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The Red Bulletin Juin 2019

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FRANCE<br />

JUIN <strong>2019</strong><br />

HORS DU COMMUN<br />

Votre magazine<br />

offert chaque<br />

mois avec<br />

DIABLO<br />

Le danseur venu d’ailleurs


ÉDITORIAL<br />

LA PROMESSE<br />

D’UN BARBECUE<br />

« Dans ce cas-là, j’ramène tous mes amis ! » Extraite du<br />

fameux Tonton du Bled du groupe 113, cette phase du<br />

rappeur Rim’K, on aurait pu l’entendre de la bouche de<br />

Diablo. Quand <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> lui propose une cover<br />

story, le danseur se montre enthousiaste, mais veut<br />

convier ses potes, ceux qui ont contribué à sa réussite et<br />

l’ont toujours soutenu. « Venez chez moi, à Nice, je dirai<br />

à tout le monde de se pointer : on va faire un barbecue,<br />

il y aura du son, des MC’s, des danseurs, des motos… »<br />

CONTRIBUTEURS<br />

NOS ÉQUIPIERS<br />

HEIKO<br />

LASCHITZKI<br />

Dans le monde de l’art, le photographe<br />

berlinois est connu pour<br />

ses portraits de célébrités et ses<br />

photos backstage lors des défilés<br />

de mode. Mais la passion secrète<br />

de Heiko est la plongée et les<br />

voyages en Asie du sud-est. Pour<br />

notre sujet sur l’apnée dédiée aux<br />

débutants, nous l’avons envoyé à<br />

Coron, aux Philippines. « C’était<br />

dur de ne pas être distrait par la<br />

beauté de cet endroit », dit-il. On<br />

le croit… Plongez en page 36<br />

Chris Saunders (droite) a shooté des crews de danseurs dans son pays<br />

d’origine, l’Afrique du Sud, et se pointe à Nice pour s’occuper de Diablo.<br />

Du littoral, la mission se prolonge dans le quartier du danseur. Page 24<br />

Diablo tiendra sa promesse (barbecue compris) et un<br />

mois plus tard, c’est une journée en immersion dans son<br />

quartier des Moulins que nous avons la chance de vivre.<br />

Une ambiance authentique pour un shooting photo<br />

mémorable. Et pour connaître l’histoire d’un street<br />

dancer parmi les plus doués de sa génération.<br />

Lisez plus !<br />

Votre Rédaction<br />

MARK<br />

BAILEY<br />

Le journaliste anglais a interviewé<br />

des athlètes olympiques et des<br />

joueurs de foot de la Premier<br />

League, mais il a été choqué par la<br />

charge de travail physique et la<br />

force des danseurs du Royal Ballet<br />

de Londres, page 64. « Je les ai vus<br />

sacrifier leur journée entière dans<br />

une quête de perfection artistique,<br />

mais sur scène, ils rendent cela<br />

facile, dit-il. Et ils vont danser en<br />

club même si leurs pieds sont<br />

défoncés. Respect ! »<br />

CHRIS SAUNDERS (COUVERTURE)<br />

4 THE RED BULLETIN


SOMMAIRE<br />

juin<br />

REPORTAGES<br />

24 Le phénomène<br />

Pour notre sujet de une, le danseur Diablo a convié une clique<br />

de talents aux Moulins, à Nice. Sur son terrain, bien urbain.<br />

36 Nos aptitudes profondes<br />

Notre collaborateur a bougé aux Philippines pour s’initier à<br />

l’apnée. 48 heures pour atteindre 20 mètres : y parviendra-t-il ?<br />

48 Construire le possible<br />

L’île aux trésors de Josh Matlock, ce sont des terrains vagues de<br />

San Francisco sur lesquels il crée du bonheur : des skateparks.<br />

54 Chelcee Grimes<br />

Des hits ou des buts, l’artiste et footballeuse anglaise Chelcee<br />

Grimes fait ça bien. Un profil rare qui sait se démultiplier.<br />

58 Le crack ou le jeu<br />

Ce playground a probablement évité à une bande de potes de tomber<br />

dans la came. Trente ans plus tard, tout New York s’y presse.<br />

64 À la pointe<br />

Au Royal Ballet de Londres, au-delà des tutus et des collants,<br />

on a découvert un monde en pleine révolution technologique.<br />

36<br />

54<br />

BULLEVARD<br />

Un mode de vie<br />

hors du commun<br />

8 Elles font danser vos illusions<br />

12 Ce chien robot vous livrera chez<br />

vous, en « mains propres »<br />

14 Une kayakiste dans un trip solo<br />

en Inde. Et un chameau aussi<br />

16 Ces retraités préfèrent le<br />

skateboard à la canne tripode<br />

18 Les racines de Cherrie, reine<br />

indépendante du R’n’B<br />

20 Les chercheurs sous-marins vont<br />

pouvoir se reposer au sec<br />

22 Une playlist apocalyptique<br />

GUIDE<br />

Voir. Avoir. Faire.<br />

76 Voyage : mettez les voiles !<br />

80 Fitness : musclé et vert… Hulk ?<br />

82 Gaming : Apex Legends analysé<br />

84 <strong>Red</strong> Bull TV : restez branché<br />

85 Agenda : pour ne rien louper<br />

86 Agenda 2 : <strong>Red</strong> Bull Jour d’Envol<br />

90 Hi-tech : sensations améliorées<br />

96 Ours : ils et elles font le TRB<br />

98 Makes you fly : drapeau humain<br />

STEPHANIE SIAN SMITH, HEIKO LASCHITZKI, RICK GUEST<br />

6 THE RED BULLETIN


64<br />

THE RED BULLETIN 7


UN STYLE DE VIE HORS DU COMMUN<br />

BULLEVARD


La danseuse Dassy Lee<br />

est l’une des héroïnes de<br />

l’hallucinante vidéo tournée<br />

à Tricklandia en Slovaquie.<br />

VLADIMIR LORINC/RED BULL CONTENT POOL<br />

Trompe-l’œil<br />

L’ILLUSION D’UNE DANSE<br />

Trois icônes de la street dance dans un projet hallucinant.<br />

A priori, tout sépare<br />

l’univers de la street dance,<br />

née à New York, de celui<br />

des contes folkloriques slovaques.<br />

On pourrait donc en<br />

toute logique s’étonner de la<br />

décision de Marcel Valko,<br />

alias MiniBOJ (directeur artistique<br />

d’une compagnie de<br />

danse et de la marque de<br />

streetwear <strong>The</strong> Legits) de<br />

tourner sa vidéo dans un<br />

décor de conte de fées en<br />

Slovaquie. Tricklandia est<br />

un lieu à mi-chemin entre<br />

galerie d’art moderne et parc<br />

d’attractions, un monde imaginaire<br />

conçu autour d’histoires<br />

et de mythes de villages<br />

et de châteaux ; un jeu<br />

entre artistes et public élaboré<br />

pour leurrer les visiteurs.<br />

9


B U L L E V A R D<br />

Kyoka Yamamoto défie l’apesanteur dans la pièce renversée.<br />

C’est lors d’une visite dans<br />

ce lieu onirique que l’idée<br />

d’une vidéo de danse germe<br />

dans l’esprit du réalisateur<br />

slovaque. À son invitation,<br />

Dassy Lee (Corée), Angyil<br />

McNeal (USA) et Kyoka<br />

Yamamoto ( Japon), trois<br />

danseuses de street freestyle<br />

parmi les meilleures au<br />

monde, traversent la planète<br />

pour découvrir à leur tour cet<br />

endroit fait d’illusions et y<br />

chorégraphier des scénarios<br />

déroutants. Une performance<br />

en vidéo où réel et illusion se<br />

confondent au point de faire<br />

perdre la tête au spectateur.<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> s’est entretenu<br />

avec Marcel « MiniBOJ »<br />

Valko et la danseuse Dassy Lee<br />

à propos de leur processus de<br />

création et du rayonnement<br />

de la street dance auprès<br />

d’une audience féminine.<br />

the red bulletin : Marcel,<br />

en quoi le cadre de Tricklandia<br />

vous a-t-il inspiré ?<br />

marcel : J’ai d’abord découvert<br />

l’endroit avec mes<br />

« MÊME LE<br />

STAFF DU<br />

TOURNAGE<br />

PERDAIT<br />

L’ÉQUILIBRE. »<br />

enfants. Ici, l’abondance d’éléments<br />

visuels est incroyable.<br />

Quand je filme, je tends le<br />

plus possible vers l’étrange,<br />

et un lieu comme ça est rare.<br />

L’occasion était trop belle.<br />

Comment s’est passé le<br />

tournage dans ce lieu<br />

unique et surréaliste ?<br />

dassy : Ça restera une expérience<br />

géniale. D’innombrables<br />

pièces bougent autour<br />

de vous dans une ambiance<br />

délirante. Y danser ne fut<br />

cependant pas facile. Tout se<br />

reflète, je heurtais les murs<br />

parce que j’étais désorientée,<br />

au point d’en avoir la nausée.<br />

m : En traversant les pièces,<br />

les effets d’optique donnent<br />

le vertige. On a l’impression<br />

d’être attiré au sol, sans<br />

repères. L’une des pièces était<br />

renversée, une autre recouverte<br />

de miroirs… Même le<br />

staff du tournage perdait<br />

l’équilibre. Il y a aussi la Pièce<br />

sans fin, nous savions qu’elle<br />

serait idéale pour une session<br />

de popping, mais capturer<br />

toute cette folie à la caméra<br />

fut un gros défi.<br />

C’est quoi le popping ?<br />

d : Une danse de rue sollicitant<br />

tous les muscles du corps<br />

pour être dans le beat jusqu’à<br />

en devenir très robotique<br />

parfois.<br />

m : La plupart des gens ne font<br />

pas la différence entre popping<br />

et hip-hop. Ce n’est pas<br />

évident quand on n’est pas<br />

initié. Le popping est, à mon<br />

avis, bien plus difficile que le<br />

La vidéo de Valko exploite les installations trompeuses du lieu.<br />

break à cause de cette contraction<br />

de muscles qui en est la<br />

base. Vous pouvez pratiquer<br />

le popping à fond pendant<br />

tout un mois sans forcement<br />

progresser. Avec le break, vous<br />

répétez un pas de base en six<br />

étapes et vous le maîtrisez<br />

plus ou moins en un mois.<br />

Avec le popping, on s’entraîne<br />

inlassablement sans que les<br />

résultats soient visibles.<br />

Quelle place la musique<br />

tient-elle dans votre processus<br />

de création ?<br />

m : C’est le plus important.<br />

Une fois que j’ai la musique,<br />

je peux envisager tout le reste.<br />

Elle inspire tout ce que je<br />

filme. Pour cette vidéo, c’était<br />

différent. Cet endroit fou a<br />

dicté ma vision, il ne manquait<br />

plus qu’à trouver la<br />

bonne musique.<br />

d : Il est important d’avoir<br />

un timing qui évolue en permanence<br />

et un rythme marqué.<br />

Tout est dans l’utilisation<br />

du corps pour créer une relation<br />

authentique avec le son.<br />

Le choix de trois danseuses<br />

dans la vidéo était-il important<br />

?<br />

m : Ces filles sont la crème<br />

du popping, meilleures que<br />

la plupart des garçons. Elles<br />

ont assuré.<br />

d : La street dance est majoritairement<br />

un univers de<br />

garçons, les filles y sont peu<br />

présentes. C’était génial<br />

d’avoir des femmes puissantes<br />

avec différents styles de danse<br />

dans une même vidéo. Répéter<br />

ce genre d’expérience peut<br />

inciter d’autres filles à s’y<br />

mettre et leur montrer que les<br />

styles féminins sont multiples.<br />

La performance complète<br />

de Tricklandia à voir sur<br />

redbull.com<br />

VLADIMIR LORINC/RED BULL CONTENT POOL LOU BOYD<br />

10 THE RED BULLETIN


LG XBOOM, vivez l’intensité du son<br />

Des enceintes fun, festives et puissantes pour offrir une expérience<br />

sonore unique. Découvrez le son exceptionnel de la gamme XBOOM<br />

qui accompagnera tous vos moments de fête !<br />

En tant que partenaire de l’événement,<br />

LG accompagnera toutes les étapes<br />

du <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style <strong>2019</strong>.<br />

Go


B U L L E V A R D<br />

ANYmal sait tout faire<br />

comme un quadrupède<br />

: monter et descendre<br />

des marches,<br />

enjamber un obstacle,<br />

pousser un portail.<br />

Et même actionner<br />

une sonnette…<br />

Chien livreur<br />

ANYMAL-<br />

MACHINE<br />

D’ici 2025, ces robots pourraient<br />

bien livrer nos paquets sans que<br />

nous ayons à lever le petit doigt.<br />

C e charmant Petit<br />

animal robotisé ne cherche<br />

pas une nouvelle maison, il<br />

cherche votre maison. Pour<br />

livrer votre dernière commande<br />

en ligne. Cette vison<br />

du futur, Continental (fabricant<br />

de pneus et d’accessoires)<br />

l’a développée avec la start-up<br />

suisse ANYbotics, et présentée<br />

au salon CES à Las Vegas en<br />

début d’année.<br />

Créée en 2016 au sein du<br />

laboratoire de robotique de<br />

l’ETH Zurich, la start-up a<br />

peaufiné un prototype sur<br />

quatre pattes inspiré de la<br />

nature, jusqu’à le rendre parfaitement<br />

robuste et étanche.<br />

« ANYmal est un robot-livreur<br />

de la taille d’un chien moyen,<br />

haut de 50 cm et long de<br />

80 cm, avec une caméra dans<br />

la tête, aux articulations<br />

souples, capable de sauter, de<br />

planifier un mouvement et de<br />

se déplacer de manière autonome<br />

dans un environnement<br />

inconnu, déroule Péter<br />

Fankhauser, cofondateur de<br />

ANYbotics. ANYmal est en<br />

mesure de s’adapter à un environnement<br />

conçu pour les<br />

humains sans rester bloqué. »<br />

Et ainsi résoudre le problème<br />

du fameux dernier kilomètre<br />

(la dernière étape de livraison,<br />

mais aussi la plus compliquée<br />

en termes de logistique, entre<br />

le centre de dépôt et votre<br />

adresse). « Doté d’un software<br />

d’IA restreint, ANYmal n’est<br />

autorisé qu’à faire ce pour<br />

quoi il a été programmé. »<br />

Une autre vision du futur,<br />

réalisable à plus court terme,<br />

consisterait à utiliser ces « animaux-machines<br />

» pour effectuer<br />

divers travaux d’inspection<br />

industrielle ou de sécurité<br />

à la place des humains, quand<br />

les conditions s’avèrent dangereuses<br />

ou l’accès difficile.<br />

anybotics.com<br />

ANYBOTICS CHRISTINE VITEL<br />

12 THE RED BULLETIN


B U L L E V A R D<br />

14 THE RED BULLETIN


Nouria Newman<br />

PLEIN LE DOS<br />

DU KAYAK ?<br />

Cette photo vous ment… Pour son trip de<br />

sept jours en kayak en Inde, de la rivière<br />

Tsarap au fleuve Indus, Nouria Newman a<br />

voyagé en solo. C’est seulement après<br />

375 km d’un ride inédit que la Française a<br />

pu s’offrir une balade à dos de chameau.<br />

L’aventure et les frayeurs de Nouria<br />

en vidéo sur win.gs/LadakhProject<br />

ALI BHARMAL/RED BULL CONTENT POOL<br />

THE RED BULLETIN 15


B U L L E V A R D<br />

« RESTER<br />

SOI-MÊME EST<br />

CE QU’IL Y A DE<br />

PLUS REBELLE. »<br />

Very Old Skateboarders<br />

SKATE OR DIE !<br />

Lena Salmi, Finlandaise dans la soixantaine,<br />

a lancé un mouvement mondial de skate et<br />

prouve qu’il n’est pas réservé qu’aux ados.<br />

E n février 2018, Facebook<br />

poste des photos de ses<br />

groupes les plus originaux lors<br />

d’une expo à South Bank à<br />

Londres. Une communauté<br />

en ligne de skateurs en fait<br />

partie, mais le choix de ce<br />

groupe n’est lié ni au talent, ni<br />

aux trophées de ses membres.<br />

Pas question ici d’ados prodiges<br />

; la moyenne d’âge des<br />

skateurs est plus proche de<br />

soixante que de seize ans et<br />

leur seule motivation est de<br />

pratiquer le skate aussi longtemps<br />

qu’ils le peuvent. Le<br />

groupe Very Old Skateboarders<br />

and Longboarders réunit<br />

4 000 membres à travers le<br />

monde, âgés en majorité de<br />

60 à 99 ans, et entend casser<br />

l’image qu’on se fait de ce<br />

sport.<br />

Lena Salmi (aujourd’hui<br />

65 ans) et Elizabeth Stuart<br />

(67 ans) l’ont créé en 2013,<br />

après s’être rencontrées en<br />

France lors d’un camp de<br />

longboard. Elles y ont ressenti<br />

une discrimination du fait de<br />

leur âge. « Nous avons été<br />

traitées comme des vieilles<br />

dames, incapables de quoi que<br />

ce soit, se souvient Salmi.<br />

Nous avons pensé que rien ne<br />

justifiait ce traitement et que<br />

nous étions aussi capables que<br />

les autres. L’idée nous est alors<br />

venue de créer un espace réservé<br />

aux skateurs plus âgés. »<br />

En <strong>2019</strong>, le groupe prend<br />

de l’ampleur. La page Facebook<br />

est mise à jour quotidiennement<br />

avec des vidéos et des<br />

photos de ses milliers de skateurs<br />

seniors, tournées lors<br />

de compétitions, dans des<br />

skateparks. Plusieurs de ces<br />

adeptes ont donné une multitude<br />

d’interviews dans des<br />

médias internationaux. La<br />

philosophie du groupe est restée<br />

la même : « La seule condition<br />

pour adhérer au groupe<br />

est de vous être fait la réflexion,<br />

un jour ou l’autre, que<br />

vous étiez trop vieux pour pratiquer<br />

le skateboard, explique<br />

Salmi. Notre plus jeune<br />

membre était une femme de<br />

50 ans. On l’avait interpellée<br />

en lui demandant pourquoi<br />

elle pratiquait un truc de<br />

gosse… »<br />

Pour Salmi, le groupe Very<br />

Old Skateboarders existe pour<br />

dire aux gens de ne pas juger<br />

au premier regard. « Un peu<br />

de tolérance, lance-elle. Faire<br />

du skateboard à 65 ans est forcément<br />

un acte rebelle, mais<br />

il n’y a pas plus rebelle que de<br />

rester fidèle à soi-même. »<br />

Facebook : Very Old Skateboarders<br />

and Longboarders<br />

BEN AWIN/HYPEBAE LOU BOYD<br />

16 THE RED BULLETIN


UN CANAPÉ ESQUIVÉ,<br />

C’EST UNE SOIRÉE SAUVÉE.<br />

TU AS RATÉ LA SOIRÉE ? VIENS NOUS LA RACONTER<br />

SUR REDBULL.COM/NERATERIEN.<br />

Pour votre santé pratiquez une activité physique régulière. www.mangerbouger.fr


B U L L E V A R D<br />

Cherrie<br />

« L’ESPOIR EST LE<br />

MEILLEUR MOTEUR »<br />

La chanteuse R’n’B suédo-somalienne raconte<br />

sans fard le ghetto où elle a grandi, les mères fortes<br />

et l’importance d’être une artiste indépendante.<br />

« JE VIENS D’UN<br />

PAYS OÙ LES<br />

FEMMES SONT<br />

DES HÉROÏNES. »<br />

N ée en Norvège de<br />

parents somaliens, élevée en<br />

Finlande et en Suède et nourrie<br />

aux films Bollywood et au<br />

R’n’B américain, Sherihan<br />

« Cherrie » Hersi cumule les<br />

influences culturelles. Son<br />

second opus Araweelo, sorti<br />

en 2018, en est le parfait<br />

reflet. Elle y transforme l’harmonie<br />

sonore du R’n’B<br />

contemporain en des hymnes<br />

langoureux qu’elle susurre –<br />

en suédois – à l’oreille d’une<br />

jeunesse qui, comme elle, est<br />

issue de cette première génération<br />

qui cultive la pluralité<br />

culturelle scandinave.<br />

L’album lui a valu une<br />

nomination aux dernières<br />

Victoires de la Musique suédoises.<br />

Sa collaboration avec<br />

la star du grime Stormzy – qui<br />

a signé en 2016 la version<br />

anglaise de sa chanson Aldrig<br />

igen (må sådär)– et l’intérêt<br />

d’artistes d’envergure comme<br />

Rihanna, SZA et Ariana<br />

Grande ont fini par lui offrir<br />

une visibilité mondiale.<br />

the red bulletin : Le succès<br />

viral de 163 För Evigt (trad.<br />

163 pour toujours, ndlr) est<br />

une ode à Rinkeby, quartier<br />

populaire où vous avez vécu,<br />

et considéré par les médias<br />

conservateurs comme une<br />

« zone interdite »…<br />

cherrie : Enfant, si quelqu’un<br />

vous demandait dans quel<br />

quartier de Stockholm vous<br />

habitiez, on évitait de mentionner<br />

Rinkeby pour ne pas<br />

être étiqueté comme venant<br />

du ghetto. Mais je n’irais pas<br />

jusqu’à dire que c’est une zone<br />

interdite.<br />

Alors, vous le définiriez<br />

comment ?<br />

Comme un creuset. Pour moi<br />

c’est un lieu très spécial où<br />

vivent les gens les plus cool.<br />

Grandir au sein de toutes ces<br />

influences et cultures différentes<br />

rend intelligent, aide<br />

à comprendre le monde et<br />

à y trouver sa place.<br />

Vous avez fait le choix de<br />

l’indépendance et refusé les<br />

propositions de plusieurs<br />

maisons de disques. Pourquoi<br />

y tenez-vous autant ?<br />

Ce n’est pas facile pour les<br />

musiciens de garder la main<br />

sur leurs créations. Beaucoup<br />

d’artistes connus ne sont pas<br />

propriétaires de leur musique,<br />

elle appartient à des gens<br />

qu’ils ne connaissent pas. Mon<br />

indépendance m’est précieuse,<br />

elle est un gage de sérénité<br />

pour moi et ma famille. Et cela<br />

prouve à ceux qui se lancent<br />

qu’on peut se passer d’un<br />

contrat avec un label. Vous<br />

pouvez par exemple acheter<br />

un ordinateur, apprendre à<br />

vous en servir pour ensuite<br />

enregistrer vos propres compositions.<br />

Inspirer vos pairs, c’est<br />

cela qui stimule votre<br />

créativité ?<br />

Posséder une maison ou devenir<br />

PDG, les gens de Rinkeby<br />

n’osent même pas en rêver.<br />

Pour eux, voir quelqu’un<br />

comme moi, une femme noire<br />

musulmane, produire sa<br />

musique, sillonner le monde<br />

ou travailler avec Vogue leur<br />

donne de l’espoir. Et il n’y a<br />

pas de meilleur moteur que<br />

l’espoir pour avancer tous<br />

ensemble en tant que société.<br />

Vos racines somaliennes<br />

influencent-elles votre<br />

musique ?<br />

La Somalie est la terre des<br />

mille poètes ; faire de la musique<br />

était donc naturel pour<br />

moi. Dans l’adversité, la musique<br />

est un réconfort pour les<br />

Somaliens. Les mères somaliennes<br />

sont les personnes les<br />

plus fortes que je connaisse,<br />

ce sont des héroïnes. Venir<br />

d’un pays où les femmes sont<br />

à l’initiative reflète mon essence,<br />

avoir mon propre label<br />

Araweelo en est l’expression.<br />

Que signifie « Araweelo » ?<br />

Araweelo est une ancienne<br />

reine de Somalie réputée pour<br />

son courage. En Somalie, la<br />

femme est la cheffe de famille<br />

même si le père est présent.<br />

Avoir cette énergie féminine<br />

en moi est un moteur.<br />

Votre mère est-elle fan de<br />

votre musique ?<br />

Elle a assisté à quelques<br />

concerts. Elle est adorable.<br />

Elle parle le suédois mais a du<br />

mal à comprendre mes textes,<br />

alors elle écoute mes chansons<br />

et demande à mon petit frère<br />

de tout lui expliquer.<br />

La marque AlphaTauri a rendu<br />

visite à Cherrie à Rinkeby.<br />

Retrouvez la vidéo sur :<br />

win.gs/AlphaTauriCherrie ;<br />

Twitter : @Chxrrie<br />

CYPRIEN CLEMENT-DELMAS FLORIAN OBKIRCHER<br />

18 THE RED BULLETIN


Rihanna et Ariana<br />

Grande sont fans<br />

de Cherrie, la reine<br />

du R’n’B suédois.<br />

THE RED BULLETIN 19


B U L L E V A R D<br />

3 4<br />

Ocean Space<br />

Habitat<br />

1<br />

UNE NUIT CHEZ<br />

LES POISSONS<br />

Cet explorateur de l’océan permet<br />

de se reposer sous l’eau grâce à sa<br />

tente sous-marine. Même la nuit ?<br />

2<br />

5<br />

1. L’habitat gonflable<br />

s’attache à des brides<br />

fixées au fond<br />

de la mer.<br />

2. L’atmosphère intérieure<br />

est maintenue<br />

par une source d’oxygène<br />

renouvelable et<br />

des extracteurs de<br />

dioxyde de carbone.<br />

3. La chambre sèche<br />

peut accueillir deux<br />

plongeurs à l’aise ou<br />

trois en se serrant.<br />

4. La coque en vinyle<br />

recouverte de tissu est<br />

renforcée par des<br />

sangles en nylon et<br />

dotée de fenêtres.<br />

5. L’habitat tient dans<br />

un sac. Très pratique<br />

pour le transport.<br />

L es grands fonds<br />

marins ont toujours fasciné<br />

les humains : des histoires du<br />

capitaine Némo à la cité de<br />

l’Atlantide, ils n’ont cessé<br />

de titiller notre curiosité et<br />

notre imagination. Une tente<br />

sous-marine permet désormais<br />

à l’homme de respirer,<br />

manger et se reposer à une<br />

vingtaine de mètres de fond,<br />

rapprochant ainsi le mythe<br />

de la vie sous-marine du réel.<br />

Le concept est assez simple.<br />

Fabriquée en vinyle et en<br />

nylon avec des sangles en<br />

polyester, Ocean Space<br />

Habitat dispose de ventilateurs<br />

pour la circulation d’air<br />

et des épurateurs de dioxyde<br />

de carbone garantissant une<br />

atmosphère respirable pendant<br />

six heures. « C’est le<br />

principe du verre retourné<br />

dans un évier pour créer une<br />

poche d’air, explique son<br />

co-créateur, l’océanologue<br />

américain Michael Lombardi.<br />

En gros, c’est une tente remplie<br />

d’air qui déplace l’eau<br />

en créant un vide. »<br />

Aujourd’hui, l’exploration<br />

du monde du silence est limitée<br />

en durée et en fréquence.<br />

Si l’on compare notre connaissance<br />

des profondeurs marines<br />

avec l’exploration de l’espace,<br />

nous voyons que douze personnes<br />

ont marché sur la Lune<br />

contre trois seulement au<br />

fond des mers. « Depuis plus<br />

d’un demi-siècle, la règle des<br />

18 mètres pendant 60 minutes<br />

s’impose aux plongeurs pour<br />

éviter l’accident de décompression.<br />

Mais avec un habitat<br />

sous-marin, un chercheur<br />

pourra passer six heures ou<br />

plus à travailler par 18 mètres<br />

de fond sur une journée. »<br />

La prochaine étape est de<br />

tenter des descentes de nuit.<br />

« Le niveau de dioxyde de<br />

carbone et d’oxygène doit être<br />

surveillé et ajusté en permanence,<br />

ajoute Lombardi. L’objectif<br />

à douze mois est d’élaborer<br />

des protocoles permettant<br />

d’y passer la nuit. On apprend<br />

toujours quelque chose lors<br />

d’une balade l’après-midi,<br />

mais une virée nocturne ou le<br />

temps d’un week-end promet<br />

des découvertes de toutes<br />

sortes dans ce milieu. J’espère<br />

que notre relation à l’océan<br />

passera de la visite furtive vers<br />

un lien plus fort avec et dans<br />

la mer. » L’Atlantide n’est peutêtre<br />

qu’un fantasme, mais<br />

cette tente pour deux pourrait<br />

être une avancée de l’Homme<br />

vers une vie sous-marine.<br />

oceanopportunity.com<br />

MICHAEL LOMBARDI LOU BOYD CHRISTINA LOCK<br />

20 THE RED BULLETIN


COPYRIGHT © <strong>2019</strong> MNA, INC. ALL RIGHTS RESERVED.<br />

N’ATTENDEZ PAS QUE L’AVENTURE VIENNE À VOUS.<br />

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WHAT ARE YOU BUILDING FOR?<br />

