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Magazine BEAST #15 2019

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#Business | Mobility<br />

21<br />

Enfin, à ce jour, 85% des navetteurs frontaliers privilégient<br />

la voiture aux transports en commun, chaque jour. S’ils sont<br />

aujourd’hui au nombre de 195 000, nous pourrions compter<br />

jusqu’à 320 000 frontaliers avant 2050…<br />

De manière globale, quelles sont les principales tendances<br />

du secteur de la mobilité ? Lesquelles ont le potentiel<br />

de redéfinir la mobilité au Grand-Duché ?<br />

Les problèmes que connaît le Luxembourg sont, à ma<br />

connaissance, globalement similaires à ceux que connaissent<br />

les autres grandes villes européennes. La proximité des<br />

frontières rend néanmoins la mise en œuvre politique des<br />

solutions plus complexe.<br />

Quant à la transformation de la mobilité, plusieurs axes<br />

peuvent être explorés. Dans un premier temps, tout comme<br />

pour l’énergie, la meilleure « mobilité » est celle que l’on<br />

ne consomme pas. Le développement de nouveaux<br />

services digitaux tout comme le télétravail sont une source<br />

d’économie. Citons également le développement conjoint de<br />

la multimodalité, des transports en commun et de la mobilité<br />

douce. Jusqu’il y a peu, la faiblesse de l’usage des transports<br />

en commun résidait dans la réalisation du ou des derniers<br />

kilomètres. À titre d’exemple, dans un réseau en étoile,<br />

un très court parcours exprimé en distance peut s’avérer<br />

très long en temps. Mais aussi, pour les navetteurs, un trajet<br />

court reliant la gare au lieu de travail nécessite parfois autant<br />

de temps que le trajet en train. L’avènement des vélos et<br />

trottinettes électriques ainsi que des monoroues permet<br />

de combler partiellement ces lacunes. C’est également le<br />

cas des plateformes digitales favorisant la multimodalité et<br />

qui facilitent clairement la vie des usagers et les incitent<br />

à recourir davantage aux transports en commun. Je citerai<br />

comme exemple l’application « MinRejseplan » que j’ai<br />

récemment utilisée à Copenhagen et qui propose de manière<br />

très efficace et ergonomique de nombreuses alternatives<br />

pour chaque trajet.<br />

Enfin, l’économie du partage devrait également se<br />

développer au Luxembourg. Une voiture reste en<br />

réalité immobilisée la majeure partie de son temps<br />

: le partage du véhicule est donc une solution qu’il<br />

ne faut pas négliger. Cette solution fonctionne très<br />

bien dans les environnements fortement urbanisés<br />

et densément peuplés comme les grandes capitales<br />

européennes. Cette tendance mettra plus de temps<br />

à se développer au Grand-Duché dont le degré<br />

d’urbanisation est plus faible<br />

Quels sont les principaux freins au développement<br />

de cette nouvelle mobilité/mobilité alternatives ?<br />

Avant tout, le Luxembourg doit être en mesure de gérer la<br />

croissance attendue de sa population, comme discuté<br />

plus tôt, qui impactera nécessairement la mobilité au<br />

sein du pays.<br />

Si les solutions évoquées ci-dessus contribuent à<br />

une meilleure mobilité, il faut en gérer les effets de<br />

bord. Je pense notamment à la mobilité douce avec<br />

les trottinettes partagées qui encombrent les trottoirs.<br />

Puis, nous remarquons que certains nouveaux services<br />

contribuent parfois à une congestion accrue. A titre d’exemple,<br />

l’application Uber, si elle a contribué à démocratiser le taxi,<br />

amène un nombre conséquent de véhicules supplémentaires<br />

sur les routes des villes.<br />

Comment les produits d’assurance peuvent-il s’adapter<br />

à ces tendances ? Quelle est l’approche de Foyer ?<br />

Dans le modèle traditionnel, c’est le véhicule qui est au<br />

centre du contrat d’assurance, avec des utilisateurs qui<br />

doivent assurer leur(s) voitures, leur(s) scooter(s), etc.<br />

Or, avec l’avènement de la multimodalité et le développement<br />

de la mobilité douce, la voiture n’est plus qu’un élément de<br />

mobilité parmi les autres. Il est dès lors nécessaire de faire<br />

évoluer notre modèle en conséquence.<br />

Dans notre nouveau produit mozaïk, nous avons mis<br />

en avant ce principe en proposant le nouveau module<br />

« biens de loisirs » qui couvre toutes les alternatives à la<br />

mobilité traditionnelle. Les trottinettes et vélo électriques,<br />

hoverboards et autres engins similaires sont couverts contre<br />

le vol et la casse, et ce dans le monde entier.<br />

Qu’en est-il de la voiture autonome et du défi que son<br />

arrivée représente pour les spécialistes de l’assurance ?<br />

La voiture autonome est attendue avec impatience mais elle<br />

tarde à arriver. Et il semble que cela pourrait encore durer un<br />

certain temps...<br />

En réalité, malgré toutes les évolutions récentes, il reste<br />

très difficile de faire circuler dans le même environnement<br />

des voitures autonomes et traditionnelles. Plusieurs<br />

experts estiment même que cela ne sera pas possible<br />

et que les véhicules autonomes ne pourront à moyen<br />

terme véritablement rouler que sur site propre. En effet,<br />

l’environnement dans lequel circule un véhicule autonome<br />

doit être maîtrisé à la perfection et digitalement cartographié.<br />

De nombreuses questions subsistent tant d’un point de vue<br />

éthique que technique pour définir les algorithmes<br />

de pilotage, sans oublier que les législations<br />

nationales et internationales doivent évoluer<br />

pour permettre un développement significatif<br />

de ce type de véhicule.<br />

Quant aux défis qui se dressent face aux<br />

assureurs, j’en dénombre deux principaux :<br />

l’identification des responsabilités lorsqu’un<br />

véhicule autonome est impliqué, ainsi que la<br />

mesure du risque que représente la mise<br />

en circulation de chaque modèle de<br />

véhicule autonome. Car en effet,<br />

chaque modèle va disposer de<br />

son propre matériel (capteurs,<br />

caméras…) et d’algorithmes<br />

spécifiques : la qualité du<br />

pilotage ne sera a priori<br />

pas homogène.<br />

<strong>BEAST</strong> MAGAZINE <strong>#15</strong>

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