Entraineur francais numérique-2

Magazine numérique n°2 - Février 2019
(2/3)
L’ENTRAÎNEUR
Amicale des Éducateurs de Football
Numéro spécial gardien de but
l’interview
exclusive
d’hugo lloris
MICHEL ettore :
« un poste noble »
Exercices
d’entraÎnement

Il y a tout juste un mois, vous avez eu le plaisir de découvrir le premier volet
de notre numéro numérique spécial gardien de but. Et voici déjà le deuxième !
Nous vous en souhaitons bonne lecture. En attendant le prochain…
SOMMAIRE
INTERVIEW :
MICHEL ETTORE P.3
et le poste de gardien, une belle aventure
TECHNIQUE
Les duels 1 contre 1 par Alexander Vencel
P.8
ENTRETIEN EXCLUSIF
HUGO LLORIS
Le gardien champion du monde 2018
P.15
EDITEUR : Amicale des Educateurs de Football, 87 Boulevard de Grenelle 75015 Paris Cedex 15. Tel 01 44 31 74 58.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Marie LAWNICZAK RÉDACTEUR EN CHEF : Edwige GIORDANO COMITÉ DE
RÉDACTION : Jacques BERTHOMMIER – Gérard BELLEHIGUE – Bernard CUREL – André MOLLE PHOTOS : Archives FFF MAQUETTE :
Agence Comback, 5 rue Antoine Gautier, Nice – Benito LELO
L’entraîneur Français | Février 2019 / 2

Michel Ettore
« ON NAÎT
GARDIEN
DE BUT ! »
Autrefois joueur qui a marqué l’histoire du FC Metz,
Michel Ettorre a opéré une belle conversion au
sein de la fédération. Pour le compte de celle-ci,
il ne cesse de multiplier les interventions auprès
des sélections nationales de jeunes et les actions
de formation. Quand on évoque avec lui le poste de
gardien, il sait de quoi il parle…
EN QUELQUES MOTS
Joueur et entraîneur au FC Metz, il a passé en tout 26 ans au club. Il rejoint ensuite Strasbourg où
il est entraîneur adjoint pendant 4 ans et demi. Puis, 8 ans durant, il accompagne Joël Muller au
RC Lens. Depuis 2015, il entraîne les gardiens de l’équipe de France 16 ans. Avec José Alcocer, ils
préparent le championnat d’Europe 17 ans.
Selon vous, qu’est-ce qu’un
bon gardien ?
Un bon gardien, c’est un gardien
qui ne prend pas de but !
J’ai souvent ce débat avec les
entraîneurs de gardiens. Ces
derniers temps, on attache
beaucoup d’importance à la
qualité de relance depuis le
changement de la règle selon
laquelle le gardien est devenu
le premier attaquant quand il
a le ballon dans les pieds ou
dans les mains. Moi, l’ancien,
je dis toujours aux collègues
que je forme que la principale
mission pour un gardien c’est
de ne pas prendre de buts. Ok
pour la technique de relance
mais, avant tout, un gardien
doit être efficace.
Qu’est-ce qui motive un jeune
à occuper ce poste ?
C’est un poste noble. Il requiert
beaucoup de personnalité.
On est très exigeant vis-à-vis
de ce poste, on ne peut donc
pas avoir affaire à des gamins
moyens. Le gardien est un
athlète du football qui doit tout
savoir faire.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 3

