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FRANCE<br />
MAI <strong>2019</strong><br />
HORS DU COMMUN<br />
« Gamine, je ne<br />
savais pas qu’une<br />
équipe de France<br />
de foot féminine<br />
existait ! »<br />
Griedge<br />
Mbock<br />
La passionnée<br />
devenue Bleue<br />
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec
FRANCE<br />
MAI <strong>2019</strong><br />
HORS DU COMMUN<br />
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec<br />
JOHANN<br />
Zarco<br />
renverse les clichés<br />
sur les pilotes moto
ÉDITORIAL<br />
LA COUPE<br />
À LA MAISON<br />
Un an sépare la finale de la coupe du monde masculine<br />
de celle, féminine, qui se déroulera au Groupama Stadium<br />
de Lyon le 7 juillet. La compétition majeure organisée sur<br />
nos terres (de Champions) révélera du très bon football,<br />
et des joueuses d’un excellent niveau dont la plupart ne<br />
bénéficient encore que d’une notoriété relative. Si tout<br />
se passe bien, la solide Griedge Mbock, joueuse de Lyon<br />
vêtue de bleu en une de ce numéro, sortira de l’anonymat<br />
pour avoir ramené la coupe à la maison.<br />
CONTRIBUTEURS<br />
NOS ÉQUIPIERS<br />
TOM WARD<br />
Pour cet article sur la terrifiante<br />
course des marathons de Barkley,<br />
le journaliste anglais est allé se<br />
perdre dans les forêts du Tennesse<br />
(USA) pour y rencontrer son non<br />
moins fameux créateur : une<br />
personnalité complexe, comme<br />
les chemins qui ont fait la<br />
réputation de cet ultra-marathon<br />
tortueux. « J’avais entendu pas<br />
mal de choses à son sujet, et il ne<br />
m’a pas déçu !, dit Ward. C’est un<br />
type chelou et coloré. » Page 62<br />
FELIPE BARBOSA (COUVERTURE GRIEDGE MBOCK), RUUD BAAN (COUVERTURE JOHANN ZARCO)<br />
Deux talents français du sport. Griedge Mbock, 24 ans, et Johann Zarco,<br />
28 ans. La joueuse s’est imposée dans l’élite mondiale du football et le<br />
pilote roule cette saison en MotoGP sous les couleurs de KTM/<strong>Red</strong> Bull.<br />
Notez que ce mois-ci, <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> est décliné en<br />
mode collector, avec une seconde couverture dédiée<br />
à l’étonnant pilote français de MotoGP, Johann Zarco.<br />
Tirage spécial de près de 10 000 exemplaires, notamment<br />
distribués sur le Grand Prix moto du Mans et dans le<br />
réseau des partenaires de Johann, l’athlète à l’envers.<br />
Lisez plus !<br />
Votre Rédaction<br />
RUUD BAAN<br />
Le photographe et vidéaste<br />
hollandais a rejoint Paris en<br />
voiture pour shooter le pilote<br />
bondissant Johann Zarco<br />
page 38. « Bosser avec Zarco<br />
fut très cool, se souvient Ruud.<br />
Il était relax et avait plein d’idées<br />
pour rendre cette séance photo<br />
encore plus forte. » Au moment<br />
de reprendre sa bagnole pour<br />
repartir en Hollande, Baan doit<br />
revoir ses plans : le quartier est<br />
envahi par les gilets jaunes…<br />
THE RED BULLETIN 3
SOMMAIRE<br />
mai<br />
46<br />
REPORTAGES<br />
24 Au cœur du chaos<br />
S’en rapprocher alors qu’il faudrait fuir : les<br />
tornades et ceux qui les traquent ont inspiré<br />
à Krystle Wright ce reportage aux États-Unis.<br />
34 Science du rythme<br />
Entre ses études environnementales et ses<br />
activités de DJ et productrice, l’Anglaise<br />
Jayda G n’a jamais su choisir. Et vibre très fort.<br />
38 Johann Zarco<br />
Il roule à plus de 300 et peut faire des saltos à<br />
la demande. À part ça, Johann Zarco est un<br />
type posé, proche des siens et de son piano.<br />
46 Le monde est à elle<br />
Durant la coupe du monde féminine, la<br />
France n’aura d’yeux que pour elle et les<br />
Bleues. On vous présente Griedge Mbock.<br />
56 Permis de droner<br />
Chez les gars de Droneez, à Malakoff, vous<br />
pourrez suivre toutes les étapes qui feront de<br />
vous un pilote de drone aguerri.<br />
58 Boule de neige<br />
Ex-championne de snowboard, Anne-Flore<br />
Marxer est revenue du royaume de l’égalité<br />
des sexes – l’Islande – avec un documentaire.<br />
62 Lazarus Lake<br />
« Bonne chance les nazes ! » C’est ainsi que<br />
Lazarus Lake encourage les candidats à sa<br />
course folle : les marathons de Barkley.<br />
72 L’expérience GP<br />
Apprendre les basiques de la moto de compétition<br />
avec M. Dani Pedrosa, c’est faisable :<br />
du 14 au 16 juin, avec Destination <strong>Red</strong> Bull.<br />
FELIPE BARBOSA, KRYSTLE WRIGHT, GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL<br />
4 THE RED BULLETIN
« Soudain, des<br />
nuages lourds<br />
comme des<br />
enclumes se<br />
mettent à<br />
déchirer le ciel. »<br />
KRYSTLE WRIGHT<br />
Photographe dans la tourmente<br />
Page 24<br />
38<br />
24<br />
BULLEVARD<br />
Un mode de vie<br />
hors du commun<br />
7 Avec son contrôleur sur<br />
mesure, le gamer Snake<br />
Eyez monte en puissance<br />
10 Spot secret : le bowl était<br />
chez les nudistes, en fait...<br />
12 Avec Alma, la pop finlandaise<br />
ne se la pète jamais<br />
14 La conquête spatiale passera-t-elle<br />
par la vapeur ?<br />
16 L’instagrameuse virtuelle<br />
Lil Miquela, on like ou pas?<br />
18 Le snowboardeur Pierre<br />
Vaultier sur sa ligne rêvée<br />
20 Et si, sur un trip surf, l’hôtel<br />
se déplaçait avec vous ?<br />
22 DJ et producteur, Swindle<br />
orchestre son mélange<br />
GUIDE<br />
Voir. Avoir. Faire.<br />
78 Voyage : alerte tectonique !<br />
82 Agenda : restez branché<br />
84 Neymar’s Jr Five : un tournoi<br />
de foot à cinq qui peut<br />
conduire au Brésil...<br />
86 <strong>Red</strong> Bull TV : écran total<br />
88 Fast Packing : sortez léger<br />
96 Ours : ils et elles font<br />
<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />
98 Makes you fly : c’est la tuktuk<br />
mania au Sri Lanka<br />
THE RED BULLETIN 5
UN STYLE DE VIE HORS DU COMMUN<br />
BULLEVARD<br />
RICK RODNEY<br />
Lewis, 30 ans, et son<br />
prototype de manette<br />
personnalisée.<br />
CONTRÔLER<br />
SON FUTUR<br />
Darryl « Snake Eyez » Lewis<br />
veut améliorer sa performance<br />
en esport avec une nouvelle<br />
manette révolutionnaire.<br />
THE RED BULLETIN 7
Asymétrique,<br />
la manette<br />
se laisse plus<br />
naturellement<br />
prendre en<br />
main.<br />
Perdu au bout d’une<br />
route industrielle de<br />
Los Angeles, le campus<br />
IDEAS de UCLA Architecture<br />
and Urban Design ne<br />
paye pas de mine, vu de l’extérieur.<br />
À l’intérieur, c’est un<br />
paradis pour cerveaux inventifs.<br />
Une demi-douzaine d’imprimantes<br />
3D vrombissent en<br />
produisant des modèles en<br />
plastique aux formes inhabituelles<br />
: bâtiments difformes,<br />
chaînes à double hélice,<br />
motifs complexes en forme<br />
de flocons de neige. Dans<br />
l’immense espace, un groupe<br />
d’étudiants et de professeurs<br />
est réuni autour d’une<br />
immense table de conférence<br />
pour débattre d’une conception<br />
CAO projetée sur un<br />
écran géant.<br />
De l’autre côté du hangar,<br />
un bras robotique géant tient<br />
un projecteur qui affiche la<br />
scène d’un jeu vidéo sur un<br />
grand écran. Debout devant<br />
l’écran, un homme en sweat à<br />
capuche et pantalon de survêtement<br />
joue à Street Fighter V<br />
en utilisant une manette qui<br />
ne lui est pas familière. Ce<br />
joueur est Darryl « Snake<br />
Eyez » Lewis, l’un des meilleurs<br />
gamers au monde. Et<br />
cette drôle de manette qu’il<br />
tient ? Le résultat de plus d’un<br />
an de collaboration avec une<br />
équipe d’IDEAS afin d’améliorer<br />
son prototype.<br />
Lewis, 30 ans, a été révélé<br />
au grand public avec une première<br />
place au Super Street<br />
Fighter II à l’EVO 2010. Il est<br />
maintenant considéré comme<br />
l’un des meilleurs joueurs de<br />
Street Fighter V. Pourtant,<br />
jusque-là, la manette qu’il<br />
utilisait – celle d’une manette<br />
XBOX 360 modifiée pour<br />
fonctionner sur une PS4 –<br />
l’empêchait de progresser.<br />
Elle se cassait trop souvent (à<br />
200 $ pièce, ça fait réfléchir)<br />
et les boutons étaient mal placés.<br />
Les joueurs perspicaces<br />
pouvaient lire ses mouvements<br />
en observant ses mains.<br />
C’est là que le programme<br />
IDEAS est intervenu. À l’automne<br />
2017, Lewis s’est joint<br />
à la professeure Marta Nowak<br />
et à un groupe d’étudiants<br />
dans le cadre de leur séminaire<br />
d’études supérieures en<br />
technologie afin d’essayer de<br />
concevoir une meilleure<br />
manette. La modification des<br />
circuits internes, hautement<br />
réglementés afin de s’assurer<br />
qu’aucun joueur ne soit avantagé,<br />
est interdite. <strong>Mai</strong>s il est<br />
possible de travailler sur le<br />
design extérieur et d’aller<br />
au-delà d’une manette<br />
Sur le campus IDEAS de UCLA Architecture and Urban Desig, un bras<br />
robotique tient un projecteur qui affiche des jeux vidéo pour Lewis.<br />
8 THE RED BULLETIN
B U L L E V A R D<br />
RICK RODNEY ADREW LEWIS<br />
Lewis, alias Snake<br />
Eyez, veut tester sa<br />
nouvelle manette<br />
dans des tournois<br />
de combat d’élite.<br />
LA MANETTE LUI OFFRE<br />
DÉJÀ UNE AMÉLIORATION<br />
DANS SA PERFORMANCE.<br />
universelle afin de créer<br />
quelque chose spécialement<br />
conçu pour Lewis et le jeu de<br />
combat dans lequel il excelle.<br />
« Je comparerais cela à des<br />
chaussures de sport, dit<br />
Nowak. Vous allez au magasin<br />
de baskets et il y a des centaines<br />
de modèles pour des<br />
usages différents. »<br />
Les chercheurs ont assisté<br />
à des tournois et observé les<br />
joueurs d’élite. Ils ont capté<br />
les mouvements de Lewis<br />
pendant qu’il jouait, ont fixé<br />
des capteurs à sa manette afin<br />
de cartographier ses points de<br />
contact et de pression, et l’ont<br />
interrogé sur sa façon de jouer.<br />
Leur premier constat fut que la<br />
manette de Lewis était beaucoup<br />
trop petite pour ses<br />
mains et qu’elle faisait transpirer.<br />
Ils ont également constaté<br />
qu’il la tenait avec sa main<br />
gauche et qu’il s’ajustait avec<br />
sa main droite. Surpris, Lewis<br />
pensait l’inverse.<br />
Le résultat est une manette<br />
asymétrique avec une poignée<br />
gauche allongée pour la prise<br />
en main et une partie plus<br />
étroite à droite, pour les boutons.<br />
Les crêtes inclinées le<br />
long du côté gauche et audessus<br />
des boutons aident<br />
Lewis à placer ses mains sans<br />
regarder et à dissimuler ses<br />
doigts du regard de ses<br />
adversaires. Les boutons sont<br />
décentrés (et non perpendiculaires<br />
comme sur les manettes<br />
actuelles) pour correspondre<br />
davantage à l’angle naturel<br />
de la main. Les textures différentes<br />
sur le contrôleur facilitent<br />
le repositionnement des<br />
mains et réduisent la transpiration<br />
en permettant la circulation<br />
de l’air.<br />
Lewis, qui teste la manette<br />
depuis quelques semaines<br />
déjà, suggère que l’on apporte<br />
des ajustements mineurs,<br />
comme raboter quelques millimètres<br />
de la manette pour la<br />
rendre plus confortable. <strong>Mai</strong>s<br />
il voit déjà une amélioration<br />
dans sa performance. La<br />
réduction de transpiration<br />
combinée au confort de la<br />
nouvelle manette a augmenté<br />
son endurance. Et l’ergonomie<br />
améliorée réduit la pression<br />
sur les boutons, ce qui<br />
devrait se traduire par une<br />
plus grande durabilité. Snake<br />
Eyez pense qu’il sera capable<br />
de jouer à un haut niveau<br />
avec plus de consistance et<br />
pour des périodes de temps<br />
prolongées. « La confiance y<br />
est pour beaucoup, dit-il. Sans<br />
ces problèmes, je vais avoir<br />
davantage confiance en moi. »<br />
Il considère les perspectives<br />
commerciales pour le<br />
contrôleur comme une « question<br />
très intéressante ».<br />
L’équipe envisage d’autres<br />
options – tant Lewis que<br />
UCLA partageraient les bénéfices<br />
financiers. Ils sont à la<br />
recherche de versions de<br />
tailles différentes afin que<br />
tout le monde ait accès à<br />
l’ajustement idéal. <strong>Mai</strong>s Lewis<br />
a hâte de s’engager dans des<br />
tests « de haute intensité » en<br />
réel. Il va d’abord utiliser la<br />
manette lors de tournois<br />
locaux et ne devrait pas tarder<br />
à en faire de même dans<br />
des tournois d’élite. « Cette<br />
manette ne semble pas très<br />
différente », dit Lewis pendant<br />
que Nowak rayonne de<br />
fierté et poursuit : « À l’intérieur,<br />
c’est vrai. <strong>Mai</strong>s l’extérieur<br />
est complètement différent.<br />
On a alors fait ce qu’il<br />
aimait, mais en mieux. »<br />
THE RED BULLETIN 9
Session<br />
LE SKATE<br />
MIS À NU<br />
B U L L E V A R D<br />
Vestige d'une ancienne colonie de<br />
nudistes des environs de Palm<br />
Springs en Californie, le Nude Bowl,<br />
autrefois une piscine, est aujourd’hui<br />
un spot de légende pour<br />
les skateurs, qui ne se livre pas facilement.<br />
Le photographe Dan Krauss<br />
a dû faire des recherches approfondies<br />
pour le localiser : « J’ai ratissé<br />
Google Earth afin de le trouver en<br />
me basant sur de vagues descriptions<br />
trouvées en ligne. » Puis il a<br />
convaincu un skateur pro de l’accompagner.<br />
Le photographe a alors<br />
passé une journée à shooter Ryan<br />
Decenzo s’offrant le bowl.<br />
Instagram : @dankrauss<br />
DAN KRAUSS<br />
10 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 11
B U L L E V A R D<br />
ALMA<br />
« EN FINLANDE,<br />
NOUS SOMMES<br />
NORMAUX »<br />
La queen pop britannique<br />
Charli XCX adore cette<br />
artiste finlandaise très<br />
sincère. À votre tour ?<br />
et des pressions de la vie de<br />
tous les jours. Sont-elles<br />
autobiographiques ?<br />
Complètement. Pour moi,<br />
écrire des chansons est une<br />
forme de thérapie ; une manière<br />
de transformer les mauvaises<br />
expériences en moments<br />
glorieux où tu envoies tout balader.<br />
J’ai aussi envie que mes<br />
fans se sentent libérés en écoutant<br />
mes chansons. Enfant,<br />
j’écoutais de la musique qui me<br />
faisait me sentir puissante.<br />
Laquelle par exemple ?<br />
Amy Winehouse. Elle était<br />
honnête dans chacune de ses<br />
chansons. Même si je n’avais<br />
pas les mêmes problèmes<br />
qu’elle, je ressentais sa douleur<br />
et du coup, je me sentais<br />
mieux, plus sûre de moi.<br />
Avez-vous un conseil pour se<br />
débarrasser des problèmes<br />
qui nous pèsent ?<br />
Noter ses pensées, ses idées<br />
noires. Le fait de tenir un<br />
journal, de parler à un ami,<br />
ça permet de se rendre compte<br />
de ce qui ne va pas. Moi, ça<br />
m’a beaucoup aidée<br />
A lma semblait surgir<br />
de nulle part. En 2017, cette<br />
auteure-compositrice-interprète<br />
aux cheveux fluo, née<br />
Alma-Sofia Miettinen et venue<br />
de la petite ville finlandaise de<br />
Kuppio, sortait Chasing Highs,<br />
un joyau de dance époustouflant<br />
qui la catapulte parmi les<br />
Top 20 en Allemagne et au<br />
Royaume-Uni. La chanson a<br />
été visionnée plus de quarante<br />
millions de fois sur YouTube et<br />
a valu à Alma d’être nommée<br />
pour le Sound of 2018 de la<br />
BBC. Son premier album Have<br />
You Seen Her? vient de sortir,<br />
et l’artiste de 23 ans nous<br />
révèle comment elle transforme<br />
les mauvais souvenirs<br />
en « rien à foutre ».<br />
the red bulletin : Après<br />
le succès de Chasing Highs,<br />
vous être rentrée en Finlande<br />
pour enregistrer votre premier<br />
album. Pourquoi là-bas<br />
plutôt qu’à Los Angeles ?<br />
alma : Lorsque je suis à Los<br />
Angeles, je n’ai aucun souci,<br />
il fait beau, je suis heureuse,<br />
et les fêtes sont super, mais<br />
je ne me sens pas inspirée.<br />
Les problèmes rendent-ils<br />
créatif ?<br />
J’écris aussi sur des sujets<br />
drôles, mais les difficultés et<br />
les mauvais souvenirs, les trucs<br />
de la vraie vie, sont ce que je<br />
trouve de plus inspirant. Ce<br />
sont des choses que je retrouve<br />
uniquement chez moi.<br />
Une grande partie des chansons<br />
de Have You Seen Her?<br />
traite de l’acceptation de soi<br />
« NOTER MES<br />
PENSÉES,<br />
MES IDÉES<br />
NOIRES, M’A<br />
BEAUCOUP<br />
AIDÉE. »<br />
Alma a dédié le titre<br />
Karma à tous ceux<br />
qui la persécutaient<br />
et essayaient de la<br />
rabaisser dans son<br />
enfance.<br />
En ce moment, beaucoup de<br />
jeunes musiciennes scandinaves<br />
rencontrent un succès<br />
international. Pourquoi ?<br />
Parfois j’écoute de la musique<br />
pop américaine qui me donne<br />
envie de danser, mais elle ne<br />
me touche pas à un niveau<br />
plus profond ni émotionnel.<br />
Beaucoup de gens ont envie<br />
d’authenticité en musique ;<br />
le public veut des histoires<br />
qui paraissent vraies. À cet<br />
égard, je pense que les artistes<br />
scandinaves sont un atout<br />
en ce moment.<br />
En quoi ?<br />
Ils n’essaient pas de faire paraître<br />
leur vie plus palpitante<br />
qu’elle ne l’est. Nous sommes<br />
juste très normaux et simples.<br />
C’est très utile pour écrire des<br />
chansons convaincantes.<br />
Le premier album d’Alma,<br />
Have You Seen Her?, vient de<br />
sortir ; cyberalma.com<br />
FLORIAN OBKIRCHER<br />
12 THE RED BULLETIN
B U L L E V A R D<br />
À l’ancienne<br />
<strong>2019</strong>, L’ODYSSÉE<br />
DE LA VAPEUR...<br />
WINE REND LA<br />
CONQUÊTE SPATIALE<br />
MOINS CHRONOPHAGE.<br />
La navigation spatiale se tourne vers<br />
les machines à vapeur avec un engin<br />
jamais à court de carburant. Véridique.<br />
L’astronef prototype WINE n’est pas<br />
