LIVRE BLANC 2019_ L'enseignement supérieur français acteur mondial
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9 L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
<strong>2019</strong> <strong>2019</strong> L’enseignement <strong>supérieur</strong> <strong>français</strong> <strong>acteur</strong> <strong>mondial</strong><br />
10<br />
Marie Cayuela<br />
Quand Marie Cayuela est encore<br />
lycéenne, elle est tiraillée entre<br />
deux orientations : une école de<br />
commerce – elle pense en l’occurrence à<br />
ESCP Europe – ou une voie académique<br />
faisant davantage appel à la créativité.<br />
C’est cette deuxième option qu’elle privilégie<br />
en terminale. Après son bac, Marie<br />
intègre donc l’école de design Strate.<br />
« J’ai craqué pour cette école, pour sa<br />
dimension internationale – j’ai été expatriée<br />
en Chine quand j’étais petite durant<br />
quatre ans, les voyages font partie de ma<br />
vie -, ses nombreux partenariats, sa pédagogie<br />
professionnalisante. Je voulais être<br />
opérationnelle dès le début de ma carrière<br />
», confie Marie, 22 ans aujourd’hui.<br />
Cap sur la Chine. En fin de deuxième<br />
année, Marie effectue un stage ouvrier<br />
de deux mois chez Decathlon en Chine,<br />
à Shanghai, un pays qu’elle connaît bien<br />
et où elle a de nombreux amis. Le choix<br />
de l’entreprise n’est pas non plus un hasard<br />
: « Je me sens proche de Décathlon<br />
et de ses valeurs sportives, de son engagement<br />
favorisant le sport pour tous. Et<br />
puis, c’est une entreprise dynamique ».<br />
L’intérêt du stage réside également dans<br />
sa localisation. Outre l’attache affective,<br />
Marie y trouve son compte sur un plan<br />
professionnel : « Il y a des bureaux de<br />
production et de conception dans différents<br />
pays, dont la Chine, où on est<br />
proche des usines de fabrication. On peut<br />
suivre un produit jusqu’à la phase finale<br />
et c’est aussi cela que j’aime dans le design<br />
: rencontrer les fournisseurs, visiter<br />
les usines. J’ai aussi pu me perfectionner<br />
en chinois et en anglais ». Elle<br />
ajoute : « Ce que je recherche dans les<br />
voyages, c’est le contact avec les autres<br />
cultures, les locaux. C’est important pour<br />
un enrichissement personnel et professionnel.<br />
Je suis tout autant passionnée<br />
de travailler avec des profils différents<br />
du mien (ingénieurs, commerciaux, etc.)<br />
que de côtoyer des personnes originaires<br />
d’autres pays ».<br />
« Il faut partir,<br />
c’est une<br />
obligation »<br />
Cap sur la Suède. Après cette expérience<br />
chinoise, Marie décide de rester<br />
en France quelques temps et d’y effectuer<br />
son stage de troisième année, à Lille,<br />
chez Boulanger. Mais l’attirance pour<br />
l’étranger la rattrape et l’année suivante<br />
elle s’envole pour Lund en Suède dans le<br />
cadre d’un échange Erasmus. « J’ai choisi<br />
la Suède car c’est le premier pays du<br />
design. C’est dans leur culture et c’est au<br />
cœur de beaucoup de leurs projets car le<br />
design donne du sens. Cet échange a été<br />
très productif sur le plan académique<br />
d’autant que l’université est très bien<br />
équipée en machines et en matériel ».<br />
Un apport intellectuel et technique mais<br />
aussi humain. « A la faculté, les designers,<br />
architectes, ingénieurs… étaient mélangés.<br />
Nous formions une grande famille.<br />
Côtoyer des ingénieurs m’a ouvert les<br />
yeux sur les apports réciproques de nos<br />
disciplines. Cette dimension pluridisciplinaire<br />
m’a beaucoup plu ainsi que le mélange<br />
des nationalités et la multiculturalité<br />
», se souvient Marie en évoquant, non<br />
sans nostalgie, la dynamique communauté<br />
d’étudiants, les virées à la montagne,<br />
les soirées et ses nombreux voyages dans<br />
les autres pays scandinaves.<br />
Le design plus le commerce. Aujourd’hui<br />
en cinquième année, la jeune<br />
femme a opté pour une majeure « produit<br />
». Dans ce contexte, elle a décidé<br />