Vous-même, qu’est-ce qui vous a
motivé à occuper ce poste ?
J’ai toujours joué avec des plus
grands que moi, comme mon frère
et mon cousin. Ce dernier, Italo-Luxembourgeois,
était jeune gardien
de but à Dudelange et a très vite
été international à ce poste. C’est
lui qui m’a donné l’envie de faire la
même chose. J’allais souvent en
vacances au Luxembourg et j’aimais
le voir s’entraîner. Mais surtout, je
crois qu’on naît gardien de but, c’est
quelque chose qu’on a dans le sang.
L’envie de plonger, d’intervenir, toute
la gestuelle du gardien, c’était inné
chez moi ! J’ai toujours été attiré par
les buts, même si j’aimais bien jouer
dans le champ. Et puis, j’ai toujours
aimé les responsabilités.
À l’époque, il n’y avait pas d’entraîneur
de gardien, on était livrés
à nous-mêmes. Aussi, on a été
quelques-uns à faire figure de pionniers
au niveau du poste, on imaginait
des séances, on faisait un peu
tout et n’importe quoi, mais surtout,
on était passionnés !
Vous avez débuté dans le sillon de Patrick Barth et
d’André Rey, quel est le meilleur conseil que vous
ayez reçu de l’un ou de l’autre ?
J’ai pris la succession de Patrick Barth alors que j’étais
tout gosse et quand j’ai succédé à André Rey, j’avais
déjà fait deux matchs en professionnel.
J’ai essayé de tout capter d’eux : leurs qualités
d’homme et leur amour du travail bien fait. André était
très grand, il insistait donc sur la technique de prise de
balle, tandis que Patrick était plus petit mais plus tonique.
Lui, c’était les appuis. J’ai beaucoup appris avec
ces deux-là et je suis toujours très proche d’eux.
« ON A ÉTÉ
QUELQUES-UNS
À FAIRE FIGURE
DE PIONNIERS »
André
REY
Patrick BARTH
L’entraîneur Français | Février 2019 / 4

« LE TRAVAIL DE PRÉFORMATION,
C’EST LA BASE »
Pour vous « Le travail de
préformation et de formation
des gardiens est capital »,
pouvez-vous argumenter ?
Le travail de préformation,
c’est la base, c’est là qu’on
acquiert tous les bons gestes.
Parce que, vous savez, il est
plus facile d’inculquer un
bon geste à un jeune que
d’enlever un mauvais geste
à un « vieux » ! Il faut donc
commencer très tôt, avoir
les sensations très tôt, car le
football évolue à une vitesse
incroyable, il y a sans cesse
de nouvelles techniques.
Mais surtout, il ne faut pas
fixer les gardiens trop vite,
ils ont besoin de jouer dans
le champ. D’un point de vue
entraînement, les séances
sont très différentes d’un
entraîneur à un autre. J’ai
moi-même beaucoup évolué
en quarante ans et j’ai énormément
progressé ces dernières
années en étant à la
fédération. Lorsque je forme
des cadres, je ne m’impose
pas en pensant que je détiens
la vérité, j’essaye simplement
d’amener des arguments à ce
que je propose. Le travail chez
les jeunes est indispensable,
il faut inclure des spécifiques.
À mon époque cela ne se
faisait pas. Les gardiens sont
des décathloniens, ils doivent
tout savoir faire. Techniques,
tactiques et mentaux, tous ces
aspects importent. Le travail
de la coordination, des appuis
et de la technique est fondamental.
En tant que DTN, vous intervenez
régulièrement au
niveau des pôles espoirs,
comment qualifierez-vous le
travail des éducateurs que
vous rencontrez ?
Déjà, c’est merveilleux de
constater qu’il y a un grand
nombre de garçons champions
du monde cette année
qui sortent de pôles espoirs.
C’est encourageant, cela
veut dire que l’on ne s’est pas
trompé. Les pôles espoirs
existent depuis un certain
temps maintenant et c’est
toujours incroyable de voir
comment cela évolue. Le
cahier des charges s’avère de
plus en plus important : maintenant
il y a des entraîneurs
adjoints, des entraîneurs de
gardiens, des spécialistes
vidéos, des psys, un suivi
scolaire… C’est une chance
exceptionnelle d’être dans un
pôle espoirs. Les éducateurs
sur place sont très suivis. Les
responsables des pôles, les
responsables des gardiens,
les préparateurs athlétiques
viennent régulièrement et
on leur rend aussi visite très
souvent. De plus, il existe des
séminaires de fin de saison où
l’on met tout en commun.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 5

