

évoque l’existence en temps immémoriaux de confréries

joyeuses qui, dans nos villages, réunissaient une

ou deux fois l’an leurs membres autour d’un verre de

vin, né de la vigne possédée en commun, lors de fêtes

patronales ou d’assemblées bourgeoisiales.

Il précise ainsi:

«En créant aujourd’hui l’Ordre de la Channe, on ne fait

donc que reprendre des coutumes fort anciennes en

transposant sur un territoire plus étendu - celui que

délimitent nos grandes chaînes alpestres et qu’unit

Autant de vin il entre,

autant de secrets qui sortent.

le Rhône - une idée qui avait pris corps à l’échelon

restreint de nos villages et de nos bourgs.

Mais dès qu’on se met sur ce plan élevé, il s’agit

d’emblée de viser à la qualité. Le but poursuivi est de

réunir des défenseurs éclairés du vin moins ardents

à boire pour boire qu’à se pénétrer de la grandeur

d’une mission.

Le moment est d’autant mieux choisi que l’on a fait des

pas de géants ces dernières années pour améliorer la

qualité de nos vins, tandis qu’autrefois, trop souvent,

nos caves n’offraient qu’une parodie de ce qui aurait

dû être, vu l’excellence des vendanges encavées. On

peut affirmer aujourd’hui que les vins offerts par ceux

qui ont pris soin de les élever minutieusement respectent

leur origine et sont à la mesure de ce qu’on

est en droit d’attendre.

Il est donc normal de consacrer les progrès réalisés

par la création d’une confrérie réunissant aussi

bien les artisans que leurs admirateurs.

L’examen de la Charte, tout à l’heure, vous apprendra

en peu de mots tous les buts que l’on se pro-

14


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Médiathèque Valais - Martigny

pose. Certains articles

vous étonneront peutêtre

par les termes un

peu grandiloquents et

vieillots utilisés pour

désigner ceux qui adhéreront

à l’Ordre et

ceux qui conduiront

ses destinées.

Les auteurs du projet ont intentionnellement adopté

ces formules particulières pour souligner tout le relief

qu’ils entendent donner à cette confrérie. Elle devra

se surpasser elle-même par la classe de ses réunions,

par la sélection de ses membres et par la véritable

glorification du vin à laquelle elle va se vouer».

Le projet de Charte est remis à chaque membre avec

des pages de garde pour d’éventuelles remarques.

Impressionnant silence et unanimité touchante pour

l’acceptation de cet important document!

Relevons de ce papier comportant 13 articles, l’article

3 qui énumère le but général de l’Ordre.

15

BUT

Art. 3. Le but général de l’Ordre est de servir la cause

du vin valaisan. L’Ordre se voue à la glorification du

vin. Il pourra notamment:

a. susciter des études ou réalisations scientifiques,

historiques, littéraires, artistiques, etc. sur le vin;

b. distribuer périodiquement un Grand Prix du Vin aux

personnes dignes de cette distinction;

c. organiser des expositions

sur la vigne et le vin;

d. aménager une maison

du vin, centre de l’activité

de l’Ordre et comportant

notamment un musée et

une bibliothèque du vin;

e. organiser des dégustations

périodiques et des

séances gastronomiques.

Dans les articles suivants

sont énumérés des principes

de qui peut être membre,

de leur admission.

L’Ordre de la Channe a été pionnier

en matière de délocalisation. Depuis

quatre décennies, alors que le faisan

nichait encore en Valais, les deux plumes

qui ornent avec plus ou moins de

panache le bicorne des officiers sont

commandées à la mondialement célèbre

maison parisienne Février qui

livre également ce produit pour les

girls du Lido, du Moulin Rouge, du

Casino de Paris ou encore de Las Vegas.

Saviez-vous que...


Il est prévu le financement de l’Ordre en termes plus

que vagues.

Une hiérarchie est établie, un insigne sera créé et

sont précisés les organes compétents, leur fonctionnement.

L’organe dirigeant sera le Conseil de l’Ordre

et les diverses missions des 8 membres sont définies

à l’article 11, à savoir:

Art. 11. Le Procureur convoque les réunions de l’Ordre,

reçoit les candidatures, entretient les relations

extérieures et établit le programme d’activité d’entente

avec ses collaborateurs.

Avec bon pain, bonne chère et bon vin,

on peut envoyer promener le médecin.

Le Sautier administre l’Ordre sous la direction générale

du Procureur.

Le Majordome dirige les cérémonies.

Le Chapelain sauvegarde les intérêts spirituels de

l’Ordre.

Le Chancelier régit l’activité intellectuelle de l’Ordre.

Le premier Métral organise et dirige les dégustations.

Le deuxième Métral prépare les réunions gastronomiques.

Le troisième Métral tient les comptes.

La lecture de cette Charte n’appelle aucune intervention.

On est en droit de s’étonner de l’apathie dans laquelle

se déroule ce baptême.

Le Dr. Donnet, avec lucidité, signale que le programme

était grandiose, mais avec des ressources financières

inexistantes. Un esprit réaliste rêve à cette énumération

des projets mentionnés à l’article 3, ceci sans que

l’on parle des finances sinon laconiquement.

Cotisation, oui, facile! A part des contributions bénévoles,

quelques appuis discrets de quelques marchands

de vins et la contribution annuelle de l’OPAV,

rien n’est envisagé pour alimenter les finances.

Par conséquent, l’auteur du Propos 22 n’hésite pas

à écrire que pour le Conseil sur lequel pesait désormais

l’avenir: «Il fallait tout créer en partant de

rien».

Le Conseil, en plus de tous les soucis évoqués,

16


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

devait faire face à une campagne de doutes, de remarques

insidieuses prétendant qu’on n’était qu’une

assemblée de «bâfreurs et d’ivrognes».

Au soir du 1er décembre, 8 personnalités allaient

pourtant défier ces critiques, à savoir les 8 premiers

membres du premier Conseil.

Nul mieux que le Dr. Henry Wuilloud, oenologue émérite,

paraissait être apte à diriger le «Conseil de l’Ordre»

et à remplir le poste délicat de «Procureur ».

Aussi fut-il acclamé dans sa nouvelle charge tout

comme les autres membres du Conseil dont voici la

composition:

- «Le Sautier»: Dr. Alexandre Cachin.

- «Le Majordome»: Me Guy Zwissig

- «Le Chapelain»: Rd Curé Louis Fournier.

- «Le Chancelier»: Dr. André Donnet.

- «Le premier Métral»: Alfred Kramer.

- «Le deuxième Métral»: Henri Arnold.

- «Le troisième Métral»: Me Edouard Morand.

Pro mémoria, signalons que l’assemblée constitutive

de l’Ordre de la Channe a dénombré environ 50 personnes

de divers milieux. Les membres du Conseil

élus ont bénéficié des présentations personnelles

teintées d’humour et d’ironie, concoctées par le préfet

Theytaz.

Seuls 6 fondateurs vivent encore. Ils peuvent témoigner

de cette soirée enthousiaste, un tantinet irréelle:

Edouard Morand, ancien

président de Martigny,

troisième Métral

Guy Zwissig, avocat, Commandeur

Jean Cleusix, ancien juge

cantonal, deuxième Métral

Cyrille Pralong, agent d’assurances

Alfred Gillioz, représentant

Provins

Jean-Claude Bonvin, hôtelier.

Les 5’159 hectares du vignoble valaisan

sont très morcelés. Ils sont constitués

de plus de 110’000 parcelles

d’importance différente. Alors que la

moyenne d’une parcelle atteint 450

mètres carrés, la plus petite parcelle

cadastrée mesure 1,67 mètre carré et

est complantée de 3 ceps. Il s’agit en

l’occurrence de la célèbre «vigne de

Farinet» à Saillon.

Saviez-vous que...

17


La Réalité de 1957

En abordant ce sujet d’une brûlante actualité, avec

tristesse, émotion et respect, je me réfère à l’excellence

du Propos 22 de l’Ordre de la Channe «Aux origines

de l’Ordre de la Channe - Le temps des illusions»

écrit par l’éminent Dr. André Donnet, fondateur, 1er

Chancelier de l’Ordre, grand Officier d’Honneur qui,

avec son esprit perspicace et surtout sa spiritualité

exceptionnelle, a su restituer non seulement l’historique,

mais surtout ce climat presque kafkaïen du

1er décembre 1957, dans lequel comme l’écrit André

Donnet: «Les Sages se sont plutôt empressés

de confier l’entreprise qu’ils venaient de porter sur

les fonts baptismaux, à un comité de 8 membres (le

Conseil de l’Ordre) et, leur mettant entre les mains

des statuts hâtivement commentés, leur ont dit, non

sans précautions oratoires plus habiles qu’explicites:

« Au travail, Messieurs: nous avons mis en vous de

grands espoirs. Débrouillez-vous!»

Beauté sans bonté est comme vin éventé.

Oui, il est inutile de se voiler la face. Cette séance

fut menée au pas de charge par Me Edouard Morand,

président de Martigny, membre de la Commission de

travail. Il remplaçait au pied levé l’écrivain Maurice

Zermatten qui aurait dû présenter l’institution et ses

buts, lequel était alité. Nous extrayons de la présentation

de Me Morand quelques éléments constitutifs de

l’Ordre de la Channe:

«L’Ordre de la Channe tel qu’on vous le présente

aujourd’hui est issu du brassage et du rassemblement

d’idées émises à maintes reprises dans ce canton par

des hommes respectueux du bon vin, soucieux de lui

rendre hommage et désireux de le propager toujours

davantage.

On peut même ajouter que l’Ordre de la Channe

s’inspire de réalisations concrètes dans notre pays

même.

Je songe aux «Compagnons du Bouteiller valaisan»,

confrérie qu’anime depuis de nombreuses années M.

le Dr. Wuilloud avec un remarquable souci de remonter

aux sources de la gastronomie et du savoir

bien vivre, c’est-à-dire aux écrits immortels du

grand maître Rabelais.

Il s’est trouvé en définitive de nombreuses per-

18


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Médiathèque Valais - Martigny

sonnalités dans ce

canton pour estimer

qu’il fallait mettre

sur pied une sorte

d’institution où l’on

s’efforcerait de promouvoir

le respect

de la vigne et de tout ce qui la concerne.

Encore fallait-il trouver une formule qui soit dans la

ligne de nos traditions valaisannes où l’on a eu de tout

temps, à un degré plus élevé qu’ailleurs, le sens du

communautaire.»

Et à distance ceci dit, il est légitime d’affirmer que

dans un climat totalement démuni de sage raison, le

message adressé aux membres du nouveau Conseil

c’était: «Allez que vogue la galère».

L’Aventure

Au lendemain de cette assemblée, pour le moins étonnante,

8 personnalités se sont vu confier l’avenir de

l’Ordre de la Channe, sur des fondements inexistants,

sinon 13 vagues articles d’une Charte. On est tenté

d’ailleurs, en pensant à ce futur, qu’Anatole France

19

n’avait pas tort de considérer «l’avenir comme un lieu

commode pour y mettre des songes».

A l’enthousiasme débridé des fondateurs, à une totale

absence des réalités de ses nouveaux précurseurs, à

leur confiance accordée à 8 responsables, on croit vivre

en quelque sorte l’aventure. On doit tout faire, tout

envisager, on doit tout réaliser avec rien.

Dans un climat tout à fait détendu, l’assemblée constitutive

a désigné le premier

conseil et les 8 membres

appelés à siéger. Dans

l’ordre protocolaire que la

Charte a établi, il appartient

à un Procureur-Commandeur

de présider l’Ordre

et de le représenter.

Cette tâche incombe au Dr.

Henry Wuilloud. L’unanimité

s’est faite sur lui. Son

nom représentait un symbole

de ce Valais viticole.

Le Sautier administrait

sous la direction générale

Si l’on prend la peine de dénuder

un officier de l’Ordre normalement

constitué (entre 80 et 95 kg) et que

l’on dépose ses attributs (vestimentaires)

sur une balance, l’on remarque,

sans doute avec surprise, que son

«harnachement» (chaussures comprises)

pèse 5,200 kilos. La redingote et le

pantalon, à eux seuls, représentent

2,700 kilos. C’est sans doute ce que

certains considèrent comme étant le

poids des responsabilités.

Saviez-vous que...


du Procureur. C’est tout naturellement qu’il est fait

appel au Dr. Alexandre Cachin, directeur de l’OPAV,

spécialiste en ce qui concerne la promotion des vins

valaisans. Il avait eu le mérite de préparer minutieusement

un projet qu’il avait vulgarisé par une intéressante

publication dans la presse valaisanne.

Boire au volant, c’est pas bien.

Faut boire à la bouteille.

(dicton breton)

Un autre poste, particulièrement sensible, était attribué

au Majordome, grand directeur des cérémonies

et animateur des diverses activités de la confrérie.

C’est l’avocat et notaire Guy Zwissig qui fut choisi à

cet effet, M. Walthy Schoechli, maître imprimeur à

Sierre, s’étant formellement refusé à l’accepter. Dans

les milieux valaisans, le nouveau membre n’avait à

l’époque aucune activité quelconque dans les milieux

viti-vinicoles. Les problèmes du vin et de la vigne lui

étaient peu familiers, mais il avait l’expérience de diriger

plusieurs groupements d’intérêts privés ou publics.

Dans un Valais respectueux de ses traditions ancestrales,

de ses convictions religieuses, il était apparu

nécessaire aux initiateurs de compléter le Conseil par

un Chapelain, le vénérable abbé chargé de sauvegarder

les intérêts spirituels. C’est le populaire Prieur

Louis Fournier, terrien, connaisseur de l’âme valaisanne,

qui fut spontanément choisi.

Lors des tractations, colloques et séances préparatoires,

il fut beaucoup discuté de donner à cet Ordre

un rôle culturel, une philosophie du vin. Le Valais avait

la chance de posséder cet homme d’une rare intelligence,

un élève brillant de l’Ecole des Chartes de

Paris, archiviste du canton, le Dr. André Donnet, dont

on ne dira jamais assez le rôle combien utile, mieux,

déterminant qui fut le sien.

L’activité spécifique relative à l’organisation et la direction

des dégustations allait être confiée à un Métral,

un courtier spécialiste, dégustateur officiel des

vins lors de l’exposition nationale de Lausanne. Il

offrait les garanties requises pour assumer cette

fonction: Alfred Kramer. Il se révéla un précieux

auxiliaire du Conseil et sut insuffler à l’Ordre un

esprit de recherche permanent du savoir.

Une confrérie bachique ne peut se concevoir sans

20


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

y ajouter la gastronomie. Ce secteur était intéressant

à développer vu les productions du terroir valaisan:

fromages, pain de seigle, desserts susceptibles de

créer l’harmonie des vins et des mets. Henri Arnold,

hôtelier de renom, président de la section valaisanne

des hôteliers, fut pressenti. Avec intérêt il accepta.

Collègue particulièrement apprécié au titre de deuxième

Métral, il apporta un climat d’amitié certaine et

surtout sut donner aux mets valaisans une place de

choix.

Comme rien ne se fait sans argent, et Dieu sait si l’Ordre

de la Channe en avait un urgent besoin, il fallait

nommer le «maître des écus». C’est l’actif président

de la ville de Martigny, le notaire Edouard Morand, par

ailleurs secrétaire des négociants en vins du Valais,

que l’assemblée choisit pour sa parfaite gestion administrative.

Ainsi fut constitué le Conseil.

Après 50 ans, il est légitime de constater que le choix

de ces 8 personnalités fut décisif pour l’avenir de la

confrérie. C’est à eux seuls et grâce à leurs efforts

personnels, constants, que l’on sut éviter l’échec.

En 2007 on se doit de tenir compte du dévouement et

de la volonté de cette équipe qui débutait sans programme

existant, les moyens nécessaires pour les

réaliser étant quasi nuls. Relisons à ce sujet les propos

du Chancelier, car ils restent d’actualité.

«Le programme de l’Ordre était grandiose; il sous-entendai

non seulement des collaborateurs nombreux,

dévoués et compétents, mais aussi des ressources financières

considérables.

Qu’on en juge plutôt: la

simple énumération des

projets mentionnés à l’art.

3 fera rêver un esprit réaliste:

«... susciter des études ou

réalisations scientifiques,

historiques, littéraires,

artistiques, etc. sur le vin:

«... distribuer périodiquement

un grand prix du vin

aux personnes dignes de

cette distinction:

«... organiser des expositions

sur la vigne et le vin;

Sur les 158 communes politiques du

Valais, 69 d’entre elles peuvent se targuer

d’être des communes viticoles:

22 d’entre elles sont dans le Haut-Valais

et 47 dans le Bas-Valais. La plus

importante commune viticole est celle

de Chamoson (427 hectares) alors

que la plus petite se trouve dans le

Haut-Valais, à Baltschieder plus précisément

(3000 mètres carrés).

Saviez-vous que...

21


«... aménager une maison du vin, centre de l’activité

de l’Ordre et comportant

notamment un musée et une bibliothèque du vin:

«... organiser des dégustations périodiques et des

séances gastronomiques.»

Quant aux moyens, les rédacteurs de la Charte ont

été moins circonstanciés; l’art. 6 des statuts stipule

d’une manière fort laconique «Les besoins financiers

de l’Ordre sont couverts par des cotisations et des

contributions bénévoles...»

Les cotisations, tout le monde le sait, permettent

seulement d’assurer le fonctionnement de la société,

surtout dans les premières années d’activité, où elle

en était à recruter les membres.

Mais qu’en a-t-il été des «contributions bénévoles»?

A l’exception d’une modique aide initiale de l’OPAV

et d’appuis très discrets de quelques marchands de

vins, le Conseil de l’Ordre n’a pas eu l’occasion de voir

des mécènes se précipiter pour lui offrir assistance,

loin de là.

Les seules et réelles «contributions bénévoles» dont

l’Ordre ait bénéficié durant les huit premières années

de son activité, ce sont surtout celles que lui ont apportées,

à bien plaire - puisque la majorité d’entre eux

n’avait aucun profit personnel à attendre de l’exercice

- des membres du Conseil.

Oui cet hommage se justifie. Il est mérité. Les membres

du premier Conseil ont droit à y être sensibles

car personne n’a prévu les ennuis, les doutes, les tracas

qui furent les leurs.

Volontairement et à bon escient, nous avons voulu jeter

un regard aigu et clairvoyant sur les débuts. Pour

mieux illustrer encore les origines, laissons place

maintenant à nos souvenirs, que nous voulons partager,

et vous faire revivre les 6 étapes décisives de la

confrérie, cela avec des Procureurs de tempérament

totalement différent mais tous animés du feu sacré:

celui d’optimiser toujours plus l’Ordre de la Channe.

Boire du vin c’est être bon catholique.

22


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Le Règne

Wuilloud:

décembre

1957 - août

1963

Abordons cette première période de la mise en train

de la Confrérie. Chaque Conseiller ayant pris le temps

d’une sage réflexion, cherchait d’un commun accord à

découvrir les formules harmonieuses pour que « vivat

floreat, crescat» l’Ordre de la Channe!

Avant la première séance du Conseil, le Chancelier,

le Sautier, le premier Métral et le Majordome avaient

tenu réunion à la fameuse table ronde de l’hôtel Arnold.

Le but : procéder à un examen détaillé et préparer

un programme d’activité minimum. De prime

abord, il fut convenu désormais d’une présence de la

Confrérie dans la vie économico-sociale du canton, du

sérieux de son activité sachant toutefois marier avec

Dr Henry Wuilloud, premier procureur

bonheur humour et entrain. Cette

présence exigeait de suivre un rituel

strict. L’OPAV en serait en quelque

sorte l’ambassadeur.

Au mois d’avril 1958 invitation du Procureur

à assister à la première séance,

étant préalablement admis: que les

séances se tiendraient toujours au domicile

du Dr. Wuilloud, selon son ordre

du jour et en «temps voulu»

comme il devait le préciser.

Pittoresques heures

que celles vécues dans le

carnotzet de Diolly où le

Procureur s’exprimait à

sa façon, en exposant de

quelle manière se passerait

un chapitre. Avant la

séance, la tradition voulait

que l’on mange une

pomme... de Diolly, que

l’on boive un verre de vin

de ... Diolly, qu’on effectue

une visite du domaine de

Le sautoir, signe extérieur d’adhésion

à l’Ordre, fut confectionné durant

plus de quarante ans par les révérendes

soeurs du couvent de Géronde.

Depuis 2004, cet accessoire, dont la

couleur sert à distinguer les diverses

catégories des membres, est confectionné

par une couturière de Sierre.

Saviez-vous que...

23


Diolly. Telle était la volonté du souverain.

D’où moments inoubliables lorsque, courageusement,

le Chancelier proposa un schéma de chapitre

de toute autre conception, que le Majordome défendit

un projet séduisant pour le déroulement futur

des réunions annuelles. Coup de tonnerre! Le Dr.

Wuilloud précisa qu’il était maître à bord, que le Dr.

Cachin était fonctionnaire de l’OPAV, que le Conseil

était utopiste et qu’il n’y avait qu’une loi, celle du maître

des lieux.

Cette forme de concevoir fut fermement combattue.

Désormais le Comité se trouva confronté au trio

Wuilloud, Abbé Fournier, Kramer, en opposition avec

Cachin, Donnet, Arnold, Zwissig. Edouard Morand se

voulut neutre. La guerre fut larvée.

Chaque séance fut ponctuée de suspensions, de reprises,

le tout dans ce carnotzet où les sentences peintes

Ce n’est pas le vin qui enivre l’homme,

c’est lui qui s’enivre.

(proverbe chinois)

sur les murs traduisaient les

connaissances littéraires des

orateurs grecs, latins, français

dont était féru le Dr. Wuilloud.

Les critiques, les réparties, réponses

qui nous furent faites

par le Procureur étaient bourrues

et sèches. Toutefois elles Chapitre de Saint-Léonard

M. Alfred Kramer en 1961 au

ne manquaient ni d’esprit, ni

même de charme. Son hospitalité prenait une forme

particulière où générosité et plaisir d’offrir attestaient

de l’esprit subtil du maître des lieux, avec un certain

mépris à l’égard des projets envisagés.

Pour le premier chapitre de printemps de la Confrérie,

les 7 membres enregistrèrent donc les ordres précis:

- le lieu: Diolly

- le programme: visite des biens de Diolly, apéro au

carnotzet, raclette en plein air, pomme comme entrée

et dessert saviésan.

Pas question de «chichi» dixit notre cher Henry.

Le résultat fut concluant: 13 personnes presque, le

Conseil 5 personnes !!! Un chiffre fatidique. Or, à

24


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

cette époque l’Ordre enregistrait déjà 130 à 140 membres.

Grand Seigneur, le Procureur accepta avec une certaine

amertume cet échec. Par contre, il rappela au

Conseil qu’il était le chef, mais que désormais les

utopistes pouvaient organiser un futur chapitre à leur

gré. Il n’en fallait pas plus pour permettre d’envisager

un projet de cérémonial.

C’est Sierre qui vécut cette grandiose journée et première

initiative.

Choix de la séance: les jardins du château Bellevue.

La vaste salle fleurie, aménagée avec soin, places

réservées pour les invités, les futurs membres, les

membres et accès libres pour la population sierroise

qui s’intéressait à ces assises. Les fifres et tambours

pour animer la cérémonie.

Un schéma bien rôdé qui constitua désormais la pierre

d’angle des futures assemblées:

- accueil du Conseil au son de la musique

- les trompettes sonnent

- emblème de l’Ordre hissé

- le Majordome prononce la harangue de bienvenue

- péroraison magistrale du Procureur

- intronisation des nouveaux chevaliers selon des règles

strictes: le Procureur armé du cep de vigne posé

sur la tête du candidat lui dit: «Je te sacre Chevalier

de l’Ordre de la Channe et je te félicite.» Le Chapelain

lui offre la coupe et prononce une sentence religieuse,

un Officier remet le cordon à l’élu qui va signer le livre

d’honneur.

C’est ensuite, au gré des

événements, la remise de

cordon d’honneur et de titres

à des dignitaires choisis

par le Conseil.

A cette époque, les Chanteurs

de l’Ordre n’existaient

pas encore. Il appartenait

donc aux trompettes

de se produire et de clore

les intronisations.

En Valais, le commerce du vin est

l’apanage de trois groupes d’intervenants

soit une fédération de caves

coopératives groupées sous la raison

sociale «Provins Valais» (20% de la

production), des négociants en vins

au nombre de 136 (58% de la production)

et 650 propriétaires-encaveurs

(22% de la production).

Saviez-vous que...

25


Le chapitre général d’automne du 4 octobre

1958

Le chapitre général d’automne, fixé le 4 octobre 1958,

permit à 115 membres de s’inscrire pour suivre les assises

et participer ensuite au dîner de gala à l’hôtel

Bellevue, un joyau architectural, ancien château de la

Cour de la famille de Courten. Un succès qui augurait

enfin heureusement de l’avenir.

Le Conseil avait déjà décidé que désormais les invitations,

dessinées artistiquement par un peintre valaisan,

seraient adressées pour chaque manifestation.

C’est ainsi que, sur papier glacé, avec sigle en

couleur, programme détaillé et ordonnance du repas,

cette première formule allait connaître un succès.

Etape décisive lors de ce chapitre: l’ordonnance du

repas.

Depuis que le soleil et la lune

brillent au firmament,

on a rien connu de meilleur que le vin.

(dicton persan)

Chaque convive trouve sa place réservée sur table

fleurie. Une liste préparée à l’avance et affichée indique

à chacun où il se trouve et avec qui.

Trompettes sonnent, Conseil entre et prend place et,

aux ordres du Sautier, déploie ses fastes, tandis que

le Majordome lit les règles de la table et que le premier

Métral présente le vin. Ce fut minuté, ordonné.

Dans une ambiance exceptionnelle, les membres dégustèrent

un repas digne de Lucullus avec son velouté

anniviard, suprême de truite, bouquetière des jardins

bourgeoisiaux, gigue de chevreuil et assortiment de

fromages d’alpage. Par respect pour le Procureur,

nous lui avons réservé un dessert qui ne pouvait que

le satisfaire: corbeille de fruits de Diolly.

