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Quand Dieu s'efface

Le christianisme est la lutte de ma vie, la passion de mon existence. Pourtant, je n’ai rien à en dire d’édifiant ou de définitif. Tout au plus puis-je balbutier quelques mots qui ne sont ni justes ni faux, mais miens… Juste une phrase, un samedi soir de neige, à Verviers, cité lainière morose en attente de résurrection: Si tu désires, c’est que tu es désiré par Quelqu’un. Je croyais que je cherchais, alors que c’était moi qui étais cherché. Je pensais mon désir absurde. Il m’était seulement inconnu. Je ne sais pas, je ne sais plus si je suis athée, croyant, agnostique, mystique, iconoclaste, renégat, disciple, toujours prêtre ou plus du tout. Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir. C’est même là mon seul acte de volonté. Je ne suis plus qu’un homme qui attend. V.F.

Le christianisme est la lutte de ma vie, la passion de mon existence.
Pourtant, je n’ai rien à en dire d’édifiant ou de définitif. Tout au plus puis-je balbutier quelques mots qui ne sont ni justes ni faux, mais miens…
Juste une phrase, un samedi soir de neige, à Verviers, cité lainière morose en attente de résurrection: Si tu désires, c’est que tu es désiré par Quelqu’un.
Je croyais que je cherchais, alors que c’était moi qui étais cherché.
Je pensais mon désir absurde. Il m’était seulement inconnu.
Je ne sais pas, je ne sais plus si je suis athée, croyant, agnostique, mystique, iconoclaste, renégat, disciple, toujours prêtre ou plus du tout.
Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir. C’est même là mon seul acte de volonté.
Je ne suis plus qu’un homme qui attend.
V.F.

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Vincent Flamand<br />

<strong>Quand</strong> <strong>Dieu</strong> s’efface…


<strong>Quand</strong> <strong>Dieu</strong> s’efface…


Vincent Flamand<br />

<strong>Quand</strong> <strong>Dieu</strong> s’efface…<br />

Préface d’Emmanuel Carrère<br />

« Béthanie »


Le tableau qui se trouve en couverture a été peint par Marcelle Monet-Petit, la<br />

grand-mère de la femme de l’auteur, qui vient de mourir à l’âge de 99 ans. Ce livre<br />

lui est bien entendu dédié.<br />

© 2019, Éditions jésuites<br />

Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur<br />

France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris<br />

www.editionsjesuites.com<br />

Dépôt légal : D.2019, 4323.18<br />

ISBN : 978-2-87356-835-1<br />

Maquette : Jean-Marie Schwartz<br />

Imprimé en France


À Catherine, mon amour, qui ignore combien<br />

elle a participé à l’écriture de ces pages.<br />

À Julie et Samuel, sans qui « je vois aveugle ».<br />

À Patrick Declerck, aiguillon de ce livre.<br />

À tous ceux qui…<br />

À la mémoire de Zoé, Jack Russel indomptable,<br />

merveilleux vivant.


