03.05.2019 Views

The Red Bulletin Mai 2019

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

FRANCE<br />

MAI <strong>2019</strong><br />

HORS DU COMMUN<br />

« Gamine, je ne<br />

savais pas qu’une<br />

équipe de France<br />

de foot féminine<br />

existait ! »<br />

Griedge<br />

Mbock<br />

La passionnée<br />

devenue Bleue<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec


FRANCE<br />

MAI <strong>2019</strong><br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

JOHANN<br />

Zarco<br />

renverse les clichés<br />

sur les pilotes moto


ÉDITORIAL<br />

LA COUPE<br />

À LA MAISON<br />

Un an sépare la finale de la coupe du monde masculine<br />

de celle, féminine, qui se déroulera au Groupama Stadium<br />

de Lyon le 7 juillet. La compétition majeure organisée sur<br />

nos terres (de Champions) révélera du très bon football,<br />

et des joueuses d’un excellent niveau dont la plupart ne<br />

bénéficient encore que d’une notoriété relative. Si tout<br />

se passe bien, la solide Griedge Mbock, joueuse de Lyon<br />

vêtue de bleu en une de ce numéro, sortira de l’anonymat<br />

pour avoir ramené la coupe à la maison.<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

TOM WARD<br />

Pour cet article sur la terrifiante<br />

course des marathons de Barkley,<br />

le journaliste anglais est allé se<br />

perdre dans les forêts du Tennesse<br />

(USA) pour y rencontrer son non<br />

moins fameux créateur : une<br />

personnalité complexe, comme<br />

les chemins qui ont fait la<br />

réputation de cet ultra-marathon<br />

tortueux. « J’avais entendu pas<br />

mal de choses à son sujet, et il ne<br />

m’a pas déçu !, dit Ward. C’est un<br />

type chelou et coloré. » Page 62<br />

FELIPE BARBOSA (COUVERTURE GRIEDGE MBOCK), RUUD BAAN (COUVERTURE JOHANN ZARCO)<br />

Deux talents français du sport. Griedge Mbock, 24 ans, et Johann Zarco,<br />

28 ans. La joueuse s’est imposée dans l’élite mondiale du football et le<br />

pilote roule cette saison en MotoGP sous les couleurs de KTM/<strong>Red</strong> Bull.<br />

Notez que ce mois-ci, <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> est décliné en<br />

mode collector, avec une seconde couverture dédiée<br />

à l’étonnant pilote français de MotoGP, Johann Zarco.<br />

Tirage spécial de près de 10 000 exemplaires, notamment<br />

distribués sur le Grand Prix moto du Mans et dans le<br />

réseau des partenaires de Johann, l’athlète à l’envers.<br />

Lisez plus !<br />

Votre Rédaction<br />

RUUD BAAN<br />

Le photographe et vidéaste<br />

hollandais a rejoint Paris en<br />

voiture pour shooter le pilote<br />

bondissant Johann Zarco<br />

page 38. « Bosser avec Zarco<br />

fut très cool, se souvient Ruud.<br />

Il était relax et avait plein d’idées<br />

pour rendre cette séance photo<br />

encore plus forte. » Au moment<br />

de reprendre sa bagnole pour<br />

repartir en Hollande, Baan doit<br />

revoir ses plans : le quartier est<br />

envahi par les gilets jaunes…<br />

THE RED BULLETIN 3


SOMMAIRE<br />

mai<br />

46<br />

REPORTAGES<br />

24 Au cœur du chaos<br />

S’en rapprocher alors qu’il faudrait fuir : les<br />

tornades et ceux qui les traquent ont inspiré<br />

à Krystle Wright ce reportage aux États-Unis.<br />

34 Science du rythme<br />

Entre ses études environnementales et ses<br />

activités de DJ et productrice, l’Anglaise<br />

Jayda G n’a jamais su choisir. Et vibre très fort.<br />

38 Johann Zarco<br />

Il roule à plus de 300 et peut faire des saltos à<br />

la demande. À part ça, Johann Zarco est un<br />

type posé, proche des siens et de son piano.<br />

46 Le monde est à elle<br />

Durant la coupe du monde féminine, la<br />

France n’aura d’yeux que pour elle et les<br />

Bleues. On vous présente Griedge Mbock.<br />

56 Permis de droner<br />

Chez les gars de Droneez, à Malakoff, vous<br />

pourrez suivre toutes les étapes qui feront de<br />

vous un pilote de drone aguerri.<br />

58 Boule de neige<br />

Ex-championne de snowboard, Anne-Flore<br />

Marxer est revenue du royaume de l’égalité<br />

des sexes – l’Islande – avec un documentaire.<br />

62 Lazarus Lake<br />

« Bonne chance les nazes ! » C’est ainsi que<br />

Lazarus Lake encourage les candidats à sa<br />

course folle : les marathons de Barkley.<br />

72 L’expérience GP<br />

Apprendre les basiques de la moto de compétition<br />

avec M. Dani Pedrosa, c’est faisable :<br />

du 14 au 16 juin, avec Destination <strong>Red</strong> Bull.<br />

FELIPE BARBOSA, KRYSTLE WRIGHT, GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL<br />