Quelle technique nécessite
le plus de travail auprès des
jeunes avant d’être parfaitement
acquise ?
La technique de prise de balle,
parce qu’on n’utilise que les
mains. À une époque, la base
du travail, c’était la détente
et la prise de balle. Celui qui
bloquait rapidement un ballon
pouvait le relancer le plus
vite possible. De nos jours, on
s’aperçoit que les ballons dont
on dispose sont de plus en plus
légers dans les trajectoires
et les gardiens ont de plus
en plus de mal à les bloquer.
Même au haut niveau, on voit
ces ballons « flottants » qui
obligent les gardiens à être sur
leur trajectoire et à les dévier
ou à les repousser. Il faut
s’adapter à cette trajectoire de
ballon et beaucoup travailler
cette technique.
Au contraire et de manière
générale, laquelle semble le
plus rapidement assimilée ?
Dans les pôles espoirs, au
niveau de la préformation, on
travaille beaucoup les techniques
associées, on a de
nombreux outils pour faire travailler
les pieds et les mains.
Avant on courrait autour d’un
terrain, car on pensait que la
préparation athlétique était
plus importante que le reste,
maintenant on fait pratiquement
tout avec le ballon. Il
est donc facile de s’améliorer
techniquement et au niveau
des appuis qui sont la base de
la technique aux pieds.
« J’AI ÉTÉ
BLUFFÉ PAR LE
PROFESSIONNALISME
DE CES FILLES. »
Corinne Diacre vous a confié
pendant huit mois la mission
d’entraîner les gardiennes de
l’Équipe de France féminine,
que retenez-vous de cette
expérience ?
C’était inespéré ! C’était une
grande fierté pour ma famille
et pour moi d’accompagner
Corinne Diacre. J’ai déjà la
chance, depuis 8 ans, de travailler
auprès de Jean-François
Niemezcki avec l’équipe féminine
B. Je connaissais donc
une bonne partie des filles qui
étaient chez les A avec Corinne
et quand Hubert Fournier m’a
demandé de participer à la
construction de cette équipe,
j’ai pris ça comme un privilège.
Je remercie d’ailleurs Hubert
Fournier et Noël Le Graët pour
la confiance qu’ils m’ont accordée.
Cela a été un grand bonheur
pour moi. « La femme est
l’avenir de l’homme », ce n’est
pas moi qui l’ai chanté ! Et vous
allez voir, cette année, le football
féminin va exploser. Corinne
et son équipe vont gagner
car elles le méritent vraiment !
Entraîne-t-on différemment
un gardien de but selon qu’il
s’agit d’un garçon ou d’une
fille ?
Oui, au niveau de la puissance
et de la détente, il y a des
différences. En revanche, les
filles sont davantage appliquées
et attentives, elles sont
plus sérieuses dans le travail,
exigeantes sur tous les détails
et demandeuses. Elles ne
lâchent rien ! J’ai été bluffé par
le professionnalisme de ces
filles. J’apprécie leur fraîcheur,
leur spontanéité et j’espère
que l’énorme pression qui vient
avec cette Coupe du Monde ne
va pas leur faire oublier ces
qualités exceptionnelles et
cette force qu’elles ont.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 6

