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Essentiel Prepas octobre 2018

HEADway Advisory édite chaque mois l'Essentiel Prépas, le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales.

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OCTOBRE <strong>2018</strong> | N° 20<br />

ÉCONOMIQUES<br />

& COMMERCIALES<br />

PAROLES DE PROF<br />

Réussir la dissertation d’économie, sociologie et histoire du monde contemporain.<br />

DOSSIER<br />

À l’heure du continuum<br />

Comment évolue<br />

l’enseignement<br />

de la gestion<br />

ENTRETIENS<br />

Patrick Hetzel<br />

(EM Strasbourg)<br />

Des étudiants d’Audencia font leur rentrée<br />

Bernard Belletante<br />

(emlyon BS)


ÉDITO<br />

« Parcoursup<br />

a pleinement fonctionné. »<br />

Vraiment ?<br />

Pour sa conférence de presse de rentrée du 25 septembre, la ministre de l'Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, est restée droite dans ses bottes en affirmant<br />

« Parcoursup a pleinement fonctionné » tout en admettant que « des ajustements techniques sont<br />

nécessaires ». C’était également l’occasion de présenter les chiffres filière par filière.<br />

Revoir le calendrier. La ministre a d’ores et déjà prévu des ajustements. L’affichage du rang du<br />

dernier candidat appelé l’année précédente deviendra systématique en 2019, ce qui permettra aux<br />

futurs étudiants de mettre immédiatement en perspective leur place sur la liste d’attente. Quant aux<br />

conditions d’affichage du taux de remplissage des formations, qui est intervenu tard cette année et<br />

qui a suscité des interrogations, elles seront améliorées. Mais c’est surtout le calendrier de Parcoursup<br />

qui sera revu : en 2019, la première phrase de la procédure sera donc achevée au plus tard<br />

fin juillet. Une mesure de bon sens puisque 97 % des candidats avaient déjà accepté la proposition<br />

qu’ils allaient conserver jusqu’à la fin de la procédure cette année. En 2019, un candidat ne pourra<br />

plus s’inscrire dans une formation tout en conservant des vœux en attente.<br />

Pas de retour à la hiérarchisation ! L’hypothèse d’une hiérarchisation des vœux a posteriori - à<br />

laquelle la ministre s’était un temps dite ouverte - semble définitivement abandonnée. La ministre<br />

considère en effet que « hiérarchiser les vœux quelques jours avant la fin juillet ou juste après les<br />

résultats du baccalauréat n’aurait que des effets marginaux sur les délais de la procédure ».<br />

Pour autant les étudiants qui « ont une vision très claire de leurs vœux » pourront, après les résultats<br />

du baccalauréat, définir par avance la réponse qu’ils apporteront aux différentes propositions<br />

qui pourraient leur être faites. En somme une hiérarchisation des vœux réservée à ceux qui le<br />

souhaitent ? L’hypothèse de réduire les délais de réponse laissés au candidat, notamment au début<br />

de la procédure, reste enfin en suspens.<br />

D’autres chantiers. En 2019 et 2020 toutes les formations disposant d’une forme de reconnaissance<br />

par l’État feront peu à peu leur entrée sur Parcoursup. L’occasion de rendre facilement identifiables<br />

les formations reconnues par l’État ou dispensées par un établissement solide et crédible. « Il<br />

m’est intolérable d’imaginer que certaines familles se serrent la ceinture pour financer une formation<br />

douteuse conduisant à un diplôme sans grande valeur, alors même que des cursus de qualité<br />

existent, publics ou privés », s’insurge Frédérique Vidal.<br />

Un fonds pour la mobilité étudiante sera également mis en place afin de mettre en place et de financer,<br />

avec les collectivités territoriales, et notamment avec les régions, les agglomérations et les villes<br />

universitaires, des actions très concrètes pour « faciliter sur tous les plans la mobilité : logement,<br />

transport, accès aux formations ».<br />

Pour favoriser l’accès des bacheliers professionnels aux STS sera généralisée l’expérimentation qui a<br />

conduit cette année 23,2 % d’entre eux à accepter une proposition en BTS (les bacheliers technologiques<br />

sont près de 19 % en plus à avoir accepté une proposition en IUT).<br />

Enfin la ministre a donné son accord à une réflexion sur l’anonymisation des dossiers des candidats<br />

à l’entrée dans l’enseignement supérieur.<br />

Filière par filière. Au total, plus de 2,7 millions d’étudiants sont<br />

inscrits cette année dans l’enseignement supérieur soit une progression<br />

de 2,2 % (+ 58 400). Même si les inscriptions en classes préparatoires<br />

sont en baisse cette année la filière continue à progresser de 0,5 %<br />

selon le MESRI avec 86 900 inscrits. Une bien curieuse progression<br />

puisqu’ils étaient… 88 700 dans le même document publié en 2017.<br />

Soit en réalité une baisse de 2 %. Serait-on fâché avec les pourcentages<br />

au MESRI ? Les hausses constatées en IUT (+3,2 % et 121 600<br />

étudiants), en STS (+2,4 % et 272 900 étudiants) ou encore à l’université<br />

(+1,8 % et près de 1,6 million) sont-elles bien avérées. n<br />

Une journée consacrée<br />

au continuum le 19 <strong>octobre</strong><br />

Olivier Rollot<br />

Rédacteur en chef<br />

HEADway Advisory organise le 19 <strong>octobre</strong> une journée de travail consacrée<br />

au continuum, au sein des locaux d’ESCP Paris et avec le soutien de l’APHEC<br />

et de l’APLCPGE. Professeurs, proviseurs, directeurs de Grandes écoles et<br />

étudiants de ces mêmes écoles issus de classes préparatoires vont travailler<br />

pendant une journée à définir comment poursuivre les avancées sur un<br />

continuum qui a vu cet été ses premières illustrations concrètes. n<br />

Sommaire<br />

OCTOBRE <strong>2018</strong> | N° 20<br />

Les ESSENTIEL DU MOIS 4 à 8<br />

DOSSIER 9-13<br />

Comment évolue<br />

l’enseignement de la gestion<br />

ENTRETIEN 14-15<br />

« Il faut acquérir des<br />

compétences techniques de<br />

plus en plus sophistiquées »<br />

ENTRETIEN 16-17<br />

« Il faut créer des lieux<br />

d’émotion »<br />

PAROLES DE PROF 18 à 20<br />

Réussir la dissertation<br />

d’économie, sociologie<br />

et histoire du monde<br />

contemporain<br />

"L’<strong>Essentiel</strong> du Sup - Prépas" est une publication<br />

du groupe<br />

SAS au capital de 30 000 €, RCS 532989902 00046 Paris<br />

CPPAP 0920W9375 | 33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris |<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont |<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com |<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont |<br />

f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62 |<br />

Photo de couverture : Audencia<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


PARIS | NANTES | BEIJING | SHENZHEN<br />

PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

6 e 4 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

DEPUIS 17 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

audencia.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

ELLES/ILS BOUGENT<br />

Youssef Erami<br />

a été nommé<br />

directeur<br />

général de<br />

l’ESC Pau.<br />

Il succède à<br />

Sébastien<br />

Chantelot parti diriger la<br />

Grande école du groupe Sup de<br />

Co La Rochelle. Marocain<br />

d’origine, Youssef Erami obtient<br />

un DEA, un DESS puis son<br />

doctorat en sciences de gestion à<br />

l’Université de Pau et des Pays<br />

de l’Adour en 2007. Il travaille<br />

dans cette même université de<br />

Pau avant de retourner au<br />

Maroc. Il intègre l’ESC Pau en<br />

2013 dont il était, depuis 2016,<br />

doyen de la recherche et du<br />

corps professoral.<br />

Pascal Krupka<br />

a été nommé<br />

directeur du<br />

programme<br />

Grande école et<br />

des bachelors<br />

de Kedge BS.<br />

Diplômé de l’emlyon et de<br />

l’université de Lancaster<br />

(Royaume Uni) Pascal Krupka<br />

occupait depuis quatre ans le<br />

poste de « Programs<br />

Development Director » au sein<br />

de Montpellier BS où il a<br />

développé 6 MSc.<br />

De 2003 à 2013 il a enseigné<br />

l’innovation et l’entrepreneuriat<br />

et créé de nombreux<br />

programmes MSc, MS et MBA<br />

à Neoma Business School.<br />

Auparavant il avait enseigné<br />

pendant six ans en Chine, à<br />

l’université de Renmin et été<br />

professeur à l’ESA (Beyrouth),<br />

Sciences Po et l’ESC Rouen.<br />

« Je souhaite être un facilitateur<br />

et un catalyseur de la transformation<br />

pédagogique de<br />

l’ensemble des programmes de la<br />

formation initiale, en renforçant<br />

notamment les problématiques<br />

d’entreprise au sein des cours »,<br />

confie-t-il.<br />

La BCE simplifie ses épreuves<br />

Afin de « réduire le nombre de jours et de rendre ainsi plus accessible le concours pour les candidats issus des CPGE », mais aussi<br />

« d’élargir le nombre d’écoles conceptrices ou co-conceptrices » le concours post-prépas de la BCE (Banque commune d’épreuves)<br />

a décidé de faire évoluer ses épreuves en 2019-2020.<br />

En 2019 :<br />

• seront fusionnées et co-conçues par ESSEC et HEC en 2019<br />

les épreuves « Maths E » et<br />

« Maths S » ;<br />

• HEC et emlyon se partageront la<br />

« dissertation de culture générale » ;<br />

• Grenoble EM se voit de son côté<br />

confier la réalisation d’une nouvelle<br />

épreuve d’« Histoire, géographie et<br />

géopolitique du monde<br />

contemporain » ;<br />

• ESCP Europe a accepté de<br />

partager la conception de l’épreuve<br />

« Économie, sociologie et histoire du monde contemporain »<br />

avec SKEMA BS ;<br />

• les candidats de la filière littéraire B/L n’auront plus à passer<br />

l’épreuve « Étude et synthèse de textes » conçue par ESCP<br />

Europe en 2019.<br />

Classement du FT des masters :<br />

un bon cru pour la France. Vraiment ?<br />

2017 avait marqué un net recul des<br />

business schools françaises dans le Classement<br />

des masters in management du<br />

Financial Times. C’est dire si les bonnes<br />

performances des écoles leader - HEC<br />

stable à la 2 e place derrière l’inamovible<br />

Saint-Gallen, Essec 4 e (+1), ESCP Europe<br />

5 e (également une place de gagnée) -<br />

mais aussi de Skema (25 e et 10 places<br />

de mieux), Kedge (+5) ou encore l’EM<br />

Strasbourg (+8) ont permis à beaucoup<br />

de se réjouir. Une analyse qui ne résiste<br />

pas à une analyse plus poussée. Parce<br />

que quand Audencia (-10 places), emlyon<br />

(-13), Grenoble EM (-10) ou encore<br />

Paris-Dauphine (-16) chutent le différentiel<br />

avec les hausses précitées est forcément<br />

négatif. En cumulé ce sont 57 places<br />

qu’ont perdues les business schools françaises<br />

cette année avec un rang moyen<br />

(hors ISC qui fait son entrée) en baisse<br />

de près de trois points : 49 contre 46,6<br />

en 2017. Pour autant elles sont toujours<br />

les plus nombreuses dans le top 100 :<br />

24 contre 22 Britanniques. Logique<br />

puisque, pendant ce temps, un certain<br />

nombre d’écoles connaissent des progressions<br />

remarquables : Bocconi gagne ainsi<br />

quatre places pour se classer 6 e , l’University<br />

College Dublin (Smurfit) huit également<br />

(7 e ) alors que Shanghai Jiao Tong<br />

(Antai) progresse de 14 places (18 e ). n<br />

<strong>2018</strong><br />

2017<br />

Evolution<br />

2017-<strong>2018</strong><br />

Moyenne<br />

sur 3 ans<br />

En 2020 :<br />

• les candidats de la filière littéraire BEL ENS Ulm A/L-ENS de<br />

Lyon n’auront plus à passer<br />

l’épreuve « Étude et<br />

synthèse de textes » ;<br />

• les deux épreuves<br />

« Maths B/L » et « Sciences<br />

Sociales B/L », aujourd’hui<br />

en option (les candidats<br />

devant choisir l’une ou<br />

l’autre) deviendront<br />

obligatoires pour les<br />

candidats de la filière<br />

littéraire B/L en 2020 ;<br />

• il y aura une seule épreuve obligatoire en Maths B/L<br />

(co-conçue par l’Essec et HEC) ;<br />

• il y aura une seule épreuve obligatoire en Sciences sociales<br />

B/L (co-conçue par Audencia, l’Essec et HEC). n<br />

→ Le sujet « Économie, sociologie et histoire du monde contemporain » sera élaboré par Emmanuel Combe (économiste et professeur<br />

à SKEMA, il est vice-président de l’Autorité de la Concurrence) et Didier Marteau (économiste et professeur à ESCP Europe,<br />

il est l’un des meilleurs spécialistes des marchés d’options).<br />

Business<br />

school<br />

1 1 0 1 University of St Gallen MA in Strategy and International Management<br />

2 2 0 2 HEC Paris HEC MSc in Management<br />

3 4 1 4 London Business School Masters in Management<br />

4 5 1 4 Essec Business School MSc in Management<br />

5 6 1 5 ESCP Europe ESCP Europe Master in Management<br />

6 10 4 9 Università Bocconi MSc in International Management<br />

7 15 8 15 University College Dublin: Smurfit MSc in International Management<br />

8 11 3 8 Rotterdam School of Management, Erasmus University MSc in International Management<br />

9 9 0 - Cems Cems Masters in International Management<br />

10 3 -7 7 IE Business School Master in Management<br />

11 8 -3 9 Esade Business School MSc in International Management<br />

12 23 11 21 Stockholm School of Economics MSc in International Business<br />

13 13 0 11 WU (Vienna University of Economics and Business) Master in International Management<br />

