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syndicom magazine No 9 - Travail/famille, les CCT modèles

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat et de ses organisations affiliées.

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat
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<strong>syndicom</strong><br />

N o 9 janvier-février 2019<br />

<strong>magazine</strong><br />

<strong>Travail</strong>/<br />

<strong>famille</strong>,<br />

<strong>les</strong> <strong>CCT</strong><br />

modè<strong>les</strong>


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Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invitée<br />

8 Dossier : job et <strong>famille</strong><br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

17 <strong>CCT</strong> des coursiers prête<br />

22 Interview : P.-Y. Maillard<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Les mauvaises langues disent que <strong>les</strong> dispositions<br />

sur le congé paternité, <strong>les</strong> congés parentaux<br />

et <strong>les</strong> facilités accordées aux travailleurs<br />

âgés sont célébrées par <strong>les</strong> syndicats comme<br />

de grands succès lorsqu’ils ne sont pas parvenus<br />

à obtenir <strong>les</strong> progrès salariaux espérés.<br />

C’est se tromper de débat. D’abord parce que ce<br />

temps accordé en plus résulte de la lutte syndicale<br />

pour l’émancipation des travailleurs, au<br />

même titre que le salaire. Le progrès social a<br />

besoin des deux : de sécurité matérielle, mais<br />

aussi de temps de vivre.<br />

Ensuite parce que l’attrait d’une profession a<br />

changé. Les jeunes pères d’aujourd’hui ne sont<br />

plus prêts à se contenter d’un seul jour de<br />

congé lorsque naissent leurs enfants. Deux<br />

semaines de congé payé, avec un congé non<br />

payé supplémentaire, ne sont pas de trop.<br />

On ne peut pas ignorer non plus le paradoxe qui<br />

laisse des spécialistes de plus de 50 ans sur<br />

la touche, alors qu’il manque des milliers de<br />

travailleurs qualifiés. La possibilité d’accomplir<br />

une seconde formation avec le soutien des<br />

employeurs existe désormais, l’industrie MEM<br />

en a élaboré un modèle qui figure dans la<br />

convention collective. L’Etat envisage d’appuyer<br />

son financement tout comme d’étendre ce<br />

modèle aux autres branches (lire en p. 13).<br />

Jeunes ou vieux, nous avons désormais besoin<br />

d’emplois qui tiennent compte de notre vie privée,<br />

car nous ne sommes pas que des travailleurs.<br />

Réduire le temps de travail s’impose.<br />

4<br />

8<br />

22<br />

Sylvie Fischer, réd. en chef <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong>


4<br />

Une fine équipe<br />

« <strong>No</strong>us avons atteint un bon résultat »<br />

Patrick Gutenberg (52 ans)<br />

Il a commencé comme photographe au<br />

Tages-Anzeiger, puis au Landbote de<br />

Winterthour – racheté peu après par<br />

Tamedia. Aujourd’hui, il photographie à<br />

40 % pour le Zürichsee-Zeitung et travaille<br />

en indépendant. Il est membre de<br />

la CoPe et de <strong>syndicom</strong>.<br />

Nicole Philipp (43 ans)<br />

Elle a été engagée peu avant la réduction<br />

des effectifs à la Berner Zeitung.<br />

Diplômée d’une haute école hôtelière,<br />

elle a d’abord travaillé comme photographe<br />

indépendante et gère toujours<br />

son propre atelier. Aux côtés de Silvana<br />

Iannetta, Nicole Philipp préside la CoPe<br />

TES qui vient d’être créée. Elle a adhéré<br />

à <strong>syndicom</strong> cette année.<br />

Silvana Iannetta (54 ans)<br />

Elle a notamment écrit pour la WOZ et<br />

travaillé pour la Berner Tagwacht,<br />

le Bund et de nombreux autres journaux.<br />

Tamedia l’a engagée il y a dix<br />

ans. Actuellement, elle est productrice<br />

de textes à la SonntagsZeitung.<br />

De plus, elle travaille comme artiste<br />

indépendante en arts visuels. Depuis<br />

1995, elle est affiliée à <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Basil Weingartner<br />

Photo : Alexander Egger<br />

Un mieux pour <strong>les</strong> plus<br />

de 50 ans et <strong>les</strong><br />

perfectionnements.<br />

« Il n’y a qu’une année et demie que<br />

nous nous connaissons. <strong>No</strong>us travaillons<br />

pour différents journaux alémaniques<br />

sur divers sites. Pourtant,<br />

nous sommes tous engagés chez<br />

Tamedia. Depuis l’automne 2017,<br />

nos départements ont été regroupés<br />

chez Tamedia Editorial Services<br />

(TES).<br />

La photographie, la rédaction image,<br />

l’infographie, la mise en page, la production<br />

de textes et <strong>les</strong> correcteurs<br />

sont désormais réunis dans un seul<br />

département. Il y a un an, l’incertitude<br />

régnait. De nombreux collègues<br />

devaient changer de lieu de travail.<br />

Personne ne savait qui aurait encore<br />

un emploi dans six mois. Les fusions<br />

ont conduit à une réorganisation des<br />

commissions du personnel (CoPe) de<br />

Tamedia. En mai, l’entreprise passait<br />

à la vitesse supérieure lors de l’élection<br />

CoPe des départements à peine<br />

formés, alors que cette CoPe n’avait<br />

encore aucun nouveau règlement valable.<br />

Peu après, le motif de cet empressement<br />

était clair. Dans un premier<br />

temps, Tamedia a incité<br />

certains employés de TES à quitter<br />

volontairement l’entreprise. Début<br />

août, un licenciement collectif était<br />

prononcé. Vingt-deux des 162 employé(e)s<br />

recevaient leur congé. Pour<br />

<strong>les</strong> cinq membres fraîchement élus<br />

de la CoPe, le licenciement a entraîné<br />

encore davantage de travail. Car il<br />

a fallu indiquer lors de la procédure<br />

de consultation comment empêcher<br />

ou du moins minimiser la réduction<br />

d’effectifs. Il s’est agi de négocier un<br />

bon plan social. Une période très intense,<br />

qui nous a poussés jusqu’à<br />

nos limites. Le poids des responsabilités<br />

a pesé lourd. Dès le début, <strong>syndicom</strong><br />

nous a bien soutenus. Il a été<br />

un interlocuteur important. Après<br />

chaque session de négociation, nous<br />

avons consulté notre base, à savoir<br />

<strong>les</strong> employé(e)s TES. Maintenant que<br />

nous sommes parvenus à un résultat,<br />

nous nous demandons si nous n’aurions<br />

pas dû chercher à obtenir davantage<br />

de concessions. Sans aucun<br />

doute, le résultat est bon : des améliorations<br />

ont été obtenues pour <strong>les</strong><br />

indemnités de départ des employés<br />

de plus de 50 ans, ainsi que pour <strong>les</strong><br />

perfectionnements et <strong>les</strong> retraites<br />

anticipées. Mais il n’y a pas de quoi<br />

pavoiser. Car <strong>les</strong> licenciements sont<br />

une réalité, et l’avenir est incertain. »


Brèves<br />

Plus d’infos sur la retraite anticipée \ Salaire minimum PostCom<br />

à réévaluer \ Le Parlement se passera de papier \ Faible reprise<br />

pour <strong>les</strong> plus de 50 ans \ Les robots journalistes ont de l’avenir \<br />

Le CSP élargit sa compétence \ La Poste emploie des drones \<br />

5<br />

Retraite anticipée : <strong>syndicom</strong><br />

élargit son offre de conseils<br />

<strong>Travail</strong>leurs âgés boudés<br />

par la reprise<br />

Agenda<br />

Le sondage mené récemment a confirmé<br />

que la plupart des employés plus<br />

âgés de Swisscom connaissaient peu<br />

l’impact financier de la retraite. Près de<br />

trois quarts des sondés souhaitent un<br />

engagement plus marqué de <strong>syndicom</strong><br />

dans <strong>les</strong> conseils en matière de retraite<br />

anticipée. Au second semestre 2019,<br />

<strong>syndicom</strong> répondra volontiers à ce souhait.<br />

L’offre de conseils aux retraité(e)s<br />

proposée en Suisse alémanique sera<br />

élargie aux autres régions.<br />

Salaires trop bas<br />

de PostCom à réévaluer<br />

Les syndicats <strong>syndicom</strong>, SEV et Unia,<br />

réunis au sein de l’alliance FAIRLOG,<br />

condamnent le salaire minimum de<br />

18,27 francs fixé par l’autorité de régulation<br />

postale de la Commission fédérale<br />

de la poste (PostCom). Cette décision<br />

doit être corrigée. Les syndicats visent<br />

un salaire minimal de 22 francs de<br />

l’heure. La PostCom doit au moins<br />

s’orienter sur <strong>les</strong> critères développés<br />

par le TF dans le cas de Neuchâtel (salaire<br />

minimum de 20 francs de l’heure,<br />

voire plus élevé en fonction de la formation<br />

et des qualifications).<br />

<strong>Travail</strong> parlementaire numérisé<br />

Début décembre, le Parlement a accepté<br />

une motion visant à numériser le travail<br />

parlementaire. Il s’agit cependant d’une<br />

version allégée. Le Conseil des Etats<br />

estimait irréaliste de vouloir réaliser<br />

une transition totale au numérique d’ici<br />

fin 2019. Dès que <strong>les</strong> outils électroniques<br />

adéquats seront disponib<strong>les</strong>, la<br />

délégation administrative décidera que<br />

<strong>les</strong> documents ne seront plus disponib<strong>les</strong><br />

sur papier.<br />

En 2018, 120 000 personnes ont été<br />

touchées par le chômage, soit<br />

25 000 personnes de moins qu’en 2017.<br />

C’est le niveau le plus bas depuis la<br />

crise financière de 2008. Mais tous n’en<br />

profitent pas pareillement. Si le taux de<br />

chômage général a reculé de 0,6 %, celui<br />

des chômeurs de plus de 50 ans n’a<br />

reculé que de moitié moins avec 0,3 %.<br />

Tobi et Lena reprennent<br />

du service<br />

Tobi, le robot de Tamedia produisant de<br />

courts textes basés sur <strong>les</strong> résultats<br />

des votations et permettant une analyse<br />

personnalisée du vote de sa commune,<br />

ainsi que Lena, le robot similaire développé<br />

par l’agence de presse Keystone-<br />

ATS, devraient connaître des développements<br />

en 2019. Lena pourrait s’intéresser<br />

au sport et à l’économie, alors que Tobi<br />

reprendrait du service lors des élections<br />

cantona<strong>les</strong> et fédéra<strong>les</strong> 2019.<br />

Le Conseil suisse de la presse<br />

définit sa compétence<br />

Les journalistes peuvent aujourd’hui<br />

s’adresser directement au public, sans<br />

passer par un média. Le Conseil suisse<br />

de la presse estime que, quand ils<br />

s’expriment sur <strong>les</strong> réseaux sociaux, ils<br />

sont en principe tenus d’observer <strong>les</strong><br />

règ<strong>les</strong> déontologiques, sauf s’ils s’expriment<br />

sur leur vie privée. La proportionnalité<br />

commande toutefois d’observer<br />

la large liberté d’expression qui<br />

règne sur ces réseaux et la spontanéité<br />

qui s’y manifeste.<br />

La Poste transporte<br />

du matériel médical par drone<br />

Depuis début décembre, La Poste<br />

transporte des échantillons de laboratoire<br />

de l’Hôpital universitaire de Zurich<br />

vers le site d’Irchel de l’Université de<br />

Zurich. A Lugano, une expérience similaire<br />

a commencé avec deux hôpitaux,<br />

l’Ospedale Civica et l’Ospedale Italiano,<br />

faisant plus de 2100 vols sans incident.<br />

A Berne, un essai s’est fait en juin<br />

entre le laboratoire central de l’Hôpital<br />

de l’Ile et l’Hôpital de Tiefenau. Une<br />

évaluation est en cours.<br />

Janvier<br />

29<br />

WORK HARD PLAY HARD<br />

Genève, Maison des Arts du Grütli, 19 h<br />

Ce documentaire allemand de Carmen<br />

Losmann décrit un monde où la gestion<br />

des ressources humaines et<br />

l’architecture des bureaux concourent<br />

à maximiser <strong>les</strong> profits. Tout et tous<br />

sont optimisés et rien n’est laissé au<br />

hasard. Projection suivie d’une discussion<br />

avec Danièle Linhart, sociologue<br />

Février<br />

14<br />

Faisons du bruit<br />

Genève, place Bel-Air, 12 h<br />

<strong>No</strong>us saurons nous faire entendre le 14<br />

de chaque mois : cassero<strong>les</strong>, chansons,<br />

vuvuzelas, crécel<strong>les</strong>... pour annoncer<br />

la grève féministe du 14 juin !<br />

Jusqu’au 24<br />

Dessin politique, dessin<br />

poétique<br />

Vevey, Musée Jenisch, av. de la Gare 2<br />

Cette exposition (commissaire Frédéric<br />

Pajak) regroupe plus de 250 œuvres,<br />

entre autres Folon, de Palézieux,<br />

Yersin, Chaval et <strong>No</strong>yau. Politique et<br />

poésie semblent plutôt antagonistes<br />

mais, à y regarder de plus près, des<br />

correspondances insoupçonnées se<br />

font jour.<br />

Mars<br />

16<br />

Journées des libres 2019<br />

Zurich, Kulturhaus Helferei<br />

Kirchgasse 13, de 13 h 15 à 17 h 15<br />

Les honoraires des journalistes libres<br />

et des photographes indépendants<br />

sont toujours plus sous pression.<br />

Beau coup ne peuvent s’en sortir<br />

qu’avec des mandats de relations<br />

publiques. La Journée des libres 2019<br />

veut en finir avec <strong>les</strong> protestations et<br />

conduire à un véritable changement<br />

pour améliorer <strong>les</strong> traitements.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Thomas Schaffter<br />

employeurs<br />

a tout d'abord travaillé comme journaliste et chargé de<br />

communication, avant de prendre en 2010 la direction du<br />

Centre d'impression Le Pays SA, dont il est propriétaire.<br />

Il préside la Région Ouest de l’association VISCOM<br />

(arts graphiques).<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Pourquoi importe-t-il, en tant qu’employeur,<br />

que vos collaborateurs disposent<br />

d’un bon congé paternité dès<br />

2019 (10 jours payés, 10 non payés) ?<br />

<strong>No</strong>tre branche doit rester attractive<br />

sur le terrain de l’emploi. L’octroi<br />

d’un congé paternité est la démonstration<br />

que l’industrie graphique évolue<br />

avec son temps. Ces dispositions<br />

peuvent encourager des jeunes à s’engager<br />

dans des formations liées à<br />

notre activité. Pour relever <strong>les</strong> défis<br />

du secteur, il est essentiel que suffisamment<br />

de jeunes choisissent de se<br />

former dans notre branche.<br />

En contrepartie, l’indemnité pour travail<br />

de nuit pourra être réduite de 70 à<br />

50 %. Ne craignez-vous pas que cela<br />

réduise l’attractivité de la branche ?<br />

<strong>No</strong>n, je ne le pense pas. Le travail de<br />

nuit n’est pas forcément à appréhender<br />

comme une contrainte, il est une<br />

composante essentielle de notre<br />

branche, en particulier pour <strong>les</strong> éditeurs<br />

de journaux. Ces derniers sont<br />

confrontés à de très fortes pressions<br />

liées à la publicité et à l’évolution des<br />

comportements en matière d’abonnements.<br />

Cette baisse est un compromis<br />

qui sera fort apprécié.<br />

Une revalorisation du salaire minimum<br />

ne s’impose-t-elle pas à terme<br />

pour attirer <strong>les</strong> jeunes ?<br />

Les salaires minimaux de notre<br />

branche n’ont pas été détériorés dans<br />

le cadre des négociations de la future<br />

<strong>CCT</strong>, ce qui démontre l’attachement<br />

des employeurs à maintenir notre<br />

secteur attractif, malgré un contexte<br />

particulièrement difficile et une<br />

concurrence internationale accrue.<br />

Des dispositions comme le temps de<br />

travail hebdomadaire ou <strong>les</strong> vacances<br />

sont aussi des paramètres à prendre<br />

en compte.<br />

4<br />

Dans un secteur très touché par la numérisation,<br />

faut-il mettre davantage<br />

l’accent sur la formation continue ?<br />

La numérisation ne doit pas être perçue<br />

comme un danger à combattre,<br />

mais bel et bien comme une réalité<br />

inéluctable et une chance à saisir<br />

pour notre branche. Si <strong>les</strong> premières<br />

années de la numérisation ont été synonymes<br />

d’une baisse de notre activité,<br />

il ressort aujourd’hui que cette<br />

évolution peut aussi générer de nouvel<strong>les</strong><br />

opportunités. En ce sens, la formation<br />

continue est essentielle.<br />

5<br />

Quelle importance accordez-vous à<br />

l’égalité de rémunération entre<br />

hommes et femmes ?<br />

L’égalité salariale entre hommes et<br />

femmes, de formation et expérience<br />

équivalentes, est importante et doit<br />

constituer une préoccupation permanente.<br />

Dans la mesure où la <strong>CCT</strong> fixe de<br />

manière très claire <strong>les</strong> conditions de<br />

travail indépendamment du sexe de<br />

l’employé, elle doit servir de base<br />

pour garantir cette égalité de traitement.<br />

6<br />

Quels sont à vos yeux <strong>les</strong> atouts des<br />

collaborateurs âgés ?<br />

Les employés plus âgés de notre<br />

branche ont subi de profondes mutations<br />

de leur métier au fil des ans et<br />

des évolutions technologiques. Pour<br />

une immense majorité d’entre eux,<br />

ils ont fait preuve d’une très forte capacité<br />

d’adaptation. Leur expérience<br />

et leur connaissance des nombreuses<br />

facettes du métier constituent un<br />

atout, à n’en pas douter.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photo : Le Pays SA


