Virus Hurlant ! Semaine 1 du confinement...
Créer et propager plutôt que consommer et détruire.
De chez nous, chacun chez soi mais pas reclus ! Virus Hurlant s’empare du confinement pour dérider les masques et faire sourire les miasmes ! Chaque vendredi, retrouvez la revue en ligne, sans risquer de sortir de chez vous !
Virus
Hurlant
vendredi 20 mars 2020
Semaine 1 du Confinement !
1
Revue satirique gratuite -
propagation en ligne - livraison
immédiate partout sur vos écrans !
On a démonté la serrure,
plus personne veut venir chez nous ?!
- Restez chez vous !
- Ok, mais est-ce qu’on peut
dire des conneries ?
- Euh… oui, il n’y a pas de
contre-indication…
- Bon, bah dans ce cas, ça va
aller !
Virus
Hurlant
Créer et propager plutôt que
consommer et détruire
De chez nous, chacun chez soi
mais pas reclus !
Virus Hurlant s’empare du
confinement pour dérider les
masques et faire sourire les
miasmes !
Chaque vendredi, retrouvez la
revue en ligne, sans risquer de
sortir de chez vous !
Nouvelle Formule !
Avec Closegate des dents blanches si
éclatantes qu’elles transportent votre
sourire au delà du masque !
p5
p6
p7
p8
Y aurat-il
des
zombies
à Noël ?
Une aventure de le « Sein », dans
laquelle vous êtes le héros -
tout en respectant la théorie
de la décision confirmative.
Il est indispensable de se munir d’un dé
à six faces afin de profiter pleinement de
l’expérience narrative.
1/
Mon nom est Simon Brigitte, et la détection
d’échanges involontaires est mon métier.
Je travaille au sein de la DSDEI, la direction
des services d’échanges involontaires, créée
par le ministère de l’intérieur. Mais je
ne dépends de personne. Je suis freelance.
J’ai le permis de tuer. On me surnomme : «
le Sein ». Alors ça ne fait pas du tout
référence à une partie de l’anatomie, mais
à la philosophie hégélienne, du coup ça se
prononce « Zaïn », comme dans la chanson «
siffler dans ta cousine » de Joe Dassin.
J’ai été envoyé en mission avec toi pour
découvrir qui se cache derrière les contacts
p9
involontaires et mystérieux apparus ces
derniers mois, alors que nous vivons dans une
période de l’humanité où tous les contacts
non-autorisés sont formellement interdits.
Même en payant.
Je résous les enquêtes qui me sont confiées
grâce à la métempsycose, c’est-à-dire que
je déplace mon âme de corps en corps afin
de découvrir la vérité. Je tenais à te le
dire, parce que, dès le prochain paragraphe,
j’incarnerai un autre personnage, puis un
autre, puis un autre, indéfiniment, et tu ne
sauras pas forcément lequel (ouais, mec, je
suis carrément Artemus Gordon). Il faudra te
méfier de tout le monde, et éviter d’entrer
en contact avec les suspects. A propos de
suspect : le nôtre se fait appeler « le
Tigre ». Nous allons dans un petit village
de Bourgogne Franche-Comté, Verrières, pour
identifier la planque de ce gredin. Entrer
en métempsycose, ça demande au moins un bac
+3, et avec option psychologie au second
semestre, donc : ne tente pas le diable, tu
pourrais te retrouver coincé dans une armoire
ou dans le corps de Daniel Morin. Alors tu
es prêt à déjouer les plans machiavéliques
du Tigre ? On se reparle à la fin !
2/
La ville de Verrières n’indiquait aucune
activité, comme si à la réalité avait été
substitué Google Street view. Avec le
même effet légèrement stroboscopique. En
arrivant, vous découvrez une pharmacie
ouverte.
Lancez le dé : si vous faites 1 à 5, vous
entrez, rendez-vous en 3/ ; si vous faites
6, allez vous faire foutre.