Ce chapitre préludait le rituel qui allait être adopté.

Au soir de ce mois d’octobre, une base était acquise.

Les participants ressentaient une fierté à avoir participé

à des heures exceptionnelles et l’Ordre de la

Channe annonçait son identification de confrérie

de haut rang.

Par ailleurs, à l’occasion de ce festin, nous avons

26


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

rempli une autre tâche prévue dans les buts: celle de

faire connaître les vins de choix. Tel fut le cas puisqu’il

fut présenté par M. Kramer 8 vins notamment à l’apéritif

et à l’entrée du menu: 2 Fendant de Sion et de

Sierre, ensuite une Humagne 56 de Vétroz, un Johannisberg

57 de Pont de la Morge, une Dôle royale 55 de

Sion, un rouge du pays de bon aloi de 1947!!! et pour

clore avec succès cette gamme: une Humagne 1949

de Martigny et une Malvoisie 1957 de l’Etat du Valais.

Qui dit mieux, sinon que l’on commençait à déguster

des crus avec intelligence.

Autre but réalisé, et non des moindres, grâce au Chancelier

celui de la présentation du 1er Propos de l’Ordre

de la Channe, édité sur papier de choix et écrit avec

tendresse par notre cher et illustre Maurice Zermatten.

En termes délicats, choisis, avec des mots venus

du coeur, notre romancier valaisan nous offrait à

méditation: «Poésie de la vigne et du vin». Hommage

vibrant au vigneron, analyse profonde à la grandeur

de la vie du vin, philosophie de sa culture. Un régal

littéraire.

Ce rappel nous autorise à relever que le Dr. Donnet,

archiviste, s’était assigné comme but de présenter un

Propos chaque année au chapitre d’automne.

Sous l’ère Wuilloud, l’Ordre se dota d’une étude du

professeur Paul Aebischer: «Elucubrations bachiques

et étymologiques» sur les noms des vieux cépages valaisans,

no 2 des Propos.

Honneur fut rendu au Procureur Wuilloud qui put narrer

dans le Propos no 3 «Harmonies valaisannes - la

raclette et autres bonnes choses». Une savoureuse

et délicate étude, truffée de littérature greco-latine,

de propos de qualité sans

flatterie. Ce texte constitue

encore un petit chefd’oeuvre.

Albert Chavaz,

avec talent, avait illustré

ce Propos.

Pour le Propos no 5, le

Chancelier sut mettre en

valeur un chercheur émérite,

une personnalité de

rare compétence qui, depuis

des années, se faisait

le défenseur du patois et lui

consacrait de très sérieu-

Le sautoir, signe extérieur d’adhésion

à l’Ordre, fut confectionné durant

plus de quarante ans par les révérendes

soeurs du couvent de Géronde.

Depuis 2004, cet accessoire, dont la

couleur sert à distinguer les diverses

catégories des membres, est confectionné

par une couturière de Sierre.

Saviez-vous que...

27


ses recherches à savoir M. le Dr. Ernest Schulé. Avec

le Propos sur: « Aspects de la terminologie viticole

du Haut-Valais», ce professeur invita nos membres

à une approche du patois, de ses formules spéciales,

de ses mots inattendus, des termes locaux.

Qui mieux que le conservateur des musées, Albert de

Wolff, homme de rare intelligence, pouvait avec un

sens poétique aigu présenter le 7ème «Les raisins

dans l’art du Valais». L’Ordre ainsi s’enrichissait d’un

nouvel élément propre à fortifier la culture vineuse.

Nous avons dressé la liste des Propos du temps

Wuilloud. Evoquons les quelques chapitres qu’il sut

mener à la baguette en fonction des idées nouvelles

désormais reconnues, signalons de folkloriques assises

au Vieux Bisse à Savièse en 1959, le rendez-vous

à l’alpage de Thyon à 2020 m en 1960, un prestigieux

chapitre en 1961 à St-Léonard et le 24 novembre 1962

chapitre à Sierre, pour la première fois patronné par

Eau de Saint-Jean ôte le vin

et ne donne pas de pain.

Beau temps vers la Saint -Jean,

blés et vins abondants..

(proverbe bourguignon)

28

M. Paul Chaudet, ancien conseiller fédéral et des

hauts dignitaires de l’époque.

D’année en année, pareil au vin qui vieillit - heureusement

- l’Ordre inscrivait à son palmarès des réussites

certaines dont la presse désormais se plaisait à

signaler le sérieux, l’intérêt spirituel et la qualité des

mets et vins proposés.

Ajoutons à ce rappel qu’à l’initiative du Chancelier, du

1er Métral et de l’OPAV un chapitre consacré aux dégustations

fut organisé en 1960 à Sion à l’hôtel de la

Planta. Furent analysés 3 Fendant, 2 Johannisberg, 2

Ermitage, 1 mousseux mi-sec 1958, 1 Goron, 2 Dôle, 1

Arvine, 1 Amigne et 1 Malvoisie. Convenons que chacun

pouvait retirer de cette épreuve de précieuses leçons

susceptibles d’améliorer son goût et son sens

de la dégustation. Le Chancelier présenta quelques

brèves notices sur la compilation historique des cépages

du Valais. Cette intéressante expérience fut

reprise en 1964 à Loèche-Ville où furent dégustés

les Fendant et Johannisberg des crus 1960 et 1959

avec quelques spécialités de 1951, 53, 55.

Stupeur en ce mois d’août tropical 1963, un appel


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

de la fidèle Marie à Diolly au Majordome où, émotionnée

et en pleurs, elle lui annonçait: le Dr. est mort!

Foudroyante disparition de cet homme d’un autre siècle,

sorte de Seigneur solitaire, rébarbatif à la société

moderne. Il y avait en lui une débauche de vitalité.

Oenologue avisé, fin connaisseur de la vigne et du

vin, écrivain à la plume sarcastique, homme au verbe

mordant, avec ses étonnantes qualités et ses défauts

certains, tel était le Dr. Wuilloud.

A réfléchir, ceux qui, comme nous, ont eu le privilège

de côtoyer le Dr Wuilloud, malgré nos conceptions

fondamentalement opposées, peuvent prétendre avoir

connu une personnalité hors du commun, porteur d’un

message d’indépendance, visionnaire à sa façon.

Il est donc justifié que, dans cette plaquette, soit relevé

l’hommage que son Chancelier et le Conseil ont

tenu à exprimer à sa mémoire:

Aujourd’hui, nous ressentons cruellement le vide qu’a

creusé sa mort. Nous ne dirons pas qu’Henry Wuilloud

est irremplaçable. Mais avec lui nous avons vu disparaître

quasi l’ultime spécimen d’un type d’homme en

voie d’extinction.

Au cours de sa carrière exceptionnelle, Henry Wuilloud

a su créer son personnage: il était devenu, pour le public,

l’autorité viticole par excellence, fondée sur des

connaissances théoriques et pratiques étonnantes,

pour ainsi dire encyclopédiques. Vigneron, encaveur,

agriculteur, journaliste, professeur, érudit, poète, dessinateur,

toutes ses activités, il les a mises au service

d’une noble cause: son amour pour les produits du Valais,

auxquels il souhaitait

qu’on accorde la place de

choix qu’ils méritent.

Maintenant, il nous fait

redire avec le prophète:

«Vinum in forculari noncalcabit»,

le vin, dans le

pressoir, il ne le foulera

plus....»

Le règne du 1er Procureur

venait de s’éteindre.

Si l’on divise la surface viticole du

Valais par le nombre de propriétaires

de vigne, l’on constate que la grandeur

moyenne d’une exploitation

viticole atteint 2’350 m2....ce qui est

fort modeste si l’on songe que pour

pouvoir disposer d’un revenu décent,

il convient de cultiver 3 hectares de

vigne c’est-à-dire d’encaver quelque

30’000 kilos de vendange.

Saviez-vous que...

29


LES PROPOS

DE L’ORDRE

DE LA CHANNE

Entre Saint-Denis (9 octobre)

et Saint-François (4 octobre),

prends ta vendange quelle qu’elle soit.

1958: Poésie de la vigne et du vin.

(Maurice Zermatten).

1959: Elucubrations bachiques et étymologiques

sur

les noms des vieux cépages valaisans.

(Paul Aebischer).

1960: Harmonies valaisannes. La raclette et autres

bonnes choses. (Dr Henry Wuillloud).

1961: Le raisin dans l’art du Valais. (Albert de Wolff).

1962: Aspect de la terminologie viticole

du Haut-Valais. (Ernest Schülé).

1963: Le vin, ses sous-produits et les raisins dans

un recueil de recettes (1825) de l’Abbé Fardel,

curé d’Ayent. (Jean Nicollier).

30


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

L’interrègne:

août 1963 -

juin 1964

Dans l’historique des 25 ans de l’Ordre de la Channe,

le chroniqueur signale, sans autre précision que: «la

succession du Procureur Wuilloud allait provoquer

quelques sursauts ». Si sérieux en fait d’ailleurs qu’à

cette date fatidique de 1963, l’enjeu de l’avenir de l’Ordre

s’est trouvé confronté avec une telle acuité à des

impondérables qu’il a fallu même envisager dissoudre

la confrérie après la démission générale du Conseil.

Rétrospectivement il est intéressant d’analyser les

raisons qui, à l’époque, motivaient cette ultime solution.

Il faut revenir aux faits qui ont suivi la mort du

Procureur. A l’appel du Majordome, remplaçant institué

du Procureur selon les statuts, le Conseil fut

réuni fin septembre avec comme seul objet de l’ordre

du jour: succession du Procureur. Une discussion générale,

approfondie, sérieuse, motivée permit de dégager

quelques principes généraux pour les futures

31

activités de la confrérie et pour tracer un profil idéal

du nouveau Procureur.

De l’avis général il convenait d’oser sortir de la solitude

de l’Ordre sur le plan valaisan, d’envisager une

réforme totale des statuts, d’établir une liste des

marchands de vins, négociants, indépendants valaisans

susceptibles de s’intéresser à nos activités, de

ne pas craindre de trouver des sponsors pour assainir

nos finances, certes saines mais modestes, de modifier

et améliorer encore le

cérémonial, de renforcer

les efforts déjà consentis

dans le développement

de la culture générale et

vinicole et de trouver une

formule pour assurer une

saine marche administrative

de l’Ordre.

Le Conseil a eu ce grand

mérite d’approfondir ses

recherches pour vivifier la

confrérie, lui donner plus

d’efficacité et de l’armer

La couleur du sautoir est le signe

distinctif des différents membres de

l’Ordre: le Chevalier se voit attribuer

un sautoir jaune, le Chevalier d’Honneur

qui distingue un invité de marque,

est vert alors que celui de Chevalier

des arts et des lettres est bleu.

Quant aux Officiers et au Procureur,

ils portent un sautoir rouge. Notons

que le titre d’Officier est conféré par

l’assemblée générale sur préavis du

Conseil de l’Ordre.

Saviez-vous que...


pour faire face à l’avenir.

A ces préoccupations s’ajoutait celle de veiller à entretenir

une collaboration utile et loyale avec l’OPAV et

cela d’une manière durable. Le Conseil estimait qu’il

appartenait à cet organisme d’appuyer sans réserve

la confrérie, véritable et seule ambassadrice du vin à

l’époque et de savoir respecter son indépendance.

Cette analyse faite, les Officiers se penchèrent sur

les éventuelles candidatures du futur Procureur. Une

première évidence s’imposa: celle d’une personnalité

connue dans les milieux économiques, sociaux

et politiques du canton, d’un homme d’ouverture, au

caractère amène et chaleureux, à l’esprit caustique,

au rayonnement reconnu, fermement convaincu de la

mission qui lui était confiée, apte à la mener au mieux

et capable de maîtriser toute situation particulière.

Envisager surtout un homme prêt à sacrifier du

La vérité est dans le vin.

temps pour valoriser l’Ordre et le vulgariser. Il ne faut

pas oublier que d’aucuns considéraient notre confrérie

comme celle de joyeux drilles, tandis que d’autres

nous reprochaient d’être un cercle fermé où seuls

certains initiés pouvaient être admis. Enfin, ils étaient

nombreux à penser à une société carnavalesque de

bons vivants. Ainsi les buts réels étaient méconnus.

C’était le défi auxquels les 7 Officiers devaient faire

face. Il convenait donc d’être unis, conscients des recherches

à accomplir et tous unanimes dans les méthodes

à utiliser.

Satisfaits de nos travaux préliminaires, il était désormais

urgent de dénicher l’oiseau rare.

Le premier tour concerna l’éventualité de trouver

parmi les membres du Conseil le successeur du Dr.

Wuilloud. Aucun ne s’estima être en mesure de s’arroger

le titre de Procureur: le bon sens interdisait à

l’un des nôtres, à l’époque du moins, d’envisager

cette promotion.

Commença alors la chasse véritable en précisant

encore que le Procureur, outre les qualités défi-

32


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

nies, devait être une personnalité absolument indépendante,

apolitique, n’appartenant pas au milieu du

commerce des vins et susceptible de réunir autour

d’elle une large majorité d’adhérents.

La prospection débuta. Quelque 30 personnalités

furent sollicitées appartenant aux milieux les plus

divers, aux étiquettes politiques connues, aux compétences

admises. Chaque Officier avait à coeur de

pouvoir présenter un candidat de choix. A l’exception

du Chapelain, tous se trouvèrent concernés, malheureusement

sans succès.

Aussi, après 3 mois d’intense activité, rien ne se profilait

à l’horizon. Les désillusions, les doutes, les critiques

commencèrent à se manifester.

L’année 1964 commença dans ce climat morose. En

janvier, le Conseil en était à sa xième séance. En février,

dans un climat de nervosité, d’anxiété, le Majordome

ouvre la séance où tous sont présents. Une

surprise de taille attendait le Conseil.

Un Officier auquel personne ne s’attendait accusa les

autres membres d’avoir politisé l’Ordre, de vouloir imposer

un Procureur radical au mépris de personnalités

de valeur. L’auteur de l’intervention: Le Chapelain!

Stupeur totale. L’Officier Abbé Fournier de prétendre à

l’inertie, au manque de volonté des Officiers, à estimer

qu’il avait des ukases contre certaines candidatures.

A cette outrageante et inexplicable attaque, à cette philippique,

un homme de droiture, de parfaite honorabilité,

en termes tranchants, allait répliquer. A l’image

du poète latin, le Dr. Donnet, dans une véritable catilinaire,

traduisit le désarroi

ressenti à la bassesse des

propos proférés.

Il faut admettre que les

conséquences de l’intervention

du Chapelain

Fournier laissèrent des

blessures certaines en particulier

chez le Chancelier

et surtout le Majordome.

On craignit que l’Ordre de

la Channe n’implose, cette

idée étant confortée par les

démissions successives

«L’embarras du choix» caractérise

l’offre vinicole valaisanne puisque

le canton produit des raisins issus

officiellement de 49 cépages. Quatre

cépages principaux (Pinot Noir,

Chasselas/Fendant, Gamay et Sylvaner/Johannisberg)

couvrent le 80%

du vignoble et les 45 autres cépages

(20%) forment ce que la tradition appelle

«spécialités».

Saviez-vous que...

33


des Officiers. Le Majordome Guy Zwissig se sentant

le plus impliqué dans le monde politique pensait devoir

laisser sa place et ne pas être un élément négatif

pour l’avenir; le Chancelier suivait. Le Dr. Cachin,

pour sa part, estima que dans ces conditions sa place

n’était plus de mise. Si bien qu’à la fin janvier tout

était consommé, la confrérie en tant que telle n’avait

plus d’existence légitime. C’est M. Kramer, absent,

qui reçut toutes les démissions. Diverses solutions

furent envisagées dans un premier temps, notamment

une assemblée générale extraordinaire pour

élire un nouveau Conseil. Des avis pertinents furent

émis pour éviter cette formule. Commença alors une

véritable course contre la montre pour sauvegarder à

vie l’Ordre.

Dans ces heures incertaines de l’interrègne, relevons

les interventions pleines de sagesse de M. Joseph Michaud,

convaincu du maintien de la Confrérie, de M.

Henri Imesch au nom des négociants en vins apportant

son soutien au Conseil et quelques solutions pour

l’avenir et enfin celles extrêmement fermes du Président

de la Fondation du Château de Villa: Elie Zwissig.

Grâce à ce trio, grâce aux relations du Majordome avec

les autorités cantonales, Conseil d’Etat, des partis,

grâce surtout à l’appui total d’anonymes fermement

décidés à éviter le naufrage, une solution appropriée

fut trouvée, à savoir de confier les pleins pouvoirs au

Chancelier Donnet pour découvrir le sauveteur, établir

un programme susceptible d’être réalisé, trouver

le futur financement de telle sorte que la personnalité

qui reprendrait les rênes sache sur qui et sur quoi elle

pouvait compter. Un certain apaisement se fit immédiatement

sentir. Des appuis jusqu’alors inconnus se

manifestèrent. C’est dans un climat serein que tout

fut préparé pour permettre à l’assemblée générale du

27 juin 1964, à Martigny, d’entériner l’ordre du jour: la

nomination du Procureur, le programme d’action, les

nominations statutaires, la ratification des nouvelles

candidatures.

La vue de l’ivrogne

est la meilleure leçon de sobriété.

(dicton grec)

Minutieusement préparé et ciselé, c’est dans une

sorte de travail de bénédictin que le Chancelier

Donnet organisa ces assises déterminantes de

34


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

l’Ordre. Il avait su envisager la réorganisation de l’Ordre

avec les exigences de l’époque, ceci pour en faire

un instrument plus adapté aux besoins. De plus, le

Procureur nouveau, un homme d’ouverture, accepta

ce mandat: le Dr. René Deslarzes, solide Bagnard,

très connu dans le monde médical romand,

un généreux de coeur et d’esprit,

ami de tous. Présenté avec humour

par le nouveau Chapelain, l’Abbé

Georges Crettol releva les mérites de

ce praticien réputé, se mettant à disposition

des sportifs. A ses qualités il

ajouta celle, entre autres, de présider

la solide Société des médecins suisses

amis du bon vin.

Le temps passé n’effacera jamais dans nos esprits ce

que nous avons vécu et ressenti en 1963-1964, ni l’immense

gratitude professée à l’égard d’André Donnet et

Georges Crettol auteurs du renouveau 1964.

La crise était résolue. Joie et plaisir

partagés par le nouveau Conseil.

Le 3e Métral, M. Jean Cleusix, remplaça

le Président Morand. Tous les

le Dr. René Deslarzes et Guy Zwissig

Officiers élus en 1957 acceptèrent de

continuer à oeuvrer avec le nouveau Procureur.

Selon le «Petit Robert», le jabot est un

ornement de dentelle, de mousseline,

attaché à la base du col d’une

chemise, d’une blouse, et qui s’étale

sur la poitrine. Celui des officiers de

l’Ordre est en en coton et en soie de

couleur blanche. Tout en fines dentelles,

il témoigne de la compétence des

brodeurs de Saint-Gall.

Saviez-vous que...

35


L’épopée Deslarzes:

27 juin 1964 -

27 novembre 1970

C’est sous d’excellents auspices que commença l’ère

du chaleureux Dr. Deslarzes. Doté d’Officiers confirmés,

efficaces, jamais il ne se prévalut de ses titres

pour imposer ses idées. Au contraire, homme de

consensus, il tenait lors de chaque séance à ce que

chacun témoigne et apporte son avis.

L’assemblée de Martigny ayant ratifié certaines propositions,

le Conseil décida d’y donner suite immédiatement.

Le Majordome, dès la première séance à Diolly, avait

préconisé comme une condition «sine qua non» de

Lait sur vin est venin.

Vin sur lait est souhait.

doter le Conseil d’une tenue d’apparat. Aussi proposa-t-il

que M. Albert de Wolff, conservateur des musées,

envisage quels habits seraient appropriés. Ce

dernier procéda à diverses recherches. Il admit qu’il

convenait que l’habit choisi soit en rapport direct avec

l’histoire valaisanne. C’est ainsi que le Conseil accepta

de porter la même tenue que les députés valaisans en

1815 quand ils sollicitèrent l’entrée du Valais dans la

Confédération. Il s’agissait d’un habit noir avec redingote,

culotte d’époque, veste-gilet, lavallière, le tout

constituant un ensemble harmonieux.

Le Procureur s’occupa ensuite des relations avec

l’OPAV. Des conceptions diverses se manifesteront.

Aucun accord de principe ne fut envisagé, sinon l’octroi

d’un subside annuel.

Il fut décidé d’une refonte totale des statuts (Charte)

en particulier sur les buts à atteindre, notamment à

s’intéresser à tout effort national ou international relatif

à la vigne et au vin.

D’emblée une idée s’imposa d’étendre les cérémonies:

à savoir à l’extérieur du Valais et de la Suisse,

de vulgariser ce qui se passait dans le pays

36


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

du Rhône. Cette formule allait trouver sa raison d’être

lors des 10 ans de la fondation de la Confrérie.

Jusqu’à cette date, tous les chapitres se tenaient en

Valais, que ce soit celui du printemps ou de l’automne.

C’est ainsi qu’un chapitre haut en couleur allait dérouler

ses fastes à Brigue, au Château Stockalper, le

21 novembre 1964 où, surprise, le Conseil se présentait

pour la première fois en tenue d’apparat.

Une pléiade de personnalités honorait de leur présence

cette cérémonie émouvante dans l’enceinte du

château. Proclamation de nouveaux Officiers d’Honneur

avec le concours de l’Oberwalliser Volksliederchor.

Une belle journée s’inscrivait au livre d’or.

Il convient aussi de préciser qu’à chaque chapitre

d’automne on continuait à présenter un Propos de

l’Ordre.

1965: Nous sommes heureux et flattés d’accueillir

une grande dame, Hanny Favre, première Chevalier

d’Honneur. Elle le mérita et elle nous permit d’associer

enfin et à juste titre la «gent» féminine à nos activités.

37

Ovronnaz, Sion à l’occasion du 150e anniversaire de

l’entrée du Valais dans la Confédération, Chandolin,

Sierre, Venthône constituent les étapes des chapitres

des années 1965 au printemps 1967.

10ème anniversaire

C’est à l’occasion de son Xème anniversaire que l’Ordre

de la Channe fit son

baptême européen sous la

houlette joyeuse d’un Procureur

en verve, heureux

d’innover. Il fallait avoir un

Conseil de choc pour réaliser

ce qui fut appelé: «Les

Cheminements vineux du

Xème chapitre de l’Ordre

de la Channe, du 24 au 26

novembre».

Détaillons plutôt: 7 confréries,

et non des moindres

réunies sous le haut pa-

La production valaisanne de vins atteint

les 40-45 millions de litres ce qui

représente le tiers de la production

suisse qui, en moyenne, s’élève à 110-

120 millions de litres. Il est à noter

que cette production indigène couvre

moins de la moitié de la consommation

de vins dans notre pays (280

millions de litres soit 39 litres par personne:

une moyenne honteuse pour

un Valaisan).

Saviez-vous que...


Chapitre du dixième anniversaire à

Sierre 1967: les officiers d’honneur

Walter Schoechli, M. Hohn de la Division

de l’agriculture, Elie Zwissig,

Charles Zimmermann et John Mounir

au cortège.

tronage de M. Paul Chaudet, ancien président de la

Confédération, soit

1. l’illustre Commanderie de Champagne de l’Ordre

des Coteaux, Reims

2. la Confrérie des Chevaliers du «Sacavin» d’Anjou,

une des plus anciennes ambassadrices du vin

3. les Connétables de Guyenne, Bordeaux

4. la Confrérie de St-Etienne, Colmar, Alsace

5. la Grolla Valdotaine d’Aoste

6. la Confrérie du Guillon, Vaud

7. la Compagnie des Vignolants du vignoble neuchâtelois.

Offre alléchante que celle qui leur avait été communiquée,

à savoir:

Le vin fait beaucoup de bien aux femmes,

surtout quand ce sont des hommes qui le boivent.

(dicton bourguignon)

Vendredi: - réception à l’Hôtel de Ville Sierre

- visite de la cave de M. Imesch, président des négociants

en vins

- Disnée en Gentilhommière de Villa

avec le Conseil de Fondation du château

Samedi: Grand Chapitre de St-Théodule, patron des

vignerons

Cérémonie grandiose au Casino de Sierre, échange

d’aimables propos - péroraison magistrale du Procureur

-intronisations, souhaits officiels et retour à

l’Hôtel de Ville cortège mené par la royale Clique des

Tambours et Clairons Sierrois et la Gérondine, où se

déroule, selon une ordonnance digne d’une cour royale,

un fameux repas de chasse, le tout accompagné

par les Chanteurs de l’Ordre, ensemble vocal costumé

en vigneron, créé spécialement pour cet anniversaire

grâce à Monseigneur le Chapelain.

On vécut une ambiance nouvelle, européenne, chaleureuse,

humaine et, ce jour-là, se créèrent des

amitiés spontanées qui ont perduré.

Le lendemain, les rescapés des libations du Manoir,

des caves Imesch, du Carnotzet de l’Hôtel de

38


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Ville partent à la découverte du Val d’Anniviers. Etape:

St-Luc. Exceptionnelle réception de la population et

honneur pour les invités par la réception dans les salles

de la bourgeoisie et ce fait rarissime de pouvoir

déguster le Glacier au tonneau de l’Evêque.

Fêtes inoubliables. La Confrérie de suivre allègrement

le chemin du succès avec une étape de renouveau,

le 7 décembre 1968, à Genève, au restaurant de

l’Aéroport. Le Procureur dirige avec maestria le Chapitre

de l’Escalade. Une femme d’exception patronne

cette festivité: Mme Lise Girardin, Maire de Genève,

accompagnée des Conseillers nationaux Revaclier et

Carruzzo.

Autres faits marquants à relever:

- le chapitre rhodanien à Martigny, ouverture vers la

France.