plus gros qu’un four à micro-ondes.<br />
1<br />
L a vapeur. Si c’est elle<br />
qui nous a propulsés dans l’ère<br />
industrielle, les machines à<br />
vapeur font aujourd’hui office<br />
de pièces de musée depuis<br />
l’apparition de l’électricité et<br />
de carburants plus efficaces<br />
comme le gaz naturel ou le<br />
pétrole. Les machines à<br />
vapeur modernes pourraient<br />
pourtant bientôt faire sensation<br />
dans un domaine de<br />
pointe : la navigation interstellaire.<br />
En coopération avec la<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
startup californienne Honeybee<br />
Robotics, des chercheurs<br />
de l’université de Floride<br />
(États-Unis) ont conçu un<br />
astronef à vapeur capable<br />
d’extraire de l’eau de la surface<br />
d’un astéroïde afin de<br />
disposer d’une source inépuisable<br />
de carburant pour explorer<br />
l’espace. Portant le nom de<br />
WINE, pour <strong>The</strong> World Is Not<br />
Enough, l’engin de la taille<br />
d’un four à micro- ondes a déjà<br />
fait ses preuves sur un astéroïde<br />
simulé et sous vide.<br />
« WINE est parvenu à extraire<br />
de l’eau du sol, à fabriquer de<br />
quoi propulser la fusée et à<br />
décoller grâce à un jet de<br />
vapeur produit à partir de la<br />
1. Le vaisseau atterrit<br />
sur un astéroïde ou<br />
tout autre corps du<br />
système solaire.<br />
2. Des appareils de<br />
carottage percent des<br />
minéraux hydratés ou<br />
du régolithe glacé.<br />
3. Des radiateurs<br />
à l’intérieur de la<br />
perceuse extraient<br />
l’eau du régolithe.<br />
4. La vapeur d’eau<br />
remonte depuis la<br />
perceuse et gèle dans<br />
un piège à froid.<br />
5. L’eau est chauffée<br />
afin de créer de<br />
la vapeur à haute<br />
pression qui servira<br />
de carburant.<br />
simulation, explique Phil<br />
Metzger, planétologue à l’UCF.<br />
C’est fantastique. »<br />
La navigation spatiale à<br />
l’aide de la vapeur d’eau est<br />
une option tout à fait sérieuse,<br />
comme le prouvent les dernières<br />
missions spatiales,<br />
avortées en cours de route par<br />
manque de carburant : la<br />
sonde Cassini, alimentée au<br />
plutonium pour rejoindre<br />
Saturne, et Dawn, propulsée<br />
aux ions pour explorer les<br />
ceintures d’astéroïdes. « Nous<br />
avons perdu des investissement<br />
énormes après avoir<br />
construit ces sondes et les<br />
avoir envoyées vers leur<br />
cible », regrette Metzger.<br />
Comme l’eau existe en<br />
abondance dans l’univers et<br />
que « WINE est conçu pour ne<br />
jamais manquer de carburant<br />
», l’exploration sera moins<br />
coûteuse. « Nous pourrions<br />
utiliser cette technologie pour<br />
aller explorer la Lune, Cérès,<br />
Europe, Titan, Pluton…<br />
partout où il y a de l’eau et où<br />
la gravité est faible. Et comme<br />
on n’aura plus besoin d’attendre<br />
des années pour qu’une<br />
nouvelle sonde fasse le chemin<br />
depuis la Terre, cela nous<br />
fera économiser beaucoup de<br />
temps. »<br />
Partiellement financé par<br />
la NASA, WINE nécessite<br />
encore des partenaires pour<br />
poursuivre sa conquête<br />
spatiale à la vapeur.<br />
honeybeerobotics.com<br />
HONEYBEE ROBOTICS LOU BOYD CHRISTINA LOCK<br />
14 THE RED BULLETIN
B U L L E V A R D<br />
76,1 k<br />
1 776<br />
Lil Miquela<br />
PLUS FAUSSE<br />
QU'UNE AUTRE ?<br />
Les androïdes prennent la relève sur<br />
Instagram. Rencontre avec une<br />
« fake » vedette des réseaux sociaux.<br />
M iquela Sousa est<br />
l’une des influenceuses les<br />
plus sexy d’Instagram. Le million<br />
et demi d’abonnés de<br />
« Lil Miquela » parcourt ses<br />
posts afin de découvrir ses<br />
tenues et apprendre à quelles<br />
fêtes exclusives elle a participé.<br />
<strong>Mai</strong>s ce qui différencie<br />
cette superstar des réseaux<br />
de ses collègues, c’est qu’elle<br />
n’existe pas en dehors de<br />
ses publications.<br />
« Je suis musicienne, j’ai<br />
19 ans, et je suis un robot »,<br />
écrit-elle sur son blog pour le<br />
label streetwear haut de<br />
gamme Opening Ceremony.<br />
« J’ai été construite par Cain<br />
Intelligence, une entreprise<br />
de la Silicon Valley. »<br />
Miquela est un avatar né de<br />
l’infographie et de la retouche<br />
d’image. Brud, la start-up<br />
américaine à son origine,<br />
travaille à « un monde plus<br />
tolérant envers la robotique,<br />
l’intelligence artificielle et la<br />
culture ». Derrière le visage<br />
souriant de Miquela se cachent<br />
des businessmen avisés : Brud<br />
aurait reçu 18 millions d’euros<br />
par des investisseurs pour<br />
soutenir leurs projets d’influenceurs<br />
virtuels. Contrairement<br />
aux influenceurs<br />
humains, qui disposent d’un<br />
réel libre arbitre, les avatars<br />
sont entièrement contrôlés et<br />
contrôlables, pour s’adapter<br />
aux besoins commerciaux.<br />
« Brud se sert de Miquela<br />
pour vendre ses idées,<br />
explique Christophe Brumby ,<br />
spécialiste des stratégies<br />
créatives. Elle s’adresse à un<br />
réseau de personnes très<br />
influentes à l’échelle mondiale<br />
et hautement connectées.<br />
Elle synthétise ce qui est dans<br />
l’air du temps comme<br />
personne. » L’existence fabriquée<br />
de toutes pièces de<br />
Miquela a trouvé sa place au<br />
milieu du flux des images<br />
filtrées et photoshopées d’Instagram.<br />
« Qu’elle soit réelle ou<br />
non, cela ne change rien. Tout<br />
le monde l’a acceptée. »<br />
Miquela pourrait bien<br />
donner son propre avis d’ici<br />
peu. « La technologie permettra<br />
bientôt aux influenceurs<br />
virtuels d’utiliser des données<br />
pour produire leur propre fil<br />
d’actualité, dit Brumbly. Ils<br />
repousseront bientôt les<br />
limites de ce qui les inhibe<br />
actuellement, en utilisant des<br />
manipulations vidéo qui les<br />
rendront plus vivants. »<br />
Miquela a choisi de ne pas<br />
prendre part à la discussion.<br />
« Ce sont sûrement des histoires<br />
étranges de sciencefiction,<br />
je préfère ne pas y<br />
penser. » Finalement, est-elle<br />
plus « fake » que certaines<br />
« vraies » influenceuses ?<br />
Instagram : @lilmiquela<br />
BRUD LOU BOYD<br />
16 THE RED BULLETIN
Pierre Vaultier<br />
PAS L’OMBRE<br />
D’UN DOUTE<br />
B U L L E V A R D<br />
Trois mètres de large, plus de 250 de<br />
long. Une ligne et des modules sur<br />
mesure pour Pierre Vaultier. « Je voulais<br />
du jamais vu, dit le champion olympique<br />
de snowboard-cross. Du flow, du fun,<br />
pour m’exprimer techniquement. »<br />
Une équipe de shapers menée par<br />
Xavier Marcou a trimé deux semaines<br />
à Serre Chevalier, chez Pierre, pour<br />
cette ligne. « Au moment de me lancer,<br />
j’avais plus de pression qu’aux JO »,<br />
avouera-t-il.<br />
L’incroyable histoire du projet<br />
Shapes sur win.gs/Shapes<br />
TRISTAN SHU<br />
18 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 19
B U L L E V A R D<br />
Trip surf<br />
L’HÔTEL DE LA PLAGE<br />
Trouver le meilleur spot pour surfer et dormir… Un mode de vie pour<br />
certains. Ce camion convertible de luxe se gare devant les vagues.<br />
Pièces communes tout équipé, cinq chambres doubles. La vue imprenable<br />
sur la mer est dans l’offre de base. Djembé non inclus.<br />
Lorsqu’il est immobile,<br />
le Truck Surf<br />
utilise un système<br />
hydraulique pour<br />
s’agrandir.<br />
Q uel surfeur n’a<br />
jamais rêvé de tout plaquer<br />
pour vivre au gré des vagues,<br />
avec son camion et sa planche<br />
de surf pour tous compagnons<br />
? Sauf que, dans la réalité,<br />
vivre dans un camion<br />
toute l’année n’a rien de<br />
romantique.<br />
Forts de leur longue expérience<br />
de «globe- surfeurs», les<br />
Portugais Daniela Carneiro et<br />
Eduardo Ribeiro ont un jour<br />
l’idée de créer leur camping-car<br />
de luxe. En coopération<br />
avec une entreprise spécialisée<br />
dans la construction<br />
de mobile homes, ils transforment<br />
un puissant camion<br />
Mercedes Actros en hôtel<br />
mobile pour dix personnes.<br />
Le Truck Surf Hotel ressemble<br />
à un véhicule quelconque<br />
lorsqu’il est sur la<br />
route, mais une fois garé, son<br />
système hydraulique secret<br />
permet au toit du camion de<br />
s’élargir et de faire place à<br />
cinq chambres doubles, un<br />
salon, une cuisine, une salle<br />
de bain et une douche, plus<br />
une sélection de vingt-cinq<br />
planches et combinaisons<br />
pour les séances de surf<br />
spontanées.<br />
« C’est Eduardo qui a eu<br />
l’idée, dit Carneiro. En travaillant<br />
dans le monde du surf, il<br />
a vite compris le besoin qu’ont<br />
les surfeurs de varier les lineups<br />
et cette envie de découvrir<br />
des plages et des cultures<br />
nouvelles. » En parcourant les<br />
côtes du Portugal et du Maroc,<br />
Carneiro et Ribeiro usent de<br />
leur expertise pour dénicher<br />
les meilleures vagues de la<br />
région pendant que leurs<br />
hôtes dorment.<br />
Chaque matin, les hôtes<br />
trouvent un petit- déjeuner<br />
prêt à leur réveil et, au-delà<br />
de la terrasse du salon, une<br />
nouvelle plage qui leur promet<br />
une délicieuse session de surf.<br />
Si la météo change, le camion<br />
démarre.<br />
Selon l’endroit et la saison,<br />
les prix pour une semaine à<br />
bord du camion démarrent à<br />
600 € par personne. « Nous<br />
sommes des moniteurs de<br />
surf : un voyage en camion est<br />
donc l’occasion idéale pour<br />
perfectionner sa technique et<br />
vivre au plus près la vraie mentalité<br />
du surf : une vie dans la<br />
nature, entouré de ses potes,<br />
au gré des vagues, sans savoir<br />
où demain nous mène… »<br />
trucksurfhotel.com<br />
DANIELA CARNEIRO LOU BOYD<br />
20 THE RED BULLETIN
© Photo : Climbing Technology<br />
Paris<br />
48, rue des Écoles 75005<br />
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B U L L E V A R D<br />
Swindle<br />
« LE SON<br />
DU 2001<br />
DE DR. DRE<br />
EST PUR »<br />
Sa musique éclectique<br />
a été influencée par<br />
cinq albums de référence<br />
qu’il dévoile ici.<br />
ED RUSH & OPTICAL<br />
THE CREEPS (2000)<br />
« Cet album génial me fait danser,<br />
et il va aussi vous faire danser !<br />
Avec <strong>The</strong> Creeps, la barre a été<br />
placée très haut : c’est une<br />
référence de qualité en matière<br />
de drum and bass. »<br />
Cameron Palmer,<br />
aka Swindle, est<br />
l’un des producteurs<br />
les plus passionnants<br />
et versatiles du moment au<br />
Royaume-Uni. Il grandit<br />
dans une famille de mélomanes<br />
au son du jazz, du<br />
funk et du R&B, débute le<br />
piano à huit ans et enregistre<br />
déjà sa musique à<br />
quatorze ans. En janvier,<br />
l’artiste du sud de Londres<br />
sortait son troisième album,<br />
No More Normal, une collaboration<br />
d’artistes issus<br />
d’horizons très variés – du<br />
génial saxophoniste de jazz<br />
Nubya Garcia aux voix soul<br />
vintage d’Andrew Ashong,<br />
en passant par les punchlines<br />
du rappeur Kojey Radical<br />
et les rythmes grime de<br />
Ghetts. « La musique est devenue<br />
très accessible.<br />
Chaque été, à Londres, nous<br />
mélangeons les genres et en<br />
créons de nouveaux, raconte<br />
Swindle, 31 ans. Mon rêve<br />
est de réunir ce qu’il se fait<br />
de mieux en jazz en ce moment,<br />
couplé avec les meilleurs<br />
rappeurs, poètes ou<br />
MC’s, bref, tous ceux qui<br />
poursuivent un but artistique.<br />
» Swindle a rassemblé<br />
pour vous cinq souvenirs clé<br />
de sa formation musicale...<br />
No More Normal, un docu à<br />
voir sur redbull.com<br />
DR. DRE<br />
2001 (1999)<br />
« Cet album a eu une influence<br />
majeure sur mes derniers opus.<br />
Je repense à ce que 2001 m’a fait<br />
ressentir à sa sortie. En termes de<br />
son, il est pur. J’adore aussi son<br />
approche collaborative. Le travail<br />
de Dre a généré un nouveau standard<br />
de qualité dans le rap. »<br />
RONI SIZE PRESENTS<br />
THROUGH THE EYES (2000)<br />
« J’ai été accro à cela (une compilation<br />
drum and bass, présentée<br />
par Roni Size, ndlr) pendant longtemps.<br />
Ado, j’étais à fond sur la<br />
drum’n’bass et les radios libres.<br />
Dans mon quartier de Londres,<br />
nos vies se résumaient à la musique,<br />
au skate et aux graffitis. »<br />
HERBIE HANCOCK<br />
MR HANDS (1980)<br />
« Les goûts de mon père ont eu<br />
une grande influence sur moi.<br />
Il a joué de la guitare pendant<br />
cinquante ans. Il écoutait tous<br />
les génies du jazz, du R&B et du<br />
funk. J’ai hérité de sa collection<br />
de disques. Lorsqu’on grandit<br />
en baignant dans le bon son, on<br />
reconnaît la qualité d’un album<br />
à l’écoute – comme ici. Certains<br />
de mes premiers samples proviennent<br />
d’enregistrements<br />
de la collection de mon père. »<br />
QUINCY JONES<br />
Q’S JOOK JOINT (1995)<br />
« La liste des musiciens sur<br />
cet album est incroyable. J’ai<br />
grandi au son de Marcus Miller<br />
et de George Benson. J’ai très<br />
envie de reprendre ce concept<br />
et de produire des albums<br />
qui célèbrent les musiciens,<br />
à l’image de celui-ci. »<br />
ADAMA JALLOH LOU BOYD<br />
22 THE RED BULLETIN
BATTLE D’IMPRO<br />
<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />
12/04 - NANTES - LE FERRAILLEUR<br />
19/04 - MARSEILLE - L’AFFRANCHI<br />
26/04 - PARIS - LE TRABENDO<br />
INFOS ET BILLETTERIE SUR REDBULL.COM/DERNIERMOT
AU CŒUR DU<br />
CHA<br />
Du répit face<br />
au monstre<br />
Après avoir suivi un orage<br />
supercellulaire à travers le<br />
Wyoming, l’équipe de cinq<br />
personnes profite d’une<br />
accalmie avant de se diriger<br />
vers le sud pour poursuivre<br />
leur traque. « Un ciel<br />
de ce genre signifie que<br />
vous êtes sur le flanc sudest<br />
de la tempête, celui où<br />
l’on peut reconnaître des<br />
animaux dans les nuages »,<br />
raconte la photographe<br />
Krystle Wright.<br />
24
OSL’été<br />
dernier, l’aventurière et photographe<br />
Krystle Wright a suivi le chasseur de tempêtes<br />
Nick Moir et son équipe dans la Tornado Alley<br />
des Grandes Plaines (USA), à la poursuite<br />
des éléments en furie…<br />
Texte NORA O’DONNELL<br />
Photos KRYSTLE WRIGHT
Tenir bon !<br />
Nick Moir (à droite) et Keith<br />
Ladzinski font face à des<br />
vents de 110 km/h pendant<br />
une tempête de sable dans<br />
le nord du Texas. « Difficile<br />
de garder les yeux ouverts,<br />
j’avais l’impression qu’on<br />
allait être emportés »,<br />
se souvient Wright.
C« Ce bordel peut vite mal tourner. » Voilà<br />
ce que Krystle Wright dit à ceux qui se<br />
lancent dans la chasse aux tempêtes.<br />
« C’est génial, mais il faut y aller avec<br />
quelqu’un qui a de l’expérience », poursuit<br />
la photographe australienne.<br />
Pour elle, le prof fut Nick Moir, photographe<br />
en chef du Sydney Morning Herald,<br />
qui a passé sa carrière à chasser les tempêtes<br />
et les feux de brousse partout dans<br />
le monde. L’été dernier, avec une petite<br />
équipe, Wright a suivi Moir dans le Midwest<br />
américain pour tourner un court<br />
métrage sur les conditions météorologiques<br />
violentes tristement célèbres de<br />
Tornado Alley. Douze jours durant, ils ont<br />
parcouru près de 13 000 km, à enchaîner<br />
les allers-retours entre Texas, Nouveau-Mexique,<br />
Oklahoma, Kansas, Colorado<br />
et Wyoming.<br />
Les matins commençaient par un ciel<br />
d’un bleu parfait mais au fur et à mesure<br />
que la journée avançait, l’air se remplissait<br />
de nuages style pop-corn. En<br />
quelques heures, les petits nuages blancs<br />
se transformaient en orage supercellulaire<br />
monstrueux avec un fort courant<br />
tourbillonnant ascendant qui peut produire<br />
des grêlons de la taille d’une balle<br />
de golf, des vents atteignant 100 km/h,<br />
des éclairs intenses et des tornades d'une<br />
effrayante intensité qui détruisent tout<br />
sur leur passage.<br />
Un jour, dans l’est du Colorado,<br />
l’équipe assiste à un spectacle rare : une<br />
double tornade. « Le ciel a littéralement<br />
pris vie alors que des nuages noirs tourbillonnaient<br />
dans des vortex tout autour de<br />
nous, dit Wright. Nous faisions des allersretours<br />
sur de longues routes de terre<br />
rectilignes jusqu’à ce que Nick crie : “Et<br />
merde ! Fonce, Krystle !” Mes doigts se<br />
sont agrippés au volant pendant que nous<br />
filions vers le sud. Deux ou trois kilomètres<br />
devant nous, la première tornade<br />
mésocyclonique a commencé à se former<br />
et, à notre grande surprise, en quelques<br />
secondes, une trombe terrestre secondaire<br />
s’est formée juste à côté de celle-ci.<br />
J’ai pensé que la raison l’emporterait,<br />
mais voilà que je me dirigeais vers elles,<br />
pour m’en rapprocher. »<br />
Voici les photos de leur odyssée vers<br />
les « Monstres des Grandes Plaines ».<br />
« Nous acceptons tous le risque que<br />
les choses puissent mal tourner.<br />
Mère Nature règne en maîtresse. »<br />
KEITH LADZINSKI<br />
27
Une autre tempête de sable<br />
au Texas, au sud d’Amarillo.<br />
« J’avais l’impression d’être<br />
au beau milieu de l’apocalypse<br />
en voiture, dit Wright.<br />
On pouvait à peine voir<br />
15 mètres devant soi. »<br />
« Je me suis arrêtée parce que je me sentais mal.<br />
“I came to a stop because I didn’t feel good. A tornado was<br />
Tout au long de leur périple,<br />
les membres de l’équipe ont<br />
traversé de nombreuses<br />
villes peu peuplées. Ici, à<br />
Texola (Oklahoma), Ralph<br />
et son chien vaquent à leurs<br />
occupations tandis qu’un<br />
orage supercellulaire se<br />
forme derrière eux.
