Babel Art Septembre-Octobre
Le Babel-Art, la revue créée par des artistes pour des artistes
Le Babel-Art, la revue créée par des artistes pour des artistes
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Page 2 Babel-Art Septembre - Octobre 2019
Babel-Art
Bimestriel orienté Art & Culture
Propriété de Bel-ArTitude asbl
21, Chaussée de Charleroi
B-1370 Jodoigne
Belgique
N° entreprise : 0548.700.096
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Les Chroniqueurs
Ziska Larouge est bruxelloise, graphiste de formation. Son premier roman Le plus important (Basson éd. ; 2015) est salué par
une double mention (Prix de la critique et Prix Marc Galabru) au Salon International du Livre de Mazamet (Fr). Elle publie
ensuite Au Diable ! (Weyrich éd., nouvelles, 2017) ; Les Chaises musicales (Weyrich éd., roman, 2018) ; Le goût de tuer
(Lamiroy éd./coll. Opuscule, nouvelle, 2018) ; Les chaises roulantes (Acordacrolivres éd./coll. Livre au carré, nouvelle, 2019) ;
Hôtel Paerels (Weyrich éd., roman, 2019) et La grande fugue (Weyrich éd./coll. Noir Corbeau, roman, 2019).
Elle enregistre actuellement ses nouvelles, soutenue par les compositions originales de Ket Hagaha, qui crée également les musiques
de ses chansons, en lien avec ses romans. L’affaire Octavia Effe, son cinquième roman, est à paraître.
Plus d’infos : ziskalarouge.wixsite.com/ziska - Photo Stan Arte Vizion
Geoffroy Herens, Journaliste et Chroniqueur reconnu, il est avant toutes choses un homme discret Les artistes lui doivent de
nombreux articles parus dans des quotidiens belges de renom.
Gérard Glatt, ou Le besoin d'écrire. Dès l'âge de sept ans, il écrit son premier poème. Depuis lors, ses plus fidèles compagnons
demeurent : le papier sous toutes ses formes, ainsi que le stylo, à encre ou à bille, et bientôt le clavier de son ordinateur. En
1977, il publie son premier roman, Holçarté, chez Calmann-Lévy. Viennent ensuite, et entre autres, notamment publiés aux
Presses de la Cité : Retour à Belle Etoile, qui reçoit le prix www.salondulivre.net 2017, Les Sœurs Ferrandon, récompensé lors
du Concours littéraire international de Servon-sur- Vilaine 2017, Le Destin de Louise. En 2019, il publie L'Enfant des Soldanelles,
toujours aux Presses de la Cité, ainsi qu'un recueil de poèmes Nostalgie 89, aux Editions du Cygne. Lorsque le temps lui
reste, cela depuis plus de quarante ans, il chronique ses coups de cœur
dans la Revue Littéraire Europe.
Patricia Fontaine, psychologue, spécialisée en gérontologie elle publie chez Académia Louvain la Neuve) deux romans.
« Cape Verte » couronné par le prix roman et « Pile & Face » couronné par le prix coup de cœur au Salon International du
livre de Mazamet. Ses écrits sont salués dans toute la Francophonie. Et même au-delà.
Dominique Iwan, parallèlement à une vie professionnelle tournée vers le monde des matériaux polymères et un bref passage
dans la sphère publicitaire en qualité de maquettiste, voit sa vie a été guidée par deux passions, l'écriture et la sculpture.
Elle collabore au site www.francenetinfos.com depuis près de 4 ans, particulièrement dans le domaine littéraire.
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Philippe De Riemaecker, Chroniqueur littéraire, rédige de nombreux articles publiés dans différentes revues Belges et Françaises.
Animateur radio/télévision, il présente la littérature en provenance de toute la francophonie.
Son premier roman "Quand les singes se prennent pour des dieux" reçoit en 2014 le prix "Roman" de la ville de Mazamet. "Tant
de silences" est salué sur la scène internationale. - Photo HDlight Photography
Notre Graphiste
José Mangano est en grande partie autodidacte et pourtant! Italien, il est venu en Belgique il y a une trentaine
d'année. Jeune adulte, il suit quelques cours de peinture et sculpture sur bois à l’Académie en cour du soir.
Graphiste de profession, il travail au sein d'un organisme humanitaire.
Poète, écrivain, marionnettiste et... clown. En compagnie de quelques amis, il crée une école de clown pour
enfant et en est actuellement, le président.
José Mangano est le créateur de notre logo et est le créateur de nos premiers de couverture.
Rejoindre Bel-ArTitude c’est faire un geste pour l’environnement.
Pour chaque nouveau membre qui nous rejoint, Bel-Artitude s’engage à planter un
arbre.
Pour 1 euro par mois, aidez-nous à progresser.
Photo : Bessi—pixabay
Thierry Erhart
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Une chronique de
Dominique Iwan
Marie-Hélène Fasquel
l’enseignante qui soulève des montagnes
L
e plaisir de découvrir « LE FEU SECRET », un roman approchant l’Alchimie
écrit à quatre mains par Marie-Hélène Fasquel et Gabriel
Erhart, aux Editions Nouvelle Bibliothèque, m’a poussé à la contacter. S’en
est suivi un échange rafraichissant et généreux qui a eu pour conséquence la
révélation d’un précédent livre, paru en 2017 aux Éditions François Bourin :
« L’ÉLÈVE AU COEUR DE SA RÉUSSITE » - mon aventure d’enseignante.