Le poste de gardien a connu de nombreuses évolutions,
laquelle vous paraît la plus marquante ?
La qualité des ballons. Avec ces ballons « plus légers
», il faut être très vite sur les pieds, très vite
au niveau des appuis pour pouvoir parer à tous
moments. Pierre Jacky, qui est DTN du futsal, m’a
récemment demandé de venir encadrer le premier
stage de référents de gardiens de buts dans les
ligues. Il y avait le gardien de l’équipe de France A,
Djamel Haroun, qui était très enthousiaste et j’ai
découvert plein de choses, car le poste de gardien
de futsal ne ressemble pas à celui de football mais
plutôt à celui du handball. J’ai beaucoup appris durant
cette semaine de travail. Cela m’a conforté dans
l’idée qu’il faut être très fort sur les appuis et là, je
pense à un modèle évident : Hugo Lloris qui est exceptionnel
au niveau des jambes, qui a une légèreté,
une vitesse et une fréquence d’appuis incroyables !
Justement, quel gardien pro vous semble être une
très bonne référence ?
Hugo Lloris, bien sûr ! Sur le plan humain et à son
poste, tout ce qu’il représente est exceptionnel. Je
suis sur un groupe de travail avec Franck Raviot
et Gilles Fouache, qui a pris « ma succession », et,
ensemble, on parle souvent des trois gardiens des
Bleus. Je suis en admiration devant ce qu’ils font.
Même si Mandanda est un peu en difficulté en ce
moment, lui, Areola et LLoris sont des exemples, sur
le plan humain, pour la jeunesse. On a des gardiens
formidables. On a souvent tendance à penser que les
garçons qui viennent de l’extérieur sont meilleurs
que les nôtres mais c’est une grosse erreur.
« IL FAUT ÊTRE
TRÈS FORT SUR
LES APPUIS »
Un mot de conclusion ?
Oui, pour vous dire qu’il est bientôt temps pour moi
de tirer ma révérence et que je suis ravi de constater
que tous les jeunes que nous avons formés, mes
collègues et moi, sont exceptionnels. Ils ont plein
d’idées, ce sont des inventeurs, des passionnés, des
pros qui maîtrisent très bien les outils informatiques
et la vidéo. Je suis en admiration devant toute cette
génération de nouveaux coachs qui arrive derrière.
Le football français a de belles heures devant lui !
L’entraîneur Français | Février 2019 / 7

PRÉFORMATION 12 À 15 ANS
ENTRAÎNEMENT DES GARDIENS
Les exercices présentés ici sont extraits du livre « L’entraîneur des gardiens » d’Alexander Vencel,
responsable du contenu pour le programme Goalkeeping de la FIFA entre 2011 et 2017.
les duels 1 contre 1
La capacité du gardien à prendre de bonnes décisions lui permet de savoir à quel moment
sortir ou ne pas sortir, plonger dans les pies des attaquants ou attendre et se saisir du ballon
d’une autre manière. Le gardien a déjà certaines bases pour résoudre ces situations, bases
que nous devons approfondir.
Les duels 1 contre 1 doivent être analysés par rapport à une notion d’espace.
Le gardien doit résoudre des situations :
• Dans sa surface de réparation
• Hors de sa surface de réparation
LE DUEL 1 CONTRE 1 DANS SA SURFACE DE RÉPARATION
Le gardien effectue un duel 1 contre 1 après une passe dans sa surface.
Déplacement joueur
Déplacement ballon
La résolution des situations en 1 contre 1 se déroule en quatre phases :
L’analyse de la situation
Le gardien doit en peu de temps résoudre
plusieurs paramètres clés :
• La distance du gardien et du joueur au ballon
(dans l’éventualité du coéquipier)
• La vitesse du ballon
• L’endroit où le duel se déroulera
• Le risque dans le cas d’une sortie tardive
(mauvaise appréciation)
• Facteurs externes (terrain, vent…)
La décision
• Après cette analyse, le gardien prend la
décision s’il peut sortir ou non
• Le mauvaise décision peut avoir des
conséquences catastrophiques :
pénalty, expulsion…
La sortie-sprint
• Le gardien doit arriver le plus vite possible
à l’endroit d’intervention
• Pendant le déplacement, le gardien réévalue la
situation pour s’adapter si nécessaire
L’arrêt du gardien
• Sans plongeon : il ramasse le ballon, s’il arrive
largement avant l’adversaire
• Avec plongeon : on parle de plongeon dans
les pieds
L’entraîneur Français | Février 2019 / 8