L’orage passe au-dessus<br />
d’un quartier désaffecté<br />
de Texola (Oklahoma),<br />
confèrant à l’endroit un air<br />
de profonde désolation.<br />
forming right in front of us, but we could barely see it.”<br />
Une tornade se formait, qu’on devinait à peine. »<br />
À Panhandle, Texas, Moir sort<br />
du véhicule et part en reconnaissance.<br />
« Les choses sont<br />
devenues vraiment étranges<br />
cet après-midi-là, se souvient<br />
Wright. Nous n’avions pas<br />
de belles images. »<br />
29
« Soudain, des nuages lourds comme<br />
des enclumes se mettent à déchirer<br />
le ciel. D’où sortent-ils ? »
Et le ciel se<br />
transforme<br />
« Le matin, l’horizon est<br />
bleu. On se demande vraiment<br />
ce qu’il se passe làhaut<br />
pour que le ciel se<br />
transforme en un tel<br />
monstre à la fin de la journée<br />
», s’exclame Wright.<br />
Au Texas, cette formation<br />
météorologique charrie<br />
du sable avec elle, puis<br />
prend la forme d’une véritable<br />
tempête de sable.<br />
31
« Nick Moir est animé par un sentiment très fort<br />
pour la nature. Il la documente sous toutes ses<br />
formes. Dans la beauté ou la dévastation. »<br />
Ligne de front<br />
Nick Moir fait front à une<br />
tempête de sable au Texas.<br />
« Nick a vingt ans d’expérience<br />
dans la traque des<br />
tempêtes alors que le reste<br />
d’entre nous était inexpérimenté,<br />
explique Wright. Et il<br />
est tellement enthousiaste<br />
qu’il est capable de transmettre<br />
son intérêt pour les<br />
nuages à n’importe qui. »
À vous<br />
rendre fou<br />
Voici l’illustration parfaite<br />
d’un orage supercellulaire<br />
(photographié ici dans le<br />
nord du Texas). Au bas de<br />
l’image, on distingue un<br />
mur de nuages. « Je suis<br />
presque déçue qu’une<br />
tornade ne se soit pas<br />
formée », ironise Wright.<br />
La photographe se faufile<br />
sur une propriété privée<br />
en Oklahoma pour saisir<br />
ces chevaux devant<br />
une grosse tempête,<br />
au coucher du soleil.<br />
33
JAYDA G<br />
La science<br />
du rythme<br />
Texte FLORIAN OBKIRCHER<br />
et LOU BOYD<br />
Jayda G enflamme les clubs autant<br />
grâce à ses fameux sets funky que<br />
par son enthousiasme très contagieux<br />
aux platines. Il suffit de la<br />
regarder bouger lorsqu’elle mixe pour<br />
avoir envie de danser. <strong>Mai</strong>s Jayda n’a<br />
pas qu’une carrière de DJ international<br />
en tête : elle souhaite utiliser sa<br />
notoriété croissante pour promouvoir<br />
le bien commun.<br />
Née dans les montagnes canadiennes, près de Vancouver,<br />
Jayda Guy était loin d’être la candidate attendue pour une<br />
carrière de DJ international. Sa première passion était la biologie<br />
marine, un choix qui l’a menée très loin des points musicaux<br />
les plus chauds de la planète. « Je voulais faire plein de<br />
choses sur le terrain, explique Jayda, titulaire d’un Master en<br />
gestion des ressources et de l’environnement avec une spécialisation<br />
en toxicologie environnementale. J’ai donc fini dans<br />
beaucoup d’endroits isolés où les arts et la culture ne comptent<br />
pas vraiment. <strong>Mai</strong>s Dieu merci, il y avait internet. » Son autre<br />
vie a commencé quand elle s’est mise à mixer pour le plaisir<br />
FARAH NOSH<br />
34 THE RED BULLETIN
« Quand vous faites<br />
participer les gens dans<br />
un contexte positif, ils<br />
deviennent réceptifs. »
« Les DJ’s qui ne<br />
bougent pas... je ne<br />
comprends pas ! »<br />
durant ses études et elle n’a pas cessé depuis. Après avoir<br />
sorti son premier titre sous le nom de Jayda G en 2015, elle<br />
a conjointement créé le label Freakout Cult, lancé le sien<br />
(JMG Recordings) et est désormais sur le point de sortir son<br />
premier album. <strong>Mai</strong>s l’exubérante Jayda G n’a pas renié ses<br />
préoccupations environnementales. La DJ nous raconte<br />
comment sa musique est liée à son travail scientifique et<br />
comment elle réunit ces deux mondes pour créer quelque<br />
chose de nouveau.<br />
the red bulletin : L’un de vos sets les plus vus commence<br />
avec le son des orques. D’où est venue cette idée ?<br />
jayda g : Ce sont des enregistrements venus d’une station<br />
en Alaska. Je les ai découverts sur un site web qui contenait<br />
différents sons d’orques : des clics, des sifflements, et des<br />
trucs de ce genre.<br />
Comment avez-vous réuni les mondes de la musique<br />
et de la science sur votre premier album Significant<br />
Changes, tout juste paru ?<br />
Cet album n’est en fait qu’un long commentaire sur mes<br />
expériences. Il y a deux titres, Orca’s Reprise et Missy<br />
Knows What’s Up, qui sont consacrés à ma thèse universitaire.<br />
Comme je suis dans le domaine des sciences et<br />
que je me consacre à l’environnement et aux impacts<br />
qu’il subit, il s’agit de promouvoir des interprétations<br />
dans un contexte social plus large. Prenez le titre Missy<br />
Knows What’s Up, par exemple. Il contient le sample<br />
d’une femme qui évoque une affaire judiciaire dans<br />
laquelle des groupes environnementaux ont poursuivi<br />
le gouvernement canadien pour ses responsabilités<br />
en matière de protection des espèces en péril, y compris<br />
les orques.<br />
RAFE SCOBEY-THAL<br />
36 THE RED BULLETIN
La créativité et la pensée scientifique sont communément<br />
perçues comme opposées, associées à différents hémisphères<br />
du cerveau, mais vous semblez avoir forgé un lien<br />
symbiotique…<br />
Dans mon mode de vie, elles se sont complétées l’une l’autre.<br />
Je travaillais sur mon mémoire et j’ai fini par procrastiner. <strong>Mai</strong>s<br />
je l’ai fait en faisant de la musique, ce qui me procurait l’espace<br />
cérébral nécessaire pour retourner vers la science. C’était un<br />
répit mental qui allait continuer à me nourrir et à me donner<br />
de l’énergie.<br />
Un club est un lieu d’évasion : peut-on y faire de l’activisme<br />
écolo ?<br />
C’est probablement l’endroit idéal car dans un club, les gens<br />
sont censés être les plus ouverts, plus libres et plus aptes à<br />
lâcher prise. Quand vous êtes en mesure de faire participer les<br />
gens dans un contexte positif, ils deviennent plus réceptifs.<br />
Vous dites que vous ne préparez jamais vos sets, vous vous<br />
fiez à votre intuition. Est-ce que c’est pour vous remettre<br />
en question ?<br />
Un peu, mais c’est aussi parce que vous devez lire votre public<br />
– c’est votre boulot de DJ – et voir quel genre d’ambiance vous<br />
pouvez ainsi créer. Quand on arrive à faire éclore une même<br />
énergie, un même espace collectif, c’est à ce moment-là que les<br />
choses surviennent.<br />
Vous êtes plutôt labo ou dancefloor ?<br />
Pour ce qui est du travail sur le terrain, il<br />
faut être attentif. C’est la première chose<br />
qu’on vous enseigne en tant que biologiste<br />
: vous devez être attentive et chercher<br />
les choses. En tant que DJ, vous êtes<br />
aussi attentif à votre environnement. Il y a<br />
donc clairement un point commun. Il se<br />
trouve que l’un s’attache aux animaux et<br />
l’autre aux gens.<br />
Est-il vrai que votre intérêt pour la<br />
biologie marine vient du film Sauvez<br />
Willy (sorti en 1993, ndlr) que vous<br />
avez vu petite ?<br />
Et comment que j’ai regardé Sauvez Willy !<br />
Ce film a casté une faune charismatique<br />
(l’orque Keiko, ndlr) et Michael Jackson<br />
pour la BO. Que demander de plus ? J’ai<br />
toujours été intéressée par la biologie,<br />
la nature, mon environnement et mon<br />
entourage, et ça m’est resté.<br />
Il y a une vidéo YouTube d’une Boiler Room (plateforme<br />
de « clubbing » en ligne) au Festival Dekmantel 2017,<br />
où vous dansez comme une folle aux platines. C’est<br />
une habitude ?<br />
Dans une Boiler Room, vous êtes entourée par des gens,<br />
à 360°, ils vous fournissent de l’énergie, et c’est un endroit<br />
incroyable où il fait bon être. Je ne peux pas faire un DJ set<br />
sans bouger. Je ne comprends pas comment les gens peuvent<br />
faire autrement – c’est une anomalie pour moi.<br />
C’est donc un autre type de symbiose : vous avez besoin<br />
du public autant qu’il a besoin de vous ?<br />
Oui, absolument.<br />
Ainsi, nous sommes revenus à la science…<br />
J’adore !<br />
Le premier album de Jayda G, Significant Changes,<br />
sort le 22 mars ; Instagram : @jaydagmusic<br />
THE RED BULLETIN 37
« On n’est pas des<br />
têtes brûlées »<br />
Vitesse, mécanique et exubérance.<br />
Un pilote de MotoGP comme Johann<br />
Zarco doit être dans ce délire-là,<br />
assurément ! En fait, avec ce type<br />
simple et réfléchi, on s’est retrouvé<br />
dans un mode Beatles, sensibilité<br />
et Tupperware. À propos de moto,<br />
les clichés vont vite, et Zarco les<br />
renverse au naturel.<br />
Texte PIERRE-HENRI CAMY<br />
Photos RUUD BAAN<br />
38
Rapide, mais posé : deux<br />
titres mondiaux en Moto2<br />
et classé 6 e en MotoGP en<br />
2018. À 28 ans, Johann<br />
Zarco est un as français<br />
de la moto de vitesse.
Beaucoup de bruit,<br />
beaucoup d’agitation.<br />
Une tension<br />
palpable. Des photographes<br />
à droite et<br />
à gauche. Un pilote<br />
moto, la tête dans<br />
un casque. Une<br />
ambiance digne<br />
d’un Grand Prix…<br />
Sauf que nous ne sommes pas sur le<br />
circuit du Mans, mais dans le cossu<br />
VII e arrondissement, à deux pas des<br />
Invalides. Le quartier vient d’être envahi<br />
par les gilets jaunes. Bienvenue à Paris<br />
un samedi !<br />
Le pilote moto est bien un pro, l’un des<br />
meilleurs au monde, le Français Johann<br />
Zarco, mais l’engin qu’il enfourche aujourd’hui<br />
n’est pas sa KTM-RC 16 capable<br />
d’aller à plus de 300 km/h. Aujourd’hui,<br />
Zarco se fait transporter en moto-taxi. Le<br />
casque, par contre, c’est le sien : un Shark<br />
flanqué de sa déco soleil levant, du blason<br />
KTM et du taureau rouge. Un gilet<br />
jaune, interloqué, se retourne. Que fait ici<br />
ce type avec son casque de compétition ?<br />
Ce jour, comme en course, Johann est<br />
pressé. Il doit filer. Et pas question d’être<br />
bloqué par des manifestants ou des<br />
déploiements policiers. Entre un rendezvous<br />
à l’Agence France Presse dans le secteur<br />
de la Bourse et une interview chez<br />
Canal+ à Boulogne, il a tout juste deux<br />
heures à nous consacrer pour une séance<br />
photo. Sur une idée un peu folle, on lui<br />
avait proposé de nous rejoindre en studio<br />
« entre les deux » pour reproduire son<br />
« signature move », le fameux salto arrière<br />
qu’il se plaît à balancer quand il remporte<br />
un Grand Prix. L’idée folle, Zarco l’avait<br />
adorée, et c’est une dizaine de saltos qu’il<br />
exécutera soigneusement pour nous, avec<br />
une aisance bluffante, totalement emballé<br />
par le concept – et pas du tout soucieux<br />
de se blesser.<br />
Zarco, sixième pilote mondial en<br />
MotoGP l’an dernier, n’est pas un type<br />
conventionnel. Pas vraiment le cliché du<br />
motard pro auquel on pourrait s’attendre :<br />
un mec bargeot, surexcité, qui n’a que le<br />
deux roues à la bouche, et la perf’ la perf’<br />
la perf’ ! Rien de tout cela. En le rejoignant<br />
chez lui en Avignon quelques jours<br />
après le shooting, dans une demeure au<br />
bel environnement, mais très simple en<br />
décoration, pas du tout bling-bling, on<br />
en est convaincu : Zarco est un champion<br />
accessible qui s’épanouit au-delà du<br />
guidon. Un type unique, surtout.<br />
the red bulletin : Johann, posés sur<br />
un banc, au soleil, sur votre terrasse,<br />
on en oublierait presque que l’on<br />
s’adresse à un champion de moto<br />
de vitesse… Vous roulez à combien,<br />
au fait, sur votre moto ?<br />
johann zarco : Mon record personnel<br />
est de 346 km/h...<br />
Très rares sont les hommes qui<br />
atteignent ces vitesses sur une moto !<br />
On s’y habitue… (rires)<br />
Quand on s’apprête à rencontrer un<br />
pilote pro, on s’attend à tomber sur un<br />
mec en train de bricoler dans un garage<br />
rempli de bécanes et de trophées, un<br />
gars au taquet, à fond de performance,<br />
hyper exubérant… À votre contact,<br />
en découvrant votre environnement,<br />
on se dit que c’est le contraire.<br />
Ce n’est pas mon cas, il y en a certains<br />
oui, mais pas moi...<br />
Quand on vous a proposé de faire des<br />
saltos arrière pour les photos, on<br />
pensait que vous refuseriez, que vous<br />
n’alliez pas risquer de vous blesser à<br />
l’approche d’une saison sous vos nouvelles<br />
couleurs de KTM/<strong>Red</strong> Bull…<br />
Premièrement, le salto, c’est quelque chose<br />
que j’aime faire, et que je sens que je gère,<br />
à plusieurs hauteurs différentes, donc j’ai<br />
vraiment plaisir à le faire. Ça garde un<br />
côté show. On m’a souvent demandé si je<br />
n’avais pas peur de me faire mal quand je<br />
le fais à la fin des courses, sur le bord du<br />
circuit. Quand je gagne une course et que<br />
je peux réaliser ce salto, je viens de courir<br />
à plus de 300 km/h, alors ce n’est pas le<br />
salto qui est dangereux. Ce qui est dangereux,<br />
c’est de courir à plus de 300 sur un<br />
circuit ! Je n’aime pas être dans une mentalité<br />
où il faut se bloquer pour tout, parce<br />
que, du coup, on n’ose plus rien faire.<br />
Vous pensez à votre sport ?<br />
Non, je ne pense pas qu’au sport…<br />
« Un salto n’est pas<br />
dangereux. Ce qui<br />
est dangereux, c’est<br />
de courir à plus de<br />
300 sur un circuit ! »<br />
GOLD & GOOSE/RED BULL CONTENT POOL<br />
40 THE RED BULLETIN
Le feu de l’action : Zarco<br />
en tests d’avant-saison<br />
à Doha, au Qatar. Des<br />
heures de préparation et<br />
d’ajustements pour<br />
rendre la moto « facile ».<br />
THE RED BULLETIN 41
(Il réflechit un instant.) Si tu veux grandir<br />
dans la vie il faut assumer plus de responsabilités,<br />
mais il faudrait le faire en s’assurant<br />
de tout. Alors on n’ose plus rien faire,<br />
parce que ça coûte cher, ou par peur de<br />
tout perdre. Et si ceci ou cela arrivait !?…<br />
Il y a une pub, où ils disent : «Je te donne<br />
mon cheesecake, mais à condition de… »<br />
Aujourd’hui, tu ne fais plus rien sans<br />
« conditions », ça bloque beaucoup le naturel<br />
de l’humain, je trouve.<br />
Vous êtes un homme d’instinct ?<br />
Quand tu penses « à faire », c’est déjà trop<br />
tard. Ça, je l’ai bien appris dans mon<br />
métier. Il faut être dans l’action, agir…<br />
Au moment où je roule, si je veux dépasser<br />
quelqu’un, il ne faut pas que je pense<br />
à le dépasser, il faut que je le dépasse. Si<br />
je pense à dépasser un pilote, il y a une<br />
fraction de seconde que je vais rater, où<br />
je peux tomber, ou bien le percuter. Il<br />
vaut mieux agir, quitte à mal agir, mais<br />
alors on assume, et on apprend. Il faut<br />
être dans le vécu, après toute une analyse,<br />
une anticipation en amont, bien sûr.<br />
<strong>Mai</strong>s une fois dans l’action, il n’y a plus<br />
le temps pour penser.<br />
Vous êtes dans la même dynamique<br />
en dehors des circuits ?<br />
Quand j’essaie d’appliquer cette philosophie<br />
de course, de compétition moto à ma<br />
vie de tous les jours, c’est là que l’expression<br />
« vivre l’instant présent » ressort.<br />
C’est plus facile à dire qu’à faire, mais<br />
quand on arrive à se l’appliquer, c’est<br />
Le meilleur moto-taxi<br />
de Paris, Jean-Luc, et<br />
un boss du MotoGP.<br />
franchement appréciable. Et il faut avoir<br />
confiance en son corps. Le corps est une<br />
machine incroyable, le cerveau est une<br />
machine incroyable, et si on les laisse<br />
faire à l’énergie primaire, eh bien… (Il<br />
marque une pause.) Pourquoi un enfant<br />
apprend si vite de zéro à douze ans ?<br />
Parce qu’il n’est pas encore trop contraint<br />
de penser. Quand il devient ado, il commence<br />
à réfléchir à tout. Finalement je<br />
trouve que l’on grandit beaucoup plus de<br />
zéro à quinze ans que de quinze à trente.<br />
À 28 ans, pour être encore meilleur,<br />
vous devez réfléchir et anticiper lors<br />
de vos préparations et réglages<br />
d’avant-saison. Quelle place ce processus<br />
prend-il par rapport à l’instant<br />
plaisir et instinctif de la course que<br />
vous appréciez tant ?<br />
« Si je veux<br />
dépasser<br />
quelqu’un, il<br />
ne faut pas<br />
que je pense<br />
à le dépasser,<br />
il faut que<br />
je le dépasse. »<br />
Tout ce moment de développement que<br />
je traverse actuellement doit mener à<br />
quelque chose, à un idéal : une moto<br />
performante, une moto qui peut gagner.<br />
Et un pilote qui doit tout faire pour gagner.<br />
Alors, on pourra profiter d’un bon<br />
résultat. Ce n’est pas que le résultat ou<br />
la performance qui sont beaux, c’est aussi<br />
le chemin qui amène à ce résultat. Je me<br />
suis bien mis ça en tête pour développer<br />
la moto. Oui, trop réfléchir à tout peut<br />
bloquer, comme je le disais précédemment,<br />
mais ce travail, je suis obligé d’y<br />
passer pour mener la moto à ce niveau-là.<br />
<strong>Mai</strong>ntenant, est-ce qu’il faut le prendre<br />
comme un poids ? 80 % de poids pour<br />
20 % de bonheur ? Non. Cela fait partie<br />
du bonheur associable au bon résultat.<br />
Quand nous sommes arrivés chez vous,<br />
vous parliez de « rendre la moto facile ».<br />
Qu’est-ce que cela veut dire ?<br />
C’est pouvoir, par toute l’anticipation, le<br />
travail en amont et l’expérience de pilotage<br />
faire le bon geste au bon moment.<br />
La moto fera alors tout ce que tu veux.<br />
Ce n’est pas encore le cas actuellement,<br />
et c’est pour cela que l’on travaille avec<br />
l’équipe KTM pour que ça le devienne. Il<br />
y a aussi un aspect où l’on doit éduquer<br />
le pilote pour qu’il fasse les bons gestes.<br />
Je suis actuellement obligé de faire un<br />
gros travail technique qui m’empêche de<br />
retourner dans ma zone primaire et de<br />
laisser mon cerveau agir naturellement.<br />
<strong>Mai</strong>s c’est conscient, c’est voulu, pour<br />
produire un travail très carré justement.<br />
Quand pourrez-vous repasser en mode<br />
primaire, plus instinctif ?<br />
Au moment où je saurai me rendre<br />
compte que nous sommes suffisamment<br />
bons pour « oublier » tout ce qui a été dit<br />
et mis en place auparavant. Là, on pourra<br />
passer dans la voie primaire. Que de<br />
l’instinct.<br />
Travailler avec une nouvelle équipe<br />
vous oblige-t-il à fournir certains<br />
efforts ? Faut-il se remettre en question<br />
?<br />
Avec cette équipe, je me rends compte de<br />
quelque chose : je suis quelqu’un de très<br />
sensible. Être sensible, ça a des avantages<br />
et des désavantages dans un travail en<br />
équipe. Quand il s’agit de dégrossir beaucoup<br />
de choses avec l’équipe, de donner<br />
beaucoup de feedback, cela peut me<br />
bloquer. <strong>Mai</strong>s une fois qu’on sera dans la<br />
bonne zone de performance, ma sensibilité<br />
42 THE RED BULLETIN
« En musique<br />
comme en<br />
moto, il faut<br />
être capable<br />
de changer<br />
son naturel. »<br />
va me permettre d’aller chercher des<br />
détails. Il faut que mes équipiers sachent<br />
bien l’interpréter pour ne pas que l’on se<br />
retrouve coincés dans une certaine zone,<br />
une zone de « trop » pour ma sensibilité.<br />
Il faudra alors réussir à trouver une autre<br />
zone, pour exploiter le potentiel Zarco.<br />
Le salto, une signature<br />
pour Zarco : il le réserve<br />
à ses victoires, mais ce<br />
jour-là, en studio, pour<br />
<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>, le pilote<br />
en réalisera une dizaine.<br />
Un pilote de MotoGP qui nous parle<br />
de sa sensibilité, c’est surprenant...<br />
On est à plus de 300 mais on n’est pas des<br />
têtes brûlées. Les têtes brûlées ne durent<br />
pas longtemps...<br />
En existe-t-il encore dans le MotoGP ?<br />
Ils n’atteignent pas ce niveau-là. Ils se<br />
sont fait sortir avant, ou ils n’ont pas été<br />
champions. Tu peux encore en trouver en<br />
Moto2, mais il y a une limite à ça parce<br />
que la grande vitesse, c’est du grand<br />
contrôle. Si tu vas à plus de 300 et que<br />
tu freines à 150 mètres, si tu ne sais pas<br />
faire, tu ne le feras qu’une fois...<br />
Lors d’une interview où vous étiez<br />
questionné sur vos idoles, vous avez<br />
cité Valentino Rossi, et vous avez<br />
immédiatement embrayé sur Paul<br />
McCartney, des Beatles. Cet artiste<br />
vous inspire-t-il au point de le citer<br />
au même niveau que Rossi ?<br />
Tu sens qu’il est vraiment connecté à l’état<br />
primaire, au ressenti. C’est quelqu’un de<br />
posé, de réfléchi. On parle d’un grand<br />
musicien et la musique, c’est aussi des<br />
mathématiques, de la réflexion, apprendre<br />
des choses, mais en plus de l’apprentissage,<br />
laisser faire ses sensations,<br />
son instinct. Il a vécu une époque de folie<br />
avec les Beatles, cet état d’instinct, peace<br />
and love, ce mode : « On aura peut-être<br />
une nouvelle guerre dans cinq ans alors<br />
prenons ce qui est à prendre maintenant.<br />
» Il garde encore cet état d’esprit<br />
maintenant, sans faire n’importe quoi.<br />
Il n’a jamais eu une image de mec qui est<br />
THE RED BULLETIN 43
« Faire du copiercoller<br />
de ce que<br />
je sais déjà faire<br />
ne m’amènera pas<br />
à la victoire. »<br />
parti en live. Ça veut dire qu’il était<br />
conscient de tout ce qu’il vivait, et il a fait<br />
en sorte que cela dure.<br />
Y a-t-il des chanteurs plus actuels que<br />
vous suivez ?<br />
L’artiste que j’aime écouter en ce moment,<br />
c’est Orelsan. J’aime bien ses paroles et<br />
les relations homme-femme qu’il décrit.<br />
J’ai parfois l’impression qu’on a vécu les<br />
mêmes choses lui et moi. J’aimerais le<br />
rencontrer un jour pour lui demander :<br />
« Tu l’as juste sorti parce que c’est une<br />
analyse, ou tu l’as vraiment vécu ? »<br />
La musique était-elle présente au<br />
quotidien dans votre famille ?<br />
Mon frère est fan de musique, c’est<br />
un musicien, même s’il n’en a jamais<br />
fait son métier. Mon père adorait la<br />
musique, il faisait de la guitare, et<br />
quand mon frère a grandi et s’est<br />
mis lui aussi à la guitare, ça a agacé<br />
mon père qui a mis son instrument<br />
de côté. <strong>Mai</strong>ntenant il a atteint la<br />
sagesse donc il a repris sa guitare,<br />
même si son fils l’a nettement<br />
dépassé (rires). De mon<br />
côté j’ai pas mal baigné dans la<br />
musique, mais ce n’était pas<br />
cela que je voulais faire. J’ai pu<br />
me mettre sérieusement dans la<br />
moto, mais apprendre sérieusement<br />
la musique ou le solfège avant de<br />
toucher un piano, ça ressemblait trop à<br />
l’école, et je ne voulais pas de ça. Il fallait<br />
que « ça joue » rapidement.<br />
Existe-t-il un lien entre votre intérêt<br />
pour la musique et votre pilotage ?<br />
Sur le piano, et peut-être aussi en guitare,<br />
