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le magazine CNC: automne 2019

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AUTOMNE <strong>2019</strong><br />

Le meil<strong>le</strong>ur<br />

remède qui soit<br />

Passer du temps dans la nature est bon pour votre santé.<br />

Les médecins disposent désormais de recherches qui <strong>le</strong> démontrent.


Conservation de la nature Canada<br />

245, avenue Eglinton Est, bureau 410<br />

Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />

<strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />

Tél. : 416 932-3202<br />

Sans frais : 1 877 231-3552<br />

Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

est <strong>le</strong> chef de fi<strong>le</strong> au pays en matière de<br />

conservation des terres, œuvrant à la<br />

protection de nos milieux naturels <strong>le</strong>s plus<br />

importants et des espèces qu’ils abritent.<br />

Depuis 1962, <strong>CNC</strong> et ses partenaires<br />

ont contribué à la protection de plus de<br />

14 millions d’hectares (35 millions d’acres),<br />

d’un océan à l’autre et à l’autre.<br />

Le <strong>magazine</strong> Conservation de la nature<br />

Canada est distribué aux donateurs et<br />

sympathisants de <strong>CNC</strong>.<br />

MC<br />

Marque de commerce de La Société<br />

canadienne pour la conservation de la nature<br />

FSC MD n’est pas responsab<strong>le</strong> des<br />

calculs concernant l’économie<br />

des ressources réalisée en<br />

choisissant ce papier.<br />

Imprimé sur du papier Rolland Opaque<br />

fait à 30 % de fibres post-consommation,<br />

certifié Écologo et Procédé sans chlore. Ce<br />

papier est fabriqué au Canada par Rolland,<br />

qui utilise <strong>le</strong> biogaz comme source d’énergie.<br />

L’impression est effectuée au Canada, avec<br />

des encres végéta<strong>le</strong>s par Warrens Water<strong>le</strong>ss<br />

Printing. La publication de ce <strong>magazine</strong> a<br />

sauvegardé 29 arbres et 104 292 litres d’eau*.<br />

COUVERTURE<br />

Randonneurs à la réserve naturel<strong>le</strong> Alfred-Kelly,<br />

au Québec, une Destination Nature de <strong>CNC</strong>.<br />

Photo de Guillaume Simoneau.<br />

CETTE PAGE<br />

Parc national Fundy, N.-B.<br />

Photo de Zack Metcalfe.<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

CALCULATEUR : WWW.ROLLANDINC.COM/FR.<br />

*<br />

2 FAL <strong>2019</strong> natureconservancy.ca


AUTOMNE <strong>2019</strong><br />

SOMMAIRE<br />

Conservation de la nature Canada<br />

Chère amie,<br />

Cher ami,<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

Pour la majorité de la population, <strong>le</strong> concept d’hectare demeure<br />

plutôt vague. Donc, que penseriez-vous si je vous annonçais que,<br />

selon nos plus récents calculs, la superficie que vous nous avez<br />

aidés à conserver depuis 1962 totalise 14 millions d’hectares<br />

(35 millions d’acres)? C’est un chiffre immense!<br />

À quoi correspondent 14 millions d’hectares? Pour comparer<br />

à des éléments de la géographie canadienne, c’est environ 25 fois<br />

la superficie de l’Î<strong>le</strong>-du-Prince-Édouard, ou 4 fois cel<strong>le</strong> de l’î<strong>le</strong><br />

de Vancouver. Voilà qui permet de mieux saisir la portée de nos<br />

efforts col<strong>le</strong>ctifs pour la conservation du patrimoine naturel de<br />

notre pays. En tant que donatrice, donateur, ou partenaire, vous<br />

devriez en tirer une grande fierté. Merci!<br />

Si vous appuyez Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

depuis un certain temps, vous remarquerez que cela représente<br />

une augmentation considérab<strong>le</strong> de la superficie tota<strong>le</strong> de terres<br />

conservées. Nous ne sommes évidemment pas arrivés à ce résultat<br />

du jour au <strong>le</strong>ndemain.<br />

Périodiquement, nous procédons à une révision de notre<br />

méthode de calcul de l’impact de notre organisme en matière de<br />

conservation. Cette fois, nous avons p<strong>le</strong>inement pris en compte<br />

<strong>le</strong>s terres que nous avons directement acquises, conservées et<br />

gérées, ainsi que l’impact plus large de notre travail effectué dans<br />

<strong>le</strong> cadre de partenariats.<br />

Grâce à votre appui, <strong>le</strong> rythme de notre travail s’est accéléré<br />

comme jamais au cours des dernières années, plus particulièrement<br />

en ce qui a trait aux grands projets à l’échel<strong>le</strong> du paysage. Cela<br />

comprend notre travail favorisant la renonciation de droits privés<br />

d’exploitation des ressources (par ex. bois d’œuvre, pétro<strong>le</strong> et gaz)<br />

qui élimine <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s empêchant la conservation. Au nombre<br />

des projets d’envergure qui ont bénéficié de nos efforts, nous<br />

pouvons maintenant compter <strong>le</strong> parc sauvage provincial Birch River<br />

(Birch River Wildland Provincial Park), en Alberta, qui vient<br />

agrandir la plus vaste aire protégée de forêt boréa<strong>le</strong> au monde,<br />

ainsi que la nouvel<strong>le</strong> aire marine de conservation Tallurutiup<br />

Imanga/détroit de Lancaster, au Nunavut, la plus vaste aire protégée<br />

du Canada.<br />

Je partage donc avec vous 14 millions de bonnes raisons de<br />

se sentir bien à l’égard de la nature!<br />

Dans la nature, on se sent bien. Dans ce numéro de notre <strong>magazine</strong>,<br />

vous apprendrez pourquoi un nombre grandissant de médecins<br />

prescrivent à <strong>le</strong>urs patients de passer du temps dans la nature<br />

pour améliorer <strong>le</strong>ur bien-être. Et, grâce au fait que vous croyez en<br />

notre mission, il existe maintenant un plus grand nombre d’endroits<br />

où <strong>le</strong>s Canadiennes et <strong>le</strong>s Canadiens peuvent se connecter à la<br />

nature et améliorer <strong>le</strong>ur santé.<br />

Merci de soutenir notre mission.<br />

John Lounds<br />

John Lounds<br />

Président et chef de la direction<br />

natureconservancy.ca<br />

8<br />

14 16<br />

14 Revenir de loin<br />

Voyez comment Conservation de la nature Canada contribue au<br />

retour d’espèces menacées de disparition.<br />

6 Sentier Ralph-Wang<br />

Cette Destination Nature du Manitoba vous permettra de plonger<br />

dans la diversité de la prairie indigène, un habitat naturel menacé<br />

au Canada.<br />

7 Pagayons!<br />

Meredith Brown, une ancienne garde-rivière des Outaouais, explore<br />

la nature sauvage du Canada en naviguant sur ses lacs et rivières<br />

avec sa pagaie d’eau vive fabriquée à la main.<br />

8 Prescrire la nature<br />

Pour un avenir sain et durab<strong>le</strong>, il est essentiel de passer du temps<br />

dans la nature. Désormais, <strong>le</strong>s médecins disposent de recherches<br />

qui <strong>le</strong> démontrent.<br />

12 Tétras des armoises<br />

Au pays de l’armoise, dans l’ouest de l’Amérique du Nord, vit un<br />

oiseau dont la parade nuptia<strong>le</strong> est l’un des spectac<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus<br />

incroyab<strong>le</strong>s que la nature sauvage puisse offrir.<br />

14 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />

À l’écoute des chauves-souris, en Saskatchewan; Compléter <strong>le</strong><br />

tab<strong>le</strong>au de Darkwoods, en C.-B.; Une réserve naturel<strong>le</strong> créée grâce<br />

à une famil<strong>le</strong>, à l’Î<strong>le</strong>-du-Prince-Édouard.<br />

16 Qui se ressemb<strong>le</strong> s’assemb<strong>le</strong><br />

Le professeur Ryan Norris, nommé scientifique principal – famil<strong>le</strong><br />

Weston à Conservation de la nature Canada, mène la conservation<br />

vers de nouveaux sommets.<br />

18 Contes, cou<strong>le</strong>uvres et camping<br />

Souvenirs du parc provincial Writing-on-Stone, en Alberta.<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 3


D’UN OCÉAN<br />

À L’AUTRE<br />

Revenir<br />

de loin<br />

Le travail de restauration de<br />

Conservation de la nature Canada<br />

aide à protéger des espèces en<br />

péril et contribue même au retour<br />

d’espèces menacées d’extinction.<br />

En mai dernier, l’Organisation des Nations<br />

Unies a publié un rapport d’évaluation<br />

mondia<strong>le</strong> sur la biodiversité. On y mentionne<br />

que jusqu’à 1 million d’espèces sont menacées<br />

d’extinction, en raison de conséquences liées<br />

à l’activité humaine tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s changements<br />

climatiques et la perte d’habitats. La vérité, c’est<br />

que nous perdons des espèces à une vitesse<br />

alarmante, et que chaque jour, de nouvel<strong>le</strong>s espèces<br />

sont menacées de disparaitre de la planète.<br />

Voici où vous et Conservation de la nature<br />

Canada (<strong>CNC</strong>) faites une différence. Les efforts<br />

de protection et de restauration des populations<br />

anima<strong>le</strong>s et végéta<strong>le</strong>s au sein de <strong>le</strong>urs milieux<br />

naturels font partie intégrante de notre stratégie.<br />

Et bien que de s’attaquer aux causes sous-jacentes<br />

du déclin des populations est une étape crucia<strong>le</strong>,<br />

nous devons faire plus de travail de protection<br />

d’habitats naturels et de restauration pour rétablir<br />

<strong>le</strong>s espèces menacées d’extinction.<br />

Le travail de conservation peut prendre différentes<br />

formes, comme des programmes de reproduction<br />

d’espèces en captivité afin d’augmenter<br />

une population donnée ou la restauration et la<br />

protection d’habitats clés.<br />

À travers <strong>le</strong> Canada, des espèces en péril<br />

parviennent diffici<strong>le</strong>ment à s’adapter à la perte<br />

d’habitats indigènes, à la présence d’espèces<br />

envahissantes, et aux changements rapides des<br />

régimes climatiques. Des experts en conservation<br />

travail<strong>le</strong>nt toutefois sans relâche à la restauration<br />

de populations et à la protection de la biodiversité.<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

