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L'ESSENTIEL DU SUP PREPAS_N°38_juin2020

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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JUIN 2020 | N° 38<br />

PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES<br />

ENTRETIENS<br />

Christophe Germain (Audencia BS)<br />

Florence Legros (ICN BS)<br />

Elian Pilvin (EM Normandie)<br />

Eric Cornuel (EFMD)<br />

PAROLES DE PROFS<br />

Les classes préparatoires<br />

de proximité : une chance<br />

pour l’égalité ?<br />

DÉBAT<br />

Comment organiser<br />

examens et concours<br />

à l’heure du Covid-19 ?<br />

Les enjeux d’une rentrée<br />

pas comme les autres


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

ÉDITO + SOMMAIRE<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

UNE ANNÉE PAS COMME LES AUTRES<br />

C’est un coup de tonnerre dans le monde de<br />

l’enseignement supérieur : il n’y aura pas de cours en face<br />

à face à l’Université de Cambridge en 2020-21. Selon le<br />

communiqué que publie l’université « étant donné qu’il est<br />

probable que la distanciation sociale continuera d’être<br />

requise, l’université a décidé qu’il n’y aura pas de cours en<br />

face à face au cours de la prochaine année académique ».<br />

Pour autant « il sera peut-être possible d’accueillir de plus<br />

petits groupes d’enseignement en personne, pour autant<br />

que cela soit conforme aux exigences de distanciation<br />

sociale ».<br />

Mixer distanciel et présentiel. Aujourd’hui aucun établissement d’enseignement<br />

supérieur français n’a encore imaginé d’aller aussi loin que l’université de Cambridge.<br />

Mais aucun n’imagine non plus que l’année 2020-21 sera celle du simple retour au<br />

statu quo ante. Partout on imagine des dispositifs qui permettront à la fois de recevoir<br />

tous les étudiants régulièrement et d’assurer la distanciation sociale indispensable<br />

pour que le virus ne se répande pas de nouveau à l’automne. Ce qui signifie grosso<br />

modo supprimer la moitié des places dans les salles de cours. Dans ce contexte ce<br />

sont les cours en amphithéâtre qui seront sans doute tous donnés à distance quand<br />

les travaux dirigés seront, autant que faire, préservés.<br />

À distance… oui mais pas trop. Dans l’urgence l’ensemble des écoles a su<br />

transposer ses cours en ligne. Et dans l’urgence les étudiants ont adhéré au dispositif.<br />

Sur Zoom, Microsoft Teams, Blackboard, ils ont suivi des cours donnés par<br />

des enseignants dont beaucoup découvraient l’enseignement en ligne. Mais si la<br />

démonstration a été à la fois concluante – l’enseignement à distance ça fonctionne<br />

très bien ! – elle a en aussi montré les limites. L’expérience étudiante ne saurait se<br />

résumer aux cours ni même à des travaux de groupe finalement assez simples à<br />

organiser en ligne. Alors que les écoles de management insistent plus que jamais sur<br />

l’expérientiel les étudiants attendent de leurs années de cours qu’elles les réunissent<br />

sur un même lieu pour y vivre des expériences associatives, culturelles, sportives…<br />

À l’étranger… oui mais pas trop loin. Parmi ces expériences celle de l’international<br />

se place généralement au premier rang des attentes des futurs étudiants des<br />

écoles de management. Et s’ils ne rêvaient que de Chine ou d’Argentine ils risquent<br />

d’être déçus. Cette année les échanges lointains semblent encore loin d’être prêts<br />

de redémarrer et ce sont plutôt l’Allemagne ou le Portugal qui seront proposées par<br />

les écoles. Parce qu’ils font partie de l’Espace Schengen mais surtout parce qu’ils<br />

sont proches et qu’un retour précipité toujours envisageable sera bien plus simple à<br />

gérer. Oui, vraiment 2020-21 ne sera pas une<br />

année comme les autres…<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS <strong>DU</strong> MOIS<br />

4 • « Classement des classements » :<br />

le verdict final<br />

5 • L’Essec lance une nouvelle démarche<br />

stratégique<br />

10 • ESCP BS réforme son PGE<br />

11 • L’Edhec et Sciences Po Lille main dans<br />

la main dans les affaires publiques<br />

12 • 1 er emploi : KEDGE soutient ses jeunes<br />

diplômés<br />

• Art & Management : un nouveau cas<br />

pédagogique à distance testé à GEM<br />

PUBLI-INFORMATION<br />

6 • PGE de TBS : les raisons du succès<br />

PAROLES DE PROFS<br />

13 • Les classes préparatoires de proximité :<br />

une chance pour l’égalité ?<br />

ENTRETIEN<br />

20 • Christophe Germain,<br />

directeur général d’Audencia BS<br />

23 • Florence Legros, directrice générale<br />

de l’ICN BS & Sarah Vaughan, responsable<br />

des accréditations de l’ICN BS<br />

25 • Elian Pilvin,<br />

Directeur général de l’EM Normandie<br />

34 • Eric Cornuel, directeur général de l’EFMD<br />

DOSSIER<br />

28 • Les enjeux d’une rentrée (vraiment) pas<br />

comme les autres<br />

DÉBAT<br />

36 • Comment organiser examens<br />

et concours à l’heure du Covid-19 ?<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo.éditions<br />

Photo de couverture : ICN BS<br />

2


NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN | CHENG<strong>DU</strong><br />

PROGRAMME<br />

GRANDE ÉCOLE<br />

*<br />

« Parce que l’audace s’affirme avec le savoir,<br />

nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture,<br />

nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent<br />

se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de<br />

développer la vôtre ! »<br />

Nicolas ARNAUD<br />

Directeur Audencia Grande École<br />

1 er<br />

AU CLASSEMENT DES ÉCOLES DE COMMERCE<br />

OÙ IL FAIT BON ÉTUDIER D’APRÈS LES ÉTUDIANTS<br />

6 e 5 e<br />

CLASSEMENT<br />

SIGEM<br />

DEPUIS 18 ANNÉES<br />

CONSÉCUTIVES<br />

INSERTION<br />

PROFESSIONNELLE<br />

l’Étudiant<br />

*De l’audace, toujours !<br />

audencia.com


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Une nouvelle direction<br />