comme je ne sais pas lire les notes, je dois<br />
retenir un exercice de mémoire, retenir la<br />
position des doigts par cœur. Une fois que<br />
c’est retenu par cœur, ce n’est même plus<br />
le cerveau qui fonctionne, c’est le corps<br />
qui a mémorisé, mais je dois anticiper le<br />
fait que je suis sur tel accord et que l’autre<br />
44
va passer. Il y a toujours une petite anticipation<br />
de moins d’une seconde je pense,<br />
pour passer sur l’accord suivant. En moto<br />
on est aussi dans l’anticipation, la préparation<br />
du virage, des gestes, du freinage<br />
au bon moment… Alors oui, ça ressemble<br />
à la musique. En faisant un peu de guitare,<br />
il y a des positions de doigts que je<br />
n’arrive vraiment pas à appliquer, mes<br />
doigts ne veulent pas. Ça, ça se bosse. Il<br />
faut être capable de changer son naturel.<br />
Ce genre d’exercice, en guitare, me permet<br />
de rester connecté, de préserver<br />
mon sens de l’apprentissage.<br />
Cette capacité à forcer les choses pour<br />
maîtriser un accord de guitare, devezvous<br />
aussi l’avoir en course ? Forcer<br />
votre naturel pour optimiser votre<br />
pilotage, vous améliorer ?<br />
Exactement. Il faut pouvoir rester ouvert<br />
à cela. Faire du copier-coller de ce que<br />
je sais déjà faire ne m’amènera pas à la<br />
victoire dans le moment présent. Tu es<br />
dans ton confort, mais il faut en sortir.<br />
Je dois apprendre de nouvelles choses.<br />
En tant que sportif et pilote, j’en aurai<br />
besoin. Si tu restes dans ce que tu sais<br />
faire, tu auras peut-être le niveau pour<br />
atteindre un top 10, mais tu te plaindras<br />
toujours de quelque chose pour arriver<br />
dans le top 3.<br />
Est-ce ainsi que l’on s’affranchit de<br />
cette fameuse seconde qui différencie<br />
les leaders du reste sur un GP ?<br />
Une seconde, ce n’est rien, mais c’est souvent<br />
le plus dur. Alors il faut arriver à<br />
prendre du recul pour moins se mettre<br />
de pression, aborder le travail que cette<br />
seconde nécessite avec une pression plus<br />
positive. Ça permettra d’apprécier le<br />
travail à faire pour gagner cette seconde,<br />
sinon ça deviendra un enfer. Qu’est-ce<br />
que c’est une seconde dans une vie ?<br />
Quand êtes-vous monté pour la<br />
première fois sur une moto ?<br />
Je devais avoir neuf ans, j’habitais à<br />
Antibes. Pas loin de chez moi, il y avait<br />
une piste de karting où j’ai pu faire un<br />
petit tour de moto, en PW, sur un bout de<br />
terre. J’ai demandé à mon père de revenir,<br />
et j’en ai refait. Le type qui tenait la<br />
piste et la pizzeria dit à mon père : « On<br />
voit qu’il en a fait votre fils ! » Mon père<br />
lui répond que ça ne fait que trois fois<br />
qu’on vient, en voisins, parce que ça me<br />
plaît. Le type nous a alors conseillé d’aller<br />
voir le moto club de Cagnes-sur-Mer où ils<br />
faisaient rouler des gamins. Là, ce n’était<br />
pas du cross, mais de la piste. On m’a inscrit<br />
dans le club, j’ai bien mordu, j’ai travaillé<br />
dessus. Et ça a grandi comme ça.<br />
Votre père s’y connaissait-il en moto ?<br />
Absolument pas ! Il était chiropracteur.<br />
La mécanique, ce n’était pas son truc.<br />
Personne dans la famille n’était dans la<br />
mécanique. Il a découvert ce monde un<br />
peu… obscur… (rires)<br />
Pourquoi « obscur » ?<br />
C’était dur de trouver des personnes honnêtes<br />
dans ce monde-là. Il s’est souvent<br />
demandé ce qu’on faisait là, mais il a persévéré<br />
parce je voulais le faire. Puis on<br />
a rencontré Laurent Fellon, la personne<br />
qui m’a accompagné jusqu’à l’an dernier.<br />
En Laurent, mon père a trouvé quelqu’un<br />
de compétent et honnête. Ça a détendu<br />
mon père, qui a pu se reposer sur lui, et<br />
Laurent a su me faire évoluer. Jusque-là,<br />
ça n’avait été qu’une compétition de<br />
parents, avec les gamins… Quand tu leur<br />
demandais s’il fallait mettre une couronne<br />
de 44 ou 45 sur tel ou tel circuit,<br />
ils ne répondaient pas… « Ton fils va aller<br />
plus vite que mon fils », ils te sortaient des<br />
choses comme ça. Même à ce petit niveau,<br />
ils se tiraient dans les pattes.<br />
Vous avez toujours pu trouver du soutien<br />
dans votre famille cependant. Avec<br />
votre père d’abord, mais aussi avec<br />
votre frère, qui vous accompagne<br />
désormais sur les circuits, exact ?<br />
Oui, il est chiropracteur lui aussi et il va<br />
m’accompagner sur les deux prochaines<br />
années, en parallèle de son activité.<br />
C’est génial. À la base, il vient en tant<br />
que chiropracteur, pour me suivre au<br />
niveau du corps. C’est une vraie aventure,<br />
il a quatorze ans de plus que moi, donc<br />
finalement on n’a jamais vraiment vécu<br />
ensemble.<br />
C’est votre frère guitariste ?<br />
Oui. Sur les courses en Europe, il apportera<br />
sûrement la guitare. Si je ne deviens<br />
pas meilleur pilote, au pire je serai<br />
meilleur guitariste ! (rires)<br />
« La grande<br />
vitesse, c’est du<br />
grand contrôle. »<br />
Ou les deux !<br />
Au-delà de la blague, apprendre de nouveaux<br />
accords avec lui le soir permettra à<br />
mon cerveau de se relâcher, de ne plus<br />
penser moto. À l’inverse, il pourra aussi<br />
m’aider sur d’autres choses quand j’aurai<br />
besoin d’être focus uniquement sur la<br />
moto. Ce n’est pas un fan de MotoGP, mais<br />
c’est super pour lui de pouvoir accompagner<br />
son petit frère dans cet univers.<br />
Il paraît que votre tante s’occupe de<br />
votre nutrition ?<br />
Oui. En fait, j’ai envie de passer un cap au<br />
niveau diététique, et c’est vrai que, livré<br />
à moi-même, je n’ai pas le temps de cuisiner,<br />
de me préparer de bons menus équilibrés<br />
comme un diététicien pourrait en<br />
recommander. Ma tante et mon oncle<br />
habitent dans la maison juste derrière la<br />
mienne à présent, et ma tante a toujours<br />
cuisiné, alors je me suis dit que ce serait<br />
bien de l’embaucher pour ça. Elle me prépare<br />
des Tupperware, comme ça quand<br />
j’arrive de l’entraînement ou autre, tout est<br />
prêt, je réchauffe, je mange, je sais que<br />
c’est équilibré. D’ailleurs, je dois aller chercher<br />
mes Tupperware. Tu m’accompagnes ?<br />
Nous voilà donc dans le salon de sa<br />
tante, hyper accueillante, qui<br />
délivre en effet à Johann son déjeuner<br />
du jour. Complété de clémentines.<br />
Et juste avant qu’on ne le quitte, Johann<br />
nous convie autour de son piano. « Une<br />
super occasion, viens voir », nous dit<br />
Johann. Il s’installe au clavier de son<br />
piano à queue marron, tourne les pages<br />
de son cahier de chansons, et entame le<br />
Ob-la-di Ob-la-da des Beatles. Avant de<br />
nous en interpréter sa version totalement<br />
exclusive, une adaptation spécialement<br />
dédiée au pilote Brad Binder, dont il partageait<br />
l’écurie en 2016. « En fait, le jour<br />
où Brad est devenu champion du monde<br />
en Moto3 à Aragon en Espagne, je n’étais<br />
pas bien dans mon propre championnat<br />
en Moto2, explique Johann. On devait<br />
tous se retrouver au restaurant pour célébrer<br />
la victoire de Brad, mais j’étais préoccupé<br />
par mon classement. Finalement, j’ai<br />
eu l’idée d’adapter ce titre pour Brad. Et<br />
on l’a chanté tous ensemble le soir même. »<br />
Quand on verra Zarco mettre les gaz cette<br />
saison sur les GP, cette musique nous<br />
reviendra forcément en tête. Et on espère<br />
bien le voir balancer son fameux salto.<br />
On saura alors qu’il roule au naturel.<br />
Instagram : @johannzarco<br />
THE RED BULLETIN 45
Les yeux dans une Bleue :<br />
Griedge Mbock, trois fois<br />
championne d’Europe<br />
avec Lyon, sera l’un des<br />
atouts de la France lors<br />
de la coupe du monde.<br />
Le<br />
monde<br />
est à<br />
elle<br />
Texte PIERRE-HENRI CAMY<br />
Photos FELIPE BARBOSA
GETTY IMAGES<br />
La France au plus haut niveau<br />
du football, c’est aussi une<br />
affaire de femmes : leur jeu est<br />
de plus en plus spectaculaire<br />
et technique, mais ça, vous ne<br />
le saviez probablement pas.<br />
Voici Griedge Mbock, l’une des<br />
meilleures défenseures de la<br />
planète, à suivre de près lors<br />
du mondial féminin dès le 7 juin.<br />
47
« Cette passion du<br />
football, je voulais en<br />
faire mon métier,<br />
tout simplement. »<br />
En ce matin de février alors que notre<br />
équipe photo a débarqué à Lyon<br />
rien que pour elle, bad news :<br />
Griedge Mbock doit passer une IRM<br />
dans les deux heures. Elle est embarrassée,<br />
presque gênée. La veille,<br />
elle a contraint une joueuse adverse<br />
du Paris FC à marquer contre son<br />
camp, mais en fin de match (4-1<br />
pour Lyon), Griedge doit quitter le terrain, blessée.<br />
À quatre mois de la Coupe du monde de football<br />
féminin en France, la situation pourrait être délicate.<br />
Le management lyonnais de Griedge, ou celui de<br />
l’équipe de France féminine, auraient pu simplement<br />
et légitimement nous téléphoner « sur la route » pour<br />
nous annoncer que photos et interviews étaient à oublier<br />
pour aujourd’hui. <strong>Mai</strong>s ce n’est pas arrivé.<br />
Griedge elle-même aurait pu s’excuser : pas possible/<br />
urgence médicale oblige/délicat de poser pour des<br />
photos aujourd’hui/besoin de repos… <strong>Mai</strong>s ça n’est<br />
pas arrivé. Mieux, la joueuse se montre finalement<br />
super dispo, souriante et motivée. Et dès qu’elle revêt<br />
sa tenue de l’équipe de France pour quelques portraits,<br />
Griedge Mbock affiche une sérénité ultime.<br />
Comme si son maillot (pour l’instant sans étoile) effaçait<br />
en elle le moindre doute sur son avenir en bleu.<br />
Effet revigorant instantané.<br />
#FastForward<br />
Quelques photos et Griedge file à l’hôpital, pour le fameux<br />
IRM qui décidera de la suite. Et nous rejoint,<br />
sans stress apparent, même si la déconvenue doit être<br />
dure à encaisser : le samedi à venir, elle ne pourra pas<br />
rejoindre l’équipe de France en vue d’un match à<br />
jouer contre l’Allemagne. Les Bleues feront sans elle<br />
sur ce coup (et perdront 0-1). <strong>Mai</strong>s la suite de son<br />
planning, chargé côté championnat et matches internationaux,<br />
ne devrait pas être affecté.<br />
Alors, on continue ? « Pas de souci », répond volontiers<br />
Griedge. Sur le Net, la joueuse née à Brest nous<br />
semblait plus jeune, moins athlétique. En vrai, sa<br />
prestance nous bluffe. Griedge Mbock a commencé le<br />
football en club avec son grand frère il y a une vingtaine<br />
d’années, d’abord en mode mixte (filles et gars,<br />
dont le frangin, dans la même équipe), puis au centre<br />
de formation de Guingamp, club qu’elle intègre dans<br />
une équipe 100 % féminine. Vient ensuite l’opportunité<br />
lyonnaise, et le plus gros transfert de l’histoire<br />
du foot féminin français : 100 000 euros. Pour rappel,<br />
Neymar signant au PSG, c’est 222 millions d’euros.<br />
Soit plus de 2 000 fois ce montant. Voilà la seule<br />
comparaison avec un joueur homme que nous nous<br />
autoriserons.<br />
Depuis, Griedge a atteint les sommets avec Lyon.<br />
Forte dans le maillot de l’OL, elle l’est aussi dans celui<br />
de la France, où elle s’est construite comme l’une des<br />
meilleures défenseures au monde. Elle porte également<br />
dans son cœur le pays de ses parents, le Cameroun,<br />
et n’hésite d’ailleurs pas à se présenter comme<br />
une « lionne indomptable », sans aucun souci de<br />
trouble d’identité.<br />
#FastForward, toujours de l’avant, c’est le mot<br />
dièse de Griedge sur ses réseaux sociaux, et sur le<br />
terrain : si elle ne laisse personne passer, elle n’hésite<br />
pas non plus à coller des buts. Griedge est une<br />
joueuse en ascension, le top niveau planétaire du<br />
football féminin, dont on saura se régaler au mois de<br />
juin. Parce que désormais, on le sait, le foot féminin,<br />
avec ses Griedge Mbock et Ada Hegerberg (ballon<br />
d’or 2018) est un rendez-vous sportif majeur.<br />
Notre journée se termine d’ailleurs au Groupama<br />
Stadium de Lyon, l’un des neuf sites où se déroulera<br />
le mondial, et qui accueillera en particulier les demifinales<br />
et la finale de l’événement. En ce jour particulier<br />
d’IRM, le stade est vide, aussi solide que la<br />
joueuse que nous suivons sur sa pelouse. Dans<br />
quelques mois, le même spot sera plein à craquer, en<br />
fusion, acclamant ses Bleues (« la coupe à la maison » :<br />
c’est ce qu’on souhaite à Griedge et ses coéquipières).<br />
Une chance pour vous, désormais quand on vous<br />
questionnera sur le foot féminin, vous pourrez<br />
répondre : « Bien sûr ! Tu ne connais pas Griedge<br />
Mbock ?! »<br />
48 THE RED BULLETIN
Un projet en tête : très<br />
jeune, la native de Brest<br />
est déterminée à devenir<br />
une footballeuse. À force<br />
d'acharnement, Griedge<br />
deviendra l’une des plus<br />
performantes joueuses<br />
internationales.<br />
THE RED BULLETIN 49
Un lendemain de match<br />
à Lyon, club qu’elle a<br />
intégré en 2015 suite au<br />
plus gros transfert du<br />
football féminin français.<br />
50 THE RED BULLETIN
the red bulletin : Par le passé, vous avez fait<br />
croire à nos collègues de Ouest France que vous<br />
intégriez une émission de télé réalité genre Pop<br />
Star, et ils ont plongé tête en avant, comme<br />
certains joueurs qui simulent… C’est vrai ?<br />
griedge mbock : (Rires) Ils ont enquêté pour en<br />
savoir plus, oui… Poisson d’avril !<br />
« En foot féminin,<br />
il y a beaucoup<br />
d’engagement, de<br />
duels, de la qualité<br />
technique. »<br />
Au-delà de cette bonne blague, comme disait le<br />
chanteur Claude Dubois dans Starmania, vous<br />
auriez « voulu être une artiste » ?<br />
Je ne sais pas si j’aurais pu en être capable, mais les<br />
artistes et les footballeuses ont des points communs.<br />
On vit tous de notre passion, c’est une chance.<br />
j’ai intégré l’AS Brestoise, pour quatre ans, toujours<br />
avec des garçons. On s’est qualifié pour la DH Elite,<br />
un bon niveau, et à partir de quinze ans j’ai dû basculer<br />
avec les filles, dans le pôle espoir de Rennes.<br />
En parallèle, je jouais à St Brieuc/Guingamp. Enfin,<br />
en 2015, j’ai signé à l’OL.<br />
GETTY IMAGES<br />
Palmarès<br />
Ballon d’or U-17<br />
2012<br />
Ballon d’argent<br />
U-20 2014<br />
Vainqueur de<br />
la Ligue<br />
des champions<br />
avec Lyon<br />
2016, 2017 et 2018<br />
Actuelle<br />
championne<br />
de France<br />
avec Lyon<br />
46 sélections<br />
en équipe<br />
de France<br />
Quand les artistes sont bons, innovants, créatifs,<br />
souvent ils deviennent connus, voire très connus.<br />
Vous avez tous ces atouts, mais les médias, nous<br />
inclus, s’intéressent à vous à un stade où vous<br />
avez déjà construit énormément de choses : alors,<br />
pourquoi on ne se parle qu’aujourd’hui ?<br />
L’intérêt pour le football féminin est assez récent. Il<br />
est beaucoup plus attractif, les chaînes essayent de<br />
plus en plus d’être présentes sur cette discipline. Le<br />
championnat de France a pris une place importante<br />
au niveau européen, et mon équipe, l’Olympique<br />
lyonnais, a beaucoup aidé en remportant de nombreux<br />
titres comme la Ligue des champions. Ce<br />
championnat est relevé, il y a de grosses équipes,<br />
en Allemagne, en Angleterre, ou en Espagne.<br />
L’équipe de France a-t-elle aussi des atouts ?<br />
Elle bénéficie d’un mix des « générations » très intéressant,<br />
avec des joueuses plus expérimentées qui ont<br />
déjà quelques compétitions à leur actif, et de jeunes<br />
joueuses qui viennent se greffer au collectif avec déjà<br />
une expérience du haut niveau. C’est le cas des<br />
joueuses du PSG ou de Lyon. Il y a une très bonne<br />
dynamique.<br />
Qu’est-ce qui fait la saveur du football féminin<br />
en <strong>2019</strong>, selon vous ?<br />
Il y a beaucoup d’engagement, beaucoup de duels, de<br />
la qualité technique. Le football féminin a beaucoup<br />
progressé techniquement. Les gens qui recherchent<br />
du spectacle ne sont pas déçus, il y a beaucoup de<br />
buts, de dribbles et d’actions.<br />
Quand avez-vous eu l’envie de devenir joueuse ?<br />
J’ai commencé très jeune, petite déjà je jouais dans<br />
le quartier avec mon grand frère qui m’a transmis<br />
sa passion, et m’a toujours intégrée partout, dans le<br />
quartier, à l’école, en club. J’ai donc eu plus de facilités<br />
à trouver ma place. Je me suis tout de suite bien<br />
sentie avec les garçons.<br />
Quand avez-vous commencé à jouer en club ?<br />
À six ans, avec le FC Pontanézen, à Brest, avec des<br />
garçons, dont mon frère. J’y ai joué trois ans, puis<br />
Aujourd’hui, une fille âgée de cinq ou six ans va<br />
de suite jouer avec des équipes uniquement<br />
constituées de filles ?<br />
Ça a changé, oui, les filles peuvent jouer entre elles,<br />
et ne pas subir les moqueries potentielles des garçons.<br />
C’est une bonne chose, ça aide à développer le<br />
foot féminin, plus de petites filles passent le pas.<br />
Votre frère a été un moteur, mais est-ce que, à<br />
l’inverse, des gens ont tenté de vous freiner, vous<br />
dissuader, ou se sont moqués de vous, justement ?<br />
Je n’ai pas trop vécu ce genre de situation. <strong>Mai</strong>s je me<br />
souviens d’une prof de maths en 4 e , en section sportétudes,<br />
qui m’avait dit ainsi qu’à mes amies : « Si vous<br />
aviez déjà dû signer dans un centre de formation,<br />
vous ne seriez plus là. » Elle voulait que l’on travaille<br />
plus en classe, ce qui est normal, mais elle ne comprenait<br />
pas que l’on pouvait aussi s’épanouir dans<br />
notre passion. <strong>Mai</strong>s moi, je savais où je voulais aller.<br />
Elle trouvait incongru que des filles veulent devenir<br />
des joueuses de football professionnelles ?<br />
C’est vrai qu’à l’époque, ce n’était pas encore rentré<br />
dans les mœurs, et on n’était pas sûr que les filles<br />
deviennent professionnelles, c’était donc plutôt<br />
risqué. <strong>Mai</strong>s ça ne m’a pas fait peur, cette passion<br />
du football, je voulais en faire mon métier, tout<br />
simplement.<br />
Aujourd’hui, une gamine à laquelle elle tiendrait<br />
les mêmes propos pourrait lui répondre : « Si<br />
Madame, regardez, il y a Griedge et les autres,<br />
c’est une réalité ! » Avez-vous le sentiment d’être<br />
une preuve « vivante » que le football féminin<br />
professionnel de haut niveau existe ?<br />
Ça aide, bien sûr. Quand on était jeunes on n’avait<br />
pas forcément de références féminines auxquelles<br />
s’identifier, je ne savais même pas que l’équipe de<br />
France féminine existait !<br />
Êtes-vous au contact des ces nouvelles générations<br />
de jeunes footballeurs, ou de futurs footballeurs<br />
et footballeuses chez qui la passion du ballon<br />
commence à se manifester ?<br />
THE RED BULLETIN 51
Les autres joueuses<br />
à suivre, selon<br />
Griedge Mbock<br />
Dzsenifer<br />
Marozsán<br />
( Allemagne)<br />
Je la connais bien<br />
car elle joue à Lyon<br />
avec nous. Techniquement,<br />
Dzsenifer<br />
est à l’aise, et elle<br />
transforme les ballons<br />
en caviar.<br />
C’est drôle, mais maintenant, des enseignants me<br />
sollicitent pour venir rencontrer leurs élèves...<br />
Des enseignants dont vous suiviez les cours ?<br />
Oui, des enseignants que j’ai eus et qui ont changé de<br />
vision des choses. Ils ont vu mon évolution, ils sont<br />
contents pour moi et me citent en exemple. Je suis<br />
intervenue dans leurs classes à Brest, ça s’est super<br />
bien passé, mon message a été très bien transmis.<br />
Sachant que vous avez poussé loin vos études,<br />
cela leur permet aussi de promotionner un<br />
parcours scolaire ?<br />
Oui, ils expliquent à leurs élèves que l’on peut allier<br />
le football aux études, ce qui a été mon cas, en effet.<br />
Je réponds présente à ce genre de sollicitations dès<br />
que je le peux.<br />
Lucy Bronze<br />
(Angleterre)<br />
Une joueuse de l’OL<br />
également : elle,<br />
c’est un monstre.<br />
Physiquement, elle<br />
est capable de répéter<br />
les efforts, elle<br />
peut transpercer<br />
une équipe entière.<br />
Marta Vieira<br />
da Silva (Brésil)<br />
Marta est une icône<br />
du football, elle a été<br />
plusieurs fois Ballon<br />
d’or, elle est capable<br />
d’éliminer son<br />
adversaire en un<br />
dribble.<br />
Alex Morgan<br />
(USA)<br />
Athlétiquement,<br />
cette joueuse américaine<br />
est très rapide,<br />
avec une bonne finition.<br />
Elle sera à<br />
surveiller de près<br />
durant cette<br />
compétition !<br />
Pourtant, avec une carrière à Lyon et en équipe<br />
de France à mener, vous pourriez estimer devoir<br />
vous concentrer avant tout sur le football avant<br />
de venir partager votre expérience avec des<br />
élèves. Ce serait tout à fait légitime et<br />
compréhensible : « Ma carrière, l’entraînement,<br />
le jeu, la Coupe du monde d’abord, ensuite,<br />
plus tard, j’aurais du temps pour partager<br />
et transmettre. »<br />
C’est important pour moi, parce que j’aurais aimé<br />
pouvoir participer à ce genre d’échange avec une<br />
joueuse professionnelle. Quand je suis arrivé à l’OL<br />
et en équipe de France, j’ai eu la chance que des<br />
joueuses expérimentées me prennent sous leurs ailes,<br />
alors je trouve ça normal de transmettre à mon tour.<br />
J’aime bien partager, ça fait partie de moi. Ça vient<br />
peut-être de mon éducation. C’est important…<br />
À partir du moment où un jeune ou une jeune se<br />
sent bien, est intégré(e), il ou elle peut exploiter<br />
son potentiel encore mieux sur le terrain.<br />
Vous évoquiez votre éducation, vous êtes née de<br />
parents camerounais, à Brest, vous revendiquez<br />
fièrement cette double « origine », et Lyon, Brest,<br />
le Cameroun sont des références que vous dédicacez<br />
volontiers sur vos réseaux sociaux… Si jamais<br />
un match de coupe du monde arrivait contre le<br />
Cameroun, pays qualifié, comment allez-vous<br />
l’appréhender ? Comment honorer cette équipe<br />
adverse qui vous est chère ?<br />
Il faut savoir qu’il n’y a pas très longtemps on a joué<br />
contre le Cameroun, et j’avais mis un doublé, donc…<br />
(rires) Il y aurait forcément une marque de respect<br />
car c’est une équipe que j’ai dans le cœur, mais pour<br />
montrer du respect, il faut jouer à fond, donner son<br />
maximum. C’est comme cela que je les honorerais.<br />
Si vous remportez le titre mondial, à 24 ans,<br />
qu’est-ce qui continuera à vous motiver pour<br />
la suite ? Comment rester d’attaque après trois<br />
titres européens et une coupe du monde ?<br />
GETTY IMAGES (4)<br />
52 THE RED BULLETIN
« Si on gagne une<br />
coupe du monde,<br />
pourquoi se contenter<br />
d’une seule ? »<br />
Sur la pelouse du Groupama Stadium de Lyon.<br />
Le stade qui accueillera les demi-finales et la<br />
finale du mondial féminin début juillet.
