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Les Carnets du Curtius n°2 • Notre-Dame de Pitié

Notre-Dame de Pitié, chef-d’œuvre de la sculpture médiévale liégeoise. Origines, pérégrinations et persistance d’un culte, analyse stylistique et iconographique.

Notre-Dame de Pitié, chef-d’œuvre de la sculpture médiévale liégeoise.
Origines, pérégrinations et persistance d’un culte, analyse stylistique et iconographique.

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NOTRE-DAME DE PITIÉ<br />

<strong>Les</strong> carnets <strong>du</strong> <strong>Curtius</strong> N°2<br />

Marylène Laffineur-Crépin<br />

Michel Lefftz<br />

Albert Lemeunier (†)<br />

Chef-d’œuvre <strong>de</strong> la sculpture médiévale liégeoise<br />

Origines, pérégrinations et persistance d’un culte<br />

Analyse stylistique et iconographique<br />

CARNETS<br />

DU CURTIUS<br />

janvier 2019<br />

1


<strong>Les</strong> carnets <strong>du</strong> <strong>Curtius</strong> N°2<br />

Sommaire<br />

par<br />

Marylène Laffineur-Crépin<br />

Conservatrice <strong>de</strong> la Collégiale <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong><br />

à Huy et <strong>de</strong> son Trésor<br />

Michel Lefftz<br />

Professeur à l’Université <strong>de</strong> Namur<br />

Albert Lemeunier (†)<br />

Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fondation Liège Patrimoine<br />

Conservateur en chef honoraire <strong>du</strong> Grand <strong>Curtius</strong><br />

Acquisition.............................................................................4<br />

par Albert Lemeunier (†)<br />

Pérégrinations.......................................................................7<br />

par Marylène Laffineur-Crépin<br />

Origines.........................................................................8<br />

Persistance d’un culte.................................................11<br />

L’Œuvre...............................................................................14<br />

par Albert Lemeunier (†)<br />

Particularités iconographiques......................................15<br />

Analyse stylistique.........................................................16<br />

Analyse stylistique et attribution :<br />

nouvelles propositions........................................................18<br />

par Michel Lefftz<br />

Nos remerciements vont à :<br />

Jean-Marc Gay, Directeur <strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> Liège<br />

Christelle Schoonbroodt, Conservatrice <strong>du</strong> département d’Art religieux<br />

et d’Art mosan<br />

Marc Verpoorten, photographe honoraire au Musée Grand <strong>Curtius</strong><br />

Maria Gallo, graphiste au Musée Grand <strong>Curtius</strong><br />

Avant-propos<br />

Le groupe sculpté connu sous le nom <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié fit l’objet<br />

d’une communication lors <strong>du</strong> 9 e Congrès <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Cercles<br />

francophones d’Histoire et d’Archéologie <strong>de</strong> Belgique, tenu à Liège <strong>du</strong><br />

23 au 26 août 2012. Elle était le fruit d’une collaboration entre Albert<br />

Lemeunier, alors prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fondation Liège-Patrimoine, conservateur<br />

en chef honoraire <strong>du</strong> Grand <strong>Curtius</strong>, qui après avoir retracé les<br />

péripéties <strong>de</strong> son acquisition, avait proposé une analyse <strong>de</strong> l’œuvre, <strong>de</strong><br />

son style et <strong>de</strong> ses particularités iconographiques, et moi-même,<br />

directrice honoraire, puis collaboratrice bénévole au Service <strong>du</strong><br />

Patrimoine à l’Évêché <strong>de</strong> Liège, qui m’étais penchée sur les origines et<br />

les pérégrinations <strong>de</strong> la sculpture. L’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> notre ami ne lui<br />

permit pas <strong>de</strong> finaliser ses recherches : le texte présenté au Congrès<br />

resta orphelin <strong>de</strong>s références qui auraient dû l’accompagner pour la<br />

publication. En accord avec la famille d’Albert, j’ai sollicité notre ami<br />

commun, spécialiste <strong>de</strong> la sculpture, Michel Lefftz, qui a accepté <strong>de</strong><br />

reprendre le flambeau et <strong>de</strong> mener à bien l’étu<strong>de</strong> inachevée. Nous avons<br />

choisi <strong>de</strong> publier l’ensemble <strong>de</strong>s trois contributions en témoignage <strong>de</strong><br />

notre admiration et <strong>de</strong> notre affection pour notre ami disparu.<br />

Marylène Laffineur-Crépin<br />

Conservatrice <strong>de</strong> la Collégiale <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> à Huy et <strong>de</strong> son Trésor<br />

Publication <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Liège.<br />

92, rue Féronstrée, be-4000 Liège.<br />

infograndcurtius@liege.be<br />

Imprimé à 700 exemplaires sur papier recyclé, sans chlore,<br />

par l’Imprimerie <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Liège.<br />

Liège, janvier 2019.<br />

Photo <strong>de</strong> couverture :<br />

<strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié. Liège, Grand <strong>Curtius</strong>. Département <strong>du</strong> Musée<br />

d’Art religieux et d’Art mosan. Détail.<br />

© Ville <strong>de</strong> Liège - Grand <strong>Curtius</strong>, photo : Marc Verpoorten.<br />

janvier 2019<br />

2<br />

janvier 2019<br />

3


Acquisition<br />

En 2009, le Musée d’Art religieux et d’Art mosan - le MARAM - qui existait<br />

encore sous ce vocable, fut contacté par une association familiale <strong>du</strong><br />

Brabant wallon en charge <strong>de</strong> la gestion d’un fonds d’œuvres d’art ancien.<br />

Ces gestionnaires proposaient au Musée l’achat d’une Pietà <strong>de</strong> la<br />

fin <strong>du</strong> Moyen Âge, dont les informations sur sa provenance ne donnaient<br />

d’autre indication que le Thier-à-Liège.<br />

En accord avec le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s Amis <strong>du</strong> MARAM, intéressé par cette<br />

possibilité d’acquisition, il fut dès lors décidé <strong>de</strong> solliciter <strong>de</strong> Marylène<br />

Laffineur, directrice <strong>du</strong> Service <strong>du</strong> Patrimoine à l’Évêché <strong>de</strong> Liège,<br />

d’opérer les vérifications nécessaires en vue d’éliminer tout doute quant<br />

à la légitimité <strong>de</strong> la vente. L’enquête pourtant minutieuse ne permit pas<br />

<strong>de</strong> prouver qu’il s’agissait bien d’un patrimoine public.<br />

Mais l’œuvre était si caractéristique qu’elle fut instantanément i<strong>de</strong>ntifiée :<br />

cette sculpture s’était trouvée naguère chez <strong>de</strong>s particuliers au Pied-<strong>du</strong>-<br />

Thier-à-Liège. « Acquise » auprès <strong>de</strong> ceux-ci avant 1973 par Josef<br />

Braun, antiquaire-restaurateur eupenois, elle avait été entièrement dégagée<br />

<strong>de</strong> ses surpeints par cet artisan. Il y aurait même travaillé <strong>de</strong>ux<br />

ans <strong>du</strong>rant. En 1973, elle fut présentée à une intéressante exposition<br />

organisée par Michel Lefèvre et G. Tercaefs, avec la collaboration <strong>de</strong><br />

votre serviteur, à l’Institut Saint-Joseph <strong>de</strong> la rue Sainte-Marguerite et<br />

consacrée aux chefs-d’œuvre <strong>du</strong> Patrimoine privé liégeois. L’i<strong>de</strong>ntité<br />

réelle <strong>du</strong> détenteur <strong>de</strong> la sculpture ne pouvant être révélée, on se<br />

contenta pudiquement <strong>de</strong> ses initiales pour en désigner le propriétaire<br />

dans la notice <strong>du</strong> catalogue 1 . L’ancien conservateur <strong>du</strong> Musée diocésain,<br />

feu Léon Dewez, ami personnel <strong>de</strong> Josef Braun, avait été, à la<br />

même époque, sollicité par l’antiquaire afin <strong>de</strong> trouver, dans les milieux<br />

liégeois intéressés, acquéreur pour la statue. Las, le montant était trop<br />

élevé. L’Évêché <strong>de</strong> Liège, contacté à son tour, déclina l’offre répercutée<br />

par le conservateur. L’œuvre retourna dès lors aux oubliettes pour une<br />

quarantaine d’années.<br />

Il restait à trouver les fonds <strong>de</strong>stinés à couvrir le montant <strong>de</strong> l’achat. Ce<br />

qui fut fait grâce à l’intervention <strong>du</strong> Fonds David-Constant géré par la<br />

Fondation Roi Baudouin 3 , <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Liège, et la participation <strong>de</strong><br />

l’ASBL « <strong>Les</strong> Amis <strong>du</strong> MARAM » déjà nommée. L’affaire fut<br />

conclue en 2010.<br />

La Pietà trône désormais au sein <strong>de</strong> la section <strong>de</strong> la<br />

sculpture <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong> Moyen Âge au Grand <strong>Curtius</strong><br />

(fig. 1) 4 .<br />

Si elle était parfaitement i<strong>de</strong>ntifiée, vérification faite, l’œuvre figurait,<br />

contre toute attente, à l’inventaire <strong>du</strong> mobilier <strong>de</strong>s sanctuaires <strong>de</strong><br />

Belgique édité par l’IRPA (Institut royal <strong>du</strong> patrimoine artistique) pour<br />

Liège en 1982 2 . Le statut <strong>de</strong> la statue était-il donc public ou privé ? On<br />

