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<strong>FR</strong>ANCE<br />
NOVEMBRE <strong>2019</strong><br />
HORS DU COMMUN<br />
Votre magazine<br />
offert chaque<br />
mois avec<br />
L’AUTRE<br />
MONDE<br />
Voyage en apnée<br />
sous un fjord glacé<br />
du Groenland
TYR EUROPE<br />
@TYR_EUROPE<br />
@TYRSPORTEUROPE<br />
-SHOP.COM
ÉDITORIAL<br />
AILLEURS, ÇA<br />
CONTRIBUTEURS<br />
NOS ÉQUIPIERS<br />
COMMENCE ICI<br />
Chaque mois, <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong> est un tour du<br />
monde. En une ce mois-ci, l’apnéiste allemande<br />
Anna von Boetticher s’est offert une virée très<br />
spéciale sous la glace, au Groenland ; et sur l’île<br />
« perdue » de Makatea, en Polynésie, une bande<br />
de grimpeurs de haut vol est venue ressusciter les<br />
lieux grâce à l’escalade – pour les y rejoindre, notre<br />
équipe a mis 40 heures depuis Paris… Montpellier,<br />
c’est moins loin, et c’est là que le B-Boy Khalil s’est<br />
jeté dans la danse. Pour lui, le voyage reste à venir,<br />
vers LE challenge de sa carrière : la finale mondiale<br />
du <strong>Red</strong> Bull BC One le 9 novembre, en Inde.<br />
Enfin avec la star mondiale du vélo trial, Danny<br />
MacAskill, on se penche sur une décennie de<br />
riding innovant, qui l’aura trimballé sur pas mal<br />
de spots inspirants. Avec cet Écossais, on partage<br />
une envie permanente : vous emmener ailleurs.<br />
STUART KENNY<br />
Journaliste d’Édimbourg,<br />
Stuart rêvait d’interviewer<br />
le magicien sur deux pneus<br />
qu’est Danny MacAskill. « Je<br />
suis un adepte depuis 2009<br />
et sa performance le long des<br />
balustrades de <strong>The</strong> Meadows.<br />
Dix ans plus tard, c’est à<br />
quelques centaines de mètres<br />
de là que nous avons discuté.<br />
On dit qu’on ne doit pas rencontrer<br />
ses héros, mais si ce<br />
héros est Danny, ça le fait. »<br />
Page 66<br />
TOBIAS <strong>FR</strong>IEDRICH (COUVERTURE)<br />
Lisez plus !<br />
Votre Rédaction<br />
Pour Tobias Friedrich, photographier dans les fjords<br />
glacés fut particulier. « Il faisait - 2 °C, et Anna n’avait<br />
qu’une vingtaine de minutes pour évoluer sous l’eau. »<br />
EVA MARTINELLO<br />
Journaliste indépendante,<br />
experte en gaming et plus<br />
particulièrement en esport,<br />
Eva couvre les jeux de tir, de<br />
stratégie et du genre battle<br />
royale. Elle écrit notamment<br />
pour Gameblog, Esports Insider<br />
et redbull.com. Suivant le<br />
jeu League of Legends et son<br />
actualité depuis 2012, elle était<br />
une intervenante de choix pour<br />
vous familiariser avec le show<br />
mondial p. 76 qui déterminera<br />
l’équipe la plus performante<br />
sur ce classique de l’esport.<br />
THE RED BULLETIN 3
CONTENUS<br />
novembre <strong>2019</strong><br />
46<br />
Pour devenir le boss, Khalil<br />
devra batailler en Inde.<br />
82 Au-dessus du toit du monde, la<br />
chute libre passe dans une autre<br />
dimension. Comment s’y rendre<br />
et vivre le grand saut<br />
86 Une star du gaming en tournée,<br />
une épreuve sportive digne<br />
d’Aquaman, des afters électro<br />
d’exception… Ne ratez rien !<br />
87 Le <strong>Red</strong> Bull Rampage et la World<br />
Final du <strong>Red</strong> Bull BC One sont<br />
les événements les plus attendus<br />
des scènes VTT et breakdance,<br />
et c’est à vivre sur <strong>Red</strong> Bull TV<br />
88 Près de 30 montres, connectées<br />
ou non, pour le sport ou pas, ont<br />
été sélectionnées par nos soins<br />
96 Ils et elles font <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
98 Pour finir en beauté : des tricks<br />
en hélico au-dessus de New York<br />
6 Quand les athlètes se jouent des<br />
éléments, c’est saisissant !<br />
12 Plutôt que de pratiquer le surf sur<br />
des déchets, surfons avec !<br />
14 Grâce à ce musée digital, les sons<br />
du passé vivront éternellement<br />
16 Pour s’éclater sur une slackline,<br />
voici les tuyaux de Lukas Irmler<br />
18 Pousse le son : la playlist green de<br />
Joseph Mount, de Metronomy<br />
20 Livrer des pâtisseries en courant,<br />
c’est encore plus savoureux, et<br />
c’est le concept de Baba au Run<br />
22 Dans la chambre-cockpit de cet<br />
hôtel de Tokyo, vous volerez de<br />
nuit… sans bouger d’un mètre<br />
24 En zone de paix<br />
Anna von Boetticher s’offre une<br />
fabuleuse virée en apnée sous<br />
les glaces du Groenland<br />
38 Get up, stand up<br />
Pour le groupe japonais DGYL,<br />
c’est au-delà d’un délire britpop<br />
46 L’instant Khalil<br />
Jusqu’où le breakdance mènera<br />
ce Français en ascension ?<br />
52 Sur la bonne voie<br />
Au bout du monde, une île peut<br />
renaître grâce à l’escalade<br />
66 Danny le brillant<br />
MacAskill revient sur dix ans<br />
d’exploits insensés à vélo<br />
76 League of Legends<br />
Le sport électronique bourre<br />
Bercy, et ce n’est pas un sketch<br />
76<br />
Finale des Worlds de LoL :<br />
l’esport au sommet.<br />
LITTLE SHAO, RIOT GAMES,INC, JEREMY BERNARD<br />
4 THE RED BULLETIN
52<br />
Makatea : un spot de folie<br />
pour les fous de grimpe.<br />
Mais ils ne le savent pas<br />
encore.<br />
THE RED BULLETIN 5
MONT AGUNG, BALI<br />
Du genre<br />
planant<br />
« Une pleine lune hallucinante à<br />
Bali », c’est ainsi qu’Ivan Fominykh,<br />
coach de surf, décrit cet incroyable<br />
cliché de lui en parapente près du<br />
mont Agung, le volcan actif de l’île.<br />
Un spectacle psychédélique de<br />
lumière nocturne qui est le résultat<br />
d’une astuce technique combinée<br />
à un équipement spécial. « J’ai pris<br />
cette photo à l’aide d’un ruban lumineux<br />
LED, explique le photographe<br />
Serge Shakuto, avec une exposition<br />
de vingt secondes et une lumière<br />
stroboscopique déclenchée<br />
à distance. »<br />
Instagram : @shakuto<br />
SERGE SHAKUTO / RED BULL ILLUME
7
SINGAPOUR<br />
Un Insta<br />
en béton<br />
Cette photo prise depuis un drone<br />
immortalise une session de skate<br />
de quelques membres de la petite<br />
scène locale de Singapour. L’image,<br />
qui joue avec les ombres et les<br />
lignes naturelles du park, fait partie<br />
d’une série de photos réalisée par<br />
le photographe amateur Ebrahim<br />
Adam et sélectionnée pour le<br />
concours Instagram <strong>Red</strong> Bull Illume<br />
en juin dernier. « Une hallu : trois de<br />
mes photos sont sélectionnées »,<br />
écrivait alors le jeune Singapourien<br />
dans son post.<br />
Instagram : @ebra_cadabra
YUCATÁN, MEXIQUE<br />
Beauté<br />
abyssale<br />
La beauté de l’apnée se manifeste<br />
souvent sous la forme d’animaux<br />
incroyables et de paysages spectaculaires<br />
; bancs de baleines ou<br />
corail rougeoyant, les profondeurs<br />
de l’océan abritent d’innombrables<br />
perles à découvrir. La beauté de<br />
ce cliché réside pourtant dans<br />
l’absence totale de vie marine. Le<br />
photographe sous-marin et français<br />
Alex Voyer saisit sa compatriote<br />
apnéiste Marianne Aventurier dans<br />
l’obscurité d’un cénote du Yucatán,<br />
en position fœtale, éclairée par la<br />
lumière de la surface.<br />
Instagram : @alexvoyer_fisheye<br />
EBRAHIM ADAM/RED BULL ILLUME, ALEX VOYER/RED BULL ILLUME<br />
9
RYAN CRAIG/RED BULL ILLUME
PE’AHI, HAWAÏ<br />
Son côté<br />
sombre<br />
Pour la plupart d’entre nous, le surf<br />
à Hawaï évoque un ciel bleu, une eau<br />
cristalline et des gars échangeant le<br />
signe du shaka. La photo ci-contre<br />
nous rappelle que tel n’est pas toujours<br />
le cas. Ce cliché angoissant qui<br />
a pour légende : « Histoire d’une lutte<br />
contre une vague monstrueuse »<br />
a été saisi par Ryan « Chachi » Craig<br />
un jour de vent record à Pe’ahi, spot<br />
réputé imprévisible et dangereux.<br />
Le surfeur hawaïen Nathan Florence<br />
tente ici de décrypter l’océan déchaîné<br />
tout en évitant d’être emporté<br />
par le vent. Une journée qu’il n’est<br />
pas prêt d’oublier.<br />
Instagram : @chachfiles<br />
11
Dans le sens des<br />
aiguilles d’une montre :<br />
Nolan et sa planche<br />
dans le café où tout a<br />
commencé ; la planche<br />
avant d’être façonnée ;<br />
le détail des ailerons ;<br />
logo du concours Vissla.<br />
GLISSE RECYCLÉE<br />
Surfer<br />
sur des<br />
déchets<br />
Korey Nolan, surfeur natif du New<br />
Hampshire, expose la culture du<br />
jetable en fabriquant des planches<br />
à base de gobelets recyclés.<br />
Amoureux de l’océan, les surfeurs<br />
sont pour la plupart de<br />
grands écolos dans l’âme. Pourtant,<br />
les planches et les équipements<br />
qu’ils utilisent sont souvent<br />
issus de matériaux non<br />
recyclables avec une empreinte<br />
carbone élevée. Korey Nolan,<br />
32 ans, shapeur sur la côte est<br />
des États-Unis, a conçu une<br />
planche à partir de 700 gobelets<br />
Dunkin’ Donuts (une chaîne de<br />
restau de donuts et de café)<br />
recyclés. Un projet inspiré par<br />
les gobelets qui jonchent les<br />
rues de son quartier.<br />
« Je voulais montrer aux gens<br />
la pollution qu’ils génèrent au<br />
quotidien pour les inciter à y<br />
réfléchir. En moins de dix mois,<br />
j’ai accumulé un millier de tasses<br />
en polystyrène provenant uniquement<br />
de personnes de mon<br />
entourage. Cela a déclenché<br />
une prise de conscience de leur<br />
consommation excessive de<br />
café à emporter. » Pour réaliser<br />
la planche, les gobelets sont<br />
compressés dans un moule, puis<br />
recouverts de bambous et de<br />
résine époxy bio. En 2018, cette<br />
innovation obtient le deuxième<br />
prix d’un concours organisé par<br />
la marque Vissla, qui récompense<br />
les produits de surf à base<br />
de matériaux recyclés. Mais pour<br />
Nolan, ce succès ne doit pas<br />
encourager l’utilisation de<br />
polystyrène. « Produire des<br />
planches avec ces gobelets ne<br />
règle rien, cela ne fait que déplacer<br />
la demande de polystyrène,<br />
un matériau utilisé depuis plus<br />
de 80 ans, et dont tous les objets<br />
sont toujours là, parce que non<br />
biodégradables. C’est aussi cela<br />
le message de ma planche. »<br />
Instagram : @koreytnolan<br />
KOREY NOLAN, AARON MCNULTY LOU BOYD<br />
12 THE RED BULLETIN
Du projo 8 mm à la machine à écrire, connaissez-vous leur son ? Chun (en bas à g.) et Derksen les ont sauvegardés.<br />
CONSERVE THE SOUND<br />
Sauveurs de<br />
sons en péril<br />
Leurs bruits rythmaient notre quotidien.<br />
Quasi absents de nos oreilles à présent, ils<br />
rejoignent l’éternité grâce à un site-musée.<br />
Un téléphone filaire, un clavier<br />
d’Apple iBook clamshell, la poignée<br />
d’une fenêtre de voiture,<br />
la première console Nintendo,<br />
une carte routière… Les bruits<br />
qu’ils faisaient vous étaient<br />
familiers, mais sont probablement<br />
inconnus de vos enfants<br />
ou de vos plus jeunes collègues.<br />
Comme tombés dans l’oubli.<br />
Une hécatombe à laquelle les<br />
Allemands Daniel Chun et Jan<br />
Derksen, fondateurs de l’agence<br />
de communication audiovisuelle<br />
Chunderksen, ont voulu remédié<br />
en créant le premier « musée des<br />
sons en voie d’extinction » :<br />
Conserve <strong>The</strong> Sound.<br />
Un musée numérique pour<br />
l’oreille, lié à des objets d’un<br />
passé proche ou sur le point d’en<br />
faire partie. « En temps normal,<br />
on collectionne les peintures, les<br />
illustrations, des classiques du<br />
design ou des sculptures, et on<br />
les installe dans une expo ou un<br />
musée, explique Jan. Mais rares<br />
sont ceux qui collectionnent les<br />
sons. Créer un lieu multimédia,<br />
ou un musée pour les sons en<br />
voie d’extinction, nous fascinait.<br />
» Cette collection de souvenirs,<br />
proposée gratuitement à<br />
tous, est le fruit d’une quête<br />
d’objets dont les deux associés<br />
recueillent les sons en conditions<br />
réelles. Soit 99 % des<br />
sources audio proposées sur le<br />
site conservethesound.de, qui<br />
se veut aussi participatif. « Il est<br />
possible de contribuer en nous<br />
envoyant des sons que vous<br />
aurez enregistrés vous-même,<br />
dit Derksen. Par un simple e-mail<br />
ou en vous rendant dans la<br />
rubrique upload du site. » Il ne<br />
vous reste donc plus qu’à vous<br />
transformer en conservateur des<br />
sons qui vous sont chers, et de<br />
les confier à la disponibilité de<br />
notre mémoire collective pour<br />
l’éternité. Tant que le site<br />
marche...<br />
conservethesound.de<br />
CHUNDERKSEN/CONSERVETHESOUND.DE HANS HAMMER<br />
14 THE RED BULLETIN
LG XBOOM, vivez l’intensité du son<br />
Des enceintes fun, festives et puissantes pour offrir une expérience<br />
sonore unique. Découvrez le son exceptionnel de la gamme XBOOM<br />
qui accompagnera tous vos moments de fête !<br />
En tant que partenaire de l’événement,<br />
LG accompagnera toutes les étapes<br />
du <strong>Red</strong> Bull Dance Your Style <strong>2019</strong>.<br />
Go
« Dans n’importe quel<br />
sport, le succès dépend<br />
avant tout de sa capacité<br />
à endurer la frustration. »<br />
16 THE RED BULLETIN
LUKAS IRMLER<br />
Trouver son<br />
équilibre<br />
Détenteur d’un record mondial, l’Allemand<br />
vous prodigue ses conseils avant de vous<br />
lancer sur une slackline. Facile ?<br />
Lukas Irmler, qui a franchi<br />
sa première slackline en<br />
2006, détient deux records<br />
du monde dans le Guinness<br />
et a défini diverses<br />
normes en highline.<br />
VALENTIN RAPP LOU BOYD<br />
La pratique de la<br />
slackline est simple et en<br />
même temps, d’une difficulté<br />
extrême. Cela se<br />
résume à marcher d’un<br />
bout à l’autre d’une<br />
longue sangle ; pourtant,<br />
rares sont ceux qui maîtrisent<br />
l’exercice. Lukas<br />
Irmler en fait partie.<br />
« Au début, je me sentais<br />
incapable d’aborder<br />
une slackline, explique<br />
l’Allemand de 31 ans.<br />
Mais j’ai insisté et les premiers<br />
progrès sont apparus.<br />
Lorsque j’ai franchi<br />
ma première petite slack,<br />
je me suis retourné, tout<br />
étonné d’avoir réussi une<br />
chose que je tenais pour<br />
impossible. » Depuis,<br />
Lukas Irmler a marché<br />
sur bien des slacklines et<br />
des highlines (pratique<br />
en haute montagne)<br />
parmi les plus impressionnantes<br />
et les plus<br />
difficiles au monde.<br />
Notamment en août dernier<br />
lorsqu’il établit le<br />
record de la plus longue<br />
traversée : une highline<br />
longue de 2 000 m à<br />
Asbestos, au Québec.<br />
« Avec ce record, je réalisais<br />
l’un de mes plus<br />
vieux rêves, confie Irmler.<br />
Si vous repoussez sans<br />
cesse vos limites, vous<br />
finissez par repousser<br />
celles du sport même.<br />
C’était un moment très<br />
spécial pour moi. » Irmler<br />
révèle ici ses cinq meilleurs<br />
conseils en matière<br />
de slackline. « Dans n’importe<br />
quel sport, le succès<br />
dépend avant tout de<br />
sa capacité à endurer la<br />
frustration, précise-t-il.<br />
On échoue beaucoup<br />
avant de réussir. Le tout<br />
est d’être suffisamment<br />
passionné et tenace pour<br />
persévérer et continuer<br />
à y croire. »<br />
1. Allez-y mollo<br />
« Commencez sur une<br />
slack courte et basse.<br />
Exercez-vous jusqu’à<br />
une maîtrise totale. »<br />
2. Pieds nus<br />
« Cela permet de mieux<br />
sentir la slack. »<br />
3. Droit devant<br />
« Vos pieds doivent être<br />
parallèles à la slack, et<br />
non dirigés vers l’extérieur.<br />
Ainsi le point d’ancrage<br />
sera dans votre<br />
ligne de mire. »<br />
4. La posture est<br />
primordiale<br />
« Les genoux doivent<br />
être légèrement fléchis<br />
et les bras constamment<br />
relevés. On a souvent<br />
tendance à oublier leur<br />
rôle dans l’équilibre. »<br />