14 12 -2 13 University of Mannheim Mannheim Master in Management<br />

15 14 -1 16 Imperial College Business School MSc in Management<br />

16 7 -9 11 WHU Beisheim MSc in Management<br />

17 16 -1 16 Edhec Business School Edhec Master in Management<br />

18 32 14 28 Shanghai Jiao Tong University: Antai Master of Management Science and Engineering<br />

19 21 2 19 Indian Institute of Management Ahmedabad Post Graduate Programme in Management<br />

20 - - Kozminski University Master in Management<br />

21 21 0 26 Warwick Business School MSc in Management<br />

22 - - University of Economics, Prague International Master in Management<br />

23 28 5 25 Indian Institute of Management Calcutta Post Graduate Programme in Management<br />

23 23 0 28 St Petersburg State University GSM Master in Management<br />

25 35 10 29 Skema Business School Global MSc in Management<br />

26 26 0 24 Indian Institute of Management Bangalore Post Graduate Programme in Management<br />

27 25 -2 32 University of Sydney Business School Master of Management<br />

28 19 -9 26 HEC Lausanne MSc in Management<br />

28 41 13 - Frankfurt School of Finance and Management Master in Management<br />

30 17 -13 21 Nova School of Business and Economics International Masters in Management<br />

30 38 8 40 Católica Lisbon School of Business and Economics International MSc in Management<br />

32 31 -1 27 Iéseg School of Management MSc in Management<br />

39 29 -10 31 Audencia Business School MSc in Management-Engineering<br />

40 27 -13 31 EMLyon Business School MSc in Management<br />

41 40 -1 38 Neoma Business School Master in Management<br />

43 33 -10 30 Grenoble Ecole de Management Master in International Business<br />

46 51 5 50 Kedge Business School Master in Management<br />

48 48 0 45 Toulouse Business School Master in Management<br />

51 50 -1 49 IAE Aix-Marseille Graduate School of Management MSc in Management<br />

52 53 1 50 Montpellier Business School Master in Management<br />

55 55 0 48 ESC Rennes Master in Management<br />

58 54 -4 52 ICN Business School Master in Management<br />

60 59 -1 55 Télécom Business School Integrated Master in Management<br />

62 62 0 58 Essca School of Management Essca Master in Management<br />

71 67 -4 67 EM Normandie EM Normandie Master in Management<br />

72 80 8 76 EM Strasbourg Business School MSc in Management<br />

77 81 4 75 Burgundy School of Business Master in Management<br />

84 68 -16 70 Université Paris-Dauphine Master in Management<br />

93 - - ISC Paris Master in Management<br />

94 75 -19 76 La Rochelle Business School La Rochelle Master in Management<br />

98 92 -6 89 ESC Clermont Master in Management<br />

Programme<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

« Être et durer » :<br />

l’EM Normandie présente<br />

son plan stratégique <strong>2018</strong>-2021<br />

« Old school, young mind » comme nouvelle base line, un plan stratégique<br />

appelé « Être et durer », au sein d’un monde des business schools parfois<br />

tourmenté, l’EM Normandie affirme décidément sa volonté de s’inscrire dans la<br />

durée en s’appuyant notamment sur son implantation à Oxford.<br />

Il y a maintenant quatre ans que<br />

l’EM Normandie s’est implantée<br />

à Oxford. D’abord dans de petits<br />

locaux en centre-ville. Aujourd’hui<br />

dans 600 m2 au cœur du campus<br />

du City Oxford College qu’elle<br />

partage avec des écoles professionnelles<br />

britanniques. « Nous<br />

avions d’abord regardé à Londres<br />

puis exploré Oxford, une ville<br />

magique quand on parle enseignement<br />

supérieur dans laquelle<br />

aucune école française n’était<br />

implantée », confie le directeur<br />

de l’EM Normandie, Jean-Guy<br />

Bernard.<br />

Aujourd’hui ce sont 200 étudiants<br />

de tous niveaux - ils pourraient<br />

être jusqu’à 250 - qui viennent y<br />

suivre des cours chaque année.<br />

« Ils viennent une année entière,<br />

c’est plus efficace que seulement<br />

un semestre. Ils peuvent<br />

même suivre tout leur cursus ici », précise Jean-Guy Bernard. En<br />

plus de la direction, quatre professeurs permanents de l’école sont<br />

installés à Oxford et donnent environ un tiers des cours. « Nous<br />

voulons mettre en place une pédagogie anglo-saxonne et donc<br />

faire appel à des professeurs locaux », commente le directeur du<br />

campus, Hendrik Lohse qui pousse ses étudiants à aller suivre le<br />

monceau de conférences gratuites qu’organisent les différents<br />

collèges d’Oxford. De quoi convaincre les étudiants français de<br />

rejoindre l’école. « Après ma classe préparatoire j’ai vraiment choisi<br />

l’EM Normandie pour cette possibilité de partir tout de suite étudier<br />

à l’étranger, ce qu’elle est la seule à proposer », confie Julia,<br />

étudiante en troisième année tout juste arrivée à Oxford.<br />

Brexit aidant l’EM va créer, d’ici deux ans car la procédure est<br />

longue, une filiale de droit britannique pour faciliter l’obtention de<br />

visas aux étudiants étrangers. « Il y aura sûrement des tensions, et<br />

nous en avons déjà vécues, pour des étudiants non Européens. Or<br />

notre campus est ouvert à tous nos étudiants », commente Jean-<br />

Guy Bernard.<br />

Une salle de travail de l’EM Normandie à Oxford<br />

: Le Havre, Caen, Paris, Dublin<br />

L’EM n’oublie pas ses sites historiques. Un nouveau bâtiment de<br />

12 700 m2 devait voir le jour en 2019 sur les quais du Havre. Un<br />

travail plus long que prévu, en raison de la présence potentielle de<br />

bombes de la Seconde Guerre mondiale, a repoussé l’ouverture<br />

à 2020. Un investissement de 20 M€ financé par les collectivités<br />

dont la moitié par la CCI Seine Estuaire et autant par la société<br />

d’aménagement du Havre et la région Normandie. « Nos territoires<br />

nous soutiennent et nous ont également permis de nous étendre<br />

de 2000 m 2 à Caen en 2016 avec le soutien de la CCI locale. »<br />

Quant à Paris le succès de l’école y est tel que l’école a dû louer<br />

de nouveaux locaux pour atteindre les 3 400 m 2 . « Nous pourrions<br />

doubler nos effectifs sans que cela nuise à Caen et au Havre. Mais<br />

nous ne voulons pas être une école parisienne. ».<br />

Enfin l’école reçoit depuis l’année dernière 80 élèves à Dublin.<br />

« L’Irlande est un recours si le Royaume-Uni se ferme. Notre seul<br />

problème c’est le logement qui y est très cher, au même niveau<br />

qu’Oxford sans la même qualité avec le développement exponentiel<br />

des sociétés high-tech. »<br />

: Renouveler la pédagogie du PGE.<br />

Depuis septembre dernier l’EM Normandie a transformé sa<br />

pédagogie pour mieux répondre aux attentes de ses étudiants.<br />

Des cours de culture générale sont par exemple délivrés dès<br />

la première année. Des parcours à la carte sont proposés pour<br />

faciliter l’intégration des étudiants arrivés dès le bac et ceux qui<br />

intègrent l’école après une classe préparatoire, une double origine<br />

qui est une spécificité de l’école. Dans le même esprit d’ouverture<br />

les « Grands rendez-vous de l’EM Normandie » sont lancés en<br />

<strong>octobre</strong> en commençant cette année par des conférences consacrées<br />

à l’intelligence artificielle (IA).<br />

Mais c’est bien au cœur du cursus du programme Grande école que<br />

se trouve l’évolution la plus notable. « Nous voulons mixer des cours<br />

très classiques et d’autres très novateurs. Nous voulons également<br />

évaluer de différentes façons », explique Jean-Christophe Hauguel,<br />

le directeur général adjoint de l’école. Pour donner du temps à la<br />

réalisation de projets les étudiants n’ont depuis la rentrée pas<br />

plus de 200 heures de cours par semestre<br />

(20 heures par semaine au maximum). « Au<br />

moins deux cours classiques sont maintenus<br />

par semestre pour que les étudiants restent<br />

dans leur « zone de confort » tout en travaillant<br />

en pédagogie inversée ou digitale. » n<br />

© EM Normandie<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Une belle année<br />

L’EM Normandie<br />

affiche une nouvelle<br />

augmentation de ses<br />

effectifs pour l’année<br />

universitaire <strong>2018</strong>-<br />

2019. 1300 nouveaux<br />

étudiants intègrent<br />

ses programmes de<br />

formation initiale<br />

diplômante, soit une<br />

augmentation de 6 %<br />

par rapport à l’an<br />

dernier. Au total, elle<br />

approche les 4000<br />

étudiants (ils étaient<br />

2600 en 2013 au début<br />

de son précédent plan<br />

stratégique) dont 1100<br />

pour son programme<br />

Grande école qui a fait<br />

le plein cette année en<br />

prépa. Depuis 2013 son<br />

chiffre d’affaires sera<br />

passé de 22,5 à 42 M€<br />

sur cinq campus.<br />

→→<br />

Un nouveau logo<br />

L’EM Normandie a<br />

dévoilé son nouveau<br />

logo qui conserve sa<br />

forme carrée d’origine,<br />

une géométrie qui « met<br />

en relief la stabilité de<br />

l’école ». Le changement<br />

s’opère à travers le<br />

choix du monogramme<br />

« EM » pour École<br />

de Management ;<br />

au centre du logo, il<br />

« met en évidence son<br />

cœur de métier ». Le<br />

tout posé au-dessus<br />

d’une appellation<br />

« business school ».<br />

« 1871 », référence à<br />

l’année de création<br />

de l’EM Normandie<br />

(de sa composante la<br />

plus ancienne, l’ESC<br />

Le Havre) « met en<br />

exergue la longévité de<br />

l’école » soulignée par<br />

une nouvelle baseline :<br />

« Old School, Young<br />

Mind ».<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

HEC : comment est née la campagne<br />

« Tomorrow is our Business »<br />

C’est la campagne que tout le monde envie dans les écoles<br />

de management françaises. Avec l’agence BETC et sa<br />

charismatique (et alumni) Mercedes Erra, HEC lance une<br />

campagne de communication fondée sur la réussite de<br />

ses alumni et la baseline « Tomorrow is Our Business ».<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Les programmes RSE<br />

d’HEC<br />

HEC se met à la RSE et le<br />

prouve avec, entre autres,<br />

l’important travail mené<br />

par son centre S&0<br />

(Society and Organizations)<br />

composé de<br />

40 professeurs chercheurs<br />

et le programme Stand<br />

Up, dans le cadre duquel<br />

l’école accompagne avec<br />

ses étudiants chaque<br />

année 380 femmes issues<br />

de quartiers difficiles - autant<br />

que d’élèves recrutés<br />

en classes préparatoires -<br />

pour les aider à monter<br />

leur entreprise.<br />

→→<br />

Neuf personnalités<br />

Au-delà de l’engagement<br />

social, les neuf personnalités<br />

choisies (pour huit<br />

affiches) symbolisent<br />

également les deux autres<br />

axes stratégiques de<br />

l’école : l’entrepreneuriat<br />

et le digital. Fondateur du<br />

slip français Guillaume<br />

Gibault parle entrepreneuriat,<br />

Fidji Simo,<br />

vice-présidente de<br />

Facebook, forcément de<br />

digital, etc.<br />

: Montrer les valeurs<br />

d’HEC<br />

« Ce que nous voulons d’abord<br />

montrer c’est que l’entreprise porte<br />

l’homme, le structure. Le public croit<br />

en l’efficacité de l’entreprise mais<br />

n’adhère à ses valeurs que si elle<br />

adopte une conduite écologique<br />

et morale. » Diplômée en 1981<br />

d’HEC, un temps présidente de son<br />

association des alumni, Mercedes<br />

Erra a conçu pro bono la campagne d’HEC avec son agence BETC<br />

en mettant en avant les valeurs qu’HEC entend aujourd'hui porter<br />

auprès de ses étudiants et diplômés. Résultat : une vidéo filmée sur<br />

le campus d’HEC qui explique comment « apprendre à oser ça peut<br />

tout changer » et l’importance donnée dans le choix des alumni à<br />

des profils très « RSE » et ouverts sur le monde. Christian Kamayou<br />

est ainsi fondateur du site africain d’entrepreneuriat myafricanstartup<br />

alors qu’on doit à Aurélie Lavaud et Irène Soulages la plateforme<br />

BimBamJob, qui facilite l’insertion professionnelle des personnes en<br />

difficulté sur des secteurs en tension.<br />

HEC = RSE ? De quoi en surprendre plus d’un (qui ont même détourné<br />

certaines affiches sur le web). Mais rien d’antinomique selon le<br />

directeur de la communication d’HEC, Philippe Oster qui rappelle :<br />

« L’impact social et sociétal est l’un des trois axes d’expertise sur<br />

lequel nous investissons fortement à HEC, avec le digital et l’entrepreneuriat.<br />