Le plongeon dans les pieds de l’adversaire peut s’effectuer de 2 manières :
Sous forme de glissade au sol :
Le gardien profite de la vitesse de son sprint
Au moment approprié, il plie sa jambe (identique au côté du plongeon) en dessous de lui et
glisse pour récupérer le ballon
Sous forme de détente vers le ballon :
Le gardien profite de la vitesse de son sprint
Au bon moment, il pousse sur sa jambe (identique au côté du plongeon) et avec un « vol »
horizontal, il intercepte le ballon
Le gardien doit effectuer un plongeon rapide vers le sol et non vers le haut, ce qui peut
causer une perte de temps avec des conséquences fatales
La comparaison des deux types de plongeons dans les pieds :
Le plongeon dans les pieds
sous forme de glissade au sol
Le plongeon dans les pieds
sous forme de détente
vers le ballon
L’entraîneur Français | Février 2019 / 9

Le gardien répète toutes les possibilités de plongeons dans les pieds sur des ballons arrêtés,
ensuite sur des ballons en mouvement (lancés par lui–même). Il n’est pas nécessaire de
s’exercer devant le but mais plutôt dans un endroit où le terrain est en bon état. Finalement
le gardien plonge sur un ballon lancé par l’entraîneur sans et avec une opposition par un
autre gardien.
2
1
2
1
2
1
4 répétitions de chaque côté. 1 ère et 2 e série sous forme de glissade dans les pieds (du pied
droit et du pied gauche), 3 e série sous forme de plongeon dans les pieds. Il est nécessaire
de respecter les temps de récupérations pour avoir des répétitions de qualité à vitesse
adéquate.
Exercice 1
Passe à gauche ou à droite
Plongeon sur le ballon
Changement de gardien
6 répétitions
2
1
Exercice 2
Passe à gauche ou à droite
Plongeon dans les pieds
Retour sans rythme
4 répétitions et changement
2
2
1
L’ADVERSAIRE ARRIVE DANS LA SURFACE DE RÉPARATION, LE BALLON AU PIED
2
Déplacement joueur
2
1
Déplacement ballon
1
L’entraîneur Français | Février 2019 / 10

La résolution des situations en 1 contre 1 se déroule en quatre phases :
La position du gardien (placement)
• Selon la position de l’adversaire, le gardien
se trouve dans une certaine position de départ
La réduction de l’angle de tir
• Le gardien réduit l’angle de tir en sortant
contre l’adversaire
• La position de base du gardien change, elle est
plus basse que sur les frappes parce qu’il doit
couvrir un maximum d’espace
L’analyse de l’intention de l’adversaire
Il observe son déplacement et il essaie
d’analyser s’il va terminer l’action par un tir
ou un dribble
L’arrêt
• Si l’adversaire pousse son ballon trop loin,
il plonge dans ses pieds
• Le dribble
- Avant l’intervention, le gardien ralentit
son mouvement
- Il se trouve sur la pointe des pieds avec les
genoux fléchis et les épaules vers l’avant
- Il intervient au bon moment pour essayer
de prendre le ballon à l’adversaire
ATTENTION
• Au moment du dribble, le gardien ne doit pas être en mouvement
• Il peut intervenir avec ses pieds, si le dribble de l’adversaire est près de lui
• Par ses mouvements, le gardien peut essayer de perturber l’adversaire et l’amener où il veut
• Il peut ralentir la progression de l’adversaire, ce qui peut permettre le retour des défenseurs
• Il convient de faire attention aux fautes dans la surface qui sont sanctionnées par un coup de pied
de réparation et un carton jaune ou un carton rouge.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 11

Le tir au but
En raison de la courte distance, le gardien est obligé d’effectuer un arrêt réflexe.
ATTENTION
• Au moment de la frappe, le gardien ne doit pas être en mouvement
• Certains joueurs réalisent des feintes de corps pour déstabiliser le gardien qui peut faire
la même chose
• Faire attention au lob (ne pas se coucher trop tôt)
• Si le tireur ne regarde pas le gardien, celui-ci peut carrément plonger dans sa frappe en prenant
un maximum d’envergure
• Si l’adversaire conduit la balle dans un angle fermé, le gardien peut légèrement anticiper un
centre devant le but (sans plonger trop tôt).
Dans les deux situations
évoquées (passe dans la surface
ou pénétration de joueur dans
la surface), nous constatons un
nouveau type d’arrêt surtout réalisé
par les gardiens allemands.
Après la réduction de l’angle, ils
essayent de couvrir l’espace devant
l’attaquant avec le geste suivant.
LE DUEL 1 CONTRE 1 HORS DE SA SURFACE DE RÉPARATION
Le football moderne demande au gardien de participer plus activement au jeu et de remplir un
rôle de libéro. Il avance avec sa défense et il est souvent obligé d’intercepter des ballons entre sa
défense et son but. Il doit décider, en un millième de seconde, s’il peut sortir ou non.
1
Déplacement joueur
2
Déplacement ballon
2
L’entraîneur Français | Février 2019 / 12