5. Concentration<br />
maximale<br />
« Restez focalisé sur<br />
le même point au bout<br />
de la slack. Beaucoup<br />
font l’erreur de regarder<br />
leurs pieds. »<br />
THE RED BULLETIN 17
METRONOMY<br />
Jardin<br />
secret<br />
Quand il ne compose<br />
pas d’hymnes indie-pop,<br />
Joseph Mount, du groupe<br />
Metronomy, jardine. Il présente<br />
ici quatre morceaux<br />
liés à sa passion.<br />
Formé en 1999, Metronomy a<br />
imposé au fil des ans un style<br />
synthpop aux multiples<br />
influences, du rock psychédélique<br />
des années 60 à l’electronica,<br />
en passant par Prince et<br />
N.E.R.D. Le groupe anglais<br />
intègre régulièrement les best<br />
of annuels des magazines de<br />
musique, et leurs albums<br />
figurent dans les top 10 anglais<br />
et français. L’inspiration pour<br />
Metronomy Forever, leur sixième<br />
album, le fondateur Joseph<br />
Mount (en violet sur la photo)<br />
l’a puisée dans son jardin. « J’ai<br />
beaucoup jardiné », confie l’auteur-compositeur<br />
de 37 ans.<br />
Cette passion influence aussi<br />
sa playlist personnelle. Démonstration<br />
avec la fleur des titres<br />
qu’il affectionne…<br />
metronomy.co.uk<br />
Talking Heads<br />
Pull Up the Roots<br />
(1983)<br />
« C’est un calembour, évidemment,<br />
un clin d’œil au jardinage.<br />
Comme arracher les pommes de<br />
terre par exemple. Dans le jardin,<br />
je suis responsable des tâches<br />
ardues, et Mariam, ma petite<br />
amie, de la partie créative. Je laboure,<br />
j’arrache les mauvaises<br />
herbes, bref, je fais le gros œuvre.<br />
C’est mon rôle. »<br />
<strong>The</strong> Kinks<br />
<strong>The</strong> Village Green Preservation<br />
Society (1968)<br />
« Jardiner, c’est se confronter à soimême,<br />
au cycle de la vie humaine,<br />
aux saisons, au temps qui passe.<br />
Écouter ce morceau en se préparant<br />
à jardiner est une belle entrée<br />
en matière, cela donne envie de<br />
saisir une binette et d’enfiler des<br />
gants, et vous rappelle qu’il est<br />
vain de s’opposer à la nature ou<br />
de la contrarier. »<br />
Stevie Wonder<br />
Come Back as A Flower<br />
(1979)<br />
« Ce morceau évoque le désir de<br />
renaître sous la forme d’une fleur.<br />
L’idée est belle, mais je sais d’expérience<br />
que la culture de fleurs<br />
est peu gratifiante. Cela exige un<br />
travail fou où l’on doit sans cesse<br />
créer des boutures et repiquer.<br />
Ce type de jardinage est exigeant,<br />
donc pas vraiment mon rayon.<br />
Je ne fais pas dans la dentelle. »<br />
Miles Davis<br />
Concierto De Aranjuez (Adagio)<br />
(1960)<br />
« Ado, je prenais mon petit-déjeuner<br />
à 11 heures le week-end. J’écoutais<br />
Miles en regardant mes parents<br />
jardiner. Je ne comprenais<br />
pas vraiment ce qu’ils faisaient.<br />
Ce titre de seize minutes est une<br />
préparation mentale idéale avant<br />
une longue séance de désherbage<br />
par exemple. Très sympa. Je vous<br />
invite à tenter l’expérience. »<br />
GREGOIRE ALEXANDRE MARCEL ANDERS<br />
18 THE RED BULLETIN
ALPHATAURI.COM
20 THE RED BULLETIN<br />
CHARLES MARTINON CHRISTINE VITEL
BABA AU RUN<br />
Candy rush<br />
« Ne soyez pas timides et faites-vous plaisir, les babas viennent<br />
à vous en courant. » C’est la promesse de Jean-Baptiste Martinon,<br />
Parisien de 24 ans, qui a lancé un concept décalé :<br />
livrer vos pâtisseries préférées… au pas de course !<br />
the red bulletin : Pourquoi<br />
le baba au rhum, cette pâtisserie<br />
un peu désuète ?<br />
jb martinon : À l’origine, tout<br />
part vraiment du jeu de mot<br />
Baba au Run, parce que j’aime<br />
courir. C’est un peu un ex-voto :<br />
j’ai toujours apprécié la gastronomie,<br />
la course à pied et<br />
bosser dans la livraison. Il y a<br />
assez peu d’adeptes de babas,<br />
et ça m’arrangeait bien que ce<br />
ne soit pas la pâtisserie préférée<br />
des Français, ainsi j’ai pu<br />
démarrer tranquillement sans<br />
être submergé par la demande.<br />
Le jour où j’ai décidé de me<br />
lancer, j’ai choisi les meilleurs<br />
babas au rhum de Paris, chez<br />
Sébastien Gaudard.<br />
Combien de kilomètres<br />
courez-vous par jour ?<br />
Chaque tournée fait entre 15<br />
et 27 bornes, dans tout Paris.<br />
L’objectif de mon service<br />
de livraison, c’est qu’il soit<br />
extraordinaire et donc que les<br />
gens se disent : « C’est improbable,<br />
ça n’a pas de sens logistiquement<br />
parlant. »<br />
Êtes-vous en concurrence<br />
avec les livraisons à vélo ?<br />
Avec moi en l’occurrence, c’est<br />
moins rapide qu’à vélo, mais<br />
« C’est improbable,<br />
ça n’a pas de sens<br />
logistiquement<br />
parlant. »<br />
c’est un vrai service. Et je me<br />
rends compte avec ce que<br />
je récolte que les gens sont<br />
prêts à le valoriser, car ce sont<br />
eux qui choisissent ce qu’ils<br />
donnent, et ils choisissent de<br />
payer l’expérience. Alors que<br />
la livraison de repas, c’est un<br />
service d’exception dévalorisé<br />
par son prix : 3 €, ce n’est pas<br />
le vrai prix d’une livraison.<br />
Quelqu’un qui va dans le restau<br />
de ton choix, et t'apporte<br />
un plat chaud directement<br />
chez toi en vingt minutes.<br />
Pourquoi ça marche alors ?<br />
La pâtisserie, c’est sympa, ça<br />
fait un petit cadeau que les<br />
gens aiment bien pour un<br />
goûter ou un anniversaire. Et<br />
puis les pâtisseries ne souffrent<br />
pas, car le bras est un excellent<br />
stabilisateur naturel : spontanément,<br />
il va aller à l’inverse<br />
des mouvements du corps et<br />
donc amortir les à-coups qu’il<br />
pourrait y avoir en courant. Les<br />
desserts sont bercés au fil de la<br />
course et ça leur fait un beau<br />
petit voyage.<br />
Et si on n’aime pas les babas ?<br />
En marge du service de livraison<br />
de pâtisseries à Paris, il y a<br />
les aventures en vidéo de Baba<br />
au Run, que j’ai créées au début<br />
de l’été. Ce sont des livraisons<br />
loufoques et ponctuelles,<br />
vouées à n’être faites qu’une<br />
seule fois. Sur le même principe<br />
: un jeu de mots, un sport,<br />
une pâtisserie. J’ai commencé<br />
avec le Paris-Brest : je suis parti<br />
à vélo pour relier Brest depuis<br />
Paris, ça m’a pris quatre jours<br />
(vidéo sur YouTube, ndlr) !<br />
Sauf que le gâteau a dû arriver<br />
dans un drôle d’état…<br />
Il n’était plus comestible, c’est<br />
sûr, mais la mairie à qui je l’ai<br />
offert l’a mis sous cloche, en<br />
souvenir. (rires) L’intérêt des<br />
aventures Baba au Run, c’est<br />
que j’agrémente ainsi mon<br />
catalogue de pâtisseries livrées<br />
en courant. Donc maintenant<br />
que j’ai officiellement livré un<br />
Paris-Brest à Brest, je le propose<br />
à la livraison à Paris ! Je<br />
débloque des articles sur mon<br />
catalogue, un peu sur le principe<br />
d’un jeu vidéo.<br />
Et comme pour un jeu vidéo,<br />
il existe une communauté<br />
Baba au Run !<br />
Absolument, j’apprends beaucoup<br />
de ceux qui me suivent.<br />
Ils me donnent des idées.<br />
Sur Instagram, on vous voit<br />
proche des clients. La pâtisserie<br />
resserre-t-elle les liens ?<br />
J’adore l’inconnu, les histoires<br />
à raconter, les anecdotes ; c’est<br />
le même esprit qu’Antoine de<br />
Maximy dans J’irai dormir<br />
chez vous. Depuis que je suis<br />
tout petit, je pars en vélo, à<br />
pied, je toque chez les gens et<br />
découvre des univers complètement<br />
différents de ceux dans<br />
lesquels j’évolue.<br />
Mais Baba au Run, c’est plus<br />
qu’un défi un peu barré ?<br />
C’est un mix de tout ce qui me<br />
motive. Quand je fais du sport,<br />
je le fais à fond. Donc si je fais<br />
de la course à pied, je vais faire<br />
un marathon. J’aime le côté<br />
sportif, pour la performance,<br />
mais surtout pour l’expérience<br />
à raconter qui montre qu’avec<br />
un peu de volonté et de temps,<br />
c’est réalisable.<br />
Quelles aventures à venir ?<br />
Mon but pour septembre, c’est<br />
de livrer un mont-blanc au<br />
sommet du Mont-Blanc. Et en<br />
février 2020, porter une rose<br />
des sables au Marathon des<br />
sables. C’est mon rêve !<br />
Instagram : @baba_au_run<br />
THE RED BULLETIN 21
La chambre Superior Cockpit Room du Haneda Excel : s’endormir à Tokyo pour se réveiller… toujours à Tokyo.<br />
L’idée de se retrouver dans un<br />
avion après un vol long courrier<br />
rebuterait la plupart d’entre<br />
nous. Mais visiblement, ce<br />
n’est pas le cas de tous les<br />
voyageurs. Le Haneda Excel<br />
Hotel Tokyu a eu l’idée de créer<br />
une chambre permettant aux<br />
visiteurs de prolonger leur vol.<br />
Le simulateur de la chambre<br />
baptisée Superior Cockpit<br />
Room, reproduit la cabine de<br />
pilotage d’un Boeing 737-800<br />
reliant la capitale de Tokyo à<br />
l’aéroport Itami d’Osaka. Un<br />
instructeur confirmé assure la<br />
formation des clients avant de<br />
leur céder les commandes.<br />
L’idée peut sembler farfelue,<br />
sauf que l’hôtel est situé<br />
près de l’aéroport international<br />
Haneda de Tokyo avec une vue<br />
directe sur deux des pistes<br />
principales, pour le plus grand<br />
plaisir des passionnés d’aéronautique.<br />
« Le concept “hôtel<br />
d’aéroport” était au cœur du<br />
projet, explique un représentant<br />
du Haneda Excel.<br />
La présence d’un ex-commandant<br />
de bord expérimenté<br />
permet une vraie expérience<br />
de pilotage. » L’aventure,<br />
comme l’on peut s’en douter,<br />
a un prix. La nuit en chambre<br />
double coûte 25 300 yens<br />
(220 €) auxquels il faut ajouter<br />
30 000 yens (250 €) pour la<br />
séance de simulation qui dure<br />
90 minutes et qui ne peut avoir<br />
lieu que sous le contrôle de<br />
l’instructeur.<br />
En l’absence de ce dernier,<br />
les occupants de la chambre<br />
n’ont pas le droit de toucher<br />
ni au simulateur ni aux<br />
manettes durant leur séjour.<br />
Alors si l’expérience de la<br />
chambre au simulateur du<br />
Haneda Excel vous tente,<br />
mieux vaut vous dépêcher pour<br />
réserver. La chambre est déjà<br />
louée pour les deux premiers<br />
mois de sa mise en service.<br />
Des créneaux sont encore<br />
disponibles… mais ils ne le<br />
resteront pas longtemps.<br />
tokyuhotels.co.jp<br />
HANEDA EXCEL HOTEL TOKYU<br />
Vol de nuit<br />
Cet hôtel nippon propose une chambre équipée<br />
d’un simulateur de vol Boeing grandeur nature.<br />
TOKYUHOTELSJAPAN.COM/HANEDA EXCEL HOTEL LOU BOYD<br />
22 THE RED BULLETIN
DE DÉLICIEUX FILETS DE POULET<br />
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EN ZONE<br />
DE PAIX<br />
L’apnéiste allemande ANNA VON<br />
BOETTICHER a exploré les dessous<br />
d’un fjord gelé dans l’est du<br />
Groenland. Autant de descentes<br />
spectaculaires qui lui ont permis<br />
de retrouver la paix intérieure.<br />
Texte SABRINA LUTTENBERGER<br />
Photos TOBIAS <strong>FR</strong>IEDRICH<br />
24
Anna von Boetticher<br />
face à un iceberg :<br />
c’est comme si l’on<br />
touchait une balle<br />
de golf géante.
LE MONDE<br />
DU DESSOUS<br />
Anna von Boetticher explorant un iceberg<br />
par douze mètres de fond. Elle se souvient<br />
que sa surface était lisse et transparente,<br />
et qu’un peu partout se trouvaient des passages<br />
pour plonger, à condition d’y aller<br />
sans bouteille sur le dos et de prendre son<br />
courage à deux mains.<br />
27
GLACE…<br />
ET ANGOISSE<br />
Lors d’une plongée en profondeur, les<br />
icebergs et la banquise bouchent la vue<br />
à la surface de l’eau. Ce phénomène,<br />
hautement oppressant et anxiogène,<br />
rend impossible la possibilité d’utiliser<br />
une corde de sécurité.<br />
28
GETTY IMAGES
Groenland<br />
Nuuk<br />
Tasiilaq<br />
DES PORTES<br />
SUR L’AILLEURS<br />
Au large de Tasiilaq, dans l’est du Groenland<br />
: le trou principal est de forme triangulaire<br />
et les trois autres trous ronds servent<br />
de sortie de secours aux plongeurs. Lorsque<br />
von Boetticher s’est perdue, ce sont eux<br />
qui lui ont sauvé la mise (ci-contre).<br />
Au Groenland, ne vous découvrez pas d’un fil…<br />
ou seulement au tout dernier moment.<br />
Se réchauffer les pieds avec de l’eau chaude,<br />
c’est la « méthode <strong>The</strong>rmos ».<br />
Faire vite, trèèès vite : par – 27 °C, la glace<br />
se referme rapidement.<br />
31
LES NERFS À<br />
RUDE ÉPREUVE<br />
Von Boetticher éclaire le passage dans un<br />
canyon sous-marin. La gorge, qui transperce<br />
le fjord face à la ville de Tasiilaq sur<br />
une vingtaine de mètres, se situe loin du<br />
trou percé dans la glace. Quand elle prend<br />
ce genre de risque, la plongeuse se fie entièrement<br />
à son expérience et à son mental.<br />
33
Elle peut retenir sa respiration pendant six<br />
minutes et 12 secondes. Soit plus longtemps que<br />
n’importe qui en Allemagne, son pays d’origine.<br />
Et quand Anna von Boetticher ne se trouve pas<br />
sous l’eau, c’est avec un enthousiasme contagieux<br />
et sans prendre une seule respiration qu’elle se met<br />
à parler de la fascination pour la plongée qu’elle ressentait<br />
déjà dans la piscine de ses parents. Elle raconte aussi comment<br />
elle s’est mise à plonger en apnée, c’est-à-dire sans<br />
bouteille d’air comprimé, il y a douze ans. Depuis, cette<br />
apnéiste hors pair de 49 ans a établi 33 records d’Allemagne,<br />
un record du monde, et a remporté trois médailles<br />
de bronze aux championnats du monde. Mais plutôt que<br />
de s’entraîner pour la compétition, Anna von Boetticher<br />
préfère plonger dans des endroits inhabituels. Comme<br />
cette année au Groenland, où elle s’est aventurée loin de la<br />
surface dans un fjord gelé avec son partenaire de plongée<br />
et photographe, Tobias Friedrich.<br />
the red bulletin : Vous pouvez plonger n’importe<br />
où dans le monde et vous choisissez une étendue<br />
de glace. Pourquoi ?<br />
anna von boetticher : Déjà enfant, j’avais une attirance<br />
profonde pour les régions sauvages de la planète.<br />
Et j’étais toujours heureuse quand il neigeait. J’adore la<br />
neige ! Le moment de se rendre au Groenland était également<br />
tout indiqué. J’ai traversé une période difficile,<br />
j’avais besoin de paix intérieure. C’est quand la nature<br />
montre ses extrêmes que je la trouve la plus réconfortante.<br />
Au Groenland, face à cet univers monochrome<br />
auquel je devais m’exposer physiquement et mentalement,<br />
tout le reste s’est arrêté.<br />
Votre camp de base était à Tasiilaq, un endroit<br />
entouré de glace six mois par an. Il est inimaginable<br />
d’aller plonger là-bas. Quel a été le plus grand défi<br />
de votre expédition ?<br />
Pour moi, il s’agissait avant tout de savoir comment rester<br />
au chaud par – 27 °C à l’extérieur. Je m’y suis préparée<br />
méticuleusement. Un exemple : avant de plonger en<br />
apnée, il est préférable de ne rien avoir dans l’estomac.<br />
Mais je savais que cela ne fonctionnerait pas si je restais<br />
dans le froid pendant sept heures et que je ne voulais pas<br />
geler. J’ai donc dû manger une quantité incroyable d’aliments<br />
riches en nutriments énergétiques : beurre d’arachide,<br />
flocons d’avoine, sucre. Et je portais des couches<br />
de vêtements les unes sur les autres. Il s’agissait aussi de<br />
déterminer avec précision combien de temps je pouvais<br />
rester dans l’eau. C’était déjà très extrême et à la limite<br />
de ce qu’on peut s’imposer.<br />
L’eau sur les lunettes<br />
et la combinaison<br />
d’Anna se transforme<br />
en glace dès qu’elle<br />
en sort.<br />
34 THE RED BULLETIN
« C’était à la limite<br />
de ce qu’on peut<br />
s’imposer. »
Von Boetticher s’est<br />
donné des repères<br />
sous l’eau pour retrouver<br />
facilement son<br />
chemin vers la sortie.