- Dans un hommage de coeur, le sélect chapitre Vaud-

Valais, en pays d’Agaune et en terre spirituelle de la

royale Abbaye de St-Maurice.

- Le 19 octobre fraternisent ainsi à l’entrée du Valais,

à quelques kilomètres du Château de Chillon, centre

de la confrérie du Guillon, les Conseils d’Etat et

Grands Conseils Vaud-Valais, sous la bénédiction de

l’inoubliable Monseigneur Séverin Haller, Evêque de

Bethléem et Abbé de St-Maurice.

Ce samedi 19 octobre 1968, le Guillon et l’Ordre de la

Channe scellent à jamais un pacte d’amitié qui subsiste

encore.

Journée où on loua le vin, où fut souvent exaltée la

spiritualité de ce chapitre qui déroula ses fastes dans

l’Abbaye proprement dite après que les participants se

soient arrêtés à la maison

historique de la Pierre.

Les participants bénéficièrent,

sous la houlette

de l’historien réputé, le

Chanoine Dupont-Lachenal,

d’une visite complète

du trésor de l’Abbaye, une

véritable richesse, tandis

qu’en Abbatiale, avec ravissement,

il fut exécuté

un concert d’orgue sous

la direction du Chanoine

Atanasiades. L’artiste Mo-

Quel que soit son grade, chaque membre

de l’Ordre a été obligatoirement

adoubé. Ce terme «adoubé» provient

de «dubban» ( frapper) parce que, il

y a quelque mille ans, le futur chevalier

recevait de son parrain un coup

sur la nuque. Voilà la raison pour

laquelle le Procureur, dans un geste

symbolique, «frappe» le nouvel adhérent

avec un cep de vigne.

Saviez-vous que...

39


end, de St-Maurice, présenta de façon élégante le

programme de cette journée.

St-Gall, Sierre, Loèche-les-Bains, Brigue, Martigny

et Zurich attestent de la diversité des villes choisies

par le Conseil. On constate que la Suisse allemande

figure avec des cités sélectionnées et historiques.

Il faut encore signaler que dans le cadre des manifestations

des vins du Valais à Martigny, plusieurs

confréries eurent l’occasion de fraterniser. Elles se

rencontrèrent à Martigny, à Sion, ou à Sierre.

Années riches d’expériences où le Procureur Deslarzes,

avec une fermeté de bon aloi, réalise le programme

de l’implantation définitive de l’Ordre de la

Channe dans le paysage valaisan.

Le vin entre et la raison sort.

Sur le plan strictement culturel s’est concrétisé le

projet du Chancelier, celui d’offrir à chaque chapitre

un programme dessiné par un artiste valaisan.

C’est un véritable régal qui est offert aux membres.

Nombreux sont d’ailleurs ceux qui recherchent les

premiers programmes illustrés de l’époque Joseph

Gautschi, Christiane Zufferey, Albert Chavaz, Jean-

Claude Rouiller, Charles Menge, Alfred Wicky, Léo

Andenmatten, Robert Weissenbach, Jean Rouvinet,

Werner Zurbriggen. Etonnante panoplie qui permet à

l’artiste, au gré de sa fantaisie, de représenter le vin et

la vigne sous des aspects les plus inédits.

Par ailleurs, la parution des «Propos de l’Ordre» continue

son rythme annuel et commence à constituer une

intéressante source littéraire.

Le port de l’habit seyant apporte une note joyeuse.

Création du groupe

des Chanteurs de l’Ordre

de la Channe

Pour clore cette énumération

d’innovations,

relevons avec

plaisir la création de

Les Gais Chanteurs en 1972

40


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

l’Ordre des Chanteurs de l’Ordre de la Channe que Mgr

Crettol réussit à réunir. Sous sa direction des chants

bachiques nouveaux sont créés notamment celui de

St-Théodule. Une gamme inédite de chansons est

offerte aux amis à chaque chapitre. Leur existence

est officiellement avalisée par des statuts adoptés le

24 avril 1970. L’avenir confirmera la valeur et surtout

l’utilité de la présence désormais inséparable du bon

déroulement des manifestations.

Malgré toutes les créations évoquées, initiatives inédites,

ce qui a permis à l’Ordre de trouver sa plénitude,

c’est la réforme totale de la Charte.

On se souvient que dès la première séance de l’Ordre

à Diolly, le Majordome Guy Zwissig guerroie avec le

Dr. Donnet pour convaincre le Dr. Wuilloud qu’il est

impossible de se fonder sur la Charte pour justifier la

réalité de l’Ordre. Peine perdue. Aussi, dans le programme

que le nouveau Procureur avait envisagé, ce

sujet était un principal souci.

Au début 1965 une commission composée du Procureur,

du Majordome et du Chancelier commencèrent

ce travail de bénédictin pour trouver les articles

conformes à l’activité de l’Ordre de la Channe.

Après moult séances, un premier projet fut esquissé,

étudié par le Conseil, modifié. Une seconde mouture

acceptée par le Conseil permit, en date du 9 juin 1965,

de soumettre à chaque membre de l’Ordre la nouvelle

Charte avec possibilité de proposer des modifications

ou de présenter de nouvelles propositions.

Cette façon très démocratique d’agir créa un intérêt et

nombreuses furent les propositions.

Epurés, les statuts furent

soumis à l’assemblée générale

du 26 juin 1965 et

adoptés dans leur ensemble.

Avec une vive satisfaction,

pendant cette nouvelle période,

toute l’activité administrative

de l’Ordre est

assurée par Mlle Suzanne

Brun, secrétaire des cafe-

Deux sites, la maison Zumhofen à

Salquenen (Salgesch) et le château de

Villa à Sierre, reliés par le sentier viticole,

parcours découverte à travers

le vignoble, accueillent le Musée Valaisan

de la Vigne et du Vin. A Salquenen,

le Musée présente son volet viticole:

travaux, vignerons, production

intégrée, connaissance et travail du

sol, vendanges placées sous le regard

de St-Théodule.

Saviez-vous que...

41


tiers-restaurateurs valaisans. C’est une personnalité

de premier plan qui a mis au service de l’Ordre ses

compétences, son vaste savoir et surtout une rare

disponibilité à rendre service, précieuse auxiliaire du

Procureur. Elle sut garder sa personnalité et l’imposer

en temps utile. Une victoire du féminisme. Le

Conseil la proclama Châtelaine.

Au cours de l’année 1970, le Procureur Deslarzes,

surchargé de travail, devant l’ampleur prise par l’activité

exigeante de la Confrérie, soucieux de ne pas

pouvoir accorder tout le temps qu’il voulait à la direction,

estima devoir faire part au Conseil qu’il désirait

se retirer. Avec regret le Conseil ne put que donner

suite à cette demande et il fut décidé qu’un hommage

officiel lui serait rendu à Sierre.

le vin est bon qui en prend par raison.

A la fin de ce mandat parfaitement exécuté, nous devions

constater avec plaisir

1. le rôle essentiel que jouaient désormais les Vidômes

2. la commission de dégustation des vins

En ce qui concerne les Vidômes, nous nous référons

aux explications de l’Epistolier Fernand Schalbetter

qui, dans l’excellente parution du « Chevalier » indique

ce qui suit:

Le substantif « Vidôme » ne figure dans aucun dictionnaire.

Il s’agit, en effet, d’une altération du vocable

« vidame » qui, selon Flammarion, provient du

latin médiéval vice-dominus qui signifie « lieutenant

du prince ». Il s’agit, en fait, du titre de l’Officier qui

représentait l’évêque dans l’administration de la justice

temporelle et le commandement des troupes à

l’époque moderne, le titre de vidame est intégré à la

hiérarchie nobiliaire et considéré comme équivalent à

celui de vicomte.

A l’Ordre de la Channe, le vidame, devenu vidôme (ou

encore vidome et vidomne), a perdu ses fonctions

premières pour endosser celle de représentant de la

Confrérie dans sa région.

Nous tenons à rappeler les sept premiers Vidômes

de l’époque, à

savoir:

42


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

le Vidôme de Paris, Pierre Androuet, qui fut aussi Officier

du Conseil, grand écrivain spécialiste de tous les

fromages

le Vidôme de Milan, Primo Lavizzari, industriel

le Vidôme de Frigourg, Gilbert Montani, hôtelier

le Vidôme de Genève, Gaston Bochaud, restaurateur

le Vidôme du Tessin, Luigi Bosia, journaliste spécialisé

en matière gastronomique et bachique

le Vidôme de Zurich, Werner Zimmermann, administrateur

le Vidôme de Bâle, Dominique Benone, entrepreneur

le Vidôme de Vaud, Jean-Paul Zuber, administrateur

Nous sommes heureux, dans cette plaquette, de rappeler

leur précieuse collaboration et de les remercier

d’avoir su, avec compétence et intelligence, représenter

l’Ordre dans les secteurs qui leur avaient été attribués.

2. La commission de dégustation des vins fut une

création bienvenue car, sous l’impulsion de l’excellent

et sympathique Hubert de Wolff, oenologue réputé,

elle permit de sélectionner avec soin les divers

nectars qui furent présentés pendant des années

dans les chapitres de l’Ordre. Hubert de Wolf était un

homme de classe. Il avait un esprit de diplomate avisé

et, grâce à lui, l’Ordre n’a jamais eu un problème quelconque

dans cette délicate mission de trouver les vins

adéquats.

Pour mémoire, rappelons aussi la fierté avec laquelle

nous avons été conviés à participer aux fêtes de Genève

qui étaient notre première sortie à l’époque. Par

la suite, nous pouvons nous féliciter d’avoir été comblés

en étant les invités de choix et d’honneur de la

Fête des Vendanges à Neuchâtel

et surtout à l’inoubliable

Fête des Vignerons

à Vevey.

Le billet du Troubadour

Et Dieu créa la femme... Il

en fallait bien une dans ce

monde de machos!

La Channe n’était pas

différente des autres

Confréries... Les hommes

trônaient en maîtres et

seigneurs. Femmes inter-

Coupé sur mesure dans du tissu satin

brillant, la couleur du gilet reflète la

personnalité de chaque Officier de

l’Ordre. Certains l’harmonisent avec

la couleur de leurs yeux, d’autres le

veulent reflet de leurs opinions politiques,

d’autres encore choisissent une

couleur qui affine la silhouette....coquetterie

quand tu nous tiens!

Saviez-vous que...

43


dites. Femmes exclues... Les confréries bachiques

étaient strictement le rendez-vous des hommes, jusqu’au

jour où... une porte s’ouvrit légèrement. Et là,

il faut reconnaître que la Channe fut pionnière. Déjà

en 1965, Suzanne Brun fit son entrée en tant que Châtelaine.

Elle y resta 25 ans et son travail fut des plus

efficaces. On en retrouve des traces à ce jour dans

la plaquette que l’Ordre publie pour son jubilé. Les

premiers documents de la fondation de la Channe ont

été soigneusement répertoriés et classés. On les a

retrouvés intacts 50 ans après. Merci Suzanne!

Sur la pointe des pieds... et sur les interventions du

Procureur de l’époque, Guy Zwissig, je fis à mon tour

partie de ce Conseil formé d’Officiers... du genre

masculin. J’y ai trouvé une ambiance faite d’égards

et d’amitié! Ils ont été «super» tous ces hommes que

j’ai côtoyés. Même si j’en ai vu défiler un grand nombre,

tous m’ont laissé un merveilleux souvenir! Je

pouvais, grâce à mon sens artistique, apporter cette

Le vin est le lait des vieillards.

pierre précieuse à l’édifice. J’avais aussi la plume facile.

Vingt ans de Grenier de Borsuat (Revue sierroise)

m’avaient familiarisée avec l’humour et la poésie satirique...

Et il y avait les costumes... Habiller ces «Officiers» à la

rigueur d’un costume historique... une prouesse pas

évidente! J’ai abouti à la Rue du Mail - chez «Février»

- le fournisseur officiel du Lido, du Moulin Rouge et

des casinos de Las Vegas - pour acheter les plumes

d’autruche qui flottent sur les chapeaux des Officiers.

Un jour que je me trouvais à Paris pour choisir

une plume verte, un casino de Las Vegas téléphonait

pour commander 5’000 plumes d’une couleur, 5’000

plumes d’une autre... ce qui me prouvait que c’était

par gentillesse qu’on me livrait les rutilantes plumes

d’autruche... Les jabots en dentelle proviennent,

bien entendu, de Saint-Gall alors que le costume est

confectionné sur mesure à Sierre. Les redingotes

sont une fidèle reproduction du célèbre tableau qui

décore la salle du Grand Conseil et qui représente les

bourgeois de Sion à la diète fédérale de Zurich où

ils se rendirent en 1815 pour demander l’entrée du

Valais dans la Confédération.

Si, pour moi, fêter les 50 ans de la Channe est un

bonheur partagé avec tous les Officiers, je n’oublie

44


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

pas ceux pour qui mon coeur a gardé un précieux

souvenir. Je veux parler, bien sûr, de mes Procureurs

René Deslarzes, Albert Rouvinet, Gérard Follonier qui

sont partis pour trinquer ensemble dans un monde

que l’on dit «meilleur». On ne les oublie pas car c’est

aussi grâce à eux que la Channe est aujourd’hui une

alerte quinquagénaire. Et je souhaite qu’il y ait toujours

cette flamme joyeuse pour fêter les 100 ans...

Bon vent! ... aux suivants. Et merci à tous ceux du présent.

Le Troubadour Cilette Faust

Les Propos

de l’Ordre de la

Channe

1964: Ustensiles de bois en usage dans le district de

Sierre pour les travaux de la vigne et du vin. (Elie Zwissig).

1965: Krameriania ou Libres variations sur les vins valaisans.

(Alfred Kramer).

1966: Comment vivait, en son temps, une communauté

valaisanne de vignerons. (Zacharie Balet).

1967: Les Bedjuis et leurs vignes au début du XXe siècle.

(Denis Favre-Fournier).

1968: Au vignoble de Plan-Cerisier avec ses forains,

les Salvanins notamment, jusque dans le deuxième

tiers du XXe siècle. (Maurice Coquoz).

1969: Dans les vignes et les caves bourgeoisiales du

dizain ou district de Sierre. (Léon Monnier).

1970: Des Sédunois: une approche des activités intellectuelles

et didactiques des Messieurs de Sion en

faveur de la viticulture (1879-1946).

45


Ere Zwissig:

28 novembre 1970 -

20 septembre 1976

C’est dans un esprit de saine convivialité, avec une décision

commune du Conseil, dans une parfaite identité

de vue que la démission de l’ancien Procureur et

la désignation du nouveau responsable de l’Ordre de

la Channe se réalisa. Une cérémonie de haute gamme

et un chapitre d’apparat, le 28 novembre 1970 à

Sierre scella, de la plus heureuse des manières, ces

instants de fervente fraternité.

Le Conseil avait tenu que soit remercié officiellement

le Procureur Deslarzes pour l’apport effectif qui avait

été le sien à l’Ordre. Avec distinction, clairvoyance

et fermeté, il sut tracer le chemin de l’avenir. Par

Le vin est nécessaire,

Dieu ne le défend pas,

sinon il eût fait la vendange amère.

(dicton angevin)

ailleurs les Officiers désiraient témoigner leur profond

attachement au nouveau Procureur, fondateur

chevronné, et au Majordome qui avait en temps utile

été parmi ceux qui avaient sauvé l’institution.

C’est en salle fleurie du Casino, en grande tenue, que

le Conseil avait convié les plus hautes autorités, les

confréries amies à assister à un festival oratoire où

Mgr le Chapelain et leurs Excellences les Procureurs

firent assaut de courtoises civilités.

De l’hommage vibrant de gratitude que prononça cet

illustre homme de Dieu retenons:

Souvenez-vous en, vous les aînés, l’Ordre hésitait, stationnait,

piétinait, cherchait sa forme et sa direction.

Il était - si vous me passez cette comparaison - comme

un bel enfant qui est au berceau mais qui, au désespoir

de ses parents, ne prospère pas...

Ou, si vous aimez mieux, il était comme la chrysalide

qui se débat dans l’obscurité du sol, tente de secouer

sa carapace qui l’alourdit et l’aveugle, pour

pouvoir enfin gagner l’immense joie de l’été en

fleurs.

Notre ami Deslarzes fut l’artisan qui permit la

46


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

métamorphose merveilleuse.

Le papillon put enfin faire éclater la carapace qui le

tenait prisonnier, prendre son vol et de ses ailes fantastiquement

belles tracer dans l’azur les plus éclatantes

arabesques.

C’est grâce à notre ami Deslarzes que l’Ordre put enfin

prendre l’essor et l’épanouissement auxquels il

méritait d’être promu.

Les autorités de la Rome Antique, quand elles voulaient

honorer spécialement un bon serviteur de la

République, proclamaient: Bene meritus es de Patria.

Tu as bien mérité de ta Patrie...

Docteur Deslarzes, Procureur charmant et combien

aimable, TOI tu as bien mérité de l’Ordre de la Channe,

de la vigne et du vin, et donc de notre bonne terre valaisanne.

Officiers, Chevaliers, acclamons-le de toutes nos forces!

Emu, en termes choisis et délicats, le Dr. René sut

trouver les mots:

Je suis confus et ne sais comment exprimer ma reconnaissance

à mon ami le Chapelain, Monseigneur

Crettol. Je constate une fois encore que c’est généralement

au moment de quitter une charge qu’on reçoit

le plus de louanges. On a souvent l’impression que

l’adage «Ote-toi pour que je m’y mette» soit vrai. Cependant,

j’ose croire qu’il y a des exceptions et pour

une fois je suis persuadé que c’est le cas.

Lorsque j’ai accepté cette lourde charge nous n’avions

qu’une assemblée générale au printemps et un chapitre

d’automne, une fois les vendanges terminées.

Actuellement les manifestations ont quadruplé, si ce

n’est quintuplé, car outre nos deux chapitres, printemps

et automne, il y a

deux chapitres extérieurs

et il y a également les représentations

auprès des

Confréries vineuses amies.

Dans ces conditions il ne

m’est plus possible d’assumer

ma charge comme

je le voudrais et il n’est que

juste que je donne ma démission

en vous priant de

bien vouloir l’accepter.

L’Ordre de la Channe a eu

un essor merveilleux durant

ces dernières années,

La pièce maîtresse du costume des

Officiers de l’Ordre est la redingote

taillée sur mesure dans du drap noir

épais en pure laine. Il en va de même

pour le pantalon s’arrêtant au genou

et laissant admirer un mollet plus ou

moins sportif ou galbé.

Les dames officiers revêtent une

seyante cape en lainage et coton noir,

doublée de satin rouge.

Saviez-vous que...

47


et il occupe actuellement une situation enviable au

sein de nos confréries bachiques. Ce n’est pas, il va

sans dire, uniquement dû au seul mérite et au savoirfaire

de votre Procureur.

Et de terminer sous de chaleureux applaudissements:

Merci à tous les grands Officiers, Officiers et Chevaliers

pour votre compréhension et votre soutien.

Que l’Ordre de la Channe vive encore de nombreuses

années de prospérité et qu’il continue à réunir des

gens de bonne compagnie pour chanter et faire apprécier

ce grand nectar qu’est le vin.

Dans une atmosphère de fête le cérémonial se poursuit.

Une nouvelle fois, le Chapelain s’adresse de manière

rabelaisienne à l’assemblée en traçant le profil

du nouvel élu, une présentation que la presse s’empressa

de relever et de citer:

Le vin pour boire, l’eau pour se raser.

Lisons ce texte d’anthologie:

Votre Chapelain, une nouvelle fois est à la tâche, de

par la volonté du Conseil de l’Ordre. Il est chargé de la

redoutable mission de vous décliner les qualités que

doit incarner qui veut accéder à la dignité suprême de

notre Ordre.

Le prétendant doit posséder le format physique digne

de l’emploi. Il doit être beau comme une statut

antique de la Pinacothèque de Rome. Il doit être séduisant

comme le dieu Dyonisos avec évidemment la

jovialité de Bacchus.

Il doit être pacifique et robuste. En lui doivent cohabiter

la bénignité et la paix dont parle le Psalmiste:

benignitas et pax osculatae sunt..., la bénignité et la

paix vivent dans un embrasement perpétuel et amoureux.

Et comme il s’agit de présider aux destinées d’un

Ordre vineux, il doit être pétillant d’esprit et capiteux

comme une suave Malvoisie de notre bonne

terre sierroise, paradis des Pinots gris et noirs. Il

doit n’avoir d’égal que le Pinot noir rutilant dont

48


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

la prestance s’apparente à la fastueuse

majesté d’un duc de Bourgogne.

Il doit avoir reçu en partage les dons de la

joie, de la jovialité, de la bonne humeur,

de la finesse et de l’esprit.

le Procureur Guy Zwissig

Permettez-moi seulement de vous dire,

parce que vous l’ignorez probablement,

que si les membres de notre Conseil portent

aujourd’hui de fastueux vêtements

qui font l’admiration de tous nos chapitres,

c’est surtout à Me Zwissig qu’on le

doit.

Il doit avoir été formé à l’école du grand Rabelais,

l’incomparable maître es-sciences vineuses et avoir,

comme lui, la fécondité du verbe et la chaleur du vin.

et de conclure:

Le Conseil de l’Ordre possède en son sein un Officier

qui réunit, à un degré éminent, les qualités que je

viens de célébrer et donc capable de faire un Procureur

de haute classe.

C’est presque une offense de vous dire qu’il s’agit de

Maître Guy Zwissig, avocat et notaire, quelquefois occupé

de politique ou de défense civile!

Vous l’avez vu tant de fois à l’oeuvre. Son intense activité

comme Majordome est connue de vous tous. Inutile

donc d’en dresser le bilan devant vous.

C’est lui qui, à temps et contretemps, a plaidé la cause

du costume. Il a eu finalement

gain de cause. Après

quoi, soin a été laissé à M.

Albert de Wolff, conservateur

de nos musées cantonaux,

de ressusciter, pour

le joie de tous, les beaux

costumes des autorités valaisannes

du siècle passé.

Sous des dehors pleins de

jovialité charmante bout en

Me Zwissig l’ardeur juvénile

d’un tempérament aussi

heureux que fougueux.

Selon la légende, Théodule, premier

évêque et saint protecteur des vignerons

du Valais, pressa une grappe de

raisin bien mûre sur des tonneaux vides

et, d’un signe de croix, les remplit

de vin généreux.

Saviez-vous que...

49


Son passé à l’Ordre de la Channe est garant de son

avenir!

Aussi le Conseil unanime de l’Ordre vous propose-t-il

de l’acclamer comme nouveau Procureur!

L’assemblée debout salue, les chanteurs entonnent

le St-Théodule, le nouvel élu est sacré Procureur.

Une nouvelle époque s’ouvre pour la Confrérie dont la

nouvelle composition du Conseil comporte:

- Procureur, Me Guy Zwissig

- Majordome, M. Henri Imesch

- Chapelain, Monseigneur Georges Crettol

- Sénéchal, M. Carlo Giorla

- Chambellan, M. Albert de Wolff

- Chancelier, M. Jean Nicollier

- Métral, M. Gérard Follonier

- Officier de bouche, M. Henri Arnold

Le vin tue plus de gens que n’en guérit le médecin:

injure de vin aisément s’oublie.

- Conseiller, M. Alfred Kramer

- Châtelaine, Mlle Suzanne Brun

- Sautiers, M. Walter Bührer, M. Albert Frossard

- Officier Chambellan, M. Pierre Franzetti

- Clavendier, M. Antoine Venetz

- Epistolier, M. Robert Clivaz

- Amphitryon, Dr. Charles Bessero

- Chartiste, M. Elie Zwissig.

Les membres suivants forment les Chanteurs de l’Ordre

de la Channe:

Marco Bérard, Julot Felley, Léon Mabillard

Henri Buchard , Albert Frossard, Maurice Martin,

Innocent Buchard, Cyrille Gaillard, Michel Moren, Michel

Coppey, Guy Luisier, Jean Séverin

Musiciens: Théo Simons, accordéon, Jean Folly, batterie

Ils mettent leurs joies à chanter moult chansons vineuses

et bachiques pour susciter des coeurs en

fête.

L’organigramme suivant est adopté immédiatement

pour 1971:

50


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

1. Organisation des chapitres:

- les 19, 20 et 21 mars, Lutèce à l’heure du Valais,

Paris

- le 5 juin. Le chapitre des «Fendant», chapitre

de printemps sur le lac Léman

- le 20 juin. Chapitre en l’honneur de l’Association

Internationale des Editeurs de journaux au

château Stockalper à Brigue.

- le 11 septembre. Le Chapitre des Oignons au

Kursaal de Berne

- le 27 novembre. Le Chapitre des «Brantes» et

des «Bossettes» à Sierre

2. Mise au point avec l’OPAV de la collaboration et de

la représentation de l’Ordre de la Channe à l’extérieur

du Valais. Contrat à envisager.

3. Plan financier à réaliser avec l’appui de sponsors,

étant précisé que l’Ordre de la Channe conserve sa

liberté d’action totale. Recherches de formules permettant

d’alimenter les fonds limités de la confrérie.

4. Efforts à fournir pour la propagande, rapport avec

la Presse, Radio, TV, organes spécialisés à améliorer.

5. Enfin l’idée initiale du Procureur: sortir de Suisse

et oser présenter l’Ordre à l’étranger. Dans cette optique:

Paris, Milan, Nice.

6. Ouverture de la confrérie aux gentes dames et damoiselles.

Pour la première fois une Valaisanne, secrétaire

des cafetiers, restaurateurs valaisans, est

agréée au sein du Conseil, Mlle Suzanne Brun, une

véritable perle, notre Châtelaine.

Dans l’optique de l’amitié

entre les confréries,

après le magistral chapitre

Guillon-Ordre de la

Channe, un chapitre valaisan

de l’Amitié se déroula

à la Tour de Super-Crans

comportant la Commanderie

de l’Ordre international

des Anysetiers du Roi,

le Club des Ambassadeurs

du Valais romand et l’Ordre

de la Channe.

