Côté Cinéma n°182 - 30 novembre 2011
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côté film<br />
Festival de Villerupt<br />
Toujours aussi accueillant<br />
Quel est le secret du succès du festival du film italien de Villerupt ?<br />
Chaque année, ce rendez-vous lorrain rassemble plus de 40 000 spectateurs<br />
dans une ville qui compte… moins de 10 000 habitants ! Seraitce<br />
le climat ? Pas vraiment. La ville est située au nord-est de la France,<br />
tout en haut du département de la Meurthe-et-Moselle et ne bénéficie<br />
pas d’une météo clémente. L’hôtellerie de luxe ? Il n’y a PAS d’hôtel à<br />
Villerupt. La gastronomie 3*** ? Il n’y a que deux petits restaurants<br />
dans la ville dont une pizzeria. La qualité des salles de cinéma ? Entre<br />
l’hôtel de ville qui sert de salle polyvalente et le Rio qui aurait grand<br />
besoin d’une rénovation, on peut difficilement parler de véritable exploitation.<br />
Le décor ? Ici, pas de lac majestueux, pas de bord de mer<br />
idyllique ni de montagnes enneigées. Juste d’anciennes usines abandonnées<br />
et des maisons d’ouvriers. Le casino et les machines à sous ?<br />
Il y a bien un bar-tabac qui propose le loto… Le secret est ailleurs.<br />
Une belle montée des marches pour le jury.<br />
Des atouts indéniables<br />
En fait, il suffit de venir une seule fois à Villerupt<br />
pour comprendre. La chaleur, on la trouve immédiatement<br />
dans l’accueil des organisateurs (qui<br />
sont là depuis plus de trente ans), des équipes de<br />
bénévoles (ils étaient près de 180 cette année) et<br />
des habitants de Villerupt, pour la plupart issus de<br />
l’immigration italienne du siècle dernier. En ce qui<br />
concerne l’hébergement, les participants venant<br />
de l’extérieur (jurys, équipes de films, journalistes,<br />
exploitants, distributeurs ou simples spectateurs)<br />
sont logés soit dans les hôtels de la région<br />
(jusqu’au Luxembourg tout proche) soit « chez l’habitant<br />
» puisque les Villeruptiens accueillent en<br />
toute amitié les festivaliers chez eux. Pour ce qui<br />
est des repas, ce festival est connu depuis longtemps<br />
pour sa convivialité au moment des déjeuners<br />
et autres dîners, toujours festifs. Entre la mythique<br />
piscine de Micheville, l’espace-bar de la<br />
Mairie, les restaurants d’Esch sur Alzette (la toute<br />
proche ville luxembourgeoise) et les tentes que<br />
Un jury, un organisateur,des disitributeurs, un rédacteur.<br />
l’on monte en cas d’affluence, il<br />
y a toujours moyen de se restaurer,<br />
souvent de mets italiens,<br />
cela va sans dire et parfois<br />
même en musique. En faisant un<br />
petit effort, on peut aussi trouver<br />
ici des spécialités régionales<br />
comme les terrines à la groseille<br />
ou les eaux de vie à la mirabelle.<br />
Quand aux salles de projection,<br />
les organisateurs ont compris<br />
depuis longtemps que pour<br />
contenter les nombreux spectateurs,<br />
il fallait multiplier les sites<br />
et, grâce à l’apport d’un « Cinémobile<br />
», de la MJC et du cinéma<br />
Paradiso d’Audun-le-Tiche, du<br />
CNA de Dudelange et de la Kulturfabrik d’Esch, le<br />
nombre de fauteuils a été multiplié pour répondre à<br />
la demande. Et quand on refuse trop de monde, on<br />
rajoute une séance ! Il manque juste à présent des<br />
équipements numériques pour compléter le dispositif.<br />
Sans l’apport de cette technologie, l’avenir du<br />
festival pourrait être fortement compromis…<br />
Une nouvelle fresque.<br />
L'hôtel de ville<br />
Enfin, l’ambiance générale de ce festival fait vite<br />
oublier le décor un peu gris et il convient de rappeler<br />
que la Lorraine demeure une très belle région. Il<br />
suffit d’assister à la projection d’un film, une comédie<br />
italienne par exemple, dans une salle comble<br />
d’un public qui participe pleinement à l’histoire et<br />
qui réagit en direct, pour se sentir immédiatement<br />
conquis par cette bonne humeur communicative et<br />
par cette chaleur humaine.<br />
La sélection et les prix<br />
Cette année, <strong>Côté</strong> <strong>Cinéma</strong> avait une fois de plus<br />
parrainé « le jury exploitants », en partenariat avec<br />
L’Institut Culturel Italien de Paris. Les membres ?<br />
Marie Conas (Ciné Diffusion), Aline Rolland (Caméo<br />
de Nancy), Claude Damianthe (Ciné Movida)<br />
et Christian Wrobel (Casino de Joeuf). Les films?<br />
Italia : Love it or Live it, Cose Dell’Alro Mondo,<br />
Tatanka, Una Sconfinata Giovinezza, Nessuno Mi<br />
Puo Giudicare, et Ruggine. Le gagnant de l’Amilcar<br />
des exploitants ? Après une courte délibération<br />
et à l’unanimité, c’est Tatanka, un film de Giuseppe<br />
Gagliardi avec Clemence Russo Rade<br />
Serbedzija, qui a été élu. Il raconte l’histoire du<br />
jeune Michele qui va devoir, tout au long de sa vie,<br />
faire le choix entre la beauté du sport et l’enfer de<br />
la mafia. Notons que Italia : Love It Or Live it présenté<br />
à Villerupt par ses deux réalisateurs ainsi que<br />
la comédie Nessuno Mi Puo Giudicare ont également<br />
fait une bonne impression au jury… et aux<br />
spectateurs présents aux projections.<br />
Les autres prix du festival sont les suivants :<br />
Amilcar du grand jury : Sette Opere Di Misericordia<br />
de G. et M. De Serio • Amilcar du jury presse :<br />
Corpo Celeste de Alice Rohrwacher • Amilcar du<br />
jury jeune : Ruggine de Danilele Gaglianone •<br />
Amilcar du public : Scialla ! de Francesco Bruni.<br />
Des salles toujours pleines.<br />
Un festival en danger ?<br />
On espère de tout cœur que le festival pourra<br />
« passer au numérique » l’an prochain et que ses<br />
organisateurs trouveront des solutions financières<br />
pour y parvenir. Il y va de la survie de cet événement<br />
si important dans la vie locale…<br />
En attendant, encore bravo à toute l’équipe du festival<br />
et un grand merci à Antoine, Yves, Oreste et<br />
Sandrine pour cet accueil qui, une fois de plus et<br />
comme aurait pu le dire un des membres du jury<br />
exploitant, fut « haut-de-gamme » !