M
a r i e -
H é l è n e
est une
f e m m e
comme on en rencontre
peu. Impliquée, passionnée,
engagée, elle vient du
reste d’être élevée par le
Premier Ministre Français,
Édouard Philippe, au rang
de Chevalier de l'Ordre
National du Mérite, en
hommage à l'ensemble de
sa carrière d'Enseignante.
P
rofesseure de Littérature
en section
internationale du lycée
Nelson Mandela de
Nantes, Marie-Hélène
Fasquel fut lauréate à
plusieurs prix de l'innovation
(en matière de
pédagogie et d'enseignement)
ainsi qu'un prix
national à l'UNESCO. En
2017, elle figure parmi
les cinquante enseignants
sélectionnés, sur plus de
22.000 participants en
provenance de 179 pays,
pour les finales du prix
Global Teacher. Ce prix
d'un montant d'un million
de dollars récompense
l'innovation pédagogique.
C’est donc convaincue de
ce brillant parcours que
j’ai commencé à lire
« L’élève au cœur de sa
réussite » :
Le temps des études,
son enfance à la ferme,
désireuse plus que tout
d’apprendre dans ce
respect de l’école et de
ses parents qui force
l’admiration (…) il fallait
que j’apprenne et que je
travaille
dur. (...) Le
travail ne me faisait pas
peur (…) au contraire
j’aime travailler, et encore
citant un ancien
président de la République
« ce n'est pas le
travail qui fatigue,
c'est l'ennui »
Voilà !
posé.
Le décor est
D
e son premier
poste d’enseignante
déjà confrontée
à un défi énorme
« motiver ceux qui ne le
sont pas sans sacrifier
ceux qui le sont », on
retiendra sa découverte
des "International
Language Holidays" et
son départ vers Colchester,
petite ville
située sur la Colne dans
le comté d'Essexue de
nombreuses idées innovantes,
testant en classe
le podcasting, l'analyse
de films, tels que,
par exemple : Brazil de
Terry Gilliam.
Quelques années plus
tard, chargée d’une
classe de seconde dans
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Année
5
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le nord de la France, ,
classe qui d’après ses
propre termes est le
résultat du « déterminisme
social », l’auteure
va tenter de mettre
en place le concept de
« la classe inversée »
inventé en 1990 par
Éric Mazur. Elle partage
avec les collèges
de 16 établissements
répartis dans 8 pays,
des vidéos enregistrées
dans sa classe. Ses élèves
sont ravis, grâce à
ce concept, ils vont pouvoir
travailler en classe
et en dehors de l’environnement
scolaire. Ils
pourront également
partager avec leurs
amis, dialoguer, s’intéresser
aux autres.
C’est une réussite.
L’auteure cultive ses
relations internationales,
se prend au jeu du
eTwinning dont elle deviendra
l’Ambassadrice
et se lance dans le projet
Comenius. Les élèves
commencent à voyager, à
échanger, c’est un succès.
Marie-Hélène se déplace
énormément « J’aime
être ailleurs. Et c’est
pour mieux revenir. Enrichie
».
Beaucoup de rencontres,
de nouvelles amitiés … et
la Technologie « qui ne
doit pas nous asservir,
mais seulement nous servir
».
Du lycée Nelson Mandela
de Nantes à Dubaï, faisant
suite à sa reconnaissance
par le Global Teacher
Prize, elle est invitée
sur les plateaux télé
et studios de radio.
Malgré cette reconnaissance
tant médiatique
que par les plus hautes
instances Françaises,
Marie-Hélène Fasquel
poursuit son aventure
d’enseignante plaçant
en priorité la réussite
de ses élèves qui grâce
à ses idées novatrices
(rédaction de magazines
en ligne, utilisation
de Skype entre
élèves et écrivains, etc)
peuvent enfin prendre
du plaisir à l’étude de
l’anglais.
Quel beau livre, quelle
énergie et quelles leçons
de simplicité et
d’optimisme nous sont
données par cette femme
que j’imagine comblée
et dans sa vie de
femme et dans son itinéraire
d’enseignante.
Thierry Erhart
« Quel beau
livre, quelle
énergie et quelles
leçons de
simplicité et
d’optimisme »
Ouvrages
- Entrainement et auto-évaluation: Compréhension et expression écrites, Niveau intermédiaire
B1-B2, 2011
- LV1 - LV2 - LV3 Toutes séries: Spécial vocabulaire, 2012
- Make It Pro: anglais BTS tertiaires et industriels 1re et 2e année éd. 2015 - Manuel de l’élève,
avec Joël Cascade, Ketty Chopin, Erwan Gouraud, Annie Gwynn et Anne-Laure Kieffer
- L'élève au cœur de sa réussite. Mon aventure d'enseignante. Editions François Bourin, 2017,
(ISBN 9791025203507)
- La musique adoucit les moeurs, Marie-Hélène Fasquel et Gabriel Erhart. Editeur AFNIL, 2017
(ISBN : 2900608031)
- Le feu secret, Marie-Hélène Fasquel et Gabriel Erhart. Editions Nouvelle Bibliothèque,2019
(ISBN : 2490288318)
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Une chronique de
Sabine Dormond
Des jours meilleurs,
Marie Houriet
n connait les valeurs des soixante-huitards et leur vision de cette époque.
On sait moins comment la génération de leurs enfants a vécu cette
O
grande utopie. Ce que cela représente que de grandir sans cadre, dans une
microsociété où il est interdit d’interdire et où les adultes représentent tout
sauf l’autorité. Ou, comme le dit si joliment l’auteure, « ce festival d’insoumissions
qui m’a servi d’enfance ».
L
e roman de Marie
Houriet, paru aux
éditions de l'Aire sous
le titre « Des jours
meilleurs », met en scène
un îlot d'irréductibles
qui vivent en squatters
dans un quartier
de Genève, à la jonction
de l'Arve et du Rhône.