était en droit <strong>de</strong> se poser la question : elle en conditionnait la vente. Dans<br />

les milieux concernés, il s’avérait en tout état <strong>de</strong> cause qu’il s’agissait<br />

d’une œuvre particulièrement digne d’enrichir le patrimoine muséal<br />

liégeois et, en particulier, sa section « sculptures médiévales ».<br />

1. Pietà. Liège, Grand <strong>Curtius</strong>.<br />

Département <strong>du</strong> Musée d’Art religieux et d’Art mosan.<br />

© Ville <strong>de</strong> Liège - Grand <strong>Curtius</strong>, photo : Marc Verpoorten.<br />

janvier 2019<br />

4<br />

janvier 2019<br />

5


Pérégrinations<br />

2<br />

2. La Pietà photographiée en 1955 dans une niche au Thier-à-<br />

Liège. © KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

3. Immeuble à l’angle <strong>de</strong>s rues Pied-<strong>du</strong>-Thier et Thier-à-Liège.<br />

© Marylène Laffineur.<br />

3<br />

4<br />

La Pietà est une œuvre peu<br />

connue <strong>du</strong> patrimoine liégeois.<br />

Présente -on vient <strong>de</strong> l’évoquer- à<br />

l’exposition Art ancien dans le patrimoine<br />

privé liégeois organisée<br />

en 1973, elle figure aussi dans la<br />

nouvelle édition illustrée <strong>de</strong> Liège à<br />

travers les âges. <strong>Les</strong> rues <strong>de</strong> Liège<br />

(1924-1929) <strong>de</strong> Théodore Gobert,<br />

parue <strong>de</strong> 1975 à 1978. Marie-<br />

Georges Nicolas l’a choisie pour<br />

illustrer l’article « Rue <strong>du</strong> Thier-à-<br />

Liège » 5 .<br />

Le cliché repro<strong>du</strong>it appartient à la photothèque <strong>de</strong> l’IRPA (fig. 2) 6 . Au<br />

moment <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> vue en 1955, la Pietà occupait une « potale », ou<br />

plutôt une niche, aménagée dans le mur <strong>de</strong> faça<strong>de</strong> d’une maison sise à<br />

l’angle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux voiries : la rue Pied-<strong>du</strong>-Thier-à-Liège et la rue Thier-à-<br />

Liège. En 1973, la Pietà n’était plus en place.<br />

La maison qui l’a abritée a été bâtie au xix e siècle. Elle existe encore<br />

(fig. 3). Si une gran<strong>de</strong> fenêtre mo<strong>de</strong>rne occupe l’espace <strong>de</strong> l’ancienne<br />

niche, quelques éléments <strong>de</strong> son encadrement en bois subsistent<br />

(fig. 4).<br />

Le hasard m’a fait connaître les circonstances <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> la<br />

Pietà. Alors que je photographiais la maison, un homme sortit d’une<br />

<strong>de</strong>meure voisine. Je lui <strong>de</strong>mandai s’il habitait l’endroit <strong>de</strong>puis longtemps<br />

et s’il se souvenait d’une sculpture représentant la Vierge soutenant le<br />

corps <strong>du</strong> Christ mort, autrefois installée dans une niche aménagée dans<br />

le mur <strong>de</strong> la maison que je photographiais. Il me répondit qu’il l’avait fort<br />

bien connue, d’autant qu’il était le fils <strong>de</strong> l’ancienne propriétaire <strong>de</strong> la<br />

maison. Sa mère, me dit-il, avait confié la sculpture à un ami, un<br />

ensemblier-décorateur installé boulevard Piercot, « expert en œuvres<br />

d’art », pour qu’il la « restaure ». Ce qui fut fait. À une époque pas si<br />

lointaine, le terme « restauration » s’appliquait bien souvent à l’enlèvement<br />

d’une, voire plusieurs couches <strong>de</strong> polychromie, parfois jusqu’à la<br />

mise à nu <strong>du</strong> bois… La confrontation entre le cliché <strong>de</strong> 1955 et la Pietà<br />

d’aujourd’hui montre que l’œuvre fut dépouillée d’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

la polychromie qui la recouvrait. Le morceau le plus parlant est la robe<br />

<strong>de</strong> la Vierge : jadis blanche, parsemée <strong>de</strong> petites croix <strong>de</strong> couleur, elle<br />

est aujourd’hui <strong>de</strong> teinte rouge. Sans doute, poursuivit mon interlocuteur,<br />

cet ami - qui était aussi son parrain - l’avait-il ven<strong>du</strong>e, car ni lui ni sa<br />

mère ne la revirent jamais.<br />

4. Traces <strong>de</strong> l’encadrement <strong>de</strong> la niche. © Marylène Laffineur.<br />

janvier 2019<br />

6<br />

janvier 2019<br />

7


Origines<br />

Dans la notice <strong>du</strong> catalogue <strong>de</strong> 1973, Léon Dewez évoquait une provenance<br />

possible : le prieuré <strong>de</strong>s bénédictins <strong>de</strong> Saint-Léonard 7 . Une hypothèse<br />

dictée sans doute par la proximité <strong>de</strong> cet établissement et par<br />

le fait que saint Léonard, patron <strong>de</strong>s prisonniers, pouvait avoir quelque<br />

lien avec une Pietà, lien qu’aucun élément probant ne vient pourtant<br />

conforter 8 .<br />

Le cliché <strong>de</strong> 1955 apporte un indice susceptible <strong>de</strong> nous mettre sur une<br />

autre voie. La base <strong>de</strong> la potale portait une dédicace gravée : « NOTRE<br />

DAME DE PITIE P.P.N. » (fig. 2).<br />

À Liège, pour l’Ancien Régime, on ne recensait jusqu’ici qu’une seule<br />

confrérie placée sous le vocable <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié : elle se trouvait<br />

dans l’église Saint-Jean-Baptiste, située à l’angle <strong>de</strong> Féronstrée et <strong>de</strong> la<br />

rue Saint-Jean-Baptiste (fig. 5).<br />

5<br />

6<br />

7<br />

honorem beatae mariae virginis fuit ab alexandro VII anno 1437 erecta.<br />

Confraternitatis finis est singularis in beatam mariam pietas… » 10 .<br />

Alexandre VII fut pape <strong>de</strong> 1655 à 1667. En 1437, c’est Eugène IV qui<br />

occupait le trône <strong>de</strong> saint Pierre.<br />

La confrérie est formellement attestée à Saint-Jean-Baptiste en 1655<br />

dans les Brefs d’in<strong>du</strong>lgences pontificales conservés aux Archives<br />

Secrètes <strong>du</strong> Vatican 11 , puis dans les rapports <strong>de</strong>s visites archidiaconales<br />

<strong>de</strong> 1726 12 et 1774 13 . Elle fut loin <strong>de</strong> vivoter. À Saint-Jean-Baptiste,<br />

elle disposait d’une chapelle 14 et s’enrichit, en 1663, d’une somptueuse<br />

représentation <strong>de</strong> la Vierge à l’Enfant, une statuette-reliquaire en argent<br />

et laiton doré, œuvre d’un maître <strong>de</strong> premier plan, Henri <strong>de</strong> Flémalle 15 .<br />

Cette belle orfèvrerie, conservée dans le Trésor <strong>de</strong> la cathédrale à Liège,<br />

n’est pas la seule rescapée <strong>du</strong> riche patrimoine <strong>de</strong> l’église Saint-Jean-<br />

Baptiste. Parmi les œuvres les plus connues, figurent <strong>de</strong>ux autres statuettes<br />

<strong>du</strong> même orfèvre 16 et plusieurs sculptures : notamment la tête <strong>de</strong><br />

saint Jean-Baptiste in disco, signée par Jan van Steffeswert en 1508 17<br />

et le beau saint Jean-Baptiste <strong>de</strong> Jean Del Cour conservé à la cathédrale<br />

18 . Mais aussi, et plus importante ici, la Se<strong>de</strong>s Sapientiae aujourd’hui<br />

présentée à l’entrée <strong>du</strong> chœur <strong>du</strong> même édifice 19 (fig. 6).<br />

Cette œuvre a été offerte au Musée diocésain par la famille Fincœur au<br />

début <strong>du</strong> xx e siècle. Certains historiens ont affirmé que les membres <strong>de</strong><br />

la confrérie <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié se réunissaient jadis au pied <strong>de</strong><br />

cette statue qui était adossée à un <strong>de</strong>s piliers <strong>de</strong> l’église 20 .<br />

Pour quelle raison la confrérie aurait-elle voué un culte particulier à une<br />

Vierge en majesté fort ancienne (on la date <strong>de</strong> vers 1220-1240), dont<br />

La fondation <strong>de</strong> cette confrérie remonte vraisemblablement à 1437 9 . La<br />

plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s consacrées à la paroissiale l’affirment en précisant<br />

qu’elle avait été érigée par Alexandre VI. Ce qui n’est pas possible,<br />

Alexandre VI ayant été pape <strong>de</strong> 1492 à 1503. La source <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

informations se trouve dans le rapport <strong>de</strong> la visite archidiaconale <strong>de</strong><br />

1774 qui stipulait en gonflant encore l’erreur : « Confraternitas in<br />

5. Devant Saint-Jean-Baptiste.<br />

Copie <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> Blaeu. Dessin à la plume ; 14,6 x 19,2 cm.<br />

Liège, Musée Wittert, inv. 30016. © Université <strong>de</strong> Liège -<br />

Musée Wittert.<br />

6. Se<strong>de</strong>s Sapientiae provenant <strong>de</strong> l’église Saint-Jean-Baptiste,<br />

déposée à la cathédrale <strong>de</strong> Liège. © KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

7. <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié. Détail. © Marylène Laffineur.<br />

l’image ne correspondait ni à son vocable ni à ses objectifs ?<br />

La Pietà récemment acquise par les Amis <strong>du</strong> MARAM (fig. 1 et 7), cette<br />

