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FRANCE<br />
JUILLET <strong>2019</strong><br />
HORS DU COMMUN<br />
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec<br />
UNE VISION<br />
DU SURF<br />
40 ans d’immersion<br />
avec le photographe<br />
Brian Bielmann
ÉDITORIAL<br />
PAS LÀ POUR DES<br />
LIKES SUR INSTA<br />
Repos, escapades, fiestas, grillades, sport, rencontres…<br />
Un bon break estival peut aussi être l’occasion de déconnecter,<br />
de lâcher vos prothèses smartphoniennes pour n’emmagasiner<br />
que du vrai. Du réel, du concret : voilà votre<br />
programme pour le mois. Celles et ceux qui prennent leurs<br />
quartiers d’été dans ce numéro carburent au vrai. Brian<br />
Bielmann d’abord, à qui nous devons notre photo de une,<br />
a documenté la réalité du surf, ses plus belles vagues et<br />
ses plus majestueux héros, dont certains regrettés.<br />
CONTRIBUTEURS<br />
NOS ÉQUIPIERS<br />
BRIAN<br />
BIELMANN<br />
Le surf fait fantasmer et pour<br />
connaître sa réalité, ses exploits,<br />
joies et drames, le photographe<br />
Brian Bielmann est certainement<br />
la personne à interroger. Depuis<br />
40 ans, il documente la pureté d’un<br />
sport sur lequel glissent tant de<br />
légendes. Voir des talents du surf<br />
émerger, exploser, et parfois, disparaître<br />
dramatiquement, c’est aussi<br />
cela l’histoire de Bielmann. Il partage<br />
ses photos et souvenirs dans<br />
un portfolio magistral page 22.<br />
Pas le genre de scène que vous observez depuis votre bagnole dans les<br />
bouchons. Quand Perrine Fages quitte son bureau chez beIN, au Qatar,<br />
pour s’entraîner à vélo page 42, entre réalité et mirage...<br />
Au Qatar ou à Oman, sur son vélo, Perrine Fages n’est<br />
pas là pour des likes sur Insta, mais bien pour exploiter au<br />
max ces lieux rares d’entraînement et de performance.<br />
Et sur la scène du <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot, si la baston est<br />
réelle, seuls les punchlines frappent. Artik, en spécialiste,<br />
explique les bienfaits des battles d’impro. Authentique !<br />
Lisez plus !<br />
Votre Rédaction<br />
DOM<br />
DAHER<br />
Des œuvres de l’artiste Richard<br />
Serra dans l’infini désert du Qatar,<br />
une cycliste hyper performante<br />
qui travaille 40 heures semaine en<br />
tant que juriste et roule 40 autres<br />
heures pour se préparer à une<br />
épreuve dans le sultanat d’Oman.<br />
Le photographe Dom Daher a bourlingué,<br />
mais pour documenter le<br />
quotidien rare de la Française<br />
Perrine Fages, entre job et performance,<br />
il a été bluffé par une vie<br />
et des lieux peu communs. Page 42<br />
BRIAN BIELMANN (COUVERTURE)<br />
4 THE RED BULLETIN
SOMMAIRE<br />
juillet<br />
66<br />
REPORTAGES<br />
22 Regardez le surf<br />
Avant le numérique, YouTube et autres Instagram, l’Américain<br />
Brian Bielmann nous transmettait l’image du surf.<br />
34 Leur dernier mot<br />
Le 12 juillet à Marseille, les pros de l’impro et de la rime qui tue<br />
s’affronteront lors de la finale du <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot. À voir !<br />
42 Le cas Perrine<br />
Le passe-temps préféré de Perrine Fages ? Les courses à vélo<br />
ultra-distance. Le farniente, c’est bon pour les autres.<br />
54 Secret Cinema<br />
Dans ce spot tenu secret de Londres, vous ne venez pas juste mater<br />
Star Wars ou Blade Runner. Vous faites carrément partie du film.<br />
62 Nouveau souffle<br />
Du jazz en boîte de nuit ? La compositrice et saxophoniste anglaise<br />
Nubya Garcia le passe en mode sound system et au-delà.<br />
66 Il sait pourquoi<br />
Pourquoi l’Américain Mike McCastle se farcit ses douze travaux<br />
d’Hercule ? Parce qu’il a toujours une bonne raison en tête.<br />
CAMERON BAIRD, SECRET CINEMA/AL OVERDRIVE, DOM DAHER<br />
42<br />
6 THE RED BULLETIN
54<br />
BULLEVARD<br />
Un mode de vie<br />
hors du commun<br />
8 Fumée rose, moteurs et talons :<br />
place aux sisters de l’asphalte<br />
12 Quand Dâm-Funk balance une<br />
leçon de disco aux kids japonais<br />
14 Cet aquarium écolo s’autogère<br />
et fait pousser votre herbe…<br />
16 Ce que Tayla Parx a appris en<br />
créant des succès pour les autres<br />
18 Ne demandez plus votre steak<br />
bien cuit, mais bien imprimé !<br />
20 Des Ramones à Zhané, ces titres<br />
qui mettent bien Karen O<br />
GUIDE<br />
Voir. Avoir. Faire.<br />
80 Voyage : que faire vers Coachella<br />
sans passer par le festoche<br />
84 Fitness : les conseils du pilote<br />
moto enduro Wade Young<br />
86 Agenda : ne ratez rien !<br />
88 <strong>Red</strong> Bull TV : restez branchés<br />
90 Matos : qu’emporter avec vous<br />
pour la micro-aventure ?<br />
96 Ours : ils et elles font le TRB<br />
98 Makes you fly : pas cap d’y aller<br />
THE RED BULLETIN 7
Caramel<br />
Curves<br />
SŒURS DE<br />
L'ASPHALTE<br />
À la Nouvelle-Orléans,<br />
ces femmes font vrombir<br />
la culture motarde.<br />
L a fumée rose dans<br />
les rues de la Nouvelle-<br />
Orléans annonce la présence<br />
en force du Caramel<br />
Curves Motorcycle Club.<br />
À sa création en 2005, les<br />
treize membres du club<br />
exclusivement féminin<br />
entendent i nspirer d’autres<br />
femmes à vivre leur passion<br />
via une visibilité locale renforcée.<br />
2005 est aussi l’année<br />
de l’ouragan Katrina,<br />
qui les oblige à fuir la<br />
Nouvelle- Orléans. En 2006,<br />
alors que la ville entame sa<br />
reconstruction, le Caramel<br />
Curves Motorcycle Club est<br />
de retour et devient, outre<br />
un espace de socialisation,<br />
un lieu où ses membres<br />
peuvent se reconstruire.<br />
« Conduire une moto, être<br />
bien sapée, c’est à la<br />
AKASHA RABUT LOU BOYD
9
B U L L E V A R D<br />
Les victimes de Katrina ont trouvé chez les Caramel Curves un lieu de guérison.<br />
portée de tout le monde,<br />
mais l’essentiel pour nous est<br />
de montrer que les femmes<br />
peuvent être unies, lance<br />
Shanika Beatty, alias Tru,<br />
l’une des deux membres<br />
fondatrices restantes, avec<br />
Nakosha Smith, surnommée<br />
Coco. C’est bon d’avoir des<br />
personnes sur qui compter et<br />
que l’on peut appeler en cas<br />
de pépin. Nous nous soutenons<br />
quel que soit le coup<br />
dur, décès dans nos familles,<br />
divorces, et j’en passe. Avec<br />
les Caramel Curves, vous avez<br />
toujours une sœur que vous<br />
pouvez appeler. On est là<br />
les unes pour les autres. »<br />
Le nom du groupe veut<br />
avant tout affirmer sa différence<br />
avec les autres clubs<br />
de motards aux États-Unis.<br />
« Caramel fait référence à<br />
nos origines afro-américaines<br />
et notre douceur, Curves au<br />
fait que nous négocions<br />
les virages mieux que les<br />
hommes, explique Tru. Nous<br />
ne voulions pas être noyées<br />
dans un grand rassemblement<br />
masculin ; l’émancipation<br />
féminine a toujours été notre<br />
moteur. » Talons aiguilles et<br />
(parfois) vestes à paillettes,<br />
« DANS NOTRE<br />
CLUB, IL Y A<br />
TOUJOURS UNE<br />
SŒUR QUE<br />
VOUS POUVEZ<br />
APPELER. »<br />
Les bases : talons aiguilles et jantes roses.<br />
enfourchant d’énormes<br />
Suzuki Hayabusas, Gixxers et<br />
autres Can-Am Spyders aux<br />
jantes roses brossées pour<br />
certaines, les Caramel Curves<br />
ne passent pas inaperçues en<br />
ville. Notamment lorsqu’elles<br />
exécutent leur fameux burn<br />
(la moto accélère sur place<br />
pour produire un max de<br />
fumée) ou des wheelings,<br />
l’atmosphère se teinte de rose.<br />
« Un jour, en faisant un<br />
burn, j’ai produit de la fumée<br />
rose. Les filles ont adoré,<br />
explique Tru. C’est vite<br />
devenu l’une de nos signa-<br />
tures. Et puis un jour, une des<br />
filles a mis une crête rose sur<br />
son casque, et nous l’avons<br />
toutes imitée. L’idée d’un style<br />
partagé a ainsi vu le jour et<br />
accentué l’unité du groupe.<br />
On aspire simplement à être<br />
ensemble. »<br />
L’univers de la moto est<br />
dominé par les hommes,<br />
aussi lorsqu’elles sillonnent<br />
ensemble les rues, elles ont<br />
conscience d'apporter plus<br />
qu’un simple défilé en tenues<br />
de gala et la composition<br />
même de leur crew est un<br />
message fort.<br />
« Nous sommes toutes<br />
patronnes d’entreprises ou<br />
femmes d’affaires ; nous étions<br />
des bikeuses confirmées avant<br />
de rejoindre le groupe, mais<br />
l’union fait la force, insiste<br />
Tru. Je suis mère, femme et<br />
fille, et dirige deux entreprises.<br />
Mais sur ma moto, mon<br />
esprit se libère, je me détends.<br />
C’est un peu ma thérapie.<br />
Je m’occupe de moi. »<br />
Aujourd’hui, les Caramel<br />
Curves sont en pleine expansion<br />
: le groupe accueillera<br />
bientôt deux nouvelles<br />
recrues, sans compter les<br />
90 000 fans qui les suivent<br />
dans le monde à travers les<br />
réseaux sociaux<br />
« Nous souhaitons écrire de<br />
nouvelles pages en créant des<br />
clubs Curves dans le monde<br />
entier, poursuit Tru, des clubs<br />
pas seulement ouverts aux<br />
Afro-Américaines mais où<br />
toutes les nationalités et<br />
toutes les origines ethniques<br />
seront les bienvenues. Voir sur<br />
toute la planète des groupes<br />
de femmes comme le nôtre<br />
serait un vrai kif ! »<br />
Facebook : @caramelcurves<br />
AKASHA RABUT LOU BOYD<br />
10 THE RED BULLETIN
COPYRIGHT © <strong>2019</strong> MNA, INC. ALL RIGHTS RESERVED.<br />
N’ATTENDEZ PAS QUE L’AVENTURE VIENNE À VOUS.<br />
ALLEZ LA CHERCHER !<br />
WHAT ARE YOU BUILDING FOR?<br />
BFGOODRICHTIRES.COM
B U L L E V A R D<br />
Tokyo, Japon<br />
DISCO FEVER<br />
Aux platines, c’est Dâm-Funk, un chanteur,<br />
producteur et DJ américain – et véritable<br />
groove machine. Ici, en avril, il enseignait<br />
aux kids du <strong>Red</strong> Bull Music Festival de Tokyo<br />
ce que la fièvre du disco signifiait dans les<br />
années 70 : faire du patin à fond sur des<br />
beats enflammés – ha ha ha stayin’ alive !<br />
(Bon, il faut imaginer les kids et les patins…)<br />
Instagram : @damfunk<br />
12 THE RED BULLETIN
YUSUKE KASHIWAZAKI/RED BULL CONTENT POOL<br />
THE RED BULLETIN 13
B U L L E V A R D<br />
EcoGarden<br />
UN BOCAL,<br />
C’EST LA VIE<br />
Loin d’être un simple<br />
aquarium, ce microécosystème<br />
pourrait<br />
assurer de façon durable<br />
et esthétique nos<br />
besoins en nourriture.<br />
H amza Qadoumi<br />
entend révolutionner la<br />
culture vivrière et la rendre<br />
durable. À 24 ans, cet ingénieur<br />
suédois est conscient<br />
que notre planète fait face à<br />
une demande de nourriture<br />
sans cesse croissante due à<br />
l’augmentation de la population<br />
conjuguée à une pénurie<br />
de terres fertiles et arables.<br />
Qadoumi, dans sa quête<br />
d’alternatives, a préféré<br />
ÉCHANGE DE BONS<br />
PROCÉDÉS<br />
Les plantes filtrent<br />
l’eau, fournissant un<br />
habitat propre pour<br />
les poissons…<br />
réhabiliter des méthodes<br />
anciennes plutôt que de chercher<br />
des concepts modernes.<br />
L’aquaponie est une technique<br />
agricole jadis utilisée<br />
par les Aztèques dans les<br />
marais poissonneux des chinampas,<br />
ou jardins flottants.<br />
Le principe est simple : les<br />
poissons sont nourris, leurs<br />
excréments servent de nutriments<br />
aux plantes qui à leur<br />
tour nettoient l’habitat des<br />
poissons et nourrissent les<br />
hommes. À grande échelle,<br />
l’aquaponie pourrait réduire<br />
fortement notre empreinte<br />
carbone car son besoin en eau<br />
est de 90 % inférieur à celui<br />
de l’agriculture traditionnelle<br />
pour un rendement jusqu’à<br />
six fois supérieur.<br />
L’idée de Qadoumi est<br />
d’adapter l’aquaponie à<br />
l’échelle du particulier. Miaquarium<br />
et mi-serre miniature,<br />
son EcoGarden exploite<br />
la symbiose entre les poissons<br />
et les plantes pour créer un<br />
écosystème autosuffisant. Les<br />
herbes et les plants de basilic<br />
ou de cresson poussent toute<br />
l’année sans terre fertile. Une<br />
application permet de gérer<br />
l’appareil, nourrir les poissons<br />
à distance et se connecter<br />
à d’autres écojardiniers.<br />
D’après Qadoumi, son<br />
EcoGarden ouvrira à tous<br />
l’accès à une nourriture durable.<br />
« Notre gestion désastreuse<br />
des ressources vient<br />
de notre perte de lien avec la<br />
culture de la terre », expliquet-il.<br />
Par chance, notre poisson<br />
rouge la cultivera pour nous.<br />
ecobloom.se<br />
… dont les excréments<br />
constituent<br />
des nutriments<br />
pour les<br />
plantes.<br />
L’appli permet de nourrir les poissons<br />
à distance et d’échanger des<br />
infos avec d’autres écojardiniers.<br />
DAVID LAGERHOLM, ECOBLOOM.SE FLORIAN OBKIRCHER<br />
14 THE RED BULLETIN
ALPHATAURI.COM
B U L L E V A R D<br />
Tayla Parx<br />
« SI JE NE<br />
CROIS PAS<br />
EN MOI, QUI<br />
LE FERA ?»<br />
En composant des tubes pour<br />
d’autres et en devenant elle-même<br />
une pop star, la singulière artiste<br />
américaine de 25 ans a un peu<br />
percé le secret du succès.<br />
L orsque des stars<br />
comme Janelle Monáe,<br />
Anderson .Paak et Christina<br />
Aguilera sont en panne d’inspiration,<br />
elles font appel à<br />
Tayla Parx. L’actrice native de<br />
Dallas – en 2007, elle incarne<br />
Little Inez dans la comédie<br />
musicale Hairspray, aux côtés<br />
de John Travolta – devenue<br />
auteure- compositrice est à<br />
l’origine de quelques gros<br />
tubes écrits pour d’autres.<br />
Rien que l’an dernier, Tayla<br />
Parx a co-signé quatre des dix<br />
top singles américains, dont le<br />
numéro un mondial d’Ariana<br />
Grande, Thank U, Next (et le<br />
suivant 7 Rings, également<br />
numéro un). À présent, c’est<br />
à son tour d’être dans la<br />
lumière.<br />
À l’occasion de la sortie<br />
récente de son premier album,<br />
We Need to Talk, nous avons<br />
pris Parx au pied de la lettre<br />
en l’invitant à en parler.<br />
Cette surdouée de 25 ans<br />
explique à <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
en quoi l’écoute est le secret<br />
de sa créativité et comment<br />
elle s’affirme en présence<br />
de ces idoles.<br />
the red bulletin : Auteurecompositrice<br />
semble être un<br />
rôle ingrat : on œuvre au<br />
succès d’autrui sans aucune<br />
reconnaissance. Alors, pourquoi<br />
le faire ?<br />
tayla parx : Vous savez,<br />
j’écris pas mal de chansons<br />
et je ne peux pas toutes les<br />
chanter.<br />
Plus de 200 par an, dit-on…<br />
Je n’y peux rien. J’ai besoin de<br />
libérer le flot de musique qu’il<br />
y a en moi.<br />
Qu’est-ce qui nourrit votre<br />
créativité ?<br />
Les expériences des autres.<br />
Quand ma propre imagination<br />
me fait défaut, les conversations<br />
avec mon entourage et<br />
ma fantaisie prennent le relais.<br />
Garder le cœur et l’esprit<br />
ouverts permet d’alimenter<br />
constamment la créativité et<br />
l’inspiration. Quand je me<br />
sens moins inspirée, j’éprouve<br />
le besoin d’en parler.<br />
Craignez-vous de céder<br />
votre chanson la plus aboutie<br />
à quelqu’un d’autre ?<br />
Comme 7 Rings pour Ariana<br />
Grande ?<br />
Non. Les choses n’arrivent pas<br />
par hasard. Si une autre super<br />
star en avait hérité, la chanson<br />
aurait eu un impact différent<br />
parce qu’elle était destinée à<br />
cette artiste en particulier.<br />
C’est comme si une autre que<br />
Beyoncé avait chanté Crazy<br />