Des adultes idéalistes,
rêveurs, inconscients.
Des enfants livrés à
eux-mêmes, accablés de
responsabilités, marginalisés.
Et une flamme
qui se transmet malgré
tout d'une génération à
l'autre, au propre comme
au figuré, puisque
l'aventure et la meilleu-
re partie du livre
s'achèvent dans un incendie
qui aura pour
conséquence de disperser
la communauté de
hippies.
U ne génération
plus tard, c’est le
rêve américain qui
prend l’eau, quand la
crise des subprimes
met des milliers de familles
à la rue. Un enfant
de la communauté
hippie, devenu agent
immobilier, tisse le lien
entre ces deux événements.
Son activité
consiste à octroyer des
prêts à risque à des représentants
de la classe
moyenne inférieure
pour leur permettre
d’accéder à la propriété.
Lorsque la bulle immobilière
éclate, il prend
conscience des répercussions
concrètes de
cette spéculation pour
les principaux intéressés,
avec d’autant plus
de violence qu’il est
tombé amoureux d’une
de ses clientes. Il n’en
faut pas davantage pour
réveiller l’esprit rebelle
d’une génération qui l’a
tété dès le biberon.
La riposte s’organise
autour d’une idée à la
fois énorme et dérisoire
qui fonctionne envers
et contre toute probabilité,
grâce à la détermination
des protagonistes.
Mais aussi grâce
à la prodigieuse faculté
de nos contemporains à
ne s’étonner de rien.
C’est qu’à force de vouloir
repousser sans
cesse les limites de
la provocation, l’art
moderne nous a si
bien habitués à toutes
les excentricités
que plus rien ne
nous fait réagir. Ce
qui amène Marie
Houriet à se demander,
par le truchement
d’un de ses
personnages :
« était comme ça
chez les SS ? À s’étonner
de devoir
entasser du bétail
humain dans les wagons,
Comment qu’ils
feront là-bas, avec
le nombre qu’on en a
mis, la porte restera
bloquée... »
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Une chronique de
Patricia Fontaine
L’ORGUE…
UN SYNTHÉTISEUR AVANT L’HEURE !
Rencontre d’une passion et de passionnés
Pour moi, l’orgue représente un objet mystérieux perché haut dans les sommets
d’une église et donc inaccessible. Depuis toujours, le timbre de l’orgue
et le chant qu’il dégage à travers des œuvres grandioses de compositeurs
d’exception provoquent en moi des frissons et des émotions à en avoir les larmes
aux yeux. Ces six derniers mois, j’ai écouté ma curiosité et mon envie de
percer le mystère de cet instrument et je voudrais vous entraîner à la rencontre
de Didier Merelle, 55 ans, se décrivant comme un musicien amateur
qui pratique l’orgue avec passion. Dans le prochain numéro, je vous inviterai à
franchir les portes de la manufacture d’orgues Thomas localisée à Stavelot
en Belgique,.
Première partie : Avec Didier Merelle.
L’enfance d’un coup de cœur.
Didier, d’où vient ta
passion pour l’orgue ?
Aussi loin que je m’en
souvienne, dès la petite
enfance, mon oreille a
été attirée par l’orgue
alors que je me rendais
à la messe avec mes
parents et ma grandmère.
L’orgue a toujours
fait partie de mon
univers sonore.
Mon premier réel coup
de cœur pour un orgue
a eu lieu à Blankenberge
à l'Église Saint-Roch,
durant des vacances à
la mer du Nord. Cet
orgue a révélé ma passion,
par la brillance de
ses timbres. Quand
j'écoute un orgue aujourd'hui,
j'essaye toujours
de le comparer à
cette sonorité. Elle est
ancrée au fond de moi
dans ma mémoire et je
me rends compte que
j'ai vraiment difficile à
la retrouver, mon oreille
a aussi évolué.
Patricia Fontaine
Quel a été ton parcours
de formation
après ce coup de cœur
sonore ?
À l’âge de 12 ans, j’ai
suivi des cours particuliers
de piano. À cette
époque, on préconisait
l’apprentissage du piano
avant l’apprentissage de
l’orgue. Puis j’ai tâtonné
l’orgue de manière autodidacte
avant d’aller
suivre des cours à l’académie,
tout cela accompagné
bien sûr par l’étude
du solfège. J’ai entamé
ensuite un cursus au
conservatoire de Liège.
Je me suis énormément
intéressé à l’histoire de
la musique et de la facture
d’orgue ainsi qu’à
l’harmonie et à l’accompagnement
de chant.
J’ai beaucoup appris en
regardant faire des
gens compétents. Mes
pensées vont d’ailleurs à
Jean Verrees, l'organiste
de la Cathédrale
de Namur qui m'a appris
tant de choses.
Mes nombreuses visites
d'instruments m'ont
permis d'élargir mes
connaissances sur les
facteurs d'orgues, mais
aussi sur les organistes
et les compositeurs.
Avec mes connaissances
acquises, je peux rapidement
faire un diagnostic
de l’époque d’origine
de l’orgue et en
l’entendant déterminer
si, selon moi,
l’esthétique sonore
est en adéquation ou
pas avec le buffet,
c’est-à-dire le meuble
qui contient tout
le matériel.
Tu pratiques l’orgue
aussi ?
Je preste aux offices
dominicaux. Je
suis actuellement
organiste de l’Église
Saint-Victor d’Auvelais.
J'assure
également les funérailles
dans ces paroisses,
et occasionnellement
en d'autres
lieux où des
collègues peuvent
être indisponibles.