ALAMY STOCK PHOTO<br />

4 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


Voici six espèces en péril que <strong>CNC</strong> contribue à protéger.<br />

Pluvier siff<strong>le</strong>ur<br />

Tortue mouchetée<br />

Blaireau d’Amérique<br />

Au Canada atlantique, <strong>le</strong> pluvier<br />

siff<strong>le</strong>ur niche seu<strong>le</strong>ment sur des plages<br />

de sab<strong>le</strong> et de ga<strong>le</strong>ts parsemées de<br />

végétation. Cette espèce menacée a<br />

besoin de paix et de quiétude, loin des<br />

perturbations humaines, pour é<strong>le</strong>ver<br />

ses petits. En Nouvel<strong>le</strong>-Écosse, <strong>le</strong><br />

pluvier siff<strong>le</strong>ur niche sur moins de<br />

30 plages; la répartition d’habitats<br />

appropriés pour l’espèce est tout<br />

aussi clairsemée dans <strong>le</strong> reste du<br />

Canada atlantique. <strong>CNC</strong> s’est associé<br />

avec des gouvernements provinciaux,<br />

Études d’Oiseaux Canada, <strong>le</strong> Island<br />

Nature Trust, Nature NB, Interva<strong>le</strong> et<br />

d’autres organismes en conservation<br />

afin de déterminer et protéger <strong>le</strong>s<br />

plages de nidification et de nettoyer<br />

<strong>le</strong>s habitats côtiers.<br />

La population des Grands Lacs et du<br />

Saint-Laurent de la tortue mouchetée<br />

est désignée en voie de disparition.<br />

Dans cette région urbanisée, la<br />

mortalité routière est l’une des plus<br />

grandes menaces qui guettent cette<br />

espèce. Les experts en conservation<br />

de <strong>CNC</strong> collaborent activement<br />

avec <strong>le</strong> grand public pour enseigner<br />

l’importance d’aider <strong>le</strong>s tortues.<br />

Avec de nouveaux outils comme<br />

carapace.ca (site web développé par<br />

<strong>CNC</strong> et la Province de Québec), tout<br />

<strong>le</strong> monde peut prendre une photo<br />

d’une tortue aperçue sur la route et<br />

contribuer à la base de données de<br />

ce projet de science citoyenne.<br />

En 2004, des biologistes de <strong>CNC</strong><br />

au travail sur la propriété du ranch<br />

Kootenay River (centre de la Colombie-<br />

Britannique) y ont découvert la<br />

présence de blaireaux d’Amérique, une<br />

espèce en voie de disparition. La vallée<br />

du cours supérieur du f<strong>le</strong>uve Columbia,<br />

d’une superficie de 1 250 hectares<br />

(3 089 acres), comprend une prairie<br />

ininterrompue, c’est-à-dire un habitat<br />

naturel exempt de routes et d’autres<br />

formes de développement qui<br />

perturbent souvent <strong>le</strong>s populations de<br />

blaireaux et créent des conflits entre<br />

<strong>le</strong>s humains et <strong>le</strong>s animaux. L’aire<br />

protégée du ranch Kootenay River<br />

permet aux scientifiques d’effectuer<br />

des recherches sur <strong>le</strong>s espèces en voie<br />

de disparition et ainsi d’améliorer <strong>le</strong>s<br />

efforts de restauration.<br />

Monarque<br />

Renard véloce<br />

Bison des prairies<br />

RENARD VÉLOCE : ALAMY STOCK PHOTO. AUTRES PHOTOS : ROBERT MCCAW.<br />

conservationdelanature.ca<br />

Au cours des dernières années, la<br />

population mondia<strong>le</strong> de monarques<br />

a chuté rapidement. Ce déclin serait<br />

dû à la perte d’habitats au sein de son<br />

aire d’hivernage (Mexique) et d’estivage<br />

(Canada et États-Unis). À travers <strong>le</strong><br />

Canada, <strong>CNC</strong> oeuvre à la restauration<br />

d’habitats (reproduction, alimentation<br />

et haltes migratoires) de l’espèce.<br />

Au Manitoba, il assure la plantation<br />

d’asclépiade (plante hôte des<br />

chenil<strong>le</strong>s du monarque) et d’autres<br />

f<strong>le</strong>urs indigènes pour améliorer et<br />

agrandir <strong>le</strong>s habitats viab<strong>le</strong>s pour cette<br />

espèce. À l’î<strong>le</strong> Pe<strong>le</strong>e (lac Érié, Ontario),<br />

<strong>CNC</strong> restaure des milieux humides et<br />

des prés pour des espèces rares et en<br />

péril, comme <strong>le</strong> papillon monarque.<br />

Le renard véloce représente une<br />

incroyab<strong>le</strong> réussite en matière de<br />

conservation. Bien que cette espèce<br />

ait déjà été désignée disparue du<br />

pays, principa<strong>le</strong>ment en raison de la<br />

perte d’habitats, un programme de<br />

réintroduction lancé en 1973 a permis<br />

de ramener environ 650 individus<br />

dans <strong>le</strong>s prairies de l’Alberta et de la<br />

Saskatchewan. Puisque <strong>le</strong> renard<br />

véloce fait toujours face à des menaces<br />

en lien avec son iso<strong>le</strong>ment génétique,<br />

causé par la fragmentation de l’habitat,<br />

<strong>le</strong> travail de <strong>CNC</strong> est vital pour<br />

protéger et gérer <strong>le</strong>s prairies qui<br />

subsistent et qui servent de lien<br />

entre <strong>le</strong>s populations de ce renard.<br />

Véritab<strong>le</strong> emblème des prairies, cette<br />

espèce de bison a jadis fait gronder<br />

une grande partie de l’ouest de<br />

l’Amérique du Nord. Cependant, au<br />

tournant du 20 e sièc<strong>le</strong>, la chasse<br />

excessive a fait chuter sa population<br />

tota<strong>le</strong> à seu<strong>le</strong>ment 300 individus.<br />

Depuis sa réintroduction en 2003,<br />

à l’aire de conservation des prairies<br />

patrimonia<strong>le</strong>s Old Man on His Back,<br />

en Saskatchewan, <strong>CNC</strong> maintient<br />

un troupeau de bisons génétiquement<br />

pur sur la propriété. Des<br />

employés de <strong>CNC</strong> assurent la gestion<br />

du pâturage de cette prairie et<br />

veil<strong>le</strong>nt sur la santé de la population<br />

de bisons des prairies.<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 5


SUR LES<br />

SENTIERS<br />

Chevêche des terriers<br />

Sentier<br />

Ralph-Wang<br />

Plongez dans la diversité de la prairie indigène, un habitat<br />

naturel menacé, à cette Destination Nature située au Manitoba.<br />

Le sentier Ralph-Wang, près du<br />

village de Pierson, offre un regard<br />

sur l’époque où la prairie indigène<br />

s’étendait au-delà de l’horizon. Des prairies<br />

comme cel<strong>le</strong>s-ci sont maintenant rares, tout<br />

comme plusieurs des espèces d’oiseaux et<br />

de végétaux que vous pourrez observer <strong>le</strong><br />

long du sentier.<br />

Les champs situés autour du sentier<br />

sont depuis longtemps synonymes de prairies<br />

canadiennes. Ils fournissent des haltes<br />

essentiel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s oiseaux migrateurs et<br />

sert d’habitat à la sauvagine et à des espèces<br />

rares et menacées, comme la buse rouil<strong>le</strong>use,<br />

la chevêche des terriers et certains<br />

papillons. Les prairies protègent nos eaux,<br />

stockent <strong>le</strong> dioxyde de carbone et sont une<br />

source précieuse et durab<strong>le</strong> de pâturage<br />

pour <strong>le</strong> bétail.<br />

Le sentier Ralph-Wang sert aussi aux<br />

déplacements de la faune, ce qui en fait<br />

un site de choix pour observer des espèces<br />

comme <strong>le</strong> cerf, <strong>le</strong> renard, <strong>le</strong> coyote et<br />

d’autres animaux. Les peupliers deltoïdes y<br />

représentent une oasis pour <strong>le</strong>s oiseaux<br />

chanteurs, tandis que <strong>le</strong>s champs accueil<strong>le</strong>nt<br />

des espèces rares d’oiseaux des prairies.<br />

HABITAT<br />

Le long du sentier, la transition entre la<br />

végétation indigène d’herbes mixtes de la<br />

haute prairie et cel<strong>le</strong> des prés humides des<br />

basses terres est visib<strong>le</strong>. À mesure que <strong>le</strong><br />

sentier s’approche du ruisseau Gainsborough,<br />

<strong>le</strong>s herbes de la haute prairie font place à<br />

un milieu composé de sau<strong>le</strong>s, de joncs et de<br />

spartines pectinées (graminées).<br />

Au premier coup d’œil, la prairie semb<strong>le</strong><br />

n’être qu’un champ d’herbes hautes. En y<br />

regardant de plus près, la diversité des<br />

espèces végéta<strong>le</strong>s devient évidente. À la<br />

fonte des neiges, la prairie s’éveil<strong>le</strong> avec sa<br />

variété de graminées de différentes cou<strong>le</strong>urs<br />

et ses f<strong>le</strong>urs sauvages, soit une combinaison<br />

de végétaux typiques des prairies à herbes<br />

courtes, tolérants à la sécheresse, et de<br />

plantes des prairies à herbes hautes, qui<br />

poussent dans des sols humides.<br />

<strong>CNC</strong>. CHEVÊCHE DES TERRIERS : ROBERT MCCAW.<br />

6 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


Buse rouil<strong>le</strong>use<br />

LES<br />

INDISPENSABLES<br />

ESPÈCES À OBSERVER<br />

• bruant à ventre noir<br />

• bruant de Le Conte<br />

• bruant sauterel<strong>le</strong><br />

• buse rouil<strong>le</strong>use<br />

• cerf mu<strong>le</strong>t<br />

• chevêche des terriers<br />

• monarque<br />

• orignal<br />

• pie-grièche<br />

migratrice<br />

• pipit de Sprague<br />

• tétras à queue fine<br />

BUSE ROUILLEUSE : ROBERT MCCAW. LES INDISPENSABLES : JESSICA DEEKS.<br />

EFFORT COMMUNAUTAIRE<br />

En 2012, la Municipalité régiona<strong>le</strong> d’Edward,<br />

devenue depuis la Municipalité de Two<br />

Borders, a conclu une entente avec <strong>CNC</strong><br />

afin d’assurer la protection à long terme de<br />

cette prairie. Bien que la terre demeure la<br />

propriété de la Municipalité, une entente<br />

de conservation impose certaines restrictions<br />

à son développement.<br />

Durant près de 40 ans, Ralph Wang a été<br />

préfet de la Municipalité régiona<strong>le</strong> d’Edward.<br />

Ornithologue amateur intéressé depuis<br />

toujours par la conservation de la nature,<br />

M. Wang a travaillé avec l’équipe de <strong>CNC</strong> de la<br />

région du Manitoba pour conclure l’entente de<br />

conservation sur des terres de la Municipalité.<br />

Cette zone est protégée et gérée par la<br />

Municipalité de Two Borders en collaboration<br />

avec <strong>CNC</strong> et un é<strong>le</strong>veur de bétail de la région.<br />

