Le Chevalier - N°50

N° 50
13 ème année
Le billet
du Procureur
Circulant sur l’autoroute un vendredi
soir, j’ai dû constater qu’une file ininterrompue
de véhicules provenant des cantons
limitrophes circulait sur les voies de
l’autoroute menant de Saint-Maurice à
Sion. Cette simple constatation est la
preuve concrète de l’intérêt suscité
par notre canton sur nos compatriotes
helvétiques. D’où provient cet engouement
? Est-ce la cause des succès du
F.C Sion, de plus en plus rares… Est-ce
l’attrait de nos coutumes plus ou moins
uniques comme, par exemple, la finale
des combats de reines ? Quant à moi,
je préfère me focaliser sur un élément
qui me semble décisif: il s’agit d’un fait
qui, depuis des dizaines et des dizaines
d’années, contribue à l’amélioration de
l’image positive de notre canton: les
prévisions du temps. En effet, régulièrement
et plusieurs fois par jour, les
auditeurs et les téléspectateurs de notre
En matière de vin,
il faut savoir faire
passer le plaisir
avant le prestige
pays sont amenés à constater que le climat
du Valais fait «bande à part» en se
distinguant par un soleil plus généreux
et, en conséquence, par des températures
plus élevées que dans les autres
régions de Suisse.
Dans la nature «soleil plus généreux et
températures plus élevées» se matérialisent
sous de nombreuses manières
dont même les Valaisans n’ont pas toujours
conscience. Qui sait, par exemple,
que les collines des Maladères à Sion
abritent des scorpions ? Même interrogation
en ce qui concerne le fait que
durant un mois, en été, sept sortes de
cigales stridulent dans les bois et buissons
du Valais central alors que abricots,
figues, amandes et grenades profitent
d’un ensoleillement maximal pour mûrir
à loisir. Ces conditions climatiques exceptionnelles
permettent aux cactus de
coloniser et de prospérer sur les pentes
rocailleuses des collines de Valère et
de Montorge. Ii est même possible de
trouver des cactées au voisinage de
certaines vignes, comme le démontre
l’illustration en tête de ce billet.
Ensoleillement et chaleur sont déterminants
quant au fait que les vignerons du
Valais ne sont pas confrontés à la problématique
de la maturation du raisin
mais à celle de savoir quelle sorte de
raisin il veut mener à maturation. Alors
«santé» et rappelle-toi: «le bon vin est
ton ami, sois l’ami du bon vin».
Le Procureur
Fernand Schalbetter

Du Chapitre précédent
2
Chapitre de la nouaison
Chalet RoyAlp Hôtel & Spa, Villars-sur-Ollon
24 juin 2017
HAUT PATRONAGE
M. Stéphane Coppey
Président de Monthey
Mme Danièle Pommaz
Présidente de l’Association Saint-Raphaël
M. Jean-Phillipe Rapp
Journaliste et animateur
CHEVALIERS
M. Maurice Besson
Val d’Illiez
M. Marc Granger
Troistorrents
M. Patrick Jantet
Villars-sur-Ollon
Les vins du Chapitre
Chasselas Tradition, clos des Caillettes
AOC Bex Grand Cru 2016,
Domaine le Luisselet, Bex
Fendant Primus Classicus, AOC Valais 2016
Caves Orsat, Martigny
Humagne Blanche, AOC Valais 2016
Varone Vins, Sion
Petite Arvine Shandra Kurt, AOC Valais 2016
Provins Valais, Sion
Cirrus Pinot Blanc, AOC Valais 2016
Domaine Passaquay, Choëx
Merlot. AOC Valais 2016
L’Orpailleur, Frédéric Dumoulin, Uvrier
Humagne Rouge, AOC Valais 2016
Charles Bonvin, Sion
Grain Noble, AOC Valais 2007
Domaine Cornulus, Savièse

... au chapitre suivant
Chapitre de l’Authentique
Raclette du Valais AOP à Tignousa
Tignousa se situe sur les hauts de la localité
de Saint-Luc, un des nombreux villages
du Val d’Anniviers. Comme, dans les
temps anciens, la population d’Anniviers
vivait presque exclusivement des maigres
produits d’un sol aride, elle était contrainte
de déménager, ou de «remuer», pour faire
valoir ses biens morcelés et dispersés de
toutes parts: vignes, prés et jardins dans la
plaine; prés, champs et bois vers le village;
pâturages dans les «mayens».