La résolution des situations en 1 contre 1 en dehors de la surface de réparation se déroule
en quatre phases :
L’analyse de la situation
Le gardien doit, dans un intervalle de temps
très court, analyser plusieurs facteurs clés :
• La distance du gardien et du joueur au ballon
(dans l’éventualité du coéquipier)
• La vitesse du ballon
• L’endroit où le duel se déroulera
• Le risque dans le cas d’une sortie tardive
(mauvaise appréciation)
• Facteurs externes (terrain, vent…)
La décision
• Après cette analyse, le gardien prend
la décision s’il peut sortir ou non
• S’il n’est pas sûr, il vaut mieux qu’il reste dans
sa surface afin de pouvoir utiliser ses mains
pour tenter d’intercepter l’adversaire
avec le ballon
• Une sortie hasardeuse peut faciliter
la tâche de l’adversaire ou provoquer
l’expulsion du gardien en cas de faute
La sortie-sprint
Le gardien doit arriver le plus vite possible à
l’endroit d’intervention
L’arrêt du gardien
• Long dégagement
• Dégagement en touche
• Tacle
• Intervention avec la tête
• Passe courte
• Dribble
• L’accompagnement du ballon derrière la ligne
de but (coup de pied de but)
Le gardien doit annoncer sa sortie verbalement
à ses partenaires. Ils peuvent ainsi le protéger
de l’adversaire.
EXEMPLES D’EXERCICES DE PERFECTIONNEMENT DU GARDIEN DANS LES DUELS À 1 CONTRE 1
Exercice 1
Changement des rôles après
chaque répétition.
2 répétitions de chaque côté.
Duel 1 contre 1
avec le gardien – libre
Joueur (autre gardien) essaye
de marquer le but et le gardien
doit l’en empêcher, sous forme
de compétition.
2 répétitions de chaque côté.
1
2
Exercice 2
Plongeon sur un ballon avec
rebond.
Joueur (autre gardien) du
même côté que la frappe
précédente, pousse son ballon
volontairement plus loin de
son pied.
Plongeon dans les pieds.
Retour sans rythme.
4 répétitions pour
chaque gardien.
2
3
2
1
Déplacement joueur
Déplacement ballon
L’entraîneur Français | Février 2019 / 13

Exercice 3
Passe pour l’attaquant (autre
gardien). Contrôle orienté,
retour du défenseur (autre
gardien) avec un léger retard.
Retour dans le but sans
rythme. 3 répétitions et
changement des rôles. Idem
de l’autre côté.
2
1
3
2
Exercice 4
Passes ente l’entraîneur et des
attaquants (autres gardiens).
Passe en profondeur entre
le gardien et sa défense
(mannequins).
Duel avec le gardien.
3 répétitions et changement
de rôles (variante : même
situation sur le côté).
3
2
3
4
1
Déplacement joueur
Déplacement ballon
L’entraîneur Français | Février 2019 / 14

Hugo
LLORIS
UN GARDIEN AU SOMMET
De l’OGC Nice à l’équipe de France en passant
par l’OL et les Spurs où il évolue depuis 2012,
Hugo Lloris suit un parcours exemplaire.
Un parcours auréolé de récompenses et de
succès amplement mérités, jusqu’à ce titre tant
convoité : champion du monde !
Pour « l’Entraîneur Français », il nous fait
l’honneur de nous offrir un peu de son temps
et de répondre à quelques questions sur
sa vision du poste.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 15