SAISON<br />

15 avril au 15 novembre<br />

SENTIER<br />

Type : bouc<strong>le</strong> Niveau de difficulté : faci<strong>le</strong><br />

Distance al<strong>le</strong>r-retour : 1 km<br />

Surface : herbe tondue<br />

COMMENT S’Y RENDRE<br />

À partir de Pierson, emprunter l’Autoroute 3<br />

Ouest sur 1,6 km. À Ant<strong>le</strong>r Road (171W),<br />

tourner vers <strong>le</strong> Sud (gauche) et rou<strong>le</strong>r sur<br />

8,8 km. Le sentier Ralph-Wang se trouve sur<br />

<strong>le</strong> côté Est (gauche) du chemin.1<br />

Destinations Nature<br />

Explorez destinationsnature.ca<br />

Pagayons!<br />

Meredith Brown, ancienne garde-rivière des Outaouais,<br />

explore la nature sauvage du Canada en naviguant sur ses<br />

lacs et rivières avec sa pagaie d’eau vive fabriquée à la main.<br />

Si vous habitez au sein du plus grand écosystème d’eau douce du monde,<br />

<strong>le</strong>s Grands Lacs, vous devez savoir pagayer! Ma façon préférée d’explorer la<br />

nature est de suivre <strong>le</strong> réseau sans fin de lacs et de rivières qui nous relient<br />

à nos voisins du sud et à nos océans. En sillonnant <strong>le</strong> paysage, <strong>le</strong>s cours d’eau<br />

creusent <strong>le</strong>ur chemin, serpentent et créent des rapides et des plans d’eau. Ce que<br />

je préfère ce sont <strong>le</strong>s rapides - pour <strong>le</strong>s sons qu’on y entend, l’odeur terreuse et <strong>le</strong><br />

défi de descendre un parcours créé par <strong>le</strong>s roches des rivières et la dénivellation.<br />

Je me sers toujours de ma pagaie d’eau vive fabriquée à la main à partir de bois<br />

local, produit de façon durab<strong>le</strong>, par mon ami Andy Convery, artiste, éducateur,<br />

fabricant de canots, pagayeur et guide en milieu sauvage. Cette pagaie est un<br />

cadeau de mon mari, Ronnie, que j’aime aussi amener dans la nature avec moi!1<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 7


L’<strong>automne</strong> à la réserve naturel<strong>le</strong> Afred-Kelly,<br />

au Québec, une Destination Nature de <strong>CNC</strong>.<br />

PAR Zack Metcalfe, auteur et rédacteur indépendant<br />

Prescrire l<br />

Pour un avenir sain et durab<strong>le</strong>, il est essentiel de passer du temps dans la<br />

nature. Les médecins disposent désormais de recherches qui <strong>le</strong> démontrent.<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

8 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


GUILLAUME SIMONEAU.<br />

Il faisait trop froid, même pour<br />

des insectes. Tel un miroir, la surface<br />

du lac Supérieur reflétait fidè<strong>le</strong>ment<br />

un ciel aux teintes rubis alors que <strong>le</strong><br />

so<strong>le</strong>il se <strong>le</strong>vait sur <strong>le</strong> parc provincial<br />

Pancake Bay, en Ontario. Des rayons lumineux<br />

traversaient <strong>le</strong>s branches d’une forêt ancienne<br />

peuplée d’érab<strong>le</strong>s, de bou<strong>le</strong>aux, de chênes,<br />

d’épinettes et de pins. Une fois <strong>le</strong> brouillard<br />

dissipé, <strong>le</strong> chant des oiseaux s’est é<strong>le</strong>vé pour<br />

remplir cette forêt bordant <strong>le</strong> lac. J’étais seul.<br />

Après une semaine sur la route, à vivre dans<br />

ma voiture et dans ma tente constamment<br />

montée à la hâte, j’étais plutôt tendu. Mais ici,<br />

je me sentais serein, voire rayonnant, pour la<br />

première fois depuis des jours.<br />

Sans que j’en aie été conscient, la cathédra<strong>le</strong><br />

naturel<strong>le</strong> dans laquel<strong>le</strong> je me trouvais orchestrait<br />

de profonds changements en moi. Ma pression<br />

artériel<strong>le</strong> s’en trouvait diminuée; ma fréquence<br />

cardiaque, ra<strong>le</strong>ntie; et <strong>le</strong> flux de cortisol<br />

(hormone du stress), endigué. Mes angoisses,<br />

tribulations et ruminations se dissipaient à<br />

mesure que s’éveillaient des sentiments de joie,<br />

de curiosité, de vitalité et d’émerveil<strong>le</strong>ment.<br />

Les avantages pour la santé du temps passé<br />

dans la nature, qui n’étaient autrefois qu’une<br />

croyance populaire, font aujourd’hui l’objet<br />

de recherches médica<strong>le</strong>s. Chez <strong>le</strong>s enfants,<br />

des doses régulières de nature procurent des<br />

avantages à long terme pour l’amélioration<br />

de l’estime de soi, la vision, <strong>le</strong> poids corporel,<br />

l’attention et <strong>le</strong> rendement scolaire général. Dans<br />

<strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s de réveil des hôpitaux, <strong>le</strong>s patients qui<br />

ont une fenêtre avec vue sur un espace vert ont<br />

moins besoin d’analgésiques que <strong>le</strong>s autres<br />

patients. Éga<strong>le</strong>ment, l’ajout de 10 arbres dans<br />

un pâté de maisons améliore la perception de<br />

l’état de santé, ce qui équivaut à rajeunir de<br />

7 ans ou à gagner 10 000 $ de plus par an.<br />

Ces constats, parmi d’autres, ne sont plus<br />

que théoriques; ils démontrent un phénomène<br />

aussi puissant que mystérieux.<br />

a nature<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 9


Lisa Nisbet en compagnie d’un étudiant<br />

à l’Université Trent, en Ontario.<br />

Des étudiants explorent <strong>le</strong>s milieux<br />

naturels du terrain de l’université et<br />

mènent une recherche sur <strong>le</strong>s bienfaits<br />

du temps passé dans la nature.<br />

Le rapport à la nature<br />

Lisa Nisbet, professeure associée au département<br />

de psychologie de l’Université Trent,<br />

en Ontario, a orienté sa carrière sur ce sujet.<br />

Au début de juin, pendant que nous parcourions<br />

<strong>le</strong> périmètre du campus, el<strong>le</strong> a exposé<br />

<strong>le</strong>s bienfaits que peuvent procurer aussi peu<br />

que 15 minutes passées dans la nature.<br />

Dans ses recherches, la professeure Nisbet<br />

s’est intéressée à la manière dont <strong>le</strong> temps<br />

passé dans la nature influence comment nous<br />

agissons vis-à-vis d’el<strong>le</strong>, et ce, en évaluant ce<br />

qu’el<strong>le</strong> appel<strong>le</strong> la Nature Relatedness (<strong>le</strong> rapport<br />

à la nature). Simp<strong>le</strong>ment dit, <strong>le</strong> rapport à<br />

la nature correspond au degré d’appréciation<br />

d’une personne à l’égard de la nature dans son<br />

ensemb<strong>le</strong>, c’est-à-dire sans se limiter à ce qui<br />

est joli ou pittoresque, et à la compréhension<br />

de cette personne des relations comp<strong>le</strong>xes<br />

qui existent entre <strong>le</strong>s nombreux éléments qui<br />

composent <strong>le</strong> monde naturel. Une appréciation<br />

éga<strong>le</strong> des marécages et des plages enso<strong>le</strong>illées,<br />

en reconnaissance de <strong>le</strong>ur diversité unique, dénote,<br />

par exemp<strong>le</strong>, un bon rapport à la nature.<br />

Le sentiment de n’être qu’une pièce infime d’un<br />

immense casse-tête écologique révè<strong>le</strong> un lien<br />

encore plus étroit avec <strong>le</strong> monde naturel.<br />

Pour déterminer à quel niveau une personne<br />

se situe, la professeure Nisbet et ses<br />

collègues ont établi l’échel<strong>le</strong> du rapport à la<br />

nature (Nature Relatedness Sca<strong>le</strong>) à l’aide<br />

d’un test composé de 21 affirmations. Le<br />

degré d’accord ou de désaccord avec ces affirmations,<br />

selon une note de 1 à 5, où 1 représente<br />

un faib<strong>le</strong> rapport à la nature, permet de<br />

classer <strong>le</strong>s répondants sur cette échel<strong>le</strong>.<br />