J'ai également assuré
quelques rares
concerts dans des
lieux plus éloignés
et le plus souvent
hors frontière.
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Un objet d’art au timbre magique
Parmi tes différentes
visites d’orgues, quelles
ont été tes rencontres
les plus fascinantes
?
ticulières. Il est splendide
pour la musique
ancienne, surtout celle
d’avant Jean-Sébastien
Bach. Il y a Notre-
Dame de Paris que j’ai
visitée à plusieurs reprises.
Si le grand orgue
n’a pas subi de dommages
pendant l’incendie
du 15 avril dernier,
à part la poussière, l’orgue
de chœur est pour
ainsi dire détruit. En
Belgique, il y a également
un patrimoine intéressant
avec des instruments
très anciens
de facture francoflamande
et francoliégeoise.
Sans compter
Le premier qui me vient
à l’esprit, c’est celui de
Norden dans le Nord de
l’Allemagne, un superbe
instrument du 17 e siècle.
Il possède des sonorités
tout à fait pardes
instruments plus
romantiques de facture
plus contemporaine avec
des facteurs d’orgues
comme Delmotte, Thomas,
Schumacher. Dans
le Brabant wallon, il y a
aussi un facteur d’orgues
intéressant à citer,
Étienne Debaisieux.
Il construit des
instruments à dimension
plus modeste, mais destinés
au retour à la musique
plus ancienne. Il a
également réalisé de
belles restaurations.
Tu parles de facteurs
d’orgue, de facture…
pourrais-tu nous expliquer
en quelques
mots ?
Le facteur d’orgues
c’est un artisan dans le
sens le plus noble du
terme. De ses mains, il
fabrique l’instrument du
tuyau au buffet en passant
par le tirant de
registre, la mécanique,
la transmission électrique
et mécanique. C’est
un artisan polyvalent.
C’est aussi l’artisan qui
va permettre de sauvegarder
les sons de la
manière la plus authentique
et c’est lui qui va
effectuer les ajustements,
les petites réparations
nécessaires au
cours de la vie d’un orgue.
Il en assure la pérennité
et la maintenance.
Si tu devais nous tracer
un parcours touristique
des orgues à
voir en Belgique, où
nous emmènerais-tu ?
(Sans être exhaustif
et sans vouloir faire
ombrage à ceux que tu
n’évoqueras pas)
La cathédrale d’Anvers.
Le Bozart à
Bruxelles qui est un lieu
public non conventionnel
où l’orgue vient d’être
restauré, un orgue destiné
à un répertoire
symphonique plutôt profane.
En vacances dans
les Ardennes, il faut
aller à Gedinne, à Membre
sur Semois, à
Bouillon, à Bastogne.
Dans la province de
Liège, il y a un orgue
typiquement Renaissance
à l’église Saint-
Jacques de Liège, l’orgue
de la collégiale
Saint-Barthélémy à
Liège qui vient d’être
restauré, ainsi que l’église
des Bénédictines.
Dans la province du
Hainaut à Châtelet, il y
a un grand orgue symphonique
avec des sonorités
particulières issu
de la manufacture Delmotte
en 1943. L’orgue
de la cathédrale de
Tournai qui a été créé
par un facteur d’orgues
français du 19 e siècle.
L’orgue de Sainte-
Waudru à Mons quant à
lui intègre différentes
strates de la facture
d’orgue du 17 e siècle, en
passant par la facture
d’orgue du 19 e et du
matériel du 20 e siècle,
plus particulièrement
des années 50. Il y a
eu de la récupération
du matériel ancien
avec l’ajout de matériel
moderne. Un autre
très bel orgue se trouve
à Saint-Nicolas en
Havré. Et pour finir le
tour, dans le Brabant
wallon, il y a un orgue
ancien à Longueville
ainsi qu’à Bossut-
Gottechain qui sont
dignes d’intérêt. L’informatique
intègre le
monde de l’orgue et
constitue une avancée
de notre époque.
Avancée positive ou
négative selon toi ?
À l’aide de moyens informatiques,
on peut
élargir les sonorités
sans avoir besoin de
trois personnes autour
de soi. L’informatique
permet de mieux exploiter
tous les atouts
d’un orgue.
Pour les lecteurs néophytes,
tu as parlé
du buffet qui est le
meuble qui contient
tout l’orgue, pourrais
-tu nous dire en
quelques mots les
parties essentielles
d’un orgue.
Il y a le buffet, la
console qui est comme
une cabine de pilotage
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avec toutes les commandes (claviers, pédales, boutons
de registre…). C’est à partir de là que le
« pilote » va décider de ce qu’il va utiliser comme
sonorité, comme jeu. Le pédalier sur un orgue est
un clavier à part entière et son rôle est notamment
de soutenir les notes basses. Il faut savoir que le
pédalier n’est pas arrivé tout de suite dans l’histoire
de l’orgue qui au départ ne possédait que quelques
notes, avec un, puis deux, trois… claviers et
sans oublier le pédalier
L’orgue au service du sacré
Le monde de l’orgue
est-il un monde ouvert,
prêt à partager
son travail ou plutôt
un monde fermé ?
À un moment donné, le
monde de l’orgue a
presque exclusivement
appartenu à l’Église catholique.
Cloisonné à
l’Église et pas à autre
chose, le grand public
n’y a pas toujours accès
ou pense ne pas y avoir
accès. Les facteurs
d’orgues sont disposés à
montrer leur travail et
à expliquer leur fonctionnement.
C’est donc une invitation
à aller à leur rencontre
et à ouvrir les
portes des églises. Tu
me confiais que selon
toi, il fallait redonner
à l’orgue « sa place
plus liturgique ». Que
veux-tu dire ?