in Love, son tube de 2003, la<br />
chanson n’aurait probablement<br />
pas autant cartonné.<br />
Qu’est-ce qui vous a poussé<br />
à interpréter vos morceaux ?<br />
De nos jours, le public<br />
demande de l’originalité en<br />
musique. Jusque là, j’avais<br />
imaginé un univers pour<br />
d’autres ; à présent, j’en<br />
invente un inédit qui me<br />
ressemble.<br />
Y a-t-il encore un créneau<br />
pour de la pop originale<br />
aujourd’hui ?<br />
C’est comme en amour : allezvous<br />
offrir à votre chérie le<br />
même bouquet de fleurs pendant<br />
dix ans ? L’emmener<br />
dîner toujours dans le même<br />
resto ? Non. Il y a mille et une<br />
façons de dire « je t’aime ».<br />
Pour moi, être originale se<br />
situe moins dans ce que l’on<br />
fait que dans la manière de<br />
le faire.<br />
Et comment cela se traduit-il<br />
en musique ?<br />
En mêlant deux univers que<br />
vous n’auriez jamais imaginés<br />
ensemble. Lil Wayne l’a fait<br />
en associant hip-hop et rock.<br />
Run-DMC l’avait précédé mais<br />
à sa manière. Dans mon cas,<br />
j’essaie de brouiller les frontières<br />
censées séparer la pop<br />
du R’n’B et du hip-hop. En les<br />
mélangeant cela devient plus<br />
intéressant.<br />
Comment gère-t-on l’admiration<br />
qu’on a pour ses<br />
modèles ?<br />
C’est dingue. Imaginez devoir<br />
dire à votre idole : « Je n’aime<br />
pas » ou « Je voudrais que tu<br />
le fasses ainsi. » Dans ce cas,<br />
il faut garder en tête que<br />
vous êtes là pour ajouter une<br />
dimension que nul autre ne<br />
peut apporter. Et cela vous<br />
conforte dans l’idée que vos<br />
propositions comptent.<br />
Une posture osée. Comment<br />
arrive-t-on à ce niveau de<br />
confiance ?<br />
Je suis une jeune femme<br />
noire, je pars donc avec un<br />
handicap. De plus, je n’ai pas<br />
de famille dans l’industrie musicale,<br />
je dois donc travailler<br />
trois fois plus que les autres.<br />
Bref, si je ne crois pas en moi,<br />
qui le fera ?<br />
Le premier album de<br />
Tayla Parx, We Need to Talk,<br />
est dans les bacs ;<br />
taylaparx.com<br />
MADELEINE DALLA FLORIAN OBKIRCHER<br />
16 THE RED BULLETIN
« J’AI BESOIN<br />
DE LIBÉRER<br />
LE FLOT<br />
DE MUSIQUE<br />
EN MOI. »<br />
THE RED BULLETIN 17
B U L L E V A R D<br />
DEVENIR VÉGÉTARIEN<br />
RÉDUIRAIT NOTRE<br />
EMPREINTE CARBONE<br />
DE 73 %.<br />
Novameat<br />
TON STEAK ?<br />
IMPRIMÉ !<br />
Une entreprise imprime en 3D<br />
de la « viande » à base de riz<br />
et de petit pois. Une solution<br />
pour sauver le monde ?<br />
La lutte pour la sauvegarde<br />
de l’environnement<br />
s’intensifie et<br />
nous avons plus que jamais<br />
besoin d’idées innovantes. Des<br />
chercheurs affirment qu’en<br />
adoptant un régime végétarien,<br />
notre empreinte carbone<br />
diminuerait jusqu’à 73 % et<br />
l’utilisation des terres arables<br />
jusqu’à 75 % à l’échelle mondiale<br />
(l’équivalent de l’Australie,<br />
de l’Europe et des États-<br />
Unis réunis).<br />
C’est en étudiant la fabrication<br />
d’organes artificiels que<br />
Giuseppe Scionti, ingénieur et<br />
fondateur de la start-up espagnole<br />
Novameat, découvre<br />
une alternative à la consommation<br />
de viande. « Je reproduisais<br />
des parties du corps<br />
humain en développant des<br />
tissus et des organes. Et en<br />
développant une oreille prototype<br />
ayant l’aspect et le tissu<br />
d’une vraie, l’idée m’est venue<br />
d’appliquer cette technique<br />
pour produire des steaks végétaux<br />
avec le goût, la texture,<br />
l’aspect et les propriétés nutritionnelles<br />
de la viande. »<br />
Pour se faire, une pâte<br />
beige à base de protéines de<br />
riz, de petits pois et d’algues<br />
marines est fabriquée puis<br />
conditionnée pour l’impression<br />
3D qui produit le « steak »<br />
dans sa forme finale. « Les<br />
protéines servant à recréer les<br />
fibres musculaires sont ensuite<br />
placées à un niveau micro<br />
par extrusion, poursuit<br />
Scionti. L’imprimante recrée<br />
la texture musculaire et le tissu<br />
animal, le goût et l’aspect. »<br />
Après avoir mis au point<br />
son steak végétal à faible<br />
impact carbone, Novameat<br />
travaille à présent à sa saveur<br />
avec des chefs cuisiniers et<br />
étudie la possibilité de l’adapter<br />
aux besoins des consommateurs,<br />
en jouant sur la teneur<br />
en protéines, nutriments<br />
et vitamines. « Au final, ce<br />
produit pourra intéresser les<br />
sportifs ou les agences spatiales,<br />
précise Scionti. Voire<br />
les organisations humanitaires<br />
luttant contre la malnutrition<br />
dans le monde. »<br />
novameat.com<br />
Un des steaks imprimés en 3D de Novameat.<br />
LOU BOYD CHRISTINA LOCK<br />
18 THE RED BULLETIN
Skullcandy partenaire majeur de <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot <strong>2019</strong>
B U L L E V A R D<br />
Karen O<br />
« LE SON DES<br />
RAMONES ?<br />
IRRÉSISTIBLE »<br />
L’emblématique chanteuse<br />
des Yeah Yeah Yeahs et les<br />
quatre titres qui l’apaisent.<br />
E n avril 2003 sortait l’un<br />
des premiers albums les plus<br />
excitants de l’histoire du rock.<br />
Oscillant entre riffs de guitare<br />
tapageurs et new wave énergique,<br />
Fever To Tell du trio newyorkais<br />
Yeah Yeah Yeahs est le<br />
catalyseur de la vague dance<br />
punk de la décennie et transforme<br />
Karen O – née d’une mère<br />
sud-coréenne et d’un père polonais<br />
– en icône culturelle. Lux<br />
Prima, son second opus en solo<br />
en collaboration avec le producteur<br />
Danger Mouse, évoque le<br />
climat sociopolitique actuel<br />
et offre ses morceaux en guise<br />
d’échappatoire. « La musique<br />
est la meilleure façon de tout<br />
affronter », confie O, 40 ans.<br />
Voici quatre titres qui la<br />
requinquent les jours sans.<br />
THE RAMONES<br />
JUDY IS A PUNK (1976)<br />
« Les Ramones étaient un groupe<br />
très charismatique, unique en son<br />
genre, dont la musique est tout<br />
simplement irrésistible. L’écouter<br />
me stimule et me donne envie de<br />
bondir et de me trémousser<br />
comme une ado. C’est simple et<br />
revigorant, et les paroles font<br />
mouche. Judy Is A Punk est le<br />
genre de morceau qui me stimule<br />
quelle que soit la situation ou<br />
mon humeur. »<br />
STEVIE WONDER<br />
A PLACE IN THE SUN (1966)<br />
« Ce titre du jeune Stevie Wonder<br />
m’évoque un lieu chaleureux et<br />
joyeux. Sa pureté et sa beauté<br />
créent en moi une sensation de<br />
bien-être. J’ai rencontré Stevie<br />
quand j’étais enceinte (de son fils<br />
Django, 3 ans aujourd’hui, ndlr).<br />
Comme j’étais très intimidée, je<br />
lui ai dit : “Pouvez-vous mettre<br />
la main sur mon ventre et bénir<br />
mon enfant ?” Il l’a fait, depuis<br />
j’en espère des merveilles. »<br />
MOSES SUMNEY<br />
DOOMED (2017)<br />
« La chanson est triste, mais<br />
même les chansons tristes font<br />
parfois du bien. Et celle-ci est<br />
vraiment apaisante. Elle a un côté<br />
sublime que je n’avais pas entendu<br />
depuis de très nombreuses<br />
années. Et la tristesse qu’elle<br />
porte est allégée par la magnifique<br />
voix de Moses. C’est léger<br />
et mélancolique en même temps…<br />
Voilà que je n’arrive plus à décrire<br />
une musique. »<br />
ZHANÉ<br />
HEY, MR DJ (1993)<br />
« Ce morceau du duo hip-hop est<br />
très relax, et en même temps il<br />
me donne envie de danser. Je fréquente<br />
peu les discothèques en<br />
ce moment, alors à chaque fois<br />
quand je rends visite à des amis,<br />
on se débrouille toujours pour<br />
monter le son et danser. Danser<br />
fait partie de ma vie. Nous avons<br />
tous besoin d’une musique qui<br />
adoucit les mœurs, surtout par<br />
les temps qui courent. »<br />
ELIOT LEE HAZEL FLORIAN OBKIRCHER<br />
20 THE RED BULLETIN
Brian Bielmann, le légendaire photographe<br />
de surf, revient sur les clichés incontournables<br />
de ses quarante ans de carrière.<br />
Faites que cette<br />
photo soit nette !<br />
Le Californien Nathan Fletcher<br />
n’aurait jamais dû rider cette<br />
vague, c’était de la folie pure.<br />
Je me revois encore agenouillé<br />
face à mon ordinateur, priant<br />
pour que la photo soit nette.<br />
Et elle l’était ! J’ai sauté de joie<br />
quand je l’ai vue. J’étais tellement<br />
content. Cette photo est entrée<br />
dans l’histoire du surf.<br />
22
L’esprit du surf<br />
Les réflexions de Bielmann<br />
sur l’œuvre de sa vie : la quête<br />
de la vague parfaite et la<br />
redéfinition d’une forme d’art.<br />
Quand il commence les photos de surf en 1978, Brian<br />
Bielmann ne s’imagine pas devenir une légende avec<br />
plus de 150 couvertures de magazines à son actif et un<br />
style en constante évolution. C’est pourtant exactement<br />
ce qui s’est passé. Plongé dans les clichés de son<br />
portfolio devenu culte, Bielmann admet qu’il ne se voit<br />
pas comme un photographe sportif. « Pour moi, le surf<br />
n’est pas un sport, mais plutôt une forme d’art. Et je<br />
me suis d’ailleurs toujours considéré comme un artiste.<br />
La différence est visible dans mon travail. »<br />
Bielmann a une histoire associée à chacune de ses<br />
photos les plus marquantes. Et c’est ainsi qu’il nous<br />
livre sans le vouloir un genre d’historique à la première<br />
personne où s’entremêlent le surf et tout un pan<br />
de la photographie. « Il y a tellement de choses qui ont<br />
changé depuis que je me suis lancé là-dedans, dit-il en<br />
se remémorant une époque où jet-skis, grosses vagues<br />
et autres cartes SD n’existaient pas. Avant, on ramait<br />
et on avait 36 chances de faire une bonne photo, pas<br />
une de plus. Maintenant, on peut mitrailler autant<br />
qu’on veut, avec l’autofocus en prime. Mais le but reste<br />
le même : prendre des photos qui font rêver. »<br />
Précurseur dans l’âme pour avoir contribué à l’avènement<br />
de la photographie de surf numérique et<br />
popularisé les prises de vue sous-marines, Bielmann<br />
avec son côté traditionnel, se moque bien des tendances<br />
(« j’utilise rarement de fisheye, ça n’a jamais<br />
été mon truc »). Plus que toute autre chose, il use de<br />
son talent pour jouer avec la lumière, la composition<br />
et l’aspect spectaculaire des vagues. Et ces décennies<br />
à côtoyer les plus grands surfeurs lui ont permis de<br />
capturer des moments révélateurs de l’esprit du surf.<br />
Penché sur ses plus beaux clichés, Bielmann a la<br />
gorge nouée quand on l’interroge sur le sens de son<br />
œuvre. « C’est comme un album de famille, auquel<br />
tout le monde du surf aurait contribué. J’ai commencé<br />
à prendre des photos pour passer plus de temps<br />
sur ma planche… Et au final, ça a changé ma vie. »<br />
brianbielmann.com<br />
Avec le recul, Bielmann peut le dire :<br />
« Tout ça a changé ma vie. »<br />
PORTRAIT: TERI ANN LINN<br />
24 THE RED BULLETIN
Entre deux<br />
mondes<br />
L’Hawaïen Andy Irons et moi<br />
étions restés sur place après<br />
une compétition. On a fait<br />
quelques photos sous l’eau<br />
pour le plaisir. En les regardant<br />
plus tard, je les ai vues<br />
sous un autre angle. Sur<br />
celle-ci, intitulée Heaven<br />
Knows d’après la chanson<br />
de Robert Plant, on dirait<br />
qu’Andy est en train de passer<br />
d’un monde à l’autre.<br />
Quand les ennemis<br />
deviennent amis<br />
Un souvenir plein de joie : le jour<br />
où Andy Irons et Kelly Slater (à droite)<br />
ont mis leur éternelle rivalité au placard<br />
et sont devenus amis. Je suis sûr<br />
que cette journée en Indonésie reste<br />
un beau souvenir pour Kelly. Andy<br />
nous a quittés cinq ans plus tard.<br />
THE RED BULLETIN 25
26 THE RED BULLETIN
Au cœur de<br />
l’action<br />
Voilà le Californien Kolohe<br />
Andino lors d’un voyage<br />
avec <strong>Red</strong> Bull aux îles<br />
Mentawaï, en Indonésie,<br />
il y a huit ans environ.<br />
J’étais sur un bateau pour<br />
prendre des photos et j’ai<br />
réussi de justesse à passer<br />
par-dessus la vague.<br />
Qu’est-ce que ça me<br />
manque, ces trips !<br />
THE RED BULLETIN 27
Surf, drogues et rock’n’roll<br />
Il s’agit d’une photo que j’ai prise pour le magazine<br />
Surfer au début des années 80. On y voit<br />
le surfeur hawaïen Tim Fretz, plus connu sous<br />
le nom de Taz. C’était un type un peu taré qui<br />
a vécu comme il surfait : vite et intensément.<br />
Taz a ouvert la voie des airs. Il est mort jeune<br />
d’une overdose. C’était vraiment triste de<br />
le voir gâcher un tel talent.<br />
Des gosses<br />
devenus stars<br />
Ici, Zeke Lau (tout à gauche) et<br />
les frères Florence (de gauche à<br />
droite : Nathan, Ivan et John<br />
John), tous originaires d’Hawaï,<br />
manifestent contre un projet de<br />
construction (finalement abandonné)<br />
de centre commercial.<br />
Depuis, ces enfants sont devenus<br />
des stars du surf, et John<br />
John est considéré à juste titre<br />
comme le meilleur au monde.<br />
28 THE RED BULLETIN
Les débuts<br />
avec Kelly<br />
Une photo du jeune Kelly Slater,<br />
à quatorze ans, prise à l’aube de ma<br />
carrière. Je bossais pour Quiksilver<br />
à l’époque. C’est un style qui a<br />
rapidement été repris par d’autres<br />
photographes et d’autres marques.<br />
THE RED BULLETIN 29
Une photo,<br />
deux mystères<br />
Il s’agit d’une photo du surfeur<br />
californien Nic Lamb que j’ai<br />
prise du haut de la falaise, au<br />
Jaws Festival de Maui en 2015.<br />
Cette image reste un grand<br />
mystère : on ne sait ni d’où il<br />
sort, ni où il va disparaître.<br />
31
Rayon de soleil<br />
On était en train d’attendre la lumière parfaite, et là, une bande<br />
d’Australiens est arrivée et a tout foutu en l’air en à peine quelques<br />
secondes. Je devais faire le portrait d’Andy Irons pour le magazine<br />
Transworld Surf. On avait tout organisé pour faire des photos dans<br />
la véranda de la Billabong Hawaii House au coucher du soleil. Mais<br />
c’était compter sans ce groupe d’Australiens. Ils se sont assis juste<br />
à côté de nous avec leurs bières. J’étais en panique. Il ne me restait<br />
que dix minutes, donc il fallait que j’improvise. Et puis, le miracle a<br />
eu lieu : un rayon de soleil a traversé l’une des fenêtres et a éclairé<br />
Andy d’une lumière sublime. J’ai fait dix prises et c’était fini. C’est<br />
cette photo qui a fait la couverture de Transworld Surf à la mort<br />
d’Andy en novembre 2010. Il avait 32 ans.<br />
32 THE RED BULLETIN
La photo qui m’émeut le plus<br />
C’est ma préférée de toutes. Andy Irons a le regard tourné vers Pipeline, un célèbre spot de<br />
surf sur la côte nord d’Oahu, une île d’Hawaï. Après sa mort, j’ai appelé cette photo When<br />
Doves Cry, en l’honneur de la chanson de Prince. Des magazines du monde entier ont utilisé<br />
cette image. Elle représente plus pour moi que n’importe quelle autre de mes photos.<br />
Quand la<br />
vague frappe<br />
Une photo de chute<br />
sous-marine. Je ne me<br />
souviens plus du nom<br />
du surfeur. Le magazine<br />
Transworld Surf a<br />
affirmé qu’il s’agissait<br />
d’Andy Irons et depuis,<br />
tout le monde dit la<br />
même chose. J’ai tout<br />
juste réussi à le regarder<br />
dans les yeux<br />
avant qu’il ne se fasse<br />
emporter par la vague.<br />
THE RED BULLETIN 33
Le pouvoir de la<br />
rime improvisée :<br />
Pyromic (gauche)<br />
parviendra-t-il<br />
à déstabiliser<br />
Doc Brrown ?