Les bas montants blancs sont le seul

accessoire dont la texture est laissée

au bon vouloir de l’officier: coton,

laine, polyester, soie, tout est bon

pour mettre en valeur des mollets

nerveux et peu charnus comme ceux

des coqs, ou des mollets très musclés

comme ceux des cyclistes (sans ajouts

de produits interdits).

Saviez-vous que...

51


le Dr. René Deslarzes et Guy Zwissig

Au moment où nous arrivons à cette relation, nous

sommes dans l’obligation de faire halte et en quelque

sorte de respirer. Les cheminements de la confrérie

se traduisent par une suite de succès. L’Ordre de la

Channe prend nom dans les grandes sociétés vineuses.

On commence à être sollicités de toute part,

comme hôtes ou invités d’honneur.

C’est donc dans une atmosphère d’époque glorieuse

de l’Ordre de la Channe que le Conseil ose lancer ce

défi dont on parlait en aparté: se présenter à Paris,

être les premiers ambassadeurs des vins du Valais

en terre gauloise, riches en vins de haute lignée et

réaliser cet exploit dans une sorte de mission diplomatique

historique.

A vrai dire, même les plus utopistes n’avaient oser

rêver pareille aventure. On n’aurait envisagé être capables

de conduire une confrérie complète au coeur

de Paris, dans son hôtel de Ville, d’être accueillis par

Les vignes et jolies femmes

sont difficiles à garder.

l’ambassadeur de Suisse et de pouvoir bénéficier de

l’appui spontané et généreux d’amis parisiens.

Ce fut le miracle du 19 mars 1971 à Paris.

Paris: 19 au 21 mars 1971

En son temps nous aurions dû avoir l’esprit visionnaire:

consigner dans un document officiel cette invasion

en terre lutécienne. Nous y aurions aujourd’hui

plaisir à découvrir comment, dans une étonnante fraternité,

on puisse vivre aussi intensément cette harmonieuse

idylle que furent les trois journées de mars

1971 entre Paris et le Valais. Tel n’est pas le cas. C’est

dans un succédané édulcoré que nous l’insérons dans

ce document, désireux que l’on n’oublie jamais cette

ardeur généreuse d’un Ordre en plein essor, qui savait

vivre à l’européenne, notion inconnue à l’époque.

Le mérite de la réussite des heures parisiennes, de

l’hôtel de Ville, de l’ambassade de Suisse, de la

Maison du Valais, de la mairie du XVIIIe arrondissement

de la république libre de Montmartre, de

l’hôtel Meurice, des grandes heures versaillaises,

des découvertes du fameux restaurant La Bonne

52


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Franquette. Ce mérite nous le devons aussi au Consul

suisse à Paris de l’époque: Marcel Guléat, jurassien,

un amoureux inconditionnel du Valais, un organisateur

né, exceptionnel dans ses activités, précis dans

le programme choisi, capable de dominer toutes situations

scabreuses.

Par un matin frisquet de la St-Joseph débarquent en

gare de Lyon les membres et sympathisants de l’Ordre

de la Channe. La délégation officielle est conduite

par le Conseiller d’Etat et Conseiller aux Etats Marius

Lampert, accompagné du Colonel Georges Roux à titre

militaire, de M. Albert Biollaz, vice-président de

l’OPAV et président de l’Union des négociants en vins.

Ce trio constitue la délégation officielle valaisanne accompagnant

le Conseil de l’Ordre et ses Officiers.

53

Immédiatement le regroupement est opéré dans les

divers hôtels où chacun se prépare à assister à la première

manifestation prévue: la réception à l’hôtel de

Ville.

A 10 h 30, flanqués d’huissiers, officiels et dignitaires

sont conduits dans le grand salon de réception, rutilant

d’ors et de couleurs, où première surprise, c’est

le syndic de Paris lui-même qui a tenu avec le viceprésident

de la ville de Paris à saluer officiellement

la délégation, étant naturellement entouré de nombreuses

personnalités du monde politique, littéraire.

Il souligne le fait exceptionnel d’accueillir des invités

dans une salle réservée à l’usage des rois, empereurs,

chefs d’Etat.

La presse (Figaro, Liberté, Dauphiné Libéré) relatant

cette visite inaccoutumée d’une confrérie, tint à relever

les propos du Procureur, en particulier ce qui suit:

Nous mesurons l’insigne

privilège réservé par la

Ville de Paris qui nous reçoit

en cet hôtel construit il

y a à peu près 100 ans sur

l’illustre place de Grève. Si

nous résumions son histoire,

ce serait certainement

non seulement résumer

l’histoire de Paris,

mais aussi celle de votre

nation.

Ainsi donc, dans cette maison

historique où en 1246

Depuis 2004, les vignerons-encaveurs

du Valais ont mis sur pied «La Charte

Saint-Théodule» qui a pour but de

valoriser, promouvoir et défendre les

produits de qualité. Par sa signature,

le vigneron-encaveur s’engage à appliquer

la déontologie de la Charte

pour l’intégralité de sa production et

s’engage en faveur d’une viticulture

respectueuse de l’environnement.

Le vigneron-encaveur a également

l’obligation de respecter les limitations

de rendement, d’élaborer des

Saviez-vous que...


L’Ordre de la Channe à Paris: Toni Venetz,Jean Nicollier,

Henri Imesch, Marcel Guelat, Guy Zwissig

Saint-Louis créa la première institution municipale,

où les bourgeois élirent leurs premiers représentants,

les échevins, dont le chef était le prévôt, vous

nous accueillez exceptionnellement, nous ceux de

l’Ordre de la Channe, confrérie bachique du Valais.

Vous associez aujourd’hui non plus les marchands

d’eau, transporteurs ayant le monopole du trafic fluvial

sur la Seine, l’Oise, l’Yonne, qui avaient reçu de

Louis VII le Jeune leurs lettres de créance, mais bien

plus, vous recevez les représentants de ceux qui entendent

illustrer le vin et la vigne. Un parallèle peut

s’établir.

Nous nous voulons simples ambassadeurs des vertus

de l’enchantement que le vin apporte partout, de

On boira du lait

quand les vaches mangeront du raisin.

(dicton breton)

ce vin où se conjuguent parfums, couleurs et grâce

des saveurs.

Nous nous voulons aussi comme ceux qui relèvent de

l’inspiration du vigneron et par là de toute poésie de la

vigne. La patience de l’homme de la terre, la constance

qu’il témoigne jour après jour à regarder vivre sa

vigne, à palper le grain qui perce, à désherber, sulfater,

effeuiller, attacher, doit être dite.

Il protège ce lopin de terre qui tous les jours de l’année

provoque chez lui inquiétude et soucis jusqu’au

jour où, dans la joie des résonances du pressoir, le vin

nouveau coule.

Ce qui importe pour nos ordres bachiques, c’est de

penser que grâce au vin mûrit l’amitié, naît la joie. Le

rire éclate, le respect s’instaure, la discussion jaillit.

Heureux donc, ceux qui en cette époque de matérialisme,

de technocrates, savent retrouver cette philosophie

de la terre et réserver encore le temps pour

dire le vin et la vigne.

A l’ovation qui avait salué les propos présidentiels,

c’est un «Quel est ce pays merveilleux» et la Marseillaise

qui clôturèrent dignement cette partie

officielle.

54


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Programme serré! A 12 h 30 précises, son Excellence

Pierre Dupont et Madame, ambassadeur de Suisse,

offraient une généreuse hospitalité au Valais. S’étaient

joints aux membres M. Bonin, Président de la Fédération

internationale des confréries bachiques, M. Robert

Vernay, un Valaisan, président directeur général

de l’hôtel Meurice, M. Jean Thalman, président directeur

général de la Foire de Paris qui désirait engager

les Chanteurs de l’Ordre pour les manifestations, M. le

Commandeur Georges Prade de l’Ordre des Coteaux

de Champagne et, honneur évident, le Ministre d’Etat

M. Alain Peyrefitte.

C’est un magnifique hôtel qui abritait et l’Ambassade

et le Consulat, ancienne propriété du Baron Pierre-

Victor de Besenval bien en cour près de Marie-Antoinette.

Feux oratoires, entretiens savants, truffés de citations

latines et grecques, l’ambassadeur et le Procureur ont

puisé dans l’histoire les thèmes littéraires vineux. Retenons

au passage quelques propos du Procureur:

Nous vous savons gré Monsieur l’Ambassadeur et

55

Madame, d’avoir décelé que le vin représentait la victoire

de l’homme sur la rocaille, le mauvais temps, la

sécheresse, les maladies.

Considérant que l’eau suffit à la soif mais qu’elle ne

nourrit point l’âme, nous avons donc pensé que le vin

fait un don à l’esprit et au coeur des hommes.

Voilà très simplement le message que nous entendons

traduire dans la capitale de la France amie.

Enfants de Genève, vous apportez ici dans une grande

cité, l’esprit international

de la cité de Calvin. Votre

qualité d’Ambassadeur de

Suisse avec la présence

appréciée de votre épouse,

nous permet de vous dire

à tous deux que notre pays

par vous est bien servi,

mieux encore, qu’il est

grâce à vous mieux compris.

L’hymne national suisse,

le «Pays merveilleux», termine

ces instants de fra-

La très grande partie du vignoble valaisan

est cultivée selon les règles de

la «Production intégrée» (PI). Cette

technique ménage l’environnement

en n’autorisant notamment l’utilisation

des engrais minéraux et les produits

phytosanitaires (insecticides,

herbicides) qu’en quantités minimales.

Des contrôles sévères et réguliers

garantissent l’application stricte de

la PI.vins de qualité et de les soumettre

au contrôle d’une commission de

dégustation neutre.

Saviez-vous que...


ternité avec le bénéfice d’avoir constaté l’intérêt du

Gotha et des personnalités du monde économique,

social, touristique et viti-vinicole de Paris et de la

France pour notre Ordre.

Où pouvait-on mieux apprécier un déjeuner roboratif,

sinon à la «Maison du Valais», restaurant créé par

divers grands propriétaires de vins valaisans, à l’initiative

d’un homme de qualité et de compétence, M.

René Antille, administrateur.

Où l’hôtesse est belle, le vin est bon.

Fleuron de la journée: le chapitre de Lutèce à l’honneur

du Valais, chapitre tenu dans les salons des

«Tuileries de l’hôtel Meurice», selon un cérémonial

strict et qu’on pourrait intituler d’impérial.

A lire la liste des invités et des participants à cette

frairie, avec le recul du temps on reste rêveur à découvrir

les grands noms de la gentry parisienne présente,

des hommes députés, sénateurs, militaires,

PDG. Comment avait-on réussi à ce que l’élite intellectuelle

soit séante! Laissons exprimer l’immense

fierté qui fut la nôtre et oublier notre modestie pour

traduire notre satisfaction d’avoir réussi.

L’apéritif servi, fut ouvert solennellement le chapitre.

Moments inoubliables, émotion, larmes, militaires au

garde à vous, debout pour entonner la Marseillaise,

avec le choeur de nos chanteurs. Il faut avoir vécu ces

instants pour mieux comprendre que le Procureur en

ait eu la voix étranglée. Tout ce Paris distingué, élégant

applaudissant à tout rompre, refusant de s’asseoir,

bissant nos chanteurs. Dès l’ouverture la partie

était gagnée. Désormais Paris allait nous fêter à sa

façon. Elle adoptait l’Ordre de la Channe. La presse

attestait le lendemain que nous avions pris racine au

coeur de Lutèce.

Prenant de l’assurance, les membres du Conseil

participèrent avec brio mais solennité à d’exaltants

moments, notamment ceux de la cérémonie des intronisations.

Le Conseil avait trouvé pour chaque

personnalité une formule de bienvenue parsemée

de propos d’esprit et de coeur.

La délicate formule d’offrir la coupe du vin et de

56


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

formuler le souhait du patriarche Isaac à son fils Joseph,

dite par le Chapelain: «Que le Seigneur te donne

la rosée du ciel, le vin et le froment en abondance», fut

répétée à l’envi par l’assemblée conquise.

On aurait mauvaise grâce à ne pas parler de l’excellence

du repas servi par une brigade attentive et de

rare compétence. Ce sont «pro memoria» des véritables

Maîtres de Gueule qui apprêtèrent le menu

inspiré de spécialités culinaires servies en Valais et

adaptées aux goûts parisiens.

A ce sujet rappelons que les produits avaient été apportés

par les soins des membres du Conseil: fromages,

viande sèche, liqueurs valaisannes et surtout

la gamme des vins offerts: Ermitage, Fendant, Pinot

noir, Dôle, Malvoisie. Ceux-ci avaient franchi la frontière

de façon très spéciale.

Au dessert, la poire William flambée donna plus que

satisfaction aux fins dégustateurs, tandis qu’à l’heure

des finales: Williamine, Abricotine, Marc du Valais

vieilli, prunes et lies connurent un légitime succès.

A l’apéro, le Conseil avait exigé que soit servi un goulayant

Ermitage, viande séchée du Valais et pain de

57

seigle, ce qui permettait en fin de repas d’offrir la

gamme des fromages du Haut pays du Rhône soit un

vieux Conches et un jeune Bagnes rehaussés par une

robuste Dôle.

L’animation de la soirée fut affaire des Chanteurs de

l’Ordre. Fait rarissime dans l’Ordre de la Channe, ce

n’est qu’à trois heures du matin que fut prononcée la

rituelle clôture officielle.

Au coeur des Valaisans résonnaient encore les délicieux

vers composés par

Gérard Follonier, à l’époque

Métral, poète improvisé,

mais digne héraut

des poésies du moyen âge.

De cette soirée résonnent

encore en nos coeurs les

fameuses strophes entonnées

par tous:

O Kerambrun,

royal tribun

impérial président

d’un village charmant

où il ne manque que le

La Charte de qualité «Grain Noble»

regroupe des encaveurs s’engageant

à respecter l’authenticité des vins valaisans

naturellement liquoreux. Ces

producteurs prennent notamment

l’engagement de ne considérer que

des vignes de quinze ans d’âge et plus,

de renoncer à toute forme d’enrichissement

des raisins et des moûts, de

sélectionner uniquement des moûts

d’un minimum de 130 degrés Oechslé

et de pratiquer un élevage en barrique

de douze mois au moins.

Saviez-vous que...


Fendant.

Les démocratiques embruns de nos vins

n’enlèveront rien aux vertus de nos vins.

Vous, vous avez Bonin,

nous avons Suzanne Brun.

Kenavo!

Un à zéro.

Vous avez Utrillo,

nous avons le Pinot.

Vous avez Valladon,

nous avons le Goron.

Vous avez la Goulue,

nous sommes des goulus.

Toulouse-Lautrec

vous êtes à sec.

Dans les joutes pacifiques entre le Valais et Montmartre

où seuls président bons vins, Gonin et Kerambrun,

Pluie du jour de Saint-Grégoire,

autant de vin de plus à boire.

(dicton bourguignon)

il n’est qu’un seul score,

m’a dit le Procureur:

celui du coeur.

Un à un.

Egalité - Fraternité.

En auvergnat on dit: «Chantez»;

les Valaisans disent: «Santé».

Samedi, après la visite traditionnelle de la Ville Lumière,

on nous offre la cerise sur le gâteau: une réception

à la Mairie du XVIIIème arrondissement et une soirée

à Montmartre organisée par M. Kerambrun, maire de

la République de la Butte.

A signaler la présence de la maire du XVIIIème arrondissement,

femme de choc, Mme Binoche, savoureuse

et pittoresque politicienne, soeur du Général Binoche

qui nous accueille joyeusement. Elle gérait cet

arrondissement cosmopolite et mondialement connu

avec un brio digne d’un chef d’Etat. Joutes oratoires,

apéro à la mode de Montmartre, oubli de l’heure,

règne de la fantaisie la plus totale.

Tout a une fin. Le 21, après la messe célébrée en

la chapelle de la Ste Trinité se déroule le dernier

58


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

repas académique avec le monde de l’économie, de

l’agriculture, de la politique, au fameux restaurant «la

Pérouse».

...entre joies et tristesses

L’OPAV eut l’excellente idée de convoquer les membres

de l’Ordre sur le lac Léman le 19 juin en cité de

St-Gingolph. Fastueuse journée appréciée à sa juste

valeur. Toujours sous l’égide de l’OPAV, chapitre magistral

déployant ses fastes le 20 juin à Brigue en

l’honneur de la Fédération internationale des éditeurs

de journaux.

Sur sa lancée le Conseil tenait chapitre du «Zum Zytglogge»

à Berne, à l’invitation des associations professionnelles

des hôteliers et cafetiers restaurateurs

bernois, cette journée dans un climat de profonde

amitié.

Ces diverses manifestations relatées par presse, radio

et TV apportaient encore plus de crédit à la confrérie.

Un des buts du Procureur était atteint: confirmer la

présence de la confrérie en Suisse et à l’étranger.

Triste mois d’août 1971. Une nouvelle bouleversante:

L’Abbé Georges Crettol, victime d’un accident de la

route, décède. Stupeur en Suisse romande, en Valais,

au Conseil de l’Ordre car avec lui, notre Chapelain, celui

que nous avions désigné au titre de Monseigneur

n’était plus. Avec lui disparaissait un prêtre de choc,

un avocat de l’agriculture, un défenseur des valeurs

spirituelles (Heimatschutz), un journaliste éclairé et

surtout un homme de bien

dans l’acceptation du terme.

Le Conseil lui rendit un

hommage solennel à Châteauneuf

dont il était le

Chapelain, le 5 novembre

1971.

Relevons du vibrant hommage

que lui rendit le Procureur

ces propos:

«Dans un monde de plus en

Si actuellement les Chanteurs sont,

pour certaines de leurs interprétations,

accompagnés par le son des

trompettes, ils furent durant un

temps, soutenus par les accents mélodieux

d’un accordéon ou par ceux

plus saccadés d’une batterie.

Saviez-vous que...

59


plus coupé de ses bases spirituelles, Georges Crettol

prêtre, était de ceux dont la seule existence constitue

un démenti au courant de l’athéisme et de l’agnosticisme

et dont la raison d’être n’était rien d’autre que

d’apporter son témoignage permanent au Dieu vivant.

C’est à cette mission grandiose qu’il s’est donné totalement.

Témoin irrécusable du spirituel, médiateur

entre le Créateur et la créature, agent efficace des

mystères les plus sublimes, il a tenté tout au cours

de sa vie de vulgariser et d’exprimer la réalité de son

sacerdoce dans le profond amour de Dieu»

et ceux de l’ami personnel l’Officier Chancelier André

Donnet:

«J’ai dit tout à l’heure, que tout le mouvement de sa

vie n’a été que de jonction, de concorde et d’harmonie.

Son appel au Conseil de l’Ordre de la Channe, en qualité

de Chapelain, à Martigny, le 27 juin 1964, a permis

à ses compagnons de vérifier par la suite le jugement

Quand les cheveux commencent à blanchir,

laisse la femme et prends le vin.

que je viens d’énoncer.

En effet, dans cette assemblée restreinte où se rencontrent

des hommes de caractère bien affirmé,

d’opinions politiques différentes, de tempérament

exubérant, l’Abbé Crettol a fait merveille; il a réussi à

amener à travailler dans l’harmonie ses collègues qui

avaient été susceptibles de succomber à la tentation

de s’affronter; il a opéré sans peine l’union de leurs

forces et de leurs bonnes volontés pour concourir à

un seul but: mieux faire connaître nos vins valaisans.

Dans l’Ordre de la Channe, il a encore travaillé à son

illustration en créant le «choeur des chanteurs » qu’il

a dirigé avec brio et dont il a alimenté le répertoire par

des compositions originales.»

La mémoire de Mgr Crettol reste vive. Il est en fait

évoqué à chaque intronisation, car c’est lui qui a vulgarisé

le verset biblique:

«Noble Chevalier, porte cette coupe à tes lèvres,que

le Seigneur te donne la rosée du ciel, le vin et le

froment en abondance.»

Belle finale en 1971 avec le chapitre des Brantes

60


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

et Bossettes où Villes d’Evian et de Sierre, Confrérie

des Comtés de Nice et de Provence, sous le signe de

l’amitié franco-suisse, renouvelaient leurs valeurs

européennes.

Il appartenait au Président de la Confédération, Nello

Celio, de présider avec le charme tessinois le chapitre

d’union entre l’Ordre des Coteaux de Champagne

et le Valais, dans la belle station de Crans fin janvier

1972. Le mariage des champagnes et crus valaisans

reste un des harmonieux souvenirs, ce fut une journée

inoubliable dans ce site alpin unique.

Le souvenir le plus amusant: celui des Français de

Reims qui ne pouvaient comprendre la présence du

Président de la Suisse et de son épouse sans une protection

policière particulière. Stupéfaits les Reimsois

avaient vu l’arrivée de M. Celio et de son épouse, dans

leur voiture personnelle, portant eux-mêmes leurs

valises et s’inscrivant simplement à leur arrivée. Le

fait a été rapporté en pays champenois plusieurs fois

lors de leurs frairies.

61

15ème anniversaire

La suite des rencontres: Potes au feu à St-Saphorin,

la fusion Tessin-Valais à Lugano et pour clore le

XVeme anniversaire de l’Ordre de la Channe né le 1er

décembre 1957, un chapitre magistral avec la Fédération

internationale des confréries et ordres bachiques

français, italiens, belges et suisses, du vendredi 22

au dimanche 24 septembre 1972. Ce ne fut qu’étonnantes

manifestations en plein air. Ce fut inédit, mais

follement apprécié par les

invités. Au menu grillades,

raclettes, le tout avec

tonneaux de vins apportés

sur place, en pleine forêt

de Finges, la seule pinède

de Suisse. Tandis qu’il

pleuvait à torrent à 0800h

le dimanche de la manifestation,

à 10h00 les participants

souffraient d’une

chaleur torride, sous le ciel

bleu de la cité du soleil.

Parmi certains chapitres

Le «Mondial du Pinot Noir» à Sierre,

est la seule confrontation de ce niveau

consacrée à un unique cépage.

En moins de 10 ans, le Mondial du

Pinot Noir (MPN) s’est forgé une

belle réputation parmi les grands

concours internationaux de vins. De

400 échantillons en 1998, le Mondial

a mis en compétition plus de 1200

crus, issus de 15 pays, lors de l’édition

2006.

Saviez-vous que...


de cette époque, il est légitime

d’évoquer celui «des

fromages, du pain et du

vin» avec le maître fromager

gastronome et auteur

Pierre Androuet de Paris et Jacques Montandon de

Lausanne.

Dans le rapport final de son mandat le Procureur

Zwissig a relevé des éléments et faits notables qui ont

valorisé les activités de la confrérie. Nous avons cru

utile d’extraire quelques observations relevées.

Le document signale l’OPAV comme un des éléments

de la réussite de l’Ordre, la qualité de ses directeurs:

les Tony Venetz, André Lugon Moulin, André Darbellay,

Fernand Schalbetter, l’apport constant accordé,

ses initiatives en faveur de l’écoulement des vins en

présence de l’ordre bachique.

MM. Albert de Wolff, Henri Imesch, Albert Biollaz, Jacques

Montandon au Chapitre du 15ème anniversaire à Grimentz

Il évoque aussi les excellentes

relations entretenues

avec la SVCRH (Société valaisanne

des cafetiers, restaurateurs

et hôteliers), en

particulier son inoubliable président Pierre Moren qui

a permis que le Conseil puisse bénéficier de la présence

et de la fructueuse activité de sa dévouée et

discrète secrétaire Suzanne Brun.

Le rôle joué par les chanteurs est déterminant, car

organiser une réunion de l’Ordre sans leur présence

est désormais inconcevable depuis 1967, date de leur

création grâce à l’Abbé Crettol, puis d’Albert Rouvinez

dès 1971.

Une collectivité publique est mise à l’honneur, la Cité

de Sierre qui peut s’enorgueillir d’avoir, dès sa naissance,

accordé son plus large soutien à l’Ordre de la

Channe: salles à disposition, apéritifs offerts, la Gérondine

présente aux cortèges et nous en passons.

Qui boit s’enivre

Qui s’enivre s’endort

Qui s’endort ne pèche pas

Qui ne pèche pas va au paradis

Moralité: buvons (dicton breton)

62

Autre élément de succès: la présence, dès les premières

assemblées, de l’Académie de danse de

Cilette Faust, danseuse de classe et de ses petits

rats. D’ailleurs cette dernière complète heureuse-


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

ment le Conseil au titre de Troubadour. Dans le procurariat

de Follonier elle sut épauler le Commandeur et

être un peu la véritable âme de l’Ordre de la Channe.

Un officier d’une rare discrétion, mais d’une efficacité

notoire et mérite qu’on souligne son souvenir, le chaleureux

Carlo Giorla, Sénéchal, collaborateur discret

des Procureurs pour lesquels il assumait des tâches

particulières. Il avait cette qualité appréciée, celle

d’envisager la vie sous des aspects les plus optimistes.

Enfin un éloge justifié pour ce Conseil dynamique,

soudé par l’amitié, conscient de ses responsabilités,

qui a su des années durant donner le meilleur de luimême

dans une symbiose d’amitié, de fraternité.

Que leur mémoire soit honorée, car malheureusement

il ne reste que quelques membres ayant vécu

cette fastueuse époque.

Dans cette conclusion, il est relevé la qualité des

membres du Conseil et il lui paraît justifié d’honorer

M. Henri Imesch, Majordome et représentant des

négociants valaisans pour son concours permanent

hautement apprécié. Hommage est aussi à rendre à

Provins, la maison Orsat et à l’Union des négociants

en vins, en ce qui concerne cette époque.

Sur le plan de la presse, il est à relever l’hospitalité

généreuse qu’apporta «Treize Etoiles» à Martigny et

de «Plaisirs», revue suisse des confréries bachiques

à Neuchâtel, ceci grâce à l’heureuse complicité de M.

Guy Gessler, président, pour vulgariser les activités

de l’Ordre.