L’invitée<br />

Tout en prônant le relèvement urgent<br />

de l’âge de la retraite et en invoquant la<br />

pénurie de personnel, beaucoup d’entreprises<br />

considèrent qu’à 45 ans on est un « senior » trop<br />

cher et trop vieux. Conséquence : seul 13,7 %<br />

des chômeurs de 50+ en fin de droits retrouvent<br />

un emploi qui leur permet de vivre et<br />

31,3 % ne retrouveront jamais du travail !<br />

Et ce, malgré <strong>les</strong> mesures incitatives proposées<br />

par <strong>les</strong> ORP (Offices Régionaux de Placement) et<br />

certains cantons qui participent à la prise en<br />

charge d’une partie du salaire d’un employé<br />

« senior » pour une durée déterminée.<br />

En fin de droits, des initiatives « palliatives »,<br />

comme la création d’une rente-pont dans le<br />

canton de Vaud, quatre ans avant la retraite,<br />

visent à éviter le recours à l’aide sociale des<br />

travailleurs âgés. Confrontée à une hausse de<br />

62 % (entre 2005 et 2016) de bénéficiaires de<br />

50+ à l’aide sociale, la Conférence suisse des<br />

Institutions d’Action Sociale (CSIAS) a récemment<br />

proposé que <strong>les</strong> personnes dès 55 ans<br />

restent inscrites dans <strong>les</strong> ORP et perçoivent des<br />

prestations complémentaires.<br />

<strong>Travail</strong>ler ! Vivre sans recours à des aides. C’est<br />

le souhait des 50+ qui ont eu une vie professionnelle.<br />

Engagés dans une longue recherche<br />

d’emploi, ils doivent s’armer de patience et<br />

garder confiance en leurs capacités.<br />

Finalement, ce dont <strong>les</strong> 50+ ont le plus besoin,<br />

c’est de confiance et d’espoir. Confiance en ce<br />

qu’ils seront soutenus durant leur recherche<br />

d’emploi. Espoir de retrouver une place sur le<br />

marché du travail avant la retraite. Face à<br />

l’augmentation des chômeurs de longue durée<br />

seniors, il y a urgence à agir.<br />

L’initiative populaire fédérale « Prévoyance professionnelle<br />

– un travail plutôt que la pauvreté<br />

», initiée par l’association bâloise Workfair<br />

50+, préconise une LPP avec un taux unique<br />

pour tous (non liée à l’âge) et a le mérite<br />

d’apporter une solution aux discriminations à<br />

l’embauche.<br />

Pour une LPP<br />

à taux unique<br />

Loretta Rothstein a été chargée de communication<br />

durant de nombreuses années<br />

et s’est reconvertie dans le secrétariat.<br />

Elle travaille actuellement en<br />

tant qu’animatrice au parascolaire.<br />

Elle est secrétaire bénévole de l’association<br />

50etplus, qui lutte en Suisse romande<br />

contre la discrimination des 50+<br />

sur le marché du travail. Cette association<br />

entend sensibiliser <strong>les</strong> politiques,<br />

<strong>les</strong> entreprises et <strong>les</strong> partenaires sociaux<br />

à cette situation et y trouver des<br />

solutions.<br />

7


<strong>Travail</strong> et<br />

<strong>famille</strong>,<br />

<strong>les</strong> bonnes<br />

pratiques


Dossier Congés paternité, <strong>les</strong> meilleurs modè<strong>les</strong><br />

Un congé non payé durant la petite enfance : ceux qui innovent<br />

Garanties contre le licenciement et temps partiel dès 58 ans<br />

Une seconde formation payée : une solution pour travailler âgé<br />

9


10 Dossier<br />

Congé paternité, congés parentaux,<br />

travailleurs âgés : <strong>les</strong> meilleures <strong>CCT</strong><br />

Parmi <strong>les</strong> éléments importants d’une convention<br />

collective de travail figure désormais la<br />

conciliation de la <strong>famille</strong> et de l’emploi. Tour<br />

d’horizon des normes <strong>les</strong> plus progressistes.<br />

Texte : Sylvie Fischer (avec Giovanni Valerio)<br />

Photos : Flavia Leuenberger Ceppi<br />

C’est le domaine où <strong>les</strong> travailleurs soumis à une convention<br />

collective de travail (<strong>CCT</strong>) ont le plus gagné dernièrement<br />

: <strong>les</strong> dispositions permettant une meilleure conciliation<br />

du travail avec leur vie privée de parents, d’employés<br />

ayant des enfants ou des proches à charge, ou de travailleurs<br />

prenant de l’âge. Les syndicats, comme <strong>syndicom</strong> et<br />

Unia, considèrent désormais que <strong>les</strong> clauses concernant<br />

la conciliation de la <strong>famille</strong> et du travail, tout comme<br />

cel<strong>les</strong> prévoyant un congé de paternité ou un congé parental,<br />

font partie des éléments importants d’une <strong>CCT</strong>.<br />

Congé paternité : où se situe <strong>syndicom</strong> ?<br />

Du point de vue des employeurs, ces améliorations permettent<br />

d’attirer <strong>les</strong> jeunes et de nouveaux employés en<br />

offrant d’autres avantages que le seul salaire. Pour citer<br />

l’exemple le plus récent, c’est par exemple le cas du nouveau<br />

contrat collectif de travail pour l’industrie graphique<br />

2019–2021, qui est entré en vigueur le 1er janvier dernier.<br />

Il prévoit un congé paternité de dix jours payés et de dix<br />

jours non payés en option. Cette solution est intéressante,<br />

si l’on pense que la commission de la sécurité sociale du<br />

Conseil des Etats a mis en consultation jusqu’au 2 mars<br />

un congé paternité de deux semaines. L’initiative « Pour<br />

un congé de paternité raisonnable – en faveur de toute la<br />

<strong>famille</strong> », maintenue, va encore plus loin en réclamant un<br />

congé paternité de 20 jours pouvant être pris de manière<br />

flexible dans l’année qui suit la naissance de l’enfant.<br />

Il faut dire que l’on part de loin. Encore aujourd’hui, le<br />

père ne peut faire valoir qu’un droit aux « jours de congé<br />

usuels » (art. 329, III CO) à la naissance de son enfant, soit<br />

un à deux jours de congé payés.<br />

C’est ce qui prévaut chez tous <strong>les</strong> employeurs qui,<br />

comme c’est le cas de beaucoup de petits bureaux de graphistes<br />

au Tessin, ne sont pas membres de l’association<br />

viscom signataire de la <strong>CCT</strong>. « Je suis un graphiste qui ne<br />

bénéficie pas de la <strong>CCT</strong>, et je trouve ridicule qu’un père<br />

n’ait droit qu’à un jour de congé lorsque son enfant naît »,<br />

témoigne ainsi Micha Dalcol, le graphiste qui figure sur<br />

<strong>les</strong> photos de ce reportage. Mon employeur m’a fait cadeau<br />

de deux jours de plus que celui qui est obligatoire, un<br />

geste admirable de la part d’une toute petite entreprise,<br />

où il n’est pas facile d’organiser le travail lorsque<br />

quelqu’un manque. Il est fondamental, pour qui devient<br />

parent, de pouvoir être présent lors de ces moments essentiels.<br />

En outre, lorsque l’on a d’autres enfants, le besoin<br />

d’un tel congé s’impose d’autant plus, car, en plus du<br />

nouveau-né, il faut prendre soin de ses frères et sœurs.<br />

Et même parmi <strong>les</strong> bénéficiaires de conventions collectives,<br />

toutes ne sont pas généreuses. Selon un sondage<br />

de <strong>Travail</strong>.Suisse, soit fait par <strong>les</strong> fédérations autrefois<br />

affiliées à la Confédération des syndicats chrétiens de<br />

Suisse et à la Fédération des sociétés suisses d’employés,<br />

sur 47 <strong>CCT</strong> examinées, 33 n’octroyaient pas plus de trois<br />

jours de congé, et 18 d’entre-el<strong>les</strong>, même, se limitaient au<br />

minimum légal, soit un seul jour (lire en page 15 de ce dossier).<br />

Au sommet des contrats collectifs avantageux pour <strong>les</strong><br />

futurs pères, celui de Swisscom qui promet 15 jours de<br />

congés payés (jours ouvrab<strong>les</strong>) ainsi que 20 jours de travail<br />

supplémentaires pouvant être pris comme congés non<br />

payés (2.5.5 de la <strong>CCT</strong> Swisscom 2018). Ce sera aussi le cas<br />

de Cablex dès 2020. La <strong>CCT</strong> de Poste CH SA 2016 est juste<br />

en dessous, car là, <strong>les</strong> congés se comtenbt en semaines et<br />

non en jours ouvrab<strong>les</strong> : l’article 2.17.2 donne doit à un<br />

congé paternité payé de deux semaines, ainsi qu’à un<br />

congé non payé de quatre semaines supplémentaires. Les<br />

<strong>CCT</strong> de Postfinance et CarPostal prévoient des congés<br />

identiques. Seule la <strong>CCT</strong> de PostLogistics SA (valable au<br />

1.1.2017, ch. 2.12.1) ne prévoit que...deux jours de congé<br />

paternité. Une amélioration serait bienvenue.<br />

D’autres <strong>CCT</strong> favorab<strong>les</strong> aux pères<br />

Deux groupes se distinguent : <strong>les</strong> grandes sociétés coopératives<br />

du commerce de détail, avec en tête le Groupe<br />

Migros dont la <strong>CCT</strong> prévoit trois semaines de congé paternité<br />

payé, avec la possibilité de prendre deux semaines<br />

supplémentaires non payées (art. 32). La <strong>CCT</strong> de la Coop<br />

Société coopérative (valable au 1.1.2018) est légèrement<br />

moins avantageuse : le congé paternité n’est que de<br />

15 jours, avec certes 100 francs en bons d’achat et le droit<br />

à un congé sans solde de deux semaines. Si la <strong>famille</strong> est<br />

monoparentale, la Coop prend aussi en charge certains<br />

frais de garde des enfants. La <strong>CCT</strong> Swissport International<br />

SA, Station de Zurich, prévoit aussi deux semaines de<br />

congé paternité à prendre soit deux semaines avant la<br />

naissance ou 16 semaines après. Une solution que la <strong>CCT</strong><br />

Swissport International SA de Genève ne reprend pas.<br />

La <strong>CCT</strong> de l’industrie textile et de l’habillement suisse<br />

sort aussi du lot en ne prévoyant, certes, que cinq jours de<br />

congé paternité payés, mais en autorisant le père à<br />

prendre, dans <strong>les</strong> six mois qui suivent la naissance, un<br />

congé paternité non payé de huit semaines au maximum.<br />

Cette générosité est inhabituelle, la plupart de ceux qui<br />

accordent cinq jours de congé paternité (<strong>CCT</strong> des hôtels,<br />

restaurants et cafés ; <strong>CCT</strong> Cremo SA ; <strong>CCT</strong> des coiffeurs)<br />

ne prévoyant pas de tel<strong>les</strong> prolongations.<br />

Les conventions collectives <strong>les</strong> plus chiches n’accordent<br />

qu’un jour, reprenant la solution légale, et se<br />

trouvent dans <strong>les</strong> secteurs de la carrosserie, de la construction<br />

(plâtrerie, marbriers etc.), de la construction métal-<br />

« Un seul jour de<br />

congé lorsque<br />

son enfant naît<br />

est ridicule », juge<br />

Micha, graphiste.


Dossier<br />

11<br />

Prendre un congé<br />

parental durant la<br />

petite enfance est<br />

un avantage novateur.<br />

congé maternité ou paternité, tout en conservant son<br />

salaire et son taux d’occupation antérieur). La durée du<br />

compte à long terme doit être limitée à trois ans maximum.<br />

La <strong>CCT</strong> de Poste CH SA 2016 prévoit aussi un compte<br />

épargne-temps destiné à bénéficier de temps libre ou de<br />

taux d’occupation réduit, mais un maximum de 250 heures<br />

peuvent y être stockées et el<strong>les</strong> doivent être utilisées dans<br />

<strong>les</strong> cinq ans.<br />

D’autres <strong>CCT</strong> offrent la possibilité de s’arrêter de<br />

travailler après le congé maternité ou paternité, puis de<br />

retrouver sa place de travail, si cela s’effectue dans <strong>les</strong><br />

douze mois suivant la fin du congé (<strong>CCT</strong> in Globo, anciennement<br />

<strong>CCT</strong> du groupe Globus). Ces congés sont alors offerts<br />

comme une facilité de réengagement, et ne sont pas<br />

payés, voir par exemple la <strong>CCT</strong> des industries horlogère et<br />

microtechnique suisses, valable dès le 1.1.2019, qui permet<br />

de prendre un congé allant de trois à douze mois, non<br />

payé et sur demande, si <strong>les</strong> collaborateurs sont engagés<br />

depuis au moins un an dans l’entreprise.<br />

Parfois, la <strong>CCT</strong> réserve à la mère la possibilité de<br />

prendre un congé non payé d’un an (<strong>CCT</strong> Swissport Bâle).<br />

C’est également le cas de la <strong>CCT</strong> des établissements hospitaliers<br />

cantonaux d’Argovie (GAV für die Aargauer Kantonsspitäler).<br />

Mais très souvent, <strong>les</strong> rubriques « congé parental<br />

» tout comme celle de « congé paternité » figurent<br />

dans la <strong>CCT</strong> mais restent sans contenu, comme c’est le cas<br />

de la <strong>CCT</strong> pour la branche Infrastructure de réseau valable<br />

dès le 1er janvier 2019 signée par <strong>syndicom</strong>.<br />

lique ou de l’installation électrique. Des bastions plutôt<br />

masculins où davantage de générosité vis-à-vis des jeunes<br />

pères serait attendue par <strong>les</strong> employés de ces secteurs.<br />

Congés parentaux<br />

Par congés parentaux, il faut entendre <strong>les</strong> possibilités de<br />

prolonger un congé au terme du congé maternité ou paternité,<br />

ou de réduire son temps de travail durant la petite<br />

enfance de ses fils et fil<strong>les</strong>, avec la possibilité de reprendre<br />

à terme le même emploi qu’avant ainsi que le même taux<br />

d’occupation. Ces facilités, hors <strong>les</strong> cas où el<strong>les</strong> sont offertes<br />

sous forme de comptes épargne-temps, sont le plus<br />

souvent non rétribuées et limitées à un an.<br />

La <strong>CCT</strong> Swisscom 2018 prévoit cette possibilité par<br />

l’intermédiaire de comptes à long terme ou Zeitsparkonto<br />

qui permettent d’accumuler des heures pour <strong>les</strong> utiliser<br />

plus tard dans un but précis (comme la prolongation d’un<br />

congé maternité ou paternité, ou la possibilité de reprendre<br />

le travail à un taux d’occupation réduit après le<br />

Donner un rôle aux travailleurs âgés<br />

Certaines entreprises se sont aperçues que l’expérience<br />

des travailleurs âgés pouvait être un atout pour leur développement.<br />

Il y a quelques années, Swisscom a confié<br />

certaines tâches, comme celle de mettre en place une assurance-qualité<br />

dans la construction du réseau, à des collaborateurs<br />

disposant d’une longue expérience. L’entreprise<br />

a aussi dirigé <strong>les</strong> questions des clients plus âgés à des<br />

collaborateurs de même génération. Ces tests ont conduit<br />

l’entreprise à constater que la qualité du dialogue avec la<br />

clientèle, tout comme le fait d’assurer la qualité du réseau,<br />

ne dépendait pas de l’âge du collaborateur, mais des<br />

affinités qu’il développe avec ces fonctions. Désormais,<br />

dans tous <strong>les</strong> domaines, y compris dans <strong>les</strong> Call Centers et<br />

dans la construction du réseau, des collaborateurs plus<br />

jeunes et plus âgés travaillent ensemble.<br />

Parmi <strong>les</strong> cadres de Swisscom cependant, certains, qui<br />

ont abandonné leur rôle de direction en faveur de successeurs<br />

plus jeunes, dispensent des services en matière de<br />

responsabilité de direction au titre de conseillers internes<br />

dits Inhouse Consulting.