Ainsi pendant des siècles, au gré des saisons,
le «remuage» amenait les Anniviards
soit vers leurs maisons de la plaine, soit
vers leurs habitations de la montagne.
C’est ainsi que des colonnes d’hommes
et de bêtes, écrasés sous le poids de tout
l’attirail ménager, suivaient les courbes des
sentiers, souvent suspendus dans le vide.
Malgré la route moderne, le Val d’Anniviers
a su conserver ses caractéristiques de
«pays dans le pays» et Saint-Luc en est un
exemple typique avec son centre bâti en
solides pierres, sa Maison bourgeoisiale,
son four banal, son chemin du pain, ses
moulins, son étable communautaire et son
phare situé sur le Rothorn de la Bella Tolla.
Saint-Luc peut même se targuer de sa localisation
au centre du Valais. En effet, sur
le chemin qui va du Prilet à l’Hôtel Weiss-
horn, à la hauteur de Gilloux d’en-haut,
est ancré l’exact centre géographique du
Valais, marqué par un poteau avec les
mesures officielles et un drapeau valaisan.
Accroché au flanc de la vallée, le village
jouit d’une exposition très favorable. Les
premiers rayons du matin baignent le village
et, le soir, Saint-Luc échappe pour un
long moment à l’ombre des sommets dans
laquelle le reste du val s’engloutit. Cette
caractéristique géographique est d’ailleurs
à l’origine de l’une des interprétations de
la signification du nom du village : le mot
latin « lux » signifie « lumière ». Autrefois,
Saint-Luc était communément appelé «
Lux ».
Tignousa et la raclette
Reliant Saint-Luc à l’alpage de Tignousa
à la limite des forêts, les touristes empruntent
un funiculaire unique en son
genre qui franchit allègrement les cinq
cents premiers mètres de dénivelé.
Tignousa est relié à Saint-Luc par un funiculaire,
devenu un symbole pour la «station
des étoiles» comme on la surnomme
en référence au fait qu’elle conduit au
chemin des planètes et à l’observatoire
astronomique François Xavier Bagnoud.
Idéalement situé au départ des pistes, à
côté de la gare d’arrivée du funiculaire, le
restaurant d’altitude de Tignousa offre une
vue imprenable sur la couronne impériale
des cinq 4000 et le Cervin. C’est dans ce
décor grandiose que le samedi 26 août
prochain, les membres de notre confrérie
auront le plaisir de déguster de succulentes
raclettes servies avec compétence
et générosité.
Selon d’anciens écrits, les bergers de la
Suisse primitive partageaient de revigorantes
raclettes au 12e siècle déjà. Pour
ce faire, ils mettaient une demi-meule de
fromage près du feu afin de faire fondre le
fromage, couche après couche. En Valais,
les premières traces écrites de ce mode
de préparation du fromage datent de l’an
1574. On retrouve aussi ce plat typique
dans les aventures de «Heidi» racontées
par Johanna Spyri. Dans ces régions, le
fromage a longtemps été le principal aliment
de base des habitants des alpages. Il
fallut toutefois attendre le 20e siècle pour
que la raclette descende dans les vallées
et se mue de plat paysan en plat national
suisse.

Des hommes et des institutions
David Genolet
- Quel vin du Valais vous inspire?
La Petite Arvine, à travers son caractère à la
fois fin et incisif et sa longueur en bouche.
4
- Qu’aimeriez-vous que le Père Noël vous
apporte dans sa hotte?
Plus qu’un bien matériel, la santé et suffisamment
de temps pour profiter de la vie.
- Pour vous, le nirvana c’est quoi?
Le nirvana, c’est, à mon sens, forcément des
émotions fortes partagées avec des proches et
provenant de la gastronomie, de la culture ou
d’exploits humains ou sportifs.
- Avec qui aimeriez-vous passer un mois
sur une île déserte?
Avec ma famille.
«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le
nombre des années» a fait dire Pierre Corneille
à Rodrigue dans sa tragi-comédie «Le Cid».
Cette affirmation convient parfaitement à David
Genolet, ce jeune homme dynamique de bientôt
38 ans qui peut déjà se targuer d’un parcours
de vie et professionnel des plus intéressants.