« La carrière d’une<br />
footballeuse est<br />
courte, il faut déjà<br />
penser à l’après. »<br />
dire, parce que ça veut tout dire et rien dire à la<br />
fois… (Rires) Je l’ai compris dans le sens : « Ne te<br />
pose pas de question. »<br />
C’est ma quatrième année à l’Olympique lyonnais<br />
et j’ai déjà trois ligues des champions, pourtant, j’ai<br />
toujours faim de titres, de gagner ! Se lever, travailler,<br />
suer, pour atteindre nos objectifs, c’est l’essence du<br />
compétiteur. Plus on gagne, plus on a envie de<br />
gagner. Si on gagne une coupe du monde, pourquoi<br />
se contenter d’une seule ?<br />
Dans une interview à <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>, Djibril<br />
Cissé évoquait le meilleur conseil que lui a donné<br />
Guy Roux : « Ne te concentre que sur le jeu, ne regarde<br />
même pas dans les tribunes, peu importe<br />
que ta famille ou tes potes soient là ou pas, rien<br />
d’autre n’existe que le jeu. » Est-ce que cela vous<br />
parle, et quel est le meilleur conseil que l’on vous<br />
ait donné côté football ?<br />
C’est très pertinent, ça me parle, d’autant qu’à mon<br />
poste de défenseure centrale, la moindre erreur de<br />
concentration se paie cash, surtout au haut niveau.<br />
De mon côté, je retiens une phrase de Gérard<br />
Prêcheur, notre ancien coach à l’OL, qui disait :<br />
« Quand y’a doute, y’a pas de doute »...<br />
Euh… c’est-à-dire ?<br />
(Rires) On essayait de comprendre ce que ça voulait<br />
Est-ce que cela signifie que le questionnement<br />
n’a pas de place dans un match de football ?<br />
Que c’est toujours l’instinct pur qui doit prendre<br />
le dessus ?<br />
Oui, il faut jouer à l’instinct, et même si on loupe<br />
une action, ça ne sert à rien de gamberger, il faut<br />
aller de l’avant, tout simplement.<br />
Et hors le stade, est-ce que vous avez retenu<br />
un enseignement particulier ?<br />
Je me suis surtout inspirée de ma mère qui est une<br />
personne très humble, généreuse, forte et indépendante.<br />
Elle nous a toujours poussés, mes deux frères<br />
et moi, à faire ce qu’on voulait, sans négliger le reste,<br />
les études ou autre. Elle a toujours soutenu notre<br />
passion, elle est toujours venue nous voir en match,<br />
en tournoi, etc. Si nous sommes arrivés à ce niveaulà,<br />
c’est en partie grâce à elle. Son exemple, son<br />
comportement, m’ont inspirée, et je la remercie<br />
pour tout cela.<br />
Pouvez-vous nous parler du diplôme que vous<br />
avez récemment obtenu, Manager de proximité<br />
en entreprise ?<br />
C’est une formation que l’OL a mise en place, pour<br />
sept d’entre nous. Ça s’est passé sur un an et demi<br />
à peu près, avec un mémoire à soutenir à la fin.<br />
Ça nous offre des outils pour la suite, pour l’après<br />
football, même si on ne veut pas forcément<br />
s’orienter dans cette branche de management pur.<br />
Vous avez déjà cet après football en tête,<br />
vraiment ?<br />
Oui, c’est important, c’est même primordial. La<br />
carrière d’une footballeuse est courte, et il faut déjà<br />
penser à l’après. On ne gagne pas autant que les<br />
garçons, il faut donc forcément s’y préparer. Même<br />
si je suis jeune, je sais que les blessures peuvent<br />
mettre fin à une carrière prématurément, j’essaie<br />
de réfléchir petit à petit à tout ça.<br />
Sur vos réseaux sociaux, notamment Instagram,<br />
comme sur le terrain, vous la jouez collectif,<br />
avec beaucoup de photos de vos coéquipières<br />
et copines. C’est important de travailler avec<br />
d’autres gens, la performance d’équipe ?<br />
Partager des moments, des émotions, quand on<br />
gagne un titre, c’est juste magnifique. On le voit<br />
dans le regard de nos partenaires, il se passe quelque<br />
chose. C’est incroyable, c’est enrichissant. Ça va nous<br />
aider en collectivité, pour après, quand on va rentrer<br />
dans la « vraie vie ».<br />
Instagram : @griedgeouu<br />
Twitter: @MGriedge<br />
Le<br />
grand<br />
moment<br />
du foot<br />
féminin<br />
Ces neuf villes<br />
accueilleront<br />
la coupe du<br />
monde <strong>2019</strong><br />
Valenciennes -<br />
Stade du Hainaut<br />
(capacité : 25 172)<br />
Le Havre -<br />
Stade Océane<br />
(capacité : 25 278)<br />
Reims -<br />
Stade<br />
Auguste-Delaune<br />
(capacité : 21 608)<br />
Paris -<br />
Parc des Princes<br />
(capacité : 48 583)<br />
match d’ouverture<br />
le 7 juin<br />
Rennes -<br />
Roazhon Park<br />
(capacité : 29 820)<br />
Lyon -<br />
Groupama Stadium<br />
(capacité : 58 215)<br />
finale le 7 juillet<br />
Grenoble -<br />
Stade des Alpes<br />
(capacité : 20 068)<br />
Nice -<br />
Allianz Riviera<br />
(capacité : 36 178)<br />
Montpellier -<br />
Stade de la Mosson<br />
(capacité : 27 310)<br />
54 THE RED BULLETIN
Millet© M. Dumas<br />
HE<br />
IGHT<br />
TUFF<br />
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ISE<br />
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Matière Dyneema®<br />
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Lorenz Frutiger<br />
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T A K E F I V E<br />
Envie de piloter un drone ?<br />
PASSE TON PERMIS<br />
D’ABORD !<br />
Offrez-vous une expérience immersive dans<br />
le monde des objets volants. Voici comment<br />
devenir compétitif en cinq actes.<br />
« Apprendre à piloter un drone ? Pour<br />
quoi faire ? » C’est la question qu’on a<br />
posée à Droneez. « Pour faire face à la<br />
demande croissante », répondent les<br />
Parisiens à l’origine du concept. Les<br />
drones ayant pris une place non négligeable<br />
dans nos vies et s’apprêtant à<br />
en prendre une encore plus grande<br />
dans un futur proche, il devient essentiel<br />
de proposer des formations pour<br />
apprendre à contrôler son aéronef,<br />
éventuellement passer d’un mode<br />
autodidacte à un niveau avancé, et<br />
éviter ainsi d’être un danger public.<br />
L’engouement pour les drones de<br />
loisir a même incité les plus fervents<br />
à organiser des compétitions.<br />
C’est là que Droneez intervient !<br />
L’équipe vous accompagne dans un<br />
espace fermé de 1 800m² (ancienne<br />
friche industrielle rénovée en loft)<br />
pour passer d’un drone de prise en<br />
main (comme le Phantom 4 Pro de<br />
DJI, ci-contre) à un drone de course<br />
d’intérieur. Les encadrants Droneez<br />
proposent de vous guider pour acquérir,<br />
en quelques heures, les bases<br />
du pilotage de drones de course<br />
(découverte et immersion).<br />
1 re heure : maîtrise &<br />
coordination<br />
Le premier objectif, c’est la maîtrise<br />
du vol à vue et de la vitesse des<br />
hélices. En effet, les drones de course<br />
ne maintenant pas l’altitude, il faut la<br />
gérer à chaque instant. Commencez<br />
en mode « stabilisé », le plus simple.<br />
Il rectifie la direction du drone quand<br />
celui-ci part en yoyo sur le plan<br />
horizontal. Les deux joysticks ayant<br />
une sensibilité différente, il faut<br />
apprendre à dissocier les mains,<br />
en restant le plus calme possible.<br />
2 e heure : vol en avant<br />
avec figures imposées<br />
Votre cerveau a bien assimilé la coordination.<br />
Vous allez pouvoir commencer<br />
à vous amuser : exercez-vous à<br />
voler en prenant un virage, en passant<br />
à travers des cerceaux lumineux, à<br />
faire des donuts (un tour sur soi-même<br />
en tournant autour d’une cible tout<br />
en la gardant en ligne de mire), puis<br />
des 8 en traversant des obstacles.<br />
Important : en prenant un autre<br />
virage, efforcez-vous de ne pas<br />
perdre l’orientation 3D du drone.<br />
3 e heure : renforcement<br />
des acquis<br />
Il est temps de passer à des aéronefs<br />
plus rapides, aux réactions plus agressives,<br />
et soumis à l’inertie… En effet,<br />
un drone lancé à fond doit anticiper<br />
un virage pour éviter de taper de plein<br />
fouet contre un mur. Vous risquez<br />
d’essuyer quelques échecs au début,<br />
mais très vite, vous retrouverez l’aisance<br />
des premières heures et enchaînerez<br />
les figures imposées, jusqu’à<br />
voler dans un tunnel étroit…<br />
4 e heure : immersion en<br />
« immersion stabilisée »<br />
Une fois validé le vol à vue, on passe<br />
au vol en FPV (First Person View).<br />
Une caméra placée à l’avant du drone<br />
assure le retour vidéo dans les<br />
lunettes de retransmission en direct.<br />
Cette expérience impressionnante<br />
vous immerge entre virtuel et réalité,<br />
sur différents parcours aux difficultés<br />
croissantes et aux obstacles de plus<br />
en plus petits pour aiguiser vitesse<br />
et précision.<br />
Venez apprendre<br />
à contrôler votre<br />
aéronef : vous éviterez<br />
ainsi de devenir un<br />
danger public ! »<br />
LA TEAM DRONEEZ<br />
5 e heure et plus : le mode<br />
« acro »<br />
Le Graal ! En mode acrobatique, le<br />
drone est entièrement livré à la dextérité<br />
du pilote. Ce mode est d’autant<br />
plus difficile à maîtriser qu’on a passé<br />
du temps en mode « stabilisé » et commencé<br />
à acquérir certains réflexes.<br />
Pourquoi se frotter à un pilotage si<br />
complexe ? Pour la liberté des mouvements<br />
en vol (qui rend accro) permettant<br />
de réaliser des flips, des saltos…<br />
en utilisant la combinaison des deux<br />
joysticks. Avec l’immersion en mode<br />
acrobatique, le plaisir est décuplé.<br />
17 Rue Hoche, Malakoff ; droneez.com<br />
Texte CHRISTINE VITEL<br />
56 THE RED BULLETIN
Bon à savoir<br />
Un usage récréatif ne dispense<br />
pas de respecter la vie<br />
privée et les règles de sécurité.<br />
Il est interdit de faire voler<br />
un drone en zone urbaine,<br />
au-dessus de personnes, à<br />
plus de 150 m d’altitude, de<br />
filmer et de revendre des<br />
prises de vues. Les propriétaires<br />
de drones de plus de<br />
800 g doivent être formés et<br />
doivent enregistrer leur appareil<br />
sur le site AlphaTango.<br />
FULGURA FILMS<br />
De 7 à 77 ans, Droneez<br />
accueille tous les<br />
amateurs de pilotage.<br />
THE RED BULLETIN 57
L’effet<br />
boule de<br />
neige<br />
Texte CHRISTINE VITEL<br />
Le documentaire A Land Shaped<br />
by Women déroule un narratif<br />
atypique pour un film d'outdoor,<br />
ce qui tenait à cœur à sa<br />
réalisatrice, Anne-Flore Marxer<br />
(ici à droite).<br />
58 THE RED BULLETIN
Sur son dossard, un drapeau<br />
français et un drapeau suisse.<br />
Côté pile, la snowboardeuse<br />
est championne du monde<br />
FWT 2011, et cheffe de file<br />
de l’ouverture des compétitions<br />
aux femmes (quand<br />
elle démarre à 18 ans, le<br />
slopestyle est réservé aux<br />
hommes). Côté face, Anne-<br />
Flore Marxer, 35 ans, est<br />
journaliste sportive. Son<br />
dernier challenge : un film<br />
dans lequel elle explique que<br />
faire bouger les choses, c’est<br />
stimulant et gratifiant.<br />
NICK PUMPHREY<br />
À l’issue de la toute première projection au<br />
festival du film de montagne de St. Anton<br />
(Tyrol) qui se déroulait l’été dernier, Anne-<br />
Flore Marxer se défend : elle n’est pas réalisatrice<br />
de formation, ne faisait pas de<br />
vidéos jusqu’ici ; du moins pas de celles<br />
auxquelles le milieu du snowboard nous<br />
a habitués. Pourtant, c’est bien A Land<br />
Shaped by Women, son film à elle, celui<br />
qu’elle a réalisé et écrit, qui rafle les<br />
récompenses et les prix d’une dizaine de<br />
festivals en l’espace de quelques mois, avec<br />
une belle conclusion fin janvier, au Grand<br />
Rex, devant 500 spectateurs (avant la<br />
distribution en VOD).<br />
Quelles que soient les conditions<br />
météo, les rideuses à l’écran ont l’air heureuses…<br />
Au sommet d’une montagne,<br />
piste vierge et mer en arrière-plan, ou sur<br />
une planche de surf dans une eau glacée,<br />
en pleine tempête de neige. « Franchement,<br />
c’était un truc de warrior. C’est un<br />
souvenir magique. » On est alors loin<br />
d’imaginer que cette aventure commence<br />
par un ras-le-bol. Anne-Flore Marxer en<br />
a assez de l’omniprésence des hommes<br />
dans les vidéos de snow, et donc de suivre<br />
un narratif masculin « héroïque » très<br />
égocentré, où, « à force de ne représenter<br />
le sport qu’en termes de danger et d’extrême,<br />
on écarte la gent féminine ». Elle<br />
exprime également sa déception quant<br />
aux compétitions de snowboard, selon<br />
elle « plus représentatives de l’investissement<br />
financier que du niveau sportif »<br />
sans distinction de genres.<br />
C’est lors de sa dernière victoire à<br />
Verbier en 2017, « un run juste pour le<br />
plaisir, dans une neige géniale […] sur<br />
la même pente que les hommes », qui lui<br />
THE RED BULLETIN 59
De gauche à droite : Aline Bock, Katrín Oddsdóttir (avocate des droits humains) et Anne-Flore Marxer.<br />
laisse pourtant un goût d’amertume,<br />
qu’elle décide de laisser tout ça derrière<br />
elle : les années à batailler, à se justifier, à<br />
investir une énergie volontaire pour offrir<br />
de meilleures conditions et opportunités<br />
aux femmes dans son sport. Elle décide<br />
de s’offrir un break de fin de saison, et se<br />
tourne vers l’Islande, pays réputé pour<br />
faire le bonheur des riders de tout poil.<br />
Elle part pour une semaine avec son amie<br />
Aline Bock, elle aussi snowboardeuse et<br />
championne du monde 2010, pour s’y ressourcer.<br />
Physiquement, et psychiquement.<br />
« Le snowboard, c’est ma façon de découvrir<br />
le monde. Dans un voyage, ce qui<br />
m’intéresse, c’est donc l’aspect sportif,<br />
mais aussi tout ce que l’on va découvrir<br />
en lien avec cela… »<br />
L’île s’avère un fantastique terrain de<br />
jeu (pour le snow, le surf, le stand-up<br />
paddle, la randonnée…) et une source<br />
intarissable d’inspiration : en tête du classement<br />
des Nations Unies de l’égalité des<br />
sexes pendant neuf années consécutives,<br />
la population de 350 000 âmes s’engage<br />
à construire une société durable et équitable<br />
(tant pour l’environnement que<br />
pour ses habitants). Ce qu’Anne-Flore<br />
découvre en Islande reflète les idées qui<br />
l’animent : « Ces changements de société,<br />
c’est à nous de les proposer et de les<br />
mettre en place. On ne peut pas juste dire<br />
que cela va s’améliorer avec le temps. »<br />
De retour chez elle, dans les Alpes,<br />
elle s’attelle à la préparation d’un deuxième<br />
séjour en Islande, caméra à<br />
l’épaule, pour témoigner d’une réalité<br />
exemplaire mais trop peu connue. Car sa<br />
force motrice consiste en cela : multiplier<br />
les opportunités pour apprendre, s’entraîner,<br />
contrer l’ennui, et ainsi ne jamais<br />
perdre la motivation. Anne-Flore passe<br />
A Land Shaped by Women illustre un empowerment féminin positif.<br />
60 THE RED BULLETIN
ELEONORA RAGGI<br />
L’Islande est à la fois un paradis pour les amateurs de glisse, et une source d'inspiration<br />
bienfaitrice pour le développement de l'égalité des genres.<br />
« Les changements,<br />
c’est à nous de les<br />
proposer et de les<br />
mettre en place. »<br />
Anne-Flore Marxer<br />
donc l’été à se passionner pour l’histoire<br />
politique du pays, avant de reprendre la<br />
route en van l’hiver suivant, toujours avec<br />
Aline. Cette fois, en terrain moins<br />
inconnu, elle filme une terre, des paysages,<br />
des séances de glisse sans prétention<br />
de performance, et vient saisir en<br />
plans larges et mouvements fluides l’amplitude<br />
d’une nouvelle liberté d’action.<br />
<strong>Mai</strong>s qu’allait-elle chercher d’autre sur<br />
cette île volcanique à l’image si injustement<br />
austère ? Avec son optimisme et sa<br />
verve sans détour, Anne-Flore a la ferme<br />
intention de dresser les portraits des<br />
actrices de la société islandaise actuelle,<br />
soucieuses de préserver et faire perdurer<br />
l’héritage légué par leurs aînées. Aline<br />
et elle n’imaginent pas jusqu’où cette<br />
détermination les poussera. Elles sillonnent<br />
l’île à la fois pour leur propre plaisir, celui<br />
de la glisse, et pour fertiliser le champ des<br />
possibles. Des amis communs les ont<br />
connectées avec une première femme,<br />
Heida Birgisdottir, fondatrice du label de<br />
mode Nikita, auxquelles d’autres viendront<br />
faire écho. Le film déroule ces liens<br />
tissés au hasard des rencontres. « Ce que<br />
j’ai trouvé fascinant, c’est que chacune des<br />
personnes rencontrées en Islande était<br />
très impliquée dans la réforme du système<br />
qui les concerne. Et cela est vu et perçu de<br />
manière très positive là-bas. » Le contraste<br />
est saisissant avec les propositions d’Anne-<br />
Flore, depuis 2002, pour faire évoluer le<br />
sport du côté des femmes… « Cela a été<br />
très difficile à mettre en place et mal reçu<br />
par les organisateurs et les acteurs du<br />
milieu sportif. Alors que je ne voulais<br />
qu’amener des idées positives pour améliorer<br />
les choses. »<br />
En montant son projet de film, en<br />
réunissant des sponsors, en apprenant à<br />
faire le montage, Anne-Flore développe<br />
de nouvelles compétences pour explorer<br />
le monde sous un autre angle. Et inciter<br />
ses homologues à faire de même ! « Plus<br />
on investira dans des projets menés par<br />
des femmes, plus on répartira la diversité<br />
des gens qu’on verra à l’écran et des gens<br />
qui travailleront autour du projet. Ce qui<br />
se répercutera sur la diversité du public<br />
que l’on touchera. » Depuis qu’elle a compris<br />
qu’en accédant à certaines positions<br />
(sur le podium), elle pouvait asseoir sa<br />
légitimité pour revendiquer les mêmes<br />
conditions et bénéfices accordés aux<br />
hommes (au hasard : les prize money,<br />
dont le montant différait d’un genre à<br />
l’autre), les obstacles ne lui font plus<br />
peur ; elle s’en sert de levier. Comme le<br />
déclare Katrín Oddsdóttir, avocate des<br />
droits humains, à la caméra : « Le plaisir<br />
de changer le monde, vous ne le faites pas<br />
par obligation, mais parce que c’est<br />
valorisant ! »<br />
L’enthousiasme communicatif d’Anne-<br />
Flore a pour seul but « d’améliorer les<br />
conditions du côté des femmes dans son<br />
sport et au-delà, ce qui finalement bénéficiera<br />
à tout le monde », assure-t-elle.<br />
Anne-Flore Marxer surfe sur la vague de la<br />
détermination. On la voit glisser, à l’écran<br />
et dans la vie, avec un sourire franc et<br />
désarmant, preuve flagrante qu’avancer,<br />
c’est engendrer du positif : « et c’est aussi<br />
pouvoir se dire, à la fin de la journée, que<br />
ça en valait vraiment la peine ».<br />
alandshapedbywomen.com<br />
Instagram et Twitter : @annefloremarxer<br />
THE RED BULLETIN 61
LAZARUS LAKE<br />
a une réputation<br />
de sadique, de<br />
péquenaud et<br />
d’extraterrestre<br />
du trail…<br />
Texte<br />
TOM WARD<br />
Photos<br />
JEREMY LIEBMAN<br />
62 <br />
Il a créé les MARATHONS<br />
DE BARKLEY, l’ultramarathon<br />
le plus retors jamais imaginé
Lazarus Lake, alors qu’il s’appelait encore Gary Cantrell, sillonnant les routes du<br />
Tennessee aux premiers jours de sa longue carrière de coureur d’endurance.<br />
D’une beauté brute, Frozen Head State Park<br />
dans le Tennessee (USA) couvre plus de<br />
97 km², se situe à un peu plus de deux<br />
heures et demie à l’est de Nashville, la capitale<br />
de l’État, et dans un autre fuseau<br />
horaire. Ce que Lazarus Lake omettra de<br />
préciser. <strong>Mai</strong>s se fera un malin plaisir à nous<br />
faire remarquer en s’enquérant de la raison<br />
de notre retard (alors que nous pensions être<br />
en avance). Lake est connu pour son côté bourru. Aurions-nous<br />
tout gâché avant même d’avoir commencé ?<br />
En réalité, pas de quoi s’inquiéter. Nous retrouvons Lazarus<br />
Lake sur le parking du centre d’accueil des visiteurs de Frozen<br />
Head, détendu et ravi de nous rencontrer. Vêtu d’un jean, d’une<br />
chemise à carreaux et d’un bonnet en laine rouge marqué du mot<br />
geezer (en français, « vieux schnock »), peu pressé de décoller, il<br />
nous fixe d’un air malicieux derrière ses lunettes cerclées de<br />
métal, une cigarette au bout des lèvres, cachée dans sa barbe<br />
jaunie par le tabac. Il se déplace lentement, avec la nonchalance<br />
d’un homme qui a tout son temps, et parle d’une voix traînante<br />
typique du sud des États-Unis.<br />
En cette saison, le Frozen Head State Park regorge d’arbres<br />
nus qui oscillent sur les versants des montagnes alentour. Nous<br />
avons convenu de nous retrouver là où sont nés les marathons<br />
de Barkley, redoutés pour leur incroyable brutalité (et portant<br />
bizarrement la marque du pluriel), également connus comme<br />
la course qui met à bout de souffle, <strong>The</strong> Race That Eats Its Young,<br />
du nom du documentaire Netflix de 2014.<br />
Lazarus Lake est d’humeur bavarde. Il palabre sur le football<br />
américain universitaire, les origines de l’oranger des Osages,<br />
l’histoire de la géographie américaine, les pics de décès causés<br />
par les ours sauvages, la population locale des cigales, la diminu-<br />
ALEXIS BERG (2), SANDRA CANTRELL<br />
64 THE RED BULLETIN
Très rudes, les marathons<br />
de Barkley attirent<br />
des coureurs du<br />
monde entier : Inde,<br />
Nouvelle-Zélande,<br />
Lituanie, Russie,<br />
Japon ou Tadjikistan.<br />
Les coureurs doivent affronter la neige, le grésil,<br />
la pluie et le brouillard. Il est souvent difficile<br />
de voir à plus de 10 mètres devant soi.
