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Le récit 11<br />
COEUR DU PELOTON<br />
glacial aussi..."<br />
mais je suis obligée de sortir la frontale dans<br />
la forêt. Luz se profile mais je jardine un peu,<br />
les balises se perdent dans la nuit... je trouve<br />
enfin les lumières de la base de vie, je me pose<br />
un peu, avale quelques cuillères de purée de<br />
patates douces préparée par mon assistant en<br />
chef. La nuit s’annonce froide, je décide d’enfiler<br />
un 3/4 et un tee-shirt sec pour affronter<br />
la suite de l’histoire. Je quitte Luz à 22h30, le<br />
brouillard commence par nous accompagner<br />
sur la montée à la cabane de Sardiche. A priori<br />
pas de risque de se perdre mais t’attends la<br />
confirmation de la prochaine balise avec soulagement.<br />
Je n’ai aucune envie de me retrouver<br />
à tourner en rond. De valeureux bénévoles<br />
nous bipent à la cabane, mais pas de ravito ici,<br />
il faut continuer jusqu’au refuge de la Glère.<br />
Et là, je ne sais pas ce que ça donne en<br />
plein jour, mais à 1 h du matin, c’est un vrai<br />
chantier, pas de chemin, juste <strong>des</strong> balises à<br />
suivre à travers les rochers. Ça te tient en<br />
éveil mais ça n’avance pas ! Pour compenser,<br />
la nuit est devenue magnifique, la pleine lune<br />
nous accompagne, c’est magique mais glacial<br />
aussi. Je m’arrête pour enfiler toutes mes<br />
couches avant que la situation ne m’échappe.<br />
Je chemine sans m’énerver, en échangeant<br />
quelques mots avec les coureurs rencontrés.<br />
Le refuge se distingue au loin mais que c’est<br />
long... quelques bouts de cake et je bascule<br />
vers Tournaboup. Dommage pour Hugo, mais<br />
ce rude tronçon a été fatal à mon prévisionnel,<br />
j’arrive avec une heure de retard sous la tente<br />
de Tournaboup, il est 4 h du mat. Je commence<br />
à avoir faim, j’essaie de me caler avec<br />
un bol de pâtes et de soupe, je récupère toutes<br />
mes gour<strong>des</strong> pour affronter la dernière ligne<br />
droite. Hugo va dormir quelques heures avant<br />
d’aller encourager les copains sur le 80km qui<br />
sont dans les starting-blocks !<br />
Finalement, l’organisme se souvient, et mon<br />
mal de jambes a plutôt diminué, je ne suis pas<br />
super rapide évidemment mais je suis relativement<br />
bien pour affronter la dernière grosse<br />
bosse vers Aygues-Cluses et la Hourquette<br />
Nère. Et puis, cette partie je la connais assez<br />
bien. Ça va mentalement m’aider à résister à<br />
la pénibilité du caillou ! La nuit est toujours<br />
superbe et glaciale. Un petit feu de camp et un<br />
bol de soupe réchauffent les corps et les âmes<br />
à la cabane d’Aygues Cluses. Ils en ont bien du<br />
mérite, les gentils bénévoles du lieu. Le passage<br />
à la Hourquette est grandiose : lever du<br />
jour avec vue dégagée sur tous les lacs, une<br />
belle récompense. C’est aussi pour ces petites<br />
pépites que j’adore tant être en montagne !<br />
Le chemin est encore long et <strong>des</strong> moins<br />
roulants, tout le monde commence à en avoir<br />
marre du caillou ! Je motive un gars qui est<br />
en train de perdre vraiment patience ! Je crois<br />
qu’il a bien apprécié de se coller dans ma trace<br />
jusqu’au lac de l’Oule. C’est aussi la 4e féminine<br />
qui fait les frais de cette <strong>des</strong>cente infernale.<br />
Je la rattrape alors qu’elle est à l’arrêt... ça me<br />
rappelle la fin interminable que j’avais subie<br />
lors du GRP en 2012. Je l’encourage à s’accrocher<br />
mais c’est rude pour elle. On arrive enfin<br />
à l’Oule, il faut mettre un dernier coup droit<br />
dans la pente pour arriver aux Merlans et au<br />
col du Portet mais ça commence à sentir bon!<br />
Je branche mon iPod et ma playlist préférée<br />
pour me faire plaisir sur cette dernière portion,<br />
13 km de <strong>des</strong>cente moins raide que dans les<br />
versions précédentes et ce n’est pas plus mal<br />
! Et puis Vignec s’annonce et le dernier km<br />
défile jusqu’au centre de Vielle-Aure. Et voilà,<br />
25h25 de course, pour quasiment 130km de<br />
course avec 7500 m de déniv, 41e au général,<br />
4e féminine. Aujourd’hui, c’était compliqué<br />
avec mon niveau d’entraînement de faire<br />
beaucoup mieux mais je suis tout à fait satisfaite<br />
de cette étape vers mon objectif de cet<br />
automne : le <strong>Grand</strong> <strong>Raid</strong> de la Réunion."