À quel moment, le gardien qui sommeillait en
vous a-t-il éclos ? Etait-ce une réelle vocation
ou une belle opportunité ?
Au départ, vers l’âge de 5/6 ans, je faisais à
la fois du tennis et du football, je passais de
l’un à l’autre, j’aimais vraiment les deux. Bien
sûr, il y avait l’école aussi et tout ça me prenait
beaucoup de temps, le foot surtout, avec
les entraînements la semaine et les matchs le
week-end. Il a fallu faire un choix. Je crois que
c’est de manière très instinctive que je suis
devenu gardien. Avant tout, j’étais joueur dans
l’esprit et très tôt j’ai eu des aptitudes pour
ce poste. J’avais cette volonté d’aller dans le
but, de plonger, de me jeter dans les pieds de
l’adversaire. Une année durant, j’ai joué en tant
qu’attaquant et ça c’est très bien passé mais je
suis revenu naturellement au poste de gardien
parce que, fondamentalement, c’était
mon poste.
Auriez-vous pu faire carrière
en étant joueur de champ ?
À quel poste ?
C’est impossible de savoir !
Tout comme je ne peux pas
vous dire si j’aurai pu faire carrière
dans le tennis ! La seule
chose dont je suis sûr c’est
que j’avais de réelles aptitudes
pour le poste de gardien. Pour
faire carrière dans le football,
il faut être doué. Mais, vous savez,
il y a tellement de joueurs
doués qui ne parviennent pas à
faire carrière dans cette discipline…
On ne peut rien prévoir,
aussi c’est difficile pour moi de
vous dire que j’aurais pu être
joueur de champ et avoir un
bel avenir, il y a trop de paramètres
qui entrent en ligne
de compte.
« IL FAUT ÊTRE
SOLIDE DANS
SA TÊTE »
Quelles sont les qualités
nécessaires pour être un bon
gardien de but ?
Il y a plusieurs styles de gardien
de but. En fonction des
profils, on agit tous un peu
différemment. Cependant, le
coup d’œil, la lecture de jeu et
les qualités athlétiques sont
indispensables. Il est important
de savoir jouer sur ses
qualités individuelles, mais
surtout d’avoir confiance en
soi, de travailler et de prendre
du plaisir dans ce que l’on fait.
Niveau concentration, c’est
un poste très exigeant. Comment
parvenez-vous à rester
concentré tout au long d’un
match alors que vous ne devez
intervenir que de manière
sporadique ?
Gardien est un poste à forte
responsabilité, bien entendu,
et un poste auquel on n’a pas
le droit à l’erreur, il faut être
solide dans sa tête. La concentration
est primordiale et aussi
l’exigence que l’on se donne à
soi-même. Pour ma part, ce
qui m’a permis d’acquérir une
concentration extrême, c’est
l’enchaînement des matchs.
Physiquement et mentalement,
c’est le meilleur rythme
à prendre pour optimiser
ses performances.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 16