On ne nous attend pas forcément sur ce sujet alors que c’est<br />

bien pour nous un axe stratégique majeur, relevant de la mission et de<br />

la responsabilité d’une école comme la nôtre. »<br />

: Une campagne évolutive<br />

BETC et Mercedes Erra ont conçu leur campagne pour qu’elle puisse<br />

servir la notoriété internationale de l’école mais puisse également être<br />

déclinée pour recruter des étudiants ou récolter des fonds : « Nous<br />

avons mis autant de jeunes en avant que de PDG, parce que ce<br />

sont bien sûr eux qu’HEC veut recruter mais la campagne cherche<br />

à atteindre tous les publics de l’école, les décideurs au sens large ».<br />

Le cahier des charges donné par HEC à l’agence impliquait également<br />

que la campagne devait être « impactante », sortir des sentiers<br />

battus pour répondre à la volonté d’ancrer l’école dans le top 10<br />

mondial des business schools. « Nous avions également demandé<br />

que la campagne soit pensée pour être déclinée dans des zones où la<br />

notoriété d’HEC n’est pas encore très importante », souligne Philippe<br />

Oster. Une volonté d’être lisible partout qui a même conduit, pour la<br />

première fois, le logo « HEC Paris » à être souligné d’un « business<br />

school » utile là où cela ne relève pas de l’évidence.<br />

: Le devenir des entreprises<br />

Alors qu’HEC conserve sa fameuse devise « apprendre à oser »<br />

comme base line de marque, on doit à Mercedes Erra le génial<br />

« Tomorrow is our Business » qui va habiller toute la campagne. « Il ne<br />

fallait pas se situer uniquement dans un discours centré sur l’école.<br />

L’élément clé de la campagne c’est la réflexion que nous portons sur<br />

ce que doivent devenir les entreprises », exprime Philippe Oster. Et<br />

Mercedes Erra de conclure : « HEC n’est pas parfait partout. Elle doit<br />

encore se concentrer sur la formation des femmes par exemple. Notre<br />

campagne doit aussi l’aider à ne pas cesser de réfléchir à ce que doit<br />

être l’entreprise de demain ». n<br />

La tribune anti-écoles de commerce qui énerve<br />

Intitulée « En école de commerce des « élites » médiocres et corruptrices<br />

» dans la version papier du Monde la tribune de l’ancien intervenant<br />

de l’EDC Michaël Lainé a provoqué bien des réactions du côté<br />

des écoles de management. Bernard Belletante, le directeur général<br />

de l’emlyon, réagissait tout de suite ainsi : « À la lecture de ce papier,<br />

ma première réaction fut ce texte de M. Audiard : « les cons cela ose<br />

tout, c’est à cela qu’on les reconnaît… » Présidente du chapitre des<br />

écoles de management de la conférence des grandes écoles (CGE)<br />

et directrice de Skema BS, Alice Guilhon répondait dans une autre<br />

tribune, toujours dans Le Monde : « Pensez-vous vraiment que si ces<br />

« élites [étaient] médiocres et corruptrices », les entreprises, notamment<br />

celles du CAC 40, leur offriraient des emplois ? »<br />

Parfois peu crédible - « Les étudiants y calent les tables avec des<br />

billets de 50 euros » -, souvent proche du règlement de compte<br />

(« Comment accepter que les diplômés de l’université, pourtant<br />

d’un meilleur niveau, deviennent les subordonnés de ces individus<br />

tout-puissants et incompétents ? »), l’ex-intervenant expliquait<br />

quant à lui dans sa tribune comment il aurait rencontré des<br />

étudiants de faible niveau requérant pour autant d’être reçus aux<br />

examens : « Mais monsieur, je paye votre salaire, donc je fais ce<br />

que je veux ». Autant d’accusations que le titre de la tribune aura<br />

rendu virales. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Inseec BS devient<br />

Inseec School of Business & Economics<br />

« Nous devons retrouver l’esprit d’une école qui avait su être<br />

pionnière il y a 45 ans. Nous sommes aujourd'hui sur un<br />

"reset" complet de notre projet pédagogique », confie Isabelle<br />

Barth, directrice de l’Inseec BS depuis cet été, en présentant<br />

le nouveau cursus d’une école qui change également de nom :<br />

Inseec BS devient Inseec School of Business & Economics –<br />

« au sens de l’économie politique qu’a porté Adam Smith et<br />

sa "Richesse des nations" » - avec comme nouvelle baseline<br />

« Deep Education Takes You Further » (« Le savoir peut vous<br />

emmener très loin »).<br />

Le nouveau cursus a comme objectif de « donner les clés de<br />

compréhension du monde aux managers en devenir, et les<br />

doter du sens de l’action réfléchie ». « Nous voulons former<br />

des intrapreneurs. Parce qu’ils ont besoin de densité, les<br />

Le groupe Sup de Co La Rochelle devient<br />

Excelia Group<br />

Pour ses 30 ans, Sup de<br />

Co La Rochelle devient<br />

Excelia Group avec un<br />

logo « xl ». Elle abandonne<br />

ainsi une appellation « Sup de Co » qu’elle était la<br />

seule à porter encore. « Avec déjà 30 % d’étudiants internationaux<br />

supplémentaires cette année, nous voulons<br />

encore plus nous développer à l’international. Imprononçable<br />

en anglais, notre marque ne le favorisait pas. Nous<br />

étudiants auront des semaines de travail bloquées. Parce qu’ils<br />

ont envie de comprendre le fonctionnement des entreprises,<br />

nous recréons des "missions ethnologiques en entreprises". »<br />

Une remise à plat qui fait dire à Isabelle Barth qu’il s’agit d’un<br />

véritable « reset » de la Grande école. « Il n’y a pas une école<br />

de management en France qui permette aujourd'hui de choisir<br />

aussi librement ses matières que l’Inseec BS dans son<br />

nouveau cursus », confirme ma présidente du groupe Inseec<br />

U., Catherine Lespine, qui insiste : « La feuille de route n’implique<br />

pas de recruter plus d’étudiants mais de remettre le<br />

travail et l’exigence au cœur du dispositif. L’Inseec doit retrouver<br />

une sélection beaucoup plus importante dans un groupe<br />

qui a les reins assez solides pour porter ce projet ». Dans ce<br />

cadre et en dépit d’un taux de remplissage de seulement 56 %<br />

cette année dans le cadre du Sigem l’Inseec entend proposer<br />

le même nombre de places cette année. Aucune décision<br />

n’a été prise du côté d’un redressement éventuel de la barre<br />

d’admissibilité. n<br />

voulons aussi sortir de notre territoire : la route vers Paris<br />

est tracée et nous y installerons en janvier. Enfin nous<br />

voulions une marque qui corresponde à nos valeurs »,<br />

confie le directeur général de l’école, Bruno Neil, qui a<br />

fait le choix de développer une marque globale plutôt que<br />

de garder une référence à son territoire. Pour autant la<br />

marque « La Rochelle » reste présente dans les différentes<br />

activités et au premier chef dans La Rochelle business<br />

school. n<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Pour la première fois un ouvrage<br />

pour les prépas ECT. Professeurs<br />

d’économie et de droit en prépa<br />

ECT, Frédéric Larchevêque et<br />

Ludovic Garofalo publient aux<br />

éditions Ellipses Économie-Droit.<br />

Prépa ECT 1 re et 2 e années. « Jamais<br />

un ouvrage n’avait été publié à leur<br />

destination car on considérait que<br />

leur public n’était pas assez<br />

important. Aujourd’hui nous<br />

dépassons les 1000 élèves dont les<br />

ambitions sont en hausse à tel point<br />

que les éditions Ellipses nous ont<br />

sollicités », révèle Frédéric<br />

Larchevêque, professeur au lycée<br />

Michelet de Vanves dont cette année<br />

trois élèves ont intégré ESCP Europe<br />

et quasiment tous les autres des<br />

écoles du top 10. Accompagné d’une<br />

équipe de plus de dix professeurs,<br />

il aura fallu six mois aux deux<br />

coordonnateurs pour boucler cette<br />

première édition qui intègre tout le<br />

programme d’économie et droit avec<br />

une partie méthodologique et<br />

concours et des exemples corrigés ?<br />

→ Économie-Droit. Prépa ECT 1 re<br />

et 2 e années, éditions Ellipses, 648<br />

pages, 39€<br />

ESCP Europe à l’heure<br />

de l’autonomie<br />

À l’aube de son bicentenaire en 2019, ESCP Europe accélère<br />

le développement de ses programmes. Après être<br />

déjà passée de 3500 à 5000 élèves depuis 2014 elle se<br />

dirige ainsi vers les 6 500 à l’horizon 2022. Pour autant le<br />

programme Grande école ne va pas considérablement<br />

augmenter ses effectifs, restant autour des 380 / 400<br />

recrutés en première année – avec peut-être une augmentation<br />

cette année - alors que les autres programmes, et<br />

notamment le bachelor et les MSc, verront leurs effectifs<br />

augmenter. De plus en plus de diplômes seront également<br />

délivrés sous forme digitale. « Nous ne voulons pas<br />

atteindre les 15 000 étudiants mais néanmoins atteindre un<br />

effet de masse qui doit nous permettre d’être autonomes et<br />

pérennes », résume son directeur, Frank Bournois.<br />

Dans ce cadre le projet d’ESCP Europe passe également<br />

par la rénovation de son campus de République sachant<br />

que ceux de Berlin et Londres méritent également des<br />

travaux alors qu’il faudrait investir dans de nouveaux locaux<br />

à Madrid comme à Turin. À Luxembourg enfin un campus<br />

associé spécialisé dans l’Executive Education est en cours de<br />

lancement.<br />

Devenu EESC (établissement d’enseignement supérieur<br />

consulaire) le 1 er janvier <strong>2018</strong>, ESCP Europe réfléchit enfin<br />

à l’entrée d’actionnaires extérieurs. D’autant que la loi<br />

Mandon, qui a permis de créer le statut d’EESC, pourrait<br />

évoluer pour laisser plus de places<br />

aux actionnaires extérieurs même<br />

si les chambres de commerce<br />

devraient rester les actionnaires<br />

principaux. « L’actionnaire éventuel<br />

doit partager nos valeurs : nous ne<br />

sommes pas un business neutre,<br />

nous aidons les jeunes à devenir<br />

les meilleurs managers », assure<br />

Philippe Houzé, président de l’école<br />

et des Galeries Lafayette. n<br />

→ Pour fêter les 200 ans d’ES-<br />

CP Europe des hackathons et des<br />

master classes vont être organisés<br />

alors que l’année 2019 s’achèvera<br />

par un grand « Festival du<br />

management du XXI e siècle ».<br />

Ce Festival européen invitera à<br />

réfléchir avec les dirigeants, des<br />

entrepreneurs, des intellectuels,<br />

des experts au manager et au<br />

leader de demain tout en célébrant<br />

le dynamisme de l’économie<br />

européenne...<br />

Les locaux de Montparnasse d’ESCP Europe<br />

© ESCP Europe<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

© Toulouse BS<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Optimiser ses<br />

relations avec les alumni.<br />

Une fois diplômés c’est<br />

l’association des alumni<br />

qui prend le relais de la<br />

relation avec les étudiants.<br />

Aujourd’hui, et pour la<br />

formation initiale dans<br />

son ensemble, TBS met en<br />

place des responsables du<br />

suivi de ses alumni. « Nous<br />

voulons aller au-delà d’une<br />

relation qui voit certains<br />

alumni ne considérer l’école<br />

qu’en cas de chômage ou<br />

pour se retrouver entre amis<br />

de promo. Nous voulons<br />

leur offrir des services, par<br />

exemple de l’orientation<br />

scolaire pour leurs enfants.<br />

À l’international, nous<br />

allons également nous<br />

appuyer sur nos alumni<br />

pour accompagner le<br />

recrutement d’étudiants<br />

internationaux », confie<br />

Olivier Guyottot.<br />

Olivier Guyottot<br />

« Une barre<br />

d’admissibilité élevée<br />

était une prise de risque »<br />

Le 21 juillet <strong>2018</strong> le monde des écoles de management était frappé de stupeur :<br />

il manquait 92 élèves issus de CPGE dans l’effectif de l’une des toutes<br />

meilleures, Toulouse BS. Arrivé le 23 avril dernier le directeur de la formation<br />

initiale et du programme Grande école, Olivier Guyottot, revient sur cet épisode<br />