12 Dossier<br />

Certains ex-cadres de Swisscom ont laissé leur rôle à un<br />

plus jeune et se sont reconvertis en conseillers internes.<br />

Swisscom utilise également des collaborateurs disposant<br />

d’une longue expérience pour encadrer ses apprentis.<br />

C’est le cas de Fabrizio Pera, 58 ans, l’un des deux responsab<strong>les</strong><br />

de la formation au Tessin. Pour lui,« l’entreprise<br />

met à disposition des apprentis une personne de référence,<br />

un coach, une figure stable, toujours présente. Je<br />

dois admettre que dans cette fonction, mon rôle de père<br />

m’a parfois aidé. Mais pour être formateur, l’expérience<br />

seule ne suffit pas, il faut avoir un esprit ouvert. C’est pourquoi<br />

nous avons des formateurs d’âges variés. Actuellement,<br />

nous comptons 910 apprentis dans toute la Suisse,<br />

signe que Swisscom continue d’investir dans la jeunesse<br />

et pour demain. »<br />

Pour une protection contre le licenciement<br />

Quarante pourcent des<br />

employés de 55 ans et<br />

plus chez Swisscom se<br />

sentent mis sous pression<br />

en raison de leur âge<br />

L’intégration des travailleurs âgés passe aussi par une<br />

protection contre le licenciement en cas de réorganisation<br />

de l’entreprise. La Poste a ainsi mis au point un plan<br />

social pour le personnel soumis à la <strong>CCT</strong> chez Poste CH<br />

SA, CarPostal et PostFinance. Il protège <strong>les</strong> collaborateurs<br />

de longue date de plus de 55 ans qui sont concernés par<br />

une réorganisation. Ils bénéficient alors d’une garantie<br />

d’occupation jusqu’à 62 ans, liée à une retraite anticipée<br />

par la suite.<br />

La peur de perdre son emploi est désormais présente<br />

chez Swisscom à la suite des réorganisations et réductions<br />

de personnel récentes. Une enquête en ligne effectuée par<br />

<strong>syndicom</strong> auprès des employé(e)s de cette entreprise<br />

âgé(e)s de 55 ans et plus montre que <strong>les</strong> employé(e)s plus<br />

âgé(e)s sont soumis(e)s à de fortes exigences. Ainsi, 40 %<br />

des personnes âgées de 55 ans et plus se sentent particulièrement<br />

mises sous pression par leurs supérieurs hiérarchiques<br />

en raison de leur âge, ce qui représente une proportion<br />

trop élevée. Il n’est donc pas étonnant que plus de<br />

90 % des sondés se prononcent pour une protection contre<br />

le licenciement dès 55 ans. Pour <strong>syndicom</strong>, « Swisscom<br />

doit sensibiliser ses cadres et <strong>les</strong> former afin de ramener<br />

le calme dans l’entreprise et de profiter pleinement de la<br />

performance des employé(e)s <strong>les</strong> plus âgé(e)s ».<br />

Enfin, la possibilité de réduire son temps de travail<br />

peut être aussi une façon d’intégrer mieux de tels collaborateurs.<br />

C’est réalisable à partir de 58 ans dans la <strong>CCT</strong><br />

Swisscom 2018 (réduction de 20 % maximum, avec un taux<br />

d’occupation minimum de 50 %, possib<strong>les</strong> réductions<br />

supplémentaires) et Poste CH SA (une seule réduction<br />

d’au moins 10 % avec un taux d’occupation minimum de<br />

50 %).<br />

https://bit.ly/2F4qHQ9


Dossier<br />

Une solution pour <strong>les</strong> employés âgés :<br />

la « passerelle MEM 4.0 »<br />

13<br />

L’apprentissage doit se poursuivre à l’âge<br />

adulte. Les partenaires sociaux de l’industrie<br />

des machines ont inscrit dans la <strong>CCT</strong> le droit<br />

à un apprentissage à vie et à une deuxième<br />

formation payée.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Hanspeter a 53 ans et cherche un emploi depuis quatre<br />

ans. Il dispose d’une solide expérience professionnelle et<br />

d’une formation informatique approfondie, même si elle<br />

est un peu dépassée. Son ancien employeur à Lucerne l’a<br />

remplacé par un employé plus jeune et meilleur marché.<br />

<strong>No</strong>us connaissons Hanspeter, car il a posté un message<br />

sur une mailing list il y a quelques mois : « Aujourd’hui,<br />

je me fais hospitaliser à la clinique S. après trois<br />

perfectionnements, 98 lettres de candidature, 12 réponses<br />

négatives, 86 lettres restées sans réponse et un divorce.<br />

Merci de venir me trouver à la clinique. » Après son burnout,<br />

il s’est vite rétabli. Aujourd’hui, il jardine occasionnellement<br />

pour des amis et assure le bon fonctionnement<br />

de leurs ordinateurs, comme « entreprise individuelle de<br />

microprestations », ironise Hanspeter. Le plus dur dans<br />

toute l’histoire, dit-il, c’est « de n’être plus intégré dans la<br />

vie professionnelle. Je suis en pleine forme. Mais cela<br />

n’intéresse personne. »<br />

Au chômage, malgré le manque de 40 000 informaticiens<br />

C’est difficile à comprendre : <strong>les</strong> entreprises suisses se<br />

plaignent depuis plusieurs années d’une pénurie de spécialistes.<br />

Il manque notamment des milliers d’informaticiens.<br />

En 2026, donc d’ici sept ans, 40 000 emplois devraient<br />

rester vacants dans la programmation, le Cloud<br />

Services, le développement d’applications, le conseil et<br />

l’ingénierie des systèmes. Ce sont <strong>les</strong> prévisions de<br />

ICTswitzerland, l’association faîtière de l’économie TIC.<br />

Le Secrétariat d’Etat à l’économie, SECO, estime ce pronostic<br />

plausible « malgré un renforcement de la formation<br />

et du perfectionnement ».<br />

Pourtant, de nombreux spécialistes informatiques se<br />

retrouvent dans la situation de Hanspeter. Ils semblent<br />

trop âgés pour exercer leur profession. Et trop chers. Leurs<br />

compétences ne sont plus à la pointe de la technique.<br />

Cette appréciation des employeurs se répète souvent à<br />

tort. Force est de constater que <strong>les</strong> profils professionnels<br />

et <strong>les</strong> exigences évoluent rapidement dans la branche.<br />

L’expérience professionnelle de Hanspeter et de ses pairs<br />

constituerait de précieux atouts pour se réorienter ou se<br />

perfectionner. De nombreuses entreprises rechignent<br />

toutefois à investir dans la formation continue. El<strong>les</strong> préfèrent<br />

miser sur des jeunes fraîchement formés. Mais <strong>les</strong><br />

places d’apprentissage restent, el<strong>les</strong> aussi, encore rares.<br />

Bien formés, mais discriminés à 50 ans<br />

Plusieurs facteurs jouent un rôle dans cette situation paradoxale.<br />

L’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement<br />

économiques, constatait déjà en 2014 une<br />

« discrimination due à l’âge ». Près de 20 % des hommes<br />

entre 55 et 64 ans n’ont pas d’emploi, et presque 40 % des<br />

femmes de cette classe d’âge sont sans travail rémunéré.<br />

Les personnes qui perdent leur emploi après 50 ans<br />

restent au chômage plus longtemps que <strong>les</strong> jeunes – ou se<br />

voient même exclus du monde du travail. La tendance est<br />

à la hausse (voir <strong>les</strong> graphiques à la page 15).<br />

Les syndicats considèrent cette situation comme inacceptable.<br />

Elle laisse pour compte <strong>les</strong> plus de 50 ans, compromet<br />

leur sécurité financière à la retraite, affaiblit l’AVS<br />

et <strong>les</strong> caisses de pension, et prive la société de savoir-faire.<br />

C’est pourquoi le secteur Industrie du syndicat travaille<br />

à des solutions innovantes. Corrado Pardini,<br />

Après un bilan<br />

professionnel,<br />

le ou la candidat(e)<br />

conclut un contrat<br />

de formation avec<br />

un employeur


14<br />

Dossier<br />

Changer de métier doit s’envisager hors<br />

la perte d’un emploi<br />

membre de la direction d’Unia, a déjà tiré la sonnette<br />

d’alarme : « Si la formation et le perfectionnement ne sont<br />

pas soigneusement reconsidérés en Suisse, la numérisation<br />

qui poursuit sa course effrénée conduira à une crise<br />

aiguë de l’emploi. » Car l’obso<strong>les</strong>cence rapide des compétences<br />

concerne aussi de plus en plus de jeunes. Certains<br />

profils professionnels disparaissent complètement, de<br />

nouveaux métiers émergent.<br />

Le nœud du problème est le suivant : le processus d’apprentissage<br />

est considéré comme achevé dès que l’apprentissage<br />

ou la haute école spécialisée se terminent. Le<br />

quotidien professionnel s’installe ensuite et <strong>les</strong> employés<br />

évoluent dans leur domaine de spécialisation. Cette forme<br />

de perfectionnement reste toutefois sans effet quand <strong>les</strong><br />

professions se modifient profondément ou lorsqu’un<br />

changement professionnel est souhaitable. La reconversion<br />

ou un nouvel apprentissage seraient en principe possib<strong>les</strong>.<br />

Mais en général, <strong>les</strong> adultes ne peuvent pas se le<br />

permettre, car ils devraient non seulement financer leur<br />

formation, mais aussi <strong>les</strong> dépenses de la vie courante. Et<br />

parce qu’ils devraient recommencer à zéro en tant qu’apprentis.<br />

Les personnes optant pour une reconversion professionnelle<br />

partent donc avec de mauvaises cartes en<br />

mains.<br />

Le droit à un second métier<br />

C’est pourquoi Unia a conçu le modèle de « passerelle professionnelle<br />

». Il permet un changement de profession,<br />

donc une seconde formation en cours d’emploi jusqu’à<br />

50 ans. L’objectif est de bénéficier d’un droit à la formation.<br />

L’apprentissage doit se poursuivre à l’âge adulte. Le<br />

perfectionnement ou la reconversion professionnelle ne<br />

doivent pas être envisagés seulement au moment de la<br />

perte d’un emploi. Il faut aussi tenir compte du fait que<br />

59 % des employé(e)s de l’industrie ne travaillent déjà plus<br />

dans la profession apprise. Les employeurs de l’industrie<br />

des machines, des équipements électriques et des métaux<br />

se sont montrés prêts au dialogue – ils avaient déjà planché<br />

de leur côté sur des solutions. Hans Hess, président<br />

de Swissmem, s’engage en ce sens. Depuis le 1er juillet<br />

2018, la « passerelle professionnelle 4.0. » figure dans la<br />

convention collective de travail de MEM (article 50 ss). Les<br />

partenaires sociaux se concentrent actuellement sur <strong>les</strong><br />

détails du projet.<br />

Voici le concept : la passerelle est axée sur la pratique.<br />

Elle est précédée d’un bilan professionnel afin de définir<br />

<strong>les</strong> compétences à acquérir. Ensuite, le/la candidat(e)<br />

conclut un contrat de formation avec un employeur, qui<br />

tient compte des besoins de l’entreprise. Ces employés<br />

restent dans le processus de travail (avec un salaire) et obtiennent<br />

un diplôme fédéral suivi d’un contrat d’engagement<br />

de six mois au moins à l’issue de la formation. Corrado<br />

Pardini souligne : « <strong>No</strong>tre modèle se concentre sur<br />

l’individu et permet des changements radicaux de profession.<br />

<strong>No</strong>us ouvrons ainsi des perspectives intégrant chacun<br />

dans la transformation. »<br />

Les partenaires sociaux discutent actuellement des<br />

moyens de financer cette reconversion professionnelle.<br />

Les cantons et la Confédération participent aux discussions.<br />

On envisage la création d’un fonds paritaire, subventionné<br />

pour une large part par la Confédération et<br />

complété par des bourses cantona<strong>les</strong>. Le syndicat et <strong>les</strong><br />

employeurs sont certains que le financement ne fera pas<br />

obstacle au projet. Celui-ci est trop important et « tout le<br />

monde y gagne », relève Manuel Wyss, responsable du secteur<br />

de l’industrie MEM chez Unia.<br />

Même la Confédération, généralement réticente à accorder<br />

des financements, ne devrait pas se défiler. Le Secrétariat<br />

d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation<br />

(SEFRI) suit attentivement le projet. Son vice-directeur<br />

Rémy Hübschi s’est dit « très intéressé à accompagner,<br />

évaluer et soutenir la passerelle MEM 4.0. » Engagement<br />

financier inclus. Car la passerelle pourrait devenir un<br />

« projet-pilote à suivre dans d’autres industries et<br />

branches ».<br />

https://bit.ly/2FiCta0<br />

Photos<br />

La photographe tessinoise Flavia Leuenberger Ceppi a illustré<br />

le reportage sur l’encadrement par des travailleurs plus âgés<br />

et le congé paternité. L’image ouvrant le dossier (pages 8-9)<br />

et la photo de la page 11 tout comme la petite image reproduite<br />

à côté du sommaire ont été prises à l’atelier de coworking<br />

Zenith à Mendrisio qui réunit divers professionnels de la<br />

communication. Les autres photos du dossier ont été réalisées<br />

au centre PostLogistics à Cadenazzo. La photo de couverture<br />

y a aussi été réalisée.<br />

Née à Lugano en 1985, Flavia Leuenberger Ceppi a obtenu en<br />

2004 son diplôme de graphiste. Elle travaille depuis 2010<br />

comme graphiste indépendante et photographe. En outre,<br />

elle se consacre à des travaux personnels. En 2013, elle a<br />

commencé un projet sur l’émigration tessinoise aux Etats-<br />

Unis. En 2015, elle a gagné le Swiss Press Photo Award dans<br />

la catégorie « portraits ». En 2016, elle a transféré son studio<br />

dans l’atelier Zenith. www.flavia-leuenberger.ch


15<br />

La Suisse emploie beaucoup de travailleurs âgés…<br />

Taux d’emploi des 55-64 ans, sélection de pays de l’OCDE 2018 (en %)<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