Lazarus Lake et son<br />
déjeuner healthy...<br />
En face : un gâteau<br />
orné de la devise<br />
que Lazarus Lake<br />
prononce le jour de<br />
la course : « Bonne<br />
chance les nazes ».
« Vous vous demandez peut-être pourquoi<br />
on s’inflige ça… Et pourquoi pas ? »<br />
ALEXIS BERG<br />
tion du nombre d’aires de repos sur les routes américaines, et<br />
les imitations de sa boisson favorite, Dr Pepper.<br />
Et bien qu’il ait compté parmi les plus grands ultramarathoniens<br />
dans ses jeunes années, créé six courses uniques et soit<br />
revenu d’un trek de 5 100 km sur 126 jours d’un bout à l’autre<br />
des États-Unis, Lazarus Lake tient à souligner qu’il n’aime pas<br />
spécialement faire de l’exercice. « Ça me gonfle !, se marre-t-il.<br />
C’est inutile et on n’a rien à montrer à la fin. Alors au lieu de<br />
soulever des poids, je construisais des murs en pierre. Ça revenait<br />
au même, et j’avais un résultat concret au final. »<br />
Lazarus Lake est une contradiction ambulante. L’homme<br />
qui a imaginé l’ultramarathon le plus redouté au monde<br />
est indolent et préfère la rando à la course. Il fume<br />
comme un pompier, ne conçoit pas un repas sans un bon<br />
steak et ne se sépare jamais de sa bouteille de Dr Pepper. Et ne<br />
lésine pas sur le beurre. Il est bien loin des débats actuels sur<br />
la nutrition…<br />
C’est certainement son humour peu conventionnel qui l’a<br />
amené à inventer les marathons de Barkley. Pour être autorisé<br />
à y participer, il faut une bonne condition physique et mentale,<br />
et un sacré sens de l’humour. Créés en 1986, ces marathons<br />
consistent en une boucle qui commence et se termine au niveau<br />
de la barrière jaune, point de départ du chemin de randonnée de<br />
Frozen Head. Officiellement, ils comptent cinq tours de 32 km<br />
environ (les coureurs, eux, affirment qu’une boucle représente<br />
en réalité un marathon complet soit 42,2 km). Les deux premiers<br />
tours se courent dans le sens des aiguilles d’une montre, les deux<br />
suivants dans le sens inverse et – si vous arrivez jusque-là – le<br />
cinquième et dernier tour se court dans le sens de votre choix.<br />
Chaque boucle compte près de 3 700 m en montée et autant en<br />
descente, pour un total de 37 000 m de dénivelé, ce qui revient à<br />
gravir et descendre l’Everest deux fois. La course a généralement<br />
lieu le samedi précédent le 1 er avril et débute entre minuit et<br />
midi. Une conque retentit pour indiquer aux participants que<br />
la course commencera 60 minutes plus tard. Puis Lazarus Lake<br />
allume sa cigarette pour marquer le début des hostilités.<br />
L’itinéraire chaque année renouvelé inclut toujours des obstacles<br />
iconiques, comme la colline surnommée Testicle Spectacle,<br />
le mur d’escalade de Danger Dave (avec ses chemins exposés et<br />
ses berges sableuses) et la Rat Jaw (une pente émaillée de<br />
souches d’arbres et de bruyères coupantes comme des lames<br />
de rasoir). Les coureurs disposent d’une boussole et d’une carte<br />
pour s’orienter. L’utilisation du GPS est interdite. À chaque tour,<br />
les concurrents doivent retrouver un livre placé à certains<br />
endroits le long du tracé de la course et arracher la page qui correspond<br />
à leur numéro de dossard. Cela prouve qu’ils ont suivi<br />
le bon tracé, et le décompte des pages après coup est un moyen<br />
infaillible pour Lazarus Lake de vérifier que les participants ont<br />
bien passé chaque point de contrôle. Étant donné que la course<br />
est organisée en mars, les concurrents doivent affronter la neige,<br />
le grésil, la pluie et le brouillard.<br />
Les marathons de Barkley doivent être effectués en moins de<br />
60 heures, ce qui contraint les coureurs à de courtes pauses entre<br />
les tours, pendant lesquelles leurs proches leur font enfourner de<br />
la nourriture, soignent leurs écorchures, etc. Puis retour à la<br />
course. Le record est détenu par un Américain, Brett Maune, qui<br />
a terminé en 52 heures 3 minutes et 8 secondes en 2012. À ce<br />
jour, seuls quinze personnes ont réussi à terminer les cinq tours.<br />
« Ceux et celles qui se soumettent à cette épreuve en ressortent<br />
grandis, explique Lake. Car ils se sont dépassés. » Selon lui, l’objectif<br />
n’a jamais été de créer la course la plus difficile au monde,<br />
mais simplement de tester les limites des participants.<br />
L’idée lui est venue lorsqu’en 1977, James Earl Ray, le meurtrier<br />
du défenseur des droits civiques Martin Luther King Jr.,<br />
vient de s’échapper du pénitencier de Brushy Mountain, déclenchant<br />
ainsi la plus grande chasse à l’homme du Tennessee.<br />
James Earl Ray est capturé dans les bois 54 heures plus tard,<br />
THE RED BULLETIN 67
Cinq tours de 32 km chacun environ. Chaque boucle compte près de<br />
3 700 m en montée et autant en descente, pour un total de 37 000 m de<br />
dénivelé, ce qui revient à gravir et descendre l’Everest deux fois.<br />
après avoir parcouru moins de 13 km. Convaincu qu’il aurait pu<br />
parcourir une distance de 160 km dans le même laps de temps,<br />
c’est là que Lazarus Lake imagine ses marathons.<br />
La sélection des participants est draconienne. Chaque année,<br />
des coureurs du monde entier posent leur candidature, mais<br />
seuls quarante se retrouvent sur la ligne de départ, après avoir<br />
réalisé un « sacrifice humain » qui, selon Lazarus Lake, n’a pas<br />
d’égal. Pour gagner leur dossard, les concurrents doivent rédiger<br />
une lettre de motivation expliquant les raisons pour lesquelles<br />
ils méritent leur place et s’acquitter de frais de dossier (non remboursables)<br />
de 1,60 $. Les candidats retenus reçoivent une lettre<br />
de condoléances.<br />
Le jour de la course, les nouveaux concurrents doivent apporter<br />
une plaque d’immatriculation de leur État, tandis que les<br />
rares ayant déjà terminé une précédente édition doivent fournir<br />
un paquet de cigarettes Camel. Et les concurrents qui ont déjà<br />
participé mais n’ont pas réussi à terminer la course doivent venir<br />
avec un objet choisi (chemise à carreaux, chemise blanche,<br />
chaussettes…) par lui. Cette année, il pense demander une imitation<br />
de Dr Pepper, dont il est accro. Lazarus Lake pourrait<br />
demander plus, mais ces frais peu élevés permettent d’accueillir<br />
un ensemble éclectique de participants, dont John Kelly, originaire<br />
de Washington DC et vainqueur de l’édition 2017. Silhouette<br />
élancée et air sérieux, John Kelly considère les marathons<br />
de Barkley comme un événement incontournable du trail.<br />
« Ils permettent de mieux connaître ses limites. La résilience<br />
mentale seule ne suffit pas pour terminer une course. Ce n’est<br />
pas non plus une question de forme. Quelle que soit votre condition<br />
physique, vous allez être tenté d’abandonner à un moment<br />
ou à un autre. » Ce n’est qu’à son troisième essai que John Kelly<br />
réussit à terminer les marathons de Barkley. « J’étais en plein<br />
délire. Il m’a fallu un moment pour réaliser que je l’avais fait ! »<br />
Lazarus Lake adhère. Il n’a d’ailleurs pas toujours été aussi<br />
sadique. « Je mérite une sorte de compensation, commence-t-il<br />
alors qu’on lui demande de raconter sa jeunesse. Une compensation<br />
de ses parents originaires de l’Oklahoma et dont l’enfant – qui<br />
n’a jamais rien fait de mal – est né et a grandi au Texas. Cet enfant,<br />
qu’ils le veuillent ou non, sera à jamais marqué par cette réalité.<br />
C’est une réalité qui… Bref, c’est arrivé. Que peut-on y faire ? »,<br />
soupire-t-il, impassible. Idem quand on le questionne sur son âge :<br />
« En quelle année je suis né ? Je ne me souviens pas. J’étais vraiment<br />
très jeune à l’époque. » (Nos recherches montrent qu’il a<br />
ALEXIS BERG<br />
68 THE RED BULLETIN
Chaque semaine, Lake fait<br />
une boucle de 32 km à pied<br />
pour déjeuner ici. À gauche :<br />
un coureur exhibe ses<br />
blessures post-marathon.
L’Américain John Kelly<br />
descend la Rat Jaw lors de<br />
son cinquième et dernier tour.<br />
Quelques heures plus tard,<br />
il sera la quinzième personne<br />
à terminer les marathons<br />
de Barkley.<br />
70 THE RED BULLETIN
ALEXIS BERG (2)<br />
64 ans.) Tout ce que Lake dira, c’est qu’il est né Gary Cantrell à<br />
San Marcos, Texas, car son père avait été nommé sur la base militaire<br />
aérienne Edward Gary. (Par la suite, il se choisit le nom de<br />
Lazarus Lake pour sécuriser son premier compte e-mail. « Comme<br />
si j’avais des secrets d’État à protéger », plaisante-t-il.)<br />
Les Cantrell vivent à proximité d’une résidence étudiante.<br />
Le jeune Lake y côtoie des joueurs de football américain, ce qui<br />
confirme sa passion pour le sport. En 1966, la mode du jogging<br />
est mise à l’honneur dans le journal du soir. Son père et ses amis<br />
mettent alors le cap vers la piste du coin pour courir un mile<br />
(environ 1 600 mètres) en moins de huit minutes. La première<br />
fois que Lazarus Lake les accompagne, il surpasse son père.<br />
« Je ne l’avais jamais battu dans aucun domaine, rit-il. Notre<br />
famille adore la compétition et le sport, et les enfants n’étaient<br />
pas autorisés à gagner. » Pensant qu’il devait être un bon coureur,<br />
Lazarus Lake commence la piste et le cross-country, ce qui<br />
l’amène aux courses sur route, puis aux marathons. Puis il s’inscrit<br />
partout où il le peut, jusqu’aux compétitions internationales.<br />
Et décide finalement que l’ultramarathon sera sa discipline<br />
reine. Or, les ultramarathons les plus proches du Tennessee se<br />
déroulent à Miami et à Philadelphie. Lazarus Lake crée donc son<br />
propre ultramarathon, le Strolling Jim 40, en 1979. Entre-temps,<br />
les blessures et les ravages d’une vie passée à marteler le sol l’ont<br />
mis hors course. Lazarus Lake sait que son talent est ailleurs.<br />
« Je voulais être un bon coureur, mais j’ai toujours été moyen.<br />
En fait, je suis bien meilleur pour coordonner les courses. »<br />
À présent retraité de son poste de comptable, il organise cinq<br />
courses annuelles en plus des marathons de Barkley, y compris<br />
le Barkley Fall Classic (une sorte de marathons de Barkley pour<br />
débutants) et le Big’s Backyard Ultra, une course d’endurance<br />
pendant laquelle les concurrents doivent réaliser autant de<br />
boucles de 6,7 km que possible, avec des départs à chaque heure<br />
pile. Départ manqué ? Compétition terminée ! En 2017, le vainqueur<br />
a parcouru 456 km.<br />
Si sa vie de coureur est derrière lui, Lazarus Lake n’en<br />
reste pas moins actif. Le lendemain de notre rencontre<br />
à Frozen Head, nous nous retrouvons pour le déjeuner<br />
à Pétaouchnok, sur une aire de repos qui fait aussi office<br />
de bazar et de boutique d’antiquités, et sert le meilleur poulet frit<br />
de la région. Au moins une fois par semaine, Lazarus Lake<br />
marche 16 km pour venir casser la croûte ici, puis il retourne<br />
chez lui, toujours à pied. Une broutille comparé à son épique<br />
randonnée de septembre 2018. Après dix mois de convalescence<br />
dus à une blessure à la cheville, Lake décide de marcher dans<br />
douze États, malgré les mises en garde de son médecin quant à<br />
un dysfonctionnement de son artère fémorale gauche. Sauf que<br />
Lazarus Lake est déterminé à atteindre son but. « Vous vous<br />
demandez peut-être pourquoi on s’inflige ça ? Et pourquoi pas ?<br />
J’ai toujours voulu le faire mais je n’ai jamais eu le temps, avec<br />
la famille, le boulot… Je me suis rendu compte que si je ne me<br />
décidais pas maintenant, je n’en serais bientôt plus capable<br />
physiquement. »<br />
Suivant la route 20 de Newport, Rhode Island, jusqu’à<br />
Newport, Oregon, Lazarus Lake met une semaine de plus que les<br />
120 jours prévus pour terminer ce trek. Il marche 12 à 14 heures<br />
par jour et perd 18 kg. Des inconnus lui proposent souvent de l’accompagner<br />
sur une partie de l’itinéraire. Dans les régions désertiques<br />
de l’est, on s’arrête et on lui donne de l’eau. Il s’émerveille<br />
devant la voûte étoilée visible depuis les plaines du Nebraska.<br />
« Quelle que soit votre condition<br />
physique, vous serez tenté d’abandonner<br />
à un moment ou à un autre. »<br />
John Kelly reprend son souffle après la ligne d’arrivée en 2017. Jusqu’en<br />
2013, il n’avait jamais couru plus de 10 kilomètres...<br />
Il fait un détour par le Wisconsin quand les sentiers rocailleux de<br />
l’Illinois se révèlent trop coriaces pour la randonnée, et se heurte<br />
à un dernier obstacle lorsqu’il découvre que l’Oregon est une zone<br />
durement aride, et non la riche région boisée qu’il imaginait.<br />
Il gravit toutes les montagnes qu’il trouve sur son chemin. Et à<br />
près de 700 km de l’arrivée, il se fracture la hanche. Il aura suffi<br />
d’une contorsion inhabituelle. Considérant qu’il est trop proche<br />
de la fin pour faire marche arrière, il poursuit sa route. « Les deux<br />
premières semaines qui ont suivi mon retour sont très floues. Je<br />
suis resté assis sur ma chaise. Toute ma vie, à l’école et au travail,<br />
j’ai voulu être en extérieur. Et maintenant, c’est l’inverse ! »<br />
Nous réglons et prenons congé sur l’aire de repos. Lazarus<br />
Lake doit rentrer chez lui étudier la pile de candidatures qui s’accumulent<br />
pour les prochains marathons de Barkley. Il ne court<br />
plus, mais ses journées sont toujours aussi remplies, entre la<br />
logistique de tels événements et ses propres pérégrinations. Il ne<br />
ralentira sans doute jamais. « Trop de gens vivent leur vie comme<br />
s’ils voulaient rendre leur équipement en parfait état, s’étonnet-il<br />
en tirant sur une énième cigarette. À ma mort, je veux qu’on<br />
s’exclame : “Mon Dieu, tout est usé jusqu’à la corde” Nous avons<br />
une seule vie. Ce sont toutes les expériences que nous pouvons y<br />
intégrer qui comptent. » Il esquisse un sourire avant de s’engouffrer<br />
brusquement dans sa voiture et disparaître dans les forêts<br />
du Tennessee. Retour à la légende.<br />
barkleymarathons.com<br />
THE RED BULLETIN 71
Impressionnant : Dani<br />
Pedrosa en 2018 sur le<br />
circuit d’Assen (Pays-<br />
Bas). Avec Destination<br />
<strong>Red</strong> Bull, l’Espagnol sera<br />
l’un de vos coachs.<br />
72
F O R M A T I O N A C C É L É R É E<br />
COACHÉ<br />
PAR DES<br />
PROS<br />
COMMENT<br />
FONT-ILS ?<br />
Pour les motards, les sliders usés<br />
sont la marque du guerrier.<br />
Initiez-vous au virage parfait sous<br />
l’œil avisé des légendes du MotoGP.<br />
Bienvenue à Destination <strong>Red</strong> Bull.<br />
GETTY IMAGES WERNER JESSNER
F O R M A T I O N A C C É L É R É E<br />
ILS<br />
PROS<br />
COACHÉ<br />
PAR DES<br />
FONT<br />
COMME<br />
ÇA !<br />
<strong>Mai</strong>ntenir<br />
la tête droite.<br />
Le genou<br />
extérieur bien<br />
cramponné au<br />
réservoir.<br />
Les avantpieds<br />
calés<br />
sur les<br />
repose-pieds.<br />
Le genou doit toucher le sol<br />
et imprimer aux sliders l’usure<br />
qui les caractérise. Dix clés<br />
pour un virage parfait.<br />
La jambe intérieure<br />
repliée et écartée<br />
vers l’extérieur.<br />
Sete Gibernau,<br />
46 ans, coach<br />
Destination <strong>Red</strong><br />
Bull (cf. encadré),<br />
179 courses de<br />
CM à son actif.<br />
1Adoptez et maintenez une conduite<br />
sereine. Tenez le guidon sans vous<br />
raidir et pilotez avec souplesse en<br />
pensant à bien respirer.<br />
2<strong>Mai</strong>ntenez la tête droite même<br />
dans un virage serré. La seule<br />
façon d’évaluer le virage avec justesse<br />
est de garder les yeux parallèles au sol.<br />
3Cas d’un virage à gauche, jugé<br />
plus facile par la majorité des<br />
pilotes : avec l’accélérateur à l’extérieur,<br />
la marge pour équilibrer avec le coude<br />
est plus grande.<br />
4En phase de freinage à l’entrée<br />
du virage, seuls les avant-pieds<br />
sont sur les repose-pieds afin d’éviter<br />
tout risque de contact avec le sol et de<br />
rabotage des orteils.<br />
5Après la phase de freinage,<br />
utilisez le poids du corps pour<br />
déplacer le centre de gravité vers<br />
l’intérieur et serrez les genoux sur le<br />
réservoir, le tout dans un mouvement<br />
fluide et sans à-coup.<br />
À force de frotter, le pantalon<br />
aussi y est passé.<br />
Amateur ou pro (comme ici en MotoGP), la technique de base reste la même.<br />
6Pliez la jambe intérieure et<br />
ouvrez-la vers l’extérieur.<br />
Ne pas hésiter au début à exagérer<br />
le geste.<br />
7Creuser légèrement le dos.<br />
Cela permet d’adopter automatiquement<br />
une position basse sur<br />
la moto facilitant le rapprochement<br />
du genou vers le sol.<br />
8À partir de ce point, il ne faut<br />
plus toucher aux freins.<br />
Prendre le virage en ayant la sortie<br />
en ligne de mire – plus ou moins vers<br />
l’avant selon l’instinct.<br />
9Réglez l’inclinaison à l’aide de<br />
l’accélérateur : en réduisant<br />
les gaz, la moto penche vers<br />
l’intérieur. En les ouvrant, elle se<br />
redresse. La pratique permet à la<br />
longue de maîtriser le bon dosage.<br />
Puis arrive le moment où<br />
10 le genou touche terre.<br />
Félicitations, mission accomplie !<br />
<strong>Mai</strong>s restez calme (cf. étape 1). Il faut<br />
encore sortir du virage. Ouvrez les<br />
gaz et laissez la force centrifuge<br />
redresser la bécane. Préparez-vous<br />
à le refaire toute une journée.<br />
GETTY IMAGES TOM MACKINGER<br />
74 THE RED BULLETIN
VOS GUIDES DE VOYAGE<br />
L’un des temps forts de l'expérience : passager sur une Ducati MotoGP.<br />
AU PLUS PRÈS<br />
DE L’ACTION<br />
La plateforme de voyage Destination <strong>Red</strong> Bull vous<br />
ouvre les coulisses du MotoGP de Barcelone, l’accès<br />
à un circuit privé et à deux coachs de haut niveau.<br />
DANI PEDROSA n’a plus besoin<br />
d’être présenté aux fans de MotoGP :<br />
le triple champion du monde (en 125 et<br />
250 m³) a illuminé le Championnat du<br />
monde de moto pendant dix-huit ans.<br />
Outre son style de pilotage, l’Espagnol<br />
a aussi conquis les cœurs des spectateurs<br />
par sa ténacité face aux revers<br />
subis. Après 295 courses, l’éternel pilote de l’écurie<br />
Honda a mis fin à sa carrière à l’automne dernier et rejoint<br />
l’équipe développement de KTM.<br />
SETE GIBERNAU a grandi entouré<br />
de motos. Son grand-père Don Paco<br />
Bultó a fondé la légendaire marque de<br />
moto Bultaco. L’Espagnol participe<br />
aux championnats du monde de 1992<br />
à 2006, et en 2009. Faits d’arme :<br />
vice-champion du monde en 2003 et<br />
2004 derrière Valentino Rossi. Après<br />
sa retraite, il intègre le staff de Dani Pedrosa jusqu’à ce<br />
