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JAZZ / WORLD
4 2 / 15 MARS 2020 LA STRADA N°329
JAZZ À JUAN, SOIXANTIÈME !
Eh oui, le vénérable festival est devenu sexagénaire, et pour souffler ses 60
bougies, il nous propose un gâteau de choix ! Une programmation faramineuse,
voire pharaonique, avec des stars en veux-tu en voilà, des musiciens venus du
monde entier sur douze jours, étalés du 9 au 22 Juillet.
Maceo Parker © Boris Breuer
The Roots 2018 © Artwork
Ouverture en fanfare avec deux stars de la musique afro-américaine, deux illustres
funkers ! Tout d’abord Maceo Parker, le saxman de James Brown, qui sera suivi
du bassman Miles Davis, j’ai nommé Marcus Miller. Un bœuf est à prévoir entre les
deux monstres sacrés… Le lendemain, le jeune prodige du piano jazz Joey Alexander précédera
le big band de Wynton Marsalis, gardien de la tradition du jazz. Le 11 juillet sera
« back to the roots », puisque The Soul Rebels, venus de Nouvelle-Orléans précéderont
les New Yorkais de The Roots pour une soirée sous le signe du funk et du hip-hop. Le 12,
changement de registre pour une soirée très « cool », avec le trio « swing and strings » du
pianiste Eric Legnini qui sera suivi de la langoureuse Melody Gardot. La belle susurrera des
standards de Broadway et ses doucereuses mélodies, accompagnée par l’Orchestre Philharmonique
de Monte-Carlo. Grande soirée américaine le lendemain avec tout d’abord les
deux vétérans du jazz-rock Lee Ritenour & Dave Grusin, respectivement à la guitare et aux
claviers, qui ouvriront la scène pour le soul crooner Gregory Porter. Le jour de la Fête Nationale,
soirée gratuite (sur invitations) avec deux musiciens d’exception : l’accordéoniste
niçois Vincent Peirani et le pianiste israélien Tom Oren, qui nous avait enchantés avec Eli
Degibri en 2019, à Juan et à Monaco. Le 15 juillet, la soirée « Jazz en Fête » investira les rues
d’Antibes, en souvenir de la folle parade de Sidney Bechet, puis le 16, LA star qui n’avait jamais
posé ses augustes pieds sur la scène de la pinède auparavant, Miss Diana Ross. Frissons
garantis… Le lendemain, retour au jazz avec l’impressionnant saxophoniste Joe Lovano,
un des meilleurs du monde, et le fabuleux Herbie Hancock qui, a 80 ans, en parait 20
Diana Ross © Kevin Winter
de moins, musicalement comme physiquement ! Suivra une soirée franco-libanaise avec
deux vedettes du jazz électrique hexagonal : la batteuse Anne Pacéo et le trompettiste
Ibrahim Maalouf. « Back to the roots again » le 19 juillet, avec la traditionnelle soirée gospel,
précédée d’une messe œcuménique, qui présentera exceptionnellement deux groupes
qui forment un pont entre Afrique et Amérique : Amadou et Mariam, suivis des Blind Boys
of Alabama. Le directeur artistique du festival, Jean-René Palacio, nous a réservé un final
en apothéose, le 22 juillet, avec la venue de Lionel Richie, star planétaire s’il en est,
précédé de la jeune chanteuse canadienne d’origine haïtienne Dominique Fils-Aimé, qui
navigue entre soul et jazz…
Et n’oublions pas les Jammin’Summer session, ou le jazz de demain, avec des musiciens
émergents ou méconnus sur notre territoire, venus des 4 coins de France, mais aussi des
USA, des Pays-Bas, de Belgique, d’Israël, d’Australie ou d’Italie, qui investiront la Pinède et
la Place Nationale en amont des soirées. Pour info, la billetterie en ligne est d’ores et déjà
ouverte, sinon c’est direction l’Office de Tourisme et des Congrès pour récupérer les précieux
sésames ! Bref, un programme complet, diversifié, avec des musiciens de très haut
niveau et de véritables divas. En fait, un feu d’artifice musical, comme il est de coutume à
Jazz à Juan ! Happy 60th birthday and keep swinging ! Gilbert D’Alto
9 au 22 juil, La Pinède Gould, Jazz à Juan. Rens : jazzajuan.com
Bona musique
Formidable raconteur d’histoires, bassiste-chanteur-multi-instrumentiste plutôt balèse, Richard Bona, a donné à la
musique dite africaine une dimension nouvelle, inexplorée, universaliste. Il sera en concert au Centre Culturel Tisot
de La Seyne-sur-Mer, le 13 mars 21h, accompagné pour l’occasion par Alfredo Rodriguez, pianiste et compositeur
cubain, et le percussionniste de jazz latin Pedrito Martinez. Ce dernier a enregistré ou joué avec Eric Clapton, Wynton
Marsalis, Paul Simon, Bruce Springsteen, Chucho Valdez ou encore Sting… Bref, un plateau de choix vous attend !