et trace des lignes de reconquête.<br />

Il y a maintenant deux mois que vous avez reçu le<br />

verdict du Sigem. Vous connaissez très bien le sujet pour<br />

avoir été aux commandes du programme Grandes écoles<br />

(PGE) en 2012 à Montpellier BS lorsque l’école était<br />

passée de la 19 e à la 14 e place. Votre analyse a-t-elle<br />

évolué depuis le 21 juillet ?<br />

Nous savions que maintenir une barre d’admissibilité élevée<br />

était une prise de risque mais nous avons priorisé le maintien<br />

de l’excellence académique. Nous sommes une école solide,<br />

disposant des trois grandes accréditations internationales pour<br />

leur durée maximum, classée encore ce mois de septembre,<br />

48 e par le Financial Times pour son master in management et<br />

une des rares à avoir maintenu sa position dans ce classement.<br />

Nous devons plus encore veiller à accompagner notre savoirfaire<br />

du faire-savoir. Nous reverrons aussi l’organisation des<br />

oraux qui est une étape majeure dans le processus de recrutement<br />

d’une école. Enfin, nous travaillons aussi à ce que le<br />

positionnement de TBS soit mieux identifié. Quoi qu’il en soit les<br />

classes préparatoires restent la voie royale d’accès aux écoles<br />

et en particulier à TBS, qui est une des rares écoles françaises<br />

à diplômer en fin de cursus une majorité d’élèves venus de<br />

classes préparatoires.<br />

Perdre des rangs dans le « classement Sigem » c’est<br />

une chose. Mais ne pas faire le plein, et aussi largement,<br />

c’en est une autre !<br />

En réalité, les deux ne sont pas liés et nous pouvions aussi ne<br />

pas remplir, certes dans des proportions moindres, et rester<br />

8 e dans le Sigem. Ces 92 manquants nous le devons d’abord<br />

au maintien de la barre d’admissibilité. Il y a aussi eu un effet<br />

des grèves qui ont dissuadé certains candidats de venir passer<br />

les oraux à Toulouse alors que la moitié des préparationnaires<br />

viennent de Paris et d’Ile de France.<br />

Cela représente une importante perte financière !<br />

Un million d’euros sur un budget de 51 millions. Nous restons<br />

solides. D’autant que nous avons un très bon recrutement sur<br />

l’ensemble des programmes, notamment en bachelor.<br />

Quel est maintenant votre « plan d’attaque » pour<br />

remonter la pente en 2019 ?<br />

Nous avons différentes actions en cours. Nous allons être la<br />

première école à lancer l’alternance à l’international. Nous<br />

profitons de la proximité avec la France de nos campus internationaux.<br />

Nos étudiants pourront suivre leurs cours sur nos<br />

campus de Barcelone, Londres ou Casablanca tout en conservant<br />

un contrat de droit français et en effectuant leur période<br />

en entreprise en France ou dans l’une des implantations d’une<br />

entreprise française dans le pays concerné. Lancement en<br />

septembre 2019.<br />

Autre nouveauté : 100 % de nos diplômés de la Grande école<br />

auront un double diplôme de niveau Master of Science. 30 %<br />

des étudiants du PGE bénéficiaient déjà de cette opportunité<br />

grâce à nos nombreux accords avec des établissements tels<br />

que Sciences Po Toulouse, l’Enac, l’IMT Mines Albi, l’INSA,<br />

l’université… Dans le cadre de la nouvelle maquette pédagogique<br />

du PGE, les étudiants seront tous diplômés d’un MSc en<br />

plus du Master In Management. Cette nouvelle organisation<br />

leur permettra, dans le cadre du cursus, de travailler avec les<br />

étudiants étrangers que nous recevons en MSc. À l’issue de<br />

leur formation, le fait d’être diplômés d’un MSc leur permettra<br />

de mettre en valeur leur spécialisation professionnelle auprès<br />

des recruteurs, avec un titre très bien reconnu au plan international<br />

: le MSc.<br />

Toujours avec la volonté de privilégier l’expérience internationale,<br />

nous avons créé le « TBS international pack ». Il permettra<br />

à nos étudiants de passer jusqu’à deux – ou même trois ans<br />

en cas d’année de césure – à l’international. Nous n’avons pas<br />

encore tranché s’il s’agira d’une filière d’excellence ou si nous<br />

la généraliserons à tous les étudiants.<br />

Enfin, nous mettrons en œuvre le projet « TBS génération ». Il<br />

s’agit de mettre en œuvre des cours communs qui réuniront<br />

les étudiants du PGE avec le public de cadres expérimentés qui<br />

suivent nos mastères spécialisés. Il s’agit de faire se rencontrer<br />

deux générations, qui ont parfois du mal à se comprendre, pour<br />

créer des liens. Et bien entendu l’annonce de la révision stratégique<br />

de TBS va permettre de faire bénéficier d’un positionnement<br />

distinctif le PGE. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


D O S S I E R<br />

Des étudiants de l’ESC La Rochelle<br />

À l’heure du<br />

continuum<br />

Comment évolue<br />

l’enseignement<br />

de la gestion<br />

À l’heure de la montée<br />

en puissance du numérique,<br />

alors que les entreprises veulent<br />

recruter des diplômés prêts à<br />

s’investir dans des projets ouverts sur<br />

le monde, que doit-on enseigner aux étudiants en gestion ?<br />

Une question qu’on se pose chaque jour des classes préparatoires et des<br />

Grandes écoles qui se réfléchissent de plus en plus dans un continuum.<br />

>>> suite page 10<br />

© ESC La Rochelle<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 9<br />

→→<br />

Les « 10 grands défis de<br />

l’enseignement supérieur et de la<br />

recherche en gestion »<br />

À l’occasion de la Semaine du<br />

Management de la FNEGE, qui<br />

a eu lieu à Paris du 22 au 25 mai<br />

au sein de la Cité Internationale<br />

Universitaire de Paris, la FNEGE<br />

et HEADway Advisory se sont<br />

associés pour éditer un numéro<br />

spécial de « L’<strong>Essentiel</strong> du sup »<br />

consacré aux « 10 grands défis<br />

de l’enseignement supérieur<br />

et de la recherche en gestion ».<br />

Il est disponible en version<br />

électronique sur : yumpu.com/s/<br />

f2F91p0TevtE4BAI<br />

Si peu imaginent encore qu’une formation en management<br />

n’est destinée qu’à transmettre des connaissances,<br />

si la montée des soft skills (« compétences douces ») est<br />

une évidence pour la plupart, sur quel socle doit reposer<br />

aujourd'hui l’enseignement de la gestion ? Bien sûr, il faut<br />

connaître les rouages principaux de l’économie de l’entreprise<br />

mais jusqu’où faut-il renforcer l’enseignement des statistiques<br />

pour savoir gérer les Big Data ? Que devient l’enseignement<br />

du marketing et de la comptabilité-gestion ? « Après<br />

des préoccupations en termes de ressources, le premier défi<br />

des années à venir sera la pédagogie. Nous allons raisonner<br />

plus en termes de compétences et d’objectifs qu’à travers<br />

des maquettes pédagogiques rigides », assure la présidente<br />

de la Commission d'évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion (CEFDG) en charge de l’évaluation des Grandes<br />

écoles de management, Carole Drucker-Godard. En amont<br />

les classes préparatoires économiques et commerciales<br />

commencent à instituer des périodes d’immersion en entreprises.<br />

« Nos élèves ont besoin de donner un sens à la prépa.<br />

De comprendre pourquoi ils font tous ces efforts. On leur<br />

montre que le monde est complexe. Cette période d’immersion<br />

est aussi un élément d’attractivité pour notre formation.<br />

Cela les fait grandir et les motive pour la suite. Donner un<br />

sens concret n’est pas contradictoire avec l’excellence académique<br />

et la réussite aux concours, bien au contraire », assure<br />

le président de l’APHEC, Alain Joyeux.<br />

Le marché du travail va également profondément changer<br />

avec l’irruption de l’intelligence artificielle (IA) et la part<br />

donnée aux algorithmes. « Il faut savoir donner du sens<br />

à l’IA au-delà des bases de données et de leur exploitation,<br />

comprendre comment l’information doit être lue et<br />

comprise. Il faut définir quelles compétences sont intangibles<br />

et comment elles vont pouvoir vous permettre d’évoluer sur<br />

30 ans », constate le directeur général de l’EM Strasbourg,<br />

Herbert Castéran. « Notre métier ce n’est plus de diplômer<br />

des gens - et je doute qu’il l’ait été un jour - notre métier<br />

c’est de doter des femmes et des hommes des compétences<br />

nécessaires pour qu’ils soient acteurs d’une vie économique<br />

et sociale », analyse le directeur de l’emlyon BS, Bernard<br />

Belletante, quand Carole Drucker-Godard prévient : « L’étudiant<br />

sera amené à créer son propre parcours et l’enseignant<br />

devra l’accompagner le mieux possible pour faire en sorte<br />

que ce parcours corresponde à un projet professionnel. La<br />

montée en puissance du digital amène à repenser toute la<br />

pédagogie ».<br />

: La montée en puissance du<br />

continuum prépas/grandes écoles<br />

L’une des forces de l’enseignement du management en<br />

France est sa capacité à mêler les compétences techniques<br />

et la culture générale acquise en classes préparatoires.<br />

Un enseignement que leurs élèves regrettent de ne plus<br />

voir abordé une fois entré dans leur école. D’où l’idée d’un<br />

continuum que les écoles développent peu à peu en réintroduisant<br />

de la philosophie, de la géopolitique ou encore<br />

de l’économie dans leurs maquettes pédagogiques. « Cela<br />

nous semble très intéressant pour mieux tuiler le passage<br />

de la classe préparatoire à la Grande école dans un schéma<br />

LEAD<br />

FOR<br />

CHANGE<br />

>>> suite page 11<br />

BSB INTÈGRE<br />

LE TOP 15<br />

DES GRANDES ÉCOLES DE<br />

MANAGEMENT FRANÇAISES<br />

+5 PLACES EN 6 ANS<br />

SIGEM <strong>2018</strong><br />

MASTER GRANDE ÉCOLE<br />

• 175 partenaires internationaux<br />

• 70 doubles diplômes<br />

• Jusqu’à 30 mois d’expérience internationale<br />

(parcours International Manager)<br />

bsb-education.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 10<br />

"2 + 1 + 2" », remarque le président de l’APHEC Alain Joyeux.<br />

Neoma BS a par exemple créé à la rentrée <strong>2018</strong> un cours<br />

« Humanités & Management », qui permet de faire le lien avec<br />

les grands auteurs qu’ils ont découvert en classe préparatoire<br />

et les cours de management. Le cours est d’ailleurs conçu<br />

avec des professeurs de prépas. « Nous proposons aussi à nos<br />

étudiants un cas fil rouge interdisciplinaire à partir d’un cas réel<br />

d’entreprise qui permet d’aborder différentes matières enseignées<br />

et ainsi de mieux appréhender le passage entre la classe<br />

préparatoire et l’école », détaille la directrice du programme<br />

Grande école de Neoma, Sylvie Jean. « La culture permet de<br />

faire le lien entre les connaissances. Pour réfléchir à la supply<br />

chain il faut aussi avoir une épaisseur anthropologique et<br />

géographique », rappelle Maurice Thévenet.<br />

: L’acquisition des fondamentaux<br />

Marketing, comptabilité, ressources humaines, finance… une<br />

formation en gestion offre classiquement de maîtriser une<br />

sorte de « boîte à outils » complétée par une expertise dans le<br />

domaine de son choix. Elle permet également d’acquérir une<br />

culture de l’entreprise au travers de la gestion de projets qui<br />

permettent de passer d’une culture scolaire à une pédagogie<br />

fondée sur l’action. Enfin une culture internationale, l’apprentissage<br />

du travail avec d’autres cultures. « Nous devons<br />

d’abord apporter à nos étudiants les fondamentaux, c'est-à-dire<br />

des cours d’économie qui dépassent la seule micro-économie.<br />

Ensuite, leur apprendre à se réinventer et à acquérir un<br />

esprit critique qui dépasse le "Je l’ai lu sur Internet". Nous leur<br />

devons une sorte de « fond de sauce » qui leur permette tout<br />

au long de leur vie de remettre au goût du jour leurs cours sur<br />

l’intelligence artificielle (IA), le Big Data, le codage ou encore<br />

les fondamentaux du marketing », analyse Alice Guilhon, la<br />

directrice générale de Skema Business School. « Un socle de<br />

connaissances communes existe en gestion et s’est diffusé<br />

dans tous les établissements d’enseignement supérieur. Mais,<br />

parallèlement, on constate également une certaine évolution<br />

de beaucoup d’études de gestion vers les sciences humaines<br />

et sociales, par exemple vers un enseignement de la sociologie<br />

de la gestion. Peut-être n’est-ce pas absurde de faire d’abord<br />

la différence entre bénéfice et chiffre d’affaires pour mieux<br />

comprendre la sociologie… », s’interroge Maurice Thévenet.<br />

: La montée des soft skills<br />

Les entreprises attendent des jeunes diplômés qu’ils soient<br />

compétents et… directement opérationnels. Parce que les<br />

connaissances ne suffisent pas, les établissements formant<br />

au management s’emploient de plus en plus à former leurs<br />

étudiants aux « soft skills », ces « savoirs comportementaux »<br />

qu’attendent les entreprises. Mais comment apprend-on à bien<br />

se comporter ? Comment acquiert-on des manières policées,<br />

à bien se comporter en toutes situations, dans tous les pays,<br />

peut-on acquérir le sens de l’humour, de l’empathie, le sens de<br />

l’innovation… ? Autant de qualités humaines qui feront largement<br />

la différence une fois dans l’entreprise. « Nous constatons<br />

aujourd’hui une très forte demande des entreprises. Sur<br />

le plan technique, il n’y a pas de grande différence entre deux<br />

jeunes diplômés sortant d’une grande école. Mais sauront-ils<br />

faire passer le bon message ? Seront-ils capables de travailler<br />

avec leurs collègues, d’être leader ? Travailler sur ces compétences<br />

humaines et émotionnelles, c’est se donner toutes les<br />

chances de progresser. Ce sont bien ces compétences comportementales<br />

qui feront la différence », commente le directeur de<br />

Toulouse BS, François Bonvalet. À Grenoble EM c’est ce qu’on<br />

appelle les « Cinq C » : être collaboratif, être critique, être créatif<br />

pour penser autrement et s’autoriser à innover, être communicant<br />

pour partager dans les langues étrangères mais aussi<br />

Fin août les 700 nouveaux étudiants intégrant la 1 re année EDHEC Grande école ont été immergés<br />

pendant 25 heures dans un hackathon « Tech for Society ».<br />

Objectif : trouver des solutions aux grands enjeux de société (migration, environnement, économie<br />

circulaire etc.) et apprendre par la pratique les rudiments de l’entrepreneuriat (en termes de<br />