Vierge dont les traits <strong>du</strong> visage expriment tant par les yeux que par les<br />

plis <strong>de</strong> la bouche une réflexion profon<strong>de</strong> et douloureuse, répond mieux<br />

à ces <strong>de</strong>ux critères. Cette Vierge n’est-elle pas cette « autre Vierge inconnue<br />

», dont Robert Hankart, éditeur <strong>du</strong> patrimoine artistique <strong>de</strong><br />

janvier 2019<br />

8<br />

janvier 2019<br />

9


l’église Saint-Jean-Baptiste, soupçonnait l’existence sur base <strong>de</strong> mentions<br />

<strong>de</strong> divers ornements dans les inventaires <strong>de</strong> 1617, 1644 et 1698 ?<br />

Au début <strong>du</strong> xviii e , lors <strong>de</strong> la démolition <strong>de</strong> l’ancienne église, l’œuvre<br />

aurait été égarée. Elle ne fut retrouvée qu’en 1736 et aussitôt <strong>de</strong>s collectes<br />

furent organisées pour son habillement et quelques<br />

réparations 21 .<br />

Victimes <strong>de</strong> désordres structurels provenant <strong>de</strong>s fondations, la voûte et<br />

un support <strong>de</strong> l’église Saint-Jean-Baptiste s’effondrèrent fin novembre<br />

1797. La démolition <strong>du</strong> bâtiment fut décidée. Le 2 mars 1798, le mobilier<br />

fut ven<strong>du</strong> à l’encan 22 . La paroisse supprimée fut, en partie, englobée<br />

dans la paroisse Sainte-Foy.<br />

L’hypothèse <strong>de</strong> l’appartenance <strong>de</strong> la Pietà à la confrérie <strong>de</strong> l’église Saint-<br />

Jean-Baptiste semblait tout à fait plausible, quand une découverte vint<br />

un temps la contrarier.<br />

Lors <strong>de</strong> recherches menées dans le cadre <strong>du</strong> 9 e Congrès <strong>de</strong> l’Association<br />

<strong>de</strong>s Cercles francophones d’Histoire et d’Archéologie <strong>de</strong> Belgique<br />

(Liège, 2012), Julie Dury exhuma <strong>du</strong> fonds <strong>de</strong>s Dominicains <strong>de</strong> Liège<br />

une charte <strong>du</strong> 7 septembre 1515 par laquelle le prince-évêque Érard <strong>de</strong><br />

la Marck accordait un appui tout particulier à tous ceux qui étaient ou<br />

seraient enrolés dans la confrérie <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié érigée dans le<br />

couvent liégeois 23 (fig. 8).<br />

9<br />

La charte porte la signature <strong>du</strong> prince-évêque. On peut s’étonner qu’il<br />

ait traité personnellement une affaire qu’il aurait pu laisser aux soins <strong>de</strong><br />

son administration. La raison, on la <strong>de</strong>vine : la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> émanait <strong>de</strong> son<br />

chapelain et confesseur, son « cher et dévoué » frère Jean <strong>de</strong> Fexhe, <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong>s Prêcheurs. Au dos <strong>de</strong> l’acte, le résumé <strong>du</strong> contenu stipule :<br />

Lettre <strong>de</strong> Erard Marka Evesque et prince <strong>de</strong> Liege par laquelle il rend<br />

participant tous ceux qui seront enrollez dans la confrairie <strong>de</strong> <strong>Notre</strong><br />

<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> pitié <strong>de</strong> toutes les bonnes œuvres qui se feront dans touttes<br />

les eglises <strong>de</strong> son diocese. À ma connaissance, le document est inédit.<br />

Contrairement à ce qu’on a préten<strong>du</strong> jusqu’ici, la confrérie <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<br />

<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié érigée à Saint-Jean-Baptiste n’était donc pas la seule<br />

placée sous ce vocable à Liège.<br />

Le Département d’Art religieux et d’Art mosan <strong>du</strong> Grand <strong>Curtius</strong><br />

conserve une Pietà en chêne peint (h. 97 cm) qui provient précisément<br />

<strong>de</strong> l’église conventuelle <strong>de</strong>s Dominicains <strong>de</strong> Liège (fig. 9). Elle faisait<br />

partie <strong>de</strong> l’ancien fonds <strong>du</strong> Musée diocésain 24 . L’œuvre tra<strong>du</strong>it une<br />

intensité dramatique émouvante : le drame se lit sur le visage pathétique<br />

<strong>de</strong> la Vierge où perlent quelques larmes (fig. 10). La découverte <strong>de</strong> Julie<br />

Dury incite à rattacher cette sculpture à la confrérie érigée chez les<br />

Dominicains et permettrait donc <strong>de</strong> situer sa réalisation vers 1515.<br />

Persistance d’un culte<br />

8<br />

8. AÉL, Dominicains <strong>de</strong> Liège, 12, Chartes 1485-1515,<br />

n° 463, acte <strong>du</strong> 7 septembre 1515. © Marylène Laffineur.<br />

9. Pietà provenant <strong>du</strong> couvent <strong>de</strong>s Dominicains à Liège.<br />

Liège, Grand <strong>Curtius</strong>. Département <strong>du</strong> Musée d’Art religieux<br />

et d’Art mosan.<br />

© Ville <strong>de</strong> Liège - Grand <strong>Curtius</strong>, photo : Marc Verpoorten.<br />

10. Pietà provenant <strong>du</strong> couvent <strong>de</strong>s Dominicains à Liège.<br />

Détail.<br />

© Ville <strong>de</strong> Liège - Grand <strong>Curtius</strong>, photo : Marc Verpoorten.<br />

10<br />

Revenons à notre sculpture. <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié, désormais installée<br />

dans la faça<strong>de</strong> d’une <strong>de</strong>meure privée bâtie au xix e siècle 25 , le long d’une<br />

voie publique, n’a pas retenu l’attention <strong>de</strong>s historiens ni <strong>de</strong>s historiens<br />

d’art 26 .<br />

La Pietà était pourtant honorée dans le quartier. En témoignent <strong>de</strong>ux<br />

bannières en velours rouge brodé d’or et d’argent, aujourd’hui conservées<br />

dans l’église Saints-Victor-et-Léonard au Thier-à-Liège. Toutes<br />

<strong>de</strong>ux repro<strong>du</strong>isent fidèlement leur modèle sculpté et sont en bon état <strong>de</strong><br />

conservation.<br />

janvier 2019<br />

10<br />

janvier 2019<br />

11


La plus ancienne (fig. 11-13), un carré sur pointe <strong>de</strong> 150 cm <strong>de</strong> côté,<br />

porte en haut le titre : <strong>Notre</strong> <strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié ; au centre, la représentation<br />

<strong>de</strong> la Pietà et, en bas, le nom <strong>de</strong> l’association : Société <strong>de</strong>s Tawes et<br />

Thier à Liége Réunis, ainsi que la date : 1859.<br />

<strong>Les</strong> écarts par rapport au modèle sont minimes : ici, la Vierge est<br />

couronnée et la couronne d’épines ceint la tête <strong>du</strong> Christ mort ; une<br />

croix entourée d’une gloire <strong>de</strong> rayons se profile à l’arrière-plan.<br />

La secon<strong>de</strong> (fig. 14-15), <strong>de</strong> forme traditionnelle (h. 160 cm x l. 103 cm),<br />

porte le titre : Confrérie <strong>de</strong> la Chapelle <strong>de</strong>s Tawes et pied <strong>du</strong> Thier à<br />

Liége et, plus bas : en L’honneur <strong>de</strong> <strong>Notre</strong> <strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié, suivi <strong>de</strong> la<br />

date : 1861. Ici aussi, on remarque la présence d’une croix avec gloire<br />

<strong>de</strong> rayons et les lettres IHS inscrites au centre dans un quadrilobe. Le<br />

groupe, entouré <strong>de</strong> cinq chérubins, semble posé sur un socle en forme<br />

<strong>de</strong> console, sur lequel on <strong>de</strong>vine trois instruments <strong>de</strong> la passion. La<br />

couronne d’épines apparaît <strong>de</strong>rrière la Vierge.<br />

11<br />

13<br />

Jusqu’ici, aucun document n’a été trouvé pour éclairer la renaissance<br />

<strong>de</strong> l’ancienne confrérie <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié. La nouvellle association,<br />

dénommée d’abord Société, puis très rapi<strong>de</strong>ment Confrérie, a<br />

peut-être trouvé un premier asile dans l’église Sainte-Foy, avant<br />

<strong>de</strong><br />

s’installer dans la nouvelle église bâtie sur le<br />

Thier-à-Liège <strong>de</strong> 1903 à 1905 27 .<br />

14<br />

<strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié, patronne <strong>de</strong><br />

l’une <strong>de</strong>s plus anciennes confréries liégeoises,<br />

retrouve, après un exil <strong>de</strong> près<br />

<strong>de</strong> cinquante ans, non pas le culte dont<br />

elle fit longtemps l’objet, mais à tout le<br />

moins le patrimoine liégeois qu’elle n’aurait<br />

jamais dû quitter.<br />

11. Bannière <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Tawes et Thier à Liége Réunis<br />

[en l’honneur <strong>de</strong>] <strong>Notre</strong> <strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié /1859. Liège, église<br />

Saints-Victor-et-Léonard. © Marylène Laffineur.<br />

12. Bannière <strong>de</strong> la Confrérie <strong>de</strong> la Chapelle <strong>de</strong>s Tawes et pied<br />

<strong>du</strong> Thier à Liége en L’honneur <strong>de</strong> <strong>Notre</strong> <strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié /1861.<br />