BFGOODRICHTIRES.COM


B U L L E V A R D<br />

UNDERWORLD<br />

BORN SLIPPY (1995)<br />

« Cette mélodie traduit parfaitement<br />

une nuit de fête enivrante,<br />

souvenir de moments plus<br />

joyeux, moins sombres. Dans les<br />

années 90, la Grande-Bretagne<br />

était un lieu plutôt hédoniste<br />

pour les musiciens de la britpop<br />

et une jeune génération d’artistes<br />

investissant l’art moderne<br />

et la mode. C’est avant mon<br />

époque, mais la période gagne<br />

à être redécouverte. »<br />

Bastille<br />

« POUR DANSER ET<br />

PLEURER ENSEMBLE »<br />

REM<br />

IT’S THE END OF THE WORLD<br />

AS WE KNOW IT (AND I FEEL<br />

FINE) (1987)<br />

« Ce serait fun de sauter et<br />

pogotter en chantant cette chanson<br />

pendant l’apocalypse. La musique<br />

exprime parfois l’impensé,<br />

mais c’est aussi une échappatoire,<br />

une diversion. Il faut aller<br />

vers ces moments ; ils sont un<br />

réconfort dans le monde mal<br />

barré où nous vivons. Alors prenez<br />

la pilule bleue et laissezvous<br />

aller. »<br />

Les as de la pop made in UK livrent leur<br />

playlist pour une fête apocalyptique.<br />

Formé en 2010 par le chanteur londonien Dan Smith, le<br />

groupe Bastille cartonne avec Pompeii, quatrième single<br />

tiré de Bad Blood, un premier album sorti en 2013. À peine un<br />

an plus tard, le titre est le plus streamé de tous les temps au<br />

Royaume-Uni et vaut aux musiciens le British Breakthrough Act<br />

(prix du meilleur espoir) aux BRIT Awards 2014. Après le<br />

succès mondial de Happier (2018), avec en guest le producteur<br />

de musique américain Marshmello, le quatuor double la mise<br />

avec Doom Days, un opus que Smith décrit comme « une fête<br />

apocalyptique ». D’où son choix d’enregistrer le morceau Earth<br />

en guise d’adieu. La fin du monde approche, alors écoutez ça.<br />

bastillebastille.com<br />

THE BEATLES<br />

BECAUSE (1969)<br />

« Pour nous, une bonne soirée<br />

c’est avec des potes qui ne sont<br />

pas dans la musique et qui ne<br />

font pas péter le champagne avec<br />

des mannequins, ce n’est pas<br />

notre vie. La dernière nuit sur<br />

Terre, on la passerait ensemble,<br />

à danser et à pleurer. Musicalement,<br />

il faudrait quelque chose<br />

qui apaise. Une belle manière<br />

de quitter la scène. »<br />

MOBY<br />

PLAY (1999)<br />

« C’est la bande-son idéale<br />

pour l’after de la fin du monde.<br />

Vous connaissez le podcast<br />

Heavyweight de l’humoriste<br />

canado- américain Jonathan<br />

Goldstein ? Dans l’un des épisodes,<br />

un gars prête des CD<br />

de gospel à Moby qui les sample,<br />

puis le gars réclame ses CD<br />

sans jamais les récupérer.<br />

C’est hilarant, il faut l’écouter. »<br />

UNIVERSAL MUSIC MARCEL ANDERS<br />

22 THE RED BULLETIN


Skullcandy partenaire majeur de <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot <strong>2019</strong>


UNE ICÔNE<br />

Là d’où il vient, aux<br />

Moulins, on a dédié<br />

une fresque à Diablo.<br />

Il honore ce quartier<br />

dans le monde entier.


AUX ORIGINES<br />

D’UN PHÉNOMÈNE<br />

Avec son style unique et ses mouvements quasi surnaturels,<br />

il s’est créé sa propre dimension. DIABLO nous a conviés dans<br />

le quartier qui l’a vu devenir un phénomène de danse, pour<br />

honorer ceux qui l’ont toujours soutenu. Le temps d’une journée,<br />

aux Moulins, nous étions ailleurs. Texte PH CAMY Photos CHRIS SAUNDERS<br />

25


« LES GARS…<br />

SORTEZ VOS<br />

TÉLÉPHONES ! »<br />

Dans ce quartier de Nice, une block party bat<br />

son plein. Comme celles qui ont initié le mouvement<br />

hip-hop à New York il y a une quarantaine<br />

d’années. Des platines, des enceintes,<br />

des rappeurs, du graff, un barbecue… Des<br />

danseurs, aussi. Parmi eux, le prodige du secteur.<br />

Diablo, 26 ans. C’est pour lui que l’un<br />

des jeunes sur la cinquantaine présente<br />

recommande de sortir les smartphones. Dans<br />

le cercle de danse formé quelques minutes<br />

plus tôt à même le bitume, Diablo délivre une<br />

performance qui vous fait instantanément<br />

comprendre pourquoi ce type élevé dans l’environnement<br />

urbain et brut que nous découvrons<br />

aujourd’hui, très loin des ambiances<br />

carte postale de la Côte d’Azur, s’est imposé<br />

ces dernières années comme l’un des meilleurs<br />

street dancers au monde.<br />

Comme son corps se désarticule pour laisser<br />

tous ses membres bouger d’une façon hallucinante,<br />

Diablo ouvre une porte vers une<br />

dimension artistique sauvage autant qu’esthétique,<br />

dont l’ADN se trouve ici, sur cette<br />

Place des Amaryllis où se côtoieront jeunes<br />

et anciennes générations, dans un esprit de<br />

SUR SON<br />

TERRAIN<br />

Observez bien les<br />

pieds de Diablo quand<br />

il danse. Il a foulé le<br />

bitume de Nice de<br />

nombreuses années<br />

avant de s’envoler à<br />

l’international, pour y<br />

bâtir une carrière qui<br />

fait la fierté des siens.<br />

bonne humeur. Ici, aujourd’hui, c’est la fête,<br />

mais sur cette même place, quelques mois<br />

plus tôt, un jeune a perdu la vie, fauché par<br />

des balles destinées à un autre. Un drame<br />

lié à une dette de drogue, dont témoigne<br />

aujourd’hui ce petit arbre entre la sono et<br />

le barbecue, orné de fleurs et de messages<br />

rendant hommage au disparu.<br />

La French Riviera, façon promenade des<br />

Anglais, c’est là-bas, une quarantaine de<br />

minutes à pied en traçant à droite, après la<br />

Poste et le supermarché à l’angle de l’avenue<br />

Martin Luther King. Sa route, Diablo l’a poussée<br />

encore plus loin, jusqu’en Angleterre ou<br />

aux USA, et s’est fait un nom en dansant.<br />

Auprès de stars de la musique et en brillant<br />

lors des rassemblements de danse urbaine les<br />

plus reconnus. Mais aujourd’hui, c’est chez<br />

lui, dans son quartier d’enfance, aux Moulins,<br />

qu’il tenait à nous inviter.<br />

On rencontre Diablo pour la première<br />

fois fin 2018, autour d’un plat asiatique<br />

– chez Quan Viet, Paris 17. Il<br />

habite officiellement en Île-de-France<br />

depuis quelques mois. Comme on envisage de<br />

lui dédier un article, le danseur nous annonce<br />

être « chaud », mais propose que nous venions<br />

là d’où il vient, à Nice, pour y rencontrer ses<br />

talentueux amis et leur offrir de la visibilité<br />

dans le sujet. Né d’une mère béninoise et d’un<br />

père espagnol, Diablo avance rarement seul et<br />

veut honorer ceux qui l’ont accompagné et<br />

soutenu ces quinze dernières années.<br />

Nous le recroisons début mars. La veille, il<br />

a marqué l’histoire de la street dance. Devant<br />

les 17 000 spectateurs de l’AccorHotels Arena<br />

venus assister au Juste Debout, en duo avec<br />

son partenaire Stalamuerte, Diablo a remporté<br />

le titre en hip-hop. Et sur la route de sa<br />

finale, dans une ambiance de folie, il a battu<br />

les Twins, des jumeaux réputés indétrônables<br />

parmi les plus célèbres danseurs new school<br />

de la planète. Des frères originaires de<br />

Sarcelles devenus millionnaires en remportant<br />

un concours de danse télévisé aux États-<br />

Unis lancé par la chanteuse Jennifer Lopez.<br />

On les a aussi vus très souvent aux côtés de<br />

Madonna, avec laquelle ils dansent depuis des<br />

années. Des missions internationales, Diablo<br />

en connaît très tôt. « Quand j’avais 16 ou<br />

17 ans, l’équipe d’une artiste américaine<br />

m’avait contacté pour un casting, et j’ai passé<br />

du temps à Londres du coup », raconte le danseur<br />

installé dans un VTC qui nous transporte<br />

du phare de Nice (où nous réalisions quelques<br />

photos) jusqu’aux Moulins. En 2012, il danse<br />

au Super Bowl d’Indianapolis avec Madonna.<br />

Le Niçois a alors 19 ans et se produit devant<br />

114 millions de téléspectateurs lors du mega<br />

show musical donné à mi-match de l’événement<br />

majeur du football américain.<br />

26 THE RED BULLETIN


EN MODE VIP<br />

Dans le cercle, pour<br />

quelques dizaines de<br />

personnes. Un mois<br />

auparavant, Diablo<br />

dansait devant<br />

17 000 spectateurs<br />

lors du Juste Debout.


LA PUISSANCE<br />

Elle lui vient de ceux<br />

qui l’épaulent depuis<br />

des années. Rude, ici<br />

en photo, a motivé<br />

Diablo à se jeter dans<br />

la danse, lui évitant de<br />

mauvaises routes.


WALTER/DZIO<br />

Walter, aka Dzio,<br />

l’homme au bonnet<br />

derrière Diablo, est un<br />

as local du spray can<br />

art. On lui doit la<br />

fresque monumentale<br />

dédiée au danseur.<br />

De l’expérience du Super Bowl, il retiendra<br />

cependant que « les Ricains sont meilleurs<br />

que nous tous ». « Eux, c’est zéro erreur. Juste<br />

avant le début du show, j’étais sous la scène,<br />

et là, la lumière s’éteint… “Let’s go, let’s go !”<br />

Un mec se précipite sur moi et me fout un<br />

glaive et un bouclier dans les mains. Là, on<br />

monte sur scène, et sur les écrans géants, je<br />

vois un décompte destiné aux spectateurs<br />

du stade : “Allumez tous vos briquets à 5, 4,<br />

3...” » Sur ce même Super Bowl, la chanteuse<br />

anglaise M.I.A. s’autorise un doigt d’honneur<br />

face caméra. « Elle est descendue de scène<br />

« IL VOULAIT ÊTRE EXCELLENT.<br />

POUR LUI, C’ÉTAIT ÇA OU RIEN.<br />

MANGER ET DANSER, POINT ! »<br />

RUDE<br />

et un van de flics l’attendait », se souvient<br />

Diablo, épaté par cette scène. Comme par<br />

le fait que notre VTC ait bien voulu nous<br />

conduire dans son quartier. Il lui recommandera<br />

un « petit passage fourbe » pour<br />

rejoindre le spot plus rapidement (oui,<br />

Diablo sait dire non à Madonna et à Waze).<br />

SELIM<br />

Cuisinier audacieux,<br />

cet ami de Diablo<br />

rejoindra bientôt San<br />

Francisco et l’équipe<br />

d’une cheffe française<br />

triplement étoilée,<br />

Dominique Crenn.<br />

JENNA<br />

Cette jeune vidéaste<br />

habituée des événements<br />

hip-hop locaux<br />

a trouvé en Diablo et<br />

son crew Genesis des<br />

talents d’exception<br />

à documenter.<br />

Le danseur est aujourd’hui sollicité pour<br />

des shows, des clips, et passe en mode<br />

battle lors des événements de danse où<br />

ses moves, très particuliers, en ont fait<br />

une référence. À ses débuts, pourtant, son<br />

style en laissait beaucoup perplexes. Nommer<br />

sa danse est en soi un challenge. « On ne peut<br />

pas donner de nom à sa danse. Même le terme<br />

“new style” ne lui correspond pas », explique<br />

Rude, type imposant aux locks planquées sous<br />

un bob et qui a poussé Diablo à persévérer<br />

dans la danse alors que de mauvaises routes<br />

s’offraient à lui. Danseur lui aussi, Rude est<br />

très proche de Diablo. « Nos mères se connaissaient<br />

très bien, on était comme cousins. Je<br />

l’ai intégré très jeune à mon crew, Genesis. Au<br />

début, quand on dansait contre des breakers,<br />

les mecs se moquaient de nous. Les gars de<br />

Paris nous appelaient “les mangeurs de<br />

pâtes”, car pour eux, Nice c’était en Italie.<br />

Nous, on était pas là pour faire des phases,<br />

on avait besoin de ressenti, de bouger. Tout le<br />

monde sait danser ou peut apprendre à danser,<br />

mais nous, les Genesis, on cherchait un<br />

truc au-delà de la danse. C’est ça qui explique<br />

notre style particulier et celui de Diablo. »<br />

Quelque chose de mystique ? « Je ne sais pas<br />

si c’est le mot, s’interroge Rude, mais ce qui<br />

est sûr c’est qu’on avait envie d’ouvrir des<br />

portes, de passer dans un ailleurs. La danse,<br />

29


TOUJOURS<br />

À FOND !<br />

Ils l’ont vu danser<br />

des dizaines de fois,<br />

mais ses amis sont<br />

toujours abasourdis<br />

par les nouveaux<br />

moves et l’engagement<br />

de Diablo.<br />

« DIABLO A UNE FAÇON D’OCCUPER<br />

L’ESPACE QUI LUI EST PROPRE.<br />

IL DÉGAGE QUELQUE CHOSE,<br />

DE BONNES ÉNERGIES. »<br />

JENNA<br />

30


UN BON BURN<br />

POUR FÊTER ÇA<br />

Aujourd’hui, c’est le<br />

titre de Diablo au<br />

Juste Debout que l’on<br />

célèbre. L’occasion de<br />

sacrifier un peu de<br />

gomme sur la place<br />

des Amaryllis.