pour emlyon BS<br />

Après les départs successifs<br />

de Bernard Belletante<br />

et Tawhid Chtioui sa<br />

nomination était très<br />

attendue. Isabelle Huault, 52<br />

ans, va prendre la présidence<br />

du directoire et la direction<br />

générale de l’emlyon business<br />

school le 1er septembre<br />

prochain. L’actuelle<br />

présidente de l’Université<br />

Paris-Dauphine est ellemême<br />

diplômée de l’école de<br />

mangement lyonnaise (1990).<br />

Après son diplôme à emlyon<br />

Isabelle Huault se dirige vers<br />

une carrière universitaire en<br />

soutenant sa thèse en sciences<br />

de gestion à l’Université Jean-<br />

Moulin Lyon 3. Agrégée du<br />

supérieur en 1999 elle occupe<br />

ensuite plusieurs postes dans<br />

les universités de Versailles<br />

Saint-Quentin, Paris 12 Val<br />

de Marne puis Panthéon-<br />

Assas et devient professeur<br />

à Paris-Dauphine en 2005.<br />

D’abord directrice de l’école<br />

doctorale de gestion puis de<br />

l’unité mixte de recherche<br />

Dauphine Recherches en<br />

management elle en devient<br />

vice-présidente en 2015<br />

puis succède à Laurent<br />

Batsch en décembre 2016.<br />

« Classement<br />

des classements » :<br />

le verdict final<br />

Comme chaque année c’est au Parisien-Aujourd’hui en France<br />

qu’il convient de clore la saison des classement des écoles de management.<br />

Un classement sans trop de surprises qui<br />

voir l’Edhec supplanter emlyon à la 4ème<br />

place (comme pour Challenges mais pas les<br />

trois autres), donne son meilleur résultat<br />

à Audencia (7ème alors que Le Figaro et l’Etudiant<br />

la classent 11 ème et Challenges 9 ème ), Rennes (10 ème ),<br />

l’EM Normandie (16 ème ) et l’Inseec (19 ème ). Cela nous<br />

permet également de clore notre « Classement des<br />

classement » qui débouche sur le top 5 habituel suivi<br />

de Skema, Neoma, GEM, Kedge et Audencia.<br />

Le « classement des classements » des écoles de management 2020<br />

A ses côtés Sylvie Jean a été<br />

nommée à la direction de son<br />

programme Grande école<br />

(PGE) à compter de début<br />

août. Alors qu’elle occupait<br />

depuis trois ans le même<br />

poste à Neoma, elle succède<br />

à Nathalie Hector, Docteur<br />

en Sciences de Gestion,<br />

Sylvie Jean est professeur<br />

et chercheur en marketing.<br />

Dans le même temps le<br />

directeur académique<br />

de l’école, Philippe<br />

Monin, a annoncé son<br />

départ de emlyon.<br />

4


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

L’Essec lance une nouvelle<br />

démarche stratégique<br />

Construite au cours des 18 derniers mois en<br />

concertation avec l’ensemble des parties<br />

prenantes, la stratégie Together vise à « transformer<br />

en profondeur l’école dans toutes<br />

ses dimensions : enseignement, recherche et vie<br />

des campus ». D’ores et déjà de nombreuses actions<br />

sont initiées, en phase avec « l’impérieuse nécessité<br />

d’infléchir la courbe du réchauffement climatique pour<br />

ne pas dépasser les +2°C en 2100 », mais aussi pour<br />

« contribuer au développement d’économies plus<br />

inclusives, moins inégalitaires, plus respectueuses<br />

des hommes et des femmes dans leurs diversités ».<br />

Ainsi, c’est l’ensemble de l’ESSEC Business School qui<br />

entend se réinventer pour répondre aux attentes des<br />

étudiants et autres parties prenantes, en transformant<br />

sa pédagogie, sa recherche et la vie sur ses campus.<br />

Parmi les 50 premiers projets de transformation<br />

citons :<br />

• la formation de 100% des étudiants aux enjeux<br />

sociaux et environnementaux contemporains.<br />

Ainsi, dès la rentrée 2020, tous les étudiants de formation<br />

initiale suivront un enseignement obligatoire<br />

conséquent sur les enjeux climatiques ;<br />

• Le développement de la production de connaissances<br />

et de ressources sur les enjeux de la<br />

transition grâce à une mobilisation large du corps<br />

professoral. En septembre 2020, un nouveau MOOC<br />

“Climat et Entreprises” sera lancé en partenariat avec<br />

le cabinet de conseil Carbone4 et une “Sustainability<br />

Case Factory” créée pour produire et diffuser des cas<br />

pédagogiques adaptés aux enjeux contemporains ;<br />

• La mise en place d’une gestion environnementale<br />

exemplaire des campus en s’engageant notamment à<br />

diminuer de 25% son empreinte carbone dans les 3<br />

années à venir, en proposant une alimentation plus<br />

locale et plus saine dans ses points de restauration<br />

et en démultipliant les ateliers d’éco-citoyenneté ;<br />

• La poursuite du développement de la diversité<br />

sociale avec l’objectif d’atteindre 27% de boursiers<br />

parmi les étudiants de la grande école (contre 22%<br />

actuellement).<br />

Une journée pour vivre<br />

l’expérience BSB<br />

Ses oraux étaient réputés les<br />

meilleurs de toutes les écoles<br />

de management post prépas.<br />

Alors qu’un nouveau site web<br />

dédié aux Admissibles vient<br />

d’être mis en ligne, toute<br />

la journée du jeudi 7 mai<br />

a permis aux candidats de<br />

s’immerger dans l’expérience<br />

BSB grâce à un Facebook<br />

Live multi-dimensionnel.<br />

Accueil par le Directeur,<br />

présentation du programme,<br />

interviews et webinars pour<br />

tout savoir des expertises<br />

et spécialités de l’Ecole,<br />

visite du campus, mais aussi<br />

ateliers détente, échanges<br />

avec la Team Admissibles<br />

et un DJ set en live : de<br />

9h15 à 23h ce jeudi 7 mai,<br />

BSB a invité les potentiels<br />

candidats à la découvrir<br />

sous de nombreuses facettes<br />

via un Facebook Live géant<br />

sur @AdmissiblesBSB.<br />

Voir le film admissibles<br />

Elles/ils bougent…<br />

Isabelle Barth quittera dans<br />

les semaines à venir la<br />

direction de l’Inseec SBE<br />

ainsi que celle de toute la<br />

recherche du groupe Inseec<br />

U. (Inseec Grande école,<br />

ESCE, EBS, ECE, UIM).<br />

Isabelle Barth avait pris la<br />

tête de l’Inseec BS le 1er<br />

juillet 2018, la transformant<br />

ensuite, après un plan de<br />

relance très ambitieux, en<br />

Inseec School of Business<br />

and Economics. L’ancienne<br />

directrice de l’EM Strasbourg<br />

(de 2011 à 2016) reprenait<br />

alors la direction d’une école<br />

de management post prépas<br />

après deux années où elle<br />

avait retrouvé son poste de<br />

professeur des universités.<br />

Thomas Allanic, le<br />

directeur du campus parisien<br />

de l’Inseec Grande école,<br />

assure l’intérim à sa tête<br />

alors que Sylvie Faucheux,<br />

la directrice de IFG<br />

Executive Education, prend<br />

la direction de l’innovation<br />

académique et recherche.<br />

Fabio Fonti a été nommé<br />

directeur général adjoint<br />

Faculté et Recherche de<br />

NEOMA Business School<br />

à compter d’août 2020.<br />

Il succède à Sandrine<br />

Henneron, dont le mandat<br />

arrive à échéance. Fabio<br />

Fonti est titulaire d’un PhD<br />

de l’Université de l’Illinois à<br />

Urbana Champaign (Etats-<br />

Unis). De nationalité italienne<br />

et américaine, il a vécu 15<br />

ans aux Etats-Unis et 8 ans<br />

en France. Spécialiste des<br />

théories des organisations<br />

et du leadership, il a été<br />

enseignant-chercheur au<br />

Boston College (Etats-Unis),<br />

à l’Université de Bozen-<br />

Bolzano (Italie) et à Rennes<br />

School of Business (France)<br />

où il était jusqu’ici Doyen<br />

Associé à la Recherche.<br />

Lotfi Karoui a été nommé<br />

directeur du programme<br />

Grande école de EM<br />

Normancie à compter du<br />

1er juin 2020. Actuellement<br />

directeur du campus de<br />

Paris de l’école sa mission<br />

est de « piloter l’ensemble<br />

du programme en accord<br />

avec la mission, les valeurs,<br />

le positionnement de<br />

l’EM Normandie et les<br />

standards nationaux et<br />

internationaux ». Il est docteur<br />

en sciences de gestion de<br />

l’université Paris-Dauphine,<br />

et professeur associé en<br />

stratégie et entrepreneuriat.<br />

5


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

PGE de TBS :<br />

les raisons du succès<br />

Le Programme Grande Ecole de TBS nourrit de solides ambitions<br />

pour ses étudiants et se donne les moyens de les réaliser.<br />

Etude de cas d’une stratégie gagnante avec la directrice du programme,<br />

Annabel-Mauve Bonnefous.<br />

Densification des compétences, diversification des<br />

parcours et spécialisation métier sont plus que jamais<br />

les maîtres mots du Programme Grande Ecole de TBS.<br />

Au service d’une ambition : donner aux étudiants<br />

toutes les cartes pour s’épanouir et évoluer dans<br />

leur vie professionnelle aujourd’hui et tout au long<br />

de leur carrière. Pour cela, TBS leur propose une<br />

offre de formation d’excellence conçue pour leur<br />

transmettre un socle académique et pratique robuste<br />

et un portefeuille de compétences très large qui en<br />

feront des professionnels reconnus, responsables<br />

et libres de leurs choix.<br />

L’ÉCOLE DES DOUBLES-DIPLÔMES<br />

La volonté d’ouverture et d’hybridation des compétences<br />

qui est au cœur de la stratégie de l’école<br />

depuis plus de 15 ans permet aujourd’hui à TBS<br />

d’afficher l’offre de doubles-diplômes la plus importante<br />

en France. Les étudiants ont accès à plus<br />

de 100 propositions en France et à l’international,<br />

dans des écoles aussi diversifiées et prestigieuses<br />

que Sciences Po, l’Ecole des Mines, l’INSA ou encore<br />

l’Ecole Nationale de l’Aviation Civile. « Au terme de<br />

leur scolarité, 100% de nos étudiants ont la garantie<br />

d’avoir deux diplômes, explique Annabel-Mauve<br />

Bonnefous, directrice du PGE. C’est un point fort<br />

du programme, particulièrement apprécié par les<br />

recruteurs et les étudiants. » L’ouverture, ce sont<br />

également les partenariats avec 141 universités<br />

étrangères et les campus de Barcelone, Casablanca<br />

et Londres, qui donnent l’opportunité à ceux qui le<br />

souhaitent d’effectuer tout ou partie de leur cursus<br />

à l’international.<br />

DES COMPÉTENCES DIVERSIFIÉES ET SPÉCIALISÉES<br />

Autre singularité qui contribue à forger des profils<br />

uniques, la grande diversité des parcours proposés :<br />

TBS forme à plus de 2000 métiers, en portant une<br />

attention particulière à l’approfondissement des<br />

compétences. Les étudiants suivent au cours de leur<br />

scolarité 450 h de spécialisation qui font d’eux des<br />

experts dans leur discipline, 6 certificats d’excellence<br />

leur permettent de maitriser des thématiques<br />

qui seront centrales dans les prochaines années<br />

comme le big data, le scale-up, ou encore les soft<br />

skills. « Notre caractéristique est de développer<br />

des expertises très pointues dans de nombreuses<br />

disciplines, poursuit Annabel-Mauve Bonnefous.<br />

Nous préparons ainsi nos étudiants à 10 certifications<br />

professionnelles prestigieuses comme le<br />

CFA en finance, ou le CMA (Certified Management<br />

Accountant) en audit et contrôle de gestion, qui<br />

figurent parmi les plus sélectives au monde. » En<br />

marketing, ce sont plus de sept parcours différents<br />

qui sont proposés avec des spécialisations en digital<br />

marketing, industrie du luxe, communication, big<br />

data marketing, ou encore B2B et B2C. TBS a par<br />

ailleurs développé des programmes qui n’existent<br />

6


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

dans aucune autre école en France. C’est le cas de<br />

la spécialisation en management des Arts et de la<br />

Culture, ou le management aérospatial, qui bénéficie<br />

de la densité unique en Europe de l’écosystème<br />

aéronautique et spatial toulousain. Plus récemment,<br />

un cursus sur l’intelligence artificielle a vu le jour en<br />

partenariat avec le pôle de compétences ANITI. Cet<br />

éclectisme se traduit naturellement dans la diversité<br />

des fonctions à responsabilité occupées par les<br />

diplômés du PGE : chef d’entreprise, directeur de<br />

musée, responsable marketing, directeur financier,<br />

conseiller en stratégie, producteur de films, agent<br />

d’artiste…<br />

LE RÔLE CENTRAL DE L’EXCELLENCE ACADÉMIQUE<br />

La mise en œuvre de cette ambition d’excellence<br />

pédagogique s’appuie sur plusieurs éléments, et<br />

d’abord sur l’excellence du corps professoral constitué<br />

à 97% d’enseignants-chercheurs qui publient régulièrement<br />

dans des revues scientifiques. Ces experts<br />

contribuent à la reconnaissance internationale de<br />

l’établissement et transmettent à leurs étudiants les<br />

savoirs théoriques les plus pointus. Ils les accompagnent<br />

aussi au quotidien par un engagement et<br />

une proximité indispensables à leur réussite.<br />

Ceux-ci profitent également de l’expertise de professionnels<br />

en activité dans les entreprises qui partagent<br />

leurs connaissances pratiques des différents<br />

métiers. « Nous veillons à préserver l’équilibre entre<br />

les apports académiques et pratiques, précise Annabel-Mauve<br />

Bonnefous. La répartition est de 50%<br />

sur les trois ans, avec une progressivité adaptée à<br />

l’apprentissage pour travailler de plus en plus sur la<br />

capacité à être opérationnel en entreprise au fur et à<br />

mesure de l’avancée de la scolarité. » Et au-delà des<br />

savoirs et des savoir-faire, l’école s’attache à leur<br />

transmettre les savoir-être et les comportements<br />

qui sont devenus la clé de la vie en entreprise et qui<br />

sont de plus en plus recherchés par les recruteurs.<br />

L’INNOVATION DANS TOUS LES DOMAINES<br />

Autre moteur de l’ambition de TBS, l’innovation,<br />

indispensable pour proposer aux étudiants une<br />

expérience toujours plus riche et cohérente avec<br />

leur projet professionnel. Des programmes innovants<br />

font appel à de nouvelles formes de pédagogies<br />

prenant en compte les avancées des neurosciences,<br />

des sciences de l’apprentissage et des travaux récents<br />

sur la psychologie et les structures mentales.<br />

Cette année par exemple, un cours expérimental<br />

avec l’humoriste américain Sammy Obeid a permis<br />

d’appliquer en grandeur réelle les résultats d’une<br />

étude scientifique sur l’utilisation de l’humour dans<br />

la pédagogie. L’innovation s’est aussi invitée dans les<br />

réflexions sur les futurs campus de TBS à Toulouse<br />

et Barcelone. Ceux-ci ont été pensés dans un esprit<br />

de co-construction, en impliquant l’ensemble de la<br />

communauté éducative, collaborateurs, corps enseignant<br />

et étudiants, chacun étant invité à donner<br />

sa vision de l’école du futur.<br />

7


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Plus largement, chaque nouvelle année universitaire<br />