3/
Vous entrez dans la pharmacie, et un homme
au regard de clepsydre vous dit bonjour, à
p10
travers son masque de protection en tissu.
Il est habillé d’une blouse blanche. Vous
l’avez deviné, il s’agit du pharmacien.
« Non : préparateur en pharmacie ! Le
pharmacien est au golf. » Cette voix, vous
la reconnaissez, c’est celle de… Le Sein
(n’oubliez pas de prononcer « Zaïn », c’est
important pour l’ambiance.)
« Dis donc, mon petit poulet, tu n’as pas
perdu de temps. C’était comment, la route ?
Lancez le dé : 1 à 3 : c’était plutôt bof.
De 4 à 6, vous avez pris une amende que vous
ferez sauter à la fin de la mission. C’est
vrai, merde, quoi, vous n’aviez pas vu le
feu. Dans tous les cas, rendez-vous en 4/
4/
« Ben, dis-donc, on s’amuse bien avec toi ! »
Le pharmacien, qui n’est autre que le Sein,
vous prend à part, même si la pharmacie est
déserte, et vous explique en deux temps
trois mouvements que le Tigre a été aperçu
pour la dernière fois rôdant près du parc
aquatique le Bocal des Libertés, situé près
de la zone artisanale. Il faut donc vous y
rendre. Mais comment faire ? Vous n’avez pas
d’attestation de déplacement dérogatoire !
Lancez le dé deux fois : si vous faites deux
fois de suite des nombres premiers (2, 5,
7).
5/
Bravo ! Vous avez retrouvé votre attestation
de déplacement dérogatoire, elle était
simplement dans la boîte à gants de votre
voiture de location. C’est parti pour
retrouver Le Tigre !
Vous arrivez devant le Bocal des Libertés,
quand soudain vous voyez un homme moustachu
d’une quarantaine d’années, habillé avec
une chemise hawaïenne, et d’immense mains,
mais vraiment très très grandes, qui se
rue vers vous en criant « laisse-moi te
p11
toucher ! Laisse-moi te toucher ! » Sa
langue sort de sa bouche et l’espace d’une
fraction de seconde, vous êtes ébloui par le
scintillement d’un filet de bave qui suinte de
cet organe turgescent, agité frénétiquement
par la volubilité du Tigre. Dans quelques
secondes il sera sur vous. Un rapide tour
d’horizon vous permet de voir : un chat pelé
qui tente de se mettre debout en miaulant
(6), une vieille Mazda 929 dans laquelle
une femme allume une cigarette à l’envers
(7), et enfin un parachutiste en combinaison
blanche et feu, qui a du mal à ralentir sa
chute en direction du bassin extérieur du
Bocal des Libertés (8).
Si vous pensez que parmi ces personnages se
trouve en réalité Le Sein, et que celui-ci
vous sauvera de cette terrible situation,
reportez vous aux numéros correspondants
pour connaître la suite.
6/
Vous saisissez le chat qui tentait de se
mettre debout, mais comme il n’a pas de
poils, il glisse, vous vous baissez dans
un effort surhumain pour tenter de le
rattraper, et c’est alors que vous sentez
quelque chose qui s’agite dans le creux de
vos reins : Le Tigre a encore frappé ! Vous
avez perdu
7/
Votre sang ne fait qu’un tour, en saisissant
votre Nokia 3310 de service, vous appuyez
sur la touche « numéro enregistré » et vous
appelez celui qui pourrait vous sauver ! La
femme se rend compte que sa cigarette est
allumée à l’envers, elle panique et tente de
la jeter par la fenêtre, l’intérieur de la
voiture prend feu, le Tigre est surpris par
votre incroyable renversement de situation,
et son attention se porte désormais vers la
Mazda 929, qui est tout de même une superbe
voiture, surtout ce modèle, 1,8 litres,
essence. Vous réussissez à vous échapper :
p12
OUF ! Le Tigre a pris la fuite à bord de la
Mazda, la femme est morte, malheureusement.