la musique, on ne savait pas faire autre chose,<br />

mais ça nous a évité d’autres voies. » Celle de<br />

la danse, hip-hop, street, debout, appelez cela<br />

comme vous voudrez, Diablo s’y engouffre<br />

avec une envie gigantesque. « Il voulait être<br />

excellent. Pour lui, c’était ça ou rien. Manger<br />

et danser. Point. » Alors que nous rejoignons<br />

la Place des Amaryllis où se tiendra la fête,<br />

la sono balance le titre Paradise, du rappeur<br />

belge Hamza.<br />

Le paradis, aujourd’hui, aux Moulins,<br />

c’est cette place d’une centaine de<br />

mètres carrés, entourée des commerces<br />

de base : boucherie, épicerie et bar-<br />

PMU. Au centre, la fameuse sono, un barbecue<br />

acheté le matin même par Diablo et ses<br />

potes, une petite table de fortune pour poser<br />

le pain, les sauces, les brochettes et les merguez<br />

qui vont bientôt passer au gril. Au<br />

contrôle de la braise, on trouve notamment<br />

Gak, le grand frère de Diablo. Il s’assurera<br />

que la cuisson soit toujours au top – à aucun<br />

moment nous ne manquerons de gourmandises<br />

à griller. Des jeunes se regroupent peu<br />

à peu, gagnés par le son, ou simplement<br />

curieux de voir ce qu’ont organisé Diablo et<br />

son équipe. Entre deux sandwiches, certains<br />

se mettent à danser.<br />

Derrière les platines, aux côtés de Rude<br />

(qui a réalisé la musique de l’incroyable vidéo<br />

de Diablo filmée au drone pour le projet<br />

Follow me), on trouve MK, alias Malik, le<br />

Sénégalais passé par l’Afrique du Sud pour<br />

ses études et devenu analyste financier dans<br />

une boîte locale. « J’ai lâché ce job pour me<br />

consacrer à fond à la production d’instru,<br />

explique ce proche de Diablo aux fines<br />

tresses. Côté son, je suis sur de la house, de<br />

la deep house. Je ne sais pas trop si je vais<br />

passer ce genre de truc aujourd’hui », plaisantet-il.<br />

Tout au long de la journée, on pourra<br />

apprécier les créations sonores de Rude et<br />

MK, futuristes et solides. Les danseurs présents<br />

apprécient, comme les rappeurs qui<br />

s’expriment ici. Ils se passent le micro en<br />

toute détente, même si Diablo nous a avertis :<br />

« Dans mon quartier, si tu rappes mal, tu te<br />

fais tailler ! »<br />

À deux pas du sound system, une fresque<br />

murale lui a été dédiée. La première fois que<br />

Diablo a été élevé au statut d’icône du quartier,<br />

c’était lors de son passage dans le programme<br />

La meilleure danse, sur W9, en 2011.<br />

« CE PETIT FRÈRE, C’EST UNE<br />

GROSSE FIERTÉ POUR NOUS.<br />

ET POUR LES JEUNES D’ICI,<br />

C’EST UNE RÉFÉRENCE. » DZIO<br />

L’ÉMOTION<br />

ET LA FORCE<br />

Au micro, le frère de<br />

Diablo rend un intense<br />

hommage au parcours<br />

du danseur. Chacune<br />

de ses prestations ou<br />

de ses victoires lors<br />

d’un événement est<br />

un regain de force<br />

pour son quartier.<br />

THE RED BULLETIN 33


UNE DERNIÈRE<br />

AVEC L’ÉQUIPE<br />

Diablo s’était engagé à<br />

réunir beaucoup de<br />

monde en ce jour de<br />

fête et de shooting<br />

photo. Ils étaient en<br />

effet un bon nombre<br />

au rendez-vous...<br />

« Ils avaient organisé une projection de l’émission<br />

dans mon collège ! », se souvient ce phénomène<br />

de la danse au visage tatoué. La<br />

fresque, c’est Walter, alias Dzio, qui l’a réalisée<br />

il y a une quinzaine de jours, et il se charge<br />

aujourd’hui d’un graff éphémère peint sur une<br />

surface en plastique, tendue entre un poteau<br />

et un tronc d’arbre. « Diablo, je l’ai vu grandir<br />

et progresser, dit Dzio. Avec d’autres potes, on<br />

l’accompagnait sur des événements. Ce petit<br />

frère, c’était une grosse fierté pour nous. Et<br />

pour les jeunes d’ici, c’est une référence. Il y a<br />

une sacrée culture ici, et un vrai melting pot. »<br />

À<br />

mesure que l’après-midi avance, la<br />

sauce culturelle prend, et l’on s’attarde<br />

volontiers sur celle de Selim, 27 ans,<br />

casquette camouflage et T-shirt vert,<br />

comme sa préparation maison, qu’il applique<br />

avec son petit pinceau à même les brochettes<br />

et cuisses de poulet. Depuis neuf ans, c’est<br />

avec une brigade, dans le feu d’une cuisine,<br />

qu’il s’exprime : après une école hôtelière,<br />

Selim a évolué dans le métier avec une<br />

approche fraîche, des envies d’expérimentation,<br />

car « les possibilités dans la cuisine, c’est<br />

sans fin ». Il vient d’achever sa mission de<br />

sous-chef dans un établissement de Monaco<br />

et s’engage dans une aventure américaine,<br />

aux accents bretons. « En 2016, quand la<br />

Française Dominique Crenn a été désignée<br />

meilleure cheffe au monde, je lui ai envoyé<br />

un message de félicitations sur Instagram,<br />

auquel elle n’a pas répondu. Trois ans plus<br />

tard, elle est devenue la première cheffe à<br />

obtenir trois étoiles au Michelin aux États-<br />

Unis. Je lui ai écrit à nouveau, et cette fois,<br />

elle m’a répondu. Nous avons commencé à<br />

échanger. » Curieuse du profil de Selim,<br />

Dominique Crenn lui propose de venir faire<br />

des essais à San Francisco et lui finance avion<br />

et séjour. « En arrivant aux douanes aux<br />

34 THE RED BULLETIN


States, les types ont commencé à être suspicieux,<br />

raconte Selim. Ils m’ont mis dans un<br />

bureau à part pour me cuisiner… Je leur ai<br />

expliqué ce que je venais faire. Ils en ont<br />

douté et ont appelé Dominique, qui leur a<br />

confirmé qu’elle voulait collaborer avec moi<br />

et les a informés sur l’envergure de son restaurant<br />

et de ses relations locales, notamment<br />

un gouverneur. Les gars m’ont immédiatement<br />

laissé partir. »<br />

Dans deux mois, Selim rejoindra les<br />

équipes de Dominique Crenn à San Francisco,<br />

en mode « recherche et développement »,<br />

pour expérimenter des recette innovantes à<br />

ses côtés, et l’accompagner dans ses missions<br />

ponctuelles hors la Bay Area. « Comme<br />

Diablo, que je connais depuis une douzaine<br />

d’années, je pense que s’exporter est un<br />

moteur, explique Selim. J’ai beaucoup<br />

voyagé, en Afrique, en Europe, au Pérou ou<br />

encore en Colombie, et à chaque fois, j’ai<br />

essayé d’y retenir l’essence du pays, pour l’intégrer<br />

à mes créations, idéalement. » Passion,<br />

acharnement et milliers d’heures de travail<br />

caractérisent le cuisinier et son pote danseur.<br />

« La cuisine, si tu ne vis pas pour ça, n’essaie<br />

même pas, insiste Selim. Et si tu vis pour ça,<br />

alors transpire, et ça viendra. »<br />

C’est bientôt au tour de Diablo de<br />

transpirer, car le cercle de danse<br />

qui s’est formé en fin d’après-midi<br />

monte en puissance. Alors que ses<br />

collègues Jalel, Kézia et Mino (Genesis en<br />

force !) commencent à mettre la barre haut,<br />

il se lance à son tour, pour le plaisir des chanceux<br />

assistant au show. Un style de danse<br />

unique, le plus haut niveau mondial, c’est<br />

maintenant que ça se passe, dans un quartier<br />

de Nice, et c’est gratuit ! Les absents auront<br />

de bonnes raisons de rager, mais pourront se<br />

rattraper sur la vidéo qu’est en train de leur<br />

concevoir Jenna. Cheveux, gilet et Vans noirs,<br />

l’ancienne étudiante en cinéma suit la team<br />

Genesis depuis un bon moment. Elle dit s’être<br />

« formée » sur cette équipe. « Je connais Diablo<br />

depuis une quinzaine d’année, raconte-t-elle.<br />

Au début, je le croisais sur des événements<br />

« JE CONNAIS DIABLO DEPUIS UNE<br />

DOUZAINE D’ANNÉES, ET COMME<br />

LUI, JE PENSE QUE S’EXPORTER<br />

EST UN MOTEUR. » SELIM<br />

hip-hop, sur des battles. À l’époque, on n’avait<br />

jamais vu quelqu’un danser comme lui. Il était<br />

différent des autres, avec son visage très fin et<br />

ses cheveux longs. C’était un ovni. On est<br />

devenus potes et il a bien voulu participer à<br />

mon premier projet vidéo d’école. Par la suite,<br />

j’ai réalisé pas mal de vidéos avec Genesis. »<br />

L’équipe de Diablo s’impose pour Jenna<br />

comme un sujet toujours frais et innovant.<br />

« Ces gars ne sont jamais dans la redondance<br />

et Diablo a une façon d’occuper l’espace qui<br />

lui est propre. Il dégage quelque chose, de<br />

bonnes énergies. » Comme notre photographe<br />

Chris Saunders, qui ne sait plus où donner<br />

de l’objectif, Jenna se glisse alors au sein du<br />

cercle de danse pour ne rien louper des moves<br />

de Diablo.<br />

Elle ne manquera pas non plus cette session<br />

de « burn », proposée par un pote motard de la<br />

bande. La gomme du pneu arrière de sa moto<br />

chauffe à fond et un épais nuage commence<br />

à dissimuler la foule, qui en redemande. Plus<br />

loin, un autre lève la roue avant d’un puissant<br />

cross. Le bruit de son moteur parvient à peine<br />

à couvrir la clameur de la clique : « Diablo !<br />

Diablo ! Diablo ! Diablo ! » Tous font corps<br />

autour du danseur. Son frère, Gak, le tient par<br />

le cou. Il s’empare du micro pour rendre hommage<br />

au titre remporté par Diablo au fameux<br />

Juste Debout de l’Accor Hotels Arena, un équivalent<br />

de coupe du monde de danse debout :<br />

« Yeaaaah, il aurait pu faire la fête n’importe<br />

où dans le monde, hurle Gak, mais il a choisi<br />

de faire la fête chez lui, aux Moulins ! » La<br />

foule scande : « Moulins ! Moulins ! Moulins ! »<br />

Et Gak d’enchaîner, alors que Diablo, en<br />

larmes, est submergé par l’émotion : « Partout<br />

où vous irez, soyez fiers d’où vous venez,<br />

soyez fiers de qui vous êtes, car vous êtes des<br />

champions. Tous les petits qui sont là, tous<br />

les anciens qui regardent, vous êtes des champions<br />

! Mentalité de champion ! Moral de<br />

champion ! Discipline de champion ! Diablo<br />

est venu célébrer sa fête aujourd’hui, et redonner<br />

sa fierté à ceux qui le méritent. Vous l’avez<br />

porté quand il faisait les émissions à la télé,<br />

vous l’avez soutenu, il a battu les Twins ! »<br />

Les soutiens de Diablo entrent en transe, l’ambiance<br />

est incroyable… « Les gars, le FC Moulins<br />

a battu le Real Madrid : Diablo est champion<br />

du monde ! »<br />

Gak a galvanisé la foule, et s’en retourne<br />

acheter du charbon pour le barbecue en nous<br />

adressant un salut amical. Tandis qu’un jeune<br />

MC d’une douzaine d’années peut-être a intégré<br />

la session open mic (surchauffée précédemment<br />

par les groupes GMG et RKG) pour<br />

envoyer quelques rimes prometteuses, soutenu<br />

par un quartier qui ne semble pas prêt<br />

à cesser les festivités. Jusqu’à tard ce soir,<br />

tous prolongeront la célébration.<br />

Instagram : @diablopremier<br />

THE RED BULLETIN 35


THE RED<br />

BULLETIN<br />

A TESTÉ<br />

POUR VOUS<br />

NOS<br />

APTITUDES<br />

PROFONDES<br />

Nous ne savons pas toujours ce dont nous sommes<br />

vraiment capables. Comme par exemple apprendre à<br />

plonger par 20 mètres de profondeur sans bouteille<br />

d’oxygène, tout ça en 48 heures. <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> a donc<br />

envoyé un novice tester la PLONGÉE EN APNÉE aux<br />

Philippines. Texte ANDREAS ROTTENSCHLAGER Photos HEIKO LASCHITZKI<br />

36


Un bleu<br />

à la mer<br />

Notre rédacteur plonge<br />

en apnée près de l’île de<br />

Coron, aux Philippines.<br />

Sa monitrice Mary Jane<br />

Paula se précipite pour<br />

lui porter assistance.


L’experte<br />

La monitrice de plongée<br />

en apnée Mary Jane<br />

Paula (28 ans) enseigne<br />

à ses élèves à plonger<br />

avec une seule inspiration.<br />

On vient la voir du<br />

monde entier. « La plupart<br />

s’étonnent de ce<br />

dont ils sont capables. »


ISTOCK/GETTY IMAGES<br />

Une minute<br />

avant ma dernière plongée, je<br />

m’agrippe à la bouée orange à<br />

deux mains et m’efforce de respirer<br />

calmement. Je me trouve dans<br />

une mer vert émeraude près de<br />

l’île de Coron, aux Philippines. Autour<br />

de moi la lumière du soleil<br />

miroite à la surface de l’eau. Paula,<br />

ma monitrice, nage à côté de moi<br />

et me fixe à travers son masque.<br />

Dans quelques secondes, je suis<br />

censé plonger 20 mètres plus bas.<br />

Avec une seule inspiration. Et sans<br />

bouteille d’oxygène. C’est l’examen<br />

qui validera mon aptitude à<br />

la plongée en apnée. L’essai ne<br />

sera transformé que si je suis mentalement<br />

prêt et complètement décontracté.<br />

Je respire profondément<br />

et essaie de faire abstraction<br />

des clameurs du groupe de voyageurs<br />

chinois qui – quelle ironie –<br />

se baigne pas loin exactement en<br />

même temps que nous. Puis je<br />

donne le signe du départ à Paula.<br />

Deux semaines plus tôt : le coup<br />

d’envoi de ma carrière d’apnéiste<br />

est donné à Vienne (Autriche),<br />

alors que je me retrouve, en chaussettes<br />

et caleçon, sur la table<br />

d’auscultation d’une spécialiste de<br />

la plongée sous-marine. Elle me<br />

colle des capteurs sur le torse pour<br />

mesurer ma fréquence cardiaque,<br />

puis me demande de souffler dans<br />

un tube en plastique qui ressemble<br />

à un éthylotest. Au bout de cinquante<br />

minutes, je suis déclaré<br />

« apte à plonger ». Pour ce qui est<br />

de ma capacité pulmonaire, elle<br />

m’explique que j’ai de la marge.<br />

Ma mission, puisque je l’accepte :<br />

apprendre l’apnée en immersion<br />

libre en deux jours, moi qui suis<br />

une bille dans ce domaine. Atteindre<br />

vingt mètres de profondeur<br />

avec une seule inspiration,<br />

Beauté singulière : les falaises de calcaire noir sont caractéristiques de l’archipel des Philippines.<br />

C’est à bord d’une pirogue à balancier, typique de la région, qu’il est le plus aisé de découvrir le coin.<br />

sans oxygène. Le cours d’apnée<br />

pour débutant se déroule à 300 kilomètres<br />

au sud de Manille, aux<br />

Philippines, sur l’île de Coron.<br />

Selon Forbes, elle compte parmi<br />

les dix plus beaux endroits de la<br />

planète pour faire de la plongée<br />

sous-marine. Un problème cependant<br />

: ma carrière sous-marine est<br />

jusqu’ici une succession de moments<br />

de solitude. Je ne connais<br />

pas les techniques de respiration.<br />

La seule que je maîtrise, c’est l’hyperventilation<br />

panique. J’ai déjà<br />

les oreilles qui se bouchent par<br />

deux mètres de profondeur. Et au<br />

lieu de m’extasier sur les joyaux de<br />

la nature avec mon masque et mon<br />

tuba, je fixe, médusé, l’étrange<br />

faune qui règne sous l’eau.<br />

Vingt mètres de fond, ça me paraît<br />

irréalisable. Et si je n’ai plus<br />

d’air, là en dessous ? Que se passera-t-il<br />

? Je n’ai que peu de certitudes<br />

dans la vie, dont celle-là : si<br />

tu ne respires pas, tu meurs. En<br />

même temps, la plongée en apnée<br />

est considérée comme un sport<br />

« mental » où l’on apprend à défier<br />

ses peurs. Il en va de la pleine<br />

conscience, de la relaxation et de<br />

l’exploration des limites mentales.<br />

Une autre raison d’essayer : Google<br />

déverse des images insolemment<br />

belles en réponse à « île de Coron ».<br />

Afin de me préparer au mieux<br />

pour mon aventure sous-marine,<br />

je m’achète deux petits bouquins<br />

« J’ai peu de certitudes<br />

dans la vie, dont celle-là :<br />

si tu ne respires pas,<br />

tu meurs. »<br />

Busuanga<br />

Mer de chine<br />

méridionale<br />

Coron<br />

Île de Coron<br />

Paradis<br />

profond<br />

L’île de Coron se situe à<br />

300 kilomètres au sud<br />

de Manille, dans la mer<br />

de Sulu. L’aérodrome<br />

local est sur l’île avoisinante<br />

de Busuanga.<br />

Lac de Sulu<br />

Manille<br />

Îles Calamian<br />

Mer des Philippines<br />

PHILIPPINES<br />

Mer des Célèbes<br />

THE RED BULLETIN 39


sur le sujet que je lirai pendant les<br />

19 heures que durera le voyage<br />

aller. La plongée en apnée ou<br />

plongée en immersion libre (les<br />

termes sont synonymes) est une<br />

technique de plongée utilisée depuis<br />

près de deux mille ans par les<br />

pêcheurs. Les compétitions en<br />

apnée libre existent depuis les années<br />

1960. La meilleure performance<br />

dans la discipline immersion<br />

libre (plongée le long d’un<br />

filin, sans palmes) est établie à<br />

125 mètres. Inimaginable ! Détenteur<br />

du record, le Russe Alexey<br />

Molchanov peut retenir sa respiration<br />

pendant plus de huit minutes.<br />

Je referme mon livre, pousse mon<br />

verre de Blanc sur le côté et inspire<br />

profondément, bien calé dans<br />

mon siège. Lorsque je me redresse,<br />

une éternité plus tard, rubicond et<br />

suffoquant, le chronomètre de<br />

mon iPhone indique 1:05 minute.<br />

Voilà pour la motivation.<br />

Le matin suivant, à Coron<br />

Town, province de<br />

Palawan, Philippines. Dans<br />

une salle de conférence<br />

traversée de lumière m’attend la<br />

monitrice qui veillera sur moi ces<br />

48 prochaines heures. Elle se prénomme<br />

Mary Jane Paula Jumuad-<br />

Craciun, est âgée de 28 ans, et arbore<br />

une longue chevelure noir de<br />

jais. C’est une petite femme sûre<br />

d’elle, qui rit volontiers. Mary<br />

Jane, que tous appellent « Paula »,<br />

est l’ancienne détentrice du titre<br />

national en immersion libre, et la<br />

maman d’un garçon d’un an.<br />

Depuis 2016, elle a déjà formé<br />

300 personnes à la plongée en<br />

apnée. Le slogan de l’école de<br />

plongée qu’elle a fondée avec son<br />

mari : Deux jours, vingt mètres,<br />

une inspiration. « Il n’est pas nécessaire<br />

d’être un athlète de haut<br />

niveau pour atteindre vingt mètres<br />

de fond, déclare-t-elle. La capacité<br />

à se relâcher mentalement en un<br />

instant est bien plus importante<br />

que la force musculaire. » Dans les<br />

heures qui suivent, Paula m’apprend<br />

à réaliser une manœuvre<br />

d’équilibrage, c’est-à-dire à compenser<br />

la pression de l’air qui protège<br />

du phénomène « oreilles bouchées<br />

» quand on est sous l’eau (se<br />

pincer les narines et souffler légèrement).<br />

Elle m’apprend aussi que<br />

l’hyperventilation panique ne fait<br />

pas partie des techniques de respiration<br />

traditionnellement employées<br />

en plongée.<br />

« On commence par inspirer<br />

profondément en gonflant le<br />

ventre et le thorax, puis on expire<br />

doucement », explique Paula. Elle<br />

forme un « O » avec la bouche et<br />

aspire de l’air. En expirant lentement,<br />

elle fait le même bruit<br />

qu’un bateau pneumatique qu’on<br />

dégonfle : tsssssssssss.<br />

La préparation respiratoire, appelée<br />

breath-up, est censée ralentir<br />

le rythme cardiaque et remplir<br />

les vaisseaux sanguins avec le<br />

maximum d’oxygène. On répète<br />

La<br />

technique<br />

Cours d’apnée pour<br />

débutant, premier jour :<br />

les coups de palmes de<br />

notre cobaye Andreas<br />

ne parviennent pas<br />

à convaincre sa<br />

monitrice.<br />

Avant chaque plongée, on fait les exercices de respiration accroché à la bouée.<br />

40


« Je suis sûr<br />

d’être allé très<br />

profond… »<br />

« Quatre<br />

mètres »,<br />

me dit Paula.


La force<br />

du souffle<br />

Paula explique la technique<br />

de respiration<br />

Pranayama à notre<br />

auteur, afin qu’il soit<br />

plus serein sous l’eau.<br />

Le calme<br />

avant le<br />

départ<br />

Grâce aux exercices de<br />

respiration (ou breath-up),<br />

Andreas fait ralentir<br />

son rythme cardiaque.


Une technique simple pour<br />

évacuer le stress<br />

Rétention<br />

(apnée poumons vides)<br />

6 sec<br />

Inspiration<br />

(par le nez)<br />

6 sec<br />

6 sec<br />

Expiration<br />

(par la bouche)<br />

6 sec<br />

Rétention<br />

(apnée poumons pleins)<br />

La respiration carrée fait partie des exercices<br />

standard de respiration issus du yoga Pranayama<br />

(la discipline du souffle). Mary Jane Paula :<br />

« Ça apaise en l’espace de quelques secondes.<br />

Même pendant une réunion éprouvante. »<br />

l’exercice (inspiration et expiration)<br />

cinq fois de suite. Puis on<br />

termine avec une dernière longue<br />

inspiration. Avant de plonger.<br />

À la fin de la formation théorique,<br />

Paula me montre une vidéo<br />

de démonstration dans laquelle on<br />

voit un homme au corps athlétique<br />

et musclé se mouvoir élégamment<br />

le long d’un filin vers les abysses,<br />

jusqu’à ce qu’il disparaisse dans les<br />

ténèbres. « C’est de l’apnée en immersion<br />

libre, me dit Paula. C’est<br />

ce que tu vas faire maintenant. »<br />

J’essaie de sourire avec assurance.<br />

Le voyage en avion, long et<br />

éprouvant, les sept heures de décalage<br />

horaire, ma piètre tentative<br />

pour retenir mon souffle… tous<br />

ces mauvais souvenirs s’évanouissent<br />

quand j’arrive pour la première<br />

fois sur la rive du lac Barracuda,<br />

notre QG sur l’île de Coron,<br />

à dix minutes en bateau à moteur<br />

au sud de Coron Town (qui, elle,<br />

ne se trouve pas sur l’île de Coron,<br />

logique, non ?).<br />

« Ton cerveau te dit que tu ne peux<br />

pas descendre plus bas, dit Paula<br />

en se tapotant le front. Alors tu<br />

dois te rebeller contre lui. »<br />

De l’eau transparente et<br />

turquoise émergent d’impressionnantes<br />

falaises<br />

de calcaire noir. Chaque<br />

photo prise ici a le potentiel d’une<br />

carte postale. Les plongeurs débutants<br />

bénéficient des conditions<br />

les plus favorables : une eau à<br />

28 °C et une vue dégagée jusqu’à<br />

14 mètres de fond. J’enfile tant<br />

bien que mal la combinaison en<br />

néoprène qui me boudine, je nettoie<br />

mes lunettes de plongée avec<br />

de la salive comme Paula me l’a<br />

montré et je me jette à l’eau. Paula<br />

tire une bouée orange derrière<br />

elle. Notre base de plongée. À<br />

l’autre bout pend un câble de<br />

trente mètres de long que Paula<br />

leste lorsque nous atteignons le<br />

milieu du lac.<br />

L’une des qualités de notre<br />

coach, c’est qu’avec elle, les élèves<br />

n’ont ni le temps ni l’occasion<br />

d’avoir des doutes. « On y va »,<br />

lance-t-elle à la ronde. Pour mon<br />

premier essai, je progresse le long<br />

du filin vers les profondeurs marines,<br />

pieds devant. Paula plonge<br />

à côté de moi. Deux longueurs de<br />

bras, une manœuvre d’équilibrage.<br />

Et un eurêka : réalisée de<br />

manière préventive, la manœuvre<br />

d’équilibrage permet d’éviter que<br />

les oreilles ne se bouchent. La vue<br />

sous l’eau est fantastique : des parois<br />

rocheuses vertigineuses recouvertes<br />

de mousse toute verte.<br />

Et pas de méduse dans les parages.<br />

En rejoignant la surface, un<br />

sentiment de fierté m’inonde. J’ai<br />

dû plonger très profondément.<br />

« Quatre mètres », me dit Paula en<br />

me montrant l’écran de son ordinateur<br />

de plongée qu’elle porte au<br />

poignet gauche.<br />

Nous changeons de discipline et<br />

passons au poids constant (c’està-dire<br />

sans câble). L’immersion<br />

libre avec les palmes est la technique<br />

idéale pour faire des virées<br />

découverte pendant les vacances.<br />

Au lieu de m’agripper à la bouée<br />

pour faire le breath-up, je fais ma<br />

préparation en barbotant dans<br />

l’eau, avec mon tuba. On s’enfonce<br />

dans l’eau à la manière d’un<br />

canard (ou duck dive).<br />

La technique : incliner le haut<br />

du corps à 90 ° vers le bas, allonger<br />

le corps et glisser dans les profondeurs<br />

avec de légers coups de<br />

palme. Sauf que dans la pratique,<br />

après avoir plongé sous l’eau, j’oublie<br />

le rythme de nage. La tête et<br />

le torse sont immergés, les jambes<br />

gigotent dans l’air. J’ai l’air d’un<br />

idiot. Une fois encore, Paula vient<br />

à ma rescousse avec sa ferme décontraction.<br />

Sous l’eau, elle corrige<br />

la position de mes jambes et<br />

m’encourage à rester immergé<br />

quand je m’apprête à retourner à<br />

la surface. Je préfère nettement la<br />

plongée le long du câble. À la fin<br />

de la journée, j’atteins les dix<br />

mètres de profondeur. Bien plus<br />

que ce que j’aurais imaginé. Mais<br />

encore loin de mon objectif.<br />

« Le premier jour, on a fait de la<br />

technique, reprend Paula sur le<br />

ponton. Demain, nous allons lancer<br />

un défi à ta volonté. » Quand<br />

je lui dis que je ne me sens pas<br />

capable de plonger à 20 mètres,<br />

Paula balaye mon objection en me<br />

racontant son histoire. « Jusqu’en<br />

2014, je ne savais pas nager. J’ai<br />

rencontré mon mari à cette<br />

époque, un moniteur de plongée<br />

en apnée. Je l’ai regardé faire, et<br />

je me suis demandé pourquoi moi<br />

aussi je ne pourrais pas, puisque<br />

lui le pouvait ? Nous sommes tous<br />

les deux des êtres humains… »<br />

En 2015, cinq mois après avoir<br />

démissionné de son poste de<br />

comptable, avoir appris à nager et<br />

s’être entraînée comme une forcenée,<br />

elle établit le record national<br />

pour les dames dans la catégorie<br />

« poids constant », avec<br />

32 mètres. « Ton cerveau te persuade<br />

que tu ne peux pas aller<br />

plus loin, dit-elle en se tapotant le<br />

front. Mais tu dois te rebeller<br />

contre lui. Ne pense pas aux<br />

chiffres, mais à ta respiration.<br />

Cela t’aidera à te détendre. »<br />

Le lendemain, 4 h 15. Assis en<br />

tailleur dans mon lit (ah, les bienfaits<br />

du jetlag…), je fais mes exercices<br />

de respiration. Durant leurs<br />

entraînements, les apnéistes<br />

THE RED BULLETIN 43


Paula compte le temps (bottom time) qui deviendra une unité de profondeur à notre prochaine plongée.<br />

utilisent la technique de respiration<br />

Pranayama issue du yoga.<br />

Certaines techniques renforcent<br />

le diaphragme ou échauffent les<br />

poumons. Ou permettent de se<br />

relâcher mentalement en<br />

quelques secondes. Je peux le<br />

confirmer, les inspirations et les<br />

expirations lentes permettent de<br />

se calmer et d’évacuer les pensées<br />

négatives, au moins pour un moment.<br />

J’ai rarement été d’aussi<br />

bonne humeur à cinq heures du<br />

matin.<br />

Le cours décisif de l’après-midi<br />

débute avec une surprise. Deux<br />

élèves nous accompagnent au lac.<br />

Chen, 22 ans, de Chine et Henry,<br />

28 ans, d’Angleterre. Tous deux<br />

sont des apnéistes confirmés. Au<br />

lieu de profiter de l’enseignement<br />

de Paula en exclusivité, Chen,<br />

Hendrick et moi sommes tous<br />

trois accrochés à la bouée orange.<br />

Pendant les breath-ups, je m’efforce<br />

d’éteindre les bribes de<br />

conversation qui me parviennent.<br />

Un excellent exercice, me dis-je. Il<br />

y aura certainement plein d’autres<br />

moments où je voudrai faire abstraction<br />

des conversations des<br />

autres. Malgré tout, la pression<br />

monte. À travers mon masque, je<br />

vois Hendrick disparaître loin<br />

après les quatorze mètres de profondeur<br />

claire. Il a sûrement dépassé<br />

mon objectif<br />

du jour alors qu’il n’en est qu’à<br />

l’échauffement… Au premier essai,<br />

j’atteins neuf mètres. Loin,<br />

très loin de mon objectif.<br />

Tout au fond<br />

Comparaison entre amateur et pro<br />

sur une plongée en immersion libre<br />

(en se tirant le long d’un filin).<br />

0 m<br />

25 m<br />

50 m<br />

75 m<br />

100 m<br />

125 m<br />

Cours débutant :<br />

1er jour, env. 10 m<br />

Cours débutant :<br />

2e jour, env. 20 m<br />

Plongeur aguerri<br />

(3 à 5 semaines<br />

de pratique),<br />

env. 50m<br />

Record du monde<br />

Femmes :<br />

97 mètres,<br />

Sayuri Kinoshita,<br />

Japon<br />

Record du monde<br />

Hommes :<br />

125 mètres,<br />

Alexey<br />

Molchanov,<br />

Russie<br />

Une fois de plus, ma lumière<br />

dans la nuit s’appelle<br />

Paula. Sous l’eau,<br />

elle est rayonnante de<br />

zénitude. Avec une économie de<br />

gestes précis, elle redresse ma<br />

posture (tête trop penchée), la<br />

traction des bras (trop rapide) et<br />

compte mon bottom time (chaque<br />

seconde supplémentaire que<br />

j’ajoute au point le plus profond<br />

de ma progression en apnée pour<br />

remonter à la surface) pour<br />

le changer en unité de profondeur<br />

à ma prochaine tentative.<br />

À 14 mètres de fond et 10 secondes<br />

de bottom time, j’arrive<br />

à mes limites. « Très bien, me dit<br />

Paula quand je lui en fais part.<br />

C’est maintenant que le cours va<br />

devenir intéressant pour toi. » Je<br />

fais donc l’expérience à l’aune de<br />

mon propre corps de ce que Paula<br />

nous expliquait ce matin pendant<br />

la session théorique : en arrêtant<br />

de respirer, le taux de dioxyde de<br />

carbone dans le sang augmente et<br />

le corps génère un réflexe respiratoire.<br />

C’est là que la bataille mentale<br />

décisive se joue, que chaque<br />

apnéiste doit combattre un jour<br />

ou l’autre : céder au réflexe respiratoire<br />

ou persévérer avec la volonté<br />

de poursuivre l’apnée.<br />

Curieusement, ma limite mentale<br />

se situe précisément à l’endroit<br />

où l’eau du lac se réchauffe.<br />

L’activité volcanique des environs<br />

fait monter la température du lac<br />

à partir de quatorze mètres de<br />

fond. Paula en fait un défi. Dès<br />

que je sens l’eau se réchauffer<br />

entre mes doigts de pied, je fais<br />

encore quatre longueurs de bras<br />

vers le bas. « Quatre ? », je répète<br />

ahuri. « Ou cinq si tu veux te<br />

challenger. » Paula veut me tirer<br />

vers la barre des vingt mètres. Et<br />

comme je ne veux pas perdre la<br />

face devant elle, j’accepte.<br />

Une minute avant ma dernière<br />

plongée, je m’agrippe à la bouée<br />

orange à deux mains et m’efforce<br />

de respirer calmement.<br />

C’est exactement le moment<br />

que le groupe de touristes chinois<br />

choisit pour faire son apparition.<br />

Pendant mes breath-ups, je<br />

plonge à l’intérieur de moi. J’évacue<br />

le monde extérieur en expirant<br />

très fort. Les vacanciers qui<br />

font trempette. Chen et Henry accrochés<br />

à ma bouée. Je me sens<br />

44 THE RED BULLETIN


« Qu’est-ce qui<br />

est plus fort ?<br />

La volonté de<br />

retenir ton souffle<br />

ou le réflexe<br />

respiratoire ? »<br />

Chaque<br />

mètre<br />

compte<br />

Au deuxième jour,<br />

Andreas progresse plus<br />

profondément dans le<br />

lac. Poussée d’adrénaline<br />

: à partir de<br />

14 mètres de profondeur,<br />

la température de<br />

l’eau monte à 38°C.