«Il faut se remettre en<br />
question. C’est comme<br />
cela qu’on apprend<br />
à rester calme. »<br />
Mais n’est-ce pas justement la raison d’être de<br />
l’apnée : repousser ses limites ?<br />
Bien sûr, je veux toujours aller un mètre plus bas et évidemment,<br />
cela m’ennuie de ne pas avoir mieux plongé<br />
et plus profondément que les fois précédentes. Mais il<br />
faut être honnête avec soi-même : quelle est ma condition<br />
physique, quelle est la situation extérieure et comment<br />
dois-je m’ajuster ? Ce n’est qu’alors que je peux prendre<br />
une décision objective qui n’est pas motivée par mes émotions<br />
ou mon ego. Avoir ce contrôle est l’un des secrets<br />
d’une plongée en apnée sûre et réussie.<br />
Supposons que je sois prête à aller au-delà de mes<br />
limites. Comment franchir l’étape finale et décisive ?<br />
Cela tient en grande partie à l’expérience personnelle et la<br />
compréhension de ce qui se passe dans son corps. Avec la<br />
plongée en apnée, vous parvenez à chaque fois à vaincre<br />
l’instinct primaire qu’est la respiration : dois-je vraiment<br />
respirer ou s’agit-il d’une fausse alerte ? C’est comme<br />
lorsque vous avez mal aux jambes après deux étages mais<br />
que vous allez quand même monter jusqu’au quatrième.<br />
D’accord, mais il est plus facile de me dépasser en<br />
montant les escaliers. Après tout, qu’est-ce qui peut<br />
bien arriver de grave ?<br />
En gros, c’est comme retenir son souffle. On peut vaincre<br />
un instinct, aussi bien physiquement que mentalement,<br />
beaucoup plus facilement qu’on ne le croit. La fois suivante,<br />
j’affronte une nouvelle situation avec davantage<br />
de confiance en moi.<br />
Que faire si la peur ou la nervosité me gagnent quand<br />
même ? Comment rester calme au moment décisif ?<br />
Dans une certaine mesure, vous apportez la paix avec<br />
vous. Tout le monde peut en faire l’expérience. Pour cela,<br />
il faut de temps en temps se mettre au défi et s’exposer<br />
à de nouvelles choses. C’est ainsi que l’on apprend à se<br />
familiariser avec le sentiment d’inconfort. Ceux qui s’exposent<br />
consciemment à des situations plus stressantes<br />
que la normale parviendront donc à un moment donné<br />
à rester calme.<br />
Alors vous êtes toujours détendue ?<br />
Je n’ai encore jamais ressenti de panique lors d’une plongée<br />
en apnée. Je réagis toujours avec beaucoup de calme<br />
aux problèmes que je rencontre sous l’eau ; je suis très<br />
forte mentalement en plongée. Ce qui est intéressant,<br />
c’est que cela a déteint sur les autres aspects de ma vie.<br />
J’ai peur, mais je garde cette émotion pour plus tard. Cela<br />
dit, j’ai déjà passé un test psychologique et je suis tout à<br />
fait dans la moyenne. Je ressens de la peur comme tout<br />
le monde.<br />
Une fois et plus jamais ! Se changer sur la banquise est un supplice.<br />
Vous vous confrontez souvent à de nouveaux défis.<br />
En tant que formatrice pour l’armée allemande<br />
notamment.<br />
C’est vrai. Entre autres choses, je travaille avec les<br />
nageurs de combat et les plongeurs démineurs. Un défi<br />
de taille et une coopération de très haut niveau. Il s’agit<br />
aussi de cela : comment apprendre à contrôler l’instinct<br />
de panique qui veut vous dicter une façon de réagir.<br />
Et vous, qu’apprenez-vous ?<br />
Je suis impressionnée par le flegme avec lequel les instructeurs<br />
et les soldats procèdent. Il ont une manière<br />
bien particulière de poser leurs exigences et d’apporter<br />
leur soutien. Que la manœuvre se déroule correctement<br />
ou pas, l’entraîneur se tient debout au bord de la piscine,<br />
imperturbable. C’est ce que j’ai appris : la façon dont je<br />
me comporte a une influence directe sur la pression que<br />
je mets. Sans prononcer un seul mot.<br />
Malgré toutes vos années de plongée, qu’est-ce qui<br />
continue de vous surprendre ?<br />
L’expérience du monde sous-marin est toujours intense,<br />
extraordinairement belle et différente. C’est difficile de la<br />
comparer à quoi que ce soit d’autre. Vous n’y appartenez<br />
pas en tant qu’être humain, mais vous pouvez quand<br />
même vous adapter jusqu’à un certain point pour y<br />
passer un peu de temps.<br />
annavonboetticher.com<br />
THE RED BULLETIN 37
Get up,<br />
Stand<br />
up<br />
Un groupe français de<br />
rock ou pop qui chante<br />
en anglais, c’est devenu<br />
banal, voire la norme.<br />
Pour les Japonais, c’est<br />
un acte de revendication.<br />
Le groupe DYGL se fait<br />
le porte-parole de la<br />
nouvelle génération<br />
nippone, exaspérée par<br />
la mainmise des magnats<br />
corrompus sur l’entertainment<br />
et par la culture<br />
d’obéissance de son pays.<br />
Rencontre.<br />
Texte FLORIAN OBKIRCHER<br />
Photos ERIN UEMURA<br />
38 THE RED BULLETIN
« Laissez-vous aller ! »<br />
Le guitariste de DYGL<br />
Yosuke Shimonaka<br />
donne l’exemple lors<br />
d’un concert à Yonago.<br />
THE RED BULLETIN 39
Les fans de DYGL<br />
patientent pour faire<br />
signer leur CD après<br />
un concert à Okayama.<br />
En quoi le public du Japon estil<br />
différent ?, interroge-t-on.<br />
Nobuki Akiyama réfléchit<br />
un instant. Le musicien est<br />
accroupi, coincé entre les hautparleurs<br />
et les flight cases des<br />
instruments. « Dans des villes<br />
comme Londres, nos fans dansent et<br />
chantent en même temps ; les gens à<br />
Tokyo sont timides et polis, ils ne veulent<br />
déranger personne. À nos concerts, ils<br />
sont si silencieux que je suis incapable<br />
de dire s’ils ont aimé notre performance.<br />
Je vérifie les réactions sur Twitter après<br />
coup pour m’assurer qu’ils ont apprécié<br />
et passé un bon moment, dit-il dans un<br />
sourire. Vous allez le constater par vousmême.<br />
» Il désigne le mur. L’espace du<br />
fond est rempli de fans qui attendent<br />
qu’Akiyama et ses acolytes montent sur<br />
scène. Âgé de 27 ans, Akiyama est le<br />
leader de DYGL (prononcez day-glo),<br />
considéré comme l’un des meilleurs<br />
jeunes groupes du Japon. Paru en 2017,<br />
leur premier album, Say Goodbye to<br />
Memory Den, a été produit par Albert<br />
Hammond Jr, guitariste des Strokes et<br />
fan de la première heure. L’album est<br />
qualifié par le magazine musical NME<br />
de « turbulent voyage à travers l’indie,<br />
le rock’n’roll et le punk ». En juillet, DYGL<br />
sortait la suite, Songs of Innocence &<br />
Experience, enregistré à Londres, la ville<br />
d’adoption du groupe, et masterisé dans<br />
les studios d’Abbey Road, un haut lieu<br />
de pèlerinage des mélomanes.<br />
De retour à Tokyo cet été, le quatuor<br />
a effectué une tournée de salles de 300<br />
personnes afin de peaufiner de nouvelles<br />
chansons devant un public restreint avant<br />
de monter sur l’une des scènes principales<br />
du Fuji Rock Festival. Nous les rejoignons<br />
à Okayama, au Pepper Land qui a ouvert<br />
ses portes en 1974 et programmé le who’s<br />
who de la musique underground au fil<br />
des ans. Pour ce concert, les places se<br />
sont vendues en un éclair et les fans s'y<br />
pressent comme des sardines. Défiant les<br />
prédictions d’Akiyama, le public commence<br />
à s’agiter rapidement. Pendant la<br />
quatrième chanson du set (qui est aussi<br />
le premier single du nouvel album), Spit<br />
it Out, les poings se mettent à pomper et<br />
les fans dansent et pogotent avec enthousiasme.<br />
Akiyama est visiblement ravi. Les<br />
chansons de son groupe, chargées de riffs<br />
de guitare et de refrains accrocheurs, font<br />
qu’il est difficile pour le public de rester<br />
immobile. Pour DYGL, encourager les fans<br />
à surmonter leurs inhibitions fait partie<br />
d’un programme plus vaste initié il y a<br />
presque dix ans.<br />
À l’époque, Akiyama était obsédé par<br />
les groupes britanniques, des Beatles à<br />
leurs débuts jusqu’à des formations<br />
comme <strong>The</strong> Libertines, en passant par<br />
l’indie rock, genre dans lequel il était difficile<br />
de trouver des modèles locaux pour<br />
cet adolescent de Tokyo brûlant d’intégrer<br />
un groupe. C’est le succès des Français de<br />
Phoenix qui l’a finalement encouragé en<br />
2012 à créer DYGL avec ses amis de fac,<br />
Kohei Kamoto (batterie), Yotaro Kachi<br />
(basse) et Yosuke Shimonaka (guitare).<br />
« Phoenix est devenu très populaire aux<br />
États-Unis ; les gens ne semblaient pas<br />
40 THE RED BULLETIN
Nobuki Akiyama,<br />
Yosuke Shimonaka,<br />
Yotaro Kachi et Kohei<br />
Kamoto se sont rencontrés<br />
à la fac en 2011.<br />
« Au Japon, on nous<br />
appelle ”le groupe qui<br />
chante en anglais“. »
En live au Pepper Land,<br />
à Okayama. DYGL a sorti<br />
un second album en<br />
juillet qui connaît un<br />
franc succès.<br />
Iseo Nose, 72 ans,<br />
boss du Pepper Land,<br />
aux DYGL : « Restez<br />
fidèles à vous-mêmes,<br />
vous êtes lancés. »<br />
42 THE RED BULLETIN
« Ceux qui sont<br />
au pouvoir ne se<br />
soucient pas de<br />
l’impact culturel<br />
de la musique. »<br />
se soucier de leur accent », souligne<br />
Akiyama. Comme Phoenix, DYGL a décidé<br />
de chanter en anglais, ce qui fait d’eux<br />
des outsiders tant dans leur propre pays<br />
– « On nous a étiquetés comme “le groupe<br />
qui chante en anglais” » – qu’à l’étranger.<br />
Pourtant, cette décision s’est avérée la<br />
bonne. « Un changement de paradigme<br />
culturel s’est produit à cette époque : les<br />
Japonais ont commencé à regarder un<br />
peu plus loin que le bout de leur nez et<br />
à s’ouvrir davantage. »<br />
Le triomphe actuel de la musique pop<br />
latine ou coréenne dans les charts américains,<br />
un phénomène qui aurait été difficile<br />
à imaginer il y a quinze ans, est la<br />
preuve que les auditeurs, où qu’ils soient,<br />
sont à la recherche d’artistes qui<br />
apportent quelque chose de nouveau et<br />
de différent. Retenir l’attention et se<br />
démarquer sont les plus grands atouts de<br />
tout musicien du XXI e siècle ; le moment<br />
semble donc venu pour un groupe japonais<br />
de jouer une britpop qui surpasse<br />
la meilleure britpop de n’importe quel<br />
groupe anglo-saxon. Ou presque.<br />
Akiyama s’empresse de corriger que<br />
l’orientation musicale de DYGL n’est pas<br />
une stratégie marketing calculée. « Tokyo<br />
est loin des épicentres traditionnels de la<br />
culture pop comme Londres et New York,<br />
il est donc naturel pour nous d’accueillir<br />
la musique étrangère sans parti pris et<br />
de choisir librement des éléments de tous<br />
genres et tous pays confondus. » Interrogé<br />
sur les aspects japonais de la musique de<br />
DYGL, il répond sans hésiter : les mélodies.<br />
« La musique des groupes étrangers<br />
qui percent au Japon est très mélodique.<br />
Les Japonais parlent très peu l’anglais<br />
alors ils se concentrent plus sur les mélodies<br />
que sur les paroles. Je pense que c’est<br />
aussi pour cela que nos fans adoptent si<br />
facilement nos chansons. »<br />
DYGL n’est pas un groupe explicitement<br />
politique, tient à préciser<br />
Akiyama. Nombre de leurs chansons<br />
parlent d’amour et d’amitié. Pourtant,<br />
ce sont grâce à leurs textes politiques<br />
qu’ils attirent l’attention sur eux ; tout<br />
particulièrement à l’étranger, car les<br />
groupes japonais qui caracolent dans les<br />
hit-parades internationaux se comptent<br />
sur les doigts de la main. Prenez la chanson<br />
Don’t You Wanna Dance in This Heaven,<br />
qui traite de l’histoire répressive du Japon<br />
et plus particulièrement de l’archaïque loi<br />
fueihō. Introduite en 1948 pour réglementer<br />
l’industrie du sexe, elle interdisait à la<br />
population de danser après minuit dans<br />
de nombreux endroits. Jusqu’en 2010, les<br />
autorités ne l’ont guère appliquée mais<br />
y avaient recours à chaque fois qu’elles<br />
avaient besoin d’un prétexte pour sévir<br />
contre la vie nocturne. Bien que la loi ait<br />
été révisée en 2016, elle est devenue un<br />
exemple marquant de la politique au<br />
Japon, explique Akiyama. « Les gens au<br />
pouvoir ne se soucient pas de l’impact<br />
THE RED BULLETIN 43
Le groupe se distrait<br />
dans un magasin de<br />
jouets avant le show de<br />
Yonago où sa loge<br />
(ci-dessous) l’attend.<br />
culturel de la musique moderne ; ils veulent<br />
contrôler leurs sujets. Il semble que cela<br />
soit un problème lié au système du pays. »<br />
Récemment, un scandale a éclaté, impliquant<br />
plusieurs comédiens de renom de la<br />
télévision qui se seraient produits lors de<br />
soirées mises en place par un syndicat du<br />
crime organisé, ce qui aurait poussé<br />
l’agence les représentant (Yoshimoto<br />
Kogyo, le plus grand groupe de divertissement<br />
du pays) à les licencier. Ce à quoi<br />
les comédiens ont réagi en dénonçant<br />
les conditions de travail de l’agence qui<br />
sous-payerait et exploiterait ses artistes,<br />
et qui les aurait incités à ne pas parler<br />
aux médias des liens présumés de la dite<br />
agence avec le crime organisé. Une autre<br />
agence a été accusée d’avoir conspiré<br />
pour empêcher trois anciens membres<br />
« Il ne s’agit pas<br />
du pays, il s’agit<br />
d’individus, il<br />
s’agit de vous ! »<br />
du boys band SMAP de passer à l’antenne<br />
parce qu’ils avaient quitté l’agence. « Ces<br />
agences contrôlent l’industrie du divertissement<br />
nippone. Les artistes sont à leur<br />
merci, déplore Akiyama. Personne ne les<br />
défie. Les Japonais sont trop polis pour<br />
dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas,<br />
car cela peut être très risqué. » Connaissant<br />
un succès international en dehors<br />
de ce système d’agences, DYGL s’estime<br />
bien placé pour aborder le sujet. Au lendemain<br />
de la catastrophe nucléaire de<br />
Fukushima, de grandes manifestations au<br />
Japon ont semblé marquer le réveil d’une<br />
population politiquement apathique. Mais<br />
huit ans plus tard, cet élan de protestation<br />
et de changement s'est essoufflé.<br />
Quelques jours avant notre entretien,<br />
le taux de participation aux élections à la<br />
Chambre haute du Japon était inférieur<br />
à 50 %, le deuxième taux le plus bas<br />
depuis la Seconde Guerre mondiale. Cela,<br />
Akiyama a hâte de l’évoquer lors de son<br />
concert le soir-même. « Maintenant que<br />
nous avons vécu dans des villes comme<br />
Londres et New York, nous voyons la<br />
politique japonaise sous un jour nouveau.<br />
À l’étranger, il est normal de discuter de<br />
politique et d’exprimer ses opinions. Ici,<br />
cela arrive trop rarement. » Avant de jouer<br />
Don’t You Wannna Dance in This Heaven,<br />
Akiyama lance une injonction sincère à<br />
ses fans. « Il ne s’agit pas du pays, il s’agit<br />
d’individus, il s’agit de vous. Alors si vous<br />
avez quelque chose à dire, dites-le. Laissez-vous<br />
aller ! » Trois minutes plus tard, le<br />
guitariste Shimonaka retire son T-shirt et<br />
plonge dans la foule pendant qu’Akiyama<br />
hurle et s’excite sur sa guitare comme un<br />
fou. De l’importance de donner l’exemple.<br />
dayglotheband.com<br />
44 THE RED BULLETIN
Texte<br />
PH CAMY<br />
Photos<br />
LITTLE SHAO<br />
Stylisme<br />
SOLEILA CHAOU
L’INSTANT<br />
KHALIL<br />
Khalil, 27 ans, est l’un des danseurs<br />
français les plus appréciés et reconnus<br />
dans sa discipline : le breakdance.<br />
Le 9 novembre, à Mumbai, en Inde,<br />
lors du <strong>Red</strong> Bull BC One, il affrontera<br />
l’élite mondiale des B-Boys, et<br />
espère beaucoup des JO de 2024<br />
qui s’ouvriront peut-être aux<br />
danseurs de break. En attendant,<br />
pour lui dans le battle, c’est<br />
l’instant qui détermine l’avenir.<br />
Ceci n’est pas juste une pause : le danseur Khalil développe son<br />
art athlétique, le breakdance, depuis plus de quinze ans.<br />
47
the red bulletin : C’est votre première<br />
participation à la finale mondiale<br />
du <strong>Red</strong> Bull BC One, que l’on<br />
pourrait qualifier de Coupe du monde<br />
de breakdance. Un BC One, cela représente<br />
quoi pour un B-Boy ?<br />
khalil : Tout le monde veut ce titre, tout<br />
le monde veut participer au moins une<br />
fois dans sa vie au <strong>Red</strong> Bull BC One. Ça<br />
fait seize ans que je danse, et j’ai déjà<br />
disputé une finale européenne contre<br />
un autre Français, Mounir, en 2012.<br />
Participer à la finale mondiale du BC<br />
One, j’attends ça depuis un moment.<br />
(rires) Je suis impatient d’y être.<br />
Quand bien même on atteint une telle<br />
échéance, à son meilleur niveau, il est<br />
très difficile de se projeter sur une<br />
victoire qui reste toujours aléatoire<br />
dans l’univers du breakdance. Je<br />
pense notamment au fait que le jury<br />
du <strong>Red</strong> Bull BC One est composé de<br />
cinq personnes....<br />
Le breakdance est complètement subjectif,<br />
entre art et sport… C’est une forme<br />
d’art, ça c’est sûr, car c’est de la danse,<br />
mais il a aussi cette dimension athlétique.<br />
Et en effet, nos battles sont jugés par<br />
d’autres danseurs qui décident qui remportera<br />
chaque battle. Tout est subjectif<br />
dans cette danse.<br />
Une chose est sûre, le 9 novembre, en<br />
Inde, vous affronterez la crème des<br />
danseurs mondiaux... Comment vous<br />
y préparez-vous ?<br />
Je ressens beaucoup d’impatience, mais<br />
je ne veux pas me mettre trop de pression.<br />
Avant un tel rendez-vous, il faut trouver<br />
le juste milieu entre une bonne préparation,<br />
sans trop de pression, et une<br />
approche détendue. Et le jour J, ton résultat<br />
dépend de beaucoup de choses : de<br />
ta forme du moment, du tirage, du jury.<br />
En battle, tout se joue sur le moment.<br />
Si tu refais le même battle le lendemain,<br />
on pourra déclarer un autre vainqueur.<br />
C’est donc l’instant présent qui compte,<br />
et c’est justement ça qui est beau.<br />
Est-ce que le fait que la compétition<br />
se passe en Inde amène davantage<br />
de pression sur les danseurs ?<br />
J’ai déjà été à Mumbai, pour être juge<br />
d’un événement de danse et c’est une<br />
expérience dont je me souviendrai. Tu<br />
vois des choses difficiles là-bas. Émotionnellement<br />
parlant, ce n’est pas toujours<br />
simple. C’est un autre monde. Est-ce que<br />
cet environnement particulier, la pauvreté,<br />
la pollution, la chaleur, perturbera<br />
les danseurs ? Je ne peux pas te le dire,<br />
mais de mon côté, je suis préparé à cela,<br />
je sais à quoi m’attendre. Au-delà de ces<br />
aspects, quand je m’y suis rendu par le<br />
passé, j’ai trouvé les danseurs hyper<br />
accueillants. Ils réagissent au moindre<br />
move, ça va être intense !<br />
Au-delà de ces événements, majeurs,<br />
votre réalité de danseur, c’est quoi ?<br />
Plein de choses en même temps. C’est la<br />
réalité d’un artiste, d’un pédagogue, d’un<br />
athlète... Je suis à la fois un compétiteur,<br />
un artiste sur scène, un intermittent du<br />
spectacle qui se produit avec plusieurs<br />
compagnies. Dans ce cadre, je suis un<br />
artiste danseur qui monte sur scène, et<br />
qui a ses tableaux et ses rôles à tenir ; il<br />
y a aussi la compétition, par laquelle j’ai<br />
commencé et pour laquelle j’éprouve véritablement<br />
de l’amour, car elle me procure<br />
une adrénaline que je ne trouve pas ailleurs.<br />
Quand je fais de la compétition,<br />
bien que je sois un danseur, je me sens<br />
plus athlète, voire « combattant ».<br />
Comment décrire ce monde du breakdance<br />
compétitif, le battle ?<br />
C’est un monde cruel. Ce sera soit lui, soit<br />
« Le battle est<br />
un monde cruel.<br />
Ce sera soit lui,<br />
soit moi. »<br />
moi. On ne sera pas deux à passer à<br />
l’étape suivante du battle. Il n’y a pas de<br />
peut-être… Non, non ! C’est toi ou moi,<br />
point ! Cela crée une tension et une<br />
décharge d’adrénaline que je ne retrouve<br />
pas sur une scène. Mais dans une compagnie<br />
de danse, on va chercher à dire et<br />
revendiquer autre chose. Et le corps peut<br />
s’exprimer d’une manière différente. Je<br />
m’épanouis autrement et je me nourris<br />
de ce que je fais dans la compagnie pour<br />
l’adapter à la compétition.<br />
Quand avez-vous commencé le break ?<br />
Aux alentours de 2003, puis j’ai intégré<br />
les Legiteam Obstruxion, un crew de danseurs<br />
du Mans et de Paris. Et j’ai connecté<br />
avec le monde de la scène avec la compagnie<br />
Accrorap, qui existe depuis 1989<br />
grâce au chorégraphe Kader Attou, qui<br />
tient aussi le Centre chorégraphique<br />
national de La Rochelle. J’avais rencontré<br />
son chorégraphe adjoint à Montpellier, et<br />
comme ils cherchaient du sang frais, j’ai<br />
commencé à collaborer avec eux. Au sein<br />
de cette compagnie, qui est une compagnie<br />
hip-hop, et d’autres avec lesquelles<br />
je danse, j’interviens principalement avec<br />
le break. Il peut y avoir un peu de mime<br />
ou de contemporain, de manière très<br />
légère, mais généralement, on me prend<br />
pour ce que je sais faire : le break.<br />
Ce break qui semble intéresser de plus<br />
en plus le Comité olympique, qui l’a<br />
installé sur sa liste des sports additionnels<br />
pour les JO de 2024 à Paris…<br />
à confirmer en décembre 2020. Cette<br />
perspective vous intéresse-t-elle ? Si<br />
on vous proposait d’intégrer une potentielle<br />
équipe de France de breakdance<br />
pour les JO, seriez-vous partant ?<br />
Si je suis un candidat potentiel, j’y vais !<br />
J’ai commencé dans le dur, dans les blocs<br />
de mon quartier, en bas de chez moi à<br />
La Paillade (à Montpellier, ndlr), dans la<br />
48 THE RED BULLETIN
« C’est l’instant<br />
présent qui<br />
compte, et c’est<br />
ça qui est beau. »<br />
Un homme serein.<br />
Lors d’un battle de break,<br />
Khalil est dans un autre<br />
mode : combattant.