Pour mobiliser l’attention des convives,

l’Ordre dispose de 4 trompettistes

de grand talent qui, s’il le faut, sont

capables d’offrir, durant plus d’une

heure, un concert dont l’éclectisme

rivalise avec la qualité. Ils sont appelés

à se produire lorsque retentit l’injonction

«Sonnez trompettes» et non

pas «Trompez sonnettes»... comme il

fut annoncé une fois par mégarde.

Saviez-vous que...

63


LES PROPOS DE

L’ORDRE DE LA

CHANNE

Qui vin ne boit après salade

est en danger d’être malade.

1971: Plaisir du vin par la dégustation. (Sylvio

Bayard).

1972: In memoriam Abbé Georges Crettol (1912-1971),

Chapelain de l’Ordre de la Channe de 1964 à 1971.

(Henri Bérard, Guy Zwissig, André Donnet).

1972: Gastronomie du pain. (Jacques Montandon).

1972: La Channe. (Albert de Wolff).

1973: Message valaisan. (Jean Graven).

1973: Autour du fromage, de la raclette et de la gastronomie.

(Pierre Androuët).

1974: Vendanges sédunoises d’hier. (André Donnet).

1975: Le vin des montagnards valaisans. (Rose-Claire

Schülé).

1976: Aux origines de l’Ordre de la Channe: le temps

des illusions. (André Donnet).

1976: Eaux-de-vie valaisannes. (Francis Germanier)

64


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Ere Rouvinez:

21 mars 1977 -

4 mars 1986

Son discours d’investiture! Un modèle du genre. Il atteste

de sa totale adhésion à la charte et au maintien

de l’esprit de la confrérie.

Il assaisonne sa péroraison d’expériences personnelles

qu’il désire partager. On décèle déjà dans ses propos

sa volonté de confirmer certaines valeurs. Ainsi

s’exprima-t-il:

Jour de joie! Le printemps est là. En ce 21 mars 1977,

dans un sympathique climat de confiance est élu le

successeur du Procureur Zwissig. Il a nom d’Albert

Rouvinez, Officier Grand Chantre. A l’unanimité l’Ordre

de la Channe a confié les rênes de la confrérie

à cette personnalité de valeur, homme de coeur, apprécié

pour son caractère d’amoureux de la musique

et des arts. Cet anniviard typique, fils d’une famille

de terriens possède la fibre d’un meneur d’hommes.

Pharmacien de profession, il consacre tout son temps

libre à vulgariser l’amour du chant. N’est-il pas celui

qui a dû, la mort du Chapelain Crettol, toutes affaires

cessantes, maintenir le groupement de chanteurs et

le perfectionner? A des qualités indéniables d’ouverture

d’esprit, pétri de culture latino-grec, il rehausse

ses propos de réflexion pertinents qui marquent.

65

C’est pourquoi, je propose que l’on clame sur tous les

toits, dans toutes les chaumières, ce qu’est l’Ordre de

la Channe. Il faut démontrer que l’Ordre de la Channe

n’est pas et ne saurait être

une assemblée de «bâfreurs»

et «d’ivrognes» et

par conséquent faire disparaître

l’ambiguïté qui a

cours, à son égard, entretenue

par les insinuations

ironiques de gens mal intentionnés

ou mal informés.

Il faut continuer l’oeuvre,

lui donner le panache

qu’elle mérite aux yeux

des Confréries suisses et

L’Interprofession de la Vigne et du Vin

du Valais (IVV) a pour but la défense

des intérêts généraux de l’économie

viti-vinicole du Valais.

Constituée en décembre 2000, l’IVV

poursuit les tâches principales suivantes:

prendre position sur toutes

questions touchant la viti-viniculture

valaisanne, assurer la liaison entre

les divers acteurs de l’économie vitivinicole,

promouvoir le vignoble et les

vins du Valais, définir les normes qualitatives

et quantitatives de la production

en relation avec les appellations

des vins du Valais.

Saviez-vous que...


étrangères en se pénétrant de sa

mission «FAIRE CONNAITRE et

APPRECIER les VINS VALAISANS»

non seulement aux indigènes qui

n’en demandent pas tant, mais

surtout aux non-Valaisans. C’est

votre Dignité (ne disons-nous pas

de vous qui êtes les «Dignitaires»

de l’Ordre) et votre Noblesse qui

marqueront l’Ordre dans les années

à venir.

Avec délicatesse et esprit il relève le dévouement de

ces prédécesseurs. Il sait définir pour chacun les

caractéristiques de leur «pontificat». Apprécions sa

vision:

Septembre est le mois de l’automne

et s’il tonne, la vendange est bonne.

(dicton bourguignon)

le Procureur Albert Rouvinez

Je ne serai pas:

- Ce personnage célèbre et pittoresque, individualiste,

rebelle à toutes collaborations et fermé sinon hostile

à l’esprit qui doit animer notre

équipe - (Wuilloud)

- Ce personnage qui donna l’apparat

à notre Ordre, qui le marqua de

sa note académique et lui a permis

de survivre - (Deslarzes)

- Ce personnage enfin sous la férule

duquel l’Ordre de la Channe

commença à prendre manière et

distinction, relations étrangères,

européennes et assuma pleinement le rôle qu’on attendait

de lui - (Zwissig).

Vous m’avez compris: Je voulais par ces quelques

mots rendre hommage, diversement, à mes prédécesseurs

et prendre chez chacun le meilleur de luimême.

Pour terminer, c’est un nouvel acte de foi fervent

qu’il manifeste et avec l’humilité qui est sienne il

conclut:

Je me dois aussi de donner le meilleur de moi-

66


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

même à l’Ordre de la Channe mais en collaboration

totale avec vous.

J’ai besoin de votre appui. Je compte sur vous, sans

conditions. On constatera alors qu’une entreprise

conçue d’une manière quelque peu chimérique, est

parvenue néanmoins, avec des moyens relativement

modestes, à promouvoir avec succès, la cause des

vins valaisans, aussi bien hors de nos frontières que

dans le pays lui-même.

Nous allons nous atteler ensemble et tirer sur la

même Chaîne de Channe

- avec dynamisme

- avec sagesse

- avec dignité

- avec noblesse et efficacité.

Examen d’entrée: parfaite réussite, avec fermeté, intelligence

il a su s’imposer et conquérir le coeur des

Officiers, Chevaliers et membres.

Des années qu’il va vivre dégageons les grandes lignes

de sa politique:

- renforcement des relations avec l’OPAV

67

- adaptation des statuts en vertu des expériences vécues

- valorisation des Officiers du Conseil en leur confiant

des tâches précises conformes à leur tempérament et

en décelant de nouvelles personnalités aptes à compléter

le Conseil.

Ce qui reste notamment de son règne, c’est la parfaite

organisation des anniversaires des 20e, 25e et 30e de

l’existence de l’Ordre de la Channe. Il le fait avec délicatesse.

Il a su magnifier

chaque époque. Discret, il

se veut lettré comme le Dr.

Wuilloud, joyeux à l’image

du Dr. Deslarzes et avoir

les qualités de meneur

d’hommes de Me Zwissig.

Chaque occasion l’incite à

toujours renouer avec le

passé pour qu’il se profile

comme un exemple pour

l’avenir.

Parmi tous les Procureurs,

il fut certainement celui

Si le sautoir de chaque membre de

l’Ordre se termine par une channe

de 13 cm de hauteur sur 8 cm de largeur,

cette même channe, mais d’une

dimension nettement plus imposante

(45 cm. de hauteur sur 23 cm. de

largeur) et d’une contenance de 15

litres, trône à la place d’honneur lors

de chaque chapitre. Ces channes ont

été coulées par les soins des ateliers

«Au Potier d’Etain S.A.» à Sugiez.

Saviez-vous que...


Les Officiers Arthur Darbellay,

André Lugon-Moulin et Cilette

Faust écoutent la harangue du

Procureur Rouvinez

que sut varier le mieux la présentation de chaque

chapitre des meilleurs textes, des références à l’histoire

du vin et de la vigne dans les auteurs anciens.

Comme chanteur émérite qu’il fut, il ajouta les notes

de douceur poétique à toutes ses interventions. De

plus, il avait le doigté et un sens aigu de la sensibilité.

On pourrait donc lui attribuer la formule: Il est Noble

Procureur. Patiemment il sait détecter les personnes

réellement aptes à maîtriser les exigences de leur

mission.

La composition du Conseil en 1977 se présente comme

suit:

- Bureau du Conseil - une heureuse initiative destinée

à alléger certaines tâches particulières:

- le Procureur: Albert Rouvinez, pharmacien, Crans

- le Majordome: Gérard Follonier, directeur Centre

professionnel, Sion

- le Sénéchal: André Lugon-Moulin, collaborateur

OPAV, Sion

- Conseil des Officiers:

Si le mari boit, la moitié de la maison brûle.

Si la femme boit, toute la maison est en feu.

(dicton russe)

- Sautier: W. Bührer

- Sautier adjoint: J. Frey

- Chambellan: A. de Wolff

- Chancelier: J. Nicollier

- Métral: A. Venetz

- Métral adjoint: R. Clivaz

- Officier de bouche: J. Montandon

- Amphitryon: L. Richoz

- Troubadour: C. Faust

- Epistolier: M. Gessler

- Garde des Sceaux: A. Besse

- Banneret: N. Bumann

- Vidôme de Paris: P. Androuët

- Vidôme du Tessin: L. Bosia

- Vidôme de Milan: P. Lavizzari

- Vidôme de Genève: G. Bochud

- Vidôme de Fribourg et du Seeland: G. Montani

Ce fut, à cette époque, l’occasion d’un toilettage des statuts

nécessité par les multiples activités de l’Ordre,

à l’extérieur notamment. L’assemblée générale les

modifia donc le 15 avril 1978. Le Conseil disposa par

conséquent d’une charte nouvelle l’autorisant à agir

au mieux des intérêts de l’époque et surtout de ma-

68


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

nière simplifiée.

Qu’en est-il du périple des chapitres?

Trois chapitres extérieurs en 1978: ceux de Schaffhouse,

Fribourg et Gstaad où une nouvelle fois on confirma

le mariage Ordre des Coteaux de Champagne avec

notre confrérie sous le patronage du Directeur général

du Palace Hôtel, Hans Scherrer. Une visite de courtoisie

en Chablais qui précéda le magnifique chapitre du

XXe anniversaire célébré au Château Bellevue à Sierre

le 11 novembre 1978. Une belle réussite que cette manifestation

toute de sensibilité, d’émotion !

Grâce au souci de satisfaire et valoriser la culture selon

les voeux exprès des fondateurs, le message des

20 ans subsiste grâce à l’édition d’une plaquette de

choix. Il faut relever la qualité des articles qui ont été

sélectionnés. Dans la préface, le Procureur témoigne

à sa manière de toute sa reconnaissance:

Merci pour les épis levés

En mai quand c’est bien l’été.

Merci pour les talus humides et frais

Pour le chant du rossignol.

Merci pour les récoltes et les herbes nouvelles

Pour les dimanches de pluie et les carillons des cloches.

Merci pour l’injustice et la bonté

Pour le pardon et la pitié.

Merci pour le chemin parcouru

Pour ceux d’avant et pour ceux d’après.

Merci pour le vin, pour le pain

Merci pour la channe enrubannée.

Il signe par ailleurs un excellent

article sur le vin et

ses valeurs médicinales,

tandis qu’avec à propos le

Commandeur Elie Zwissig

évoque les travaux des vignes

d’une bourgeoisie

d’Anniviers, celle de St-

Jean. Légitimement le Dr.

Donnet explicite la valeur

des Propos de l’Ordre. Les

observations sur le vin et

la santé, la dégustation,

trouvèrent large place

ainsi que les apprécia-

Construit en 1453 par le Vénérable

Chapitre de la Cathédrale de Sion

pour irriguer le vignoble des communes

d’Ayent, Grimisuat et Sion, le bisse

de Clavau prend sa source dans les

gorges sauvages de la Lienne et rejette

le surplus de son précieux chargement

12 km plus loin dans la Sionne,

sur les hauts de la ville de Sion.

Saviez-vous que...

69


tions sur la valeur des guides gastronomiques, des

traditions gastronomiques. Article de la Châtelaine

Suzanne Brun qui trace avec humour le portrait des

Procureurs avec lesquels elle a travaillé. Poésie avec

le Métral Follonier, analyse des vins avec Nicollier le

Chancelier, quelques propos de l’Officier Troubadour

Cilette Faust. Ce document subsiste. Il mérite d’être

compulsé. C’est un jalon dans l’histoire de la Channe

qui témoigne d’une étape.

Méthodique, le Conseil décide à cette occasion de

la publication d’un vade-mecum sur la situation de

l’Ordre. Document de statistique du plus haut intérêt.

La confrérie est radiographiée. Ce livret offre au lecteur

les noms de tous les membres de l’Ordre de la

Channe, Commandeurs, Officiers d’honneur, Conseil,

Chevaliers, membres, etc. Plus encore, les Chevaliers

sont inventoriés par canton. Ce travail de recherche

est un reflet parfait de la variété et de la diversité des

participants. On constate que beaucoup de membres

S’il pleut à la mi-août, le vin ne sera pas doux.

(dicton bourguignon)

sont issus de pays étrangers, France, Italie... 1500

membres environ constituent l’Ordre de la Channe! 52

fondateurs en 57, il y a de quoi être surpris en bien

quant à l’évolution.

Le cours tranquille des activités est perturbé par la

mort accidentelle, le 11 novembre1978, de M. Albert de

Wolff, conservateur des musées cantonaux du Valais.

Les milieux artistiques du Valais apprennent avec

une profonde affliction cette disparition. L’Ordre de la

Channe perd un précieux ami. Il était son parfait Officier

Chambellan. Il avait non seulement apporté à

la confrérie son amour de l’art et de l’histoire, mais il

avait réussi à le faire partager.

Nous pouvons nous féliciter de lui avoir confié le choix

de nos habits, des sigles de l’Ordre et du Propos No 3

«Le raisin dans l’art du Valais» et surtout le Propos 17

consacré à «La Channe». Il a remarquablement servi

la Confrérie.

De belles heures sont ensuite à nouveau vécues.

La confrérie a pris sa vitesse de croisière à Berne,

un chapitre musical Brass Band à Brigue, à Sion,

70


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

départ pour le chapitre de la Rose au Parc des Eaux

Vives Genève, un coucou à Bienne, un pèlerinage à

Venthône, une immersion dans le Rhin à Bâle et de

joyeuses assises à Sion aux Iles puis à Berne, sans

oublier le Chablais à Vionnaz, mi-avril 1982.

25ème anniversaire

Et l’heure des 25 ans d’existence sonne. Le Procureur

Rouvinez entend donner un lustre particulier à

cette journée anniversaire. Avec le précieux appui de

son Conseil, il concocte un programme nec plus ultra

pour accompagner les confréries invitées suisses et

françaises à Sierre et Crans. Une gamme d’invités

de haut rang honore les cérémonies. Ne soyons pas

modestes. Citons-les pour que chacun puisse se rendre

compte de l’audience de notre confrérie et de son

succès à cette époque.

Patronage

Monsieur Fritz Honegger

Président de la Confédération

M. Pierre Dreyer

Président du Conseil des Etats

en présence de

Madame Heidi Lang

Présidente du Conseil national

Monsieur Amédée Arlettaz

Président du Grand Conseil valaisan

Monsieur Jean Cleusix

Président du Tribunal cantonal valaisan

des Commandeurs de l’Ordre de la Channe

des Confréries bachiques

suisses et étrangères.

Chacun connaît l’amour

que porte le Procureur à

tout ce qui touche à la musique

et en particulier à

la musique sacrée. C’est

la raison qui l’a incité à ce

que les festivités débutent

ce vendredi 3 septembre à

la participation d’un gala

musical-concert offert par

le Choeur «le Valais chan-

Toute société digne de ce nom, se doit

d’avoir à sa disposition un drapeau,

une bannière qui la signale à l’admiration

des foules et de ses membres

tout particulièrement. La bannière

de l’Ordre date du 25ème anniversaire

de l’Ordre, soit de 1982, et fut

brodée avec patience et savoir-faire

par une broderie de Saint-Gall.

Saviez-vous que...

71


Le Procureur Rouvinez avec à ses côtés les Officiers Cilette

Faust et Gérard Follonier

te» et un régal de récital d’orgue de Mme Huber,

une musicienne de classe internationale, amie du

Conseil.

Le lendemain, par un temps superbe, les Chevaliers,

le Conseil et les invités vont s’adonner aux joies des

productions musicales avec office divin en l’Eglise

Ste-Catherine. Le Choeur de Muzot chante la messe,

au sortir de l’office le cortège défile en ville de Sierre

aux rythmes enchanteurs des fifres et tambours de

Sierre, ceux de St-Luc, de la Gérondine, le cortège

entouré par les pages et danseuses de l’Académie de

danse de Cilette la Troubadour.

Au Château de Villa, apéritifs, intronisations, productions

des Chanteurs de l’Ordre.

A l’initiative de l’Officier de bouche, Antoine Venetz, il

est offert pour la première fois un buffet royal inattendu.

L’escriteau mentionne ainsi 8 entrées, 2 potages,

9 plats de résistance, 5 desserts avec la ronde des

pains helvétiques et la sélection des fromages. Mais,

suprême gâterie, tous les mets offerts émanent de

régions différentes et de gastronomies locales. Cette

initiative trouve un accueil enthousiaste et Tony se voit

proclamé nouveau Curnowsky.

C’est l’unique fois dans les annales de l’Ordre qu’un

Officier Métral ait tenté de réaliser pareille gageure.

Aussi nous voulons signaler dans cet historique et

dans son intégralité cet unique et spécifique cas.

C’est toutefois à Crans que se déroule ensuite le gala,

à l’Hôtel du Golf où la fanfare de Crans accueille les

participants.

S’il pleut à la Saint-Médard (8 juin),

la vendange diminue d’un quart.

(dicton bourguignon)

72


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

E s c r i t e a u

Les Entrées

SH: La Tarte aux oignons (Bölledunne)

AR: La Viande séchée et le saucisson (Pantli und

Mostbröckli)

GE: La Longeole

NE: Les Filets de Bondelles fumés - La salade de Fenouil

FR: La Cuchaule et la Moutarde de la Bénichon

BS: La Saucisse de Bâle (Basler Klöpfer)

BE: Les Crudités du Seeland

JU: Le Pâté de campagne

Les Potages

TI: La Minestrone

AG: La Soupe de Poissons de Hallwil

Les Plats de Résistance

ZG:Les Filets de Fera à la zougoise

VD: Le Boutefas - La Compote de raves

SZ: Le Jambon à l’os

LU: Le Sauté de Lapin (Chungelibraten)

GR: Le Civet d’Agneau Maienfeld - La Bramata

SO: Le Rôti de porc au lait

SG: La Saucisse de Saint-Gall

ZH: Le Boeuf à la Ficelle - La Sauce Raifort

VS: La Raclette

Les Garnitures

AI: Les Pommes de Terre au lard

UR: Le Riz aux Poireaux (Rys und Spohr)

GL: Les Cornettes au Schabzieger

La Ronde des Pains Helvétiques

***

La Sélection des Fromages

Les Desserts

TG: La Crème au Cidre

NW: La Crème brûlée

OW: Les Bricelets

BL: Les Cerises au Kirsch

VS: Les Tartes aux Pommes,

Poires, Framboises,

Fraises et Abricots

Ajoutez à la richesse de ce

buffet la qualité des vins

offerts.

Pour l’apéro un délectable

Muscat des frères Rouvi-

Chaque année, le premier week-end

de septembre, Sierre accueille Vinéa,

le plus grand salon suisse du vin et

rendez-vous incontournable des oenophiles.

Pour l’occasion, la cité se

transforme en oenothèque en plein

air, proposant à la dégustation plus

de 1’500 crus provenant d’un quarantaine

de cépages et produit par

une centaine d’encaveurs valaisans.

Saviez-vous que...

73


nez et, répondant à l’appel, plusieurs propriétaires

offrent au plaisir de la dégustation 6 Fendant, 4 Dôle,

2 Pinot noir et la fameuse surprise du Métral, le Pinot

blanc.

Les Fendant: Adrien Mathier, Salquenen

Les Fils de Charles Favre, Sion

Provins Valais, Sion

Henri Imesch SA, Sierre

A. Orsat SA, Martigny

Robert Gilliard SA, Sion

Les Dôle: Les Fils d’U. Germanier, Vétroz

Héritier-Favre, Sion

Vital Massy, Sierre

Maurice Gay, Sion

Les Pinot Noir:Les Hoirs Bonvin, Sion

La Vinicole de Sierre, Sierre

La Surprise du Métral

Le Pinot Blanc A. Biollaz SA, St-Pierre-de-Clages

Taille le jour de la Saint-Aubin (1er mars)

pour récolter de gros raisins.

(dicton bourguignon)

Il est impossible de relater la finale de cette manifestation

du Haut Plateau, car les règles du cérémonial

furent totalement modifiées, les invités voulant par les

sentiments d’amitié, de gratitude de tous, prononcer

discours, péroraisons, exhortations. L’Ordre, à l’image

de Paris, se sublimait.

La clôture officielle de ces manifestations fut particulièrement

digne, cela dans la tradition du souvenir

et du respect dus aux fondateurs et de la reconnaissance

qui leur était due. Le cadre choisi fort apprécié

du Couvent des moniales de Géronde où au cours de

l’office divin fut prononcé l’hommage aux morts rendu

par le commandeur Guy Zwissig, dans un silence impressionnant.

L’apéro fut servi dans le préau du couvent

où les Soeurs avaient accueilli fraternellement

la confrérie.

Une dernière surprise était réservée à tous: la distribution

d’une plaquette sur les 25 ans dont Albert

Rouvinez avait confié la rédaction à Me Guy Zwissig.

Dans un esprit de synthèse, l’auteur a retracé

objectivement ce que furent les années vécues :

1957 - 1972.

74


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Ces fêtes anniversaires des 20 et 25 ans de l’Ordre

de la Channe permettent de signaler la part que le

Conseil d’Etat du Valais a, après quelques années

d’attente, apporté pleinement aux buts poursuivis.

Il nous choisit comme ambassadeur pour relever la

remise des cadeaux qu’il offre aux cantons suisses.

C’est un appui moral apprécié. A maintes occasions

la Confrérie a été sollicitée pour rehausser d’autres

manifestations patronnées par l’Etat.

Dopé par ses réussites successives, l’Ordre de la

Channe continua ses pérégrinations à Horn en Thurgovie,

pour les 30 ans d’Expovina à Zurich, pour se retrouver

à Saxon, puis à Savièse où l’ambassadeur de

Belgique à Berne se vit conférer le titre de Chevalier

d’Honneur. Départ en juin sur Muttenz, Bellinzona,

arrêt à Venthône pour fêter le chapitre des cabales,

l’année 1984 étant électorale.

Suivirent quelques belles randonnées à Schwyz, Bouveret,

Saignelégier, Bürgenstock et Sils.

Et toute aventure si belle soit-elle se termine un jour.

En 1984, le Procureur Rouvinez estime que le temps

qu’il a offert à la Confrérie l’autorise à passer la main.

75

Il le fait avec sa franchise et son sens aigu des réalités.

Certes ce n’est pas sans un certain pincement de

coeur qu’il s’en va. Il le fait avec la conviction d’avoir

loyalement oeuvré. Par contre, il entend surtout laisser

la place à une nouvelle force aux idées différentes

des siennes, mais conformes à la charte pour magnifier

l’Ordre.

Salut à ce noble Procureur, prince de l’esprit, éminent

artisan du succès de l’Ordre de la Channe.

Nous lui devons aussi l’assainissement

des finances

de la Confrérie. A dessein,

nous n’en avons pas parlé

préalablement car nous

aurions dû faire le constat

de la mauvaise situation

chronique, qui se répétait,

ceci malgré des interventions

radicales de caissiers

successifs tous soucieux

de trouver les solutions

adéquates. Albert Rouvinez,

homme de sensibilité,

Nanti d’un bougeoir et, bien entendu,

d’une bougie allumée, le Procureur

s’approche du micro, allume un cigare

et déclare «Il plaît au Procureur

que fumer soit». C’est par ces mots,

prononcés en fin de repas, qu’il est

permis, aux adeptes de la plante à

Nicot «d’en griller une». Pour la petite

histoire, relevons que c’est Don Christobal

Colomb qui, en 1492, découvrit

le tabac et l’importa pour la première

fois en Europe.

Saviez-vous que...


a su, à un moment précis, découvrir le « magicien »,

en l’occurrence le Sautier Eddy Bruchez, expert fiscal,

de Saxon. Personnalité très en vue du Bas-Valais,

cet homme intègre, décidé et surtout discret a, avec

intelligence, assuré l’avenir financier. Il a droit à nos

félicitations, car il continue, heureusement, à être le

gardien vigilant de la Channe.

Trois coupes de vin

font saisir une doctrine profonde.

(dicton chinois)

LES PROPOS

DE L’ORDRE

DE LA CHANNE

1977: Souvenirs d’un jeune vigneron d’Arbaz dans les

années 1924-1945. (Gabriel Constantin).

1979: Anecdotes sur l’usage du vin chez les notables.

(Sylvain Maquignaz)

1980: Souvenirs, traditions, légendes autour du vin

des Anniviards. (Robert Clivaz).

1981: Sur une collection de timbres consacrés à la vigne

et au vin. (Henri Hauser).

1983: Souvenirs d’un pépiniériste-viticulteur dans les

années 1936-1983. (Gabriel Constantin).

1985: Les cépages du vignoble valaisan autrefois et

dans le vingtième siècle. (Jean Nicollier).

76


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Ere Follonier:

11 mars 1988 -

21 avril 2001

11 mars 1986! La cité du soleil fidèle au Dieu Ra accueille

l’Ordre de la Channe qui tient assises solennelles

sous les auspices du chapitre de «la communication».