4 THE RED BULLETIN


« Soudain, des<br />

nuages lourds<br />

comme des<br />

enclumes se<br />

mettent à<br />

déchirer le ciel. »<br />

KRYSTLE WRIGHT<br />

Photographe dans la tourmente<br />

Page 24<br />

38<br />

24<br />

BULLEVARD<br />

Un mode de vie<br />

hors du commun<br />

7 Avec son contrôleur sur<br />

mesure, le gamer Snake<br />

Eyez monte en puissance<br />

10 Spot secret : le bowl était<br />

chez les nudistes, en fait...<br />

12 Avec Alma, la pop finlandaise<br />

ne se la pète jamais<br />

14 La conquête spatiale passera-t-elle<br />

par la vapeur ?<br />

16 L’instagrameuse virtuelle<br />

Lil Miquela, on like ou pas?<br />

18 Le snowboardeur Pierre<br />

Vaultier sur sa ligne rêvée<br />

20 Et si, sur un trip surf, l’hôtel<br />

se déplaçait avec vous ?<br />

22 DJ et producteur, Swindle<br />

orchestre son mélange<br />

GUIDE<br />

Voir. Avoir. Faire.<br />

78 Voyage : alerte tectonique !<br />

82 Agenda : restez branché<br />

84 Neymar’s Jr Five : un tournoi<br />

de foot à cinq qui peut<br />

conduire au Brésil...<br />

86 <strong>Red</strong> Bull TV : écran total<br />

88 Fast Packing : sortez léger<br />

96 Ours : ils et elles font<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />

98 Makes you fly : c’est la tuktuk<br />

mania au Sri Lanka<br />

THE RED BULLETIN 5


UN STYLE DE VIE HORS DU COMMUN<br />

BULLEVARD<br />

RICK RODNEY<br />

Lewis, 30 ans, et son<br />

prototype de manette<br />

personnalisée.<br />

CONTRÔLER<br />

SON FUTUR<br />

Darryl « Snake Eyez » Lewis<br />

veut améliorer sa performance<br />

en esport avec une nouvelle<br />

manette révolutionnaire.<br />

THE RED BULLETIN 7


Asymétrique,<br />

la manette<br />

se laisse plus<br />

naturellement<br />

prendre en<br />

main.<br />

Perdu au bout d’une<br />

route industrielle de<br />

Los Angeles, le campus<br />

IDEAS de UCLA Architecture<br />

and Urban Design ne<br />

paye pas de mine, vu de l’extérieur.<br />

À l’intérieur, c’est un<br />

paradis pour cerveaux inventifs.<br />

Une demi-douzaine d’imprimantes<br />

3D vrombissent en<br />

produisant des modèles en<br />

plastique aux formes inhabituelles<br />

: bâtiments difformes,<br />

chaînes à double hélice,<br />

motifs complexes en forme<br />

de flocons de neige. Dans<br />

l’immense espace, un groupe<br />

d’étudiants et de professeurs<br />

est réuni autour d’une<br />

immense table de conférence<br />

pour débattre d’une conception<br />

CAO projetée sur un<br />

écran géant.<br />

De l’autre côté du hangar,<br />

un bras robotique géant tient<br />

un projecteur qui affiche la<br />

scène d’un jeu vidéo sur un<br />

grand écran. Debout devant<br />

l’écran, un homme en sweat à<br />

capuche et pantalon de survêtement<br />

joue à Street Fighter V<br />

en utilisant une manette qui<br />

ne lui est pas familière. Ce<br />

joueur est Darryl « Snake<br />

Eyez » Lewis, l’un des meilleurs<br />

gamers au monde. Et<br />

cette drôle de manette qu’il<br />

tient ? Le résultat de plus d’un<br />

an de collaboration avec une<br />

équipe d’IDEAS afin d’améliorer<br />

son prototype.<br />

Lewis, 30 ans, a été révélé<br />

au grand public avec une première<br />

place au Super Street<br />

Fighter II à l’EVO 2010. Il est<br />

maintenant considéré comme<br />

l’un des meilleurs joueurs de<br />

Street Fighter V. Pourtant,<br />

jusque-là, la manette qu’il<br />

utilisait – celle d’une manette<br />

XBOX 360 modifiée pour<br />

fonctionner sur une PS4 –<br />

l’empêchait de progresser.<br />

Elle se cassait trop souvent (à<br />

200 $ pièce, ça fait réfléchir)<br />

et les boutons étaient mal placés.<br />

Les joueurs perspicaces<br />

pouvaient lire ses mouvements<br />

en observant ses mains.<br />

C’est là que le programme<br />

IDEAS est intervenu. À l’automne<br />

2017, Lewis s’est joint<br />

à la professeure Marta Nowak<br />

et à un groupe d’étudiants<br />

dans le cadre de leur séminaire<br />

d’études supérieures en<br />

technologie afin d’essayer de<br />

concevoir une meilleure<br />

manette. La modification des<br />

circuits internes, hautement<br />

réglementés afin de s’assurer<br />

qu’aucun joueur ne soit avantagé,<br />

est interdite. <strong>Mai</strong>s il est<br />

possible de travailler sur le<br />

design extérieur et d’aller<br />

au-delà d’une manette<br />

Sur le campus IDEAS de UCLA Architecture and Urban Desig, un bras<br />

robotique tient un projecteur qui affiche des jeux vidéo pour Lewis.<br />

8 THE RED BULLETIN


B U L L E V A R D<br />

RICK RODNEY ADREW LEWIS<br />

Lewis, alias Snake<br />

Eyez, veut tester sa<br />

nouvelle manette<br />

dans des tournois<br />

de combat d’élite.<br />

LA MANETTE LUI OFFRE<br />

DÉJÀ UNE AMÉLIORATION<br />

DANS SA PERFORMANCE.<br />

universelle afin de créer<br />

quelque chose spécialement<br />

conçu pour Lewis et le jeu de<br />

combat dans lequel il excelle.<br />

« Je comparerais cela à des<br />

chaussures de sport, dit<br />

Nowak. Vous allez au magasin<br />

de baskets et il y a des centaines<br />

de modèles pour des<br />

usages différents. »<br />

Les chercheurs ont assisté<br />

à des tournois et observé les<br />

joueurs d’élite. Ils ont capté<br />

les mouvements de Lewis<br />

pendant qu’il jouait, ont fixé<br />

des capteurs à sa manette afin<br />

de cartographier ses points de<br />

contact et de pression, et l’ont<br />

interrogé sur sa façon de jouer.<br />

Leur premier constat fut que la<br />

manette de Lewis était beaucoup<br />

trop petite pour ses<br />

mains et qu’elle faisait transpirer.<br />

Ils ont également constaté<br />

qu’il la tenait avec sa main<br />

gauche et qu’il s’ajustait avec<br />

sa main droite. Surpris, Lewis<br />

pensait l’inverse.<br />

Le résultat est une manette<br />

asymétrique avec une poignée<br />

gauche allongée pour la prise<br />

en main et une partie plus<br />

étroite à droite, pour les boutons.<br />

Les crêtes inclinées le<br />

long du côté gauche et audessus<br />

des boutons aident<br />

Lewis à placer ses mains sans<br />

regarder et à dissimuler ses<br />

doigts du regard de ses<br />

adversaires. Les boutons sont<br />

décentrés (et non perpendiculaires<br />

comme sur les manettes<br />

actuelles) pour correspondre<br />

davantage à l’angle naturel<br />

de la main. Les textures différentes<br />

sur le contrôleur facilitent<br />

le repositionnement des<br />

mains et réduisent la transpiration<br />

en permettant la circulation<br />

de l’air.<br />

Lewis, qui teste la manette<br />

depuis quelques semaines<br />

déjà, suggère que l’on apporte<br />

des ajustements mineurs,<br />

comme raboter quelques millimètres<br />

de la manette pour la<br />

rendre plus confortable. <strong>Mai</strong>s<br />

il voit déjà une amélioration<br />

dans sa performance. La<br />

réduction de transpiration<br />

combinée au confort de la<br />

nouvelle manette a augmenté<br />

son endurance. Et l’ergonomie<br />

améliorée réduit la pression<br />

sur les boutons, ce qui<br />

devrait se traduire par une<br />

plus grande durabilité. Snake<br />

Eyez pense qu’il sera capable<br />

de jouer à un haut niveau<br />

avec plus de consistance et<br />

pour des périodes de temps<br />

prolongées. « La confiance y<br />

est pour beaucoup, dit-il. Sans<br />

ces problèmes, je vais avoir<br />

davantage confiance en moi. »<br />

Il considère les perspectives<br />

commerciales pour le<br />

contrôleur comme une « question<br />

très intéressante ».<br />

L’équipe envisage d’autres<br />

options – tant Lewis que<br />

UCLA partageraient les bénéfices<br />

financiers. Ils sont à la<br />

recherche de versions de<br />

tailles différentes afin que<br />

tout le monde ait accès à<br />

l’ajustement idéal. <strong>Mai</strong>s Lewis<br />

a hâte de s’engager dans des<br />

tests « de haute intensité » en<br />

réel. Il va d’abord utiliser la<br />

manette lors de tournois<br />

locaux et ne devrait pas tarder<br />

à en faire de même dans<br />

des tournois d’élite. « Cette<br />

manette ne semble pas très<br />

différente », dit Lewis pendant<br />

que Nowak rayonne de<br />

fierté et poursuit : « À l’intérieur,<br />

c’est vrai. <strong>Mai</strong>s l’extérieur<br />

est complètement différent.<br />

On a alors fait ce qu’il<br />

aimait, mais en mieux. »<br />

THE RED BULLETIN 9


Session<br />

LE SKATE<br />

MIS À NU<br />

B U L L E V A R D<br />

Vestige d'une ancienne colonie de<br />

nudistes des environs de Palm<br />

Springs en Californie, le Nude Bowl,<br />

autrefois une piscine, est aujourd’hui<br />

un spot de légende pour<br />

les skateurs, qui ne se livre pas facilement.<br />

Le photographe Dan Krauss<br />

a dû faire des recherches approfondies<br />

pour le localiser : « J’ai ratissé<br />

Google Earth afin de le trouver en<br />

me basant sur de vagues descriptions<br />

trouvées en ligne. » Puis il a<br />

convaincu un skateur pro de l’accompagner.<br />

Le photographe a alors<br />

passé une journée à shooter Ryan<br />

Decenzo s’offrant le bowl.<br />

Instagram : @dankrauss<br />

DAN KRAUSS<br />

10 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 11


B U L L E V A R D<br />

ALMA<br />

« EN FINLANDE,<br />

NOUS SOMMES<br />

NORMAUX »<br />

La queen pop britannique<br />

Charli XCX adore cette<br />

artiste finlandaise très<br />

sincère. À votre tour ?<br />

et des pressions de la vie de<br />

tous les jours. Sont-elles<br />

autobiographiques ?<br />

Complètement. Pour moi,<br />

écrire des chansons est une<br />

forme de thérapie ; une manière<br />

de transformer les mauvaises<br />

expériences en moments<br />

glorieux où tu envoies tout balader.<br />

J’ai aussi envie que mes<br />

fans se sentent libérés en écoutant<br />

mes chansons. Enfant,<br />

j’écoutais de la musique qui me<br />

faisait me sentir puissante.<br />

Laquelle par exemple ?<br />

Amy Winehouse. Elle était<br />

honnête dans chacune de ses<br />

chansons. Même si je n’avais<br />

pas les mêmes problèmes<br />

qu’elle, je ressentais sa douleur<br />

et du coup, je me sentais<br />

mieux, plus sûre de moi.<br />

Avez-vous un conseil pour se<br />

débarrasser des problèmes<br />

qui nous pèsent ?<br />

Noter ses pensées, ses idées<br />

noires. Le fait de tenir un<br />

journal, de parler à un ami,<br />

ça permet de se rendre compte<br />

de ce qui ne va pas. Moi, ça<br />

m’a beaucoup aidée<br />

A lma semblait surgir<br />

de nulle part. En 2017, cette<br />

auteure-compositrice-interprète<br />

aux cheveux fluo, née<br />

Alma-Sofia Miettinen et venue<br />

de la petite ville finlandaise de<br />

Kuppio, sortait Chasing Highs,<br />

un joyau de dance époustouflant<br />

qui la catapulte parmi les<br />

Top 20 en Allemagne et au<br />

Royaume-Uni. La chanson a<br />

été visionnée plus de quarante<br />

millions de fois sur YouTube et<br />

a valu à Alma d’être nommée<br />

pour le Sound of 2018 de la<br />

BBC. Son premier album Have<br />

You Seen Her? vient de sortir,<br />

et l’artiste de 23 ans nous<br />

révèle comment elle transforme<br />

les mauvais souvenirs<br />

en « rien à foutre ».<br />

the red bulletin : Après<br />

le succès de Chasing Highs,<br />

vous être rentrée en Finlande<br />

pour enregistrer votre premier<br />

album. Pourquoi là-bas<br />

plutôt qu’à Los Angeles ?<br />

alma : Lorsque je suis à Los<br />

Angeles, je n’ai aucun souci,<br />

il fait beau, je suis heureuse,<br />

et les fêtes sont super, mais<br />

je ne me sens pas inspirée.<br />

Les problèmes rendent-ils<br />

créatif ?<br />

J’écris aussi sur des sujets<br />

drôles, mais les difficultés et<br />

les mauvais souvenirs, les trucs<br />

de la vraie vie, sont ce que je<br />

trouve de plus inspirant. Ce<br />

sont des choses que je retrouve<br />

uniquement chez moi.<br />

Une grande partie des chansons<br />

de Have You Seen Her?<br />

traite de l’acceptation de soi<br />

« NOTER MES<br />

PENSÉES,<br />

MES IDÉES<br />

NOIRES, M’A<br />

BEAUCOUP<br />

AIDÉE. »<br />

Alma a dédié le titre<br />

Karma à tous ceux<br />

qui la persécutaient<br />

et essayaient de la<br />

rabaisser dans son<br />

enfance.<br />

En ce moment, beaucoup de<br />

jeunes musiciennes scandinaves<br />

rencontrent un succès<br />

international. Pourquoi ?<br />

Parfois j’écoute de la musique<br />

pop américaine qui me donne<br />

envie de danser, mais elle ne<br />

me touche pas à un niveau<br />

plus profond ni émotionnel.<br />

Beaucoup de gens ont envie<br />

d’authenticité en musique ;<br />

le public veut des histoires<br />

qui paraissent vraies. À cet<br />

égard, je pense que les artistes<br />

scandinaves sont un atout<br />

en ce moment.<br />

En quoi ?<br />

Ils n’essaient pas de faire paraître<br />

leur vie plus palpitante<br />

qu’elle ne l’est. Nous sommes<br />

juste très normaux et simples.<br />

C’est très utile pour écrire des<br />

chansons convaincantes.<br />

Le premier album d’Alma,<br />

Have You Seen Her?, vient de<br />

sortir ; cyberalma.com<br />

FLORIAN OBKIRCHER<br />

12 THE RED BULLETIN


B U L L E V A R D<br />

À l’ancienne<br />

<strong>2019</strong>, L’ODYSSÉE<br />

DE LA VAPEUR...<br />

WINE REND LA<br />

CONQUÊTE SPATIALE<br />

MOINS CHRONOPHAGE.<br />

La navigation spatiale se tourne vers<br />

les machines à vapeur avec un engin<br />

jamais à court de carburant. Véridique.<br />

L’astronef prototype WINE n’est pas<br />

plus gros qu’un four à micro-ondes.<br />

1<br />

L a vapeur. Si c’est elle<br />

qui nous a propulsés dans l’ère<br />

industrielle, les machines à<br />

vapeur font aujourd’hui office<br />

de pièces de musée depuis<br />

l’apparition de l’électricité et<br />

de carburants plus efficaces<br />

comme le gaz naturel ou le<br />

pétrole. Les machines à<br />

vapeur modernes pourraient<br />

pourtant bientôt faire sensation<br />

dans un domaine de<br />

pointe : la navigation interstellaire.<br />

En coopération avec la<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

startup californienne Honeybee<br />

Robotics, des chercheurs<br />

de l’université de Floride<br />

(États-Unis) ont conçu un<br />

astronef à vapeur capable<br />

d’extraire de l’eau de la surface<br />

d’un astéroïde afin de<br />

disposer d’une source inépuisable<br />

de carburant pour explorer<br />

l’espace. Portant le nom de<br />

WINE, pour <strong>The</strong> World Is Not<br />

Enough, l’engin de la taille<br />

d’un four à micro- ondes a déjà<br />

fait ses preuves sur un astéroïde<br />

simulé et sous vide.<br />

« WINE est parvenu à extraire<br />

de l’eau du sol, à fabriquer de<br />

quoi propulser la fusée et à<br />

décoller grâce à un jet de<br />

vapeur produit à partir de la<br />

1. Le vaisseau atterrit<br />

sur un astéroïde ou<br />

tout autre corps du<br />

système solaire.<br />

2. Des appareils de<br />

carottage percent des<br />

minéraux hydratés ou<br />

du régolithe glacé.<br />

3. Des radiateurs<br />

à l’intérieur de la<br />

perceuse extraient<br />

l’eau du régolithe.<br />

4. La vapeur d’eau<br />

remonte depuis la<br />

perceuse et gèle dans<br />

un piège à froid.<br />

5. L’eau est chauffée<br />

afin de créer de<br />

la vapeur à haute<br />

pression qui servira<br />

de carburant.<br />

simulation, explique Phil<br />

Metzger, planétologue à l’UCF.<br />

C’est fantastique. »<br />

La navigation spatiale à<br />

l’aide de la vapeur d’eau est<br />

une option tout à fait sérieuse,<br />

comme le prouvent les dernières<br />

missions spatiales,<br />

avortées en cours de route par<br />

manque de carburant : la<br />

sonde Cassini, alimentée au<br />

plutonium pour rejoindre<br />

Saturne, et Dawn, propulsée<br />

aux ions pour explorer les<br />

ceintures d’astéroïdes. « Nous<br />

avons perdu des investissement<br />

énormes après avoir<br />

construit ces sondes et les<br />

avoir envoyées vers leur<br />

cible », regrette Metzger.<br />

Comme l’eau existe en<br />

abondance dans l’univers et<br />

que « WINE est conçu pour ne<br />

jamais manquer de carburant<br />

», l’exploration sera moins<br />

coûteuse. « Nous pourrions<br />

utiliser cette technologie pour<br />

aller explorer la Lune, Cérès,<br />

Europe, Titan, Pluton…<br />

partout où il y a de l’eau et où<br />

la gravité est faible. Et comme<br />

on n’aura plus besoin d’attendre<br />

des années pour qu’une<br />

nouvelle sonde fasse le chemin<br />

depuis la Terre, cela nous<br />

fera économiser beaucoup de<br />

temps. »<br />

Partiellement financé par<br />

la NASA, WINE nécessite<br />

encore des partenaires pour<br />

poursuivre sa conquête<br />

spatiale à la vapeur.<br />

honeybeerobotics.com<br />

HONEYBEE ROBOTICS LOU BOYD CHRISTINA LOCK<br />

14 THE RED BULLETIN


B U L L E V A R D<br />

76,1 k<br />

1 776<br />

Lil Miquela<br />

PLUS FAUSSE<br />

QU'UNE AUTRE ?<br />

Les androïdes prennent la relève sur<br />

Instagram. Rencontre avec une<br />

« fake » vedette des réseaux sociaux.<br />

M iquela Sousa est<br />

l’une des influenceuses les<br />

plus sexy d’Instagram. Le million<br />

et demi d’abonnés de<br />

« Lil Miquela » parcourt ses<br />

posts afin de découvrir ses<br />

tenues et apprendre à quelles<br />

fêtes exclusives elle a participé.<br />

<strong>Mai</strong>s ce qui différencie<br />

cette superstar des réseaux<br />

de ses collègues, c’est qu’elle<br />

n’existe pas en dehors de<br />

ses publications.<br />

« Je suis musicienne, j’ai<br />

19 ans, et je suis un robot »,<br />

écrit-elle sur son blog pour le<br />

label streetwear haut de<br />

gamme Opening Ceremony.<br />

« J’ai été construite par Cain<br />

Intelligence, une entreprise<br />

de la Silicon Valley. »<br />

Miquela est un avatar né de<br />

l’infographie et de la retouche<br />

d’image. Brud, la start-up<br />

américaine à son origine,<br />

travaille à « un monde plus<br />

tolérant envers la robotique,<br />

l’intelligence artificielle et la<br />

culture ». Derrière le visage<br />

souriant de Miquela se cachent<br />

des businessmen avisés : Brud<br />

aurait reçu 18 millions d’euros<br />

par des investisseurs pour<br />

soutenir leurs projets d’influenceurs<br />

virtuels. Contrairement<br />

aux influenceurs<br />

humains, qui disposent d’un<br />

réel libre arbitre, les avatars<br />

sont entièrement contrôlés et<br />

contrôlables, pour s’adapter<br />

aux besoins commerciaux.<br />

« Brud se sert de Miquela<br />

pour vendre ses idées,<br />

explique Christophe Brumby ,<br />

spécialiste des stratégies<br />

créatives. Elle s’adresse à un<br />

réseau de personnes très<br />

influentes à l’échelle mondiale<br />

et hautement connectées.<br />

Elle synthétise ce qui est dans<br />

l’air du temps comme<br />

personne. » L’existence fabriquée<br />

de toutes pièces de<br />

Miquela a trouvé sa place au<br />

milieu du flux des images<br />

filtrées et photoshopées d’Instagram.<br />

« Qu’elle soit réelle ou<br />

non, cela ne change rien. Tout<br />

le monde l’a acceptée. »<br />

Miquela pourrait bien<br />

donner son propre avis d’ici<br />

peu. « La technologie permettra<br />

bientôt aux influenceurs<br />

virtuels d’utiliser des données<br />

pour produire leur propre fil<br />

d’actualité, dit Brumbly. Ils<br />

repousseront bientôt les<br />

limites de ce qui les inhibe<br />

actuellement, en utilisant des<br />

manipulations vidéo qui les<br />

rendront plus vivants. »<br />

Miquela a choisi de ne pas<br />

prendre part à la discussion.<br />

« Ce sont sûrement des histoires<br />

étranges de sciencefiction,<br />

je préfère ne pas y<br />

penser. » Finalement, est-elle<br />

plus « fake » que certaines<br />

« vraies » influenceuses ?<br />

Instagram : @lilmiquela<br />

BRUD LOU BOYD<br />

16 THE RED BULLETIN


Pierre Vaultier<br />

PAS L’OMBRE<br />

D’UN DOUTE<br />

B U L L E V A R D<br />

Trois mètres de large, plus de 250 de<br />

long. Une ligne et des modules sur<br />

mesure pour Pierre Vaultier. « Je voulais<br />

du jamais vu, dit le champion olympique<br />

de snowboard-cross. Du flow, du fun,<br />

pour m’exprimer techniquement. »<br />

Une équipe de shapers menée par<br />

Xavier Marcou a trimé deux semaines<br />

à Serre Chevalier, chez Pierre, pour<br />

cette ligne. « Au moment de me lancer,<br />

j’avais plus de pression qu’aux JO »,<br />

avouera-t-il.<br />

L’incroyable histoire du projet<br />

Shapes sur win.gs/Shapes<br />

TRISTAN SHU<br />

18 THE RED BULLETIN


THE RED BULLETIN 19


B U L L E V A R D<br />

Trip surf<br />

L’HÔTEL DE LA PLAGE<br />

Trouver le meilleur spot pour surfer et dormir… Un mode de vie pour<br />

certains. Ce camion convertible de luxe se gare devant les vagues.<br />

Pièces communes tout équipé, cinq chambres doubles. La vue imprenable<br />

sur la mer est dans l’offre de base. Djembé non inclus.<br />

Lorsqu’il est immobile,<br />

le Truck Surf<br />

utilise un système<br />

hydraulique pour<br />

s’agrandir.<br />

Q uel surfeur n’a<br />

jamais rêvé de tout plaquer<br />

pour vivre au gré des vagues,<br />

avec son camion et sa planche<br />

de surf pour tous compagnons<br />

? Sauf que, dans la réalité,<br />

vivre dans un camion<br />

toute l’année n’a rien de<br />

romantique.<br />

Forts de leur longue expérience<br />

de «globe- surfeurs», les<br />

Portugais Daniela Carneiro et<br />

Eduardo Ribeiro ont un jour<br />

l’idée de créer leur camping-car<br />

de luxe. En coopération<br />

avec une entreprise spécialisée<br />

dans la construction<br />

de mobile homes, ils transforment<br />

un puissant camion<br />

Mercedes Actros en hôtel<br />

mobile pour dix personnes.<br />

Le Truck Surf Hotel ressemble<br />

à un véhicule quelconque<br />

lorsqu’il est sur la<br />

route, mais une fois garé, son<br />

système hydraulique secret<br />

permet au toit du camion de<br />

s’élargir et de faire place à<br />

cinq chambres doubles, un<br />

salon, une cuisine, une salle<br />

de bain et une douche, plus<br />

une sélection de vingt-cinq<br />

planches et combinaisons<br />

pour les séances de surf<br />

spontanées.<br />

« C’est Eduardo qui a eu<br />

l’idée, dit Carneiro. En travaillant<br />

dans le monde du surf, il<br />

a vite compris le besoin qu’ont<br />

les surfeurs de varier les lineups<br />

et cette envie de découvrir<br />

des plages et des cultures<br />

nouvelles. » En parcourant les<br />

côtes du Portugal et du Maroc,<br />

Carneiro et Ribeiro usent de<br />

leur expertise pour dénicher<br />

les meilleures vagues de la<br />

région pendant que leurs<br />

hôtes dorment.<br />

Chaque matin, les hôtes<br />

trouvent un petit- déjeuner<br />

prêt à leur réveil et, au-delà<br />

de la terrasse du salon, une<br />

nouvelle plage qui leur promet<br />

une délicieuse session de surf.<br />

Si la météo change, le camion<br />

démarre.<br />

Selon l’endroit et la saison,<br />

les prix pour une semaine à<br />

bord du camion démarrent à<br />

600 € par personne. « Nous<br />

sommes des moniteurs de<br />

surf : un voyage en camion est<br />

donc l’occasion idéale pour<br />

perfectionner sa technique et<br />

vivre au plus près la vraie mentalité<br />

du surf : une vie dans la<br />

nature, entouré de ses potes,<br />

au gré des vagues, sans savoir<br />

où demain nous mène… »<br />

trucksurfhotel.com<br />

DANIELA CARNEIRO LOU BOYD<br />

20 THE RED BULLETIN


© Photo : Climbing Technology<br />

Paris<br />

48, rue des Écoles 75005<br />

Lyon | Thonon-les-Bains | Sallanches<br />

Toulouse-Labège | Strasbourg | Albertville<br />

Marseille | Grenoble<br />

Chambéry, LA boutique 100 % Coin des Affaires<br />

www.auvieuxcampeur.fr<br />

AuVieuxCampeurSociete<br />

auvieuxcampeur<br />

@auvieuxcampeur<br />

@Au_VieuxCampeur<br />

Trail – Running – Ski – Ski nordique – Snowboard – Alpinisme – Grimpe – Randonnée – Escalade – Via ferrata – Slackline –<br />

Plein-air – Marche – Vélo – Triathlon – Natation – Canyoning – Spéléologie – Minéralogie – Camping – Scoutisme – Canoë<br />

– Kayak – Stand-Up Paddle – Voile – Sports nautiques – Apnée – Plongée sous-marine – Voyage – Professionnel – Secours –


B U L L E V A R D<br />

Swindle<br />

« LE SON<br />

DU 2001<br />

DE DR. DRE<br />

EST PUR »<br />

Sa musique éclectique<br />

a été influencée par<br />

cinq albums de référence<br />

qu’il dévoile ici.<br />

ED RUSH & OPTICAL<br />

THE CREEPS (2000)<br />

« Cet album génial me fait danser,<br />

et il va aussi vous faire danser !<br />

Avec <strong>The</strong> Creeps, la barre a été<br />

placée très haut : c’est une<br />

référence de qualité en matière<br />

de drum and bass. »<br />

Cameron Palmer,<br />

aka Swindle, est<br />

l’un des producteurs<br />

les plus passionnants<br />

et versatiles du moment au<br />

Royaume-Uni. Il grandit<br />

dans une famille de mélomanes<br />

au son du jazz, du<br />

funk et du R&B, débute le<br />

piano à huit ans et enregistre<br />

déjà sa musique à<br />

quatorze ans. En janvier,<br />

l’artiste du sud de Londres<br />

sortait son troisième album,<br />

No More Normal, une collaboration<br />

d’artistes issus<br />

d’horizons très variés – du<br />

génial saxophoniste de jazz<br />

Nubya Garcia aux voix soul<br />

vintage d’Andrew Ashong,<br />

en passant par les punchlines<br />

du rappeur Kojey Radical<br />

et les rythmes grime de<br />

Ghetts. « La musique est devenue<br />

très accessible.<br />

Chaque été, à Londres, nous<br />

mélangeons les genres et en<br />

créons de nouveaux, raconte<br />

Swindle, 31 ans. Mon rêve<br />

est de réunir ce qu’il se fait<br />

de mieux en jazz en ce moment,<br />

couplé avec les meilleurs<br />

rappeurs, poètes ou<br />

MC’s, bref, tous ceux qui<br />

poursuivent un but artistique.<br />

» Swindle a rassemblé<br />

pour vous cinq souvenirs clé<br />

de sa formation musicale...<br />

No More Normal, un docu à<br />

voir sur redbull.com<br />

DR. DRE<br />

2001 (1999)<br />

« Cet album a eu une influence<br />

majeure sur mes derniers opus.<br />

Je repense à ce que 2001 m’a fait<br />

ressentir à sa sortie. En termes de<br />

son, il est pur. J’adore aussi son<br />

approche collaborative. Le travail<br />

de Dre a généré un nouveau standard<br />

de qualité dans le rap. »<br />

RONI SIZE PRESENTS<br />

THROUGH THE EYES (2000)<br />

« J’ai été accro à cela (une compilation<br />

drum and bass, présentée<br />

par Roni Size, ndlr) pendant longtemps.<br />

Ado, j’étais à fond sur la<br />

drum’n’bass et les radios libres.<br />

Dans mon quartier de Londres,<br />

nos vies se résumaient à la musique,<br />

au skate et aux graffitis. »<br />

HERBIE HANCOCK<br />

MR HANDS (1980)<br />

« Les goûts de mon père ont eu<br />

une grande influence sur moi.<br />

Il a joué de la guitare pendant<br />

cinquante ans. Il écoutait tous<br />

les génies du jazz, du R&B et du<br />

funk. J’ai hérité de sa collection<br />

de disques. Lorsqu’on grandit<br />

en baignant dans le bon son, on<br />

reconnaît la qualité d’un album<br />

à l’écoute – comme ici. Certains<br />

de mes premiers samples proviennent<br />

d’enregistrements<br />

de la collection de mon père. »<br />

QUINCY JONES<br />

Q’S JOOK JOINT (1995)<br />

« La liste des musiciens sur<br />

cet album est incroyable. J’ai<br />

grandi au son de Marcus Miller<br />

et de George Benson. J’ai très<br />

envie de reprendre ce concept<br />

et de produire des albums<br />

qui célèbrent les musiciens,<br />

à l’image de celui-ci. »<br />

ADAMA JALLOH LOU BOYD<br />

22 THE RED BULLETIN


BATTLE D’IMPRO<br />

<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />

12/04 - NANTES - LE FERRAILLEUR<br />

19/04 - MARSEILLE - L’AFFRANCHI<br />

26/04 - PARIS - LE TRABENDO<br />

INFOS ET BILLETTERIE SUR REDBULL.COM/DERNIERMOT


AU CŒUR DU<br />

CHA<br />

Du répit face<br />

au monstre<br />

Après avoir suivi un orage<br />

supercellulaire à travers le<br />

Wyoming, l’équipe de cinq<br />

personnes profite d’une<br />

accalmie avant de se diriger<br />

vers le sud pour poursuivre<br />

leur traque. « Un ciel<br />

de ce genre signifie que<br />

vous êtes sur le flanc sudest<br />

de la tempête, celui où<br />

l’on peut reconnaître des<br />

animaux dans les nuages »,<br />

raconte la photographe<br />

Krystle Wright.<br />

24


OSL’été<br />

dernier, l’aventurière et photographe<br />

Krystle Wright a suivi le chasseur de tempêtes<br />

Nick Moir et son équipe dans la Tornado Alley<br />

des Grandes Plaines (USA), à la poursuite<br />

des éléments en furie…<br />

Texte NORA O’DONNELL<br />

Photos KRYSTLE WRIGHT


Tenir bon !<br />

Nick Moir (à droite) et Keith<br />

Ladzinski font face à des<br />

vents de 110 km/h pendant<br />

une tempête de sable dans<br />

le nord du Texas. « Difficile<br />

de garder les yeux ouverts,<br />

j’avais l’impression qu’on<br />

allait être emportés »,<br />

se souvient Wright.


C« Ce bordel peut vite mal tourner. » Voilà<br />

ce que Krystle Wright dit à ceux qui se<br />

lancent dans la chasse aux tempêtes.<br />

« C’est génial, mais il faut y aller avec<br />

quelqu’un qui a de l’expérience », poursuit<br />

la photographe australienne.<br />

Pour elle, le prof fut Nick Moir, photographe<br />

en chef du Sydney Morning Herald,<br />

qui a passé sa carrière à chasser les tempêtes<br />

et les feux de brousse partout dans<br />

le monde. L’été dernier, avec une petite<br />

équipe, Wright a suivi Moir dans le Midwest<br />

américain pour tourner un court<br />

métrage sur les conditions météorologiques<br />

violentes tristement célèbres de<br />

Tornado Alley. Douze jours durant, ils ont<br />

parcouru près de 13 000 km, à enchaîner<br />

les allers-retours entre Texas, Nouveau-Mexique,<br />

Oklahoma, Kansas, Colorado<br />

et Wyoming.<br />

Les matins commençaient par un ciel<br />

d’un bleu parfait mais au fur et à mesure<br />

que la journée avançait, l’air se remplissait<br />

de nuages style pop-corn. En<br />

quelques heures, les petits nuages blancs<br />

se transformaient en orage supercellulaire<br />

monstrueux avec un fort courant<br />

tourbillonnant ascendant qui peut produire<br />

des grêlons de la taille d’une balle<br />

de golf, des vents atteignant 100 km/h,<br />

des éclairs intenses et des tornades d'une<br />

effrayante intensité qui détruisent tout<br />

sur leur passage.<br />

Un jour, dans l’est du Colorado,<br />

l’équipe assiste à un spectacle rare : une<br />

double tornade. « Le ciel a littéralement<br />

pris vie alors que des nuages noirs tourbillonnaient<br />

dans des vortex tout autour de<br />

nous, dit Wright. Nous faisions des allersretours<br />

sur de longues routes de terre<br />

rectilignes jusqu’à ce que Nick crie : “Et<br />

merde ! Fonce, Krystle !” Mes doigts se<br />

sont agrippés au volant pendant que nous<br />

filions vers le sud. Deux ou trois kilomètres<br />

devant nous, la première tornade<br />

mésocyclonique a commencé à se former<br />

et, à notre grande surprise, en quelques<br />

secondes, une trombe terrestre secondaire<br />

s’est formée juste à côté de celle-ci.<br />

J’ai pensé que la raison l’emporterait,<br />

mais voilà que je me dirigeais vers elles,<br />

pour m’en rapprocher. »<br />

Voici les photos de leur odyssée vers<br />

les « Monstres des Grandes Plaines ».<br />

« Nous acceptons tous le risque que<br />

les choses puissent mal tourner.<br />

Mère Nature règne en maîtresse. »<br />

KEITH LADZINSKI<br />

27


Une autre tempête de sable<br />

au Texas, au sud d’Amarillo.<br />

« J’avais l’impression d’être<br />

au beau milieu de l’apocalypse<br />

en voiture, dit Wright.<br />

On pouvait à peine voir<br />

15 mètres devant soi. »<br />

« Je me suis arrêtée parce que je me sentais mal.<br />

“I came to a stop because I didn’t feel good. A tornado was<br />

Tout au long de leur périple,<br />

les membres de l’équipe ont<br />

traversé de nombreuses<br />

villes peu peuplées. Ici, à<br />

Texola (Oklahoma), Ralph<br />

et son chien vaquent à leurs<br />

occupations tandis qu’un<br />

orage supercellulaire se<br />

forme derrière eux.


L’orage passe au-dessus<br />

d’un quartier désaffecté<br />

de Texola (Oklahoma),<br />

confèrant à l’endroit un air<br />

de profonde désolation.<br />

forming right in front of us, but we could barely see it.”<br />

Une tornade se formait, qu’on devinait à peine. »<br />

À Panhandle, Texas, Moir sort<br />

du véhicule et part en reconnaissance.<br />

« Les choses sont<br />

devenues vraiment étranges<br />

cet après-midi-là, se souvient<br />

Wright. Nous n’avions pas<br />

de belles images. »<br />

29


« Soudain, des nuages lourds comme<br />

des enclumes se mettent à déchirer<br />

le ciel. D’où sortent-ils ? »


Et le ciel se<br />

transforme<br />

« Le matin, l’horizon est<br />

bleu. On se demande vraiment<br />

ce qu’il se passe làhaut<br />

pour que le ciel se<br />

transforme en un tel<br />

monstre à la fin de la journée<br />

», s’exclame Wright.<br />

Au Texas, cette formation<br />

météorologique charrie<br />

du sable avec elle, puis<br />

prend la forme d’une véritable<br />

tempête de sable.<br />

31


« Nick Moir est animé par un sentiment très fort<br />

pour la nature. Il la documente sous toutes ses<br />

formes. Dans la beauté ou la dévastation. »<br />

Ligne de front<br />

Nick Moir fait front à une<br />

tempête de sable au Texas.<br />

« Nick a vingt ans d’expérience<br />

dans la traque des<br />

tempêtes alors que le reste<br />

d’entre nous était inexpérimenté,<br />

explique Wright. Et il<br />

est tellement enthousiaste<br />

qu’il est capable de transmettre<br />

son intérêt pour les<br />

nuages à n’importe qui. »


À vous<br />

rendre fou<br />

Voici l’illustration parfaite<br />

d’un orage supercellulaire<br />

(photographié ici dans le<br />

nord du Texas). Au bas de<br />

l’image, on distingue un<br />

mur de nuages. « Je suis<br />

presque déçue qu’une<br />

tornade ne se soit pas<br />

formée », ironise Wright.<br />

La photographe se faufile<br />

sur une propriété privée<br />

en Oklahoma pour saisir<br />

ces chevaux devant<br />

une grosse tempête,<br />

au coucher du soleil.<br />

33


JAYDA G<br />

La science<br />

du rythme<br />

Texte FLORIAN OBKIRCHER<br />

et LOU BOYD<br />

Jayda G enflamme les clubs autant<br />

grâce à ses fameux sets funky que<br />

par son enthousiasme très contagieux<br />

aux platines. Il suffit de la<br />

regarder bouger lorsqu’elle mixe pour<br />

avoir envie de danser. <strong>Mai</strong>s Jayda n’a<br />

pas qu’une carrière de DJ international<br />

en tête : elle souhaite utiliser sa<br />

notoriété croissante pour promouvoir<br />

le bien commun.<br />

Née dans les montagnes canadiennes, près de Vancouver,<br />

Jayda Guy était loin d’être la candidate attendue pour une<br />

carrière de DJ international. Sa première passion était la biologie<br />

marine, un choix qui l’a menée très loin des points musicaux<br />

les plus chauds de la planète. « Je voulais faire plein de<br />

choses sur le terrain, explique Jayda, titulaire d’un Master en<br />

gestion des ressources et de l’environnement avec une spécialisation<br />

en toxicologie environnementale. J’ai donc fini dans<br />

beaucoup d’endroits isolés où les arts et la culture ne comptent<br />

pas vraiment. <strong>Mai</strong>s Dieu merci, il y avait internet. » Son autre<br />

vie a commencé quand elle s’est mise à mixer pour le plaisir<br />

FARAH NOSH<br />

34 THE RED BULLETIN


« Quand vous faites<br />

participer les gens dans<br />

un contexte positif, ils<br />

deviennent réceptifs. »