donne lieu à des évolutions qui facilitent la vie des<br />

étudiants et leur donnent de nouvelles possibilités<br />

de construire un projet personnel et professionnel<br />

en phase avec leurs valeurs et leurs talents. La rentrée<br />

dernière avait été marquée par des nouveautés<br />

très appréciées comme les semestres d’échange à<br />

Berkeley et UCLA, les partenariats avec Microsoft,<br />

Cisco et SAS, la possibilité de passer les 3 niveaux<br />

du CFA en finance ou la création du parcours en<br />

alternance sur le campus de Paris.<br />

ENCORE DES ÉVOLUTIONS À LA RENTRÉE<br />

La rentrée de septembre sera tout aussi riche en<br />

innovations pour le PGE, avec notamment l’ouverture<br />

de 28 Masters of science en Master 2 sur les<br />

quatre campus de TBS et la possibilité offerte aux<br />

étudiants en contrat d’apprentissage de réaliser un<br />

double-diplôme dans 10 domaines d’expertise. L’entrepreneuriat,<br />

qui figure au cœur de la pédagogie de<br />

l’école, sera lui aussi renforcé, puisque les étudiants<br />

entrepreneurs de dernière année pourront suivre<br />

leur spécialisation métier sur 2 jours et consacrer<br />

le reste de leur emploi du temps à la création ou au<br />

développement de leur projet. Enfin tous les étudiants<br />

auront accès au nouveau certificat d’excellence Action<br />

Climat, lancé par Gilles Lafforgue et Luc Rouge,<br />

deux professeurs de l’école bien connus pour leur<br />

Une nouvelle reconnaissance internationale<br />

en entrepreneuriat<br />

Résolument engagée sur les thématiques<br />

de l’entrepreneuriat et de l’innovation<br />

pédagogique, TBS propose depuis 3 ans<br />

un programme novateur à ses étudiants de<br />

première année, le Séminaire d’Initiations<br />

Entrepreneuriales (SEMIS). Cette initiative<br />

pédagogique vise à encourager l’esprit<br />

entrepreneurial des étudiants en les<br />

mettant en situation durant une semaine,<br />

avec l’objectif de faire émerger des idées<br />

novatrices et applicables au sein de<br />

l’école. Elle vient d’être couronnée par le<br />

expertise et leur engagement en faveur du climat et<br />

de l’économie durable. « Nous sommes la première<br />

école en France à développer cette expertise parce<br />

que nous avons des économistes spécialistes qui<br />

délivreront des cours de très haut niveau et parce<br />

que cela correspond totalement à nos valeurs »,<br />

conclut Annabel-Mauve Bonnefous. Autant de raisons<br />

supplémentaires de venir découvrir l’environnement<br />

privilégié de Toulouse, ville à la pointe de l’innovation,<br />

de l’entrepreneuriat et de l’art de vivre, atouts<br />

majeurs de l’expérience étudiante à TBS.<br />

prestigieux « Babson Collaborative Spotlight<br />

Award », qui distingue chaque année la<br />

meilleure innovation dans ce domaine. TBS,<br />

seule école française membre du Babson<br />

Collaborative, institution de référence<br />

réunissant des établissements du monde<br />

entier particulièrement actifs autour de<br />

l’entrepreneuriat, voit ainsi récompensée<br />

son excellence pédagogique et la place<br />

centrale accordée à cette thématique<br />

à tous les échelons de la formation.<br />

8


ET SI<br />

L’INSPIRATION<br />

N’EXISTAIT PAS ?<br />

CERTAINS RÊVES N’AURAIENT<br />

PAS CHANGÉ LE MONDE.<br />

TBS, l’école de<br />

management engagée<br />

qui vous rend inspiré.e<br />

et inspirant.e<br />

INSPIRING<br />

E<strong>DU</strong>CATION<br />

INSPIRING<br />

LIFE<br />

©campus com • Crédit photo : © Flip Schulke Archives / Corbis Premium Historical / via Getty Images