Pour clore dignement son mandat, Albert

Rouvinez a convié les membres de la confrérie à s’informer

sur ce thème d’actualité. Présence appréciée

du Directeur général du Département des télécommunications

suisses, M. Rudolf Trachsel, et celle du

Sierrois Werner Haenggi, directeur valaisan. Quelques

autres personnalités complètent le patronage

de cette manifestation.

Toutefois, avant d’écouter l’orateur M. Haenggi présenter

le thème choisi, il est prévu que l’assemblée

générale élise le nouveau Procureur. Pour la première

fois, le 5ème responsable de la confrérie est nommé

dans une manifestation mixte. Cela donne à cette

77

cérémonie un faste inhabituel. Echanges de voeux, de

souhaits, de remerciements à l’ancien et félicitations

au nouveau Procureur se succèdent. Belles envolées

littéraires.

Avec une émotion certaine, le Procureur Rouvinez dit

sa confiance en l’avenir, exprime sa joie d’avoir pu apporter

le meilleur de lui à l’accomplissement de sa

tâche. Il constate que l’âme et la sensibilité portées à

la cause du vin, de la vigne se perpétue à souhait. En

intronisant Gérard Follonier

à son nouveau grade de la

hiérarchie il espère vivement

que cet esprit qu’ont

désiré les fondateurs soit

optimisé.

C’est en 1971, à la requête de

l’Abbé Crettol, que ce jeune

Hérensard, Gérard Follonier,

enseignant, après

des études littéraires à

la Sorbonne, est promu

Métral. C’est à Paris, à

Montmartre, au fameux

La démarche «Grand Cru» repose

sur une base volontaire des communes

viticoles et vise à produire des

vins de qualité. Les cépages destinés

à produire des vins «Grands Crus»

doivent être cultivés dans les secteurs

d’encépagement pour lesquels ils sont

particulièrement bien adaptés. La

commune peut commercialiser au

maximum 4 cépages (vins) portant

l’appellation «Grand Cru’». Le règlement

de chaque «Grand Cru» doit

être soumis pour approbation au service

cantonal de l’agriculture.

Saviez-vous que...


estaurant à la Bonne Franquette

qu’il se fait connaître. Après avoir

enseigné à Martigny et participé à

l’ouverture du Centre de formation

professionnelle de Sion, il va en devenir

le patron. Entre-temps, dans

la confrérie, il accepte d’assumer

la délicate tâche de Majordome où

il trouve l’occasion de faire valoir

son talent d’orateur. Il sait quelle

est la mission qu’il a à accomplir.

Il a pour lui sa jeunesse et son entrain

pour animer comme il se doit l’Ordre. Toutefois,

il lui est recommandé de mettre un bémol et d’éviter

quelques propos malvenus sur la politique, car très

engagé dans un parti. En effet la règle est impérative,

justifiée et respectée: l’Ordre étant apolitique, telle

doit être aussi la position du Procureur.

C’est dans ce climat que va débuter un long règne de

Trop boire noie la mémoire.

le Procureur Gérard Follonier

12 ans. Il assumera, selon un rituel

établi, la présidence des confréries

bachiques suisses de 1994 à 1997.

Reproche lui est fait de ne pas avoir

maintenu les excellentes relations

avec la Fédération internationale

des confréries bachiques, où depuis

1971 à 1988 la Channe occupa

une place prépondérante.

Nous ne pouvons donc que saluer

la courageuse initiative de Cilette

Faust, Officier Troubadour, qui de son propre chef,

pallia cette carence en assistant seule aux délibérations

des sociétés vinicoles. Le Conseil international

d’ailleurs conscient de l’apport accordé par cette

représentante connue lui décerna le titre d’Officier

d’Honneur, titre qu’elle partagea avec le Procureur

Zwissig qui l’avait reçue en 1978.

Que de chapitres pendant cette décennie! Sans

entrer dans une statistique ennuyeuse, observons

qu’officiellement on dénombre cinquante manifestations

au moins. Cela implique pour les responsables,

en particulier pour le Procureur, des

78


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

solutions inédites, chaque chapitre exigeant des solutions

différentes vu la topographie des lieux, la classe

des hôtels, la disponibilité des salles. C’est la raison

pour laquelle on peut reconnaître, sans que personne

n’en soit responsable, que quelques chapitres n’ont

pas eu le renom qu’ils auraient mérité.

la période 1990 à 2001. Nous observons et évoquons

d’une part le célèbre et unique chapitre de l’Europe à

Riehen, celui des 100 ans de l’existence des stations

de Crans-Montana, celui du 175e anniversaire relatif à

l’entrée dans la Confédération des cantons de Genève,

Neuchâtel, Valais.

Le parcours de l’Ordre a permis d’apporter notre

présence effective aussi bien en Suisse allemande

Schwyz, Urnäsch, Interlaken, Ittigen, Berne, Merligen,

Riehen, Zürich, Bienne, Spiez, Bâle notamment qu’en

Valais qui enregistre des assemblées générales et

chapitres réussis à Sierre, Saas-Fee, Martigny, Loèche-les-Bains,

Leytron, Sion, Salquenen, Ovronnaz,

Leytron, Vouvry, Verbier, Montana, Zermatt, Veysonnaz,

Bouveret, Thyon. Une véritable course-étape à la

découverte géographique de la Suisse.

Pendant cette période, à part une incursion officielle

à Vaduz à l’invitation du Prince régnant, un chapitre

exceptionnel est organisé à Londres à la demande de

Valais Tourisme et de l‘OPAV.

Comme mémorialiste, il nous a paru impératif de remémorer

quelques-unes des réunions qui ont marqué

79

Riehen, 5 septembre 1992, chapitre de l’Europe

Pour la présentation du chapitre de l’Europe à Riehen/Bâle,

le 5 septembre

1992, le Conseil a mis en

exergue la fameuse déclaration

de Victor Hugo: «La

Suisse dans l’histoire aura

le dernier mot» suivie des

propos féroces de Denis de

Rougement: «Encore faudrait-il

qu’elle le dise!».

Relevons fait rare: le haut

patronage du Conseil fédéral

suisse in corpore, du

Chancelier de la Confédération,

du Conseil d’Etat

A l’invitation du bureau de Suisse

Tourisme, une ambassade de l’Ordre

s’est rendue à Paris en 2004. Quelle

ne fut pas la surprise de la délégation

de constater que les fromages

à raclette, envoyés à Paris deux semaines

avant la manifestation, ressemblaient

fortement à des tommes

fondues. Ils avaient été stockés dans

un local dont la température avoisinait

les 28 degrés. Ignorance, quand

tu nous tiens!

Saviez-vous que...


du canton du Valais, à titre personnel de nombreuses

éminentes personnalités. Quelques noms prestigieux,

ceux des Ambassadeurs d’Autriche, du Liechtenstein,

de France, de la République fédérale d’Allemagne, de

l’Italie. C’est un honneur insigne pour l’Ordre que de

pouvoir être aussi un ambassadeur émérite.

Il nous plaît de relever encore les noms prestigieux

de

- M. Franz A. Blankart, Secrétaire d’Etat aux Affaires

économiques extérieures

- M. Raymond Deferr, Vice-Président du Conseil

d’Etat, Valais, Président du

du Conseil du Léman

- M. François Lachat, Vice-Président du Gouvernement,

Jura, vice-président de l’Assemblée des Régions

d’Europe

- M. Claude Ruey, Conseiller d’Etat, Vaud, Président

de la Communauté de

travail des Alpes occidentales

Un âne ne boit que s’il a soif

mais c’est parce qu’il ne boit que de l’eau.

- M. Henri Rieben, Président de la Fondation Jean

Monnet pour l’Europe

- M. Jean Bourquin, Président du Centre Européen de

la Culture

- M. l’Ambassadeur William Rossier, Chef de la Délégation

Suisse près l’AELE

et le Gatt à Genève

- M. l’Ambassadeur Bruno Spinner, Chef du Bureau

de l’Intégration,

Départements fédéraux des Affaires étrangères et

de l’Economie publique

- M. Hans Balsiger, Generaldirektor Schweizerischer

Bankverein

- M. Hans Leuenberger, Président de l’Académie suisse

des Sciences techniques

- M. Marcel Rochat, Vice-président de la Société des

Exportateurs de vins

suisses

- M. Christophe Scholz, Internationaler Wirtschaftsberater

et

- M. Raymond Loretan, Délégué aux Affaires européennes

et transfrontalières,

Valais, homme brillant et défenseur de la confrérie.

80


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Nous devons à M. Raymond Lorétan une dette de

profonde reconnaissance pour l’organisation de cette

grandiose manifestation d’esprit européen dont il

a été le père spirituel. D’ailleurs, devenu ambassadeur

à New York, c’est encore à lui que la Channe doit

d’avoir pu se présenter avec une modeste délégation

en cité de l’ONU. Pour nous ce sont ainsi créés de précieux

contacts avec des milieux qui jusqu’alors nous

étaient fermés.

En jardin du Wenkenhof, véritable éden terrestre, les

encaveurs et négociants en vins valaisans eurent l’insigne

honneur de pouvoir présenter la diversité de

leurs productions en guise d’apéritif.

Pour la plupart des invités, la dégustation de ces vins

fut une révélation. On ne peut, avec le recul des années,

que se féliciter de l’impact de ces heures bâloises

où une fraternité spontanée s’établit entre les

plus hauts responsables de la vie politique et économique

suisses.

La présence et les productions des Chanteurs de l’Ordre

sous l’experte direction de l’Officier Grand Chantre

Paul Morard, directeur et musicien de talent, ajouta

un climat de convivialité unanimement apprécié.

Les 175 ans de la Confédération

Revenons au Vieux Pays. 1815 -1990 - 175 ans d’existence

avec la Suisse, trois entrées la même année, celle

des trois derniers cantons. Cette date anniversaire

valait bien un chapitre spécial et Sion, d’abord en salle

du Grand Conseil, illuminée par la magnifique fresque

d’Ernest Bieler évoquant

notre entrée dans la Confédération,

endroit rêvé pour

y évoquer les faits historiques

de la délégation valaisanne

passant le col de

la Gemmi pour apporter

à la diète la demande officielle

de délibérer d’être

membre à part entière de

la future Suisse.

Fierté des Conseillers

d’Etat de Genève, Neuchâtel,

Valais, qui pour la pre-

Chaque année, durant le premier

week-end de juin, le Groupement des

encaveurs de Vétroz organise la «Fête

de la Fleur d’Amigne». Chaque membre

du groupement tient un stand sur

la Place du Four et y présente ses vins.

L’Amigne est naturellement en vedette,

mais les vins issus d’autres cépages, et

particulièrement les Grands Crus de

Vétroz sont proposés en dégustation.

Saviez-vous que...

81


mière fois fusionnent sous le signe de Bacchus. Chacun

des représentants sut tirer les conclusions de

leur union. Ils se plurent à relever anecdotes inédites

de la vie de l’époque. Belle page aussi pour l’Ordre qui

avait su préparer cette manifestation avec panache,

le tout complété par un déjeuner sélect consacré aux

mets et vins du pays du Haut-Rhône.

Le souvenir de la naissance de la station de

Montana

Un ivrogne remplit plus souvent son verre

que ses engagements.

Ensuite, le Procureur et le Conseil de l’Ordre ne peuvent

pas ne pas accéder à la demande des responsables

du plus connu du monde du plateau Crans-

Montana, M. Gaston Barras, président suisse du golf,

pour organiser fastueuses heures du souvenir de la

naissance de la station de Montana en 1893. Les organisateurs

dans un élan unanime, toutes querelles

de clocher oubliées, voulaient être les chantres modernes

pour honorer ainsi les hôtes d’exception qui

avaient choisi ces hauts lieux soit pour y passer leur

fin de vie, soit pour s’y adonner au sport en particulier

le golf, soit pour y trouver un endroit idéal pour des

vacances régénératrices et sauvegarder aussi certains

de leurs intérêts.

Ce raout, gala mondain de haute tenue, se déroule au

Régent, dans son centre des congrès et expositions.

Le Procureur Follonier en forme étincelante, propos

académiques, sourire aux lèvres, allait avec aménité

saluer ces prestigieux hôtes auxquels s’étaient jointes

une nouvelle fois, comme il se doit en pareille occasion,

les plus hautes autorités du pays, voyez plutôt

- M. Adolf Ogi, Président de la Confédération

- M. Paul Schmidhalter, Président du Conseil National

- M. Hans Wyer, Président du Conseil d’Etat du canton

du Valais

- M. Herbert Volken, Président du Grand Conseil

- M. Serge Sierro, Conseiller d’Etat.

- M. Jean-Pierre Clivaz, Président des Championnats

du Monde de ski 1987

- M. Jean Clivaz, Président du 100e anniversaire

- M. Gaston Barras, Président suisse du golf

82


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

- M. Guy Praplan, Secrétaire des Championnats du

Monde de ski 1987

Les responsables de la vie économique entendaient

eux aussi, par leur présence, attester de leur intérêt à

constater que les gens du Haut Plateau avaient grâce

à leurs efforts, leur persévérance, leur courage et leur

esprit d’initiative dynamisé, la région pour offrir à la

Suisse et aux étrangers ce merveilleux tremplin du

tourisme.

Au passage, pourquoi ne pas citer encore la présence

de

- M. Hans Erni, artiste peintre

- S.E. M. Maurice Couve de Murville, Premier Ministre

de la République

française

- S.E. le Scheik Zaki Yamani

- Mme Louise Moreau, Députée-Maire de Mandelieu

- la Napoule

- M. André Frossard, membre de l’Académie française.

Avec cœur, Gérard Follonier trouve l’à-propos désirable

pour que chacun des invités se sache devenu un

ami du Valais, un ambassadeur de Crans-Montana.

C’était l’occasion de signaler en particulier le rôle international

de ces lieux à de véritables amis tels:

- M. Edouard Brunner, Ambassadeur de Suisse à

Washington

- le Commandant de Corps Adrien Tschumy

- M. Albert Défago, Directeur de l’Office fédéral de la

Culture

- M. Antonio Riva, Directeur général de la SSR,

sans oublier les artistes, les stars célèbres et industriels

de renom.

Comment mieux clore

une réunion aussi réussie

sans l’inviter à partager

royale agape sur les hauteurs,

soit au Restaurant

le Cervin à Vermala, face

au splendide paysage de

hautes montagnes de la

chaîne des Alpes.

C’est donc en ces lieux

bénis des dieux que fut

«baillée la disnée» originale,

le tout agrémenté de

Fidèle à sa mission intellectuelle, l’Ordre

de la Channe a édité, en 1972, un

somptueux ouvrage réunissant vingt

excellents peintres du Valais d’inspiration

variée. Intitulée «Vignes et vins

de chez nous», cette très importante

oeuvre bachique traduit une véritable

atmosphère qui anime l’esprit,

éclaire la vie du vin et spiritualise

son vrai charme.

Saviez-vous que...

83


crus de haute lignée. Le sympathique et dynamique

directeur de l’OPAV, Antoine Venetz, une nouvelle fois,

avait réussi le pari de faire déguster aux invités plus

de 30 crus. Qui dit mieux?

Au gré des souvenirs encore un bref regard

- en septembre 1997, un chapitre de douceurs et de

tendresse intitulé «Le Romantique» à Giessbach,

joyau de l’Oberland bernois

- en juin 1992, balade sur le Thunersee pour le chapitre

«Dampfschiff Blümlisalp»

- en mars 1998, chapitre printanier sur le Léman, avec

départ du Bouveret.

40ème anniversaire

Le 40ème anniversaire donna lieu à une large rencontre

d’amitié où se retrouvèrent de nombreux fondateurs,

les premiers membres de l’Ordre, ainsi que

Un verre de vin est la chemise d’un capucin.

des représentants des confréries bien que le même

jour avait lieu l’assemblée générale de la Fédération

Suisse des Confréries bachiques.

Après les harangues de bienvenue et les intronisations,

les participants furent invités à gagner le Château de

Villa pour déguster la fameuse brisolée de l’amitié

préparée minutieusement par André Besse, Garde

des sceaux. La découverte de divers vins, notamment

celui d’un moût de Muscat, ranima les coeurs et c’est

ainsi que le chapitre fut clôt le lendemain matin par

une messe du souvenir dite au Couvent de Géronde en

hommage aux défunts de l’Ordre de la Channe: Office

simple mais émouvant. A l’issue de cette rencontre

informelle, fut organisée une agape pour égrener et

conter les heurs et malheurs des 4 décennies de la

Channe entre amis de bonne cuvée.

De tristes événements allaient endeuiller l’Ordre:

Le 10 mars 2001 à l’hôtel du Parc à Martigny le Procureur

Gérard Follonier allait présider pour la dernière

fois l’assemblée générale de l’Ordre, rien ne

laissait présumer à l’époque l’issue fatale de Gérard.

Comme d’habitude l’ordre du jour fut rapidement

épuisé. Place au chapitre proprement dit

84


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

du «Verre à pied». Concept de caveau

oenothèque pour permettre la visite et

surtout la dégustation des vins. C’est la

Société des encaveurs de Sion qui avait

pris cette initiative. La Channe y avait

adhéré toujours soucieuse, selon les

buts qui étaient les siens, de favoriser

toute initiative propre à valoriser notre

viti-viniculture.

Préalablement à l’agape, les hôtes eurent plaisir à visiter

les jardins de l’hôtel où le célèbre artiste grec

Vassiliki exposait ses oeuvres.

Avec tristesse, le 21 avril 2001 à 0700h du matin un

coup de téléphone de la direction de Radio Rhône

avertissait le Commandeur que le Procureur Gérard

Follonier venait de décéder subitement et qu’il était

prié d’évoquer sa mémoire.Une réalité à laquelle il

était difficile de croire. Quelques instants plus tard,

avec une profonde émotion, et dans une improvisation

venue du coeur, il était rendu hommage au Procureur

décédé. Comment imaginer que Gérard n’était plus?

Le portrait de Gérard, c’est celui d’un homme de caractère

dans le bon sens du terme, généreux, ouvert.

Le Procureur Gérard Follonier et

l’officier Cilette Faust

85

Toutefois, nous n’avons pas été assez

proches, comme ce fut le cas avec

René Deslarzes, Albert Rouvinez, pour

le juger à sa juste valeur. Aussi avonsnous

réservé à Cilette Faust de lui rendre

un émouvant et touchant hommage

à Monthey.

Il a eu sa façon de diriger l’Ordre. Il

convient d’admettre et de concevoir

que chaque Procureur a

sa personnalité et une

conception très intimiste

d’accomplir son mandat.

Ce fut le cas de Gérard Follonier.

Ce fut le cas de ses

prédécesseurs.

On doit relever que, sous

sa houlette, les relations

avec la presse furent

maintenues, mais vu les

nouvelles tendances choisies

par les responsables

suisses du journalisme, la

Le Valais bénéficie d’un climat particulier

de steppes, marqué par des

étés brûlants, des automnes tardifs,

une vive insolation et une faible nébulosité.

La présence d’une faune et

d’une flore d’une diversité étonnante

témoigne de ces conditions exceptionnelles.

Alors que les cactus fleurissent et que

le grand lézard vert entame sa parade

nuptiale, les cigales stridulent

dans les buissons, les abricots mûrissent

dans les vergers et les scorpions

se protègent sous les pierres de la brûlure

du soleil.

Saviez-vous que...


diffusion des activités de confréries telles que la nôtre

ne se sont plus personnalisées comme au début

de nos activités.

Toutefois, puisqu’il nous est offert de parler presse,

il est légitime de la remercier pour sa disponibilité. A

part les journaux tels Le Nouvelliste, le Walliser Bote,

les conseils successifs avaient fait appel à des amis

titulaires de publications mensuelles telles la Revue

Plaisirs & Gastronomie de notre fidèle supporter Guy

Gessler, Gastronomie, le 13 Etoiles de Pillet et de petites

agences locales.

Ces reportages bienvenus ont rehaussé le renom de

la Channe.

Actuellement, signalons et saluons avec joie le travail

de bénédictin de Fernand Schalbetter, Officier

Epistolier qui a pris l’initiative de doter l’Ordre d’une

publication historique lors de chaque chapitre. Ces

documents sont précieux, historiquement justifiés et

Un verre de vin

tire souvent mieux que deux boeufs.

inédits quant aux sujets traités.

«Vigne des Cantons» et Ordre de la Channe: une

collaboration appréciée au service de l’image

du Valais.

En 1988, le Conseil d’Etat de la République et Canton

du Valais a pris la décision d’offrir, chaque année,

un parchet de 100 pieds de vigne de son domaine du

Grand-Brûlé à Leytron à un ou plusieurs cantons suisses.

L’année suivant la donation, le canton concerné

recevait, par l’intermédiaire de la chancellerie valaisanne,

120 bouteilles de Fendant provenant de sa vigne.

Nommé à la direction de l’OPAV (Office de Promotion

des Produits de l’Agriculture Valaisanne) en octobre

1991, l’Officier du Conseil Fernand Schalbetter a profité

de cette action «Vigne des Cantons» pour penser,

organiser et réaliser des opérations de relations

publiques auxquelles l’Ordre de la Channe était

associé.

Ces activités se déroulaient selon le concept suivant:

86


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Remise du vin de la «vigne des Cantons» aux autorités du canton de

Neuchâtel

- L’Etat du Valais continue à se charger de la remise

de la vigne aux divers cantons.

- Une année après cette donation, l’OPAV prend la

relève et apporte officiellement les 120 bouteilles de

Fendant aux autorités dudit canton.

- Cinq ans après la remise de la vigne, toujours par

l’intermédiaire de l’OPAV, le canton choisi se trouve

bénéficiaire de deux tonneaux de respectivement 20

litres de Fendant et de 20 litres de Dôle.

- Dix ans après la remise de la vigne, le canton reçoit,

par l’OPAV, un tonneau de 50 litres de Petite Arvine.

87

Les démarches mentionnées ci-dessus étaient, bien

entendu, accompagnées d’un décorum très officiel

et solennel. Ces opérations de relations publiques,

par exemple, avaient lieu lors d’une séance du Grand

Conseil et en présence de membres du Conseil d’Etat,

de la presse et de la population du canton concerné.

La délégation valaisanne, quant à elle, se composait

de représentants politiques (généralement le Président

du Grand Conseil accompagné du Chancelier),

d’un groupe folklorique (société de fifres et tambours).

Le Procureur (Gérard Follonier puis Melchior Kalbermatten)

et des Officiers de l’Ordre de la Channe, pour

leur part, assuraient par leur présence costumée, la

touche visuelle colorée et prestigieuse de la délégation

et ceci d’autant plus que, traditionnellement, celle-ci

parvenait en cortège sur le lieu de la manifestation.

Et les membres de l’Ordre de la Channe qui connaissent

l’éloquence du Procureur

Gérard Follonier

et, par la suite, de celle du

Procureur Melchior Kalbermatten,

peuvent sans

peine imaginer ce que furent

ces rencontres qui

contribuèrent grandement

à améliorer l’image du Valais

en général et de ses

vins en particulier auprès

des autorités et de la population

des divers cantons

confédérés.

Après avoir été adoubé, le membre

de l’Ordre est convié à boire quelques

gorgées (plus ou moins conséquentes)

de vin blanc contenu dans une

coupe. Cette invitation est précédée

de la formule «Porte cette coupe à

tes lèvres. Que Dieu te donne le vin

et le froment en abondance». Signalons

que la deuxième partie de

cette injonction peut être adaptée

aux «conditions locales». Par exemple,

pour un japonais: «Que Dieu te

donne le saké et le riz en abondance»

Saviez-vous que...


LES PROPOS DE

L’ORDRE DE LA

CHANNE

Un verre de vin vaut un habit de velours.

1987: La vigne et le vin dans les Lettres valaisannes.

(Pascal Thurre).

1988: Le vin et la joie de vivre. (Paul Anex).

1990: Climat - sol - cépage. Trois partenaires au service

du vigneron. (François Héritier et Jean-Louis Simon).

1992: L’avenir de la viticulture et des vins suisses dans

le grand marché européen. (Frédéric Rothen).

1997: Les vignes maudites. (Pascal Thurre)

2000: Des refrains qui nous enchantent. (Robert Clivaz)

88


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Intérim:

21 avril 2001

- 5 avril 2002

On doit à la sagesse et à la sagacité de quelques

conseillers avisés tels Christophe Venetz, Fernand

Schalbetter et André Darbellay, d’avoir su préserver

la continuation normale des chapitres en l’absence

d’un Procureur.

Cela nous a valu l’organisation de deux chapitres,

goûtés et appréciés de nos membres, à savoir

- le 22 septembre 2000 à la Fouly, celui de l’Inalpe, et

- le 17 novembre à Savièse, celui de la Raclette.

En Entremont, devant près de 150 membres, défilèrent

troupeaux fleuris rentrant au bercail, accompagnés

par des musiques locales. L’apéritif était offert

en plein air le long du parcours.

Quant à l’agape valaisanne de Savièse, en automne,

89

elle connut à nouveau un succès de prestige justifié.

Cette formule a le mérite d’inciter de nombreux membres

à se retrouver à ces agapes fraternelles.

Pro memoria, rappelons que malgré le deuil, le Conseil,

après le décès de Gérard Follonier, assura le déroulement

prévu du gala des vins du Valais à Berne le 4 mai

2001. Gérard Follonier l’avait préparé avec soin.

La disparition subite du Procureur a mis le Conseil face

à une vacance à laquelle on

ne s’était pas préparé. Certes

depuis quelques temps

on évoquait que l’on devrait

à brève échéance envisager

la succession du 5ème

Procureur, ceci après 12

ans de règne. Mais personne

n’envisageait cette

formule dans l’immédiat.

Pour la recherche d’un

successeur, le Conseil

chargea une délégation

composée de MM. Darbel-

Une des curiosités viticoles du Haut-

Valais est le Himbertscha d’origine inconnue.

Ce nom «Himbertscha» pourrait

se référer au goût de framboise. Il

est plus probable qu’il fasse référence

à «im-bercla» soit à la treille et à la

pergola. Les raisins de ce vin rare

sont, en effet, cultivés en pergola

dans la région comprise entre Viège

et Brigue et plus particulièrement à

Eyholz.