« Je me hâte le long<br />

du câble. Et regarde<br />

vers le haut. Je<br />

n’aurais pas dû. »


Paula et Andreas lors du débriefing post-plongée sur le ponton du lac Barracuda.<br />

Pausebouée<br />

La coach et le néophyte<br />

à la surface du lac<br />

Barracuda. L’endroit<br />

est idéal pour les débutants,<br />

car il n’y a ni<br />

vagues, ni courant.<br />

bien, mon ventre se gonfle d’oxygène.<br />

Ma confiance en moi grandit<br />

à chaque nouvelle respiration.<br />

Je prends une ultime inspiration<br />

et donne le signal du départ à<br />

Paula. Je progresse prestement<br />

vers les profondeurs : deux longueurs<br />

de bras, une manœuvre<br />

d’équilibrage. Paula, ma compagne<br />

de sécurité, flotte à côté de<br />

moi. Ma vue se brouille. Les détails<br />

du monde sous-marin disparaissent<br />

derrière un voile vert.<br />

Une longueur de bras supplémentaire.<br />

Puis une autre. Et encore<br />

une autre. L’eau dépasse<br />

maintenant largement les 30 °C.<br />

J’ai l’impression d’être dans une<br />

baignoire d’eau chaude. Encore<br />

une longueur de bras. Paula<br />

plante ses yeux dans les miens.<br />

Elle me montre une longueur de<br />

bras. Je me tire vers le bas et je<br />

tiens ma position. Et c’est là que le<br />

réflexe respiratoire arrive. Une<br />

contraction dans le thorax. Je<br />

veux respirer. Je cède brièvement<br />

à la panique. Paula me donne le<br />

signal pour remonter.<br />

Je commence à me hâter vers<br />

la surface. Hors de la baignoire<br />

d’eau chaude. Une des règles d’or<br />

de Paula est de ne pas regarder<br />

vers le haut quand on rejoint la<br />

surface, afin de ne pas se laisser<br />

impressionner par la distance qui<br />

reste à parcourir. Et c’est pourtant<br />

exactement ce que je fais. Je n’aurais<br />

pas dû. Ma bouée, qui indique<br />

la surface, flotte comme un point<br />

minuscule loin, très loin au-dessus<br />

de moi. Je me tire le long du<br />

câble de manière rapide et maladroite.<br />

À chaque mètre, la pression<br />

sur mon thorax est plus forte.<br />

En émergeant, je respire. Paula<br />

commence la respiration de récupération<br />

( recovery breathing), des<br />

inspirations à 100 % et des expirations<br />

à 50 % pour rehausser le<br />

niveau d’oxygène dans le sang le<br />

plus vite possible.<br />

« Devine quelle profondeur tu<br />

as atteint », me taquine-t-elle, impassible,<br />

quand nous avons terminé.<br />

Je ne suis pas encore en mesure<br />

de parler. Paula me montre<br />

l’écran de son ordi de poche. J’y<br />

lis « 12:43 ». Ça fait moins de<br />

treize mètres. Ce n’est pas possible<br />

! Il me faudra quelques instants<br />

pour réaliser que j’ai lu le<br />

mauvais chiffre à l’écran. 12:43,<br />

c’était l’heure. Je regarde une<br />

seconde fois le poignet de Paula.<br />

« 22,4 m », c’est la profondeur. Ma<br />

performance. Paula me gratifie<br />

d’un high-five détrempé.<br />

Plus tard dans la soirée,<br />

nous sommes attablés à<br />

Coron Town pour le dîner<br />

d’adieu. Dehors, les tuktuk<br />

à trois roues pétaradent dans<br />

les rues bondées. À l’intérieur,<br />

Paula me parle d’un élève qui l’a<br />

beaucoup marquée : Marc, un Anglais,<br />

qui peut maintenant plonger<br />

jusqu’à 42 mètres. Et qui a 63 ans.<br />

« La plupart des débutants se sousestiment.<br />

Mais à la fin, ils sont<br />

surpris de voir la profondeur<br />

qu’ils atteignent quand ils combattent<br />

leurs limites mentales. »<br />

« Pareil pour moi, lui dis-je.<br />

Et maintenant, grâce à toi, je<br />

connais mes limites. »<br />

« Pas du tout. Tu viens à peine<br />

de découvrir ton potentiel ! »<br />

freediving-coron.com<br />

Instagram : @mj_paula<br />

47


CONSTRUIRE<br />

LE POSSIBLE<br />

En Californie, passionnés et convaincus par<br />

le Do It Yourself, des skateurs prennent<br />

possession de terrains laissés à l’abandon<br />

et offrent à la communauté des kids locaux<br />

les skateparks qu’elle mérite.<br />

Texte NORA O’DONNELL<br />

Photos MATT EDGE<br />

48


Ce skatepark de San<br />

Francisco a été bâti<br />

par des skateurs<br />

comme Josh Matlock,<br />

ici en action.


31 mars <strong>2019</strong>, en mode team building : Matteo Robins, Matt Mehl, George Rocha, Julian Snellgrove, Josh Matlock, Andy Ferguson, Tony Aloy et Danielle Rode.<br />

50 THE RED BULLETIN


Le<br />

paysage américain est constellé des vestiges des<br />

activités du passé – aciéries closes, complexes touristiques<br />

abandonnés et restaurants condamnés. À<br />

l’image de ces 150 hectares dans la Bay Area de San<br />

Francisco – où les prix de l’immobilier sont pourtant<br />

parmi les plus élevés du pays.<br />

Bienvenue sur Treasure Island, une île artificielle<br />

que des centaines de milliers de banlieusards croisent<br />

tous les jours en empruntant le Bay Bridge, sans lui<br />

accorder la moindre attention. Mais le potentiel d’un<br />

terrain vague ou d’un immeuble abandonné<br />

n’échappe pas à certains. Notamment aux skateurs.<br />

À commencer par Josh Matlock, en pleine contemplation<br />

d’un court de tennis en piteux état sur le côté<br />

est de Treasure Island, à y projeter ses rêves de béton.<br />

L’endroit parfait pour un skatepark. « Quand on met<br />

tout son cœur à l’ouvrage, dit-il, la récompense est au<br />

bout du tunnel. »<br />

Un tunnel sacrément long pour Matlock, 43 ans,<br />

l’un des meneurs de la communauté de skateurs de<br />

l’East Bay. Élevé par une mère célibataire et droguée,<br />

après une adolescence tumultueuse, il est passé maître<br />

dans l’art de construire des skateparks en béton dans<br />

tout le pays. Aujourd’hui, la Bay Area grouille de skate<br />

parks, mais du côté d’Oakland, depuis longtemps aux<br />

prises avec les difficultés, c’était loin d’être le cas. Làbas,<br />

la scène du skate a mis plus de temps à décoller et<br />

encore aujourd’hui, le financement des projets de loisirs<br />

n’est pas la priorité de la ville. Ici, c’est à l’initiative<br />

de bénévoles comme Matlock que des skateparks<br />

parviennent à sortir de terre. Ils dénichent des lieux<br />

cachés et s’occupent de la construction eux-mêmes,<br />

sans passer par les formalités administratives et autres<br />

demandes d’autorisation.<br />

Construite à l’origine pour l’exposition universelle<br />

de 1939, Treasure Island est saisie par la marine américaine<br />

pendant la Seconde Guerre mondiale et devient<br />

alors un terrain d’entraînement à la guerre nucléaire,<br />

jusqu’à la fermeture de la base en 1997. Après<br />

une décennie d’élimination des déchets radioactifs,<br />

les logements des militaires ont été transformés en<br />

locations subventionnées par la ville pour 2 500 résidents.<br />

La marine a fini par restituer l’île à la ville de<br />

San Francisco, mais d’immenses parcelles sont toujours<br />

inoccupées. Un plan de développement de cinq<br />

milliards de dollars pour 20 000 nouveaux résidents<br />

est en cours, mais nécessitera vingt ans de travaux.<br />

Et c’est ainsi que Matlock et sa petite équipe commencent<br />

à construire des skateparks de leurs propres<br />

Construire des skateparks là où il n’y a rien, pour les kids : une joie pour Josh Matlock.<br />

mains. Des chantiers qu’ils poursuivent jusqu’à l’arrivée<br />

de la police ou des promoteurs immobiliers.<br />

Matlock le sait, cela aidera une flopée de skateurs<br />

à trouver leur voie – comme ça l’a aidé lui.<br />

Quand Matlock arrive à Oakland il y a de cela<br />

18 ans, pas le moindre skatepark à l’horizon.<br />

À l’époque, il a tout juste la vingtaine et<br />

cherche encore sa voie. « J’étais vraiment un petit<br />

con, dit-il en évoquant sa jeunesse. Quelque part, je<br />

pense que je serai toujours un petit con. » Après avoir<br />

enchaîné les petits boulots pendant quelques années,<br />

il est engagé dans une scierie. Il commence alors à<br />

passer le mot auprès des skateurs du coin qu’il peut<br />

avoir de bons prix sur le bois s’ils veulent construire<br />

des rampes. Et c’est là qu’il reçoit un appel du Wizard<br />

qui lui demande s’il pourrait dénicher du béton pour<br />

des gars qui construisent un spot secret.<br />

Le « Wizard », c’est Mark Leski, un constructeur<br />

qui connaît les créateurs de Burnside, un park légendaire<br />

de Portland, dans l’Oregon, dont la création au<br />

début des années 90 a marqué l’émergence du mouvement<br />

des skateparks DIY (pour Do It Yourself).<br />

« QUAND ON MET SON CŒUR À<br />

L’OUVRAGE, LA RÉCOMPENSE<br />

EST AU BOUT DU TUNNEL. »<br />

THE RED BULLETIN 51


La rampe que Matlock a aidé à construire n’aura<br />

pas le temps de marquer l’histoire des skateparks.<br />

Elle restera en place moins d’une semaine avant<br />

d’être détruite. Mais un autre passage sous le pont de<br />

l’autoroute est un lieu parfait pour remettre ça.<br />

Bordertown est né. Pendant plus d’un an, les nombreux<br />

modules installés ici échappent à la vigilance<br />

du propriétaire des lieux, à savoir Caltrans, le département<br />

des Transports de Californie. Ses employés<br />

finissent par tomber sur le park en août 2005, alors<br />

qu’ils recensent les campements de SDF sous l’autoroute.<br />

Ils ont alors la surprise de découvrir un skatepark<br />

en béton élaboré. Caltrans menace de démolir le<br />

park, mais Matlock et ses gars font face : ils poursuivront<br />

le chantier.<br />

Cette fois, plusieurs personnalités politiques répondent<br />

à l’appel, impressionnées par l’ingéniosité du<br />

park et par les témoignages des résidents du coin, qui<br />

décrivent le quartier comme plus propre et plus sûr.<br />

« CES GAMINS VENAIENT DE<br />

FAMILLES OÙ ILS N’AVAIENT<br />

QU’UNE SEULE ENVIE : FUIR. »<br />

La liberté ressemble à ça : rider un spot que l’on a bâti soi-même, avec ses potes.<br />

Ce soutien politique permet la signature d’un bail de<br />

cinq ans entre Bordertown et Caltrans. De leur côté,<br />

les skateurs continuent à recueillir des fonds pour le<br />

park en créant une association à but non lucratif.<br />

À l’expiration du bail en 2010, Caltrans cesse de<br />

coopérer. En 2011, des employés de Caltrans arrivent<br />

tôt le matin le lendemain de Thanksgiving et démolissent<br />

tout. « Ça leur a pris à peu près douze heures,<br />

raconte Matlock. Quand ils ont eu fini, on aurait dit<br />

qu’il n’y avait jamais eu de skatepark à cet endroit. »<br />

D’<br />

autres projets DIY fleurissent en ville, mais<br />

aucun en coopération avec les autorités<br />

locales. Enfin ça, c’était avant l’arrivée de<br />

K-Dub. Keith Williams (peintre de profession, skateur<br />

par passion) débarque à Oakland en provenance de<br />

Los Angeles en 1998. Quelques années plus tard,<br />

il commence à enseigner l’art au lycée d’Oakland.<br />

Son cours d’art avancé a lieu tous les matins et Keith<br />

remarque que ses élèves, un groupe multiculturel<br />

composé de garçons et de filles afro-américains, latinos,<br />

asiatiques et blancs, viennent à l’école en skate.<br />

Avec eux, il lance un club de skateboard et les<br />

conduit dans différents skateparks de la Bay Area<br />

parce qu’il n’y en a pas à Oakland.<br />

En 2005, Williams crée les Hood Games. « Mon<br />

objectif, c’était de mixer des éléments de la culture<br />

hip-hop, musique et performances artistiques en live,<br />

au skate et d’intégrer tout ça à la communauté »,<br />

explique Williams. Le concept fait tout de suite un<br />

tabac. « D’un seul événement, on est arrivés à quelque<br />

chose comme cinquante, c’est un truc de fou ! »<br />

Après environ deux ans d’événements, les autorités<br />

locales donnent leur accord à Williams pour trouver<br />

un lieu adapté à la construction d’un spot permanent<br />

pour skater. Williams jette son dévolu sur le<br />

DeFremery Park dans West Oakland, haut lieu des<br />

réunions et événements des Black Panthers dans les<br />

années 60, et son grand parking vide.<br />

Notamment soutenu par la marque locale de<br />

jeans, Levi Strauss & Co, qui injectera 700 000 dollars<br />

au total dans le projet, le Town Park, comme on l’appelle<br />

aujourd’hui, est une oasis bétonnée de rampes<br />

et de bosses, embellie d’œuvres de street art vivantes.<br />

Une success story pour Williams, mais sa plus grande<br />

réussite, c’est la communauté qu’il a contribué à créer<br />

et le soutien qu’elle apporte à ses jeunes. « J’ai vu<br />

des gamins qui venaient de familles où ils n’avaient<br />

qu’une seule envie : fuir, explique Williams. Je les ai<br />

vus se trouver une famille à Town Park. Mais ceux qui<br />

se perdent en chemin, ceux qui sont avec nous étant<br />

jeunes et que l’on voit faire ce qu’ils peuvent pour<br />

s’en sortir en grandissant, ceux-là reviennent plus<br />

tard pour nous serrer dans leurs bras, et ce n’est que<br />

de l’amour. »<br />

Après la destruction de Bordertown par<br />

Caltrans, Matlock arrête un temps la construction.<br />

Il travaille de manière plus régulière<br />

avec une entreprise de construction et se syndicalise.<br />

Il s’installe avec sa copine, Liz Thayer, une créatrice<br />

de vêtements, avec qui il a une fille, Pepper, qui a<br />

maintenant six ans. Et il arrête de boire, car c’était<br />

devenu un problème.<br />

52 THE RED BULLETIN


Keith « K-Dub »<br />

Williams, le cerveau<br />

derrière le park<br />

d’Oakland.<br />

Mais l’envie de remettre ça le titille, alors quand un<br />

ami lui parle d’un spot sur Treasure Island, Matlock<br />

ne peut pas résister. « Il me fallait quelque chose pour<br />

ne pas partir en live. » Au bout de près d’un an de<br />

construction sur des courts de tennis à l’abandon, le<br />

projet est repéré par Rich Rovetti, directeur adjoint du<br />

parc immobilier pour l’autorité de développement de<br />

Treasure Island. Loin de les dénoncer pour construction<br />

illégale, Rovetti informe Matlock qu’ils peuvent<br />

poursuivre le chantier du skatepark du moment qu’ils<br />

paient un loyer. Un espoir !<br />

Épaulé par Bob O’Leary, un ami skateur et avocat,<br />

Josh Matlock crée une association à but non lucratif<br />

et surmonte les embûches juridiques. Cette fois, la<br />

mairie les soutient et l’autorité de développement les<br />

autorise à poursuivre le chantier.<br />

Ces temps-ci, Matlock et une poignée de constructeurs<br />

se retrouvent à Treasure Island chaque weekend.<br />

C’est le cas en ce samedi brumeux de mars. Parmi<br />

ces constructeurs dévoués, Danielle Rode est l’une<br />

des seules femmes à participer au chantier. Un ami<br />

lui a parlé de ce skatepark DIY en construction sur<br />

Treasure Island et elle a voulu ajouter sa pierre à<br />

l’édifice. « Quand je suis arrivée ici, dit-elle, il y avait<br />

un groupe de gens qui faisaient du skate, mais en<br />

fait, ces skateurs étaient en train de construire leur<br />

propre terrain d’expression ! »<br />

Williams et les membres de son crew. Dans ce skatepark, chacun(e) a contribué à sa<br />

réalisation ou à son amélioration, et prend d’autant plus de plaisir à le rider.<br />

Ainsi, Josh Matlock a rencontré plusieurs jeunes<br />

curieux, arrivés sur l’île avec l’envie d’aider. Certains,<br />

un peu perdus, se tournent vers lui pour lui demander<br />

conseil. « Ça les empêche de faire des conneries,<br />

dit-il, et il y a peut-être un moyen d’être… comment<br />

on dit, déjà ? Un modèle à suivre ? Peut-être que j’en<br />

suis un, en fait… »<br />

THE RED BULLETIN 53


CHAMPIONNE<br />

DE SA LIGUE<br />

Beaucoup rêvent du job idéal.<br />

CHELCEE GRIMES en a deux :<br />

star montante de la musique et<br />

footballeuse professionnelle, le<br />

tout à seulement 27 ans. Histoire<br />

d’un succès en deux mi-temps.<br />

Texte PIERS MARTIN<br />

Photos STEPHANIE SIAN SMITH<br />

« Je suis une Jekyll and Hyde. Mais chezmoi,<br />

les deux personnalités sont vitales »,<br />

explique la native de Liverpool de sa voix<br />

suave, pendant que les décors de la<br />

séance photo pour <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> sont<br />

démantelés. Installée dans un canapé au<br />

coin d’un studio ensoleillé au bord d’un<br />

canal à l’est de Londres, la jeune femme<br />

de 27 ans, joviale et affable, arbore haut<br />

orange vif, pantalon marron, des New<br />

Balance aux pieds et une chaîne en argent<br />

avec son prénom autour du cou.<br />

Chelcee Grimes est une auteure-compositrice<br />

qu’on s’arrache. Elle a écrit des<br />

succès pour Dua Lipa, Kylie Minogue,<br />

Ke$ha et Tom Walker, et collaboré avec<br />

Calvin Harris et le producteur <strong>Red</strong>One<br />

(Lady Gaga, Nicki Minaj) à Los Angeles.<br />

En 2018, elle se lance dans une carrière<br />

solo avec Just Like That et I Need a Night<br />

Out. Son premier album sortira en 2020.<br />

Mais ce n’est pas tout. Grimes est aussi<br />

footballeuse professionnelle.<br />

Avant-centre du Fulham FC Femmes,<br />

Grimes totalise trois buts en FA Cup cette<br />

saison. En dehors du terrain, elle réunit<br />

ses deux passions en animant sa propre<br />

émission en ligne sur BBC Sport, Chelcee<br />

Away. En juin et juillet, elle couvrira avec<br />

l’équipe de la chaîne, et sur COPA90, site<br />

populaire de fans de foot, la Coupe du<br />

monde féminine en France. « Je suis pas<br />

mal occupée en ce moment, dit-elle<br />

modestement. C’est un peu la folie, mais<br />

je suis ravie. »<br />

Ces dernières années, Grimes n’a pas<br />

chômé en effet. La veille, elle était à<br />

Anfield pour rencontrer Jürgen Klopp dans<br />

le cadre d’un projet de branding. Un rêve<br />

devenu réalité pour cette supportrice des<br />

<strong>Red</strong>s de Liverpool. Après l’interview, elle<br />

a rendez-vous dans un studio à Londres<br />

pour finaliser l’enregistrement de son prochain<br />

single, Girls, dont elle espère qu’il<br />

sera l’hymne non officiel de la Coupe du<br />

monde féminine. Le lendemain, une session<br />

d’écriture l’attend à Ealing avec<br />

Naughty Boy (« je l’ai rencontré la semaine<br />

dernière et à présent on collabore »), et elle<br />

conclura sa semaine par une participation<br />

au championnat du jeu vidéo FIFA eWorld,<br />

le Graal pour elle. « Je vis un rêve éveillé »,<br />

lance-t-elle le visage rayonnant.<br />

Ce succès dans deux carrières de prestige,<br />

a peu à peu promu Grimes au rang<br />

de célébrité et d’ambassadrice du football<br />

féminin, une notoriété qu’elle gère bien,<br />

grâce à son calme naturel et la passion<br />

pour ce qu’elle fait, partageant ses expériences<br />

avec les jeunes fans qui voient en<br />

elle un modèle à suivre. Mais elle a aussi<br />

assez vécu pour savoir qu’elle évolue dans<br />

des univers très versatiles.<br />

À l’âge de 17 ans, Grimes décide d’en<br />

finir avec le foot alors qu’elle est sur le<br />

point de passer professionnelle. En cause,<br />

l’impossibilité du football féminin de<br />

subvenir alors à ses besoins. D’autant plus<br />

54 THE RED BULLETIN


La tête dans le son et<br />

les pieds dans le jeu :<br />

Chelcee vit ses deux<br />

passions, la musique<br />

et le foot, à 200 %.<br />

« Pour mes essais à<br />

Liverpool, je n’avais<br />

même pas de paire<br />

de crampons. »