Cher Vincent Flamand,<br />

Depuis combien de temps nous connaissons-nous ?<br />

Je viens de sonder la mémoire de ma messagerie, elle dit que<br />

nos premiers échanges datent de 2010. Vous m’aviez écrit une<br />

de ces lettres qu’on ne laisse pas sans réponse. J’ai lu le beau<br />

récit que vous veniez de consacrer à votre père : D’aussi loin<br />

que je me souvienne, il s’est toujours levé tôt, c’était assez<br />

pour qu’une correspondance s’engage. Quelquefois vous veniez<br />

à Paris, j’habitais et j’habite toujours pas loin de la gare du<br />

Nord, vous sonniez à ma porte, nous passions quelques heures<br />

à parler — de deux sujets : votre vie et le christianisme, et<br />

j’avais l’impression qu’au fond c’était le même sujet puisque<br />

votre vie, c’était une façon chaotique, douloureuse, de vivre le<br />

christianisme.<br />

7


<strong>Quand</strong> dieu s’efface…<br />

Vous avez beau avoir été prêtre, ou peut-être parce que<br />

vous l’avez été, vous faites partie de cette espèce de chrétiens<br />

qui suivent le Christ et pas l’Église, les Béatitudes et pas le<br />

Credo. Et puis vous en baviez. Vous n’en meniez pas large. Je<br />

m’inquiétais pour vous, il y avait de quoi, mais les seules gens<br />

qui m’importent vraiment, ce sont ceux pour qui je<br />

m’inquiète. Je connais vos gouffres, vos effrois, jusqu’à vos<br />

laideurs : la pudeur n’est pas votre fort plus que le mien.<br />

« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger » plutôt que<br />

« Never complain, never explain. » C’est une bonne façon<br />

d’aider son lecteur, son prochain, de lui dire, de préférence en<br />

détail, qu’on est comme lui un puits de misère — et qu’il y a<br />

peut-être <strong>Dieu</strong> au fond de ce puits.<br />

Oh la la, j’ai dit : « <strong>Dieu</strong> ». Le mot qui fâche, le mot que<br />

j’aime le moins utiliser, le mot qui n’est même pas un nom. Ce<br />

mot, vous l’avez mis dans le titre de votre livre — comme mon<br />

ami Hervé Clerc dans son remarquable <strong>Dieu</strong> par la face<br />

Nord. Et il me semble que, comme lui, vous avez écrit toutes<br />

ces pages, ces pages vibrantes et assoiffées, pour gagner le droit<br />

d’écrire : « <strong>Dieu</strong>, je ne voudrais pas le dire, mais le taire. »<br />

Je vous dis mon amitié, mon cher Vincent.<br />

Emmanuel Carrère<br />


— Cela parle de quoi ton livre ?<br />

— De <strong>Dieu</strong>.<br />

— Encore <strong>Dieu</strong> ! Pourquoi tu parles tout le temps de<br />

<strong>Dieu</strong> ?<br />

— Parce qu’il n’y a que cela qui m’intéresse.<br />

— Parce que nous, on ne t’intéresse pas ?<br />

— Bien sûr que si. <strong>Dieu</strong> et vous c’est un seul mystère.<br />

— N’importe quoi ! Nous on ne s’appelle pas <strong>Dieu</strong>.<br />

— Vous êtes, Maman, ton frère et toi, les personnes que<br />

j’aime le plus au monde. Et <strong>Dieu</strong>, je t’ai dit l’autre jour<br />

que, pour moi, il était Amour. Parler de <strong>Dieu</strong>, c’est donc,<br />

d’une certaine manière, parler de nous.<br />

— N’importe quoi ! la dernière fois qu’on en a parlé, tu<br />

m’as dit que <strong>Dieu</strong> ce n’était pas un vieillard barbu en train<br />

de nous regarder perdu sur son nuage, mais un ruisseau.<br />

9


<strong>Quand</strong> dieu s’efface…<br />

— Je t’ai dit que le ruisseau c’était une belle image de<br />

<strong>Dieu</strong>, source d’amour, courant de tendresse, trinité…<br />

(Elle me coupe.)<br />

— Pour moi, Papa, <strong>Dieu</strong> c’est un nuage.<br />

(Dialogue avec Julie, ma fille de 9 ans.)<br />

Mais maintenant tu m’interroges et me dis : « Comment<br />

vais-je penser à <strong>Dieu</strong> et qui est-Il ? » et à cela je ne puis<br />