Né le 25 juillet 1979, marié et père de trois enfants,
David Genolet, originaire d’Hérémence,
a fréquenté les cours dispensés par l’Ecole
supérieure de commerce de Sion et obtenu
une maturité professionnelle commerciale. Il
a ensuite intégré les rangs des étudiants de
la Haute Ecole de Gestion à l’HEVs en emploi
puis continué sa formation en suivant des cours
postgrade «Quality Manager» et en participant
à divers séminaires en marketing et communication
et de Advanced Management Programm
(AMP).
Ses plus récentes activités se résument en
deux pôles : Provins et la FVS Group. En effet,
de 1998 à mars 2014, David Genolet met ses
compétences et ses connaissances au service
de la coopérative Provins d’abord comme responsable
«Qualité-Sécurité-Environnement»
puis comme Chef d’Etat-Major de la Direction
générale, ensuite en tant que Directeur de Marketing
& Communication avant d’être nommé
Directeur des Ventes & Marketing pour la
clientèle privée, les distributeurs et le secteur
HORECA (Hôtel, Restaurants, Cafés).
En mars 2014, David Genolet quitte Provins et
reprend la direction générale du FVS Group,
exploitant unique du Centre d’Expositions de
Martigny (CERM) leader en Valais dans l’organisation
de Foires et Salons (dont la Foire du
Valais) ainsi que d’événements aussi bien au
CERM que pour des clients tiers.
Quant aux mandats annexes confiés à David, ils
sont tout aussi divers qu’intéressants puisque,
de 2002 à 2005, David Genolet se retrouve
vice-président du Grand Raid Cristalp, course
de mountain bike la plus importante de Suisse
par son nombre de participants. Cette fonction
sera suivie de nombreuses autres comme, par
exemple, membre du comité d’Agrovina (salon
international sur la viticulture, l’oenologie et
les cultures spéciales), membre du comité de
Swiss Alpina (salon international des technologies
alpines), Membre du comité de la Foire du
Valais-Martigny (première foire généraliste de
Suisse romande), Président du Conseil d’Administration
de FVS Event Management SA (société
spécialisée dans l’organisation d’événements)
ou encore administrateur de Planchamp
Télécom SA (société spécialisée dans le secteur
des télécommunications).
Ce même printemps 2017, l’assemblée générale
de l’Association VINEA a appelé David
Genolet à sa présidence en remplacement de
François Murisier. Le nouveau président compte
mettre son expérience de l’événementiel pour
mieux profiler la promotion des vins suisses par
l’Association. Homme d’actions, David Genolet
saura le faire tout en s’appuyant sur une équipe
«VINEA», des plus efficaces.
- Que feriez-vous si votre baguette magique
pouvait changer le monde?
Je ferais en sorte que l’ensemble des conflits
cessent et que tous les enfants aient accès à
une bonne éducation.
- Qui inviteriez-vous pour partager une
soirée «raclette»?
Un entrepreneur à succès, pourquoi pas Tim
Cook, l’actuel patron d’Apple?
- Selon vous, quel personnage célèbre
incarne le mieux notre pays?
Roger Federer, par son talent, sa classe et son
savoir-être. Dans le passé, Henri Dunant, l’un
des personnages emblématiques de notre pays.
- Quels sont les qualificatifs qui caractérisent
la Suisse?
Qualité, Innovation, Intelligence et Sécurité.
- Quel défaut vous exaspère le plus chez
les autres?
L’hypocrisie.
- Pour vous un Valaisan c’est qui?
César Ritz, un visionnaire qui a su valoriser
notre beau pays.
- Quelle est l’une de vos principales qualités?
L’honnêteté
- Préférez-vous le verre à moitié vide ou
celui à moitié plein?
Le verre à moitié plein
- Quelle est votre devise préférée?
Une devise de Confucius : « Le bonheur ne se
trouve pas au sommet de la montagne, mais
dans la façon de la gravir ».

Des hommes et des institutions
5
VINEA a vu le jour en 1994 avec la création
des Rencontres vinicoles de Sierre. Depuis lors,
l’association organise des activités en faveur de
la vigne et des vins suisses au niveau régional,
national et international. Elle est devenue aujourd’hui
un centre de compétences multidisciplinaires
organisant de grandes manifestations,
des rencontres entre professionnels et publiant
de nombreux ouvrages.