Ce poste requiert aussi une bonne
force mentale. La vôtre est-elle
innée ou l’avez-vous travaillée ?
Le plan mental, c’est essentiel à tous
les postes et dans tous les sports
de haut niveau. À la base, il y a la
force naturelle que l’on a en soi, puis
viennent s’ajouter les épreuves de
la vie et l’expérience. Tout cela permet
de se forger une personnalité,
du caractère et donc d’acquérir une
certaine force que l’on utilise dans les
bons et dans les moins bons moments.
Pour se démarquer des autres
et avoir un niveau supérieur, le plan
athlétique compte mais le mental
davantage encore. Je pense que c’est
plutôt quelque chose que l’on a ou que
l’on n’a pas. Ce n’est pas une composante
qui se travaille.
« ON EST TOUS À LA
RECHERCHE DE LA
PERFECTION »
Le jeu aux pieds est-il désormais
essentiel ?
Oui, ça fait partie du football moderne.
Quand j’ai commencé, et même après
en pro, on demandait au gardien de
dégager le plus loin possible, alors
qu’aujourd’hui c’est tout le contraire,
on lui demande de prendre des
risques, de repartir de derrière. Cela
requiert de l’assurance et nécessite
que l’on travaille le jeu aux pieds car
les actions peuvent maintenant partir
du gardien de but. Je trouve cela très
plaisant. Le gardien se doit d’être plus
complet qu’il ne l’était il y a 20 ans.
Comment devient-on à l’aise dans le domaine
aérien ?
En travaillant, en ayant une bonne lecture de
jeu et en étant capable de prendre la bonne
décision.
Qu’est-ce qu’une parade parfaite ?
C’est avant tout l’efficacité. La responsabilité
du gardien, c’est de ne pas prendre de but, que
ce soit un arrêt, une intervention en dehors
de la surface, une prise de balle sur un centre
aérien… À partir du moment où on a cette
volonté d’être décisif et d’aider l’équipe, on
obtient une certaine satisfaction. On est tous à
la recherche de la perfection et par conséquent
à chaque situation, on essayera de répondre de
la meilleure des façons.
Comment gérez-vous une erreur ?
Le football est un jeu au cours duquel, malheureusement,
des erreurs peuvent être commises.
Pour le gardien, les répercussions sont
plus fortes parce qu’il n’y a personne derrière
pour le protéger et souvent cela se traduit par
un but. On est là pour aider l’équipe et non
pas lui mettre des bâtons dans les roues, mais
cela peut arriver, il faut alors rebondir dans la
minute qui suit, rester dans le match et le finir,
même s’il y a de la déception.

Quel est le meilleur conseil qu’un coach vous
ait donné ?
D’être soi-même et de prendre du plaisir dans ce
que l’on fait, au quotidien.
Et vous, donneriez-vous le même conseil à un
jeune gardien ?
Oui ! Complètement !
Le souvenir de jeu dont vous êtes le plus fier ?
La plus belle des récompenses c’est, bien sûr,
de gagner des trophées que ce soit de manière
individuelle ou collective. On travaille tous les
jours pour ça, pour être confrontés à des grands
événements et performer au cours de ceux-ci.
Lorsqu’on connaît le succès, on sait alors pourquoi
on fait autant d’efforts depuis des années et
des années.
Gardien et capitaine, est-ce difficile de
cumuler les deux responsabilités ?
En dehors du terrain, chacun a sa personnalité,
mais sur le terrain un gardien de but est avant
tout quelqu’un qui prend des responsabilités,
quelqu’un qui commande sa défense, qui essaye
de contrôler sa surface de réparation, voire
même le demi-terrain, et cela demande de la voix
et de la communication. Quelque part un gardien,
au fond de lui, doit être un leader. Ce n’est donc
pas un problème de cumuler les deux. L’exigence
que l’on met sur soi, on essaye de la transmettre
à ses coéquipiers. Après, cette décision appartient
à l’entraîneur. En tout cas, c’est un domaine
dans lequel on peut toujours s’améliorer. En tant
que personne, en tant que capitaine, en tant que
joueur, on peut toujours apprendre.
Vous détenez le record de sélections pour un
gardien de but français et le record de capitanats
en équipe de France, cela constitue un
beau palmarès, à quoi l’attribuez-vous ?
Avant tout, c’est une grande fierté ! L’équipe de
France, pour moi, a toujours été un symbole fort.
Il n’y a rien de plus haut. Ce palmarès, je l’attribue
à mon travail, à mon exigence vis-à-vis de
moi-même et à mes performances.
Parmi vos homologues portiers, y en a-t-il un
ou plusieurs que vous admirez particulièrement
et pourquoi ?
Plus jeune, il y a eu beaucoup de gardiens qui
m’ont inspiré et on essaye toujours de prendre
« des trucs » aux uns et aux autres. Je suis
très admiratif devant Fabien Barthez, Gianluigi
Buffon, Iker Casillas, Oliver Kahn et tant
d’autres… Chacun constitue une belle référence.
L’entraîneur Français | Février 2019 / 18