RED BULL<br />
DERNIER MOT<br />
« Les livres sont<br />
des munitions<br />
pour le pistolet<br />
à rimes »<br />
Texte SMAËL BOUAICI<br />
SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL<br />
35
Maître du battle rap<br />
depuis les années 90,<br />
Artik a largement<br />
démontré qu’il était<br />
un improvisateur hors<br />
pair en remportant<br />
les fameux concours<br />
End of <strong>The</strong> Weak.<br />
Désormais consultant<br />
pour les battles d'impro<br />
<strong>Red</strong> Bull Dernier Mot,<br />
il sera dans le jury de<br />
la finale <strong>2019</strong> qui se<br />
déroulera à Marseille le<br />
12 juillet. Nous l'avons<br />
retrouvé dans un bar<br />
près de la Défense pour<br />
lui demander comment<br />
l'impro rap a changé sa<br />
vie et l'a aidé à forger<br />
son caractère.<br />
the red bulletin : Vous travaillez chez<br />
Apple : est-ce que le fait d’être un as de<br />
la répartie vous aide dans votre boulot ?<br />
artik : Oui, parce que je suis souvent<br />
amené à délivrer des formations devant<br />
des groupes de personnes sur un sujet<br />
que je maîtrise à peine, avec des informations<br />
qui tombent au compte-gouttes.<br />
L’improvisation, au-delà de rimer, c’est<br />
lire le contexte autour de soi et pouvoir<br />
s’en servir.<br />
Tout le monde a connu ce moment où,<br />
après une dispute, on se dit : « J’aurais<br />
dû lui répondre ça ! » L’impro peut-elle<br />
aider dans ces situations ?<br />
Le principe même de l’improvisation, c’est<br />
d’avoir un coup d’avance. Quand on te dit<br />
un mot, ça doit déclencher plein d’autres<br />
mots dans ta tête. Alors dans une dispute<br />
ou dans une discussion où vous voulez<br />
que votre avis soit pris en compte, l’impro<br />
va être très utile. Si vous arrivez à prévoir<br />
ce que l’autre va dire, et à lui répondre<br />
avant, vous pouvez fermer les portes et<br />
remporter la conversation comme un<br />
battle. L’impro est un outil artistique mais<br />
qui va beaucoup plus loin que ça.<br />
Est-ce que cette pratique peut aider les<br />
gens qui se sentent timides en société ?<br />
Pour quelqu’un qui doit parler en public,<br />
si vous maîtrisez à l’avance ce que vous<br />
avez à dire, vous buterez moins sur les<br />
mots et structurerez mieux vos idées. Et<br />
surtout, vous aurez moins peur de passer<br />
pour un idiot. J’étais agoraphobe, et les<br />
battles de hip-hop m’ont permis de dépasser<br />
ce trouble. Si vous devenez fort dans<br />
vos propos, les autres ne pensent pas à<br />
qui vous êtes. Et ça soulage, parce que<br />
l’agoraphobie, c’est de croire que tout<br />
le monde vous domine. Mais quand les<br />
gens se taisent et écoutent, vous devenez<br />
plus fort qu’eux.<br />
SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL<br />
36 THE RED BULLETIN
« L’impro est un<br />
outil artistique,<br />
mais qui va<br />
beaucoup plus<br />
loin que ça. »
L’arène de l’impro.<br />
Le Trianon, lors de<br />
la finale du <strong>Red</strong><br />
Bull Derniet Mot à<br />
Paris l’an dernier.<br />
« J’avais l’impression<br />
d’être spectateur<br />
de ma propre rime,<br />
c’était dingue. »
SARAH BASTIN/RED BULL CONTENT POOL, LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL<br />
À VOUS DE JOUER !<br />
LES 5 TIPS D’ARTIK POUR<br />
DEVENIR UN PRO DE L’IMPRO<br />
1 - L’entraînement, la répétition<br />
de l’exercice. Il faut le faire de<br />
manière quasi journalière, c’est<br />
ce qui apporte les automatismes.<br />
2 - Se défaire du stress. C’est le<br />
stress qui empêche le cerveau<br />
d’arriver correctement au bout<br />
de la rime. Il faut être le plus zen<br />
possible pour voir venir et être<br />
capable de programmer ses<br />
attaques.<br />
3 - Écouter beaucoup de hip-hop<br />
avant une battle pour entendre<br />
la langue française décortiquée<br />
pour le rap et s’imprégner des<br />
formules et des constructions<br />
rythmiques qui viendront plus<br />
facilement en tête. Avant un<br />
clash, j’écoutais même de vieilles<br />
cassettes d’impro !<br />
4 - Observer autour de soi.<br />
Pendant la compétition, il faut<br />
toujours être aux aguets, regarder<br />
ce qui se passe, parce que<br />
tout peut servir. La rime que vous<br />
n’aurez pas, il faudra peut-être<br />
aller la chercher dans la foule.<br />
5 - Ne pas se formaliser des<br />
attaques de l’adversaire. Le moment<br />
où vous êtes énervé doit<br />
durer moins de dix secondes, et<br />
il ne faut pas vouloir absolument<br />
rendre coup pour coup. Si l’adversaire<br />
vous a vexé, n’essayez pas<br />
de le vexer : essayez de le battre.<br />
À quel âge peut-on commencer ?<br />
Je fais toujours le lien avec l’écriture,<br />
parce que l’impro, ça ne vient pas sans<br />
avoir écrit un peu de rap avant. À partir<br />
du moment où l’on sait écrire et parler,<br />
on peut commencer à tester le rap et<br />
l’improvisation.<br />
Est-ce que les relations avec vos<br />
proches ont évolué après votre succès<br />
dans les battles de rap ?<br />
Lors des rassemblements dans le quartier,<br />
j’ai toujours été un peu taquin, avec le<br />
sens de la formule. C’est plutôt moi qui<br />
ai changé. J’ai commencé à avoir moins<br />
peur et j’ai développé une assurance,<br />
qui, peut-être au sommet de ma carrière<br />
quand je gagnais les battles, a pu être<br />
perçue comme un manque d’humilité.<br />
Durant ces battles, est-ce qu’il y a eu<br />
des moments où vous vous êtes dit que<br />
votre cerveau avait réagi de manière<br />
extraordinaire ?<br />
Oui, plusieurs fois. La plus remarquée,<br />
c’était pendant une épreuve de freestyle<br />
bag pour End of the Weak. Il fallait improviser<br />
sur un objet qu’on ne connaissait pas<br />
à l’avance. Quand je l’ai sorti du sac, il<br />
m’est tombé des mains. Le temps de le<br />
ramasser, j’ai construit ma rime et le nom<br />
de l’objet – un gant squelette – est sorti au<br />
moment où je le levais. Ça s’est joué en<br />
deux mesures. « Tu peux me le ramasser je<br />
te le dis gars / Qu’est-ce que c’est, un gant<br />
avec des os en forme de doigts. » Quand<br />
Maras, vainqueur<br />
de l’édition 2018<br />
du <strong>Red</strong> Bull<br />
Dernier Mot.<br />
j’ai vu l’objet, j’ai su que ça allait rimer<br />
avec doigt, mais je ne savais pas comment<br />
j’allais placer « gants » et « os ». Et c’est arrivé<br />
en même temps que le geste. J’avais<br />
l’impression d’être spectateur de ma<br />
propre rime, c’était dingue. Quand on<br />
prend du temps à construire, les gens vous<br />
voient mettre en place une mécanique.<br />
Mais quand le mot semble sortir en même<br />
temps que l’objet, ça devient de la magie.<br />
Qu’est-ce qui se passe dans la tête des<br />
protagonistes quand on dévoile les<br />
mots sur lesquels il va falloir improviser<br />
en battle ?<br />
Quand l’indice, le mot ou l’objet sort, et<br />
que ce n’est pas encore parti, il y a tous les<br />
scénarios possibles qui tournent dans la<br />
tête de l’improvisateur. Celui qui dit qu’il<br />
attend le dernier moment est un menteur.<br />
Quand le mot arrive, on est déjà en train<br />
de l’orchestrer. On n’a pas toujours la<br />
bonne idée au moment opportun, mais<br />
le cerveau est déjà en train de cogiter.<br />
Inventer des rimes, est-ce que c’est un<br />
état d’esprit permanent ?<br />
À l’époque où je pratiquais beaucoup,<br />
c’était une gymnastique constante. Dès<br />
que le corps est occupé, l’esprit vagabonde.<br />
Je travaillais au McDonald’s à<br />
cette période, en cuisine, et je répétais les<br />
mêmes gestes. Comme je ne pensais plus<br />
à ce que mes mains faisaient, ma tête était<br />
concentrée à fabriquer des rimes toute<br />
la journée.<br />
THE RED BULLETIN 39
« Quand je<br />
travaillais au<br />
McDonald’s, ma<br />
tête fabriquait<br />
des rimes toute<br />
la journée. »<br />
Au job ou sur scène, la rime se joue<br />
partout. Ici, Maras clashe Doc Brrown.<br />
40 THE RED BULLETIN
RED BULL DERNIER MOT<br />
QUAND L’IMPRO ENVAHIT MARSEILLE<br />
Le 12 juillet, les meilleurs improvisateurs<br />
de France ont rendezvous<br />
à Marseille pour s’échanger<br />
des punchlines lors d’une joute<br />
verbale sans filet.<br />
« Si <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot avait<br />
existé à l’époque, j’y aurais participé<br />
sans hésiter, affirme Artik,<br />
consultant et membre du jury<br />
de la finale <strong>2019</strong>. Parce que c’est<br />
le concours de battle rap le plus<br />
complet : freestyle, impro,<br />
clash… Cette compétition révèle<br />
à la fois les qualités d’improvisateur<br />
et les qualités de clasheur.<br />
C’est vraiment le meilleur de<br />
tous. »<br />
Né en 2017, <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot<br />
est l’adaptation française de <strong>Red</strong><br />
Bull Batalla de los Gallos (trad.<br />
la bataille des coqs), un battle<br />
lancé en 2005 et devenu un<br />
phénomène international dans<br />
le monde hispanophone avec<br />
des dizaines de milliers de spectateurs<br />
pour la finale mondiale<br />
chaque année et des millions<br />
d’autres en live streaming.<br />
À travers différentes épreuves,<br />
<strong>Red</strong> Bull Dernier Mot est un<br />
concours qui mixe battle de rap,<br />
impro, prose, poésie et présence<br />
scénique. Les MC’s doivent improviser<br />
sans préparation sur<br />
des thèmes imposés en direct<br />
Res Turner, à<br />
gauche, envoie de<br />
la punchline, tandis<br />
que Maras anticipe<br />
sa prochaine rime.<br />
au dernier moment via un mot<br />
ou une image, projetés sur grand<br />
écran. Après le Bataclan et le<br />
Trianon à Paris, c’est donc le<br />
Théâtre Silvain de la cité phocéenne<br />
qui accueillera la finale<br />
le 12 juillet, où s’affronteront les<br />
seize meilleurs MC’s sélectionnés.<br />
Pour participer, rendez-vous<br />
sur l’appli <strong>Red</strong> Bull Dernier Mot :<br />
sélectionnez un beat, placez les<br />
mots imposés dans une impro<br />
et envoyez votre vidéo.<br />
Le jury visionnera l’intégralité<br />
des prestations et retiendra les<br />
seize concurrents qui s’affronteront<br />
pour succéder à Maras,<br />
vainqueur en 2018, et Res Turner,<br />
champion 2017, sous les yeux<br />
d’Artik, qui ne tiendra pas sur sa<br />
chaise. « Quand je suis juge au<br />
<strong>Red</strong> Bull Dernier Mot, dans ma<br />
tête, je fais toutes les épreuves.<br />
Généralement, je m’en sors<br />
bien ! » Un conseil de pro aux<br />
candidats ? « Se mettre le public<br />
dans la poche. Avec le public derrière<br />
soi, on est optimisé, il nous<br />
pousse à sortir le meilleur de<br />
nous-mêmes. Et ne jamais perdre<br />
espoir. On l’a vu lors de la finale<br />
l’année dernière : il suffit d’une<br />
rime éblouissante pour effacer le<br />
reste d’un battle. À tout moment,<br />
il peut y avoir une fulgurance<br />
qui remet tout en cause. »<br />
« Si tu es subtil et<br />
drôle dans tes rimes,<br />
tout passe. »<br />
Quelles sont les limites d’une attaque<br />
en battle d’improvisation ?<br />
Le physique, les vêtements, la démarche,<br />
les histoires inventées, tout ça, c’est normal,<br />
c’est notre matière première. La<br />
limite, pour moi, c’est quand ça devient<br />
personnel. Quand l’adversaire frappe là<br />
où ça fait mal dans la vraie vie. Il faut être<br />
plus fort que l’autre, mais pas forcément<br />
le tuer. Ça ne sert à rien de lui dire que<br />
c’est une merde de manière brute. J’ai vu<br />
des clashs qui auraient pu partir en vrille<br />
à l’époque où le battle rap était moins<br />
connu et cantonné à des petites salles.<br />
À mes débuts, j’ai parfois joué dans des<br />
coupe-gorges où une rime qui ne passait<br />
pas, c’était un risque de bagarre. Mais si<br />
tu es subtil et drôle dans tes rimes, tout<br />
passe. De toute façon, en battle, si vous<br />
faites une rime à laquelle vous ne croyez<br />
pas, ça ne fera rire personne. Il faut être<br />
son premier fan.<br />
Existe-t-il des techniques pour clasher<br />
avec finesse ?<br />
Les comparaisons et les métaphores fonctionnent<br />
bien. Si vous comparez l’adversaire<br />
à un animal, et qu’il lui ressemble<br />
vraiment, ça marche, comme les références<br />
pop connues de tous. Mais c’est<br />
difficile : on doit déjà trouver des rimes<br />
et du sens, et seuls les meilleurs arrivent<br />
à placer des figures de style. Il est primordial<br />
aussi de réagir sur l’instant et retourner<br />
contre lui ce que l’adversaire vient de<br />
dire. Et il n’est pas conseillé d’avoir un<br />
schéma trop établi. Il faut laisser ouvert<br />
le champ des possibles.<br />
LITTLE SHAO/RED BULL CONTENT POOL<br />
Quelles sont les qualités nécessaires<br />
pour se lancer dans l’impro ?<br />
Il faut du vocabulaire. Quand j’enseignais<br />
le rap en MJC, je disais à mes élèves de<br />
lire beaucoup. Les livres sont des munitions<br />
pour le pistolet à rimes. Chercher<br />
ses mots, c’est un signe de faiblesse. Il<br />
faut aussi avoir un esprit de compétition,<br />
être sportif dans l’âme. Je ne l’étais pas<br />
du tout, mais c’est devenu une nécessité.<br />
Je n’y allais pas pour gagner, mais pour<br />
me persuader que j’étais fort.<br />
redbullderniermot.com<br />
41
L’odyssée<br />
de Perrine Fages<br />
Dans la galaxie de l’ultra distance, il y a PERRINE FAGES,<br />
genre hors-norme, femme inspirante. Nous avons suivi la<br />
Française au Qatar où elle travaille et s’entraîne, puis à<br />
Oman, sur son vélo, dans le dur, lors du Biking Man.<br />
Texte PATRICIA OUDIT<br />
Photos DOM DAHER<br />
Il y a rarement Perrine en<br />
la demeure. Trop occupée<br />
à s’entraîner, à parcourir<br />
le monde à vélo…<br />
42
« Lors de ma première<br />
sortie de 180 km à vélo,<br />
j’ai cru mourir ! »<br />
Zekreet, à 90 km de Doha.<br />
Un désert où Perrine Fages<br />
adore venir s’entraîner sur<br />
ce Gravel qu’elle maîtrise<br />
encore mal.
une enfilade de monolithes bruns que<br />
l’on dirait sortis tout droit de 2001 : l’odyssée<br />
de l’espace. En réalité, des sculptures de<br />
Richard Serra. Posées comme des apparitions<br />
dans le désert qatari, à 90 km au C’est<br />
nord de Doha. Un endroit propice aux rencontres du troisième<br />
type. Parce que Perrine Fages n’est pas ordinaire.<br />
Inclassable. Comme Zekreet, ce spot off road où elle aime<br />
venir pédaler ou courir, quand le soleil se lève et inonde le<br />
désert de ses chauds reflets. Son Gravel (monture hybride<br />
entre vélo de route, VTT et cyclosport) dans le coffre, elle<br />
vient faire une dernière révision de sa prochaine course<br />
qui contient des sections du même nom, c’est-à-dire, en<br />
bon français, des graviers, et sur lesquelles elle avoue et<br />
assume ne pas être à l’aise. « Jamais fait de VTT de ma vie,<br />
en Gravel, dans les descentes, je pleure ! »<br />
Perrine se lève souvent à 5 heures du matin pour tailler<br />
la route sur la Dukhan Highway, une six voies presque<br />
déserte en ce vendredi de prière, bordée par le cameldrome,<br />
où les robots maniant la cravache ont remplacé<br />
les enfants sur le dos des dromadaires, les droits de<br />
l’homme ont gagné sur ce point-là. Cela rappelle à Perrine<br />
deux choses : qu’elle aussi fut cavalière, sur des chevaux,<br />
trois ans en équipe de France junior de concours complet,<br />
et qu’elle aurait rêvé d’être défenseure des droits<br />
humains. Mais une fac de droit à Montpellier, une licence<br />
en Espagne, une maîtrise au Canada, et un doctorat en<br />
droit européen de la concurrence plus tard, son destin<br />
prend un autre virage. « Mon diplôme en poche, j’ai<br />
frappé à toutes les portes des organisations, ONU en tête,<br />
mais elles sont toutes restées fermées. J’ai dit très bien, je<br />
ne sauverai pas le monde… » À défaut, elle le parcourra.<br />
En attendant, ce sera école d’avocat à Versailles, huit ans<br />
passés à Paris dans un cabinet d’avocat américain. Le<br />
sport, à elle révélé lors de ses voyages étudiants, apparaît<br />
comme une échappatoire à la vie de sédentaire qu’elle<br />
subit et déteste. « Je voulais être en forme pour faire de la<br />
montagne. Alors j’ai commencé à courir, à faire des marathons<br />
: le vendredi soir, à l’heure de partir en week-end,<br />
mes patrons ne m’ont jamais vue autrement qu’avec un<br />
sac sur le dos … » Peu à peu, le petit ami d’alors s’évapore,<br />
à ce rythme-là, le sport impose un peu le célibat.<br />
45
Mains manucurées entre les cocottes, rester coquette : mitaines roses,<br />
cuissard assorti au maillot.<br />
Pourquoi vient-elle là, vit-elle là ? Après l’échappée<br />
dans la désertique Zekreet, c’est dans cette Doha,<br />
cité de bien des délires architecturaux, où l’eau<br />
turquoise à 22 °C n’accueille personne, pas plus que les<br />
trottoirs bordant les routes à quatre voies, que nous<br />
avons encore suivi Perrine. Depuis quatre ans, la jeune<br />
femme qui en a 39, y travaille comme juriste chez beIN<br />
Sport. Perrine, nous l’avions croisée il y a un an, dans la<br />
brume corse. Son maillot rose flashy tranchant sur le<br />
noir de l’asphalte. Sur le circuit Biking Man déjà (voir<br />
encadré page 51). Elle avait fini 2 e femme en 51 heures<br />
et 7 minutes de course, avalant les 700 km et 13 000 m<br />
de dénivelé sans moufeter. Trouvant le temps de nous<br />
en consacrer dans un bistrot de Bastia, après deux jours<br />
sans sommeil. Nous avions noté ses ongles impeccables,<br />
ses jambes tannées et fuselées par 14 000 km annuels,<br />
son sourire éclatant, légèrement goguenard.<br />
À Doha, chemise blanche sur pantalon noir, elle nous<br />
invite à la suivre jusqu’à son bureau où trônent moult<br />
coupes et médailles, trophées remportés lors de ses<br />
courses, triathlons, marathons, course de vélo longue<br />
distance. « Je suis venue au vélo il y a un an pour m’entraîner<br />
en ultra- distance dans le but de faire un Iron Man<br />
(un triathlon extrême, ndlr). Lors de ma première sortie<br />
de 180 km, moi qui n’avais jamais fait de vélo aussi longtemps,<br />
j’ai cru mourir !» Au mur, un planning de voyage<br />
dont elle détaille le flux tendu : « Tous les quinze jours,<br />
je m’organise un trip vélo, soit sur un week-end, là, vous<br />
voyez, j’ai la Turquie ou la Géorgie, à seulement 3,5 heures<br />
d’avion, soit sur quatre ou cinq jours : j’ai la chance d’avoir<br />
dix semaines de vacances. Le Qatar, ce n’est pas un<br />
hasard !» Sur le planning encore, il y a l’Ouganda. « Ce<br />
voyage m’a bouleversée. Tout ce que j’avais étudié en<br />
matière de droits de l’Homme notamment était sous mes<br />
Ici, vivre dans un palace<br />
coûte moins cher que de<br />
louer un appart.<br />
yeux et je le découvrais sur mon petit vélo… » On lui<br />
demande d’où lui vient cette énergie phénoménale, auraitelle<br />
bu, petite, la potion magique d’Astérix ? Elle sourit,<br />
botte en touche, n’a pas l’air de trouver cela anormal.<br />
Le soir, Perrine décide d’aller courir. On se demande<br />
si elle n’est pas la seule à se livrer à une activité sportive<br />
dans une ville où nous n’avons croisé aucun cycliste et<br />
encore moins de joggeurs. « Je vais vous emmener au<br />
seul endroit où l’on peut courir ici, à la corniche. Quand<br />
je veux faire du vélo, je vais à La Perle, le quartier des<br />
expatriés, le QG des cyclistes. On peut y faire une boucle<br />
de 20 km. » Un genre de Beverly Hills local que l’on<br />
croirait conçu pour tourner un épisode de Desperate<br />
Housewives. Ici, elle n’a pas de chez elle. Vit à l’hôtel.<br />
Même un palace avec salle de gym et bassin olympique<br />
coûte moins cher que de louer un appartement. À force,<br />
on lui fait des prix. Un choix stratégique. « Comme il n’y<br />
a pas grand-chose à faire et que je n’ai aucune obligation<br />
domestique, tout mon budget est consacré à mes courses<br />
et mes voyages. Le boulot, c’est 7-15 heures non-stop,<br />
pas de pause déjeuner. Je bosse, et après je suis libre.<br />
Ça me laisse du temps pour nager entre 17 et 18 heures,<br />
et le soir, je fais du renforcement musculaire avec deux<br />
coaches trois à quatre fois par semaine. Le soir, coucher<br />
à 23 heures. » Si l’on additionne, cela donne un mois à<br />
360 ° : 300 km de vélo + 50 km de course à pied + 10 km<br />
de natation. » Une drôle de vie. « Au début, j’en avais<br />
honte. Maintenant, j’assume. J’aime l’idée que j’ai deux<br />
valises. Et trois vélos ! »<br />
Perrine n’y voit rien que du pratique, rien de sacrificiel.<br />
Sans sponsor, hormis quelques équipements offerts<br />
par Rapha (dont le fameux maillot rose flashy) et 44 € de<br />
produits nutrition, elle se paie tout elle-même, les salaires<br />
d’ici lui permettent cette liberté qu’elle ne pourrait<br />
connaître ailleurs. Dans son emploi du temps bien réglé,<br />
le jeudi, quand elle n’est pas partie, est dévolu à la<br />
culture : expos, ciné. Avec quelques amis, même si le<br />
cercle est restreint, souvent entre expatriés, exclusivement<br />
dans la communauté sportive. « La première année,<br />
je me suis sentie très seule. Ça s’est amélioré depuis, je me<br />
suis fait quelques potes qataris, mais on n’est jamais invités<br />
chez eux. C’est ce sentiment d’isolement qui me fera<br />
un jour partir d’ici. » Dans sa chambre spacieuse, dont elle<br />
change régulièrement mais toujours avec accès piscine,<br />
une petite ambiance atelier : vélos tout carbone, pompes,<br />
recharges pour lumières, chaussures, casques et cuissards.<br />
Le matériel de base d’une ultra-cycliste. Dans le<br />
hall au luxe doré du palace, en cuissard et chaussures<br />
à cale-pied, madame Fages, il est vrai, détone un brin.<br />
« Les employés qui me connaissent tous me prennent<br />
pour une sorte de gentille folle. La plupart me suivent<br />
sur les réseaux sociaux, m’encouragent. » Et quand<br />
Perrine reste coincée, si, si, dans ses chaussures de vélo,<br />
les gens de la maintenance de l’hôtel accourent pour la<br />
désincarcérer. Et parfois aussi, lui réparer son hometrainer<br />
qui trône sur son balcon.<br />
La vie de famille, elle n’a pas encore fait une croix<br />
dessus, il est encore temps de faire la rencontre, d’avoir<br />
46 THE RED BULLETIN
Session running sur<br />
la corniche de Doha,<br />
un des rares endroits<br />
où l’on peut courir dans<br />
la capitale qatarie.<br />
Avec l’un de ses coaches, dans la salle de gym de l’hôtel où elle vit.<br />
Perrine s’y entraîne trois à quatre fois par semaine.<br />
Dans son bureau où elle est chargée des contrats juridiques de la chaîne<br />
beIN Sport. Derrière elle trônent moult trophées.<br />
THE RED BULLETIN 47
À Oman, la veille du Biking Man.<br />
Sur son vélo de contre-la-montre,<br />
la cycliste a vraiment l’air de<br />
s’amuser… pour l’instant !