Nous savons tous que dans la nature,<br />

on se sent plus calme, moins stressé et<br />

plus heureux. Désormais, nous avons<br />

des statistiques qui <strong>le</strong> confirment.<br />

À ce jour, <strong>le</strong> test a été traduit dans plus<br />

d’une dizaine de langues, adopté par plusieurs<br />

organismes à vocation environnementa<strong>le</strong><br />

(dont Conservation de la nature Canada<br />

[<strong>CNC</strong>] avec son Quiz Nature — quiznature.ca<br />

— et soumis à plus de 10 000 personnes, des<br />

employés de bureau aux professionnels de la<br />

conservation. Au Canada, <strong>le</strong> score moyen est<br />

de 3 sur l’échel<strong>le</strong> du rapport à la nature.<br />

Selon ce que Lisa Nisbet en a conclu, <strong>le</strong><br />

temps passé dans la nature consolide <strong>le</strong> lien<br />

que nous entretenons avec el<strong>le</strong> et nous<br />

amène à adopter des comportements soucieux<br />

de l’environnement. Plus nous passons<br />

de temps dans la nature, plus nous sommes<br />

enclins à la protéger.<br />

« Il est très diffici<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> commun<br />

des mortels d’être un écocitoyen, à moins<br />

d’être animé d’une motivation intrinsèque<br />

à protéger la nature, explique-t-el<strong>le</strong>. Si<br />

vous ne voyez pas ou ne comprenez pas <strong>le</strong>s<br />

conséquences de déverser de la peinture<br />

dans l’évier ou de répandre des pesticides<br />

sur votre pelouse, vous ne poserez simp<strong>le</strong>ment<br />

pas <strong>le</strong>s gestes appropriés. »<br />

« Il faut inclure la nature dans nos habitudes<br />

», ajoute-t-el<strong>le</strong>.<br />

Le meil<strong>le</strong>ur remède qui soit<br />

Il y a 10 ans, la D re Lem a remis sa première<br />

ordonnance de nature à un jeune homme atteint<br />

d’un troub<strong>le</strong> déficitaire de l’attention.<br />

El<strong>le</strong> était convaincue des avantages manifestes<br />

de la nature, mais hésitait à prescrire<br />

quelque chose d’aussi radica<strong>le</strong>ment nouveau,<br />

par crainte que ce soit perçu comme trop<br />

« grano ». La prescription a néanmoins été<br />

bien reçue.<br />

Depuis ce jour, el<strong>le</strong> fait valoir <strong>le</strong>s mérites des<br />

prescriptions de nature et s’en fait la porteparo<strong>le</strong><br />

à des congrès, lors de visites guidées<br />

dans <strong>le</strong>s parcs provinciaux de Colombie-<br />

Britannique et dans <strong>le</strong> cadre de sa pratique en<br />

médecine familia<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> prescrit des doses de<br />

nature pour traiter la dépression, <strong>le</strong> stress, <strong>le</strong>s<br />

troub<strong>le</strong>s de l’attention et même <strong>le</strong>s commotions<br />

TAYLOR ROADES.<br />

10 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


cérébra<strong>le</strong>s, et ce, à raison de 30 minutes la<br />

séance, 2 heures par semaine, au minimum.<br />

« Nous savons tous que dans la nature on se<br />

sent plus calme, moins stressé et plus heureux.<br />

Et désormais, nous avons des statistiques qui<br />

confirment cette réalité. » ajoute-t-el<strong>le</strong>.<br />

La D re Lem siège au conseil d’administration<br />

de l’Association canadienne des médecins<br />

pour l’environnement (cape.ca), une organisation<br />

vouée à améliorer la santé humaine par<br />

la protection de l’environnement. C’est grâce<br />

à des médecins comme el<strong>le</strong> que de tel<strong>le</strong>s approches<br />

se retrouveront éventuel<strong>le</strong>ment dans<br />

des manuels de médecine, et que <strong>le</strong>s prescriptions<br />

vertes deviendront pratique courante<br />

dans <strong>le</strong>s cliniques.<br />

« Les médecins et <strong>le</strong>s infirmières figurent<br />

toujours aux cinq premiers rangs des professionnels<br />

jugés <strong>le</strong>s plus dignes de confiance au<br />

Canada, mentionne la D re Lem. Les patients<br />

nous écoutent. Si nous pouvions mobiliser <strong>le</strong>s<br />

professionnels de la santé afin qu’ils prescrivent<br />

des doses de nature plus souvent, je<br />

pense que ça enverrait un message très fort. »<br />

Une tel<strong>le</strong> initiative est en cours au centre<br />

de santé communautaire South Georgian<br />

Bay, près de Wasaga Beach, en Ontario.<br />

Ruth McArthur est infirmière à la régie régiona<strong>le</strong><br />

de la santé et membre du conseil d’administration<br />

du Wasaga Beach Health Community<br />

Network (groupe de professionnels chargés<br />

de rédiger ces ordonnances); el<strong>le</strong> précise que<br />

l’amp<strong>le</strong>ur et la portée du programme dépendront<br />

du financement obtenu. Ses collègues et<br />

el<strong>le</strong> s’attendent à pouvoir rédiger <strong>le</strong>urs premières<br />

ordonnances de nature cet <strong>automne</strong>.<br />

Comme el<strong>le</strong>s ont été imaginées jusqu’à présent,<br />

ces ordonnances seront accompagnées<br />

de cartes des parcs situés près de Wasaga<br />

Beach, et peut-être même d’un laissez-passer<br />

de Parcs Ontario. Le groupe espère sensibiliser<br />

la clientè<strong>le</strong> du centre communautaire et<br />

d’autres professionnels de la santé aux avantages<br />

de passer du temps en p<strong>le</strong>in air.<br />

Retour au bercail<br />

En juil<strong>le</strong>t, au centre-vil<strong>le</strong> de Charlottetown<br />

(Î.-P.-É.), j’ai rencontré Ty<strong>le</strong>r Coady, un jeune<br />

gaillard très éloquent âgé de 33 ans. Il m’a accueilli<br />

avec une blague et un sourire. M. Coady<br />

souffre d’un troub<strong>le</strong> de stress post-traumatique<br />

(TSPT) causé par l’explosion d’une<br />

bombe en bordure de route pendant son<br />

service militaire en Afghanistan. « Une des<br />

choses qui m’ont <strong>le</strong> plus manqué à l’étranger<br />

était <strong>le</strong>s espaces verts », affirme-t-il.<br />

« Le TSPT perturbe presque tous <strong>le</strong>s aspects<br />

de la vie », explique M. Coady. Ce<br />

troub<strong>le</strong> l’afflige de rappels d’images (flashbacks)<br />

importuns, en plus d’une anxiété<br />

constante et invalidante. Au début, il s’était<br />

isolé de la société. L’ergothérapie, la<br />

médication et <strong>le</strong> soutien par <strong>le</strong>s pairs ont été<br />

essentiels à son rétablissement, tout comme<br />

l’a été l’achat d’une petite ferme et <strong>le</strong>s randonnées<br />

faites dans ses recoins <strong>le</strong>s plus sauvages.<br />

Quand il se trouve dans des lieux achalandés,<br />

Ty<strong>le</strong>r Coady doit réprimer <strong>le</strong>s symptômes<br />

du TSPT. Dans la nature, garder son calme<br />

ne requiert toutefois aucun effort. Quel<strong>le</strong><br />

que soit l’influence de la nature sur l’esprit<br />

humain, el<strong>le</strong> est particulièrement prononcée<br />

chez des personnes comme Ty<strong>le</strong>r Coady.<br />

Mettant en pratique sa maîtrise en psychologie<br />

militaire, M. Coady coordonne maintenant<br />

des groupes d’entraide pour d’autres<br />

anciens combattants de l’Î<strong>le</strong>-du-Prince-<br />

Édouard atteints de troub<strong>le</strong>s mentaux, en<br />

<strong>le</strong>s aidant à trouver la paix dans la nature.<br />

Island Nature Trust, un précieux partenaire<br />

de <strong>CNC</strong>, compte parmi <strong>le</strong>s plus anciens<br />

organismes de conservation de terres privées<br />

du Canada. Depuis sa fondation en 1979, il a<br />

assuré la protection de plus de 1 600 hectares<br />

(plus de 4 000 acres) de nature sauvage sur<br />

l’Î<strong>le</strong>-du-Prince-Édouard. Conscient du besoin<br />

particulier des anciens combattants d’être<br />

en contact avec la nature, l’organisme a offert<br />

à M. Coady d’utiliser sa plus grande aire<br />

protégée, qui regorge de forêts, de milieux<br />

humides, de sentiers et d’anciens chemins<br />

accessib<strong>le</strong>s aux personnes à mobilité réduite.<br />

« Il est généra<strong>le</strong>ment reconnu que l’on<br />

protège seu<strong>le</strong>ment ce que l’on aime. Et tenter<br />

de séparer <strong>le</strong>s gens de la nature ne fonctionne<br />

pas », souligne Megan Harris, directrice<br />

généra<strong>le</strong> du Island Nature Trust. « Nous<br />

ne sommes pas distincts de la nature. On y<br />

trouve des choses dont nous avons besoin.<br />

Ces besoins sont parfois exacerbés quand<br />

l’esprit a été éprouvé à l’extrême, comme<br />

dans <strong>le</strong> cas des anciens combattants. »<br />

Nature pour tous<br />

<strong>CNC</strong> a pour sa part élaboré un certain nombre<br />

de programmes pour accroître <strong>le</strong>s liens entre<br />

<strong>le</strong>s humains et la nature. Bénévo<strong>le</strong>s pour la<br />

conservation permet à des gens d’à travers <strong>le</strong><br />

pays de participer activement à la conservation,<br />

la restauration et la recherche sur des<br />

propriétés de <strong>CNC</strong>. De plus, avec ses quelque<br />

40 Destinations Nature (destinationsnature.<br />

ca), <strong>CNC</strong> donne accès à une série de propriétés<br />

prêtes à accueillir des randonneurs enthousiastes,<br />

des ornithologues amateurs et<br />

même des personnes qui commencent tout<br />

juste à s’intéresser à la nature.<br />

« Nous sommes ravis de partager ces lieux<br />

avec des gens de tous <strong>le</strong>s niveaux d’habi<strong>le</strong>té<br />

et d’expérience, afin de <strong>le</strong>s encourager à tisser<br />

des liens avec la nature », affirme Erica<br />

Thompson, directrice de la mobilisation à<br />

<strong>CNC</strong>. Pour <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s amis, <strong>le</strong> grand air<br />