Liège, église Saints-Victor-et-Léonard. © Marylène Laffineur.<br />

13. Bannière 1859. La Pietà. © Marylène Laffineur.<br />

14. Bannière 1859. <strong>Les</strong> inscriptions. © Marylène Laffineur.<br />

15. Bannière 1861. La Pietà. © Marylène Laffineur.<br />

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L’œuvre<br />

La Pietà est sculptée dans un large bloc <strong>de</strong> chêne d’environ 1 m <strong>de</strong><br />

hauteur, mais <strong>de</strong> peu d’épaisseur. Sa base est aplanie. Son dos épannelé<br />

à la gouge, l’outil ayant en <strong>de</strong>ux endroits outrepassé l’épaisseur <strong>de</strong><br />

la bille <strong>de</strong> bois.<br />

On voit la Vierge assise sur une banquette couverte par sa robe, à moins<br />

qu’elle ne soit en position agenouillée, mais sur le seul genou gauche.<br />

Son vêtement est constitué d’une robe à encolure en W, au corsage<br />

moulant, serrée à la taille par une ceinture faite d’une cor<strong>de</strong> nouée. Elle<br />

porte par-<strong>de</strong>ssus une guimpe mentonnière soigneusement plissée, dont<br />

elle ramène la mentonnière vers le visage, et un ample manteau posé sur<br />

la tête par-<strong>de</strong>ssus le voile et décrivant, comme ce <strong>de</strong>rnier, <strong>de</strong>ux on<strong>du</strong>lations<br />

convergentes. Le visage à l’expression triste est empreint <strong>de</strong><br />

douceur.<br />

Sous le genou gauche dont le volume sert d’appui au corps inerte <strong>du</strong><br />

Christ, le bas <strong>du</strong> manteau marial se répand sur le sol en un chiffonné <strong>de</strong><br />

drapés souples. Le cadavre, il s’agit bien d’une dépouille mortelle, se<br />

trouve ainsi dans une position particulièrement instable, car la ligne diagonale<br />

- et non pas assise - imprimée au corps n’est accompagnée<br />

d’aucun appui <strong>du</strong> côté <strong>de</strong>s pieds, et la surélévation conférée par le genou<br />

<strong>de</strong> la Vierge à la partie haute <strong>du</strong> corps <strong>du</strong> supplicié renforce encore<br />

cette instabilité. En l’occurrence, le seul élément compensant celle-ci<br />

est le soutien apporté par la main <strong>de</strong> la Vierge au bras gauche <strong>du</strong> Christ.<br />

La tension qui en découle est ren<strong>du</strong>e, <strong>de</strong> manière à la fois maladroite et<br />

conventionnelle par la position <strong>de</strong> ce bras, à la fois ten<strong>du</strong> et inerte. Quant<br />

au bras droit pendant, <strong>de</strong> manière tout aussi conventionnelle, son inertie<br />

ne lui confère aucun caractère stabilisateur.<br />

On remarquera enfin, posée sur le drapé <strong>du</strong> bas <strong>de</strong> la robe, la présence<br />

<strong>de</strong> la couronne d’épines, faite d’une grosse tresse.<br />

Particularités iconographiques<br />

L’examen iconographique <strong>de</strong> cette œuvre semblerait à première vue ne<br />

guère offrir d’intérêt. Il s’agit, en effet, bien d’une Pietà caractéristique <strong>de</strong><br />

la fin <strong>du</strong> Moyen Âge, le thème étant la représentation <strong>de</strong> la Vierge reprenant<br />

sur ses genoux le corps <strong>de</strong> son Fils, « comme quand il était petit ».<br />

Nous n’avons donc pas ici affaire à une Lamentation sur le corps <strong>du</strong><br />

Christ qui, malgré un schéma <strong>de</strong> composition offrant certaines similitu<strong>de</strong>s<br />

avec la Pietà, implique l’allongement <strong>du</strong> Christ sur le sol et la<br />

présence d’autres figurants aux côtés <strong>de</strong> la Vierge.<br />

Je voudrais attirer l’attention ici sur quelques éléments qui constituent<br />

en l’occurrence <strong>de</strong>s singularités par rapport aux schémas habituels <strong>de</strong>s<br />

Pietà.<br />

La Pietà ou Vierge <strong>de</strong> Pitié constitue l’un <strong>de</strong>s types iconographiques <strong>de</strong><br />

la Vierge les plus répan<strong>du</strong>s dans l’art <strong>de</strong> l’Occi<strong>de</strong>nt, et s’inscrit dans la<br />

typologie <strong>de</strong>s Vierges <strong>de</strong> douleur. Si on a cru longtemps que ce thème<br />

n’était que la ré<strong>du</strong>ction au groupe central <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la Lamentation sur<br />

le corps <strong>du</strong> Christ l’on a démontré <strong>de</strong>puis qu’il n’en était rien, le thème<br />

<strong>de</strong> la Lamentation n’étant apparu dans l’iconographie que bien après<br />

celui <strong>de</strong> la Pietà, dont les plus anciens spécimens remontent aux années<br />

1300.<br />

Quelques spécificités sont donc à relever dans l’iconographie <strong>de</strong> cette<br />

Pietà.<br />

La position diagonale <strong>du</strong> Christ s’avère être l’une <strong>de</strong>s variantes relativement<br />

tardives <strong>du</strong> thème et s’inscrire dans le sillage <strong>de</strong> Rogier van <strong>de</strong>r<br />

Wey<strong>de</strong>n. J’ai fait remarquer ci-<strong>de</strong>ssus le relatif inconfort <strong>de</strong> cette représentation.<br />

La typologie met aussi en avant la position anatomiquement<br />

anormale <strong>du</strong> bras gauche <strong>du</strong> Christ, que l’on retrouve dans plusieurs<br />

autres spécimens <strong>de</strong>s régions mosane et brabançonne, mais jamais<br />

avec l’outrance, presque caricaturale, <strong>du</strong> traitement <strong>de</strong> celui-ci.<br />

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La délicatesse <strong>du</strong> geste marial <strong>de</strong> la main gauche n’a en l’espèce<br />

d’égale que l’expression <strong>du</strong> chagrin exprimée par l’autre main. En fait,<br />

cette <strong>de</strong>rnière particularité - la main droite <strong>de</strong> la Vierge relevant une extrémité<br />

<strong>de</strong> la mentonnière pour essuyer les larmes <strong>de</strong> son visage - cette<br />

particularité n’est pas courante dans l’iconographie <strong>de</strong> la Pietà <strong>de</strong> nos<br />

régions. Elle n’apparaît que sporadiquement, comme dans la Pietà <strong>de</strong><br />

l’église <strong>de</strong> Waremme, encore la comparaison doit-elle se limiter à cet<br />

élément, puisque ni la position <strong>du</strong> Christ, ni le geste <strong>de</strong> l’autre main ne<br />

sont semblables. En fait, dans la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, c’est <strong>de</strong> cette<br />

main droite que Marie supporte la tête <strong>du</strong> Christ.<br />

Enfin, la présence <strong>de</strong> la couronne d’épines posée aux côtés <strong>du</strong> Christ<br />

relève sinon <strong>de</strong> l’exception, <strong>du</strong> moins d’une gran<strong>de</strong> rareté dans les représentations<br />

traditionnelles <strong>de</strong> la Pietà. Dans une très gran<strong>de</strong> majorité<br />

<strong>de</strong> cas, la couronne reste, à ce moment <strong>du</strong> drame <strong>du</strong> Calvaire, toujours<br />

posée sur le front <strong>du</strong> Crucifié. À côté <strong>de</strong>s rares Pietàs évoquées, le<br />

thème <strong>de</strong> la couronne d’épines, comme les clous posés à côté <strong>du</strong> cadavre,<br />

relève plutôt <strong>de</strong> l’iconographie <strong>de</strong> la Lamentation.<br />

Analyse stylistique<br />

Ce qui frappe d’emblée dans la silhouette c’est l’ampleur conférée au<br />

grand manteau bleu qui enveloppe véritablement le groupe <strong>de</strong> ses pans<br />

aux plis amples et calmes. Deux exceptions cependant : l’une au niveau<br />

<strong>du</strong> voile dont les <strong>de</strong>ux plis en crête constituent un topos dans la représentation<br />

<strong>de</strong>s voiles tant <strong>de</strong> la Vierge que <strong>de</strong> sainte Anne à la fin <strong>du</strong><br />

xv e et au début <strong>du</strong> xvi e siècle ; l’autre dans l’aspect chiffonné <strong>du</strong> drapé<br />

répan<strong>du</strong> sur le sol, comme provoqué par la présence <strong>du</strong> corps <strong>du</strong><br />

Christ.<br />

La chevelure <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier et sa barbe sont animées d’on<strong>du</strong>lations,<br />

mais rien ici ne rappelle leur traitement dans l’art brabançon, où elles<br />

sont faites <strong>de</strong> grosses tresses.<br />

Quant au perizonium <strong>de</strong> type croisé, il est fréquent dans la représentation<br />

<strong>du</strong> Christ en croix <strong>de</strong> la région liégeoise, et en particulier traité<br />

comme ici <strong>de</strong> plis en cuillère.<br />

Le mo<strong>de</strong>lé anatomique s’inscrit parfaitement dans la phase <strong>de</strong> transition<br />

entre l’esthétique gothique et celle <strong>de</strong> la Renaissance, encore que les<br />

accents <strong>de</strong> la première restent globalement plus marqués. Mais ce qui<br />

nous frappe, c’est le type <strong>de</strong> visage <strong>de</strong> la Vierge, aux yeux légèrement<br />

fen<strong>du</strong>s, à la paupière supérieure lour<strong>de</strong>, aux lèvres minces, au nez fin et<br />

légèrement retroussé. Nous reconnaissons là certaines <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

stylistiques <strong>du</strong> Maître dit <strong>de</strong> Waha, telles qu’on les voit appliquées<br />

au saint Gérard <strong>de</strong> Fontenaille et à un relief au Calvaire <strong>de</strong>s collections<br />