Juste avant le CP 2, tableau<br />
biblique d’un campement<br />
nomade, bientôt camouflé par<br />
de violents vents de sable…<br />
des enfants. « Ce qui me rassure, c’est que je sais que je<br />
peux vivre et travailler n’importe où… Après, une relation<br />
c’est beaucoup de contraintes… »<br />
Le soir, au restaurant de l’hôtel, la veille de s’envoler<br />
pour Mascate, la capitale d’Oman pour le Biking<br />
Man du même nom, à une heure et demi d’avion,<br />
Perrine stresse un peu. En étudiant la carte du tracé sur<br />
son ordinateur, les interminables langues de bitume sur<br />
lesquelles il lui faudra rouler vraisemblablement de nuit<br />
comme de jour, dans le chaud et le froid, elle se souvient<br />
du gros épouvantail : cette montée infernale du Djebel<br />
Shams, le point culminant du pays (3 009 m), l’un des<br />
cols les plus durs au monde. Pour avoir couru Oman l’an<br />
dernier, elle en a encore un petit goût de frustration dans<br />
la bouche : « Je m’étais inscrite pour préparer l’Enduro-<br />
Man (nous y reviendrons, ndlr) parce qu’il fallait que je<br />
bouffe du kilomètre. Oman, c’est un pays que j’adore,<br />
où je vais souvent pour faire de la montagne, parce qu’ici<br />
au Qatar, c’est plat. Une copine voulait participer et on<br />
a décidé de le faire en équipe. Mais elle ne s’était pas<br />
entraînée. Elle a jeté l’éponge à la moitié. J’ai fini seule,<br />
donc pas classée. Et dégoûtée. Mais j’ai eu au passage une<br />
véritable révélation : pendant que ma partenaire vivait<br />
l’enfer, je roulais seule sous la lune du désert, le bruit<br />
des vagues… Et ce milieu composé de gens tellement<br />
intéressants, qui ont tous des histoires de fou… » Voilà<br />
pourquoi Perrine qui, bon fond d’endurance aidant, progresse<br />
vite à vélo, décide de signer à nouveau. Et aussi<br />
parce que le format lui plaît. « C’est une course intelligente<br />
qui permet à chacun de faire sa stratégie, de découvrir<br />
la diversité d’un pays à son rythme. Et où, malgré le<br />
cadre, il y a de l’aventure : sur l’épreuve de Taïwan, j’ai<br />
cassé mon vélo, je me suis perdue. C’était fantastique ! »<br />
Dans le monde de l’ultra, la notion de bonheur est<br />
étrange. Incompréhensible. Entre-temps, Perrine, jamais<br />
rassasiée, l’avait cherché et trouvé dans une quête<br />
ultime, en août dernier. Dans cet EnduroMan, triathlon<br />
extrême (voir palmarès page 52), reprenant le record à<br />
Marine Leleu, l’Insta-runneuse de dix ans sa cadette. Une<br />
course épique où, à sa première tentative, l’athlète s’était<br />
brûlée au 2 e degré à cause du maillot qu’elle avait eu le<br />
« À Taïwan, j’ai cassé<br />
mon vélo, me suis perdue.<br />
C’était fantastique ! »<br />
THE RED BULLETIN 49
Djebel Shams, sommet<br />
d’Oman. Un pied à terre<br />
dans 19 ° quand on a un<br />
vélo de contre-la-montre :<br />
pas vraiment anormal.
Biking Man<br />
Créé en 2017, ce circuit<br />
d’exploration cycliste<br />
sans assistance est<br />
composé de six<br />
épreuves à travers le<br />
monde (Oman, Corse,<br />
Laos, Pérou, Portugal,<br />
Taïwan). Axel Carion,<br />
son organisateur, vise<br />
trois types de public :<br />
« Ceux qui jouent le<br />
chrono, ceux qui<br />
tentent la place et<br />
ceux qui veulent<br />
finir. »<br />
bikingman.com<br />
Oman<br />
DÉPART<br />
Barka<br />
ARRIVÉE<br />
Mascate<br />
51
À bout de souffle, de<br />
cuisses, Perrine mange<br />
son pain noir dans la<br />
seule mais impitoyable<br />
ascension de la course.<br />
Arche gagnée<br />
Sommets himalayens,<br />
marathons, triathlons,<br />
Iron Man, Biking Man…<br />
Perrine est une<br />
stakhanoviste de<br />
l’ultra- distance. Son<br />
plus gros exploit à ce<br />
jour : avoir battu le<br />
record de l’EnduroMan<br />
ou Woman plutôt,<br />
aussi connu sous le<br />
nom de Arch 2 Arc.<br />
Soit 140 km de course<br />
à pied de Londres<br />
(sous Marble Arch)<br />
à Douvres, 34 km de<br />
natation (traversée<br />
de la Manche, jusqu’à<br />
Calais) et 289 km<br />
de vélo jusqu’à Paris<br />
(arrivée sous l’Arc<br />
de Triomphe). En<br />
août dernier, Perrine<br />
bouclait le tout en<br />
67 heures et 21 minutes.<br />
On ne comptait<br />
alors que 34 finishers.<br />
tort d’enfiler sous sa combinaison. Elle souviendra<br />
à jamais du « type en slip » qui valide sa traversée de la<br />
Manche, « les gens en train de bronzer sur la plage de<br />
Calais, et moi qui pleure en disant : “Je ne suis pas une<br />
nageuse !” » Improbable, mais elle a bien vu un yack<br />
à vélo sur la Côte d’Opale. Tout est donc possible.<br />
Mascate, veille du départ du Biking Man Oman.<br />
Au check du matériel où tout le monde s’étonne<br />
qu’elle ait choisi un vélo de contre-la-montre pour<br />
faire la boucle de 1 000 km (et 7 200 m de dénivelé),<br />
Perrine répond stratégie : « Le parcours est majoritairement<br />
plat. Je sais que je vais en baver dans le Djebel<br />
Shams. Mais que je pourrai réparer plus facilement en cas<br />
de souci mécanique. C’est un choix, il n’y a pas de vélo<br />
parfait pour cette course. » La nuit sera courte, comme<br />
l’heure de départ : trois heures du matin. Sommeil bref<br />
mais réparateur, Perrine dort peu mais généralement bien.<br />
En duo avec l’un des aînés de la course, Jacques Barge, dans les longues<br />
et belles lignes droites serties dans les vallées.<br />
52 THE RED BULLETIN
Chute, ambulance. Clavicule cassée après un soleil en bas du col.<br />
Game over. Mais ce n'est que partie remise.<br />
« La fracture du cycliste.<br />
Je peux faire partie du<br />
clan maintenant ! »<br />
Son maillot rose fluo flashe dans la nuit, on ne voit qu’elle,<br />
non loin du regard de killer de Rodney Soncco, le futur<br />
vainqueur de l’épreuve en, tenez-vous bien aux cocottes de<br />
frein, 38 heures et 17 minutes. Elle, elle vise les 54 heures,<br />
soit une allure de 20 km/h. Dans son bureau de Doha,<br />
Perrine nous avait avoué qu’elle avait fini l’année 2018<br />
sur l’Ultra- Trail d’Oman en décembre, un peu fatiguée.<br />
Et puis, janvier, encore des courses à pied de 100 km, des<br />
trips vélo de cinq jours… « Pas eu le temps de consacrer<br />
un entraînement suffisant, 300 km par semaine, ce n’est<br />
pas assez. Et l’année dernière, je n’ai fait que nager. »<br />
Trop tard pour y penser sur la ligne. AC/DC, au son<br />
de TNT, c’est parti. Axel Carion l’organisateur du circuit,<br />
évidemment ultra-cycliste de toute son âme, est aux<br />
anges. Le peloton s’étire dans la tiédeur de la nuit. Montagnes<br />
ocres, palmeraies, villages blancs et roses. Le jour<br />
vient de se lever sur Oman. Beau pays. Vallonné, fauxplats<br />
qui cassent les jambes d’emblée. Si Perrine se retournait,<br />
elle verrait se découper des pics marbrés en ombres<br />
chinoises. Rapidement, la cycliste en rose joue au contrela-montre,<br />
50 km/h aérodynamiques en compagnie d’un<br />
des aînés de la course, Jacques Barge, 67 ans, comme un<br />
pied de nez aux critiques de la veille. À la pause, Perrine<br />
remet en place son cuissard, la coquette veut éviter les<br />
doubles marques disgracieuses de bronzage, et parle de<br />
cette douleur qui s’éteint vite : il suffit d’être concentrée.<br />
Dormir ? Peut-être quelques minutes. Le temps d’un de<br />
ces power naps, siestes expresses : en Corse, elle avait bien<br />
réussi à s’endormir près des tombes d’un cimetière, roulée<br />
en boule dans sa couverture de survie. Tout est décidément<br />
possible avec Perrine.<br />
Djebel Shams. Un geai bleu roi passe au-dessus de<br />
nos têtes, mais de la petite falaise, c’est le rose flashy du<br />
maillot de Perrine que l’on attend. Il est 15 h 40, Rodney<br />
Soncco redescend déjà, deux heures seulement pour<br />
avaler les 26 km d’ascension, quand ses poursuivants<br />
sont à peine montés. Sous le cagnard des 31 °C de ce<br />
mois de février, des hallucinations se font jour. L’on croit<br />
voir du rose partout. Enfin, le seul, le vrai apparaît. Elle<br />
roule tant qu’elle peut, mais au plus fort des 19 ° de la<br />
pente, où même les plus affûtés des grimpeurs zigzaguent,<br />
Perrine met un pied à terre. Maudit son vélo<br />
de contre-la-montre. Pleure de rage. Cramée. Loin d’être<br />
la seule. 20 h 20, elle arrive au CP1, km 357, un bon tiers<br />
de la course dans la musette, en compagnie de Stéven<br />
Le Hyaric, aventurier connu pour sa traversée à vélo de<br />
l’Himalaya. Les cale-pieds usés à force d’avoir marché<br />
dessus, mais la jeune femme, malgré tout heureuse de<br />
sa journée, reste optimiste : il n’y a rien que le Tape, le<br />
fameux adhésif, ne répare. Deux heures de repos par<br />
10 °C, puis c’est reparti. Descente dans la nuit froide.<br />
Mais elle aime ça, les descentes.<br />
Trois heures du matin. Un texto. « Hello, ça va ? J’ai<br />
eu un petit accident. » On commence à les connaître, les<br />
euphémismes de la dure au mal. Un de ces dos d’âne,<br />
si fréquents dans le pays, sur le plat, en bas du Djebel<br />
Shams, vient de ruiner les espoirs de la cycliste. Soleil<br />
au-dessus du guidon. Stéven est resté, en bon copain<br />
ange-gardien. On les retrouve tous deux sur des marches,<br />
recouverts d’une couverture de survie (décidément) pour<br />
se protéger du froid. L’ambulance appelée, nous filons<br />
plein pot dans les rues désertes de Barka, direction l’hôpital,<br />
au son du muezzin. Le verdict tombera plus tard :<br />
clavicule cassée. « La fracture du cycliste. Je peux faire<br />
partie du clan maintenant ! », plaisante-t-elle, malgré son<br />
énorme déception. À croire qu’Oman loge en son sein<br />
une malédiction. Sa course n’aura duré que 24 heures.<br />
Perrine restera sur le parcours, l’épaule dans une attelle,<br />
dans notre voiture, à l’abri de la tempête de sable juste<br />
avant le CP 2 km 757, et sa mer émeraude. Elle ne s’immiscera<br />
pas entre les flancs ocres du Wadi Maih, qui font<br />
des trente derniers kilomètres une pure magie. Ne finira<br />
pas. Oui, cela aussi peut se passer avec Perrine.<br />
De retour à Doha, les regrets sont vite oubliés.<br />
Quelques jours seulement après s’être fracturé la clavicule,<br />
la jeune femme nous envoyait une photo : elle,<br />
allongée dans une salle de gym en pleine séance d’abdos,<br />
le bras en écharpe. « Propension à récupérer très vite » :<br />
elle nous avait prévenus. Prête à repartir vers de nouvelles<br />
aventures au Pakistan, à courir le long du glacier<br />
Hopper dans la vallée de Hunza, à oser pédaler dans un<br />
pays où faire du vélo quand on est une femme est une<br />
révolte réprimée. À rêver d’une route perchée à 5 800 m,<br />
sur une zone militaire entre le Pakistan et l’Inde, de passer<br />
par le Chemin des Pèlerins au Tibet pour y accéder.<br />
Tout un symbole. Sûrement, à terme, arrêter les courses.<br />
Prouver qu’en sillonnant librement le monde, affranchie<br />
des tracas féminins du quotidien, sans chez-soi véritable,<br />
avec le courage de n’écouter que ses envies, malgré les<br />
blessures, les brûlures, que oui, tout est possible.<br />
Instagram : @perrinefage<br />
Merci à Oman Air pour son soutien logistique.<br />
THE RED BULLETIN 53
À l’heure d’internet et<br />
des spoilers, comment<br />
réussir à surprendre<br />
son public ? SECRET<br />
CINEMA vous ouvre<br />
(presque) ses portes...<br />
Texte TOM GUISE
L’Empire contre-attaque,<br />
Printworks (2015)<br />
« Nous ne voulions pas que le public<br />
apprenne l’existence du X-Wing, raconte<br />
Andrea Moccia, l’un des producteurs du<br />
Secret Cinema. Il a donc décollé d’un endroit<br />
gardé secret, a tiré un mini feu d’artifice<br />
dans l’énorme structure, s’est posé, et<br />
Luke Skywalker en est sorti. Je n’ai jamais<br />
vu tant de quinquas aussi heureux. »<br />
SECRET CINEMA/MIKE MASSARO<br />
C’ÉTAIT UN<br />
SECRET<br />
55
Àl’intérieur d’un entrepôt gigantesque<br />
de 6000 m², dans un<br />
lieu (tenu secret) à Londres,<br />
l’agitation est à son comble. On<br />
termine fébrilement un décor<br />
gigantesque qui ressemble à…<br />
Les comédiens répètent au<br />
milieu d’une reconstitution<br />
surprenante des ruelles de… Un homme qui<br />
ressemble étrangement à Daniel Craig se<br />
promène au milieu d’eux, scrutant son environnement<br />
d’un regard sombre. Il est suivi de<br />
près par Barbara Broccoli, productrice des derniers<br />
films de la série des James Bond. Cette<br />
scène a pu se produire ou non ; nous ne pouvons<br />
pas vraiment vous le dire, car la première<br />
règle du Secret Cinema est de ne rien dire à<br />
personne.<br />
La seconde règle : s’immerger. C’est ce que<br />
font des centaines de milliers de personnes<br />
depuis une douzaine années, avec la naissance<br />
de Secret Cinema. En payant votre billet,<br />
vous faites la promesse de garder le secret.<br />
On vous dit comment vous habiller et où vous<br />
rendre à une heure et un jour précis. Il est<br />
interdit d’apporter son smartphone et de<br />
prendre des photos. Vous vivrez l’une des<br />
expériences les plus incroyables de votre vie.<br />
En 2012, Andrea Moccia assistait à Secret<br />
Cinema presents <strong>The</strong> Shawshank <strong>Red</strong>emption.<br />
Il fut convoqué dans une bibliothèque puis<br />
conduit vers une salle d’audience improvisée.<br />
« Le juge m’a condamné pour un crime que<br />
je n’avais pas commis, se souvient-il. Les<br />
policiers m’ont embarqué dans un fourgon<br />
aux vitres noircies qui m’a emmené dans<br />
une école transformée en prison où d’autres<br />
membres du public me criaient dessus. On<br />
m’a déshabillé, mis un uniforme de prison et<br />
enfermé dans une cellule. Je suis parti cette<br />
nuit-là en me disant que ces gens-là étaient<br />
complètement fous, et qu’il fallait absolument<br />
que je travaille avec eux. » Il est aujourd’hui<br />
l’un des producteurs de Secret Cinema. « La<br />
première production sur laquelle j’ai bossé<br />
était Brazil, dit Moccia. Le premier jour,<br />
j’entre dans l’immeuble transformé et je<br />
me retrouve coincé dans un ascenseur avec<br />
Terry Gilliam (le réalisateur, ndlr). Ce fut<br />
mon baptême du feu. »<br />
C’est une expression appropriée pour tous<br />
ceux qui font l’expérience de leur premier<br />
Secret Cinema – une aventure de six heures<br />
où vous pénétrez l’univers d’un film reconstitué<br />
avec un récit qui se déroule jusqu’à ce qu’il<br />
atteigne son point culminant : le moment où<br />
le film commence. L’année dernière, lorsque<br />
Secret Cinema adapte Roméo + Juliette tourné<br />
en 1996 par Baz Luhrmann, et recrée le<br />
paysage de Verona Beach pour 5 000 spectateurs<br />
chaque soir, avec des chorales, des voitures<br />
de police et un bal masqué au manoir<br />
Capulet, le cinéaste décrit l’expérience comme<br />
« une toute nouvelle forme d’expression artistique<br />
». Cet art fait appel à ce que Secret<br />
Cinema appelle des « moments miroirs » alors<br />
que des comédiens reconstituent des scènes en<br />
parfaite synchronisation avec l’action à l’écran.<br />
Le public a auparavant la possibilité de rencontrer<br />
ces personnages dans leur aventure.<br />
Pour un événement de la taille de<br />
Roméo + Juliette, Susan Kulkarni, responsable<br />
des costumes, comptait sur une équipe de<br />
trente personnes travaillant avec environ<br />
700 costumes. « Les acteurs se changent plusieurs<br />
fois dans la soirée, on déguise le personnel<br />
du bar, la sécurité et même l’équipe de<br />
nettoyage, parce qu’une personne dont les<br />
habits détonent avec le reste suffit à rompre le<br />
charme. » Kulkarni doit aussi tenir compte de<br />
l’apparence du public. Après que le spectateur<br />
a acheté son billet, on lui assigne un personnage<br />
et on lui propose des suggestions d’habillement.<br />
« Pour Les Évadés, nous avons eu besoin<br />
de 1 200 uniformes de prison. J’ai trouvé un<br />
type qui possédait des uniformes de prison<br />
norvégiens des années 40 dans son garage.<br />
Le public se sentait partie intégrante de cet<br />
Brazil, Croydon<br />
(2013)<br />
« Le héros a dû sauter<br />
d’une tour en rappel<br />
avec d’énormes ailes,<br />
mais il semblait voler,<br />
dit Susan Kulkarni, la<br />
responsable des costumes.<br />
Nous n’avons<br />
eu que quelques jours<br />
pour créer les ailes. »<br />
SECRET CINEMA/HANSON LEATHERBY<br />
56 THE RED BULLETIN
La première règle<br />
de Secret Cinema est<br />
de ne rien dire. La<br />
seconde : s’immerger.<br />
Docteur Folamour, Printworks (2016)<br />
Après L’Empire contre-attaque, l’adaptation de la satire de<br />
Stanley Kubrick a ramené le concept du secret quant au<br />
film choisi. La projection a eu lieu dans le centre de crise,<br />
pour un public en uniforme militaire. « L’idée était de créer<br />
un sommet, dit Riggall, fondateur de Secret Cinema. Afin<br />
que le spectateur se sente comme un dirigeant du monde. »
univers parce qu’il portait une véritable tenue<br />
d’époque. » En 2009 lorsque Kulkarni se joint<br />
à Secret Cinema, c’est pour une représentation<br />
unique du film des Marx Brothers, Une nuit<br />
à l’opéra. « On avait des costumes pour la première<br />
fois. J’étais seule, j’avais deux jours pour<br />
habiller quarante personnes, se souvient-elle.<br />
Un grande type est venu demander son costume.<br />
J’ai composé une tenue et comme je n’ai<br />
pas paniqué, j’ai reçu un appel pour rejoindre<br />
la compagnie. » Le grand type, c’était Fabien<br />
Riggall, le fondateur de Secret Cinema.<br />
L’idée est venue à Riggall alors qu’il était<br />
enfant et vivait au Maroc, dans les<br />
années 80. « J’avais onze ans. Je suis<br />
allé dans un cinéma miteux de Casablanca<br />
sans savoir ce qu’on y présentait.<br />
C’était Il était une fois en Amérique de Sergio<br />
Leone, un film dément avec une bande sonore<br />
épique d’Ennio Morricone. Le protagoniste,<br />
Noodles, était amoureux de Deborah, interprétée<br />
par Jennifer Connelly. Je me suis laissé<br />
transporter et je suis devenu Noodles. »<br />
En 2003, Riggall lance un festival de courts<br />
métrages, Future Shorts. « Un ami avait un<br />
bunker souterrain. J’y ai organisé une soirée :<br />
douze courts métrages, un DJ set. » L’idée a<br />
évolué vers Future Cinema qui présentait<br />
des longs métrages dont le film d’horreur<br />
Nosferatu de 1922 au club SeOne de Londres.<br />
« Nous n’avons révélé ni le titre du film ni le<br />
lieu ; je pensais que ça ne se vendrait pas,<br />
mais on a reçu 400 personnes. » Il teste une<br />
adaptation immersive de Metropolis de Fritz<br />
Lang. « Le concept ? Comment rendre cela<br />
plus réel. Nous voulions jouer avec le mystère.<br />
» En 2007, place à Secret Cinema, avec<br />
« Paranoid Park de Gus Van Sant qui raconte<br />
l’histoire d’un skateur accusé de meurtre.<br />
Nous l’avons fait dans des tunnels sous le pont<br />
de Londres, remplis de rampes et de halfpipes<br />
et le public est devenu la communauté<br />
de skateboardeurs dans cette cachette, avec<br />
des enquêtes policières mises en scène ».<br />
L’ampleur et l’ingéniosité des événements<br />
grandissent d’année en année : Alien, Lawrence<br />
d’Arabie, SOS Fantômes. Ils se font connaître<br />