est rassemb<strong>le</strong>ur et permet de mieux<br />

apprécier la nature et l’importance de<br />

prendre soin de ces lieux si uniques. Mon récent<br />

passage en Gaspésie, au Québec, où j’ai<br />

notamment visité la Destination Nature de<br />

Pointe-Saint-Pierre, m’a permis de confirmer à<br />

quel point il est important pour moi de passer<br />

du temps dans la nature, de me déconnecter<br />

des appareils é<strong>le</strong>ctroniques et d’apprécier la<br />

curiosité et l’inspiration que me procure <strong>le</strong><br />

temps bien investi à l’extérieur. »<br />

<strong>CNC</strong> encourage la population à explorer ses<br />

Destinations Nature en personne et en ligne.<br />

Les visiteurs peuvent y pratiquer diverses activités<br />

: randonnée, canot, kayak, photographie<br />

et observation de la faune et de la flore. De<br />

Victoria à St. John’s, des propriétés situées en<br />

milieux urbain et rural sont ouvertes à tous.<br />

Avec ce programme, <strong>CNC</strong> vise plusieurs<br />

objectifs. Il espère amener <strong>le</strong>s gens à profiter<br />

des bienfaits physiques et mentaux qui accompagnent<br />

<strong>le</strong> fait d’être actif dans la nature, mais<br />

aussi à avoir une meil<strong>le</strong>ure appréciation des services<br />

écologiques que fournit la nature (comme<br />

l’air et l’eau purs), et à saisir l’importance de la<br />

conserver pour <strong>le</strong>s générations futures.<br />

Que ce soit pour <strong>le</strong>s adeptes d’intérieur,<br />

<strong>le</strong>s amoureux de la nature, ou <strong>le</strong>s personnes<br />

qui se situent entre <strong>le</strong>s deux, <strong>CNC</strong> souhaite<br />

rendre la nature plus accessib<strong>le</strong>. Tous sont<br />

encouragés à visiter quiznature.ca pour<br />

répondre à six questions qui <strong>le</strong>ur donnera<br />

un « Score Nature » révélant <strong>le</strong>ur lien à la<br />

nature. Ils pourront ensuite s’inscrire pour<br />

recevoir des conseils d’un « Coach Nature »<br />

virtuel pour avoir une vie plus heureuse et<br />

en santé en ajoutant à <strong>le</strong>ur horaire du temps<br />

en p<strong>le</strong>in air.<br />

Erica Thompson est aussi membre de<br />

#NaturePourTous Canada, une initiative de<br />

l’Union internationa<strong>le</strong> pour la conservation<br />

de la nature, qui vise à reconnecter <strong>le</strong>s humains<br />

avec ce qui reste de notre patrimoine<br />

naturel. La section canadienne est une coalition<br />

jeune mais croissante d’organisations<br />

non gouvernementa<strong>le</strong>s (ONG), de ministères,<br />

d’universitaires et, bien sûr, de représentants<br />

de <strong>CNC</strong>, qui apporte une diversité<br />

de disciplines à cette campagne.<br />

La séparation de l’être humain d’avec la<br />

nature a causé un tort monumental à l’esprit,<br />

au corps et à la biodiversité, une situation<br />

très bien soulignée par <strong>le</strong>s personnes mentionnées<br />

dans cet artic<strong>le</strong>. Pour un avenir sain<br />

et durab<strong>le</strong>, et par des programmes tels que<br />

ceux précédemment décrits, trouver des<br />

moyens de conserver la nature veut non seu<strong>le</strong>ment<br />

dire aider la nature, mais s’aider<br />

nous-mêmes. Depuis ce matin au parc provincial<br />

Pancake Bay, je suis plus enclin à<br />

prendre mes chaussures de randonnée que<br />

de l’aspirine, et beaucoup moins intéressé<br />

à passer cette bel<strong>le</strong> journée à l’intérieur.1<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 11


PROFIL<br />

D’ESPÈCE<br />

Tétras des<br />

armoises<br />

Au pays de l’armoise, dans l’ouest de l’Amérique du Nord,<br />

vit un oiseau dont la parade nuptia<strong>le</strong> est l’un des spectac<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s plus incroyab<strong>le</strong>s que la nature sauvage puisse offrir.<br />

ALAMY STOCK PHOTO<br />

12 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


APPARENCE<br />

Le tétras des armoises a un plumage gris brunâtre<br />

sur <strong>le</strong> dos, et noir et blanc sur la queue. Le mâ<strong>le</strong><br />

adulte a une poitrine noire traversée d’une bande<br />

blanche ainsi qu’un collier de plumes blanches<br />

pointues. Sa queue est aussi munie de plumes<br />

pointues. Les deux sexes ont <strong>le</strong> ventre noir.<br />

Projet de rétablissement du tétras<br />

des armoises<br />

Bien que <strong>le</strong> tétras des armoises ait déjà été une espèce<br />

commune dans l’ouest des Prairies, on estime que sa population<br />

a chuté de 80 % au cours des 30 dernières années. Aujourd’hui,<br />

moins de 250 individus vivant en liberté subsistent dans <strong>le</strong><br />

sud-est de l’Alberta et <strong>le</strong> sud-ouest de la Saskatchewan.<br />

L’espèce a été désignée en voie de disparition au Canada en<br />

vertu de la Loi sur <strong>le</strong>s espèces en péril, principa<strong>le</strong>ment en raison<br />

de la perte, la fragmentation et la dégradation des prairies<br />

indigènes dues à l’exploration pétrolière et gazière et à la<br />

transformation de prairies en terres agrico<strong>le</strong>s.<br />

AIRE DE DISTRIBUTION<br />

Cette espèce se trouve dans l’ouest de l’Amérique<br />

du Nord, dans <strong>le</strong>s zones où pousse l’armoise<br />

(plante herbacée), comme <strong>le</strong> sud-est de l’Alberta<br />

et <strong>le</strong> sud-ouest de la Saskatchewan. En Colombie-<br />

Britannique, cet oiseau est désigné disparu.<br />

FESTIVAL DE DANSE<br />

Chaque printemps, des tétras des armoises se<br />

rassemb<strong>le</strong>nt dans ce qu’il est convenu d’appe<strong>le</strong>r<br />

des arènes de reproduction (ou <strong>le</strong>ks), où <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s<br />

se livrent à des parades nuptia<strong>le</strong>s spectaculaires<br />

destinées aux femel<strong>le</strong>s. Lorsque <strong>le</strong> mâ<strong>le</strong> se pavane, il<br />

gonf<strong>le</strong> et dégonf<strong>le</strong> ses sacs gulaires (sous la gorge)<br />

en produisant un son sec, rejette sa tête en arrière,<br />

déploie ses ai<strong>le</strong>s et éta<strong>le</strong> sa queue en éventail.<br />

ARMOISE<br />

Les populations de tétras des armoises dépendent<br />

des prairies peuplées d’armoise. Pendant l’été,<br />

cette plante herbacée représente plus de 60 % de<br />

l’alimentation des adultes, en plus de f<strong>le</strong>urs et de<br />

bourgeons d’herbes non graminéennes. En hiver,<br />

l’armoise compose la totalité de l’alimentation<br />

de l’espèce.<br />

AIDEZ <strong>CNC</strong> À PROTÉGER CETTE ESPÈCE<br />

Pour savoir comment vous pouvez aider à protéger<br />

l’habitat du tétras des armoises et celui d’autres<br />

espèces, visitez conservationdelanature.ca<br />

En 2014, des fonds fédéraux et provinciaux ont été octroyés<br />

pour appuyer la protection du tétras des armoises, ce qui<br />

a permis au Zoo de Calgary de mettre sur pied un programme<br />

de reproduction et de réintroduction de l’espèce.<br />

En 2016, <strong>le</strong> zoo a ouvert <strong>le</strong> premier centre de reproduction du<br />

tétras des armoises au Canada, nommé Snyder-Wilson Family<br />

Greater Sage-Grouse Pavilion. Depuis, <strong>le</strong> zoo a établi une<br />

population reproductrice viab<strong>le</strong> de 54 individus.<br />

À l’<strong>automne</strong> 2018, <strong>le</strong> Zoo de Calgary a procédé à la remise en<br />

liberté de 66 tétras des armoises sur 2 sites protégés. Celui situé<br />

au sein du parc national des Prairies, en Saskatchewan, a été<br />

fourni par Parcs Canada; l’autre se trouve dans <strong>le</strong> sud-est de<br />

l’Alberta, sur une terre conservée par <strong>CNC</strong>.<br />

Le Bell-Sage-Grouse Legacy Project<br />

(« Projet patrimonial Bell-Sage-Grouse »)<br />

Mme Barbara Bell était une donatrice bienveillante qui a inclus<br />

dans son testament un don à <strong>CNC</strong>. Son souhait était que ce don<br />

contribue à la conservation du patrimoine naturel tout en aidant<br />

au rétablissement d’une espèce en voie de disparition. Avec ce don,<br />

<strong>CNC</strong> a pu investir dans un nouveau site de conservation entouré de<br />

prairie indigène, un habitat de choix pour <strong>le</strong> tétras des armoises.<br />

Cette propriété portera <strong>le</strong> nom de Bell-Sage-Grouse Legacy Project.<br />

L’héritage de Mme Bell sera géré avec soin pour appuyer <strong>CNC</strong><br />

dans son travail de restauration de l’habitat et d’intendance<br />

continue de ce site ainsi que d’autres tout aussi vitaux.<br />

Le Bell-Sage-Grouse Legacy Project était au départ une terre<br />

qui n’avait pas été cultivée pendant environ 5 ans. Dans <strong>le</strong>s<br />

prochaines années, <strong>CNC</strong> y procédera à la restauration d’une<br />

parcel<strong>le</strong> de 65 hectares (160 acres). Ce travail est un effort<br />

col<strong>le</strong>ctif appuyé par l’Alberta Conservation Association et<br />

Alberta Environment and Parks.<br />

<strong>CNC</strong> est impatient de voir cette terre redevenir une prairie<br />

indigène qui procurera un habitat à long terme pour <strong>le</strong> tétras<br />

des armoises et d’autres espèces indigènes des prairies.<br />

Grâce à cet investissement, <strong>le</strong>s retombées du généreux soutien<br />

de Barbara Bell seront ressenties à travers la prairie albertaine, et<br />

ce, pour des générations à venir.1<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 13


