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Les minutes<br />
passent. « Trois…<br />
Deux… Un… »<br />
Il n’est plus là.<br />
la falaise à deux reprises, accrochant<br />
presque fatalement la voile sur un rocher.<br />
Il a durement heurté le sol et a eu de la<br />
chance d’échapper à de graves blessures.<br />
« Ce jour-là, j’ai appris une leçon importante<br />
sur la mentalité de groupe et le<br />
triomphalisme. Depuis, il y a eu des tas<br />
de fois où j’ai laissé tomber des départs<br />
quand je n’aimais pas les conditions,<br />
même si d’autres ont sauté toute la journée<br />
sans problème. » L’année dernière<br />
a été une mauvaise année pour le base<br />
jump avec 32 décès enregistrés. L’une<br />
des victimes était un ami de Kalisiewicz.<br />
D’autres étaient des gars avec qui Howell<br />
avait sauté. Le nombre d’accidents fatals<br />
a augmenté avec l’avènement du base<br />
jump en wingsuit. Sans doute le sport le<br />
plus dangereux qui soit. Howell est réaliste<br />
; il fait confiance à sa marge d’erreur<br />
personnelle.<br />
Le lendemain matin, notre homme est<br />
dépité. Toute la falaise du Vách đá Trăng<br />
est enveloppée d’une brume fermée aux<br />
percées. Le temps presse et il commence<br />
à envisager d’autres options. Il trouve un<br />
autre sommet, non loin, pour un éventuel<br />
point de départ dans la gorge en contrebas,<br />
mais la falaise n’est pas assez à pic.<br />
Alors qu’il reprend la route, le Vách đá<br />
Trăng Trăng apparaît à nouveau. Il pousse<br />
soudainement un cri. Le brouillard s’est<br />
levé et le sommet est visible. Il le tient,<br />
son créneau ! Howell se tient debout sur<br />
un rocher solitaire, sa corde, lâche, à la<br />
main, le vide devant lui. Son costume et<br />
son gréement base, de la taille d’un petit<br />
sac à dos, semblent absurdement fragiles,<br />
mais son visage est aussi déterminé que<br />
les montagnes. « Appelle mon père s’il<br />
y a un problème. » Puis il se tait. Les<br />
minutes passent. « Trois… Deux… Un…<br />
Ciao ! » Et il n’est plus là. On entend un<br />
claquement quand les poches de sa wingsuit<br />
se remplissent d’air, puis le silence…<br />
jusqu’à ce qu’il réapparaisse, effleurant<br />
un pic avoisinant. Trente secondes plus<br />
tard, son parachute s’ouvre au-dessus de<br />
la rivière. Des rugissements triomphaux<br />
retentissent du fond de la vallée.<br />
Nous retrouvons Howell alors qu’il<br />
revient sur la route. Il est avec un couple<br />
de vieux Hmong qui rient en faisant des<br />
gestes de vol plané. À part nous, il n’y a<br />
qu’eux, leurs voisins et quelques animaux<br />
de basse-cour qui ont été témoins de cet<br />
événement monumental.<br />
Le Vách đá Trăng se retire finalement<br />
pour de bon derrière son voile de nuages,<br />
ce qui signifie qu’il n’y aura pas d’autres<br />
vols prométhéens. Nous plions bagages<br />
et préparons le long voyage de retour.<br />
Vous savez, ces fameuses 72 heures...<br />
timhowelladventures.com<br />
THE RED BULLETIN 41