8/
Reconnaissant le Sein dans toute sa splendeur,
car il soigne toujours ses effets, vous
pratiquez la technique aguerrie du Krav
Maga consistant à crier
”ךירוחאמ רהזיה “
Ce qui veut dire en Hébreu : « attention
derrière toi ! » Le Tigre se retourne,
vous en profitez pour l’immobiliser. Le
parachutiste habillé de blanc et de feu,
n’était en réalité habillé que de blanc
: suite à une erreur, Simon Brigitte a
accidentellement mis le feu à son costume.
N’écoutant que votre courage, vous poussez
le Tigre et plongez avec une couverture
de poche sortie de votre blouson en skaï
afin d’éteindre l’incendie. Vous avez sauvé
Simon Brigitte ! Bravo ! Le Tigre s’est
échappé cette fois, mais, il ne perd rien
pour attendre.
9/
« Bien joué, vieille canaille ! J’ai bien
failli laisser ma peau – ou plutôt celle
de mon hôte ! Allons de ce pas nous payer un
rhum arrangé à la noix de coco pour fêter ta
première enquête ! J’ai été un peu directif,
mais la prochaine fois je te laisserai en
autonomie. Ou pas… HAHAHAHAHAHAHA
/ par John Cluster
FIN
DE LA
PREMIERE AVENTURE
DE SIMON BRIGITTE,
DIT « LE SEIN »
p13
Quiiiizz !
Les Français ont une bonne
raison de dévaliser les
magasins pour récupérer du
papier toilette, saurez-vous
deviner laquelle ?
a) La ouate de cellulose, lorsqu’elle est
mâchée, libère un anxiolytique puissant
et donne une impression de satiété, même
quand on n’a plus rien à manger ;
b) Le papier toilette peut aider à
communiquer avec ses voisins en cas
de fermeture des autres moyens de
communication. Un exemple de ces messages
écrits en feuilles de PQ a été capté par
un satellite passant récemment au-dessus
de la Chine : « 我 幾 乎 沒 有 衛 生 紙 了 », ce qui
peut se traduire grossièrement par : « Je
n’ai presque plus de papier toilette ») ;
c) Le papier toilette peut avantageusement
remplacer les feuilles A4 pour remplir
son attestation de sortie en cas de
rupture de stock - alors que la feuille
A4 jouera moins facilement le rôle du
papier toilette ;
p15
d) Le simple fait de se dire que c’est
au moins ça que les salauds de voisins
n’auront pas, de les imaginer au moment
fatidique de mettre un terme à leurs
besoins essentiels, réaliser soudain
qu’ils sont dans la merde, au sens à la
fois propre et pas spécialement propre du
terme, ça n’a pas de prix ;
e) Autre réponse. En l’occurrence quelque
chose de plus personnel. Inavouable. Comme
le fait qu’ils en ont besoin parce qu’ils
sont terrifiés par leur propre caca.
Par John Fluor
Le saviez-vous ?
Les précautions nosocomiales tiennent leur nom
de Nosocôme 1 er , roi perse qui avait une sainte
horreur des contacts corporels et demandait à
ce qu’on rince ses aliments dans la javel de datte
avant de les lui servir. Il est réputé être l’inventeur
de la première solution hydroalcoolique,
qui consistait en un mélange d’alcool de datte et
d’eau de datte. Beaucoup de choses étaient à base
de dattes à l’époque./ J.F.
p16
Par le collectif « De derrière les fenêtres »
Pour nous, l’heure est grave !
Tandis que nos confrères des campagnes se lèchent
tranquillement les pattes dans plus de 100m2 au sol et qu’on
les laisse gambader dans des jardins, des prés à perte de vue,
nous, qui avions appris à nous confiner dans des espaces
restreints et même à apprécier le Feng-Shui d’un espace
cocooning, devons dire STOP !
Aujourd’hui, c’en est trop !