35,1<br />

Source : OCDE<br />

40,9<br />

49,8 51,8 52,5 53,3 53,9<br />

Turquie Grèce Belgique France Espagne<br />

61,3<br />

Autriche Italie Total<br />

OCDE<br />

71,0 73,3 75,2 77,6 79,8<br />

Allemagne Suisse Japon Suède Islande<br />

… mais de plus en plus connaissent le chômage de<br />

longue durée et l’aide sociale<br />

Augmentation du chômage des 55 ans et plus<br />

Davantage d’aide sociale<br />

Taux d’aide sociale selon catégorie d’âge (en %)<br />

132<br />

128<br />

124 Groupe d’âge 55 ans et plus<br />

120<br />

116<br />

112<br />

108<br />

Tous <strong>les</strong> groupes d’âge<br />

100<br />

96<br />

2012 2013 2014 2015 2016 2017<br />

Indexé 2012=100, corrigé des variations saisonnières Source : SECO, calculs USS<br />

4<br />

3<br />

3,6<br />

3,8 3,8 3,7<br />

3,1<br />

3,2<br />

2<br />

1<br />

0<br />

26-35 ans 36-45 ans<br />

Source : OFS, statistique de l’aide sociale<br />

2,9 3,2 3,3 2005 2010 2015<br />

2,8<br />

2,3<br />

1,9<br />

46-55 ans 56-64 ans<br />

En matière de congé paternité, la Suisse est pingre…<br />

Réglementation du congé paternité dans <strong>les</strong> <strong>CCT</strong> importantes<br />

(2018). L’analyse couvre environ 75% des salariés soumis à une <strong>CCT</strong>.<br />

Plus de la moitié des employés couverts par une <strong>CCT</strong><br />

n’ont pas plus de trois jours de congé paternité.<br />

Au total, 47 <strong>CCT</strong><br />

ont été examinées.<br />

Source :<br />

<strong>Travail</strong>.Suisse<br />

un jour<br />

18<br />

deux jours<br />

7<br />

3<br />

3<br />

5<br />

3<br />

8<br />

plus de dix jours<br />

six à dix jours<br />

cinq jours<br />

quatre jours<br />

trois jours<br />

<strong>No</strong>mbre de jours<br />

de congé paternité<br />

payés et pourcentage<br />

des travailleurs<br />

soumis à une<br />

<strong>CCT</strong> qui peuvent<br />

y prétendre<br />

Source :<br />

<strong>Travail</strong>.Suisse<br />

un jour<br />

deux<br />

jours<br />

37 %<br />

trois jours<br />

5 %<br />

7 % 4 %<br />

30 %<br />

14 % 3 %<br />

plus de dix jours<br />

six à dix jours<br />

cinq jours<br />

quatre jours<br />

… et bien éloignée des modè<strong>les</strong> européens<br />

Le top 7 des congés paternité<br />

<strong>No</strong>rvège<br />

112 jours<br />

315 jours<br />

Lituanie<br />

30 jours<br />

126 jours<br />

Finlande<br />

54 jours<br />

105 jours<br />

Islande<br />

90 jours<br />

90 jours<br />

Slovénie<br />

90 jours<br />

105 jours<br />

Espagne<br />

112 jours<br />

112 jours<br />

Suède<br />

480 jours<br />

480 jours<br />

Source : Courrier<br />

international 7/2018<br />

Générosité de quelques grandes entreprises<br />

60 jours<br />

20 jours<br />

15 jours<br />

10 jours<br />

8 jours<br />

5 jours<br />

Google<br />

Georg Fischer, Axa,<br />

Wochenzeitung, EWL, Banque<br />

alternative suisse, <strong>Travail</strong>.<br />

Suisse, SIG, LerNetz,<br />

Mobility, Liip<br />

Zurich, Swisscom, Migros,<br />

Coop, Bernmobil, Raiffeisen,<br />

Schauspielhaus Zürich<br />

Swiss Life, Suva, la Mobilière,<br />

UPC, NZZ, McDonalds,<br />

Siemens, Samuel Werder AG,<br />

Valora, Lidl, Aldi Suisse, VBZ,<br />

CFF, La Poste, BLS, Banque<br />

cantonale de Zoug, Banque<br />

cantonale de Zurich, UBS, SSR,<br />

Helsana, Swissport, personnel<br />

au sol de SWISS, SIX Group,<br />

Hotelplan, Holcim, Aduno<br />

Gruppe, Swiss Re<br />

Sunrise<br />

Helvetica, Salt, CKW, BKW,<br />

Axpo, Alpiq Holding, Tamedia,<br />

Ringier, Bell Food Group AG,<br />

Nestlé, Coca Cola, Schindler,<br />

Swatch Group, Manor, Valiant,<br />

Banque cantonale d’Uri,<br />

Banque cantonale de Schwyz,<br />

Banque cantonale de Lucerne,<br />

Julius Bär, Credit Suisse,<br />

Banque cantonale bernoise,<br />

Banque cantonale bâloise,<br />

Bank Cler, Transgourmet<br />

Schweiz AG, Sika, Mikron, KPT,<br />

HBC Schweiz, Galenica, Franke,<br />

fenaco société coopérative,<br />

DkSH Holding AG, DER<br />

Touristik AG, Adecco<br />

Source : <strong>Travail</strong>.Suisse


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

Photos plus protégées<br />

Rien de plus rapide que de copier une<br />

photo trouvée sur l’Internet et de la<br />

publier sur sa page Facebook ou Instagram.<br />

Pour <strong>les</strong> utilisateurs, c’est pratique.<br />

Mais cette facilité entraîne une<br />

évolution dangereuse pour <strong>les</strong> photographes.<br />

L’utilisation gratuite de leurs<br />

images dévalorise leur travail. Alors<br />

que <strong>les</strong> pays voisins ont déjà durci en<br />

conséquence la loi sur le droit d’auteur,<br />

la Suisse s’est laissé du temps.<br />

Ainsi, seu<strong>les</strong> <strong>les</strong> photographies qui<br />

possèdent un « caractère individuel »<br />

sont protégées en Suisse. Ce critère est<br />

encore très flou et source d’incertitude<br />

juridique. Le Conseil national a<br />

désormais approuvé par 196 voix<br />

contre 0 la loi révisée du droit d’auteur<br />

et soutient donc une meilleure protection<br />

des photos. A l’avenir, ce principe<br />

doit s’appliquer à toutes. A l’exception<br />

des reproductions. Scanner ou photocopier<br />

n’impliquent donc pas encore<br />

une protection du droit d’auteur. Il<br />

reste à espérer que la Chambre haute<br />

se rallie au Conseil national. Quant à<br />

savoir si <strong>les</strong> revenus des photographes<br />

s’amélioreront ainsi, l’avenir nous le<br />

dira. En tous <strong>les</strong> cas, tout le monde ne<br />

peut que profiter de règ<strong>les</strong> claires.<br />

Christian Capacoel<br />

Toutes <strong>les</strong> photographies seront protégées au moins 50 ans après leur publication ou leur réalisation.<br />

(© Werner Rolli) https://bit.ly/2CVVbT7<br />

Poursuivre le combat<br />

pour plus de temps<br />

libre<br />

Les syndicats se battent depuis toujours<br />

pour <strong>les</strong> droits du travail et<br />

l’argent. Le temps, c’est aussi de<br />

l’argent. L’article sur le congé parental<br />

montre que nous avons atteint beaucoup.<br />

La prochaine occasion sera l’initiative<br />

pour un congé paternité de<br />

quatre semaines.<br />

Le combat pour plus de temps libre<br />

comporte un aspect plus large : il est<br />

temps de discuter entre partenaires<br />

sociaux de réduction du temps de travail.<br />

Les salarié(e)s doivent bénéficier<br />

du gain d’efficience dû à l’automatisation<br />

et à la numérisation. Certaines<br />

entreprises servent d’exemple, comme<br />

la firme autrichienne eMagnetix qui a<br />

récemment introduit la semaine de<br />

30 heures. Avec un salaire identique.<br />

« Tous <strong>les</strong> hommes naissent libres et<br />

égaux en dignité et en droits. Ils (...)<br />

doivent agir <strong>les</strong> uns envers <strong>les</strong> autres<br />

dans un esprit de fraternité. » Le premier<br />

droit humain est trop souvent bafoué<br />

dans <strong>les</strong> entreprises malgré de<br />

nob<strong>les</strong> déclarations d’intention, notamment<br />

par des supérieurs hiérarchiques<br />

manquant de compétence sociale.<br />

<strong>No</strong>tre enquête réalisée chez <strong>les</strong><br />

employé(e)s âgé(e)s de Swisscom le<br />

démontre et nous entendons tous <strong>les</strong><br />

jours des membres s’en plaindre dans<br />

toutes nos branches. La lutte pour la<br />

dignité humaine et la reconnaissance<br />

des prestations est un véritable combat<br />

épique – <strong>les</strong> syndicats seront nécessaires<br />

encore longtemps.<br />

Franz Schori, secrétaire central secteur TIC


« Il faut éviter qu’une concurrence acharnée ne sévisse au<br />

détriment des employés, comme souvent en Europe » David Roth<br />

17<br />

La Suisse, premier pays à prévoir<br />

une <strong>CCT</strong> pour <strong>les</strong> coursiers à vélo<br />

Tout est prêt. Employeurs et salariés veulent une convention<br />

collective de travail (<strong>CCT</strong>). Il ne manque qu’une signature pour<br />

stabiliser <strong>les</strong> conditions de travail dans la logistique.<br />

La Cour de cassation française a confirmé que <strong>les</strong> coursiers de repas sont des employés. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

L’année dernière, de nombreux coursiers<br />

ont adhéré à <strong>syndicom</strong> en raison<br />

de la <strong>CCT</strong> en phase finale de réalisation.<br />

Depuis mai 2017, <strong>syndicom</strong> est<br />

en tournée pour informer sur l’avancement<br />

des négociations, intégrer <strong>les</strong><br />

suggestions des coursiers et faire ratifier<br />

la <strong>CCT</strong>. Lors des séances régiona<strong>les</strong><br />

de ratification, la <strong>CCT</strong> a été acceptée<br />

à une grande majorité avec<br />

72 voix et 2 abstentions. De son côté,<br />

l’association patronale SwissMessengerLogistics<br />

a également approuvé la<br />

convention. Plus rien ne fait donc obstacle<br />

à la signature tant attendue ces<br />

prochaines semaines.<br />

La délégation de négociation, composée<br />

de Hans Ulrich Köhli (coursier<br />

Cantons Région 1<br />

BS, BL, GE, LU, ZH<br />

Année 2019/<br />

2020<br />

Gestion/Admin CHF<br />

50000.-<br />

Coursiers CHF<br />

48000.-<br />

Coursiers<br />

nourriture<br />

2021 2019/<br />

2020<br />

CHF<br />

52000.-<br />

CHF<br />

50000.-<br />

Bienne), Christian Schutter (coursier<br />

express), ainsi que du président de<br />

<strong>syndicom</strong> Daniel Münger et du secrétaire<br />

central David Roth, est soulagée<br />

que <strong>les</strong> négociations aboutissent enfin.<br />

Région 2<br />

AG, BE, SG, VD, ZG<br />

CHF<br />

48000.-<br />

CHF<br />

46000.-<br />

CHF 45 771.-<br />

2021 2019/<br />

2020<br />

CHF<br />

50000.-<br />

CHF<br />

48000.-<br />

Région 3<br />

Autres cantons<br />

CHF<br />

46000.-<br />

CHF<br />

45000.-<br />

2021<br />

CHF<br />

48000.-<br />

CHF<br />

46000.-<br />

Une <strong>CCT</strong> de base à développer<br />

« La <strong>CCT</strong> des coursiers est une <strong>CCT</strong> de<br />

base. Les coursiers qui militent pour<br />

le syndicat sont et restent la force décisive.<br />

L’acceptation unanime de la<br />

<strong>CCT</strong> résulte principalement de leur<br />

travail de persuasion et de syndicalisation.<br />

Il s’agit dès lors de mettre sur<br />

pied <strong>les</strong> organes de base et d’assurer le<br />

développement des structures syndica<strong>les</strong><br />

ces prochaines années », déclare<br />

David Roth.<br />

La <strong>CCT</strong> constitue une bonne base pour<br />

améliorer <strong>les</strong> conditions de travail.<br />

Déclaration de force obligatoire visée<br />

Mais le travail ne s’achève pas à la signature<br />

de la <strong>CCT</strong>. Au contraire, il<br />

commence à ce moment. Ces prochains<br />

mois, <strong>les</strong> partenaires sociaux<br />

chercheront à convaincre d’autres entreprises<br />

de l’utilité de la <strong>CCT</strong>. Ils souhaitent<br />

ainsi élargir le plus possible le<br />

champ d’application. Pour que le plus<br />

grand nombre de coursiers profitent<br />

de la <strong>CCT</strong>. La déclaration de force obligatoire<br />

devra être visée par la suite.<br />

Tous <strong>les</strong> coursiers seraient ainsi couverts<br />

par la <strong>CCT</strong>.<br />

L’importance de réglementer <strong>les</strong><br />

conditions de travail dans la logistique<br />

fine ne saurait être sous-estimée.<br />

En raison de routes toujours plus<br />

encombrées et des exigences accrues<br />

concernant <strong>les</strong> délais de livraison, ce<br />

marché continuera de se développer.<br />

Les consommateurs le souhaitent.<br />

« Dans de nombreux pays européens,<br />

une concurrence acharnée sévit au détriment<br />

des employé(e)s. Ce scénario<br />

doit être évité en Suisse », souligne<br />

David Roth, secrétaire central à <strong>syndicom</strong>.<br />

La <strong>CCT</strong> doit y veiller et pourrait<br />

valoir d’exemple dans <strong>les</strong> pays voisins.<br />

Christian Capacoel<br />

Les principaux contenus de la <strong>CCT</strong> :<br />

Salaires minimaux :<br />

Les salaires minimaux sont fixés de<br />

façon différenciée. Pour laisser une<br />

période d’adaptation aux entreprises<br />

de coursiers, le niveau salarial est relevé<br />

progressivement jusqu’en 2021.<br />

L’exemple montre <strong>les</strong> salaires minimaux<br />

pour <strong>les</strong> salarié(e)s qui ont<br />

20 ans révolus. Les entreprises qui<br />

versent déjà des salaires plus élevés<br />

continuent de garantir leur versement.<br />

Annualisation du temps de travail :<br />

2216 heures<br />

Congé paternité : droit à 5 jours<br />

(congé maternité selon la loi)<br />

<strong>Travail</strong> dominical : 5 % de supplément<br />

salarial pour travail du dimanche<br />

régulier ; 25 % de supplément salarial<br />

pour travail du dimanche irrégulier<br />

Planification des services : doit être annoncée<br />

au moins 14 jours à l’avance<br />

Service de réserve : 8 francs par heure,<br />

au moins 30 francs<br />

<strong>Travail</strong> syndical : droit à 2 jours par an<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/velokuriere


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Un coup de fil suffit-il pour gagner l’élection au conseil de<br />

fondation de la caisse de pension ? Pas si simple. » Franz Schori<br />

Ce qui explique notre<br />

succès électoral chez<br />

comPlan<br />

De bons candidat(e)s et de bonnes<br />

stratégies n’ont pas manqué lors de la<br />

dernière élection. La seule nouveauté<br />

réside dans la campagne téléphonique<br />

menée cet automne par nos<br />

membres chez Swisscom.<br />

L’outil, développé par <strong>les</strong> informaticiens<br />

de <strong>syndicom</strong>, est neuf. La division<br />

chargée des campagnes a tout<br />

mis en place. Les secrétaires régionaux<br />

ont réalisé l’opération sur place.<br />

Et le plus important : des employé(e)s<br />

engagé(e)s de Swisscom ont téléphoné<br />

des heures durant avec leurs collègues<br />

dans toute la Suisse.<br />

<strong>No</strong>us avions préparé le terrain :<br />

rente transitoire sauvée, <strong>CCT</strong> avec de<br />

nombreux avantages, pétition contre<br />

la réduction des effectifs munie de<br />

4000 signatures, nouveaux groupes de<br />

nombreux employé(e)s Swisscom motivé(e)s.<br />

Lors de la dernière élection, notre<br />

liste avait obtenu 7740 voix. Cette foisci,<br />

nous en obtenons 13 220, donc 70 %<br />

de plus. Cela a contribué à avoir un<br />

siège supplémentaire et permis à <strong>syndicom</strong><br />

de présenter cinq des sept représentant(e)s<br />

des travailleurs. Affaibli,<br />

Transfair a perdu deux de ses trois<br />

sièges. Qu’est-il advenu du second ?<br />

Les « Indépendants » l’ont gagné. Il<br />

s’agit de travailler à notre renforcement<br />

ces prochaines années. Car le<br />

partenariat social repose sur des syndicats<br />

forts et sur leurs membres – et<br />

non pas sur des « Indépendants ».<br />

Comment allons-nous nous y prendre ?<br />

De la manière que je viens de vous décrire,<br />

et qui nous a rendus victorieux<br />

en 2018. Et avant tout avec le dynamisme<br />

des collaborateurs swisscom.<br />

Franz Schori,<br />

secrétaire central Télécom/IT<br />

<strong>No</strong>uvelle <strong>CCT</strong> Swisscom comme<br />

modèle de bonnes pratiques<br />

Au Congrès de la Confédération syndicale internationale à<br />

Copenhague, cette <strong>CCT</strong> a été présentée comme « Best Practice ».<br />