qu’il reprenne du service en 2018 – en MotoE, championnat<br />
du monde de motos électriques.<br />
MARC ROBINOT, TANDEM, SHUTTERSTOCK BLAGOVESTA BAKARADJIEVA<br />
En haut : l’hôtel W Barcelona vous accueille une nuit. En bas : vue sur la Sagrada Familia.<br />
TERRAIN D’ENTRAÎNEMENT<br />
EXCLUSIF<br />
Le cicruit privé de<br />
Sete Gibernau.<br />
Journée d’entraînement<br />
MotoGP sur le circuit privé<br />
de Sete Gibernaus avec<br />
Dani Pedrosa.<br />
Copilotage sur une Ducati<br />
biplace.<br />
Le premier jour du<br />
séjour est consacré<br />
au pilotage sur le<br />
circuit privé de Sete<br />
Gibernau, situé à<br />
130 km de Barcelone<br />
dans la région<br />
de Gérone. Le tracé<br />
du circuit est modulable<br />
avec une configuration<br />
qui peut atteindre jusqu’à 1,3 kilomètre comportant<br />
plus de vingt virages, dont beaucoup reproduisent<br />
ceux de circuits MotoGP et de Formule 1 actuels. Le revêtement<br />
en asphalte est spécialement conçu pour offrir<br />
une adhérence maximale.<br />
LE SÉJOUR DESTINATION RED BULL<br />
<strong>Red</strong> Bull MotoGP Experience du 14 au 16 juin <strong>2019</strong>.<br />
Les temps forts :<br />
Offre VIP pour le GP<br />
de Barcelone.<br />
Accès aux stands et à la<br />
<strong>Red</strong> Bull Energy Station.<br />
Hébergement dans le<br />
superbe hôtel W Barcelona<br />
donnant sur la plage.<br />
Réservations sur destination.redbull.com<br />
THE RED BULLETIN 75
<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />
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L’APPLI !<br />
COURONS<br />
POUR FAIRE AVANCER LA RECHERCHE<br />
AVEC L’APPLI, OÙ QUE VOUS SOYEZ<br />
5 MAI <strong>2019</strong> - 13H<br />
100% DES FONDS SONT REVERSÉS À LA RECHERCHE SUR LES LÉSIONS DE LA MOELLE ÉPINIÈRE<br />
WINGSFORLIFEWORLDRUN.COM
guide<br />
au programme<br />
NE MANQUEZ RIEN<br />
Moto, hip-hop, avions<br />
en papier ou clubbing…<br />
ça fera date !<br />
PAGE 82<br />
CLUB DES CINQ<br />
Le Neymar’s Jr Five<br />
revient et transportera<br />
une nouvelle fois ses<br />
finalistes au Brésil.<br />
PAGE 84<br />
FAST PACKING<br />
Comment n’emporter<br />
que le strict minimum,<br />
qu’importe le terrain.<br />
PAGE 88<br />
DIVE.IS<br />
LE GRAND RETOUR<br />
DE LA TECTONIQUE<br />
Pour plonger entre<br />
deux plaques, la nordaméricaine<br />
et l’eurasienne,<br />
c’est uniquement en<br />
Islande que ça se passe.<br />
PAGE 78<br />
THE RED BULLETIN 77
G U I D E<br />
Faire.<br />
Cooper nage entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne dans la faille de Silfra (Islande).<br />
FAILLE DE SILFRA<br />
DES PLONGEURS À<br />
CÔTÉ DE LA PLAQUE<br />
L’Islande est le seul endroit au monde où l’on puisse plonger<br />
entre des plaques tectoniques. Tarquin Cooper a enfilé<br />
une combinaison étanche et s’est aventuré dans l’abîme.<br />
Je suis à dix mètres de profondeur.<br />
En suspension entre<br />
deux parois escarpées de<br />
roche volcanique dans un canyon<br />
sous-marin, le long de la ligne<br />
de faille de la dorsale médioatlantique.<br />
Je n’entends que ma<br />
respiration. Dans ma tenue<br />
étanche et pressurisée, je me sens<br />
plus astronaute que plongeur.<br />
Un sentiment renforcé par le bleu<br />
profond de l’eau. Je pourrais être<br />
en train de flotter dans l’espace…<br />
Devant moi, le gouffre se rétrécit<br />
pour faire environ deux mètres.<br />
C’est l’endroit de la plongée où les<br />
Cooper (à droite) et le guide de plongée Enno Ackermann.<br />
78 THE RED BULLETIN
voyage<br />
CONSEILS PRATIQUES<br />
EN TERRE DE FEU<br />
ET DE GLACE<br />
Mangez de la tête de mouton, explorez l’endroit<br />
où Brienne a tué Le Limier, et visitez le<br />
musée des pénis. Et quoi que vous fassiez, ne<br />
traitez jamais un cheval islandais de poney.<br />
Islande<br />
La faille se situe sous le parc de Thingvellir, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.<br />
Thingvellir<br />
Reykjavík<br />
En été, les algues<br />
qui poussent dans<br />
la faille de Silfra<br />
donnent à l’eau<br />
une couleur<br />
encore plus vive.<br />
TARQUIN COOPER<br />
Dernières vérifications : les plongeurs se préparent pour l’immersion intercontinentale.<br />
deux plaques continentales sont<br />
les plus rapprochées. Tandis que<br />
je me faufile, je m’arrête pour faire<br />
le pont entre la plaque nord-américaine<br />
d’un côté et la plaque eurasienne<br />
de l’autre, et savoure l’une<br />
des vues les plus époustouflantes<br />
que l’on puisse avoir sous l’eau :<br />
la faille de Silfra.<br />
L’Islande n’est pas la première<br />
destination qui vient à l’esprit pour<br />
la plongée. Elle est célèbre pour<br />
ses sources thermales, sa population<br />
très impliquée dans l’égalité<br />
des droits hommes-femmes et ses<br />
volcans aux noms imprononçables<br />
comme Eyjafjallajökull (dont<br />
l’éruption a semé le chaos dans<br />
le trafic aérien en 2010). Colonisé<br />
par les vikings et dominé par les<br />
« L’eau est si claire<br />
que je vois le bout<br />
du couloir. C’est<br />
magnifique. »<br />
dieux nordiques, le paysage est<br />
sauvage, montagneux et rude.<br />
Et sous l’eau ? À 50 km à l’est de<br />
Reykjavík, dans le parc national de<br />
Thingvellir classé au patrimoine<br />
mondial de l’Unesco, se trouve un<br />
petit chenal de fonte de glaciers<br />
qui débouche sur la faille de Silfra,<br />
une fissure entre les plaques tectoniques<br />
résultant d’une série de<br />
tremblements de terre en 1789.<br />
À FAIRE<br />
MANGER DE LA TÊTE DE MOUTON<br />
Goûtez au kjammi og kók, de la tête de mouton, à la gare<br />
routière de Reykjavík’s BSÍ. À moins que vous ne préfériez<br />
un petit bout de hákarl, ce requin fermenté qui sent bon<br />
l’ammoniac Choisissez de préférence des food halls,<br />
deux fois moins cher qu’au restaurant et terminez<br />
votre repas avec une glace à la réglisse.<br />
DÉCOUVRIR DES LIEUX DE TOURNAGE<br />
Allez voir le site où Le Limier a rencontré son ennemie<br />
jurée, Brienne de Torth. De nombreuses autres scènes de<br />
Game of Thrones ont également été tournées sur l’île.<br />
BLOQUER SUR UN PHALLUS<br />
Le seul musée au monde dédié aux pénis est à Reykjavík !<br />
Jouer au golf sous le soleil de minuit, sur l’un des 65 terrains<br />
sur champ de lave, pourrait être plus séduisant.<br />
À ÉVITER<br />
ACHETER DE L’EAU MINÉRALE EN BOUTEILLE<br />
L’eau du robinet est de l’eau minérale volcanique pure.<br />
TRAITER LES PETITS CHEVAUX DE PONEYS<br />
Vous risquez de vexer vos hôtes islandais. Leurs chevaux<br />
sont célèbres pour leur caractère trempé et leur allure<br />
unique appelé tölt.<br />
ACHETER DES BIÈRES AU SUPERMARCHÉ<br />
Elle sera sans alcool. La bière n’a été légalisée qu’en 1989 –<br />
le 1 er mars, jour où l’on fête le Bjordagur (Jour de la Bière) –<br />
et vous n’en trouverez que dans des magasins gérés par<br />
l’état ou des boutiques hors-taxes.<br />
THE RED BULLETIN 79
G U I D E<br />
Faire.<br />
voyage<br />
LANCEZ-VOUS<br />
EN EAUX GLACIALES<br />
Pratiquer la plongée dans l’eau froide<br />
requiert d’autres aptitudes que dans l’eau<br />
tiède. Pour les débutants, il est important de<br />
savoir se servir d’une combinaison étanche.<br />
LA COMBI ÉTANCHE<br />
Bien plus qu’une couche imperméable, la combinaison<br />
étanche a plus de similarités avec une tenue d’astronaute<br />
qu’avec une combinaison de plongée. De nombreuses<br />
fonctions sont dérivées d’innovations de la NASA.<br />
FERMETURE ÉCLAIR<br />
ÉTANCHE<br />
Développée par la<br />
NASA pour retenir<br />
l’air, elle a des joints<br />
imperméables<br />
des deux côtés<br />
des dents.<br />
« Comme flotter dans l’espace. » Cooper est fasciné par les eaux cristallines de Silfra.<br />
SYSTÈME DE GANTS<br />
AVEC BAGUES<br />
Vous avez sûrement<br />
vu Neil Armstrong<br />
(ou Matt Damon dans<br />
Seul sur Mars) attacher<br />
ses gants à<br />
l’aide d’un système<br />
de bagues autour<br />
des poignets. Les<br />
combinaisons<br />
étanches présentent<br />
aussi cet élément,<br />
utilisé surtout par les<br />
plongeurs spéléo.<br />
CALME SOUS LA PRESSION<br />
COMMENT S’ATTAQUER À UNE PLONGÉE TECTONIQUE<br />
1. Faites le stage PADI Dry<br />
Suit Diver au préalable.<br />
Il dure deux jours.<br />
2. Évitez les poches d’air<br />
dans les bottes en ramenant<br />
les genoux vers le<br />
torse, car cela peut vous<br />
renverser et vous faire<br />
flotter à la surface.<br />
3. Comme le suggère son<br />
nom, la combinaison<br />
étanche vous garde au<br />
SOUPAPE<br />
D’INFLATEUR<br />
Comme les tenues<br />
spatiales, les combis<br />
étanches sont<br />
pressurisées pour<br />
parer l’effet « sous<br />
vide » qui s’accentue<br />
au cours de la descente.<br />
De l’air est<br />
ajouté grâce à l’inflateur<br />
afin de résoudre<br />
le problème.<br />
sec, donc faire pipi<br />
sous l’eau n’est pas une<br />
bonne idée.<br />
4. Préparez-vous au choc<br />
provoqué par l’eau froide<br />
sur votre visage. Respirez,<br />
ne paniquez pas. Ça va<br />
passer.<br />
5. Gardez vos mains aussi<br />
immobiles que possible.<br />
Chaque mouvement accélère<br />
la perte de chaleur.<br />
C’est un miracle géologique et le<br />
seul endroit au monde où l’on peut<br />
plonger entre deux plaques tectoniques.<br />
« C’est l’eau la plus claire<br />
que tu verras de toute ta vie », me<br />
dit Enno Ackermann, le moniteur<br />
de plongée. Elle est aussi sacrément<br />
froide, pas plus de quelques<br />
degrés au dessus de zéro. Quiconque<br />
veut plonger à Silfra doit<br />
donc porter une combinaison<br />
étanche et être détenteur d’un<br />
certificat (que l’on peut acquérir<br />
en un week-end). Sous ma combi,<br />
j’enfile des sous-vêtements thermiques,<br />
des leggins thermiques et<br />
une combinaison en laine polaire.<br />
L’équipe de plongée m’aide à enfiler<br />
la combinaison étanche, vérifie<br />
les joints et ajuste la bouteille d’air.<br />
Avec mes poches pleines de poids,<br />
je porte environ 25 kilos sur moi.<br />
Les 200 mètres qu’il faut marcher<br />
entre le parking et le point d’entrée<br />
me paraissent interminables.<br />
Au bord de l’eau, je mets mes<br />
palmes par-dessus les bottes de ma<br />
combi et crache dans mon masque<br />
pour éviter que de la buée ne se<br />
forme. Puis je mets mon détendeur<br />
dans la bouche, fais les dernières<br />
vérifications et plonge dans le vide.<br />
Ou plutôt coule. Les premières<br />
minutes, j’essaie de trouver une<br />
flottabilité neutre par des exercices<br />
de ventilation – en vain. Lorsque<br />
j’arrive à me détendre et à ouvrir<br />
les yeux, la récompense est immédiate.<br />
L’eau est claire comme de<br />
l’eau minérale – ce qu’elle est effectivement,<br />
filtrée depuis des décennies<br />
par la roche volcanique.<br />
Je m’élance derrière Enno vers<br />
les profondeurs. La faille s’ouvre<br />
sur la « cathédrale », un couloir<br />
étroit, de 100 m de long aux parois<br />
escarpées. La clarté de l’eau me<br />
permet de voir jusqu’à l’autre bout.<br />
Une pure merveille. Des rochers<br />
éparpillés au fond rappellent<br />
d’anciennes ruines. Un éclat de<br />
lumière fait scintiller une truite<br />
arc-en-ciel.<br />
Dans mon excitation, j’ai complètement<br />
occulté la minuscule<br />
fuite dans la bande de caoutchouc<br />
de mon col et par laquelle l’eau<br />
commence à rentrer. C’est désagréable<br />
mais je me dis que je me<br />
réchaufferai plus tard. En sortant<br />
de l’eau, je réalise à quel point j’ai<br />
froid. Enno me demande si je suis<br />
sûr de vouloir retourner encore<br />
une fois dans l’endroit « le plus<br />
génial où j’aie jamais plongé ».<br />
Je réponds par l’affirmative –<br />
en claquant des dents. « Super,<br />
lance-t-il, je vais te chercher<br />
une autre combinaison. »<br />
originaldiving.com<br />
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aux données vous concernant auprès de THE RED BULLETIN, adresse : 12 rue du <strong>Mai</strong>l, 75002 Paris.<br />
TRBMAG
G U I D E<br />
Faire.<br />
27<br />
avril<br />
Weather again<br />
En sommeil depuis trois ans, le<br />
Weather Festival se réveille au<br />
printemps. Avec le même ADN.<br />
Les organisateurs l’ont promis,<br />
toujours soucieux d’explorer la<br />
scène française à la recherche<br />
de talents. De 20 heures à<br />
10 heures du matin, la Seine<br />
devient festive avec Oko Dj,<br />
Alva Noto UNIEQAV et Anetha.<br />
Boulogne-Billancourt,<br />
La Seine musicale ;<br />
weatherfestival.fr/<strong>2019</strong><br />
27 3<br />
et 28 avril<br />
Salon Moto de<br />
Pecquencourt<br />
Le plus grand salon de la moto<br />
en France célèbre sa 40 e édition<br />
avec des animations inédites.<br />
Les Nordistes vous<br />
préparent une exposition exceptionnelle<br />
de 40 motos GP<br />
en présence de Giacomo Agostini,<br />
légende italienne des<br />
circuits. Côté FMX, vous pourrez<br />
compter sur Tom Pagès.<br />
Pecquencourt ;<br />
mc-pecquencourt.mobi<br />
et 5 mai<br />
Passez à Brest<br />
<strong>Red</strong> Bull Music consolide sa collaboration<br />
avec Astropolis et se pose trois<br />
jours à Brest où le fameux festival est<br />
né il y a 25 ans. Deux temps forts sont<br />
promis au public breton : le vendredi<br />
3, en mode clubbing-techno, dans les<br />
murs de la mythique salle Vauban et<br />
le dimanche 5, version disco house,<br />
en journée, au grand centre d’art<br />
contemporain brestois, Passerelle.<br />
Une première dans cet espace.<br />
Brest, salle Vauban et Passerelle ;<br />
redbull.com<br />
30<br />
avril<br />
À fond de rap<br />
En vue de la réouverture du <strong>Red</strong> Bull Music<br />
Studios Paris installé au sein de la Gaîté<br />
Lyrique, le lieu culturel parisien y accueille une<br />
grosse soirée hip-hop. Sont attendus AZF (mix<br />
100 % rap français), le collectif de DJ’s Good<br />
Dirty Sound, Simo Cell en b2b avec Low Jack,<br />
Youv Dee, Ateyaba et Kekra (photo) en live.<br />
L’occasion, aussi, de fêter l’arrivée d’une nouvelle<br />
chaîne YouTube dédiée au hip-hop.<br />
Paris, Gaîté Lyrique ; redbull.com<br />
28<br />
mars au 29 mai<br />
<strong>Red</strong> Bull<br />
Font&Bleau<br />
Depuis le 28 mars à Evry, et<br />
jusqu’au 29 mai à Nantes, l’édition<br />
<strong>2019</strong> propose à tous les candidats<br />
grimpeurs 9 étapes de qualification<br />
dans les centres Block’Out en<br />
France. En jeu, les places pour<br />
participer à la finale nationale le<br />
15 juin à Fontainebleau. Ce jour-là,<br />
39 équipes s’affronteront sur les<br />
rochers du spot bellifontain, l’un<br />
des plus difficiles au monde. Il<br />
s’agira d’être le plus rapide sur<br />
les blocs. Le sprint est lancé.<br />
France ; redbull.com<br />
FIFOU, GUILLAUME PELLION/RED BULL CONTENT POOL, ARMAND LENOIR/THE AGENCY, RICHARD BORD<br />
82 THE RED BULLETIN
avril - juin<br />
29<br />
mai au 2 juin<br />
FISE<br />
Devant des centaines de milliers de<br />
spectateurs, le festival montpelliérain<br />
est l’étape centrale des FISE<br />
World Series, la tournée mondiale<br />
des Action Sports. L’événement est<br />
devenu en vingt ans la plus grande<br />
compétition en la matière en<br />
Europe. BMX, roller, trottinette,<br />
skateboard, mountain bike,<br />
wakeboard ou VTT slopestyle, le<br />
programme promet du spectacle<br />
pendant cinq jours. Les 1 900 riders<br />
pros et amateurs s’affronteront<br />
sur les rives du Lez, territoire<br />
de jeu du festival.<br />
Montpellier, Rives du Lez ; fise.fr<br />
27<br />
7<br />
avril<br />
<strong>Red</strong> Bull<br />
Paper Wings<br />
Une feuille A4, dix doigts, vous<br />
êtes prêts pour le concours<br />
d’avions en papier qui traverse<br />
trente campus ce printemps.<br />
Trois catégories pour briller :<br />
durée du vol, distance de vol<br />
et voltiges aériennes. Les<br />
soixante qualifiés à la finale<br />
nationale à Paris viseront les<br />
trois places pour la finale<br />
mondiale à Salzbourg en mai.<br />
paperwings.redbull.com<br />
23 24<br />
au 26 mai<br />
Made Festival<br />
Un marathon de musique électronique<br />
s’annonce dans les<br />
quartiers de Rennes : bars,<br />
parcs, salles de concerts, le<br />
son sera partout ! Au programme<br />
des quatre jours,<br />
artistes locaux et mastodontes<br />
house et techno sont attendus.<br />
On y trouvera également le<br />
<strong>Red</strong> Bull Music Boom Bus<br />
installé au cœur du grand parc<br />
rennais des Gayeulles pendant<br />
les concerts de jour.<br />
Rennes ; made-festival.fr<br />
au 26 mai<br />
NL Contest<br />
Cultures et sports de glisse<br />
urbains sont mis en avant dans<br />
cette 14 e édition du festival<br />
international du Grand Est au<br />
skatepark de la Rotonde de<br />
Strasbourg. Skate, roller, BMX,<br />
escalade mais aussi battles de<br />
break, concerts ou graffiti<br />
composent la programmation<br />
et les compétitions sous toutes<br />
leurs formes. Une série d’expos<br />
photos fera la nouveauté d’un<br />
rendez-vous très populaire.<br />
Strasbourg ; nlcontest.com<br />
au 10 juin<br />
Outdoor Mix<br />
Le lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes) sert de<br />
cadre à la scène outdoor européenne. Mêlant<br />
sports extrêmes et culture musicale, le festival<br />
version printemps veut attirer le grand public. Plus<br />
de seize disciplines sportives et mille sportifs sont<br />
annoncés (Kayak Freestyle, Longboard Downhill,<br />
BMX Spine et Dirt, MTB, Kitesurf, SUP, Jumpline,<br />
etc). Côté concerts, douze artistes (électro, reggae,<br />
dub, etc) feront vibrer les soirées.<br />
Embrun, Lac de Serre-Ponçon ; outdoormixfestival.com<br />
THE RED BULLETIN 83
G U I D E<br />
Faire.<br />
9 mars au 22 juin<br />
RED BULL NEYMAR JR’S FIVE<br />
Le tournoi de foot à 5 de Neymar Jr est de retour ! Les qualifications ont lieu dans seize<br />
villes françaises. Les gagnants iront au Brésil pour la finale internationale et affronteront<br />
peut-être la star du PSG et ses potes. N’attendez plus, montez votre équipe !<br />
Viser haut ! Finale du<br />
<strong>Red</strong> Bull Neymar Jr’s<br />
Five à Paris en 2018.<br />
EN ROUTE<br />
POUR LE BRÉSIL<br />
Le concept du <strong>Red</strong> Bull Neymar Jr’s Five ?<br />
Un tournoi à cinq, sans gardien, où le but<br />
(sic) est d’en marquer le plus possible en dix<br />
minutes. À chaque but marqué, un joueur<br />
de l’équipe adverse est exclu. Du 9 mars au<br />
25 mai, les équipes inscrites pourront participer<br />
aux qualifications nationales un peu<br />
partout en France. Les joueurs doivent être<br />
âgés de 16 à 25 ans et chaque équipe peut<br />
choisir deux vétérans de plus de 25 ans.<br />
Au royaume du Ney<br />
La finale française aura lieu le 22 juin à Paris.<br />
Les deux équipes locales (homme et femme)<br />