Rens : FB Centre culturel Tisot
Un pur régal
Quelle bonne idée ont eu Frederica Randrianome-Karsenty et son équipe du Nice
Jazz Festival d’inviter à nouveau Sarah McKenzie pour une session live au Théâtre
National de Nice !
La jeune femme nous avait charmés au Théâtre de Verdure
l’été dernier, avec ses mélodies claires et limpides,
sa voix de «blue-eyed soul» et son intéressant jeu de piano.
La jeune australienne (31 ans), que certains surnomment
la nouvelle «Diane Krall» (chevelure blonde oblige),
et qui réside désormais entre Londres et Paris, viendra
nous présenter son nouvel album Secrets of my Heart,
enregistré à New York avec de nombreux musiciens basés
aux USA, dont le remarquable contrebassiste Pierre
Boussaguet. Ce nouvel opus, son cinquième, mélange
compositions et standards de jazz, avec une touche
bossa-nova qui ne la quitte plus depuis qu’elle a découvert
l’album Native Dancer de Wayne Shorter et Milton
Nascimento. Le titre De Nada est d’ailleurs en passe de
devenir un tube. Elle interprète également sur cet album
une version très originale de You Only live Twice de John
Barry que Nancy Sinatra avait reprise pour le film On ne
vit que deux fois, cinquième aventure de James Bond. Du
nectar ! En première partie, nous pourrons apprécier le
fabuleux Herbillevans Trio, composé de trois musiciens
niçois de très haut niveau qui forment l’ossature rythmique
du Nice Jazz Orchestra : Fred D’Oelsnitz (piano),
Christian Pachiaudi (contrebasse) et Alain Asplanato
(batterie). Ils interpréteront des versions personnalisées
de morceaux de deux pianistes incontournables de l’histoire
du jazz moderne, dont ils tirent leur nom : Herbie
Hancock et Bill Evans. Un concert qui, d’un bout à l’autre,
devrait être un pur régal ! Gilbert D’Alto
DIVINE FATOUMATA
Le, ou plutôt, les talents de Fatoumata Diawara ne doivent
plus être un secret pour personne. L'artiste malienne a déjà
démontré qu'à ses multiples qualités artistiques s'ajoutent
des atouts humains et une grande force de caractère. Une
détermination qui l'a poussée à quitter son Mali natal pour
fuir un mariage forcé et une tradition qu'elle a refusé de voir
empiéter sur l'Amour. Ce sont les planches et plateaux de
théâtre et de cinéma qui occupent son début de carrière. La
comédie musicale Kirikou lui permettra même de mêler ses
deux passions. Mais la musique a clairement jeté son dévolu
sur Fatoumata, avec des parrains de départ comme Cheick
Tidiane Seck, Dee Dee Bridgewater et Oumou Sangaré, des
participations avec des artistes comme Herbie Hancock ou
Hank Jones, et sa présence sur des albums de Rocket Juice
& The Moon (autre dream team de Damon Albarn), Bobby
Womack ou Mulatu Astakte. Il faut dire que sa voix et son
charisme font merveille. Ses collaborations récentes ont eu
pour conséquence de la glisser une nouvelle fois dans ma
discographie : Roberto Fonseca (At Home à Marciac, une
perle), Afrocubism, ou encore Lamomali. Son travail avec
Mathieu Chedid ne s'est d’ailleurs pas arrêté là, puisque
ce dernier a produit son nouvel album Fenfo, sorti chez
Wagram, où l'on retrouve aussi le précieux Vincent Ségal.
