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Les mythes aztèques<br />
(ici, le dieu Xipe Totec, à gauche,<br />
sur un fac-similé de manuscrit<br />
datant de 1899) gagnent<br />
de plus en plus en popularité.<br />
LA FANTASY “EXOTIQUE”, LOIN<br />
DE LA STANDARDISATION OCCIDENTALE<br />
Les récits s’échappant du cadre occidental gagnent du terrain dans le monde de la fantasy. L’Afrique,<br />
déjà, voit émerger des plumes innovantes – au-delà de l’afr<strong>of</strong>uturisme popularisé par le film Black<br />
Panther. L’univers post-apocalyptique de l’autrice américaine d’origine nigériane Nnedi Okorafor<br />
a, par exemple, été récompensé au World Fantasy Awards et son roman Qui a peur de la mort ?<br />
est en cours d’adaptation par HBO. De l’autre côté de l’Atlantique, le réalisme magique a été<br />
un courant fort tout au long du XX e siècle et les civilisations précolombiennes gagnent de plus<br />
en plus en popularité. L’ancienne capitale de l’empire aztèque, Tenochtitlan, sert ainsi de décor<br />
à la romancière française Aliette de Bodard dans ses Chroniques aztèques. L’Asie, enfin,<br />
excelle à combiner références historiques, mythes et légendes. Quoique inspirés<br />
de personnages réels, les trois films Detective Dee du réalisateur hongkongais Tsui<br />
Hark font la part belle à la magie, aux dragons chinois… Des références locales,<br />
donc, mais pas que : dans les Chroniques de la guerre de Lodoss du Japonais<br />
Ryo Mizuno, ce sont Tolkien et l’heroic fantasy occidentale qui sont réinventés.<br />
Des mélanges plébiscités par le public européen.<br />
SANDRA PROVINI<br />
Ces œuvres<br />
sont un moyen<br />
de transmettre<br />
autrement<br />
la culture<br />
antique<br />
MAÎTRE DE CONFÉRENCE EN LITTÉRATURE À L’UNIVERSITÉ DE NANTES<br />
L’Odyssée du point de vue de Pénélope, ou de<br />
La Trahison des dieux, de Marion Zimmer<br />
Bradley, où c’est Cassandre qui pose son regard<br />
sur la guerre de Troie, évoque Sandra<br />
Provini. Les éléments d’accroche sont des signaux<br />
qui nous renvoient à l’Antiquité, mais<br />
qui en fait permettent d’engager la réflexion<br />
sur notre monde contemporain.” Les littératures<br />
de l’imaginaire, de la fantasy à la<br />
science-fiction, ont ainsi le mérite d’<strong>of</strong>frir<br />
d’autres points de vue que celui de l’histoire<br />
<strong>of</strong>ficielle, donnant l’occasion de questionner<br />
notre monde d’une façon inédite. De là,<br />
aussi, leur grande séduction. D’ailleurs,<br />
longtemps utilisée par la recherche anglosaxonne<br />
pour élaborer des lectures alternatives<br />
et réinterroger la manière dont on écrit<br />
le passé, l’uchronie intéresse de plus en plus<br />
les chercheurs français. Écrire l’histoire avec<br />
des “si” : ou quand c’est l’auteur de fiction<br />
qui, cette fois, inspire l’historien…<br />
La figure<br />
d’Akhenaton,<br />
qui symbolise<br />
une période<br />
charnière<br />
de l’histoire<br />
égyptienne,<br />
alimente nombre<br />
de fantasmes.