Désolé j'ai ciné #6
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Mais là où le paradoxe est finalement assez drôle, c’est<br />
lorsque Griffith - réalisateur considéré alors plus que<br />
«bankable» pour son époque - sort en 1916 «Intolérance»,<br />
un pamphlet sur l’acceptation de l’autre. Ironique non ? Ce<br />
film signera d’ailleurs le déclin de la carrière d’un homme qui<br />
finalement, a peut-être juste voulu faire du <strong>ciné</strong>ma.<br />
Car là où Thomas Dixon avec ses oeuvres littéraires se<br />
proclamait haut et fort chef de file de la propagande - il<br />
n’hésite d’ailleurs pas à souhaiter que «tous les Nègres<br />
[soient] chassés des Etats-Unis» et affirme que sa pièce<br />
«The Clansman» avait pour but premier de «développer<br />
un sentiment de répulsion chez les personnes de race<br />
blanche, et particulièrement chez les femmes, contre les<br />
hommes de couleur… d’éviter les mélanges entre le sang<br />
blanc et le sang nègre par le biais des mariages mixtes» -,<br />
D.W Griffith ne cherchait qu’à faire du <strong>ciné</strong>ma. D’ailleurs à<br />
bien y lire l’introduction de sa seconde partie : «Ceci est une<br />
représentation historique de la Guerre Civile et de la Période<br />
de Reconstruction, et n’a pour but de refléter aucune race<br />
ou population d’aujourd’hui.»<br />
Alors simple égarement, maladresse ou foutage de gueule<br />
complet ? On ne le saura jamais. Il n’empêche qu’on le<br />
veuille ou non, «Naissance d’une nation» aura marqué bien<br />
plus qu’un pays, il aura autant révolutionné le <strong>ciné</strong>ma muet<br />
que secoué les cercles politiques de l’époque dont le statut<br />
est reste flou mais au moins on pourra se mettre d’accord<br />
sur une chose : Griffith aura posé l’un des fondements du<br />
<strong>ciné</strong>ma, celui de susciter des débats encore bien des années<br />
après.