Le Congrès de la Confédération syndicale<br />

internationale (CSI), qui s’est<br />

tenu début décembre 2018, a organisé<br />

un panel de discussion sur le sujet<br />

« Future World of Work », lors duquel<br />

la digitalisation et la transformation<br />

du monde du travail numérisé ont été<br />

abordées. Patrizia Mordini, membre<br />

du comité directeur (CD), y a présenté<br />

la nouvelle <strong>CCT</strong> Swisscom négociée<br />

par <strong>syndicom</strong>. La nouvelle <strong>CCT</strong> prend<br />

en considération des aspects importants<br />

du monde du travail induits par<br />

la numérisation.<br />

Quelques questions à Giorgio Pardini,<br />

membre du CD, responsable TIC<br />

Qu’est-ce qui te rend particulièrement<br />

fier de cette <strong>CCT</strong> ?<br />

La fierté revient surtout aux collègues<br />

qui ont participé depuis 2009, avec<br />

<strong>syndicom</strong>, au développement de la<br />

<strong>CCT</strong> et qui continuent à le faire aujourd’hui.<br />

La nouvelle <strong>CCT</strong> donne des<br />

réponses concrètes aux risques et<br />

chances de la numérisation. Elle garantit<br />

par exemple le droit à la non-joignabilité<br />

des salarié(e)s ou le droit à<br />

cinq jours de perfectionnement par<br />

an. La convention « Smart Data » ne<br />

doit pas non plus être sous-estimée.<br />

Elle vise à protéger <strong>les</strong> salarié(e)s en<br />

cas de collecte de données personnel<strong>les</strong><br />

et de leur traitement. A l’heure<br />

La convention protégeant <strong>les</strong> salarié(e)s en cas<br />

de collecte de données est sans équivalent en<br />

Europe. (© Fabrizio D’Orazio)<br />

actuelle, je ne connais aucune convention<br />

équivalente en Europe.<br />

C’est la première <strong>CCT</strong> en Suisse qui<br />

renferme aussi une réglementation<br />

sur la non-joignabilité durant <strong>les</strong><br />

loisirs. Pourquoi est-il si important<br />

d’ancrer ce principe dans la <strong>CCT</strong> ?<br />

Le droit à la non-joignabilité repose<br />

sur différentes enquêtes et études relatives<br />

à la délimitation du travail réalisées<br />

en collaboration avec d’autres<br />

organisations ou seuls. C’est la preuve<br />

que l’on peut réagir très rapidement<br />

aux mutations du monde du travail via<br />

des réglementations <strong>CCT</strong>. L’instauration<br />

d’un cadre légal aurait duré des<br />

années. Pour la première fois, cette réglementation<br />

a été convenue dans la<br />

<strong>CCT</strong> avec Sunrise.<br />

Avez-vous livré un dur combat pour le<br />

droit à cinq jours de perfectionnement<br />

? Swisscom est-il conscient de<br />

sa responsabilité à la lumière de la<br />

digitalisation ?<br />

Le développement d’une <strong>CCT</strong> ne commence<br />

pas le jour des négociations, ni<br />

ne s’achève par sa signature. <strong>No</strong>us<br />

sommes en échange permanent avec<br />

nos partenaires. <strong>No</strong>us cherchons à<br />

reconnaître ensemble <strong>les</strong> défis du marché<br />

du travail pour élaborer conjointement<br />

des solutions. Après <strong>les</strong> négociations,<br />

le moment est venu de préparer<br />

<strong>les</strong> prochaines négociations.<br />

Patrizia Mordini<br />

congress2018.ituc-csi.org/?lang=fr


« Un plan social doit être en adéquation à une situation<br />

précise. Celle des 41 du Matin est plus que délicate. » Patricia Alcaraz<br />

19<br />

Malgré le mépris de Tamedia, <strong>les</strong><br />

41 du Matin continuent la lutte !<br />

Suite au licenciement collectif de 41 collaborateurs du défunt<br />

quotidien imprimé, aucun plan social n’a encore pu être négocié.<br />

Au début du mois de juin 2018, Tamedia<br />

annonçait la mort du quotidien Le<br />

Matin dans sa version imprimée, engendrant<br />

le licenciement collectif de<br />

41 personnes et l’obligation légale de<br />

négocier un plan social. Sept mois<br />

après, <strong>les</strong> 41 du Matin – comme s’est<br />

baptisé le groupe solidaire des licencié(e)s<br />

– n’en ont toujours pas. Ils<br />

gardent la tête haute et continuent à se<br />

battre, soutenus par <strong>les</strong> collègues des<br />

autres rédactions romandes de Tamedia.<br />

« De mémoire, le Conseil d’Etat n’a<br />

jamais été confronté à une telle attitude.<br />

(…) Refus de toute proposition<br />

s’écartant du plan et des décisions initia<strong>les</strong><br />

de l’éditeur. A cela se sont ajoutés<br />

indifférence et irrespect à l’égard<br />

du personnel, sans parler du mépris<br />

des institutions manifesté après,<br />

pourtant, le démarrage d’une médiation.<br />

» C’est par ces mots très clairs<br />

que le Conseil d’Etat vaudois répondait<br />

fin novembre au Parti socialiste<br />

quant à la situation des 41 du Matin et<br />

à son intervention en juillet 2018 en<br />

tant que médiateur.<br />

Ce mépris du partenariat social dénoncé<br />

depuis des mois par <strong>les</strong> représentant(e)s<br />

des rédactions romandes<br />

de Tamedia, et cela même avant l’annonce<br />

de la fin du Matin papier, a été<br />

constaté par <strong>les</strong> plus hautes instances<br />

Un licenciement massif et collectif dans un<br />

secteur déjà sinistré. (© Patricia Alcaraz)<br />

politiques du canton de Vaud. Bien<br />

qu’il s’agisse là d’un constat d’échec,<br />

l’avis du Conseil d’Etat a permis aux<br />

41 du Matin d’être reconnus dans leur<br />

statut de victimes. Victimes d’un éditeur<br />

qui refuse de reconnaître que la<br />

suppression d’un titre de presse, la<br />

pénibilité vécue toute l’année qui a<br />

précédé cette décision et le choc du<br />

licenciement doivent être pris en<br />

considération dans un plan social.<br />

Or, depuis le début, malgré le travail<br />

de la délégation de négociations<br />

des représentant(e)s des rédactions<br />

romandes, qui ont présenté un projet<br />

de plan social certes ambitieux mais<br />

négociable, Tamedia n’a jamais daigné<br />

faire un pas envers <strong>les</strong> licencié(e)s.<br />

Après des semaines de médiation<br />

puis de négociations, l’éditeur zurichois<br />

a asséné un deuxième coup de<br />

massue aux 41 du Matin après celui de<br />

leur licenciement : hors de question<br />

de négocier quoi que ce soit, le plan<br />

proposé sera celui de 2016 – appliqué<br />

au moment de licenciements à 24<br />

Heures et à la Tribune de Genève – et<br />

rien d’autre. Pour mettre la pression<br />

sur <strong>les</strong> licencié(e)s, Tamedia leur rappelait<br />

début décembre que ledit plan<br />

avait été accepté en Suisse alémanique<br />

suite à un licenciement à Tamedia<br />

Editorial Services (secteur technique<br />

des rédactions). Le message était<br />

clair : cessez de faire <strong>les</strong> enfants gâtés.<br />

C’est oublier un peu vite qu’un<br />

plan social doit être négocié pour être<br />

en adéquation avec une situation précise.<br />

Celle des 41 du Matin est plus que<br />

délicate. Avant Le Matin, c’est L’Hebdo<br />

qui disparaissait du paysage médiatique<br />

romand. Deux suppressions de<br />

titres, des emplois perdus pour un secteur<br />

déjà sinistré, davantage qu’en<br />

Suisse alémanique où la situation est<br />

déjà compliquée. Sans compter que ce<br />

sont 41 personnes aux profils assez similaires<br />

qui se retrouvent en même<br />

temps sur un marché du travail déjà<br />

saturé. Ce qui accroît encore l’importance<br />

d’un plan social décent pour que<br />

ces professionnel(le)s puissent retrouver<br />

au plus vite la stabilité à laquelle ils<br />

ont droit. Sept mois que <strong>les</strong> 41 du Matin<br />

attendent de pouvoir tourner la<br />

page. Que de temps perdu.<br />

Patricia Alcaraz<br />

https://bit.ly/2Ba3jyn<br />

Il y a un temps pour<br />

travailler et un temps<br />

pour vivre<br />

La loi sur le travail a pour but de protéger<br />

notre santé. Elle limite la durée<br />

maximale hebdomadaire du travail<br />

(45, resp. 50 heures) et nous prescrit<br />

des pauses pour rester performants.<br />

De plus, elle règle le nombre maximum<br />

de nuits et de dimanches travaillés,<br />

pour pouvoir nous consacrer à<br />

notre vie familiale et sociale. Pour documenter<br />

la prestation, la loi exige que<br />

nous saisissions nos heures de travail.<br />

Les personnes qui souhaitent supprimer<br />

ou assouplir l’enregistrement<br />

du temps de travail portent atteinte à<br />

la protection de la santé sur le long<br />

terme. C’est pourquoi nous combattons<br />

<strong>les</strong> initiatives parlementaires de<br />

Karin Keller-Suter, ancienne conseillère<br />

d’Etat et nouvelle conseillère fédérale,<br />

ainsi que du conseiller d’Etat<br />

Konrad Graber. <strong>No</strong>us rejetons fermement<br />

un assouplissement de la loi sur<br />

le travail pour le personnel dirigeant<br />

et <strong>les</strong> spécialistes.<br />

Il s’agit de nous protéger non seulement<br />

contre l’exploitation de certains<br />

employeurs, mais aussi contre<br />

une dérégulation effrénée. Parfois, <strong>les</strong><br />

lois et règlements servent également à<br />

nous protéger de nous-mêmes. Dans<br />

<strong>les</strong> professions qui exigent beaucoup<br />

de créativité, d’engagement ou d’idéalisme,<br />

nous ne voyons pas toujours<br />

quand ça suffit de travailler. Et quand<br />

c’est le moment de vivre.<br />

Stephanie Vonarburg, responsable du secteur<br />

Presse et médias électroniques et membre du CD


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Les mesures inévitab<strong>les</strong> de suppression de personnel chez<br />

CH Media devront être socialement supportab<strong>les</strong> » Stephanie Vonarburg<br />

Groupe CH Media : licenciement<br />

collectif et choix de site critiqué<br />

Deux cent emplois à plein temps seront supprimés. Transférer la<br />

rédaction suprarégionale à Aarau suscite aussi la colère.<br />

Un mois avant la prise de décision<br />

concernant le choix du site, la première<br />

mauvaise nouvelle parvenait à<br />

la rédaction de CH Media, le 19 novembre<br />

2018 : d’ici 2020, CH Media<br />

veut réduire ses coûts de 10 %, soit<br />

d’environ 45 millions de francs. Dans<br />

ce cadre, environ 200 emplois à plein<br />

temps (sur 1900) seront supprimés.<br />

Aux yeux du syndicat <strong>syndicom</strong>, il<br />

s’agit d’un licenciement collectif. « La<br />

commission du personnel doit pouvoir<br />

soumettre des propositions visant<br />

à éviter ou du moins à réduire <strong>les</strong> licenciements.<br />

De plus, <strong>les</strong> mesures inévitab<strong>les</strong><br />

de suppression de personnel<br />

annoncées doivent être réalisées de la<br />

façon la plus supportable possible socialement<br />

», déclare la vice-présidente<br />

de <strong>syndicom</strong> Stephanie Vonarburg.<br />

Trois leçons à tirer de la fin<br />

de la TagesWoche à Bâle<br />

Les raisons de l’échec d’un projet médiatique ambitieux.<br />

Tout a été très vite : en août, la Tages­<br />

Woche annonçait que l’hebdomadaire<br />

bâlois ne paraîtrait plus que toutes <strong>les</strong><br />

deux semaines. En novembre, la publication<br />

cessait. Il s’en est dégagé une<br />

impression de mauvaise planification.<br />

Car c’est plus qu’un journal qui a été<br />

enterré. Un projet médiatique et un<br />

site web ambitieux ont pris fin. En<br />

2011, le journal avait été lancé comme<br />

alternative à la Basler Zeitung, peu à<br />

peu dominée par l’UDC depuis sa reprise<br />

par Christoph Blocher.<br />

Trop d’argent<br />

L’une des raisons de cet échec, aussi<br />

paradoxal que cela puisse paraître, est<br />

qu’il y avait trop d’argent au début.<br />

Beatrice Oeri, l’héritière de la <strong>famille</strong><br />

Roche, et la fondation pour la diversité<br />

de la presse créée à son initiative<br />

Choix du site<br />

Puis la décision concernant le choix<br />

du site est tombée. Le 12 décembre<br />

2018, CH Media annonçait son intention<br />

de transférer la rédaction suprarégionale<br />

à Aarau. A Aarau ! Et pas à St-<br />

Gall ou Lucerne. Ni à Zurich, qui aurait<br />

pu servir de compromis.<br />

Des rédacteurs se sentent dupés<br />

Les rédacteurs saint-gallois se sentent<br />

dupés, tout comme leurs collègues à<br />

Lucerne. Jusqu’alors, ils avaient espéré<br />

que l’éditeur Peter Wanner tiendrait<br />

compte des différentes sensibilités régiona<strong>les</strong>,<br />

même si tout laissait déjà<br />

penser que AZ Medien dominerait la<br />

joint venture créée fin 2017 avec <strong>les</strong><br />

médias régionaux du groupe NZZ.<br />

Le grand chef (Wanner), le CEO<br />

(Axel Wüstmann), le responsable de<br />

la rédaction suprarégionale (Patrik<br />

Müller), la codirection de la rédaction<br />

au Palais fédéral (Doris Kleck et Anna<br />

Wanner) : tous proviennent de AZ Medien.<br />

Des réflexions économiques ont<br />

surtout fait pencher la balance pour<br />

Aarau. Peter Wanner : « <strong>No</strong>us y avons<br />

Tous <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> étant en libre accès sur le net,<br />