<strong>CNC</strong><br />

À L’ŒUVRE<br />

1<br />

À l’écoute des chauves-souris<br />

SASKATCHEWAN<br />

2<br />

1<br />

MERCI!<br />

Votre appui a permis la réalisation de<br />

ces projets. Pour en savoir plus, visitez :<br />

conservationdelanature.ca/nous-trouver.<br />

À l’écoute des chauves-souris, dans <strong>le</strong> centre<br />

de la Saskatchewan.<br />

3<br />

La petite chauve-souris brune et la chauve-souris nordique sont toutes deux<br />

désignées en voie de disparition au Canada, et ce, en raison du déclin<br />

dévastateur de <strong>le</strong>urs populations de l’est du pays, causé par <strong>le</strong> syndrome<br />

du museau blanc, une maladie fongique introduite.<br />

Le champignon responsab<strong>le</strong> de cette maladie se propage vers l’ouest, mais n’a<br />

pas encore été documenté en Saskatchewan. Il est donc urgent de dresser l’état<br />

des populations de ces deux chauves-souris dans cette province, et de déterminer<br />

quels types d’habitats el<strong>le</strong>s utilisent à différents stades de <strong>le</strong>ur cyc<strong>le</strong> de vie.<br />

En menant des inventaires acoustiques, l’équipe de Conservation de la nature<br />

Canada (<strong>CNC</strong>) de la région de la Saskatchewan améliore ses connaissances<br />

des espèces présentes sur <strong>le</strong>s propriétés de l’organisme. À l’aide d’un détecteur<br />

d’ultrasons, utilisé dans <strong>le</strong>s zones où ces chauves-souris sont susceptib<strong>le</strong>s de se<br />

trouver (étendues d’eau et sentiers forestiers), des employés de <strong>CNC</strong> enregistrent <strong>le</strong>s<br />

signaux d’écholocation qu’el<strong>le</strong>s émettent en p<strong>le</strong>in vol ou en chassant des insectes.<br />

Les cris d’écholocation sont spécifiques à chaque espèce. En analysant <strong>le</strong>s<br />

ultrasons des chauves-souris sur chaque propriété, nous pouvons donc déterminer<br />

quel<strong>le</strong>s espèces sont présentes et <strong>le</strong> niveau d’activité de chacune. Nous avons<br />

jusqu’à présent mené des inventaires sur huit propriétés de la province et documenté<br />

chacune des huit espèces présentes en Saskatchewan, incluant la petite<br />

chauve-souris brune et la chauve-souris nordique.<br />

À l’été 2018, nous avons lancé un projet visant à déterminer où ces deux espèces<br />

en voie de disparition trouvaient des habitats dans <strong>le</strong>s forêts de tremb<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s forêts<br />

mixtes du centre de la Saskatchewan. Leur présence a été confirmée, mais on ne sait<br />

pas avec précision quel<strong>le</strong>s zones et quels types d’habitats el<strong>le</strong>s utilisent, et à quel<strong>le</strong>s<br />

fins (par exemp<strong>le</strong>, comme aires de repos de jour ou colonie de maternités). Après<br />

avoir attrapé des chauves-souris à l’aide de fi<strong>le</strong>ts soup<strong>le</strong>s conçus pour la capture<br />

d’animaux volants, nous <strong>le</strong>s munissons d’émetteurs radio. El<strong>le</strong>s sont par la suite<br />

suivies jusqu’à <strong>le</strong>urs aires de repos qui peuvent alors être caractérisées.<br />

La petite chauve-souris brune et la chauve-souris nordique utilisent des cavités<br />

d’arbres pour se reposer. En comparant ces arbres à d’autres trouvés sur <strong>le</strong> territoire,<br />

on peut identifier ceux dont se servent ces espèces. Cette information peut<br />

aider <strong>CNC</strong> à adapter ses plans de gestion dans <strong>le</strong>s zones fréquentées par ces<br />

chauve-souris afin de contribuer à <strong>le</strong>ur protection et <strong>le</strong>ur rétablissement.<br />

Vous aussi pouvez aider ces espèces en adhérant à Chauves-souris aux abris<br />

(chauve-souris.ca), dont l’objectif est de documenter et de suivre <strong>le</strong>s colonies de<br />

chauves-souris au Canada. Les données recueillies permettent aux scientifiques de<br />

suivre <strong>le</strong>s populations et la répartition des chauves-souris, et de déterminer si <strong>le</strong>s<br />

populations sont stab<strong>le</strong>s ou en croissance, ou si el<strong>le</strong>s ont besoin que des mesures de<br />

conservation soient adoptées.<br />

SARAH LUDLOW.<br />

Déterminer l’âge d’une chauve-souris : Les ai<strong>le</strong>s des adultes ont une articulation fusionnée<br />

qui ne se trouve pas chez <strong>le</strong>s juvéni<strong>le</strong>s. Un éclairage à contre-jour permet de distinguer<br />

cette caractéristique.<br />

14 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


À PARTIR D’EN HAUT : STEVE OGLE. STEVE OGLE. ALAMY.<br />

2<br />

Compléter <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au de Darkwoods<br />

COLOMBIE-BRITANNIQUE<br />

Lorsque <strong>CNC</strong> a acquis la propriété de Darkwoods en 2008, nous<br />

savions que cet accomplissement majeur demeurait incomp<strong>le</strong>t. En<br />

effet, malgré sa vaste superficie, soit plus de 550 km 2 , une parcel<strong>le</strong><br />

manquait en son centre.<br />

Pour Tom Swann, directeur des projets stratégiques et des<br />

dons majeurs à <strong>CNC</strong>, cette parcel<strong>le</strong> était un élément central de<br />

notre vision du projet Darkwoods. Selon lui, il s’agissait de savoir<br />

quand, et non pas si, <strong>CNC</strong> allait acquérir cette terre non protégée<br />

au coeur de cette importante aire de conservation.<br />

« Peu importe à qui nous parlions du projet, dès qu’une personne<br />

regardait la carte de Darkwoods, el<strong>le</strong> pointait du doigt immédiatement<br />

<strong>le</strong> trou et demandait : qu’est-ce que c’est? Qu’adviendra-t-il<br />

de cette parcel<strong>le</strong>? » se rappel<strong>le</strong> Tom Swann.<br />

Dix ans après <strong>le</strong> premier projet de conservation à Darkwoods,<br />

<strong>le</strong>s planètes se sont alignées pour comb<strong>le</strong>r ce trou; <strong>le</strong>s propriétaires<br />

étaient prêts à vendre <strong>le</strong>ur terre. Grâce à la relation de<br />

confiance créée au fil du temps avec <strong>le</strong>s employés de <strong>CNC</strong>, ils ont<br />

opté pour une vente plutôt que d’autres options qui auraient laissé<br />

la porte ouverte à des projets de développement non durab<strong>le</strong>.<br />

Le territoire nouvel<strong>le</strong>ment conservé englobe presque tout <strong>le</strong> bassin<br />

versant Next Creek où se trouvent des parcel<strong>le</strong>s d’anciennes forêts<br />

pluvia<strong>le</strong>s tempérées qui fournissent des habitats essentiels au grizzly,<br />

au carcajou, au wapiti, à l’omb<strong>le</strong> à tête plate (un poisson) et à<br />

d’autres espèces sauvages. Ces forêts exceptionnel<strong>le</strong>s sont parfois<br />

appelées « forêt de neige », car <strong>le</strong>ur humidité provient principa<strong>le</strong>ment<br />

de l’accumulation de neige. El<strong>le</strong>s abritent la plus grande diversité<br />

d’arbres en Colombie-Britannique. Ces terres, comme l’ensemb<strong>le</strong> de la propriété<br />

Darkwoods, sont un refuge pour <strong>le</strong> pin à écorce blanche, une espèce en voie de disparition.<br />

« La conservation du bassin versant Next Creek et l’expansion de l’aire de conservation<br />

Darkwoods représentaient une occasion incroyab<strong>le</strong> de concrétiser une vision en conservation<br />

qui remonte à une décennie, mentionne Nancy Newhouse, vice-présidente régiona<strong>le</strong> à <strong>CNC</strong> pour la<br />

Colombie-Britannique. Nous sommes si reconnaissants envers toutes <strong>le</strong>s personnes et <strong>le</strong>s organisations<br />

qui ont crû en cette vision que nous avions d’avoir un impact d’importance mondia<strong>le</strong> en matière<br />

de conservation.<br />

Apprenez-en plus sur <strong>le</strong>s personnes et <strong>le</strong>s organisations qui ont contribué à la réalisation de ce projet en consultant<br />

natureconservancy.ca/bc (en anglais).<br />

3<br />

Une réserve naturel<strong>le</strong> créée grâce à une famil<strong>le</strong><br />

ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD<br />

Grâce à une famil<strong>le</strong> bien connue de l’Î<strong>le</strong>-du-Prince-Édouard, <strong>CNC</strong> conserve maintenant 91 hectares<br />

(226 acres) de milieux humides et de forêts de feuillus rares à Kingsboro, près de Souris. La propriété<br />

a été donnée par Camilla MacPhee et sa famil<strong>le</strong>, en mémoire de Melvin MacPhee, l’époux de Camilla.<br />

Melvin MacPhee a commencé à travail<strong>le</strong>r à 13 ans à l’épicerie de ses parents (plus tard nommée<br />

Clover Farm). Dans <strong>le</strong>s années 1980, il a développé <strong>le</strong> centre commercial de Souris (Souris Mall),<br />

ce qui a fait de lui l’un des principaux employeurs de la localité. Reconnu comme un chef d’entreprise<br />

soucieux de sa col<strong>le</strong>ctivité, M. MacPhee a été intronisé au Temp<strong>le</strong> de la renommée du commerce de<br />

l’Î<strong>le</strong>-du-Prince-Édouard en 2005. Il est décédé en 2010, à l’âge de 79 ans.<br />

La réserve naturel<strong>le</strong> Mel et Camilla MacPhee abrite une vaste tourbière non perturbée, un type de<br />

milieu humide d’eau douce rare sur l’î<strong>le</strong>. La tourbière est entourée d’une forêt mature d’érab<strong>le</strong>s rouges,<br />

d’érab<strong>le</strong>s à sucre et de bou<strong>le</strong>aux jaunes, une combinaison de feuillus indigènes désormais peu commune<br />