<strong>du</strong> Grand <strong>Curtius</strong>, autrefois au MARAM, dont l’attribution à ce sculpteur<br />

ou à son atelier n’avait encore jusqu’ici été proposée.<br />

S’il en est effectivement ainsi, la Pietà apparaîtrait comme une œuvre <strong>de</strong><br />

composantes extrêmement mêlées : aux exceptions iconographiques<br />

soulignées plus haut, le maître, d’une très gran<strong>de</strong> sensibilité et d’une<br />

réelle habileté, use dans le visage marial d’un style qui relève <strong>du</strong> même<br />

courant que l’atelier <strong>du</strong> Maître <strong>de</strong> Waha. S’il y a un mon<strong>de</strong> entre notre<br />

Pietà et celle <strong>de</strong> Strée, qui est donnée à son atelier, ne pourrait-on voir<br />

ici à travers ce que ces <strong>de</strong>ux pro<strong>du</strong>ctions ont en commun, l’œuvre <strong>du</strong><br />

maître <strong>du</strong> maître ?<br />

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Analyse stylistique et<br />

attribution :<br />

nouvelles propositions<br />

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Si l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la statuaire médiévale <strong>de</strong> nos régions a beaucoup progressé<br />

<strong>de</strong>puis quelques décennies, c’est sans aucun doute grâce à<br />

l’amélioration <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> recherche, et principalement à la mise à disposition<br />

en ligne <strong>du</strong> recensement systématique et illustré <strong>du</strong> patrimoine<br />

mobilier conservé dans les églises <strong>de</strong> Belgique. Cette tâche ambitieuse,<br />

réalisée par l’IRPA <strong>de</strong>puis plusieurs décennies, a permis d’offrir aux<br />

chercheurs <strong>du</strong> xxi e siècle un outil exceptionnel que les pays voisins nous<br />

envient. Si l’accès immédiat à cette immense photothèque s’avère si<br />

précieux, c’est que l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la statuaire médiévale passe nécessairement<br />

par les comparaisons morphologiques. Comme les œuvres signées<br />

ou même attribuées par les archives sont extrêmement rares<br />

dans nos régions, l’analyse <strong>de</strong>s formes reste en effet la seule manière<br />

d’opérer <strong>de</strong>s regroupements dans la cohérence d’une pro<strong>du</strong>ction.<br />

Celle-ci fut extrêmement importante et il nous en reste fort heureusement<br />

<strong>de</strong> substantiels témoignages, particulièrement dans le pays mosan<br />

où l’activité artistique a été intense. Beaucoup d’œuvres ont été<br />

pro<strong>du</strong>ites, mais il y eut également <strong>de</strong> nombreuses œuvres importées<br />

<strong>de</strong>s plus grands centres <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction actifs dans les régions limitrophes<br />

: le Brabant, la Gueldre et le Rhin 28 . Plusieurs artistes issus <strong>de</strong><br />

ces régions vinrent même s’installer en région mosane, en tous cas<br />

certainement à Liège, pour y exercer leur activité 29 .<br />

C’est précisément par <strong>de</strong>s comparaisons morphologiques que la Vierge<br />

<strong>de</strong> Pitié dont il est question ici peut être insérée dans un groupe déjà<br />

formé autour <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal (fig. 16-18). L’auteur <strong>de</strong> cet<br />

ensemble étant resté anonyme jusqu’ici, il a pris le nom <strong>de</strong> convention<br />

<strong>de</strong> Maître <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal. En 1990, à l’occasion d’une<br />

gran<strong>de</strong> exposition sur la sculpture limbourgeoise, Robert Didier hésitait<br />

à attribuer à ce maître, avec plus ou moins <strong>de</strong> conviction, une dizaine<br />

d’œuvres 30 . Plusieurs autres œuvres rassemblées à cette occasion<br />

nous semblent néanmoins pouvoir être données à ce maître, mais il<br />

n’est pas nécessaire <strong>de</strong> développer ici ces nouvelles propositions d’attribution.<br />

Précisons seulement que la Vierge <strong>de</strong> Pitié <strong>du</strong> MARAM s’inscrit<br />

dans la pro<strong>du</strong>ction tardive <strong>de</strong> ce maître par l’articulation <strong>de</strong>s volumes,<br />

comme par la stylisation poussée <strong>du</strong> ren<strong>du</strong> anatomique et<br />

16. Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal : le Christ.<br />

© KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

17. Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal : la Vierge.<br />

© KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

18. Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal : saint Jean.<br />

© KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

vestimentaire. La manière <strong>de</strong> concevoir et <strong>de</strong> dégager les formes <strong>de</strong> la<br />

bille <strong>de</strong> bois témoigne en effet <strong>de</strong> la maîtrise d’un artiste qui travaille sur<br />

base d’archétypes à partir <strong>de</strong>squels il réalise <strong>de</strong>s variations. Certains<br />

indices significatifs permettront <strong>de</strong> situer cette œuvre <strong>de</strong> belle qualité en<br />

regard d’une partie <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> cet important atelier et notamment<br />

<strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal, dont on peut penser qu’il a probablement<br />

été réalisé peu avant la Pietà.<br />

La composition s’avère particulièrement efficace puisqu’elle permet <strong>de</strong><br />

présenter dans sa quasi totalité le Christ, source <strong>de</strong> la douleur extrême<br />

<strong>de</strong> la Vierge. Au premier regard, la jeune mère inclinée vers Jésus semble<br />

assise. En réalité, la mise en scène ne peut sembler crédible que si l’on<br />

admet qu’elle a mis le genou gauche à terre et fléchi la jambe droite.<br />

C’est <strong>de</strong> ce côté que prend place son fils, le corps raidi par la mort ;<br />

étalée sur le sol, la robe <strong>de</strong> Marie fait office <strong>de</strong> linceul. La jeune mère<br />

exprime sa douleur et sa compassion par <strong>de</strong>s gestes conventionnels : la<br />

main droite soulève un pan <strong>de</strong> la mentonnière pour essuyer les larmes<br />

qui coulent sur son visage, tandis que l’autre main soulève délicatement<br />

l’avant-bras gauche <strong>de</strong> Jésus, le rapprochant ainsi <strong>de</strong> sa poitrine. Bien<br />

au centre <strong>de</strong> la composition, la couronne d’épines posée au pied <strong>du</strong><br />

groupe permet d’éviter toute équivoque quant au thème représenté et<br />

constitue bien évi<strong>de</strong>mment un relais supplémentaire pour la méditation<br />

dévotionnelle <strong>de</strong>s fidèles. La silhouette <strong>du</strong> groupe sculpté est relativement<br />

fermée et le traitement <strong>de</strong>s volumes joue peu avec les ajourages.<br />

Ceux-ci sont en effet presque uniquement limités aux parties non couvertes<br />

<strong>de</strong>s membres. C’est avec une maîtrise technique consommée<br />

que le sculpteur a dégagé le minimum nécessaire <strong>de</strong> bois sous la rive<br />

<strong>de</strong>s étoffes et autour <strong>de</strong>s membres. Le traitement <strong>de</strong>s mèches <strong>de</strong> cheveux<br />

<strong>du</strong> Christ est significatif <strong>de</strong> cette économie <strong>de</strong>s moyens dans le<br />

dégagement <strong>de</strong>s formes. La volumétrie générale <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong>s cheveux<br />

et <strong>de</strong> la barbe a en effet été dégagée <strong>du</strong> bloc, puis incisée d’un<br />

geste sûr pour indiquer les mèches et les brins. Le retroussis <strong>du</strong> voilemanteau<br />

<strong>de</strong> la Vierge qui tombe au sol témoigne à sa manière <strong>de</strong> la<br />

même économie <strong>de</strong>s moyens, puisqu’ici aussi le minimum <strong>de</strong> matière a<br />

été enlevé pour pro<strong>du</strong>ire l’effet recherché : la légèreté <strong>de</strong> l’étoffe qui se<br />

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18<br />

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19


soulève. Il faut rappeler que cette optimisation dans le travail manuel <strong>de</strong><br />

dégagement schématique <strong>de</strong> la matière <strong>de</strong>vait nécessairement être envisagée<br />

en relation étroite avec le complément apporté par la polychromie,<br />

ce que l’aspect actuel <strong>de</strong> l’œuvre ne permet évi<strong>de</strong>mment plus <strong>de</strong><br />

percevoir, puisque la polychromie visible actuellement n’est pas l’originale.<br />

Plusieurs Pietà pouvant être attribuées au Maître <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong><br />

Fize-le-Marsal sont parvenues jusqu’à nous, comme celles <strong>de</strong> la chapelle<br />

Saint-Maur à Liège (fig. 19), <strong>de</strong> la chapelle <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> à Borgloon<br />

(fig. 20) ou encore celle <strong>de</strong> l’église Saint-Pierre à Waremme (fig. 21),<br />

mais toutes paraissent antérieures, car le traitement <strong>de</strong>s formes y est<br />

plus détaillé.<br />

19 - 20 - 21<br />

Le Christ <strong>de</strong> notre Pietà peut avantageusement être comparé à celui <strong>du</strong><br />

Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal l 31 , tant par le traitement <strong>de</strong> l’anatomie que par<br />

celui <strong>du</strong> drapé. Bien que les états <strong>de</strong> surface déplorables <strong>de</strong> ces œuvres<br />

en ren<strong>de</strong>nt la lecture particulièrement ar<strong>du</strong>e, la mise en relation <strong>de</strong> détails<br />

photographiques permet <strong>de</strong> saisir les similitu<strong>de</strong>s dans le traitement<br />