grâce au bouche-à-oreille et les participants<br />
gardent farouchement le secret. « Je pense<br />
qu’il y a un réel désir d’échapper à une existence<br />
vide de sens où tout le monde est visible<br />
« Les gens veulent vivre<br />
des expériences qui les<br />
transportent ailleurs<br />
et les dépassent. »<br />
58 THE RED BULLETIN
SECRET CINEMA/HANSON LEATHERBY<br />
28 jours plus tard, Printworks (2016)<br />
Les participants devaient se présenter à l’hôpital<br />
en blouse pour une vaccination de routine, mais<br />
ils se sont réveillés dans une reconstitution détaillée<br />
du film d’horreur zombie de Danny Boyle<br />
réalisé en 2002, avec de la nourriture et des cocktails<br />
et dans une rave gorgée de sang. Les « patients<br />
» ont regardé le film depuis un lit d’hôpital.<br />
THE RED BULLETIN 59
et tout est prévisible, dit Riggall. Dans un<br />
monde accro à l’information, cette idée du<br />
secret est cruciale, on ne peut ni cliquer pour<br />
le trouver, ni le télécharger. »<br />
L’engagement du public est fondamental.<br />
« La première fois qu’on a vraiment demandé<br />
au public de participer, ce fut pour Lawrence<br />
d’Arabie en 2010, dit Kulkarni. Nous avons<br />
reconstitué un souk. Les spectateurs devaient<br />
apporter des objets à troquer, les échanges<br />
ont même commencé dans le métro, avant<br />
leur arrivée. Nous avions des tentes de<br />
bédouins, des chameaux et des chevaux. »<br />
En 2014, Secret Cinema réalise son projet<br />
le plus ambitieux avec Retour vers le<br />
futur : une reconstitution de Hill Valley,<br />
la ville du film. « Les spectateurs pouvaient<br />
s’écrire des lettres, les facteurs les<br />
distribuaient dans l’établissement, raconte<br />
Kulkarni. Chaque maison disposait d’un<br />
téléphone pour appeler les autres maisons. »<br />
Mais l’ampleur du projet s’avère trop importante<br />
; le spectacle n’est pas prêt à temps et la<br />
première soirée est annulée. Une catastrophe<br />
vite rattrapée. Le spectacle reçoit finalement<br />
des critiques dithyrambiques et bénéficie<br />
même d’une intervention divine. Un soir,<br />
à 23 heures, un orage inattendu s’abat sur<br />
la ville. « Tous les costumes étaient trempés,<br />
dit Kulkarni. Nous avons dû trouver un<br />
moyen pour nettoyer et sécher 600 costumes<br />
en douze heures. Une cabine entière a été<br />
surchauffée et on y a tout mis à sécher. » Si<br />
Retour vers le futur fut une leçon d’ambition<br />
non tempérée, rien n’en a paru ; l’année suivante,<br />
Secret Cinema passe un cran au-dessus<br />
avec L’Empire contre-attaque. « Il a fallu un<br />
an de discussion avec huit représentants de<br />
Lucasfilm à la société de production Bad<br />
Robot, de Disney à la Fox, explique Riggall.<br />
Roméo +<br />
Juliette,<br />
Gunnersbury<br />
Park (2018)<br />
Lié au thème de la violence<br />
chez les jeunes,<br />
le spectacle a travaillé<br />
avec l’association caritative<br />
MAC-UK. « Nous<br />
avons fait venir Loki,<br />
rappeur et activiste,<br />
pour sensibiliser les<br />
gens aux attaques au<br />
couteau », dit Bennett.<br />
Retour vers le futur,<br />
Printworks (2014)<br />
« Un article de l’Evening Standard<br />
affirme que nous avons modifié la<br />
façon dont les gens s’habillaient cet<br />
été-là, et que les femmes se sont<br />
mises à porter des robes années 50,<br />
dit Kulkarni. Coïncidence ou effet<br />
subliminal ? C’est génial de penser<br />
qu’un événement culturel va influencer<br />
ce que les gens portent. »<br />
Kathy Kennedy, la présidente de Lucasfilm,<br />
nous a soutenus. En tant que productrice<br />
exécutive de Retour vers le futur, elle a été<br />
impressionnée par ce que nous faisions.<br />
Nous avons trouvé une vieille usine à journaux<br />
pour construire Star Wars. »<br />
« C’était une ancienne imprimerie<br />
impropre à une représentation avec des spectateurs,<br />
poursuit Moccia au sujet de l’édifice<br />
qui est maintenant la boîte de nuit Printworks<br />
à Londres. Nous l’avons transformée pour<br />
trois productions : L’Empire contre-attaque,<br />
Docteur Folamour et 28 jours plus tard. »<br />
« Je voulais construire un gigantesque<br />
Secret Cinema permanent, dit Riggall. Nous<br />
y avons investi beaucoup de travail et beaucoup<br />
d’argent, mais je connais les gars qui ont<br />
créé Printworks, et ils sont bien. » Pour lui, la<br />
contribution de Secret Cinema aux bâtiments<br />
qu’il habite dans le cadre d’une utilisation<br />
temporaire est positive. « J’aime l’idée que des<br />
gens en train de danser sur le set d’un DJ, en<br />
pleine nuit, se disent : “Mince, c’est pas ici que<br />
le X-Wing est passé au-dessus de ma tête ?” »<br />
Après le succès foudroyant de L’Empire<br />
contre-attaque, de nouveaux horizons<br />
s’ouvrent. Comme pour Blade Runner, présenté<br />
l’an dernier, qui comprend la construction<br />
d’un Los Angeles du futur avec un système<br />
de pluie intérieur pour 86 soirées.<br />
« Nous avions une énorme piscine sous le<br />
plancher reliée à un système en circuit fermé<br />
qui récoltait l’eau pour la pomper vers le<br />
plafond, explique Moccia. Voir tout le monde<br />
ouvrir son parapluie, sous les néons, c’était<br />
comme être à Shibuya par une nuit pluvieuse.<br />
» Chaque membre de Secret Cinema<br />
a son moment préféré. Pour Bennett, initialement<br />
un DJ devenu le responsable de la<br />
SECRET CINEMA/CAMILLA GREENWELL, © 1996 TWENTIETH CENTURY FOX FILM CORPORATION. ALL RIGHTS RESERVED<br />
60 THE RED BULLETIN
musique, c’était « en 2015. Quand nous<br />
sommes allés au camp de réfugiés de Calais.<br />
C’était la semaine où le petit Alan Kurdi<br />
(Syrien âgé de trois ans, ndlr) a été retrouvé<br />
mort sur une plage de Turquie. Fabien a<br />
insisté pour que nous organisions une manifestation<br />
culturelle pour dénoncer le mauvais<br />
traitement des habitants du camp. Nous avons<br />
emmené Afrikan Boy, un rappeur londonien<br />
d’origine nigériane qui thématise la politique<br />
mondiale et l’immigration dans ses chansons.<br />
Nous avons monté un écran et présenté un<br />
film de Bollywood aux familles du camp. »<br />
« Ils étaient des milliers à ne pas avoir de<br />
maison et à penser ne pas avoir d’avenir. Le<br />
film a eu un impact positif sur eux, cela leur<br />
a redonné de l’espoir. Par la suite, nous avons<br />
collecté des fonds pour développer le projet.<br />
Sauf qu’avec les attentats de Paris et Manchester,<br />
le paysage politique a changé. »<br />
SECRET CINEMA/LUKE DYSON/FRASER GILLESPIE<br />
La sensibilisation aux questions sociales<br />
est peut-être la qualité la plus originale<br />
de Secret Cinema : « Cette année, avec<br />
Casino Royale, le James Bond, nous travaillons<br />
avec Calm, une association de bienfaisance<br />
qui sensibilise les gens à la santé<br />
mentale et au suicide masculin. Le film est<br />
très ouvert sur ce que vit 007 et il est intéressant<br />
de permettre que cela fasse partie de<br />
l’histoire. Un seul geste peut changer votre vie<br />
et parfois, on doit son salut à la culture. Pour<br />
moi, c’était le cinéma. Il est important de<br />
créer des expériences qui peuvent devenir un<br />
vecteur de changement. » Casino Royale est<br />
le premier Secret Cinema pour lequel Riggall<br />
a délégué le contrôle, passant les rênes au<br />
metteur en scène Angus Jackson. « Ce sera<br />
notre plus grand spectacle en salle, deux fois<br />
plus grand que Blade Runner, annonce Jackson.<br />
1 500 personnes par nuit, cinquante<br />
artistes. » C’est aussi le début d’un partenariat<br />
plus étroit avec les créateurs de films. « Quand<br />
il a réalisé Casino Royale, il nous a expliqué<br />
qu’il regardait dans l’objectif de la caméra en<br />
se demandant si ça avait l’air authentique. Et<br />
quand ça l’était, il filmait. »<br />
Jackson, astucieusement, ne révèle rien<br />
du spectacle qui sera programmé sur plusieurs<br />
dizaines de dates entre le 6 juin et le<br />
22 septembre. Il mentionne tout de même que<br />
Sébastien Foucan, fondateur du freerunning,<br />
jouera le rôle du poseur de bombe Mollaka<br />
dans la scène d’ouverture de Casino Royale<br />
« On arrive à un point<br />
où les spectateurs sont<br />
les comédiens. »<br />
Moulin Rouge, Printworks<br />
(2017)<br />
« Les acteurs et l’équipe étaient<br />
comme une famille, dit Moccia. Les<br />
attentats à la bombe de Manchester<br />
et l’attaque terroriste de Westminster<br />
ont eu lieu pendant les<br />
représentations. On a fait chanter<br />
le public pendant <strong>The</strong> Show Must<br />
Go On. C’était très émouvant.<br />
J’en ai les larmes aux yeux. »<br />
Mademoiselle,<br />
Troxy (2017)<br />
« On a eu la salle à<br />
5 heures du matin, le<br />
spectacle avait lieu le<br />
soir même, dit Bennett.<br />
Suivant à la lettre le<br />
récit de l’oncle tyrannique<br />
où personne n’a le<br />
droit de parler, les spectateurs<br />
ont fait vœu de<br />
silence. Ils ont adoré. »<br />
à Madagascar, et il promet que chaque spectateur<br />
aura la possibilité de vivre son fantasme<br />
james- bondesque. « Spielberg dit que nous<br />
allons au cinéma pour voir des gens faire les<br />
choix que nous ne ferions pas dans la vraie<br />
vie. Nous, nous mettons ces choix entre les<br />
mains du public. On arrive à un point où les<br />
spectateurs sont les interprètes. C’est ça, un<br />
spectacle Secret Cinema. »<br />
Fabien Riggall, le fondateur et maître du<br />
secret, est très ouvert sur certains projets. Il<br />
l’imagine à l’échelle mondiale. « Nous avons<br />
fait des teasers à Berlin et New York. Je pense<br />
que les gens, partout dans le monde, veulent<br />
vivre des expériences mystérieuses. Aux États-<br />
Unis, le cinéma fait partie intégrante de la<br />
culture du pays. Exporter ces expériences dans<br />
un pays où des villes entières se transforment<br />
au moment de la fête d’Halloween peut être<br />
passionnant. Et comment traduire ça dans<br />
les endroits où l’on ne parle pas anglais ? »<br />
Quant aux films qu’il aimerait encore<br />
monter : « Titanic. La richesse de ce monde<br />
pourrait être énorme. La question est de<br />
savoir comment le construire, le couler et<br />
le remettre en place tous les soirs. J’ai toujours<br />
voulu faire un Secret Cinema dans un<br />
train aussi. Et E.T., pour que tout le monde<br />
se rende dans une forêt en BMX, soit attaché<br />
à des câbles, survole l’écran, et disparaisse<br />
à jamais. » Riggall plaisante sûrement, mais<br />
il y a un projet qu’il prend au sérieux : « Il était<br />
une fois en Amérique, sous le pont de Brooklyn.<br />
Transformer un quartier de Brooklyn<br />
en New York de la prohibition, avec Morricone<br />
et un orchestre live. Je vais certainement<br />
proposer cela au maire de New York. À mon<br />
avis, c’est possible… »<br />
tickets.secretcinema.org<br />
THE RED BULLETIN 61
NUBYA GARCIA<br />
Nouveau<br />
souffle<br />
Cette saxophoniste de jazz<br />
canalise la culture sound<br />
system pour les foules des<br />
festivals et les dancefloors.<br />
Texte LOU BOYD<br />
Photo ADAM JALLOH<br />
Lors du passage de Nubya Garcia au<br />
Village Underground de Londres en mars<br />
dernier, le concert affichait complet, la<br />
queue de fans faisait le tour du bâtiment.<br />
La musicienne de 28 ans originaire de<br />
Camden dans le nord de la capitale anglaise<br />
n’est ni une DJ de renom ni une artiste<br />
indie connue (l’apanage de cette salle<br />
de mille places), c’est une saxophoniste de<br />
jazz, un genre considéré par certains<br />
comme « difficile » et peu accessible. Et<br />
bien que sa musique nous fasse danser,<br />
Garcia ne craint pas d’emprunter des avenues<br />
modales et improvisées. La compositrice<br />
a pour instrument privilégié le saxophone<br />
ténor ; elle est l’une des chefs de<br />
file de la scène jazz internationale actuelle<br />
et fait partie d’une génération de<br />
jeunes artistes qui jouent une musique<br />
bien différente des standards surjoués<br />
que l’on entend dans les clubs poussiéreux.<br />
Ses compostions épousent parfaitement<br />
les attentes groovy des dancefloors<br />
moites des boîtes de nuit. « Mon univers<br />
musical tourne autour de la musique<br />
dance et la culture du sound system,<br />
précise Garcia. On a oublié qu’à l’origine,<br />
le jazz était une musique pour danser. »<br />
Garcia raconte comment elle canalise<br />
l’énergie de la culture des clubs dans ses<br />
concerts et ce que cela fait d’être l’une<br />
des nouvelles artistes les plus en vue sur<br />
une scène en pleine renaissance…<br />
the red bulletin : Est-ce que jouer de<br />
la musique a toujours constitué une<br />
part importante de votre vie ?<br />
nubya garcia : D’aussi loin que je me<br />
souvienne. J’ai commencé à jouer du<br />
saxophone ténor à l’âge de dix ans mais je<br />
lisais la musique dès mes cinq ans. Avant<br />
le saxo, c’était le piano, le violon, l’alto…<br />
Je n’ai jamais eu l’intention de faire de la<br />
musique pour toujours, c’est juste arrivé.<br />
Camden est plus connu pour sa scène<br />
indie-rock. Était-ce inhabituel dans ce<br />
quartier d’être une adolescente qui<br />
joue du jazz ?<br />
Bien sûr. Je n’étais pas attirée par la musique<br />
indie quand j’étais enfant mais je ne<br />
m’intéressais pas non plus à la musique à<br />
succès ni à la pop. Nous avions plein de<br />
vieux disques à la maison mais mes goûts<br />
musicaux venaient des disques de ma<br />
mère et des concerts auxquels j’assistais.<br />
Mes frères et sœurs plus âgés étaient aussi<br />
musiciens. Nous avons grandi avec notre<br />
propre énergie musicale.<br />
« On emporte<br />
toujours un peu des<br />
saveurs de ce que<br />
l’on écoute. »<br />
62 THE RED BULLETIN
Coup d’anche : la fusion<br />
dancefloor contagieuse<br />
de Garcia convaincra<br />
tous les jazzophobes.
Nubya Garcia<br />
Il y a tellement d’influences et de styles<br />
différents qui imprègnent le jazz en<br />
ce moment, de l’afrobeat au grime et<br />
à la bass music. Comment vos goûts<br />
personnels ont-ils façonné votre son ?<br />
On emporte toujours un petit peu des<br />
saveurs de ce que l’on écoute. La culture<br />
du sound system britannique et de la<br />
bass constituent l’épine dorsale de ce que<br />
j’écoute, mais d’autres influences comme<br />
le grime, le dancehall, le dub et la house<br />
traversent aussi l’univers du jazz. Nous<br />
commençons à entrelacer les différents<br />
types de musique que nous aimons de<br />
toutes les façons possibles. C’est dans<br />
notre son, c’est dans le type de salles et<br />
de festivals où nous jouons. Les organisateurs<br />
nous approchent pour notre énergie.<br />
Même le public qui assiste à nos<br />
concerts est mélangé ! C’est une progression<br />
naturelle qui m’encourage à croire<br />
qu’il y a une place pour nous et notre son.<br />
« D’autres influences<br />
comme le grime et le<br />
dancehall traversent<br />
l’univers du jazz. »<br />
Vous jouez dans beaucoup de festivals<br />
de musique grand public qui n’ont pas<br />
l’habitude de présenter des concerts de<br />
jazz. Vous attendiez-vous à ce que votre<br />
carrière mène à ces opportunités ?<br />
Non, pas du tout. Quand j’étais jeune,<br />
il y avait des clubs de jazz où j’avais hâte<br />
d’aller jouer comme le Ronnie Scott (à<br />
Londres, du nom de son fondateur, un saxophoniste<br />
ténor anglais, ndlr) et il y avait<br />
des festivals de jazz, mais c’est tout ce que<br />
j’imaginais vraiment. Maintenant, c’est un<br />
espace totalement illimité et une période<br />
phénoménale pour la musique live.<br />
Vous avez perfectionné votre art au<br />
sein d’un groupe de jeunes musiciens<br />
de jazz aux vues similaires dont certains<br />
sont maintenant des artistes<br />
à succès comme vous.<br />
Nous avons tous appris la musique à la<br />
Roundhouse (Centre des arts de la scène<br />
à Camden, ndlr) et à Tomorrow’s Warriors<br />
(un programme innovateur pour les jeunes<br />
musiciens de jazz, ndlr). Il y a plusieurs<br />
petites enclaves de jazz à travers la ville<br />
mais New Cross dans le sud-est de<br />
Londres est l’endroit où nous nous<br />
sommes tous fait les dents. Nous avons<br />
donné des concerts dans le coin, nous<br />
avons traîné et écouté de la musique,<br />
et nous nous sommes produits avec<br />
nos groupes respectifs.<br />
Et maintenant vous remplissez des<br />
salles immenses. Avez-vous senti que<br />
le jazz devenait plus populaire ces<br />
dernières années ?<br />
Je le remarque quand je remplis les salles<br />
où j’espérais autrefois avoir l’occasion de<br />
jouer. Je le sens aussi au fait que d’autres<br />
personnes de notre groupe y parviennent.<br />
Moses Boyd a rempli Islington Assembly<br />
Hall, Sheila Maurice-Grey a sorti son EP<br />
avec Kokoroko (un groupe d’afrobeat britannique,<br />
ndlr), et l’EP de <strong>The</strong>on Cross<br />
s’est vendu en un éclair. C’est de la folie.<br />
Est-ce que le jazz est resté une scène<br />
interconnectée, où les musiciens<br />
n’hésitent pas à collaborer ?<br />
Je suppose que oui ! En tant que musiciens,<br />
nous avons tous de petits groupes<br />
d’amis avec qui nous jouons, puis nous<br />
rencontrons plus de gens et jouons aussi<br />
avec eux. Cela devient un bel écosystème<br />
de formations à qui faire appel. C’est vraiment<br />
encourageant et réconfortant de<br />
voir que nous jouons encore tous avec les<br />
groupes des autres et que nous faisons<br />
aussi nos propres trucs.<br />
Au croisement des arts : Nubya Garcia a participé à un album inspiré par Basquiat.<br />
Votre jazz perce désormais aux USA...<br />
Tout cela semble irréel. Après avoir joué<br />
au SXSW Music Festival, je ferai une tournée<br />
à travers les États-Unis plus tard cette<br />
année et j’ai de gros projets secrets pour<br />
l’été. Ce n’est que lorsque j’ai eu l’occasion<br />
de m’arrêter et de repenser à ces moments<br />
cruciaux que j’ai réalisé que je<br />
voyage à travers le monde en faisant<br />
ce que j’aime. C’est si beau que ce style<br />
musical continue de se répandre.<br />
Nubya Garcia jouera au Nice Jazz Festival<br />
le 16 juillet ; nubyagarcia.com<br />
GETTY IMAGES<br />
64 THE RED BULLETIN
<strong>Red</strong> Bull France SASU, RCS Paris 502 914 658<br />
FINALE DU BATTLE D’IMPRO<br />
12/07 - MARSEILLE<br />
THÉÂTRE SILVAIN<br />
INFOS ET BILLETTERIE SUR REDBULL.COM/DERNIERMOT
LA PUISSANCE<br />
DU POURQUOI<br />
Avec ses techniques peu orthodoxes, MIKE MCCASTLE<br />
a entraîné des athlètes comme Colin O’Brady (le premier<br />
homme à traverser l’Antarctique en solo sans assistance)<br />
à décupler leur potentiel. Ses propres records,<br />
inspirés des douze travaux d’Hercule, sont des voyages<br />
ahurissants au-delà des limites de la force mentale.<br />
Texte MAUREEN O’HAGAN<br />
Photos CAMERON BAIRD<br />
C’est uniquement par<br />
l’entraînement que<br />
McCastle, 32 ans, a<br />
réalisé de nombreux<br />
records du monde,<br />
comme porter un pneu<br />
de 115 kg sur 20 km<br />
66
Le muscle et l’esprit.<br />
McCastle aborde ses<br />
exploits d’homme fort<br />
avec beaucoup de<br />
philosophie.