Une représentativité
national
Née en Valais, sous l’impulsion de la jeune
chambre économique de Sierre, VINEA a poursuivi
son développement dans une perspective
de représentativité nationale mettant à l’honneur
de ses salons différentes régions viticoles
comme notamment le Dézaley dans le Lavaux.
Elle rassemble actuellement de nombreux acteurs
des différentes régions viticoles suisses
et réunit pour le seul Grand Prix du Vin Suisse,
quelque 2900 vins, 500 producteurs des 6
régions viticoles suisses et 170 dégustateurs.
Un savoir-faire au
rayonnement international
S’appuyant sur un savoir-faire unique développé
pendant 20 ans, l’association organise deux
concours à fort rayonnement international: le
Mondial des Pinots et le Mondial de Merlot et
Assemblages. Avec des dégustations complètement
informatisées autour d’une application
Association VINEA
en 5 langues, plus de 20 pays présents pour
chaque concours et 60% de dégustateurs
étrangers, ces événements ont acquis leurs
lettres de noblesse auprès des experts internationaux.
VINEA a été sollicitée par d’autres
organisateurs de concours en France et en
Italie pour mettre en oeuvre cette expertise au
sein de concours internationaux.
L’Association assure par ailleurs le secrétariat
général de VINOFED, la Fédération Mondiale
des Grands Concours Internationaux de Vins et
Spiritueux.
VINEA on tour
Initié en novembre 2016, le premier «VINEA
on tour» a été organisé pour répondre à une
demande récurrente des productions de vins
désireux de partir à la rencontre des amateurs
de vins à travers toute la Suisse et notamment
sur les marchés prioritaires de la Suisse alémanique.
La première édition s’est donc tenue
à Zurich.
Ces manifestations sont réservées aux
membres actifs de l’Association.
Au vu du succès de la première édition, l’expérience
sera reconduite et intensifiée plusieurs
fois par an dans différentes villes de notre pays.
Les publications
Chaque année depuis 2014, VINEA met en
avant 60 hommes et femmes du vin dans la
brochure «Les Visages du Vin Suisse» éditée
en trois langues. Ces artisans sont sélectionnés
parmi les 500 producteurs répertoriés
dans l’App VINEA Vins Suisses. Ils représentent
l’ensemble des régions viticoles suisses, du
Tessin aux régions alémaniques en passant par
Genève. Soixante caves sont représentées: 10
pour chaque région et représentatives de cinq
familles: les «innovatifs», les «grandes caves»,
les «discrets et talentueux», les «à suivre», et
les «gardiens de la tradition».
La brochure «Les Visages du Vin Suisse» est
éditée à raison de 2000 exemplaires et est
distribuée lors des événements organisés par
VINEA.
L’App VINEA: La seule
application des vins
suisses
Après avoir réalisé avec succès quatre éditions
papier du Guide de Vins Suisses, VINEA
propose depuis 2012 une application pour
smartphones et tablettes. Aujourd’hui l’App
VINEA Vins Suisses, qui compte plus de 17’000
téléchargements, offre un accès à plus de 500
artisans parmi les meilleurs de Suisse et les
lauréats du Grand Prix du Vin Suisse.
L’application VINEA Vins Suisses, disponible en
français, allemand et anglais, mise à jour tous
les ans, est disponible gratuitement au téléchargement
sur l’App Store et sur Google Play.

Vin du Valais: d’où viens-tu ?
6
Les contrats de location
Lorsqu’on loue une vigne dans les années
1700, il faut céder jusqu’à la moitié de la vendange
au propriétaire et se comporter en «bon
vigneron». La liste des conditions varie selon les
contractants.
L’amodiation est un contrat de location (fermage)
pratiqué à l’origine pour les terres agricoles.
L’amodiataire (locataire) verse au propriétaire
du bien une redevance, le plus souvent
en nature, ou partie en nature, partie en argent.
En ce qui concerne les vignes, on trouve ces
contrats dans les livres des comptes ou dans
les livres de raison (registre de comptabilité
domestique comportant également des notations
à caractère familial ou local) des propriétaires.
Leur intérêt réside dans l’énumération
des conditions dans lesquelles une vigne est
affermée. Ils fixent généralement la durée du
bail à 6 ans.
Les meilleurs parchets
en retour
Généralement, l’amodiataire doit céder à son
propriétaire le tiers, voire la moitié de la récolte.