posture, ressources, et méthodologie).<br />

avec les nouvelles technologies et, bien sûr, avoir les connaissances<br />

nécessaires.<br />

Pour monter progressivement en puissance, chaque étudiant<br />

doit réfléchir à son projet dès le début de son cursus pour<br />

valider dans quel domaine il veut travailler. D’où l’importance<br />

cruciale des services carrière et d’un coaching individuel.<br />

« L’internationalisation et la personnalisation sont les dimensions<br />

que nous mettons plus spécialement en avant. Suivis<br />

par des enseignants et de plus en plus par des coachs, nous<br />

proposons à nos étudiants un parcours "pro-perso". Dans<br />

ce cadre et tout au long de leurs études, leurs expériences<br />

académiques et professionnelles leur permettent de se révéler<br />

à eux-mêmes pour exprimer leur potentiel », révèle Herbert<br />

Castéran. Une démarche proche de celle de Neoma dont le<br />

service « Talent et Carrière » aide les étudiants à réfléchir sur<br />

eux-mêmes et sur leurs aspirations personnelles et professionnelles.<br />

« Dès la rentrée, il organise ainsi les Starting Days.<br />

Cette année, nous leur avons demandé d’imaginer des produits<br />

et des services innovants en lien avec les jeux paralympiques.<br />

Ils travaillent leur projet en mode action et amorcent ainsi la<br />

transition avec la prépa. Les entreprises sont présentes et<br />

apprécient beaucoup ce moment », commente Sylvie Jean.<br />

Ces journées d’intégration des nouveaux étudiants contribuent<br />

également à la bonne maîtrise du travail en équipe. À Audencia,<br />

les « Starting Days » prennent le nom de « Talent Days ».<br />

Pendant deux jours, les étudiants répondent en groupe aux<br />

défis des entreprises et présentent ses idées sur scène. « Nos<br />

nouveaux étudiants ne pensaient pas pouvoir être opérationnels<br />

aussi vite sur des sujets qui ne requièrent pas de compétences<br />

techniques pointues », explique la directrice des études, Claude<br />

Lombard. « Ils comprennent qu’on peut avancer avec d’autres<br />

formes d’apprentissage que celles auxquelles ils étaient habitués<br />

jusqu’ici », confirme Daniel Scott Evans, le directeur des<br />

programmes.<br />

: Devenir créatif et innovant<br />

Au-delà du comportement, de l’altérité, c’est souvent le sens de<br />

l’innovation que les écoles de management entendent développer.<br />

« Ce que les entreprises attendent de nos diplômés c’est<br />

qu’ils les "bougent". Qu’ils aient des idées novatrices, tant<br />

>>> suite page 12<br />

→ Le « statut national<br />

étudiant-entrepreneur »<br />

est accessible partout en<br />

France dans l’un des 29<br />

PEPITE et permet de<br />

« construire et de développer<br />

son projet entrepreneurial<br />

et de bénéficier d’un<br />

accompagnement quelle<br />

que soit la démarche<br />

entrepreneuriale<br />

(individuelle, collective,<br />

à finalité économique et/<br />

ou sociale, innovante ou<br />

non, technologique ou non,<br />

avec création d’activités<br />

ou reprise d’entreprise ou<br />

autre structure juridique) ».<br />

Il s’adresse aux étudiants et<br />

diplômés à partir du bac et<br />

sans limite d’âge :<br />

www.pepite-france.fr<br />

→→<br />

Se former à la pédagogie<br />

C’est écrit dans le décret<br />

du 9 mai 2017 portant «<br />

modification du décret<br />

statutaire des maîtres de<br />

conférences et des professeurs<br />

des universités ». Pendant<br />

leur période de stage<br />

d’un an « les maîtres de<br />

conférences bénéficient au<br />

cours d’une formation visant<br />

l’approfondissement des<br />

compétences pédagogiques<br />

nécessaires à l’exercice du<br />

métier ». Pendant les cinq ans<br />

qui suivent, ils peuvent encore<br />

demander à suivre d’autres<br />

formations à ce sujet.<br />

© Edhec<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 11<br />

→ La patte des activités<br />

associatives Les activités<br />

associatives sont essentielles<br />

dans le cursus des<br />

écoles de management.<br />

« L’apprentissage par<br />

l’expérience est fondamental.<br />

Il s’est historiquement fait au<br />

travers des études de cas. Au fil<br />

des années, l’apprentissage par<br />

la pratique est de plus rentré<br />

dans les projets pédagogiques<br />

des écoles. Il peut compléter<br />

ou accompagner des projets<br />

étudiants menés dans le cadre<br />

d’associations ou de clubs.<br />

Il est donc fondamental de<br />

promouvoir l’implication de<br />

nos élèves dans des projets de<br />

terrain ambitieux », analyse<br />

le directeur délégué d’HEC<br />

Paris, Eloic Peyrache.<br />

en termes d’innovation que de management, pour les aider<br />

à entrer dans un monde de plus en plus technologique dans<br />

lequel il faut également maîtriser les données géopolitiques »,<br />

assure le directeur adjoint de Grenoble EM, Jean-François Fiorina.<br />

Un tout nouveau séminaire d’une semaine dit d’« initiations<br />

entrepreneuriales » voit ainsi le jour à TBS pour « booster l’esprit<br />

entrepreneurial et la créativité » des étudiants. Des challenges<br />

leur sont soumis auxquels ils devront répondre en groupes<br />

coachés par des experts et enseignants. Ils travaillent sur le<br />

projet et présentent au jury leur proposition à l’aide d’un prototype<br />

(maquette, site web ou vidéo, par exemple) en mettant en<br />

avant des plans d’action concrets.<br />

L’organisation d’événements étudiants est une autre occasion<br />

d’apprendre, non seulement à travailler en groupe, mais aussi<br />

avec des entreprises qui en sont les sponsors. « Diriger une<br />

association c’est un véritable apprentissage du management<br />

par la pratique avec une équipe de 24 étudiants qu’il faut gérer<br />

de novembre à septembre pendant 2 h à 2 h 30 par jour »,<br />

confie Jérémy Paillusson, qui dirigeait l’association Triathlon<br />

Audencia La Baule en 2017. Tout juste sortis de prépas, les<br />

responsables des postes clés (président, trésorier, responsable<br />

communication…) doivent en effet gérer un budget qui<br />

dépasse les 1,3 M€ pour le Triathlon Audencia La Baule ou<br />

encore 750 000 € pour l’Altigliss de Grenoble EM. Lui comme<br />

tous les autres membres des associations « savent que sur un<br />

CV cela fait la différence d’avoir participé à un événement d’une<br />

telle ampleur » selon les mots du responsable de la « discipline<br />

sport » d’Audencia, Hervé Delaunay.<br />

Mais quoi de mieux pour innover que de créer son entreprise<br />

? Dans le cadre d’un plan d’investissement d’avenir (PIA),<br />

la Fnege s’est justement vu confier la mission de fédérer les<br />

pratiques des 30 Pépite (pôles étudiants pour l’innovation, le<br />

transfert et l’entrepreneuriat) créés par l’État pour développer<br />

l’entrepreneuriat étudiant. Cette année ce sont 3 500 étudiants<br />

qui bénéficient ainsi du statut d’étudiant entrepreneur. « L’année<br />

dernière 800 entreprises ont été immatriculées par nos<br />

étudiants entrepreneurs (dont 200 en auto-entreprenariat).<br />

Nous sommes le seul pays du monde à posséder ce dispositif<br />

qui coûte en plus très peu d’argent et se développe aussi bien<br />

dans les universités que les Grandes Écoles », confie le coordinateur<br />

national du réseau, Jean-Pierre Boissin, qui constate que<br />

« les étudiants veulent travailler différemment avec une rotation<br />

élevée des tâches, pas obtenir un contrat de travail pour les<br />

quarante années à venir ! Mais ils ne seront pas non plus entrepreneurs<br />

pendant 40 ans. Il y a aussi un côté challenge ».<br />

: Travailler avec d’autres profils<br />

Doubles diplômes d’ingénieur manager mais aussi manager<br />

ingénieur et même depuis <strong>2018</strong> de manager architecte à<br />

l’Essec, on voit de plus en plus d’hybridations entre les disciplines.<br />

« Les écoles de management créent des programmes<br />

et des doubles diplômes avec des écoles d'ingénieurs. Cela<br />

permet aux étudiants d’élargir le champ de leurs compétences<br />

et de collaborer avec des modèles différents, ça peut être très<br />

riche. Les entreprises ont d’ailleurs besoin de ces profils pour<br />

servir les nouveaux métiers. Le but étant toujours de former<br />

des étudiants responsables dont les compétences correspondent<br />

le mieux possible aux attentes et besoins des entreprises<br />

», résume Carole Drucker-Godard. Avec l’alliance Artem<br />

qui la lie à Mines Nancy et à l’École nationale supérieure d’art<br />

et de design de Nancy, l’ICN BS est depuis longtemps au cœur<br />

de cette problématique. 20 % des cours de son programme<br />

Grande École sont déjà communs avec ceux des Mines. Tous<br />

les vendredis après-midi les étudiants des trois écoles se<br />

retrouvent autour de projets communs. « Et l’étincelle naît<br />

souvent à la marge de chaque discipline quand les étudiants<br />

des autres écoles s’en emparent pour en repousser les frontières.<br />

Ils dépassent des frontières et pourront demain apporter<br />

beaucoup aux entreprises qui les recruteront », se félicite la<br />

directrice de l’ICN, Florence Legros.<br />

Des expériences comme celle-là on en retrouve également<br />

à Audencia - dans une autre alliance qui la lie à Centrale<br />

Nantes et à l’école d’architecture - ou à Institut Mines Télécom<br />

business school qui partage son campus avec Télécom<br />

SudParis. Depuis 17 ans, les deux écoles organisent chaque<br />

année un « Challenge Projets d’Entreprendre » commun pour<br />

les étudiants de deuxième année. Pendant une semaine, ils<br />

travaillent en commun sur des projets. « Certains choisissent<br />

d’intégrer la majeure entrepreneuriat en 3 e année et peuvent<br />

ensuite intégrer notre incubateur commun. Ils créent des entreprises<br />

comme Recommerce, le leader européen de la collecte<br />

de téléphones portables recyclés, ou Auticiel, spécialisé dans<br />

>>> suite page 13<br />

Kedge inaugure son espace « KEDGE Entrepreneurship »<br />

« KEDGE a l’ambition de figurer parmi les meilleures business<br />

schools formant à l’entrepreneuriat, afin de répondre aux attentes des<br />

entreprises qui recherchent des profils créatifs capables de travailler en<br />

mode projet. » En compagnie notamment d’Alain Juppé et d’Alain<br />

Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine,<br />

le directeur général de KEDGE Business School, José Milano a<br />

inauguré le 20 septembre sur son campus de Bordeaux un espace de<br />

1 800 m² dédié à la création d’entreprise et à l’innovation : KEDGE<br />

Entrepreneurship. Articulé autour d’un incubateur (la « Business<br />

Nursery » qui accompagne 70 start-ups par an), d’un accélérateur<br />

(10 start-ups par an) d’une salle de créativité, du centre d’excellence<br />

en supply chain et des relations entreprises-diplômés, ce dispositif a<br />

vocation à accompagner les porteurs de projets de l’ensemble de la<br />

communauté KEDGE et de l’écosystème de son territoire.<br />

KEDGE Entrepreneurship est ouvert aux étudiants et diplômés<br />

de l’école, mais également aux associations, aux partenaires, aux<br />

entreprises, et à tous porteurs de projets souhaitant bénéficier<br />

des services de KEDGE. Tous ces talents peuvent y bénéficier des<br />

ressources humaines (enseignants chercheurs, collaborateurs,<br />

professeurs, coachs, mentors) et matérielles (incubateur business<br />

nursery, centre d’excellence en supply chain, salle de créativité et de<br />

conférences, espaces de coworking, salles de réunion…).<br />

→ En mars 2017, KEDGE avait lancé l’accélérateur « Daniel & Nina<br />

Carasso », du nom des donateurs, sur son campus de Marseille<br />

© KEDGE<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 12<br />

→ → Un test RSE<br />

Créé par un chercheur<br />

français de Kedge, Jean-<br />

Christophe Carteron, le<br />

Sulitest est aujourd’hui une<br />

sorte de TOEFL de la RSE<br />

que passent par exemple tous<br />

les étudiants de Télécom<br />

EM. « C’est un superbe outil<br />

qui intéresse également<br />

beaucoup les entreprises. Il<br />

faut que la RSE soit partout.<br />

Pas seulement une fonction<br />

à part mais une exigence<br />

transversale », remarque<br />

Jonas Haertle.<br />

les applications destinées aux personnes atteintes de troubles<br />

cognitifs et mentaux », souligne le directeur de l’école, Denis<br />

Guibard.<br />

: Des étudiants responsables<br />

Parmi les apports essentiels aujourd'hui sur un CV, avoir vécu<br />

une expérience humanitaire ou associative figure en bonne<br />

place. Étudiants des Grandes Écoles comme anciens manifestent<br />

d’ailleurs également un intérêt particulier pour les<br />

missions qui apportent du sens ainsi que pour l’économie<br />

sociale et solidaire (ESS), selon le Baromètre IPSOS-BCG-<br />

CGE Qu’attendent les étudiants et anciens élèves des grandes<br />

écoles du marché du travail ? Si la connaissance du secteur<br />

de l’ESS reste à améliorer (56 % des étudiants ne voient que<br />

vaguement ce dont il s’agit), l’engouement pour ces métiers est<br />

très fort : un étudiant sur deux aimerait y travailler, une proportion<br />

qui atteint même deux anciens élèves sur trois. Dans ce<br />

contexte, les écoles mettent de plus en plus en avant la possibilité<br />

pour les étudiants, pendant leur cursus, de remplir des<br />

missions humanitaires. Le programme Humacité du groupe<br />

Sup de Co La Rochelle BS attire ainsi nombre d’étudiants qui<br />

veulent réaliser une mission citoyenne obligatoire au service<br />

d’associations ou d’ONG. Une dimension « responsable » qui<br />

est depuis longtemps l’apanage de l’école. « La RSE (responsabilité<br />

sociale des entreprises) fait partie des grandes spécificités<br />

de La Rochelle. Nous avons été la première école à développer<br />

un master de gestion de l’environnement en 1999 », commente<br />

son directeur, Bruno Neil.<br />

Au cœur de ses objectifs globaux en RSE, considérant que<br />

« les écoles de commerce jouent un rôle clé dans l'élaboration<br />

des mentalités et des compétences des futurs dirigeants,<br />

et peuvent être de puissants moteurs de la durabilité des<br />

entreprises », l’ONU a justement monté le programme Principles<br />

for Responsible Management Education (PRME) dans<br />

le cadre duquel des enseignants-chercheurs issus de près de<br />

700 business schools dans le monde (dont 32 en France)<br />

travaillent depuis 2007 à en faire émerger les principes dans<br />

leurs programmes. « La demande est forte car c’est aussi une<br />

façon pour tous les membres de s’internationaliser en comprenant<br />

les nouvelles attentes des entreprises », assure Jonas<br />

Haertle qui dirige le programme. Toutes les business schools<br />

membres délivrent des cours liés à la RSE dans la gestion et<br />

le management et recrutent une partie de leurs professeurs<br />

en fonction de leur intérêt pour la fonction. Ce que fait maintenant<br />

Audencia BS depuis plusieurs années avec un laboratoire<br />

« Business and Society » qui rassemble 25 professeurs, soit<br />

un quart de la faculté, et qu’a rejoint cette année un excellent<br />

professeur de finance qui souhaitait s’impliquer dans le sujet<br />

au sein d’une communauté de chercheurs unique en France.<br />

« Beaucoup de nos diplômés veulent aller plus loin que seulement<br />

bien gagner leur vie et cherchent des entreprises qui<br />

donnent du sens », confie André Sobczac, directeur académique<br />

de l’école et titulaire de la chaire RSE depuis 2012. Ce<br />

que confirme Alice Guilhon : « Nos étudiants sont les premiers<br />

à nous pousser à développer l’humanitaire au travers de leurs<br />

associations. Mais ils sont aussi dans un esprit communautaire<br />

qui repose sur la confiance dans leurs pairs. Nous devons les<br />

ouvrir à d’autres logiques, aux États-Unis comme en Chine,<br />

pour forger un socle commun qui leur sera très utile. Et il ne<br />

faut pas oublier leur rôle de citoyen. Comment peut-on être<br />

citoyen si on refuse d’aller voter ? La société a tendance à les<br />

endormir et c’est aussi notre rôle de former des citoyens dans<br />

le monde entier ! »<br />

Olivier Rollot<br />

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Seulement 1 % des Business Schools<br />