<strong>de</strong> l’anatomie <strong>du</strong> corps (cage thoracique, pectoraux, genoux, cuisses,<br />

mollets, pieds) ou <strong>de</strong> la tête : long nez mince, légèrement retroussé,<br />

yeux globuleux, délimités par un sillon profondément incisé, arêtes aigües<br />

<strong>de</strong>s arca<strong>de</strong>s sourcilières, bouche entrouverte aux lèvres minces et<br />

aux commissures tombantes, sillon naso-labial profond, aux arêtes<br />

vives, glabelle profondément incisée avec un changement <strong>de</strong> plan très<br />

marqué, pommettes hautes et peu saillantes, joues creuses (fig. 22 :<br />

détails en parallèle). Si l’on tient compte <strong>du</strong> fait que l’extrémité <strong>de</strong>s<br />

mèches <strong>de</strong> la barbe <strong>du</strong> Christ <strong>de</strong> la Pietà a vraisemblablement été<br />

19. Pietà <strong>de</strong> la chapelle Saint-Maur à Liège. © KIK-IRPA,<br />

Bruxelles.<br />

20. Pietà <strong>de</strong> la chapelle <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> à Borgloon. © KIK-IRPA,<br />

Bruxelles.<br />

21. Pietà <strong>de</strong> l’église Saint-Pierre à Waremme. © KIK-IRPA,<br />

Bruxelles.<br />

22. Christ <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié <strong>du</strong> Grand <strong>Curtius</strong> et<br />

Christ <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal, détails <strong>de</strong> l’anatomie.<br />

© KIK-IRPA, Bruxelles et M. Lefftz.<br />

22<br />

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isée, l’on<strong>du</strong>lation <strong>de</strong>s mèches, l’échelle et la forme <strong>de</strong>s brins, ainsi que<br />

cette manière particulière <strong>de</strong> faire démarrer <strong>de</strong> nouvelles mèches à partir<br />

<strong>du</strong> crâne, juste sous les mèches saillantes, voilà toutes caractéristiques<br />

semblables à ces <strong>de</strong>ux versions <strong>du</strong> Christ. La composition <strong>du</strong> perizonium<br />

ceignant les hanches <strong>du</strong> Christ relève exactement <strong>du</strong> même type,<br />

<strong>de</strong> légères différences peuvent cependant être observées dans l’agencement<br />

<strong>de</strong>s plis <strong>de</strong> l’étoffe.<br />

Diverses similitu<strong>de</strong>s morphologiques relient encore notre Vierge à la<br />

sainte Anne d’un groupe <strong>de</strong> sainte Anne trinitaire, anciennement à la<br />

basilique Saint-Martin à Liège, déposée au Grand <strong>Curtius</strong> (fig. 23). Le<br />

visage émacié avec son nez long et mince très légèrement retroussé, la<br />

cambrure <strong>de</strong>s arca<strong>de</strong>s sourcilières, l’arête vive au passage <strong>du</strong> plan frontal<br />

au plan orbital, la petite bouche aux lèvres minces et ten<strong>du</strong>es entre<br />

les commissures fortement enfoncées, le sillon naso-labial tracé avec<br />

netteté. La bouche est également similaire à l’une <strong>de</strong>s meilleures pièces<br />

issues <strong>de</strong> l’atelier <strong>du</strong> Maître <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal : la Vierge dite<br />

<strong>de</strong> Saint-Séverin, <strong>de</strong> la basilique Saint-Martin à Liège (fig. 24). Le traitement<br />

<strong>de</strong>s cheveux <strong>de</strong> la Vierge <strong>du</strong> groupe <strong>de</strong> Sainte Anne trinitaire <strong>du</strong><br />

Grand <strong>Curtius</strong> est très semblable à celui <strong>de</strong>s cheveux <strong>du</strong> Christ <strong>de</strong> notre<br />

Pietà (fig. 25). Le traitement <strong>de</strong>s longues mains, aux doigts fins <strong>de</strong> la<br />

Vierge, se retrouve dans plusieurs autres sculptures, mais il suffira <strong>de</strong><br />

citer ici à nouveau la Vierge <strong>de</strong> Saint-Séverin. Quant à la formule <strong>du</strong> long<br />

pan d’étoffe qui referme la composition latéralement et s’épanouit en un<br />

beau motif où le tissu forme un retroussis, elle constitue certainement<br />

l’un <strong>de</strong>s indices les plus évi<strong>de</strong>nts que le Maître <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-<br />

Marsal a été formé ou tout au moins a subi l’influence <strong>de</strong>s sculpteurs<br />

germaniques, et plus particulièrement <strong>de</strong> ceux <strong>du</strong> Bas-Rhin 32 . Cela n’est<br />

guère étonnant puisque la composition <strong>de</strong> notre Pietà ne représente finalement<br />

qu’une ultime variation à partir <strong>de</strong> la célèbre Pietà sculptée par<br />

Arnt <strong>de</strong> Kalkar (ou <strong>de</strong> Zwolle) vers 1487, pour l’église Saint-Marc à<br />

Bedburg. On en connaît diverses adaptations par les plus importants<br />

sculpteurs <strong>de</strong> la génération suivante : Henrick Douwerman, Henrick van<br />

Holt ou Arnt van Tricht. Une version <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, actuellement au<br />

Westfälisches Lan<strong>de</strong>smuseum für Kunst und Kulturgeschichte présente<br />

d’ailleurs une composition très proche <strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié 33 .<br />

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23<br />

24<br />

Enfin, la formule <strong>du</strong> grand pan d’étoffe entourant la composition et<br />

s’achevant par un retroussis se retrouve encore dans un autre groupe<br />

<strong>de</strong> sainte Anne trinitaire conservé aux Musées communaux <strong>de</strong> Verviers,<br />

que l’état <strong>de</strong> dégradation empêche pour le moment d’attribuer avec<br />

certitu<strong>de</strong> au Maître <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal (fig. 26).<br />

23. Sainte Anne trinitaire <strong>de</strong> la basilique Saint-Martin, en dépôt<br />

au Grand <strong>Curtius</strong> à Liège : détail. © KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

24. Vierge dite <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Saint-Séverin, <strong>de</strong> la basilique<br />

Saint-Martin à Liège. © KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

25. En haut : <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié ; en bas <strong>de</strong> g. à dr. : <strong>Notre</strong>-<br />

<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Saint-Séverin, Sainte Anne trinitaire et buste <strong>du</strong> Christ<br />

<strong>de</strong> <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> <strong>de</strong> Pitié. © KIK-IRPA, Bruxelles et Lefftz.<br />

26. Sainte Anne trinitaire <strong>de</strong>s Musées communaux <strong>de</strong> Verviers.<br />

© KIK-IRPA, Bruxelles.<br />

25<br />

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23<br />

26


Notes<br />

Liste <strong>de</strong>s abréviations :<br />

AÉL : Archives <strong>de</strong> l’État à Liège<br />

AÉvL : Archives <strong>de</strong> l’Évêché <strong>de</strong> Liège<br />

ASV : Archives secrètes <strong>du</strong> Vatican<br />

1<br />

Catalogue <strong>de</strong> l’exposition Art ancien dans<br />

le patrimoine privé liégeois, Liège, Institut<br />

Saint-Joseph, 64 rue Sainte-Marguerite,<br />

7-29 avril 1973, p. 29 n° 17, fig. p. 30.<br />

2<br />

A.-M. LAMBORAY, Répertoire photographique<br />

<strong>du</strong> mobilier <strong>de</strong>s sanctuaires <strong>de</strong><br />

Belgique. Province <strong>de</strong> Liège. Canton <strong>de</strong><br />

Liège I, Bruxelles, 1982, p. 35.<br />

3<br />

A. DE BREUCK, Patrimoine et<br />

philanthropie. Le Fonds David-Constant<br />

géré par la Fondation Roi Baudouin, dans<br />

Liège. Museum, n° 1, février 2011, fig. p. 4.<br />

4 Chêne polychrome ; h. 94 cm ; n°<br />

d’inventaire : C445/2010. Cette photo,<br />

parmi d’autres, nous a été aimablement<br />

fournie par Marc Verpoorten, photographe<br />

<strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> Liège, que nous remercions<br />

vivement.<br />

5 T. GOBERT, Liège à travers les âges. <strong>Les</strong><br />

rues <strong>de</strong> Liège, t. X, nouvelle édition,<br />

Bruxelles, 1977, fig. 2878.<br />

6 Cliché B159103’55.<br />

7 Op. cit., p. 29 n° 17.<br />

8 Sur ce prieuré, à la longue existence,<br />

voir : H. HAMAL, Notice sur les objets<br />

d’art, avec le nom <strong>de</strong>s auteurs, qui se<br />

trouvoient dans les églises <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />

Liege en 1786, publié par R. LESUISSE,<br />

Tableaux et sculptures <strong>de</strong>s églises,<br />

chapelles, couvents et hôpitaux <strong>de</strong> la ville<br />

<strong>de</strong> Liège avant la Révolution. Memento<br />

inédit d’un contemporain, dans Bulletin <strong>de</strong><br />

la Société <strong>de</strong>s Bibliophiles Liégeois, t. XIX,<br />

1956, p. 264 ; T. GOBERT, Liège à travers<br />

les âges. <strong>Les</strong> rues <strong>de</strong> Liège, t. VII, nouvelle<br />