qu’un contrat de disque juteux lui est proposé.<br />

« On agitait un chèque sous mes<br />

yeux alors que le football ne m’avait pas<br />

donné un sou en huit ans, dur de refuser<br />

dans ces conditions. J’ai donc choisi la<br />

musique et renoncé au foot. » Si le choix<br />

s’imposait, il nous faut, pour mieux saisir<br />

sa portée, revenir sur ce que le football<br />

représente pour elle.<br />

Elevée à Aigburth, Liverpool, le<br />

club des <strong>Red</strong>s tient vite une place<br />

importante dans sa vie : « Si vous<br />

naissez dans une famille qui supporte<br />

les <strong>Red</strong>s, vous n’y échapperez pas. »<br />

Elle doit son prénom à son père. « Chelsea<br />

était une petite équipe à l’époque, c’est pas<br />

comme s’il voulait m’appeler Tottenham<br />

par exemple », plaisante-elle. Ma mère a<br />

dit : “D’accord, c’est un joli prénom mais<br />

Engagée à Fulham,<br />

Chelcee a aussi joué<br />

à Liverpool, Everton,<br />

avec les Tranmere<br />

Rovers et les Spurs.<br />

on va modifier l’orthographe”, comme sur<br />

mon passeport que j’exhibe promptement<br />

quand on ne me croit pas. »<br />

Enfant unique, Grimes comprend vite<br />

que le foot sera le seul moyen de s’entendre<br />

avec les garçons, ses cousins ou<br />

ceux de sa rue. « C’était ça ou rester à la<br />

maison faire des devoirs. Après des<br />

débuts difficiles, les progrès sont vite<br />

arrivés. J’étais la première choisie dans<br />

l’équipe. » Son grand-père remarque une<br />

annonce du centre de formation Ian Rush<br />

(fondateur et ancienne idole des <strong>Red</strong>s)<br />

dans le journal local. Sa mère l’y inscrit.<br />

Elle est l’unique fille. Les Liverpool Ladies<br />

(rebaptisées depuis Liverpool FC Women),<br />

qui s’entraînent sur le même terrain, la<br />

remarquent. « Elles me proposent de faire<br />

un essai. À l’époque, je n’avais même pas<br />

de crampons ! Mais ma prestation les a<br />

convaincues, et j’ai pu intégrer les U10<br />

de Liverpool, avant de signer un contrat<br />

pour cinq ans. »<br />

Quant à la musique, c’est une passion<br />

que Chelcee développe un peu plus tard :<br />

ado, elle est fan de pop et grandit avec les<br />

tubes de J-Lo, Beyoncé, Pink et Kanye. À<br />

la maison, sa mère préfère la dance, son<br />

beau-père Sting, et Simon & Garfunkel.<br />

Pour son diplôme de fin d’études secondaires,<br />

Grimes opte pour la spécialité<br />

musique pour mettre les chances de son<br />

côté. De fait, un professeur ayant remarqué<br />

ses talents d’écriture l’encourage en<br />

ce sens. À 16 ans, elle décroche un contrat<br />

d’enregistrement de six mois grâce à un<br />

concours sur Juice FM, une radio locale.<br />

Ryan Babel, ailier hollandais de Liverpool<br />

est le propriétaire du studio, l’occasion<br />

pour la jeune Anglaise d’assister à tous les<br />

matches des <strong>Red</strong>s et d’apprendre les<br />

ficelles de l’enregistrement avec l’ingénieur<br />

de Babel. La voilà mordue de<br />

musique.<br />

En plus du plaisir de chanter, Chelcee<br />

découvrir celui de se produire sur scène.<br />

« Je jouais tous les soirs à Liverpool. Le<br />

buzz attirait toujours plus de public, se<br />

souvient-elle. Les jeunes se tatouaient les<br />

textes de mes chansons dont j’avais moimême<br />

oublié les paroles. <strong>The</strong> Truth était<br />

l’une d’elles, un gamin se l’était entièrement<br />

tatoué. Je leur disais : “Ne faites pas<br />

ça, vos mères vont hurler.’’ Mais en observant<br />

le phénomène j’ai compris que<br />

quelque chose se passait. » Une chose qui<br />

la mettra devant un choix cornélien : le<br />

football ou la musique. Ce sera la seconde.<br />

Elle signe un contrat avec le label RCA.<br />

« Ils voyaient en moi l’Alicia Keys<br />

anglaise », confie-t-elle, mais rapidement,<br />

son manager est licencié ; son successeur<br />

l’ignore pendant deux ans, avant de la<br />

débarquer sans préavis. Désorientée, abattue<br />

et fauchée, Grimes s’installe à Londres<br />

et poursuit son rêve d’auteurecompositrice<br />

en enregistrant seule où elle<br />

peut, dans une chambre, un sous-sol.<br />

Aujourd’hui, Grimes juge cette période<br />

sans complaisance. « À 18 ans, à part jouer<br />

au foot, j’avais peu vécu. Après une année<br />

blanche, j’ai écrit quatre chansons et<br />

obtenu très vite un contrat de disque, pas<br />

vraiment mérité, pour être honnête. » Elle<br />

se fixe alors de nouveaux défis. « J’ai<br />

voyagé, appris à me connaître et me suis<br />

lancée dans l’écriture. Un jour, quelqu’un<br />

m’appelle et me dit : “Nous apprécions vos<br />

talents de compositrice et vous proposons<br />

un contrat de publication.” J’ai accepté<br />

même si c’était la scène que je visais. » Elle<br />

56 THE RED BULLETIN


17 ans et l’époque où j’écrivais des chansons<br />

dans ma chambre, livrée à moimême.<br />

» En composant pour Dua Lipa,<br />

Lana Del Rey et Ellie Goulding, Grimes se<br />

découvre un talent pour les mélodies à<br />

succès et les rythmes accrocheurs. « Dans<br />

le milieu, ma rapidité de création est<br />

devenue un gag », avoue-t-elle.<br />

PHOTOGRAPHY ASSISTANTS:PAOLINA STADLER, MARIA MONFORT PLANA,<br />

STYLING:EMILY ROSE MOLONEY, HAIR & MAKE-UP:ALICE HOWLETT<br />

se retrouve à Copenhague pour une séance<br />

d’écriture avec le producteur danois Cutfather.<br />

Hantée par le mal du pays, Grimes<br />

compose I Feel Like I’m A Million Miles<br />

Away, titre qu’interprétera Kylie Minogue<br />

en 2014. Elle collabore ensuite avec Steve<br />

Mac, l’un des producteurs les plus en vue<br />

de la pop moderne, avec à son actif<br />

d’énormes succès comme Shape Of You<br />

(Ed Sheeran), Symphony (Clean Bandit)<br />

et What About Us (Pink). « On ne peut que<br />

se bonifier avec de grands joueurs à ses<br />

côtés », lance-t-elle en unissant ses deux<br />

passions par la métaphore.<br />

Mais Grimes ne manque pas de<br />

confiance en elle : « Je suis une Scouser<br />

(terme désignant l’accent de Liverpool,<br />

ndlr). Il y a dans l’eau de Liverpool,<br />

« Les jeunes se<br />

tatouaient les<br />

textes de mes<br />

chansons. »<br />

quelque chose qui nous pousse à penser<br />

que tout est possible. Je n’oublierai jamais<br />

la finale de la Ligue des champions en<br />

2005 (match héroïque contre l’AC Milan à<br />

Istanbul, ndlr). Être mené 3:0 et revenir,<br />

se battre et gagner en 45 minutes incarnait<br />

tout ce en quoi je crois. J’ai vu que la<br />

beauté pouvait jaillir du combat. »<br />

Avec le recul, Grimes estime que son<br />

parcours a été formateur. « Je suis professionnelle<br />

depuis seulement quatre ans,<br />

mais j’ai beaucoup évolué depuis mes<br />

Si comme Grimes, vous écrivez<br />

une chanson par jour, certaines<br />

finissent par trouver un écho.<br />

L’une d’elles, 11:11, inspirée par<br />

son père, est reprise en 2016 par l’artiste<br />

sud-coréenne Taeyeon et deviendra un<br />

énorme succès, avec plus de 52 millions de<br />

vues sur YouTube. « On ne se rappelle pas<br />

toujours tout ce que l’on a écrit, mais<br />

celle-ci est spéciale, confie-t-elle. Christian<br />

Vinten (co-auteur, ndlr) me demande un<br />

jour sur quoi je n’ai jamais écrit. Je<br />

réponds : “Mon père, bizarrement.” Il est<br />

mort quand j’étais enfant, et je crois que<br />

j’ai évité le sujet depuis. Ma mère me disait<br />

toujours de faire un vœu à 23 h 11, et ce<br />

vœu était qu’il vienne et me parle. » Si<br />

Grimes apprécie son succès d’auteurecompositrice,<br />

elle n’a pas pour autant<br />

renoncé à la scène et à ses chansons à<br />

elle. Une persévérance qui finit par payer<br />

l’an dernier avec l’enregistrement de ses<br />

propres morceaux. Mais le foot a laissé un<br />

vide. En matant la Coupe du monde féminine<br />

de 2015, elle remarque, parmi les<br />

joueuses anglaises sur le terrain, certaines<br />

de ses anciennes co-équipières. « Il fallait<br />

que j’y retourne. J’ai contacté des équipes<br />

et obtenu des essais avec Wimbledon, les<br />

Spurs et West Ham. Les trois m’ont proposé<br />

un contrat, c’était dingue. » Elle<br />

signe à Fulham et part s’y installer, même<br />

si, après la sortie de l’équipe masculine de<br />

la Premier League, son avenir au club<br />

demeure incertain.<br />

Cet été, Grimes sera au rendez-vous<br />

pour la coupe du monde féminine en<br />

France et espère que ses reportages pour<br />

la BBC et COPA90, un média foot en ligne<br />

influent, motiveront plus de filles à jouer<br />

au foot. À sa façon, la jeune femme s’est<br />

inventé la vie qui lui va. « Je suis la preuve<br />

vivante qu’on peut s’épanouir dans plusieurs<br />

choses à la fois, poursuit-elle. En<br />

studio, j’écris des chansons pour les<br />

groupes parmi les plus prestigieux au<br />

monde. Je joue pour Fulham tout en enregistrant<br />

mon propre album. C’est ça mon<br />

combat. » Dans la vie comme dans sa carrière,<br />

Chelcee Grimes est bien plus que la<br />

somme de ses rencontres.<br />

chelceegrimes.com<br />

THE RED BULLETIN 57


LE CRACK<br />

OU LE JEU<br />

Comment la DYCKMAN LEAGUE,<br />

qui célèbre son 30 e anniversaire<br />

cet été, a offert une alternative à<br />

la drogue pour devenir une place<br />

forte du basket new-yorkais et<br />

transformer un quartier à jamais.<br />

Texte DAVID HOWARD<br />

Photos ANDRE JONES<br />

Bien avant l’arrivée des Kevin<br />

Durant, Kemba Walker et<br />

autres demi-dieux du basket,<br />

les gros sponsors, les caméras,<br />

les rappeurs et la centaine<br />

d’équipes jouant les<br />

soirs d’été devant des foules compactes de<br />

2 000 spectateurs… bien avant tout cela,<br />

il n’y avait que trois potes.<br />

Trois potes, un ballon et un terrain.<br />

Kenny Stevens, Omar Booth et Michael<br />

Jenkins ont grandi ensemble dans les<br />

complexes d’immeubles de Dyckman à<br />

Inwood, au nord de Harlem, tout en haut<br />

de Manhattan, à New York (USA). Amis<br />

depuis leur plus tendre enfance, les trois<br />

jeunes hommes aimaient tous les sports<br />

mais le point culminant chaque année<br />

était la Holcombe Rucker League, un<br />

tournoi de basket-ball à l’échelle de la<br />

ville qui se tenait autrefois à Harlem. Leur<br />

terrain à eux, le noyau de leur vie et de<br />

leur amitié, c’était le Monsignor Kett<br />

Playground. Et bien qu’ils aient grandi et<br />

commencé à s’éloigner les uns des autres,<br />

ce terrain de basket restait le lien qui les<br />

unissait. « Le terrain, explique Stevens,<br />

c’était la maison. »<br />

À l’époque, fin des années 1980,<br />

Stevens était étudiant et jouait au basket<br />

au Kingsborough Community College,<br />

tandis que Booth jouait à West Virginia<br />

State et Jenkins travaillait à plein temps.<br />

Mais quand les longues journées d’été<br />

arrivaient, qu’ils étaient tous rentrés et<br />

réunis à la maison, ils se réjouissaient à<br />

l’idée de trouver des potes pour jouer,<br />

d’acheter des bières, et de s’asseoir dans<br />

le parc pour se marrer et vanner pendant<br />

des heures à propos d’une interception ou<br />

d’un lay-up refusé.<br />

C’était à peu près ce qu’on pouvait<br />

espérer de mieux à Dyckman à une<br />

époque où une épidémie de drogue sévissait<br />

dans le quartier. « Le crack a dévasté<br />

beaucoup de familles, poursuit Stevens.<br />

58 THE RED BULLETIN


Depuis trente ans, la<br />

Dyckman League est<br />

un incontournable<br />

estival à New York.<br />

Six équipes jouaient<br />

dans la ligue originale.<br />

Cette année,<br />

Dyckman en accueillera<br />

plus de cent.<br />

THE RED BULLETIN 59


De nombreuses<br />

légendes du streetball,<br />

parmi les plus talentueuses<br />

de New York,<br />

ont fait leurs premières<br />

armes à Dyckman.<br />

Le sport était notre refuge. » À New-York<br />

sévissait aussi la folie du streetball, du<br />

basket de rue dont l’engouement explosait<br />

aux quatre coins de la ville, au Rucker<br />

Park de Harlem et sur la West 4th Street<br />

dans le Lower Manhattan en particulier,<br />

attirant des foules surchauffées. Stevens,<br />

Booth et Jenkins se font alors la réflexion<br />

qu’en réunissant d’autres amis et leurs<br />

amis, ils pourraient mettre sur pied un<br />

petit événement, voire leur propre tournoi<br />

de streetball.<br />

On forma six équipes, on établit un<br />

calendrier. Et même s’il n’y avait pas de<br />

public, même si personne ne leur prêtait<br />

attention, les joueurs prenaient les choses<br />

très au sérieux. Ils jouaient dur, et bien<br />

que le climat restât amical, personne ne<br />

voulait perdre. Stevens, Booth et Jenkins<br />

prennent rapidement conscience de la<br />

nécessité d’avoir recours à des arbitres.<br />

Chaque équipe s’engage donc à verser<br />

cinquante dollars pour embaucher des<br />

pros en vu des matches encore à jouer.<br />

C’est ainsi qu’ils réalisent leur premier<br />

modeste investissement dans la Dyckman<br />

Basketball League fraîchement créée. Le<br />

peu d’argent restant suffisait à peine pour<br />

un trophée.<br />

« On n’allait pas loin avec cinquante<br />

dollars, dit Stevens en riant. Mais on a fait<br />

en sorte que ça marche. »<br />

La façon dont Dyckman est devenu<br />

« <strong>The</strong> » Dyckman, qui célèbre<br />

aujourd’hui son trentième anniversaire,<br />

est l’histoire d’une progression<br />

lente et régulière, sur le long<br />

terme, entrecoupée de bonds météoriques<br />

en avant.<br />

La ligue a eu son petit succès, et le<br />

nombre d’équipes est passé à dix la saison<br />

suivante, puis à douze quelques étés plus<br />

tard. Lors de la sixième saison, les organisateurs<br />

ajoutèrent des divisions incorporant<br />

des joueurs aux âges et aux habiletés<br />

différentes. Des gradins furent installés et<br />

bientôt un commentateur se mit à improviser<br />

et à décrire l’action dans une sono.<br />

Stevens et les autres ne sont pas les inventeurs<br />

de cette formule qui s’inspirait des<br />

succès passés de Rucker Park et de West<br />

4th, mais le coin possédait déjà un fier<br />

héritage, ayant accueilli une génération<br />

plus tôt les premiers paniers de Lew<br />

Alcindor qui allait se faire connaître sous<br />

le nom de Kareem Abdul-Jabbar.<br />

À l’occasion du dixième anniversaire<br />

de la ligue, Converse s’engage en tant que<br />

sponsor. Ce qui attire les meilleurs<br />

joueurs des équipes universitaires.<br />

Stevens s’est auparavant assuré que le<br />

quartier entier soit au courant que la<br />

ligue est son événement, créé pour<br />

Dyckman par les gens de Dyckman.<br />

La nouvelle se répand et diverses personnalités<br />

du basket-ball commencent à<br />

faire le trajet jusqu’au bout de Manhattan<br />

pour participer aux matches et jouir de<br />

60 THE RED BULLETIN


l’animation locale. Marcus Camby est le<br />

premier joueur de NBA à se présenter, à la<br />

fin des années 1990, alors qu’il jouait<br />

pour les Knicks de New York. C’est là que<br />

Stevens réalise pour la première fois que<br />

Dyckman était en train de devenir un événement,<br />

un lieu et un nom à l’importance<br />

plus grande qu’il ne l’imaginait.<br />

Actuelle star de la NBA jouant pour les<br />

Hornets de Charlotte, Kemba Walker, qui<br />

a grandi dans le Bronx, a commencé à<br />

jouer à Dyckman quand il était collégien,<br />

et s’y pointe toujours depuis, année après<br />

année. « Il y a de la magie à Dyckman,<br />

s’exclame Bobbito Garcia, joueur de<br />

streetball et légende américaine du hiphop<br />

qui a joué au Madison Square Garden,<br />

et sur les terrains internationaux.<br />

Le seul moment de ma vie d’adulte où j’ai<br />

été ébranlé, c’était lors de mon premier<br />

match à Dyckman. »<br />

« Apporte ton don, pas ton nom. » Le<br />

slogan de l’endroit lui était familier, mais<br />

Chris McCullough<br />

(à gauche) et Rondae<br />

Hollis-Jefferson des<br />

Nets de Brooklyn ont<br />

joué à Dyckman.<br />

« À Dyckman,<br />

nous étions<br />

viraux bien<br />

avant que le<br />

mot “viral”<br />

n’existe. »<br />

ne lui parlait pas. Il se prend une claque :<br />

au lieu de l’applaudir pour le remercier<br />

d’être venu, la foule, sous l’impulsion d’un<br />

élément perturbateur, commence à le<br />

charrier à cause des toutes dernières<br />

baskets Adidas (basses, considérées<br />

comme non adaptées pour jouer) qu’il<br />

portait ce jour-là. Tout le monde se fout<br />

de lui. « Je suis allé à Dyckman et j’étais<br />

un nobody, se marre Garcia. Sacré<br />

accueil ! »<br />

En juillet 2011, Dyckman accueillait le<br />

match de streetball de la décennie à New<br />

York : l’équipe Nike contre l’équipe Ooh<br />

Way, l’une comme l’autre remplie de<br />

légendes locales. Trois mille personnes s’y<br />

entassent, occupant le moindre espace,<br />

peu importe la visibilité réduite, y compris<br />

au sommet des arbres. Les policiers<br />

ont dû intervenir pour chasser les enfants<br />

d’un toit voisin.<br />

Nombre de légendes urbaines sont<br />

associées à Dyckman. À en croire l’une<br />

THE RED BULLETIN 61


Le coup d’envoi<br />

de la 30 e saison<br />

de Dyckman aura<br />

lieu en juin.<br />

d’elles, certains soirs, un conducteur du<br />

métro de la ligne 1 qui passe au-dessus du<br />

terrain s’attardait à la station Dyckman<br />

Street pour pouvoir mater le match en<br />

cours, puis repartait dans la nuit après un<br />

coup d’avertisseur, comme une dédicace<br />

aux joueurs.<br />

On ne sait jamais qui viendra.<br />

C’est la première chose à<br />

savoir au sujet des matches à<br />

Dyckman. En 2011, quand le<br />

milliardaire Mark Cuban, propriétaire des<br />

Mavericks de Dallas, vient en spectateur<br />

(ce qui n’a pas manqué de provoquer des<br />

remous dans la foule), personne ne prend<br />

la peine de prévenir Sharon Bond, la<br />

vice-présidente marketing de Dyckman.<br />

Pareil pour l’apparition du boxeur Floyd<br />

Mayweather l’été dernier. Idem avec les<br />

mégastars comme Kevin Durant, qui a<br />

participé à un match en 2011 et est<br />

revenu en spectateur en 2016 et en 2018.<br />

« On ne sait jamais qui va venir, insiste<br />

Bond. Il faut juste être là. Nous étions<br />

viraux avant que le mot “viral” n’existe. »<br />

La deuxième chose, c’est que personne<br />

autour de Dyckman ne se soucie de savoir<br />

quel VIP pourrait se présenter un soir de<br />

match. Ils iront au parc de toute façon.<br />

« Ceux qui rendent cela réellement, concrètement<br />

possible, ce sont les membres de<br />

la communauté, développe Bond. Ils<br />

viennent tous les jours, ils apportent leur<br />

énergie, c’est comme un ciment qui nous<br />

tient. Les joueurs de NBA et les rappeurs se<br />

réunissent ici à cause de cette énergie. »<br />

Lorsqu’il passe dans le coin, la saison<br />

terminée, Stevens est ravi de constater<br />

que personne n’a vandalisé le terrain, les<br />

gradins ni les lumières comme dans les<br />

années 80. Pour les enfants qui grandissent<br />

dans le quartier aujourd’hui, ce<br />

serait comme souiller les murs de leur<br />

propre chambre. « Si vous vivez à<br />

Washington Heights ou à Inwood, c’est<br />

un tournoi auquel vous aspirez, explique<br />

Garcia. Les enfants du coin ne rêvent pas<br />

de devenir assez bons pour jouer en NBA,<br />

ils rêvent de devenir assez bons pour<br />

jouer à Dyckman. »<br />

Et pour ceux qui ne possèdent pas les<br />

compétences de l’élite, il existe d’autres<br />

points d’entrée. Chaque été, quelque<br />

125 jeunes obtiennent un emploi d’été<br />

rémunéré auprès de la ligue en collaboration<br />

avec un programme municipal.<br />

D’autres jeunes s’impliquent de différentes<br />

façons, certains en participant au<br />

programme d’entraînement tout au long<br />

de l’année.<br />

Tout cela est l’une des réalisations<br />

dont Stevens est le plus fier en tant que<br />

directeur exécutif des opérations de<br />

Dyckman Basketball. « L’inspiration que<br />

nous procurent les visages de ces enfants,<br />

sachant qu’ils n’ont nulle part où aller –<br />

ils sont là tous les étés – est inestimable »,<br />

souligne-t-il.<br />

62 THE RED BULLETIN


Kevin Durant, qui<br />

a joué un match à<br />

Dyckman en 2011, y<br />

a fait une visite surprise<br />

l’été dernier.<br />

Ce qui est remarquable quand on s’y<br />

intéresse, c’est le nombre de personnes<br />

impliquées à Dyckman. Les familles du<br />

quartier dont les enfants participent aux<br />

matches travaillent aussi à subvenir à<br />

leurs propres besoins en vendant des saucisses,<br />

des chiche-kebabs et des boissons<br />

sur des stands tout autour du terrain.<br />

Côté spectateurs, les habitués ont des<br />

sièges assignés de facto, de sorte que les<br />

nouveaux arrivants qui tentent de s’y<br />

incruster se font refouler vers l’arrière.<br />

Lors des plus grosses soirées, la foule<br />

déborde sur le terrain...<br />

Si vous visitez le Monsignor Kett<br />

Playgound à l’heure du déjeuner n’importe<br />

quel jour de l’été, vous n’y verrez<br />

rien de plus que des paniers et des sièges<br />

vides, quelques enfants et un ballon.<br />

L’endroit semble plus propre et plus pimpant<br />

que la plupart des autres terrains<br />

de jeu municipaux, mais sinon c’est exactement<br />

comme à l’époque où Kenny<br />

« Les gosses<br />

d’ici ne rêvent<br />

pas de devenir<br />

assez bons<br />

pour jouer en<br />

NBA. Ils rêvent<br />

de devenir<br />

assez bons<br />

pour jouer<br />

à Dyckman. »<br />

Stevens, Omar Booth et Michael Jenkins<br />

se retrouvaient pour s’affronter sur ces<br />

mètres carrés qui allaient devenir la place<br />

forte du basket new-yorkais.<br />

Vers 16 heures, à Dyckman, l’atmosphère<br />

change. On lance les préparatifs et<br />

soudainement, il y a de l’électricité dans<br />

l’air. « Vous détournez votre attention, dit<br />

Bond, et tout cela se produit en quelques<br />

secondes. »<br />

À 18 heures, alors que la chaleur poisseuse<br />

perd un peu de sa vigueur et que<br />

les ombres s’allongent, les 1 600 places<br />

assises se remplissent, la plupart par<br />

des gens du quartier. Un DJ pousse la<br />

musique et les speakers prennent leurs<br />

micros. Les équipes se rassemblent pour<br />

un entre-deux sur le terrain central ; la<br />

soirée est lancée.<br />

Cette transformation est surprenante,<br />

sauf pour quiconque a vécu autour de<br />

Dyckman et la voit se reproduire systématiquement<br />

à chaque fin de journée, l’été,<br />

depuis trente ans. Ceux qui ont assisté<br />

au tout premier tournoi organisé à la hâte<br />

ont encore du mal à assimiler le fait<br />

que Dyckman soit maintenant devenu<br />

« <strong>The</strong> » Dyckman.<br />

Sauf que, au fond, ce qui se passe<br />

maintenant au Monsignor Kett<br />

Playground est exactement<br />

comme lorsque les trois amis<br />

ont débuté : le même terrain, la même<br />

communauté et le même jeu, mis en<br />

valeur dans toute sa grâce et sa force,<br />

sa férocité et sa beauté.<br />

Pour Stevens, qui est toujours un<br />

bon ami de Booth et de Jenkins, et qui<br />

entraîne maintenant les fils des joueurs<br />

de playground qu’il a entraînés quand il<br />

était plus jeune, Dyckman reflète la vie<br />

elle-même. Vous pouvez gagner en âge et<br />

devenir plus sage, mais vous n’avez pas<br />

besoin de grandir totalement, parce que<br />

vous avez toujours le jeu.<br />

« Beaucoup de choses se sont passées<br />

depuis, articule Stevens dans un rire<br />

léger. Je ne réalise même pas que cela fait<br />

trente ans, parce que j’ai l’impression que<br />

c’était encore hier. »<br />

L’édition <strong>2019</strong> du tournoi de Dyckman<br />

se tiendra à New York et aura lieu sept<br />

jours sur sept, pendant dix semaines,<br />

de juin à août.<br />

dyckmanbasketball.com<br />

THE RED BULLETIN 63


À la pointe<br />

Texte MARK BAILEY<br />

Photos RICK GUEST<br />

La science du<br />

sport peut-elle<br />

révolutionner<br />

le ballet ?<br />

64 THE RED BULLETIN


William Bracewell,<br />

l’un des premiers<br />

solistes du Royal Ballet<br />

de Londres, conjugue<br />

grâce et puissance<br />

à la perfection.