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ESCP Europe en fait partie.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


ENTRETIEN<br />

« Il faut acquérir des<br />

compétences techniques de<br />

plus en plus sophistiquées »<br />

© Assemblée nationale<br />

Président de l’EM Strasbourg, Patrick Hetzel<br />

est l’un des plus fins connaisseurs du monde de<br />

l’éducation. Son regard expert sur l’évolution de<br />

l’enseignement du management.<br />

Olivier Rollot : Comment l’EM Strasbourg se positionne-t-elle<br />

dans le processus d’internationalisation qui<br />

sous-tend l’activité de toutes les business schools<br />

aujourd'hui ?<br />

Patrick Hetzel : L’EM Strasbourg est engagée dans ce processus<br />

d’internationalisation avec ses propres partenariats comme<br />

avec l’université de Strasbourg dans son ensemble dans le<br />

cadre de l’accord de partenariat Eucor. Nous cherchons des<br />

financements pour ouvrir une antenne à Kehl, en Allemagne,<br />

comme pour développer des partenariats dans tout le Rhin<br />

supérieur, en Allemagne comme en Suisse. L’un des enjeux est<br />

d’apprendre comment transformer les PME en ETI (entreprise<br />

de taille intermédiaire), ce que font si bien nos voisins avec des<br />

entreprises de 2000 personnes qui peuvent être implantées<br />

dans de petits villages. C’est aussi un enjeu de développement<br />

durable, de RSE (responsabilité sociale des entreprises),<br />

dans lequel les écoles de management doivent jouer un rôle<br />

important<br />

O. R : A l’heure numérique, de l’intelligence artificielle<br />

(IA), les écoles de management s’interrogent : que devons-nous<br />

enseigner à nos étudiants. Votre regard ?<br />

P. H : Ce sont des débats en fait très anciens, qu’on retrouve<br />

à la naissance de la Harvard BS, entre ceux qui préconisent<br />

l’acquisition d’un savoir synoptique de l’entreprise et ceux qui<br />

préconisent une hyper spécialisation. Avec la montée du numérique,<br />

du data mining, il est de plus en plus important de posséder<br />

de bonnes capacités en statistiques si on ne veut pas être<br />

exclu des métiers du marketing. Il faut acquérir des compétences<br />

techniques de plus en plus sophistiquées tout en ne se<br />

déconnectant pas d’une vision globale.<br />

Là aussi la RSE, parce qu’elle valorise la place du client, a un<br />

rôle à jouer au sein d’une formation humaniste plus que jamais<br />

nécessaire. La finance même doit être au service de l’humain.<br />

On voit aujourd'hui que les profils évoluent dans cette dimension<br />

essentielle pour notre avenir. Les classes prépas donnent<br />

cette culture humaniste alors que les admis sur titre amènent<br />

leur ouverture. Aux États-Unis également on retrouve ces<br />

dimensions au travers des liberal arts.<br />

O. R : Mais comment peut-on former, si jeunes, des<br />

managers ?<br />

P. H : Il y a quelques années déjà le célébre professeur Henry<br />

Mintzberg disait qu’on avait besoin d’être un professionnel,<br />

déjà entré dans le monde de l’entreprise avec un vécu, pour<br />

être ensuite formé au management. Je ne partage pas cet<br />

avis et pense que l’on peut former au management en formation<br />

initiale mais il est important de développer un savoir de<br />

type « praxéologique ». Ce que nous faisons aujourd'hui c’est<br />

mettre les étudiants au contact de l’action. La plus-value du<br />

manager se situe entre l’action et la connaissance (la praxis<br />

et le logos). Je suis en train de marcher dans la rue mais je<br />

suis aussi capable de me regarder marcher, c’est cette mise<br />

en perspective dont sont capables<br />

>>> suite page 15<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


ENTRETIEN<br />

Les locaux de l’EM Strasbourg au sein de l’Université de Strasbourg<br />

© SKEMA<br />

>>> suite de la page 14<br />

les grands dirigeants. Ainsi que la capacité à imaginer des<br />

enjeux à moyen et long terme sans se faire enfermer dans<br />

l’immédiateté.<br />

Le manager doit être capable d’agir vite sans se faire<br />

emporter par le flux. C’est aussi cette capacité qu’ont<br />

les ETI (entreprises de taille intermédiaire) allemandes à<br />

vivre en dehors de l’immédiateté, pour assurer la pérennité<br />

de leur organisation et sa transmission à la génération<br />

suivante, qui nous intéresse dans le cadre de la coopération<br />

rhénane que j’évoquais. On y est loin de la maximisation du<br />

profit immédiat avec des actionnaires qui réfléchissent à 10<br />

ou 15 ans, quitte à avoir une rentabilité plus faible.<br />

O. R : L’autre dimension essentielle qu’apportent aujourd'hui<br />

les écoles de management est l’internationalisation.<br />

Que doit-elle apporter ?<br />

P. H : D’abord une dimension multiculturelle pour sensibiliser<br />

les étudiants à l’altérité, à la différence. Le curseur s’est<br />

déplacé largement dans ce sens. Il y a 20 ans nous étions<br />

dans une vision très dichotomique du monde alors qu’aujourd'hui<br />

on parle de pluralité des acteurs. Plus simplement<br />

des États-Unis et du reste du monde. Dans une entreprise<br />

très américaine comme Mars on trouve aujourd'hui des<br />

cadres venus du monde entier, plus seulement des Américains<br />

ou des Européens passés par les États-Unis. Quelles<br />

que soient leurs origines, les diplômés d’une école comme<br />

l’EM Strasbourg contribuent également au développement<br />

économique régional.<br />

O. R : Et tout au long de la vie. La formation continue<br />

prend de plus en plus d’importance dans les écoles<br />

de management. Mais est-ce vraiment le rôle des<br />

écoles alors que tant d’acteurs sont déjà installés<br />

dans le secteur ?<br />

P. H : On a toujours considéré les écoles de management<br />

comme des lieux de formation initiale alors qu’elles sont de<br />

plus en plus impactées par la formation continue. Le développement<br />

des chaires d’entreprise contribue à faire évoluer<br />

les visions des dirigeants qui les financent. D’autant que les<br />

jeunes ont des aspirations qui évoluent, avec un travail qui<br />

n’est plus la seule dimension, et que les DRH doivent faire<br />

évoluer leurs politiques en ce sens. Par exemple en acceptant<br />

des temps partiels, y compris pour des jeunes diplômés.<br />

O. R : L’EM Strasbourg présente un modèle tout à fait<br />

original au sein des écoles de management françaises<br />

en étant intégrée au sein de l’université de Strasbourg.<br />

En quoi ce modèle est-il pertinent ?<br />

P. H : Faire partie de l’université de Strasbourg nous donne<br />

une force extraordinaire. Notamment en profitant de l’enseignement<br />

de toutes les disciplines. Quand un professeur de<br />

droit communautaire très connu peut venir enseigner à l’EM<br />

Strasbourg c’est un apport très important ! Même chose quand<br />

nous pouvons faire appel à un professeur de bioéthique ou en<br />

thérapies géniques. Nous avons la capacité de mobiliser toutes<br />

les ressources de toute l’université ! L’université a également<br />

compris que l’EM Strasbourg contribuait à toute l’université et<br />

plus personne n’évoque aujourd'hui l’idée de faire sortir l’école<br />

de l’université.<br />

O. R : Être une école de management c’est plus que jamais<br />

faire de la recherche. Mais cela coûte très cher.<br />

Quelle est la recette idéale pour développer la recherche<br />

dans une école de management ?<br />

P. H : Aux États-Unis c’est dans les années 80 que les associations<br />

de chercheurs ont commencé à imaginer que la<br />

recherche pouvait aller plus loin que les seules contributions<br />

managériales. Aujourd'hui le débat entre ceux qui veulent que<br />

la recherche soit toujours « utile » aux entreprises et ceux<br />

qui la veulent moins directement liée à leurs problématiques<br />

prend d’autant plus de relief que le coût de la recherche est en<br />

hausse constante. Il faut bien faire attention à ne pas tomber<br />

dans la dérive budgétaire des clubs de foot avec les salaires de<br />

nos professeurs.<br />

O. R : Cette recherche s’effectue de plus en plus essentiellement<br />

en anglais, du moins si on veut pouvoir publier<br />

dans les revues les plus prestigieuses. N’est-ce pas<br />

dangereux pour le rayonnement de la France ?<br />

P. H : C’est plus important qu’il n’y paraît. Une langue c’est<br />

aussi une vision du monde. Le latin « tradere », dont vient<br />

« traduction », ne signifie-t-il pas aussi « trahir » ? Pour ma<br />

part je préfère écrire directement en anglais que traduire,<br />

quitte à me faire corriger ensuite. L’allemand et le français ont<br />

chacun leurs atouts : l’allemand est très précis mais le français<br />

plus polysémique, ce qui est très pratique en diplomatie pour<br />

rapprocher les points de vue. n<br />

→→<br />

Un regard expert<br />

Conseiller en charge des<br />

questions d’éducation,<br />

d’enseignement et de<br />

recherche de François<br />

Fillon en 2007 puis<br />

directeur général<br />

pour l’enseignement<br />

supérieur et l’insertion<br />

professionnelle (DGESIP)<br />

de 2008 à 2012, Patrick<br />

Hetzel a été élu député<br />

Les Républicains du bas<br />

Rhin cette même année<br />

et réélu en 2017,<br />

© EM Strasbourg<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


ENTRETIEN<br />

« Il faut créer<br />

des lieux<br />

d’émotion »<br />

© Laurent Cerino<br />

Emlyon BS est en pointe dans l’évolution des méthodes pédagogiques appliquées à<br />

l’enseignement de la gestion. Son directeur, Bernard Belletante, expose sa vision et<br />

revient sur le rôle et le poids de la recherche dans les écoles de management.<br />

Olivier Rollot : Comment doit évoluer l’enseignement de la gestion dans<br />

les années à venir pour répondre aux défis du numérique, de l’intelligence<br />

artificielle (IA), des Big Data, etc. ?<br />

Bernard Belletante : Le schéma n’est pas clair. Nous avons devant nous un<br />

certain nombre de phénomènes économiques qui vont impacter les métiers des<br />

entreprises et les processus de décision. Donc les structures qui forment leurs<br />

cadres. Dans un an et demi sera lancé un calculateur qui traitera à la seconde<br />

10 puissance 19 opérations. C’est-à-dire la vitesse du cerveau ! Cela aura le<br />

même impact sur lui que la grue l’a eue sur nos bras. L’autre révolution c’est<br />

celle de l’intelligence artificielle et toutes ses composantes. Nous allons être face<br />

à des « machines apprenantes » qui vont aller plus vite que notre cerveau.<br />

La deuxième rupture va être celle de gratuité. L’explosion des puissances de<br />

calcul va rendre gratuit des biens qui étaient payants. Un institut a même calculé<br />

que 75 % de la demande actuelle des ménages allait être gratuite dans les<br />

dix à douze ans. Nous rentrons donc dans une société d’abondance alors que<br />

l’économie est la science de la rareté. Les nouvelles sources énergétiques sont<br />

inépuisables et quasi-gratuites. Les data, qui ont toutes les caractéristiques<br />

d’une matière première, ne s’usent pas quand on les utilise. Au contraire elles<br />

s’enrichissent.<br />

La troisième rupture est celle de l’espace et du temps. Nous entrons dans un<br />

monde d’immédiateté où le temps se fait court et où il faut réagir de plus en<br />

plus vite. Or les robots vont plus vite que nous. Comment réagir ? Avec quelle<br />

éthique ?<br />

O. R : Mais comment préparer vos diplômés à tous ces défis ?<br />

B. B : C’est notre rôle et c’est aussi pour cela que nous sommes implantés à<br />

Shanghai et Casablanca : pour avoir des capteurs qui nous permettent de<br />

réagir vite. Nos maker’s lab permettent d’apprendre à maîtriser la puissance de<br />

la machine. Nous avons moins besoin de salles, de livres, de cours et plus de<br />

lieux de flux, d’expériences, d’intelligences… pour laisser l’homme maître de sa<br />

destinée. Le « joint initiative agreement » que nous avons signé avec IBM est là<br />

aussi pour cela. Nous avons créé un poste de « directeur des nouvelles intelligences<br />