Onze titres chantés en bambara, entre l'Afrique et l'Europe.
Mais le mieux reste tout de même de découvrir cette grande
dame sur scène où sa force et son amour se ressentent de
façon évidente. Christophe Juan
18 mars 20h30, Le Minotaure, Vallauris.
Rens : facebook.com/LeMinotaure06
Lionel Richie © DR
JUST ABOUT LOVE
Hiver, Hiver... Les films au chaud chez soi, le ski, et pourquoi
pas un concert ? Au Mas d'Hiver tant qu'à faire ! Et vous
savez quoi, Maceo Parker y est de passage… C'est dans la
continuité des concerts estivaux du Mas des Escaravatiers,
mais davantage adapté aux températures de saison, que
le Mas d’Hiver, et son ambiance à la fois conviviale et raffinée
qui permet d'admirer les étoiles tout en profitant de
super concerts, accueille une ribambelle d’artistes avant la
réouverture de sa petite scène calée entre les oliviers et les
vignes du domaine. Après avoir reçu quelques grosses têtes
d'affiche comme Skip The Use ou plus récemment Tryo,
changement complet de registre, et place à Maceo Parker,
rien de moins que l'un des saxophonistes les plus reconnus
au monde, qui a marqué de son passage la formation de
James Brown (The JB’s) dans les années 60-70. Agé de 75
ans, il prouve encore, si besoin était, qu’il a toujours sa place
sur scène. En 2018, il sortait l’album It's all about love, car
entre lui et la musique, il ne s'agit que d'amour. On l'entend
et surtout, on le ressent. Il y reprend notamment Isn't she lovely
de Stevie Wonder, dans une version orchestrée à couper
le souffle avec un ensemble de cuivres. Et tout l'album
est comme ça ! Tantôt avec des sonorités très jazz, tantôt
avec des aspects plus funky, il défie les brass band de la
note bleue avec des versions beaucoup plus orchestrales…
Ça promet du grand Maceo sur la scène varoise. Gaëtan Juan
7 mars 20h30, Mas d’Hiver, Puget-sur-Argens.
Rens : lemas-concert.com
Raphael Imbert - Bach Coltrane © Muriel Despiau
SPIRITUALITÉ MUSICALE
La rencontre entre l'univers de John Coltrane et celui de
Jean-Sébastien Bach pourrait ne pas sauter aux oreilles
de tout le monde, mais c'est bien une fusion réalisée avec
succès par le saxophoniste Raphaël Imbert. Il faut dire que
ce talentueux musicien est habitué à ce genre de mariage.
Avec sa Cie Nine Spirit, il avait déjà exploré l'univers de
Duke Ellington et ses connexions avec la musique sacrée.
La spiritualité, les negro-spirituals, les chants liturgiques,
le blues, Raphaël Imbert nous démontre depuis des années
les liaisons qui se font entre ses sonorités. En regardant son
parcours, on comprend bien que la musique n'est pas que
son seul moteur. Le sens se doit d'aller avec le son comme un
leitmotiv qui l'amène autant à explorer les chants luthériens
que le formidable travail de l'ethnomusicologue, Alan Lomax.
Si l’on rajoute un sens de l'improvisation, reconnu pour
Coltrane et déduit de l'écriture pour Bach, à la tradition et
la spiritualité, les liens se resserrent de façon évidente. Ce
projet Bach Coltrane, initié depuis plus de 10 ans, mélange
au départ un quartet de jazz et un quatuor à cordes, le Quatuor
Manfred. Pour cette soirée, pas de cordes, mais trois
complices de ses projets : André Rossi aux claviers, Pierre
Fenichel à la contrebasse et Jean-Luc Di Fraya au chant et
percussions. Le tout précédé d'une conférence sur l'histoire
philosophique du jazz animée par Martin Legros, rédacteur
en chef de Philosophie Magazine, et… Raphaël Imbert avec
qui musique et réflexion ne sont jamais loin. Christophe Juan
Sarah McKenzie © Oscar May
14 mars 20h30, Théâtre National de Nice. Rens : nicejazzfestival.com
Fatoumata Diawara © Aida Muluneh
14 mars 20h30, Châteauvallon, Ollioules. Rens : chateauvallon.com
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