Saviez-vous que...


lay, Schalbetter, Venetz, Bruchez, Bumann, complétée

par le commandeur Zwissig et l’Officier Besse de

déterminer le profil du futur Procureur et ensemble

de procéder aux prises de contacts nécessaires. Il est

vrai que la succession d’Albert Rouvinez n’avait posé

aucun problème, tant il était établi que ce poste revenait

normalement à Gérard Follonier, d’où cette désignation

tacite. Dans la situation présente, ce n’était

pas le cas.

Après avoir consulté en premier lieu les Officiers et

leur avoir demandé s’ils étaient intéressés à se porter

candidat, il s’avéra que personne ne sollicitait ce

mandat, ceci d’ailleurs pour des raisons très diverses

mais fondées. Mener une confrérie comme l’Ordre de

la Channe n’est pas de la compétence de n’importe

qui.

Vin versé n’est pas avalé.

Outre des qualités de chef consensuel, d’esprit

d’ouverture, de posséder le sens des réalités, d’être

décidé à consacrer le temps voulu à l’Ordre et à sa

direction, il fallait disposer et bénéficier de connaissances

de la viti-viniculture, de contacts humains reconnus.

De plus, il faut que le nouveau Procureur soit connu,

ait une réputation d’homme d’action, aux qualités

morales reconnues, éloigné de la politique partisane,

en un mot: «l’oiseau rare».

De nombreux noms furent retenus et tout de suite

refusés parce que ne correspondant pas à l’idée du

Conseil, ou sollicités mais ayant refusé cette nomination.

A nouveau, des personnalités de valeur, s’excusèrent

de ne pouvoir souscrire à cette offre. Le temps

passa jusqu’au jour béni où les Officiers Christophe

Venetz et André Darbellay estimèrent être à même

de pouvoir suggérer un nom, en l’occurrence celui de

Melchior Kalbermatten, spécialiste du tourisme,

originaire du Haut-Valais, éventuellement disponible

pour assurer la tâche envisagée.

Pour le Conseil, cette personnalité possédait les

90


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

expériences voulues, surtout de la pratique

dans les domaines les plus variés de

l’économie, des relations avec l’étranger

et en particulier du tourisme qu’il a toujours

su défendre par d’heureuses initiatives.

Parfait bilingue, possédant allemand/

français, l’anglais, même quelques notions

de japonais et de néerlandais, il

ajoutait ainsi des qualités spécifiques

pour occuper ce poste. C’est un amoureux

de la montagne, adepte du ski, un

passionné de voyages. A ces brillantes

qualités, il ajoute celle d’être lieutenant colonel retraité.

L’homme nous convenait. Le tout c’était qu’il accepte

cette candidature, car il y avait urgence.

En effet, l’assemblée générale de Monthey prévoyait la

nomination d’un Procureur. Le Conseil, à l’unanimité,

entendait qu’il soit rapidement nommé, mais il nous

fallait une réponse. Or, surprise, Melchior Kalbermatten

voyageant en Chine, ne pouvait être présent.

Ce chapitre

fut aussi

le Procureur Melchior Kalbermatten une émouvante

journée

d’hommage solennel

à la mémoire du Procureur

défunt. C’est à l’officier

Troubadour que le Conseil

confia la tâche d’évoquer

ce que fut et fit Gérard Follonier.

Avec une délicatesse

touchante Cilette Faust

sut traduire les sentiments

que chacun professait à

l’égard de Gérard.

91

Par contre, par bonheur, il avertissait

les responsables de son accord de

principe.

C’est ainsi que le 6 avril 2002 au chapitre

du «Renouveau», l’assemblée

acclama Melchior Kalbermatten nouveau

Procureur de l’Ordre malgré son

absence. Il fut décidé de l’introniser à

Vercorin.

Une des missions de l’Ordre de la

Channe consiste à éditer des ouvrages

relatifs au monde de la vigne et

du vin. C’est à ce titre que sont publiés

régulièrement «Les Propos de l’Ordre

de la Channe». Depuis ceux intitulés

«Poésie de la vigne et du vin» dus à M.

Maurice Zermatten, en octobre 1958,

à ceux dénommés «Des refrains qui

nous enchantent» de M. Robert Clivaz,

au printemps 2000, 35 fascicules

poétiques, scientifiques, historiques et

sociologiques parcourent et célèbrent

l’ensemble des multiples aspects de la

viti-viniculture du Valais.

Saviez-vous que...


De son oraison funèbre retenons:

Vous avez Bonin

Nous avons Suzanne Brun

C’était déjà toi Gérard, le Poète qui as si bien su

chanter la Dôle et le Fendant.

Les mois, les années... se sont vite, vite écoulées et

un jour de

Printemps 1988

Tu recevais le titre d’honneur

de l’Ordre de la Channe, te voilà Procureur

Et tu resteras à ton poste fidèle et brillant

Jusqu’à ce triste jour de Printemps

21 avril, plus exactement.

Mais aujourd’hui, je voudrais te remercier

Pour tant d’éclats de rire, d’humour, de poésie

Tu as été au Conseil celui qu’on aime autant qu’on

admire

Tu as été la langue dorée de ce Canton

Ce ne sont pas tes victimes qui me contrediront.

Tes harangues étaient attendues avec bonheur

Car tu savais faire danser les Muses avec splendeur.

Tes gestes ont été et resteront des symboles.

Merci sincère et mérité de la part de tous les Chevaliers

de l’Ordre et un « Au Revoir » particulier des

Commandeurs et Officiers de l’Ordre.

Gérard Follonier le méritait.

Aut bibas aut abeas (bois ou va-t’en ).

92


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Ere Kalbermatten:

6 avril 2002

En ce 8 juin 2002, les cloches du sympathique village

de Vercorin carillonnent gaiement et à toutes volées.

Elles semblent s’associer à la fête de l’homme du jour:

Melchior Kalbermatten, nouvel et illustre Procureur,

le 6ème dans la chronologie de l’Ordre de la Channe

allait être intronisé.

Cette cérémonie simple en l’église paroissiale permit

au Commandeur Rouvinez d’adouber solennellement

le Procureur, en l’absence du Commandeur Zwissig

hospitalisé.

C’est la première fois que le nouveau responsable de

la confrérie avait l’honneur d’adresser son très cordial

et fraternel salut à ses futurs sujets.

93

Très fier d’appartenir au Lötschental, cet homme aux

qualités multiples, de caractère agréable mais ferme,

Melchior Kalbermatten a su conquérir immédiatement

les coeurs. En fait, cet homme ouvert à la discussion,

à l’écoute permanente des gens, très proche

des réalités journalières, avec un coeur généreux, ne

peut mieux que quiconque être le continuateur naturel

des Procureurs de l’Ordre, et devenir l’homme du jour,

lucide, efficient et doué d’un esprit visionnaire de bon

aloi, le tout dans le véritable esprit de foi des fondateurs.

Melchior Kalbermatten s’est forgé une belle carrière:

partout où il eut des missions à remplir, il sut les mener

à bien. Son passage de

1986 à 2000 à la direction

de l’Union Valaisanne du

Tourisme (UVT), où il s’associe

aux personnalités

valaisannes dans le cadre

des candidatures aux Jeux

Olympiques 2002 et 2006,

témoigne de son intérêt

constant de l’évolution. Tel

est le portrait que l’on peut

tracer du nouveau Procureur.

Après un apéritif servi dans

En parcourant le vignoble valaisan,

le bon observateur remarque

que certaines parcelles de vignes se

distinguent par une taille particulière,

dite «taille valaisanne»: une

ancienne méthode culturale qui n’est

encore maîtrisée que par de rares vignerons

et qui confère aux cornes des

ceps l’aspect de tire-bouchon.... ce qui

s’accorde parfaitement à la vigne et à

son noble produit: le vin.

Saviez-vous que...


Le Procureur Kalbermatten entouré

à gauche de Christophe Darbellay,

conseiller national et à droite de Georges

Mariétan, président du Grand-

Conseil du Valais

ce beau village, il fut dégusté un

fameux menu. Propos chaleureux,

ambiance joyeuse. Un bon

départ!

Immédiatement on a senti la

main du chef fixant des buts précis:

Ave color vini clari, Ave sapor sine pare.

(Salut, ô vin clair, Salut, ô vin au goût sans égal)

- chapitre préparé avec soin et surtout un déroulement

conforme aux règles de la confrérie

- patronages sélectionnés en associant à l’Ordre plusieurs

représentants des branches économiques jusqu’alors

laissées

- choix explicite de certains hauts lieux, ceci dans

un contexte conçu voulu par le Procureur, à savoir un

retour permanent à la nature

- contact direct avec tous les membres par des communications

régulières

- une préparation minutieuse des 50 ans de l’Ordre

avec un programme mitonné et concocté d’une façon

à la fois rabelaisienne, mais

cartésienne

- une écoute permanente pour

tout ce qui peut être profitable à

l’avenir de l’Ordre.

Ces premières mesures sont saluées avec plaisir car

depuis peu de temps, l’Ordre de la Channe, pareil à

Blanche Neige, se laissait aller à la somnolence.

Une des préoccupations des responsables, celle de

maintenir la place acquise par notre confrérie sur

le plan international, quelle puisse être consolidée,

mieux encore soumise à un régime de renouveau qui

en fasse une société exemplaire, vivante, ouverte à

son siècle et s’y intégrer aisément. D’où des mesures

nouvelles à envisager, certaines méthodes à revigorer,

des responsables à stimuler, des aspects culturels à

revaloriser et enfin d’oser la recherche d’inédits susceptibles

de donner à l’Ordre de la Channe un panache

et une audience internationale aussi valable

que celle de la confrérie du Tastevin de France.

Vercorin c’était hier, demain c’est un futur promet-

94


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

teur. Le Procureur veut y croire. Et ce futur s’est offert

avec des chapitres qui ont pris une certaine hauteur:

alpage Siviez, la forêt de Planige, Champoussin 2000,

Anzère Pas de Maimbré 2300 m. Au plaisir d’humer

l’air pur, d’admirer des chaînes de montagnes et des

paysages radieux, s’ajoute celui, année après année,

de découvrir de nouveaux sites. Ces chapitres «raclette»

témoignent de la qualité de la production laitière

du Valais et grâce à ce label valaisan, ces genres de

chapitres sont particulièrement prisés.

Satisfaction aussi de fraterniser lors des incursions

en terre helvétique et de rencontrer quelques personnalités

cantonales. Ont ainsi été à l’honneur la TV

romande, le chef de l’agriculture valaisanne, Valais

Tourisme, le président du Grand Conseil valaisan, des

Conseillers d’Etats de Valais-Vaud-Genève.

Les rencontres sont riches d’enseignement et se font

dans un climat de détente et de fraternité.

Des chapitres de prestige au Rheinfall, Laufen, Grindelwald.

Les superbes heures à la Rathaus de Zurich

ont consolidé les liens Zurich/Valais avec la présence

de chefs des départements de l’économie cantonale.

Ces faits ont été signalés et relevés par la presse suisse.

On devrait pouvoir détailler la cadence de ce que les

Français appellent les «frairies». Contentons-nous de

souligner leur excellence notamment celui de la Limmat

à Zurich, celui du centenaire du TCS, de celui du

Jet d’Eau, à Genève.

Un hommage à l’hôtellerie de montagne a été aussi

rendu. Dans un décor alpestre

impressionnant du

Col du Grimsel avec le Président

du Conseil National

Yves Christen et les

Conseillers d’Etat Barbara

Egger-Jenzer de Berne et

Thomas Burgener du Valais

on a célébré la Montagne,

l’Eau, l’Energie. A

Fafleralp en un chapitre

de l’arrière-été, nous rendions

un vibrant hommage

à toute la vallée du Lötschental,

à ses Tschägätte,

Elus par l’assemblée générale, les 15

à 21 membres du Conseil de l’Ordre

se réunissent 6 à 9 fois par année

pour gérer le programme d’activités,

administrer l’Ordre et gérer ses biens.

Traditionnellement, ces séances se déroulent

le lundi soir, à Sierre, au siège

de l’Ordre soit à la «salle des Chevaliers»

du Château de Villa.

Saviez-vous que...

95


à ses spécialités montagnardes, à son folklore. C’était

pénétrer dans l’âme secrète du Valais.

Ce bref survol nous invite à réflexion. Il permet déjà

de tirer sinon des leçons du moins des tendances des

analyses susceptibles de nous faire partager les buts

du Procureur qui nous incite à nous remettre en cause

chaque chapitre.

Dans les options prises, nous observons que la

confrérie a su harmoniser certaines relations avec les

secteurs viti-vinicoles nouveaux d’heureuse façon.

Certains secteurs en rapport indirect avec la vigne

et le vin ont été invités à participer à nos efforts. Un

chapitre comme celui du Grimsel témoigne de la part

prépondérante que prend l’Ordre à la défense de l’environnement.

Les visites aux alpages, les incursions

dans certaines forêts sont des jalons posés permettant

un rapprochement plus étroit entre l’humain et

Bibere humanus est, ergo bibamus.

(boire est humain, donc buvons)

la nature. Comment rester insensibles aux heures de

Fafleralp où l’on a su valoriser les coutumes locales

du passé et les associer aux notions nouvelles d’une

civilisation plus égoïste?

Cette philosophie, nous la saluons avec plaisir et nous

espérons qu’elle soit désormais toujours présente. A

nous de nous en imprégner et d’en devenir les disciples.

Remercions aussi le Procureur d’avoir su restituer

au titre de patronage le sens premier que désirèrent

les fondateurs, celui de la rareté. Dans la période

1970 à 2000 on a trop souvent galvaudé cette formule

par l’octroi aux premiers venus du titre de Chevalier

d’Honneur. Quelquefois cela se légitime car le Conseil

doit céder à certaines pressions. Pour nous, recevoir

un titre honorifique se mérite, d’où un choix attentif.

Les intronisations font vivre de beaux instants. Elles se

font avec ce rite particulièrement bien réglé. L’imposant

et souriant Procureur, avec un vieux cep, intronise

le candidat sous l’oeil amusé et bienveillant

du vénérable Officier Bumann tandis que les spirituels

et si actifs Christophe Venetz et Fernand

96


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Schalbetter prononcent la présentation des candidats

avec un esprit de bon aloi et surtout un dialectique qui

ravit les auditeurs. Aux côtés, les sémillantes Cilette

Faust et Monic de Ronde, respectivement Troubadour

et Sénéchal s’affairent, complaisantes.

Ainsi, à fin 2006, on peut établir ce constat et saluer

avec joie la qualité des 20 chapitres déjà vécus. Le renouveau

bienvenu est là.

Les thèmes choisis charment. On y décèle des regards

pointus sur les réalités vigneronnes, les soucis

de l’environnement, les amitiés intercantonales, le

tourisme. Chaque année ont a pris l’habitude de célébrer

un label du pays du Rhône. C’est justice.

La direction discrète est ferme et intelligente. Actuellement

elle concrétise la vraie réalité de l’Ordre

malgré les aléas de l’existence, l’égoïsme moderne, le

désintérêt. Un nouvel esprit s’impose aussi bien pour

ses membres que pour ceux avec qui nous vivons.

C’est l’art de le promouvoir du Procureur visionnaire.

50ème anniversaire

A anniversaire exceptionnel, chapitre exceptionnel....

et c’est ce qui s’est passé samedi 25 août 2007 au couvert

de la bourgeoisie de Sierre à Granges.

Préparé de longue date par une commission placée

sous la direction du Procureur Melchior Kalbermatten

et composée des Officiers Cilette Faust, Monic de

Ronde, Christian Mayor, Stéphane Rudaz et Fernand

Schalbetter, le «chapitre bucolique du jubilé» fut à la

hauteur de l’événement.

Ce magnifique succès, applaudi

par les quelque 350

participants, tint à plusieurs

facteurs que nous

nous plaisons à détailler:

Tout d’abord, relevons la

qualité de la décoration

tant de la salle, que celle

des tables et de celle non

moins attrayante et originale

de l’emplacement

menant au couvert: une

Si l’on part du principe qu’en moyenne

chaque encaveur apporte deux

Fendant sur le marché, l’on peut prétendre,

sans crainte d’exagération,

que le consommateur a le choix entre

plus de 1’000 Fendant....Il serait donc

absolument peu probable qu’un de

ces produits ne soit pas à votre goût.

A bas les préjugés et bonne dégustation!

Saviez-vous que...

97


débauche de couleurs propres à concurrencer l’éclat

du soleil qui nous tint compagnie du matin au soir.

Ensuite, relevons la qualité de la harangue du Procureur

qui se plut à retracer avec éloquence l’épopée

de l’Ordre de la Channe au cours de ses 50 ans

d’existence. Ne pouvant demeurer en reste, les Officiers

Christian Mayor, Christophe Venetz et Fernand

Schalbetter firent assaut d’humour et de compétence

dans leur présentation des intronisés et des vins.

Quant aux animations, elles furent nombreuses et

éclectiques: qu’on en juge: spectacle de danse sous

le titre «la farandole des cépages» présenté par l’Académie

de danse de notre Officier Troubadour Cilette

Faust; intermède musical par le trio Barbonne; interventions

de haute tenue de la formation «Moulin à

Vent»; intermède folklorique des «fifres et tambours

de Saint-Luc»;prestations plus modernes du groupe

de jazz «Boucan-huit» sans oublier, naturellement,

Deficiente vino, deficit omne.

(Si le vin manque, il manque tout.)

les «Chanteurs de l’Ordre» et leur chants toujours

aussi vineux et harmonieux. Et que dire de la surprise

du jour c’est-à-dire du «combat de reines» qui vit

aux prises 8 vaches de la race d’Hérens et au cours

duquel les spectateurs purent se délecter d’un Humagne

Blanc de Saillon 2006, Domaine de Régalesse

gracieusement mis à disposition par M. Jacques-Alphonse

Orsat de la cave Taillefer S.A. à Charrat.

Le repas-buffet, apprêté par Claude Luisier d’Ovronnaz

et sa brigade, fut, lui aussi, un modèle du genre:

MENU

Apéritif d’accueil: Fendant Primus Classicus 2006 offert

par les Caves Orsat S.A. à Martigny

Apéritif d’avant repas: Petite Arvine 2006 offerte par

Maison Jean-René Germanier S.A. à Vétroz

«De la marmite»

Humagne Rouge Maître de Chais 2004 offerte par

la Maison Provins Valais à Sion

Soupe du chalet - Crème de courge - Crème de

tomate givrée

98


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

«Du fournil»

Johannisberg 2006 offert par la Cave la Tornale à Chamoson

Tarte saviésanne - quiche aux tomates - tarte à

l’oignon - feuilleté aux courgettes - diverses salades

de saison

«De la cuisine»

Syrah 2006 offerte par la Maison Charles Bonvin &

Fils à Sion

Filet de lapin au thym et pommes de terre - kneffles

gratinées - gigot d’agneau à la sauge - fondue de polenta

- tomates farcies - carré de porc aux abricots

- gratin de côtes de bettes du jardin

«De la cave»

Marsanne 2004 offerte par la Maison Provins Valais à

Sion

Plateau de fromages valaisans affinés

«De la pâtisserie»

Grain Noble 2002 offert par la Maison Rouvinez à Sierre

99

Vacherin glacé aux fruits du Valais - sorbet au Muscat

- sorbet cassis - poire à l’Humagne Rouge - mousse

aux fraises et coulis de rhubarbe - tartes aux pommes,

aux abricots, aux pruneaux, aux framboises, aux

myrtilles

......et en soirée: raclette à volonté offerte par la Fédération

Laitière du Valais (FLV ) à Sierre et accompagnée

de Fendant Soleil du Valais dû à la générosité la

Maison Varone Vins à Sion

Nous avons, à dessein,

réservé pour la «bonne

bouche», la liste des personnalités

qui ont accepté

d’assurer le patronage de

ce chapitre du jubilé:

M. Pascal Couchepin,

Conseiller fédéral - Chef

du Département fédéral de

l’intérieur

M. Georges Mariétan, Président

du Grand Conseil

Valaisan

Depuis l’été 2001, le choeur des Chanteurs

de l’Ordre, qui, par l’excellence

de ses prestations, concourt à la réussite

des chapitres, a, pour éviter toute

méprise, changé la dénomination de

son groupement. En effet, «Les Gais

Chanteurs de l’Ordre de la Channe»

sont devenus simplement «Les Chanteurs

de l’Ordre de la Channe». Utile

précision: c’est le 7 juillet 2001 que se

déroula, à Sion, la gay pride.

Saviez-vous que...


M. Jean-Michel Cina, Conseiller d’Etat - Chef du Département

de l’économie et du territoire

M. Manfred Stucky, Président de la Ville de Sierre

M. Bernard Theler, Président de la Bourgeoisie de

Sierre

M. Jacques-Alphonse Orsat, Président de l’Interprofession

de la vigne et du vin du Valais

Mme Irma Dütsch, Cheffe de cuisine et consultante

Mlle Tiffany Géroudet, Championne du monde junior

d’escrime

M. Gottfried Tritten, Artiste peintre et pédagogue

Alors que M. Pascal Couchepin, Conseiller fédéral,

sut recueillir des applaudissements nourris par son

aisance, sa décontraction et son éloquence teintée

d’humour, les autres personnalités du patronage ne

demeurèrent pas en reste et lui emboîtèrent le pas

pour le plus grand plaisir des membres et sympathisants

venus des quatre coins de Suisse, des pays limitrophes

(France et Belgique) et même d’outre mer

M. Jean-Michel Cina, Conseiller

d’Etat et hôte d’honneur au

chapitre du jubilé de l’Ordre, le

25 août 2007

(Nouvelle Calédonie).

En résumé et pour conclure, la célébration du 50ème

anniversaire de l’Ordre de la Channe fut une promotion

des plus réussies non seulement pour l’Ordre

lui-même mais aussi, bien entendu l’ensemble du

Valais et tout particulièrement pour ses vins et son

tourisme.

Inter pradendum sit saepe parumque bibendum.

(Pendant que tu manges, bois peu mais souvent.)

100


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Chapitres

à la carte

C’était encore sous l’ère Follonier, le vendredi 7 avril

2000, qu’une délégation de l’Ordre de la Channe

s’est rendue à Londres pour animer une cérémonie

organisée par la direction de Suisse Tourisme UK,

soutenue par l’Ambassade Suisse à Londres, Swissair

UK, Crossair UK, SWEA et Valais Tourisme. Ainsi était

libellé le Cérémonial d’invitation:

The London Chapter: Friday 7 April, 2000

Westminster City Hall,

« In honour of

The Lord Mayor of Westminster, Alex Segal, J.P

His Excellency Brunno Spinner, Ambassador of

Switzerland

Councillor Robert Jonathan Davis

Councillor Angela Hooper”.

Un honneur qui a permis aux participants de côtoyer

le gratin du monde politique britannique et de

leur prouver que le Valais a du savoir-vivre, sans

grandiloquence, mais avec la sobriété qui sied à la

noblesse. Treize intronisations sur 45 personnalités et

un repas concocté par le grand Anton Mosimann, par

ailleurs Chevalier Gourmet de l’Ordre de la Channe. Le

langage du cœur passe toujours bien et le nôtre s’est

fait entendre comme nous l’espérions. Nos vins, entre

autres, ont flatté les palais et le légendaire « sens of

humour » britannique s’est marié au sens de l’humour

valaisan pour, l’espace d’une soirée, tisser des liens et

des projets d’avenir.

Liens tissés et à maintenir

en Angleterre où, toujours

avec le soutien de Suisse

Tourisme, de son directeur

Dino Dulio ainsi que de

notre « Vidôme » Madeleine

Beck, trois rencontres ont

été organisées à Londres

le 18 mars 2002, le 1er

juillet 2003, les 16 et 17

mars 2004.

Berlin, 16 novembre

2002: Winzerabend

En 2002, sous l’égide de

Le monde des soi-disant amateurs de

fines gouttes renferme plus de «buveurs

d’étiquettes» que d’authentiques

buveurs de vins. Test: faites déguster à

l’aveugle trois Fendant ou trois Dôle

et vous constaterez que, sans l’aide

visuelle de son étiquette préférée, le

«connaisseur autoproclamé» va devoir

avouer son embarras.

Saviez-vous que...

101


la SWEA, la tournée des Producteurs suisses s’est

déroulée en Allemagne. Au programme, et en point

d’orgue de cette tournée, une soirée « Winzerabend »

au Jolly Hotel Vivaldi à Berlin, le 16 novembre 2002, où,

sous le patronage de l’Ambassadeur Werner Baumann,

une petite délégation de l’Ordre de la Channe s’est

chargée de mettre une ambiance valaisanne en terre

berlinoise au cours d’une dégustation suivie d’un

succulent repas.

New York, 4 mars 2003

En mars 2003, la Suisse s’est présentée aux New

Yorkais huit semaines durant dans le cadre d’une

campagne de relations publiques de grande envergure.

C’est grâce à l’heureuse initiative du Consulat Général

de Suisse, plus personnellement l’Ambassadeur

Raymond Loretan et sa charmante épouse Carole,

talentueuse Chevalier Gourmet, grâce aussi à l’efficace

collaboration du directeur de Suisse Tourisme

d’Amérique du Nord, Urs Eberhard, et du responsable

marketing de Valais Tourisme, Marcel Perren, qu’une

Mme Mitsuko Suzuki, directrice Merketing

Switzerland Tourism, Japan et Mme Arisaka

Fumiko, Wine Journalist

Eau de Saint-Jean ôte le vin et ne donne pas de

pain. Beau temps vers la Saint -Jean, blés et vins

abondants..

(proverbe bourguignon)

petite délégation de notre Confrérie a été intégrée

à une rencontre placée sous le thème des « Swiss

Peaks », le 4 mars 2003 à New York. Une occasion

pour le Valais de se distinguer, notamment par ses

vins. L’intronisation d’une quinzaine de Chevaliers

d’Honneur et Chevaliers a précédé un « wine & dine »

organisé à la résidence de l’Ambassade qui avait

ouvert ses portes à des personnalités du monde

politique, économique, gastronomique, touristique et

médiatique triées sur le volet.