», membre de notre Comex, pour nous approprier toutes ces problématiques.<br />

Sur les huit professeurs que nous avons embauchés cette année, quatre<br />

ont des spécialités en lien avec l’IA.<br />

O. R : Quelle est l’utilité d’un campus dans ce nouveau paradigme ?<br />

B. B : Il faut créer des « lieux d’émotion » pour donner un sentiment de<br />

communauté. Des événements symboles qui doivent être inoubliables. Cette<br />

année nous avons réuni tous les nouveaux étudiants de tous nos programmes<br />

ensemble pour un « early makers’ game ». 100 intervenants étaient là pour<br />

créer cette émotion.<br />

Ensuite ce qui était une école pendant trois ans va devenir une communauté de<br />

compétences tout au long de la vie, un « centre commercial » des intelligences<br />

dans lequel on reviendra régulièrement. Il faut entretenir son diplôme ! À nous de<br />

créer des espaces, réels et virtuels, pour cela. À nous de matérialiser des portefeuilles<br />

de compétences et des communautés d’apprentissage.<br />

Demain ira-t-on vers un diplôme dans une seule école ou choisira-t-on d’associer<br />

des pièces, comme un Lego, dans différentes business schools labellisées<br />

Equis ou AACSB ?<br />

Le futur des business school c’est d’être des communautés d’apprenants et<br />

d’expérience.<br />

O. R : Un tout autre sujet : celui de vos financements. Aujourd'hui<br />

l’emlyon se porte bien mais ça n’était pas vraiment le cas à votre arrivée<br />

à sa direction en 2014. Comment les écoles de management doivent-elles<br />

être gérées ?<br />

B. B : D’abord je voudrais le répéter : les écoles de management ne sont pas au<br />

bord du gouffre. Mais il faut être rigoureux. Si on utilise les montants de la taxe<br />

d’apprentissage pour boucler les budgets au lieu de s’en servir pour investir que<br />

fait-on quand le robinet se tarit ? Ou nous sommes des structures publiques ou<br />

>>> suite page 17<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


suite de la page 16<br />

ENTRETIEN<br />

nous sommes privées et, dans ce cas, nous gagnons en flexibilité<br />

tout en faisant de la qualité et nous l’assumons !<br />

Quand je suis arrivé à la direction de l’emlyon il nous a fallu redéfinir<br />

ses missions, s’orienter vers le numérique alors que nous étions<br />

scotchés depuis 30 ans à l’entrepreneuriat. Il a fallu revisiter nos activités<br />

à l’international et redéfinir le rôle de notre campus de Shanghai<br />

sur lequel tournaient nos 600 étudiants. Pour quelle interculturalité ?<br />

Nous nous sommes également installés à Casablanca. Nous avons<br />

recruté de jeunes professeurs, ouvert un bachelor dont la précédente<br />

direction ne voulait pas sous prétexte qu’HEC n’en délivrait pas<br />

(et alors même que c’était déjà le cas de l’Essec !). Et nous avons<br />

également augmenté nos prix de 25 à 30 %. Toute une ambiance<br />

de reconquête qui porte aujourd'hui ses fruits. Après des années de<br />

maîtrise des rémunérations nous avons pu commencer à augmenter<br />

nos personnels de nouveau l’année dernière.<br />

Emlyon déménagera en 2022 de ses locaux<br />

d’Ecully pour rejoindre le centre de Lyon.<br />

O. R : Le débat fait rage depuis des années dans les écoles de<br />

management. Sur quelles thématiques doit se focaliser la<br />

recherche. Doit-elle être très appliquée ou plus large ? Quelle<br />

est la réponse d’emlyon ?<br />

B. B : D’abord nous ne parlons plus seulement de recherche mais<br />

de « contributions intellectuelles » dont fait partie la recherche mais<br />

aussi toute notre diffusion, nos prises de parole (tribunes dans Le<br />

Monde, The Financial Times, etc.) comme notre production pédagogique<br />

(cas, nouveaux cours, etc.). Dans ce cadre la recherche se<br />

définit par la dimension savoir académique. Un enseignant-chercheur<br />

comme Pierre-Yves Gomez, qui travaille sur la gouvernance<br />

d’entreprise avec son centre de recherche, produit aussi bien de la<br />

recherche académique que des tribunes pour des études de cas.<br />

Ce qui est très important c’est de bien estimer les impacts de ces<br />

contributions dans notre environnement. Nous ne mesurons plus<br />

simplement la parution dans une revue mais dans combien de cours,<br />

tribunes, cas une recherche est utile. La création d’un nouveau cours<br />

entre dans ces contributions et permet de donner aussi la parole<br />

aussi bien aux enseignants-chercheurs qu’aux « cliniciens » et<br />

tuteurs en ligne qui composent aujourd'hui notre faculté.<br />

O. R : Ces contributions concernent-elles uniquement les<br />

sciences de gestion ?<br />

B. B : Non parmi nos 138 enseignant-chercheurs permanents<br />

nous avons également des enseignants-chercheurs économistes,<br />

juristes, économistes, mathématiciens, data scientists – et même<br />

un médecin qui travaille sur les neurosciences - qui ne publient pas<br />

en gestion. Nous voulons également publier des contributions dans<br />

toutes les matières qui impactent les processus de décision dans<br />

des organisations compétitives. Nous sommes des spécialistes de<br />

l’action et nos centres d’intérêt vont jusqu’à l’intelligence émotionnelle<br />

pour comprendre l’entreprise de demain. Dans le cadre d’une<br />

chaire d’entreprise créée avec Adecco, une start up lancée par un<br />

de nos professeurs et ses étudiants a même créé un outil de mesure<br />

du QE (quotient émotionnel) dans les organisations qui fait appel<br />

aux compétences de psychologues, neurologues, psychiatres… En<br />

revanche nous n’avons aucune compétence sur tout ce qui concerne<br />

le secteur public. Et même si nous faisons appel à des économistes,<br />

nous ne publions pas non plus le rapport de la Banque mondiale…<br />

O. R : Le nerf de la guerre en recherche c’est aussi l’argent.<br />

Avez-vous toujours les moyens de recruter vos professeurs<br />

sur un marché qu’on sait particulièrement tendu ?<br />

B. B : Notre conseil d’administration et nos anciens professeurs jugent<br />

que certaines rémunérations actuelles annoncées ne sont pas raisonnables.<br />

Mais nous sommes dans le marché ! Sans jamais dépasser les<br />

200 000 € par an. On a tous connu des professeurs au bord de la<br />

retraite de l’Insead ou de la London business school qui venaient finir<br />

leur carrière dans des écoles pour y toucher des rémunérations très<br />

au-dessus des autres. Il faut être vigilant et ne pas créer d’iniquités<br />

tout en se mettant en capacité de recruter certains profils en fonction<br />

de leur impact, compétences intellectuelles, performances pédagogiques.<br />

Je pilote une équipe et je dois trouver le juste milieu.<br />

On sait aussi que plus nos professeurs sont bons plus ils se font<br />

fatalement chasser. On le pressent quand ils commencent à avoir<br />

des exigences qui sortent du cadre… Nous sommes aujourd'hui<br />

capables de savoir quels articles seront publiés dans les trois années<br />

à venir. Il ne faut pas gérer un cycle unique sinon on se retrouve fatalement<br />

avec des creux dans les publications. Le bon pilotage c’est la<br />

croissance linéaire.<br />

O. R : Les revues de recherche restent forcément<br />

incontournables ?<br />

B. B : Comment trouver un autre critère incontournable ? Et occupant<br />

la même importance dans les processus d’accréditation ?<br />

O. R : Certains parlent d’un coup de publication par revue qui<br />

atteindrait les 200 000 € si on cumule tous les coûts,<br />

salaires, voyages, équipe, etc. N’est-ce pas excessif ?<br />

B. B : Cela me paraît surtout très surestimé. Un enseignant-chercheur<br />

alloue au maximum 50 à 60 % de son temps sur sa<br />

recherche. Et publie dans d’autres revues.<br />

Plus largement je sais ce que me coûterait la perte des accréditations<br />

internationales si je n’avais plus une bonne recherche. Sans<br />

parler des rankings. Et quand nous obtenons de beaux contrats en<br />

executive education c’est aussi grâce au savoir que produisent nos<br />

professeurs.<br />

Le « common knowledge » des business schools du monde entier<br />

c’est la capacité de recherche et les standards en la matière montent<br />

constamment.<br />

O. R : Mais un bon chercheur n’est pas forcément un bon<br />

enseignant !<br />

B. B : Les bons chercheurs sont ceux qui sortent des standards. S’ils<br />

sont d’excellents communicants ils vont proposer un contenu à leurs<br />

apprenants qui aura de l’impact sur les processus de décision. C’est<br />

un élément clé. Nous travaillons avec un spécialiste de la « résistance<br />

» dans le management. Il produit des grilles de lecture qui intéressent<br />

beaucoup les DRH. Et publie !<br />

O. R : emlyon possède aujourd'hui six chaires de recherche.<br />

Sont-elles contributives au budget de l’école ?<br />

B. B : S’il ont eux-mêmes été chercher des financements dans<br />

les entreprises, 100 % du budget des chaires revient aux enseignants-chercheurs<br />

qui les dirigent. Nous voulons les récompenser<br />

et ne pas leur prendre 30 % comme on peut le voir ailleurs. Nous<br />

les poussons à être entrepreneurs de leur recherche. Ensuite tout est<br />

prévu avec les entreprises, le nombre d’interventions dans l’entreprise<br />

du chercheurs, les publications où elle sera nommée, etc. Mais<br />

ce qu’elles demandent surtout c’est une accélération des savoirs qui<br />

permet de fédérer les expertises de leur maison. n<br />

→→<br />

Des primes de<br />

publication<br />

En cas de publication<br />

dans une excellente<br />

revue de gestion les<br />

professeurs d’emlyon<br />

peuvent toucher jusqu’à<br />

20000 € pour une<br />

revue classée A+. Les<br />

enseignants-chercheurs<br />

les plus actifs peuvent<br />

publier jusqu’à deux<br />

fois par an s’ils savent<br />

alimenter leurs cycles<br />

de recherche. « Le<br />

travail du directeur<br />

de la recherche c’est<br />

d’accompagner ses<br />

collaborateurs pour<br />

les pousser à se lancer<br />

dans un deuxième<br />

champ quand ils sont<br />

à maturité dans la<br />

première », explique<br />

Bernard Belletante.<br />

© emlyon BS<br />

→→<br />

Former des<br />

enseignantschercheurs<br />

Emlyon BS dispense un<br />

PhD et recrute cinq à<br />

huit personnes par an,<br />

toutes étrangères, qui<br />

restent trois à quatre ans<br />

dans l’école. « Jusqu’ici<br />

nous avons toujours eu<br />

pour principe de ne pas<br />

les employer chez nous<br />

ensuite. Aujourd’hui,<br />

au vu des difficultés que<br />

nous avons à recruter, on<br />

réfléchit à faire évoluer<br />

ce principe… », confie<br />

Bernard Belletante.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


PAROLES DE PROF<br />

Réussir la dissertation<br />

d’économie, sociologie et histoire<br />

du monde contemporain<br />

Par Sylvie Laurent<br />

Professeure de Chaire<br />

supérieure (économie,<br />

sociologie et histoire du<br />

monde contemporain)<br />

au Lycée Hoche<br />

à Versailles<br />

Une dissertation d’économie, sociologie et histoire du monde contemporain<br />

obéit à des règles de façon à exposer clairement, et de façon convaincante,<br />

ce qu’il faut penser d’un sujet. Pour réussir l’exercice, commencez par bien<br />

préciser ce que veut dire le sujet, essayez de vous persuader que la question<br />