En louant ses vignes de Martigny en 1706 aux
frères Jacques et Pierre Rouiller, l’abbé de
Saint-Maurice se réserve la vendange de certaines
vignes et pas n’importe lesquelles, sans
doute les meilleurs parchets! En effet, il précise
qu’il veut pour l’Abbaye «tout le vin que
l’on cueillera dans la vigne de la Rossettan et,
en contre-échange, les présents amodiataires
prendront leur moitié dans le bas de la vigne
de la Piannaz, et tout le reste se partagera par
moitié.»
Payer une location en nature et selon des quantités
imposées suppose d’être chaque année
en mesure de lui fournir de la vendange. Or,
les facteurs météorologiques et les maladies ou
les ravageurs dont peut être victime la plante
ne permettent pas toujours de satisfaire à cette
condition. En 1713, un contrat entre le procureur
de l’Abbaye de Saint-Maurice et un particulier
de Vétroz, Jean Berthouzoz, montre que
le fermier prend tous les risques: celui-ci est
obligé «à son risque de donner annuellement
18 setiers de bon vin dont 12 de rouge et 6
de blanc, et lorsque ledit fermier voudra donner
16 setiers de bon vin rouge, il sera quitte
pour cette année-là». Au passage, on remarquera
que le vin rouge de la ferme de l’Abbaye
à Vétroz est plus apprécié que le blanc.
Le travail du vigneron
Le matériel, comme les échalas et le fumier,
peut être fourni soit par le propriétaire, soit par
son métayer. Le plus souvent, le propriétaire
fournit la moitié de l’engrais ou, au moins, il
s’engage à transporter le fumier à ses frais ou
encore met à disposition son chariot pour le
transport.
En 1709, Jean Biollay loue à l’Abbaye le verger
et la vigne de la chapelle de Saint-Maurice, son
contrat précise que s’il ne dispose pas de son
propre chariot, l’Abbaye «lui fera deux journées
de chariot chaque année pour mener le fumier
sur ledit bien, étant entendu qu’il nourrira le
valet et les chevaux». Cependant, le propriétaire
livre parfois le matériel et accomplit une partie
du travail. Vers 1728, l’Abbaye a creusé les
vignes de l’aumônerie à ses frais, amené 4000
échalas de mélèze, taillé la vigne devant la maison
et fourni le fumier, ainsi que son transport.
Sur cette vigne, l’Abbaye se réserve la moitié

de la récolte.
7
Le travail du vigneron est rarement détaillé, car
il semble aller de soi. Quelques contrats précisent
cependant que le viticulteur doit provigner,
creuser, ébourgeonner la vigne. Le plus
précis concerne des vignes situées à Fully
(1817) et énumère les fonctions suivantes:
effeuiller, rogner, ébourgeonner, capitonner,
désherber deux fois et planter les échalas. Les
travaux du printemps et les vendanges ne sont
pas compris dans cette convention.
…et celui
des vigneronnes!
Les hommes ne sont pas les seuls à louer des
vignes; des femmes passent également des
contrats d’amodiation. Certes, il s’agit le plus
souvent de mères, accompagnées de leurs enfants,
ou de veuves qui reprennent la succession
de leur défunt mari. Cependant, quelques
femmes seules endossent cette responsabilité.
Les propriétaires exigent de ces vigneronnes
le même travail que les hommes. En 1789,
Charles-Emmanuel de Rivaz, le futur conseiller
d’Etat, amodie à Anne-Marie Saillen, de
Vérossaz, ses vignes des Perrières et du Bois
Noir. Ses exigences sont les suivantes: «Elle n’y
plantera aucun légume sans ma permission
et la gardera tant qu’elle la travaillera aussi
bien que les meilleurs vignerons de l’endroit».
Seul le poids des formules pèse sur les vigneronnes:
en 1768, Marie Gouze née Curdy loue
aux Evouettes une vigne, ainsi qu’une maison
qu’elle est tenue d’entretenir «comme un bon
père (!) de famille».
Des exigences
de qualité
Les propriétaires insistent souvent sur l’amélioration
de l’état de la vigne et sur son rendement.