L’appartement calme d’hier, fait place à un ouragan de vacarme qu’on ne
peut tolérer. Certains parviennent à s’échapper un instant sur les toits,
mais le manque d’un apprentissage de pratiques guerrières, nous fait
défaut pour survivre « à la sauvage ». Ici, les pigeons sont énormes et
nos griffes manucurées ne peuvent envisager d’atteindre leur plumage
endurci. Pour les plus braves qui sortent encore, l’issue est inévitable et
le retour toujours la solution adoptée.
Ne vous méprenez pas, ce n’est pas la liberté que nous demandons. Se
faufiler dans le couloir de l’immeuble pour aller renifler la voisine du
dessus, ou fourrer le nez dans les courriers de la concierge, sont des
activités qui occupent grandement nos journées.
Non, ce que nous exigeons, c’est la tranquillité !
Or, depuis que les humains ont décidé de se mettre « au confinement » –
une pratique, notons, exercée depuis des millénaires par de nombreuses
espèces et appelée sans aucune prétention : hibernation (attendez-vous,
d’ailleurs, à ce qu’ils s’en attribuent la découverte !) – il n’est plus possible
d’être chez soi ! Avec l’arrogance qu’ont ces humains, ils ont changé leur
mode de vie, sans préavis, aucun, et nous forcent à déguerpir du canapé
quand bon leur semble. Des compensations ? Aucune !
Ils viennent chez nous, voler les places les plus confortables, sans même
augmenter le loyer. Les doses de croquettes et rations de pâtés n’ont
aucunement augmenté. La disette les guettent rétorquerez-vous ? Que
nenni, mes amis ! Ils ont fait les courses ! Les placards débordent, pour
eux ! Et pour nous ? Rien de plus que d’habitude.
Un scandale !
p18
Pétition
Devons-nous ajouter à cela, le volume des conversations qui augmentent.
Pas seulement chez les enfants, pour lesquels nous pouvons accorder
un quelque manque de discipline. Non, ce sont les adultes : ils aboient !
Entre eux, l’atmosphère se tend ! Ils ont même osé ramener du travail à
la maison. Pauvres fous, des hérétiques ! Ils n’ont rien compris aux joies
du confinement. Selon l’OMSF (organisation mondiale de la santé féline),
notre quota nécessaire de sommeil a été dramatiquement endommagé
depuis le confinement des humains. Si la courbe se réduit encore, nous
risquons de nombreuses dépressions liées à de trop nombreuses siestes
avortées.
Réagissons !
En plus d’être à bout, nous sommes désolés par le spectacle que nous
offrent nos humains. Vers quelle autre nouvelle étape d’évolution sont-ils
prêts à muter ? Nous ne le savons pas. Mais, nous craignons l’humain de
demain quand il a été déjà si dur de s’habituer à celui d’hier…
Une lueur d’espoir, cependant, nous dit qu’ils sont encore accessibles :
leurs yeux frétillent toujours autant au plaisir de se nourrir. Il semblerait
qu’une part d’eux est encore animale.
En contestation, de leur attitude inacceptable décrite ci-dessus, nous
ne ronronnerons plus tant que le confinement humain ne sera pas
terminé ! /par John Spread
4243 chats d’appartement ont déjà signé. Aidez-les à atteindre 500 000
Signez la pétition
Lancez une pétition
Appuyez vite sur
le bouton bleu !
p19
Innovation
Lorem Ipsum
L’appli qui va changer le
monde du confinement !
Salut, Je m’appelle Kévin-Michel Le Naz, et je suis le
créateur de l’appli qui va changer votre monde !
Je descends de mon estrade avec mes mocassins en requin
tanné pour vous présenter la meilleure appli des temps
modernes !
Et si je suis là aujourd’hui, c’est pour vous faire tester en
première mondiale la version « release » de mon appli.
Mais avant, j’aimerais vous parler de mon enfance, dans
le Morbihan.