à traiter est passionnante pour vous, et cherchez à démontrer à quelqu’un<br />

ce qu’il faut penser de cette question.<br />

: L’utilisation des connaissances<br />

personnelles pour argumenter<br />

« Le savant doit ordonner ; on fait la science avec des faits<br />

comme une maison avec des pierres ; mais une accumulation<br />

de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est<br />

une maison. » Henri Poincaré.<br />

La dissertation n’est pas un exercice d’érudition mais de<br />

réflexion. Vos connaissances servent à donner du contenu à<br />

votre démonstration : évidemment, elles sont nécessaires pour<br />

que le contenu existe, et évidemment elles doivent être exactes,<br />

mais ce qui est primordial c’est qu’elles servent à répondre à<br />

la question du sujet. Il faut présenter les arguments de façon<br />

claire. Il faut démontrer la validité des remarques. Il faut veiller<br />

à la cohérence logique des remarques : évitez de confondre une<br />

cause et une conséquence.<br />

Le but de l’exercice est de vous apprendre à conduire un<br />

raisonnement qui saura convaincre votre lecteur : pour cela il<br />

faut organiser vos idées, en veillant à ce qu’elles s’enchaînent<br />

logiquement, et en évitant de vous répéter : les différentes<br />

parties de la dissertation (introduction, plan en plusieurs parties<br />

et conclusion) sont construites dans ce but. Pour parvenir à vos<br />

fins, vous pouvez avoir plusieurs façons de construire un plan<br />

>>> suite page 19<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 18<br />

pour un même sujet : vous n’aurez que quatre heures pour<br />

faire l’exercice, donc vous ne pourrez pas être exhaustif. À vous<br />

de sélectionner les arguments qui constitueront un ensemble<br />

cohérent, adapté au sujet, et de classer ces arguments pour<br />

qu’ils vous permettent de démontrer ce qu’il faut penser du<br />

sujet à traiter.<br />

Il faut avoir une bonne connaissance des faits de l’histoire<br />

économique. Les théories économiques ne sont pas construites<br />

dans le vide, mais elles s’appuient sur des observations (même<br />

celles qui sont qualifiées d’hypothético-déductives ne sont pas<br />

déconnectées de la réalité empirique) ; il est donc souhaitable<br />

d’exposer ensemble des théories et des faits historiques qui<br />

les illustrent, plutôt que de présenter les unes et les autres<br />

séparément.<br />

Attention : l’accumulation de faits sans réflexion sur l’interprétation<br />

que vous pouvez leur donner est, elle aussi, sans intérêt :<br />

1) Il faut comprendre ce que signifient les faits retenus ;<br />

2) il faut essayer de dégager de grandes tendances (sans être<br />

caricatural) ;<br />

3) il faut savoir montrer que les oppositions théoriques s’expliquent<br />

souvent par le contexte historique. « S’il me fallait<br />

résumer l’essence de ce que l’histoire économique peut<br />

apporter à la science économique, je dirais qu’il n’existe<br />

pas de lois ou règles en économie qui soient valables pour<br />

toutes les périodes de l’histoire ou pour chacun des divers<br />

systèmes économiques » (Paul Bairoch, Mythes et paradoxes<br />

de l’histoire économique, 1995).<br />

Il faut donc aussi connaître des théories économiques, mais<br />

cela ne se résume pas à citer les conclusions d’un auteur : les<br />

arguments d’autorité n’ont pas d’intérêt pour les raisonnements<br />

économiques ; il faut expliquer pourquoi ce que dit un auteur<br />

peut être valable ; le plus souvent les explications d’un économiste<br />

sont valables si des hypothèses sont respectées, et il est<br />

indispensable d’exposer quelles sont ces hypothèses, et quel<br />

est leur rôle, pour faire comprendre comment un théoricien en<br />

arrive aux conclusions qui vous intéressent.<br />

Il ne faut pas mentionner des notions économiques non<br />

évidentes sans les définir (par exemple le salaire d’efficience,<br />

ou la demande effective) : un lecteur-correcteur se rend facilement<br />

compte qu’un candidat mentionne des termes dont il ne<br />

maîtrise pas bien le sens, et il n’apprécie pas du tout les tentatives<br />

de bluff.<br />

Il faut mentionner correctement les auteurs : vérifiez que vous<br />

connaissez bien la période où chaque auteur a publié, et ne<br />

faites pas dire à un économiste célèbre ce qu’il n’a pas dit.<br />

Citez les œuvres de façon exacte et précise, et évitez de mal<br />

orthographier les noms propres.<br />

: Élaboration de la problématique<br />

et du plan<br />

Construire l’introduction et dégager une problématique<br />

La règle du jeu, c’est que votre lecteur ne connaît pas le sujet<br />

que vous allez traiter : en début d’introduction vous devez donc<br />

trouver une idée d’accroche, qui amène le thème du sujet en<br />

montrant son intérêt. Ne parlez ni de « cette question », ni de<br />

« ce sujet » dès la première phrase : à ce stade le sujet est<br />

supposé inconnu du lecteur, et l’emploi d’un démonstratif n’est<br />

pas logique ; n’oubliez pas que la dissertation doit révéler vos<br />

capacités à raisonner logiquement.<br />

Il faut définir les termes du sujet, et préciser quelle est la question<br />

(ou les questions) que le sujet impose de traiter. Ce sur quoi<br />

il faut s’attarder, ce sont les termes difficiles, dont le sens n’est<br />

pas évident pour vous ; il est normal que les notions du sujet<br />

posent problème, sinon il n’y aurait pas de raison de discuter.<br />

Traiter un sujet, c’est en fait traiter un ensemble de questions<br />

qui sont contenues dans la question de l’énoncé. Quand vous<br />

décrivez quelque chose sans vous poser de questions sur ce<br />

Quelques conseils pratiques<br />

Par où commencer ?<br />

Prenez le temps de bien définir votre sujet avant de commencer à chercher<br />

un plan.<br />

Il n’est pas possible de disserter sans savoir de quoi il faut parler. Le sujet<br />

que vous devez traiter est un problème à résoudre ; il soulève un ensemble de<br />

questions auxquelles vous devez apporter une réponse convaincante. Dégager<br />

la problématique du sujet, c’est donc préciser quel est le sens du sujet, et se<br />

donner un fil conducteur. Le plan découle de la problématique et il est donc<br />

élaboré après qu’elle a été définie.<br />

Le plan comporte deux ou trois parties. Chaque partie comporte elle-même<br />

deux, ou trois sous-parties, et votre plan est fini quand vous savez comment<br />

vous allez enchaîner logiquement vos arguments pour passer d’une partie à<br />

l’autre.<br />

Présentation matérielle<br />

• ÉCRIVEZ LISIBLEMENT.<br />

• L’introduction et la conclusion doivent être bien séparées du développement,<br />

par un saut de quelques lignes. Les parties doivent également être espacées<br />

de quelques lignes, et les espaces doivent être plus grands entre les parties<br />

qu’entre les sous-parties. Mettez en évidence des paragraphes à l’intérieur<br />

des sous-parties, en allant à la ligne.<br />

• À la fin de chaque partie, mettez en évidence votre transition et au début<br />

de la partie suivante commencez par annoncer distinctement le contenu des<br />

sous-parties.<br />

Gardez du temps pour vous relire<br />

qui se passe, vous n’avez pas encore trouvé de problématique<br />

; vous construisez une problématique à partir du moment<br />

où vous vous interrogez : pourquoi est-ce ainsi ? Quelles<br />

conséquences cela a-t-il ? Quelles sont les conséquences<br />

positives ? Pour qui le sont-elles ? Rappelez-vous l’heureux<br />

temps de votre (petite) enfance où vous harceliez les adultes<br />

de votre entourage de « pourquoi ? » Avoir toujours un « pourquoi<br />

? » à demander à propos de ce que l’on constate, c’est<br />

une démarche tout à fait adaptée à la construction d’une<br />

problématique.<br />

Les types de plan<br />

Un plan comporte deux ou trois parties, en fonction du sujet.<br />

Pour un même sujet, plusieurs plans sont envisageables : vous<br />

ne devez pas chercher à construire un plan de façon automatique,<br />

mais utiliser les connaissances dont vous disposez pour<br />

traiter un sujet et les classer, en sélectionnant les points qui<br />

vous paraissent les plus importants. Ne cherchez pas à placer<br />

tout ce que vous savez : osez trier parmi vos connaissances<br />

celles qui vous permettront de donner une réponse claire à<br />

la question posée. Des copies au contenu différent peuvent<br />

recevoir une même excellente note à un sujet donné, pourvu<br />

qu’elles soient toutes claires, logiques, précises et dépourvues<br />

d’erreurs. Les types de plan ci-dessous ont pour but de vous<br />

montrer comment il est possible d’ordonner vos idées, mais<br />

vous devez garder à l’esprit qu’un même sujet peut être traité<br />

à l’aide de plans divers : il n’y a pas de recette toute faite pour<br />

construire une dissertation. >>> suite page 20<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 19<br />

1<br />

Boileau, Art poétique :<br />

« Il est certains esprits<br />

dont les sombres pensées<br />

Sont d’un nuage épais<br />

toujours embarrassées ;<br />

Le jour de la raison ne le<br />

saurait percer.<br />

Avant donc que d’écrire<br />

apprenez à penser.<br />

Selon que notre idée est<br />

plus ou moins obscure,<br />

L’expression la suit, ou<br />

moins nette, ou plus pure.<br />

Ce que l’on conçoit bien<br />

s’énonce clairement,<br />

Et les mots pour le dire<br />

arrivent aisément. »<br />

• Plan dialectique :<br />

C’est le plan bien connu « thèse, antithèse, synthèse » ; les trois<br />

parties sont souvent présentées comme un idéal, ne serait-ce<br />

que par référence à la dialectique philosophique. En sciences<br />

humaines, faire trois parties n’est pas toujours une bonne idée.<br />

Ne faire que deux parties est une mauvaise idée si la seconde<br />

partie n’est qu’une négation brutale de la première : se contredire<br />

simplement d’une partie à l’autre sans exposer les raisons<br />

qui justifient la contradiction n’est pas de la dialectique mais de<br />

l’illogisme et même une synthèse ne rattrapera pas l’impression<br />

d’incohérence. En revanche, si vous avez bien démontré en<br />

cours de première et de seconde parties dans quelles circonstances<br />

les arguments exposés sont valables, vous devez avoir<br />

expliqué les raisons des oppositions sur le sujet à traiter, et il<br />

n’est peut-être pas indispensable de faire une synthèse.<br />

Une bonne conclusion est préférable à une synthèse qui répète<br />

de façon confuse le contenu des deux parties précédentes.<br />

Le caractère nuancé de votre conclusion proviendra de ce<br />

que vous rappellerez dans quel cas tel ou tel point de vue est<br />

valable, mais vous devez prendre position sur le sujet et éviter<br />

la conclusion désastreuse de type suivant : « On dit cela, mais<br />

on peut dire aussi le contraire, je ne sais pas ce qu’il faut dire ».<br />

• Plan analytique :<br />

Le but est de décrire les caractéristiques d’un phénomène<br />

en regroupant les caractéristiques qui présentent des points<br />

communs pour les distinguer clairement d’autres caractéristiques<br />

du même phénomène ; il est indispensable de trouver<br />

des transitions qui justifient que vous passez de l’étude d’un<br />

ensemble de caractéristiques à un autre ; il faut en effet éviter<br />

l’éparpillement sous forme de catalogue.<br />

La difficulté de ce type de plan est de trouver le principe de<br />

classement ; il peut y en avoir plusieurs :<br />

> Le plan inventaire : il est valable lorsque vous devez<br />

étudier une notion dont les manifestations méritent à elles<br />

seules une description. Par exemple « la mobilité sociale »<br />

peut justifier un plan en trois parties (1) De quoi s’agit-il ?<br />

(2) Quels sont les facteurs favorables à son apparition ? (3)<br />

Quels sont les facteurs qui la freinent ? Un tel sujet, il est<br />

vrai, est tellement vaste que chacune des parties proposées<br />

pourrait être elle-même la source d’un ou plusieurs sujets.<br />

Les plans de la forme « causes/conséquences » peuvent être<br />

considérés comme des plans inventaires.<br />

> Le plan typologique : il permet de repérer les différents<br />

aspects de ce que vous devez étudiez et d’utiliser ces<br />

aspects comme principe de classement (par exemple : court<br />

terme/long terme ; explications exogènes/explications endogènes<br />

; causes conjoncturelles/causes structurelles ; point de<br />

vue individualiste/point de vue global ; et plus généralement<br />

étude du phénomène du point de vue de l’agent A/ du point<br />

de vue de l’agent B/ du point de vue de l’agent C).<br />

> Le plan interactif : il est souvent recommandé pour<br />

les sujets dont l’intitulé est de la forme « notion A et<br />

notion B » et consiste à chercher à savoir quelle est l’influence<br />

de A sur B puis quelle est l’influence de B sur A.<br />

Pour l’adopter il faut tout d’abord s’assurer qu’examiner<br />

la relation dans un sens puis dans un autre permet bien<br />

de tenir des propos intéressants dans les deux : il peut<br />

arriver que la relation ne joue presque que dans un sens<br />

et dans ce cas l’une des deux parties sera bien trop brève<br />

pour être prise au sérieux, ou alors elle contiendra des<br />

remarques fantaisistes, cherchant à trouver des relations<br />

de causalité là où il n’y en a pas. Il ne faut donc surtout<br />

pas adopter ce plan de façon mécanique, sans réfléchir.<br />

Lorsqu’il est raisonnable d’examiner l’influence de A sur<br />

B puis celle de B sur A, il faut aussi penser à vérifier que<br />

l’apparente interaction entre A et B ne vient pas de ce que<br />

ces deux phénomènes sont en fait deux conséquences<br />

d’une même cause C, dont il serait bon alors de montrer<br />

l’existence.<br />

La conclusion<br />

Il ne faut pas bâcler la conclusion en se contentant d’énoncer<br />

des clichés et de rester vague. Dans la conclusion il faut<br />

synthétiser ce qui a été établi au cours du développement, sans<br />

faire un simple résumé. La conclusion doit faire apparaître clairement<br />

la position du candidat.<br />

Il faut enfin élargir le sujet, en montrant sur quelle nouvelle<br />

question il débouche. Mais il faut éviter deux maladresses : il ne<br />

faut pas changer totalement de sujet ; il ne faut pas non plus,<br />

répéter le sujet en guise d’ouverture : si la dernière phrase de<br />

votre devoir reprend la question que vous deviez traiter, vous<br />

suggérez seulement à votre lecteur que vous n’avez pas traité<br />

la question qui vous avait été confiée.<br />

: Le style<br />

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement » 1<br />

Il ne faut pas employer des termes que l’on n’a pas soi-même<br />

bien compris. Si vous ne savez pas très bien vous-même ce<br />

que signifie la phrase que vous écrivez, ce n’est pas la preuve<br />

qu’elle est très savante : c’est qu’elle ne veut rien dire.<br />

Évitez le délayage : n’allongez pas vos phrases pour noircir<br />

du papier ; n’utilisez pas non plus de périphrases parce que<br />

ne connaissez pas bien le vocabulaire des sciences sociales :<br />

il faut employer un vocabulaire précis, vocabulaire qui vient à<br />

l’esprit de quelqu’un maîtrisant correctement son cours.<br />

En résumé, la dissertation doit mettre en valeur votre capacité à<br />

raisonner, votre souci de vous faire comprendre, d’être honnête<br />

intellectuellement, en vous laissant le choix de sélectionner vos<br />

connaissances pour faire partager votre réponse à une question<br />

intéressante. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 OCTOBRE <strong>2018</strong> | N°20

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