Le Valais étant une terre d’accueil et un terroir

authentique par excellence, c’est aussi dans un esprit

d’ouverture et persuadés que le contact personnel

sur place n’a pas son pareil, que nous avons voulu

reconduire l’expérience. C’est le 27 avril 2004 que la

même petite délégation s’est rendue, sur invitation,

à New York pour une nouvelle rencontre. Beaux

moments de convivialité bien arrosés des meilleurs

crus et ennoblis de saveurs gourmandes. Nouveau

succès et huit nouvelles intronisations!

Zermatt, 30 mars 2003: Swiss Wine

Symposium

A peine rentrée de New York, la même délégation

102


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

participait au Chapitre de l’International Swiss Wine

Symposium organisé à Zermatt le 30 mars 2003, une

plate-forme offerte par le Swiss Wine Exporters’Ass.

Somptueux décor de l’Hôtel Mont Cervin et des

vins savamment choisis pour accompagner un

délicieux repas ont laissé un souvenir intarissable

à tous les participants et plus particulièrement

aux 16 personnalités venues de Belgique, d’Italie,

d’Allemagne, des Pays-Bas, des Etats-Unis, du Japon,

choisies pour devenir nos nouveaux ambassadeurs, et

donc intronisées pour la circonstance.

Sierre, juillet 2003: Festival BD

Pas de frontières. Pas de barrières. Le festival BD

(Bandes Dessinées) sierrois et les vins valaisans ont

fait bon ménage à Sierre en juillet 2003 où des stars du

9e art ont été élevées au rang de Chevaliers des arts

de notre Confrérie, une cérémonie organisée au cœur

du 20e Festival International de la bande dessinée.

Paris, 21 juin 2005

Parce que c’est la fête de la musique ; parce que le

Valais a aussi ses stars ; parce que c’est l’Ordre de

la Channe ; parce que nos saveurs ne sont jamais

en panne… c’est l’invitation qui a été lancée aux

103

choisis par le directeur de Suisse Tourisme, Michel

Ferla, et Bernard Delaloye, attaché de presse. Il a fait

chaud. Très chaud. C’étaient les canicules. Le vin et le

fromage, raclé en fredonnant par nos Gais Chanteurs,

ont coulé à flot dans une ambiance amicale et farcie

d’optimisme qui a ravi les médias de la presse française

et tous ceux qui avaient œuvré pour que cette rencontre

soit mémorable.

Sierre, 9 septembre

1998: Puerto Rico

Le contact s’était fait

une première fois le

9 septembre 1998 au

Château de Villa à Sierre

où un Chapitre à la carte »

avait été organisé dans le

cadre d’une dégustation

« degustacion variada de

los magnificos vinos del

Alto Rodana (los mejores

vinos de Suiza) destinée

à des personnalités de

Puerto Rico. L’occasion

De Visperterminen à Martigny, le

«Chemin du Vignoble» est un itinéraire

culturel et gastronomique qui

permet au randonneur, au touriste et

à l’amoureux de la nature de découvrir

les grands centres viticoles du

canton à pied, à vélo, en voiture ou

en bus. En effet, depuis l’été 2006 un

chemin pédestre et une route balisés

par des panneaux rouges et blancs,

illustrés à gauche d’étoiles et à droite

de vrilles de pampres, jalonnent les

80 kilomètres qui séparent la vallée

de la Viège du coude du Rhône.

Saviez-vous que...


pour Valais Tourisme et l’Ordre de la Channe de

permettre à 20 personnalités venues des Grandes

Antilles de découvrir nos meilleurs crus et de nouer

des contacts sympathiques.

Forts de cette réussite, l’expérience a été reconduite

le 11 octobre 2005 dans le cadre de « Vendimia en

los Alpes ». Le Château de Villa a de nouveau été le

décor pour une dégustation et une raclette servie à 45

personnalités de Puerto Rico. Une soirée organisée

par notre Chevalier d’Honneur et « Vidôme » Narciso

Rabell-Mendez de San Juan et sa famille, heureux de se

tremper dans une ambiance festive et musicale. Vingt

nouveaux Chevaliers portoricains ont été intronisés

avec le souhait qu’ils deviennent nos ambassadeurs.

Martigny, 1er septembre 2006: TCS

C’est en s’appuyant sur une citation célèbre qui prétend

que “les gens qui veulent fortement une chose sont

presque toujours bien servis par le hasard” qu’est née

l’idée d’organiser un Chapitre « A la carte » avec le TCS

qui fêtait son 80e anniversaire. Le thème choisi pour

ce Chapitre, mené le 1er septembre 2006 à Martigny,

a été celui de la mobilité et les personnalités qui nous

ont fait l’honneur de le patronner, étaient en parfaite

harmonie avec le sujet. Le décor de la Fondation

Gianadda, qui se prête merveilleusement à tout ce

qui est culture, art et même mobilité puisqu’elle

abrite également le Musée de l’automobile, a donné

encore plus d’éclat à la cérémonie d’intronisation où

deux nouveaux Officiers d’Honneur, six Chevaliers

d’Honneur et trois Chevaliers, a été suivie d’un

délicieux repas au Restaurant « Le Gourmet » à

Martigny.

Qu’ils aient lieu en Suisse ou à l’étranger, tous nos

Chapitres « A la carte » ont été l’occasion d’apporter

un cordial message du Valais et ses vins dégustés un

symbole d’union d’un petit coin de l’Helvétie qui ne

craint pas la comparaison avec les plus grands.

Quand le vin est tiré, il faut le boire.

Quand le vin est bu, il faut se tirer

104


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

LES OFFICIERS

DU CONSEIL

ET LEUR RÔLE

PROCUREUR

Melchior Kalbermatten

Ambassadeur et chef d’orchestre,

le Procureur préside aux

destinées de la Confrérie.

En tant qu’ambassadeur, il assure

les relations de l’Ordre

avec les partenaires cantonaux,

nationaux et internationaux. Il

organise la représentation de la

société auprès des fédérations

suisse et internationale des confréries bachiques.

Comme chef d’orchestre, le Procureur conduit les

séances du conseil et anime l’Ordre de la Channe

dans le respect des buts fixés par les statuts. Lors des

chapitres, il prononce les harangues et décide, après

concertation avec l’Officier de bouche et l’Amphitryon,

de l’intronisation des Chevaliers Gourmets. Il lui revient

également de clore officiellement les chapitres

et d’établir le rapport de gestion à l’intention de l’assemblée

générale.

MAJORDOME

Christophe Venetz

Le Majordome se tient à la disposition

du Procureur dont il est

le remplaçant officiel. Il doit en

outre assurer la gestion du fichier

des membres ainsi que,

lors des chapitres, organiser

et présider la présentation des

candidats à l’intronisation.

C’est également le Majordome

qui prépare l’impression des cérémoniaux et qui réalise

les diplômes remis aux intronisés.

105


SAUTIER

Eddy Bruchez

Le Sautier, c’est le crayon rouge

de l’Ordre de la Channe. En tant

que caissier, le Sautier prépare

et assure le suivi rigoureux du

budget. Il procède aussi aux encaissements

du matériel vendu

et à ceux relatifs aux chapitres

et aux intronisations. Il établit

la comptabilité générale et celle

de chaque manifestation. De même, il règle les factures

après les avoir vérifiées.

Le Sautier organise le contrôle des comptes qu’il présentera

ensuite à l’assemblée générale.

Singula post ova, pocula sume nova.

(Après chaque oeuf, bois un autre verre de vin)

SENECHAL

MONIC DE RONDE

Main droite du Procureur, le

Sénéchal est responsable de

la partie administrative de la

Confrérie: réception du courrier,

traitement des affaires courantes,

permanence téléphonique,

secrétariat, convocation des

candidats à l’intronisation, tenue

et archivage des procès-verbaux

des séances du Conseil, telles sont les principales tâches

qui sont accomplies par le (la) titulaire de cette

très importante fonction.

METRAL

Jean-Daniel Favre

Le Métral, c’est le «monsieur

vin» de l’Ordre de la Channe. Il

lui revient l’agréable (et jalousée)

tâche de choisir, après dégustation,

les vins servis lors

des chapitres ou qui seront mis

106


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

en réserve au Château de Villa. Le Métral établit le décompte

des vins consommés lors des manifestations

et organise le retour des bouteilles non servies.

AMPHITRYON

Stéphane Rudaz

Avec l’Officier Troubadour et l’Officier

de bouche, l’Amphitryon

procède à la mise en place de la

salle des intronisations. Il définit

avec le restaurateur le déroulement

précis du chapitre, prépare

le minutage du repas, le fait valider

et veille à son respect. En fin

de manifestation, l’Amphytrion présente la brigade de

service et propose au Procureur d’éventuelles intronisations

après concertation avec l’Officier de bouche.

CHARTRISTE

Pascal Grichting

Le Chartriste se tient à disposition

de l’Amphitryon et le remplace

pour des tâches spécifiques.

Lors du repas, le Chartriste, avec

l’Officier de bouche et l’Amphytrion,

organise la surveillance

permanente du service. En outre,

cet Officier est responsable du

contrôle du matériel nécessaire aux intronisations.

EPISTOLIER

Fernand Schalbetter

L’Epistolier informe la presse

des activités de la confrérie et

l’invite à y participer. Il rédige le

«Chevalier», bulletin de l’Ordre

de la Channe. Sur demande, il

fournit du matériel d’information

et rédactionnels ayant trait à la

viticulture, à la confrérie et aux

chapitres. L’Epistolier prépare et

distribue les listes des vins servis lors des manifestations.

107


TROUBADOUR

Cilette Faust

Le Troubadour est chargé du

suivi des relations publiques

avec les confréries bachiques

de Suisse. Il assure la garde du

matériel de l’Ordre de la Channe

et s’occupe des archives.

De même et d’entente avec le

Sautier, il commande l’ensemble

de l’équipement et des accessoires

(costumes, matériel de décoration, etc...).

Le Troubadour est responsable de la bonne tenue du

livre d’or et de ses illustrations. Il entretient des relations

étroites avec le Musée du Vin du Valais pour y

maintenir une présence de l’Ordre de la Channe.

CHANCELIER

Christian Mayor

Le Chancelier joue un rôle très

important au sein de la confrérie:

c’est en effet lui qui planifie,

initie, organise et formalise des

événements particuliers et d’envergure.

Il dynamise le Conseil

par ses propositions, ses suggestions,

ses idées et, lors des

chapitres, il définit la mise en scène des intronisations.

GRAND CHANTRE

Paul Morard

Si l’alcool vous gène dans le travail,

arrêtez le travail. (dicton breton)

108

Le Grand Chantre, comme son

nom l’indique, prépare un programme

musical de qualité et

dirige le choeur des Gais Chanteurs

de l’Ordre de la Channe. Il

anime les chapitres et les nombreuses

autres manifestations

auxquelles les chanteurs participent.

Il constitue le lien entre le Conseil, les

chanteurs et les trompettes.


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

OFFICIER DU CONSEIL

Norbert Bumann

L’Officier du Conseil motive et

propose de nouveaux membres

à l’adhésion à l’Ordre de la

Channe. Il participe aux séances

du Conseil et, lors des chapitres,

s’acquitte des tâches qui lui sont

confiées. Une fois par année,

l’Officier du Conseil est tenu de

participer à une activité extérieure de l’Ordre.

CHAMBELLAN

La charge de Chambellan est assurée par un officier

qui a pour mission de s’occuper du bien-être des

convives lors de leur venue. Si le Chambellan organise

l’accueil des hôtes, sa principale fonction est de gérer

les inscriptions lors des chapitres en établissant un

plan des tables avec le restaurateur et en attribuant à

chaque participant une place qui lui convient....ce qui

demande doigté et entregent.

ECHANSON

L’Echanson assiste le Métral dont il est le remplaçant.

Il s’occupe de la commande des vins et en assure la

livraison. Lors des chapitres, l’Echanson organise le

service des vins en collaboration avec le restaurateur

et veille au niveau de remplissage correct des verres.

OFFICIER DE BOUCHE

En collaboration avec l’Amphitryon, l’Officier de bouche

visite les établissements proposés pour la tenue

des chapitres. Il assure le contact avec le restaurateur

et procède à la dégustation du menu et, si nécessaire,

à sa modification en accord avec le maître queux. En

compagnie de l’Amphitryon et du Chartriste, l’Officier

de bouche assure la surveillance permanente du service.

Il est également responsable de la mise en place

de la salle où ont lieu les intronisations.

109


Bernard Auberson

VIDÔME

Peter Beglinger

Robert Zurbriggen

Le Vidôme représente l’Ordre dans son canton, dans

son pays. Il développe un programme d’activités mensuel,

voire bi-mensuel propres à la région concernée.

Il recrute de nouveaux membres, propose et collabore

à l’organisation de chapitres dans son rayon d’action.

Les Vidômes font partie intégrantes des Officiers du

Conseil.

Si les femmes ne te tuent pas,

l’alcool aura ta peau.

(dicton breton)

Jacques Schlupp Benoît Hibo Pascal Yerly Giancarlo Nuzzo

110


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

LES JOYEUX

CHANTEURS:

40 ANS AU SERVICE

DE L’ORDRE

DE LA CHANNE

Il était une fois un Abbé,

Chapelain de l’Ordre de la

Channe, Georges Crettol,

chantre de la terre dans

ses écrits et dans ses rubriques

radiophoniques

traditionnelles. Se souvenant

de l’adage populaire

précisant que «chanter

c’est prier deux fois», il ne

manquait aucune occasion

de mettre ses nombreux

talents musicaux au ser-

La plupart des vignes du coteau sont

cultivées en terrasses soutenues par

des murs généralement en pierre sèche.

Dans certains parchets, la surface

des murs est plus importante que

la surface de la vigne! L’on prétend

que, mis bout à bout, la longueur des

murs de vigne du canton pourrait

(presque) rivaliser avec celle de la

grande muraille de Chine.

Saviez-vous que...

111


vice de la communauté.

Aussi, côtoyant de nombreux chanteurs, amoureux

comme lui de la terre et plus spécialement de la vigne,

il s’est mis en tête qu’une chorale ferait bien dans

le cérémonial de l’Ordre de la Channe. Une confrérie

vineuse, ça chante le vin et lorsque cela se traduit par

la création d’un choeur, la réussite est certaine.

1967 était l’année rêvée pour une telle création: la

Channe fêtait son dixième anniversaire. L’on ne pouvait

trouver mieux en guise de cadeau.

Et depuis quarante ans, quand ils arrivent, souriants,

arborant fièrement leur costume, les applaudissements

fusent, avant même qu’ils commencent à

chanter.

.

Ils ont mis leurs «habits du dimanche» comme l’on

disait autrefois. C’est-à-dire qu’ils portent fièrement

le chapeau rond et plat, orné d’un cordon et d’un

pompon rouge; le noeud papillon qui a remplacé le

S’il est permis d’avoir soif,

il est aussi permis de boire.

cordon à pompon du début; la veste en tissu marengo,

avec un col rouge, de même couleur que les poches;

des chaussettes rouges.

Les trompettes donnent fièrement le ton et le concert

commence. C’est un vrai régal pour l’assistance car

ils y vont de bon coeur, chantant sans aucune partition,

n’oubliant jamais le sourire.

On écoute religieusement le soliste lorsqu’il raconte

les péripéties d’amoureux ou de travailleurs de la vigne.

Et puis, il y a le yodleur qui entonne sa ritournelle

ou le psalmodieur qui murmure une prière.

Il y en a pour tous les goûts et les applaudissements

qui suivent chaque production attestent de l’intérêt et

de l’émerveillement de l’auditoire. Souvent, le public

trouve que le concert n’est pas assez long et manifeste

le désir d’entendre de nouvelles chansons.

De plus, lorsqu’en finale, s’entonne le solennel «Beau

Valais», tout le monde se lève et chante le refrain en

choeur.

Que d’émotions ainsi récoltées en 40 années,

ceci grâce aux nombreuses prestations des chanteurs....car

s’ils sont principalement réservés

pour animer et égayer les Chapitres de l’Ordre de

112


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

la Channe, ils donnent de nombreux concerts lors de

congrès, soirées, fêtes populaires et accompagnent

souvent les responsables de l’OPAV (Office de promotion

des Produits de l’Agriculture Valaisanne) lors de

manifestations organisées un peu partout en Suisse,

conférant un aspect festif à ces réceptions. C’est ainsi

que le choeur des Chanteurs prête son concours chaque

année en automne, lors de la remise par l’OPAV

du Sécateur d’Or à une personnalité, un groupement

ayant concouru de manière notable à la défense ou à

la promotion du vin suisse.

Trompettes, sonnez!

Au cours de leurs quarante années d’existence, les

Joyeux Chanteurs de l’Ordre de la Channe ont eu

l’heureuse idée de faire appel à des musiciens chargés

d’accompagner et de souligner la mélodie de leurs

chants. Si, dans les premières années qui suivirent la

fondation du choeur, ce furent successivement une

batterie et une guitare qui assurèrent le tempo

Chanteurs de l’Ordre de la Chane, que pouvons-nous

vous dire de mieux que de vous dédier ce titre d’une

chanson composée à votre intention par Jean Daetwyler

et Gérard Follonier: «Salut joyeux amis». Merci et

«ad multos annos».

(Tirés des propos ”Des refrains qui nous enchantent»

par feu Robert Clivaz)

113

des chansons, il appartint

ensuite à des clairons

d’annoncer les diverses interventions.

Actuellement,

des trompettes remplissent

cette fonction. Il est

à noter que ces trompettistes

ont été choisis pour

leur haute compétence

musicale: une qualité qui,

si les circonstances l’exigent,

leur permet d’ani-

Le vignoble le plus élevé d’Europe est

cultivé en terrasses, à Visperterminen,

dans le Haut-Valais.

S’il fallait une preuve de l’amour que

les hommes vouent au vin, on pourrait

citer le vignoble de Visperterminen

qui s’étage sur un coteau abrupt

entre 650 et 1150 mètres d’altitude. Le

Heida (Païen en français) y a trouvé

des conditions idéales: un climat sec

et ensoleillé, un coteau exposé au sud

et un sol où se mélangent le calcaire,

l’argile et le sable.

Saviez-vous que...


mer un concert à eux seuls: ces musiciens sont des

solistes accomplis dont la modestie n’a d’égale que

le talent. Et depuis que, récemment, leur costume

s’est enrichi d’un couvre-chef original, il semblerait

que leurs productions artistiques se soient encore

améliorées...

«Trompettes, sonnez» encore longtemps et continuez

à vous faire plaisir pour notre grand plaisir.

Considérations

Au moment d’arrêter ici les annales de la confrérie

( qui n’a qu’un demi-siècle), le mémorialiste est pris

d’un scrupule. Il se demande s’il valait la peine - operae

pretium - comme l’écrivait Tite Live en exergue

de ses oeuvres - de consacrer tant de pages à des

épisodes vécus, à l’instant où soucis et inquiétudes

prennent le pas sur d’autres réalités.

Il pense, écartant ce doute, que restituer l’histoire

permet de présenter une mosaïque multicolore susceptible

de garder sa valeur dans le temps.

Sum, ergo bibo; bibo, ergo sum.

(je suis, donc je bois; je bois, donc je suis)

Il aurait plu à l’historien de ces propos de chanter et

de créer un hymne de gloire à la culture du vin. Pour

mémoire, sans remonter jusqu’au déluge, c’est-àdire

à Noé, on doit constater que les temps bibliques

relatés par l’Ecriture sainte font l’éloge du vin. «Il n’y

a point chez les Hébreux», dit le Talmud, «de fête sans

vin». L’Orient asiatique semble bien, lui aussi, ne pas

s’en être fait faute. L’antiquité greco-latine évoque des

couronnements de fleurs pour déguster les vins de

Chio ou de Falerne. C’est la même révérence que la

114


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Renaissance classique accorda aux traditions. Tout ce

passé a permis que se constituent des confréries telles

que les nôtres. Il valait la peine de témoigner de

leur existence.

En conclusion, nous affirmons, avec modestie, sans

prétention quelconque, joyeux dans le déroulement de

ses chapitres, convivial pour chacun de ses membres,

que l’Ordre de la Channe a réussi à s’implanter définitivement.

Avec le poète nous disons: la chrysalide c’est l’avenir

avec cette part d’imprévisibilité qui l’accompagne.

C’est un instant qui demande soin et respect, car il ressemble

à une nouvelle jeunesse, dont on ne sait exactement

ce qui en sortira. C’est ce qui, comme la vie,

rend son apparence mystérieuse. La chrysalide n’est

pas rupture mais continuité dans le changement.

Guy Zwissig, Commandeur

Cette plaquette est à découvrir au gré du moment. Le

lecteur peut commencer sa lecture où le coeur lui en

dit. Il aura ainsi tôt fait de se laisser surprendre au

détour d’une page par un souvenir bienvenu.

En 2007 l’Ordre de la Channe vit mieux. Il semble s’apparenter

à une chrysalide, à savoir à un état transitoire

entre deux étapes du devenir. Il va vivre avec le même

souffle qu’à ses débuts de nouveaux instants de l’histoire,

un nouveau temps de maturation qui implique

deux choses: le renoncement à un certain passé sans

que l’on perdre pour autant sa substantifique moelle

et l’acceptation d’envisager d’autres horizons. C’est

ainsi que s’accomplira le chemin vers le futur.

Les divers éléments de la rubrique

«Le savez-vous» sont le résultat des recherches

approfondies, des connaissances

(lacunaires) et de la science

plus diffuse et confuse qu’infuse de

l’Officier Epistolier Fernand Schalbetter,

un (v)ignoble individu parti de

rien pour arriver à pas grand-chose,

selon ses propres dires. (Bravo, Fernand,

belle lucidité!)

Saviez-vous que...

115


CONCLUSION &

REMERCIEMENTS

La volonté des fondateurs était de faire de notre

Confrérie une institution qui serve, honore, célèbre le

vin en général - plus particulièrement les vins valaisans

- apporte un appui constant aux initiatives en

vue d’une meilleure défense du vin.

C’est dans cet esprit que nous agissons constamment,

en préparant des rencontres et des manifestations

où le Valais est à l’honneur et en accueillant des

personnalités qui deviennent nos porte-parole. Nous

faisons en sorte que la partie émotionnelle de nos

chapitres mette en valeur le Valais, son authenticité,

ses produits, qu’ils soient du terroir ou touristiques.

Le vin valaisan est un produit authentique et vrai, le

Eau de Saint-Jean ôte le vin

et ne donne pas de pain.

Beau temps vers la Saint -Jean,

blés et vins abondants..

(proverbe bourguignon)

116

plus souvent d’une qualité qui n’a rien à envier aux

meilleurs crus étrangers. C’est notre ambassadeur.

Il invite au partage et à l’amitié. Le vin est culture et

communication. Il crée des relations humaines, favorise

des réseaux économiques. C’est un phénomène

de société.

On dit des Valaisans qu’ils sont d’excellents producteurs

mais que la recherche de contacts hors canton

pourrait être plus vive. On sait que les technologies

modernes faciliteront les relations rapides et directes.

Mais l’ordinateur est rationnel, sans âme. Un

moyen technique uniquement. Or, le vin est communication

et l’Ordre de la Channe utilise cet outil pour

communiquer, pour créer des liens entre hommes et

femmes qui attachent de l’importance aux vraies valeurs

partout dans le monde.

Ce qui fait l’authenticité du Valais, des Valaisans, de

la culture valaisanne, c’est justement sa qualité de

vie, de son terroir, de ses produits. En un mot: son

âme.

50 ans ! L’occasion d’un bilan, d’une rétrospective,

mais surtout d’un nouvel élan. J’aimerais


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

une Confrérie qui se profile, qui se propose encore

davantage comme plate-forme émotionnelle, comme

ambassadrice du Valais dans son ensemble, et cela

surtout hors de ses frontières.

Une utopie ? Certainement pas ! Et j’en veux pour

preuve l’intérêt que nous portent les autorités politiques,

les personnalités qui acceptent de patronner

nos Chapitres. Nous n’avons pas que les moyens de

nos ambitions. Nous vivons notre engagement et je

tiens à exprimer ma profonde gratitude aux fondateurs

de notre Confrérie pour leur vision ; à nos Commandeurs,

Procureurs et Officiers du Conseil pour

leur enthousiasme, leur allant, leurs efforts soutenus

pour prôner la vigne et les vins du Valais, la vie de notre

Confrérie. Je veux dire ma reconnaissance aussi à

tous les Chevaliers et Dignitaires pour leur fidélité et

leur amitié.

Je dois évidemment de profonds et sincères remerciements

à notre Commandeur Guy Zwissig, mémoire

vivante de notre Confrérie, qui s’est chargé de la délicate

mission de rédiger cette plaquette, secondé par

notre Epistolier Fernand Schalbetter, rédacteur de

notre brochure « Le Chevalier ».

n’auraient pas suffi. Nous avions besoin d’un soutien

financier. Il est venu, substantiellement, de la part

de l’Etat du Valais, notamment du Conseiller d’Etat,

Jean-Michel Cina, qui a répondu favorablement à notre

requête. Qu’il en soit vivement remercié.

L’avenir me dira si j’ai eu raison de croire que notre

Confrérie n’a pas que de beaux jours derrière elle,

mais que l’avenir lui sourit parce que notre « Beau Valais

» est une chanson et aussi une réalité quotidienne

que nous sommes fiers de servir.

Melchior Kalbermatten

L’enthousiasme et l’esprit d’initiative à eux seuls

117


Médiathèque Valais - Martigny


o r d r e d e l a c h a n n e - 5 0 a n s

Texte principal: Guy Zwissig

Photographies dès la page 89: Bernard Melon: Bernard Melon

Impression: imprimerie Gessler S.A - Sion

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