Virus Hurlant 6

LA GUERRE (2)
Jour 6
On est venu nous chercher ce matin.
Apparemment, on s’était trompés de front.
L’ennemi était partout, il fallait faire
super gaffe. On nous a redéployé dans les
hôpitaux. Au tri des arrivants. Il fallait
qu’on ouvre l’œil, pour pas laisser passer
des taupes destinées à disséminer le virus
parmi tous. Le lieutenant nous a montré
comment faire. Devant lui, il y avait un
vieil homme qui avait pas l’air en pleine
forme. Il l’a regardé sous toutes les
coutures, lui a demandé :
« Quel âge avez-vous, monsieur ? »
« 78 ans », a dit le vieux entre deux quintes
de toux.
Le lieutenant s’est tourné vers nous et a
hoché la tête. « Passé à l’ennemi ». C’était
ce qu’indiquait le coup de tampon qu’il a
mis sur son dossier. Il nous a fait signe
ensuite de l’embarquer.
Jour 7
Aujourd’hui, ils ont enfin décidé quoi faire
avec les gens « passés à l’ennemi ». Il
s’agit de pas perdre notre humanité non
plus, ils nous ont dit, et de leur offrir
une mort décente.
« On n’est pas comme ce satané virus ! », a
dit le lieutenant en tapant rageusement sur
la table.
Alors on les a renvoyé ultra gentiment dans
les EHPAD où il y avait plein de place pour
succomber dans la décence la plus totale.
Ensuite leurs proches pourraient récupérer
dignement leurs cendres dans des sacs
plastiques.
Jour 8
Il y a d’autres « passés à l’ennemi »,
des tas en fait. Le lieutenant nous a dit
qu’il pourrait même y en avoir dans nos
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