« Les DJ’s qui ne<br />

bougent pas... je ne<br />

comprends pas ! »<br />

durant ses études et elle n’a pas cessé depuis. Après avoir<br />

sorti son premier titre sous le nom de Jayda G en 2015, elle<br />

a conjointement créé le label Freakout Cult, lancé le sien<br />

(JMG Recordings) et est désormais sur le point de sortir son<br />

premier album. <strong>Mai</strong>s l’exubérante Jayda G n’a pas renié ses<br />

préoccupations environnementales. La DJ nous raconte<br />

comment sa musique est liée à son travail scientifique et<br />

comment elle réunit ces deux mondes pour créer quelque<br />

chose de nouveau.<br />

the red bulletin : L’un de vos sets les plus vus commence<br />

avec le son des orques. D’où est venue cette idée ?<br />

jayda g : Ce sont des enregistrements venus d’une station<br />

en Alaska. Je les ai découverts sur un site web qui contenait<br />

différents sons d’orques : des clics, des sifflements, et des<br />

trucs de ce genre.<br />

Comment avez-vous réuni les mondes de la musique<br />

et de la science sur votre premier album Significant<br />

Changes, tout juste paru ?<br />

Cet album n’est en fait qu’un long commentaire sur mes<br />

expériences. Il y a deux titres, Orca’s Reprise et Missy<br />

Knows What’s Up, qui sont consacrés à ma thèse universitaire.<br />

Comme je suis dans le domaine des sciences et<br />

que je me consacre à l’environnement et aux impacts<br />

qu’il subit, il s’agit de promouvoir des interprétations<br />

dans un contexte social plus large. Prenez le titre Missy<br />

Knows What’s Up, par exemple. Il contient le sample<br />

d’une femme qui évoque une affaire judiciaire dans<br />

laquelle des groupes environnementaux ont poursuivi<br />

le gouvernement canadien pour ses responsabilités<br />

en matière de protection des espèces en péril, y compris<br />

les orques.<br />

RAFE SCOBEY-THAL<br />

36 THE RED BULLETIN


La créativité et la pensée scientifique sont communément<br />

perçues comme opposées, associées à différents hémisphères<br />

du cerveau, mais vous semblez avoir forgé un lien<br />

symbiotique…<br />

Dans mon mode de vie, elles se sont complétées l’une l’autre.<br />

Je travaillais sur mon mémoire et j’ai fini par procrastiner. <strong>Mai</strong>s<br />

je l’ai fait en faisant de la musique, ce qui me procurait l’espace<br />

cérébral nécessaire pour retourner vers la science. C’était un<br />

répit mental qui allait continuer à me nourrir et à me donner<br />

de l’énergie.<br />

Un club est un lieu d’évasion : peut-on y faire de l’activisme<br />

écolo ?<br />

C’est probablement l’endroit idéal car dans un club, les gens<br />

sont censés être les plus ouverts, plus libres et plus aptes à<br />

lâcher prise. Quand vous êtes en mesure de faire participer les<br />

gens dans un contexte positif, ils deviennent plus réceptifs.<br />

Vous dites que vous ne préparez jamais vos sets, vous vous<br />

fiez à votre intuition. Est-ce que c’est pour vous remettre<br />

en question ?<br />

Un peu, mais c’est aussi parce que vous devez lire votre public<br />

– c’est votre boulot de DJ – et voir quel genre d’ambiance vous<br />

pouvez ainsi créer. Quand on arrive à faire éclore une même<br />

énergie, un même espace collectif, c’est à ce moment-là que les<br />

choses surviennent.<br />

Vous êtes plutôt labo ou dancefloor ?<br />

Pour ce qui est du travail sur le terrain, il<br />

faut être attentif. C’est la première chose<br />

qu’on vous enseigne en tant que biologiste<br />

: vous devez être attentive et chercher<br />

les choses. En tant que DJ, vous êtes<br />

aussi attentif à votre environnement. Il y a<br />

donc clairement un point commun. Il se<br />

trouve que l’un s’attache aux animaux et<br />

l’autre aux gens.<br />

Est-il vrai que votre intérêt pour la<br />

biologie marine vient du film Sauvez<br />

Willy (sorti en 1993, ndlr) que vous<br />

avez vu petite ?<br />

Et comment que j’ai regardé Sauvez Willy !<br />

Ce film a casté une faune charismatique<br />

(l’orque Keiko, ndlr) et Michael Jackson<br />

pour la BO. Que demander de plus ? J’ai<br />

toujours été intéressée par la biologie,<br />

la nature, mon environnement et mon<br />

entourage, et ça m’est resté.<br />

Il y a une vidéo YouTube d’une Boiler Room (plateforme<br />

de « clubbing » en ligne) au Festival Dekmantel 2017,<br />

où vous dansez comme une folle aux platines. C’est<br />

une habitude ?<br />

Dans une Boiler Room, vous êtes entourée par des gens,<br />

à 360°, ils vous fournissent de l’énergie, et c’est un endroit<br />

incroyable où il fait bon être. Je ne peux pas faire un DJ set<br />

sans bouger. Je ne comprends pas comment les gens peuvent<br />

faire autrement – c’est une anomalie pour moi.<br />

C’est donc un autre type de symbiose : vous avez besoin<br />

du public autant qu’il a besoin de vous ?<br />

Oui, absolument.<br />

Ainsi, nous sommes revenus à la science…<br />

J’adore !<br />

Le premier album de Jayda G, Significant Changes,<br />

sort le 22 mars ; Instagram : @jaydagmusic<br />

THE RED BULLETIN 37


« On n’est pas des<br />

têtes brûlées »<br />

Vitesse, mécanique et exubérance.<br />

Un pilote de MotoGP comme Johann<br />

Zarco doit être dans ce délire-là,<br />

assurément ! En fait, avec ce type<br />

simple et réfléchi, on s’est retrouvé<br />

dans un mode Beatles, sensibilité<br />

et Tupperware. À propos de moto,<br />

les clichés vont vite, et Zarco les<br />

renverse au naturel.<br />

Texte PIERRE-HENRI CAMY<br />

Photos RUUD BAAN<br />

38


Rapide, mais posé : deux<br />

titres mondiaux en Moto2<br />

et classé 6 e en MotoGP en<br />

2018. À 28 ans, Johann<br />

Zarco est un as français<br />

de la moto de vitesse.


Beaucoup de bruit,<br />

beaucoup d’agitation.<br />

Une tension<br />

palpable. Des photographes<br />

à droite et<br />

à gauche. Un pilote<br />

moto, la tête dans<br />

un casque. Une<br />

ambiance digne<br />

d’un Grand Prix…<br />

Sauf que nous ne sommes pas sur le<br />

circuit du Mans, mais dans le cossu<br />

VII e arrondissement, à deux pas des<br />

Invalides. Le quartier vient d’être envahi<br />

par les gilets jaunes. Bienvenue à Paris<br />

un samedi !<br />

Le pilote moto est bien un pro, l’un des<br />

meilleurs au monde, le Français Johann<br />

Zarco, mais l’engin qu’il enfourche aujourd’hui<br />

n’est pas sa KTM-RC 16 capable<br />

d’aller à plus de 300 km/h. Aujourd’hui,<br />

Zarco se fait transporter en moto-taxi. Le<br />

casque, par contre, c’est le sien : un Shark<br />

flanqué de sa déco soleil levant, du blason<br />

KTM et du taureau rouge. Un gilet<br />

jaune, interloqué, se retourne. Que fait ici<br />

ce type avec son casque de compétition ?<br />

Ce jour, comme en course, Johann est<br />

pressé. Il doit filer. Et pas question d’être<br />

bloqué par des manifestants ou des<br />

déploiements policiers. Entre un rendezvous<br />

à l’Agence France Presse dans le secteur<br />

de la Bourse et une interview chez<br />

Canal+ à Boulogne, il a tout juste deux<br />

heures à nous consacrer pour une séance<br />

photo. Sur une idée un peu folle, on lui<br />

avait proposé de nous rejoindre en studio<br />

« entre les deux » pour reproduire son<br />

« signature move », le fameux salto arrière<br />

qu’il se plaît à balancer quand il remporte<br />

un Grand Prix. L’idée folle, Zarco l’avait<br />

adorée, et c’est une dizaine de saltos qu’il<br />

exécutera soigneusement pour nous, avec<br />

une aisance bluffante, totalement emballé<br />

par le concept – et pas du tout soucieux<br />

de se blesser.<br />

Zarco, sixième pilote mondial en<br />

MotoGP l’an dernier, n’est pas un type<br />

conventionnel. Pas vraiment le cliché du<br />

motard pro auquel on pourrait s’attendre :<br />

un mec bargeot, surexcité, qui n’a que le<br />

deux roues à la bouche, et la perf’ la perf’<br />

la perf’ ! Rien de tout cela. En le rejoignant<br />

chez lui en Avignon quelques jours<br />

après le shooting, dans une demeure au<br />

bel environnement, mais très simple en<br />

décoration, pas du tout bling-bling, on<br />

en est convaincu : Zarco est un champion<br />

accessible qui s’épanouit au-delà du<br />

guidon. Un type unique, surtout.<br />

the red bulletin : Johann, posés sur<br />

un banc, au soleil, sur votre terrasse,<br />

on en oublierait presque que l’on<br />

s’adresse à un champion de moto<br />

de vitesse… Vous roulez à combien,<br />

au fait, sur votre moto ?<br />

johann zarco : Mon record personnel<br />

est de 346 km/h...<br />

Très rares sont les hommes qui<br />

atteignent ces vitesses sur une moto !<br />

On s’y habitue… (rires)<br />

Quand on s’apprête à rencontrer un<br />

pilote pro, on s’attend à tomber sur un<br />

mec en train de bricoler dans un garage<br />

rempli de bécanes et de trophées, un<br />

gars au taquet, à fond de performance,<br />

hyper exubérant… À votre contact,<br />

en découvrant votre environnement,<br />

on se dit que c’est le contraire.<br />

Ce n’est pas mon cas, il y en a certains<br />

oui, mais pas moi...<br />

Quand on vous a proposé de faire des<br />

saltos arrière pour les photos, on<br />

pensait que vous refuseriez, que vous<br />

n’alliez pas risquer de vous blesser à<br />

l’approche d’une saison sous vos nouvelles<br />

couleurs de KTM/<strong>Red</strong> Bull…<br />

Premièrement, le salto, c’est quelque chose<br />

que j’aime faire, et que je sens que je gère,<br />

à plusieurs hauteurs différentes, donc j’ai<br />

vraiment plaisir à le faire. Ça garde un<br />

côté show. On m’a souvent demandé si je<br />

n’avais pas peur de me faire mal quand je<br />

le fais à la fin des courses, sur le bord du<br />

circuit. Quand je gagne une course et que<br />

je peux réaliser ce salto, je viens de courir<br />

à plus de 300 km/h, alors ce n’est pas le<br />

salto qui est dangereux. Ce qui est dangereux,<br />

c’est de courir à plus de 300 sur un<br />

circuit ! Je n’aime pas être dans une mentalité<br />

où il faut se bloquer pour tout, parce<br />

que, du coup, on n’ose plus rien faire.<br />

Vous pensez à votre sport ?<br />

Non, je ne pense pas qu’au sport…<br />

« Un salto n’est pas<br />

dangereux. Ce qui<br />

est dangereux, c’est<br />

de courir à plus de<br />

300 sur un circuit ! »<br />

GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL<br />

40 THE RED BULLETIN


Le feu de l’action : Zarco<br />

en tests d’avant-saison<br />

à Doha, au Qatar. Des<br />

heures de préparation et<br />

d’ajustements pour<br />

rendre la moto « facile ».<br />

THE RED BULLETIN 41


(Il réflechit un instant.) Si tu veux grandir<br />

dans la vie il faut assumer plus de responsabilités,<br />

mais il faudrait le faire en s’assurant<br />

de tout. Alors on n’ose plus rien faire,<br />

parce que ça coûte cher, ou par peur de<br />

tout perdre. Et si ceci ou cela arrivait !?…<br />

Il y a une pub, où ils disent : «Je te donne<br />

mon cheesecake, mais à condition de… »<br />

Aujourd’hui, tu ne fais plus rien sans<br />

« conditions », ça bloque beaucoup le naturel<br />

de l’humain, je trouve.<br />

Vous êtes un homme d’instinct ?<br />

Quand tu penses « à faire », c’est déjà trop<br />

tard. Ça, je l’ai bien appris dans mon<br />

métier. Il faut être dans l’action, agir…<br />

Au moment où je roule, si je veux dépasser<br />

quelqu’un, il ne faut pas que je pense<br />

à le dépasser, il faut que je le dépasse. Si<br />

je pense à dépasser un pilote, il y a une<br />

fraction de seconde que je vais rater, où<br />

je peux tomber, ou bien le percuter. Il<br />

vaut mieux agir, quitte à mal agir, mais<br />

alors on assume, et on apprend. Il faut<br />

être dans le vécu, après toute une analyse,<br />

une anticipation en amont, bien sûr.<br />

<strong>Mai</strong>s une fois dans l’action, il n’y a plus<br />

le temps pour penser.<br />

Vous êtes dans la même dynamique<br />

en dehors des circuits ?<br />

Quand j’essaie d’appliquer cette philosophie<br />

de course, de compétition moto à ma<br />

vie de tous les jours, c’est là que l’expression<br />

« vivre l’instant présent » ressort.<br />

C’est plus facile à dire qu’à faire, mais<br />

quand on arrive à se l’appliquer, c’est<br />

Le meilleur moto-taxi<br />

de Paris, Jean-Luc, et<br />

un boss du MotoGP.<br />

franchement appréciable. Et il faut avoir<br />

confiance en son corps. Le corps est une<br />

machine incroyable, le cerveau est une<br />

machine incroyable, et si on les laisse<br />

faire à l’énergie primaire, eh bien… (Il<br />

marque une pause.) Pourquoi un enfant<br />

apprend si vite de zéro à douze ans ?<br />

Parce qu’il n’est pas encore trop contraint<br />

de penser. Quand il devient ado, il commence<br />

à réfléchir à tout. Finalement je<br />

trouve que l’on grandit beaucoup plus de<br />

zéro à quinze ans que de quinze à trente.<br />

À 28 ans, pour être encore meilleur,<br />

vous devez réfléchir et anticiper lors<br />

de vos préparations et réglages<br />

d’avant-saison. Quelle place ce processus<br />

prend-il par rapport à l’instant<br />

plaisir et instinctif de la course que<br />

vous appréciez tant ?<br />

« Si je veux<br />

dépasser<br />

quelqu’un, il<br />

ne faut pas<br />

que je pense<br />

à le dépasser,<br />

il faut que<br />

je le dépasse. »<br />

Tout ce moment de développement que<br />

je traverse actuellement doit mener à<br />

quelque chose, à un idéal : une moto<br />

performante, une moto qui peut gagner.<br />

Et un pilote qui doit tout faire pour gagner.<br />

Alors, on pourra profiter d’un bon<br />

résultat. Ce n’est pas que le résultat ou<br />

la performance qui sont beaux, c’est aussi<br />

le chemin qui amène à ce résultat. Je me<br />

suis bien mis ça en tête pour développer<br />

la moto. Oui, trop réfléchir à tout peut<br />

bloquer, comme je le disais précédemment,<br />

mais ce travail, je suis obligé d’y<br />

passer pour mener la moto à ce niveau-là.<br />

<strong>Mai</strong>ntenant, est-ce qu’il faut le prendre<br />

comme un poids ? 80 % de poids pour<br />

20 % de bonheur ? Non. Cela fait partie<br />

du bonheur associable au bon résultat.<br />

Quand nous sommes arrivés chez vous,<br />

vous parliez de « rendre la moto facile ».<br />

Qu’est-ce que cela veut dire ?<br />

C’est pouvoir, par toute l’anticipation, le<br />

travail en amont et l’expérience de pilotage<br />

faire le bon geste au bon moment.<br />

La moto fera alors tout ce que tu veux.<br />

Ce n’est pas encore le cas actuellement,<br />

et c’est pour cela que l’on travaille avec<br />

l’équipe KTM pour que ça le devienne. Il<br />

y a aussi un aspect où l’on doit éduquer<br />

le pilote pour qu’il fasse les bons gestes.<br />

Je suis actuellement obligé de faire un<br />

gros travail technique qui m’empêche de<br />

retourner dans ma zone primaire et de<br />

laisser mon cerveau agir naturellement.<br />

<strong>Mai</strong>s c’est conscient, c’est voulu, pour<br />

produire un travail très carré justement.<br />

Quand pourrez-vous repasser en mode<br />

primaire, plus instinctif ?<br />

Au moment où je saurai me rendre<br />

compte que nous sommes suffisamment<br />

bons pour « oublier » tout ce qui a été dit<br />

et mis en place auparavant. Là, on pourra<br />

passer dans la voie primaire. Que de<br />

l’instinct.<br />

Travailler avec une nouvelle équipe<br />

vous oblige-t-il à fournir certains<br />

efforts ? Faut-il se remettre en question<br />

?<br />

Avec cette équipe, je me rends compte de<br />

quelque chose : je suis quelqu’un de très<br />

sensible. Être sensible, ça a des avantages<br />

et des désavantages dans un travail en<br />

équipe. Quand il s’agit de dégrossir beaucoup<br />

de choses avec l’équipe, de donner<br />

beaucoup de feedback, cela peut me<br />

bloquer. <strong>Mai</strong>s une fois qu’on sera dans la<br />

bonne zone de performance, ma sensibilité<br />

42 THE RED BULLETIN


« En musique<br />

comme en<br />

moto, il faut<br />

être capable<br />

de changer<br />

son naturel. »<br />

va me permettre d’aller chercher des<br />

détails. Il faut que mes équipiers sachent<br />

bien l’interpréter pour ne pas que l’on se<br />

retrouve coincés dans une certaine zone,<br />

une zone de « trop » pour ma sensibilité.<br />

Il faudra alors réussir à trouver une autre<br />

zone, pour exploiter le potentiel Zarco.<br />

Le salto, une signature<br />

pour Zarco : il le réserve<br />

à ses victoires, mais ce<br />

jour-là, en studio, pour<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>, le pilote<br />