L’élégance et la beauté du ballet dissimulent<br />

des corps meurtris, des muscles endoloris<br />

de la souffrance et de la pression. Mais au<br />

Royal Ballet de Londres, les choses évoluent,<br />

grâce à une nouvelle génération de danseurs.<br />

La science du sport renforce leurs corps et<br />

leurs esprits – propulsant leur art dans le futur.<br />

Quand Gemma Pitchley-Gale<br />

n’est pas chaussée de ses<br />

pointes roses, en pleine<br />

séance de pirouettes à la<br />

Royal Opera House, le fief<br />

londonien du célébrissime<br />

Royal Ballet, elle est souvent<br />

en train de soulever des haltères<br />

en fonte à la salle de<br />

sport. Malgré un physique menu, la danseuse a<br />

déjà réussi à soulever 97 kg – plus du double de<br />

son propre poids, 47 kg.<br />

« Les gens s’imaginent qu’on passe nos journées<br />

à virevolter en studio, qu’on est maigre,<br />

fragile et qu’on ne mange rien, s’amuse la jeune<br />

femme originaire du sud de Londres. Alors quand<br />

ils voient tout ce dont on est capables, ils n’en<br />

reviennent pas. » Sa collègue, Claire Calvert, qui a<br />

interprété la fée Dragée dans Casse-Noisette, a<br />

elle-même établi un record perso de 99 kg en<br />

squat. Les danseurs masculins de la compagnie ne<br />

sont pas en reste. William Bracewell peut soulever<br />

ses 75 kg en enchaînant 45 extensions de mollets.<br />

À chaque entraînement quotidien, Alexander<br />

Campbell soulève en cumulé un poids total de<br />

3 655 kg, soit à peu près le poids d’un Ford Transit<br />

chargé. Et Matthew Ball peut supporter l’équivalent<br />

de quatre fois son poids en effectuant un<br />

squat statique sur une seule jambe. « J’ai montré à<br />

mes parents une vidéo de moi en train de soulever<br />

des poids et ils m’ont dit : “Mais tu as le droit de<br />

faire ça ?”, raconte le jeune homme de 26 ans avec<br />

le sourire. Le truc, c’est que quand j’atterris après<br />

un grand saut, j’ai l’équivalent de 500 kg de force<br />

qui passe dans mes jambes, donc il faut bien que<br />

je m’entraîne pour. »<br />

Si les danseurs d’aujourd’hui passent tant de<br />

temps à la salle de sport, c’est pour une raison :<br />

le ballet est un univers magnifique, mais aussi<br />

brutal, fait de muscles endoloris et d’épuisement<br />

intense. Pour maîtriser le sublime jeu de pieds de<br />

ballets emblématiques comme le Lac des cygnes,<br />

Cendrillon ou encore Roméo et Juliette, ces<br />

artistes peuvent enchaîner jusqu’à six heures de<br />

répétitions complexes par jour et parfois quatre<br />

représentations en public par semaine. Sur le<br />

plan physique, le prix à payer est immense : les<br />

danseurs du Royal Ballet – qui sont une centaine,<br />

et dont les pieds meurtris sont gravement esquintés<br />

par les ampoules, ongles noircis, coupures,<br />

contusions et autres déformations – consomment<br />

en moyenne 12 000 chaussons par an. Avec une<br />

moyenne de 6,8 blessures par an, de l’entorse du<br />

pied à la déchirure musculaire, le taux de blessures<br />

des danseurs est comparable à celui des<br />

joueurs de football américain.<br />

« Le matin au réveil, on ressent un mélange<br />

de courbatures, de douleurs et de craquements,<br />

en gros », explique Gemma Pitchley-Gale en<br />

riant. Après 75 minutes d’échauffement, les<br />

choses sérieuses commencent. « Il nous arrive de<br />

répéter de midi à 18 h 30 sans faire de pause ou<br />

66 THE RED BULLETIN


Claire Calvert :<br />

une force brute<br />

absolue et une<br />

souplesse rare.<br />

RÉSILIENCE<br />

Claire Calvert<br />

Première soliste (en dessous<br />

de l’étoile), Claire<br />

Calvert a été victime d’une<br />

lésion ostéochondrale<br />

(une petite blessure du<br />

cartilage) au niveau du<br />

fémur en 2013. Elle voit<br />

son muscle diminuer de<br />

moitié et se retrouve avec<br />

un trou d’un centimètre<br />

dans le cartilage. Pour<br />

reconstituer ses muscles<br />

et ses articulations, elle<br />

se met aux squats lestés<br />

et aux soulevés de terre.<br />

« J’en ai fait quelque chose<br />

de positif, explique la<br />

jeune femme de 31 ans. Je<br />

m’entraînais depuis l’âge<br />

de 11 ans, sans aucun véritable<br />

suivi. Là, j’ai eu le<br />

temps de réfléchir. Je me<br />

suis demandé comment<br />

m’améliorer en tant que<br />

danseuse et je me suis dit<br />

que je devais me mettre<br />

à fond au sport. Je suis<br />

revenue plus forte et<br />

plus heureuse. »


Sac de sable et box de<br />

pliométrie : Claire bosse<br />

ses muscles profonds.<br />

Pour aller plus loin, l’équipe de Retter a<br />

commencé à tout analyser, de la force<br />

d’atterrissage des danseurs aux schémas<br />

d’activation de leurs muscles. Ils ont utilisé<br />

la même technologie de plateformes biomécaniques<br />

que celle employée par l’Agence spatiale<br />

européenne, ainsi que des unités d’électromyopresque,<br />

confie Claire Calvert. Dans la pratique,<br />

c’est interdit – en général, on a une heure pour<br />

manger – mais parfois, c’est comme ça que se<br />

passent les répétitions. » Et puis vient le moment<br />

de la représentation, à la fois éblouissante et<br />

éreintante, devant 2 250 spectateurs. De retour<br />

chez eux vers 1 heure du matin pour certains, les<br />

danseurs doivent être au studio à 9 h 30 le lendemain.<br />

Ce rythme de vie éreintant n’avait jamais<br />

incité quiconque à analyser tout ce que subissaient<br />

les corps des danseurs, jusqu’en 2013, date<br />

à laquelle le Royal Ballet ouvre la Mason Healthcare<br />

Suite – un établissement de haute qualité<br />

avec dix-sept experts en science du sport, physiothérapie,<br />

nutrition, massage, rééducation et psychologie<br />

dans le but de réduire les blessures, de<br />

combattre la fatigue et d’améliorer les perfs.<br />

« J’ai été choqué quand j’ai vu la charge de travail<br />

des danseurs, admet Greg Retter, le directeur<br />

clinique du service de santé du ballet, ancien responsable<br />

de la rééducation pour l’équipe olympique<br />

de Grande-Bretagne. Les danseurs se<br />

donnent à 100 % à chaque répétition, plusieurs<br />

fois par jour. Les athlètes échelonnent les entraînements<br />

par rapport aux compétitions, mais les<br />

danseurs, eux, s’entraînent continuellement de<br />

septembre à juin, et ils répètent souvent six ballets<br />

à la fois. C’est un bouillonnement constant. »<br />

Un rythme difficile mais nécessaire, car les danseurs<br />

doivent faire preuve sans jamais faillir<br />

d’une précision extraordinaire dans leurs<br />

mouvements. Autant un joueur de football a le<br />

droit de manquer les filets et un musicien peut se<br />

permettre une fausse note isolée, autant chaque<br />

pas du danseur se doit d’être impeccable afin que<br />

se crée sur scène cette délicatesse et cette précision<br />

propres à une œuvre artistique. « Cette<br />

manière qu’ils ont d’utiliser leur perception<br />

kinesthésique et leur mémoire musculaire de<br />

manière cognitive pour réaliser des suites de<br />

mouvements complexes est vraiment propre à<br />

leur discipline, déclare Retter. Et même si le mouvement<br />

est modifié, ils n’auront qu’à le refaire<br />

quelques fois et ce sera intégré. Une telle neuroplasticité,<br />

c’est tout bonnement incroyable. »<br />

C’est justement ce niveau de précision qui fait<br />

toute la difficulté – et toute la beauté – du ballet.<br />

« Le ballet, c’est un art esthétique. En pratique,<br />

telle partie du bras devra être positionnée exactement<br />

comme ça et tel doigt devra être ici,<br />

explique Claire Calvert. C’est en cela que le ballet<br />

est unique. Le corps humain s’adapte à tout, mais<br />

personne n’est fait pour le ballet. L’en-dehors<br />

(quand un danseur fait pivoter ses jambes au<br />

niveau des hanches, et que ses genoux et ses orteils<br />

pointent vers l’extérieur, ndlr), ce n’est pas prévu<br />

par la nature. »<br />

La musculation<br />

peut diminuer le<br />

risque de blessure<br />

de 59 %.<br />

68 THE RED BULLETIN


Gemma Pitchley-<br />

Gale développe<br />

sa force sur un<br />

reformer de Pilates<br />

de haut niveau.<br />

graphie (EMG) pour l’analyse des muscles, des<br />

masques à oxygène et des moniteurs de fréquence<br />

cardiaque. L’équipe a également subventionné<br />

un étudiant en doctorat de l’université St<br />

Mary chargé de mesurer les performances des<br />

danseurs à l’aide d’accéléromètres.<br />

Sous l’œil pragmatique de la science du sport,<br />

le ballet s’est révélé être un véritable tumulte de<br />

membres gorgés d’acide lactique, de fréquences<br />

cardiaques en folie et de muscles en manque<br />

d’oxygène. Les danseurs masculins subissent des<br />

forces pouvant atteindre 610 kg lors des atterrissages.<br />

Les danseuses, elles, peuvent encaisser<br />

410 kg de force – à peu près la même puissance<br />

qu’un coup de poing balancé en pleine course par<br />

Conor McGregor. Même le stress de se produire<br />

face à un public peut entraîner une augmentation<br />

de 8 % du taux de lactate dans le sang.<br />

Mises bout à bout, ces données constituent<br />

une véritable révélation : voilà des années que les<br />

athlètes, aventuriers et soldats s’étaient tous mis<br />

à la science du sport, alors que les danseurs, eux,<br />

n’avaient jamais bénéficié d’un entraînement<br />

musculaire adéquat, de conseils nutritionnels, de<br />

protocoles de rééducation ou d’innovations technologiques<br />

pour les aider à supporter la charge<br />

physique sans égale qui pesait sur leurs épaules.<br />

Les douleurs et les blessures étaient inévitables.<br />

« Quand je suis sortie de la Royal Ballet School en<br />

2005, on se contentait d’un peu de Pilates et de<br />

quelques étirements, se remémore Gemma Pitchley-Gale.<br />

Il y avait deux pauvres vélos elliptiques<br />

qui traînaient dans le couloir. » À l’image de<br />

Gemma, des danseurs proactifs ont cherché de<br />

l’aide à l’extérieur en travaillant avec un coach<br />

personnel. Pour d’autres, la santé n’était pas une<br />

priorité : l’ancien soliste Eric Underwood a avoué<br />

avoir succombé à l’alcool, à la cigarette et aux<br />

hamburgers, tandis que le danseur ukrainien<br />

Sergeï Polunin a un penchant pour les soirées<br />

endiablées et les substances illicites. En réalité,<br />

pour que tous les danseurs comprennent l’intérêt<br />

d’intégrer la science du sport à leur pratique,<br />

il fallait d’abord que les mentalités changent.<br />

Les danseurs sont des artistes, pas des athlètes.<br />

Leur objectif, c’est de créer de l’émotion à travers<br />

les sublimes mouvements de leurs corps. Ils font<br />

donc instinctivement passer des concepts non<br />

quantifiables tels que la grâce et l’élégance avant<br />

de vulgaires statistiques comme la force des<br />

jambes ou la hauteur des sauts.<br />

« Il y a cette croyance que le ballet n’est qu’une<br />

question d’art – et c’est le cas, déclare Retter.<br />

Mais la force, la condition physique, le bien-être<br />

psychologique et une bonne nutrition permettent<br />

aux danseurs d’effectuer des chorégraphies complexes<br />

et d’exprimer des émotions sur scène.<br />

Et aujourd’hui, on peut le dire aux danseurs :<br />

“C’est sur cette base que vous pourrez réaliser<br />

une magnifique performance.” »<br />

Les recherches innovantes menées par le<br />

Royal Ballet ont d’ailleurs coïncidé avec une révolution<br />

plus vaste en science de la danse. En 2012,<br />

plusieurs universités et établissements de danse<br />

du Royaume-Uni se sont associés pour lancer<br />

l’Institut national de médecine et de science de la<br />

danse (National Institute of Dance Medicine and<br />

Science, NIDMS), une organisation qui promeut<br />

la recherche dans ce domaine. Et on ne peut plus<br />

ignorer ses découvertes. Une étude a démontré<br />

qu’au bout d’un an de musculation, les danseurs<br />

avaient 59 % de risques en moins de se blesser.<br />

Un autre rapport nous apprend qu’en six<br />

« Le corps humain s’adapte à<br />

tout, mais personne n’est<br />

fait pour le ballet. »<br />

THE RED BULLETIN 69


Alexander<br />

Campbell : un danseur<br />

précurseur de<br />

la révolution par la<br />

science du sport.<br />

semaines de conditionnement physique, les danseurs<br />

peuvent améliorer leurs compétences<br />

esthétiques en optimisant le contrôle de leurs<br />

mouvements, leur perception spatiale, leur synchronisation<br />

et leur précision rythmique. En<br />

quête de perfectionnement et convaincus par<br />

cette accumulation de preuves, de nombreux<br />

danseurs avant-gardistes se sont désormais<br />

ouverts à l’innovation.<br />

Le plus frappant dans cette révolution, c’est<br />

bien la vision de ces danseurs sveltes effectuant<br />

des squats lestés ou balançant leurs kettlebells<br />

dans la salle de sport du complexe. La musculation<br />

les protège des blessures musculaires, les<br />

aide à répartir leurs forces à l’atterrissage, stimule<br />

la santé de leurs os et leur permet de sauter<br />

plus haut. Mais pour que les danseurs deviennent<br />

plus forts sans trop augmenter leur masse musculaire<br />

afin qu’ils ne perdent rien de leur grâce, les<br />

scientifiques du sport ont recours à des techniques<br />

innovantes. Les danseurs se tiennent sur<br />

« Le corps entier est sollicité :<br />

il y a le côté technique<br />

et le côté émotionnel. »<br />

FITNESS<br />

Alexander<br />

Campbell<br />

Originaire de Sydney, le<br />

danseur étoile de 32 ans<br />

a interprété des rôles<br />

comme celui du Prince<br />

dans Casse-Noisette.<br />

« C’est en répétant sans<br />

cesse que l’on développe<br />

nos compétences techniques.<br />

Mais quand on est<br />

épuisé, on est forcément<br />

moins performant. » Alors<br />

il fait du rameur à chaque<br />

fois que cela s’impose<br />

pour tenir le rythme de ses<br />

rôles à venir. « J’ai commencé<br />

la danse classique<br />

à 5 ans, et je faisais aussi<br />

du football australien et<br />

du cricket. Quand j’ai parlé<br />

des bottes de récupération<br />

et des bains glacés à mes<br />

camarades, ils m’ont<br />

demandé : “À quoi ça<br />

sert ?” Maintenant, on les<br />

utilise tout le temps. »<br />

des plateformes biomécaniques qui mesurent<br />

leur force explosive et ils soulèvent des haltères<br />

équipés de codeurs linéaires qui enregistrent la<br />

vitesse du mouvement. En effectuant peu de<br />

répétitions avec des poids élevés et en se concentrant<br />

sur leur vitesse explosive, les danseurs<br />

contractent leurs muscles de manière plus efficace<br />

tout en augmentant la magnitude de ces<br />

impulsions électriques, ce qui leur permet de<br />

développer de la force brute – sans entraîner une<br />

croissance musculaire disproportionnée.<br />

William Bracewell n’en revenait pas. « J’ai<br />

remarqué un grand changement dans ma capacité<br />

à gérer les répétitions. Je ressentais moins de<br />

douleurs après avoir dansé, et j’ai pu constater<br />

une amélioration de tous les problèmes que je<br />

pouvais avoir dans le bas du dos, au niveau des<br />

chevilles et des genoux. » Même sur scène, il a<br />

remarqué la différence. « Ça donne confiance.<br />

Quand on arrive à soulever un poids quatre ou<br />

cinq fois de suite tout en sachant qu’il est plus<br />

lourd que la personne qu’on porte, on se dit :<br />

“Ça semble facile maintenant.” »<br />

Figure de proue de la nouvelle génération de<br />

danseurs, Matthew Ball raffole des séances de<br />

musculation. « Le ballet, c’est une manière stylisée<br />

de se mouvoir, tout dans la beauté et les<br />

lignes, rien à voir donc avec notre comportement<br />

biomécanique naturel, explique-t-il. En étant plus<br />

fort, on donne à son corps la possibilité de gérer<br />

ça. Mon obsession, c’est d’arriver à sauter le plus<br />

haut possible. Donc j’adore faire des squats lestés,<br />

augmenter ma force maximale et la mesurer.<br />

» Au Royal Ballet, la technologie est désormais<br />

employée systématiquement au service de<br />

l’art. Parmi les nouveaux gadgets disponibles, il y<br />

a notamment les machines de Gyrotonic, un système<br />

de câbles qui améliore la souplesse à travers<br />

des mouvements fluides spécifiques à la danse,<br />

70 THE RED BULLETIN


FORCE<br />

Gemma<br />

Pitchley-Gale<br />

Originaire du sud de<br />

Londres, la jeune femme<br />

de 32 ans est première<br />

artiste, et un membre<br />

chevronné du corps de<br />

ballet, réputé pour ses<br />

chorégraphies de groupe<br />

complexes sur scène. Sur<br />

son compte Instagram, les<br />

poses de ballerine et selfies<br />

en backstage côtoient<br />

des vidéos d’elle en train<br />

de soulever des poids à la<br />

salle de sport. « Mon but<br />

n’est pas de prendre de la<br />

masse, ce n’est pas une<br />

option quand on est danseuse,<br />

mais ça me rend<br />

plus forte, tout simplement.<br />

Ça me plaît tellement<br />

que je suis justement<br />

en train de terminer<br />

ma formation pour devenir<br />

coach personnel. »


ou encore les enveloppes de jambes de cryothérapie<br />

Game Ready, également utilisées par l’équipe<br />

de football de Manchester City, ou les bottes de<br />

récupération gonflables RPX, qui aident à éliminer<br />

l’acide lactique après les répétitions. « Ça<br />

donne une impression super agréable, comme si<br />

on avait du sang neuf dans les jambes », explique<br />

Gemma Pitchley-Gale. Toutes les activités sont<br />

supervisées sur Smartabase, une plateforme<br />

d’analyse des données utilisée par les joueurs de<br />

football américain des Cowboys de Dallas.<br />

Les danseurs d’aujourd’hui bénéficient même<br />

des neurosciences et de la psychologie. Avec<br />

l’aide de la psychologue du travail Britt Tajet-<br />

Foxell, les artistes s’exercent à combattre l’anxiété<br />

en superposant des images positives sur leurs<br />

pensées négatives : une danseuse a ainsi arrêté de<br />

considérer sa cheville blessée comme une<br />

branche cassée et a remplacé cette pensée par des<br />

images réconfortantes d’eau qui coule et de ciel<br />

bleu. Les danseurs se détendent en créant des<br />

suites de souvenirs évoquant des représentations<br />

couronnées de succès. « Après une grave fracture<br />

du pied, j’avais peur à chaque fois que je faisais<br />

un saut, mais Britt m’a aidée avec des répétitions<br />

d’images positives de mes performances passées<br />

», explique Gemma Pitchley- Gale.<br />

Ils apprennent également à neutraliser les<br />

effets du stress en compartimentant les différentes<br />

parties de leur vie – comme le ballet, la<br />

famille et les finances – dans des pièces imaginaires<br />

et en « nettoyant » systématiquement cha-<br />

PRÉCISION<br />

William<br />

Bracewell<br />

Premier soliste du Royal<br />

Ballet, le jeune homme<br />

de 28 ans est un habitué<br />

des rôles difficiles. « Le<br />

plus compliqué pour<br />

moi, ça a été Obsidian<br />

Tear (ballet de 2016 du<br />

chorégraphe Wayne<br />

McGregor, ndlr). C’était<br />

intense : 25 minutes de<br />

danse non-stop, mais<br />

un rendu incroyable. »<br />

Le danseur fait très attention<br />

à son alimentation<br />

afin d’optimiser ses<br />

performances. « C’est<br />

une question de logique :<br />

des pâtes deux heures<br />

avant une représentation<br />

pour avoir de l’énergie<br />

et des protéines<br />

après pour réparer les<br />

muscles. » Il a aussi appris<br />

des techniques de<br />

visualisation. « Il n’y a<br />

pas deux ballets qui se<br />

ressemblent. Je les imagine<br />

comme des maisons<br />

décorées dans différents<br />

styles. Si vous<br />

allez à Buckingham<br />

Palace, vous ne vous<br />

comporterez pas de la<br />

même manière que si<br />

vous alliez dans une<br />

ferme. Penser ainsi<br />

m’aide à rester focus. »<br />

72


« Les danseurs bénéficient<br />

même des neurosciences<br />

et de la psychologie. »<br />

cune d’entre elles. Leur programme de répétition<br />

est tellement chargé que même le fait de manger<br />

correctement représente un enjeu de taille pour<br />

les danseurs. « Il nous arrive d’avoir seulement<br />

quinze minutes de pause avant de nous y<br />

remettre, donc pour ne pas se sentir trop lourds,<br />

on évite les plats de pommes de terre », explique<br />

Claire Calvert. Elle se rappelle ce nutritionniste<br />

qui était si inquiet quand il est venu visiter la<br />

compagnie dans les jours précédant l’ouverture<br />

du service de santé : « Quand il a vu comment ça<br />

se passait, il nous a dit : “Si j’étais vous, j’aurais<br />

toujours des encas avec moi et je me contenterais<br />

d’un gros repas le dimanche.” Il ne savait tout<br />

simplement pas quoi nous dire d’autre. »<br />

Désormais, ils suivent des régimes alimentaires<br />

intelligents et spécifiques à la danse établis<br />

par la nutritionniste du Royal Ballet, Jacqueline<br />

Birtwisle. Pour avoir de l’énergie, les danseurs<br />

consomment des aliments faciles à digérer<br />

comme du porridge, des œufs brouillés, du<br />

risotto, du houmous, de la salade, du yaourt à la<br />

grecque, des baked beans ou des Buddha Bowls<br />

(repas végétariens complets dans un bol). Ils<br />

mangent des poissons gras riches en oméga-3<br />

(saumon, maquereaux, anchois, sardines et<br />

harengs) pour optimiser la récupération musculaire<br />

et préfèrent l’huile d’olive, pour ses vertus<br />

anti-inflammatoires, à l’huile de tournesol. Après<br />

une représentation tard dans la soirée, un repas<br />

lourd peut être difficile à digérer, ils optent alors<br />

pour des smoothies à base de purée d’oléagineux<br />

pour réparer les muscles. Et comme ils passent<br />

beaucoup de temps à l’intérieur, ils prennent<br />

aussi de la vitamine D, d’autant plus qu’il a été<br />

prouvé qu’elle augmentait de 18,7 % la force isométrique<br />

des danseurs – celle qui est renforcée<br />

par des exercices « statiques » comme le gainage.<br />

Bien entendu, on ne peut pas convaincre<br />

tous les danseurs d’adopter cette nouvelle<br />

dynamique et certains ont toujours<br />

des réticences par rapport à son<br />

approche scientifique. « Il y a toujours une certaine<br />

scission, mais elle n’est plus aussi marquée<br />

qu’avant, admet Retter. Tout d’abord parce que<br />

nous avons des danseurs qui passent par la Royal<br />

Ballet School et qui apprennent désormais en<br />

quoi leurs capacités physiques peuvent les aider.<br />

Et ensuite parce que maintenant, nous avons ces<br />

“champions” au top qui réalisent que cet apport<br />

scientifique ne les détourne pas de leur expression<br />

artistique, mais l’améliore au contraire. »<br />

FOCUS<br />

Matthew Ball<br />

En mars dernier, Matthew<br />

Ball reçoit un appel du<br />

directeur du Royal Ballet :<br />

le danseur étoile David<br />

Hallberg s’est blessé au<br />

mollet en interprétant le<br />

rôle principal d’Albrecht<br />

dans Giselle. Lui, qui n’a<br />

interprété ce rôle qu’une<br />

seule fois, doit le remplacer.<br />

« Quand on n’a pas<br />

d’autre choix, on s’en<br />

remet à sa routine. J’étais<br />

moins stressé qu’avant<br />

d’autres représentations. »<br />

Devenu danseur étoile<br />

depuis, Matthew a développé<br />

des stratégies pour<br />

rester concentré sur<br />

scène. « En donnant un<br />

signal au cerveau pour<br />

qu’il se concentre sur<br />

quelque chose de facile à<br />

identifier. Si mes émotions<br />

prennent le dessus, si ma<br />

fréquence cardiaque s’affole,<br />

je pose ma main sur<br />

mon cœur pour concentrer<br />

tous mes efforts dessus. »<br />

La science ne remplacera jamais le talent nécessaire<br />

pour créer de la beauté artistique sur scène.<br />

Et si le rôle principal d’un danseur est de transcender<br />

les limites de son corps afin de susciter<br />

une émotion chez son public – faisant ainsi passer<br />

le sport au rang d’art –, la science a un rôle de<br />

soutien essentiel à jouer. « Quand on participe à<br />

une course, on court tout simplement, dit Claire<br />

Calvert. Nous, on doit se mouvoir avec grâce, être<br />

élégants, sourire et créer une réaction émotionnelle,<br />

même si à la fin, on n’en peut littéralement<br />

plus. Faire des squats, ce n’est pas cela qui m’aidera<br />

à faire 32 fouettés, il faudra quand même<br />

que je m’exerce à effectuer les pas. Mais je suis<br />

désormais armée d’une force et d’une confiance<br />

qui me permettent d’être plus présente dans ma<br />

performance, je peux donc mieux me concentrer<br />

sur l’histoire ou le personnage. »<br />

Ce sentiment est peut-être bien la pierre<br />

angulaire de toute cette révolution dans le ballet.<br />

Les danseurs doivent exécuter des chorégraphies<br />

précises et soumises à un contrôle rigoureux,<br />

mais d’une certaine manière, ils peuvent exprimer<br />

leur personnalité dans le cadre de cette performance.<br />

« C’est quand on a confiance que l’on<br />

laisse transparaître notre joie naturelle dans nos<br />

performances », explique Claire Calvert.<br />

En associant les valeurs traditionnelles du ballet<br />

que sont la discipline et la persévérance aux<br />

idées nouvelles de la science, les danseurs créent<br />

un équilibre parfait – sur scène et en dehors. « La<br />

transition est déjà en marche, déclare Gemma<br />

Pitchley-Gale. On est en plein dedans. »<br />

THE RED BULLETIN 73


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TRBMAG


guide<br />

au programme<br />

DE L’ULTRAFOND<br />

AUX HAUTS FONDS<br />

Ancien coureur longue<br />

distance, Christian<br />

Schiester sillonne les<br />

océans sur un voilier. Si<br />

vous êtes sympa, il vous<br />

attend aux îles Salomon.<br />

PAGE 76<br />

HARALD TAUDERER/RED BULL CONTENT POOL<br />

SA SALLE À LUI ?<br />

DES HECTARES !<br />

Pour le fitness, Tom<br />

Kemp s’entraîne à la<br />

ferme. Tout équipé !<br />

PAGE 80<br />

RED BULL JOUR<br />

D’ENVOL À LYON<br />

Le 30 juin, des engins<br />

non motorisés vont<br />

planer à Confluence.<br />

PAGE 86<br />

DU BON MATOS<br />

POUR S’ÉVADER<br />

Gaming, cinéma ou<br />

musique : améliorez<br />

l’expérience, chez vous.<br />

PAGE 90<br />

THE RED BULLETIN 75


G U I D E<br />

Faire.<br />

Home sweet home sur l’océan : les hôtes de Christian Schiester explorent les îles Salomon à bord de El Toro.<br />