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Une nouvelle identité<br />

pour l’ISC Paris<br />

Comme beaucoup d’écoles de<br />

management avant elle l’ISC<br />

Paris se structure aujourd’hui<br />

autour d’une marque groupe,<br />

le Groupe ISC Paris et de<br />

deux marques source : ISC<br />

Paris Grande Ecole et ISC<br />

Paris Global Programs. Un<br />

mouvement qui s’accompagne<br />

de la divulgation de ses<br />

nouvelle signature et nouvelle<br />

identité graphique Le tout<br />

sur une nouvelle plateforme<br />

de marque qui met l’accent<br />

sur l’« Action Learning<br />

by ISC », une approche<br />

pédagogique de l’école<br />

fondée sur une « dynamique<br />

et une interaction entre les<br />

enseignements académiques<br />

et des expérimentations<br />

pratiques uniques ».<br />

Le Groupe ISC Paris lance<br />

également deux nouveaux<br />

sites internet, pensés en<br />

collaboration avec l’agence<br />

Madame Monsieur : un<br />

site ISC Paris Grande<br />

École : iscparis.com, un site<br />

Groupe ISC Paris et ISC<br />

Paris Global Programs :<br />

www.groupeisc.com.<br />

Executive Education :<br />

HEC et l’Essec sur<br />

le podium mondial<br />

Le Financial Times a publié<br />

son classement 2020 des<br />

programmes Executive<br />

Education « customised<br />

programmes ». Si l’Iese<br />

l’emporte toujours HEC<br />

et l’Essec progressent<br />

respectivement de quatre<br />

et deux places en un an et<br />

occupent les deux autres<br />

place du podium. L’année est<br />

excellente pour la plupart des<br />

business schools françaises :<br />

l’Insead progresse de sept<br />

places (6 ème ), l’Edhec de<br />

deux (8 ème ), ESCP de quatre<br />

(18 ème ), emlyon de sept (29 ème ),<br />

Skema de 18 (43 ème ). Seules<br />

Grenoble EM et Audencia<br />

perdent des places : dix<br />

places pour la première à la<br />

69 ème , 23 pour la seconde à<br />

la 73 ème . Kedge et NEOMA<br />

Business School intègrent<br />

pour la première fois de<br />

classement, respectivement<br />

au 71 ème et 77 ème rang.<br />

ESCP BS réforme son PGE<br />

« Nous devons apprendre à nos jeunes à ouvrir les yeux<br />

sur le futur et le monde pour les aider à discerner et choisir. »<br />

Durant toute l’année du bicentenaire de l’école,<br />

en 2019, Frank Bournois et l’ensemble des<br />

parties prenantes de ESCP BS ont travaillé<br />

pour refonder le plus vieux programme de<br />

management du monde toujours administré : son<br />

Master in Management (programme Grande Ecole).<br />

« Chaque époque historique nous place face à des<br />

choix. Nos étudiants nous y poussent, nos professeurs<br />

s’investissent dans tous les champs de recherche<br />

liés au développement durable, à la transformation<br />

numérique, depuis plusieurs années. Cette refonte,<br />

fruit d’un travail de longue haleine, arrive à un moment<br />

de l’Histoire qui confirme notre vision. »<br />

28 nouvelles spécialisations. Les contenus ont<br />

été revisités avec le lancement de nombreux cours<br />

inédits. 28 nouvelles spécialisations sont créées<br />

portant l’offre d’ensemble à 58 sur les campus, toutes<br />

en phase avec les problématiques actuelles : sustainability,<br />

IA, robotique, éthique, management à l’ère<br />

du digital, data sciences, etc. L’année de pré-Master<br />

commence par un séminaire sur Sustainability and<br />

Business, tandis que le cycle de master est lancé<br />

avec un séminaire centré la transformation digitale.<br />

Deux thématiques qui servent de base aux différents<br />

enseignements du programme.<br />

La pédagogie digitale sera renforcée, permettant le<br />

suivi des cours à distance d’un campus à l’autre. Ainsi<br />

le séminaire annuel Designing Europe, qui rassemble<br />

l’ensemble de la promotion au parlement européen de<br />

Bruxelles pour une simulation grandeur nature sur la<br />

négociation communautaire, est-il préparé par des<br />

SPOC (Small Private Online Courses) portant sur le<br />

fonctionnement des institutions européennes et les<br />

fondamentaux de la négociation.<br />

Comment s’adapter à un monde post-COVID ?<br />

Alors que beaucoup de business schools s’interrogent<br />

sur l’avenir de leurs accords internationaux<br />

ESCP BS n’a pas vraiment ce problème se félicite<br />

Frank Bournois : « La force de l’Europe, c’est d’être<br />

multiculturelle. Avoir des campus dans différents<br />

pays peu éloignés nous permet de proposer une<br />

expérience totalement intégrée et maîtrisée, réellement<br />

internationale, avec un coût carbone plus<br />

faible (que nous compensons) et compatible avec une<br />

situation sanitaire qui va nécessairement impacter<br />

les déplacements à moyen terme ».<br />

Cinq des six campus de ESCP BS en Europe<br />

© ESCP BS<br />

10


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

« One World » :<br />

Neoma lance une<br />

nouvelle campagne<br />

de communication<br />

En lien avec sa plateforme<br />

de marque lancée fin 2019,<br />

Neoma Business School<br />

lance une nouvelle campagne<br />

publicitaire qui illustre sa<br />

signature « Be Passionate.<br />

Shape The Future ». Baptisée<br />

« One Word », elle repose<br />

sur des mots qui incarnent ce<br />

positionnement: Passionner,<br />

S’épanouir, Encourager,<br />

Transformer, Innover,<br />

Vocation, Immersion…<br />

« L’enseignement supérieur<br />

fait partie d’un marché<br />

mondial au sein duquel la<br />

marque joue un rôle central.<br />

Elle doit se composer<br />

d’éléments forts pour qu’elle<br />

vienne facilement à l’esprit »<br />

analyse Benoit Anger,<br />

directeur général adjoint<br />

Corporate Development &<br />

Communication de l’école.<br />

Retrouver les visuels<br />

publicitaires ici<br />

Emlyon : le online<br />

pour tous<br />

Emlyon business school lance<br />

une plateforme pédagogique<br />

100% online ouverte à tous :<br />

http://keeplearning.em-lyon.<br />

com/ On y retrouve des<br />

webinars en live ou en replay<br />

animés par ses professeurs,<br />

des interviews, des podcasts<br />

et des articles de recherche<br />

des experts de la faculté<br />

ou encore des MOOCs<br />

certifiants et des modules<br />

de formation hybrides…<br />

L’Edhec et Sciences Po Lille<br />

main dans la main<br />

dans les affaires publiques<br />

Double diplôme autour du management des<br />

politiques publiques, préparation de Sciences<br />

Po Lille aux grands concours des fonctions<br />

publiques ouverte aux étudiants de l’Edhec,<br />

projets de recherche, Sciences Po Lille et l’Edhec<br />

viennent de formaliser un rapprochement qui était<br />

annoncé depuis plusieurs mois. « Il nous paraît très<br />

intéressant de marier nos forces autour du management<br />

de la fonction publique. Encore plus aujourd’hui<br />

avec la pandémie même si nous avions lancé le projet<br />

bien avant. Pourrions-nous aller plus loin sur le sujet<br />

crucial de l’économie de la santé demain ? », s’interroge<br />

le directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot.<br />

« Nous sommes deux institutions lilloises qui n’avaient<br />

jamais encore travaillé ensemble et qui se retrouvent<br />

aujourd’hui sur la question des affaires publiques.<br />

Un domaine qui a toujours intéressé nos étudiants »,<br />

confirme son homologue de l’Edhec, Emmanuel Métais<br />

qui voit là une illustration de la nouvelle stratégie de<br />

l’Edhec, « Edhec for Future Generations » pour ouvrir<br />

son école sur les questions de société.<br />

Des étudiants « cousins ». Les champs de rapprochement<br />

sont d’autant plus importants que leurs étudiants<br />

sont souvent des « cousins », qui ont souvent passé les<br />

mêmes concours, selon la formule de Pierre Mathiot :<br />

« Nous avons beaucoup de points de convergence.<br />

Les enjeux sociétaux entremêlent de plus en plus les<br />

intérêts publics et privés. Il y aussi notre dimension<br />

sur la métropole lilloise », commente pierre Mathiot<br />

dont aucun étudiant n’aurait imaginer travailler dans<br />

le secteur privé il y a 20 ans quand plus de la moitié<br />

le font aujourd’hui.<br />

Emmanuel Métais met quant à lui l’accent sur l’hybridation<br />

des profils que va générer l’accord : « Il y a de vraies<br />

vertus pédagogique à avoir des formations hybrides.<br />

Etre confronté à d’autres disciplines, savoirs, permet<br />

d’acquérir une gymnastique particulière. Cela facilitera<br />

ensuite l’intégration dans des équipes hétérogènes<br />

même s’il y a effectivement une sorte de cousinage<br />

ente nos étudiants ».<br />

Mais les deux établissements iront-ils plus loin un<br />

jour ? « Notre rapprochement pose aussi la question<br />

des modalités de croissance des établissements. Sans<br />

aller jusqu’à l’acquisition/fusion les alliances, comme<br />

celles que nous menons jusqu’à l’autre bout du monde,<br />

sont des modalité agiles – 1 ans de travail pour notre<br />

accord et Sciences Po Lille – et très enrichissant »,<br />

reprend Emmanuel Métais avant d’insister : « Je milite<br />

pour le mode de l’alliance ! »<br />

Un double diplôme pour 24 étudiants. Les deux ans<br />

de cours du double diplôme de niveau master autour du<br />

management des politiques publiques seront ouverts<br />

à 24 étudiants, douze de chaque école. Le cursus sera<br />

basé sur la gestion de projet et l’étude de cas pratiques.<br />

Dans un premier axe très « business management » ils<br />

comprendront des cours de droit, gestion de projet,<br />

management, etc. Dans un deuxième seront délivrés<br />

des axe des cours en droit public, évaluation des politiques<br />

publiques, connaissance des politiques locales,<br />

etc. La première année a lieu à l’Edhec, la seconde à<br />

Sciences Po Lille. Le tout avec deux stages dont un<br />

de six mois à l’étranger pour valider le diplôme de<br />

l’Edhec si une période de six mois à l’étranger n’a pas<br />

été effectuée avant.<br />

Un cours de l’Edhec bientôt ouvert<br />

aux étudiants de Sciences Po Lille<br />

© Edhec BS<br />

11


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> MOIS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

1 er emploi : KEDGE soutient<br />

ses jeunes diplômés<br />

Dans un « contexte économique rendu difficile par la crise sanitaire actuelle »,<br />