le nombre d’abonnés a chuté. (© Hans-Jörg Walter)<br />

déjà la salle de rédaction la plus belle<br />

et spacieuse de Suisse dans un bâtiment<br />

de CH Media. » A Zurich, il aurait<br />

fallu financer l’aménagement intérieur<br />

et une nouvelle infrastructure en<br />

plus du loyer. « En tant qu’éditeur, je<br />

préfère investir dans le journalisme<br />

plutôt que dans de nouveaux sites. »<br />

Dans un circulaire interne, la rédaction<br />

en chef du Tagblatt ne s’est<br />

pas satisfaite de cette explication :<br />

« Lorsque trois régions veulent bâtir<br />

ensemble du nouveau, il est sensé de<br />

ne pas le faire sur le site principal<br />

jusqu’alors utilisé par un partenaire. »<br />

Lors de la décision, « l’impression<br />

s’est concrétisée que CH Media est<br />

une entreprise pensée et dirigée loin<br />

de la Suisse orientale ».<br />

L’éditeur ne bronche pas<br />

Aussi dans <strong>les</strong> rangs de la direction,<br />

des critiques se sont élevées. Lors de<br />

son allocution à l’apéritif de <strong>No</strong>ël du<br />

St. Galler Tagblatt, Pascal Hollenstein,<br />

le chef de publication de CH Media,<br />

soulignait qu’il considère comme erronée<br />

la décision du site choisi par le<br />

conseil d’administration. Wanner se<br />

tenait à ses côtés. Et il est resté impassible.<br />

Dennis Bühler<br />

https://bit.ly/2DJHkRs<br />

s’étaient portées garantes du journal<br />

pour quatre ans d’abord. Cela donnait<br />

une sécurité, mais représentait aussi<br />

un gros danger, car on s’est trop peu<br />

occupé des affaires. Les responsab<strong>les</strong><br />

comprenaient certes bien le journalisme,<br />

mais moins la gestion d’une entreprise<br />

médiatique.<br />

Ensuite, on a manqué de constance<br />

– tant au niveau du personnel que de la<br />

stratégie. Ces sept dernières années,<br />

la direction a changé quatre fois. La<br />

plupart du temps, <strong>les</strong> changements<br />

ont fait grand bruit et nui à l’image du<br />

journal. Dès 2013, Neue Medien, <strong>les</strong><br />

gérants de la TagesWoche, ont publié<br />

tous <strong>les</strong> artic<strong>les</strong> d’abord sur Internet –<br />

gratuitement et en accès illimité.<br />

L’édition papier n’a plus apporté de<br />

valeur ajoutée, provoquant le recul du<br />

nombre d’abonnés.<br />

L’orientation du journal a changé.<br />

Au début, on y lisait aussi des infos nationa<strong>les</strong><br />

et internationa<strong>les</strong>, puis l’accent<br />

s’est porté peu à peu sur la région.<br />

Remo Leupin, corédacteur en chef de<br />

2011 à 2013 : « <strong>No</strong>us étions enthousiastes<br />

et en demandions peut-être<br />

trop. » Les 30 employé(e)s de la Tages­<br />

Woche bénéficient d’un plan social.<br />

Stefan Boss<br />

https://www.medienvielfalt.ch/


« La solution doit être équitable et permettre de mettre<br />

sur pied d’égalité tous <strong>les</strong> conducteurs » Sheila Winkler<br />

21<br />

CarPostal : début des négociations<br />

contre le travail gratuit<br />

La solution recherchée ne vaudra que pour l’avenir. Les négociateurs<br />

se sont déjà entendus sur certains principes de base.<br />

Au printemps, près de 50 % des chauffeurs<br />

CarPostal et pas moins de 20 %<br />

des conducteurs salariés par des<br />

sous-traitants ont signé la pétition<br />

contre le travail gratuit. <strong>No</strong>us avons<br />

ainsi recueilli plus de 1300 signatures.<br />

Vaste mobilisation<br />

Cette vaste mobilisation collective et<br />

la ténacité avec laquelle le sujet a été<br />

remis sans cesse sur la table ont finalement<br />

conduit à l’ouverture des négociations.<br />

CarPostal a accepté de chercher<br />

une solution nationale à cette<br />

problématique.<br />

Pour rappel, <strong>les</strong> conducteurs effectuent<br />

en plus de leurs trajets d’autres<br />

tâches, comme le nettoyage des véhicu<strong>les</strong><br />

ou le décompte de la caisse. Ces<br />

travaux sont rémunérés selon des<br />

forfaits de temps, fixés à un taux trop<br />

bas. Pire encore : <strong>les</strong> forfaits n’ont cessé<br />

d’être réduits ces dernières années.<br />

Le résultat en est le travail gratuit dénoncé.<br />

Il n’y a encore pas d’avancée, mais le<br />

climat de négociation est constructif.<br />

délégation de <strong>syndicom</strong> était composée<br />

de dix chauffeurs et d’une conductrice<br />

qui ont participé aux négociations.<br />

Ils proviennent de toutes <strong>les</strong> régions<br />

de Suisse et ont amené leurs expériences<br />

du quotidien professionnel<br />

dans <strong>les</strong> négociations. La délégation<br />

de transfair comptait trois personnes.<br />

Pourtant, aucun progrès n’a eu lieu<br />

durant la première séance de négociation.<br />

Compte tenu de la complexité de<br />

la situation, il fallait s’y attendre.<br />

Solution équitable, pour tous et<br />

simple<br />

« <strong>No</strong>us avons pu nous entendre sur<br />

quelques principes. La solution doit<br />

être équitable. Elle doit permettre de<br />

mettre sur un pied d’égalité tous <strong>les</strong><br />

conducteurs, doit tenir compte de la<br />

réalité de l’entreprise et doit aussi être<br />

mise en œuvre simplement. » Voilà<br />

comment Sheila Winkler décrit la solution<br />

envisagée. Cette solution ne<br />

vaudra cependant que pour l’avenir.<br />

En effet, <strong>les</strong> chauffeurs ont renoncé à<br />

demander des arriérés de paiement.<br />

La prochaine négociation aura lieu<br />

fin janvier 2019. Les premiers détails<br />

devront alors être tirés au clair.<br />

Christian Capacoel<br />

https://bit.ly/2EHXjzR<br />

Forte délégation de <strong>syndicom</strong><br />

La première négociation s’est déroulée<br />

dans un climat positif au siège<br />

principal de La Poste à Berne. Aux côtés<br />

de Sheila Winkler, responsable de<br />

négociation et secrétaire centrale, la<br />

Les chauffeurs doivent assumer diverses tâches en plus des trajets. (© La Poste)<br />

Un congé paternité<br />

raisonnable ? –<br />

Oui, grâce à <strong>syndicom</strong><br />

Le congé paternité n’est pas spécifiquement<br />

réglé par la loi suisse.<br />

Contrairement au congé maternité et<br />

aux pays voisins et nordiques, qui<br />

connaissent déjà un congé parental<br />

élargi. En Suisse, la plupart des jeunes<br />

papas ne peuvent exiger qu’un à deux<br />

jours à la naissance de leur enfant,<br />

comme pour un déménagement<br />

(congé usuel).<br />

Une <strong>CCT</strong> progressiste présente la<br />

meilleure solution. <strong>No</strong>us nous sommes<br />

battus pour que <strong>les</strong> employé(e)s de<br />

Swisscom et de La Poste disposent<br />

d’un droit plus élevé en la matière. Le<br />

nouveau contrat collectif de l’industrie<br />

graphique peut, lui aussi, se targuer<br />

d’un congé paternité progressiste.<br />

L’initiative fédérale exige un congé<br />

paternité de 20 jours payés qui peuvent<br />

être pris de manière flexible dans l’année<br />

qui suit la naissance.<br />

La commission de la sécurité sociale<br />

du Conseil des Etats a déposé un<br />

contre-projet indirect : au lieu de<br />

quatre semaines, elle souhaite uniquement<br />

deux semaines ! C’est un retour<br />

en arrière inacceptable !<br />

Ce n’est pas pour rien que la Suisse<br />

figure au 20e rang mondial du classement<br />

annuel sur l’écart entre <strong>les</strong><br />

genres. Elle a un grand retard à combler<br />

– pas seulement au niveau du<br />

congé paternité, mais aussi de l’égalité<br />

salariale. C’est pourquoi nous participons<br />

à la grève des femmes le 14 juin<br />

2019. https://frauenstreik2019.ch/<br />

Patrizia Mordini, responsable Egalité<br />

et membre du comité directeur


22<br />

Pierre-Yves<br />

Maillard<br />

« Syndiquer <strong>les</strong> emplois<br />

est le grand défi<br />

Pierre-Yves Maillard présidera<br />

l’Union syndicale suisse<br />

dès le 6 mai prochain. Il ne<br />

mâche déjà pas ses mots :<br />

« Sans dispositif de contrôle,<br />

la loi sur l’égalité reste un<br />

tigre de papier. » Or ce sont<br />

justement <strong>les</strong> emplois féminins<br />

de service aux personnes<br />

âgées ou handicapées,<br />

précaires, peu qualifiés<br />

et appelés à se multiplier,<br />

qui forment le défi syndical<br />

des 20 prochaines années.<br />

En tant que réseau bien développé<br />

de service public à la<br />

population, La Poste trouverait,<br />

là aussi, un nouveau rôle<br />

à jouer.<br />

Texte : Sylvie Fischer<br />

Photo : Yves Leresche<br />

Syndicom Magazine : On te connaît<br />

comme un socialiste particulièrement<br />

attaché au service public, qui<br />

a lutté contre le démantèlement de<br />

La Poste. Quelle est ta réaction alors<br />

que chaque jour voit disparaître un<br />

ou plusieurs offices postaux ?<br />

On doit constater que ce que l’on<br />

avait dit à la fin des années 1990<br />

s’est concrétisé. Ces réformes devaient<br />

amener plus de qualité grâce<br />

à la concurrence. Or le service public<br />

s’est dégradé et ni La Poste, ni<br />

Swisscom n’est bon marché. Dans<br />

<strong>les</strong> cantons, la population vote régulièrement<br />

contre <strong>les</strong> privatisations.<br />

Mais la Confédération s’est habituée<br />

à percevoir des recettes et fait<br />

pression pour qu’el<strong>les</strong> augmentent.<br />

En outre, la répartition des coûts et<br />

des recettes, par ex. entre La Poste<br />

et PostFinance, se fait sans contrôle<br />

ni aucune garantie. On devrait mener<br />

un examen externe sur ce que rapporte<br />

le réseau postal à PostFinance,<br />

car ce n’est pas qu’un facteur de<br />

coût.<br />

Pour changer cela, il faut l’action<br />

syndicale que mène <strong>syndicom</strong>,<br />

mais aussi une action politique.<br />

Pour restaurer un bon accès aux<br />

prestations posta<strong>les</strong>, appuies-tu<br />

la révision de la loi sur La Poste<br />

demandée par <strong>syndicom</strong> ?<br />

Il est indispensable de mener un débat<br />

sur l’accès aux prestations, et<br />

dans ce cadre, discuter de la législation<br />

est central. On a une entreprise<br />

appréciée de la population, qui a un<br />

réseau national développé et qu’il<br />

faut se battre pour garder en mains<br />

publiques. Il ne faut pas seulement<br />

parler du transport du courrier. On<br />

n’a pas pensé à ce que La Poste peut<br />

faire de plus pour la population. Les<br />

Français ont compris que la population<br />

âgée a besoin de visites régulières<br />

dans une stratégie de lutte<br />

contre l’isolement. La Poste peut<br />

fournir des services à la personne<br />

dans ce domaine. Cela irait naturel-<br />

« Ce que rapporte<br />

le réseau postal à<br />

PostFinance doit<br />

être investigué »


féminins précaires<br />

à gagner pour l’USS »<br />

23<br />

lement de pair avec une amélioration<br />

de la formation et de la rémunération<br />

de ces emplois.<br />

L’USS veut que <strong>les</strong> mesures d’accompagnement<br />

ne soient pas soumises<br />

à l’accord-cadre Suisse/UE.<br />

Mais entend-elle <strong>les</strong> travailleurs qui<br />

ne veulent plus de la libre circulation<br />

?<br />

Il faut admettre qu’élargir le bassin<br />

de recrutement accroît la concurrence<br />

sur le marché du travail et fait<br />

pression sur <strong>les</strong> salaires. Les mesures<br />

d’accompagnement ont un effet<br />

sur <strong>les</strong> bas salaires, sur le socle<br />

de base, pour autant qu’il y ait des<br />

contrô<strong>les</strong> et on sait que <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong><br />