qui iront au bout du tournoi gagneront leur<br />
place pour affronter Neymar Jr au Brésil,<br />
lors de la grande finale internationale à<br />
l’Instituto Projeto Neymar Jr à Praia Grande.<br />
Un tournoi mondial<br />
En 2018, plus de 125 000 joueurs de 62 pays<br />
ont participé au tournoi sur les six continents.<br />
C’est la team Caméléons qui est<br />
sortie des qualifications et a représenté la<br />
France. Cette année, plus de 4 000 participants<br />
sont attendus dans l’hexagone. Les<br />
« champions du monde » en titre sont les<br />
Mexicains chez les hommes et les Brésiliennes<br />
chez les femmes. Et si cette année<br />
la France ramenait la coupe à la maison ?<br />
SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL, FABIO PIVA/RED BULL CONTENT POOL<br />
84 THE RED BULLETIN
mai-juin<br />
Le 5 féminin en force<br />
Les footballeuses aussi peuvent s’inscrire<br />
au tournoi. Même terrain et même règles<br />
que pour leurs homologues masculins, et à<br />
en juger du bord du terrain, elles mettent<br />
souvent autant d’intensité dans les matches<br />
que les hommes. Si le football féminin est<br />
déjà très populaire au Brésil, la France n’est<br />
pas en reste. Preuve de l’engouement en<br />
plein essor pour le jeu, 32 équipes féminines<br />
soit 224 joueuses étaient inscrites l’an<br />
dernier et la participation à l’édition <strong>2019</strong><br />
s’annonce déjà en hausse. Notez que deux<br />
qualifications 100 % féminines auront lieu à<br />
Lyon le 19 avril et à Paris le 3 mai.<br />
Infos sur redbullneymarjrsfive.com<br />
Pression sur Neymar Jr<br />
chez lui au Brésil lors de<br />
la finale mondiale.<br />
Petit terrain pour grand tournoi<br />
125 000<br />
Vedat Under,<br />
team Caméléons<br />
« MIEUX VAUT<br />
MARQUER LE<br />
PREMIER BUT ! »<br />
Avec sa team Caméléons, Vedat a<br />
gagné le tournoi français en 2018.<br />
joueurs se sont inscrits au tournoi<br />
en 2018 soit environ 18 000 équipes !<br />
Elles étaient 62 à s’affronter lors de la<br />
finale internationale au Brésil sous les<br />
yeux de NeymarJr, ce dernier jouant<br />
avec sa team contre les vainqueurs.<br />
Pour la finale au Brésil l’an dernier,<br />
une équipe a défendu le<br />
drapeau tricolore chez les filles<br />
et les garçons : la team Caméléons.<br />
Vainqueurs des qualifications<br />
françaises, cette bande de<br />
potes brille sur les terrains de<br />
street foot. Son représentant,<br />
Vedat Under, vous prodigue<br />
quelques conseils.<br />
THE RED BULLETIN : Prêts à<br />
défendre votre titre au <strong>Red</strong><br />
Bull Neymar’s JR Five <strong>2019</strong> ?<br />
VEDAT UNDER : On va essayer.<br />
Masculin et féminin, on a fait<br />
fort avec le doublé l’an dernier<br />
donc on va essayer de réitérer<br />
ça pour cette nouvelle édition.<br />
Quelles sont les qualités d’un<br />
bon joueur de Five ?<br />
Il faut être technique. Il faut<br />
avoir la dalle, la grinta, ne jamais<br />
rien lâcher. Il faut toujours<br />
vouloir gagner. Comme le<br />
2 joue<br />
terrain est plus petit, il y a plus<br />
de duels donc il faut être présent<br />
et dur sur l’homme. Il y a<br />
beaucoup de contacts.<br />
Quelles sont les clés pour<br />
gagner ce genre de tournoi ?<br />
Il faut être unis et solidaires sur<br />
le terrain. Et tout donner bien<br />
sûr. Il faut des joueurs techniques<br />
mais aussi des joueurs<br />
qui soient là pour « tenir la baraque<br />
», pour défendre. Si l’on<br />
se prend un but, un joueur est<br />
exclu, donc après ça devient<br />
difficile de gagner. Il vaut donc<br />
mieux marquer le premier but.<br />
Les cages sont petites, il faut<br />
être précis, avoir du sang froid.<br />
Le Brésil l’an dernier, en présence<br />
de Neymar Jr, ça devait<br />
être complètement dingue ?<br />
C’était magique. On sait tous<br />
que c’est le pays du foot, mais<br />
c’est encore plus le pays du<br />
mètres : c’est le diamètre de la zone<br />
de but. Ce demi-cercle devant les<br />
cages est une zone spéciale dans laquelle<br />
aucun joueur ne peut pénétrer,<br />
sous peine de se faire sanctionner. On<br />
au Five sans gardien de but.<br />
street foot. Même ici en France<br />
on a grandi avec le « joga bonito<br />
», Ronaldinho… c’était un rêve<br />
d’aller là-bas. On a été super<br />
bien accueilli, tout était très<br />
bien organisé. Le niveau du<br />
tournoi était très élevé avec des<br />
équipes du monde entier. On a<br />
réussi à sortir des poules mais<br />
on a eu la malchance de tomber<br />
sur les Brésiliens et eux, ils ne<br />
rigolent vraiment pas. On n’a<br />
pas réussi à les battre mais<br />
malgré la défaite, on n’en garde<br />
que du positif.<br />
Est-ce que Neymar Jr a joué ?<br />
Oui, contre les vainqueurs !<br />
Quand il est arrivé c’était de la<br />
folie, il a montré tout son talent.<br />
THE RED BULLETIN 85
G U I D E<br />
Voir.<br />
POUR LES<br />
FOUS DE<br />
MOTEURS<br />
Le sport mécanique<br />
donnera de la force à<br />
votre écran ce mois-ci,<br />
avec le meilleur des<br />
épreuves de dirt bike,<br />
du rallye et du Moto-<br />
GP. Accrochez-vous !<br />
REGARDEZ<br />
RED BULL TV<br />
PARTOUT<br />
<strong>Red</strong> Bull TV est une chaîne de<br />
télévision connectée : où que<br />
vous soyez dans le monde,<br />
vous pouvez avoir accès aux<br />
programmes, en direct ou en<br />
différé. Le plein de contenus<br />
originaux, forts et créatifs.<br />
Vivez l’expérience sur redbull.tv<br />
2juin DIRECT<br />
ERZBERG RODÉO :<br />
RED BULL HARE SCRAMBLE<br />
Une montagne, 15 points de contrôle, 4 heures, 500 concurrents<br />
pour seulement une poignée à l’arrivée. Bienvenue à la 25 e édition du<br />
<strong>Red</strong> Bull Hare Scramble, la course de Hard Enduro la plus relevée au<br />
monde. Les pilotes enchaînent montées sans fin, descentes redoutables<br />
et des passages rocheux infernaux dans la carrière d’Erzberg<br />
(Autriche). L’Anglais Graham Jarvis parviendra-t-il à s’imposer à nouveau<br />
et à conserver l’unique trophée de la compétition, taillé dans la<br />
roche de l’Erzberg ? Réponse en direct du 30 mai au 2 juin.<br />
Le pilote anglais<br />
Sam Winterburn<br />
attaque la côte du<br />
<strong>Red</strong> Bull Hare<br />
Scramble de 2017.<br />
31<br />
mai au 2 juin DIRECT<br />
WRC PORTUGAL<br />
Le Rallye du Portugal est l’une des étapes historiques<br />
à la création du Championnat du<br />
Monde WRC en 1973. <strong>2019</strong> marque son retour<br />
dans le circuit. Sébastien Loeb, Ott Tänak et<br />
Sébastien Ogier, tenant du titre depuis six<br />
ans, seront à l’œuvre lors de cette étape élue<br />
à cinq reprises meilleur rallye au monde.<br />
SEBASTIAN MARKO/RED BULL CONTENT POOL, @WORLD/RED BULL CONTENT POOL,<br />
GEPA PICTURES/RED BULL CONTENT POOL, FUTURE7MEDIA/RED BULL CONTENT POOL<br />
86 THE RED BULLETIN
UNE COURSE<br />
SANS FIN<br />
Les autres points forts à suivre<br />
de près en mai…<br />
4 et 5 mai DIRECT<br />
MOTOGP TM , ROOKIES<br />
CUP, JEREZ<br />
Une fois de plus, sur le même week-end que<br />
le MotoGP, Jerez (Espagne) ouvre la saison<br />
de la <strong>Red</strong> Bull MotoGP Rookies Cup. Depuis<br />
son premier GP en 1987, le circuit n’a cessé<br />
d’être le théâtre de batailles inoubliables.<br />
10 et 12 mai DIRECT<br />
RALLYE DU CHILI<br />
Le WRC au Chili pour la première fois :<br />
l’ajout de cette étape à Concepción fait de<br />
l’édition <strong>2019</strong> la plus longue depuis 2008.<br />
14 mai NOUVEAUTÉ<br />
ÉPISODE FINAL DE<br />
RED BULL MOTO<br />
SPY, SAISON 3<br />
Une incursion dans les coulisses de l’AMA<br />
Supercross <strong>2019</strong>, pour découvrir la vie<br />
des concurrents entre deux courses.<br />
18 mai RECAP<br />
DÉBUT DE SAISON<br />
WESS EXTREME XL<br />
À LAGARES<br />
Musique de très haute<br />
qualité et interviews<br />
d’artistes influents.<br />
Restez à l’écoute…<br />
EN DIRECT<br />
DE DETROIT<br />
20<br />
mai<br />
À L’ANTENNE<br />
Chaque année, Detroit,<br />
berceau de la techno,<br />
accueille le festival Movement<br />
(25 au 27 mai), la<br />
plus grande manifestation<br />
de musique électro<br />
en Amérique du Nord.<br />
<strong>Red</strong> Bull Radio prend l’antenne<br />
le 20 mai, et propose<br />
notamment une<br />
Rendez-vous à Lagares, au Portugal, pour<br />
émission en direct de la<br />
le coup d’envoi de la World Enduro Super<br />
scène <strong>Red</strong> Bull avec des<br />
Series <strong>2019</strong>, une étape très exigeante.<br />
sets de Gucci Mane,<br />
Danny Brown, Disclosure,<br />
18 et 19 mai DIRECT<br />
Madlib ou Marie Davidson.<br />
Le programme alter-<br />
COUP D’ENVOI DES<br />
DRIFT MASTERS<br />
nera house, techno, hiphop,<br />
drum and bass,<br />
Les fans l’attendent depuis longtemps :<br />
l’Europe Drift Pro Series démarre à fond.<br />
5<br />
ghettotech, etc.<br />
25 mai RECAP<br />
WESS TRÈFLE<br />
LOZÉRIEN AMV<br />
À ÉCOUTER SUR<br />
Une épreuve moto d’enduro de vitesse et<br />
d’adresse devenue un grand classique. REDBULLRADIO.COM<br />
TREVOR DERNAI/RED BULL CONTENT POOL, BLAKE JORGENSON/RED BULL CONTENT POOL, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL, MATTHIAS HESCHL FOR WINGS FOR LIFE WORLD RUN<br />
avril - juin<br />
15<br />
avril AVANT-PREMIÈRE<br />
NORTH OF NIGHTFALL<br />
Suivez les vététistes Darren Berrecloth, Carson Storch,<br />
Cam Zink et Tom van Steenbergen en Arctique, dans un<br />
environnement chargé d’histoire, d’une extrême variété<br />
et doté de spots comme jamais ils n’en ont ridés.<br />
26<br />
avril AVANT-PREMIÈRE<br />
STEP OUT<br />
L’étonnante danseuse hip-hop Kyoka – une B-Girl native<br />
d’Osaka (Japon) soutenue par <strong>Red</strong> Bull – explore les origines<br />
diverses des danses de rue, et s’inspire de chacune<br />
pour créer une performance unique en exclusivité.<br />
mai DIRECT<br />
WINGS FOR LIFE<br />
WORLD RUN<br />
Rejoignez les 100 000 coureurs et athlètes en fauteuil<br />
roulant du monde entier. Les fonds collectés sont reversés<br />
à la recherche sur les lésions de la moelle épinière.<br />
THE RED BULLETIN 87
G U I D E<br />
BOUGEZ<br />
Photos LUKE KIRWAN<br />
LÉGER<br />
Le FASTPACKING associe ultra-trail et sac à dos ultraléger. Si autrefois<br />
les espaces sauvages étaient craints et évités ‒ ou conquis seulement<br />
par les plus téméraires ‒ ils sont aujourd'hui très prisés par les amateurs<br />
de rando et de course à pied. Et d'autant plus accessibles grâce aux<br />
dernières avancées technologiques. Notre sélection de matos vous<br />
aidera à braver les éléments... en toute légèreté.<br />
De haut en bas : NEW BALANCE Summit KOM, newbalance.fr ; ON Cloudventure trail-running, on-running.com<br />
88 THE RED BULLETIN
fastpacking / désert<br />
En 1984, le Français Patrick Bauer affronte seul et à pied le désert du Sahara. Douze jours et 350 km<br />
plus tard, il en ressort enthousiasmé, au point de fonder l’année suivante, le Marathon des Sables,<br />
l’une des courses à pied les plus difficiles au monde. « Les meilleurs marathoniens emportent des vivres<br />
et un équipement qu'ils ont maintes fois testés avant la course », explique l'Américaine Meghan Hicks,<br />
victorieuse de l'édition 2013.<br />
De gauche à droite à partir du haut : veste PEAK PERFORMANCE Raywind J, peakperformance.com ; panneau solaire BIOLITE<br />
SolarPanel 5+, eu.bioliteenergy.com ; visière NEW BALANCE Performance, newbalance.fr ; haut HELLY HANSEN Lifa Active Crew,<br />
hellyhansen.com ; lampe torche rechargeable GOAL ZERO Lighthouse micro USB, goalzero.com ; lunettes de soleil ADIDAS Zonyk<br />
Aero Midcut PR, adidassporteyewear.com ; collant de running PATAGONIA Peak Mission, patagonia.com ; couverture de poche 2.0<br />
MATADOR, matadorup.com ; chaussettes de rando STANCE Thunder Valley, fr.stance.eu.com ; gourde HYDROFLASK 32oz,<br />
hydroflaskfrance.fr ; veste hybride ARC’TERYX Beta SL, arcteryx.com ; short PEAK PERFORMANCE Max, peakperformance.com ;<br />
sac à dos THE NORTH FACE Shadow 30+10, thenorthface.fr<br />
THE RED BULLETIN 89
G U I D E<br />
fastpacking / montagne<br />
En course de montagne, le poids est déterminant. « Il s’agit de limiter le poids tout en ayant suffisamment<br />
à boire », a déclaré l’Espagnol Kílian Jornet, sextuple champion des Skyrunner World Series (et vainqueur<br />
du dernier Glen Coe Skyline) après avoir gravi l’Everest en 26 heures sans oxygène, en 2017. « J’ai pris<br />
deux litres d’eau dont un a gelé. » Le paquetage de Jornet ne dépasse pas 23 kg.<br />
En haut à gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : chaussures imperméables KEEN Targhee Lacet, keenfootwear.com ;<br />
chaussures MERRELL MQM Flex Mid Gore-Tex, merrell.com ; chaussures SALOMON X Ultra 3 Mid GTX, salomon.com<br />
90 THE RED BULLETIN
De gauche à droite à partir du haut : sac OSPREY Exos 48, ospreyeurope.com ; bonnet G MAMMUT Tweak, mammut.com ; tente<br />
HEIMPLANET Fistral, heimplanet.com ; navigateur GPS ARMIN eTrex Touch 25, garmin.com ; haut MONTANE Dart, montane.eu ;<br />
gants MAMMUT Astro, mammut.com ; gilet ICEBREAKER MerinoLOFT Hyperia Lite, eu.icebreaker.com ; bâtons BLACK DIAMOND<br />
Distance Carbon FLZ, blackdiamondequipment.com ; lunettes de soleil CÉBÉ Summit, cebe.com ; gourde HYDROFLASK 21oz,<br />
hydroflaskfrance.fr ; trousse de premiers soins LIFESYSTEMS Light and Dry Nano, lifesystemsoutdoor.com ; chaussettes<br />
STANCE Wind Range, fr.stance.eu.com ; réchaud PRIMUS OmniLite Ti, primus.eu ; tasse LIFEVENTURE Titanium, lifeventure.com ;<br />
outil polyvalent FULL WINDSOR <strong>The</strong> Muncher, full-windsor.com ; pantalon THE NORTH FACE Speedlight, thenorthface.fr ;<br />
boxer HELLY HANSEN Lifa Merino, hellyhansen.com ; lampe frontale BLACK DIAMOND Storm, blackdiamondequipment.com ;<br />
sac de couchage MARMOT Hydrogen, marmot.com ; veste à capuche SALOMON Drifter Mid, salomon.com
G U I D E<br />
fastpacking / neige<br />
De gauche à droite à partir du haut : sous-vêtements thermiques ML ras de cou et caleçon ODLO Futureskin, odlo.com ; bâtons de rando<br />
LEKI Micro Vario Carbon, leki.com ; sac OSPREY Levity 60, ospreyeurope.com ; boxer HELLY HANSEN Lifa Merino Windblock et bonnet<br />
Mountain, hellyhansen.com ; balise GPS SPOT X, findmespot.eu ; piolet BLACK DIAMOND Fuel, eu.blackdiamondequipment.com ;<br />
chaussettes de snowboard STANCE Calamajue All-mountain, stance.eu.com ; lampe frontale rechargeable BIOLITE 330 lumen LED,<br />
eu.bioliteenergy.com ; lunettes de soleil ADIDAS Tycane Pro Outdoor, adidassporteyewear.com ; crème solaire LIFESYSTEMS Mountain<br />
Sun Protection SPF50+, lifesystemsoutdoor.com ; caméra INSTA360 One X, insta360.com ; gilet RAB Microlight, rab.equipment/eu ;<br />
veste à capuche ARC’TERYX Thorium AR, arcteryx.com ; gants BLACK DIAMOND Spark, eu.blackdiamondequipment.com ;<br />
pantalon THE NORTH FACE Summit L5 GTX Pro, thenorthface.fr ; trousse de premiers soins MAMMUT, mammut.com<br />
92 THE RED BULLETIN
À la neige, le fastpacking comporte des avantages mais aussi des inconvénients : si la neige fondue<br />
fournit les besoins en eau, le choix des couches vestimentaires s’avère déterminant. Les organisateurs<br />
du Marathon du Pôle Nord (la température moyenne oscille entre − 25 et − 30 °C) préconisent deux<br />
couches pour les jambes, sans quoi on risque la surchauffe. « La transpiration refroidit le corps et<br />
gèle avec le froid, avec à la clé une possible hypothermie », prévient l’Américain Michael Wardian,<br />
vainqueur de l’épreuve en 2014.<br />
En haut à gauche dans le sens des aiguilles d’un montre : COLUMBIA Canuk Titanium Omni-Heat 3D Outdry, columbia.com ;<br />
THE NORTH FACE Verto S3K II GTX, thenorthface.fr ; MERRELL <strong>The</strong>rmos Rogue Mid GTX, merrell.com<br />
THE RED BULLETIN 93
fastpacking / forêt<br />
De gauche à droite à partir du haut : veste MONTANE Fleet, montane.co.uk ; short PEAK PERFORMANCE Light Softshell Carbon,<br />
peakperformance.com ; veste MARMOT Bantamweight, marmot.com ; chaussettes STANCE Thunder Valley, stance.eu.com ; lunettes<br />
de soleil SMITH OPTICS Tempo Max, smithoptics.com ; serviette de bain de poche MATADOR NanoDry, matadorup.com ; caleçon<br />
ICEBREAKER Bodyfitzone 150 Zone, eu.icebreaker.com ; pantalon cargo PEAK PERFORMANCE Iconic, peakperformance.com ;<br />
lampe frontale LIFESYSTEMS Intensity 230 LED, lifesystemsoutdoor.com ; sac MARMOT Kompressor Meteor 16, marmot.com ;<br />
bonnet HELLY HANSEN Winter Lifa, hellyhansen.com ; haut à capuche et zip ICEBREAKER Bodyfitzone 260 Zone, icebreaker.com
G U I D E<br />
« La course Jungle Ultra en Amazonie est plus difficile qu’au Sahara », c’est en tout cas ce qu’affirmait<br />
en 2017 l’ultrarunner malaisien Jeff Lau au sujet de la terrible course péruvienne de 230 km. Dans<br />
la jungle, c’est la totale : sentiers escarpés, terrain lourd ou rocailleux, racines d’arbres, rivières<br />
profondes, et insectes à profusion. Et quand il pleut, c’est la boue partout. Imperméabiliser votre<br />
équipement est donc essentiel, sans quoi l’humidité augmentera votre poids.<br />
Du haut à gauche dans le sens des aiguilles d’une montre : COLUMBIA Caldorado III, columbia.com ;<br />
SALOMON Outpath GTX, salomon.com ; KEEN Venture Low WP, keenfootwear.com<br />
THE RED BULLETIN 95
THE RED<br />
BULLETIN<br />
WORLDWIDE<br />
<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
est actuellement<br />
distribué dans sept<br />
pays. L’édition anglaise<br />
met science et ballet à<br />
l’honneur, une constellation<br />
plutôt rare…<br />
Le plein d’histoires<br />
hors du commun sur<br />
redbulletin.com<br />
Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />
part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />
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photos, illustrations et dessins qui engagent<br />
la seule responsabilité des auteurs.<br />
MENTIONS LÉGALES<br />
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96 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN<br />
Le 29 mai avec et le 6 juin avec<br />
dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />
LITTLE SHAO/BBOY NEGUIN/RED BULL CONTENT POOL
Le plein d’action.<br />
makes you fly<br />
Un plan à trois<br />
De la boue jusqu’aux genoux, des ruelles sinueuses, des cols brumeux… <strong>Red</strong> Bull Tuk,<br />
c’est le défi ultime des conducteurs de tuk-tuk du Sri Lanka qui rallie les villes de Kaluaggala<br />
et de Galle sur la côte, en passant par les montagnes. Pendant 36 heures non stop, les équipes<br />
de trois hommes s’affrontent sur trois roues lors de la troisième édition de cette course folle.<br />
Le prochain<br />
THE RED BULLETIN<br />
n° 88 disponible<br />
dès le 29 mai<br />
<strong>2019</strong><br />
DIMITRI CRUSZ/RED BULL CONTENT POOL DAVID MAYER<br />
98 THE RED BULLETIN
ALPHATAURI.COM