« Le breakdance est<br />
une discipline reconnue,<br />
mais sa dimension<br />
sportive mérite d’être<br />
encore plus appréciée. »
poussière, alors, partir de là pour arriver<br />
aux JO, juste pour ça, je ne me pose même<br />
pas la question, j’y vais, je le tente.<br />
Comment se sont passés vos débuts<br />
à La Paillade, dans le Sud ?<br />
Mon cousin breakait un petit peu, et<br />
j’étais dans les arts martiaux, je faisais<br />
du taekwondo. Mes parents ont divorcé,<br />
et puis j’ai dansé, pour tuer le temps.<br />
Ça m’a apporté beaucoup de choses.<br />
Lesquelles ?<br />
Honnêtement, je pense que cela m’a évité<br />
de devenir un voyou.<br />
Les perspectives potentiellement<br />
offertes par les JO sont d’autant plus<br />
tentantes pour quelqu’un qui a choisi<br />
de suivre la voie de la danse plutôt<br />
que celle de la délinquance ?<br />
Exactement. Qu’importe le résultat, ce<br />
serait très intéressant de participer à<br />
d’éventuels JO quoi qu’il en soit. Ce serait<br />
une continuité pour moi, même si je n’ai<br />
pas grandi avec la perspective de l’olympisme<br />
en tête, mais avec celle du <strong>Red</strong> Bull<br />
BC One, qui a toujours été mon objectif<br />
principal. Le breakdance sera abordé sous<br />
un autre angle, ce serait une nouvelle<br />
expérience, avec une approche plus sportive<br />
de la danse. Il est reconnu aujourd’hui,<br />
mais tout le monde ne reconnaît pas sa<br />
dimension athlétique. Ce serait aussi l’opportunité<br />
de représenter tout un pays.<br />
Cette perspective des JO, vous ne<br />
l’avez pas attendue pour vous bouger<br />
et vous construire dans la danse.<br />
Quelle a été votre dynamique tout au<br />
long de ces seize années écoulées?<br />
Il y en a eu plusieurs. Premièrement,<br />
prendre du plaisir en dansant. Puis quand<br />
j’ai commencé à avoir un petit niveau et<br />
à débloquer des moves, c’est devenu<br />
une drogue. Il fallait que je danse, que je<br />
m’entraîne. Après, au lycée, j’avoue avoir<br />
moins dansé, c’était moins dans ma tête.<br />
Après le lycée, en débloquant des moves<br />
à nouveau, en partant plus loin dans ma<br />
danse, c’est revenu : je ne voulais que<br />
m’entraîner, et gagner toutes les plus<br />
grandes compétitions. Cela fait sept ans<br />
que je vis du breakdance, et ça a impliqué<br />
beaucoup de sacrifices : comme d’autres<br />
sportifs de haut niveau, j’ai dû dédier<br />
beaucoup de temps à l’entraînement et<br />
à l’effort plutôt qu’à d’autres choses.<br />
Membre du crew Legiteam Obstruxion, Khalil se produit avec la compagnie Accrorap.<br />
« Ce sont beaucoup<br />
d’heures<br />
à se casser les<br />
coudes, à se<br />
brûler le dos,<br />
et à se briser<br />
la nuque. »<br />
Les blessures existent-elles dans le<br />
breakdance ?<br />
Le break est assez rude. C’est beaucoup<br />
d’heures passées à se casser les coudes,<br />
à se brûler le dos, et à se briser la nuque.<br />
(rires) Du coup, pour en revenir aux<br />
Jeux olympiques, ce serait peut-être l’opportunité<br />
que les danseurs bénéficient<br />
du même soutien médical que d’autres<br />
athlètes. Qu’ils puissent être suivis par<br />
des kinés et des médecins du sport. C’est<br />
ce que je souhaite à toute la communauté.<br />
Car en danse, on abîme son corps et<br />
on se blesse autant qu’un footballeur,<br />
voire plus.<br />
Un suivi médical adapté à votre<br />
pratique n’est-il pas déjà une réalité ?<br />
Non. Il serait légitime d’avoir des accès<br />
facilités et plus rapides à un corps médical<br />
spécialisé, ou à des examens, comme<br />
une simple IRM. Si le breakdance est intégré<br />
aux JO, espérons que ces portes-là<br />
s’ouvrent aux danseurs. De mon côté, je<br />
n’ai pas attendu que cela arrive, et je travaille<br />
avec un kiné du sport, trois fois par<br />
semaine, deux heures et demie à chaque<br />
séance, pour être au meilleur de ma<br />
forme pour mes échéances, comme<br />
celle en Inde le 9 novembre prochain.<br />
Qu’est-ce que le public local pourra<br />
apprécier chez vous ce jour-là ?<br />
Qu’est-ce qui caractérise votre danse ?<br />
Mon côté technique. Et avec moi, il faut<br />
savoir qu’absolument tout peut arriver...<br />
le meilleur comme le pire ! (rires) C’est<br />
le fameux instant dont nous parlions,<br />
le côté subjectif de la chose. Mais c’est<br />
surtout mon côté technique qui compte,<br />
la petite subtilité que j’essaie d’apporter<br />
à mes mouvements. Je pense que c’est<br />
pour ça que je suis apprécié en tant<br />
que danseur.<br />
<strong>Red</strong> Bull BC One World Final <strong>2019</strong><br />
à Mumbai, le 9 novembre, à suivre<br />
en direct sur <strong>Red</strong> Bull TV.<br />
THE RED BULLETIN 51
Sur le blanc des murs vierges,<br />
grimper. Puis descendre par le<br />
vert pour plonger dans le bleu.<br />
Makatea, après tout ce temps,<br />
reprend des couleurs.
SUR LA BONNE VOIE<br />
Minée par le phosphate, sauvée par l’escalade. Voici<br />
l’incroyable histoire de MAKATEA, île-falaise et l’un des seuls<br />
atolls surélevés au monde. Ce trésor géologique situé au cœur<br />
des Tuamotu (Polynésie Française), jadis promis à l’abandon,<br />
renaît aujourd’hui de ses cendres grâce aux grimpeurs.<br />
Texte PATRICIA OUDIT<br />
Photo JÉRÉMY BERNARD<br />
53
Quai de Temao, côte ouest. Les rares<br />
cargos qui accostent restent à distance<br />
des installations rouillées qui<br />
servaient jadis à embarquer le phosphate.<br />
Ci-dessous : une locomotive<br />
rouillée, vestige de l’ère phosphatée.<br />
Makatea ressemble<br />
parfois<br />
à un décor<br />
de film postapocalyptique.
Campement, côte<br />
est. Les grimpeurs<br />
se répartissent les<br />
tâches et le matériel<br />
pour équiper les<br />
voies d’escalade.<br />
Un<br />
matin de juin, dans la lumière marbrée de l’aube, ils autour<br />
ont débarqué par centaines. Le cargo en provenance<br />
de Papeete (Tahiti) les a déchargés par barges entières,<br />
après huit heures de mer agitée, port de Temao, gilets<br />
de sauvetage sur le dos. Erwan Le Lann, bras croisés, torsenu,<br />
un peu ému, se tient en retrait du comité d’accueil,<br />
qui sous le regard du maire, distribue aux nouveaux<br />
venus des colliers de fleurs fraîches. Maintenant qu’ils<br />
sont à quai, avec en fond ces triangles de béton rouillés<br />
qui accueillaient jadis les infrastructures d’acheminement<br />
du phosphate, le fameux crocodile de fer, quelques<br />
cordes acidulées dépassant des sacs à dos s’entrevoient.<br />
Ils sont tous là, prêts à être les premiers à déflorer les<br />
falaises et à fêter dignement l’événement Makatea Aventure<br />
Verticale. En quelques minutes, l’île, cent cinq habitants<br />
(dont douze enfants), vient de tripler sa population.<br />
Sous nos yeux, Makatea est en train de renaître de<br />
ses cendres. Ou plutôt de ses poussières de phosphate.<br />
Iconoclaste haricot<br />
Huit mois plus tôt, Erwan Le Lann, capitaine de<br />
Maewan, un camp de base flottant pour aventuriers<br />
du globe, était passé par cette île au passé hanté.<br />
Il se rendait aux Marquises en compagnie de deux<br />
highliners, Nathan Paulin et Antony Newton, qui<br />
n’avaient rien trouvé de mieux que d’installer leurs<br />
lignes entre ces cicatrices de béton plantées dans le Pacifique.<br />
La photo prise au soleil couchant, remarquable,<br />
avait intrigué. Logique. Tout l’endroit est intrigant.<br />
Makatea, étrangeté géologique et l’un des seuls atolls<br />
surélevés au monde, a émergé il y a plusieurs millions<br />
d’années au milieu de l’archipel des Tuamotu, à 220 km<br />
au nord-est de Tahiti. Et lorsqu’on y arrive par bateau<br />
(obligatoirement, car il n’y a pas d’aéroport), sa singularité<br />
écarquille les yeux, hypnotisés par cette falaise de<br />
16 km de long et de 60 m de haut qui ceint l’île de calcaire<br />
comme une forteresse imprenable. L’ocre beige de<br />
la roche se dégradant en douceur vers le jaune du sable,<br />
tranchant à son tour sur le bleu cobalt des tombants :<br />
voilà hissées les couleurs de Makatea, splendeur de la<br />
nature, 24 km² en forme d’iconoclaste haricot.<br />
En voyant ce curieux spectacle du pont de son petit<br />
voilier d’expédition de onze mètres, Erwan, guide de<br />
haute montagne et grimpeur, n’a pu que céder à sa<br />
THE RED BULLETIN 55
Sylvanna Nordman : dans son jardin où tout pousse à<br />
profusion, elle fait de la permaculture grâce au phosphate,<br />
formidable engrais. Pour elle, c’est l’une des voies<br />
de développement durable à privilégier, avec l’escalade.<br />
curiosité. Lui aussi a débarqué. Sur place, il croise<br />
Maciek Buraczynski et son équipe d’Acropol, spécialisée<br />
dans les travaux acrobatiques, en train d’équiper des<br />
voies. Au même moment, il fait la connaissance d’Heitapu<br />
Mai, le fils du maire et président de l’association<br />
Makatea Escalade. « La dynamique autour de la grimpe<br />
était enclenchée, explique-t-il. Et il y avait déjà ce projet<br />
de reprise d’extraction minière par une société australienne,<br />
alors on s’est dit que l’on pouvait peut-être<br />
détourner l’attention sur une autre activité plus douce,<br />
cette île ayant déjà bien souffert… » En quelques mois,<br />
l’idée fait son chemin dans les esprits de chacun. Erwan<br />
connaît du monde, des grimpeurs d’élite, du temps pas si<br />
ancien où il organisait ses Roc Trip regroupant les meilleurs<br />
d’entre eux pour développer des spots à haut<br />
potentiel pour le compte de la marque Petzl. Déjà bien<br />
pris par d’autres projets avec Maewan, il fait appel à<br />
Nina Caprez, grimpeuse suisse de haut niveau qui ne sait<br />
pas encore que la mission Makatea va lui prendre six<br />
mois pour rassembler sponsors, grimpeurs et matériel.<br />
Des ouvreurs sont appelés de toute l’Europe, d’autres<br />
grimpeurs de haut niveau sont dépêchés sur zone, parmi<br />
lesquels Jonathan Siegrist, mutant de la discipline qui<br />
tape du 9b, mais aussi le photopographe (pour photographe<br />
et topographe), Guillaume Vallot, dans la place<br />
pour rédiger le guide d’escalade. Partout, à distance, les<br />
solidarités s’organisent, le matériel est réuni : casques,<br />
chaussons, baudriers par dizaines (qui resteront sur<br />
place), et bien sûr, relais et spits pour équiper les voies…<br />
Début juin <strong>2019</strong>, un campement est monté entre les<br />
cocotiers à Moumu, à l’est de l’île, autour de la maison<br />
prêtée par un local, Francky Vairaaroa, dont le patio<br />
et la cuisine extérieure se muent bien vite en lieu de vie<br />
convivial à souhait. Les premiers jours sont difficiles :<br />
une pluie de mousson s’abat sans discontinuer sur le<br />
camp. Des norias de moustiques-tigres et de nonos se<br />
repaissent de sang neuf, s’ensuivent des sessions grattage<br />
dignes du loto national. La nuit, les kaveus, ces<br />
crabes de cocotiers bleus, parfois gros comme le bras,<br />
sont chassés et fournissent ce que les locaux ont baptisé<br />
le foie gras polynésien. Jour après jour, l’équipement<br />
des voies se fait sur quatre sites répartis à l’est et à<br />
l’ouest de l’île, de l’aube jusqu’au coucher du soleil,<br />
alors que de son côté, le team d’Acropol peaufine une<br />
via ferrata et une impressionnante tyrolienne qui file,<br />
très verticale, jusqu’à la plage. Et tandis qu’une autre<br />
heure de gloire, verte et propre – car il s’agit d’inaugurer<br />
là le premier site d’escalade naturel de Polynésie<br />
française – se profile à Makatea, le passé, béni par certains<br />
et maudit par d’autres, resurgit.<br />
Une autre ère de désolation<br />
Tous ici ont fait la visite des vestiges de l’île, ces locomotives<br />
rouillées façon western, forge et meuleuse dévorées<br />
à petit feu par la végétation, les rails en passe d’être avalés<br />
par les chemins qui font ici office de routes. Tous ont<br />
visionné les films à la gloire de la compagnie française<br />
des phosphates de l’Océanie, qui a apporté le confort<br />
moderne : restaurants, hôpital, cinéma, toutes sortes de<br />
commerces et même un terrain de tennis. Mais Julien<br />
Mai, le maire de Makatea depuis 1995, n’a pas digéré la<br />
fin du film. « En quinze jours, on a demandé à tous ces<br />
gens de bien vouloir partir. Ils étaient 3 600 habitants<br />
au plus fort de l’extraction. On leur a dit : “Fini le phosphate,<br />
place aux essais nucléaires.” Tout a été laissé en<br />
plan, abandonné aux pilleurs. N’est restée qu’une poignée<br />
d’irréductibles, trente personnes en mode survie,<br />
revenues à leurs activités ancestrales, pêche, chasse,<br />
coprah… Aujourd’hui ne restent que dix emplois administratifs<br />
et une épicerie. Makatea est une histoire inachevée.<br />
» En soixante ans, entre 1906 et 1966, la CFPO<br />
a extrait onze millions de tonnes de phosphate. Une<br />
extraction carnivore présentée comme la mère nourricière<br />
d’une partie de la Polynésie pendant un demisiècle,<br />
mais qui explique les résistances locales, comme<br />
en témoignent les panneaux « Non à l’extraction du<br />
phosphate », exposés devant les maisons des opposants.<br />
Eux ne veulent pas entendre parler d’un projet de reprise<br />
par l’industriel australien Colin Randall. Car il reste du<br />
phosphate à Makatea, six millions de tonnes à prendre<br />
à même la roche, rare et pur. Rien de mieux, ou de pire<br />
pour attiser les convoitises et faire rejaillir les blessures.<br />
Lors d’une réunion à la mairie, au centre de l’île, pour<br />
organiser l’événement, les langues s’étaient déliées, de<br />
ceux qui ne veulent plus qu’on touche à leur île, qui<br />
rejettent en bloc cette idée de nouveau poumon minier,<br />
porté par le maire, qui, pensant emploi, ne voit que de<br />
la complémentarité entre activités industrielles et pratiques<br />
vertes. Sylvanna Nordman Haoa, la présidente<br />
de Fatu Fenua No, association de préservation et de<br />
Récemment nommée<br />
présidente<br />
de l’association<br />
Maewan, Marion<br />
Courtois assure<br />
depuis plusieurs<br />
années les actions<br />
sociales et environnementales<br />
menées<br />
par le voilier camp<br />
de base Maewan<br />
autour du globe.<br />
« Je n’ai jamais vu<br />
ça, la falaise est<br />
tout autour, juste<br />
au-dessus de la<br />
plage, c’est pur… »<br />
Charlotte Durif,<br />
ex-championne du<br />
monde d’escalade,<br />
a vécu un rêve<br />
éveillé à Makatea.<br />
56 THE RED BULLETIN
Un joyau vient<br />
d’être découvert<br />
dans le monde<br />
de l’escalade.<br />
Marcos Costa, grimpeur<br />
brésilien en action au<br />
coucher du soleil dans une<br />
des voies du secteur de<br />
Temao, côté Ouest. Colonnettes<br />
et gros bacs dans<br />
un léger dévers au-dessus<br />
de la mer. Le paradis.