d’effectuer un stage diplômant qui se traduira<br />
par une formation de trois mois à<br />
ESCP Europe en entrepreneuriat. « Ainsi,<br />
j’aurai fait aboutir mes deux projets<br />
de lycéenne, le design et le commerce. Et<br />
cela fait sens car je souhaite devenir une<br />
“intrapreneuse” c’est-à-dire intégrer une<br />
entreprise mais rester autonome et garder<br />
la main sur mes créations jusqu’à<br />
leur finalisation. Grâce à ESCP Europe,<br />
je me doterai d’outils me permettant de<br />
gérer l’ensemble du processus alors que<br />
de nombreux designers se contentent de<br />
créer puis de léguer à d’autres leur création<br />
», explique Marie, qui prend plaisir<br />
à exposer son parcours.<br />
Du reste, aux jeunes qui vont faire leur<br />
entrée dans des écoles, elle veut dispenser<br />
un message : « Il faut partir, c’est une<br />
obligation. Sinon, vous le regretterez. En<br />
tant que Français, notre ouverture au<br />
monde est limitée. Séjourner à l’étranger,<br />
c’est une opportunité offerte par les<br />
écoles et il faut la saisir. Tout le monde<br />
n’a pas cette chance ».<br />
«<br />
Alexandre Planchez<br />
J<br />
’ai choisi l’école d’ingénieurs EPF<br />
parce qu’elle se situait près de chez<br />
moi – je finance mes études, la proximité<br />
m’arrangeait – et sa dimension internationale<br />
», explique Alexandre Planchez,<br />
21 ans. A EPF, en effet, les étudiants<br />
doivent passer un semestre à l’étranger<br />
durant leur cursus, en séjour d’études ou<br />
en stage si le relevé de notes ou le niveau<br />
d’anglais n’est pas suffisant. Pas un problème<br />
pour Alexandre qui se retrouve à<br />
devoir choisir entre 150 universités partenaires.<br />
« J’avais deux critères : étudier<br />
l’informatique et aller dans un pays scandinave.<br />
Je suis fasciné par leur culture,<br />
leur histoire et leur nature. J’ai opté pour<br />
la Finlande – à Vaasa exactement - où de<br />
surcroit le système éducatif a très bonne<br />
réputation ».<br />
Vivre en autonomie. Alexandre n’est jamais<br />
allé en Scandinavie auparavant ; il<br />
se souvient encore de ses premiers étonnements<br />
: un sauna dans chaque habitation,<br />
la nuit sans discontinuer et les effets<br />
sur le métabolisme, les magasins<br />
ouverts 24h/24… « Tous les élèves étrangers<br />
étaient logés dans le CROUS local.<br />
C’était simple de se faire des amis. Mais<br />
c’était aussi le plus dépaysant pour moi :<br />
vivre en autonomie alors qu’avant, j’étais<br />
chez mes parents », relate Alexandre.<br />
Sur le plan académique, en revanche,<br />
pas de surprise ou de choc culturel : les<br />
cours enseignés sont proches de ceux<br />
que l’étudiant aurait suivis en France. Ce<br />
qui change, c’est l’accès à un laboratoire<br />
doté de puissants ordinateurs, robots, serveurs...<br />
Et son corollaire : « l’enseignement<br />
y est plus pratique qu’en France.<br />
On apprend sur de vraies machines. Du<br />
coup, j’ai poussé plus loin certaines notions<br />
techniques ». Il reprend : « Sur le<br />
plan personnel, ça m’a appris à vivre<br />
dans une micro-communauté, à gérer<br />
un budget, à m’adapter à la vie locale…<br />
Cela a été dur de revenir chez mes parents<br />
après cette expérience ».<br />
« Je me suis recentré<br />
sur l’essentiel »<br />
Savoir s’adapter. Un séjour qui a eu un<br />
effet profond sur le jeune homme : « J’ai<br />
découvert que je pouvais me débrouiller,<br />
ça m’a donné confiance. Et aussi, en<br />
Finlande, les gens sont calmes et posés.<br />
Je prends plus mon temps aujourd’hui,<br />
je ne me précipite plus. Je me suis recentré<br />
sur l’essentiel : la famille, les vrai(e) s<br />
ami(e) s. Ca m’a permis de faire du tri<br />
dans ma vie », confie-t-il.<br />
Alexandre sera diplômé en septembre<br />
2020 après avoir fait un stage de fin<br />
d’études. Il regarde du côté de l’Espagne,<br />
car il parle la langue du pays, et imagine<br />
débuter sa carrière là-bas. Il sait désormais<br />
qu’il pourra s’adapter sans problème<br />
à la vie dans un pays étranger.