à l’Î.-P.-É. La région fournit un habitat au pioui de l’Est, un oiseau figurant sur la liste de la Loi sur <strong>le</strong>s<br />

espèces en péril du Canada, ainsi qu’à de nombreux végétaux rares à l’échel<strong>le</strong> provincia<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong><br />

géranium de Robert et <strong>le</strong> tril<strong>le</strong> penché.<br />

P<strong>le</strong>ins feux sur<br />

nos partenaires<br />

Le Groupe Banque TD appuie<br />

Conservation de la nature Canada<br />

(<strong>CNC</strong>) par l’entremise de sa<br />

plateforme d’entreprise citoyenne,<br />

La promesse Prêts à agir, en tant<br />

que commanditaire principal de<br />

Ici, on par<strong>le</strong> nature (NatureTalks).<br />

Cette série de conférences se rend<br />

dans plusieurs vil<strong>le</strong>s à travers <strong>le</strong> pays<br />

pour offrir un contenu qui suscite la<br />

réf<strong>le</strong>xion et des discussions animées<br />

par des groupes d’experts de<br />

différents horizons. En tant que<br />

commanditaire principal, TD appuie<br />

un vaste réseau de <strong>le</strong>aders au sein<br />

des communautés et de citoyens<br />

socia<strong>le</strong>ment engagés qui se<br />

réunissent pour explorer et mettre<br />

en va<strong>le</strong>ur la nature, qui est à la fois<br />

une ressource, une source d’inspiration<br />

et un milieu qui soutient la vie.<br />

Avec La promesse Prêts à agir,<br />

TD aspire à utiliser ses activités<br />

financières, philanthropiques<br />

et son personnel pour aider à<br />

améliorer la qualité de l’environnement<br />

pour que <strong>le</strong>s gens et<br />

l’économie puissent prospérer.<br />

Cela fait partie de son engagement<br />

à contribuer à la création<br />

d’un avenir plus inclusif<br />

et durab<strong>le</strong>.<br />

Le Groupe Banque TD et sa<br />

fondation nationa<strong>le</strong>, la Fondation<br />

TD des amis de l’environnement,<br />

appuient <strong>CNC</strong> depuis plus de<br />

30 ans. De 2012 à 2016, TD et <strong>CNC</strong><br />

ont œuvré ensemb<strong>le</strong> à la protection<br />

de forêts partout au Canada. TD a<br />

ainsi aidé <strong>CNC</strong> à protéger plus de<br />

40 000 acres (16 000 hectares) dans<br />

7 des 8 régions forestières du pays.<br />

De la forêt côtière de la Colombie-<br />

Britannique, en passant par la forêt<br />

boréa<strong>le</strong> de la Saskatchewan,<br />

jusqu’à la forêt acadienne de la<br />

Nouvel<strong>le</strong>-Écosse, l’appui du<br />

programme Forêts TD a aidé <strong>CNC</strong><br />

à protéger des habitats essentiels<br />

dans <strong>le</strong>s 10 provinces canadiennes.<br />

Pour en savoir plus sur<br />

l’engagement de TD, visitez<br />

td.com/planetedynamique<br />

conservationdelanature.ca


UNE FORCE POUR<br />

LA NATURE<br />

Qui se<br />

ressemb<strong>le</strong><br />

s’assemb<strong>le</strong><br />

Le professeur Ryan Norris, récemment nommé scientifique principal<br />

– famil<strong>le</strong> Weston, à Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>), mène la<br />

conservation vers de nouveaux sommets.<br />

MIKE FORD.<br />

16 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


Au Nouveau-Brunswick, dans la baie de<br />

Fundy, une prairie ouverte couvre <strong>le</strong>s<br />

80 hectares (200 acres) de l’î<strong>le</strong> Kent, voisine<br />

de l’î<strong>le</strong> Grand Manan. Chaque printemps pendant<br />

12 ans, c’est sur une parcel<strong>le</strong> de terre de seu<strong>le</strong>ment<br />

300 m 2 de cette î<strong>le</strong> pittoresque qu’on pouvait trouver<br />

Ryan Norris.<br />

Bruant des prés<br />

ROBERT MCCAW.<br />

« Debout au milieu de mon site d’étude, je pouvais voir l’océan de<br />

chaque côté, se rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> professeur agrégé de la faculté de biologie<br />

intégrative de l’Université Guelph, en Ontario. Il m’arrivait parfois de<br />

voir passer des ba<strong>le</strong>ines. »<br />

À l’époque, Ryan Norris assurait <strong>le</strong> suivi de l’évolution de la<br />

population de bruants des prés, dans <strong>le</strong> cadre d’une étude sur quatre<br />

décennies de l’écologie des populations de cet oiseau. Entreprise par<br />

l’ornithologue américain Nat Wheelwright, cette étude est maintenant<br />

soutenue par M. Norris et son laboratoire de recherche. C’est sur l’î<strong>le</strong><br />

Kent, à l’entrée de la baie de Fundy, qu’il a approfondi sa compréhension<br />

du rô<strong>le</strong> des oiseaux migrateurs dans la perspective plus globa<strong>le</strong><br />

de la conservation, et dans <strong>le</strong> contexte des changements climatiques.<br />

Commentant <strong>le</strong>s résultats de ses recherches, il affirme : « Nos<br />

oiseaux disparaissent. »<br />

« En début de carrière, je ne me considérais pas comme un biologiste<br />

de la conservation. Aujourd’hui, <strong>le</strong>s spécialistes de l’écologie n’ont pas <strong>le</strong><br />

choix; nous devons tous être des biologistes de la conservation. Comme<br />

<strong>le</strong> climat change rapidement, il n’y a plus de séparation entre l’écologie<br />

[étude des espèces et <strong>le</strong>urs relations avec l’environnement] et la biologie<br />

de la conservation [étude de la sauvegarde des espèces] explique-t-il.<br />

Voilà pourquoi je suis ici, à Conservation de la nature Canada. »<br />

Au printemps dernier, M. Norris a été nommé scientifique principal<br />

– famil<strong>le</strong> Weston, à <strong>CNC</strong>. Dans ses fonctions, il sera tenu d’appliquer la<br />

recherche en conservation à ce qui est sans contredit <strong>le</strong> problème <strong>le</strong> plus<br />

urgent de notre époque : la protection des végétaux et des animaux,<br />

ainsi que des habitats naturels dont ils ont besoin pour survivre.<br />

C’est excitant pour des gens de tous <strong>le</strong>s<br />

horizons de pouvoir contribuer à la science<br />

de la conservation et d’y participer.<br />

M. Norris assurera <strong>le</strong> développement et la direction du programme<br />

de bourses en conservation de la famil<strong>le</strong> Weston, destiné à appuyer<br />

<strong>le</strong>s futurs <strong>le</strong>aders de la conservation. Ce programme offrira des expériences<br />

concrètes aux diplômés qui étudient <strong>le</strong>s espèces en péril, <strong>le</strong>s<br />

espèces envahissantes ou la conservation efficace.<br />

« Je vois ce programme comme un moyen de former et de guider<br />

la prochaine génération d’écologistes, expliquet-il. J’espère qu’il<br />

servira d’exemp<strong>le</strong> à l’échel<strong>le</strong> mondia<strong>le</strong> pour la formation des futurs<br />

<strong>le</strong>aders de la conservation. » M. Norris possède de l’expérience à<br />

titre d’écologiste et de <strong>le</strong>ader en recherche sur <strong>le</strong>s oiseaux migrateurs<br />

et <strong>le</strong>s papillons monarques. Il a mis sur pied son laboratoire de<br />

recherche à l’Université Guelph en 2006, afin d’étudier <strong>le</strong>s effets de<br />

la variabilité des saisons sur <strong>le</strong>s espèces migratrices et résidentes,<br />

comme cel<strong>le</strong>s présentes au Canada.<br />

Communicateur scientifique efficace,<br />

M. Norris espère expliquer <strong>le</strong>s impacts<br />

des changements climatiques sur <strong>le</strong>s<br />

espèces migratrices. « La conservation de<br />

ces espèces dépend de nos connaissances<br />

sur <strong>le</strong>urs destinations et sur comment <strong>le</strong>s<br />

changements climatiques influencent <strong>le</strong>ur<br />

survie, mentionne-t-il. Dans mon travail à<br />

<strong>CNC</strong>, j’espère renforcer <strong>le</strong>s collaborations<br />

avec <strong>le</strong>s partenaires universitaires, développer<br />

nos connaissances sur <strong>le</strong>s espèces et utiliser<br />

cette information pour prendre des décisions<br />

fondées sur des données probantes pour<br />

mieux conserver nos milieux naturels à<br />

travers <strong>le</strong> Canada. »<br />

M. Norris croît que tout <strong>le</strong> monde peut<br />

contribuer à la protection des habitats et des<br />

espèces qui y vivent. Les occasions pour <strong>le</strong>s<br />

citoyens scientifiques de participer aux efforts<br />

de conservation au Canada n’ont jamais été si<br />

nombreuses. Avec <strong>le</strong>s applications mobi<strong>le</strong>s<br />

comme eBird et iNaturalist, <strong>le</strong>s gens peuvent<br />

faci<strong>le</strong>ment soumettre <strong>le</strong>urs observations d’espèces<br />

