LIVRE BLANC 2019_ L'enseignement supérieur français acteur mondial
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19 L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
<strong>2019</strong> <strong>2019</strong> L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
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L’international commence en<br />
France, sur son campus<br />
L’atmosphère internationale<br />
est une réalité sur les<br />
campus comme ici celui<br />
de NEOMA BS<br />
Concept américain au départ, le campus a peu à peu séduit les écoles <strong>français</strong>es.<br />
Dans un contexte <strong>mondial</strong>isé, il permet de donner vie à une communauté d’étudiants<br />
issus des quatre coins de la planète. Une diversité riche, mais qui a besoin<br />
de coups de pouce pour être effective.<br />
138 hectares. C’est la taille du campus<br />
d’HEC à Jouy-en-Josas (78), l’un<br />
des plus grands d’Europe et l’un des<br />
premiers sur le vieux continent puisqu’il<br />
date de 1964. Aujourd’hui, 2000 étudiants<br />
de nationalités différentes y résident,<br />
mangent, étudient, font du sport,<br />
débattent, s’engagent au sein d’associations<br />
ou de clubs… Bref, un écosystème<br />
<strong>mondial</strong> s’y est développé, fruit d’une<br />
stratégie que François Collin, directeur<br />
délégué développement international,<br />
à HEC Paris, détaille ainsi : « HEC<br />
Paris a fait le choix d’une stratégie d’alliances<br />
académiques plutôt que celui<br />
d’une stratégie d’implantation de campus<br />
satellites à l’international. Beaucoup<br />
d’écoles <strong>français</strong>es ont retenu cette seconde<br />
option, mais nous pensons qu’un<br />
campus unique où le monde entier se<br />
retrouve, professeurs et étudiants, correspond<br />
mieux à la vocation internationale<br />
de HEC. Une stratégie multi-campus<br />
conduit souvent à spécialiser les<br />
différentes implantations avec une vocation<br />
de recrutement régional. L’expérience<br />
du campus HEC est difficilement<br />
reproductible ».<br />
60% des étudiants<br />
sont étrangers<br />
De fait, sur ledit campus, 60% des étudiants<br />
sont étrangers, un chiffre en<br />
constante augmentation qui a eu pour<br />
conséquence de faire évoluer la langue<br />
d’enseignement. Le <strong>français</strong> cède de plus<br />
en plus la place à l’anglais. C’est le cas<br />
pour la plupart des masters.<br />
Et pour cause… 105 nationalités sont présentes<br />
sur le campus de Jouy-en- Josas<br />
dont une majorité d’Allemands, d’Italiens,<br />
d’Espagnols. Une donnée qui, selon<br />
Julien Manteau, directeur du développement<br />
et de la stratégie, programmes<br />
pré-expérience d’HEC Paris, ne doit rien<br />
au hasard : « Notre objectif, c’est d’être la<br />
business school de référence en Europe.<br />
Nous tenons à avoir une masse critique<br />
en termes de volume d’étudiants européens<br />
car notre vocation, c’est de soutenir<br />
l’économie européenne en formant<br />
ses futurs dirigeants ».<br />
Reste que ce formidable melting-pot ne<br />
va pas nécessairement de soi. Le mélange<br />
doit être stimulé et entretenu, une mission<br />
dévolue notamment aux associations<br />
d’étudiants. « Au début, chaque nationalité<br />
créait sa propre association. Depuis<br />
un peu plus de cinq ans, les étudiants se<br />
mélangent au sein des différentes organisations<br />
et ils apprennent à mener des<br />
actions ensemble, une bonne préparation<br />
pour leur carrière future, car ils seront<br />
tous amenés à travailler avec des personnes<br />
étrangères même s’ils restent en<br />
France dans une entreprise <strong>français</strong>e »,<br />
explique Julien Manteau.<br />
Des rencontres interculturelles qui, par<br />
ailleurs, changent la vision du monde et<br />
la façon de l’appréhender : un étudiant<br />
en team building et on impose des exercices<br />
qui nécessitent d’aller vers l’autre,<br />
de se mélanger. On mixte ateliers pratiques<br />
et réflexions théoriques nous amenant<br />
à décrypter la performance des<br />
équipes multiculturelles, leur richesse,<br />
leur complexité… ».<br />
Une diversité de nationalités qui se couple<br />
avec une variété d’origines sociales et de<br />
parcours. Olga Kapitskaia en témoigne :<br />
« Les étudiants <strong>français</strong> sont issus de<br />
milieux homogènes (leurs parents sont<br />
cadres pour la plupart), ils sont tous un<br />
peu sur le même moule, surtout ceux qui<br />
sont passés par les classes prépa. La diversité<br />
est apportée par les admissions<br />
parallèles et les étudiants étrangers de<br />