KEDGE BS Alumni propose à l’ensemble des diplômés<br />

en recherche de leur premier emploi, en France et à l’international,<br />

un programme complet pour faciliter leur insertion dans la vie active.<br />

KEDGE BS Alumni met ainsi à disposition de<br />

ses jeunes diplômés certains de ses outils et<br />

leur propose d’être accompagnés dans leur<br />

recherche d’emploi avec le dispositif « accompagnement<br />

spécial jeunes diplômés » durant les trois<br />

années suivant leur diplomation.<br />

Art & Management : un nouveau cas<br />

pédagogique à distance testé à GEM<br />

Les jeunes diplômés pourront ainsi programmer 5h30<br />

d’accompagnement sur les outils de candidature, prévoir<br />

un plan d’action, identifier les offres pertinentes<br />

et apprendre comment bien préparer son entretien de<br />

recrutement. Le dispositif «accompagnement spécial<br />

jeunes diplômés» se compose de l’accès à 4 webinars<br />

gratuits (dont un portant sur « L’impact de cette crise<br />

sur ma recherche d’emploi »), 3h de coaching individuel<br />

et personnalisé et une inscription gratuite à un<br />

ateliers emploi.<br />

Visite virtuelle<br />

à Neoma BS<br />

Neoma Business School<br />

propose aux candidats une<br />

visite virtuelle de chacun de<br />

ses campus (Reims, Rouen et<br />

Paris), qui s’impose comme<br />

« l’innovation majeure de son<br />

dispositif de communication<br />

pendant cette période de<br />

concours ». Guidé par<br />

Léo, étudiant « avatar »,<br />

le candidat découvre en<br />

immersion et de manière<br />

interactive les campus.<br />

L’idée : « aborder un sujet de management<br />

en partant d’une œuvre d’art présentée<br />

par un artiste afin d’innover dans<br />

l’approche de l’étude de cas ». Les étudiants<br />

sont ainsi amenés à « sortir du<br />

cadre pour développer leur curiosité »<br />

dans ce nouveau cours de marketing qui<br />

a été délivré à distance à 40 étudiants de<br />

2ème année du Programme Grande Ecole<br />

de GEM. Pendant 3 heures, les étudiants<br />

ont notamment interagi avec l’artiste Nathalie<br />

Junod Ponsard autour de l’œuvre<br />

« Deep Water » créée dans le cadre des<br />

premières Nuits Blanches à Paris avant<br />

d’imaginer 4 projets de marketing expérientiel<br />

« dans la peau » des équipes marketing<br />

de Nutella, Emmaüs, Picture et de<br />

la Banque Postale.<br />

12


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

PAROLES DE PROFS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

SIMON<br />

BADIOU<br />

Membre du conseil<br />

d’administration<br />

de l’APHEC et<br />

professeur de<br />

mathématiques<br />

en classes<br />

préparatoires<br />

au lycée Paul<br />

Valéry à Paris.<br />

CHRISTOPHE<br />

VISCOGLIOSI<br />

Membre du conseil<br />

d’administration<br />

de l’APHEC et<br />

professeur<br />

de sciences<br />

économiques et<br />

sociales en classes<br />

préparatoires<br />

au lycée Olympe<br />

de Gouges à<br />

Noisy-le-Sec.<br />

Les classes préparatoires<br />

de proximité : une chance<br />

pour l’égalité ?<br />

Dans la filière<br />

économique et<br />

commerciale,<br />

les classes<br />

préparatoires dites<br />

de « proximité » ont<br />

été créées dans le<br />

but de démocratiser<br />

l’accès aux classes<br />

préparatoires aux<br />

grandes écoles<br />

(CPGE) et grandes<br />

écoles de commerce.<br />

La pari a-t-il été<br />

réussi ? Peut-on<br />

encore mieux faire<br />

pour favoriser<br />

l’égalité des<br />

chances ?<br />

Les classes préparatoires dites de<br />

« proximité » sont très répandues<br />

aujourd’hui. On en trouve dans<br />

les trois principales filières des<br />

classes préparatoires aux grandes<br />

écoles (CPGE) : les filières littéraire,<br />

scientifique et économique et<br />

commerciale. Leur nombre n’est pas<br />

clairement établi puisqu’elles sont<br />

considérées comme des CPGE à part<br />

entière et non pas comme des CPGE<br />

à statut particulier. Si les effectifs<br />

sont plus faibles dans ces classes<br />

préparatoires, elles dispensent les<br />

mêmes enseignements avec le même<br />

volume horaire que n’importe quelle<br />

autre CPGE ; les enseignants y sont<br />

également nommés par l’Inspection<br />

générale.<br />

Ces similitudes s’expliquent par<br />

l’objectif initial de ces classes<br />

préparatoires de proximité :<br />

démocratiser l’accès aux CPGE et, in<br />

fine, aux « grandes écoles ». En effet,<br />

traditionnellement, depuis la seconde<br />

moitié du xix e siècle 1 , les CPGE ont eu<br />

un recrutement élitiste. C’est encore<br />

le cas aujourd’hui puisque en 2017-<br />

2018, 48,5% des étudiants inscrits en<br />

dans une CPGE classique ou intégrée<br />

dans une école sont des enfants de<br />

cadres ou professions intellectuelles<br />

supérieures, alors que cette catégorie<br />

ne représente que 30% effectifs<br />

universitaires. L’objectif initial des<br />

classes préparatoires de proximité<br />

a-t-il été tenu ? Dans quelle mesure<br />

parviennent-elles à démocratiser<br />

l’accès aux CPGE et grandes<br />

écoles ? Précisons que nous nous<br />

focaliserons sur la filière économique<br />

et commerciale 2 à partir de nos<br />

expériences personnelles. 3<br />

1. Bruno Belhoste, « La préparation aux<br />

grandes écoles scientifiques au xix e siècle :<br />

établissements publics et institutions<br />

privées », Histoire de l’éducation, 90 |<br />

2001, 101-130. https://journals.openedition.<br />

org/histoire-education/834#quotation<br />

2. Notons qu’une étude récente a été consacrée<br />

aux classes préparatoires de proximité<br />

dans la filière scientifique. Yves Dutercq,<br />

Xavier Lanéelle, Christophe Michaut et<br />

Pauline David, « Les classes préparatoires<br />

de proximité, entre démocratisation et loi<br />

du marché », Éducation et formations,<br />

n°100, décembre 2019, p 169-184<br />

3. Il ne s’agit pas ici d’un article de recherche<br />

au sens académique du terme ; il s’agit<br />

davantage d’un témoignage, d’une réflexion<br />

personnelle à partir de nos expériences<br />

respectives en tant qu’enseignants.<br />

13


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

LES CLASSES<br />

PRÉPARATOIRES<br />

DE PROXIMITÉ,<br />

UN ASCENSEUR SOCIAL<br />

Le premier et principal constat<br />

auquel nous aboutissons est que les<br />

classes préparatoires de proximité<br />

permettent largement à des étudiants<br />

issus de milieux populaires (ouvriers,<br />

employés) de bénéficier d’une<br />

mobilité sociale ascendante. Tous les<br />

étudiants qui présentent les concours<br />

à la fin de la deuxième année en<br />

réussissent au moins un et, le plus<br />

souvent, plusieurs. Ils accèdent<br />

à l’une des 25 grandes écoles de<br />

commerce post-prépa qui leur offrent<br />

à la fin de la formation un statut de<br />

cadre et des conditions de vie très<br />

favorables. La mobilité ascendante de<br />

nos étudiants s’appuie également sur<br />

l’acquisition d’une culture générale,<br />

de savoir-faire (raisonnement,<br />

argumentation, expression orale)<br />

et savoir-être (travail de groupe),<br />

qu’ils auraient eu sans doute plus<br />

de difficultés à acquérir dans leur<br />

milieu social d’origine. Il faut dire<br />

qu’ils suivent une formation gratuite<br />

de haut niveau, exigeante, complète<br />

et rigoureuse avec près de 900h de<br />

cours par an. Ces connaissances et<br />

compétences ne leur sont pas utiles<br />

uniquement pour les concours, mais<br />

leur profiteront tout au long leur<br />

formation et carrière professionnelle.<br />

Nous ne disposons pas de données<br />

chiffrées sur le taux de réussite et<br />

l’intégration des étudiants de classes<br />

préparatoires de proximité issus d’un<br />

milieu modeste à l’échelle nationale,<br />

mais il suffit de consulter les résultats<br />

de quelques-unes d’entre elles<br />

© Shutterstock<br />

pour constater l’effet d’ascenseur<br />

social. Au lycée Olympe de Gouges<br />

de Noisy-le-Sec, environ 80% des<br />

étudiants, qui ont passé les concours<br />

en 2018-2019, étaient boursiers<br />

(au sens du CROUS) avec une large<br />

majorité d’échelon supérieur à 1. Tous<br />

les étudiants ont eu au moins une<br />

école et, sur les 15 qui ont décidé d’en<br />

intégrer une, 14 avaient une école du<br />

top 15 (d’après le classement SIGEM<br />

de 2019).<br />

PRENDRE SON BÂTON<br />

DE PÈLERIN<br />

La réussite des classes préparatoires<br />

de proximité nécessite un<br />

investissement considérable des<br />

enseignants, en dehors des activités<br />

pédagogiques, et des personnels de<br />

direction pour attirer les étudiants.<br />

Le « marché » de l’enseignement<br />

supérieur dans lequel elles évoluent<br />

est très concurrentiel. Par rapport<br />

aux classes préparatoires du marché<br />

primaire 4 , elles attirent moins<br />

de candidatures sur Parcoursup<br />

et le pourcentage de vœux 1 par<br />

établissement est nettement plus<br />

faible. Il revient aux enseignants, à la<br />

direction et aux étudiants, lorsqu’ils<br />

4. Dans leur article, Yves Dutercq, Xavier<br />

Lanéelle, Christophe Michaut et Pauline David<br />

distinguent deux marchés pour les classes<br />

préparatoires scientifiques : le « marché<br />

primaire » et le « marché secondaire ». Le<br />

premier est constitué de 38 lycées qui ont un<br />

taux de reçus dans les « très grandes écoles »<br />

supérieur à ma moyenne. Le second, qui<br />

regroupe 186 lycées, est scindé en deux sousgroupes<br />

: le marché A avec 134 lycées qui<br />

ont au moins un reçu au cours des 5 dernières<br />

années dans les « très grandes écoles » et le<br />

marché B avec 52 lycées qui n’en ont aucun.<br />

14


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

de pré-rentrée, des stages en langues<br />

et mathématiques, des séances de<br />

coaching. Les étudiants bénéficient<br />

également du programme de mentorat<br />

« Trajet d’avenir » de la Fondation<br />

RATP 5 grâce auquel nos étudiants<br />

sont suivis, s’ils le souhaitent, par des<br />

cadres de la RATP.<br />

© Shutterstock<br />

sont sollicités, de se mobiliser pour<br />

faire la promotion de leur classe<br />

préparatoire dans l’objectif unique,<br />

le plus souvent, de faire le plein. Il<br />

leur faut alors apprendre à maitriser<br />

différents canaux de communication<br />

alors qu’ils n’ont pas été formés pour.<br />

Les stratégies de communication<br />

peuvent être très diverses.<br />

Elles peuvent mobiliser des<br />

ressources en interne : création<br />

d’un site internet, présence sur les<br />

forums de l’enseignement, visites<br />

des lycées environnants (Journées<br />

portes ouvertes, intervention dans<br />

les classes), proposer des journées<br />

d’immersion, etc. Au lycée Olympe de<br />

Gouges, toutes ces ressources ont<br />

été utilisées, mais la plus importante,<br />

parce qu’efficace, demeure les<br />

visites de lycées. Il s’agit alors de<br />

prendre son « bâton de pèlerin » et<br />

de se répartir entre collègues les<br />

visites des lycées environnants. En<br />

général, l’équipe pédagogique, aidée<br />

des étudiants, visite une trentaine<br />

d’établissements chaque année,<br />

soit 5-6 visites en moyenne par<br />

enseignant. Les conditions d’accueil<br />

peuvent être très variables : tantôt,<br />

la participation à un forum de<br />

l’orientation où l’enseignant reste<br />

assis plusieurs heures à attendre<br />

les rares étudiants qui viendront le<br />

voir ; tantôt, une intervention devant<br />

une classe de terminale enthousiaste<br />

où l’enseignant a le sentiment d’être<br />

écouté et de convaincre son auditoire.<br />

Les ressources externes peuvent<br />

être très utiles. Par exemple, toujours<br />

au lycée Olympe de Gouges, il existe<br />

un partenariat avec la mission pour<br />

l’égalité des chances de HEC qui<br />

propose aux étudiants un séminaire<br />

DES REPRÉSENTATIONS<br />

À DÉPASSER<br />

La stratégie du bâton de pèlerin est<br />

la stratégie de communication la<br />

plus efficace car, non seulement elle<br />

fait découvrir à un grand nombre de<br />

lycéens (plus qu’on ne le pense sans<br />

doute) l’existence des CPGE, mais en<br />

plus, elle permet de lutter contre les<br />

fausses croyances au sujet de ces<br />

formations. Les classes préparatoires<br />

sont encore trop souvent associées<br />

à une formation très élitiste<br />

socialement, fondée sur une hyper<br />

compétition de chacun contre chacun,<br />

où seuls les meilleurs réussiraient<br />

et tous les autres échoueraient. Ces<br />

représentations sont partagées<br />

par un nombre non négligeable de<br />

lycéens, leurs parents, mais aussi<br />

par des enseignants. Rien de mieux<br />

alors qu’une intervention dans un<br />

lycée, préparée en amont par les<br />

enseignants de l’établissement, pour<br />

battre en brèche ces représentations.<br />

Il faut faire comprendre que peu (voire<br />

aucune à notre connaissance) de<br />

classes préparatoires correspondent<br />

à ce modèle et, encore moins, les<br />

classes préparatoires de proximité.<br />

5. « La Fondation Groupe RATP s’engage »<br />

in L’essentiel du Sup, n°33, décembre 2019.<br />

15


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Elles sont mêmes génétiquement à<br />