Je suis né à Kermoisan, d’une mère institutrice et d’un
père agriculteur. J’ai passé mon enfance entre les tracteurs
et les cours d’écoles. A huit ans, je m’ennuyais tellement
que j’ai fait une fugue jusqu’à Quistinic, un village d’à
côté. Là-bas, j’avais un copain qui venait d’acheter un
ordinateur et j’étais fasciné par ces machines. Je savais
que si j’apprenais à m’en servir, je deviendrais le maître
p21
Innovation
du monde ! J’ai créé ma première appli sur Excel à 11
ans, et à 16 ans j’ai racheté avec l’argent de poche que
me donnaient mes parents toutes les extensions de noms
de domaine en lien avec les planètes du système solaire,
comme ça si on s’y installe un jour, c’est moi qui aurai la
priorité.
Tout ça pour vous dire : j’ai toujours su m’occuper, mais
j’aurais aimé que quelqu’un m’aide à accomplir de
meilleures choses dans ma vie, et plus rapidement !
C’est exactement ce que fait Lorem Ipsum !
Lancez la musique !
Regardez-bien, je lance l’appli sur le « screen » derrière
moi : regardez comme c’est intuitif et rapide.
Je ne sais pas quoi faire de ma journée ? Voilà, Lorem
Ipsum me concocte une journée au poil qui correspond
exactement à ce que je voudrais vraiment faire. C’est une
appli magique qui va au fond de toi, et qui te parle, comme
quand tu étais enfant, et que ta mère te disait « range ta
chambre », mais tu savais que quand elle serait rangée, tu
aurais droit à un peu de télé et des frites à midi.
Je vous laisse apprécier la quantité de propositions
qui défilent sous vos yeux pour une journée folle de
confinement :
p22
Activité sommeil 22h30-6h30
Prépare et régule votre sommeil, parce qu’on ne prend pas
assez soin de ses rêves et c’est pour ça que la société va mal !
Activité aléatoire : échecs-sucette
Faire des sucettes glacées en forme de pièces d’échecs et ne
manger que les pièces qui sont sorties du jeu. Temps limité.
Activité télétravail 7h55-12h07 : vous plonge dans une
atmosphère de travail grâce à du son Dolby surround 3.0,
avec de véritables interactions possibles. En plus, vous arrivez
en avance, et vous partez le dernier : la direction apprécie !
Activité aléatoire : congeler de petits animaux
Parce qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, il vaut mieux
anticiper le manque de nourriture. Un didacticiel fun et
entrainant pour catcher, vider et mettre sous vide les petits
animaux qui nous entourent.
Activité aléatoire : dessin détente autour de la poubelle.
Parce qu’on jette trop de choses, et que désormais il faut
penser « recycling », triez vos ordures et peignez-les. Vous
verrez, c’est Wouah !
Activité télétravail 13h23-17h45: vous plonge dans une
atmosphère de travail grâce à du son Dolby surround 3.0,
avec de véritables interactions possibles. En plus, vous arrivez
en avance, et vous partez le dernier : la direction apprécie !
Activité détente : réaliser une sérigraphie avec votre attestation
de déplacement dérogatoire
(attention du matériel est nécessaire)
Activité lit : Chaque jour, poster une photo Insta sur une façon
différente de sauter dans son lit ! C’est fun et on partage son
expérience, ouais !
Innovation
Vous voyez, et ce n’est qu’un exemple !
Avec Lorem Ipsum, votre journée sera remplie
quoi qu’il en coûte et jamais plus vous ne vous
ennuierez. Parce que votre patron rythmait
votre vie mais que maintenant il est mort :
Lorem Ipsum.
Parce que les courses et le shopping faisaient
de vous des winners, et que maintenant vous
êtes seul face au vide de votre existence : Lorem
Ipsum. Parce que vous avez besoin qu’on vous
dise quoi faire : Lorem Ipsum.
Merci de votre confiance, / par John Cluster
Le saviez-vous ?