On a intégré dans les
célébrations liturgiques
des instruments plus
modernes, comme la
guitare, la flûte, la batterie…
mais pour moi, et
ce n’est pas un recul
dans l’histoire, il faut
conserver l’aspect plus
sacré d’une célébration
et l’orgue a un rôle plus
que décoratif à jouer à
ce niveau-là. L’orgue à
un rôle qui amène à la
méditation, à la prière,
à l’exultation. Il est un
moyen d’expression de
la prière, de la louange
et donc il a un rôle liturgique.
En même
temps, l’église, en s’appropriant
l’orgue comme
instrument d’accompagnement
de la liturgie,
empêche parfois un développement
plus culturel.
J’ai déjà évoqué la
salle Bozart, il y a aussi
la salle philharmonique
du conservatoire de
Liège. Au Japon, dans
les pays asiatiques, l’orgue
fleurit un peu partout
dans les salles de
concert, il s’ouvre au
grand public dans un
répertoire symphonique
plus adapté. On sort du
sacré et c’est très bien
aussi, c’est la deuxième
figure de l’orgue.
C’est très subjectif,
Salle philharmonique de Liège
orgue Schyven
mais pour toi quels
sont les plus grands
compositeurs d’orgue
ou ceux qui te touchent
le plus ?
Le plus connu c’est Jean
-Sébastien Bach évidemment,
après cela il y
a des compositeurs qui
au travers des époques
ont marqué leur temps.
Au 20 e siècle, je pense
à Olivier Messian. Et
dans des périodes plus
intermédiaires Marcel
Dupré, Alexandre Guilmant,
Charles-Marie
Widor qui sont des
compositeurs romantiques
symphoniques. Ils
ont des homologues en
Allemagne comme
Brahms, Mendelssohn,
Schuman, Reger…
Ces auteurs composaient
plus pour l’Église
ou plus pour une
dimension culturelle ?
Bach est un compositeur
de musique liturgique,
sacrée. Il a aussi
composé des pièces
vraiment très techniques
pour l’apprentissage
de l’instrument en lui
-même. Compte-tenu de
la profondeur de sa
croyance, dans les pièces
techniques ou virtuoses
il y avait aussi la
présence d’un sens sacré,
une représentation
qui pouvait être biblique.
Pour les compositeurs
plus symphoniques,
cela dit bien ce
que cela veut dire, on
comparait l’orgue à un
orchestre. Et donc là on
pouvait très librement,
je pense, sortir du
contexte religieux.
On appelle parfois l’orgue
le roi des instruments,
même s’il y a
d’autres très beaux instruments
et j’ai entendu
dire aussi que l’orgue
était le plus grand des
synthétiseurs, avant
l’heure.
Année Page 12 1, n° 1
Babel-Art Septembre - Octobre Page 2019 12
Un patrimoine à préserver
De ce que je connais de toi, tu es à l’affût,
depuis des années, de « petits orgues » qui
sont menacés par les destructions massives
des lieux où ils sont, par une non-prise de
conscience des soins qu’ils nécessitent ou par
l’abandon de leur intérêt. Tu te positionnes
comme « le défenseur de ces orgues en périls
» ?
Parfois, le défenseur des causes perdues.
Dans certaines paroisses où j’effectue occasionnellement
des remplacements, je découvre parfois
des instruments sortis des oubliettes. Ils
sont déclarés dans un état catastrophique.
Néanmoins, on a tous les éléments qui caractérisent
l’instrument, tout le matériel d’origine pour
réaliser un travail de restauration respectueux
de ses origines. À une époque aussi, et c’est encore
le cas parfois aujourd’hui, on passait son
temps à transformer l’instrument pour le mettre
au goût du jour. Les claviers, les tuyaux étaient
retravaillés sans tenir compte du contexte historique
ou alors simplement jetés à la benne. Or
chaque tuyau est quelque part une œuvre d’art
dans la mesure où il nécessite des heures de
travail. Les sacrifier au container, pour moi c’est
un acte de vandalisme au plus haut point.
Peux-tu évoquer l’un ou l’autre de tes sauvetages
dont tu es le plus fier ?
Plutôt un exemple récent. J’ai été sollicité pour
assurer la messe des funérailles de la maman d’une
amie. Je suis tombé sur un orgue « rouillé »,
non utilisé depuis le décès, il y a plusieurs années,
de l’organiste attitré. Le curé voulait honorer le
souhait de la famille endeuillée et moyennant
quelques réparations, les défauts et les pannes
de l’orgue, une célébration protocolaire et patriotique
a pu être célébrée. Depuis, avec l’accord
des affectataires, un budget a été remis à l’ordre
du jour afin de réhabiliter l’orgue. C’est un
petit orgue romantique qui participe au patrimoine
contemporain. Il pourrait aussi servir comme
instrument d’apprentissage, et comme pour toi
susciter peut-être un coup de foudre et ouvrir à
une passion…
De l’opus à l’opus
Et puis, tu viens de réaliser un de tes rêves ?
C’est le rêve de tout passionné. C’est sans doute
un caprice, mais j’ai voulu me faire le plaisir d’installer
un petit orgue à tuyaux dans ma maison.
J’ai eu la chance d’un coup de poker et d’un coup
de foudre. Je l’ai appelé« Nonorgue » et il a été
conçu en 1991-1992 par la maison Hofbauer à
Göttingen. C’est un orgue conçu pour le privé, ce
qui requiert certaines caractéristiques dans la
douceur des timbres et dans la pression à donner
au vent qui l’alimente. Il ne s’agit pas de briser
les vitres ni de créer des conflits de voisinages.