L’avenir de<br />
Makatea :<br />
un gisement<br />
outdoor plutôt<br />
qu’une extraction<br />
minière ?<br />
Charlotte Durif s’éclate sur le lisse<br />
du blanc de la falaise, dans le secteur<br />
de Moumu Nord, « pas aussi dangereusement<br />
abrasif que les zones noires »<br />
comme le note le photopographe et<br />
grimpeur Guillaume Vallot.<br />
58
Dans la zone<br />
sinistrée, le vert<br />
reprend peu à<br />
peu racine sur le<br />
gris des puits…<br />
Solenne Piret, double championne du monde<br />
d'escalade handisport, s’est prêtée au jeu.<br />
À l’horizontale, survolée par un drone, elle<br />
feint de grimper entre les trous du pothole,<br />
cicatrices de l’extraction minière. Entre passé<br />
et futur, une belle transition…<br />
60
Maciek Buraczynski, l’artisan des premières voies historiques<br />
de Makatea en 2018. Venu pour une formation aux<br />
travaux en hauteur sur l’île avec sa société Acropol, il n’a<br />
pas résisté à son calcaire royal.<br />
Julien Mai, maire de Makatea depuis 24 ans, devant<br />
les vestiges des installations minières ensevelies par la<br />
végétation. Pour lui, l’histoire du phosphate à Makatea<br />
n’est pas terminée. Et la reprise de l’extraction serait<br />
complémentaire des activités vertes.<br />
protection de la tortue marine à Makatea, Elie Poroi et la<br />
militante écologiste Dany Pittman estiment avoir payé le<br />
prix fort dans leur chair et celle de leurs aînés. Sylvanna :<br />
« On sait par expérience qu’un projet minier n’apporte<br />
à terme que de la destruction. Or, il y a des alternatives<br />
à l’extraction : Makatea peut devenir le grenier maraîcher<br />
des atolls voisins, Rangiroa, Tikehau et Tiputa !<br />
Nous avons tout ce qu’il faut ici pour faire de Makatea<br />
un vrai lieu de développement durable, un circuit court<br />
qui nourrirait sainement 3 000 personnes. Ici, la<br />
moyenne d’âge est d’une trentaine d’années, ce sont<br />
des jeunes sans emploi, que l’on pourrait former, ils<br />
veulent juste un travail. Dans nos jardins, tout pousse<br />
à profusion grâce au phosphate, formidable engrais :<br />
tubercules, fruits, légumes, nous avons aussi l’arbre<br />
à pain, le coprah, le crabe, le poisson, le gibier… On<br />
pourrait imaginer créer un arboretum, une pépinière<br />
pour faire renaître une flore qui n’existe plus, planter<br />
des bambous dans la zone trouée pour produire des<br />
matériaux de construction. Dans les puits moins profonds,<br />
on peut apporter d’autres espèces ou les multiplier,<br />
comme le kava. Il y a tant de possibilités… Cela<br />
peut aller très vite, en un an, si l’on met en place un<br />
transfert des marchandises par bateau. Il faut stopper<br />
une autre ère de désolation qui a apporté du bonheur<br />
à une élite et de la souffrance à tous les autres… »<br />
Chaos lunaire<br />
Pour témoigner de l’ère phosphate, qui a boosté<br />
l’économie mais abîmé les hommes, Sylvanna nous<br />
emmène au cimetière communal, mangé lui aussi,<br />
comme un autre vestige, par la végétation. Il parle<br />
d’une autre histoire, devenue taboue au fil des ans.<br />
Régulièrement, la militante se rend sur la tombe de sa<br />
petite sœur, décédée à six mois en 1965. « Cette annéelà,<br />
un enfant par jour mourait. Déjà, en 1960, sur 130<br />
bébés, 30 étaient décédés ! À l’époque, les autorités ont<br />
mis ça sur le compte d’une épidémie de diarrhée… »<br />
De cette série de décès suspects, jamais élucidés, d’autant<br />
que les archives de la CFPO ont été brûlées par<br />
les militaires, les soupçons se portent sur la poussière,<br />
si volatile, du phosphate charrié dans des wagonnets<br />
à ciel ouvert. « Certains jours, se souvient Sylvanna,<br />
il y avait tellement de poussière qu’on devinait à peine<br />
le village… » Elie Poroi, qui a aussi failli en mourir<br />
enfant, évoque la tuberculose récurrente et ces cancers<br />
tuant des jeunes gens en pleine forme. Et montre ces<br />
statistiques consignées dans un ouvrage médical, qui<br />
dénombrent des centaines de traumatismes crâniens,<br />
de bras et de jambes cassés dont ont été victimes les<br />
ouvriers lors de l’extraction.<br />
Pour se rendre compte par soi-même du relief accidenté<br />
du lieu, il faut aller au pot hole, le tiers de l’île<br />
poinçonné en son sein. C’est là que les puits naturels<br />
jadis gorgés de phosphate ont été intégralement vidés.<br />
Le plus profond fait quarante mètres. Les images<br />
d’époque visionnées chez le maire reviennent alors<br />
en mémoire : celles d’hommes-termites allant et venant<br />
sans cesse dans une sorte de fourmilière coloniale,<br />
sur des passerelles branlantes. « C’était du travail de<br />
bagnard : plus on transportait de brouettes, plus on<br />
Nina Caprez, grimpeuse<br />
suisse et star<br />
internationale de la<br />
grimpe, a dédié 6<br />
mois de sa vie au<br />
projet Makatea.<br />
Bilan : une vingtaine<br />
de grimpeurs du<br />
monde entier et<br />
l’équipement d’une<br />
centaine de voies.<br />
Heitapu Mai, président<br />
de Makatea<br />
Escalade, déroule<br />
le potentiel outdoor<br />
de l’île : « Randonnées<br />
à pied et à<br />
vélo, spéléologie<br />
dans nos grottes<br />
d’eau douce, via<br />
ferrata, parcours<br />
de vire au-dessus<br />
des vagues, plongée<br />
sous-marine<br />
et snorkeling… »<br />
62 THE RED BULLETIN
La forteresse de<br />
calcaire sera le<br />
premier site d’escalade<br />
naturelle<br />
en Polynésie.<br />
Nina Caprez et son perforateur. Les trous<br />
qu’elle perce dans la falaise pour y fixer des<br />
spits ne laisseront que peu de cicatrices…<br />
et feront grimper des générations de<br />
Polynésiens, et autres passionnés de rocher.
Erwan Le Lann, guide de haute<br />
montagne, skipper du voilier<br />
d’expédition Maewan et coorganisateur<br />
de l’événement,<br />
en compagnie de la moitié des<br />
enfants scolarisés à Makatea.
L’événement Makatea Aventure Verticale a duré trois jours, du 26 au 29 juin<br />
<strong>2019</strong>, et permis aux petits comme aux grands de s’initier à l’escalade. Au menu<br />
des festivités : tyrolienne, via ferrata, randonnée…<br />
À 21 ans, Joseph<br />
Grierson a tout<br />
quitté pour ralier<br />
l’aventure Maewan<br />
en Tasmanie.<br />
Un an plus tard,<br />
l’Australien,<br />
véritable couteau<br />
suisse, est de<br />
toutes les<br />
expéditions.<br />
L’Américain<br />
Jonathan Siegrist<br />
est l’un des meilleurs<br />
grimpeurs<br />
actuels avec plusieurs<br />
9b à son<br />
actif. Surmotivé,<br />
il a rejoint Makatea<br />
pour les trois jours<br />
de l’événement.<br />
avait d’argent, il fallait être fort ! », se souvient Francky<br />
Vairaaroa, notre hôte, né en 1948, qui a creusé trois ans,<br />
dès sa quinzième année. Le record de la compagnie<br />
était de sept tonnes en une seule journée… Aujourd’hui,<br />
ce désert de trous enchevêtrés et reliés entre eux par<br />
de minces passerelles de roche abrasive, accrocheuse,<br />
donne toujours le vertige. Vu de haut, cela donne un<br />
chaos lunaire, des sortes de cratères : on redoute d’y<br />
tomber, dans ces herus (trous en polynésien), ce mot<br />
tabou qui ici continue de fâcher les gens. « On y faisait<br />
du vélo avant, sans ces trous qui compliquent tout et qui<br />
nous ont coupé l’accès à la forêt primaire ! », maugréent<br />
les anciens. Désormais, il faut parfois prendre son élan<br />
pour sauter d’un heru à l’autre. Avec ou sans phosphate,<br />
le pot hole n’est pas sans risque…<br />
Ouvrir les esprits par l’action<br />
Cordes, poignées Jumar (autobloquantes) et autres<br />
perforateurs : chargés comme au temps de l’extraction,<br />
Nina Caprez et Aymeric Clouet, guide et alpiniste de<br />
Chamonix, sont sur le chemin qui mène au secteur Areva.<br />
Ici aussi, il va s’agir de faire des trous, mais cette fois, ce<br />
sera pour y mettre des spits, poser des relais, de la<br />
manière la plus éthique qui soit. « Il faut préserver cette<br />
pépite… Au niveau escalade, le potentiel est infini, c’est<br />
du délire, là on a équipé un pourcent !, détaille Aymeric.<br />
Les murs sont purs, même trop, il y a des endroits où ça<br />
ne passe pas tellement c’est lisse ! » Nina évoque la diversité<br />
du profil du rocher : « Il y a de tout : dalles, verticales,<br />
dévers, sans compter une énorme variété de<br />
prises : colonnettes, trous, fissures, bacs… On a équipé<br />
pour que tout le monde, quel que soit son niveau, se<br />
fasse plaisir : du 4 sup accessible à tous au 8b+, réservé<br />
aux experts. Pour moi, cette expérience va au-delà de ce<br />
qu’on pouvait imaginer. D’autant que la rencontre avec<br />
les habitants est très forte. On se sentait attendus, on n’a<br />
pas le sentiment d’arriver comme des intrus… » D’après<br />
Aymeric, les falaises de Makatea ne seraient peut-être<br />
pas si vierges qu’il y paraît : « Il y avait des sangles vieilles<br />
de dix ans dans des gros dévers, mais personne n’a jamais<br />
aperçu de grimpeurs… » L’événement Makatea Aventure<br />
Verticale entend bien remédier à cela. Ouvrir les esprits<br />
par l’action. En cette fin juin, des ateliers d’escalade encadrés<br />
sont organisés sur tous les secteurs qui offrent au<br />
total une centaine de voies, une tyrolienne géante de<br />
200 mètres dévale à la verticale sur le site Moumu Nord<br />
où la cérémonie d’ouverture a lieu, avec démonstrations<br />
de grimpeurs. La fameuse via ferrata du Canyon avec ses<br />
dizaines de voies d’initiation est prise d’assaut, avec priorité<br />
aux enfants : s’ils accrochent, ils seront la première<br />
génération spontanée de grimpeurs polynésiens.<br />
Olivier Testa, plongeur spéléo qui a mené de folles<br />
explorations à travers le monde, venu pour topographier<br />
les grottes de l’île, emmène les volontaires découvrir la<br />
grotte d’eau douce de Hina, et son ludique parcours circulaire<br />
dans une eau translucide. Au campement, qui<br />
s’est notoirement étendu et bénéficie désormais de véritables<br />
cuisiniers, Joseph Grierson, couteau suisse du<br />
lieu, monte au cocotier pour y installer une moulinette<br />
afin que les enfants puissent s’amuser avant d’interpréter<br />
la pièce de théâtre qu’ils ont répétée avec Marion<br />
Courtois, présidente de Maewan, et Gorka Oyarzun, de<br />
l’association Waterfamily. L’histoire d’une goutte d’eau,<br />
Flaggy, devenue la mascotte de bambins qui penseront<br />
désormais, plus que jamais, à préserver leur île. Tout<br />
un symbole dans cet endroit en pleine résilience.<br />
L’isolement, un extraordinaire atout<br />
Sylvanna, de passage sur l’événement, rayonne : « C’est<br />
vrai, nous étions sceptiques au départ. Mais quand je<br />
vois tout ce qui a été accompli, je pense que l’escalade,<br />
liée à d’autres activités, peut donner un nouvel élan à<br />
Makatea, sans la dénaturer ». Pour Erwan, l’isolement<br />
de Makatea est un extraordinaire atout : « C’est comme<br />
ça que l’île a été et sera préservée. Ça va permettre aux<br />
habitants de s’adapter en fonction du nombre de personnes<br />
qu’ils peuvent accueillir ». L’escalade donc,<br />
comme un accélérateur d’une nouvelle ère.<br />
En association avec les autres trésors de l’île, comme<br />
ces fonds coralliens exceptionnels, qui après le récif précipitent<br />
le plongeur dans des tombants de 40 mètres,<br />
aquarium étourdissant, où se frôlent requins, tortues,<br />
thons, dauphins… Ses bernard-l’hermite tous les deux<br />
mètres sur des plages infinies, et tous ces coquillages<br />
sublimes qu’on aurait envie de ramasser. Mais à ne pas<br />
faire ! On lui a assez pris comme ça, à Makatea. Si elle<br />
devient le garde-manger des atolls environnants, elle<br />
donnera volontiers, généreuse par nature. Sylvanna<br />
rêve encore un peu : « Quand je vois tout ce public sportif,<br />
je me dis que nous pourrions organiser des randonnées<br />
un peu engagées jusqu’à la forêt primaire totalement<br />
préservée, et son palmier endémique, le tavevo ! »<br />
Maciek, Heitapu et Erwan ont ouvert une nouvelle voie.<br />
Où il s’agira de traiter comme il se doit ce corail lumineux,<br />
celui que l’on voit luire du bateau, se coller à lui,<br />
grimper sur ces milliers d’années de pureté retrouvée.<br />
Makatea veut dire rocher blanc, après tout. Et ici,<br />
chacun, à sa façon, un demi-siècle plus tard, entend<br />
le faire resplendir à nouveau.<br />
fanatic-climbing.com<br />
THE RED BULLETIN 65
Danny le<br />
brillant<br />
En 2009, l’Écossais DANNY MACASKILL, alors âgé de 23 ans, sortait Inspired Bicycles.<br />
Cette vidéo de cinq minutes contient « probablement la meilleure compilation de rides<br />
de street trial (une discipline du VTT consistant à manœuvrer son vélo à travers des<br />
obstacles sans que les pieds du rider ne touchent terre, ndlr) qu’on ait jamais vue ».<br />
Ce clip aux 39 millions de vues a fait de MacAskill une superstar mondiale. Il revient<br />
ici sur les moments les plus marquants des dix années qui ont suivi sa sortie…<br />
Entretien STU KENNY<br />
DAVE SOWERBY, PA, <strong>FR</strong>ED MURRAY/RED BULL CONTENT POOL<br />
66 THE RED BULLETIN
Imaginate (2013)<br />
Pour cette vidéo, je voulais recréer l’univers de ma<br />
chambre d’enfant et rider sur des jouets géants.<br />
On avait dégoté une F1 à 4,5 millions d’euros, et un<br />
véritable char d’assaut. Le looping était digne de<br />
Hot Wheels ! Je n’en avais jamais tenté jusque-là car<br />
ils font perdre le sens de l’orientation ; à chaque fois<br />
que quelqu’un en essaie un, ça finit mal. Et comme<br />
j’avais été opéré du dos un an plus tôt, je n’étais plus<br />
au niveau. Tous les matins, j’allais à l’entrepôt<br />
pour faire huit flip step downs sur un numéro de la BD<br />
<strong>The</strong> Dandy version géante et me préparer à affronter<br />
le looping. Et j’ai fini par gagner mon pari.