ne se font pas partout. Mais le dumping<br />

peut se jouer à tous <strong>les</strong> niveaux<br />

de l’échelle salariale, même chez <strong>les</strong><br />

ingénieurs, sans qu’il y ait de sousenchère<br />

abusive. Les gens vivent<br />

fortement cette concurrence, cette<br />

pression. Ce qui ne va pas est que<br />

l’on veut affaiblir un dispositif déjà<br />

incomplet et mal appliqué en faisant<br />

du droit du travail et des gardefous<br />

prévus des obstac<strong>les</strong> au commerce<br />

! En s’opposant à une<br />

protection des salaires efficace, l’UE<br />

pousse la logique néolibérale toujours<br />

plus loin et elle se coupe des<br />

peup<strong>les</strong> qui la composent.<br />

En l’emportant face à Barbara Gysi,<br />

tu t’es dit prêt à t’engager pour la<br />

cause des femmes. Comment ?<br />

Sans dispositif de contrôle, la loi sur<br />

l’égalité reste un tigre de papier. Je<br />

travaillerai sur le cahier de revendications<br />

que préparent <strong>les</strong> femmes.<br />

Il y a une lacune évidente dans cette<br />

LEg : le fardeau de son application<br />

repose sur la victime qui doit agir<br />

contre son employeur. J’ai bien<br />

connu Malika, la première femme<br />

qui a gagné son combat pour l’égalité<br />

des rémunérations, mais elle a<br />

perdu son job. S’il y a un dispositif<br />

de protection contre <strong>les</strong> discriminations,<br />

il devrait y avoir un mécanisme<br />

public contrôlant l’application<br />

de la loi. Il faut exiger des<br />

inspections. Face à un parlement<br />

qui ne bronche pas, j’espère que la<br />

grève des femmes, ou une initiative,<br />

fera bouger <strong>les</strong> choses. En plus, sur<br />

« Introduire un<br />

bonus pour la prise<br />

en charge de parents<br />

âgés améliorerait<br />

<strong>les</strong> retraites »<br />

le modèle du bonus éducatif, on<br />

pourrait imaginer un bonus pour <strong>les</strong><br />

femmes et <strong>les</strong> hommes qui s’occupent<br />

de leurs parents âgés, ce qui<br />

améliorerait <strong>les</strong> retraites.<br />

Depuis janvier 2018, <strong>les</strong> effectifs<br />

de Swisscom ont diminué de<br />

523 postes à plein temps. Comment<br />

recruter dans de tel<strong>les</strong> conditions ?<br />

Et comment augmenter la part de<br />

femmes syndiquées ?<br />

L’implantation syndicale a une dimension<br />

historique qui fait qu’elle<br />

est plus facile au sein d’anciennes<br />

régies fédéra<strong>les</strong> restées des bastions<br />

syndicaux. Cette présence syndicale<br />

doit être préservée, mais il faut garder<br />

une marge de manœuvre pour<br />

prospecter de nouveaux secteurs.<br />

C’est la force de l’USS que d’être une<br />

plate-forme où l’on peut décider de<br />

mutualiser <strong>les</strong> resssources pour agir<br />

dans de nouveaux domaines. L’un<br />

des plus grands défis syndicaux des<br />

20 prochaines années est celui des<br />

services à la personne. Cent mille<br />

emplois devront être créés dans <strong>les</strong><br />

soins à domicile ou <strong>les</strong> homes, un<br />

secteur peu syndiqué, avec des emplois<br />

féminins souvent précarisés,<br />

peu qualifiés et des conditions de<br />

travail très dures. Si une mutualisation<br />

des ressources peut se faire sur<br />

une base consensuelle, nous pourrons<br />

avoir un impact très important.<br />

Le travail gratuit progresse dans<br />

tous <strong>les</strong> secteurs. De même, pour<br />

être attrayant, le commerce en ligne<br />

a besoin de la sous-enchère salariale,<br />

par ex. dans la logistique où un<br />

salaire de 18,27 francs, beaucoup<br />

trop bas, a été fixé. Comment réagir<br />

?<br />

On voit en tous cas que cette nouvelle<br />

économie ne fait disparaître ni<br />

le monde ouvrier, ni le travail salarié.<br />

Il est plus présent que jamais<br />

puisque <strong>les</strong> gens doivent vendre<br />

leurs bras à bas prix. Le volume<br />

d’heures travaillées n’a jamais été<br />

aussi haut. Et <strong>les</strong> bornes doivent<br />

être fixées par des normes démocratiques<br />

et contrôlées, d’autant plus<br />

que <strong>les</strong> limites entre travail et vie familiale<br />

s’estompent (Home office).<br />

Je pense que des alliances contre <strong>les</strong><br />

abus pourraient être trouvées avec<br />

une partie des commerçants qui<br />

sont déstabilisés par le commerce<br />

en ligne. Il y a aussi une offensive à<br />

faire contre <strong>les</strong> faux indépendants,<br />

que ce soit certains livreurs dont le<br />

salaire horaire ne dépasse pas <strong>les</strong><br />

quelques francs, jusqu’aux médecins<br />

des cliniques privées. Les organes<br />

d’application de l’AVS devraient<br />

investiguer ces situations et<br />

faire appliquer le droit du travail.<br />

Du même coup, on pourrait régler<br />

une part des problèmes de financement<br />

de l’AVS.<br />

La position des syndicats n’est pas<br />

claire envers le nouveau projet fiscal<br />

fédéral. Cela est-il dû à un manque<br />

de débat avec la base ?<br />

Il est vrai que sur ce dossier, le<br />

temps du débat à l’USS a été insuffisant.<br />

On ne peut à mon avis pas refuser<br />

le transfert de 2 milliards de<br />

francs à l’AVS et de 1 milliard de<br />

francs aux cantons, comme part de<br />

l’impôt fédéral direct. Si on y ajoute<br />

l’abolition des statuts spéciaux, ce<br />

que l’on doit voter est meilleur que<br />

ce qui existe. La baisse du taux d’imposition<br />

sera un choix des cantons.<br />

On peut très bien accepter l’un et refuser<br />

l’autre si un canton va trop<br />

loin ou refuse de négocier.<br />

Que reste-t-il de l’ancien étudiant<br />

en philosophie dans le président de<br />

l’USS ?<br />

Ces études ont formé mon esprit<br />

critique. Mais il faut aussi dominer<br />

cet esprit critique pour être dans<br />

l’action.<br />

https://www.uss.ch/actuel/


24 Politique<br />

Roland Kreuzer : résolu<br />

pour un avenir meilleur<br />

Roland Kreuzer a consacré<br />

deux tiers de sa vie au syndicat.<br />

Il a commencé à s’engager<br />

en 1979 comme membre<br />

de la Fédération suisse des<br />

typographes, puis a vécu <strong>les</strong><br />

fusions entre le Syndicat du<br />

livre et du papier (SLP) et comedia.<br />

Il a achevé sa carrière<br />

comme responsable du secteur<br />

Médias et membre du<br />

comité directeur chez <strong>syndicom</strong>.<br />

En septembre, il a pris<br />

sa retraite, mais il demeure<br />

fidèle à son engagement<br />

envers le syndicat.<br />

Texte : Nina Scheu<br />

Photo : Schweizerisches Sozialarchiv<br />

Rien qu’à le regarder, on pourrait le<br />

croire inébranlable. Calme, réfléchi<br />

et surplombant souvent la partie adverse,<br />

même dans des situations diffici<strong>les</strong><br />

: Roland Kreuzer n’a pas besoin<br />

de se donner des airs pour<br />

s’imposer. Tout comme il n’a pas<br />

besoin des feux de la rampe pour<br />

poursuivre ses objectifs. Sans tapage,<br />

mais déterminé, il a pris part à<br />

nombre de négociations – même en<br />

bouillonnant intérieurement, par<br />

exemple avant de rectifier <strong>les</strong> affirmations<br />

aventureuses d’employeurs.<br />

Ses adversaires eux aussi reconnaissent<br />

– avec une certaine réticence<br />

– son immense savoir et<br />

sa vaste expérience.<br />

Aujourd’hui, Roland Kreuzer<br />

fait place aux plus jeunes. C’est une<br />

tradition syndicale et <strong>syndicom</strong> n’y<br />

échappe pas. A 62 ans, il est temps<br />

de prendre sa retraite. Même si<br />

personne ne peut s’imaginer Roland<br />

sans engagement syndical. Mais<br />

laissons-nous surprendre.<br />

Quand la révolution semblait<br />

encore certaine<br />

Roland s’est engagé jeune dans la<br />

vie politique à Trimbach (SO) où il a<br />

grandi. Encore au collège, il rejoint<br />

le « SBAS » (Sozialistische Basis Aargau<br />

Solothurn). Sa matu en poche,<br />

il passe une année en France, puis<br />

s’inscrit au Parti socialiste ouvrier.<br />

On croyait alors à la révolution. La<br />

victoire du socialisme sans le stalinisme<br />

n’était qu’une question de<br />

temps. On pensait vivre tous cette<br />

époque, la révolte ouvrière nous y<br />

mènerait.<br />

Roland s’établit à Zurich et devient<br />

correcteur au Tages-Anzeiger.<br />

Bien entendu, il adhère aussitôt au<br />

syndicat. Au début, c’était encore la<br />

« Fédération suisse des typographes »,<br />

ensuite le SLP : le Syndicat du livre<br />

et du papier. En tant que membre<br />

du comité (dès 1980), puis président<br />

(dès 1987) du SLP Zurich, Roland est<br />

En 1989 à Zurich, plus de 800 personnes exigeaient sa réintégration au Tagi en pure perte.<br />

Tant mieux pour le syndicat, auquel il consacrera deux tiers de sa vie.<br />

pendant huit ans membre de la<br />

commission d’entreprise, respectivement<br />

délégué syndical pour <strong>les</strong><br />

imprimeurs et le personnel technique<br />

du Tagi.<br />

Licencié pour son engagement<br />

syndical<br />

Par la suite, <strong>les</strong> patrons du Tagi ont<br />

pensé qu’ils pourraient liquider le<br />

syndicat dans l’entreprise, et Roland<br />

Kreuzer a été licencié en raison de<br />

son engagement syndical. Le 2 février<br />

1989, dans le cadre d’une<br />

grande manifestation de solidarité<br />

à la « Maison du peuple » à Zurich,<br />

800 collègues, des sommités de la<br />

culture, des journalistes et politicien(ne)s<br />

ont exigé le retrait du licenciement<br />

(abusif) et le réengagement<br />

de Roland. Peine perdue – et<br />

heureusement pour le syndicat, qui<br />

a transformé la vocation de Roland<br />

en profession.<br />

On ne compte plus <strong>les</strong> défilés<br />

de Roland Kreuzer. Les jours et<br />

nuits de grève, <strong>les</strong> conflits du travail,<br />

<strong>les</strong> grèves d’avertissement, <strong>les</strong><br />

pauses de protestation, <strong>les</strong> assemblées<br />

et négociations qu’il a menées,<br />

<strong>les</strong> discours, résolutions, artic<strong>les</strong><br />

et communiqués de presse<br />

qu’il a rédigés. Souvent truffés de<br />

slogans provocants, parfois aussi<br />

marqués par un humour mordant.<br />

Le monde syndical de Roland,<br />

ce sont <strong>les</strong> médias et l’industrie graphique.<br />

Mais de nouvel<strong>les</strong> tâches<br />

n’ont cessé de s’y greffer. En 2005,<br />

il reprend avec Danièle Lenzin la<br />

coprésidence de comedia. En 2011,<br />

il est responsable du secteur des<br />

médias et membre du comité directeur<br />

du nouveau syndicat <strong>syndicom</strong>.<br />

Et en 2014, il assume encore la direction<br />

de la branche Livre et commerce<br />

des médias.<br />

Aujourd’hui, le syndicat lutte<br />

toujours pour que <strong>les</strong> améliorations<br />

techniques profitent aux salariés, au<br />

lieu de contribuer à maximiser <strong>les</strong><br />

bénéfices de l’entreprise. Face aux<br />

populistes, il est important que se<br />

lèvent des voix calmes. Ces prochaines<br />

années, Roland Kreuzer ne<br />

manquera certainement pas de faire<br />

entendre la sienne – ou peut-être<br />

qu’il écrira un livre. Il a déjà planté<br />

des arbres et élevé deux enfants.


Droit au but !<br />

25<br />

Questions au service juridique de <strong>syndicom</strong> :<br />

Je suis cadre dans une entreprise de communication et j’ai<br />

pris l’habitude de consulter mes e-mails lorsque je suis en<br />

vacances, afin d’éviter de trop stresser à mon retour au<br />

bureau. Certains collègues s’en sont rendu compte et me<br />

sollicitent ; je n’ose pas leur dire que cela me dérange.<br />

Que puis-je faire ?<br />

En outre, mon supérieur m’adresse régulièrement des SMS<br />

le soir, et je me sens obligé de lui répondre immédiatement<br />

malgré mes réticences. Cela gâche ma vie de <strong>famille</strong>, car je<br />

suis nerveux à chaque fois qu’un SMS arrive.<br />

Qu’arriverait-il si je décidais de ne plus répondre ?<br />

Réponses<br />

L’objectif premier des vacances étant<br />

de se reposer – pour le bien des employé(e)s,<br />

mais également de l’employeur<br />

–, il est déconseillé de lire ses<br />

e-mails pendant cette période. Certaines<br />

personnes souhaitent toutefois<br />

être tenues au courant de ce qui se<br />

passe dans l’entreprise et/ou, comme<br />

dans votre cas, éviter d’être surchargées<br />

dès leur retour au bureau, ce qui<br />

est parfaitement compréhensible.<br />

<strong>No</strong>us vous suggérons d’en discuter<br />

ouvertement avec vos collègues et de<br />

rédiger un message d’absence indiquant<br />

clairement que vous ne répondrez<br />

à aucune sollicitation.<br />

En dehors des heures officiel<strong>les</strong> de<br />

travail, le but est d’avoir une vie sociale<br />

et de se reposer. Toutefois, depuis<br />

l’avènement des nouvel<strong>les</strong> technologies,<br />

cela devient de plus en plus<br />

compliqué, raison pour laquelle certains<br />

élus suisses veulent d’ailleurs<br />

que soit officiellement reconnu un<br />

« droit à la déconnexion ». Il existe<br />

déjà une base légale protégeant la<br />

personnalité des travailleurs en droit<br />

suisse : il s’agit de l’art. 328 CO, qui<br />

dispose que l’employeur – et par délégation<br />

ses auxiliaires – doit manifester<br />

<strong>les</strong> égards voulus pour la santé de<br />

ses employé(e)s. En outre, certaines<br />

conventions collectives comprennent<br />

un « droit à ne pas être joignab<strong>les</strong> » en<br />

dehors des heures de travail : c’est le<br />

cas de l’art. 2.2.2 de la <strong>CCT</strong> Swisscom,<br />

en vigueur depuis le 1er juillet 2018.<br />

Vous ne pourrez en aucun cas être<br />

blâmé (e). Si cela devait être le cas,<br />

vous pourrez alors vous adresser à la<br />

direction. <strong>No</strong>us vous conseillons en<br />

outre d’avoir deux téléphones bien<br />

distincts, l’un privé et l’autre professionnel,<br />

et d’éteindre ce dernier le<br />

soir. En vous « déconnectant », vous<br />

préserverez ainsi votre sphère privée<br />

et, surtout, votre santé.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/service-des-membres/<br />

<strong>magazine</strong>/


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

<strong>No</strong>uveaux cours en 2019<br />

Toutes <strong>les</strong> offres de formation destinées<br />

aux membres de <strong>syndicom</strong><br />

sont désormais réunies dans une<br />

seule brochure. Ce nouveau programme<br />

de cours 2019 prévoit<br />

plusieurs nouveautés. En juin, une<br />

journée d’étude organisée avec<br />

l’USS célèbrera <strong>les</strong> 100 ans de l’Organisation<br />

internationale du travail<br />

(OIT) et permettra de mieux comprendre<br />

son rôle pour <strong>les</strong> droits des<br />

salariés. D’autres innovations permettront<br />

de savoir construire son<br />

image professionnelle sur LinkedIn<br />

ou de s’affirmer en tant que femmes<br />

(en septembre), de connaître le<br />

cadre légal régissant le télétravail et<br />

la santé en cas de travail irrégulier<br />

(en octobre) et <strong>les</strong> questions à se<br />

poser lorsque plusieurs contrats<br />

de travail sont menés en parallèle<br />

(en novembre).<br />

Dans l’immédiat, on signalera,<br />

dès le 14 février, la fin du cycle de<br />

cours mis sur pied avec l’Association<br />

des représentants du personnel<br />

dans <strong>les</strong> institutions de prévoyance<br />

(ARPIP). Savoir quand une caisse de<br />

pension doit être soumise à une expertise<br />

actuarielle et décider de son<br />

insolvabilité (le 14.2), quel est le rôle<br />

de l’organe de surveillance (le 21.3)<br />

ou comment établir une stratégie de<br />

placement (10.4) est utile. Tous ces<br />

cours ont lieu à Lausanne, Hôtel<br />

Aulac, et sont gratuits pour <strong>les</strong><br />

membres (410 fr. et 50 fr. de repas<br />

pour <strong>les</strong> autres).<br />

Les capacités d’interagir avec<br />

<strong>les</strong> autres sont prisées par <strong>les</strong> employeurs.<br />

Comprendre son fonctionnement<br />

et celui d’autrui pour réagir<br />

à bon escient (du 28.2 au 1.3 à<br />

Morges), mieux communiquer grâce<br />

à l’analyse transactionnelle (du 11.3<br />

au 12.3 à Morges) ou user de communication<br />

non violente (du 14.3 au<br />

15.3 à Morges) : le choix est vaste.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/service-des-membres/<br />

offres-de-formation<br />

Rétrospective 2018 à travers<br />

le dessin de presse suisse<br />

Jusqu’au 10 février prochain, le Musée<br />

de la communication de Berne<br />

propose de revoir l’année 2018 au<br />

travers des traits parfois assassins<br />

des dessinateurs de presse suisse.<br />

Le musée expose <strong>les</strong> œuvres de plus<br />

de 50 dessinateurs et dessinatrices<br />

de toutes <strong>les</strong> régions du pays, ce qui<br />

est une des forces de cette exposition.<br />

On reverra avec plaisir l’obstiné<br />

Pierre Maudet, croqué par Chappatte,<br />

s’accrocher à la porte du parti<br />

PLR au point d’en provoquer la<br />

ruine plutôt que de démissionner.<br />

Mais on (re)découvrira aussi des<br />

images émouvantes, comme ce<br />

pauvre petit ver bien seul au fond<br />

des mers dessiné par Bénédicte, ou<br />

cette vache contrainte d’utiliser ses<br />

sabots pour botter l’arrière-train<br />

d’un partisan de l’initiative sur<br />

l’autodétermination, balayée par le<br />

peuple en novembre dernier (Felix<br />

Schaad pour le TagesAnzeiger).<br />

Ou encore cette élection présidentielle<br />

plutôt expéditive (« Put in »)<br />

vue par Mattiello. Et encore d’autres<br />

dessinateurs célèbres, comme<br />

Ruedi Widmer ou Max Spring.<br />

Gezeichnet 2018 (que l’on peut traduire<br />

par « dessiné en 2018 ») donne<br />

ainsi à voir plus de 200 dessins et caricatures.<br />

Ils tournent en bourrique<br />

des événements comme le rejet de<br />

l’initiative <strong>No</strong> Billag, l’été caniculaire<br />

et la planète qui tire la langue<br />

de soif, ou <strong>les</strong> avatars quotidiens du<br />

président Trump.<br />

L’exposition est aussi prospective,<br />

puisque <strong>les</strong> dessinateurs donnent<br />

un avant-goût des élections au<br />

Conseil national de l’automne 2019.<br />

De quoi se laisser surprendre !<br />

Au moment où <strong>les</strong> difficultés de la<br />

presse écrite mettent en péril cette<br />

forme condensée de journalisme,<br />

ces 50 dessinateurs et dessinatrices<br />

de presse méritent une visite.<br />

https://www.mfk.ch/fr/expositions/<br />

gezeichnet-2018/<br />

© mfk<br />

La grève générale de 1918 :<br />

crises, conflits, controverses<br />

Parmi <strong>les</strong> parutions commémorant<br />

le centenaire de la grève générale de<br />

1918, il est bon de signaler cet ouvrage<br />

bilingue, œuvre d’un collectif<br />

d’historiens et publié par <strong>les</strong> Cahiers<br />

d’histoire du mouvement ouvrier, associés<br />

à la revue d’histoire Traverse.<br />

Sous le titre La grève générale de<br />

1918 : crises, conflits, controverses,<br />

ce livre paru aux Editions d’en bas et<br />

Chronos fait le point des interprétations<br />

diverses qui ont été données à<br />

la grève générale. L’historien Hans-<br />

Ulrich Jost montre comment, même<br />

avant la grève, la droite et le patronat<br />

cherchent à discréditer le mouvement<br />

ouvrier en la décrivant<br />

comme un coup d’Etat ourdi depuis<br />

Moscou. La grève des employés de<br />

banque à Zurich, qui la précède de<br />

quelques semaines, est vécue comme<br />

un appel à la révolution. Cela<br />

permettra aussi de justifier l’intervention<br />

des forces civi<strong>les</strong> et militaires<br />

qui souhaitent y mettre fin.<br />

Le texte d’Elisabeth Joris, Kampf um<br />

Frauenrechte – Allianzen und Bruchlinien,<br />

rappelle le rôle important des<br />

femmes dans <strong>les</strong> « émeutes de la<br />

faim » qui se produisent dès 1916<br />

dans différentes vil<strong>les</strong> suisses.<br />

Parmi <strong>les</strong> revendications du Comité<br />

d’Olten, l’introduction du suffrage<br />

féminin et du droit d’éligibilité<br />

des femmes, élément de la Suisse<br />

moderne, était l’objet de tensions.<br />

Ce livre relève en fait que cette grève<br />

nationale fut surtout suivie à Zurich,<br />

Berne et Bâle, moins en Suisse<br />

romande et boudée au Tessin.<br />

https://bit.ly/2VF6kyR


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements En novembre et en décembre 2018, <strong>syndicom</strong> était actif<br />

le 10 novembre au centenaire de la Grève générale à Olten ; lors de l’élection de<br />