en réalisera une dizaine.<br />

Un pilote de MotoGP qui nous parle<br />

de sa sensibilité, c’est surprenant...<br />

On est à plus de 300 mais on n’est pas des<br />

têtes brûlées. Les têtes brûlées ne durent<br />

pas longtemps...<br />

En existe-t-il encore dans le MotoGP ?<br />

Ils n’atteignent pas ce niveau-là. Ils se<br />

sont fait sortir avant, ou ils n’ont pas été<br />

champions. Tu peux encore en trouver en<br />

Moto2, mais il y a une limite à ça parce<br />

que la grande vitesse, c’est du grand<br />

contrôle. Si tu vas à plus de 300 et que<br />

tu freines à 150 mètres, si tu ne sais pas<br />

faire, tu ne le feras qu’une fois...<br />

Lors d’une interview où vous étiez<br />

questionné sur vos idoles, vous avez<br />

cité Valentino Rossi, et vous avez<br />

immédiatement embrayé sur Paul<br />

McCartney, des Beatles. Cet artiste<br />

vous inspire-t-il au point de le citer<br />

au même niveau que Rossi ?<br />

Tu sens qu’il est vraiment connecté à l’état<br />

primaire, au ressenti. C’est quelqu’un de<br />

posé, de réfléchi. On parle d’un grand<br />

musicien et la musique, c’est aussi des<br />

mathématiques, de la réflexion, apprendre<br />

des choses, mais en plus de l’apprentissage,<br />

laisser faire ses sensations,<br />

son instinct. Il a vécu une époque de folie<br />

avec les Beatles, cet état d’instinct, peace<br />

and love, ce mode : « On aura peut-être<br />

une nouvelle guerre dans cinq ans alors<br />

prenons ce qui est à prendre maintenant.<br />

» Il garde encore cet état d’esprit<br />

maintenant, sans faire n’importe quoi.<br />

Il n’a jamais eu une image de mec qui est<br />

THE RED BULLETIN 43


« Faire du copiercoller<br />

de ce que<br />

je sais déjà faire<br />

ne m’amènera pas<br />

à la victoire. »<br />

parti en live. Ça veut dire qu’il était<br />

conscient de tout ce qu’il vivait, et il a fait<br />

en sorte que cela dure.<br />

Y a-t-il des chanteurs plus actuels que<br />

vous suivez ?<br />

L’artiste que j’aime écouter en ce moment,<br />

c’est Orelsan. J’aime bien ses paroles et<br />

les relations homme-femme qu’il décrit.<br />

J’ai parfois l’impression qu’on a vécu les<br />

mêmes choses lui et moi. J’aimerais le<br />

rencontrer un jour pour lui demander :<br />

« Tu l’as juste sorti parce que c’est une<br />

analyse, ou tu l’as vraiment vécu ? »<br />

La musique était-elle présente au<br />

quotidien dans votre famille ?<br />

Mon frère est fan de musique, c’est<br />

un musicien, même s’il n’en a jamais<br />

fait son métier. Mon père adorait la<br />

musique, il faisait de la guitare, et<br />

quand mon frère a grandi et s’est<br />

mis lui aussi à la guitare, ça a agacé<br />

mon père qui a mis son instrument<br />

de côté. <strong>Mai</strong>ntenant il a atteint la<br />

sagesse donc il a repris sa guitare,<br />

même si son fils l’a nettement<br />

dépassé (rires). De mon<br />

côté j’ai pas mal baigné dans la<br />

musique, mais ce n’était pas<br />

cela que je voulais faire. J’ai pu<br />

me mettre sérieusement dans la<br />

moto, mais apprendre sérieusement<br />

la musique ou le solfège avant de<br />

toucher un piano, ça ressemblait trop à<br />

l’école, et je ne voulais pas de ça. Il fallait<br />

que « ça joue » rapidement.<br />

Existe-t-il un lien entre votre intérêt<br />

pour la musique et votre pilotage ?<br />

Sur le piano, et peut-être aussi en guitare,<br />

comme je ne sais pas lire les notes, je dois<br />

retenir un exercice de mémoire, retenir la<br />

position des doigts par cœur. Une fois que<br />

c’est retenu par cœur, ce n’est même plus<br />

le cerveau qui fonctionne, c’est le corps<br />

qui a mémorisé, mais je dois anticiper le<br />

fait que je suis sur tel accord et que l’autre<br />

44


va passer. Il y a toujours une petite anticipation<br />

de moins d’une seconde je pense,<br />

pour passer sur l’accord suivant. En moto<br />

on est aussi dans l’anticipation, la préparation<br />

du virage, des gestes, du freinage<br />

au bon moment… Alors oui, ça ressemble<br />

à la musique. En faisant un peu de guitare,<br />

il y a des positions de doigts que je<br />

n’arrive vraiment pas à appliquer, mes<br />

doigts ne veulent pas. Ça, ça se bosse. Il<br />

faut être capable de changer son naturel.<br />

Ce genre d’exercice, en guitare, me permet<br />

de rester connecté, de préserver<br />

mon sens de l’apprentissage.<br />

Cette capacité à forcer les choses pour<br />

maîtriser un accord de guitare, devezvous<br />

aussi l’avoir en course ? Forcer<br />

votre naturel pour optimiser votre<br />

pilotage, vous améliorer ?<br />

Exactement. Il faut pouvoir rester ouvert<br />

à cela. Faire du copier-coller de ce que<br />

je sais déjà faire ne m’amènera pas à la<br />

victoire dans le moment présent. Tu es<br />

dans ton confort, mais il faut en sortir.<br />

Je dois apprendre de nouvelles choses.<br />

En tant que sportif et pilote, j’en aurai<br />

besoin. Si tu restes dans ce que tu sais<br />

faire, tu auras peut-être le niveau pour<br />

atteindre un top 10, mais tu te plaindras<br />

toujours de quelque chose pour arriver<br />

dans le top 3.<br />

Est-ce ainsi que l’on s’affranchit de<br />

cette fameuse seconde qui différencie<br />

les leaders du reste sur un GP ?<br />

Une seconde, ce n’est rien, mais c’est souvent<br />

le plus dur. Alors il faut arriver à<br />

prendre du recul pour moins se mettre<br />

de pression, aborder le travail que cette<br />

seconde nécessite avec une pression plus<br />

positive. Ça permettra d’apprécier le<br />

travail à faire pour gagner cette seconde,<br />

sinon ça deviendra un enfer. Qu’est-ce<br />

que c’est une seconde dans une vie ?<br />

Quand êtes-vous monté pour la<br />

première fois sur une moto ?<br />

Je devais avoir neuf ans, j’habitais à<br />

Antibes. Pas loin de chez moi, il y avait<br />

une piste de karting où j’ai pu faire un<br />

petit tour de moto, en PW, sur un bout de<br />

terre. J’ai demandé à mon père de revenir,<br />

et j’en ai refait. Le type qui tenait la<br />

piste et la pizzeria dit à mon père : « On<br />

voit qu’il en a fait votre fils ! » Mon père<br />

lui répond que ça ne fait que trois fois<br />

qu’on vient, en voisins, parce que ça me<br />

plaît. Le type nous a alors conseillé d’aller<br />

voir le moto club de Cagnes-sur-Mer où ils<br />

faisaient rouler des gamins. Là, ce n’était<br />

pas du cross, mais de la piste. On m’a inscrit<br />

dans le club, j’ai bien mordu, j’ai travaillé<br />

dessus. Et ça a grandi comme ça.<br />

Votre père s’y connaissait-il en moto ?<br />

Absolument pas ! Il était chiropracteur.<br />

La mécanique, ce n’était pas son truc.<br />

Personne dans la famille n’était dans la<br />

mécanique. Il a découvert ce monde un<br />

peu… obscur… (rires)<br />

Pourquoi « obscur » ?<br />

C’était dur de trouver des personnes honnêtes<br />

dans ce monde-là. Il s’est souvent<br />

demandé ce qu’on faisait là, mais il a persévéré<br />

parce je voulais le faire. Puis on<br />

a rencontré Laurent Fellon, la personne<br />

qui m’a accompagné jusqu’à l’an dernier.<br />

En Laurent, mon père a trouvé quelqu’un<br />

de compétent et honnête. Ça a détendu<br />

mon père, qui a pu se reposer sur lui, et<br />

Laurent a su me faire évoluer. Jusque-là,<br />

ça n’avait été qu’une compétition de<br />

parents, avec les gamins… Quand tu leur<br />

demandais s’il fallait mettre une couronne<br />

de 44 ou 45 sur tel ou tel circuit,<br />

ils ne répondaient pas… « Ton fils va aller<br />

plus vite que mon fils », ils te sortaient des<br />

choses comme ça. Même à ce petit niveau,<br />

ils se tiraient dans les pattes.<br />

Vous avez toujours pu trouver du soutien<br />

dans votre famille cependant. Avec<br />

votre père d’abord, mais aussi avec<br />

votre frère, qui vous accompagne<br />

désormais sur les circuits, exact ?<br />

Oui, il est chiropracteur lui aussi et il va<br />

m’accompagner sur les deux prochaines<br />

années, en parallèle de son activité.<br />

C’est génial. À la base, il vient en tant<br />

que chiropracteur, pour me suivre au<br />

niveau du corps. C’est une vraie aventure,<br />

il a quatorze ans de plus que moi, donc<br />

finalement on n’a jamais vraiment vécu<br />

ensemble.<br />

C’est votre frère guitariste ?<br />

Oui. Sur les courses en Europe, il apportera<br />

sûrement la guitare. Si je ne deviens<br />

pas meilleur pilote, au pire je serai<br />

meilleur guitariste ! (rires)<br />

« La grande<br />

vitesse, c’est du<br />

grand contrôle. »<br />

Ou les deux !<br />

Au-delà de la blague, apprendre de nouveaux<br />

accords avec lui le soir permettra à<br />

mon cerveau de se relâcher, de ne plus<br />

penser moto. À l’inverse, il pourra aussi<br />

m’aider sur d’autres choses quand j’aurai<br />

besoin d’être focus uniquement sur la<br />

moto. Ce n’est pas un fan de MotoGP, mais<br />

c’est super pour lui de pouvoir accompagner<br />

son petit frère dans cet univers.<br />

Il paraît que votre tante s’occupe de<br />

votre nutrition ?<br />

Oui. En fait, j’ai envie de passer un cap au<br />

niveau diététique, et c’est vrai que, livré<br />

à moi-même, je n’ai pas le temps de cuisiner,<br />

de me préparer de bons menus équilibrés<br />

comme un diététicien pourrait en<br />

recommander. Ma tante et mon oncle<br />

habitent dans la maison juste derrière la<br />

mienne à présent, et ma tante a toujours<br />

cuisiné, alors je me suis dit que ce serait<br />

bien de l’embaucher pour ça. Elle me prépare<br />

des Tupperware, comme ça quand<br />

j’arrive de l’entraînement ou autre, tout est<br />

prêt, je réchauffe, je mange, je sais que<br />

c’est équilibré. D’ailleurs, je dois aller chercher<br />

mes Tupperware. Tu m’accompagnes ?<br />

Nous voilà donc dans le salon de sa<br />

tante, hyper accueillante, qui<br />

délivre en effet à Johann son déjeuner<br />

du jour. Complété de clémentines.<br />

Et juste avant qu’on ne le quitte, Johann<br />

nous convie autour de son piano. « Une<br />

super occasion, viens voir », nous dit<br />

Johann. Il s’installe au clavier de son<br />

piano à queue marron, tourne les pages<br />

de son cahier de chansons, et entame le<br />

Ob-la-di Ob-la-da des Beatles. Avant de<br />

nous en interpréter sa version totalement<br />

exclusive, une adaptation spécialement<br />

dédiée au pilote Brad Binder, dont il partageait<br />

l’écurie en 2016. « En fait, le jour<br />

où Brad est devenu champion du monde<br />

en Moto3 à Aragon en Espagne, je n’étais<br />

pas bien dans mon propre championnat<br />

en Moto2, explique Johann. On devait<br />

tous se retrouver au restaurant pour célébrer<br />

la victoire de Brad, mais j’étais préoccupé<br />

par mon classement. Finalement, j’ai<br />

eu l’idée d’adapter ce titre pour Brad. Et<br />

on l’a chanté tous ensemble le soir même. »<br />

Quand on verra Zarco mettre les gaz cette<br />

saison sur les GP, cette musique nous<br />

reviendra forcément en tête. Et on espère<br />

bien le voir balancer son fameux salto.<br />

On saura alors qu’il roule au naturel.<br />

Instagram : @johannzarco<br />

THE RED BULLETIN 45


Les yeux dans une Bleue :<br />

Griedge Mbock, trois fois<br />

championne d’Europe<br />

avec Lyon, sera l’un des<br />

atouts de la France lors<br />

de la coupe du monde.<br />

Le<br />

monde<br />

est à<br />

elle<br />

Texte PIERRE-HENRI CAMY<br />

Photos FELIPE BARBOSA


GETTY IMAGES<br />

La France au plus haut niveau<br />

du football, c’est aussi une<br />

affaire de femmes : leur jeu est<br />

de plus en plus spectaculaire<br />

et technique, mais ça, vous ne<br />

le saviez probablement pas.<br />

Voici Griedge Mbock, l’une des<br />

meilleures défenseures de la<br />

planète, à suivre de près lors<br />

du mondial féminin dès le 7 juin.<br />

47


« Cette passion du<br />

football, je voulais en<br />

faire mon métier,<br />

tout simplement. »<br />

En ce matin de février alors que notre<br />

équipe photo a débarqué à Lyon<br />

rien que pour elle, bad news :<br />

Griedge Mbock doit passer une IRM<br />

dans les deux heures. Elle est embarrassée,<br />

presque gênée. La veille,<br />

elle a contraint une joueuse adverse<br />

du Paris FC à marquer contre son<br />

camp, mais en fin de match (4-1<br />

pour Lyon), Griedge doit quitter le terrain, blessée.<br />

À quatre mois de la Coupe du monde de football<br />

féminin en France, la situation pourrait être délicate.<br />

Le management lyonnais de Griedge, ou celui de<br />

l’équipe de France féminine, auraient pu simplement<br />

et légitimement nous téléphoner « sur la route » pour<br />

nous annoncer que photos et interviews étaient à oublier<br />

pour aujourd’hui. <strong>Mai</strong>s ce n’est pas arrivé.<br />

Griedge elle-même aurait pu s’excuser : pas possible/<br />

urgence médicale oblige/délicat de poser pour des<br />

photos aujourd’hui/besoin de repos… <strong>Mai</strong>s ça n’est<br />

pas arrivé. Mieux, la joueuse se montre finalement<br />

super dispo, souriante et motivée. Et dès qu’elle revêt<br />

sa tenue de l’équipe de France pour quelques portraits,<br />

Griedge Mbock affiche une sérénité ultime.<br />

Comme si son maillot (pour l’instant sans étoile) effaçait<br />

en elle le moindre doute sur son avenir en bleu.<br />

Effet revigorant instantané.<br />

#FastForward<br />

Quelques photos et Griedge file à l’hôpital, pour le fameux<br />

IRM qui décidera de la suite. Et nous rejoint,<br />

sans stress apparent, même si la déconvenue doit être<br />

dure à encaisser : le samedi à venir, elle ne pourra pas<br />

rejoindre l’équipe de France en vue d’un match à<br />

jouer contre l’Allemagne. Les Bleues feront sans elle<br />

sur ce coup (et perdront 0-1). <strong>Mai</strong>s la suite de son<br />

planning, chargé côté championnat et matches internationaux,<br />

ne devrait pas être affecté.<br />

Alors, on continue ? « Pas de souci », répond volontiers<br />

Griedge. Sur le Net, la joueuse née à Brest nous<br />

semblait plus jeune, moins athlétique. En vrai, sa<br />

prestance nous bluffe. Griedge Mbock a commencé le<br />

football en club avec son grand frère il y a une vingtaine<br />

d’années, d’abord en mode mixte (filles et gars,<br />

dont le frangin, dans la même équipe), puis au centre<br />

de formation de Guingamp, club qu’elle intègre dans<br />

une équipe 100 % féminine. Vient ensuite l’opportunité<br />

lyonnaise, et le plus gros transfert de l’histoire<br />

du foot féminin français : 100 000 euros. Pour rappel,<br />

Neymar signant au PSG, c’est 222 millions d’euros.<br />

Soit plus de 2 000 fois ce montant. Voilà la seule<br />

comparaison avec un joueur homme que nous nous<br />

autoriserons.<br />

Depuis, Griedge a atteint les sommets avec Lyon.<br />

Forte dans le maillot de l’OL, elle l’est aussi dans celui<br />

de la France, où elle s’est construite comme l’une des<br />

meilleures défenseures au monde. Elle porte également<br />

dans son cœur le pays de ses parents, le Cameroun,<br />

et n’hésite d’ailleurs pas à se présenter comme<br />

une « lionne indomptable », sans aucun souci de<br />

trouble d’identité.<br />

#FastForward, toujours de l’avant, c’est le mot<br />

dièse de Griedge sur ses réseaux sociaux, et sur le<br />

terrain : si elle ne laisse personne passer, elle n’hésite<br />

pas non plus à coller des buts. Griedge est une<br />

joueuse en ascension, le top niveau planétaire du<br />

football féminin, dont on saura se régaler au mois de<br />

juin. Parce que désormais, on le sait, le foot féminin,<br />

avec ses Griedge Mbock et Ada Hegerberg (ballon<br />

d’or 2018) est un rendez-vous sportif majeur.<br />

Notre journée se termine d’ailleurs au Groupama<br />

Stadium de Lyon, l’un des neuf sites où se déroulera<br />

le mondial, et qui accueillera en particulier les demifinales<br />

et la finale de l’événement. En ce jour particulier<br />

d’IRM, le stade est vide, aussi solide que la<br />

joueuse que nous suivons sur sa pelouse. Dans<br />

quelques mois, le même spot sera plein à craquer, en<br />

fusion, acclamant ses Bleues (« la coupe à la maison » :<br />

c’est ce qu’on souhaite à Griedge et ses coéquipières).<br />

Une chance pour vous, désormais quand on vous<br />

questionnera sur le foot féminin, vous pourrez<br />

répondre : « Bien sûr ! Tu ne connais pas Griedge<br />

Mbock ?! »<br />

48 THE RED BULLETIN


Un projet en tête : très<br />

jeune, la native de Brest<br />

est déterminée à devenir<br />

une footballeuse. À force<br />

d'acharnement, Griedge<br />

deviendra l’une des plus<br />

performantes joueuses<br />

internationales.<br />

THE RED BULLETIN 49


Un lendemain de match<br />

à Lyon, club qu’elle a<br />

intégré en 2015 suite au<br />

plus gros transfert du<br />

football féminin français.<br />

50 THE RED BULLETIN


the red bulletin : Par le passé, vous avez fait<br />

croire à nos collègues de Ouest France que vous<br />

intégriez une émission de télé réalité genre Pop<br />

Star, et ils ont plongé tête en avant, comme<br />

certains joueurs qui simulent… C’est vrai ?<br />

griedge mbock : (Rires) Ils ont enquêté pour en<br />

savoir plus, oui… Poisson d’avril !<br />

« En foot féminin,<br />

il y a beaucoup<br />

d’engagement, de<br />

duels, de la qualité<br />

technique. »<br />

Au-delà de cette bonne blague, comme disait le<br />

chanteur Claude Dubois dans Starmania, vous<br />

auriez « voulu être une artiste » ?<br />

Je ne sais pas si j’aurais pu en être capable, mais les<br />

artistes et les footballeuses ont des points communs.<br />

On vit tous de notre passion, c’est une chance.<br />

j’ai intégré l’AS Brestoise, pour quatre ans, toujours<br />

avec des garçons. On s’est qualifié pour la DH Elite,<br />

un bon niveau, et à partir de quinze ans j’ai dû basculer<br />

avec les filles, dans le pôle espoir de Rennes.<br />

En parallèle, je jouais à St Brieuc/Guingamp. Enfin,<br />

en 2015, j’ai signé à l’OL.<br />

GETTY IMAGES<br />

Palmarès<br />

Ballon d’or U-17<br />

2012<br />

Ballon d’argent<br />

U-20 2014<br />

Vainqueur de<br />

la Ligue<br />

des champions<br />

avec Lyon<br />

2016, 2017 et 2018<br />

Actuelle<br />

championne<br />

de France<br />

avec Lyon<br />

46 sélections<br />

en équipe<br />

de France<br />

Quand les artistes sont bons, innovants, créatifs,<br />

souvent ils deviennent connus, voire très connus.<br />

Vous avez tous ces atouts, mais les médias, nous<br />

inclus, s’intéressent à vous à un stade où vous<br />

avez déjà construit énormément de choses : alors,<br />

pourquoi on ne se parle qu’aujourd’hui ?<br />

L’intérêt pour le football féminin est assez récent. Il<br />

est beaucoup plus attractif, les chaînes essayent de<br />

plus en plus d’être présentes sur cette discipline. Le<br />

championnat de France a pris une place importante<br />

au niveau européen, et mon équipe, l’Olympique<br />

lyonnais, a beaucoup aidé en remportant de nombreux<br />

titres comme la Ligue des champions. Ce<br />

championnat est relevé, il y a de grosses équipes,<br />

en Allemagne, en Angleterre, ou en Espagne.<br />

L’équipe de France a-t-elle aussi des atouts ?<br />

Elle bénéficie d’un mix des « générations » très intéressant,<br />

avec des joueuses plus expérimentées qui ont<br />

déjà quelques compétitions à leur actif, et de jeunes<br />

joueuses qui viennent se greffer au collectif avec déjà<br />

une expérience du haut niveau. C’est le cas des<br />

joueuses du PSG ou de Lyon. Il y a une très bonne<br />

dynamique.<br />

Qu’est-ce qui fait la saveur du football féminin<br />

en <strong>2019</strong>, selon vous ?<br />

Il y a beaucoup d’engagement, beaucoup de duels, de<br />

la qualité technique. Le football féminin a beaucoup<br />

progressé techniquement. Les gens qui recherchent<br />

du spectacle ne sont pas déçus, il y a beaucoup de<br />

buts, de dribbles et d’actions.<br />

Quand avez-vous eu l’envie de devenir joueuse ?<br />

J’ai commencé très jeune, petite déjà je jouais dans<br />

le quartier avec mon grand frère qui m’a transmis<br />

sa passion, et m’a toujours intégrée partout, dans le<br />

quartier, à l’école, en club. J’ai donc eu plus de facilités<br />

à trouver ma place. Je me suis tout de suite bien<br />

sentie avec les garçons.<br />

Quand avez-vous commencé à jouer en club ?<br />

À six ans, avec le FC Pontanézen, à Brest, avec des<br />

garçons, dont mon frère. J’y ai joué trois ans, puis<br />

Aujourd’hui, une fille âgée de cinq ou six ans va<br />

de suite jouer avec des équipes uniquement<br />

constituées de filles ?<br />

Ça a changé, oui, les filles peuvent jouer entre elles,<br />

et ne pas subir les moqueries potentielles des garçons.<br />

C’est une bonne chose, ça aide à développer le<br />

foot féminin, plus de petites filles passent le pas.<br />

Votre frère a été un moteur, mais est-ce que, à<br />

l’inverse, des gens ont tenté de vous freiner, vous<br />

dissuader, ou se sont moqués de vous, justement ?<br />

Je n’ai pas trop vécu ce genre de situation. <strong>Mai</strong>s je me<br />

souviens d’une prof de maths en 4 e , en section sportétudes,<br />

qui m’avait dit ainsi qu’à mes amies : « Si vous<br />

aviez déjà dû signer dans un centre de formation,<br />

vous ne seriez plus là. » Elle voulait que l’on travaille<br />

plus en classe, ce qui est normal, mais elle ne comprenait<br />

pas que l’on pouvait aussi s’épanouir dans<br />

notre passion. <strong>Mai</strong>s moi, je savais où je voulais aller.<br />

Elle trouvait incongru que des filles veulent devenir<br />

des joueuses de football professionnelles ?<br />

C’est vrai qu’à l’époque, ce n’était pas encore rentré<br />

dans les mœurs, et on n’était pas sûr que les filles<br />

deviennent professionnelles, c’était donc plutôt<br />

risqué. <strong>Mai</strong>s ça ne m’a pas fait peur, cette passion<br />

du football, je voulais en faire mon métier, tout<br />

simplement.<br />

Aujourd’hui, une gamine à laquelle elle tiendrait<br />

les mêmes propos pourrait lui répondre : « Si<br />

Madame, regardez, il y a Griedge et les autres,<br />

c’est une réalité ! » Avez-vous le sentiment d’être<br />

une preuve « vivante » que le football féminin<br />

professionnel de haut niveau existe ?<br />

Ça aide, bien sûr. Quand on était jeunes on n’avait<br />

pas forcément de références féminines auxquelles<br />

s’identifier, je ne savais même pas que l’équipe de<br />

France féminine existait !<br />

Êtes-vous au contact des ces nouvelles générations<br />

de jeunes footballeurs, ou de futurs footballeurs<br />

et footballeuses chez qui la passion du ballon<br />

commence à se manifester ?<br />

THE RED BULLETIN 51


Les autres joueuses<br />

à suivre, selon<br />

Griedge Mbock<br />

Dzsenifer<br />

Marozsán<br />

( Allemagne)<br />

Je la connais bien<br />

car elle joue à Lyon<br />

avec nous. Techniquement,<br />

Dzsenifer<br />

est à l’aise, et elle<br />

transforme les ballons<br />

en caviar.<br />

C’est drôle, mais maintenant, des enseignants me<br />

sollicitent pour venir rencontrer leurs élèves...<br />

Des enseignants dont vous suiviez les cours ?<br />

Oui, des enseignants que j’ai eus et qui ont changé de<br />

vision des choses. Ils ont vu mon évolution, ils sont<br />

contents pour moi et me citent en exemple. Je suis<br />

intervenue dans leurs classes à Brest, ça s’est super<br />

bien passé, mon message a été très bien transmis.<br />

Sachant que vous avez poussé loin vos études,<br />

cela leur permet aussi de promotionner un<br />

parcours scolaire ?<br />

Oui, ils expliquent à leurs élèves que l’on peut allier<br />

le football aux études, ce qui a été mon cas, en effet.<br />

Je réponds présente à ce genre de sollicitations dès<br />

que je le peux.<br />

Lucy Bronze<br />

(Angleterre)<br />

Une joueuse de l’OL<br />

également : elle,<br />

c’est un monstre.<br />

Physiquement, elle<br />

est capable de répéter<br />

les efforts, elle<br />

peut transpercer<br />

une équipe entière.<br />

Marta Vieira<br />

da Silva (Brésil)<br />

Marta est une icône<br />

du football, elle a été<br />

plusieurs fois Ballon<br />

d’or, elle est capable<br />

d’éliminer son<br />

adversaire en un<br />

dribble.<br />

Alex Morgan<br />

(USA)<br />

Athlétiquement,<br />

cette joueuse américaine<br />

est très rapide,<br />

avec une bonne finition.<br />

Elle sera à<br />

surveiller de près<br />

durant cette<br />

compétition !<br />

Pourtant, avec une carrière à Lyon et en équipe<br />

de France à mener, vous pourriez estimer devoir<br />

vous concentrer avant tout sur le football avant<br />

de venir partager votre expérience avec des<br />

élèves. Ce serait tout à fait légitime et<br />

compréhensible : « Ma carrière, l’entraînement,<br />

le jeu, la Coupe du monde d’abord, ensuite,<br />

plus tard, j’aurais du temps pour partager<br />

et transmettre. »<br />

C’est important pour moi, parce que j’aurais aimé<br />

pouvoir participer à ce genre d’échange avec une<br />

joueuse professionnelle. Quand je suis arrivé à l’OL<br />

et en équipe de France, j’ai eu la chance que des<br />

joueuses expérimentées me prennent sous leurs ailes,<br />

alors je trouve ça normal de transmettre à mon tour.<br />

J’aime bien partager, ça fait partie de moi. Ça vient<br />

peut-être de mon éducation. C’est important…<br />

À partir du moment où un jeune ou une jeune se<br />

sent bien, est intégré(e), il ou elle peut exploiter<br />

son potentiel encore mieux sur le terrain.<br />

Vous évoquiez votre éducation, vous êtes née de<br />

parents camerounais, à Brest, vous revendiquez<br />

fièrement cette double « origine », et Lyon, Brest,<br />

le Cameroun sont des références que vous dédicacez<br />

volontiers sur vos réseaux sociaux… Si jamais<br />

un match de coupe du monde arrivait contre le<br />

Cameroun, pays qualifié, comment allez-vous<br />

l’appréhender ? Comment honorer cette équipe<br />

adverse qui vous est chère ?<br />

Il faut savoir qu’il n’y a pas très longtemps on a joué<br />

contre le Cameroun, et j’avais mis un doublé, donc…<br />

(rires) Il y aurait forcément une marque de respect<br />

car c’est une équipe que j’ai dans le cœur, mais pour<br />

montrer du respect, il faut jouer à fond, donner son<br />

maximum. C’est comme cela que je les honorerais.<br />

Si vous remportez le titre mondial, à 24 ans,<br />

qu’est-ce qui continuera à vous motiver pour<br />

la suite ? Comment rester d’attaque après trois<br />

titres européens et une coupe du monde ?<br />

GETTY IMAGES (4)<br />

52 THE RED BULLETIN


« Si on gagne une<br />

coupe du monde,<br />

pourquoi se contenter<br />

d’une seule ? »<br />

Sur la pelouse du Groupama Stadium de Lyon.<br />

Le stade qui accueillera les demi-finales et la<br />

finale du mondial féminin début juillet.