« Réussir ce saut entre<br />
deux toits fut tellement<br />
gratifiant. »
Inspired Bicycles (2009)<br />
On me voit (page de gauche) me<br />
lancer depuis le toit de Macdonald<br />
Cycles à Édimbourg, où j’ai travaillé de<br />
2006 à 2009. Chaque jour, c’est là<br />
que je cassais la croûte, et je jaugeais<br />
le gap séparant le magasin de vélos et<br />
le copy shop. Quand on a commencé<br />
à tourner Inspired Bicycles avec Dave<br />
Sowerby (le réalisateur, ndlr), je me<br />
suis mis à la recherche de défis toujours<br />
plus ambitieux, comme celui-ci.<br />
Avant de le tenter, j’ai sauté la distance<br />
équivalente sur le trottoir d’en<br />
bas. Lors de ma première tentative, je<br />
suis parti trop vite et suis tombé sur le<br />
dos en atterrissant sur le toit. C’était<br />
tellement gratifiant quand j’ai réussi ;<br />
c’est l’un des temps forts du film.<br />
Dave est un mec bourré de talent, je<br />
sentais donc que ce film allait m’offrir<br />
une belle opportunité. On a tout<br />
donné : mes rides étaient inédits et la<br />
manière dont il les a filmés et montés<br />
sur la musique de Band of Horses,<br />
<strong>The</strong> Funeral, est sublime… Et puis cet<br />
arbre dans le parc du Meadows à Édimbourg<br />
est très réputé chez les BMXers ;<br />
je rêvais de m’en servir pour plaquer<br />
un flair dans une vidéo. Sur cette<br />
photo, je fais un tap, un trick assez<br />
facile. J’avais l’habitude de le faire en<br />
rentrant chez moi, dans l’obscurité.<br />
69
Way Back Home (2010)<br />
J’ai signé avec <strong>Red</strong> Bull fin 2009. L’idée de ce film<br />
m’est venue dès nos premières réunions. Je suis originaire<br />
de l’île de Skye, en Écosse. J’adore explorer ma<br />
région natale pour dénicher des sites bétonnés. Dans<br />
cette prise de vue (ci-dessus), je manœuvre sur les<br />
fondations d’une voie ferrée sur l’île de Raasay. Je me<br />
souviens avoir été un peu déçu par Way Back Home au<br />
final car j’avais des ambitions ridiculement élevées<br />
après mes exploits dans Inspired Bicycles ; j’envisageais<br />
même de faire un saut de 43 m dans la mer depuis le<br />
pont de Skye. Avec Dave, on a travaillé très dur pour filmer<br />
nos idées les plus folles, on a parcouru 29 000 km<br />
en six mois pour se rendre sur les spots au moment où<br />
le soleil avait la bonne luminosité. Avec le recul, je me<br />
sens très satisfait du résultat. Cette photo (ci-dessous)<br />
résume parfaitement cette époque, avec notre brouette<br />
et nos dîners au micro-ondes.<br />
La flamme olympique (2012)<br />
Ce fut une année difficile. On m’a opéré du dos au niveau<br />
d’un disque que je m’étais déchiré en 2009. C’est pourtant<br />
ce pépin physique m’a permis de participer au relais de la<br />
flamme olympique. J’avais l’intention de préparer un<br />
grand show à vélo avec Danny Boyle lors de la cérémonie<br />
d’ouverture, mais le projet est tombé à l’eau à cause de<br />
mes problèmes de santé. Cela dit, c’était cool de pouvoir<br />
sortir du Kelvingrove Art Gallery & Museum en brandissant<br />
cette flamme. On était trois à se relayer, avec l’acteur<br />
James McAvoy et la championne de curling Rhona Martin.<br />
Avant le grand jour, je m’étais entraîné avec une pompe à<br />
vélo en guise de torche pour essayer de placer des tricks.<br />
Finalement, je me suis contenté de quelques manuals.<br />
STU THOMSON & CHRIS PRESCOTT/CUT MEDIA, DAVE MACKISON/GOPRO<br />
70 THE RED BULLETIN
Epecuén (2014)<br />
Ce film s’inspire d’une histoire triste. La ville d’Epecuén,<br />
en Argentine, située au bord d’un lac, a traversé<br />
une longue période de sécheresse au cours des<br />
années 70. Comme l’économie de la ville dépendait du<br />
tourisme autour du lac, un canal fut construit pour le<br />
relier à d’autres lacs plus en altitude. Des années plus<br />
tard, quand la pluie est revenue, la ville fut inondée.<br />
Je voulais raconter l’histoire de ce lieu et de ses habitants.<br />
Les murs des bâtiments, tous recouverts d’une<br />
couche de sel, rendaient le paysage uniforme. On<br />
ignorait si les structures allaient tenir ou pas, et il<br />
arrivait que des blocs de béton se scindent en deux.<br />
C’est l’un des films les plus risqués que j’ai faits.<br />
« Epecuén est<br />
l’un des films<br />
les plus risqués<br />
que j’ai faits. »
<strong>The</strong> Ridge (2014)<br />
Mon pote Stu Thomson et moi-même avons<br />
décidé de réaliser un petit film de VTT dans<br />
les montagnes Cuillin, sur l’île de Skye. Je ne<br />
connaissais pas bien l’endroit, si difficile d’accès<br />
qu’il faut y aller avec un guide. Le premier<br />
jour, on a enchaîné 23 heures de tournage.<br />
Mises à part les millions de calories brûlées,<br />
ce film fut l’un des plus faciles à tourner de<br />
ma vie. Pour les rides de trial technique, j’étais<br />
largement dans ma zone de confort. Ce projet<br />
se résume à un gros kiff : j’ai fait de la rame,<br />
j’ai côtoyé des phoques, et j’ai placé quelques<br />
tricks techniques comme le front flip audessus<br />
d’un grillage. Le succès rencontré<br />
par <strong>The</strong> Ridge m’a aussi surpris que celui<br />
d’Inspired Bicycles ; il a récolté 20 millions de<br />
vues en un mois, alors que je passe la moitié<br />
du film à me taper une traversée à la rame !<br />
« Je sentais<br />
que j’allais<br />
vraiment<br />
frôler les<br />
rochers d’un<br />
cheveu. »<br />
Cascadia (2015)<br />
Je plaque ici un front flip depuis un échafaudage qu’on a construit à El Roque, sur l’île de Grande Canarie. Ça faisait longtemps<br />
que je voulais faire une vidéo sur des rooftops. On a frappé à toutes les portes de Las Palmas et d’El Roque pour<br />
demander aux gens si on pouvait jeter un œil à leur toit. Ils étaient tous partants. Pour cette scène finale, j’étais excessivement<br />
confiant. Comparée aux risques que je prends sur le béton, l’eau ne me fait pas peur. Et il ne s’agissait que d’un<br />
saut de 18 m, même si ça finissait en plat, ça n’allait pas me tuer. Ce n’est qu’au moment de me lancer que j’ai réalisé que<br />
la prise d’élan n’était pas longue et que sous l’eau, les rochers avançaient dans la mer. Je sentais que j’allais les frôler d’un<br />
cheveu. C’était un coup de flip monstrueux, mais j’ai envoyé du lourd, et c’était sans doute l’un de mes moments de gloire<br />
les plus kiffants que j’aie jamais vécus. Au moment de décoller de la plateforme, j’ai ressenti un profond soulagement.<br />
ADIDAS OUTDOOR/DAVE MACKISON ADIDAS,<strong>FR</strong>ED MURRAY/RED BULL CONTENT POOL<br />
72 THE RED BULLETIN
Wee Day Out (2016)<br />
Le film <strong>The</strong> Ridge m’a ouvert de<br />
nouveaux horizons en matière<br />
de VTT, mais cette fois, plutôt<br />
que de me concentrer sur le<br />
décor, mon ambition était d’élever<br />
la difficulté technique.<br />
L’avantage avec un VTT, c’est<br />
que les gens s’imaginent qu’on<br />
peut faire nettement moins de<br />
choses qu’avec un vélo de trial.<br />
Mon intention était de me servir<br />
de mes skills de trial pour les<br />
transposer au VTT, comme<br />
l’avait déjà fait l’un de mes<br />
modèles, Chris Akrigg. Quand je<br />
travaillais chez Bothy Bikes, il y<br />
avait un train à vapeur qui passait<br />
tous les jours à côté de chez<br />
moi. J’ai mis au point un trick<br />
(ci-dessous) qui consistait à me<br />
lancer du quai de la gare pour<br />
atterrir sur les rails. Les chances<br />
que cela fonctionne étaient très<br />
minces, mais après une heure et<br />
demie et environ cent tentatives,<br />
j’ai réussi à le poser. Le premier<br />
jour, j’ai aussi tenté plus de 150<br />
fois de poser un grind sur un<br />
tronc (photo de droite), sans<br />
jamais réussir à m’en approcher.<br />
Il a fallu continuer trois jours.<br />
Mon pote a fini par avoir l’idée<br />
d’enduire le tronc de Vaseline,<br />
parce qu’il commençait à devenir<br />
trop adhérant. Et puis mes<br />
pédales, mes chaussures, mes<br />
grips, mes gants… tout y est<br />
passé. On y est retourné le quatrième<br />
jour et au dernier rayon<br />
de soleil du dernier jour de tournage,<br />
j’ai réussi à poser le trick…<br />
quatre fois d’affilée ! Sauter sur<br />
une botte de foin en train de<br />
dévaler un champ est une autre<br />
chouette idée que j’ai eue – mais<br />
encore une qui a mis quatre<br />
jours à se concrétiser. L’idée<br />
était que la botte soit suffisamment<br />
lourde pour qu’elle continue<br />
à rouler pendant que<br />
je ridais dessus. J’ai eu besoin<br />
de 400 tentatives sur ce couplà<br />
avant de réussir. Deux de mes<br />
amis devaient pousser la botte<br />
de foin de 450 kg de manière<br />
à la faire rouler avant que je<br />
saute dessus, puis trois autres<br />
potes – à qui je dois beaucoup –<br />
étaient chargés de l’intercepter<br />
à mi-chemin alors que je dévalais<br />
la colline. C’était de la folie pure.<br />
« Le premier jour, j’ai tenté plus<br />
de 150 fois de poser un grind<br />
sur un tronc, sans y parvenir. »<br />
<strong>FR</strong>ED MURRAY/RED BULL CONTENT POOL
Kilimanjaro: Mountain of Greatness (2018)<br />
Hans Rey est presque un mentor<br />
pour moi, il est allé partout et a<br />
tout fait en VTT. Alors quand il<br />
m’a invité à l’accompagner gravir<br />
le Kilimandjaro et le mont Kenya,<br />
je n’ai pas hésité. J’avais fait<br />
beaucoup de vélo cet été-là, je<br />
n’étais pas vraiment en forme.<br />
Mais je m’apprêtais à gravir le<br />
Kilimandjaro avec un gars de<br />
51 ans qui entretenait une passion<br />
pour le whisky et la bière.<br />
Physiquement, je pensais que<br />
ça le ferait. En réalité, ce voyage<br />
fut un enfer. On a bouclé l’ascension<br />
du mont Kenya très vite. Je<br />
venais du niveau de la mer et il<br />
s’agissait de ma toute première<br />
expérience en altitude. Résultat :<br />
j’ai eu le mal des montagnes et<br />
ai dû être héliporté. Le lendemain,<br />
on a traversé la Tanzanie<br />
jusqu’au pied du Kilimandjaro,<br />
et le jour suivant, on entamait<br />
l’ascension. Mon corps s’est<br />
beaucoup mieux porté sur ce<br />
sommet-là. L’ascension finale<br />
avec le vélo sur le dos est l’une<br />
des pires choses que j’aie jamais<br />
faites. Personne ne trimballe un<br />
tel poids à cette altitude. Mais il<br />
y a une certaine beauté à hisser<br />
son vélo tout en haut des cimes,<br />
pour dévaler les 5 000 m de la<br />
montagne jusqu’au camp de<br />
base. C’est un autre type de fun.<br />
« Je réalise ici<br />
un 180° entre<br />
les rambardes<br />
du Pont vers<br />
nulle part. »<br />
Seaside Trials (<strong>2019</strong>)<br />
J’ai réalisé ce film pour adidas. Les délais de tournage étant très<br />
serrés, je me suis rendu au Pont vers nulle part que j’avais repéré lors<br />
du tournage de Way Back Home, près de Dunbar, en Écosse.<br />
Il enjambe une rivière et mène vers une plage (à marée haute, l’accès<br />
au pont est coupé des deux côtés, ndlr). J’ai rejoint le pont pieds nus<br />
dans l’eau, vélo sur le dos, dans le but de shooter quelques prises de<br />
vue sympa. On a filmé entre le port de Dunbar et Glencoe afin d’insister<br />
sur le contraste entre les scènes de VTT et de trial. Il s’agissait de<br />
rides très faciles, malgré les vents forts, mais ça nous a permis de<br />
réaliser une vidéo à la fois cool et originale. Ma manière de procéder<br />
n’a pas beaucoup changé ces dix dernières années. Le repérage<br />
représente une partie essentielle sur un tournage, il s’agit de ne pas<br />
perdre de temps avec des spots qui n’en valent pas la peine. Je persévère<br />
et je poursuis toujours la même ambition : inventer sans cesse<br />
des tricks que personne n’a encore jamais réalisés. On prend vraiment<br />
beaucoup de plaisir à les réaliser comme on se l’imagine. Les<br />
dix dernières années ont été extra, et j’ai noté suffisamment d’idées<br />
dans mes carnets pour tenir encore un demi-siècle.<br />
MARTIN BISSIG, ADIDAS OUTDOOR, DAVE MACKISON<br />
74 THE RED BULLETIN
THE RED BULLETIN 75
LEAGUE OF LEGENDS :<br />
5 raisons de vivre<br />
les Mondiaux à Paris<br />
Le Championnat du monde de League of<br />
Legends est le tournoi esportif le plus suivi<br />
dans le monde chaque année. En <strong>2019</strong>, le jeu<br />
qui a révolutionné le sport électronique fête<br />
ses dix ans et pour la première fois, la finale<br />
se déroulera à Paris. Avec une audience aussi<br />
forte que celle du Super Bowl, voici pourquoi<br />
elle est l’événement gaming à ne pas manquer.<br />
Texte EVA MARTINELLO<br />
Photos RIOT GAMES<br />
76 THE RED BULLETIN
Des fans du joueur Uzi, au<br />
Mid- season Invitational à<br />
Paris (ci-contre). Les<br />
Coréens d’Invictus Gaming,<br />
actuels patrons mondiaux<br />
(ci-dessous). Romain<br />
Bigeard, « figure » de la foule<br />
française sur LoL (en bas).<br />
Un sommet d’esport<br />
League of Legends, ou LoL, est un jeu en<br />
arène gratuit (un MOBA) qui se joue en<br />
équipes de cinq. Le but est de détruire la<br />
base adverse, le Nexus, à l’aide de plus<br />
d’une centaine de personnages au choix,<br />
parmi lesquels des mages, des tanks ou<br />
des assassins, que le joueur peut optimiser<br />
en achetant des items qui renforceront<br />
ses caractéristiques. Pour acheter des<br />
items, il faut éliminer des sbires tout au<br />
long de la partie, et des monstres dans<br />
une jungle. Dans ce classique de l’esport,<br />
chaque joueur a un rôle précis et il faut<br />
faire preuve d’esprit d’équipe, de stratégie<br />
et de bons réflexes pour surpasser<br />
l’équipe ennemie. En dix ans, ce jeu a<br />
beaucoup évolué ; pionnier de l’esport<br />
sur LoL, le Français Fabien « Chips » Culié<br />
en sait quelque chose. Commentateur<br />
esportif sur le jeu depuis 2011, il a vu la<br />
communauté se développer. « Par le biais<br />
de l’esport, je dirais que c’est en 2013 que<br />
le jeu a vraiment explosé. J’ai eu l’impression<br />
que les vues avaient beaucoup augmenté,<br />
que le jeu avait pris une ampleur<br />
énorme. »<br />
THE RED BULLETIN 77
À sa sortie en 2009, League of Legends<br />
passe pourtant inaperçu : le MOBA n’est<br />
pas encore à la mode, les critiques<br />
émettent des réserves. Mais il finit par<br />
trouver son public. Le bouche à oreilles fait<br />
son effet et, en 2011, le géant chinois du<br />
jeu vidéo Tencent rachète l’éditeur du jeu,<br />
Riot Games, pour 400 millions de dollars.<br />
En 2016, il devient le jeu le plus actif<br />
au monde en rassemblant 100 millions de<br />
joueurs. Le club du PSG s’y intéresse et<br />
monte une équipe le temps d’une saison.<br />
Il s’impose aussi comme l’esport le plus<br />
regardé au monde, alors que le domaine<br />
est en pleine explosion. Aujourd’hui,<br />
League of Legends est encore le jeu esport<br />
numéro 1, et son plus grand tournoi de<br />
l’année (notamment sponsorisé par Mastercard)<br />
sera le Championnat du monde,<br />
du 2 octobre au 10 novembre. Il sera<br />
organisé en trois phases : le Play-In<br />
(du 2 au 8 octobre, à Berlin), la phase de<br />
groupes (du 12 au 20 octobre, à Berlin)<br />
et les playoffs, dont les quarts et demies<br />
se tiendront à Madrid, et la finale à<br />
l’Accor Hotels Arena de Paris.<br />
Le match le plus attendu<br />
Le Mondial de League of Legends, le World<br />
Championship ou Worlds, est le tournoi<br />
de l’excellence. Pour un joueur professionnel,<br />
y participer est une consécration,<br />
et le remporter signifie entrer dans l’histoire<br />
de League of Legends. « C’est l’achèvement<br />
de neuf mois de compétition pour<br />
treize régions dans le monde, par un mois<br />
complet de phases finales », explique<br />
Romain Bigeard, Business Development<br />
Manager chez Riot Games. LoL est le circuit<br />
esportif le plus structuré au monde,<br />
ce qui fait que chaque région a droit à des<br />
événements physiques. Les matches de<br />
ligue se jouent, pour les régions les plus<br />
importantes, en physique et non pas en<br />
ligne. Mais il n’y a pas toujours un public.<br />
Une saison compétitive est un marathon<br />
pour les joueurs professionnels, et<br />
les mondiaux en sont le sprint final. Souvent<br />
accompagnés d’un nutritionniste,<br />
leur alimentation et leur hygiène de vie<br />
doivent être irréprochables pour maximiser<br />
leurs performances : au plus haut<br />
niveau, les détails peuvent faire la différence.<br />
Avant d’atteindre ce plus haut<br />
Une finale mondiale de<br />
League of Legends,<br />
c’est aussi du spectacle,<br />
du genre pop<br />
(ci-contre). Le site de<br />
la finale 2018 à<br />
Incheon, en Corée du<br />
Sud (ci-dessus). Les<br />
Invictus Gaming (à<br />
droite) y furent sacrés<br />
champion du monde<br />
– La larme à l’œil…<br />
niveau, un joueur lambda doit monter les<br />
rangs internes du jeu : intégrer une<br />
équipe, participer à des tournois locaux,<br />
entrer dans une ligue locale ou directement<br />
dans une ligue régionale, atteindre<br />
le haut du classement, participer aux<br />
playoffs en fin de saison, participer aux<br />
Worlds… et qui sait, peut-être, atteindre<br />
la grande finale.<br />
Ce jour-là, tout sera possible, il est<br />
difficile d’anticiper l’intensité de l’affrontement.<br />
« Il y a un revers de la médaille<br />
à commenter une finale mondiale sur<br />
place, nous dit Chips, qui commentera<br />
en direct de l’AccorHotels Arena. Les<br />
quarts et demi-finales sont des matches<br />