l’opposé de ces représentations car,<br />

dès l’origine, les classes préparatoires<br />

de proximité ont été conçues<br />

pour démocratiser l’accès à cette<br />

formation et aux grandes écoles.<br />

Casser ces représentations constitue<br />

un exercice difficile puisqu’elles<br />

sont déjà solidement ancrées.<br />

De plus, il faut trouver un point<br />

d’équilibre dans le discours entre,<br />

d’un côté, la nécessité de rassurer<br />

les étudiants sur la bienveillance des<br />

classes préparatoires de proximité,<br />

le suivi individualisé et, d’un autre<br />

côté, l’affirmation des exigences<br />

académiques de la formation pour<br />

maximiser les chances de réussite<br />

aux concours.<br />

Ces deux discours apparaissent<br />

comme antagonistes pour les élèves :<br />

si le discours sur la bienveillance<br />

est trop marqué, les élèves auront<br />

tendance à penser que cette classe<br />

préparatoire de proximité est une<br />

« sous-classe préparatoire » ; si le<br />

discours sur l’exigence académique<br />

ressort trop, le risque est de<br />

conforter les élèves dans leurs<br />

représentations élitistes des classes<br />

préparatoires et de ne pas pouvoir<br />

les recruter. Dans les faits, ces deux<br />

réalités se complètent l’une et l’autre :<br />

le suivi individualisé des étudiants<br />

dans les classes préparatoires<br />

de proximité les aide à s’épanouir,<br />

progresser et mieux réussir aux<br />

concours.<br />

Une autre représentation, plus<br />

spécifique à la filière économique<br />

et commerciale, et compliquée<br />

à désamorcer, porte sur le coût<br />

des études. Contrairement à la<br />

précédente représentation, celle-ci<br />

se fonde sur une réalité tangible :<br />

les frais de scolarité dans les<br />

grandes écoles de commerce sont<br />

effectivement très élevés. En 2019,<br />

il faut compter en moyenne 40 313<br />

euros pour financer l’intégralité de la<br />

formation et ces frais ont augmenté<br />

de 73% en 10 ans 6 . Cet argument,<br />

dissuasif pour les élèves, est<br />

particulièrement difficile à nuancer<br />

lorsqu’on fait la promotion d’une<br />

classe préparatoire de proximité<br />

auprès d’élèves issus de milieux<br />

modestes (et classes moyennes).<br />

C’est notamment le cas au lycée<br />

Olympe de Gouges dont le bassin de<br />

recrutement se trouve principalement<br />

en Seine-Saint-Denis. On présente<br />

alors les différentes solutions de<br />

6. https://major-prepa.com/ecoles/fraisde-scolarite-ecoles-de-commerce/<br />

© Shutterstock<br />

16


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

financement : le crédit bancaire<br />

remboursable à partir du moment<br />

où l’étudiant trouve un emploi ;<br />

l’alternance pour que l’entreprise<br />

prenne en charge les frais de scolarité<br />

et verse une indemnité ; les écoles<br />

qui proposent parfois des frais de<br />

scolarité réduits voire nulles pour<br />

les boursiers ; avoir un « petit job »<br />

pendant les études, etc.<br />

Même si ces arguments sont justes,<br />

il est impossible de savoir s’ils<br />

sont suffisamment convaincants<br />

pour attirer des élèves de milieux<br />

modestes en classe préparatoire<br />

dans le but d’intégrer une grande<br />

école de commerce. C’est la raison<br />

pour laquelle un autre argument<br />

complémentaire peut être mobilisé :<br />

les classes préparatoires de proximité<br />

ne débouchent pas uniquement sur<br />

les grandes écoles de commerce. Les<br />

CPGE économiques et commerciales<br />

préparent directement aux concours<br />

d’autres grandes écoles publiques et<br />

gratuites (ENS Paris-Saclay, ENSAE,<br />

ESM de Saint-Cyr), mais aussi,<br />

plus largement, à de nombreuses<br />

formations universitaires (économiegestion,<br />

MASS, AES) dont les Écoles<br />

de Management Universitaires. 7<br />

Ces formations peuvent être<br />

particulièrement appropriées (sans<br />

s’y réduire bien entendu) pour des<br />

étudiants de milieux populaires qui<br />

fréquentent les classes préparatoires<br />

de proximité et qui ne disposent<br />

pas des ressources économiques<br />

suffisantes pour financer une grande<br />

école de commerce. D’expérience,<br />

7. Il y en 35 en France qui proposent<br />

des formations universitaires en<br />

management (Licence, Master, Doctorat)<br />

et sont regroupées au sein du réseau IAE<br />

France - https://www.iae-france.fr<br />

© Shutterstock<br />

les lycéens que nous rencontrons,<br />

les étudiants que nous recrutons,<br />

ne connaissent pas assez ces<br />

débouchés. Ils assimilent les CPGE<br />

économiques et commerciales à une<br />

préparation presque exclusivement<br />

réservée aux grandes écoles<br />

de commerce. Il apparaît alors<br />

nécessaire de présenter ces<br />

formations publiques, gratuites,<br />

en plus des grandes écoles de<br />

commerce, aux lycéens et étudiants<br />

pour les attirer au sein des classes<br />

préparatoires de proximité et faire<br />

fonctionner l’ascenseur social.<br />

PRENDRE L’ASCENSEUR<br />

JUSQU’AU DERNIER ÉTAGE ?<br />

Si les classes préparatoires de<br />

proximité favorisent l’égalité des<br />

chances, elles peuvent le faire<br />

encore davantage en aidant les<br />

élèves et étudiants à s’arracher<br />

de leurs représentations biaisées,<br />

parfois faussées, de la réalité grâce<br />

à une meilleure communication.<br />

C’est la raison pour laquelle l’APHEC,<br />

ESCP BS et SKEMA BS ont créé<br />

un MOOC à destination, entre<br />

autres, des lycéens, étudiants et<br />

de leurs parents, qui présente les<br />

formations en CPGE économiques<br />

et commerciales et grandes écoles<br />

de commerce. 8 D’autres dispositifs<br />

existent déjà et doivent être<br />

renforcés. Il faut que les grandes<br />

écoles de commerce poursuivent<br />

leurs politiques d’aides financières<br />

auprès des élèves de milieux<br />

modestes (frais de scolarité réduits,<br />

progressifs, gratuité), même si la<br />

concurrence internationale accrue<br />

et la baisse des aides publiques<br />

les contraignent à augmenter leurs<br />

frais de scolarité. Les partenariats<br />

entre grandes écoles et classes<br />

8. https://www.fun-mooc.<br />

fr/courses/course-v1:cpgeeconomiques+153001+session02/about#<br />

17


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS PAROLES DE PROFS<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

On pourrait imaginer que les meilleurs<br />

élèves fréquentent davantage les<br />

classes préparatoires de proximité au<br />

lieu de fuir vers les CPGE du marché<br />

primaire. Cette solution suppose de<br />

rompre avec la logique permanente<br />

du classement entre les CPGE<br />

(classement dans les médias, dans les<br />

représentations des enseignants, des<br />

élèves) pour faire comprendre que ce<br />

n’est pas la classe préparatoire qui<br />

fait l’élève mais l’inverse.<br />

préparatoires de proximité sont<br />

également très utiles à l’image de<br />

celui qui existe entre la mission pour<br />

l’égalité des chances de HEC et le<br />

lycée Olympe de Gouges. Enfin, il est<br />

indispensable d’accentuer le maillage<br />

territorial des classes préparatoires<br />

de proximité, notamment dans les<br />

zones où traditionnellement les<br />

élèves ne s’orientent pas vers cette<br />

formation.<br />

Toutefois, malgré ces dispositifs<br />

existants, on constate que le nombre<br />

d’étudiants en provenance des<br />

classes préparatoires de proximité<br />

qui intègrent les meilleures écoles<br />

de commerce reste très faible.<br />

Ce constat interroge l’objectif des<br />

classes préparatoires de proximité.<br />

Doivent-elles se cantonner à ce<br />

qu’elles font déjà très bien, c’està-dire<br />

préparer des étudiants à<br />

intégrer dans leur grande majorité de<br />

« bonnes » écoles de commerce ? Ou<br />

alors, doivent-elles être considérées<br />

comme des CPGE au même titre que<br />

celles du marché primaire et, si oui,<br />

comment faire en sorte que leur taux<br />

de réussite dans les meilleures écoles<br />

de commerce soit plus élevé ? Si l’on<br />

adopte le deuxième point de vue, il<br />

faut envisager de nouvelles solutions.<br />

© Shutterstock<br />

On pourrait imaginer que les<br />

meilleures écoles de commerce<br />

modifient également leurs modalités<br />

de recrutement. Quand on sait le<br />

caractère socialement discriminant<br />

des épreuves écrites dans la<br />

filière économique et commerciale,<br />

pourquoi ne pas augmenter le<br />

nombre d’admissibles et donner<br />

leurs chances à un plus grand<br />

nombre de candidats, dont ceux<br />

issus des classes préparatoires de<br />

proximité, de faire valoir leurs qualités<br />

personnelles à l’oral ? Même s’il faut<br />

l’étudier plus en profondeur, cette<br />

solution pourrait favoriser l’ouverture<br />

sociale des grandes écoles et l’égalité<br />

des chances comme l’a souhaité la<br />

ministre de l’Enseignement supérieur,<br />

de la Recherche et de l’innovation,<br />

Frédérique Vidal, en octobre dernier.<br />

18


80 entrepreneurs EDHEC intègrent chaque année<br />

STATION F à Paris pour accélérer leur start up.<br />

*Agissez sur le monde<br />

Manon Latge<br />

EDHEC MASTER 2014<br />

Fondatrice de Né à, la marque des maternités<br />

pour la maternité<br />

Julie Chapon<br />

EDHEC MASTER 2011<br />

Co-fondatrice de Yuka, l’application qui analyse<br />

la composition des produits<br />

Thomas Massimi<br />

EDHEC BBA 2016, EDHEC MASTER 2017<br />

Fondateur de la chaine Youtube musicale Electro Posé<br />

et du label Inside Records<br />

Classée 1 ère Grande Ecole en France pour la<br />

dimension entrepreneuriale (FT Ranking<br />

Top MBAs for Entrepreneurship 2018), l’ED-<br />

HEC est partenaire de Station F, le plus grand<br />

campus international de start-up au monde,<br />

grâce au soutien décisif de diplômés EDHEC<br />

mécènes.<br />

Cet hébergement complète l’offre de l’incubateur<br />

EDHEC entrepreneurs et son dispositif<br />

d’accompagnement exceptionnel, accessible<br />

depuis le monde entier, et au cœur de l’écosystème<br />

parisien. Déjà 1000 emplois créés par<br />

200 start up accompagnées à son actif.<br />

WWW.EDHEC.E<strong>DU</strong><br />

*


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Christophe Germain<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL D’AUDENCIA BS<br />