« La carrière d’une<br />

footballeuse est<br />

courte, il faut déjà<br />

penser à l’après. »<br />

dire, parce que ça veut tout dire et rien dire à la<br />

fois… (Rires) Je l’ai compris dans le sens : « Ne te<br />

pose pas de question. »<br />

C’est ma quatrième année à l’Olympique lyonnais<br />

et j’ai déjà trois ligues des champions, pourtant, j’ai<br />

toujours faim de titres, de gagner ! Se lever, travailler,<br />

suer, pour atteindre nos objectifs, c’est l’essence du<br />

compétiteur. Plus on gagne, plus on a envie de<br />

gagner. Si on gagne une coupe du monde, pourquoi<br />

se contenter d’une seule ?<br />

Dans une interview à <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>, Djibril<br />

Cissé évoquait le meilleur conseil que lui a donné<br />

Guy Roux : « Ne te concentre que sur le jeu, ne regarde<br />

même pas dans les tribunes, peu importe<br />

que ta famille ou tes potes soient là ou pas, rien<br />

d’autre n’existe que le jeu. » Est-ce que cela vous<br />

parle, et quel est le meilleur conseil que l’on vous<br />

ait donné côté football ?<br />

C’est très pertinent, ça me parle, d’autant qu’à mon<br />

poste de défenseure centrale, la moindre erreur de<br />

concentration se paie cash, surtout au haut niveau.<br />

De mon côté, je retiens une phrase de Gérard<br />

Prêcheur, notre ancien coach à l’OL, qui disait :<br />

« Quand y’a doute, y’a pas de doute »...<br />

Euh… c’est-à-dire ?<br />

(Rires) On essayait de comprendre ce que ça voulait<br />

Est-ce que cela signifie que le questionnement<br />

n’a pas de place dans un match de football ?<br />

Que c’est toujours l’instinct pur qui doit prendre<br />

le dessus ?<br />

Oui, il faut jouer à l’instinct, et même si on loupe<br />

une action, ça ne sert à rien de gamberger, il faut<br />

aller de l’avant, tout simplement.<br />

Et hors le stade, est-ce que vous avez retenu<br />

un enseignement particulier ?<br />

Je me suis surtout inspirée de ma mère qui est une<br />

personne très humble, généreuse, forte et indépendante.<br />

Elle nous a toujours poussés, mes deux frères<br />

et moi, à faire ce qu’on voulait, sans négliger le reste,<br />

les études ou autre. Elle a toujours soutenu notre<br />

passion, elle est toujours venue nous voir en match,<br />

en tournoi, etc. Si nous sommes arrivés à ce niveaulà,<br />

c’est en partie grâce à elle. Son exemple, son<br />

comportement, m’ont inspirée, et je la remercie<br />

pour tout cela.<br />

Pouvez-vous nous parler du diplôme que vous<br />

avez récemment obtenu, Manager de proximité<br />

en entreprise ?<br />

C’est une formation que l’OL a mise en place, pour<br />

sept d’entre nous. Ça s’est passé sur un an et demi<br />

à peu près, avec un mémoire à soutenir à la fin.<br />

Ça nous offre des outils pour la suite, pour l’après<br />

football, même si on ne veut pas forcément<br />

s’orienter dans cette branche de management pur.<br />

Vous avez déjà cet après football en tête,<br />

vraiment ?<br />

Oui, c’est important, c’est même primordial. La<br />

carrière d’une footballeuse est courte, et il faut déjà<br />

penser à l’après. On ne gagne pas autant que les<br />

garçons, il faut donc forcément s’y préparer. Même<br />

si je suis jeune, je sais que les blessures peuvent<br />

mettre fin à une carrière prématurément, j’essaie<br />

de réfléchir petit à petit à tout ça.<br />

Sur vos réseaux sociaux, notamment Instagram,<br />

comme sur le terrain, vous la jouez collectif,<br />

avec beaucoup de photos de vos coéquipières<br />

et copines. C’est important de travailler avec<br />

d’autres gens, la performance d’équipe ?<br />

Partager des moments, des émotions, quand on<br />

gagne un titre, c’est juste magnifique. On le voit<br />

dans le regard de nos partenaires, il se passe quelque<br />

chose. C’est incroyable, c’est enrichissant. Ça va nous<br />

aider en collectivité, pour après, quand on va rentrer<br />

dans la « vraie vie ».<br />

Instagram : @griedgeouu<br />

Twitter: @MGriedge<br />

Le<br />

grand<br />

moment<br />

du foot<br />

féminin<br />

Ces neuf villes<br />

accueilleront<br />

la coupe du<br />

monde <strong>2019</strong><br />

Valenciennes -<br />

Stade du Hainaut<br />

(capacité : 25 172)<br />

Le Havre -<br />

Stade Océane<br />

(capacité : 25 278)<br />

Reims -<br />

Stade<br />

Auguste-Delaune<br />

(capacité : 21 608)<br />

Paris -<br />

Parc des Princes<br />

(capacité : 48 583)<br />

match d’ouverture<br />

le 7 juin<br />

Rennes -<br />

Roazhon Park<br />

(capacité : 29 820)<br />

Lyon -<br />

Groupama Stadium<br />

(capacité : 58 215)<br />

finale le 7 juillet<br />

Grenoble -<br />

Stade des Alpes<br />

(capacité : 20 068)<br />

Nice -<br />

Allianz Riviera<br />

(capacité : 36 178)<br />

Montpellier -<br />

Stade de la Mosson<br />

(capacité : 27 310)<br />

54 THE RED BULLETIN


Millet© M. Dumas<br />

HE<br />

IGHT<br />

TUFF<br />

O<br />

ISE<br />

P<br />

TRILOGY 30<br />

Matière Dyneema®<br />

630 g<br />

Lorenz Frutiger<br />

Alpiniste


T A K E F I V E<br />

Envie de piloter un drone ?<br />

PASSE TON PERMIS<br />

D’ABORD !<br />

Offrez-vous une expérience immersive dans<br />

le monde des objets volants. Voici comment<br />

devenir compétitif en cinq actes.<br />

« Apprendre à piloter un drone ? Pour<br />

quoi faire ? » C’est la question qu’on a<br />

posée à Droneez. « Pour faire face à la<br />

demande croissante », répondent les<br />

Parisiens à l’origine du concept. Les<br />

drones ayant pris une place non négligeable<br />

dans nos vies et s’apprêtant à<br />

en prendre une encore plus grande<br />

dans un futur proche, il devient essentiel<br />

de proposer des formations pour<br />

apprendre à contrôler son aéronef,<br />

éventuellement passer d’un mode<br />

autodidacte à un niveau avancé, et<br />

éviter ainsi d’être un danger public.<br />

L’engouement pour les drones de<br />

loisir a même incité les plus fervents<br />

à organiser des compétitions.<br />

C’est là que Droneez intervient !<br />

L’équipe vous accompagne dans un<br />

espace fermé de 1 800m² (ancienne<br />

friche industrielle rénovée en loft)<br />

pour passer d’un drone de prise en<br />

main (comme le Phantom 4 Pro de<br />

DJI, ci-contre) à un drone de course<br />

d’intérieur. Les encadrants Droneez<br />

proposent de vous guider pour acquérir,<br />

en quelques heures, les bases<br />

du pilotage de drones de course<br />

(découverte et immersion).<br />

1 re heure : maîtrise &<br />

coordination<br />

Le premier objectif, c’est la maîtrise<br />

du vol à vue et de la vitesse des<br />

hélices. En effet, les drones de course<br />

ne maintenant pas l’altitude, il faut la<br />

gérer à chaque instant. Commencez<br />

en mode « stabilisé », le plus simple.<br />

Il rectifie la direction du drone quand<br />

celui-ci part en yoyo sur le plan<br />

horizontal. Les deux joysticks ayant<br />

une sensibilité différente, il faut<br />

apprendre à dissocier les mains,<br />

en restant le plus calme possible.<br />

2 e heure : vol en avant<br />

avec figures imposées<br />

Votre cerveau a bien assimilé la coordination.<br />

Vous allez pouvoir commencer<br />

à vous amuser : exercez-vous à<br />

voler en prenant un virage, en passant<br />

à travers des cerceaux lumineux, à<br />

faire des donuts (un tour sur soi-même<br />

en tournant autour d’une cible tout<br />

en la gardant en ligne de mire), puis<br />

des 8 en traversant des obstacles.<br />

Important : en prenant un autre<br />

virage, efforcez-vous de ne pas<br />

perdre l’orientation 3D du drone.<br />

3 e heure : renforcement<br />

des acquis<br />

Il est temps de passer à des aéronefs<br />

plus rapides, aux réactions plus agressives,<br />

et soumis à l’inertie… En effet,<br />

un drone lancé à fond doit anticiper<br />

un virage pour éviter de taper de plein<br />

fouet contre un mur. Vous risquez<br />

d’essuyer quelques échecs au début,<br />

mais très vite, vous retrouverez l’aisance<br />

des premières heures et enchaînerez<br />

les figures imposées, jusqu’à<br />

voler dans un tunnel étroit…<br />

4 e heure : immersion en<br />

« immersion stabilisée »<br />

Une fois validé le vol à vue, on passe<br />

au vol en FPV (First Person View).<br />

Une caméra placée à l’avant du drone<br />

assure le retour vidéo dans les<br />

lunettes de retransmission en direct.<br />

Cette expérience impressionnante<br />

vous immerge entre virtuel et réalité,<br />

sur différents parcours aux difficultés<br />

croissantes et aux obstacles de plus<br />

en plus petits pour aiguiser vitesse<br />

et précision.<br />

Venez apprendre<br />

à contrôler votre<br />

aéronef : vous éviterez<br />

ainsi de devenir un<br />

danger public ! »<br />

LA TEAM DRONEEZ<br />

5 e heure et plus : le mode<br />

« acro »<br />

Le Graal ! En mode acrobatique, le<br />

drone est entièrement livré à la dextérité<br />

du pilote. Ce mode est d’autant<br />

plus difficile à maîtriser qu’on a passé<br />

du temps en mode « stabilisé » et commencé<br />

à acquérir certains réflexes.<br />

Pourquoi se frotter à un pilotage si<br />

complexe ? Pour la liberté des mouvements<br />

en vol (qui rend accro) permettant<br />

de réaliser des flips, des saltos…<br />

en utilisant la combinaison des deux<br />

joysticks. Avec l’immersion en mode<br />

acrobatique, le plaisir est décuplé.<br />

17 Rue Hoche, Malakoff ; droneez.com<br />

Texte CHRISTINE VITEL<br />

56 THE RED BULLETIN


Bon à savoir<br />

Un usage récréatif ne dispense<br />

pas de respecter la vie<br />

privée et les règles de sécurité.<br />

Il est interdit de faire voler<br />

un drone en zone urbaine,<br />

au-dessus de personnes, à<br />

plus de 150 m d’altitude, de<br />

filmer et de revendre des<br />

prises de vues. Les propriétaires<br />

de drones de plus de<br />

800 g doivent être formés et<br />

doivent enregistrer leur appareil<br />

sur le site AlphaTango.<br />

FULGURA FILMS<br />

De 7 à 77 ans, Droneez<br />

accueille tous les<br />

amateurs de pilotage.<br />

THE RED BULLETIN 57


L’effet<br />

boule de<br />

neige<br />

Texte CHRISTINE VITEL<br />

Le documentaire A Land Shaped<br />

by Women déroule un narratif<br />

atypique pour un film d'outdoor,<br />

ce qui tenait à cœur à sa<br />

réalisatrice, Anne-Flore Marxer<br />

(ici à droite).<br />

58 THE RED BULLETIN


Sur son dossard, un drapeau<br />

français et un drapeau suisse.<br />

Côté pile, la snowboardeuse<br />

est championne du monde<br />

FWT 2011, et cheffe de file<br />

de l’ouverture des compétitions<br />

aux femmes (quand<br />

elle démarre à 18 ans, le<br />

slopestyle est réservé aux<br />

hommes). Côté face, Anne-<br />

Flore Marxer, 35 ans, est<br />

journaliste sportive. Son<br />

dernier challenge : un film<br />

dans lequel elle explique que<br />

faire bouger les choses, c’est<br />

stimulant et gratifiant.<br />

NICK PUMPHREY<br />

À l’issue de la toute première projection au<br />

festival du film de montagne de St. Anton<br />

(Tyrol) qui se déroulait l’été dernier, Anne-<br />

Flore Marxer se défend : elle n’est pas réalisatrice<br />

de formation, ne faisait pas de<br />

vidéos jusqu’ici ; du moins pas de celles<br />

auxquelles le milieu du snowboard nous<br />

a habitués. Pourtant, c’est bien A Land<br />

Shaped by Women, son film à elle, celui<br />

qu’elle a réalisé et écrit, qui rafle les<br />

récompenses et les prix d’une dizaine de<br />

festivals en l’espace de quelques mois, avec<br />

une belle conclusion fin janvier, au Grand<br />

Rex, devant 500 spectateurs (avant la<br />

distribution en VOD).<br />

Quelles que soient les conditions<br />

météo, les rideuses à l’écran ont l’air heureuses…<br />

Au sommet d’une montagne,<br />

piste vierge et mer en arrière-plan, ou sur<br />

une planche de surf dans une eau glacée,<br />

en pleine tempête de neige. « Franchement,<br />

c’était un truc de warrior. C’est un<br />

souvenir magique. » On est alors loin<br />

d’imaginer que cette aventure commence<br />

par un ras-le-bol. Anne-Flore Marxer en<br />

a assez de l’omniprésence des hommes<br />

dans les vidéos de snow, et donc de suivre<br />

un narratif masculin « héroïque » très<br />

égocentré, où, « à force de ne représenter<br />

le sport qu’en termes de danger et d’extrême,<br />

on écarte la gent féminine ». Elle<br />

exprime également sa déception quant<br />

aux compétitions de snowboard, selon<br />

elle « plus représentatives de l’investissement<br />

financier que du niveau sportif »<br />

sans distinction de genres.<br />

C’est lors de sa dernière victoire à<br />

Verbier en 2017, « un run juste pour le<br />

plaisir, dans une neige géniale […] sur<br />

la même pente que les hommes », qui lui<br />

THE RED BULLETIN 59


De gauche à droite : Aline Bock, Katrín Oddsdóttir (avocate des droits humains) et Anne-Flore Marxer.<br />

laisse pourtant un goût d’amertume,<br />

qu’elle décide de laisser tout ça derrière<br />

elle : les années à batailler, à se justifier, à<br />

investir une énergie volontaire pour offrir<br />

de meilleures conditions et opportunités<br />

aux femmes dans son sport. Elle décide<br />

de s’offrir un break de fin de saison, et se<br />

tourne vers l’Islande, pays réputé pour<br />

faire le bonheur des riders de tout poil.<br />

Elle part pour une semaine avec son amie<br />

Aline Bock, elle aussi snowboardeuse et<br />

championne du monde 2010, pour s’y ressourcer.<br />

Physiquement, et psychiquement.<br />

« Le snowboard, c’est ma façon de découvrir<br />

le monde. Dans un voyage, ce qui<br />

m’intéresse, c’est donc l’aspect sportif,<br />

mais aussi tout ce que l’on va découvrir<br />

en lien avec cela… »<br />

L’île s’avère un fantastique terrain de<br />

jeu (pour le snow, le surf, le stand-up<br />

paddle, la randonnée…) et une source<br />

intarissable d’inspiration : en tête du classement<br />

des Nations Unies de l’égalité des<br />

sexes pendant neuf années consécutives,<br />

la population de 350 000 âmes s’engage<br />

à construire une société durable et équitable<br />

(tant pour l’environnement que<br />

pour ses habitants). Ce qu’Anne-Flore<br />

découvre en Islande reflète les idées qui<br />

l’animent : « Ces changements de société,<br />

c’est à nous de les proposer et de les<br />

mettre en place. On ne peut pas juste dire<br />

que cela va s’améliorer avec le temps. »<br />

De retour chez elle, dans les Alpes,<br />

elle s’attelle à la préparation d’un deuxième<br />

séjour en Islande, caméra à<br />

l’épaule, pour témoigner d’une réalité<br />

exemplaire mais trop peu connue. Car sa<br />

force motrice consiste en cela : multiplier<br />

les opportunités pour apprendre, s’entraîner,<br />

contrer l’ennui, et ainsi ne jamais<br />

perdre la motivation. Anne-Flore passe<br />

A Land Shaped by Women illustre un empowerment féminin positif.<br />

60 THE RED BULLETIN


ELEONORA RAGGI<br />

L’Islande est à la fois un paradis pour les amateurs de glisse, et une source d'inspiration<br />

bienfaitrice pour le développement de l'égalité des genres.<br />

« Les changements,<br />

c’est à nous de les<br />

proposer et de les<br />

mettre en place. »<br />

Anne-Flore Marxer<br />

donc l’été à se passionner pour l’histoire<br />

politique du pays, avant de reprendre la<br />

route en van l’hiver suivant, toujours avec<br />

Aline. Cette fois, en terrain moins<br />

inconnu, elle filme une terre, des paysages,<br />

des séances de glisse sans prétention<br />

de performance, et vient saisir en<br />

plans larges et mouvements fluides l’amplitude<br />

d’une nouvelle liberté d’action.<br />

<strong>Mai</strong>s qu’allait-elle chercher d’autre sur<br />

cette île volcanique à l’image si injustement<br />

austère ? Avec son optimisme et sa<br />

verve sans détour, Anne-Flore a la ferme<br />

intention de dresser les portraits des<br />

actrices de la société islandaise actuelle,<br />

soucieuses de préserver et faire perdurer<br />

l’héritage légué par leurs aînées. Aline<br />

et elle n’imaginent pas jusqu’où cette<br />

détermination les poussera. Elles sillonnent<br />

l’île à la fois pour leur propre plaisir, celui<br />

de la glisse, et pour fertiliser le champ des<br />

possibles. Des amis communs les ont<br />

connectées avec une première femme,<br />

Heida Birgisdottir, fondatrice du label de<br />

mode Nikita, auxquelles d’autres viendront<br />

faire écho. Le film déroule ces liens<br />

tissés au hasard des rencontres. « Ce que<br />

j’ai trouvé fascinant, c’est que chacune des<br />

personnes rencontrées en Islande était<br />

très impliquée dans la réforme du système<br />

qui les concerne. Et cela est vu et perçu de<br />

manière très positive là-bas. » Le contraste<br />

est saisissant avec les propositions d’Anne-<br />

Flore, depuis 2002, pour faire évoluer le<br />

sport du côté des femmes… « Cela a été<br />

très difficile à mettre en place et mal reçu<br />

par les organisateurs et les acteurs du<br />

milieu sportif. Alors que je ne voulais<br />

qu’amener des idées positives pour améliorer<br />

les choses. »<br />

En montant son projet de film, en<br />

réunissant des sponsors, en apprenant à<br />

faire le montage, Anne-Flore développe<br />

de nouvelles compétences pour explorer<br />

le monde sous un autre angle. Et inciter<br />

ses homologues à faire de même ! « Plus<br />

on investira dans des projets menés par<br />

des femmes, plus on répartira la diversité<br />

des gens qu’on verra à l’écran et des gens<br />

qui travailleront autour du projet. Ce qui<br />

se répercutera sur la diversité du public<br />

que l’on touchera. » Depuis qu’elle a compris<br />

qu’en accédant à certaines positions<br />

(sur le podium), elle pouvait asseoir sa<br />

légitimité pour revendiquer les mêmes<br />

conditions et bénéfices accordés aux<br />

hommes (au hasard : les prize money,<br />

dont le montant différait d’un genre à<br />

l’autre), les obstacles ne lui font plus<br />

peur ; elle s’en sert de levier. Comme le<br />

déclare Katrín Oddsdóttir, avocate des<br />

droits humains, à la caméra : « Le plaisir<br />

de changer le monde, vous ne le faites pas<br />

par obligation, mais parce que c’est<br />

valorisant ! »<br />

L’enthousiasme communicatif d’Anne-<br />

Flore a pour seul but « d’améliorer les<br />

conditions du côté des femmes dans son<br />

sport et au-delà, ce qui finalement bénéficiera<br />

à tout le monde », assure-t-elle.<br />

Anne-Flore Marxer surfe sur la vague de la<br />

détermination. On la voit glisser, à l’écran<br />

et dans la vie, avec un sourire franc et<br />

désarmant, preuve flagrante qu’avancer,<br />

c’est engendrer du positif : « et c’est aussi<br />

pouvoir se dire, à la fin de la journée, que<br />

ça en valait vraiment la peine ».<br />

alandshapedbywomen.com<br />

Instagram et Twitter : @annefloremarxer<br />

THE RED BULLETIN 61


LAZARUS LAKE<br />

a une réputation<br />

de sadique, de<br />

péquenaud et<br />

d’extraterrestre<br />

du trail…<br />

Texte<br />

TOM WARD<br />

Photos<br />

JEREMY LIEBMAN<br />

62 <br />

Il a créé les MARATHONS<br />

DE BARKLEY, l’ultramarathon<br />

le plus retors jamais imaginé


Lazarus Lake, alors qu’il s’appelait encore Gary Cantrell, sillonnant les routes du<br />

Tennessee aux premiers jours de sa longue carrière de coureur d’endurance.<br />

D’une beauté brute, Frozen Head State Park<br />

dans le Tennessee (USA) couvre plus de<br />

97 km², se situe à un peu plus de deux<br />

heures et demie à l’est de Nashville, la capitale<br />

de l’État, et dans un autre fuseau<br />

horaire. Ce que Lazarus Lake omettra de<br />

préciser. <strong>Mai</strong>s se fera un malin plaisir à nous<br />

faire remarquer en s’enquérant de la raison<br />

de notre retard (alors que nous pensions être<br />

en avance). Lake est connu pour son côté bourru. Aurions-nous<br />

tout gâché avant même d’avoir commencé ?<br />

En réalité, pas de quoi s’inquiéter. Nous retrouvons Lazarus<br />

Lake sur le parking du centre d’accueil des visiteurs de Frozen<br />

Head, détendu et ravi de nous rencontrer. Vêtu d’un jean, d’une<br />

chemise à carreaux et d’un bonnet en laine rouge marqué du mot<br />

geezer (en français, « vieux schnock »), peu pressé de décoller, il<br />

nous fixe d’un air malicieux derrière ses lunettes cerclées de<br />

métal, une cigarette au bout des lèvres, cachée dans sa barbe<br />

jaunie par le tabac. Il se déplace lentement, avec la nonchalance<br />

d’un homme qui a tout son temps, et parle d’une voix traînante<br />

typique du sud des États-Unis.<br />

En cette saison, le Frozen Head State Park regorge d’arbres<br />

nus qui oscillent sur les versants des montagnes alentour. Nous<br />

avons convenu de nous retrouver là où sont nés les marathons<br />

de Barkley, redoutés pour leur incroyable brutalité (et portant<br />

bizarrement la marque du pluriel), également connus comme<br />

la course qui met à bout de souffle, <strong>The</strong> Race That Eats Its Young,<br />

du nom du documentaire Netflix de 2014.<br />

Lazarus Lake est d’humeur bavarde. Il palabre sur le football<br />

américain universitaire, les origines de l’oranger des Osages,<br />

l’histoire de la géographie américaine, les pics de décès causés<br />

par les ours sauvages, la population locale des cigales, la diminu-<br />

ALEXIS BERG (2), SANDRA CANTRELL<br />

64 THE RED BULLETIN


Très rudes, les marathons<br />

de Barkley attirent<br />

des coureurs du<br />

monde entier : Inde,<br />

Nouvelle-Zélande,<br />

Lituanie, Russie,<br />

Japon ou Tadjikistan.<br />

Les coureurs doivent affronter la neige, le grésil,<br />

la pluie et le brouillard. Il est souvent difficile<br />

de voir à plus de 10 mètres devant soi.


Lazarus Lake et son<br />

déjeuner healthy...<br />

En face : un gâteau<br />

orné de la devise<br />

que Lazarus Lake<br />

prononce le jour de<br />

la course : « Bonne<br />

chance les nazes ».