à ces importantes bases de données.<br />

« Les données partagées par <strong>le</strong> public sont<br />

utilisées pour des recherches de haut niveau.<br />

El<strong>le</strong>s s’ajoutent aux données utilisées par <strong>le</strong>s<br />

scientifiques pour reconstituer <strong>le</strong>s informations<br />

sur <strong>le</strong>s comportements, <strong>le</strong>s habitats et <strong>le</strong>s<br />

mouvements migratoires des espèces, explique<br />

M. Norris. C’est excitant pour des gens de tous<br />

<strong>le</strong>s horizons de pouvoir contribuer à la science<br />

de la conservation et d’y participer. »<br />

Bien qu’il ait interrompu ses travaux dans<br />

la baie de Fundy pour travail<strong>le</strong>r sur d’autres<br />

projets de recherche, Ryan Norris se remémore<br />

avec émotion <strong>le</strong>s moments passés sur<br />

l’î<strong>le</strong> Kent, tant sur <strong>le</strong> plan professionnel que<br />

personnel. « J’ai regardé ma fil<strong>le</strong> grandir sur<br />

cette î<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> avait cinq mois lorsqu’el<strong>le</strong><br />

l’a visitée pour la première fois. Maintenant,<br />

el<strong>le</strong> a six ans. Ça demeure un de mes endroits<br />

favoris. D’ail<strong>le</strong>urs, j’en reviens tout juste. »1<br />

Le poste de scientifique principal – famil<strong>le</strong> Weston et <strong>le</strong><br />

programme de bourses en conservation de la famil<strong>le</strong><br />

Weston ont été créés grâce à la générosité de la<br />

W. Garfield Weston Foundation.<br />

conservationdelanature.ca<br />

AUTOMNE <strong>2019</strong> 17


GRANDEUR<br />

NATURE<br />

Contes, cou<strong>le</strong>uvres et camping<br />

Chris Fisher, auteur, cinéaste et animateur télé<br />

ICI, ON PARLE NATURE<br />

(NatureTalks)<br />

Chris Fisher compte<br />

parmi <strong>le</strong>s conférenciers<br />

des soirées Ici, on par<strong>le</strong><br />

nature qui auront lieu<br />

cet <strong>automne</strong>.<br />

Pour en savoir plus :<br />

conservationdela<br />

nature.ca/icionpar<strong>le</strong><br />

nature.<br />

En traversant <strong>le</strong>s prairies albertaines en voiture,<br />

on voit l’horizon s’étendre presque à perte de vue.<br />

Le paysage est plat, comme une peau tendue, et<br />

couvert de prairies parmi <strong>le</strong>s plus riches au Canada.<br />

Cel<strong>le</strong>s-ci constituent un des écosystèmes <strong>le</strong>s plus menacés<br />

au monde. Alors que nous parcourons ce paysage, rien<br />

ne nous prépare pour notre premier coup d’œil sur <strong>le</strong> site<br />

de Writing-on-Stone/Áísínai’pi. Après avoir passé la crête<br />

dominant la vallée de la rivière Milk, <strong>le</strong>s cheminées de fées<br />

(hoodoos) apparaissent; on croirait voir l’ossature des<br />

prairies. Nous voici sur <strong>le</strong> territoire du peup<strong>le</strong> Blackfoot,<br />

où <strong>le</strong>s pétroglyphes, ces motifs gravés sur des parois<br />

rocheuses, racontent <strong>le</strong>s récits de plusieurs générations<br />

et justifient l’ajout du site sur la liste du patrimoine<br />

mondial de l’UNESCO. Tout comme <strong>le</strong> vent a façonné <strong>le</strong>s<br />

cheminées de fées emblématiques, cel<strong>le</strong>s-ci ont façonné<br />

l’imaginaire depuis des millénaires.<br />

En me remémorant mes nombreuses visites à Writingon-Stone<br />

alors que j’étais enfant, je réalise maintenant<br />

qu’en me perdant dans <strong>le</strong>s labyrinthes des cheminées de<br />

fées, j’allais à la rencontre de quelque chose en moi. En<br />

fréquentant un tel endroit, la bousso<strong>le</strong> de ma vie allait<br />

s’aligner avec <strong>le</strong>s oiseaux, <strong>le</strong>s insectes et <strong>le</strong> grand air.<br />

Je suis récemment retourné à Writing-on-Stone avec<br />

mes deux fils. C’était ma chance de <strong>le</strong>ur permettre de faire<br />

des découvertes dans ce lieu sacré. Sans <strong>le</strong> savoir, nous<br />

avions installé notre tente sur une « autoroute » de repti<strong>le</strong>s<br />

et d’amphibiens. Des cou<strong>le</strong>uvres à nez mince des Prairies,<br />

des cou<strong>le</strong>uvres rayées, et même un crota<strong>le</strong>, ont traversé<br />

notre site, se déplaçant de <strong>le</strong>ur hibernac<strong>le</strong> (habitat d’hiver)<br />

situé à l’intérieur des terres à <strong>le</strong>ur aire d’estivage (habitat<br />

d’été) sur <strong>le</strong>s berges de la rivière.<br />

Alors que la plupart de ces serpents n’ont fait que<br />

passer, sans tambour ni trompette, deux d’entre eux nous<br />

ont offert tout un spectac<strong>le</strong>. Nous avons pu observer à<br />

distance un jeune crota<strong>le</strong>, avant qu’un employé du parc<br />

<strong>le</strong> déplace avec précaution. Plus tard, j’ai fait <strong>le</strong>s<br />

présentations officiel<strong>le</strong>s entre mes garçons (et une fou<strong>le</strong><br />

de curieux) et une cou<strong>le</strong>uvre à nez mince des Prairies<br />

pendant qu’el<strong>le</strong> s’enroulait doucement dans mes bras.<br />

J’ai partagé avec eux mes connaissances sur ce serpent,<br />

mais dans de tels moments, ce sont <strong>le</strong>s émotions, bien<br />

plus que <strong>le</strong>s faits qui donnent tout <strong>le</strong>ur sens à ce type<br />

d’expérience.<br />

Je suis fier que mes fils soient encore à l’aise quand ils<br />

croisent des serpents. Diffici<strong>le</strong> de savoir s’ils se souviendront<br />

de ce premier tête-à-tête avec une cou<strong>le</strong>uvre, mais<br />

il n’en demeure pas moins que ce sont des moments<br />

comme celui-là qui forgent notre personnalité et <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs<br />

qui la définissent.1<br />

CORY PROULX.<br />

18 AUTOMNE <strong>2019</strong> conservationdelanature.ca


Que laisserons-nous aux<br />

générations futures?<br />

Investissons où cela compte <strong>le</strong> plus<br />

Laissez votre signature, de Conservation de la nature Canada, est la plus vaste<br />

campagne de financement privée de l’histoire du pays pour la conservation<br />

des milieux naturels. Atteindre son objectif de 750 millions de dollars permettra<br />

de compléter 500 projets de conservation d’un océan à l’autre et à l’autre, et de<br />

protéger <strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>s espèces qui dépendent des habitats nouvel<strong>le</strong>ment<br />

conservés. Nous tenons à remercier tous nos donateurs et donatrices pour <strong>le</strong>ur<br />

appui à la campagne. Il n’est pas trop tard pour faire une contribution; ensemb<strong>le</strong>,<br />

nous pouvons atteindre notre objectif. Grâce à vous, nous conserverons plus<br />

de milieux naturels plus rapidement, connecterons plus de gens à la nature, et<br />

inspirerons la prochaine génération de <strong>le</strong>aders en conservation.<br />

Ensemb<strong>le</strong>, nous pouvons protéger<br />

<strong>le</strong> patrimoine naturel du Canada.<br />

Faites un don dès aujourd'hui à laissezvotresignature.ca


Laissez votre<br />

signature<br />

DE VOS<br />

NOUVELLES<br />

Merci de votre appui continu à la campagne Laissez votre signature!<br />

Le succès de la campagne Laissez votre signature ne serait pas possib<strong>le</strong><br />

sans votre appui. Ensemb<strong>le</strong>, nous avons jusqu’à maintenant amassé plus<br />

de 615 millions de dollars pour conserver plus de terres, connecter plus<br />

de Canadiens et de Canadiennes à la nature, et pour inspirer la prochaine<br />

génération de <strong>le</strong>aders de la conservation. Vous avez contribué à la<br />

réalisation de plus de 400 projets de conservation d’un océan à l’autre<br />

et à l’autre. Merci d’investir dans la nature.<br />

82 % ATTEINT<br />

AMASSER<br />

750 M$<br />

89 % ATTEINT<br />

CONSERVER<br />

500<br />

NOUVELLES PROPRIÉTÉS<br />

MERCI DE VOTRE APPUI.<br />

CONSERVATION DE LA NATURE CANADA<br />

1055, boul. René-Lévesque Est, 3 e étage, Montréal (QC) H2L 4S5<br />

Protégeons<br />

<strong>le</strong> paysage<br />

« J’ai reçu <strong>le</strong> numéro Printemps<br />

<strong>2019</strong> de votre publication. Je<br />

suis un ancien employé de Parcs<br />

Canada (à la retraite depuis six<br />

ans), et je participe encore activement<br />

à des sorties en p<strong>le</strong>in air.<br />

Je suis éga<strong>le</strong>ment bénévo<strong>le</strong> pour <strong>CNC</strong>, où j’assure la<br />

surveillance de la réserve naturel<strong>le</strong> MacFarlane Woods<br />

sur l’î<strong>le</strong> du Cap-Breton, en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse. Lorsque<br />

c’est possib<strong>le</strong>, je participe aussi à d’autres activités de<br />

<strong>CNC</strong> sur l’î<strong>le</strong> du Cap-Breton.<br />

J’ai été étonné et ravi de lire l’artic<strong>le</strong> sur la réserve de<br />

biosphère de Beaver Hills, en Alberta, car j’ai été un des<br />

premiers membres de la Beaver Hills Initiative (BHI), à<br />

titre de spécialiste en géomatique de Parcs Canada. Mon<br />

travail dans ce projet consistait à cartographier <strong>le</strong>s zones<br />

non perturbées à l’intérieur des limites de la réserve et à<br />

travail<strong>le</strong>r avec différents groupes internes pour planifier<br />

<strong>le</strong>s interventions en vue de protéger ce secteur.<br />

Je vous remercie d’avoir fait connaître la BHI, maintenant<br />

devenue Réserve de biosphère. J’ai présenté des artic<strong>le</strong>s<br />

sur la BHI et sur notre travail de protection du territoire<br />

au Canada et ail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong> monde. Nos actions ont été<br />

largement reconnues et reproduites dans différents lieux<br />

comme <strong>le</strong>s versants est près de Denver, au Colorado, dans<br />

<strong>le</strong> cadre de <strong>le</strong>ur planification de l’utilisation du territoire.<br />

Continuez votre excel<strong>le</strong>nt travail à travers <strong>le</strong> Canada. Je<br />

poursuivrai mon implication aussi longtemps que ma<br />

santé me <strong>le</strong> permettra. »<br />

~ Rod Thompson est un donateur mensuel depuis 2018<br />

Partagez vos histoires avec nous à <strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />

SENS HORAIRE, D’EN HAUT À GAUCHE : BRENT CALVER; COSTAL PRODUCTIONS; AVEC L’AUTORISATION DE ROD THOMPSON.

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