édition, Bruxelles, 1976, pp. 231-238.<br />

9 L. LAHAYE, La paroisse Saint-Jean-<br />

Baptiste à Liège, dans Bulletin <strong>de</strong> la<br />

Société d’Art et d’Histoire <strong>du</strong> Diocèse <strong>de</strong><br />

Liège (BSAHDL), t. XXII, 1930, pp. 21-22<br />

et 38-39 ; R. HANKART, Le patrimoine<br />

artistique <strong>de</strong> l’ancienne église Saint-Jean-<br />

Baptiste, à Liège (II), dans Bulletin <strong>de</strong> la<br />

Société Royale Le Vieux-Liège (BVL), t. X,<br />

n° 217-218, 1982, p. 213 ; T. GOBERT,<br />

Liège à travers les âges. <strong>Les</strong> rues <strong>de</strong> Liège,<br />

t. VI, nouvelle édition, Bruxelles, 1976, p.<br />

339. La confrérie n’est pas mentionnée<br />

dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> G. KURTH, La paroisse<br />

Saint-Jean-Baptiste, dans BSAHDL, t. XIV,<br />

1903, pp. 223-249. <strong>Les</strong> confréries<br />

antérieures au xvi e siècle sont<br />

généralement mariales et, dans l’ensemble,<br />

les confréries dédiées à la Vierge sont <strong>de</strong><br />

loin les plus nombreuses dans le diocèse<br />

<strong>de</strong> Liège : cette prépondérance s’explique<br />

par la piété populaire la plus traditionnelle.<br />

On lira à ce propos A. DEBLON, Premier<br />

bilan d’une enquête sur les confréries dans<br />

le diocèse <strong>de</strong> Liége au xviii e siècle, dans les<br />

Actes <strong>du</strong> I er Congrès <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s<br />

Cercles francophones d’Histoire et<br />

d’Archéologie <strong>de</strong> Belgique. Congrès <strong>de</strong><br />

Comines, 28-31 VIII 1980, vol. III, pp. 209-<br />

214. A. DEBLON et A.M.P.P. JANSSEN,<br />

Broe<strong>de</strong>rschappen in <strong>de</strong> zeventien<strong>de</strong> en<br />

achttien<strong>de</strong> eeuw in het bisdom Luik en in<br />

<strong>de</strong> omgeving van Sittard in het bijzon<strong>de</strong>r,<br />

dans Munire Ecclesiam, 1990, pp. 153-<br />

174. Comme le fait remarquer P. Goujard<br />

(La vie <strong>de</strong>s confréries dans l’évêché <strong>de</strong><br />

Liège au xviii e siècle, dans BVL, t. XII,<br />

1993, n° 263, pp. 489-500) : « Il est difficile<br />

<strong>de</strong> dater l’origine <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s<br />

confréries rencontrées dans l’évêché <strong>de</strong><br />

Liège, les procès-verbaux <strong>de</strong> visites se<br />

contentant le plus souvent <strong>de</strong> rapporter<br />

qu’elles existent <strong>de</strong> temps immémorial ».<br />

10 AÉL, Cathédrale, Visitationes, Prévôté,<br />

n° 18.<br />

11 AÉvL, Papiers Deblon, Brefs <strong>de</strong><br />

confrérie. La confrérie est citée à la date <strong>du</strong><br />

30 juillet 1655. Elle a pour titre Beata Maria<br />

<strong>de</strong> Pieté (sic) ; localisation : Liège, église<br />

paroissiale Saint-Jean-Baptiste, autel <strong>de</strong> la<br />

Bienheureuse Marie ; fête solennelle : le<br />

dimanche suivant la Nativité <strong>de</strong> la<br />

Bienheureuse Vierge Marie. Le document<br />

renvoie aux ASV, Sec. Brev., In<strong>du</strong>lg.<br />

Perpetuae, 3, f° 32.<br />

12 AÉL, Cathédrale, Visitationes, Prévôté,<br />

n° 16, f° 174.<br />

13 AÉL, Cathédrale, Visitationes, Prévôté,<br />

n° 18, 13° § 20. En 1774, on dénombrait<br />

pas moins <strong>de</strong> six confréries dans la<br />

paroisse Saint-Jean-Baptiste, un chiffre<br />

record partagé avec la paroisse Saint-<br />

André. Trois d’entre elles sont <strong>de</strong>s<br />

créations <strong>du</strong> xviii e siècle : la confrérie <strong>du</strong><br />

Saint-Sacrement fondée en 1710, celle <strong>de</strong><br />

l’Adoration en 1728 et celle <strong>de</strong> saint Roch<br />

en 1753 (P. GOUJARD, op. cit, p. 491).<br />

14 T. GOBERT, op. cit, p. 340.<br />

15 P. COLMAN, L’orfèvrerie religieuse<br />

liégeoise. Du xv e siècle à la Révolution,<br />

Liège, 1966, I, pp. 65, 118, 180, 232 n°<br />

446 et II, fig. 57 et 60 ; P. COLMAN, Le<br />

Trésor <strong>de</strong> la cathédrale Saint-Paul à Liège<br />

(Feuillets archéologiques <strong>de</strong> la Société<br />

royale Le Vieux-Liège), 2 e éd., Liège, 1981,<br />

p. 36 ; R. HANKART, op. cit., p. 216 et fig.<br />

6 ; Visite <strong>du</strong> Trésor <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong><br />

Liège (I) (Feuillets <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Liège<br />

n° 8), s.l.n.d., p. 8, fig. p. 9.<br />

16 Un saint Jean-Baptiste (1656 ; Liège,<br />

Trésor <strong>de</strong> la cathédrale) et un saint Roch<br />

(1678 ; Liège, église Saint-Jacques, en<br />

dépôt au Trésor <strong>de</strong> la cathédrale) : P.<br />

COLMAN, L’orfèvrerie religieuse…, I, pp.<br />

65-66, 118, 154, 180, 231 n° 445, 225 n°<br />

351 et II, fig. 56-59 et 210 ; P. COLMAN,<br />

Le Trésor…, pp. 35-36 ; R. HANKART, op.<br />

cit., p. 221 et fig. 9-10.<br />

17 Propriété <strong>de</strong> la Compagnie <strong>de</strong> Charité<br />

pour le secours <strong>de</strong>s Pauvres et Prisonniers,<br />

en dépôt à Liège au Département d’Art<br />

religieux et d’Art mosan <strong>du</strong> Grand <strong>Curtius</strong>.<br />

R. HANKART, op. cit., pp. 218-220 ; P. TE<br />

POEL, Op <strong>de</strong> drempel van een nieuwe tijd :<br />

<strong>de</strong> Maastrichtse beeldsnij<strong>de</strong>r Jan van<br />

Steffeswert (voor 1470 - na 1525),<br />

Maastricht [2000], cat. n° 2, pp. 129-130 ;<br />

B. BAERT et S. VANHAUWAERT, <strong>Les</strong><br />

plateaux <strong>de</strong> saint Jean Baptiste : un<br />

phénomène médiéval, dans Bull. <strong>de</strong>s<br />

musées <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Liège, octobre 2012,<br />

pp. 4-11 ; B. VAN DEN BOSSCHE, Le chef<br />

<strong>de</strong> saint Jean Baptiste in disco au Grand<br />

<strong>Curtius</strong> sculpté par Jan van Steffesweert,<br />

dans I<strong>de</strong>m, pp. 12-19.<br />

18 R. HANKART, op. cit., p. 216 et fig. 8 ;<br />

M. LEFFTZ, Jean Del Cour. 1631-1707. Un<br />

émule <strong>du</strong> Bernin à Liège [Bruxelles, 2007],<br />

pp. 88 et 139 n° 47, fig. 106.<br />

19 Catalogue <strong>de</strong> l’exposition Trésors <strong>de</strong>s<br />

cathédrales d’Europe. Liège à Beaune, 19<br />

nov. 2005-19 mars 2006 [Paris, 2005], p.<br />

99, fig. p. 100 ; A.-C. CHARLES, La<br />

cathédrale <strong>de</strong> Liège (<strong>Carnets</strong> <strong>du</strong> Patrimoine<br />

n° 41), Namur [2006], p. 35.<br />

20 L. LAHAYE, op. cit., p. 38 ; R. HANKART,<br />

op. cit., p. 213 et fig. 4.<br />

21 R. HANKART, op. cit., p. 216 n. 116.<br />

22 R. HANKART, op. cit., p. 213.<br />

23 AÉL, Dominicains <strong>de</strong> Liège, 12, Chartes<br />

1485-1515, n° 463, acte <strong>du</strong> 7 septembre<br />

1515. Sachant que je travaillais sur le sujet,<br />

Julie Dury m’avertit <strong>de</strong> sa découverte. Je<br />

l’en remercie vivement, tout comme son<br />

papa Christian, archiviste à l’Évêché <strong>de</strong><br />

Liège. Ils m’ont apporté une ai<strong>de</strong> précieuse<br />

dans la tra<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> document.<br />