Entre de bonnes mains, il aura une belle et longue
vie, ce qui était le souhait premier du vendeur.
Didier m’a permis d’assister à l’arrivée de « Nonorgue ». Je vous épargnerai toutes mes interrogations et
mes représentations les plus farfelues quant à comment les pièces, les tuyaux… allaient arriver à destination.
Le buffet et « le poste de commande » sont arrivés montés et dans le hall de la maison j’ai
découvert un empilement de caisses en bois où j’avais plus l’impression d’être face à des caisses d’obus
ou de missiles, qu’à un puzzle d’orgue. Jean-Sébastien Thomas (Fils du patron de la manufacture
Thomas) et Hugo Pillevesse, son collaborateur, se sont mis à assembler pièce après pièce, avec une
précision d’orfèvre, les composants de l’orgue. Après à peine une paire d’heures, d’une touche sur le clavier,
ils ont fait vibrer le premier son d’un tuyau en bois, un son rond, doux, chaud… En écrivant cette
interview, mon émotion est intacte, le son résonne toujours dans ma tête. C’est ce jour-là que le rendezvous
a été pris pour la visite guidée à laquelle je vous invite dans le prochain numéro du Babel-Art.
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L’instant poésie
De Gérard Glatt
F
rançois Cheng est né en 1929, à Nanchang, en Chine. Son œuvre
est abondante et complexe. Comment ne pas se souvenir
de ce très beau roman, Le dit de Tianyi, publié chez Albin
Michel, qui lui valut le prix Femina, en 1998 ? Aujourd’hui, je
ne retiendrai que son œuvre poétique et citerai notamment
Qui dira notre nuit et Le long d’un amour, recueils parus chez Arfuyen,
en 2001 et 2003.
François Cheng a reçu le Grand Prix de la francophonie en 2001. Il a
été élu à l’Académie française en 2002.
Entre équinoxe et solstice, la sève
Montante a bu glaçons et brandons.
Au sommet, elle s’offre sans réserve
Au foudroiement, à la floraison.
*
Tenir bon. Jusqu’à l’écœurement,
Jusqu’au retournement, chaire broyée,
Os rompus, chute dans le Rien, seul à même
De réinventer le Tout. Tenir bon.
Quatrains extraits de : Enfin le royaume, édition revue et augmentée
Collection Poésie, Gallimard (2019) – 215 pages – 7,40 euros – ISBN 978207834288.
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U
n Salon Littéraire à saluer par l’originalité d’une idée mise en place par Alexandre DAMBRINE, Manager
Commerce du centre commercial Auchan Bretigny. Belle initiative attirant un peu moins de
cent auteurs qui se partageront la galerie marchande, et ce, sur une période répartie sur deux jours.
L’idée est audacieuse, novatrice et mérite d’être saluée puisqu’elle permet aux artistes présents de rencontrer
pas moins de 13.700 visiteurs (chiffres 2018).
P remier Salon
organisé en
2015, les motivations
de l’organisateur sont
basées sur une expérience
professionnelle
puisqu’il a préalablement
œuvré en
qualité de directeur
de magasin pour
France Loisirs pendant
plus de 15 ans.
Cette fonction lui fit
découvrir les coulisses
du Salon du Livre
de Paris et la magie
de l’évènement lui
apparut comme une
révélation. Pour le
premier salon, 28 auteurs
avaient répondu
à l’appel, pas mal si
l’on considère que
l’évènement fut organisé
en à peine deux
mois, sans aucune logistique,
si ce n'est
une petite équipe possédant
le secret de
toutes les réussites :
"prendre du plaisir à
en donner".
A
moureux de son
travail, Alexandre
DAMBRINE déborde
d’énergie en invitant
régulièrement
les auteurs à rencontrer
le public qui
fréquente ce haut lieu
commercial. Il met en
place une relation privilégiée
grâce à laquelle
tout le monde y
trouve son compte.
Les clients profitent
de la présence de l’auteur
pour une rencontre
gratifiante
(puisque personnalisée)
et l’auteur ainsi que
son éditeur profitent
d’une vitrine d’exception.
insi, grâce à ce
A genre d’initiative,
la grande distribution
joue un rôle culturel
important. Il dépend
bien souvent d’initiative
individuelle émanant
de personnalités sachant
défendre un
projet et d’une direction
à l’écoute de la
Culture. Rappelons que
c e t t e m ê m e
« Culture » fait vivre
un nombre impressionnant
d'individus. D’après
l’institut national
de la statistique et
des études économiques
(Insee), les emplois
de la culture représentent
3 % de ceux de l’ensemble
de l’économie. Ils
se caractérisent souvent
par une multiplicité de
postes occupés dans l’année.
Le cumul des statuts
de salarié et d’indépendant
est également
fréquent.
Vous avez dit Mercantile
?
Oui, certes, et
après ? Les artistes ne
sont-ils pas à la recherche
de clients éventuels
?
Prétendre le
contraire ne serait aucunement
crédible alors,
espérons que l’initiative
face boule de neige.
Ph. De Riemaecker
Année Page 15 1, n° 1
Babel-Art Septembre - Octobre Page 2019 15
Merckx, l'homme derrière le cannibale
Une chronique de
Geoffroy Herens
Les éditions La Boîte à Pandore ont eu la bonne idée de rééditer
un ouvrage rédigé par Stéphane Thirion avec Eddy
Merckx. Un portrait touchant dans lequel le champion cycliste
raconte ses exploits, ses échecs, sa vie privée, son enfance...
