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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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traître en 1582. Le plus capab<strong>le</strong> de ses généraux, Hideyoshi, au<br />

départ simp<strong>le</strong> soldat, acheva l’unification nationa<strong>le</strong>, mais<br />

mourut en 1598 avant de pouvoir consolider sa domination au<br />

profit de son héritier en bas âge. C’est alors que <strong>le</strong> plus puissant<br />

vassal de Hideyoshi, Tokugawa Ieyasu, grand daimyō qui<br />

régnait sur une bonne partie de l’est du Japon de son château<br />

d’Edo, aujourd’hui Tokyo, s’acquit la suprématie en vainquant<br />

une coalition de daimyōs de l’Ouest à Sekigahara, en 1600. Trois<br />

ans plus tard, il prit <strong>le</strong> titre traditionnel de Shōgun, marquant sa<br />

dictature militaire sur tout <strong>le</strong> pays, théoriquement pour <strong>le</strong><br />

compte de l’ancienne mais impuissante lignée impéria<strong>le</strong> de<br />

Kyoto. En 1605, Ieyasu transmit <strong>le</strong> titre de Shōgun à son fils,<br />

Hid<strong>et</strong>ada, mais conserva en réalité <strong>le</strong> pouvoir jusqu’à ce qu’il eût<br />

défait <strong>le</strong>s partisans de l’héritier de Hideyoshi aux sièges du<br />

château d’Osaka, en 1614 <strong>et</strong> 1615.<br />

Les trois premiers dirigeants Tokugawas établirent sur <strong>le</strong><br />

Japon un pouvoir si ferme qu’il devait durer plus de deux sièc<strong>le</strong>s<br />

<strong>et</strong> demi jusqu’à son effondrement final en 1868, lors des<br />

tumultes qui suivirent la réouverture du Japon au contact avec<br />

l’Occident, quinze ans plus tôt. Les Tokugawas gouvernaient par<br />

l’entremise de daimyōs héréditaires, semi-autonomes, au<br />

nombre d’environ deux cent soixante-cinq à la fin de la période ;<br />

à <strong>le</strong>ur tour, <strong>le</strong>s daimyōs dirigeaient <strong>le</strong>urs fiefs par l’entremise de<br />

<strong>le</strong>urs samouraïs héréditaires. Le passage d’une guerre<br />

incessante à une paix étroitement rég<strong>le</strong>mentée traça de n<strong>et</strong>tes<br />

frontières de classe entre <strong>le</strong>s samouraïs, qui jouissaient du<br />

privilège de porter deux <strong>sabre</strong>s <strong>et</strong> un nom de famil<strong>le</strong>, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s gens<br />

ordinaires qui, tout en comprenant des marchands <strong>et</strong> des<br />

propriétaires terriens aisés, se voyaient en théorie refuser toute<br />

arme ainsi que l’honneur d’avoir un nom de famil<strong>le</strong>.<br />

Mais durant <strong>le</strong>s années dont traite <strong>Yoshikawa</strong>, ces<br />

distinctions de classes n’étaient pas encore définies de façon<br />

tranchée. Toutes <strong>le</strong>s localités possédaient <strong>le</strong>urs résidus de<br />

combattants paysans, <strong>et</strong> <strong>le</strong> pays était infesté de rōnins, ou<br />

samouraïs sans maître, en grande partie vestiges des armées des<br />

daimyōs qui avaient perdu <strong>le</strong>urs domaines à la suite de la<br />

batail<strong>le</strong> de Sekigahara ou dans des guerres antérieures. Il fallut<br />

une ou deux générations pour que la société accédât tout à fait<br />

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