très disputés, mais ce n’est pas toujours<br />
le cas en grande finale. J’aimerais que<br />
la finale de cette année soit comparable<br />
à celle de 2016 entre les équipes<br />
coréennes Samsung Galaxy et SK Telecom<br />
1 au Staples Center de Los Angeles (la<br />
maison des Lakers, ndlr) : le niveau de jeu<br />
était incroyable, mais surtout, jusqu’à la<br />
fin, on ne savait pas qui allait gagner. La<br />
finale mondiale est censée être le match<br />
le plus attendu de l’année, donc si en plus<br />
du symbole, on peut avoir du spectacle et<br />
du suspense… ça fera la différence ! »<br />
78 THE RED BULLETIN
Un premier titre mondial pour<br />
l’Europe depuis 2011 ?<br />
L’année dernière, l’une des trois équipes<br />
européennes, Fnatic, est arrivée jusqu’en<br />
grande finale des mondiaux. L’Europe<br />
n’avait pas été représentée à ce niveau<br />
depuis 2011. Fnatic a perdu le match 0-3<br />
contre l’équipe chinoise Invictus Gaming,<br />
mais cette deuxième place a ravivé les<br />
espoirs d’une Europe victorieuse. « L’année<br />
dernière, les attentes pour l’Europe<br />
100 millions<br />
de personnes<br />
ont suivi la<br />
finale en 2018.<br />
ont été surpassées, explique Chips. Fnatic<br />
a fait un beau mondial, aussi grâce à son<br />
tirage, mais on n’attendait pas non plus<br />
G2 Esports à ce niveau. » L’autre équipe<br />
européenne a sorti les favoris du mondial,<br />
l’équipe chinoise RNG (Royal Never Give<br />
Up), mais s’est arrêtée en demi-finale.<br />
Cette année aux Mondiaux, les espoirs<br />
de l’Europe seront portés par cette<br />
équipe, G2 Esports. Avec ses nouveaux<br />
joueurs, elle a remporté le tournoi international<br />
du Mid-Season Invitational en<br />
mai dernier et possède le titre de double<br />
championne d’Europe. Avec une victoire<br />
en avril et une seconde plus récente,<br />
début septembre, la domination est<br />
totale. « Les commentateurs anglais disent<br />
des G2 que ce sont des “artistes”. Moi, je<br />
les appelle des magiciens. Tu as l’impression<br />
que rien ne leur fait peur. G2, ce sont<br />
cinq individualités excellentissimes qui<br />
forment une équipe avec une bonne<br />
entente. Ils sont exceptionnels. » Mais la<br />
concurrence sera rude : les champions du<br />
monde en titre, Invictus Gaming, seront<br />
de retour pour défendre leur titre. Une<br />
autre équipe favorite se nomme SK Telecom<br />
T1, des Sud-Coréens au palmarès<br />
inégalé de trois titres mondiaux et quatre<br />
participations au total. Après une absence<br />
remarquée en 2018, ils reviennent plus<br />
forts que jamais cette saison. SKT T1<br />
contre G2 serait une affiche de finale<br />
historique.<br />
La production sera grandiose<br />
La qualité de production de la finale mondiale<br />
de League of Legends est reconnue<br />
dans le monde entier. Chaque année,<br />
Riot Games met tout en œuvre pour que<br />
la cérémonie d’ouverture soit époustouflante.<br />
Pour la finale mondiale de 2017<br />
à Pékin, un dragon issu du jeu est apparu<br />
dans le stade en réalité augmentée et s’est<br />
envolé au-dessus de la foule. Riot Games<br />
a reçu un Sports Emmy Award pour cette<br />
performance. En 2018 en Corée du Sud,<br />
le clip Pop/Stars de style K-Pop mettant<br />
en scène les personnages du jeu a été créé<br />
spécialement pour la finale mondiale.<br />
Il est devenu un hit national et la vidéo<br />
comptabilise plus de 250 millions de vues<br />
sur YouTube. Pour la finale mondiale de<br />
<strong>2019</strong> qui se déroulera à Paris, les possibilités<br />
sont infinies. Une chanson sera créée<br />
spécialement pour le tournoi, que les<br />
artistes chanteront en live sur la scène<br />
de l’Accor Hotels Arena. Elle aura pour<br />
thème : l’Europe. Riot Games travaille<br />
aussi de concert avec la web TV O’Gaming<br />
qui commentera le match en français.<br />
En 2018, le tournoi a été retransmis<br />
dans 17 langues différentes, principalement<br />
sur Twitch, mais aussi d’autres<br />
plateformes de diffusion en ligne comme<br />
YouTube, Douyu et Huya en Chine. Les<br />
mondiaux sont aussi passés à la télévison<br />
aux USA, via ESPN+ (en mode payant).<br />
La finale a été suivie à distance par 100<br />
millions de spectateurs uniques (principalement<br />
connectés en Chine). La même<br />
année, le fameux Super Bowl de football<br />
américain comptabilisait 103 millions de<br />
spectateurs...<br />
Une grande finale parisienne<br />
C’est la première fois dans l’histoire<br />
de League of Legends que la finale du<br />
World Championship se déroule à Paris.<br />
Le temps d’une journée, le 10 novembre<br />
prochain, l’Accor Hotels Arena, salle<br />
mythique de plus de 20 000 places,<br />
deviendra capitale de l’esport pour un<br />
affrontement pouvant durer entre une<br />
heure et demie et trois heures. En 2017,<br />
la finale de la ligue européenne de League<br />
of Legends s’y est déroulée, mais jamais<br />
elle n’avait accueilli d’événement esport<br />
de cette ampleur.<br />
Roch François, délégué général de l’association<br />
France Esports, nous parle de la<br />
portée de l’événement pour la France :<br />
« Ce sera une opportunité magnifique de<br />
montrer le savoir-faire français et notre<br />
capacité d’accueil, l’engouement inégalable<br />
du public français et la qualité de<br />
l’une de nos plus belles infrastructures. »<br />
Ce dernier a joué les intermédiaires entre<br />
Riot Games, la Ville de Paris et l’Accor-<br />
Hotels Arena pour que la finale s’y<br />
déroule. Romain Bigeard, qui a chauffé<br />
la foule dans la dernière compétition de<br />
LoL à l’AccorHotels Arena, en attend aussi<br />
beaucoup : « Pour la finale, on va mettre<br />
les petits plats dans les grands, et je serai<br />
sur scène pour chauffer la foule avant le<br />
show ! » Sur place ou connecté, ne loupez<br />
pas la cérémonie d’ouverture de la finale,<br />
elle dure un quart d’heure environ et<br />
lance le match : il s’agit là du plus grand<br />
moment de l’année sur la planète esport.<br />
À ne pas rater !<br />
THE RED BULLETIN 79
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Bull Rampage ou suivre<br />
une bataille mondiale<br />
de break, c’est par ici.<br />
PAGE 87<br />
POIGNET D’AMOUR<br />
Dans l’eau, sur terre ou<br />
dans le futur, on peut<br />
vous aider à trouver la<br />
montre qu’il vous faut.<br />
PAGE 88<br />
GRATTE-CIEL<br />
Sur cette photo, vous<br />
verrez un hélicoptère à<br />
la verticale au-dessus<br />
de Manhattan. Oui, oui.<br />
PAGE 98<br />
EXPLORE HIMALAYA TRAVEL & ADVENTURE<br />
CHUTE RARE<br />
La chute libre n’est plus<br />
réservée qu’aux fondus de<br />
l’extrême en mode Johnny<br />
Utah. La chute libre<br />
au-dessus de l’Everest,<br />
c’est autre chose. PAGE 82<br />
THE RED BULLETIN 81
G U I D E<br />
Faire.<br />
Hop ! Le saut de l’hélico marque le point culminant de l’aventure Everest Skydive.<br />
PARACHUTISME SUR L’EVEREST<br />
VOL AU-DESSUS DU<br />
TOIT DU MONDE<br />
Pour le parachutiste et recordman Tom Noonan, sauter<br />
au-dessus de la plus haute montagne au monde constitue<br />
une tout autre expérience de la chute libre. Il raconte.<br />
Àpeine sorti de l’hélicoptère<br />
à 7 000 m d’altitude, je me<br />
précipite vers le sol à la vitesse<br />
de 210 km/h. La chute libre<br />
produit une fréquence similaire<br />
au souffle d’un sèche-cheveux. Le<br />
casque en atténue le niveau sonore<br />
et protège des risques physiques<br />
potentiels. La chute ne<br />
dure que 45 secondes, mais être<br />
entouré des plus hauts sommets<br />
de la planète rend ce saut unique.<br />
Ce point de référence n’a pas<br />
son pareil dans le monde ; pendant<br />
la chute libre, je me sentais<br />
aspiré par le relief himalayen.<br />
Pro : l’instructeur Tom Noonan a pratiqué dans plus de 40 pays.<br />
82 THE RED BULLETIN
voyage<br />
CONSEILS DE VOYAGE<br />
LE NÉPAL AU NATUREL<br />
Le Népal est le paradis du trekking<br />
et de la randonnée, mais le toit du monde<br />
a bien plus à offrir, comme son miel<br />
hallucinogène ou le dieu des dents.<br />
L’hélicoptère achemine les parachutistes à 7000 m d’altitude.<br />
Népal<br />
Katmandou<br />
Everest<br />
Lukla<br />
La température moyenne de jour pendant l’Everest<br />
Skydive en novembre avoisine les 15 °C. Les précipitations<br />
sont faibles, le meilleur mois pour s’y rendre.<br />
EXPLORE HIMALAYA TRAVEL & ADVENTURE<br />
Niché à 3 440 m d’altitude, le village de Namche Bazaar est le paradis du randonneur.<br />
Puis j’ouvre le parachute et la<br />
vitesse retombe à environ 25<br />
km/h. Pendant les six minutes qui<br />
suivent, la descente se poursuit à<br />
hauteur du mont Everest distant<br />
de quelques petits kilomètres.<br />
Cette descente calme face à l’une<br />
des plus impressionnantes manifestations<br />
de la force de la nature<br />
inspire humilité et marque à vie.<br />
Vivre cette expérience que peu<br />
d’humains ont vécue procure une<br />
sensation indescriptible. Ce qui<br />
n’empêche pas d’être heureux<br />
d’atterrir sain et sauf sur la piste<br />
de Syangboche à 3 780 m d’altitude<br />
et de retrouver une température<br />
plus clémente. En tant qu’instructeur<br />
de saut en tandem, j’ai<br />
effectué près de 8 000 sauts dans<br />
« Pendant la chute<br />
libre, je me sentais<br />
aspiré par le relief<br />
himalayen. »<br />
une quarantaine de pays sur sept<br />
continents. J’ai sauté au-dessus<br />
d’un gouffre à Belize, sur la<br />
calotte glaciaire des deux pôles et<br />
sur les pyramides de Gizeh. Les<br />
spots reculés ça me connaît.<br />
Mais quand il s’agit de préparer<br />
l’expédition annuelle sur l’Everest,<br />
je me laisse tout simplement<br />
guider par ma passion. Depuis le<br />
début de l’aventure en 2008, je<br />
OBSERVER<br />
L’Himalaya abrite plusieurs espèces d’animaux, nous dit<br />
Tom Noonan, certaines plus discrètes que d’autres…<br />
LE YÉTI<br />
« Certains croient toujours à la présence du yéti, mais nul ne<br />
l’a vu récemment. L’un des temples possède des os de yéti. »<br />
LE LÉOPARD DES NEIGES<br />
« Les léopards des neiges sont difficiles à observer.<br />
Mais j’espère ne jamais en croiser un la nuit. »<br />
LE YAK<br />
« Massifs, beaux et dociles, les yaks transportent<br />
tout ce que l’homme ne peut porter. »<br />
S’IMPRÉGNER<br />
L’embarras du choix à Katmandou<br />
LA DIVINITÉ DU MAL DE DENTS<br />
Dans le quartier des dentistes se trouve un bout de Bangemudha,<br />
un arbre-divinité couvert de pièces de monnaie,<br />
offrandes pour Vaishya Dev, protectrice des rages de dent.<br />
DU MIEL HALLUCINOGÈNE<br />
Provenant de la vallée de Katmandou, cet or liquide enrichi<br />
au rhododendron est appelé ici le « miel fou » en raison de ses<br />
propriétés hallucinogènes. Utilisé aussi contre le stress,<br />
on lui prête des vertus semblables à celles du Viagra.<br />
<strong>FR</strong>OMAGE AU LAIT DE YAK<br />
Ce fromage dispo sur les marchés fermiers est très raffiné,<br />
doux et crémeux avec de riches notes d’herbes.<br />
THE RED BULLETIN 83
G U I D E<br />
Faire.<br />
voyage<br />
LE SAUT<br />
LIBRE COMME<br />
UNE CHUTE<br />
La bande sonore du saut en parachute<br />
et les consignes que chacun doit assimiler<br />
pour une chute en toute sécurité.<br />
SIGNAUX<br />
Se parler est impossible pendant la chute libre, aussi<br />
votre instructeur communiquera à l’aide de signaux<br />
manuels. Le premier est le plus important.<br />
Sous contrôle : la piste de Syangboche sert de drop zone pour l’Everest Skydive.<br />
PULL<br />
Ouvrir tout de suite le<br />
parachute.<br />
ARCH<br />
Cambrer davantage<br />
le bassin.<br />
CHECK ARMS<br />
Resserrer les épaules<br />
en forme de W.<br />
CIRCLE OF AWARENESS<br />
Observer votre direction :<br />
lire l’altimètre.<br />
ÉCOUTER<br />
La musique que Tom Noonan et ses coéquipiers<br />
écoutent avant de sauter de l’hélico à 7000 m d’altitude.<br />
1. JAMIROQUAI<br />
« Une fois, nous écoutions Jamiroquai et la moitié<br />
du groupe s’est mise à danser en ligne. Tout morceau<br />
qui incite les gens à bouger apporte un plus. »<br />
2. LES CHANTS TRADITIONNELS<br />
« Les montagnes sont un lieu spirituel, plein d’énergie,<br />
un bon cadre pour la musique népalaise locale<br />
et les mantras bouddhistes. »<br />
3. LE SILENCE<br />
« Le monde occidental ne connaît jamais le silence<br />
contrairement à l’Himalaya. La tranquillité et le calme<br />
qui prévalent là-haut n’ont pour moi pas leur pareil.<br />
Seul le vent reste audible. Magique. »<br />
travaille d’arrache-pied pendant<br />
11 mois de l’année sur la logistique<br />
depuis mon bureau en<br />
Floride. Ma récompense est de me<br />
retrouver chaque année avec mes<br />
amis au Népal et vivre un temps<br />
dans l’Himalaya.<br />
En mai ou en novembre, selon<br />
la météo, mon équipe et moi<br />
emmenons entre cinq et dix personnes<br />
pour une aventure unique<br />
de Katmandou à l’Himalaya. Nous<br />
rejoignons Katmandou par avion,<br />
visitons la ville quelques jours,<br />
avant qu’un petit avion nous<br />
dépose à Lukla, aux portes de<br />
l’Everest. S’ensuivent trois jours<br />
de marche à travers vallées et<br />
montagnes, afin de nous acclimater<br />
à l’altitude. Un saut sans acclimatation<br />
augmenterait le risque<br />
d’hypoxie, un genre d’état<br />
d’ébriété dû au manque d’oxygène.<br />
Les débutants consentent à<br />
une dure semaine de préparation<br />
au sol, après quoi les sauts sont<br />
comme la cerise sur le gâteau.<br />
J’ai réalisé plus de sauts que je<br />
n’aurais pu imaginer. En 2009,<br />
j’ai établi avec deux collègues le<br />
record du monde de l’atterrissage<br />
en parachute le plus élevé, à<br />
5 240 m. La première rencontre<br />
avec l’Everest vous marque à<br />
jamais. Dans mon cas, cela est<br />
arrivé au détour d’un salon de thé<br />
au-dessus du Namche Bazaar. Une<br />
vallée dégagée de dix kilomètres<br />
s’étirait sous mes yeux avec au<br />
fond l’Everest qui semblait me<br />
toiser à son tour. Au Népal,<br />
autochtones, fermiers et sherpas<br />
tiennent les montagnes pour des<br />
déesses protectrices. La région<br />
baigne dans la spiritualité. J’appelle<br />
l’énergie ambiante la Force<br />
à l’instar de La Guerre des Étoiles,<br />
car en elle résonne quelque chose<br />
ayant une fréquence lointaine.<br />
Avant chaque sortie, nous faisons<br />
bénir tout notre matériel par<br />
un prêtre-lama lors d’une cérémonie<br />
appelée puja. Je suis devenu<br />
parachutiste à plein temps en<br />
2006, à l’âge de 32 ans. Auparavant,<br />
je travaillais dans une<br />
banque de placements à Boston.<br />
Mais mon héros a toujours été<br />
Indiana Jones avec sa vie partagée<br />
entre des aventures dans des<br />
contrées lointaines et son travail<br />
routinier dans son pays. Comme<br />
lui, j’ai un bureau où je retourne<br />
et j’enseigne à des étudiants. Mais<br />
ma gratitude va avant tout au<br />
peuple népalais. Leur probité et<br />
leur candeur m’ont incité à devenir<br />
quelqu’un de meilleur.<br />
everest-skydive.com ;<br />
explorehimalaya.com<br />
EXPLORE HIMALAYA TRAVEL & ADVENTURE PIERS MARTIN<br />
84 THE RED BULLETIN
HORS DU COMMUN<br />
Le prochain numéro le 28 novembre avec et le 5 décembre avec<br />
dans une sélection de points de vente et en abonnement<br />
LITTLE SHAO / RED BULL CONTENT POOL
G U I D E<br />
Faire.<br />
2<br />
novembre<br />
RED BULL NEPTUNE STEPS<br />
Le 2 novembre <strong>2019</strong>, le <strong>Red</strong> Bull Neptune Steps aura lieu pour la première<br />
fois en France, plus précisément à Hédé-Bazouges en Bretagne. Un concept<br />
inédit pour un événement sportif hors normes : une épreuve de nage en<br />
eau libre sur 670 mètres à contre-courant qui intègre une série de cinq<br />
obstacles dont trois écluses. Le tout dans une eau très froide, aux alentours<br />
de 10 °C, ce qui rend la tâche d’autant plus exigeante. Ce format de course<br />
séduira assurément les passionnés de défis extrêmes. Un rafraîchissement<br />
également côté public.<br />
Hédé-Bazouges ; redbull.com<br />
novembre - janvier<br />
13<br />
Jusqu’au<br />
décembre<br />
Gotaga en tournée<br />
Le gamer le plus populaire de France, Gotaga,<br />
convie sa communauté sur 4 dates à travers la<br />
France, où le premier streamer français invitera<br />
ses fans à monter sur scène avec lui. Du 11<br />
octobre au 13 décembre <strong>2019</strong>, il se rendra à La<br />
Rochelle, Marseille, Lille et Paris pour quatre<br />
live shows d’exception, sur lesquels de nombreux<br />
guests seront conviés. Pour décrocher<br />
une place sur scène pour une session de jeu<br />
aux côtés de Gotaga, ses fans devront tester,<br />
en ligne, leurs connaissances sur leur idole. Et<br />
pour maximiser ses chances de gagner un précieux<br />
sésame, des canettes collector à l’effigie<br />
de Gotaga permettront, grâce à un code caché<br />
sous la languette, d’obtenir un indice supplémentaire<br />
pour résoudre les énigmes. Dispo en<br />
quantité limitée chez Monoprix.<br />
En France ; redbull.com/gotaga<br />
Qui affrontera<br />
Gotaga ?<br />
er et 2 novembre<br />
Les afters<br />
Pitchfork<br />
Toujours frais, le Pitchfork Paris invite<br />
les pépites de demain autour de<br />
quelques noms plus confirmés avec<br />
l’envie de garder son label de festival<br />
prescripteur et défricheur. Pour les<br />
plus fêtards, la nuit se prolonge au<br />
Trabendo pour deux after parties<br />