S’IL Y A BIEN UNE CHOSE QUI<br />
FAIT RUGIR MIKE MCCASTLE,<br />
C’EST D’ENTENDRE LES GENS<br />
LUI DIRE : « TU ES FOU, MON<br />
GARS ! » OU BIEN « C’EST UN<br />
TRUC DE DINGUE ! »<br />
« Je n’ai pas du tout la même vision des<br />
choses », explique calmement ce détenteur<br />
de plusieurs records du monde, tout<br />
juste âgé de 32 ans.<br />
Non, ce n’était pas dingue d’essayer de<br />
battre le record du nombre de tractions<br />
en 24 heures, même s’il a atterri à l’hôpital.<br />
Ce n’était pas dingue de tirer un camion<br />
de deux tonnes sur 35 km à travers<br />
la vallée de la Mort. Ce n’était pas dingue<br />
de grimper encore et encore une corde<br />
de 6 mètres pour simuler l’ascension de<br />
l’Everest. Il n’a pas non plus trouvé<br />
dingue qu’un inconnu maigre comme un<br />
clou, du nom de Colin O’Brady, lui demande<br />
de l’entraîner pour une traversée<br />
de l’Antarctique en solo, trek pendant<br />
lequel il prévoyait de tirer un traîneau<br />
transportant plus du double de son poids<br />
en nourriture et en équipement. Peu importe<br />
que des hommes avant lui y aient<br />
laissé leur peau et qu’on ait longtemps cru<br />
cette aventure impossible. « Compte sur<br />
moi ! », a répondu Mike McCastle.<br />
Pour Mike McCastle, ces morceaux de<br />
bravoure le renvoient à sa mission de vie,<br />
ses Douze Travaux. Un hommage aux<br />
Douze Travaux d’Hercule. Le plus grand<br />
héros de la mythologie… « Un gars costaud<br />
tire un gros camion… et alors ? »,<br />
pensez-vous peut-être. Mais en y regardant<br />
à deux fois, vous verrez McCastle<br />
sous un autre angle. Il y a certes l’homme<br />
qui apparaît devant vous : montagne de<br />
muscles de 1,89 m et 98 kilos. Mais aussi<br />
la personne qu’il est au fond de lui. Et<br />
Colin O’Brady l’a lui-même appris : ce sont<br />
de « parfaits opposés ». Il y a en lui quelque<br />
chose de plus simple et plus insaisissable,<br />
quelque chose de complètement subjectif<br />
et pourtant d’une profonde universalité.<br />
C’est ce qui permet de répondre à la fameuse<br />
question : pourquoi ?<br />
Avant le projet des Douze Travaux,<br />
une curiosité le travaillait.<br />
« J’avais entendu des histoires de<br />
personnes ayant réalisé des choses extraordinaires<br />
lorsque d’autres vies<br />
étaient en jeu, raconte Mike. Et je voulais<br />
me mettre à l’épreuve et tester jusqu’où<br />
je serais prêt à souffrir pour quelqu’un. »<br />
Le sacrifice est inhérent à la philosophie<br />
de l’armée américaine. Mike McCastle<br />
s’engage dans la Navy après le lycée et y<br />
passe la majeure partie des onze années<br />
qui suivent comme contrôleur aérien. Il y<br />
est également entraîneur mental et physique<br />
dans un programme développé par<br />
les Navy SEALs, ce qui l’amène à concrétiser<br />
son idée autrement.<br />
Le programme, intitulé SEAL+SWCC<br />
Scout Team, est créé à la suite du<br />
11 septembre afin de remédier à un problème<br />
fâcheux : on estimait alors que 80 %<br />
des élèves abandonnaient avant de décrocher<br />
leur trident SEAL. L’entraînement<br />
physique est reconnu pour sa grande difficulté,<br />
mais les recrues potentielles sont<br />
particulièrement affûtées. Elles veulent<br />
vraiment devenir des SEALs..Alors pourquoi<br />
tant d’élèves abandonnent-ils ?<br />
La raison est biologique. Dans les moments<br />
de peur et de stress, l’amygdale<br />
(dans le cerveau) prend le dessus. Elle se<br />
charge notamment d’identifier les menaces<br />
et de vous sortir de situations périlleuses.<br />
Face à un tigre, cela peut s’avérer pratique.<br />
Mais d’un point de vue physiologique, le<br />
corps réagit de la même manière face à un<br />
tigre ou à un niveau de concentration extrême,<br />
comme durant la formation SEAL.<br />
Le rythme cardiaque enregistre des pics<br />
élevés, le champ de vision se rétrécit, on<br />
souffre de pertes d’audition. Le cerveau<br />
conscient, qui permet de focaliser sur la<br />
formation de Navy SEAL, s’éteint. Or, le<br />
69
Les contrées boisées<br />
aux alentours de<br />
Portland (état de<br />
l’Oregon, USA), sont<br />
les terrains de jeu<br />
favoris de McCastle.<br />
cerveau reptilien n’a que faire des objectifs.<br />
Il est en mode survie : danger, amygdale,<br />
fuite. « Cela se produit en une fraction<br />
de seconde et ne laisse aucune place<br />
à la pensée consciente », souligne Mike<br />
McCastle. Quand l’élève recouvre son<br />
calme, il réalise qu’il vient d’abandonner<br />
son rêve. Un constat dévastateur, au point<br />
que la NAVY se sente concernée par le<br />
bien-être de certains élèves.<br />
Une association, la Scout Team, propose<br />
des outils psychologiques et physiques<br />
pour surmonter les périodes de<br />
stress intense. Les candidats sont alors en<br />
mesure d’améliorer leurs résultats. L’un<br />
de ces outils consiste à ne pas se focaliser<br />
sur la souffrance à venir, mais sur la raison<br />
pour laquelle l’élève veut avant tout<br />
devenir un SEAL : pour servir.<br />
Ce qui nous ramène aux interrogations<br />
de Mike McCastle concernant<br />
la puissance du sacrifice. En décembre<br />
2013, il se lance dans une course<br />
de 50 km dans le but de lever des fonds en<br />
faveur de la recherche sur les cancers pédiatriques.<br />
La veste de 18 kilos qu’il porte<br />
sur le dos symbolise le poids d’un enfant<br />
aux prises avec la maladie. Cette course<br />
très rude l’a complètement laminé. Mais<br />
mentalement, « c’était extraordinaire. Une<br />
porte s’ouvrait devant moi. J’étais capable<br />
de dépasser ce que je pensais être mes<br />
limites, et il n’était même pas vraiment<br />
question de moi », souligne McCastle.<br />
Un autre événement majeur s’est produit<br />
avant cette course. En 2012, sa candidature<br />
chez les SEALs est acceptée et ses<br />
chances de réussite semblent élevées.<br />
McCastle est alors au top de sa forme, cela<br />
fait des années qu’il tire son épingle du jeu<br />
à chaque test d’évaluation physique de la<br />
Navy. Il connaît l’importance de l’amygdale<br />
et peut compter sur ses années d’expérience<br />
dans le contrôle aérien, un secteur<br />
où la gestion du stress est primordiale.<br />
McCastle est passé maître dans la technique<br />
de l’auto-régulation mentale, qui le<br />
met dans des états proches de la transe :<br />
« La vision périphérique s’élargit, l’esprit<br />
devient clair, les mots se font plus précis,<br />
car le cerveau fait le tri. Et vous êtes d’un<br />
calme olympien. » Après deux semaines de<br />
formation, il participe à une course dans<br />
le sable le long du lac Michigan. Soudain,<br />
un trou devant lui. « Vingt gars ont sauté<br />
et ont poursuivi leur chemin. J’ai sauté à<br />
mon tour, et mes genoux ont lâché. » Mais<br />
il continue. Il veut devenir un SEAL.<br />
L’après-midi, ses genoux sont comme<br />
des cantaloups. Il se rend à la séance de<br />
natation. Et pour la première fois de sa<br />
vie. Son esprit ne contrôle pas son corps.<br />
La douleur transperce ses jambes. « Je me<br />
suis presque noyé. Il a fallu me sortir de<br />
l’eau. » Le ménisque droit et le ligament<br />
croisé antérieur gauche sont déchirés :<br />
un saut mal réceptionné devait-il anéantir<br />
les chances de McCastle chez les SEALs ?<br />
Il tombe dans une profonde dépression.<br />
« À l’époque, je me voyais comme un athlète<br />
costaud et performant. Le problème<br />
lorsque vous vous attachez à une image,<br />
c’est qu’à la seconde où cette image<br />
70
MCCASTLE EST MAÎTRE DU<br />
CLOISONNEMENT MENTAL.<br />
IL SAIT ENTRER EN TRANSE.
S’IL A UN BUT ET UNE RAISON,<br />
UN « POURQUOI » ASSEZ FORT,<br />
IL SE DIT QUE C’EST POSSIBLE.<br />
disparaît, vous n’êtes plus rien. » McCastle<br />
s’en retourne à son poste de contrôleur<br />
aérien, mais au fond de lui, il est dévasté.<br />
Il prend quinze kilos et commence à boire<br />
pour soulager ses douleurs. Sans sa force<br />
physique, il ne vaut rien, pense-t-il.<br />
Jusqu’à ce qu’il se redéfinisse un objectif.<br />
C’est ainsi que l’idée d’une course pour<br />
sensibiliser le grand public aux cancers<br />
pédiatriques lui est venue. Plus tard, il<br />
apprend qu’un vétéran a établi le record<br />
du nombre de tractions en 24 heures. Il<br />
se met en tête de le battre. À l’époque,<br />
il ne peut pas faire dix tractions d’affilée.<br />
Mais avec un objectif et une raison valable,<br />
il se dit que c’est possible. Il choisit<br />
de dédier ses efforts à une organisation<br />
qui aide les vétérans blessés au combat.<br />
Un matin de juillet 2014, dans un<br />
parc public. Le jour commence à<br />
peine mais les premiers passants<br />
vont et viennent. Mike en est déjà à 1 200<br />
tractions, il sent la peau de ses mains se<br />
décoller des paumes. Un copain lui nettoie<br />
ses plaies, les enduit de magnésie,<br />
et Mike continue. Le tendon du biceps<br />
se rompt. Il persévère. Son urine commence<br />
à ressembler à « du whisky irlandais<br />
». Il continue. Dix-sept heures plus<br />
tard, traction n° 3 202, il n’est plus capable<br />
d’agripper la barre. Il rate le record<br />
d’environ 800 tractions.<br />
Voilà le problème avec l’amygdale :<br />
parfois, vous êtes réellement face à un<br />
tigre. Mike McCastle est hospitalisé pour<br />
une rhabdomyolyse, syndrome susceptible<br />
d’entraîner la mort et causé par une<br />
sollicitation telle des muscles qu’ils commencent<br />
à relâcher des toxines. Son échec<br />
spectaculaire fait les gros titres. Mike Mc-<br />
Castle se dit qu’il est un loser. Un dégonflé.<br />
Un imposteur. Il a honte. Comment<br />
motiver des gars de la Navy de faire de la<br />
callisthénie alors qu’il s’envoie lui-même<br />
à l’hosto ? « Mon monde s’écroulait. »<br />
Pendant sa deuxième journée d’hospitalisation,<br />
il reçoit la visite d’un adolescent.<br />
Le garçon doit subir une opération<br />
chirurgicale susceptible de mettre sa vie<br />
en jeu. Il se déplace en fauteuil roulant,<br />
mais arrive le sourire aux lèvres, car il<br />
veut serrer la main de Mike McCastle.<br />
« Il s’en fichait que je n’aie pas battu le<br />
record, se rappelle Mike McCastle. Il voulait<br />
simplement me dire à quel point je<br />
l’avais inspiré par les efforts que j’avais<br />
fournis pour une bonne cause. » En cet<br />
instant, les choses sont claires. Tout<br />
d’abord, les mots qui sortent de la bouche<br />
de Mike McCastle ont le pouvoir de réconforter<br />
ce garçon ou de le démoraliser.<br />
Et ensuite, « même au plus bas, je pouvais<br />
toujours influencer positivement d’autres<br />
personnes. Je pouvais toujours être un<br />
leader et inspirer des gens ». Ce garçon<br />
devant lui, qui ne détient aucun record,<br />
l’a inspiré, lui.<br />
Il y a tellement de choses que vous ne<br />
pouvez pas contrôler dans la vie, mais<br />
Mike McCastle a réalisé que l’on a toujours<br />
le contrôle d’une chose. « J’ai le<br />
choix de réagir à ces épreuves de manière<br />
constructive, et non destructive. » Il lui a<br />
fallu du temps et du courage pour analyser<br />
ce qui s’était passé lors de sa tentative<br />
de record de tractions, pourquoi il l’avait<br />
fait et pourquoi il avait continué.<br />
« Je le faisais pour sensibiliser le grand<br />
public à la situation des vétérans blessés<br />
au combat, précise-t-il. Mais si vous<br />
décortiquez ce qui s’est passé, c’est juste<br />
l’histoire d’un gamin qui essayait de retrouver<br />
une image positive de lui-même,<br />
une image perdue. Avec le recul, c’était<br />
très égoïste, et c’était surtout très dangereux.<br />
» La raison n’était pas la bonne.<br />
Bien que sa première<br />
tentative ait échoué,<br />
McCastle a par la<br />
suite battu le record<br />
de tractions en 24h.
Dans la mythologie romaine,<br />
Hercule est un demi-dieu qui a tué<br />
sa femme et ses enfants après que<br />
Junon, reine des dieux, l’a rendu fou.<br />
Pour expier ses crimes, Hercule se met au<br />
service du roi Eurysthée pendant douze<br />
ans et réalise toute une série d’exploits<br />
incroyables : les Douze Travaux.<br />
Aux yeux de Mike McCastle, cette histoire<br />
évoque un voyage à la découverte de<br />
soi, une lutte acharnée pour se rapprocher<br />
de sa véritable identité. Car au final,<br />
ce n’est pas sa force qui a permis à Hercule<br />
de vaincre, c’est sa détermination.<br />
Cette poignée de main avec un adolescent<br />
à l’hôpital fait germer une idée en<br />
lui : il veut, lui aussi, avoir ses Douze<br />
Travaux. Réaliser une série d’exploits<br />
incroyables dans l’optique de repousser<br />
les limites des performances humaines.<br />
Chacun de ses exploits serait dédié à une<br />
cause particulière. L’objectif n’étant pas<br />
de battre des records, même s’il est sur le<br />
point d’en pulvériser certains, mais de se<br />
concentrer sur quelque chose d’extérieur<br />
et de sensibiliser le grand public à une<br />
cause importante.<br />
Cette fois, il a un « pourquoi » solide,<br />
et valable. En repoussant ses propres<br />
limites, Mike McCastle pourrait peut-être<br />
inspirer quelqu’un à courir 5 km, à faire<br />
Avec ses Travaux,<br />
il veut sensibiliser<br />
le public à une cause :<br />
anciens combattants<br />
blessés ou maladie<br />
de Parkinson.<br />
73
Pour ses douze travaux, McCastle a grimpé à la corde pendant 27 heures, assez pour atteindre l’Everest.<br />
face à la maladie ou à surmonter ses<br />
doutes. « Pour moi, l’histoire d’Hercule,<br />
c’est celle de chaque être humain sur<br />
Terre », explique-t-il.<br />
La course et les tractions seraient les<br />
tâches n° 1 et 2. Pour la tâche n° 3, il a<br />
décidé de retourner un pneu de 115 kilos<br />
sur 20 km et de récolter des fonds en<br />
faveur du Wounded Warrior Project. Le<br />
pneu symbolisait le fardeau physique<br />
et psychologique que ces hommes et ces<br />
femmes devaient supporter. Six mois<br />
d’entraînement ont été nécessaires.<br />
Mais la veille de l’événement, une<br />
autre épreuve l’attend. Sa sœur<br />
l’appelle pour lui dire que leur<br />
père vient de mourir. Raymond McCastle<br />
souffrait de la maladie de Parkinson depuis<br />
des années. Sa mort n’est donc pas<br />
inattendue, mais c’était tout de même un<br />
choc. Il aurait été parfaitement raisonnable<br />
de vouloir décaler l’événement.<br />
En effet, le cerveau reptilien est parfois<br />
raisonnable. Mais Mike McCastle pense<br />
à ce que le vieil homme lui aurait dit : ce<br />
sont tes plans, tes aspirations, mon garçon.<br />
Alors à 4 heures du matin, par un<br />
temps froid, humide et triste de décembre<br />
2014, Mike McCastle s’attaque à ce fameux<br />
pneu. Plonger sous le caoutchouc, soulever<br />
le pneu de terre et le pousser. Plonger.<br />
Soulever. Pousser.<br />
Si vous aviez été là, vous auriez été<br />
émerveillé par la manière dont un<br />
homme peut soulever un pneu plus de<br />
mille fois et continuer encore et toujours.<br />
Mais vous auriez regardé cet homme et<br />
vous seriez dit qu’en fait, c’est un<br />
monstre. Vous n’auriez pas vu ce qui se<br />
passait dans sa tête, c’est-à-dire à peu près<br />
la même chose que pour vous lorsque<br />
vous relevez un gros challenge. La peur.<br />
Le doute. L’auto-flagellation. Des souvenirs<br />
douloureux qui refont surface. Les<br />
souvenirs d’une enfance difficile. Les attaques<br />
de harceleurs sans merci. Plonger.<br />
Soulever. Pousser.<br />
Mike McCastle pense à son père : cet<br />
Afro-Américain stoïque et costaud, originaire<br />
de Louisiane et vétéran de l’Air<br />
Force, qui dirigeait une usine de boîtes<br />
de soda. Il voyait à quel point la maladie<br />
de Parkinson l’avait privé de sa force,<br />
de sa voix, et même de sa vivacité d’esprit.<br />
Plonger. Soulever. Pousser. Il pense<br />
à sa mère, une immigrante philippine<br />
tellement déterminée qu’elle a réussi à<br />
« TROUVE UN SENS DANS TOUT<br />
CE QUE TU FAIS. » C’EST CE QUE<br />
SON PÈRE LUI AURAIT DIT.<br />
intégrer l’Air Force à la quarantaine, alors<br />
qu’elle était mère de deux enfants. Et<br />
dont la discipline de fer étouffait même<br />
le jeune Mike. Après la séparation de ses<br />
parents, Mike McCastle a pris soin de son<br />
père : il s’assurait qu’il se rasait, qu’il se<br />
nourrissait correctement, qu’il se lavait…<br />
Il se souvient l’avoir retrouvé un jour sur<br />
le sol, en grave hypoglycémie du fait qu’il<br />
était incapable de mettre les aliments<br />
dans sa bouche. Dans un élan de panique,<br />
Mike McCastle quitte à ce moment-là<br />
l’équipe de basket, parce qu’il ne veut pas<br />
que cela se reproduise. Mais par la suite,<br />
il n’en ressent que de la honte. Il pense à<br />
la manière dont il a finalement quitté son<br />
père pour rejoindre la Navy. Un dégonflé,<br />
se dit-il. Un loser.<br />
Plonger. Soulever. Pousser. Alors que<br />
la souffrance physique et l’anxiété le lessivent,<br />
la carapace commence à se fissurer.<br />
Raymond McCastle était un homme<br />
peu disert, plus intéressé par les idées<br />
que par les biens matériels.<br />
Enfant, Mike McCastle se souvient que<br />
son père lui lisait les Dialogues de Platon,<br />
lui parler de trouver un sens à la vie grâce<br />
à la logothérapie de Viktor Frankl ou les<br />
écrits de Nietzsche. Trouve un sens à tout<br />
ce que tu fais. C’est ce que son père lui<br />
aurait dit. Voilà comment, et pourquoi,<br />
nous sommes capables de relever des<br />
défis : parce que nous servons une cause<br />
plus grande que nous.<br />
Alors qu’il continue à retourner son<br />
pneu, il le sent devenir plus léger. Est-ce<br />
la maladie de Parkinson ? Les combats<br />
74 THE RED BULLETIN
Mike utilise un masque<br />
d’altitude pour son<br />
prochain exploit :<br />
grimper au sommet du<br />
mont Whitney aux USA<br />
en portant un poids de<br />
70 kilos. Rien que ça !