'était un 21 juillet 1969. Alors que certains mettaient le pied sur
C la Lune, Eddy Merckx remportait le premier de ses cinq Tours
de France. Cinquante ans plus tard, à l'occasion d'un Grand Départ
organisé avec faste à Bruxelles, le Cannibale a été remis à l'honneur.
Aux éditions La Boîte à Pandore, on n'a pas laissé passé l'opportunité
de ressortir un ouvrage paru il y a treize ans. Le champion précité
passait le cap des soixantes printemps et Stéphane Thirion
(journaliste bien connu des amateurs de la petite reine) l'avait accompagné
dans la rédaction d'un touchant recueil de souvenirs.
Les années ont passé et le contenu du livre reste pertinent pour deux
grandes raisons : le fond et la forme.
Au fil des pages, tout d'abord, Eddy Merckx se raconte. Il se rappelle
certains de ses plus grands exploits et d'autres moins connus mais
aussi les déceptions et échecs de sa carrière. Il aborde également
avec l'humilité qui le caractérise et énormément de franchise ses racines,
son enfance, sa vie familiale..., dévoilant ipso facto l'histoire derrière
les victoires, l'homme derrière le sportif.
Le tout mis en forme par la plume de Stéphane Thirion. Le spécialiste
vélo du journal Le Soir a, par son style adroit et élégant, réussi à donner un écrin de choix aux souvenirs
d'Eddy Merckx. C'est lui aussi qui, dans la seconde partie, a donné la parole à ses proches, qu'il s'agisse de
son épouse Claudine, de ses enfants Sabrina et Axel... ou encore de ses amis Paul Van Himst et Jacky
Ickx.
Ces témoignages complètent, éclairent, corroborent les dires du Cannibale. Ils livrent un aperçu extérieur
mais intime de la personnalité de celui qui – c'est incontestable – aura été et reste le plus grand champion
cycliste de tous les temps.
Eddy Merckx avec Stéphane Thirion
On m'appelait le cannibale.
Editions La Boîte à Pandore
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Une chronique de
Philippe De Riemaecker
Frédéric LYVINS
L’écrivain qui sème la terreur dans les
chaumières de la Francophonie…
F
rédéric Lyvins est un être inénarrable, un homme qui surprend par l’ambivalence
du double jeu entre ses livres et la réalité. C’est un cascadeur
de vie puisant son talent aux frontières de nos terreurs. Ah le privilège
de l’écriture ! L’Art de transformer un être agréable (père de famille adorable
et adoré), en créateur de cauchemars, modeleur de monstres, diabolique
manipulateur de notre imagination. C’est perturbant de frayer dans le
voisinage de l’auteur, en particulier après avoir dévoré ses œuvres (de préférence
la nuit).
L
e premier rendez-vous me
laissait à penser que je
devais m’attendre à une apparition
étrange, une sorte d’entité
infernale, un fou peut-être dévoré
par des instincts féroces,
un mangeur d’âmes, un tueur en
série. Mais rien n’allait étayer
mes frayeurs, au contraire,
l’homme qui se présenta ne ressemblait
en rien à celui que mon
esprit avait faussement projeté.
Pas très grand, la tignasse
rebelle, j’imagine que si j’avais
croisé le bonhomme au détour
d’un chemin, je ne lui aurais
probablement pas prêté attention
tant ce garçon semble timide,
réservé, une sorte d’adolescent
perdu dans une autre
dimension. Cette impression
offerte par un premier regard
sera vite détrompée par quelques
minutes de franche rigolade.
Partager du temps avec
l’auteur m’offrit l’impression
que cet-artiste là fait partie
de ces hommes que l’on aime
rencontrer.
’est en 2017 que nos destins
nous ont placés face C
à face au cœur de la grandmesse
de la littérature francophone,
Mon’s Livre. Venu pour
l’occasion présenter « Le Miroir
du Damné », lorsque les
portes de l’évènement furent à
peine entrouvertes, de nombreux
fans s’élancèrent à la
recherche de sa table, espérant
l’apercevoir, croiser son
regard et pour les plus téméraires,
quémander un autographe.
Oserais-je vous avouer
qu’en observant ce tumulte une
question se fit jour : mais qui
est ce drôle de bonhomme ?
Intrigué par ce début d’émeute,
je me suis permis d’inviter
Frédéric Lyvins pour une courte
interview d’une vingtaine de
minutes.
N
é en Belgique en 1970,
Frédéric Lyvins est attiré
par le fantastique dès son
plus jeune âge. Il est nominé
par deux fois au prestigieux
prix « Masterton » dans la catégorie
« Nouvelle » et depuis,
le voici qui gravit l’escalier de
la renommée, marche après
marche, sans précipitation et
s’entrainant sans relâche à
vaincre le vertige qui terrasse
les orgueils déplacés. C’est l’un
des aspects que je respecte
chez l’auteur, sa bonne humeur
partagée dépourvue de l’altération
provoquée par un décorum
mercantile.
vant d’appréhender le
A style, il est peut-être
nécessaire de rappeler qu’aborder
le fantastique n’est pas
chose aisée. Inventer une histoire
qui capte l’attention sur
des sujets qui débordent de la
réalité, offrir une intrigue imbriquée
de rebondissements,
l’ensemble, soigneusement enrobé
par une écriture soignée,
autant dire que le travail de
rédaction ne se contente pas
de pondre un simple manuscrit.
Je ne puis m’empêcher de pen-
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Babel-Art Septembre - Octobre Page 2019 17
ser qu’en toile de fond, un travail d’orfèvre apporte l’équilibre
d’une symphonie complexe. En vérité, nous devrions conjuguer
le mot écrivain au pluriel puisque « Miroir du Damné » est
écrit à quatre mains grâce à la collaboration de J.B. Leblanc.