Cette insistance est peut-être la preuve
que certaines cultures sont négligées. En 1696,
un chanoine de l’Abbaye de Saint-Maurice
demande à maître Pierre Grec, bourgeois de
Vevey qui va lui louer deux vignes de l’Hôpital
de Saint-Maurice, de provigner et creuser ses
vignes de telle sorte qu’il ne reste aucune place
vide de ceps, et chaque année, de transporter
la terre de bas en haut du terrain. En 1706, les
frères Jacques et Pierre Rouiller doivent défricher
tous les buissons qui se trouvent sur les
vignes que l’Abbaye possède sur le territoire de
Martigny. En 1707 enfin, Jean-Jacques-François
Baud sera obligé de travailler la vigne «en
véritable vigneron» et sur le terroir de la vigne
ne se révèle pas bon pour «porter du vin», il
pourra la déraciner et y semer ce que bon lui
plaira.
Une formule revient souvent parmi les clauses
du contrat: le locataire travaillera «en bon vigneron»,
«en vérifiable vigneron» ou encore «en
bon père de famille». Cette exigence de qualité
laisse penser que les vignerons ne soignent pas
toujours suffisamment le bien qu’ils louent. Ces
négligences peuvent avoir des conséquences.
En 1709, Jean Biollay passe un contrat avec
l’abbé Camanis: il doit soigner la vigne de la
chapelle de Saint-Maurice comme si celle-ci
était «son propre bien» et si cette condition n’est
pas remplie, l’Abbaye se réserve le droit de la
lui retirer à tout moment. En 1786, Charles-Joseph
de Rivaz amodie sa vigne d’Outre-Vièze à
Jean-Claude Favre. Le contrat stipule que ce
dernier devra se comporter en «bon vigneron,
pendant tout le temps que ses forces lui permettront
de la bien travailler; s’il ne la travaille
pas aussi bien que celles de mes cousins de
Rivaz, je serai maître de rompre mon amodiation».
Les propriétaires n’hésitent donc pas à se
montrer exigeants.
Extraits de textes provenant de «Histoire de la
Vigne et du Vin du Valais» publiés avec l’aimable
autorisation de Mme Anne-Dominique
Zufferey, directrice du Musée Valaisan de la
Vigne et du Vin)

Innovation
Bienvenue aux «Jeunes Chevaliers»
88
Selon Eugène Labiche « La jeunesse n’a
qu’un temps». Voilà pourquoi, s’appuyant
sur cette citation, les Officiers du Conseil
de l’Ordre de la Channe ont mis sur pied
un concept de recrutement auprès des
jeunes en général.
Cette opération a pour but de permettre
aux jeunes hommes et jeunes filles comptant
26 printemps et moins d’adhérer à la
Confrérie et de leur permettre ainsi de faire
plus ample connaissance avec le vin, avec
son histoire et le respect qui lui est dû.
Ces nouveaux membres, outre le fait
qu’ils porteront le titre et le sautoir jaune
de «Jeune Chevalier», se verront donc
Cette édition du «Chevalier» vous est offerte par:
offrir de substantiels avantages financiers
soit, d’une manière générale, une réduction
de 50% sur toutes les prestations
de la confrérie comme, par exemple, sur
le montant de la cotisation annuelle qui,
pour les «Jeunes Chevaliers» se montera
à 60.-- francs au lieu des 120.-- francs
habituels. Autre exemple: une intronisation
avec repas s’élèvera à 150.-- francs
et non plus à 300.-- francs. Bien entendu
et toujours pour les «Jeunes Chevaliers»,
la participation aux repas des Chapitres de
la Confrérie seront également réduits de
50%.
Dès que le «Jeune Chevalier» entre dans
sa vingt-septième année, il est automatiquement
élevé à la dignité de «Chevalier»
sans devoir se soumettre à une nouvelle
cérémonie d’intronisation mais en perdant
les avantages liés à l’appellation de
«Jeune Chevalier».
Les Officiers du Conseil se réjouissent déjà
d’accueillir les candidats «Jeune Chevalier»
et, tout en les félicitant pour leur décision,
leur souhaitent la plus cordiale des
bienvenues.
Remarque:
Des formulaires d’adhésion sont disponibles
sur le site internet de la Confrérie
(www.ordre-de-la-channe.ch) ou peuvent
être commandés au secrétariat.
Ordre de la Channe > Case postale 1007 > 1951 Sion >
Tél: 027 323 76 02 / 079 569 23 58
info@ordre-de-la-channe.ch
www.ordre-de-la-channe.ch