« Vous vous demandez peut-être pourquoi<br />

on s’inflige ça… Et pourquoi pas ? »<br />

ALEXIS BERG<br />

tion du nombre d’aires de repos sur les routes américaines, et<br />

les imitations de sa boisson favorite, Dr Pepper.<br />

Et bien qu’il ait compté parmi les plus grands ultramarathoniens<br />

dans ses jeunes années, créé six courses uniques et soit<br />

revenu d’un trek de 5 100 km sur 126 jours d’un bout à l’autre<br />

des États-Unis, Lazarus Lake tient à souligner qu’il n’aime pas<br />

spécialement faire de l’exercice. « Ça me gonfle !, se marre-t-il.<br />

C’est inutile et on n’a rien à montrer à la fin. Alors au lieu de<br />

soulever des poids, je construisais des murs en pierre. Ça revenait<br />

au même, et j’avais un résultat concret au final. »<br />

Lazarus Lake est une contradiction ambulante. L’homme<br />

qui a imaginé l’ultramarathon le plus redouté au monde<br />

est indolent et préfère la rando à la course. Il fume<br />

comme un pompier, ne conçoit pas un repas sans un bon<br />

steak et ne se sépare jamais de sa bouteille de Dr Pepper. Et ne<br />

lésine pas sur le beurre. Il est bien loin des débats actuels sur<br />

la nutrition…<br />

C’est certainement son humour peu conventionnel qui l’a<br />

amené à inventer les marathons de Barkley. Pour être autorisé<br />

à y participer, il faut une bonne condition physique et mentale,<br />

et un sacré sens de l’humour. Créés en 1986, ces marathons<br />

consistent en une boucle qui commence et se termine au niveau<br />

de la barrière jaune, point de départ du chemin de randonnée de<br />

Frozen Head. Officiellement, ils comptent cinq tours de 32 km<br />

environ (les coureurs, eux, affirment qu’une boucle représente<br />

en réalité un marathon complet soit 42,2 km). Les deux premiers<br />

tours se courent dans le sens des aiguilles d’une montre, les deux<br />

suivants dans le sens inverse et – si vous arrivez jusque-là – le<br />

cinquième et dernier tour se court dans le sens de votre choix.<br />

Chaque boucle compte près de 3 700 m en montée et autant en<br />

descente, pour un total de 37 000 m de dénivelé, ce qui revient à<br />

gravir et descendre l’Everest deux fois. La course a généralement<br />

lieu le samedi précédent le 1 er avril et débute entre minuit et<br />

midi. Une conque retentit pour indiquer aux participants que<br />

la course commencera 60 minutes plus tard. Puis Lazarus Lake<br />

allume sa cigarette pour marquer le début des hostilités.<br />

L’itinéraire chaque année renouvelé inclut toujours des obstacles<br />

iconiques, comme la colline surnommée Testicle Spectacle,<br />

le mur d’escalade de Danger Dave (avec ses chemins exposés et<br />

ses berges sableuses) et la Rat Jaw (une pente émaillée de<br />

souches d’arbres et de bruyères coupantes comme des lames<br />

de rasoir). Les coureurs disposent d’une boussole et d’une carte<br />

pour s’orienter. L’utilisation du GPS est interdite. À chaque tour,<br />

les concurrents doivent retrouver un livre placé à certains<br />

endroits le long du tracé de la course et arracher la page qui correspond<br />

à leur numéro de dossard. Cela prouve qu’ils ont suivi<br />

le bon tracé, et le décompte des pages après coup est un moyen<br />

infaillible pour Lazarus Lake de vérifier que les participants ont<br />

bien passé chaque point de contrôle. Étant donné que la course<br />

est organisée en mars, les concurrents doivent affronter la neige,<br />

le grésil, la pluie et le brouillard.<br />

Les marathons de Barkley doivent être effectués en moins de<br />

60 heures, ce qui contraint les coureurs à de courtes pauses entre<br />

les tours, pendant lesquelles leurs proches leur font enfourner de<br />

la nourriture, soignent leurs écorchures, etc. Puis retour à la<br />

course. Le record est détenu par un Américain, Brett Maune, qui<br />

a terminé en 52 heures 3 minutes et 8 secondes en 2012. À ce<br />

jour, seuls quinze personnes ont réussi à terminer les cinq tours.<br />

« Ceux et celles qui se soumettent à cette épreuve en ressortent<br />

grandis, explique Lake. Car ils se sont dépassés. » Selon lui, l’objectif<br />

n’a jamais été de créer la course la plus difficile au monde,<br />

mais simplement de tester les limites des participants.<br />

L’idée lui est venue lorsqu’en 1977, James Earl Ray, le meurtrier<br />

du défenseur des droits civiques Martin Luther King Jr.,<br />

vient de s’échapper du pénitencier de Brushy Mountain, déclenchant<br />

ainsi la plus grande chasse à l’homme du Tennessee.<br />

James Earl Ray est capturé dans les bois 54 heures plus tard,<br />

THE RED BULLETIN 67


Cinq tours de 32 km chacun environ. Chaque boucle compte près de<br />

3 700 m en montée et autant en descente, pour un total de 37 000 m de<br />

dénivelé, ce qui revient à gravir et descendre l’Everest deux fois.<br />

après avoir parcouru moins de 13 km. Convaincu qu’il aurait pu<br />

parcourir une distance de 160 km dans le même laps de temps,<br />

c’est là que Lazarus Lake imagine ses marathons.<br />

La sélection des participants est draconienne. Chaque année,<br />

des coureurs du monde entier posent leur candidature, mais<br />

seuls quarante se retrouvent sur la ligne de départ, après avoir<br />

réalisé un « sacrifice humain » qui, selon Lazarus Lake, n’a pas<br />

d’égal. Pour gagner leur dossard, les concurrents doivent rédiger<br />

une lettre de motivation expliquant les raisons pour lesquelles<br />

ils méritent leur place et s’acquitter de frais de dossier (non remboursables)<br />

de 1,60 $. Les candidats retenus reçoivent une lettre<br />

de condoléances.<br />

Le jour de la course, les nouveaux concurrents doivent apporter<br />

une plaque d’immatriculation de leur État, tandis que les<br />

rares ayant déjà terminé une précédente édition doivent fournir<br />

un paquet de cigarettes Camel. Et les concurrents qui ont déjà<br />

participé mais n’ont pas réussi à terminer la course doivent venir<br />

avec un objet choisi (chemise à carreaux, chemise blanche,<br />

chaussettes…) par lui. Cette année, il pense demander une imitation<br />

de Dr Pepper, dont il est accro. Lazarus Lake pourrait<br />

demander plus, mais ces frais peu élevés permettent d’accueillir<br />

un ensemble éclectique de participants, dont John Kelly, originaire<br />

de Washington DC et vainqueur de l’édition 2017. Silhouette<br />

élancée et air sérieux, John Kelly considère les marathons<br />

de Barkley comme un événement incontournable du trail.<br />

« Ils permettent de mieux connaître ses limites. La résilience<br />

mentale seule ne suffit pas pour terminer une course. Ce n’est<br />

pas non plus une question de forme. Quelle que soit votre condition<br />

physique, vous allez être tenté d’abandonner à un moment<br />

ou à un autre. » Ce n’est qu’à son troisième essai que John Kelly<br />

réussit à terminer les marathons de Barkley. « J’étais en plein<br />

délire. Il m’a fallu un moment pour réaliser que je l’avais fait ! »<br />

Lazarus Lake adhère. Il n’a d’ailleurs pas toujours été aussi<br />

sadique. « Je mérite une sorte de compensation, commence-t-il<br />

alors qu’on lui demande de raconter sa jeunesse. Une compensation<br />

de ses parents originaires de l’Oklahoma et dont l’enfant – qui<br />

n’a jamais rien fait de mal – est né et a grandi au Texas. Cet enfant,<br />

qu’ils le veuillent ou non, sera à jamais marqué par cette réalité.<br />

C’est une réalité qui… Bref, c’est arrivé. Que peut-on y faire ? »,<br />

soupire-t-il, impassible. Idem quand on le questionne sur son âge :<br />

« En quelle année je suis né ? Je ne me souviens pas. J’étais vraiment<br />

très jeune à l’époque. » (Nos recherches montrent qu’il a<br />

ALEXIS BERG<br />

68 THE RED BULLETIN


Chaque semaine, Lake fait<br />

une boucle de 32 km à pied<br />

pour déjeuner ici. À gauche :<br />

un coureur exhibe ses<br />

blessures post-marathon.


L’Américain John Kelly<br />

descend la Rat Jaw lors de<br />

son cinquième et dernier tour.<br />

Quelques heures plus tard,<br />

il sera la quinzième personne<br />

à terminer les marathons<br />

de Barkley.<br />

70 THE RED BULLETIN


ALEXIS BERG (2)<br />

64 ans.) Tout ce que Lake dira, c’est qu’il est né Gary Cantrell à<br />

San Marcos, Texas, car son père avait été nommé sur la base militaire<br />

aérienne Edward Gary. (Par la suite, il se choisit le nom de<br />

Lazarus Lake pour sécuriser son premier compte e-mail. « Comme<br />

si j’avais des secrets d’État à protéger », plaisante-t-il.)<br />

Les Cantrell vivent à proximité d’une résidence étudiante.<br />

Le jeune Lake y côtoie des joueurs de football américain, ce qui<br />

confirme sa passion pour le sport. En 1966, la mode du jogging<br />

est mise à l’honneur dans le journal du soir. Son père et ses amis<br />

mettent alors le cap vers la piste du coin pour courir un mile<br />

(environ 1 600 mètres) en moins de huit minutes. La première<br />

fois que Lazarus Lake les accompagne, il surpasse son père.<br />

« Je ne l’avais jamais battu dans aucun domaine, rit-il. Notre<br />

famille adore la compétition et le sport, et les enfants n’étaient<br />

pas autorisés à gagner. » Pensant qu’il devait être un bon coureur,<br />

Lazarus Lake commence la piste et le cross-country, ce qui<br />

l’amène aux courses sur route, puis aux marathons. Puis il s’inscrit<br />

partout où il le peut, jusqu’aux compétitions internationales.<br />

Et décide finalement que l’ultramarathon sera sa discipline<br />

reine. Or, les ultramarathons les plus proches du Tennessee se<br />

déroulent à Miami et à Philadelphie. Lazarus Lake crée donc son<br />

propre ultramarathon, le Strolling Jim 40, en 1979. Entre-temps,<br />

les blessures et les ravages d’une vie passée à marteler le sol l’ont<br />

mis hors course. Lazarus Lake sait que son talent est ailleurs.<br />

« Je voulais être un bon coureur, mais j’ai toujours été moyen.<br />

En fait, je suis bien meilleur pour coordonner les courses. »<br />

À présent retraité de son poste de comptable, il organise cinq<br />

courses annuelles en plus des marathons de Barkley, y compris<br />

le Barkley Fall Classic (une sorte de marathons de Barkley pour<br />

débutants) et le Big’s Backyard Ultra, une course d’endurance<br />

pendant laquelle les concurrents doivent réaliser autant de<br />

boucles de 6,7 km que possible, avec des départs à chaque heure<br />

pile. Départ manqué ? Compétition terminée ! En 2017, le vainqueur<br />

a parcouru 456 km.<br />

Si sa vie de coureur est derrière lui, Lazarus Lake n’en<br />

reste pas moins actif. Le lendemain de notre rencontre<br />

à Frozen Head, nous nous retrouvons pour le déjeuner<br />

à Pétaouchnok, sur une aire de repos qui fait aussi office<br />

de bazar et de boutique d’antiquités, et sert le meilleur poulet frit<br />

de la région. Au moins une fois par semaine, Lazarus Lake<br />

marche 16 km pour venir casser la croûte ici, puis il retourne<br />

chez lui, toujours à pied. Une broutille comparé à son épique<br />

randonnée de septembre 2018. Après dix mois de convalescence<br />

dus à une blessure à la cheville, Lake décide de marcher dans<br />

douze États, malgré les mises en garde de son médecin quant à<br />

un dysfonctionnement de son artère fémorale gauche. Sauf que<br />

Lazarus Lake est déterminé à atteindre son but. « Vous vous<br />

demandez peut-être pourquoi on s’inflige ça ? Et pourquoi pas ?<br />

J’ai toujours voulu le faire mais je n’ai jamais eu le temps, avec<br />

la famille, le boulot… Je me suis rendu compte que si je ne me<br />

décidais pas maintenant, je n’en serais bientôt plus capable<br />

physiquement. »<br />

Suivant la route 20 de Newport, Rhode Island, jusqu’à<br />

Newport, Oregon, Lazarus Lake met une semaine de plus que les<br />

120 jours prévus pour terminer ce trek. Il marche 12 à 14 heures<br />

par jour et perd 18 kg. Des inconnus lui proposent souvent de l’accompagner<br />

sur une partie de l’itinéraire. Dans les régions désertiques<br />

de l’est, on s’arrête et on lui donne de l’eau. Il s’émerveille<br />

devant la voûte étoilée visible depuis les plaines du Nebraska.<br />

« Quelle que soit votre condition<br />

physique, vous serez tenté d’abandonner<br />

à un moment ou à un autre. »<br />

John Kelly reprend son souffle après la ligne d’arrivée en 2017. Jusqu’en<br />

2013, il n’avait jamais couru plus de 10 kilomètres...<br />

Il fait un détour par le Wisconsin quand les sentiers rocailleux de<br />

l’Illinois se révèlent trop coriaces pour la randonnée, et se heurte<br />

à un dernier obstacle lorsqu’il découvre que l’Oregon est une zone<br />

durement aride, et non la riche région boisée qu’il imaginait.<br />

Il gravit toutes les montagnes qu’il trouve sur son chemin. Et à<br />

près de 700 km de l’arrivée, il se fracture la hanche. Il aura suffi<br />

d’une contorsion inhabituelle. Considérant qu’il est trop proche<br />

de la fin pour faire marche arrière, il poursuit sa route. « Les deux<br />

premières semaines qui ont suivi mon retour sont très floues. Je<br />

suis resté assis sur ma chaise. Toute ma vie, à l’école et au travail,<br />

j’ai voulu être en extérieur. Et maintenant, c’est l’inverse ! »<br />

Nous réglons et prenons congé sur l’aire de repos. Lazarus<br />

Lake doit rentrer chez lui étudier la pile de candidatures qui s’accumulent<br />

pour les prochains marathons de Barkley. Il ne court<br />

plus, mais ses journées sont toujours aussi remplies, entre la<br />

logistique de tels événements et ses propres pérégrinations. Il ne<br />

ralentira sans doute jamais. « Trop de gens vivent leur vie comme<br />

s’ils voulaient rendre leur équipement en parfait état, s’étonnet-il<br />

en tirant sur une énième cigarette. À ma mort, je veux qu’on<br />

s’exclame : “Mon Dieu, tout est usé jusqu’à la corde” Nous avons<br />

une seule vie. Ce sont toutes les expériences que nous pouvons y<br />

intégrer qui comptent. » Il esquisse un sourire avant de s’engouffrer<br />

brusquement dans sa voiture et disparaître dans les forêts<br />

du Tennessee. Retour à la légende.<br />

barkleymarathons.com<br />

THE RED BULLETIN 71


Impressionnant : Dani<br />

Pedrosa en 2018 sur le<br />

circuit d’Assen (Pays-<br />

Bas). Avec Destination<br />

<strong>Red</strong> Bull, l’Espagnol sera<br />

l’un de vos coachs.<br />

72


F O R M A T I O N A C C É L É R É E<br />

COACHÉ<br />

PAR DES<br />

PROS<br />

COMMENT<br />

FONT-ILS ?<br />

Pour les motards, les sliders usés<br />

sont la marque du guerrier.<br />

Initiez-vous au virage parfait sous<br />

l’œil avisé des légendes du MotoGP.<br />

Bienvenue à Destination <strong>Red</strong> Bull.<br />

GETTY IMAGES WERNER JESSNER


F O R M A T I O N A C C É L É R É E<br />

ILS<br />

PROS<br />

COACHÉ<br />

PAR DES<br />

FONT<br />

COMME<br />

ÇA !<br />

<strong>Mai</strong>ntenir<br />

la tête droite.<br />

Le genou<br />

extérieur bien<br />

cramponné au<br />

réservoir.<br />

Les avantpieds<br />

calés<br />

sur les<br />

repose-pieds.<br />

Le genou doit toucher le sol<br />

et imprimer aux sliders l’usure<br />

qui les caractérise. Dix clés<br />

pour un virage parfait.<br />

La jambe intérieure<br />

repliée et écartée<br />

vers l’extérieur.<br />

Sete Gibernau,<br />

46 ans, coach<br />

Destination <strong>Red</strong><br />

Bull (cf. encadré),<br />

179 courses de<br />

CM à son actif.<br />

1Adoptez et maintenez une conduite<br />

sereine. Tenez le guidon sans vous<br />

raidir et pilotez avec souplesse en<br />

pensant à bien respirer.<br />

2<strong>Mai</strong>ntenez la tête droite même<br />

dans un virage serré. La seule<br />

façon d’évaluer le virage avec justesse<br />

est de garder les yeux parallèles au sol.<br />

3Cas d’un virage à gauche, jugé<br />

plus facile par la majorité des<br />

pilotes : avec l’accélérateur à l’extérieur,<br />

la marge pour équilibrer avec le coude<br />

est plus grande.<br />

4En phase de freinage à l’entrée<br />

du virage, seuls les avant-pieds<br />

sont sur les repose-pieds afin d’éviter<br />

tout risque de contact avec le sol et de<br />

rabotage des orteils.<br />

5Après la phase de freinage,<br />

utilisez le poids du corps pour<br />

déplacer le centre de gravité vers<br />

l’intérieur et serrez les genoux sur le<br />

réservoir, le tout dans un mouvement<br />

fluide et sans à-coup.<br />

À force de frotter, le pantalon<br />

aussi y est passé.<br />

Amateur ou pro (comme ici en MotoGP), la technique de base reste la même.<br />

6Pliez la jambe intérieure et<br />

ouvrez-la vers l’extérieur.<br />

Ne pas hésiter au début à exagérer<br />

le geste.<br />

7Creuser légèrement le dos.<br />

Cela permet d’adopter automatiquement<br />

une position basse sur<br />

la moto facilitant le rapprochement<br />

du genou vers le sol.<br />

8À partir de ce point, il ne faut<br />

plus toucher aux freins.<br />

Prendre le virage en ayant la sortie<br />

en ligne de mire – plus ou moins vers<br />

l’avant selon l’instinct.<br />

9Réglez l’inclinaison à l’aide de<br />

l’accélérateur : en réduisant<br />

les gaz, la moto penche vers<br />

l’intérieur. En les ouvrant, elle se<br />

redresse. La pratique permet à la<br />

longue de maîtriser le bon dosage.<br />

Puis arrive le moment où<br />

10 le genou touche terre.<br />

Félicitations, mission accomplie !<br />

<strong>Mai</strong>s restez calme (cf. étape 1). Il faut<br />

encore sortir du virage. Ouvrez les<br />

gaz et laissez la force centrifuge<br />

redresser la bécane. Préparez-vous<br />

à le refaire toute une journée.<br />

GETTY IMAGES TOM MACKINGER<br />

74 THE RED BULLETIN


VOS GUIDES DE VOYAGE<br />

L’un des temps forts de l'expérience : passager sur une Ducati MotoGP.<br />

AU PLUS PRÈS<br />

DE L’ACTION<br />

La plateforme de voyage Destination <strong>Red</strong> Bull vous<br />

ouvre les coulisses du MotoGP de Barcelone, l’accès<br />

à un circuit privé et à deux coachs de haut niveau.<br />

DANI PEDROSA n’a plus besoin<br />

d’être présenté aux fans de MotoGP :<br />

le triple champion du monde (en 125 et<br />

250 m³) a illuminé le Championnat du<br />

monde de moto pendant dix-huit ans.<br />

Outre son style de pilotage, l’Espagnol<br />

a aussi conquis les cœurs des spectateurs<br />

par sa ténacité face aux revers<br />

subis. Après 295 courses, l’éternel pilote de l’écurie<br />

Honda a mis fin à sa carrière à l’automne dernier et rejoint<br />

l’équipe développement de KTM.<br />

SETE GIBERNAU a grandi entouré<br />

de motos. Son grand-père Don Paco<br />

Bultó a fondé la légendaire marque de<br />

moto Bultaco. L’Espagnol participe<br />

aux championnats du monde de 1992<br />

à 2006, et en 2009. Faits d’arme :<br />

vice-champion du monde en 2003 et<br />

2004 derrière Valentino Rossi. Après<br />

sa retraite, il intègre le staff de Dani Pedrosa jusqu’à ce<br />

qu’il reprenne du service en 2018 – en MotoE, championnat<br />

du monde de motos électriques.<br />

MARC ROBINOT, TANDEM, SHUTTERSTOCK BLAGOVESTA BAKARADJIEVA<br />

En haut : l’hôtel W Barcelona vous accueille une nuit. En bas : vue sur la Sagrada Familia.<br />

TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT<br />

EXCLUSIF<br />

Le cicruit privé de<br />

Sete Gibernau.<br />

Journée d’entraînement<br />

MotoGP sur le circuit privé<br />

de Sete Gibernaus avec<br />

Dani Pedrosa.<br />

Copilotage sur une Ducati<br />

biplace.<br />

Le premier jour du<br />

séjour est consacré<br />

au pilotage sur le<br />

circuit privé de Sete<br />

Gibernau, situé à<br />

130 km de Barcelone<br />

dans la région<br />

de Gérone. Le tracé<br />

du circuit est modulable<br />

avec une configuration<br />

qui peut atteindre jusqu’à 1,3 kilomètre comportant<br />

plus de vingt virages, dont beaucoup reproduisent<br />

ceux de circuits MotoGP et de Formule 1 actuels. Le revêtement<br />

en asphalte est spécialement conçu pour offrir<br />

une adhérence maximale.<br />

LE SÉJOUR DESTINATION RED BULL<br />

<strong>Red</strong> Bull MotoGP Experience du 14 au 16 juin <strong>2019</strong>.<br />

Les temps forts :<br />

Offre VIP pour le GP<br />

de Barcelone.<br />

Accès aux stands et à la<br />

<strong>Red</strong> Bull Energy Station.<br />

Hébergement dans le<br />

superbe hôtel W Barcelona<br />

donnant sur la plage.<br />

Réservations sur destination.redbull.com<br />

THE RED BULLETIN 75


<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />

TÉLÉCHARGEZ<br />

L’APPLI !<br />

COURONS<br />

POUR FAIRE AVANCER LA RECHERCHE<br />

AVEC L’APPLI, OÙ QUE VOUS SOYEZ<br />

5 MAI <strong>2019</strong> - 13H<br />

100% DES FONDS SONT REVERSÉS À LA RECHERCHE SUR LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE<br />

WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM


guide<br />

au programme<br />

NE MANQUEZ RIEN<br />

Moto, hip-hop, avions<br />

en papier ou clubbing…<br />

ça fera date !<br />

PAGE 82<br />

CLUB DES CINQ<br />

Le Neymar’s Jr Five<br />

revient et transportera<br />

une nouvelle fois ses<br />

finalistes au Brésil.<br />

PAGE 84<br />

FAST PACKING<br />

Comment n’emporter<br />

que le strict minimum,<br />

qu’importe le terrain.<br />

PAGE 88<br />

DIVE.IS<br />

LE GRAND RETOUR<br />

DE LA TECTONIQUE<br />

Pour plonger entre<br />

deux plaques, la nordaméricaine<br />

et l’eurasienne,<br />

c’est uniquement en<br />

Islande que ça se passe.<br />

PAGE 78<br />

THE RED BULLETIN 77


G U I D E<br />

Faire.<br />

Cooper nage entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne dans la faille de Silfra (Islande).<br />

FAILLE DE SILFRA<br />

DES PLONGEURS À<br />

CÔTÉ DE LA PLAQUE<br />

L’Islande est le seul endroit au monde où l’on puisse plonger<br />

entre des plaques tectoniques. Tarquin Cooper a enfilé<br />

une combinaison étanche et s’est aventuré dans l’abîme.<br />

Je suis à dix mètres de profondeur.<br />

En suspension entre<br />

deux parois escarpées de<br />

roche volcanique dans un canyon<br />

sous-marin, le long de la ligne<br />

de faille de la dorsale médioatlantique.<br />

Je n’entends que ma<br />

respiration. Dans ma tenue<br />

étanche et pressurisée, je me sens<br />

plus astronaute que plongeur.<br />

Un sentiment renforcé par le bleu<br />

profond de l’eau. Je pourrais être<br />

en train de flotter dans l’espace…<br />

Devant moi, le gouffre se rétrécit<br />

pour faire environ deux mètres.<br />

C’est l’endroit de la plongée où les<br />

Cooper (à droite) et le guide de plongée Enno Ackermann.<br />

78 THE RED BULLETIN


voyage<br />

CONSEILS PRATIQUES<br />

EN TERRE DE FEU<br />

ET DE GLACE<br />

Mangez de la tête de mouton, explorez l’endroit<br />

où Brienne a tué Le Limier, et visitez le<br />

musée des pénis. Et quoi que vous fassiez, ne<br />

traitez jamais un cheval islandais de poney.<br />

Islande<br />

La faille se situe sous le parc de Thingvellir, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.<br />

