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22 —Mustapha Iznasni, La justice, la sagesse Iznasni par lui-même — 23
Abdallah Lamrani, … Suite à la rupture entre les Loghlam et le
syndicat, qui devient l’unique propriétaire, Mustapha Iznasni est
nommé rédacteur en chef de l’hebdomadaire. Le 8 mars 1973, il
est enlevé par deux policiers en civil en bas du siège du journal,
devant témoins dont des cheminots syndicalistes de l’ONCF et
Mahjoub Ben Seddik, le secrétaire général de la centrale syndicale.
Les yeux bandés, il est emmené au commissariat central, interrogé
puis relâché. Suite à un désaccord avec Ben Seddik qui porte sur
son indépendance, dit-il, il quitte le journal.
C’est à cette période qu’il fait la connaissance d’André Azoulay
et qu’il décide d’apprendre l’hébreu. Ce qu’il fait tout seul, à l’aide
de manuels réalisés par Haïm Zafrani pour l’enseignement de
cette langue à l’Institut national des langues et cultures orientales
(INALCO) de Paris.
Disponible, Mustapha Iznasni est sollicité en 1975 par
son ami Mohamed Mahjoubi, ancien secrétaire d’Etat chargé
de l’information du gouvernement Ahmed Osman, nommé
Ambassadeur en Mauritanie pour occuper le poste d’attaché
culturel. Plus tard, Iznasni est nommé chargé d’affaires.
A son retour de Mauritanie, il travaille à l’Agence de
coopération maroco-mauritanienne de coopération (AMMCO)
dont le secrétaire général est Rafik Haddaoui puis rejoint Abdallah
Stouky qui dirige le groupe de presse Al Mithaq-Al Maghrib,
créé à la veille des élections de 1977. Mustapha Iznasni est dans
un premier temps conseiller à la direction, puis rédacteur en chef
d’Al Maghrib puis d’Al Maghrib et d’Al Mithaq en même temps.
Quelque temps après, C’est Mohamed Aujjar qui le remplace à
la tête du quotidien en arabe, Al Mithaq.
Avec ses complices Abdallah Stouky et Najib Refaif, Iznasni
veille sur les pages culturelles : c’est dans cette rubrique que
Mohamed Khair-Eddine qui les rejoint dès son retour de Paris
en 1979 publie en feuilleton Légende et vie d’Agoun’chich, publié
en livre en 1984. Iznasni, qui est alors membre du bureau du
Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et de l’Union des
écrivains du Maroc, veille aussi à accueillir de jeunes journalistes
et stagiaires dont certains témoignent dans ce livre : Abdessamad
Bencherif, Ahmed Boughaba, Narjis Reghaye, Mustapha Tossa,
Abdenasser Bnouhachem et Mohamed Errahoui (sortis tout juste
de l’enfer de la disparition), …
Responsable des journaux du Rassemblement national des
indépendants (RNI), Mustapha Iznasni figure pourtant avec
Mohamed Aujjar (membre du RNI lui aussi) parmi l’équipe
qui prépare la création (le 10 décembre 1988) puis assure le
développement de l’Organisation marocaine des droits de
l’Homme (OMDH). Il n’est pas le seul, mais Mustapha Iznasni
fait incontestablement partie du noyau (quelques dizaines de
femmes et d’hommes) qui a inventé l’OMDH : une association
généraliste et pluraliste des droits de l’Homme, très active, ouverte
à toutes les victimes et au monde, crédible, ferme sur les principes
mais sans raideur. Dans un paysage associatif à la fois marqué par
la répression, le dogmatisme idéologique et le sectarisme partisan,
une telle démarche est inédite.
Iznasni va se consacrer à partir de cette date (1988) à la cause
des droits de l’Homme. Dans un premier temps, il se dirige tous
les jours vers le siège de l’OMDH pour y militer à partir de la
mi-journée, une fois son travail au journal achevé. Il est ainsi de
toutes les initiatives marquantes de l’OMDH, dernière née des
organisations marocaines des droits de l’Homme 1 : réception de
1. La Ligue marocaine des droits de l’Homme (LMDH) a été créée en 1972 et l’Association
marocaine des droits humains (AMDH) en 1979.