LES ÎLES SALOMON<br />

UN YACHT ET<br />

MILLE ÎLES<br />

Destination <strong>Red</strong> Bull vous fait découvrir le monde avec des<br />

athlètes de classe mondiale. Déconnexion totale à bord du<br />

voilier de Christian Schiester, ex-pointure de l’ultratrail.<br />

Depuis 2016, je sillonne le<br />

globe à la barre du « El<br />

Toro », mon voilier de<br />

18 mètres après une vie de coureur<br />

d’ultratrail et 160 000 km<br />

dans les jambes. Le bercement des<br />

vagues a remplacé la douleur des<br />

ampoules, et nez au vent, je<br />

navigue vers l’inconnu. Sept<br />

années pour le voyage d’une vie.<br />

Après une carrière axée sur l’obsession<br />

de terminer les courses,<br />

je souhaite à présent vivre cette<br />

communion avec la nature dans<br />

sa totalité et en pleine conscience,<br />

en mer comme sur terre.<br />

Compagnons de voyage : Christian Schiester et Daniela.<br />

76 THE RED BULLETIN


voyage<br />

Infos voyage<br />

AU NOM DU ROI<br />

En 500 ans d’histoire, la moitié du<br />

monde a tenté à un moment ou un autre<br />

de conquérir les îles Salomon.<br />

Îles<br />

Salomon<br />

Buala<br />

Gizo<br />

L’ex-marathonien trouve toujours le temps de courir sur les plages visitées.<br />

Situé au sud-est de<br />

la Nouvelle-Guinée,<br />

dans l’océan Pacifique,<br />

l’archipel compte environ<br />

un millier d’îles.<br />

Tulaghi<br />

Honiara<br />

Auki<br />

Kirakira<br />

JUERGEN SKARWAN, HARALD TAUDERER/RED BULL CONTENT POOL, GETTY IMAGES WERNER JESSNER<br />

Les îles Salomon restent une destination relativement peu touristique.<br />

Découvrir loin des foules ses trésors<br />

cachés, s’immerger dans<br />

d’autres cultures, saisir ce qui unit<br />

les humains, ce qui les distingue.<br />

Appréhender pleinement la fragilité<br />

de la planète. Préparer soimême<br />

ses repas mais aussi les<br />

hisser à bord : thon, calamar,<br />

maquereaux.<br />

Présente à mes côtés, mon<br />

amie Daniela m’accompagne par<br />

vents et marées, par temps calme<br />

ou par tempête, sur une plage<br />

paradisiaque ou sur le pont. La<br />

beauté et la diversité rencontrées<br />

tout au long du voyage ont vite<br />

transformé les Autrichiens purs et<br />

durs que nous sommes, habitués<br />

aux montagnes et aux terrains<br />

solides, en amoureux de l’océan.<br />

« Nous souhaitons<br />

communier avec<br />

la nature avec tous<br />

nos sens. »<br />

J’ai toujours pensé que la voile<br />

et la course à pied n’avaient rien<br />

en commun. Pourtant, les deux<br />

activités partagent des aspects<br />

communs comme la solitude, l’invitation<br />

à la réflexion, une lente<br />

progression vers l’objectif, mais<br />

aussi la nécessité de voyager léger.<br />

Courir seul à travers le Sahara<br />

oblige à emporter le strict minimum,<br />

il en va de même en mer.<br />

BON À SAVOIR<br />

ORIGINE<br />

Un navigateur européen les découvre en 1568 et donne<br />

au plus grand archipel de la mer du Sud le nom du roi<br />

biblique Salomon. Cependant, la présence des premiers<br />

habitants remonte à environ 30 000 ans.<br />

HISTOIRE<br />

Après leur découverte, esclavagistes, missionnaires,<br />

colons britanniques, allemands, japonais et américains<br />

y ont jeté l’ancre avant que le pays ne devienne<br />

indépendant en 1976.<br />

MATOS<br />

Trois choses indispensables à bord selon Christian.<br />

T-SHIRT ALPHA-TAURI<br />

La technologie innovante<br />

Taurex permet au corps de<br />

recycler sa propre énergie<br />

sous la forme de rayons infrarouges<br />

en améliorant au<br />

passage la circulation sanguine<br />

et l’absorption d’oxygène.<br />

alphatauri.com<br />

LUNETTES SPECT<br />

Un ensoleillement maximum<br />

: les Spect de la<br />

collection <strong>Red</strong> Bull s’y<br />

adaptent à merveille.<br />

specteyewear.com<br />

ÉCOUTEURS JABRA<br />

Pour écouter de la musique,<br />

j’utilise un modèle<br />

classique à la barre, et des<br />

intra-auriculaires quand<br />

je cours. jabra.com<br />

THE RED BULLETIN 77


G U I D E<br />

Faire.<br />

voyage<br />

DESTINATION RED BULL<br />

L’AVENTURE<br />

AVEC DES STARS<br />

DU SPORT<br />

Tester la moto avec des pros du MotoGP<br />

ou le plongeon de haut vol avec un champion<br />

du monde ? Ces voyages sont pour vous.<br />

LESOTHO<br />

AVEC ALFIE COX<br />

Le Sud-Africain, légende de l’enduro, vous fera<br />

découvrir une semaine durant les plus belles pistes<br />

de moto sur le parcours du Rallye Roof of Africa.<br />

Skipper en action : Christian Schiester ajuste la position de la voile à l’aide du Winsch.<br />

LES AÇORES<br />

AVEC ORLANDO DUQUE<br />

Masque et tuba, baignades, observation de baleines<br />

et initiation au plongeon de haut vol (tous niveaux)<br />

avec le champion du <strong>Red</strong> Bull Cliff Diving.<br />

MUMBAI<br />

AVEC LES RED BULL BC ONE ALL STARS<br />

Rencontre et training au sommet avec les meilleurs<br />

B-Boys lors de la finale mondiale du <strong>Red</strong> Bull BC One,<br />

avant de plonger dans la vie nocturne de Mumbai.<br />

BARCELONE<br />

AVEC SETE GIBERNAU ET DANI PEDROSA<br />

Formation top niveau à la conduite de MotoGP<br />

sur circuit privé exclusif avec Sète Gibernau et<br />

entrées VIP au Grand Prix de Catalogne.<br />

Nul besoin d’Instagram ou de<br />

Facebook pour avoir la sensation<br />

d’exister. Nous voyageons autour<br />

du monde d’ouest en est, c’est-àdire<br />

à contre-courant des vents<br />

dominants. Cela rend le voyage<br />

plus long, mais nous avons tout le<br />

temps. En outre, cela représente<br />

le plus grand défi en termes de<br />

navigation, un défi qui exige<br />

d’être autosuffisant et prêt à ne<br />

pas croiser âme qui vive pendant<br />

2 500 milles nautiques soit environ<br />

deux mois. Nous nous trouvons<br />

actuellement près de l’île de<br />

Komodo, une île à l’est de l’Indonésie<br />

connue pour ses fameux<br />

dragons : des varans restés imperméables<br />

à l’évolution des espèces.<br />

Notre route se poursuit ensuite<br />

vers l’Australie, avec une escale<br />

aux îles Salomon. Destination<br />

<strong>Red</strong> Bull vous offre la possibilité<br />

d’y vivre les aventures de votre<br />

choix encadrées par des athlètes.<br />

L’itinéraire d’une semaine à<br />

travers les îles Salomon que<br />

Daniela et moi-même vous proposons<br />

sera fonction de la houle et<br />

de la météo. La perspective de<br />

vivre des jours de rêve, réduits<br />

Infos et réservations<br />

destination.redbull.com<br />

à l’essentiel : eau salée, énergie<br />

éolienne, soleil, maillot de bain,<br />

T-shirt, serviette de bain et le<br />

temps devant soi. Beaucoup de<br />

temps. Si par le passé certaines<br />

étapes furent éprouvantes,<br />

m’obligeant souvent à rester plus<br />

de 24 heures à la barre à lutter<br />

seul contre le vent et les vagues,<br />

le mois de septembre, période<br />

prévue pour accueillir nos hôtes,<br />

promet des conditions bien plus<br />

clémentes, voire paradisiaques,<br />

pour admirer l’archipel aux<br />

mille îles.<br />

Durant la saison sèche, l’alizé<br />

balaie ces îles des mers du Sud et<br />

assure des conditions de navigation<br />

idéales avec un faible taux<br />

d’humidité dans un climat connu<br />

pour être très humide le reste du<br />

temps. Le soir venu, nous retrouvons<br />

la terre ferme sur une plage<br />

sauvage abandonnée depuis de<br />

longs mois, pour faire un feu et<br />

griller le poisson pêché le jour<br />

même. Ce qui donnera à chacun<br />

l’occasion de comprendre pourquoi<br />

les îles Salomon sont aussi<br />

appelées « les îles du bonheur »…<br />

christian-schiester.com<br />

HARALD TAUDERER/RED BULL CONTENT POOL<br />

78 THE RED BULLETIN


*Le bon choix pour s’élever - Millet©Clément Hudry<br />

HE<br />

IGHT<br />

TUFF<br />

O<br />

ISE<br />

P<br />

UBIC 40<br />

Polyvalence et modularité<br />

40 litres - 1.230 kg<br />

THE<br />

RIGHT<br />

STUFF<br />

TO<br />

RISE<br />

Simon<br />

Bellabouvier


G U I D E<br />

Faire.<br />

fitness<br />

SYSTÈME D<br />

SUER<br />

AU<br />

VERT<br />

Marre de rester enfermé<br />

? Tom Kemp vous<br />

explique comment<br />

transformer votre<br />

jardin ou le square d’en<br />

face en salle de gym<br />

improvisée.<br />

POIDS<br />

Tout ce que vous pourrez<br />

trouver fera l’affaire : sac de<br />

sable, pack de bouteilles<br />

d’eau ou votre sac à dos<br />

lesté. Soyez créatifs !<br />

L’expert en fitness Tom Kemp en plein entraînement à la ferme : « Je me suis toujours<br />

senti à l’étroit dans les salles de gym. Ma vie se joue dehors. »<br />

LA FERME À FITNESS<br />

LA FORME EST<br />

DANS LE PRÉ<br />

Quand les sacs à grains remplacent les haltères. L’Anglais<br />

Tom Kemp réinvente le fitness armé d’une idée simple.<br />

Le succès de la méthode de<br />

Tom Kemp est étroitement lié<br />

à sa simplicité et à son originalité.<br />

Ce coach personnel de<br />

26 ans a grandi au sein d’une<br />

ferme de 250 hectares dans le sud<br />

de l’Angleterre. « Je passais mes<br />

journées dehors. Il y avait toujours<br />

quelque chose à faire, » rembobine-t-il.<br />

Adolescent, la séance<br />

hebdomadaire à la salle de gym<br />

ne lui suffisant pas, il crée son<br />

propre circuit d’entraînement à la<br />

ferme familiale où les machines<br />

ne manquent pas. Kemp utilise<br />

nombre d’entre elles dans son<br />

programme d’exercices combinant<br />

strongman, bodybuilding, callisthénie<br />

et cardio.<br />

En 2016, il lance Farm Fitness.<br />

Un an plus tard, le magazine<br />

Men’s Health salue son concept et<br />

le hisse au rang des meilleurs au<br />

monde. Les athlètes pros du pays<br />

(dont les rugbymen des Wigan<br />

Warriors) s’entraînent avec lui.<br />

Ils soulèvent des sacs de céréales,<br />

traînent d’énormes pneus de tracteur,<br />

agitent des chaînes métalliques<br />

à satiété. « Nul besoin<br />

d’équipement complexe ou de<br />

programmes sophistiqués pour<br />

retrouver la forme », explique<br />

Kemp. Sa devise : revenir à l’essentiel.<br />

Des exercices simples pour<br />

un rendement maximum à condition<br />

d’aller jusqu’au bout de soi.<br />

farm-fitness.co.uk<br />

« Nul besoin<br />

d’équipement<br />

complexe pour<br />

atteindre la<br />

forme. »<br />

Tom Kemp, créateur<br />

de Farm Fitness<br />

EXERCICES<br />

Soulevez le poids cinq fois<br />

du sol au plafond, puis<br />

parcourez trente fois une<br />

distance de 25 mètres avec,<br />

et terminez par une série<br />

de dix burpees.<br />

RÉPÉTITIONS<br />

Faites autant de séries que<br />

possible en quinze minutes<br />

en insérant un sprint<br />

de 100 mètres entre<br />

chaque série.<br />

Kemp dirige lui-même le camp d’entraînement à la ferme.<br />

CHRIS PARKES FLORIAN STURM<br />

80 THE RED BULLETIN


G U I D E<br />

Faire.<br />

gaming<br />

Trio de choc : Bloodhound, Wraith et Gibraltar, personnages AL.<br />

STRATÉGIE D’ÉQUIPE<br />

L’UNION FAIT<br />

LA FORCE<br />

Jeu de type battle royale, Apex Legends<br />

a une règle simple : jouer en équipe ou<br />

mourir. Une leçon de vie…<br />

Personne n’est fait pour vivre seul, et c’est à force<br />

de solidarité que l’humanité a pu s’en sortir<br />

jusque-là. Ce principe ne s’est jamais autant<br />

vérifié que dans le jeu de tir en ligne Apex Legends.<br />

Huit heures après sa mise en ligne inopinée en février,<br />

le jeu enregistre un million de joueurs et plus de<br />

50 millions au bout d’un mois. Une popularité due en<br />

grande partie à son gameplay en équipe très gratifiant<br />

doublé d’un système de communication simple et<br />

rapide, transmettant des informations vitales aux coéquipiers.<br />

Un simple clic signale la présence d’objets, un<br />

double-clic celle d’ennemis et un clic maintenu ouvre<br />

un menu de messages prédictifs instantanés. Plus<br />

besoin d’aborder des inconnus ou de deviner les intentions<br />

d’un partenaire sans micro, engagé dans une<br />

zone ennemie. « Les meilleures équipes allient interdépendance<br />

et confiance mutuelle », explique Jo Owen,<br />

expert en leadership qui, pour découvrir les secrets<br />

d’une équipe soudée, a délaissé les salles de réunion<br />

managériales pour vivre aux côtés de tribus au fin fond<br />

de la jungle. Il analyse ici les compétences des joueurs<br />

d’Apex Legends (AL) et les confronte à la réalité.<br />

LA CONFIANCE EST CLÉ<br />

Dans AL, vous faites équipe avec<br />

des inconnus, ce qui soulève le problème<br />

de la confiance. Dans le<br />

monde du travail comme dans la vie,<br />

la confiance se bâtit de deux façons :<br />

par les expériences en commun qui<br />

créent du lien, ou par vos actions<br />

qui vous donnent une crédibilité. Le<br />

système de ping remplit la seconde<br />

exigence en tenant votre équipe informée<br />

(même de vos pauses pipi<br />

réelles), tout en éludant habilement<br />

la première. Ne pas avoir à parler,<br />

à envoyer de SMS ou à voir ses coéquipiers<br />

est génial. Du moment<br />

que vous savez tirer, soyez qui<br />

vous voulez.<br />

LA LUCIDITÉ EST ESSENTIELLE<br />

Les habitués de jeu de tir multijoueurs<br />

avec micro sont coutumiers<br />

des messages du type « il y a un ennemi<br />

près de cet arbre » avec un inévitable<br />

« quel arbre ? » en réponse.<br />

Demandez à un collègue de modifier<br />

un rapport et il vous répliquera<br />

« modifier quoi, quel rapport ? »…<br />

Ne laissez pas de place à l’interprétation,<br />

soyez explicite. La confiance<br />

exige une bonne communication.<br />

Avec AL, elle est fréquente et sans<br />

ambiguïté. Un ping ciblant un arbre<br />

spécifique ne laisse aucun doute.<br />

LEADER D’EXCELLENCE<br />

AL choisit au hasard le jumpmaster :<br />

ce coéquipier peut alors décider des<br />

points de chute sur la carte et diriger<br />

la troupe au sol en balisant à l’aide de<br />

pings la route à suivre, en accord<br />

avec les autres membres, bien sûr.<br />

Être leader se mérite, et ce n’est jamais<br />

acquis. Dans une entreprise,<br />

beaucoup confondent le grade et la<br />

capacité à diriger. Or, l’un ne présuppose<br />

rien de l’autre : au final, seuls<br />

les actes comptent et leur mise en<br />

œuvre. Dans le jeu, si votre leadership<br />

n’est pas à la hauteur, vous<br />

êtes remplacé en trente secondes.<br />

Un univers de jeu post-apocalyptique.<br />

FICHE<br />

EXPERT<br />

JO<br />

OWEN<br />

Meneur d’hommes<br />

Entrepreneur et auteur<br />

primé, l’Anglais est<br />

l’initiateur de huit organisations<br />

à but non lucratif<br />

totalisant un chiffre<br />

d’affaires annuel de plus<br />

de 120 millions d’euros.<br />

Il donne des conférences<br />

sur le leadership et<br />

le travail en équipe,<br />

et a vécu avec des tribus<br />

indigènes.<br />

Apex Legends est<br />

disponible sur PC,<br />

PS4 et Xbox One<br />

CARTE DE LOYAUTÉ<br />

Les dirigeants d’une société préféreront<br />

toujours les incompétents<br />

aux déloyaux. La loyauté vient de la<br />

prise de conscience que l’union fait<br />

la force. C’est l’une des principales<br />

raisons du succès de AL : contrairement<br />

à d’autres jeux de tir en<br />

équipe, la stratégie du loup solitaire<br />

n’est pas viable. Au fond, Apex<br />

Legends est une guerre tribale, d’un<br />

genre assez brutal. Je l’ai constaté<br />

en étudiant les tribus. Leurs<br />

membres, loyaux à 100 %, ont compris<br />

que sans elles, leurs chances<br />

de survie sont minces.<br />

JEU DE RÔLE<br />

L’interdépendance et la confiance<br />

mutuelles ne suffisent pas à créer<br />

une équipe. Chacun doit être<br />

conscient de son rôle et de sa place.<br />

Suis-je le plus exposé ou le planqué<br />

? Les personnages d’Apex<br />

Legends correspondent aux archétypes<br />

de jeu vidéo standard de<br />

défense, d’attaque et de renfort,<br />

mais il faut aussi comprendre la<br />

façon dont les rôles de vos coéquipiers<br />

interagissent avec le vôtre.<br />

Choisir un rôle de médecin, puis<br />

combattre en première ligne n’a<br />

aucun sens. C’est comme choisir<br />

un conseiller financier accro aux<br />

jeux d’argent…<br />

ELECTRONIC ARTS MATT RAY<br />

82 THE RED BULLETIN


ALPHATAURI.COM


G U I D E<br />

Voir.<br />

juin<br />

Musique de<br />

très haute qualité<br />

et interviews<br />

d’artistes<br />

influents. Restez<br />

à l’écoute…<br />

LES<br />

BONS<br />

MOVES<br />

Un vent de liberté<br />

souffle ce mois-ci sur<br />

<strong>Red</strong> Bull TV : sur un<br />

dancefloor au Japon,<br />

sur les falaises aux<br />

Açores ou sur les<br />

pistes en Autriche.<br />

REGARDEZ<br />

RED BULL TV<br />

PARTOUT<br />

<strong>Red</strong> Bull TV est une chaîne de<br />

télévision connectée : où que<br />

vous soyez dans le monde,<br />

vous pouvez avoir accès aux<br />

programmes, en direct ou en<br />

différé. Le plein de contenus<br />

originaux, forts et créatifs.<br />

Vivez l’expérience sur redbull.tv<br />

1<br />

Le Japonais Leo<br />

lors des qualifications<br />

de 2018.<br />

er juin DIRECT<br />

RED BULL DANCE YOUR<br />

STYLE : FINALE AU JAPON<br />

<strong>Red</strong> Bull Dance Your Style inspire et cultive la créativité<br />

en offrant des lieux d’expression de danse de premier<br />

choix et en présentant de nouvelles scènes et de nouvelles<br />

communautés. Après les qualifications l’hiver dernier,<br />

l’heure de la finale nationale nippone à Tokyo a sonné.<br />

Qualificative pour la finale mondiale à Paris le 12 octobre.<br />

22<br />

juin DIRECT<br />

RED BULL CLIFF<br />

DIVING, PORTUGAL<br />

C’est l’une des aventures exclusives<br />

proposées par Destination <strong>Red</strong> Bull, en<br />

compagnie d’Orlando Duque. Suivez<br />

toutes les étapes de l’événement ici.<br />

9juin DIRECT<br />

UCI MTB WORLD<br />

CUP, AUTRICHE<br />

La Coupe du monde VTT s’agrandit cette<br />

année, avec huit étapes pour les riders.<br />

Nous vous ouvrons une fenêtre sur<br />

l’étape alpine de cette édition.<br />

THIS<br />

SIDE OF<br />

NOWHERE<br />

17<br />

juin<br />

SUR LES ONDES<br />

Dans son émission<br />

(chaque 3 e lundi du<br />

mois, 19 heures<br />

GMT+1), Veronica<br />

Vasicka explore l’univers<br />

d’artistes qui ont<br />

façonné la musique<br />

électronique underground.<br />

La reine de<br />

l’électro new-yorkaise<br />

et le fondateur du<br />

label Minimal Wave se<br />

penchent sur les<br />

esprits rebelles du<br />

DIY autant que sur<br />

l’héritage de la batterie<br />

et les racines du<br />

synthé, avec des<br />

bandes-sons japonaises<br />

et australiennes,<br />

jusqu’à l’histoire<br />

du Fairlight.<br />

À ÉCOUTER SUR<br />

REDBULLRADIO.COM<br />

JASON HALAYKO/RED BULL CONTENT POOL, DEAN TREML/RED BULL CONTENT POOL, BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL<br />

84 THE RED BULLETIN


Faire.<br />

23<br />

juin<br />

Grand Prix<br />

de France F1<br />

Un an après le retour du GP de France au<br />

calendrier mondial, le circuit Paul Ricard<br />

s’est encore amélioré pour le show F1.<br />

Pierre Gasly, promu au volant d’une<br />

monoplace du team <strong>Red</strong> Bull Racing cette<br />

saison, sera l’une des attractions de la<br />

course. Le pilote normand de 23 ans a<br />

désormais le potentiel pour viser les<br />

podiums. Au Castellet, il sera soutenu.<br />

Le Castellet ; gpfrance.com<br />

juin / juillet<br />

31<br />

mai au 15 juin<br />

QU’IMPORTE<br />

VOTRE STYLE<br />

Hip-hop, breakdance, locking ou<br />

popping, l’essentiel c’est d’afficher<br />

son style pour enflammer la salle<br />

et rallier les suffrages. Le <strong>Red</strong> Bull<br />

Dance Your Style saison 2 met les<br />

danseurs en freestyle total face<br />

au seul verdict des spectateurs<br />

à chaque battle. Tout démarre<br />

à Lille le 31 mai, puis ce sera Paris,<br />

Bordeaux. Et une finale nationale<br />

à Marseille le 7 septembre. La voie<br />

à suivre vers la grande finale internationale<br />

à Paris le 12 octobre.<br />

Lille, Paris, Bordeaux ; redbull.com<br />

GETTY IMAGES, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL<br />

6 15 15<br />

juin au 7 juillet<br />

Coupe du monde<br />

féminine de foot<br />

C’est l’événement football de l’année.<br />

Pour la première fois depuis sa création<br />

officielle en 1991, elle se déroule<br />

en France dans neuf villes. Les Bleues<br />

figurent parmi les favorites de ce tournoi<br />

à 24 équipes. Tout commencera<br />

par un France-Corée du Sud à Paris<br />

dans un groupe où se trouvent aussi la<br />

Norvège et le Nigeria. Demi-finales et<br />

finale ont lieu à Lyon. Le succès populaire<br />

est déjà assuré. Allez les Bleues !<br />

Neuf stades en France ;<br />

fr.fifa.com/womensworldcup/<br />

juin<br />

Football à 5 :<br />

la grande finale<br />

Le <strong>Red</strong> Bull Neymar Jr's Five,<br />

tournoi de foot à 5, monte en<br />

pression. Tenues jusqu’au<br />

25 mai à Marseille, les qualifications<br />

régionales ont fait le tri.<br />

Les meilleurs accéderont à<br />

la finale française à Paris du<br />

1 er juin, qualificative pour une<br />

place pour celle, internationale<br />

cette fois, à Praia Grande,<br />

au Brésil.<br />

Paris ;<br />

redbullneymarjrsfive.com<br />

juin<br />

<strong>Red</strong> Bull<br />

Font&bleau<br />

Les neuf qualifications régionales<br />

menées depuis le 28 mars<br />

ont désigné les meilleures : les<br />

40 équipes de trois grimpeurs<br />

qui s’affronteront lors de la<br />

finale du <strong>Red</strong> Bull Font&Bleau<br />

en forêt de... Fontainebleau !<br />

Cette année, un nouveau chaos<br />

est exploré, offrant une trentaine<br />

de blocs sur lesquels il<br />

faudra aller vite, sans lâcher<br />

prise. Un travail d’équilibriste.<br />

Fontainebleau ; redbull.com<br />

THE RED BULLETIN 85


G U I D E<br />

Voir.<br />

30 juin<br />

RED BULL JOUR D’ENVOL<br />

Le plus original des concours d’envol s’installe à Lyon, à la Darse de Confluence, le 30 juin<br />

prochain. Le principe de cet événement barré : concevoir, construire et piloter un engin<br />

volant non motorisé pour planer plus loin que les autres. Turbulences assurées !<br />

