LIVRE BLANC 2019_ L'enseignement supérieur français acteur mondial
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
25 L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
<strong>2019</strong> <strong>2019</strong> L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
26<br />
© NEOMA BS<br />
Un corps professoral<br />
de plus en plus international<br />
Longtemps franco-<strong>français</strong>es les Grandes écoles hexagonales ont recruté<br />
en grand nombre ces dernières années des enseignants-chercheurs d’autres nationalités.<br />
Une nécessité pour former des jeunes ouverts sur le monde et rester dans la course<br />
internationale. Gros plan sur des business schools <strong>français</strong>es pionnières de ce mouvement.<br />
internationales pour le logement, les activités sportives,<br />
l’Internet, etc. C’est toute une culture de l’accueil que<br />
nous évaluons mais tout le monde ne s’attend pas à<br />
avoir tout de suite le score maximum de trois étoiles.<br />
D’autant que tout ne dépend pas des établissements.<br />
Les CROUS sont également un <strong>acteur</strong> majeur de l’accueil.<br />
O. R : Avec toutes ces actions, l’objectif<br />
affiché d’atteindre les 500 000 étudiants<br />
chaque année vous paraît-il envisageable ?<br />
Je rappelle que nous en sommes à peu près<br />
à la moitié : 245 000 en 2016.<br />
B. K : Tous les pays d’accueil sont en croissance. C’est<br />
donc un objectif atteignable dans les dix ans. Pour cela<br />
nous devons encore plus mettre en avant que nous<br />
ne sommes pas que le pays artistique et littéraire que<br />
beaucoup imaginent dans le monde. Que nous formons<br />
également d’excellents scientifiques, managers, etc.<br />
Toute une palette de formations que nous sommes<br />
pratiquement les seuls à pouvoir proposer.<br />
De plus, nous attirons des étudiants du monde entier<br />
quand d’autres, l’Australie avec l’Asie par exemple, se<br />
focalisent sur une partie du monde. Il faut le mettre<br />
en avant. Nous devons également délivrer plus de<br />
programmes en anglais, et ce dès le niveau licence.<br />
Aujourd'hui la plupart sont dispensés au niveau master<br />
alors que les Indiens, les Chinois ou les Brésiliens<br />
partent étudier à l’étranger dès le bachelor.<br />
Il faut aussi penser à faire évoluer notre offre pour<br />
répondre aux nouveaux besoins de formation. Un<br />
exemple : en Chine émerge tout un marché de la fin du<br />
secondaire avec des élèves mineurs qui ne passent<br />
plus le Gao Kao – le bac chinois – mais les A-Levels<br />
britanniques ou le SAT américain. Ils apprennent l’anglais<br />
très tôt et préfèrent ensuite intégrer une école<br />
hôtelière aux Etats-Unis ou en Suisse. Nous devons<br />
pouvoir répondre à cette demande.<br />
O. R : Quelle stratégie internationale<br />
doivent privilégier les établissements<br />
d’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> pour se<br />
développer selon vous ?<br />
B. K : Il faut d’abord être bien conscient qu’une partie<br />
du public auquel nous nous adressons, et notamment<br />
asiatique, ne jure que par les classements. Des classements<br />
qui sont réalisés selon un modèle anglo-saxon<br />
qui ne nous favorise pas. Mais, si on y regarde de près,<br />
nous nous situons sur le plan académique à un 5 ème<br />
ou au 6 ème rang <strong>mondial</strong> qui correspond à notre rang<br />
économique. Et nous avons les meilleures écoles de<br />
management au monde !<br />
Améliorer sa notoriété internationale demande aussi<br />
un investissement constant et sur le long terme de la<br />
part des établissements. En consacrant beaucoup<br />
de moyens à leurs recrutements internationaux, en<br />
étant présentes sur les réseaux sociaux, en ayant des<br />
sites en anglais, en allant recruter des professeurs,<br />
les écoles de commerce ont connu des progressions<br />
spectaculaires ces dernières années.<br />
Mais il faut aussi que nous arrêtions de changer constamment<br />
les marques de nos établissements au gré des<br />
fusions et des rapprochements. C’est du marketing de<br />
base. Comment voulez-vous que les étudiants ou les<br />
alumni s’y retrouvent ? Harvard n’a jamais changé de<br />
nom depuis près de 400 ans !<br />
Des étudiants<br />
de NEOMA<br />
Arpenter le couloir qui dessert les bureaux<br />
des enseignants-chercheurs<br />
de Rennes School of Business est<br />
un peu comme faire le tour du monde en<br />
80 secondes… L’une des benjamines des<br />
écoles de management <strong>français</strong>es, qui<br />
revendique 91 % de professeurs étrangers<br />
(un record ou presque), a été pensée<br />
dès sa création, en 1990, de manière internationale,<br />
avec un projet : former en<br />
anglais et par des natifs, des managers<br />
capables de travailler dans un environnement<br />
multiculturel. Une démarche alors<br />
très innovante.<br />
Au milieu des années 90, le recrutement<br />
de professeurs étrangers reste minoritaire,<br />
lorsque HEC, « en quête d’enseignants-chercheurs<br />
capables de produire<br />
des travaux de recherche au plus haut niveau,<br />
et d’enseigner à un public étudiants<br />
de plus en plus international, se tourne<br />
vers le marché international », se souvient<br />
son doyen de la faculté et de la recherche,<br />
Jacques Olivier.<br />
Les années 2000 :<br />
la création de<br />
programmes en anglais<br />
Peu à peu, rattrapées par la <strong>mondial</strong>isation,<br />
toutes les Grandes écoles vont suivre<br />
et se mettre à l’heure internationale.<br />
D’abord en tissant des partenariats académiques<br />
avec des universités du monde<br />
entier puis, au tournant des années 2000,<br />
en créant des parcours d’études en anglais.<br />
« Comme nous ne trouvions pas de<br />
professeurs pour dispenser ces cours en<br />
France, nous nous sommes tournés vers<br />
l’étranger », se souvient Jean-Philippe<br />
Ammeux, le directeur général de l’Ieseg<br />
La rentrée des étudiants, ici à Grenoble EM, est l’occasion d’une première rencontre avec des professeurs<br />
de plus en plus internationaux<br />
qui a lancé un programme Grande école<br />
100% en anglais en 2002.<br />
Puis, l’avènement d’un marché global de<br />
l’enseignement <strong>supérieur</strong>, régi par un système<br />
d’accréditations internationales et<br />
de classements, fondés sur la recherche,<br />
a poussé les établissements à renforcer<br />
leurs équipes de chercheurs et à recruter<br />
de plus en plus à l’étranger. Impossible<br />
en effet de décrocher ces précieux labels<br />
qualité et d’émerger dans les classements<br />
sans des équipes enseignants-chercheurs<br />
capables de publier dans les meilleures revues<br />
internationales.<br />
© Grenoble EM