Thingvellir<br />

Reykjavík<br />

En été, les algues<br />

qui poussent dans<br />

la faille de Silfra<br />

donnent à l’eau<br />

une couleur<br />

encore plus vive.<br />

TARQUIN COOPER<br />

Dernières vérifications : les plongeurs se préparent pour l’immersion intercontinentale.<br />

deux plaques continentales sont<br />

les plus rapprochées. Tandis que<br />

je me faufile, je m’arrête pour faire<br />

le pont entre la plaque nord-américaine<br />

d’un côté et la plaque eurasienne<br />

de l’autre, et savoure l’une<br />

des vues les plus époustouflantes<br />

que l’on puisse avoir sous l’eau :<br />

la faille de Silfra.<br />

L’Islande n’est pas la première<br />

destination qui vient à l’esprit pour<br />

la plongée. Elle est célèbre pour<br />

ses sources thermales, sa population<br />

très impliquée dans l’égalité<br />

des droits hommes-femmes et ses<br />

volcans aux noms imprononçables<br />

comme Eyjafjallajökull (dont<br />

l’éruption a semé le chaos dans<br />

le trafic aérien en 2010). Colonisé<br />

par les vikings et dominé par les<br />

« L’eau est si claire<br />

que je vois le bout<br />

du couloir. C’est<br />

magnifique. »<br />

dieux nordiques, le paysage est<br />

sauvage, montagneux et rude.<br />

Et sous l’eau ? À 50 km à l’est de<br />

Reykjavík, dans le parc national de<br />

Thingvellir classé au patrimoine<br />

mondial de l’Unesco, se trouve un<br />

petit chenal de fonte de glaciers<br />

qui débouche sur la faille de Silfra,<br />

une fissure entre les plaques tectoniques<br />

résultant d’une série de<br />

tremblements de terre en 1789.<br />

À FAIRE<br />

MANGER DE LA TÊTE DE MOUTON<br />

Goûtez au kjammi og kók, de la tête de mouton, à la gare<br />

routière de Reykjavík’s BSÍ. À moins que vous ne préfériez<br />

un petit bout de hákarl, ce requin fermenté qui sent bon<br />

l’ammoniac Choisissez de préférence des food halls,<br />

deux fois moins cher qu’au restaurant et terminez<br />

votre repas avec une glace à la réglisse.<br />

DÉCOUVRIR DES LIEUX DE TOURNAGE<br />

Allez voir le site où Le Limier a rencontré son ennemie<br />

jurée, Brienne de Torth. De nombreuses autres scènes de<br />

Game of Thrones ont également été tournées sur l’île.<br />

BLOQUER SUR UN PHALLUS<br />

Le seul musée au monde dédié aux pénis est à Reykjavík !<br />

Jouer au golf sous le soleil de minuit, sur l’un des 65 terrains<br />

sur champ de lave, pourrait être plus séduisant.<br />

À ÉVITER<br />

ACHETER DE L’EAU MINÉRALE EN BOUTEILLE<br />

L’eau du robinet est de l’eau minérale volcanique pure.<br />

TRAITER LES PETITS CHEVAUX DE PONEYS<br />

Vous risquez de vexer vos hôtes islandais. Leurs chevaux<br />

sont célèbres pour leur caractère trempé et leur allure<br />

unique appelé tölt.<br />

ACHETER DES BIÈRES AU SUPERMARCHÉ<br />

Elle sera sans alcool. La bière n’a été légalisée qu’en 1989 –<br />

le 1 er mars, jour où l’on fête le Bjordagur (Jour de la Bière) –<br />

et vous n’en trouverez que dans des magasins gérés par<br />

l’état ou des boutiques hors-taxes.<br />

THE RED BULLETIN 79


G U I D E<br />

Faire.<br />

voyage<br />

LANCEZ-VOUS<br />

EN EAUX GLACIALES<br />

Pratiquer la plongée dans l’eau froide<br />

requiert d’autres aptitudes que dans l’eau<br />

tiède. Pour les débutants, il est important de<br />

savoir se servir d’une combinaison étanche.<br />

LA COMBI ÉTANCHE<br />

Bien plus qu’une couche imperméable, la combinaison<br />

étanche a plus de similarités avec une tenue d’astronaute<br />

qu’avec une combinaison de plongée. De nombreuses<br />

fonctions sont dérivées d’innovations de la NASA.<br />

FERMETURE ÉCLAIR<br />

ÉTANCHE<br />

Développée par la<br />

NASA pour retenir<br />

l’air, elle a des joints<br />

imperméables<br />

des deux côtés<br />

des dents.<br />

« Comme flotter dans l’espace. » Cooper est fasciné par les eaux cristallines de Silfra.<br />

SYSTÈME DE GANTS<br />

AVEC BAGUES<br />

Vous avez sûrement<br />

vu Neil Armstrong<br />

(ou Matt Damon dans<br />

Seul sur Mars) attacher<br />

ses gants à<br />

l’aide d’un système<br />

de bagues autour<br />

des poignets. Les<br />

combinaisons<br />

étanches présentent<br />

aussi cet élément,<br />

utilisé surtout par les<br />

plongeurs spéléo.<br />

CALME SOUS LA PRESSION<br />

COMMENT S’ATTAQUER À UNE PLONGÉE TECTONIQUE<br />

1. Faites le stage PADI Dry<br />

Suit Diver au préalable.<br />

Il dure deux jours.<br />

2. Évitez les poches d’air<br />

dans les bottes en ramenant<br />

les genoux vers le<br />

torse, car cela peut vous<br />

renverser et vous faire<br />

flotter à la surface.<br />

3. Comme le suggère son<br />

nom, la combinaison<br />

étanche vous garde au<br />

SOUPAPE<br />

D’INFLATEUR<br />

Comme les tenues<br />

spatiales, les combis<br />

étanches sont<br />

pressurisées pour<br />

parer l’effet « sous<br />

vide » qui s’accentue<br />

au cours de la descente.<br />

De l’air est<br />

ajouté grâce à l’inflateur<br />

afin de résoudre<br />

le problème.<br />

sec, donc faire pipi<br />

sous l’eau n’est pas une<br />

bonne idée.<br />

4. Préparez-vous au choc<br />

provoqué par l’eau froide<br />

sur votre visage. Respirez,<br />

ne paniquez pas. Ça va<br />

passer.<br />

5. Gardez vos mains aussi<br />

immobiles que possible.<br />

Chaque mouvement accélère<br />

la perte de chaleur.<br />

C’est un miracle géologique et le<br />

seul endroit au monde où l’on peut<br />

plonger entre deux plaques tectoniques.<br />

« C’est l’eau la plus claire<br />

que tu verras de toute ta vie », me<br />

dit Enno Ackermann, le moniteur<br />

de plongée. Elle est aussi sacrément<br />

froide, pas plus de quelques<br />

degrés au dessus de zéro. Quiconque<br />

veut plonger à Silfra doit<br />

donc porter une combinaison<br />

étanche et être détenteur d’un<br />

certificat (que l’on peut acquérir<br />

en un week-end). Sous ma combi,<br />

j’enfile des sous-vêtements thermiques,<br />

des leggins thermiques et<br />

une combinaison en laine polaire.<br />

L’équipe de plongée m’aide à enfiler<br />

la combinaison étanche, vérifie<br />

les joints et ajuste la bouteille d’air.<br />

Avec mes poches pleines de poids,<br />

je porte environ 25 kilos sur moi.<br />

Les 200 mètres qu’il faut marcher<br />

entre le parking et le point d’entrée<br />

me paraissent interminables.<br />

Au bord de l’eau, je mets mes<br />

palmes par-dessus les bottes de ma<br />

combi et crache dans mon masque<br />

pour éviter que de la buée ne se<br />

forme. Puis je mets mon détendeur<br />

dans la bouche, fais les dernières<br />

vérifications et plonge dans le vide.<br />

Ou plutôt coule. Les premières<br />

minutes, j’essaie de trouver une<br />

flottabilité neutre par des exercices<br />

de ventilation – en vain. Lorsque<br />

j’arrive à me détendre et à ouvrir<br />

les yeux, la récompense est immédiate.<br />

L’eau est claire comme de<br />

l’eau minérale – ce qu’elle est effectivement,<br />

filtrée depuis des décennies<br />

par la roche volcanique.<br />

Je m’élance derrière Enno vers<br />

les profondeurs. La faille s’ouvre<br />

sur la « cathédrale », un couloir<br />

étroit, de 100 m de long aux parois<br />

escarpées. La clarté de l’eau me<br />

permet de voir jusqu’à l’autre bout.<br />

Une pure merveille. Des rochers<br />

éparpillés au fond rappellent<br />

d’anciennes ruines. Un éclat de<br />

lumière fait scintiller une truite<br />

arc-en-ciel.<br />

Dans mon excitation, j’ai complètement<br />

occulté la minuscule<br />

fuite dans la bande de caoutchouc<br />

de mon col et par laquelle l’eau<br />

commence à rentrer. C’est désagréable<br />

mais je me dis que je me<br />

réchaufferai plus tard. En sortant<br />

de l’eau, je réalise à quel point j’ai<br />

froid. Enno me demande si je suis<br />

sûr de vouloir retourner encore<br />

une fois dans l’endroit « le plus<br />

génial où j’aie jamais plongé ».<br />

Je réponds par l’affirmative –<br />

en claquant des dents. « Super,<br />

lance-t-il, je vais te chercher<br />

une autre combinaison. »<br />

originaldiving.com<br />

DIVE.IS<br />

80 THE RED BULLETIN


ABONNEZ-<br />

VOUS<br />

DÈS MAINTENANT!<br />

Recevez votre magazine<br />

directement chez vous :<br />

18 € SEULEMENT POUR<br />

12 NUMÉROS<br />

Simple et rapide, je m’abonne<br />

en ligne sur :<br />

getredbulletin.com<br />

PASSEZ VOTRE<br />

COMMANDE ICI<br />

COUPON D’ABONNEMENT<br />

À compléter et à renvoyer avec votre règlement sous enveloppe à affranchir à :<br />

THE RED BULLETIN (ABOPRESS) - 19 rue de l’Industrie - BP 90053 – 67402 ILLKIRCH<br />

OUI, je m’abonne à THE RED BULLETIN : 1 an d’abonnement pour 18 € seulement<br />

Mme Melle M.<br />

Nom<br />

Prénom<br />

Adresse<br />

CP<br />

Email<br />

Ville<br />

Je demande à recevoir gratuitement la newsletter THE RED BULLETIN<br />

Je joins mon règlement par : Chèque bancaire ou postal à l’ordre de THE RED BULLETIN<br />

DATE<br />

SIGNATURE<br />

Offre valable uniquement en France métropolitaine. Conformément à la loi « Informatique et Libertés » du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification<br />

aux données vous concernant auprès de THE RED BULLETIN, adresse : 12 rue du <strong>Mai</strong>l, 75002 Paris.<br />

TRBMAG


G U I D E<br />

Faire.<br />

27<br />

avril<br />

Weather again<br />

En sommeil depuis trois ans, le<br />

Weather Festival se réveille au<br />

printemps. Avec le même ADN.<br />

Les organisateurs l’ont promis,<br />

toujours soucieux d’explorer la<br />

scène française à la recherche<br />

de talents. De 20 heures à<br />

10 heures du matin, la Seine<br />

devient festive avec Oko Dj,<br />

Alva Noto UNIEQAV et Anetha.<br />

Boulogne-Billancourt,<br />

La Seine musicale ;<br />

weatherfestival.fr/<strong>2019</strong><br />

27 3<br />

et 28 avril<br />

Salon Moto de<br />

Pecquencourt<br />

Le plus grand salon de la moto<br />

en France célèbre sa 40 e édition<br />

avec des animations inédites.<br />

Les Nordistes vous<br />

préparent une exposition exceptionnelle<br />

de 40 motos GP<br />

en présence de Giacomo Agostini,<br />

légende italienne des<br />

circuits. Côté FMX, vous pourrez<br />

compter sur Tom Pagès.<br />

Pecquencourt ;<br />

mc-pecquencourt.mobi<br />

et 5 mai<br />

Passez à Brest<br />

<strong>Red</strong> Bull Music consolide sa collaboration<br />

avec Astropolis et se pose trois<br />

jours à Brest où le fameux festival est<br />

né il y a 25 ans. Deux temps forts sont<br />

promis au public breton : le vendredi<br />

3, en mode clubbing-techno, dans les<br />

murs de la mythique salle Vauban et<br />

le dimanche 5, version disco house,<br />

en journée, au grand centre d’art<br />

contemporain brestois, Passerelle.<br />

Une première dans cet espace.<br />

Brest, salle Vauban et Passerelle ;<br />

redbull.com<br />

30<br />

avril<br />

À fond de rap<br />

En vue de la réouverture du <strong>Red</strong> Bull Music<br />

Studios Paris installé au sein de la Gaîté<br />

Lyrique, le lieu culturel parisien y accueille une<br />

grosse soirée hip-hop. Sont attendus AZF (mix<br />

100 % rap français), le collectif de DJ’s Good<br />

Dirty Sound, Simo Cell en b2b avec Low Jack,<br />

Youv Dee, Ateyaba et Kekra (photo) en live.<br />

L’occasion, aussi, de fêter l’arrivée d’une nouvelle<br />

chaîne YouTube dédiée au hip-hop.<br />

Paris, Gaîté Lyrique ; redbull.com<br />

28<br />

mars au 29 mai<br />

<strong>Red</strong> Bull<br />

Font&Bleau<br />

Depuis le 28 mars à Evry, et<br />

jusqu’au 29 mai à Nantes, l’édition<br />

<strong>2019</strong> propose à tous les candidats<br />

grimpeurs 9 étapes de qualification<br />

dans les centres Block’Out en<br />

France. En jeu, les places pour<br />

participer à la finale nationale le<br />

15 juin à Fontainebleau. Ce jour-là,<br />

39 équipes s’affronteront sur les<br />

rochers du spot bellifontain, l’un<br />

des plus difficiles au monde. Il<br />

s’agira d’être le plus rapide sur<br />

les blocs. Le sprint est lancé.<br />

France ; redbull.com<br />

FIFOU, GUILLAUME PELLION/RED BULL CONTENT POOL, ARMAND LENOIR/THE AGENCY, RICHARD BORD<br />

82 THE RED BULLETIN


avril - juin<br />

29<br />

mai au 2 juin<br />

FISE<br />

Devant des centaines de milliers de<br />

spectateurs, le festival montpelliérain<br />

est l’étape centrale des FISE<br />

World Series, la tournée mondiale<br />

des Action Sports. L’événement est<br />

devenu en vingt ans la plus grande<br />

compétition en la matière en<br />

Europe. BMX, roller, trottinette,<br />

skateboard, mountain bike,<br />

wakeboard ou VTT slopestyle, le<br />

programme promet du spectacle<br />

pendant cinq jours. Les 1 900 riders<br />

pros et amateurs s’affronteront<br />

sur les rives du Lez, territoire<br />

de jeu du festival.<br />

Montpellier, Rives du Lez ; fise.fr<br />

27<br />

7<br />

avril<br />

<strong>Red</strong> Bull<br />

Paper Wings<br />

Une feuille A4, dix doigts, vous<br />

êtes prêts pour le concours<br />

d’avions en papier qui traverse<br />

trente campus ce printemps.<br />

Trois catégories pour briller :<br />

durée du vol, distance de vol<br />

et voltiges aériennes. Les<br />

soixante qualifiés à la finale<br />

nationale à Paris viseront les<br />

trois places pour la finale<br />

mondiale à Salzbourg en mai.<br />

paperwings.redbull.com<br />

23 24<br />

au 26 mai<br />

Made Festival<br />

Un marathon de musique électronique<br />

s’annonce dans les<br />

quartiers de Rennes : bars,<br />

parcs, salles de concerts, le<br />

son sera partout ! Au programme<br />

des quatre jours,<br />

artistes locaux et mastodontes<br />

house et techno sont attendus.<br />

On y trouvera également le<br />

<strong>Red</strong> Bull Music Boom Bus<br />

installé au cœur du grand parc<br />

rennais des Gayeulles pendant<br />

les concerts de jour.<br />

Rennes ; made-festival.fr<br />

au 26 mai<br />

NL Contest<br />

Cultures et sports de glisse<br />

urbains sont mis en avant dans<br />

cette 14 e édition du festival<br />

international du Grand Est au<br />

skatepark de la Rotonde de<br />

Strasbourg. Skate, roller, BMX,<br />

escalade mais aussi battles de<br />

break, concerts ou graffiti<br />

composent la programmation<br />

et les compétitions sous toutes<br />

leurs formes. Une série d’expos<br />

photos fera la nouveauté d’un<br />

rendez-vous très populaire.<br />

Strasbourg ; nlcontest.com<br />

au 10 juin<br />

Outdoor Mix<br />

Le lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes) sert de<br />

cadre à la scène outdoor européenne. Mêlant<br />

sports extrêmes et culture musicale, le festival<br />

version printemps veut attirer le grand public. Plus<br />

de seize disciplines sportives et mille sportifs sont<br />

annoncés (Kayak Freestyle, Longboard Downhill,<br />

BMX Spine et Dirt, MTB, Kitesurf, SUP, Jumpline,<br />

etc). Côté concerts, douze artistes (électro, reggae,<br />

dub, etc) feront vibrer les soirées.<br />

Embrun, Lac de Serre-Ponçon ; outdoormixfestival.com<br />

THE RED BULLETIN 83


G U I D E<br />

Faire.<br />

9 mars au 22 juin<br />

RED BULL NEYMAR JR’S FIVE<br />

Le tournoi de foot à 5 de Neymar Jr est de retour ! Les qualifications ont lieu dans seize<br />

villes françaises. Les gagnants iront au Brésil pour la finale internationale et affronteront<br />

peut-être la star du PSG et ses potes. N’attendez plus, montez votre équipe !<br />

Viser haut ! Finale du<br />

<strong>Red</strong> Bull Neymar Jr’s<br />

Five à Paris en 2018.<br />

EN ROUTE<br />

POUR LE BRÉSIL<br />

Le concept du <strong>Red</strong> Bull Neymar Jr’s Five ?<br />

Un tournoi à cinq, sans gardien, où le but<br />

(sic) est d’en marquer le plus possible en dix<br />

minutes. À chaque but marqué, un joueur<br />

de l’équipe adverse est exclu. Du 9 mars au<br />

25 mai, les équipes inscrites pourront participer<br />

aux qualifications nationales un peu<br />

partout en France. Les joueurs doivent être<br />

âgés de 16 à 25 ans et chaque équipe peut<br />

choisir deux vétérans de plus de 25 ans.<br />

Au royaume du Ney<br />

La finale française aura lieu le 22 juin à Paris.<br />

Les deux équipes locales (homme et femme)<br />

qui iront au bout du tournoi gagneront leur<br />

place pour affronter Neymar Jr au Brésil,<br />

lors de la grande finale internationale à<br />

l’Instituto Projeto Neymar Jr à Praia Grande.<br />

Un tournoi mondial<br />

En 2018, plus de 125 000 joueurs de 62 pays<br />

ont participé au tournoi sur les six continents.<br />

C’est la team Caméléons qui est<br />

sortie des qualifications et a représenté la<br />

France. Cette année, plus de 4 000 participants<br />

sont attendus dans l’hexagone. Les<br />

« champions du monde » en titre sont les<br />

Mexicains chez les hommes et les Brésiliennes<br />

chez les femmes. Et si cette année<br />

la France ramenait la coupe à la maison ?<br />

SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL, FABIO PIVA/RED BULL CONTENT POOL<br />

84 THE RED BULLETIN


mai-juin<br />

Le 5 féminin en force<br />

Les footballeuses aussi peuvent s’inscrire<br />

au tournoi. Même terrain et même règles<br />

que pour leurs homologues masculins, et à<br />

en juger du bord du terrain, elles mettent<br />

souvent autant d’intensité dans les matches<br />

que les hommes. Si le football féminin est<br />

déjà très populaire au Brésil, la France n’est<br />

pas en reste. Preuve de l’engouement en<br />

plein essor pour le jeu, 32 équipes féminines<br />

soit 224 joueuses étaient inscrites l’an<br />

dernier et la participation à l’édition <strong>2019</strong><br />

s’annonce déjà en hausse. Notez que deux<br />

qualifications 100 % féminines auront lieu à<br />

Lyon le 19 avril et à Paris le 3 mai.<br />

Infos sur redbullneymarjrsfive.com<br />

Pression sur Neymar Jr<br />

chez lui au Brésil lors de<br />

la finale mondiale.<br />

Petit terrain pour grand tournoi<br />

125 000<br />

Vedat Under,<br />

team Caméléons<br />

« MIEUX VAUT<br />

MARQUER LE<br />

PREMIER BUT ! »<br />

Avec sa team Caméléons, Vedat a<br />

gagné le tournoi français en 2018.<br />

joueurs se sont inscrits au tournoi<br />

en 2018 soit environ 18 000 équipes !<br />

Elles étaient 62 à s’affronter lors de la<br />

finale internationale au Brésil sous les<br />

yeux de NeymarJr, ce dernier jouant<br />

avec sa team contre les vainqueurs.<br />

Pour la finale au Brésil l’an dernier,<br />

une équipe a défendu le<br />

drapeau tricolore chez les filles<br />

et les garçons : la team Caméléons.<br />

Vainqueurs des qualifications<br />

françaises, cette bande de<br />

potes brille sur les terrains de<br />

street foot. Son représentant,<br />

Vedat Under, vous prodigue<br />

quelques conseils.<br />

THE RED BULLETIN : Prêts à<br />

défendre votre titre au <strong>Red</strong><br />

Bull Neymar’s JR Five <strong>2019</strong> ?<br />

VEDAT UNDER : On va essayer.<br />

Masculin et féminin, on a fait<br />

fort avec le doublé l’an dernier<br />

donc on va essayer de réitérer<br />

ça pour cette nouvelle édition.<br />

Quelles sont les qualités d’un<br />

bon joueur de Five ?<br />

Il faut être technique. Il faut<br />

avoir la dalle, la grinta, ne jamais<br />

rien lâcher. Il faut toujours<br />

vouloir gagner. Comme le<br />

2 joue<br />

terrain est plus petit, il y a plus<br />

de duels donc il faut être présent<br />

et dur sur l’homme. Il y a<br />

beaucoup de contacts.<br />

Quelles sont les clés pour<br />

gagner ce genre de tournoi ?<br />

Il faut être unis et solidaires sur<br />

le terrain. Et tout donner bien<br />

sûr. Il faut des joueurs techniques<br />

mais aussi des joueurs<br />

qui soient là pour « tenir la baraque<br />

», pour défendre. Si l’on<br />

se prend un but, un joueur est<br />

exclu, donc après ça devient<br />

difficile de gagner. Il vaut donc<br />

mieux marquer le premier but.<br />

Les cages sont petites, il faut<br />

être précis, avoir du sang froid.<br />

Le Brésil l’an dernier, en présence<br />

de Neymar Jr, ça devait<br />

être complètement dingue ?<br />

C’était magique. On sait tous<br />

que c’est le pays du foot, mais<br />

c’est encore plus le pays du<br />

mètres : c’est le diamètre de la zone<br />

de but. Ce demi-cercle devant les<br />

cages est une zone spéciale dans laquelle<br />

aucun joueur ne peut pénétrer,<br />

sous peine de se faire sanctionner. On<br />

au Five sans gardien de but.<br />

street foot. Même ici en France<br />

on a grandi avec le « joga bonito<br />

», Ronaldinho… c’était un rêve<br />

d’aller là-bas. On a été super<br />

bien accueilli, tout était très<br />

bien organisé. Le niveau du<br />

tournoi était très élevé avec des<br />

équipes du monde entier. On a<br />

réussi à sortir des poules mais<br />

on a eu la malchance de tomber<br />

sur les Brésiliens et eux, ils ne<br />

rigolent vraiment pas. On n’a<br />

pas réussi à les battre mais<br />

malgré la défaite, on n’en garde<br />

que du positif.<br />

Est-ce que Neymar Jr a joué ?<br />

Oui, contre les vainqueurs !<br />

Quand il est arrivé c’était de la<br />

folie, il a montré tout son talent.<br />

THE RED BULLETIN 85


G U I D E<br />

Voir.<br />

POUR LES<br />

FOUS DE<br />

MOTEURS<br />

Le sport mécanique<br />

donnera de la force à<br />

votre écran ce mois-ci,<br />

avec le meilleur des<br />

épreuves de dirt bike,<br />

du rallye et du Moto-<br />

GP. Accrochez-vous !<br />

REGARDEZ<br />

RED BULL TV<br />

PARTOUT<br />

<strong>Red</strong> Bull TV est une chaîne de<br />

télévision connectée : où que<br />

vous soyez dans le monde,<br />

vous pouvez avoir accès aux<br />

programmes, en direct ou en<br />

différé. Le plein de contenus<br />

originaux, forts et créatifs.<br />

Vivez l’expérience sur redbull.tv<br />

2juin DIRECT<br />

ERZBERG RODÉO :<br />

RED BULL HARE SCRAMBLE<br />

Une montagne, 15 points de contrôle, 4 heures, 500 concurrents<br />

pour seulement une poignée à l’arrivée. Bienvenue à la 25 e édition du<br />

<strong>Red</strong> Bull Hare Scramble, la course de Hard Enduro la plus relevée au<br />

monde. Les pilotes enchaînent montées sans fin, descentes redoutables<br />

et des passages rocheux infernaux dans la carrière d’Erzberg<br />

(Autriche). L’Anglais Graham Jarvis parviendra-t-il à s’imposer à nouveau<br />

et à conserver l’unique trophée de la compétition, taillé dans la<br />

roche de l’Erzberg ? Réponse en direct du 30 mai au 2 juin.<br />

Le pilote anglais<br />

Sam Winterburn<br />

attaque la côte du<br />

<strong>Red</strong> Bull Hare<br />

Scramble de 2017.<br />

31<br />

mai au 2 juin DIRECT<br />

WRC PORTUGAL<br />

Le Rallye du Portugal est l’une des étapes historiques<br />

à la création du Championnat du<br />

Monde WRC en 1973. <strong>2019</strong> marque son retour<br />

dans le circuit. Sébastien Loeb, Ott Tänak et<br />

Sébastien Ogier, tenant du titre depuis six<br />

ans, seront à l’œuvre lors de cette étape élue<br />

à cinq reprises meilleur rallye au monde.<br />

SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL, @WORLD/RED BULL CONTENT POOL,<br />