Le premier à l’eau a<br />

perdu ! Quand le pilote<br />

doit quitter son poste,<br />

à Nashville (USA).<br />

PRÊT(E)S POUR<br />

LE GRAND SAUT ?<br />

Voler. Léonard de Vinci en rêvait déjà en<br />

1480 sur ses célèbres plans. Plusieurs centaines<br />

d’années plus tard, des engins volants<br />

bizarres et innovants prennent leur envol<br />

sur le Danube, à Vienne (Autriche) : c’est la<br />

naissance de <strong>Red</strong> Bull Flugtag. Le principe ?<br />

S’élancer depuis une plateforme juchée à<br />

6 m au-dessus d’un plan d’eau et prolonger<br />

au maximum sa prestation dans les airs.<br />

160 fous volants<br />

Depuis sa création en 1992, l’événement a<br />

parcouru la planète entière, rassemblant les<br />

engins les plus fous et des participants de<br />

toutes nationalités. Ce 30 juin, ils seront près<br />

de 160, répartis en 40 équipes, à relever le<br />

défi à la Darse de Confluence à Lyon pour<br />

le <strong>Red</strong> Bull Jour d’Envol, nouveau nom de<br />

l’événement en France. Sandwich, dragon…<br />

tous les designs sont permis pour l’engin<br />

dans lequel prendra place chaque équipe.<br />

Mais les concurrents sont tenus de respecter<br />

les règles : leur création ne doit pas dépasser<br />

les 180 kg, 5 m de largeur et 5 de longueur.<br />

L’équipe devra aussi avoir le sens du<br />

spectacle en proposant une chorégraphie en<br />

introduction de sa prestation pour séduire<br />

les juges et obtenir le maximum de points !<br />

MATT SHAW/RED BULL CONTENT POOL, BERNARD BIANCOTTO/RED BULL CONTENT POOL, FRENCH PAON PAON<br />

86 THE RED BULLETIN


Lyon<br />

2009 à Marseille,<br />

une première en France<br />

Il y a dix ans, le <strong>Red</strong> Bull Flugtag débarquait<br />

en France. Sous le soleil marseillais, cette<br />

première édition d’un événement innovant<br />

a surpris et intrigué de nombreux spectateurs,<br />

puisque près de 50 000 personnes<br />

étaient présentes sur site. Une popularité<br />

inattendue à l’époque, qui satura la corniche<br />

de la cité phocéenne.<br />

C’est sur les plages du Prado, spot idéal<br />

de par sa superficie, que se sont élancées<br />

les équipes engagées, sous les yeux de<br />

juges prestigieux invités pour l’occasion.<br />

Laure Manaudou, Luc Alphand ou encore le<br />

champion de BMX Matthias Dandois étaient<br />

en effet chargés de noter les sardines et<br />

savons volants en compétition, récompensant<br />

les prestations et l’audace des<br />

participants.<br />

Septembre 2009 :<br />

Marseille inaugure<br />

un nouvel aérodrome.<br />

Les chiffres aussi s’envolent<br />

3 500 000 78,5<br />

sur<br />

Le nombre cumulé de spectateurs<br />

sur les 150 événements qui se sont<br />

déroulés à travers le monde depuis la<br />

création du <strong>Red</strong> Bull Flugtag, en 1992.<br />

Cette année à Lyon, 20000 personnes<br />

sont attendues pour encourager les<br />

40 équipes engagées.<br />

Team French Paon Paon<br />

« UN MOMENT EN FAMILLE ! »<br />

plastique et moi, je fais un doctorat<br />

en physique ! Bref une<br />

équipe 100 % féminine avec des<br />

profils assez complémentaires !<br />

mètres, soit le record de distance établi par<br />

les Chicken Whisperers en 2013 à Long<br />

Beach, aux États-Unis. Malins, les cinq<br />

poussins californiens avaient imaginé une<br />

structure double, dont la base à roulettes<br />

leur a permis de prendre une grande vitesse<br />

la plateforme de lancement.<br />

mais on vient surtout pour<br />

s’amuser et pour vivre un<br />

moment en famille et entre<br />

amies.<br />

Une pour toutes : cette équipe participe surtout pour le fun, en famille.<br />

Une baleine, un smartphone, un<br />

Jean-Claude Dusse… Les engins<br />

« volants » les plus insensés<br />

sont attendus sur le <strong>Red</strong> Bull<br />

Jour d’Envol. L’équipe féminine<br />

des French Paon Paon a misé<br />

sur les plumes. Claire nous<br />

explique ce concept ailé.<br />

THE RED BULLETIN : Qui sont<br />

les French Paon Paon ?<br />

CLAIRE : Nous sommes quatre :<br />

trois sœurs et une amie de la<br />

famille. Nous suivons toutes les<br />

quatre des parcours assez différents<br />

: Elsa étudie le marketing,<br />

Clémence la mode, Aude l’art<br />

Qu’est-ce qui vous a motivées<br />

à vous lancer dans l’aventure ?<br />

On avait vu pas mal de vidéos de<br />

l’événement, mais toutes tournées<br />

à l’étranger. Comme cette<br />

année c’est à Lyon, on a sauté<br />

sur l’occasion ! Certaines d’entre<br />

nous ont participé au <strong>Red</strong> Bull<br />

Caisses à Savon en 2014 et<br />

avaient adoré l’ambiance et la<br />

phase de préparation.<br />

Comment votre équipe peutelle<br />

faire la différence ?<br />

Côté technique, on a fait des<br />

calculs pour que notre machine<br />

plane le plus longtemps possible.<br />

On va construire un engin<br />

hyper coloré, et faire une choré<br />

inspirée du french cancan, ça va<br />

être drôle ! Gagner, ce serait top<br />

Comment allez-vous fabriquer<br />

votre ovni ?<br />

On dispose d’un atelier où l’on<br />

a suffisamment de place pour<br />

le construire. Côté matériaux,<br />

on va utiliser des tubes en<br />

plastique léger et du tissu.<br />

Clémence, qui étudie la mode,<br />

va pouvoir apporter sa touche<br />

créative pour décorer le paon.<br />

Notre père est menuisier, il sera<br />

aussi de bon conseil pour la<br />

partie plus technique.<br />

Pourquoi un paon ?<br />

On voulait quelque chose de<br />

très coloré et qui puisse planer !<br />

Du coup on a pensé à cet<br />

oiseau ; il volera avec ses<br />

grandes ailes ! On a hâte de<br />

le voir prendre son envol.<br />

THE RED BULLETIN 87


G U I D E<br />

Voir.<br />

Lyon<br />

La règle de 3<br />

PAS LÀ QUE<br />

POUR PLANER<br />

Pour espérer la victoire, les 40<br />

équipes devront séduire un jury<br />

qui les notera selon 3 critères.<br />

1. Distance<br />

Celle réalisée avant de toucher<br />

le plan d’eau par chacun des<br />

engins volants engagés.<br />

2. Créativité<br />

Celle des participants sur la<br />

conception de leur engin : celleci<br />

sera évaluée entre 1 et 10.<br />

3. Mise en scène<br />

Avant le départ, les concurrents<br />

effectueront une chorégraphie<br />

très (voire très très) originale de<br />

20 secondes minimum.<br />

Dans la poche ? Des kangourous se<br />

lancent à Kobe (Japon), en 2015.<br />

Sur votre plan de vol<br />

L’instant Instax. La marque d’appareil photo<br />

instantanée sera présente sur le village du <strong>Red</strong> Bull<br />

Jour d’Envol et proposera aux visiteurs de son stand<br />

de gagner le dernier vol de la journée à bord de l’engin<br />

spécial Instax. Pour tenter de participer à cette<br />

expérience inédite, le public sera invité à se faire<br />

prendre en photo, puis un pilote sera tiré au sort.<br />

Une appli exclusive. Sur le site de l’événement, à<br />

l’aide d’un QRcode, les spectateurs pourront télécharger<br />

l’application <strong>Red</strong> Bull Jour d’Envol. Elle leur<br />

offrira une mise à jour permanente du déroulé de<br />

l’événement, et proposera toutes les infos essentielles<br />

pour apprécier le show dans les meilleures<br />

conditions (infos sur les équipes, accès, règlement).<br />

Pas besoin de passeport pour embarquer.<br />

Venez vivre un moment convivial en famille sur<br />

le village de l’événement et profiter des animations<br />

mises en place pour l’occasion. L’entrée est libre !<br />

<strong>Red</strong> Bull Jour d’Envol, dimanche 30 juin,<br />

à partir de 14 heures à l’espace Confluence.<br />

flugtag.redbull.com/fr<br />

Décollage au Selcius<br />

Situé en plein cœur de la Confluence, entre<br />

Rhône et Saône, le bar-restaurant Le Selcius<br />

est un lieu de convivialité réputé de la région.<br />

Avec ses DJ’s internationaux, ses performeurs<br />

et soirées thématiques, Le Selcius<br />

Club et son fameux lounge s’est imposé<br />

comme le spot idéal pour la soirée d’ouverture<br />

du <strong>Red</strong> Bull Jour d’Envol. Les DJ’s résidents<br />

Aurélien Ronco et Anthony Partamian<br />

y enchaîneront leurs meilleurs sets pour faire<br />

monter les degrés… celsius ! Attention, l’événement<br />

est ouvert au public dès 23 heures,<br />

mais les places seront limitées.<br />

Soirée d’ouverture du <strong>Red</strong> Bull Jour d’Envol au<br />

Selcius, Lyon Confluence, le samedi 29 juin.<br />

selcius.fr<br />

L’événement prendra son envol au Selcius.<br />

JASON HALAYKO/RED BULL CONTENT POOL, STUDIO TONIR<br />

88 THE RED BULLETIN


DE L'AUTRE CÔTÉ<br />

Votre matos hi-tech a désormais la capacité de vous<br />

transporter ailleurs. Sur un circuit, dans une salle de concert<br />

ou de ciné… Avec eux, c'est chez vous partout.<br />

Texte WOLFGANG WIESER<br />

Cinq sorties<br />

joliment soudées<br />

dégageant 200<br />

watts de puissance<br />

pilotée via<br />

une application.<br />

IXOOST<br />

XILO ALL BLACK<br />

LE SON S'ÉCHAPPE<br />

Quand les Italiens mêlent<br />

passion pour la Formule 1 et<br />

savoir-faire hors du commun,<br />

cela produit un chef-d’œuvre<br />

de 18 kg, d’un demi-mètre de<br />

haut et 60 centimètres de<br />

large. Un système audio exhalant<br />

un son cristallin à travers<br />

ses cinq tuyaux d’échappement.<br />

Pole position !<br />

5 000 € ; ixoost.it<br />

90 THE RED BULLETIN


H O M E E N T E R T A I N M E N T<br />

LG POCKET<br />

PHOTO SNAP<br />

PHOTO-SOUVENIR<br />

Cet élégant petit boîtier vous<br />

permet d’imprimer ou de<br />

réimprimer instantanément<br />

aussi bien les photos de<br />

votre dernière soirée pour<br />

distribuer des souvenirs<br />

à vos amis, que des clichés<br />

de la galerie de votre smartphone,<br />

via Bluetooth.<br />

179 ¤ ; lg.com<br />

Cet appareil vous permet d’imprimer instantanément vos<br />

photos et de les engistrer dans votre smartphone.<br />

BCON GAMING WEARABLE<br />

ACCÉLÉRER LE JEU<br />

40 grammes, 63 millimètres de long et 50 millimètres<br />

de large, le Bcon est un objet noir qui ne paie pas de<br />

mine. Mais une fois chaussé au pied, il se transforme<br />

en une arme miracle qui booste votre capacité d’action<br />

dans vos jeux. Une aubaine pour les mordus de gaming.<br />

129 € ; bcon.zone<br />

MONTBLANC AUGMENTED PAPER<br />

ÉCRIRE SUR UN NUAGE<br />

Rédiger sur papier tout en disposant d’une version numérique<br />

de vos notes manuscrites est désormais possible<br />

grâce à cet élégant bloc-notes. L’Augmented Paper et son<br />

stylo spécial sauvegardent toutes vos notes vers votre<br />

appareil mobile. Bienvenue dans l’écriture du futur !<br />

730 € ; montblanc.com<br />

THE RED BULLETIN 91


FASETECH<br />

RC4 4DOF<br />

TRACER SA ROUTE<br />

La course, désormais, c'est<br />

chez vous. C’est seulement<br />

après avoir bouclé votre ceinture<br />

de sécurité que vous<br />

comprendrez ce que piloter<br />

un bolide signifie. Vous vivez<br />

de tout votre être chaque<br />

virage, chaque vibration, et<br />

quand la situation se corse,<br />

la tension vous comprime un<br />

peu plus dans votre siège.<br />

5 874 € ; fasetech.com<br />

Ce simulateur<br />

de course<br />

nouvelle<br />

génération<br />

vous fait vivre<br />

la course<br />

comme un pro.<br />

LG OLED65B8<br />

PARFAIRE SA VISION<br />

Sous l’action du processeur Alpha 7 de votre LG, les<br />

grésillements des pixels laissent place à des couleurs<br />

brillantes et des contrastes infinis. Son écran de<br />

65 pouces (165 cm) et un son de haute qualité vous<br />

feront vivre le cinéma en totale immersion sans quitter<br />

votre salon. Et la séance débute quand vous le décidez.<br />

1 999 € ; lg.com<br />

Mettez le casque,<br />

laissez le miracle<br />

agir et écoutezvous<br />

jouer.<br />

SENNHEISER GSP 550<br />

VIBRER AVEC LE SON<br />

Le meilleur du Dolby<br />

Surround, un micro pour une<br />

communication claire et limpide<br />

grâce à son système antibruit<br />

: Sennheiser réinvente<br />

l’expérience sonore du jeu<br />

avec une qualité son digne<br />

d’un studio d’enregistrement.<br />

249 € ; sennheiser.com<br />

92 THE RED BULLETIN


H O M E E N T E R T A I N M E N T<br />

TOSHIBA RENKFORCE SOUNDBASE<br />

RENFORCER SA BASE<br />

La barre de son Toshiba Renkforce déploie une puissance<br />

de 60 watts aux basses riches. Supportant<br />

jusqu'à 50 kg de poids, elle transforme votre séance<br />

télé en expérience ultime.<br />

79,99 € ; toshiba.fr<br />

TEUFEL STEREO L<br />

ELLES ENTRENT EN SCÈNE<br />

Deux enceintes dignes d’un stade : pour profiter au max<br />

de vos plus grands classiques en concert. Une magie<br />

du live que les deux tours Teufel Stereo L parviennent à<br />

recréer chez vous en conditions indoor.<br />

1 499,99 € ; teufelaudio.fr<br />

THE RED BULLETIN 93


H O M E E N T E R T A I N M E N T<br />

ACER TRAVELMATE X5<br />

ASPIREZ À LA<br />

LÉGÈRETÉ<br />

Un laptop rapide doté d’une<br />

coque rigide : le châssis en<br />

alliage de magnésium du<br />

Travelmate X5 fait moins de<br />

15 millimètres d’épaisseur,<br />

pour un poids inférieur à 1 kg,<br />

mieux que ses concurrents<br />

en aluminium. Robustesse et<br />

légèreté : pour pouvoir enfin<br />

bosser là où vous le voulez.<br />

1 099 € ; acer.com<br />

Un compagnon<br />

discret mais agile<br />

grâce à son<br />

processeur<br />

i5 core.<br />

Ce monde virtuel est à vous,<br />

saisissez-le à pleines mains.<br />

SENSORYX VR FREE GLOVES<br />

AU DOIGT ET À L’ŒIL<br />

En enfilant vos gants VR Free, vous prenez de facto votre<br />

destin de joueur en main : fini la manette et les câbles<br />

encombrants. La maîtrise de la réalité virtuelle est plus<br />

que jamais une question de doigté.<br />

Prix sur demande ; sensoryx.com<br />

SONY XPERIA 10<br />

SE PAYER UNE TOILE<br />

Il y a des moments où la taille compte. Celle de votre<br />

smartphone par exemple. Ce modèle fin (8,4 mm) et<br />

léger (162 g) doté d’un écran 21:9 transforme même<br />

votre salle de bains en salle de cinéma diffusant des<br />

films dans leur format original.<br />

349 € ; sonymobile.com<br />

94 THE RED BULLETIN


LEXIP PU94<br />

LA SOURIS DENSE<br />

Une souris à la maison peut faire des miracles. Surtout<br />

quand elle cumule deux joysticks, comme ce modèle.<br />

L’un sous le pivot interne et l’autre au niveau du pouce.<br />

De quoi donner de l’élan et plus d’animation à vos<br />

séances de jeu à domicile.<br />

129,90 € ; lexip.co<br />

JABRA EVOLVE 65T<br />

POUR UN PLAISIR<br />

TRÈS PERSONNEL<br />

Une autonomie de 15 heures<br />

pour rester toujours connecté<br />

et écouter du heavy metal<br />

chez vous sans incommoder<br />

vos colocataires. Et si vous<br />

ne voulez pas subir leur<br />

néo-pop mielleuse, enclenchez<br />

la fonction suppression<br />

des bruits de fond.<br />

362 € ; jabra.com<br />

HARMAN SOUNDSTICKS<br />

VISUALISER LE SON<br />

L’enveloppe transparente de ces enceintes captive le<br />

regard. Une puissance de 40 watts, un caisson réglé<br />

à la perfection et deux satellites vous assurent une<br />

expérience sonore unique quelle que soit la source<br />

de musique : smartphone, lecteur MP3 ou PC.<br />

279 € ; harmankardon.com<br />

THE RED BULLETIN 95


THE RED<br />

BULLETIN<br />

WORLDWIDE<br />

<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />

est actuellement<br />

distribué dans sept<br />

pays. Le groupe pop<br />

Bilderbuch nage à<br />

contre-courant dans<br />

l’édition autrichienne.<br />

Le plein d’histoires<br />

hors du commun sur<br />

redbulletin.com<br />

Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />

part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />

SO PRESS n’est pas responsable des textes,<br />

photos, illustrations et dessins qui engagent<br />

la seule responsabilité des auteurs.<br />

MENTIONS LÉGALES<br />

Rédacteur en chef<br />

Alexander Macheck<br />

Rédacteurs en chef adjoints<br />

Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager<br />

Directeur créatif<br />

Erik Turek<br />

Directeurs artistiques<br />

Kasimir Reimann (DC adjoint),<br />

Miles English, Tara Thompson<br />

Directeur photos<br />

Fritz Schuster<br />

Directeurs photos adjoints<br />

Marion Batty, Rudi Übelhör<br />

Responsable de la production<br />

Marion Lukas-Wildmann<br />

Managing Editor<br />

Ulrich Corazza<br />

Rédaction<br />

Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner,<br />

Arek Piatek, Nina Treml, Stefan Wagner<br />

Maquette<br />

Marion Bernert-Thomann, Martina de<br />

Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz<br />

Booking photos<br />

Susie Forman, Ellen Haas,<br />

Eva Kerschbaum, Tahira Mirza<br />

Directeur global Media Sales<br />

Gerhard Riedler<br />

Directeur Media Sales International<br />

Peter Strutz<br />

Directeur commercial & Publishing Management<br />

Stefan Ebner<br />

Publishing Management<br />

Sara Varming (Dir.), Bernhard Schmied,<br />

Melissa Stutz, Mia Wienerberger<br />

Communication<br />

Christoph Rietner<br />

Directeur créatif global<br />

Markus Kietreiber<br />

Solutions créatives<br />

Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber,<br />

Edith Zöchling-Marchart<br />

Maquette commerciale<br />

Peter Knehtl (Dir.), Sasha Bunch,<br />

Simone Fischer, Martina Maier<br />

Emplacements publicitaires<br />

Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />

Production<br />

Walter O. Sádaba, Friedrich Indich,<br />

Sabine Wessig<br />

Lithographie<br />

Clemens Ragotzky (Dir.), Claudia Heis,<br />

Nenad Isailovi c, ̀ Maximilian Kment,<br />

Josef Mühlbacher<br />

Fabrication<br />

Veronika Felder<br />

Office Management<br />

Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham<br />

Informatique Michael Thaler<br />

Abonnements et distribution<br />

Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger<br />

(Distribution), Nicole Glaser (Distribution),<br />

Yoldaş Yarar (Abonnements)<br />

Siège de la rédaction<br />

Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />

Téléphone +43 (0)1 90221-28800,<br />

Fax +43 (0)1 90221-28809<br />

Web redbulletin.com<br />

Direction générale<br />

<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />

Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15,<br />

5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i,<br />

Landesgericht Salzburg, ATU63611700<br />

Directeur de la publication<br />

Andreas Kornhofer<br />

Directeurs généraux<br />

Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier,<br />

Dietmar Otti, Christopher Reindl<br />

THE RED BULLETIN<br />

France, ISSN 2225-4722<br />

Country Editor<br />

Pierre-Henri Camy<br />

Country Coordinator<br />

Christine Vitel<br />

Country Project Management<br />

Alessandra Ballabeni,<br />

alessandra.ballabeni@redbull.com<br />

Contributions,<br />

traductions, révision<br />

Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne<br />

Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />

Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />

Gwendolyn de Vries<br />

Abonnements<br />

Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />

getredbulletin.com<br />

Siège de la rédaction<br />

29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />

+33 (0)1 40 13 57 00<br />

Impression<br />

Prinovis Ltd. & Co. KG,<br />

90471 Nuremberg<br />

Publicité<br />

PROFIL<br />

134 bis rue du Point du jour<br />

92100 Boulogne<br />

+33 (0)1 46 94 84 24<br />

Thierry Rémond,<br />

tremond@profil-1830.com<br />

Elisabeth Sirand-Girouard,<br />

egirouard@profil-1830.com<br />

Arnaud Lietveaux,<br />

alietveaux@profil-1830.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Allemagne, ISSN 2079-4258<br />

Country Editor<br />

David Mayer<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Natascha Djodat<br />

Publicité<br />

Matej Anusic,<br />

matej.anusic@redbull.com<br />

Thomas Keihl,<br />

thomas.keihl@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Autriche, ISSN 1995-8838<br />

Country Editor<br />

Christian Eberle-Abasolo<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Publishing Management<br />

Bernhard Schmied<br />

Directeur Media Sales<br />

Alfred Vrej Minassian<br />

Media Sales<br />

anzeigen@at.redbulletin.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Mexique, ISSN 2308-5924<br />

Country Editor<br />

Luis Alejandro Serrano<br />

Rédactrice adjointe<br />

Inmaculada Sánchez Trejo<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Marco Payán<br />

Relecture<br />

Alma Rosa Guerrero<br />

Country Project Management<br />

Giovana Mollona<br />

Publicité<br />

Humberto Amaya Bernard,<br />

humberto.amayabernard@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />

Country Editor<br />

Tom Guise<br />

Rédacteur associé<br />

Lou Boyd<br />

Rédacteur musical<br />

Florian Obkircher<br />

Directeur Secrétariat de rédaction<br />

Davydd Chong<br />

Secrétaire de rédaction<br />

Nick Mee<br />

Publishing Manager<br />

Ollie Stretton<br />

Publicité<br />

Mark Bishop,<br />

mark.bishop@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN<br />

Suisse, ISSN 2308-5886<br />

Country Editor<br />

Arek Piatek<br />

Révision<br />

Hans Fleißner (Dir.),<br />

Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />

Billy Kirnbauer-Walek<br />

Country Project Management<br />

Meike Koch<br />

Publicité<br />

Marcel Bannwart (D-CH),<br />

marcel.bannwart@redbull.com<br />

Christian Bürgi (W-CH),<br />

christian.buergi@redbull.com<br />

THE RED BULLETIN USA,<br />

ISSN 2308-586X<br />

Rédacteur en chef<br />

Peter Flax<br />

Rédactrice adjointe<br />

Nora O’Donnell<br />

Éditeur en chef<br />

David Caplan<br />

Directrice de publication<br />

Cheryl Angelheart<br />

Publicité<br />

Todd Peters, todd.peters@redbull.com<br />

Dave Szych, dave.szych@redbull.com<br />

Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com<br />

96 THE RED BULLETIN


HORS DU COMMUN<br />

Le 27 juin avec et le 4 juillet avec<br />

dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />

RICARDO NASCIMENTO / RED BULL CONTENT POOL


Le plein d’action.<br />

makes you fly<br />

Drapeau allemand<br />

Il ne peut pas s’en empêcher : même lorsqu’il va à la plage, ici à Santa Monica, en Californie,<br />

le grimpeur de l’extrême Alexander Megos est toujours à l’affût d’une action<br />

pour booster son adrénaline. Alors à Muscle Beach, l’Allemand s’amuse avec le photographe<br />

et joue des muscles, pour le plaisir. Les expéditions de Megos sur redbull.com<br />

Le prochain<br />

THE RED BULLETIN<br />

n° 89 disponible<br />

dès le 27 juin<br />

<strong>2019</strong><br />

KEN ETZEL/RED BULL CONTENT POOL DAVID MAYER<br />

98 THE RED BULLETIN

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