Le corvidé 19 est un passereau mutant de 20kg,
dont chaque piu-piu peut entraîner jusqu’à 4 nouveaux
piu-piu. À la fin de la journée, c’est un vrai
tintamarre. J.F.
p24
Les fourmis
attaquent…
Putain ! Les revoilà ! On pensait
être tranquilles, seuls, peinards,
non ! Hier, j’en ai croisé deux en
repérage. J’étais bien installé sur le
trône, j’avais la commode à PQ pleine,
Valeurs Actuelles sur les genoux – que
j’avais réussi à me dénicher avant
que les kiosques ne ferment – sans me
soucier, j’allais pouvoir commencer
sereinement la journée… Et là, dans
le coin de l’œil, à ramper entre les
joints du carrelage : deux fourmis.
C’est le début… ça recommence !
En avance, cette année ! Le climat ?
Tu parles ! Non, elles sont pas
folles, elles savent que les placards
sont pleins : elles veulent profiter
du confinement. Ne pas en louper une
miette ! Attendez, dans deux jours,
« C’est le Printemps ! » comme s’en
réjouissait ce connard d’anar de mes
deux de Ferré. Le Printemps, ça veut
dire quoi ? Qu’en plus de l’invasion
organisée de rampants grouillants dans
nos étagères, on va se retrouver avec
la migration des hirondelles prêtent
à se nicher dans le moindre recoin,
dès qu’une fenêtre reste ouverte.
Puis celles-là, en plus de venir
s’approprier notre espace vital, elles
n’ramassent pas leur merde. Elles font
comme chez elles ! Mais Dédé, il est
malin et y’a pas que le PQ qu’il a
ramené dans ses sacs de courses : il
s’est arrêté au rayon nuisible, et il
a fait une razzia. Seul souci, même
là, les salauds d’écolos ont fait le
ménage, plus un seul pesticide costaud.
Heureusement, il y a Internet. Amazon,
j’adore ! En moins de 24 heures, mes
p27
bidons de Roundup vont arriver ! En
attendant, programme de l’après-midi,
j’installe le reste de barbelés que
j’ai stocké à la cave à chaque barreau
de fenêtre : ils vont pas me faire
chier ces piafs !
Confinement. J’vais pas vous cacher que
c’est un mot que j’aime bien… Je n’suis
pas le dernier à vouloir qu’on ferme
les frontières. Toutes les frontières
! Mais, j’ai l’impression, qu’on se
fout de notre gueule. C’est comme
si, on était visés, nous, les vieux
! Non, vous n’avez pas l’impression ?
Pourtant, c’est simple : les enfants
sont porteurs, mais comme par hasard
peu touchés. Ces mêmes mioches qu’on
insiste pour qu’ils aillent embrasser
Pépé. Alors, que Pépé s’il fait croire
qu’il s’est pissé d’ssus c’est pour
qu’on l’évite ! Ces petits merdeux
propagent le virus et il faut qu’on
s’enferme pour s’en protéger. Moi, ça
m’va de n’pas les voir, croyez-moi,
je ne loupe rien ! C’est juste que je
trouve ça étrange… Les vieux sont les
premières victimes, les saloperies de
merles peuvent voler librement sans
remplir d’autorisation de sortie…
Pourquoi nous ? Qu’est-ce qu’on vous
a fait ? On aurait des trucs à se
reprocher ? Non, mais faut pas déconner
! Et en plus, le continent où on
serait le plus en sécurité, ce serait…
l’Afrique… J’vous dis : on nous prend
pour des cons !/ par John Spread
Le saviez-vous ?
Un virus hurlant peut faire peur, mais dans le corps
humain, personne ne l’entendra crier. / J.F.
p28
Le conseil ZiC
de l’ami Pierrot
Encore une bonne journée à s’esquinter les yeux
sur l’écran. Pour oublier ? une rengaine Irlandaise
par Thin Lizzy : Whiskey in the jar
Tout y est : la mélancolie, les paroles désabusées, l’accent traînard de Phil lynott,
en bonus la version TOTP de 1973 . un régal : la basse en plastoc de Phil, la fille
en jaune qui fait du jogging sur le plateau !!!!