te répondre que ceci : « Je n’en sais rien » (Auteur<br />

inconnu du XIV e siècle, Le nuage d’Inconnaissance,<br />

chapitre 6).<br />


Cher Jean,<br />

Quelle étrange idée ! Publier des lettres écrites par un<br />

inconnu pour un anonyme, des jaillissements gratuits destinés<br />

à rester secrets. Lorsque, devant un café-chou à la<br />

crème, dans notre repaire namurois, tu m’as demandé à lire<br />

ces textes, j’ai d’abord refusé, par peur ou pudeur, avant de<br />

céder devant ton insistance. Tu sais être très persuasif quand<br />

tu veux ! Tu m’as dit que des gens entreraient en résonance<br />

avec le combat, la blessure intime, l’interrogation radicale<br />

qu’est pour moi le christianisme. Que tu entendais dans mes<br />

propos singuliers quelque chose du tremblement de notre<br />

époque. Je m’en suis donc remis à ton jugement. Je t’ai fait<br />

confiance. Ces lettres, dont j’ai vécu l’écriture comme une<br />

réelle expérience — fascinante, heureuse et douloureuse —<br />

11


En lecture partielle…


Table des matières<br />

Lettre-préface, par Emmanuel Carrère …………………… 7<br />

Lettre à mon éditeur …………………………………… 11<br />

La grâce de ne plus savoir qui je suis ……………………… 15<br />

Ce grand silence qu’on appelle <strong>Dieu</strong> …………………… 25<br />

Trop grande pour moi, la douleur ……………………… 31<br />

Que rien de nous ne soit nié ……………………………… 37<br />

Comme un alléluia déchiré ……………………………… 43<br />

C’est donc si simple et si pauvre, <strong>Dieu</strong> ? ………………… 51<br />

Un signe de croix dans le noir …………………………… 61<br />

<strong>Dieu</strong> n’aime pas les mini-jupes …………………………… 75<br />

<strong>Dieu</strong> brille par son absence ……………………………… 85<br />

107


<strong>Quand</strong> dieu s’efface…<br />

À qui demander de l’aide quand c’est l’Amour qu’on fuit ?… 95<br />

Épilogue ………………………………………………… 103<br />

Table des matières ……………………………………… 107<br />

•<br />

Achevé d’imprimer en octobre 2019<br />

sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery<br />

58500 Clamecy<br />

Dépôt légal : octobre 2019<br />

Numéro d’impression : XXXXXX<br />

Imprimé en France<br />

La Nouvelle Imprimerie Laballery est titulaire de la marque Imprim’Vert®


<strong>Quand</strong> <strong>Dieu</strong> s’efface…<br />

Le christianisme est la lutte de ma vie, la passion de mon existence.<br />

Pourtant, je n’ai rien à en dire d’édifiant ou de définitif. Tout au plus,<br />

puis-je balbutier quelques mots qui ne sont ni justes ni faux, mais miens…<br />

Juste une phrase, un samedi soir de neige, à Verviers, cité lainière morose<br />

en attente de résurrection : Si tu désires, c’est que tu es désiré par Quelqu’un.<br />

Je croyais que je cherchais, alors que c’était moi qui étais cherché.<br />

Je pensais mon désir absurde. Il m’était seulement inconnu.<br />

Je ne sais pas, je ne sais plus si je suis athée, croyant, agnostique, mystique,<br />

iconoclaste, renégat, disciple, toujours prêtre ou plus du tout.<br />

Je ne le sais pas et je ne veux pas le savoir. C’est même là mon seul acte<br />

de volonté.<br />

Je ne suis plus qu’un homme qui attend.<br />

V.F.<br />

Vincent Flamand<br />

Né en 1972, Vincent Flamand a été prêtre catholique de 2002 à 2008.<br />

Aujourd’hui enseignant et écrivain, il est l’auteur d’un essai, La condition<br />

humaine n’est pas sans conditions, avec le psychanalyste Jean-Pierre Lebrun<br />

(Denöel, 2010) et d’un récit, La possibilité du garçon (Castor Astral, 2013).<br />

« Des pages vibrantes et assoiffées… »<br />

emmanuel carrère<br />

ISBN 978-2-87356-835-1<br />

Prix TTC : XX,XX €<br />

9782873 568351<br />

Illustration de couverture : Marcelle Monet-Petit, 1995, collection privée.

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