par leur histoire de vie, leur expérience,<br />
leurs objectifs de carrière, leur vision du<br />
monde… même s’ils ne sont pas les plus<br />
démunis de leur pays. Financer ce type<br />
d’études coute cher ».<br />
Des programmes coûteux mais pas inaccessibles,<br />
un des atouts de l’Hexagone<br />
pour les étudiants étrangers. Prasad Das,<br />
un ancien étudiant de NEOMA d’origine<br />
indienne, l’atteste : « La France est un<br />
pays international et c’est cela qui nous<br />
attire. Le développement interculturel y<br />
est exceptionnel. C’est l’une des raisons<br />
pour lesquelles les étudiants internationaux<br />
choisissent d’étudier dans ce pays.<br />
Il y a également des raisons plus prad’HEC<br />
parti faire un voyage de six mois<br />
de la Terre de feu jusqu’au Mexique, a<br />
ainsi réussi à n’être hébergé que par des<br />
alumni HEC tout au long de son périple.<br />
« C’est une extraordinaire opportunité<br />
pour eux sur le plan personnel et professionnel<br />
mais cela n’empêche pas une diversité<br />
de comportements ; certains sont<br />
davantage repliés sur leur communauté<br />
que d’autres. Nous veillons donc à ce que<br />
cette diversité soit effective sur le campus<br />
», ajoute Julien Manteau.<br />
Apprendre à travailler<br />
ensemble<br />
Cette diversité est devenue une réalité<br />
pour la plupart des grandes écoles de<br />
commerce <strong>français</strong>e. Ainsi à Audencia,<br />
implantée à Paris et à Nantes, les étudiants<br />
étrangers sont également de plus<br />
en plus nombreux. 25 nationalités s’y côtoient<br />
aujourd’hui. Selon Desi Schmitt,<br />
Vivre dans un environnement multiculturel au contact des étudiants<br />
venus du monde entier est crucial. C’est ce que vivent les étudiants de l’Essec.<br />
© Essec BS<br />
© NEOMA BS<br />
directrice des relations internationales,<br />
« cela transforme la vie de l’école en<br />
profondeur, surtout pour les étudiants<br />
<strong>français</strong> qui dès le début de leurs études<br />
apprennent à travailler avec d’autres<br />
nationalités. Ils acquièrent cette compétence<br />
et cette ouverture d’esprit juste<br />
en vivant sur le campus, une adaptation<br />
qui opère dans les deux sens. Chacun doit<br />
faire un pas vers l’autre, c’est la réalité<br />
de la vie professionnelle qui les attend ».<br />
Et pour mieux les préparer, l’école a institué<br />
une méthode pédagogique en petits<br />
groupes composés de Français et d’étrangers,<br />
un outil efficace pour se confronter<br />
à d’autres modes de travail. « C’est intéressant<br />
de voir que selon les nationalités,<br />
la façon d’analyser ou d’appréhender<br />
un sujet est très différente : les Français<br />
sont les plus cartésiens, les Indiens sont<br />
davantage anglo-saxons dans leur approche<br />
et donc plus pragmatiques, les<br />
Brésiliens ou les Colombiens sont rapidement<br />
dans l’action et plus directs… »,<br />
détaille Desi Schmitt.<br />
Olga Kapitskaïa, professeur à Audencia<br />
depuis 2010 et responsable des masters<br />
internationaux, confirme : « Il y a un<br />
apprentissage interculturel à initier et<br />
à expérimenter avant de les amener à<br />
travailler ensemble car il ne faut pas<br />
sous-estimer les chocs culturels. Dans<br />
les masters internationaux, on s’organise<br />
tiques : il existe de nombreuses bourses<br />
et aides offertes par le gouvernement<br />
<strong>français</strong>, les frais de scolarité sont abordables,<br />
la procédure de visa est simplifiée<br />
avant et après les études, les étudiants internationaux<br />
ont souvent appris le <strong>français</strong><br />
en deuxième langue. Du coup, les<br />
campus se transforment en un environnement<br />
international. »<br />
Léa Dos Reis Silva, présidente du bureau<br />
international de NEOMA, abonde :<br />
« La dimension internationale apporte<br />
beaucoup de dynamisme au campus et à<br />
l’école. C’est positif d’échanger avec des<br />
personnes d’autres cultures et de parler<br />
différentes langues. Pour certains, c’est<br />
une vraie découverte. Cette ouverture au<br />
monde met à mal les clichés. Vivre ensemble<br />
permet de réaliser qu’on est tous<br />
semblables. Cela forme les citoyens que<br />
nous sommes ».<br />
Développer la diversité<br />
La plupart des étudiants étrangers sont<br />
recrutés grâce à des partenariats avec<br />
des établissements d’enseignement <strong>supérieur</strong>,<br />
mais pas seulement. Ainsi, l’EM<br />
Strasbourg compte un tiers d’étudiants<br />
étrangers venus étudier en France dans le<br />
cadre soit d’un échange soit d’un recrutement<br />
individuel via un réseau d’agents