24 J. PURAYE, Le Musée diocésain <strong>de</strong><br />

Liège. Catalogue <strong>de</strong>s collections et notes<br />

historiques, Liège, 1937 (avec la<br />

collaboration <strong>de</strong> M. Calberg, et complété<br />

par L. Dewez, R. Forgeur, P. Colman et B.<br />

Wodon) ; A. LEMEUNIER, catalogue <strong>de</strong><br />

l’exposition Trésors <strong>du</strong> Musée d’Arts<br />

religieux et mosan <strong>de</strong> Liège, Paris, 1981-<br />

1982, pp. 69-71 n° 124.<br />

25 L’immeuble est coté « rue <strong>du</strong> Thier-à-<br />

Liège n° 1 » et ressort <strong>du</strong> bureau <strong>de</strong><br />

l’Enregistrement <strong>de</strong> Liège 5. <strong>Les</strong><br />

recherches menées dans les actes<br />

notariaux passés à l’occasion <strong>de</strong>s<br />

acquisitions successives <strong>du</strong> bien n’ont<br />

révélé aucune mention ni <strong>de</strong> la potale ni <strong>de</strong><br />

son contenu. Merci au Directeur régional<br />

<strong>de</strong> l’Enregistrement, à Christian Dubois,<br />

Assistant financier – Bureau <strong>de</strong><br />

l’Enregistrement <strong>de</strong> Liège 3 et à Caroline<br />

Konieczny, Inspecteur d’administration<br />

fiscale – Documentation patrimoniale –<br />

Bureau <strong>de</strong> l’Enregistrement <strong>de</strong> Liège 6, qui<br />

m’ont aidée dans mes recherches.<br />

26 Le silence <strong>de</strong> Théodore Gobert à son<br />

propos ne s’explique pas. On peut même<br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il a jamais poussé jusquelà,<br />

car il ne parle pas d’avantage <strong>de</strong> l’église<br />

Sainte-Foy quand il abor<strong>de</strong> les rues Saint-<br />

Léonard et Sainte-Foy (actuelle rue<br />

Commandant Marchand). En 2015, la<br />

Pietà apparaît dans une courte étu<strong>de</strong><br />

consacrée à un Christ entré peu avant au<br />

Trésor <strong>de</strong> la cathédrale (P. GEORGE et J.-<br />

C. GHISLAIN, Encore un Christ <strong>de</strong><br />

l’ancienne cathédrale Saint-Lambert (xiv e<br />

siècle) au Trésor <strong>de</strong> Liège, dans Bulletin <strong>de</strong><br />

l’Institut archéologique liégeois, t. CXIX,<br />

2015, pp. 71-83. Motif <strong>de</strong> ce<br />

rapprochement: la présence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

œuvres et d’un autre Christ sur le Thier-à-<br />

Liège au xix e siècle.<br />

27 Pour l’histoire <strong>de</strong> cette nouvelle paroisse,<br />

voir : La paroisse <strong>du</strong> Thier-à-Liège a 100<br />

ans [Liège, 1998].<br />

28 À ce sujet, voir nos contributions<br />

suivantes : Réflexions méthodologiques et<br />

contribution à la caractérisation<br />

morphologique <strong>de</strong>s sculptures <strong>du</strong> groupe<br />

d’Elsloo, dans F. PETERS (éd.), Masterly<br />

Hand. Interdisciplinary Research on the<br />

Late-Medieval Sculptor(s) Master of Elsloo<br />

in a International Perspective. Proceedings<br />

of the Conference Held at the Royal<br />

Institute for Cultural Heritage in Brussels,<br />

20-21 October 2011, Bruxelles, 2014, pp.<br />

122-147 ; Sculptures importées en région<br />

mosane à la fin <strong>du</strong> Moyen Âge. Étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

cas et réflexions sur la notion d’écoles<br />

régionales, dans Actes <strong>du</strong> Neuvième<br />

congrès <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Cercles<br />

francophones d’Histoire et d’Archéologie<br />

<strong>de</strong> Belgique. lvi e Congrès <strong>de</strong> la Fédération<br />

<strong>de</strong>s Cercles d’Archéologie et d’Histoire <strong>de</strong><br />

Belgique. Liège, 23 - 26 août 2012, pp.<br />

153-159.<br />

29 Nous avons déjà eu l’occasion d’en<br />

étudier l’un <strong>de</strong>s principaux, Maître<br />

Balthazar : Ligier Richier et la sculpture<br />

mosane <strong>de</strong> Dinant à Liège, dans N. CAZIN<br />

& M.-A. SONRIER (dir.), Ligier Richier.<br />

Sculpteur lorrain <strong>de</strong> la Renaissance, s.l.,<br />

2013, pp. 237-247 ; Maître Balthazar<br />

(Baltus <strong>de</strong> Ryckel[le] ?), un contemporain<br />

<strong>du</strong> Maître d’Elsloo à Liège : un inventaire<br />

provisoire, dans F. PETERS (éd.), Masterly<br />

Hand. Interdisciplinary Research on the<br />

Late-Medieval Sculptor(s) Master of Elsloo<br />

in a International Perspective. Proceedings<br />

of the Conference Held at the Royal<br />

Institute for Cultural Heritage in Brussels,<br />

20-21 October 2011, Bruxelles, 2014, pp.<br />

289-303 ; La sculpture <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong> Moyen<br />

Âge dans le Trésor <strong>de</strong> Huy. Nouvelles<br />

attributions, dans Leodium, 100, 2015, pp.<br />

147-164 ; Maître Balthazar, sculpteur à<br />

Liège au service <strong>du</strong> prince-évêque Erard<br />

<strong>de</strong> la Marck, Namur, 2016, 87 p.<br />

30 Il s’agit <strong>de</strong>s œuvres suivantes : Job <strong>de</strong><br />

Bol<strong>de</strong>rberg (cliché IRPA : A086578), Pietà<br />

dans la chapelle <strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> à Borgloon<br />

(cliché IRPA : M200582), saint Roch dans<br />

l’église Saint-Michel à Bree (cliché IRPA :<br />

X040368), sainte Anne trinitaire <strong>de</strong> l’église<br />

Saint-Martin à Heers (cliché IRPA :<br />

B077698), Calvaire <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> la<br />

Ma<strong>de</strong>leine à Kermt (cliché IRPA : A037928),<br />

saint Lambert <strong>de</strong> l’église Saint-Hubert à<br />

Membruggen (cliché IRPA : B074370), Job<br />

<strong>de</strong> l’église Saint-Christophe à Opgrimbie<br />

(cliché IRPA : A097394), Pietà <strong>de</strong> l’église<br />

Saint-Quirin à Rukkelingen-Loon (cliché<br />

IRPA : M200640), sainte Lucie, Job et<br />

sainte Marie-Ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> l’église<br />

<strong>Notre</strong>-<strong>Dame</strong> à Saint-Trond (cliché IRPA :<br />

B060406, B060405), saint Martin <strong>de</strong><br />

l’église Saint-Martin à Saint-Trond (cliché<br />

IRPA : M200495), Christ sur la pierre froi<strong>de</strong><br />

<strong>du</strong> Provinciaal Museum voor Religieuze<br />

Kunst (cliché IRPA : N13350), sainte Anne<br />

trinitaire <strong>de</strong> la chapelle Sainte-Anne à<br />

Voeren (cliché IRPA : M038622) ; cf. R.<br />

DIDIER, Catalogus – Catalogue – Katalog,<br />

dans Laat-gotische beeldsnijkunst uit<br />

Limburg en grensland, Saint-Trond, 1990,<br />

n° 22, 32; inventaire n° 66, 97, 210, 244,<br />

249, 268, 378, 466, 467, 469, 485, 497,<br />

525, 525, 623 ; R. DIDIER, Leçons d’une<br />

exposition, dans Laat-gotische<br />

beeldsnijkunst uit Limburg en grensland, II,<br />

Han<strong>de</strong>lingen van het symposium, Saint-<br />

Trond, 1990, pp. 113, 162 (cat. 22, 32).<br />

Voir aussi : Comte J. <strong>de</strong> BORCHGRAVE<br />

d’ALTENA, Vierges <strong>de</strong> Pitié <strong>de</strong> chez nous,<br />

dans Annales <strong>de</strong> la Société royale<br />

d’Archéologie <strong>de</strong> Bruxelles, 46, 1942-<br />

1943, pp. 263-270 ; Comte J. <strong>de</strong><br />

BORCHGRAVE d’ALTENA, Notes pour<br />

servir à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s œuvres d’art <strong>du</strong><br />

Limbourg, I ère partie, dans Bulletin <strong>de</strong> la<br />

Société d’Art et d’Histoire <strong>du</strong> Diocèse <strong>de</strong><br />

Liège, 43, 1963, pp. 67-181 ; M. LEFFTZ,<br />

La sculpture <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong> Moyen Âge dans<br />

le Trésor <strong>de</strong> Huy. Nouvelles attributions,<br />

dans Leodium, 100, 2015, pp. 147-151.<br />

31 Des comparaisons pourraient également<br />

être établies avec le Christ <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong><br />

l’église Sainte-Marie-Ma<strong>de</strong>leine à Kermt,<br />

cet ensemble constituant une réplique<br />

simplifiée <strong>du</strong> Calvaire <strong>de</strong> Fize-le-Marsal,<br />

ainsi qu’avec le Christ d’Huccorgne,<br />

probablement un peu plus ancien que les<br />

autres.<br />

32 Voir, entre autres, le groupe <strong>de</strong> Sainte<br />

Anne trinitaire <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> la Vierge à<br />

Börstel, attribuée au Maître d’Osnabrück,<br />

illustrée dans : M. MEINZ, Der Meister von<br />

Osnabrück und sein Kreis. Plastik aus <strong>de</strong>m<br />

frühen 16. Jahrhun<strong>de</strong>rt, Osnabrück, 1979,<br />

non paginé, ou encore un groupe <strong>de</strong> la<br />

même iconographie conservé à l’église<br />

d’Hoepertingen, <strong>de</strong> facture rhénane, peutêtre<br />

colonaise (cliché IRPA : B146615).<br />

33<br />

Cette œuvre est étudiée et illustrée dans<br />

B. ROMME (dir.), Gegen <strong>de</strong>n Storm.<br />

Meisterwerke nie<strong>de</strong>rrheinischer Skulptur in<br />

Zeiten <strong>de</strong>r Reformation 1500-1550, Berlin,<br />

1997, pp. 336-338.<br />

janvier 2019<br />

24<br />

janvier 2019<br />

25

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