Désolé j'ai ciné #8
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31/10<br />
EN LIBERTÉ !<br />
L’un des gros reproches que l’on répète<br />
à propos des comédies françaises est de<br />
tomber dans des personnages tellement<br />
caricaturaux qu’ils en perdent toute<br />
humanité. Il devient alors intéressant de<br />
voir que Pierre Salavadori entame son film<br />
avec une séquence jouant tellement sur<br />
l’héroïfication d’un personnage qu’il en<br />
devient caricaturalement drôle. Et c’en est<br />
heureusement le but : on parle d’un policier<br />
décédé et dont l’épouse raconte chaque soir<br />
son histoire exagérée à leur fils en deuil.<br />
Très vite, cet héroïsme disparait, amené<br />
par une statue construite à son effigie. « Je<br />
ne reconnais rien de lui », se plaint Adèle<br />
Haenel avant d’appuyer : « Ils n’ont gardé<br />
que son arme ». Ici, les histoires dépassent<br />
la réalité et il devient plus compliqué de les<br />
raconter une fois la vérité faite sur ce faux<br />
héros. « Les mères font les pères », nous<br />
disait Salvadori au FIFF. Comment dès lors<br />
raconter un menteur ? C’est ce qui revient<br />
sans cesse au cœur du film, cette même<br />
interrogation de narrer un escroc déguisé en<br />
modèle à un fils attristé.<br />
Dès lors, traiter la confrontation au réel<br />
devient un point central, chaque personnage<br />
devant faire face à des attentes bien trop<br />
élevées pour ce qui leur arrive ne relève pas<br />
de la déception. Divers degrés de burlesque<br />
se télescopent avec un romantisme à fleur<br />
de peau, un running gag pouvant être<br />
suivi d’une déclaration d’amour touchante<br />
de naïveté (« J’aime tes regards en douce.<br />
Quand tu me regardes en douce, j’ai envie<br />
d’être beau »). Jamais Salvadori n’oublie