<strong>Red</strong> Bull Music réunissant lives électro<br />
rares et DJ sets remuants, avec, entre<br />
autres, les très pointus Skin & Skin,<br />
Afrodeutsche, Park Hye et Mall Grab.<br />
Paris, Le Trabendo ;<br />
pitchforkmusicfestival.fr<br />
22<br />
et 23 novembre<br />
La fin du<br />
Supreme NTM ?<br />
« Le monde de demain quoi qu’il<br />
advienne nous appartient. » En<br />
1 19<br />
<strong>2019</strong>, trente ans après leurs débuts,<br />
les NTM restent le duo le plus puissant<br />
du rap français. Les old timers<br />
qui les ont soutenus à leurs débuts<br />
et la jeune audience curieuse ne<br />
manqueront pas les deux derniers<br />
concerts annoncés par des historiques<br />
MCs de Saint-Denis. On peut<br />
se demander pourquoi ces shows<br />
n’ont pas lieu au Stade de France…<br />
AccorHotels Arena ;<br />
supreme-ntm.com<br />
D’ici<br />
au<br />
janvier<br />
Ça va saigner<br />
Vampire, vous avez dit vampire ?<br />
De Dracula à Buffy, dans le<br />
monde du cinéma, de la photo<br />
et de la littérature, le vampire<br />
a toujours excité les artistes<br />
comme le public. La Cinémathèque<br />
de Paris vous propose<br />
des films, rencontres et spectacles<br />
autour de ce mythe aussi<br />
effrayant que fascinant. Les<br />
enfants aussi sont concernés,<br />
avec notamment une journée<br />
Halloween autour de Tim Burton<br />
le 31 octobre. Mordant !<br />
Paris ; cinematheque.fr<br />
JEFF HOLMES/RED BULL CONTENT POOL, DAVID ELLIS<br />
86 THE RED BULLETIN
Voir.<br />
octobre / novembre<br />
BARTEK WOLINSKI/RED BULL CONTENT POOL, SONSTAR/RED BULL CONTENT POOL, MIHAI STETCU/RED BULL CONTENT POOL<br />
AVIS DE<br />
TRÈS HAUT<br />
NIVEAU !<br />
Les meilleurs freeriders,<br />
breakdancers et pilotes<br />
d’enduro auront les yeux<br />
scotchés sur des trophées<br />
mythiques à gagner ce<br />
mois-ci. Des performances<br />
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différé. Le plein de contenus<br />
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25<br />
Virgin accueillera le<br />
<strong>Red</strong> Bull Rampage<br />
pour la seconde fois.<br />
octobre DIRECT<br />
RED BULL<br />
RAMPAGE<br />
Vingt-et-un représentants de l’élite du VTT freeride se réuniront<br />
à Virgin, Utah (USA) pour participer à la 14 e édition de la<br />
compète sportive la plus chargée en adrénaline qui existe.<br />
Les riders et leurs deux équipiers vont s’activer pour façonner<br />
et perfectionner leurs lignes de descente qui conduiront<br />
l’un d’entre eux vers la victoire.<br />
9novembre DIRECT<br />
FINALE MONDIALE DU<br />
RED BULL BC ONE<br />
Pour la première fois, Mumbai, en Inde, sera le décor<br />
du plus gros événement mondial de breakdance. Les<br />
meilleurs B-Boys et les meilleures B-Girls de la planète<br />
viendront s’y disputer la couronne du <strong>Red</strong> Bull BC One.<br />
2et 3 novembre DIRECT<br />
GETZENRODEO<br />
Les World Enduro Super Series arrivent à leur apogée<br />
cette année avec le GetzenRodeo, une course incroyablement<br />
populaire. L’an dernier, 12 000 spectateurs<br />
ont fait le déplacement jusqu’à Drebach (Allemagne)<br />
pour saluer la victoire de Mani Lettenbichler.<br />
THE RED BULLETIN 87
Automne<br />
<strong>2019</strong><br />
L’HEURE<br />
ET LA<br />
MANIÈRE<br />
Mer<br />
Des montres de<br />
plongée élégantes<br />
et résistantes<br />
qui ne craignent<br />
pas la pression.<br />
Mido Ocean Star Diver 600<br />
Mido frappe un grand coup avec<br />
cette Ocean Star étanche jusqu’à<br />
600 m, taillée pour explorer le grand<br />
bleu. Mais elle se prête aussi aux<br />
aventures plus quotidiennes. C’est<br />
actuellement l’une des montres<br />
haute-performance les plus abordables<br />
du marché. Bâtie pour les<br />
conditions extrêmes, la 600 embarque<br />
un mouvement chronomètre<br />
certifié COSC avec une autonomie<br />
allant jusqu’à 80 heures, soit deux<br />
fois plus qu’un calibre classique. Lancée<br />
en 1944, l’Ocean Star s’inspire<br />
du phare d’Europa Point à Gibraltar,<br />
symbole de résilience, de force et de<br />
la conquête des mers par l’Homme.<br />
Texte<br />
ALEXANDRA<br />
ZAGALSKY<br />
88 THE RED BULLETIN
G U I D E<br />
Breitling SuperOcean 44<br />
Variation sur le modèle mythique de 1957,<br />
la nouvelle collection sport SuperOcean<br />
rime avec performance subaquatique.<br />
La plus belle pièce de la série est cette<br />
version 44 mm acier-bleu, avec un bracelet<br />
en caoutchouc Diver Pro II et avec un<br />
mouvement phénoménal étanche jusqu’à<br />
1 000 m de profondeur.<br />
Tudor Black Bay P01<br />
Entre montre de plongée classique et<br />
montre de navigation, la Black Bay P01<br />
revisite un prototype développé pour<br />
l’US Navy dans les années 1960. L’originalité<br />
du design réside dans son système<br />
d’arrêt de la lunette tournante<br />
bidirectionnelle via un couvre-anse<br />
mobile à 12 heures.<br />
Alpina Seastrong Diver 300<br />
L’adjectif strong, ou costaud,<br />
résume bien l’esprit de cette audacieuse<br />
et impressionnante montre<br />
de plongée de 44 mm : aiguilles<br />
sabre imposantes, boîtier en acier<br />
inoxydable en forme de coussin,<br />
recouvert de titane (photo) ou de<br />
bronze. Étanche jusqu’à 300 m.<br />
Oris Divers Sixty-Five<br />
Chronograph Bucherer Blue<br />
La surface bombée et le bracelet en cuir<br />
caramel cousu de bleu impriment un<br />
charme vintage à ce chronographe haute<br />
performance conçu exclusivement pour<br />
Bucherer. Le jaune intense des aiguilles et<br />
des index améliore la lisibilité en se détachant<br />
clairement du cadran bleu profond.<br />
Rolex Sea-Dweller Rolesor<br />
Proposée pour la première fois en Roselor<br />
jaune (or jaune 18 carats et acier), la Sea<br />
Dweller est née en 1967 pour la plongée<br />
en haute mer. Cette réactualisation tient<br />
le choc par 1 220 m de fond, avis donc aux<br />
éventuels propriétaires d’un submersible.<br />
Le boîtier de 43 mm est plutôt imposant<br />
pour une Rolex de plongée.<br />
Longines Legend Diver<br />
Son lancement en 1960 marque une<br />
rupture avec les tendances des montres<br />
de plongée de l’époque en effectuant un<br />
retour à sobriété contrairement à ses<br />
concurrentes pour lesquelles le design<br />
est central. Le revêtement en PVD noir<br />
donne à la montre encore aujourd’hui<br />
un look futuriste.<br />
THE RED BULLETIN 89
G U I D E<br />
Terre<br />
Des classiques<br />
contemporains<br />
pour des aventures<br />
au quotidien.<br />
Citizen Promaster Altichron<br />
La chouchoute des skieurs. Très robuste,<br />
la Promaster Altichron embarque une<br />
boussole et un altimètre mesurant<br />
jusqu’à 10 000 m. Le chronographe<br />
résiste au froid extrême, aux grandes<br />
profondeurs, jusqu’à 200 m. Son système<br />
Eco-Drive alimente la montre en convertissant<br />
toute lumière en énergie.<br />
Daniel Wellington Cambridge<br />
Avec son bracelet NATO et son boîtier de<br />
40 mm extra-plat (6 mm), cette montre<br />
Cambridge à quartz japonais de la collection<br />
Classic, s’adapte parfaitement à vos<br />
changements de dynamique, que vous<br />
sortiez du bureau pour une activité sportive<br />
stylée et vous autorise des sorties<br />
mondaines en mode relax.<br />
Pierre Lannier Cityline 202J104<br />
La précision n’est pas la priorité de tous,<br />
surtout en zone urbaine où les aléas tels<br />
que les transports publics sont nombreux.<br />
La Cityline (réf 202J104) est une<br />
montre habillée classique affichant<br />
l’heure avec chic, conçue spécialement<br />
pour les minimalistes pour qui seul l’essentiel<br />
compte.<br />
G-Shock Mudmaster Carbon<br />
Core Guard GG-B100-1A9ER<br />
Avec son robuste boîtier en résine et carbone<br />
la Mudmaster est hermétique à la<br />
poussière et à la boue. Son look, qui à lui<br />
seul démontre sa capacité à endurer tous<br />
les mauvais traitements, intègre un quadruple<br />
capteur (boussole, altimètre, thermomètre,<br />
compteur de pas). Tout terrain !<br />
IWC chronographe Top Gun<br />
édition « Mojave Desert »<br />
Sa collection est inspirée d’une fameuse<br />
école américaine de pilotage de combat<br />
et la céramique sable de cette montre<br />
évoque le désert des Mojaves où se trouve<br />
la base aéronavale de China Lake. Le mouvement<br />
à remontage automatique offre<br />
une réserve de marche de 46 heures.<br />
90 THE RED BULLETIN
montres<br />
TAG Heuer Monaco<br />
V4 Édition limitée<br />
(1999-2009)<br />
Rendu célèbre par Steve McQueen<br />
dans le film Le Mans en 1971, le<br />
Monaco fête cette année ses cinquante<br />
ans. L’occasion rêvée pour<br />
l’horloger de lancer cinq versions<br />
spéciales de ce garde-temps<br />
quadrilatère novateur, chacune<br />
symbolisant une décennie différente,<br />
depuis 1969. Il s’agit ici de<br />
l’hommage numéro quatre. Cette<br />
belle itération noire aux accents<br />
rouge et orange saisissants puise<br />
son inspiration du début des années<br />
2000. Son boîtier en acier<br />
inoxydable et le bracelet en peau<br />
de veau noire perforée évoquent<br />
un volant de voiture rétro, les surpiqûres<br />
blanches assorties aux bâtonnets<br />
du cadran, un petit détail<br />
qui séduira les geeks. Le fond du<br />
boîtier arbore le logo de la Monaco<br />
Heuer ainsi que des inscriptions<br />
« 1999–2009 Special Edition » et<br />
« One of 169 ». À l’intérieur, le célèbre<br />
calibre 11 fait battre le cœur<br />
de la TAG Heuer. Un mouvement à<br />
remontage automatique réactualisé<br />
animait déjà la première montre<br />
Monaco de 1969.<br />
THE RED BULLETIN 91
G U I D E<br />
Nouveaux<br />
horizons<br />
Des garde-temps<br />
à la pointe de la<br />
technologie pour<br />
les amateurs de<br />
sensations fortes.<br />
Favre-Leuba Raider<br />
Bivouac 9000<br />
L’altimètre de cette montre peut mesurer<br />
des altitudes allant jusqu’à 9 000 m.<br />
La favorite du vidéaste et photographe<br />
James Austrums, un habitué des aventures<br />
extrêmes que vous pouvez suivre<br />
sur le compte Instagram @favreleuba.<br />
Steel Omega Speedmaster<br />
Moonwatch 50 e anniversaire<br />
d’Apollo 11 Édition limitée<br />
Marquant les cinquante ans des premiers<br />
hommes sur la Lune, cette montre offre<br />
moult détails comme le compteur en or<br />
Moonshine 18 carats illustré d’une image<br />
d’Aldrin descendant du module lunaire.<br />
Suunto 9 Baro Titanium<br />
<strong>Red</strong> Bull X-Alps Limited Edition<br />
Le <strong>Red</strong> Bull X-Alps est un must : un trail<br />
de 1 138 km combinant course à pied, rando,<br />
alpinisme et parapente. Cette montre<br />
GPS multisports testée dans des conditions<br />
extrêmes et limitée à 1 138 exemplaires<br />
propose 80 modes sportifs et<br />
une gestion intelligente de la batterie.<br />
Garmin MARQ Athlete<br />
Grand sportif, la MARQ Athlete vous<br />
concerne. Sa lunette inclut le rythme de<br />
récupération et les échelles de VO2 max,<br />
et côté fonctions, la dynamique de course,<br />
la biométrie et le prédicteur de performance<br />
sont faciles d’accès. Avec la fonctionnalité<br />
ClimbPro, les fans de montagne<br />
suivront leur ascension en temps réel.<br />
Tissot T-Touch Expert Solar II<br />
Cette Tissot est tactile, légère, facile<br />
d’usage et alimentée à l’énergie solaire :<br />
sept minutes sous l’astre du jour assurent<br />
à la montre 24 heures d’autonomie.<br />
Météo, boussole, altimètre, chronographe,<br />
alarme et chronomètre figurent<br />
parmi les fonctions disponibles d’un<br />
garde-temps idéal pour les randonneurs.<br />
92 THE RED BULLETIN
montres<br />
Polar Vantage V Titan<br />
Si vous êtes à la frontière du<br />
professionnalisme sportif, vous<br />
êtes forcément exigeant avec<br />
votre équipement et attentif à<br />
tout ce qui vous permet de mesurer<br />
et d’affiner votre performance.<br />
Légère, dotée d’une<br />
batterie de très longue durée et<br />
de nombreuses fonctions d’entraînement,<br />
cette « championne<br />
des datas » dispose d’un boîtier<br />
en titane, d’où son appellation,<br />
titanesque. La Polar Vantage V<br />
Titan mesure votre fréquence<br />
cardiaque au poignet grâce à<br />
la technologie de fusion de capteurs<br />
Precision Prime, et elle<br />
intègre l’appli Polar Flow (elle<br />
sympathisera volontiers avec<br />
d’autres, comme Strava ou<br />
TrainingPeaks). Des sportifs de<br />
renom font appel à elle, comme<br />
le patineur de vitesse américain<br />
Joey Mantia, réputé pour « se<br />
faire mal » dans l’effort. Que<br />
vous soyez accro au dur, ou au<br />
pur plaisir de vous dépasser,<br />
cette montre cardio GPS multisport<br />
et de triathlon s’impose<br />
comme une belle proposition.<br />
THE RED BULLETIN 93
montres<br />
Hors de<br />
ce monde<br />
Designs<br />
futuristes et<br />
atouts techniques<br />
pour garder un<br />
temps d’avance.<br />
Hamilton Ventura<br />
La Ventura entretient un lien connu<br />
avec la science-fiction à travers la<br />
saga Men in Black où on la voit au<br />
poignet des agents du MIB incarnés<br />
par Will Smith, Tommy Lee Jones,<br />
Josh Brolin et plus récemment par<br />
Tessa Thompson. Cependant, la renommée<br />
de la montre remonte au<br />
milieu des années 1950 grâce<br />
au designer industriel américain<br />
Richard Arbib, lequel a eu carte<br />
blanche pour créer un look futuriste<br />
caractérisant l’optimisme et la prospérité<br />
économique du pays. Inspiré<br />
par les ailes de voitures chromées et<br />
lustrées et d’une culture rock’n’roll<br />
débridée, Arbib conçoit le boîtier<br />
asymétrique de la Ventura, considéré<br />
depuis comme iconique et cosmique.<br />
En 1957, la Ventura affirme<br />
son ancrage dans l’ère spatiale en<br />
étant le premier garde-temps à pile<br />
au monde. Fan de la première heure,<br />
Elvis Presley portait sa Ventura<br />
religieusement ; après l’avoir eue<br />
au poignet dans film Blue Hawaii<br />
en 1961, le King deviendra un<br />
inconditionnel de la marque et<br />
en possédera plusieurs modèles.<br />
94 THE RED BULLETIN
G U I D E<br />
Zenith Defy Classic en<br />
céramique blanche<br />
Zenith est réputée pour ses montres de<br />
haute précision ultrasophistiquées à la<br />
pointe de la technologie, et ce chronographe<br />
lunaire est résolument futuriste.<br />
Le cadran squelette abrite le mouvement<br />
automatique Elite 670 SK, 3,88 mm<br />
d’épaisseur. Un pur bijou.<br />
Hublot Big Bang Unico<br />
Black Magic 42 mm<br />
En 2005, la Big Bang honorait la microingénierie<br />
et les matériaux innovants,<br />
cap maintenu par cette actualisation :<br />
le boîtier et la lunette sont noir microbillé<br />
en céramique et le mouvement à<br />
remontage automatique avec chronographe<br />
flyback et roue à colonnes.<br />
Fortis PC-7 Team<br />
Aeromaster Chronograph<br />
Fortis est le fournisseur officiel de<br />
l’équipe de voltige aérienne suisse<br />
depuis plus de dix années. Pour les<br />
trente ans de cette brigade, l’horloger<br />
livre une édition spéciale bleue royale<br />
avec une formation en vol gravée<br />
sur le cadran.<br />
Maurice Lacroix Aikon<br />
Automatic Mercury 44 mm<br />
À première vue, la Aiken Automatic<br />
Mercury est une montre traditionnelle,<br />
mais inclinez-la et ses aiguilles pendront<br />
librement. Repositionnez-la à la verticale,<br />
elles retrouveront leur place comme<br />
par magie pour indiquer l’heure exacte.<br />
Une particularité qui a un prix.<br />
Swatch Yellowboost<br />
En termes de fonctionnalité, la<br />
Yellowboost est certes basique, mais<br />
elle excelle dans la cool attitude,<br />
comme si elle avait été plongée dans<br />
un bain de kryptonite (plutôt verte que<br />
jaune). Également très robuste avec<br />
son bracelet en silicone, c’est une<br />
véritable montre de superhéros.<br />
Rado True Thinline Les Couleurs<br />
Le Corbusier Iron Grey<br />
Rado célèbre l’architecte Le Corbusier<br />
avec une série de 9 montres minimalistes,<br />
limitées chacune à 999 exemplaires.<br />
En céramique high-tech, elles sont ultraplates.<br />
La teinte gris métal de ce modèle,<br />
dotée de propriétés réfléchissantes,<br />
confère au cadran un aspect éthéré.<br />
THE RED BULLETIN 95
THE RED<br />
BULLETIN<br />
WORLDWIDE<br />
<strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong><br />
est actuellement<br />
distribué dans sept<br />
pays. Vous voyez ici la<br />
couverture de l’édition<br />
mexicaine, honorant<br />
l’actrice Cecilia Suárez.<br />
Le plein d’histoires<br />
hors du commun sur<br />
redbulletin.com<br />
Les journalistes de SO PRESS n’ont pas pris<br />
part à la réalisation de <strong>The</strong> <strong>Red</strong> <strong>Bulletin</strong>.<br />
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photos, illustrations et dessins qui engagent<br />
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TRBMAG
Pour finir en beauté<br />
Hélice Island<br />
Des hélicos dans le ciel de New York, rien de plus banal, mais même le plus blasé<br />
de ses habitants se serait décroché la mâchoire à la vue des flips, des barrel rolls<br />
et des nose dives du pilote acrobatique Aaron Fitzgerald et de son chopper au<br />
rotor sans articulation, parfait pour le job. Voir la vidéo sur redbull.com<br />
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<strong>2019</strong><br />
PREDRAG VUCKOVIC/RED BULL CONTENT POOL<br />
98 THE RED BULLETIN