« PARFOIS, LES RÉPONSES<br />
LES PLUS PROFONDES<br />
VIENNENT DE SOI-MÊME. »
McCastle s’entraîne<br />
dans le parc forestier<br />
de Portland en portant<br />
des cordes et un<br />
sac rempli de 38 kilos<br />
de sable.<br />
qu’il a menés tout au long de sa vie ?<br />
Il ne peut rien y faire aujourd’hui. « J’ai<br />
laissé filer les choses auxquelles je n’avais<br />
pas besoin de me raccrocher », expliquet-il.<br />
Dix heures plus tard, il réalise ce qui<br />
est considéré comme son premier record<br />
du monde, même si aucun organe officiel<br />
n’était présent. Il avale un énorme steak,<br />
avant de se traîner chez lui puis dans son<br />
lit. Dès lors, Mike McCastle est tout entier<br />
dévoué à ses Douze Travaux. En mai 2015,<br />
il grimpe une corde pendant 27 heures<br />
pour simuler l’ascension du mont Everest,<br />
afin de sensibiliser le grand public à la<br />
recherche sur la maladie de Parkinson et<br />
récolter des fonds. En septembre 2015, il<br />
réitère avec les tractions, une fois encore<br />
en l’honneur des vétérans blessés au combat.<br />
Cette fois-ci, il réalise 5 804 tractions<br />
sans blessure grave, tout en portant un<br />
poids de quinze kilos.<br />
En mai 2016, Mike McCastle loue<br />
un camion Ford F-150, il emporte<br />
70 litres d’eau et se met en route<br />
vers la vallée de la Mort. Son objectif :<br />
attirer l’attention du grand public sur le<br />
suicide chez les vétérans. À l’époque, on<br />
estime que 22 vétérans se donnent la<br />
mort chaque jour. Certains d’entre eux<br />
faisaient partie de ses amis. Le désert<br />
était le symbole de leur morosité. Mike<br />
McCastle avait prévu d’attacher un harnais<br />
à sa poitrine, d’installer une courroie<br />
et de tirer le camion sur 35 km.<br />
« Je voyais cela comme l’occasion de<br />
réaliser ma propre introspection, racontet-il.<br />
Les réponses les plus profondes<br />
viennent parfois de soi-même. » Les<br />
heures passent et la température grimpe.<br />
Seul dans le désert, Mike McCastle fait<br />
alors l’expérience d’une solitude écrasante,<br />
telle qu’il ne l’a jamais connue.<br />
Chaque cellule de son corps lui hurle<br />
d’abandonner. Mais de temps en temps,<br />
il lève les yeux et voit les feux arrière<br />
d’un inconnu : l’espoir. Au bout de<br />
19 heures, il atteint son but.<br />
En 2018, Mike McCastle est physiquement<br />
épuisé, mais prêt pour un nouveau<br />
type de challenge. Alors qu’il étudie la psychologie<br />
à l’université et travaille en tant<br />
qu’entraîneur à Portland (Oregon), il reçoit<br />
un e-mail de sollicitation de la part d’un<br />
certain Colin O’Brady.<br />
Aujourd’hui, son nom est associé au<br />
record de la traversée de l’Antarctique en<br />
54 jours, lors d’un périple que Colin<br />
O’Brady a lui-même baptisé <strong>The</strong> Impossible<br />
First. Mais à l’époque, il n’est pas connu.<br />
Après s’être jaugés mutuellement pendant<br />
deux minutes, Colin O’Brady sait que<br />
Mike McCastle est le coach qu’il lui faut.<br />
Le programme élaboré par Mike McCastle<br />
tient en trois éléments clés : la force, l’endurance<br />
et la concentration mentale. Selon<br />
Colin O’Brady, c’est d’ailleurs le mental, la<br />
concentration maximale, qui « fait la différence<br />
entre échec et réussite ».<br />
Jamais Colin O’Brady, athlète professionnel,<br />
n’a vécu une telle expérience.<br />
Mike lui demande par exemple de faire la<br />
planche avec ses deux mains dans des seaux<br />
de glace, puis de rester en position de squat,<br />
les deux pieds dans des seaux de glace. En<br />
même temps, il doit construire des Lego,<br />
faire des dizaines de nœuds, ou encore<br />
résoudre des problèmes mathématiques.<br />
Puis, les pieds gelés, il fait des tests d’équilibre,<br />
d’agilité, etc. Mike McCastle consigne<br />
chaque erreur de Colin O’Brady, même la<br />
plus insignifiante.<br />
« Pendant tous ces exercices, Colin devait<br />
se focaliser sur une seule chose : contrôler<br />
sa respiration », précise Mike McCastle.<br />
Si vous contrôlez votre respiration, vous<br />
contrôlez votre esprit. Et dans les moments<br />
de stress intense, cela peut vous aider à<br />
rester en vie. Comme lorsque vous essayez<br />
de monter une tente par – 20 °C. Lorsque<br />
les fonctions de motricité fine sont ralenties<br />
par vos mains gelées. Lorsque le cerveau est<br />
sonné et que le corps doit lutter contre des<br />
vents à 130 km/h.<br />
Si Colin O’Brady parvient à être en<br />
transe pendant ces exercices, il peut retarder<br />
le temps de réaction du cerveau reptilien.<br />
Et s’il est capable de garder l’esprit<br />
clair un peu plus longtemps, cela peut littéralement<br />
lui sauver la vie. « Une fois arrivé<br />
en Antarctique, raconte Colin O’Brady, je<br />
me suis rendu compte à quel point ce type<br />
était génial. »<br />
Plusieurs fois par semaine, Mike<br />
McCastle se rend au Forest Park<br />
de Portland, l’une des plus grandes<br />
forêts urbaines des États-Unis. Dans la<br />
brume et la fraîcheur de l’air, sous une<br />
canopée d’arbres couverts de mousse qui<br />
s’élèvent à plus de 60 mètres, il se sent<br />
chez lui. Alors que la piste commence à<br />
monter, il accumule les pauses afin de<br />
remplir le sac qu’il porte sur ses épaules<br />
avec 38 kilos de sable au total. Il s’entraîne<br />
pour sa prochaine tâche : escalader<br />
le mont Whitney, le plus haut sommet<br />
des États-Unis, en dehors de l’Alaska. Il<br />
prévoit de porter un haltère de 75 kilos<br />
afin d’allier force et endurance. Pourquoi<br />
? Pour faire connaître la maladie de<br />
Parkinson. Cet haltère symbolise le poids<br />
que ces hommes et ces femmes portent<br />
lors de leur combat contre la maladie.<br />
Jusqu’au sommet, il le jure : « Je porterai<br />
ce fardeau. »<br />
Instagram : @mikemccastle<br />
77
guide<br />
au programme<br />
LES ABDOS D'UN<br />
PILOTE D'ENDURO<br />
Le pilote Young Wade<br />
vous dit comment être<br />
d'attaque au guidon.<br />
PAGE 84<br />
NE RESTEZ PAS<br />
CHEZ VOUS<br />
Grimper, glisser,<br />
descendre ou danser...<br />
Vous avez le choix !<br />
PAGE 86<br />
ESSENTIELS DE LA<br />
MICRO-AVENTURE<br />
Un Allemand qui vous<br />
conseille du matériel<br />
pour crapahuter. Top !<br />
PAGE 90<br />
DAN KRAUSS<br />
ON NE TE VOIT PLUS<br />
À COACHELLA ?<br />
Dans la région du festival,<br />
il y a plein d’autres choses<br />
(mieux) à faire. Nos plans<br />
pour sortir des sentiers<br />
battus, grimper un coup,<br />
et se régaler les yeux.<br />
PAGE 80<br />
THE RED BULLETIN 79
G U I D E<br />
Faire.<br />
La déco du Sands Hotel Spa est signée Martyn Lawrence Bullard.<br />
VALLÉE CALIFORNIENNE<br />
AU-DELÀ DE COACHELLA<br />
De ce coin des States, on connaît surtout son festival de musique branché,<br />
mais cette somptueuse vallée désertique a bien plus à offrir. Aventures<br />
outdoor, sessions de grimpe ou flâneries vintage : faites votre choix.<br />
LA EAST VALLEY<br />
EN 24 HEURES<br />
Envie d’une journée sportive ?<br />
Vous êtes au bon endroit. Louez<br />
un court ou prenez une leçon à<br />
l’Indian Wells Tennis Garden,<br />
l’impressionnant club de tennis,<br />
propriété de Larry Ellison et<br />
rendez- vous annuel de l’Open<br />
BNP Paribas. Côté golf, les parcours<br />
pullulent dans la région,<br />
mais pour un parcours links, le<br />
Pete Dye Stadium Course à PGA<br />
West, à la Quinta compte ici parmi<br />
les plus exigeants. Si vous êtes<br />
plus sports mécaniques, l’un des<br />
deux centres d’essais BMW se<br />
trouve à 15 km à l’est d’Indio et<br />
propose différentes formules, une<br />
heure en Série M haute perfor-<br />
Prenez un bain de son dans l’Integratron.<br />
80 THE RED BULLETIN
voyage<br />
SANDS HOTEL AND SPA, CARL RICE, WINNY DEFRAGO, MARK DAVIDSON LIZBETH SCORDO<br />
Installations d’art à Bombay Beach.<br />
Sunnyland : ex-repère hivernal des célébrités.<br />
mance, une journée moto toutterrain<br />
ou encore une leçon de<br />
cascade en Mini. Le tout bien<br />
encadré.<br />
Se loger<br />
Le célèbre designer Martyn<br />
Lawrence Bullard a signé la décoration<br />
intérieure des deux étages<br />
de l’hôtel Sands Hotel & Spa :<br />
touche marocaine, lits à baldaquin<br />
autour de la piscine,<br />
chambres en marbre de Carrare et<br />
verres en cristal vintage. Les<br />
quarante- cinq hectares du vaste<br />
complexe du Quinta Resort &<br />
Club débordent d’activités : tennis,<br />
golf, remise en forme, plus de<br />
quarante piscines (à essayer,<br />
toutes !), spa et restaurants.<br />
Se restaurer<br />
À Indian Wells, l’Eureka sert dans<br />
un décor industriel moderne, des<br />
burgers gourmets (le bison, un<br />
must), un grand choix de bières<br />
artisanales et des bourbons. À<br />
Sands, <strong>The</strong> Pink Cabana prépare<br />
en continu des plats méditerranéens<br />
à base de produits fermiers<br />
et d’excellents cocktails.<br />
Sortir<br />
À Indio, au Neil’s Lounge, le karaoké<br />
western est au menu tous<br />
les soirs. Au cœur de la vieille ville<br />
de La Quinta, la brasserie Quinta<br />
Brewing Co. propose ses propres<br />
mousses dont une brune à base de<br />
grains de café torréfiés sur place,<br />
des pressions et des concerts.<br />
PALM SPRINGS<br />
EN UN WEEK END PROLONGÉ<br />
Il ne s’agit pas d’une résurrection,<br />
l’emblématique adresse de ce coin<br />
du désert n’a jamais disparu mais<br />
s’est sans cesse réinventée. La<br />
ville profite de son âge d’or au milieu<br />
du siècle, attirant amateurs<br />
d’architecture et de design en<br />
quête de pièces rares dans les<br />
nombreuses boutiques vintage.<br />
Flânez dans les quartiers comme<br />
Vista Las Palmas et admirez ses<br />
bijoux architecturaux tels que les<br />
anciennes demeures de Dean<br />
Martinou de Marilyn Monroe.<br />
Ou visitez le manoir Sunnylands<br />
imaginé par Quincy Jones à proximité<br />
de Rancho Mirage, autrefois<br />
lieu de villégiature hivernal du<br />
milliardaire Annenberg. Prenez<br />
de la hauteur (1 800 m) grâce au<br />
tram aérien de Palm Springs, une<br />
merveille de modernité, qui vous<br />
dépose en un clin d’œil au Mont<br />
San Jacinto State Park : l’endroit<br />
offre des vues imprenables de la<br />
vallée et 75 km de sentiers dont<br />
une piste de 20 km menant au<br />
sommet, le deuxième plus haut<br />
de la Californie du Sud. Quinze<br />
minutes plus au nord, titiller les<br />
dunes de sable en louant un 4×4<br />
chez Off Road Rentals. Indian<br />
Canyons offre une myriade de<br />
randonnées, dont une à travers le<br />
canyon Andreas et son immense<br />
oasis de palmiers… Enfin, ne<br />
manquez pas la biennale Desert X<br />
qui organise souvent des expos<br />
dans la vallée, comme dernièrement<br />
ces installations à ciel<br />
ouvert soucieuses de l’environnement.<br />
Se loger<br />
À une encablure de l’artère principale,<br />
la boutique Holiday House<br />
expose dans des espaces décorés<br />
avec audace une impressionnante<br />
collection d’œuvres d’art dont des<br />
pièces de Roy Lichtenstein et<br />
Herb Ritts. Les allées luxuriantes<br />
du vaste Parker Palm Springs, un<br />
hôtel huppé aux accents kitsch,<br />
mènent à des piscines à l’abri des<br />
regards, de chics bars à cocktails,<br />
des terrains de pétanque et des<br />
feux extérieurs. Réservez une<br />
villa pour une expérience de luxe<br />
pur. Après plusieurs années de<br />
THE RED BULLETIN 81
G U I D E<br />
Faire.<br />
Objets du séjour : art et musique dans la Coachella Valley.<br />
travaux, l’ancienne Villa Royale<br />
est désormais un havre de paix<br />
tendance où fontaines espagnoles<br />
et mosaïques marocaines côtoient<br />
peintures murales et portraits de<br />
Debbie Harry.<br />
Se restaurer<br />
Le Counter Reformation avec son<br />
confessionnal est un plaisant bar<br />
à vin de l’hôtel Parker, ses petites<br />
assiettes comptent parmi les<br />
meilleures de la ville, tandis que<br />
la cuisine créative d’inspiration<br />
américaine et vietnamienne<br />
Rooster and the Pig vaut l’attente.<br />
Pour les amateurs de valeurs<br />
sûres, les escargots et le ris de<br />
veau du Vallauris, resto français<br />
ouvert depuis quarante ans,<br />
régaleront vos papilles dans un<br />
splendide patio.<br />
Sortir<br />
La clientèle du Melvyn’s, un<br />
piano- bar classique actif depuis<br />
1975, est aussi variée que les airs<br />
de ses crooners, mettez-vous dans<br />
l’ambiance avec un martini géant.<br />
Le Seymour’s, bar jouxtant le chic<br />
grill M. Lyons, débite des cocktails<br />
originaux dans un carré de<br />
mouchoir. Enfin, le Dead or Alive,<br />
bar à vin et à bière sert un choix<br />
obscur des deux aux jeunes<br />
cadres du coin.<br />
JOSHUA TREE<br />
EN UNE SEMAINE<br />
Avec ses branches tordues<br />
constellées de petites têtes vertes<br />
hirsutes, l’arbre de Joshua est le<br />
parfait emblème du parc national<br />
éponyme qui, outre ses impressionnantes<br />
formations rocheuses,<br />
et ses sentiers sinueux bordés de<br />
fleurs sauvages et de jardins de<br />
cactus insolites, a pour voisin une<br />
communauté d’artistes. Camper<br />
et explorer le parc remplirait aisément<br />
la semaine. Mais nous vous<br />
conseillons néanmoins d’alterner<br />
lieux marquants du parc et curiosités<br />
de la région. L’ascension<br />
du mont Ryan (305 m d’altitude<br />
en 2,5 km) vous gratifiera au<br />
sommet d’une vue imprenable sur<br />
le parc tout en constituant une<br />
bonne séance de sport empiétant<br />
peu sur votre journée. Pour un<br />
trek plus long et moins fréquenté,<br />
empruntez le Boy Scout Trail,<br />
25 km à travers le désert. Forêts<br />
de genévriers et de Joshua, blocs<br />
de roche et pistes rocailleuses<br />
constituent un bon échantillon<br />
topographique du parc. Le long<br />
du Skull Rock Trail où l’un des<br />
rochers évoque un crâne humain,<br />
d’où le nom, les amateurs de<br />
grimpe trouveront un large choix<br />
de blocs. Le rocher Iron Door<br />
Cave et le Tidal Wave, très appréciés<br />
des grimpeurs, se trouvent<br />
également à proximité. Mais rien<br />
de tel qu’une voiture pour circuler<br />
facilement dans le parc (l’accès<br />
au parc coûte 30 dollars et est<br />
valable une semaine), et pousser<br />
jusqu’à Keys View, point de vue<br />
idéal pour admirer deux sommets,<br />
la vallée Coachella, la<br />
Sublime intérieur milieu du siècle au Sunnylands.<br />
voyage<br />
Salton Sea et même distinguer la<br />
faille de San Andreas. Pensez à<br />
faire un crochet par Cholla Cactus<br />
Garden près de l’entrée sud pour<br />
alimenter Instagram. À l’extérieur<br />
du parc, les activités atypiques<br />
abondent, comme la séance d’immersion<br />
sonore produite par un<br />
bol de cristal à l’intérieur de<br />
l’étonnant Integratron, un dôme<br />
censé avoir été construit sur un<br />
vortex géométrique avec l’aide<br />
d’extraterrestres (sic). Visitez le<br />
Joshua Tree Outdoor Museum,<br />
ce sont cinq hectares dédiés à des<br />
sculptures à grande échelle en<br />
matériaux de récupération de<br />
feu Noah Purifoy.<br />
Se loger<br />
Le parc et ses innombrables campings<br />
restent une alternative aux<br />
locations allant du chalet tout<br />
confort au gîte de luxe. Non loin<br />
de là, Pioneertown, « ville »<br />
construite à l’origine pour servir<br />
de décor aux tournages de western,<br />
la plupart des bâtiments<br />
n’étant que des façades, contrairement<br />
au Motel du même nom<br />
et ses chambres rénovées dans<br />
un style rustique.<br />
Se restaurer<br />
Tout près, le Pappy & Harriet’s,<br />
Mecque de la musique live,<br />
propose un parfait mélange hiphop<br />
et honky-tonk, un barbecue<br />
génial et une scène intimiste qui,<br />
ces dernières années, a accueilli<br />
entre autres Lorde et Paul Mc-<br />
Cartney. Au centre de Joshua<br />
Tree, le Pie for the People<br />
propose des pizzas à la newyorkaise<br />
avec des garnitures<br />
comme le pesto aux graines de<br />
citrouille. Chez La Copine, les<br />
plats de saison sont riches en<br />
légumes et ses beignets addictifs.<br />
Sortir<br />
Le Joshua Tree Saloon ne<br />
manque ni de caractère ni de<br />
personnalités avec sa clientèle<br />
éclectique d’habitués qui<br />
viennent se ressourcer dans ce<br />
lieu à l’allure de point d’eau<br />
devant l’entrée principale du<br />
parc. Le Landers Brew est apprécié<br />
pour ses bières artisanales<br />
et ses chiens très amicaux.<br />
GOLDENVOICE, KEN HAYDEN PHOTOGRAPHY LIZBETH SCORDO<br />
82 THE RED BULLETIN
G U I D E<br />
Faire.<br />
WADE YOUNG<br />
SOLIDE COMME<br />
UN PRO DE L’ENDURO<br />
Seuls les plus coriaces survivent aux épreuves de hard enduro.<br />
Expert en la matière, le Sud-Africain Wade Young nous explique<br />
comment s’y préparer. Des conseils que vous pourrez mettre<br />
en pratique au Lesotho grâce à Destination <strong>Red</strong> Bull.<br />
Wade Young, 23 ans, dit tout<br />
sur la préparation physique.<br />
Comme son nom l’indique,<br />
le hard enduro<br />
s’adresse aux costauds.<br />
À 23 ans, Wade Young le bien<br />
nommé s’y est imposé en s’illustrant<br />
dans de nombreuses<br />
courses dont il est devenu le<br />
plus jeune vainqueur de l’histoire<br />
comme lors de la Roof of<br />
Africa en 2012. Le secret de<br />
son succès ? « Le mental, et une<br />
sangle abdominale en béton »,<br />
explique le Sud-Africain que<br />
vous rencontrerez en exclusivité<br />
avec Destination <strong>Red</strong> Bull<br />
(ci-contre). Il vous livre ses<br />
trucs pour tenir la distance.<br />
Conseil n° 1 : S’entraîner<br />
sur un deux-roues<br />
La condition physique est cruciale,<br />
surtout pour les rallyes<br />
de plusieurs jours. Avant une<br />
course, je m’entraîne au moins<br />
huit heures par jour : je passe<br />
quatre heures sur un vélo et<br />
quatre autres sur une moto.<br />
Bien sûr, je pourrais courir<br />
aussi, mais plus je passe de<br />
temps sur un deux-roues,<br />
mieux je me prépare aux<br />
obstacles et aux surprises que<br />
la course nous réserve.<br />
Conseil n° 2 : Gardez<br />
l’équilibre<br />
La musculation ne me profite<br />
guère car je suis fort de<br />
nature. En salle, je privilégie<br />
le renforcement. Une sangle<br />
abdominale solide facilite<br />
l’absorption des chocs, permanents<br />
sur les pistes enduro, et<br />
l’équilibre sur la moto. Mais<br />
l’équilibre, c’est aussi prendre<br />
du bon temps avec ses potes,<br />
écouter de la musique (de la<br />
deep house de préférence) ou<br />
aller à la pêche. Le dimanche,<br />
je mets de côté mon régime<br />
sans glucides et mange ce qui<br />
me fait plaisir.<br />