En plus l’alcool protège du Choléra alors pourquoi il protégerait pas du
caracocrocus ?
p29
ATTESTATION
Récit d’anticipation /
Même si les Parisiens ont tendance à traiter par le mépris
cette menace qui n’a pas le cran de se présenter avant
d’entamer l’assaut, le Covid-19, virus au nom si poétique,
est parvenu à imposer dans la ville un niveau de silence
inédit. Les oiseaux chantent et les chats se promènent,
même le soleil est de la partie. Les rues sont désertées
par les véhicules et laissent place aux piétons dans une
ambiance de vacances. Le passage d’une méfiance habituelle
à une méfiance inhabituelle occasionne un léger décrochage
dans le niveau d’inquiétude standard déployé comme une
décoration de fête – un diadème pectoral, une couronne
tressée, une guirlande de fleurs – par tout habitant de la
capitale qui se respecte. Ce n’est pas pour rien qu’un
écrivain américain célèbre pour ses romans westerns a un
jour pensé à comparer leur nervosité à celle de mustangs
sauvages, avant de réaliser qu’il n’aurait jamais aucun
usage de cette métaphore, et de la revendre sous un faux
nom par le biais de 4chan.
Heureusement, la maréchaussée est là, qui veille à garantir
une continuité du niveau de panique générale. Ils sont
trop nombreux, ceux qui sous-estiment les effets délétères
d’un soulagement illusoire de l’angoisse propre au vingtet-unième
siècle : cinq minutes de détente seront bien
cher payées lorsqu’on se rendra compte que l’apocalypse
est toujours à nos portes, en train de tambouriner sur
les battants des deux mains. Terrible. C’est la raison
pour laquelle les cent mille policiers déployés pour faire
respecter le couvre-feu prennent leur tâche à cœur. Il y
rentre également certainement la fierté professionnelle et
patriotique d’inspirer la peur et l’obéissance, qui sont
les deux mamelles d’une société en réussite, comme le
montre par exemple le fameux miracle chinois. Leurs yeux
de faucon se posent sur le flux des citoyens qui pour la
plupart n’ont aucune raison valable de ne pas être le cul
devant leurs écrans à profiter de ces vacances forcées –
les gens ne sont jamais contents. Soudain, deux pandores
se dressent et s’élancent pour frapper au hasard, méthode
qui a fait ses preuves pour administrer la justice depuis
des millénaires. Ils s’abattent soudain sur un homme
accompagné d’un chien.
p30
/ par John Fluor
« Bonjour Monsieur », dit le préposé à la parole, laissant
en retrait le préposé aux coups sur la tronche, qui
attend impatiemment son heure.
« Bonjour », répond l’homme sur le qui-vive, retenant
son chien qui tire en avant par esprit pionnier, anxieux
de redécouvrir la piste odorante de sa promenade
quotidienne.
« Qu’est-ce que vous faîtes dehors, Monsieur ? Vous
n’êtes pas au courant qu’il y a un confinement en
cours ? », poursuit le préposé à la parole, ne perdant
pas de vue l’importance de sa mission.
L’homme ne cache pas sa stupéfaction mais décide
malgré tout d’offrir une réponse à cette question
surprenante, mais parfaitement réglementaire. « Si,
j’en suis conscient. »
« Vous avez votre attestation ? », demande le préposé
aux coups qui n’y tient plus. Son camarade le regarde
d’un air peiné, blessé que ces détails qu’ils ont pourtant
répété encore et encore dans le véhicule de service
puissent encore être laissés au hasard. Le préposé
aux coups, qu’on dit pourtant borné, comprend la
douleur de son camarade, et baisse la tête en signe
de contrition – plus tard, Parole demandera à Coups :
« Ne sommes-nous pas des représentants des forces
de l’ordre ? », à quoi Coups répondra : « Si, bien sûr
» ; « Alors tu comprendras que nous devons montrer
l’exemple et agir de manière ordonnée », conclura un
Parole impitoyable devant Coups retenant ses larmes.