GEPA PICTURES/RED BULL CONTENT POOL, FUTURE7MEDIA/RED BULL CONTENT POOL<br />

86 THE RED BULLETIN


UNE COURSE<br />

SANS FIN<br />

Les autres points forts à suivre<br />

de près en mai…<br />

4 et 5 mai DIRECT<br />

MOTOGP TM , ROOKIES<br />

CUP, JEREZ<br />

Une fois de plus, sur le même week-end que<br />

le MotoGP, Jerez (Espagne) ouvre la saison<br />

de la <strong>Red</strong> Bull MotoGP Rookies Cup. Depuis<br />

son premier GP en 1987, le circuit n’a cessé<br />

d’être le théâtre de batailles inoubliables.<br />

10 et 12 mai DIRECT<br />

RALLYE DU CHILI<br />

Le WRC au Chili pour la première fois :<br />

l’ajout de cette étape à Concepción fait de<br />

l’édition <strong>2019</strong> la plus longue depuis 2008.<br />

14 mai NOUVEAUTÉ<br />

ÉPISODE FINAL DE<br />

RED BULL MOTO<br />

SPY, SAISON 3<br />

Une incursion dans les coulisses de l’AMA<br />

Supercross <strong>2019</strong>, pour découvrir la vie<br />

des concurrents entre deux courses.<br />

18 mai RECAP<br />

DÉBUT DE SAISON<br />

WESS EXTREME XL<br />

À LAGARES<br />

Musique de très haute<br />

qualité et interviews<br />

d’artistes influents.<br />

Restez à l’écoute…<br />

EN DIRECT<br />

DE DETROIT<br />

20<br />

mai<br />

À L’ANTENNE<br />

Chaque année, Detroit,<br />

berceau de la techno,<br />

accueille le festival Movement<br />

(25 au 27 mai), la<br />

plus grande manifestation<br />

de musique électro<br />

en Amérique du Nord.<br />

<strong>Red</strong> Bull Radio prend l’antenne<br />

le 20 mai, et propose<br />

notamment une<br />

Rendez-vous à Lagares, au Portugal, pour<br />

émission en direct de la<br />

le coup d’envoi de la World Enduro Super<br />

scène <strong>Red</strong> Bull avec des<br />

Series <strong>2019</strong>, une étape très exigeante.<br />

sets de Gucci Mane,<br />

Danny Brown, Disclosure,<br />

18 et 19 mai DIRECT<br />

Madlib ou Marie Davidson.<br />

Le programme alter-<br />

COUP D’ENVOI DES<br />

DRIFT MASTERS<br />

nera house, techno, hiphop,<br />

drum and bass,<br />

Les fans l’attendent depuis longtemps :<br />

l’Europe Drift Pro Series démarre à fond.<br />

5<br />

ghettotech, etc.<br />

25 mai RECAP<br />

WESS TRÈFLE<br />

LOZÉRIEN AMV<br />

À ÉCOUTER SUR<br />

Une épreuve moto d’enduro de vitesse et<br />

d’adresse devenue un grand classique. REDBULLRADIO.COM<br />

TREVOR DERNAI/RED BULL CONTENT POOL, BLAKE JORGENSON/RED BULL CONTENT POOL, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL, MATTHIAS HESCHL FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />

avril - juin<br />

15<br />

avril AVANT-PREMIÈRE<br />

NORTH OF NIGHTFALL<br />

Suivez les vététistes Darren Berrecloth, Carson Storch,<br />

Cam Zink et Tom van Steenbergen en Arctique, dans un<br />

environnement chargé d’histoire, d’une extrême variété<br />

et doté de spots comme jamais ils n’en ont ridés.<br />

26<br />

avril AVANT-PREMIÈRE<br />

STEP OUT<br />

L’étonnante danseuse hip-hop Kyoka – une B-Girl native<br />

d’Osaka (Japon) soutenue par <strong>Red</strong> Bull – explore les origines<br />

diverses des danses de rue, et s’inspire de chacune<br />

pour créer une performance unique en exclusivité.<br />

mai DIRECT<br />

WINGS FOR LIFE<br />

WORLD RUN<br />

Rejoignez les 100 000 coureurs et athlètes en fauteuil<br />

roulant du monde entier. Les fonds collectés sont reversés<br />

à la recherche sur les lésions de la moelle épinière.<br />

THE RED BULLETIN 87


G U I D E<br />

BOUGEZ<br />

Photos LUKE KIRWAN<br />

LÉGER<br />

Le FASTPACKING associe ultra-trail et sac à dos ultraléger. Si autrefois<br />

les espaces sauvages étaient craints et évités ‒ ou conquis seulement<br />

par les plus téméraires ‒ ils sont aujourd'hui très prisés par les amateurs<br />

de rando et de course à pied. Et d'autant plus accessibles grâce aux<br />

dernières avancées technologiques. Notre sélection de matos vous<br />

aidera à braver les éléments... en toute légèreté.<br />

De haut en bas : NEW BALANCE Summit KOM, newbalance.fr ; ON Cloudventure trail-running, on-running.com<br />

88 THE RED BULLETIN


fastpacking / désert<br />

En 1984, le Français Patrick Bauer affronte seul et à pied le désert du Sahara. Douze jours et 350 km<br />

plus tard, il en ressort enthousiasmé, au point de fonder l’année suivante, le Marathon des Sables,<br />

l’une des courses à pied les plus difficiles au monde. « Les meilleurs marathoniens emportent des vivres<br />

et un équipement qu'ils ont maintes fois testés avant la course », explique l'Américaine Meghan Hicks,<br />

victorieuse de l'édition 2013.<br />

De gauche à droite à partir du haut : veste PEAK PERFORMANCE Raywind J, peakperformance.com ; panneau solaire BIOLITE<br />

SolarPanel 5+, eu.bioliteenergy.com ; visière NEW BALANCE Performance, newbalance.fr ; haut HELLY HANSEN Lifa Active Crew,<br />

hellyhansen.com ; lampe torche rechargeable GOAL ZERO Lighthouse micro USB, goalzero.com ; lunettes de soleil ADIDAS Zonyk<br />

Aero Midcut PR, adidassporteyewear.com ; collant de running PATAGONIA Peak Mission, patagonia.com ; couverture de poche 2.0<br />

MATADOR, matadorup.com ; chaussettes de rando STANCE Thunder Valley, fr.stance.eu.com ; gourde HYDROFLASK 32oz,<br />

hydroflaskfrance.fr ; veste hybride ARC’TERYX Beta SL, arcteryx.com ; short PEAK PERFORMANCE Max, peakperformance.com ;<br />

sac à dos THE NORTH FACE Shadow 30+10, thenorthface.fr<br />

THE RED BULLETIN 89


G U I D E<br />

fastpacking / montagne<br />

En course de montagne, le poids est déterminant. « Il s’agit de limiter le poids tout en ayant suffisamment<br />

à boire », a déclaré l’Espagnol Kílian Jornet, sextuple champion des Skyrunner World Series (et vainqueur<br />

du dernier Glen Coe Skyline) après avoir gravi l’Everest en 26 heures sans oxygène, en 2017. « J’ai pris<br />

deux litres d’eau dont un a gelé. » Le paquetage de Jornet ne dépasse pas 23 kg.<br />

En haut à gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : chaussures imperméables KEEN Targhee Lacet, keenfootwear.com ;<br />

chaussures MERRELL MQM Flex Mid Gore-Tex, merrell.com ; chaussures SALOMON X Ultra 3 Mid GTX, salomon.com<br />

90 THE RED BULLETIN


De gauche à droite à partir du haut : sac OSPREY Exos 48, ospreyeurope.com ; bonnet G MAMMUT Tweak, mammut.com ; tente<br />

HEIMPLANET Fistral, heimplanet.com ; navigateur GPS ARMIN eTrex Touch 25, garmin.com ; haut MONTANE Dart, montane.eu ;<br />

gants MAMMUT Astro, mammut.com ; gilet ICEBREAKER MerinoLOFT Hyperia Lite, eu.icebreaker.com ; bâtons BLACK DIAMOND<br />

Distance Carbon FLZ, blackdiamondequipment.com ; lunettes de soleil CÉBÉ Summit, cebe.com ; gourde HYDROFLASK 21oz,<br />

hydroflaskfrance.fr ; trousse de premiers soins LIFESYSTEMS Light and Dry Nano, lifesystemsoutdoor.com ; chaussettes<br />

STANCE Wind Range, fr.stance.eu.com ; réchaud PRIMUS OmniLite Ti, primus.eu ; tasse LIFEVENTURE Titanium, lifeventure.com ;<br />

outil polyvalent FULL WINDSOR <strong>The</strong> Muncher, full-windsor.com ; pantalon THE NORTH FACE Speedlight, thenorthface.fr ;<br />

boxer HELLY HANSEN Lifa Merino, hellyhansen.com ; lampe frontale BLACK DIAMOND Storm, blackdiamondequipment.com ;<br />

sac de couchage MARMOT Hydrogen, marmot.com ; veste à capuche SALOMON Drifter Mid, salomon.com


G U I D E<br />

fastpacking / neige<br />

De gauche à droite à partir du haut : sous-vêtements thermiques ML ras de cou et caleçon ODLO Futureskin, odlo.com ; bâtons de rando<br />

LEKI Micro Vario Carbon, leki.com ; sac OSPREY Levity 60, ospreyeurope.com ; boxer HELLY HANSEN Lifa Merino Windblock et bonnet<br />

Mountain, hellyhansen.com ; balise GPS SPOT X, findmespot.eu ; piolet BLACK DIAMOND Fuel, eu.blackdiamondequipment.com ;<br />

chaussettes de snowboard STANCE Calamajue All-mountain, stance.eu.com ; lampe frontale rechargeable BIOLITE 330 lumen LED,<br />

eu.bioliteenergy.com ; lunettes de soleil ADIDAS Tycane Pro Outdoor, adidassporteyewear.com ; crème solaire LIFESYSTEMS Mountain<br />

Sun Protection SPF50+, lifesystemsoutdoor.com ; caméra INSTA360 One X, insta360.com ; gilet RAB Microlight, rab.equipment/eu ;<br />

veste à capuche ARC’TERYX Thorium AR, arcteryx.com ; gants BLACK DIAMOND Spark, eu.blackdiamondequipment.com ;<br />

pantalon THE NORTH FACE Summit L5 GTX Pro, thenorthface.fr ; trousse de premiers soins MAMMUT, mammut.com<br />

92 THE RED BULLETIN


À la neige, le fastpacking comporte des avantages mais aussi des inconvénients : si la neige fondue<br />

fournit les besoins en eau, le choix des couches vestimentaires s’avère déterminant. Les organisateurs<br />

du Marathon du Pôle Nord (la température moyenne oscille entre − 25 et − 30 °C) préconisent deux<br />

couches pour les jambes, sans quoi on risque la surchauffe. « La transpiration refroidit le corps et<br />

gèle avec le froid, avec à la clé une possible hypothermie », prévient l’Américain Michael Wardian,<br />

vainqueur de l’épreuve en 2014.<br />

En haut à gauche dans le sens des aiguilles d’un montre : COLUMBIA Canuk Titanium Omni-Heat 3D Outdry, columbia.com ;<br />

THE NORTH FACE Verto S3K II GTX, thenorthface.fr ; MERRELL <strong>The</strong>rmos Rogue Mid GTX, merrell.com<br />

THE RED BULLETIN 93


fastpacking / forêt<br />

De gauche à droite à partir du haut : veste MONTANE Fleet, montane.co.uk ; short PEAK PERFORMANCE Light Softshell Carbon,<br />

peakperformance.com ; veste MARMOT Bantamweight, marmot.com ; chaussettes STANCE Thunder Valley, stance.eu.com ; lunettes<br />

de soleil SMITH OPTICS Tempo Max, smithoptics.com ; serviette de bain de poche MATADOR NanoDry, matadorup.com ; caleçon<br />

ICEBREAKER Bodyfitzone 150 Zone, eu.icebreaker.com ; pantalon cargo PEAK PERFORMANCE Iconic, peakperformance.com ;<br />

lampe frontale LIFESYSTEMS Intensity 230 LED, lifesystemsoutdoor.com ; sac MARMOT Kompressor Meteor 16, marmot.com ;<br />

bonnet HELLY HANSEN Winter Lifa, hellyhansen.com ; haut à capuche et zip ICEBREAKER Bodyfitzone 260 Zone, icebreaker.com


G U I D E<br />

« La course Jungle Ultra en Amazonie est plus difficile qu’au Sahara », c’est en tout cas ce qu’affirmait<br />

en 2017 l’ultrarunner malaisien Jeff Lau au sujet de la terrible course péruvienne de 230 km. Dans<br />

la jungle, c’est la totale : sentiers escarpés, terrain lourd ou rocailleux, racines d’arbres, rivières<br />

profondes, et insectes à profusion. Et quand il pleut, c’est la boue partout. Imperméabiliser votre<br />

équipement est donc essentiel, sans quoi l’humidité augmentera votre poids.<br />

Du haut à gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : COLUMBIA Caldorado III, columbia.com ;<br />

SALOMON Outpath GTX, salomon.com ; KEEN Venture Low WP, keenfootwear.com<br />

THE RED BULLETIN 95


THE RED<br />

BULLETIN<br />

WORLDWIDE<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans sept<br />

pays. L’édition anglaise<br />

met science et ballet à<br />

l’honneur, une constellation<br />

plutôt rare…<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />

part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />

SO PRESS n’est pas responsable des textes,<br />

photos, illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

MENTIONS LÉGALES<br />

Rédacteur en chef<br />

Alexander Macheck<br />

Rédacteurs en chef adjoints<br />

Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager<br />

Directeur créatif<br />

Erik Turek<br />

Directeurs artistiques<br />

Kasimir Reimann (DC adjoint),<br />

Miles English, Tara Thompson<br />

Directeur photos<br />

Fritz Schuster<br />

Directeurs photos adjoints<br />

Marion Batty, Rudi Übelhör<br />

Responsable de la production<br />

Marion Lukas-Wildmann<br />

Managing Editor<br />

Ulrich Corazza<br />

Rédaction<br />

Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner,<br />

Arek Piatek, Stefan Wagner<br />

Maquette<br />

Marion Bernert-Thomann, Martina de<br />

Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz<br />

Booking photos<br />

Susie Forman, Ellen Haas,<br />

Eva Kerschbaum, Tahira Mirza<br />

Directeur global Media Sales<br />

Gerhard Riedler<br />

Directeur Media Sales International<br />

Peter Strutz<br />

Directeur commercial & Publishing Management<br />

Stefan Ebner<br />

Publishing Management<br />

Sara Varming (Dir.), Melissa Stutz,<br />

Mia Wienerberger<br />

Communication<br />

Christoph Rietner<br />

Directeur créatif global<br />

Markus Kietreiber<br />

Solutions créatives<br />

Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber,<br />

Edith Zöchling-Marchart<br />

Maquette commerciale<br />

Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch,<br />

Simone Fischer, Martina <strong>Mai</strong>er<br />

Emplacements publicitaires<br />

Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />

Production<br />

Walter O. Sádaba, Friedrich Indich,<br />

Sabine Wessig<br />

Lithographie<br />

Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis,<br />

Nenad Isailovi c, ̀ Maximilian Kment,<br />

Josef Mühlbacher<br />

Fabrication<br />

Veronika Felder<br />

Office Management<br />

Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham<br />

Informatique Michael Thaler<br />

Abonnements et distribution<br />

Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger<br />

(Distribution), Nicole Glaser (Distribution),<br />

Yoldaş Yarar (Abonnements)<br />

Siège de la rédaction<br />

Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />

Téléphone +43 (0)1 90221-28800,<br />

Fax +43 (0)1 90221-28809<br />

Web redbulletin.com<br />

Direction générale<br />

<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />

Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15,<br />

5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i,<br />

Landesgericht Salzburg, ATU63611700<br />

Directeur de la publication<br />

Andreas Kornhofer<br />

Directeurs généraux<br />

Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier,<br />

Dietmar Otti, Christopher Reindl<br />

THE RED BULLETIN<br />

France, ISSN 2225-4722<br />

Country Editor<br />

Pierre-Henri Camy<br />

Country Coordinator<br />

Christine Vitel<br />

Country Project Management<br />

Alessandra Ballabeni,<br />

alessandra.ballabeni@redbull.com<br />

Contributions,<br />

traductions, révision<br />

Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne<br />

Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />

Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />

Gwendolyn de Vries<br />

Abonnements<br />

Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />

getredbulletin.com<br />

Siège de la rédaction<br />

29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />

+33 (0)1 40 13 57 00<br />

Impression<br />

Prinovis Ltd. & Co. KG,<br />

90471 Nuremberg<br />

Publicité<br />

PROFIL<br />

134 bis rue du Point du jour<br />

92100 Boulogne<br />

+33 (0)1 46 94 84 24<br />

Thierry Rémond :<br />

tremond@profil-1830.com<br />

Elisabeth Sirand-Girouard :<br />

egirouard@profil-1830.com<br />

Arnaud Lietveaux :<br />

alietveaux@profil-1830.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Allemagne, ISSN 2079-4258<br />

Country Editor<br />

David Mayer<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Natascha Djodat<br />

Publicité<br />

Matej Anusic,<br />

matej.anusic@redbull.com<br />

Thomas Keihl,<br />

thomas.keihl@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Autriche, ISSN 1995-8838<br />

Country Editor<br />

Christian Eberle-Abasolo<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Mia Wienerberger<br />

Directeur Media Sales<br />

Alfred Vrej Minassian<br />

Sales Promotion &<br />

Project Management<br />

Stefanie Krallinger<br />

Digital Sales<br />

Bernhard Schmied<br />

Media Sales<br />

anzeigen@at.redbulletin.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Mexique, ISSN 2308-5924<br />

Country Editor<br />

Luis Alejandro Serrano<br />

Rédactrice adjointe<br />

Inmaculada Sánchez Trejo<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Marco Payán<br />

Relecture<br />

Alma Rosa Guerrero<br />

Country Project Management<br />

Giovana Mollona<br />

Publicité<br />

Humberto Amaya Bernard,<br />

humberto.amayabernard@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

Country Editor<br />

Tom Guise<br />

Rédacteur associé<br />

Lou Boyd<br />

Rédacteur musical<br />

Florian Obkircher<br />

Directeur Secrétariat de rédaction<br />

Davydd Chong<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Nick Mee<br />

Publishing Manager<br />

Ollie Stretton<br />

Publicité<br />

Mark Bishop, mark.bishop@redbull.com<br />

Thomas Ryan, thomas.ryan@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Suisse, ISSN 2308-5886<br />

Country Editor<br />

Arek Piatek<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Meike Koch<br />

Publicité<br />

Marcel Bannwart (D-CH),<br />

marcel.bannwart@redbull.com<br />

Christian Bürgi (W-CH),<br />

christian.buergi@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN USA,<br />

ISSN 2308-586X<br />

Rédacteur en chef<br />

Peter Flax<br />

Rédactrice adjointe<br />

Nora O’Donnell<br />

Éditeur en chef<br />

David Caplan<br />

Directrice de publication<br />

Cheryl Angelheart<br />

Country Project Management<br />

Melissa Thompson<br />

Publicité<br />

Todd Peters, todd.peters@redbull.com<br />

Dave Szych, dave.szych@redbull.com<br />

Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com<br />

96 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Le 29 mai avec et le 6 juin avec<br />

dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />

LITTLE SHAO/BBOY NEGUIN/RED BULL CONTENT POOL


Le plein d’action.<br />

makes you fly<br />

Un plan à trois<br />

De la boue jusqu’aux genoux, des ruelles sinueuses, des cols brumeux… <strong>Red</strong> Bull Tuk,<br />

c’est le défi ultime des conducteurs de tuk-tuk du Sri Lanka qui rallie les villes de Kaluaggala<br />

et de Galle sur la côte, en passant par les montagnes. Pendant 36 heures non stop, les équipes<br />

de trois hommes s’affrontent sur trois roues lors de la troisième édition de cette course folle.<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

n° 88 disponible<br />

dès le 29 mai<br />

<strong>2019</strong><br />

DIMITRI CRUSZ/RED BULL CONTENT POOL DAVID MAYER<br />

98 THE RED BULLETIN


ALPHATAURI.COM

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!