THE MAG - Numéro 1 - Mai 2020
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«
Nous nous sommes
parfaitement
complétés ! »
intellectuelles de Josette. Nous nous
sommes parfaitement complétés, elle
était capable de gérer les comptes, écrire
les courriers, les menus etc… Sans elle je
n’y serais jamais arrivé.
QUE RETENEZ-VOUS DES DÉBUTS
AVEC LA REPRISE DE L’HÔTEL RES-
TAURANT ?
Josette : les débuts ont été difficiles, on
travaillait 7 jours sur 7 non-stop de 6h30
du matin jusqu’à 23h le soir. Il nous a fallu
attendre deux ans pour nous accorder
une première soirée sans travailler !
Puis avec la naissance de nos fils, nous
avons dû revoir notre rythme. Heureusement
nous avions un excellent chef qui a
travaillé avec nous pendant 20 ans pour
seconder Jean.
Finalement, avec le recul, je ne retiens que
les bons moments, les bons côtés. Cette
aventure a pu parfois être une véritable
épreuve mais celle-ci a véritablement
soudée notre vie. Nous nous sommes toujours
serrés les coudes, et avons respecté
les valeurs inculquées par nos parents.
réussi. Finalement eux ont disparu et nous
nous sommes restés…
J’ai travaillé gracieusement toute ma vie, je
n’ai jamais touché de salaire et je n’ai jamais
pensé au divorce une seule seconde de ma
vie. J’avais confiance en Jean et je ne pensais
pas qu’il pourrait m’abandonner !
Au restaurant, il y avait aussi beaucoup
de respect et de confiance entre nous et
nos employés ; le vouvoiement était de
rigueur en toutes circonstances ! J’ai toujours
appelé Jean « CHEF ! » et parfois aujourd’hui
encore ça m’arrive de l’interpeller
comme ça s’il ne me répond pas.
«
Ma signature de
Chef restera celle
de la cuisine des
fleurs »
Jean : le plus important c’était l’investissement,
aller de l’avant et progresser
continuellement. Nous avons aussi misé
sur la fidélité de nos équipes. D’ailleurs
beaucoup de restaurateurs de la région
encore en activité sont passés par chez
nous… C’est un vrai bonheur de garder
contact avec eux et de les voir réussir !
Finalement, nous avons semé plusieurs
graines de talent dans la région et nous en
sommes très fiers.
Il a fallu innover aussi pour se démarquer !
J’ai été le premier dans la région à lancer
la “cuisine à la vapeur”, j’avais vu ça à Paris
dans un restaurant où j’avais travaillé, Paris
a toujours été à la pointe de la créativité.
J’ai même inventé une casserole que
j’aurais pu faire breveter ; les Japonais
s’étaient intéressés à mon idée ! Bien sûr,
ma signature de Chef restera celle de la
cuisine des fleurs.
ET LES ÉTOILES, QU’EN PEN-
SEZVOUS ?
Josette : l’étoile nous a beaucoup apporté,
même dans des périodes plus
“creuses”, l’étoile nous a toujours garanti
une affluence minimale (ndlr : le restaurant
a conservé son étoile pendant 20 ans).
Nous avions toujours du passage, des gens
s’arrêtaient parce que nous étions dans
le Guide Michelin. Ca a été une grande
fierté pour nous et pour nos équipes que
de conserver cette étoile jusqu’à la vente
du restaurant en 2007. Aujourd’hui nous
avons beaucoup de peine de voir certains
collègues perdre leur étoile, ça représente
tellement de travail, cela nous fait vraiment
mal au cœur.
COMMENT SÉPARER VIE PRIVÉE ET
VIE PROFESSIONNELLE QUAND ON
EST AUTANT INVESTI DANS SON AF-
FAIRE ?
Josette : nous vivions sur place, c’était
plus simple à gérer mais il y avait un temps
pour chaque chose. Jamais nos enfants
ont été privés de nous, nous étions présents
après l’école, pour les repas et pour
les coucher. Prendre nos repas en famille
c’était la chose la plus importante pour
nous ! Finalement, ils vivaient notre vie à
100%.
Jean : parfois le weekend nous avions
envie de sortir, d’aller manger ailleurs mais
finalement les garçons préféraient manger
à la maison, selon eux c’était bien meilleur
(rires). Au restaurant, Josette était « Madame
BROUILLY » mais dans la vie privée,
c’était et c’est toujours « Ma Bichette » !
L’argent n’a jamais commandé dans notre
vie. On s’est fait plaisir, on a bien vécu.
On a ce qu’il faut pour notre retraite mais
nous ne sommes pas exigeants non plus.
PARLEZ-NOUS DE VOS VOYAGES
POUR REPRÉSENTER LA CUISINE
FRANÇAISE À TRAVERS LE MONDE..
Jean : j’ai eu beaucoup de chance, je suis
rentré assez jeune aux Toques Blanches
Lyonnaises et je me suis toujours investi
pour représenter le Beaujolais. Puis
mon chemin a croisé celui de Georges
QUEL TYPE DE « PATRONS » ÉTIEZ-
VOUS ?
Jean : j’avais la rage d’apprendre, depuis
très jeune j’avais toujours dans un coin
de ma tête cette envie d’avoir un restaurant.
J’ai d’abord beaucoup voyagé et travaillé
dans plusieurs restaurants partout
en France avant de m’installer. C’est un
peu par hasard que nous avons eu cette
opportunité à Tarare. Je dépannais pour
quelques semaines mon oncle dans son
épicerie. Un jour l’un des clients de l’épicerie
m’a fait part de sa volonté de vendre
son affaire : un hôtel-restaurant sur la
Route Nationale 7, et c’est comme ça que
l’aventure a commencé en 1962 et elle a
duré 45 ans !
Pourtant j’ai arrêté l’école très jeune à 13
ans et demi, je n’ai pas les compétences
Josette : nous étions très prudents avec
l’argent, c’est ce qui a fait notre réussite
sur le long terme. Nous n’étions pas pressés
de réussir, et nous vivions assez simplement.
Je m’étonnais de voir certains
autres restaurateurs achetés de belles
voitures ou des vêtements de luxe… Nous
vivions bien mais nous n’avons jamais été
dans les excès et cette simplicité nous a
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