« Non, je l’ai oubliée chez moi », dit le mauvais citoyen,
dont le chien est presque à la verticale désormais, tant
p31
il tire sur sa laisse. Essayant de comprendre ce qui
le pousse en avant, son maître ne prête sans doute
pas toute l’attention nécessaire à cette histoire
d’attestation. Est-ce un chat ? Un brin d’herbe ?
Une ombre ? Qu’est-ce que ce con de chien a vu ?
« Vous l’avez oubliée chez vous ? » Chez les
gardiens de la paix, l’espoir renaît et avec lui, la
perspective d’effacer ce moment désagréable de
désynchronisation. Coups essuie ses larmes, Parole
la reprend : « Pour quelle raison ? »
« Je ne sais pas. Je me suis dit que ma présence
dehors se justifiait d’elle-même. »
« Comment cela ? »
« Le chien. »
« Vous faîtes bien d’en parler. Est-ce que cet animal
dispose de son attestation ? »
« Pardon ? »
« Eh bien, puisque vous avez oublié la vôtre, avezvous
au moins pris la sienne ? »
Le chien est maintenant revenu sur ses pas pour
sentir les policiers et leur lécher les mains. Son
maître le maudit silencieusement de changer de
camp aussi facilement.
« Ce n’est pas la même ? »
« Pas si vous oubliez la vôtre. »
« Si j’avais pensé à prendre la sienne, j’aurais pris
la mienne. Je veux dire, je n’en aurais pris qu’une.
La mienne. »
« Peut-être mais ça fait deux attestations
manquantes. »
« Pardon ? »
« Et demande-lui s’il comptait courir en plus »,
chuchote Coups, surexcité.
« Très juste », agrée son camarade, gagné par sa
liesse. « Si vous souhaitiez vous lancer dans une
activité sportive pour le besoin des personnes, il
vous manque trois attestations. »
p32
« Attendez », dit le citoyen, soudain pleinement
concentré. « J’entends que vous faîtes votre
métier, seulement j’ai besoin de promener mon
chien. Je veux dire, je n’aurais jamais assez de
papier toilette pour lui et moi. Vous comprenez ? »
Le propriétaire canin pourrait presque gagner les
policiers à sa cause, malheureusement pour lui, il
n’a pas la sagesse de s’en tenir là. « Et puis, après
tout, à quoi elle sert cette attestation ? Je veux dire,
je pourrais signer n’importe quel papier et mentir
comme un cochon pour autant. »
« Vous avez l’attestation pour le cochon ? »,
demande Coups, mais Parole l’arrête d’une main
en l’air. « Un instant, Monsieur », intervient-il très
dignement. « Je vous arrête. Vous engagez votre
parole par écrit ! Vous signez un document ! En
cas de contrôle, vous êtes comptable de ce qui est
écrit. »
« Un contrôle comme celui-ci ? »
« Exactement ! »
« Mais si j’avais ce document avec moi, comment
vous sauriez que je dis la vérité ? »
« Eh bien, vous avez le chien avec vous ! »
CQFD.
Le saviez-vous ?
On trouve des porteurs sains ailleurs que dans la
terminologie médicale. On les appelle généralement
des mules. / J.F.
p33
Le conseil ZiC
de l’ami Pierrot
bovid15, télégalère, ennui total,
catastrophisme
allez hop...
radiohead : go to sleep
moi aussi comme thommy , j’vais
envoyer bouler tout ça !
p34
Confinés, on perd parfois la notion du temps...
Soyons citoyens ! Protégeons les anciens,
les agents EDF et les témoins de Jéhovah !
Affichons à nos portes d’entrée ce message
d’avertissement pour les prémunir.
NE PAS
ENTRER
Enfants
porteurs à
l’intérieur
Une campagne sanitaire du service public
Virus Hurlant
Avec la participation de :
Sylvie B., Michaël V., Boris R., Pierre C., Bruno V.,
Nicolas G., Marie-Laure T., Jean-Louis B., Patricia F.
« Restez chez vous !
On revient la semaine prochaine ! »