E
n refermant « Miroir du Damné », j’en suis arrivé à la
conclusion que « Fédéric Lyvins » n’a rien à envier aux
grands Maîtres du « genre », tels que, s’il faut les nommer;
Stephen King, Graham Masterton. Cette comparaison est
osée, elle ne résulte pas d’un élan irréfléchi, au contraire. Imaginez
une ville située au cœur de la France. Une petite ville
dans laquelle règne une ambiance particulière en raison de la
chaleur, de l’environnement, d’un mystère qui plane au-dessus
des chaumières. Imaginez que la confiance règne parmi les habitants
à tel point qu’aucune porte d’entrée n’est verrouillée.
Imaginez une maison, le silence, le plancher qui craque et puis.
Et puis, la première page tournée, plus moyen de se détacher
du livre…
Je vous parlais de comparaison, je n’avais pas tort puisque
Frédéric Lyvins sera salué par « Masterton » en personne.
u’importe la reconnaissance, qu’importent les honneurs, seul l’avis des lecteurs compte et dans ce cas
Q
précis, les lecteurs se fidélisent avec une facilité déconcertante. Cependant, malgré cet engouement,
j’aime me faire une idée par ma propre lecture sans que la communication ne me serve de levier. Rien à
ajouter, j’ai adoré « Miroir du Damné », un coup de cœur provoqué par le hasard des rencontres, merci le
destin.
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Le Babel-Art gourmandise
C
’est au cœur du Brabant Wallon, situé dans la petite ville de que nous avons choisi de pousser les
portes du restaurant « Le Sixième ». L’établissement facile à trouver, puisque planté au coin du
seul carrefour de la ville, il étonne par l’effort déployé à sa présentation. Les propriétaires auraient pu se
contenter de poser enseigne, il n’en est rien, une sobre décoration posée de chaque côté de la porte d’entrée
attire les regards probablement parce que cette touche de goût invite à toutes les promesses.
L
a salle ne déçoit pas le
client. Là encore, la sobriété
est dominante relevée
cependant par un décorum moderne,
rien d’ostentatoire, juste
les éléments placés à la bonne
place dans le but d’offrir à
chaque objet la possibilité de
mettre en valeur une série de
détails. Rien n'est contraignant
pour le regard.
Une pièce pratique pour le service,
agréable pour le consommateur.
L a carte ?
Les choix sont multiples.
Quatre entrées et quatre plats
proposés. On déduit de cet
éventail qu’ici la qualité est privilégiée
à la quantité des assortiments.
C’est important, trop
souvent des menus débordent
de tentations sans répondre à
l’attente du consommateur.
Surprise agréable pour cette
dégustation car nous découvrons
qu’en semaine on nous
propose un lunch comprenant
une entrée et un plat. J’avoue
que cette proposition me tente,
pas de lourdeur pour terminer
une journée de rédaction.
Le service commence, on nous
annonce le contenant et la présence
discrète et souriante de
la serveuse n’est pas pour nous
déplaire. Pas de phrasé inutile,
juste la présentation des plats
et le petit conseil judicieusement
placé en fonction des
goûts de chacun.
E
ntrée : l'œuf poché à la
F l o r e n t i n e . . .
Une entrée joliment décorée,
préparée avec soin, délicieuse à
souhait.
Pourtant, il ne s’agit
que d’un œuf ! Un œuf je vous
l’accorde entouré d’une sorte
de serpentin de riz soufflé. De
voir cette présentation nous
offre toutes les promesses.
Rien à dire, la saveur est au
rendez-vous, les sens subtilement
aiguillonnés.
Me revient
le souvenir d’une interview que
j’avais faite d’un « grand chef »
qui m’avait confié à l’époque que
pour juger une cuisine, rien
n’est plus révélateur que la
préparation d’un œuf.
Rien à
dire, le silence qui entoure la
dégustation est révélateur de
la concentration des convives.
L
e plat : le Tartare de bar
aux algues, riz façon sushi.
Subtil assortiment dans lequel
on retrouvera une pointe d’influence
asiatique. Ne vous méprenez
pas sur mes propos, je
vous parle d’Art, de raffiné,
d’une œuvre tant pour la vue
que pour le goût.
Attention, une pointe de Wasabi
pourrait tromper le distrait
s’il venait à la confondre avec
un petit pois. Encore une surprise
agréable à découvrir.
Nous voici rassasiés, les plats
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Babel-Art Septembre - Octobre Page 2019
suffisamment garnis pour combler les plus gourmands, en gardant la légèreté nécessaire à la présentation.
’offre quatre "Babel" au « Le Sixième », je les offre sans réserve puisqu’après trois visites j’ai pu
J
constater la constance dans la qualité des goûts et du service. - Philippe De Riemaecker
Les entrées €12
Crème au wasabi et gingembre confit
Poêlée d’Artichauts, Condiment Chimichurri
Condiment aux tomates séchées et citron
Agrumes, Crème de sabayon et pistaches
Les plats €24
Jus réduit au vin rouge, Légumes de saison, Frites fraîches
Cuit à basse température, Quinoa aux légumes, Noisettes du Piémont torréfiées
Polenta crémeuse, Girolles et beurre de sauge
Pesto de tomates, Purée au basilic, Tomates multicolores
Les desserts €9
Biscuit moëlleux chocolaté, Sorbet rhubarbe
Salade de fruits frais et chantilly
…Selon notre Humeur…
Vodka, Sorbet citron
Comme un colonel... mais champagne
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