Pierre-Yves Maillard à la présidence de l’Union syndicale suisse et au congrès qui<br />

en fut l’occasion ; aux côtés des 41 du Matin toujours sans plan social.<br />

1<br />

3<br />

2<br />

4<br />

5


1 Elu par 115 voix contre 82 et 15 abstentions, Pierre-Yves Maillard réconforte son adversaire Barbara Gysi. (© Yoshiko Kusano)<br />

2 Une batucada d’adieu à Paul Rechsteiner a été exécutée par le groupe Borumbaia Zurich. (© Yoshiko Kusano)<br />

3 Deux cent douze délégué(e)s ont participé à l’élection du 1er décembre 2018 lors du Congrès de l’USS. (© Jean-Jacques Magnin)<br />

4 On amène <strong>les</strong> urnes. (© Jean-Jacques Magnin)<br />

5 Le 10 novembre 2018, une foule nombreuse a assisté au centenaire de la Grève générale organisé dans <strong>les</strong> ateliers CFF d’Olten. (© Jonas Zürcher)<br />

6 Les délégué(e)s du 56e Congrès de l’USS sur le Kornhausbrücke à Berne symbolisent la ligne rouge de protection des salaires que le Conseil fédéral ne<br />

doit pas franchir. (© Thierry Porchet)<br />

7 Le Congrès de l’USS a adopté à l’unanimité l’appel à la Grève des femmes 2019. (© Jean-Jacques Magnin)<br />

8 et 9 L’action du 29 novembre 2018 à Lausanne a rappelé que <strong>les</strong> 41 du Matin étaient toujours sans plan social. (© Patricia Alcaraz)<br />

29<br />

6<br />

7<br />

9<br />

8


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

Franco Panzeri<br />

Transmettre la passion pour son travail<br />

Né en 1960 à Rheinfelden, Franco<br />

Panzeri a grandi au Tessin et obtenu<br />

un diplôme d’agriculteur à Mezzana.<br />

Sur <strong>les</strong> conseils d’un oncle coursier,<br />

il a postulé à La Poste et commencé<br />

son apprentissage d’employé postal<br />

en 1980.<br />

Il a travaillé à l’office postal de Lugano,<br />

aux services internes, puis comme facteur,<br />

fonctionnaire exploitant et agent.<br />

Depuis 2014, il est responsable de la<br />

formation des apprenti(e)s et de la formation<br />

de base des nouveaux collaborateurs.<br />

Avec un spécialiste externe,<br />

il est aussi responsable de la formation<br />

et du développement des cadres du<br />

centre de distribution à Cadenazzo.<br />

Franco Panzeri gère depuis 1988 la<br />

caisse de la section du syndicat et est<br />

aujourd’hui encore caissier de la section<br />

Ticino e Moesano de <strong>syndicom</strong>.<br />

Texte : Giovanni Valerio<br />

Photo : Flavia Leuenberger Ceppi<br />

À plus de 50 ans, nous<br />

relayons des valeurs.<br />

Aujourd’hui, <strong>les</strong> changements sont<br />

toujours plus fréquents. <strong>No</strong>s habitudes<br />

sont bouleversées : distribution<br />

le soir, le samedi et à certaines périodes.<br />

Les clients sont toujours plus<br />

nombreux à souhaiter des prestations<br />

sur mesure. <strong>No</strong>tre défi – pour<br />

PostLogistics et aussi <strong>syndicom</strong> –<br />

consiste à nous adapter. La formation<br />

est cruciale pour affronter <strong>les</strong><br />

changements attendus.<br />

Je m’occupe d’apprenti(e)s depuis<br />

1988 déjà : en tant que représentant<br />

syndical, j’étais expert aux examens<br />

finaux. Bien des choses ont<br />

changé depuis.<br />

Autrefois, on recevait une formation<br />

qui permettait de fournir un service.<br />

Aujourd’hui, on cherche à comprendre<br />

<strong>les</strong> processus, <strong>les</strong> stratégies,<br />

le pourquoi du comment. Je répète<br />

aux apprenti(e)s que l’important<br />

n’est pas « ce » qu’ils apprennent,<br />

mais « comment » ils le font, car l’apprentissage<br />

n’est pas un point d’arrivée,<br />

mais de départ. On doit apprendre<br />

sans arrêt pour s’adapter<br />

aux changements. Dans le monde<br />

numérique, c’est une nécessité d’entraîner<br />

<strong>les</strong> musc<strong>les</strong> de la pensée. Les<br />

apprenant(e)s doivent devenir des<br />

personnes proactives, ouvertes, capab<strong>les</strong><br />

de comprendre comment<br />

s’améliorer, sachant penser pour<br />

proposer des solutions efficaces à<br />

l’entreprise. Ainsi, ils ne deviennent<br />

pas seulement des experts, mais de<br />

véritab<strong>les</strong> « influencers », comme on<br />

<strong>les</strong> appelle aujourd’hui.<br />

Au centre PostLogistics de Cadenazzo,<br />

nous comptons six apprentis<br />

en logistique et une apprentie employée<br />

de commerce. Dans la logistique,<br />

nous engageons des jeunes<br />

dès 17 ans pour qu’ils travaillent de<br />

manière autonome en deuxième année<br />

déjà, après l’obtention du permis<br />

de conduire. L’entreprise participe<br />

aux frais s’il est obtenu au cours<br />

d’une période déterminée. Durant<br />

<strong>les</strong> trois ans de formation, <strong>les</strong> apprenti(e)s<br />

effectuent des stages internes<br />

et externes à La Poste pour<br />

consolider leurs connaissances.<br />

La formation agricole m’a enseigné<br />

qu’il est décisif non seulement<br />

d’avoir une bonne semence, mais<br />

aussi de suivre la phase de la croissance<br />

pour obtenir une bonne récolte.<br />

Je cherche à faire de même<br />

lorsque j’accompagne <strong>les</strong> jeunes en<br />

formation, en partageant mon expérience<br />

et en restant à leur écoute. Je<br />

souhaite leur transmettre la passion<br />

pour le travail quotidien. <strong>No</strong>us<br />

autres, à plus de 50 ans, sommes la<br />

mémoire historique du syndicat et de<br />

l’entreprise et nous devons transmettre<br />

certaines valeurs : motiver <strong>les</strong><br />

autres, croire en ce qu’on fait et être<br />

positifs. Il faut cesser de regretter le<br />

bon vieux temps et voir ce que nous<br />

pouvons faire dans cette jungle de<br />

changements. <strong>No</strong>us devons adopter<br />

une approche positive : le nouveau<br />

centre régional de colis en construction<br />

est une garantie pour l’avenir de<br />

nos jeunes. Et je suis fier d’apporter<br />

une contribution à leur futur.<br />

https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/logistique/


Impressum<br />

Rédaction : Sylvie Fischer, Giovanni Valerio,<br />

Marc Rezzonico, Marie Chevalley<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser<br />

Illustrations, dessins de portrait : Katja Leudolph<br />

Images sans © : mises à disposition<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation<br />

de membre. <strong>No</strong>n-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

case postale, 3001 Berne<br />

Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Le numéro 10 paraîtra le 22 mars 2019.<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 11 février 2019.<br />

31<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

I<br />

6<br />

II<br />

11<br />

III<br />

4<br />

IV<br />

2<br />

V<br />

9<br />

VI<br />

3<br />

VII<br />

VIII<br />

7<br />

IX<br />

5 8 1<br />

Reka, pour encore plus.<br />

X<br />

10<br />

Mot mystère :<br />

DÉFINITIONS<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11<br />

Horizontalement : I. Identités. II.<br />

Relâchés. Médit. III. Un peu de<br />

confiture avec la chasse. Option.<br />

Diffusasse. Dé à coudre. IV. Sur un<br />

mont d'autrefois. À l'épreuve. Fleur<br />

jaune. V. Réseau de transport. C'est<br />

triste ! Doux. Ancien accord. VI. Source<br />

de cocktail. Poids. Revers de plaisir.<br />

VII. Pas fait. Acquis. Émacié. VIII. Les<br />

zèbres ne peuvent l'être qu'en couple.<br />

Décalé. IX. Embourgeoisement. X.<br />

Lestes. Inventorions.<br />

Verticalement : 1. Licence. Grégoire<br />

XIII avant la fumée. 2. Avant<br />

l'intégration. 3. Soleil dominant. Dérivé<br />

de l'ammoniac. 4. IV e Internationale. 5.<br />

Gros lézard. Satellite serbe. 6. Pas là.<br />

Salve. Possède. 7. Réfléchi. Génie du<br />

nord. 8. Petite montagne. Farfadet. 9.<br />

Couvert d'acier. Avant l'euro. 10.<br />

Jusqu'au bord. Maison du gourou. 11.<br />

Lourde. 12. Podium. Chaussure<br />

spéciale. 13. À moi. Féministe. 14.<br />

Pour le bétail ou pour <strong>les</strong> bébés.<br />

Affluent du Danube. 15. Élitiste.<br />

Les mots croisés<br />

Le/la gagnant(e), dont le nom paraîtra<br />

dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra des<br />

chèques REKA de notre partenaire REKA.<br />

Prière d’envoyer votre solution<br />

(le mot-mystère seulement) jusqu’au<br />

11 février à Rédaction <strong>syndicom</strong>,<br />

Monbijoustrasse 33, case postale,<br />

3001 Berne.<br />

Le gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

<strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> 8/2018 était<br />

« FUTUR ».<br />

Le gagnant est Monsieur Sébastien<br />

Perriard de Villaz-St-Pierre.<br />

Il recevra des chèques REKA de<br />

notre partenaire REKA.<br />

Chaleureuses félicitations !<br />

Annonce<br />

Informer pour renforcer la lutte<br />

« On ne peut pas penser la justice sociale<br />

et environnementale sans <strong>les</strong> femmes »<br />

Accompagnez le changement en soutenant<br />

Renata Moreno au sein de la MMF<br />

Renata Moreno, sociologue et coopérante E-CHANGER, appuie la<br />

Marche Mondiale des Femmes au Brésil. Son insertion permet l’accès<br />

à l’information et la formation à des milliers de femmes au Brésil.<br />

CCP 14-331743-0 ou IBAN CH12 0900 0000 1433 1743 0<br />

Mention : MMF/ Renata<br />

www.e-changer.org/bresil


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Stephanie Vonarburg personnalité<br />

de l’année pour persönlich.ch 18.12.2018<br />

persönlich.ch, le <strong>magazine</strong> suisse de<br />

communication pour décideurs et leaders<br />

d’opinion, a élu la vice-présidente de<br />

<strong>syndicom</strong> Stephanie Vonarburg au titre de<br />

personnalité de l’année 2018.<br />

Stephanie s’est distinguée en particulier<br />

pour son engagement contre <strong>les</strong> plans<br />

de restructuration de Tamedia.<br />

@<strong>syndicom</strong> – Le post Facebook le plus<br />

lu de l’automne est… 3.12.2018<br />

<strong>No</strong>tre nouvelle vidéo « L’union fait la force » a<br />

été visionnée 17 209 fois entre le 22 novembre<br />

et le 3 décembre !<br />

#<strong>les</strong>41dumatin 14.11.2018<br />

Les médias sociaux en Suisse<br />

10.12.2018<br />

Les utilisateurs actifs de Facebook<br />

en 2018 ont été 3,8 millions en<br />

Suisse. Instagram arrive 2e avec<br />

2.5 mios et Snapchat 3e avec 1,4<br />

mios. LinkedIn annonce 2.2 millions<br />

de comptes (seuls 1.2 mios sont actifs).<br />

Twitter en a 920’000. Whatsapp<br />

domine avec ses 6.5 millions<br />

d’utilisateurs en Suisse. (alike.ch)<br />

@RoKreuzer : Solidarité avec <strong>les</strong> grévistes<br />

d’Amazon ! 19.12.2018<br />

Achetez vos livres en librairie ! Pour tout le reste,<br />

il y a des commerces au coin de la rue.<br />

@<strong>syndicom</strong>_de #AmazonstreikWEB<br />

Pour suivre et soutenir <strong>les</strong> 41 employés du<br />

Le Matin, licenciés par Tamedia et toujours<br />

sans plan social, vous pouvez vous abonner<br />

à leur compte Twitter, @41dumatin, ou à<br />

l’hashtag #<strong>les</strong>41dumatin. Soutenez-<strong>les</strong> !<br />

Les gilets jaunes :<br />

un produit de Facebook ? 19.12.2018<br />

Selon Laurent Alexandre, connu pour<br />

son ouvrage La guerre des Intelligences,<br />

le mouvement des Gilets jaunes a été<br />

fortement favorisé par la transformation<br />

de Facebook. Pour combattre <strong>les</strong> Fake<br />

News, le réseau social a en effet favorisé<br />

le partage des contenus provenant des<br />

groupes et des communautés.<br />

GIG Economy – Intervention de Giorgio Pardini<br />

à l’USI 22.11.2018<br />

Giorgio Pardini, resp. secteur TIC, est intervenu sur la Gig<br />

Economy (économie collaborative) à l’Université de la<br />

suisse italienne. Son intervention est sur notre Facebook.<br />

La France soumet <strong>les</strong> « ubérisés »<br />

à la Loi sur le travail 6.12.2018<br />

Histoires de décembre 1.12.2018<br />

Dans notre dernière édition, nous avons répondu à nos<br />

lecteurs. Retrouvez ce dossier sur notre Facebook et<br />

plongez-vous dans <strong>les</strong> défis et <strong>les</strong> visions de <strong>syndicom</strong> !<br />

X DIGITAL – Une seule entreprise suisse<br />

dans le Top 100 mondial 1.11.2018<br />

Une seule entreprise suisse a réussi à se hisser dans<br />

le classement des « Top 100 Digital Companies » publié<br />

par Forbes. Il s’agit de STMicroelectronics de Plan<strong>les</strong>-Ouates,<br />

active dans <strong>les</strong> semi-conducteurs, 85e.<br />

La Cour de cassation a pris une décision<br />

qui servira de référence pour<br />

tous <strong>les</strong> faux-indépendants de<br />

plateformes : elle a qualifié de salarié<br />

soumis à un lien de subordination<br />

un coursier à vélo qui avait livré<br />

des repas pour la plateforme Take<br />

Eat Easy.<br />

<strong>syndicom</strong> s’en réjouit !<br />

Les réseaux sociaux poussent<br />

<strong>les</strong> Suisses à trop dépenser 26.11.2018<br />

La société d’encaissement Intrum Justitia<br />

révèle qu’un tiers des Suisses disent dépenser<br />

plus que leurs ressources du fait<br />

de la pression des réseaux sociaux et de<br />

l’étalage de biens qu’ils présentent.<br />

Plus de 24 000 Européens ont été sondés.

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