Conseil n° 3 : Ménagez la<br />
roue arrière<br />
Rouler toujours à pleine puissance<br />
n’entame pas seulement<br />
la machine, mais aussi votre<br />
énergie. Un conseil, ne vous<br />
battez pas contre votre moto<br />
et ménagez votre roue arrière.<br />
Cela peut pénaliser sur une<br />
courte distance, mais en hard<br />
enduro, mieux vaut ménager<br />
l’adhérence et votre énergie<br />
pour aller au bout.<br />
Conseil n° 4 : Parlez-vous<br />
tout haut<br />
Quand je suis bien physiquement,<br />
je le suis aussi mentalement.<br />
Cependant, ma concentration<br />
baisse inévitablement<br />
au bout de quelques heures.<br />
Dès que je m’en rends compte,<br />
je me parle à moi-même. Je<br />
me motive à coups d’injonctions<br />
telles que : « Tu peux le<br />
faire ! » Le bruit du moteur<br />
couvre ma voix, et personne<br />
ne m’entend. Ça m’aide à me<br />
recentrer.<br />
Conseil n° 5 : Imaginez<br />
l’agonie de vos<br />
adversaires<br />
Quand j’atteins mes limites<br />
physiques, je pense à mes<br />
adversaires. Je me dis qu’ils<br />
doivent ressentir la même<br />
chose, qu’ils galèrent au moins<br />
autant que moi, car après<br />
tout ils font face aux mêmes<br />
difficultés. Cette pensée me<br />
redonne la niaque, l’envie de<br />
prouver à tous que je suis le<br />
plus résistant !<br />
84 THE RED BULLETIN
fitness<br />
DESTINATION<br />
RED BULL<br />
UN ROYAUME<br />
DE LA MOTO<br />
Destination <strong>Red</strong> Bull :<br />
une expérience de rêve<br />
auprès des athlètes,<br />
comme au Lesotho pour<br />
une aventure en enduro.<br />
« Je me parle à<br />
moi-même. Le<br />
bruit du moteur<br />
couvre ma voix,<br />
personne ne<br />
m’entend. »<br />
Ici à l’entraînement à<br />
Antalya (Turquie), Wade<br />
Young entend des voix.<br />
LUKASZ NAZDRACZEW/RED BULL CONTENT POOL, ALFRED JÜRGEN WESTERMEYER/RED BULL CONTENT POOL NINA TREML BLAGOVESTA BAKARDJIEVA<br />
VOTRE VOYAGE<br />
Du 25 novembre au 2 décembre,<br />
vous explorerez à moto la nature<br />
spectaculaire de l’Afrique du Sud<br />
et le royaume montagneux du<br />
Lesotho en sillonnant le célèbre<br />
tracé du rallye Roof of Africa<br />
(quatre participants max) avec<br />
comme guide expert, Alfie Cox,<br />
légende de l’enduro. Au menu : nuitées<br />
le long du parcours, rencontre<br />
avec la superstar de la discipline<br />
Wade Young, mise à<br />
disposition d’une KTM 1090 Adventure<br />
R, un véhicule d’accompagnement<br />
pour les bagages et un<br />
safari dans le parc Gwahumbe.<br />
VOTRE GUIDE DE VOYAGE<br />
Né en 1963, Alfie Cox est un as<br />
de l’enduro. Pilote usine de KTM<br />
pendant des années, le Sud-<br />
Africain compte neuf Roof of<br />
Africa à son palmarès. Rares sont<br />
les courses où cet homme à la<br />
moustache n’a pas brillé. Ses huit<br />
participations au Dakar lui vaudront<br />
trois podiums. Et en 1995, il<br />
remporte le premier <strong>Red</strong> Bull Hare<br />
Scramble à Erzberg (Autriche).<br />
Plus d’informations<br />
et réservation sur<br />
destination.redbull.com<br />
THE RED BULLETIN 85
Faire.<br />
6<br />
juillet<br />
<strong>Red</strong> Bull 400<br />
La course la plus déjantée revient<br />
pour la troisième fois sur le tremplin<br />
olympique de Courchevel ! 400 m<br />
de course sur une piste inclinée à<br />
35 °, voilà ce qui attend les concurrent(e)s<br />
de cette épreuve mythique.<br />
En relais ou solo, leur but sera d’atteindre<br />
le sommet le plus vite possible<br />
pour tenter de se qualifier<br />
pour la grande finale. Une finale qui<br />
se déroulera, pour la première fois,<br />
de nuit, sur le tremplin éclairé !<br />
Prêts à relever le défi ?<br />
Courchevel ; redbull.com<br />
G U I D E<br />
12<br />
juin / juillet<br />
28 5 3<br />
au 30 juin<br />
Paddle mania<br />
PromoPaddle organise la première<br />
édition du Pornichet<br />
Paddle Trophy, événement fun et<br />
convivial autour de la pratique du<br />
paddle. Les grands noms de la<br />
discipline s’affronteront lors des<br />
deux épreuves de la Coupe de<br />
France, plage des Libraires. Ce<br />
sera aussi l’occasion de s’essayer<br />
à ce sport avec des centaines<br />
de planches et pagaies mises à<br />
disposition du grand public.<br />
Pornichet ;<br />
pornichetpaddletrophy.com<br />
au 14 juillet<br />
COUPE DU MONDE VTT UCI<br />
Les Gets… is back ! Pour la première fois depuis 18 ans,<br />
la Coupe du Monde de VTT fait son grand retour aux Gets, en<br />
France. Mais ce n’est pas tout, la station a été retenue pour<br />
accueillir les finales de la Coupe du Monde et les Championnats<br />
du monde entre <strong>2019</strong> et 2022. Les athlètes ont donc rendezvous<br />
dans LE spot français de référence. Pour plus d'infos, RDV<br />
sur leur site (échéances, épreuves, animations, exposants<br />
hébergement, athlètes, partenaires, médias, volontaires…).<br />
au 7 juillet<br />
Tous câblés<br />
Rendez-vous à Saint-Viaud pour<br />
le Championnats de France de<br />
Wakeboard & Wakeskate Câble.<br />
Au programme : entraînements<br />
officiels, qualifications, food<br />
trucks, set up DJ, démonstration<br />
de skate, trampoline… Un événement<br />
familial et sportif durant<br />
lequel le public pourra admirer<br />
les performances d’une centaine<br />
de riders professionnels.<br />
Saint-Viaud ;<br />
Infos sur le Facebook de Ride’n<br />
Rose Loire Atlantique<br />
Les Gets ; worldcuplesgets.com<br />
au 8 juillet<br />
Astropolis<br />
Le festival brestois fête son quart<br />
de siècle ! 25 ans d’aventures<br />
bariolées et de danse passionnée<br />
à célébrer ensemble autour d’une<br />
programmation défricheuse et<br />
exigeante, entre artistes légendaires<br />
et avant-gardistes, lives<br />
explosifs et shows uniques. Pour<br />
l’occasion, le <strong>Red</strong> Bull Music<br />
Boom Bus débarque au Manoir de<br />
Keroual pour y tisser une bulle de<br />
fraîcheur et de moves intimistes.<br />
Brest ;<br />
astropolis.org/astro25/<br />
BORIS BEYER/RED BULL CONTENT POOL, ALEXIS BERG/RED BULL CONTENT POOL<br />
86 THE RED BULLETIN
G U I D E<br />
Voir.<br />
juillet<br />
TOUT CE<br />
QUI ROULE<br />
Parmi les temps forts<br />
sur Reb Bull TV ce mois-ci,<br />
la plus convoitée des<br />
compétitions d’enduro<br />
au monde, du skate hybride<br />
en Allemagne et du motocross<br />
pur et dur…<br />
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<strong>Red</strong> Bull TV est une chaîne de<br />
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programmes, en direct ou en<br />
différé. Le plein de contenus<br />
originaux, forts et créatifs.<br />
Vivez l’expérience sur redbull.tv<br />
11<br />
Callaghan : faire<br />
mieux que sixième<br />
cette année.<br />
juin AVANT-PREMIÈRE<br />
DANS LA ROUE DE<br />
GREG CALLAGHAN<br />
Après avoir suivi les aventures du pilote VTT américain Curtis<br />
Keene lors des saisons précédentes, On Track zoome sur l’Irlandais<br />
Greg Callaghan, candidat au titre de l’Enduro World Series,<br />
une première pour son pays. Présenté par les auteurs de la série<br />
Fast Life sur la Coupe du Monde VTT UCI, ce programme<br />
retrace l’irrésistible ascension de Callaghan.<br />
29<br />
juin EN DIRECT<br />
RED BULL ROLLER<br />
COASTER MUNICH MASH<br />
Rendez-vous au parc olympique de Munich pour la<br />
deuxième édition de cette épreuve mixant skateboard<br />
de park et street sur un parcours slopestyle.<br />
En jeu, le titre de skateur le plus polyvalent.<br />
12<br />
juillet AVANT-PREMIÈRE<br />
MX NATION, SAISON 5<br />
Le championnat de motocross Lucas Oil Pro est l’un<br />
des sommets de la discipline. Avec la série en six épisodes<br />
MX Nation, entrez dans les coulisses de cette<br />
intense compétition pour découvrir entre autres<br />
comment les pilotes gèrent la pression.<br />
FLO HAGENA/RED BULL CONTENT POOL<br />
88 THE RED BULLETIN
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aux données vous concernant auprès de THE RED BULLETIN, adresse : 12 rue du Mail, 75002 Paris.<br />
TRBMAG
CONSEIL N° 1 : Rangez malin<br />
« Gourde, trépied, portemonnaie,<br />
lunettes… Tout doit<br />
être facilement accessible. »<br />
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CONSEIL N° 2 :<br />
Mangez chaud<br />
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manger chaud en pleine<br />
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la faire bouillir, versezla<br />
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THE RED BULLETIN 91
G U I D E<br />
CONSEIL N° 3 : Portez de<br />
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« Pour choper un train après une<br />
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CONSEIL N° 4 : Dormez sous la tente<br />
« Je préfère dormir à la belle étoile sur un tapis<br />
iso ou un hamac. Mais quand il y a du monde, la<br />
tente offre une intimité appréciable, à condition<br />
qu’elle reste simple et légère. »<br />
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MARCEL PABST<br />
92 THE RED BULLETIN
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CONSEIL N° 5 : Jamais sans lunettes<br />
« Après avoir égaré deux paires de<br />
lunettes de soleil dans l’eau, j’ai opté pour<br />
un modèle léger et flottant. Je ne suis pas<br />
fan de lunettes, mais sur l’eau, à la neige<br />
et en altitude, les protections visuelles<br />
sont tout simplement indispensables. »
G U I D E<br />
CONSEIL N° 6 : Oubliez le smartphone<br />
« Je déteste avoir à systématiquement consulter mon smartphone<br />
pour vérifier l’itinéraire. Avec la montre GPS, un coup<br />
d’œil suffit. Utilité maximale pour dispersion minimale. »<br />
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Presque aussi agréable que marcher pieds<br />
nus, la protection en plus. La semelle extérieure<br />
flexible en caoutchouc de 4 mm offre<br />
une bonne adhérence, quelle que soit la météo<br />
; la semelle intermédiaire en PU donne,<br />
elle, l’impression de marcher sur un nuage.<br />
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Cette lampe brille à souhait.<br />
Une application permet de<br />
configurer les fonctions selon<br />
vos besoins. En mode boost,<br />
elle éclaire les nuits les plus<br />
noires : 750 lumens donnent<br />
une visibilité allant jusqu’à<br />
300 mètres.<br />
149,90 ¤ ; ledlenser.com<br />
CONSEIL N° 7 : Devenez une source<br />
de lumière<br />
« Dès que j’éteins ma lampe torche, je<br />
deviens invisible dans le noir et me fonds<br />
dans la forêt. Mais si un plus gros animal<br />
venait à s’approcher, rassurez-vous,<br />
la torche se laisse rallumer aussitôt. »<br />
CHRISTO FOERSTER<br />
est parti à la découverte de<br />
la « micro-aventure ». Qu’estce<br />
qu’une micro-aventure ?<br />
C’est une expérience qui dure<br />
entre 8 et 72 heures, dont<br />
voiture et avion sont bannis et<br />
où la nuit se fait à la belle étoile.<br />
Le nouveau livre de l’aventurier<br />
allemand vient de paraître aux<br />
éditions Harper Collins : Raus<br />
Und Machen (trad. L’aventure<br />
commence ICI).<br />
94 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN<br />
Le 25 juillet avec et le 1 er août avec<br />
dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />
JAANUS REE/RED BULL CONTENT POOL
THE RED<br />
BULLETIN<br />
WORLDWIDE<br />
<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
est actuellement<br />
distribué dans sept<br />
pays. Ben Stokes, une<br />
star du cricket, reçoit<br />
notre édition anglaise<br />
en Inde.<br />
Le plein d’histoires<br />
hors du commun sur<br />
redbulletin.com<br />
Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />
part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />
SO PRESS n’est pas responsable des textes,<br />
photos, illustrations et dessins qui engagent<br />
la seule responsabilité des auteurs.<br />
MENTIONS LÉGALES<br />
Rédacteur en chef<br />
Alexander Macheck<br />
Rédacteurs en chef adjoints<br />
Waltraud Hable, Andreas Rottenschlager<br />
Directeur créatif<br />
Erik Turek<br />
Directeurs artistiques<br />
Kasimir Reimann (DC adjoint),<br />
Miles English, Tara Thompson<br />
Directeur photos<br />
Fritz Schuster<br />
Directeurs photos adjoints<br />
Marion Batty, Rudi Übelhör<br />
Responsable de la production<br />
Marion Lukas-Wildmann<br />
Managing Editor<br />
Ulrich Corazza<br />
Rédaction<br />
Christian Eberle-Abasolo, Jakob Hübner,<br />
Arek Piatek, Nina Treml, Stefan Wagner<br />
Maquette<br />
Marion Bernert-Thomann, Martina de<br />
Carvalho-Hutter, Kevin Goll, Carita Najewitz<br />
Booking photos<br />
Susie Forman, Ellen Haas,<br />
Eva Kerschbaum, Tahira Mirza<br />
Directeur global Media Sales<br />
Gerhard Riedler<br />
Directeur Asset Sales<br />
Alfred Vrej Minassian<br />
Coordination ventes internationales<br />
Stefanie Krallinger<br />
Directeur commercial & Publishing Management<br />
Stefan Ebner<br />
Publishing Management<br />
Sara Varming (Dir.), Bernhard Schmied,<br />
Melissa Stutz, Mia Wienerberger<br />
Communication B2B<br />
Katrin Siegl, Christoph Rietner<br />
Directeur créatif global<br />
Markus Kietreiber<br />
Solutions créatives<br />
Eva Locker (Dir.), Verena Schörkhuber,<br />
Edith Zöchling-Marchart<br />
Maquette commerciale Peter Knehtl (Dir.),<br />
Sasha Bunch, Simone Fischer, Martina Maier<br />
Emplacements publicitaires<br />
Manuela Brandstätter, Monika Spitaler<br />
Production<br />
Walter O. Sádaba, Friedrich Indich,<br />
Sabine Wessig<br />
Lithographie Clemens Ragotzky (Dir.),<br />
Claudia Heis, Nenad Isailovi c, ̀<br />
Maximilian Kment, Josef Mühlbacher<br />
Fabrication Veronika Felder<br />
Office Management<br />
Yvonne Tremmel (Dir.), Alexander Peham<br />
Informatique Michael Thaler<br />
Abonnements et distribution<br />
Peter Schiffer (Dir.), Klaus Pleninger<br />
(Distribution), Nicole Glaser (Distribution),<br />
Yoldaş Yarar (Abonnements)<br />
Siège de la rédaction<br />
Heinrich-Collin-Straße 1, 1140 Vienne, Autriche<br />
Téléphone +43 (0)1 90221-28800,<br />
Fax +43 (0)1 90221-28809<br />
Web redbulletin.com<br />
Direction générale<br />
<strong>Red</strong> Bull Media House GmbH,<br />
Oberst-Lepperdinger-Straße 11–15,<br />
5071 Wals bei Salzburg, Autriche, FN 297115i,<br />
Landesgericht Salzburg, ATU63611700<br />
Directeur de la publication<br />
Andreas Kornhofer<br />
Directeurs généraux<br />
Dietrich Mateschitz, Gerrit Meier,<br />
Dietmar Otti, Christopher Reindl<br />
THE RED BULLETIN<br />
France, ISSN 2225-4722<br />
Country Editor<br />
Pierre-Henri Camy<br />
Country Coordinator<br />
Christine Vitel<br />
Country Project Management<br />
Alessandra Ballabeni,<br />
alessandra.ballabeni@redbull.com<br />
Contributions,<br />
traductions, révision<br />
Étienne Bonamy, Frédéric & Susanne<br />
Fortas, Suzanne Kříženecký, Claire<br />
Schieffer, Jean-Pascal Vachon,<br />
Gwendolyn de Vries<br />
Abonnements<br />
Prix : 18 €, 12 numéros/an<br />
getredbulletin.com<br />
Siège de la rédaction<br />
29 rue Cardinet, 75017 Paris<br />
+33 (0)1 40 13 57 00<br />
Impression<br />
Prinovis Ltd. & Co. KG,<br />
90471 Nuremberg<br />
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PROFIL<br />
134 bis rue du Point du jour<br />
92100 Boulogne<br />
+33 (0)1 46 94 84 24<br />
Thierry Rémond,<br />
tremond@profil-1830.com<br />
Elisabeth Sirand-Girouard,<br />
egirouard@profil-1830.com<br />
Arnaud Lietveaux,<br />
alietveaux@profil-1830.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Allemagne, ISSN 2079-4258<br />
Country Editor<br />
David Mayer<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (Dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Country Project Management<br />
Natascha Djodat<br />
Publicité<br />
Matej Anusic,<br />
matej.anusic@redbull.com<br />
Thomas Keihl,<br />
thomas.keihl@redbull.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Autriche, ISSN 1995-8838<br />
Country Editor<br />
Christian Eberle-Abasolo<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (Dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Publishing Management<br />
Bernhard Schmied<br />
Directeurs Media Sales<br />
Peter Strutz, Mario Filipovic<br />
Coordination ventes<br />
Thomas Hutterer<br />
Publicité<br />
anzeigen@at.redbulletin.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Mexique, ISSN 2308-5924<br />
Country Editor<br />
Luis Alejandro Serrano<br />
Rédactrice adjointe<br />
Inmaculada Sánchez Trejo<br />
Secrétaire de rédaction<br />
Marco Payán<br />
Relecture<br />
Alma Rosa Guerrero<br />
Country Project Management<br />
Giovana Mollona<br />
Publicité<br />
Humberto Amaya Bernard,<br />
humberto.amayabernard@redbull.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Royaume-Uni, ISSN 2308-5894<br />
Country Editor<br />
Tom Guise<br />
Rédacteur associé<br />
Lou Boyd<br />
Rédacteur musical<br />
Florian Obkircher<br />
Directeur Secrétariat de rédaction<br />
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Secrétaire de rédaction<br />
Nick Mee<br />
Publishing Manager<br />
Ollie Stretton<br />
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Mark Bishop,<br />
mark.bishop@redbull.com<br />
THE RED BULLETIN<br />
Suisse, ISSN 2308-5886<br />
Country Editor<br />
Arek Piatek<br />
Révision<br />
Hans Fleißner (Dir.),<br />
Petra Hannert, Monika Hasleder,<br />
Billy Kirnbauer-Walek<br />
Country Project Management<br />
Meike Koch<br />
Publicité<br />
Marcel Bannwart (D-CH),<br />
marcel.bannwart@redbull.com<br />
Christian Bürgi (W-CH),<br />
christian.buergi@redbull.com<br />
THE RED BULLETIN USA,<br />
ISSN 2308-586X<br />
Rédacteur en chef<br />
Peter Flax<br />
Rédactrice adjointe<br />
Nora O’Donnell<br />
Éditeur en chef<br />
David Caplan<br />
Directrice de publication<br />
Cheryl Angelheart<br />
Publicité<br />
Todd Peters, todd.peters@redbull.com<br />
Dave Szych, dave.szych@redbull.com<br />
Tanya Foster, tanya.foster@redbull.com<br />
96 THE RED BULLETIN
*Le bon choix pour s’élever - Millet©Clément Hudry<br />
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RISE<br />
Simon<br />
Bellabouvier
Pour finir en beauté<br />
Rêve azur<br />
L’aventurier canadien Will Gadd, 53 ans, fut le premier à venir à bout des chutes du Niagara<br />
gelées. En revanche, il ne s’était jamais aventuré dans un moulin de glacier (énorme puits taillé<br />
par les eaux de fonte). Une immersion à l’intérieur de la calotte glaciaire du Groenland pour<br />
comprendre les effets du réchauffement climatique sur la disparition des glaciers.<br />
Le prochain<br />
THE RED BULLETIN<br />
n° 90 disponible<br />
dès le 25 juillet<br />
<strong>2019</strong><br />
CHRISTIAN PONDELLA/RED BULL CONTENT POOL DAVID MAYER<br />
98 THE RED BULLETIN
SALUT LA FRANCE<br />
SNIPES PARIS CC CRÉTEIL SOLEIL<br />
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