« Nous conjuguerons enseignement<br />

distanciel et présentiel »<br />

Entre enseignement à distance et<br />

présentiel, le casse-tête que sera la<br />

rentrée 2020 n’en finit pas de remettre<br />

en cause certitudes et habitudes.<br />

Christophe Germain, le directeur général<br />

d’Audencia BS, revient avec nous sur les<br />

adaptations nécessaires.<br />

Olivier Rollot : Vous avez rouvert vos campus<br />

à certains personnels cette semaine. Une<br />

première étape test pour préparer la rentrée<br />

des étudiants. Comment envisagez-vous<br />

cette rentrée 2020 ?<br />

Christophe Germain : Elle s’effectuera à des dates<br />

différentes selon les programmes. La première année<br />

du programme Grande école (PGE) sera forcément<br />

décalée de quelques semaines pour laisser le temps<br />

aux étudiants, qui n’auront effectué leur choix d’école<br />

que le 12 août, de trouver un logement et de gérer leur<br />

installation. Pour les formations en mastère spécialisé®,<br />

cela a toujours été un peu plus tard en septembre et<br />

la date initialement prévue devrait être respectée.<br />

Enfin, les programmes internationaux démarreront<br />

vraisemblablement en distanciel.<br />

O. R : Comment envisagez-vous l’arrivée des<br />

étudiants internationaux ?<br />

C. G : Nous n’avons pas encore d’idée précise sur les<br />

effectifs. Au-delà de nos institutions, c’est la possibilité<br />

de venir en France qui est en question. Dans ce contexte,<br />

nous allons proposer aux étudiants internationaux un<br />

début de programme en distanciel puis en présentiel<br />

lorsque cela sera possible. Mais qu’est-ce que ces<br />

étudiants vont décider le jour où on leur proposera<br />

un début de formation en distanciel ? Espérer que les<br />

frontières vont s’ouvrir dans l’année académique ou<br />

attendre un an de plus pour aller à l’international ? Il<br />

est impossible aujourd’hui de savoir quel sera le taux<br />

de déperdition.<br />

Un de nos atouts est de pouvoir délivrer nos cours<br />

sur notre campus chinois de Shenzhen – qui vient de<br />

rouvrir ses portes mi-mai - et Chengdu pour le BBA.<br />

Nous pouvons y recevoir des étudiants chinois avec<br />

une faculté dédiée composée de professeurs internationaux<br />

et un staff chinois.<br />

100% prépas<br />

100% des élèves de première<br />

année du programme Grande<br />

école (PGE) sont issus de<br />

classes préparatoires. « A<br />

ce stade de formation, nous<br />

considérons que ce sont les<br />

meilleurs étudiants. Ce que<br />

nous attendons aujourd’hui<br />

et demain des classes<br />

préparatoires (et c’est le<br />

challenge qui se présente<br />

à elles), c’est de toujours<br />

former de très bons étudiants<br />

tout en reconnaissant et<br />

intégrant la diversité des<br />

profils qui se présenteront à<br />

elles dans le futur », explique<br />

Christophe Germain.<br />

Dans tous les cas, nous conjuguerons enseignement<br />

distanciel et présentiel. Nous ne ferons pas du 100%<br />

à distance. L’idée est d’alterner de façon à pouvoir<br />

recevoir le nombre d’étudiants maximum sur place<br />

en fonction des conditions sanitaires que nous allons<br />

avoir à respecter. Ce qui signifie pour nous recevoir<br />

moitié moins d’étudiants sur les campus. Mais si demain<br />

toutes les consignes de distanciation venaient à être<br />

levées, nous reviendrons bien sûr au tout présentiel.<br />

C’est très important pour construire le lien social de<br />

venir sur les sites. Mais il faut aussi que les étudiants<br />

soient conscients des enjeux sanitaires alors que les<br />

sondages montrent que les jeunes se sentent moins<br />

concernés que le reste de la population par la crise<br />

sanitaire.<br />

La rentrée des élèves de classes préparatoires<br />

s’effectuera cette année mi-septembre.<br />

© Audencia BS<br />

20


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

O. R : Autre défi pour vous : l’emploi<br />

des jeunes. Les entreprises françaises<br />

connaissent et vont connaître d’importantes<br />

difficultés économiques cette année.<br />

Comment pourvoir stages et contrats<br />

d’apprentissage auprès de vos étudiants, un<br />

emploi à vos diplômés?<br />

C. G : Des périodes de stage ont été arrêtées avant<br />

de reprendre à distance. C’est le cas par exemple<br />

d’étudiants qui effectuaient leurs stages à l’étranger.<br />

Si beaucoup de secteurs vont recruter comme ils<br />

l’avaient envisagé, d’autres vont être très impactés.<br />

Quant à l’apprentissage, j’ai l’intuition que si les conditions<br />

sanitaires sont résolues, cela repartira très vite.<br />

O. R : S’il fallait voir un aspect positif<br />

dans la crise que nous vivons, les yeux se<br />

tourneraient vers l’enseignement à distance.<br />

Votre passage au 100% distanciel s’est bien<br />

passé !<br />

C. G : C’est effectivement une vraie satisfaction d’avoir<br />

su mener à bien aussi vite la bascule à 100% en distanciel.<br />

Nous avons progressé beaucoup plus vite qu’en<br />

période normale. Là où il existait des réticences vis à<br />

vis de l’enseignement à distance, elles se sont tues.<br />

Nous avons d’ailleurs été favorisés dans cette démarche<br />

par une évolution des modalités de réalisation du plan<br />

de charge de nos professeurs.<br />

Mais il ne faut pas non plus oublier que l’enseignement<br />

à distance tel que nous l’avons pratiqué est un dispositif<br />

d’urgence qui ne présage en rien d’un dispositif<br />

totalement distanciel ou blended demain.<br />

O. R : Sur quelle plateforme d’enseignement<br />

à distance travaillez-vous ?<br />

C. G : Depuis 2008, nous utilisons Blackboard Collaborate.<br />

Et toujours en synchrone.<br />

O. R : Comment avez fait évoluer le plan de<br />

charge de vos professeurs ? Cela doit être<br />

très compliqué.<br />

C. G : Depuis la rentrée 2019, le plan de charges des<br />

professeurs est évalué en crédits ECTS et non plus en<br />

nombre d’heures de face à face. Ce changement avait<br />

été opéré pour promouvoir l’innovation pédagogique et<br />

permettre à chaque enseignant de remplacer, à hauteur<br />

de 20% les heures en présentiels par des dispositifs<br />

pédagogiques innovants.<br />

Cette mise en place a nécessité 2 années complètes<br />

Le campus d’Audencia à Shenzhen recevra<br />

à la rentrée essentiellement des étudiants chinois.<br />

de façon à ce que nous homogénéisions le catalogue<br />

de cours et qu’il y ait une stricte équivalence entre les<br />

heures de cours et les crédits ECTS, tous programmes<br />

confondus.<br />

Pour que cela ne se fasse pas au détriment de certains,<br />

nous avons conservé une double comptabilisation pendant<br />

deux ans. Aujourd’hui, 90% des plans de charge<br />

sont évalués avec cette nouvelle « unité d’œuvre ».<br />

O. R : Les entreprises sont en plein désarroi.<br />

Quand la formation continue va-t-elle<br />

reprendre ?<br />

C. G : Certains cours en présentiel ont été transférés<br />

en distanciel. Aujourd’hui, nous pouvons de nouveau<br />

recevoir des apprenants. C’est important car les entreprises<br />

ont une vraie appétence pour le présentiel.<br />

Il nous faut nous adapter aux nouvelles consignes de<br />

sécurité, de désinfection et d’équipements des locaux.<br />

Ce qui génère des coûts supplémentaires.<br />

O. R : Le retour en activité va représenter<br />

beaucoup de coûts supplémentaires.<br />

Comment allez-vous y faire face ?<br />

Notamment pour les travaux que vous avez<br />

entrepris dans vos bâtiments.<br />

C. G : Nous devons résoudre une équation compliquée<br />

avec différents scénarios budgétaires. Nos travaux<br />

sont presque finis et seuls certains seront décalés<br />

dans le temps. Mais il faut surtout raison garder, retirer<br />

des enseignements des deux mois écoulés et ne pas<br />

se précipiter Cette situation n’est peut-être qu’une<br />

parenthèse pour nos activités.<br />

Audencia, c’est<br />

aussi un groupe<br />

Historiquement, Audencia<br />

s’est construite autour de son<br />

PGE, puis a développé son<br />

portefeuille de programmes<br />

en management, mais<br />

l’Ecole délivre également<br />

des programmes en<br />

communication sous<br />

la marque Audencia<br />

SciencesCom. Le<br />

Mediacampus, qui abrite ces<br />

programmes, est aujourd’hui<br />

l’incarnation de ce que l’école<br />

entend développer en matière<br />

d’éco-système d’apprentissage<br />

et de formation. Les étudiants<br />

y côtoient des professionnels<br />

de la communication et<br />

des médias, des start-ups<br />

évoluant dans le domaine<br />

des jeux vidéo et du<br />

cinéma d’animation, et<br />

ils peuvent également<br />

bénéficier des installations<br />

d’une chaîne de TV.<br />

© Audencia BS<br />

21


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN JUIN 2020 N° 38<br />

Les travaux de rénovation du campus<br />

sont presque achevés.<br />

L’hybridation des<br />

compétences<br />

© Audencia BS<br />

La mobilité à l’international est certes peut-être à<br />

repenser, mais doit-elle pour autant être remise en<br />

cause ? Depuis les Lumières, on sait qu’il faut voyager et<br />

s’enrichir d’autres cultures pour parfaire son éducation.<br />

O. R : C’est le meilleur moyen pour eux de se<br />

préparer à vivre dans un monde incertain ?<br />

C. G : Nous vivons aujourd’hui dans une incertitude<br />

totale à très court terme. Une nouvelle information<br />

peut changer totalement la donne à chaque instant.<br />

Dans ce contexte, il nous faut repenser les équilibres<br />

en permanence. Comme l’écrivait Rudyard Kipling dans<br />

son poème : « SI »<br />

« Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie<br />

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,<br />

Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties<br />

Sans un geste et sans un soupir… »<br />

O. R : Audencia est justement en pointe en<br />

matière de RSE (responsabilité sociétale des<br />

entreprises). Vous venez d’ailleurs d’obtenir<br />

le renouvellement d’un label.<br />

C. G : Le Label Lucie est l’équivalent de la norme ISO<br />

26000 de la RSE. Nous avons obtenu son renouvellement<br />

pour la seconde fois et pour la durée maximale<br />

pour notre approche responsable du management.<br />

Dans le même spectre, le Groupe Crédit Agricole SA<br />

a rejoint ces dernières semaines la chaire RSE en tant<br />

que grand mécène.<br />

O. R : Une dernière question : le Triathlon<br />

Audencia La Baule, qui reçoit près de 6000<br />

participants chaque année, aura-t-il lieu à la<br />

rentrée ?<br />

C. G : Ce n’est pas décidé mais il y a peu de chances.<br />

D’abord parce que nos étudiants de première année,<br />

qui en assurent l’organisation, n’auront pas forcément<br />

fait leur rentrée. Ensuite parce que nous ne savons pas<br />

ce que décideront les sponsors ni si nous aurons les<br />

autorisations de la préfecture et de la mairie. Enfin,<br />

évidemment parce que nous ne voulons absolument<br />

pas prendre le risque de déclencher un nouveau foyer<br />

de cette pandémie.<br />

Un des axes clés de la<br />

stratégie d’Audencia<br />

BS reste l’Alliance<br />

Centrale – Audencia -<br />

ENSA et l’hybridation<br />

des compétences qui en<br />

découle. « Nous voulons<br />

associer passion et<br />

professionnalisation, intérêt<br />

pour les métiers de l’image,<br />

les sciences politiques,<br />

l’ingénierie, l’architecture,<br />

les arts, la technologie,<br />

etc… et le management.<br />

Demain, le pourcentage<br />

d’étudiants « hybrides »<br />

devrait avoisiner les 40% »,<br />

confie Christophe Germain.<br />

22


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Florence Legros<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’ICN BS<br />

& Sarah Vaughan<br />

RESPONSABLE DES ACCRÉDITATIONS DE L’ICN BS<br />

« Etre accréditée par l’AACSB<br />

est un accomplissement pour l’ICN »<br />

L’ICN vient d’être accréditée par l’AACSB<br />

(Association to Advance Collegiate<br />

Schools of Business). Une consécration<br />

pour une école maintenant triple<br />

accréditée. Le regard de sa directrice<br />

générale, Florence Legros, et de sa<br />

responsable des accréditations, Sarah<br />

Vaughan, sur ce long processus et,<br />

plus largement, sur une actualité qui<br />

s’appelle toujours Covid-19.<br />

Olivier Rollot : ICN était déjà accréditée<br />

par l’EFMD (Equis) et l’Amba. Qu’est-ce<br />

que cela représente pour vous d’obtenir<br />

l’accréditation de l’AACSB (Association to<br />

Advance Collegiate Schools of Business) ?<br />

Florence Legros : Etre accréditée par l’AACSB est<br />

un accomplissement après un long travail pour l’ICN.<br />

Avec ces trois accréditations nous sommes vraiment<br />

passés en première classe. Nous allons ainsi avoir<br />

accès aux meilleurs partenariats internationaux. C’est<br />

un vrai nouveau départ ! A nous maintenant de nous<br />

maintenir à ce niveau.<br />

O. R : Vous parlez d’un long travail. Combien<br />

d’années le processus a-t-il duré ?<br />

F. L : Les démarches ont commencé en 2012 mais il y a<br />

eu ensuite quelques péripéties dans la vie de l’école, un<br />

relâchement des efforts à un moment et de mauvaises<br />

habitudes reprises pendant un intérim à la direction.<br />

Enfin la démarche a été mise en mode pause le temps<br />

de mettre en place un nouveau positionnement de notre<br />

Alliance Artem. Nous avons fait beaucoup de ménage<br />

depuis trois ou quatre ans mais il reste encore un peu<br />

de poussière dans les coins. Maintenant les bonnes<br />

habitudes que nous avons prises pour obtenir et<br />

conserver nos accréditations vont perdurer.<br />

Sarah Vaughan : Nous avons su renforcer nos<br />

singularités. Le label AACSB est le produit de cette<br />

mutation en profondeur. Cette accréditation c’est un<br />

nouveau voyage qui commence !<br />

O. R : L’actualité c’est bien sûr la pandémie<br />

du Covid-19 et son impact sur l’enseignement<br />

supérieur. D’autant plus pour ICN qui se situe<br />

en zone rouge. Comment allez-vous gérer<br />

la rentrée de vos étudiants et déjà de vos<br />

personnels ?<br />

F. L : Toutes les rentrées se feront le 1er septembre.<br />

Si on n’a pas tordu le coup au Covid d’ici là nous nous<br />

demandons si nous ferons une rentrée en présentiel<br />

sur la base du volontariat ; Ensuite nous proposerons<br />

aux étudiants français de suivre les cours dans des<br />

groupes réduits. Avec une partie de e-learning. Nous<br />

n’aurons en effet pas assez de place pour recevoir<br />

tous les étudiants avec une distanciation suffisante.<br />

Sans parler du temps qu’il faudra pour faire entrer des<br />

étudiants dans les salles au goutte à goutte en cours.<br />

Ce n’est pas comme pour un concours où on peut leur<br />

L’Alliance Artem<br />

Dans le cadre de l’Alliance<br />

Artem des étudiants de l’ICN<br />

BS, Mines Nancy et l’Ecole<br />

nationale supérieure d’art et<br />

de design de Nancy ont des<br />

ateliers communs et 20%<br />

des cours sont en commun<br />

dès la première année du<br />

programme Grande Ecole.<br />

23


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN JUIN 2020 N° 38<br />

Cap sur<br />

l’entrepreneuriat<br />

© ICN BS<br />

L’ICN, Mines Nancy et l’Ecole nationale supérieure d’art<br />

et de design de Nancy sont réunies sur le campus Artem.<br />

demander de venir deux heures avant. Les étudiants<br />

étrangers pourront quant à eux commencer leur année<br />

en e-learning avant d’intégrer progressivement nos<br />

locaux. Enfin notre E-MBA démarrera entièrement<br />

en ligne.<br />

Le 11 mai seulement 14 personnes ont rejoint l’école<br />

alors qu’une dizaine sont en chômage partiel depuis<br />

un mois et quarante autres en congé maladie pour<br />

garder leurs enfants. Avec une compensation de salaire<br />

à 100%. Tous les autres vont rester en télétravail<br />

jusqu’aux vacances d’été.<br />

O. R : La bonne nouvelle c’est effectivement<br />

que la mise en place des cours à distance<br />

s’est très bien déroulée depuis le début du<br />

confinement…<br />

F. L : Les professeurs ont très bien travaillé. En six<br />

jours nous avons par exemple scénarisé 89 cours<br />

et mis en place une plateforme d’échanges entre les<br />

étudiants et les professeurs sur Zoom. Le seul souci<br />

c’est que certains parents n’ont pas compris pourquoi<br />

nous ne maintenions pas les cours en direct. Nous leur<br />

avons expliqué qu’il y avait des étudiants malades et<br />

que nous voulions mettre des supports de cours en<br />

ligne pour que chacun puisse travailler à son rythme.<br />

Sinon les examens ont eu lieu sans problème avec<br />

essentiellement des dossiers et des devoirs à rendre.<br />

S. V : Il y a un immense avantage à donner la liberté de<br />

temps et d’espace. Cela permet mieux d’atteindre ses<br />

objectifs. Et même pour des travaux de groupe d’une<br />

semaine comme celui que nos étudiants ont réalisé<br />

pour la Caisse d’assurance retraite et de la santé au<br />

travail, la Carsat. Des compétences que vont demander<br />

de plus en plus les entreprises.<br />

F. L : La crise a été un accélérateur forcé de cette<br />

digitalisation. Je crois que si nos étudiants ont si bien<br />

réagi c’est aussi parce que nous leur enseignons une<br />

certaine souplesse au sein d’Artem. Nos étudiants sont<br />

habitués à sortir de leur silo.<br />

O. R : Les concours post prépas sont quelque<br />

peu bousculés dans leur organisation. Vous<br />

êtes satisfait de cette organisation ?<br />

F. L : Il m’a très rapidement apparu tout juste impossible<br />

d’organiser des oraux en temps comme en organisation.<br />

On ne pouvait pas faire venir des étudiants de toute<br />

la France sereinement. Maintenant serait souhaitable<br />

que les lycées soient ouverts pour qu’on puisse y faire<br />

passer les épreuves. S’ils sont fermés, notamment<br />

dans les zones compliquées, cela sera plus difficile<br />

à organiser.<br />

O. R : Parmi les zones de vigilance que<br />

doivent gérer les écoles la question de<br />

l’accueil des étudiants internationaux<br />

interpelle. Dans quelle proportion pensezvous<br />

que ces étudiants pourront rejoindre<br />

vos campus à la rentrée 2020 ?<br />

F. L : Le ministère des Affaires étrangères comme celui<br />

de l’Intérieur doivent prendre position vis à vis de la<br />

venue des étudiants internationaux. Sans compter que<br />

si les CROUS restent fermés il sera bien difficile de les<br />

loger. Pendant ce temps d’autres pays, par exemple<br />

la Suède, vont ouvrir plus vite leurs portes. Or on sait<br />

qu’une fois une destination adoptée il est plus facile<br />

de faire revenir des étudiants les années suivantes.<br />

S. V : La destination France a déjà souffert avec les<br />

gilets jaunes. Il va maintenant falloir reprendre toute<br />

une dynamique.<br />

ICN Business School<br />

propose depuis la rentrée<br />

2019 un accompagnement<br />

professionnel à<br />

l’entrepreneuriat à ses<br />

étudiants. Ce nouveau<br />

dispositif se traduit<br />

notamment par la mise<br />

en place d’un nouveau<br />

référent accompagnement<br />

professionnel entrepreneuriat,<br />

David Gegonne, professeur<br />

affilié à ICN et directeur<br />

exécutif de Grand Nancy<br />

Innovation et le lancement<br />

du Prix de l’entrepreneuriat<br />

étudiant. De même il est<br />

dorénavant possible de<br />

rejoindre l’association<br />

ICN Entrepreneurs dès la<br />

1ère année du programme<br />

Grande Ecole.<br />

24


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Elian Pilvin<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’EM NORMANDIE<br />

« Nous saurons construire une proposition de valeur<br />

en phase avec les grands enjeux de demain »<br />

Un programme Grande école (PGE)<br />

qui évolue vers plus de modularités et<br />

une rentrée qui s’annonce compliquée<br />

comme pour toutes les écoles. Le<br />

directeur général de l’EM Normandie,<br />

Elian Pilvin, établit avec nous le<br />

plan de charge d’une école dont le<br />

développement sur plusieurs campus<br />

n’est pas obéré par la crise.<br />

Olivier Rollot : Le Programme Grande école<br />

(PGE) de l’EM Normandie évolue à la rentrée<br />

2020. Dans quel esprit ?<br />

Elian Pilvin : Après la première réforme engagée en<br />

février 2019, nous avons souhaité aller plus loin en<br />

mettant l’expérience étudiante au cœur du PGE. Nous<br />

voulons que tout leur apprentissage (cours, stages,<br />

alternance, expatriation, engagement associatif) devienne<br />

un espace d’expérimentations permanentes, de<br />

création et de partage au sein duquel les étudiants sont<br />

les premiers acteurs. En capitalisant sur toutes ces<br />

« tranches de vies », ils peuvent ainsi murir leur projet<br />

personnel et professionnel et surtout développer leurs<br />

compétences et leur savoir-être. La réforme intègre<br />

donc de nouvelles disciplines, une internationalisation<br />

renforcée, sur nos campus de Dublin et Oxford et chez<br />

nos partenaires, de nouvelles spécialisations de M2<br />

et des projets à visée professionnalisante. Côté technique,<br />

nous mettons davantage l’accent sur le digital,<br />

où nous avons un vrai savoir-faire, pour faire de ces<br />

digital native des digital actifs.<br />

Nous intégrons donc plus de modularité dans les enseignements<br />

pour laisser plus de libre choix aux étudiants<br />

dans leurs parcours dès la première année post bac.<br />

Ainsi, chaque semestre, les étudiants choisissent des<br />

matières électives telles que psychologie, astronomie,<br />

gouvernance et éthique d’entreprise, management des<br />

organisations sportives, art, histoire des organisations,<br />

entreprendre en ESS, New Trends in Marketing, Managerial<br />

Communication and Critical Thinking, etc., visant<br />

à élargir à la fois leur culture générale et managériale.<br />

Autant d’expertises de nos professeurs qui vont déboucher<br />

sur des capsules de cours.<br />

Nous allons également les faire travailler plus largement<br />

en mode projet pour encourager le travail d’équipe,<br />

l’innovation et l’engagement. En première année, nous<br />

leur proposons un projet startupper sur la création d’une<br />

entreprise réelle ou virtuelle. En deuxième année, des<br />

projets citoyens ou associatifs pour qu’ils s’impliquent<br />

dans une association caritative externe (Restos du<br />

Cœur, Soupe populaire, club de sport, etc.) ou interne<br />

à l’école (BDE, EM Cup, projet humanitaire en France<br />

ou à l’étranger.). En 3ème année, là où se rejoignent les<br />

élèves de CPGE et les admis sur titres, ils vont plancher<br />

sur un projet responsable en participant au concours<br />

parrainé par le Global Compact France pour produire<br />

des recommandations concrètes quant à l’intégration<br />

des objectifs de développement durable de l’ONU au<br />

sein d’entreprises engagées.<br />

© EM Normandie<br />

Six nouvelles<br />

spécialisations<br />

Six nouvelles spécialisations<br />

sont proposées en dernière<br />

année du PGE dont 4<br />

en anglais : « Artificial<br />

Intelligence for Marketing<br />

Strategy » en partenariat<br />

avec l’EPITA, « Digital and<br />

Marketing in Luxury and<br />

Lifestyle », « Entrepreneuriat<br />

Digital », « Financial<br />

Data Management »,<br />

« International Marketing and<br />

Business Development » et<br />

« Supply Chain, Logistique<br />

et Innovations ».<br />

25


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN JUIN 2020 N° 38<br />

L’engagement et la quête<br />

de sens au cœur de la<br />

campagne e-admission<br />

© EM Normandie<br />

Dans ce même esprit de nouveaux électifs en RSE<br />

(responsabilité sociale des entreprises) doivent permettre<br />

aux étudiants d’allier sens du résultat, sens de<br />

l’humain et sens du sociétal. Ils pourront ainsi choisir<br />

des électifs comme économie alternative et appliquée,<br />

entreprendre en économie sociale et solidaire ou<br />

encore comprendre le dérèglement climatique et agir<br />

pour la transition, etc. Dans un autre esprit, le module<br />

de management des technologies vise à acquérir la<br />

maîtrise des fondamentaux de la culture numérique<br />

contemporaine avec une possible certification PIX.<br />

O. R : C’est aujourd’hui votre sujet principal<br />

de préoccupation, notamment avec toutes<br />

les précautions sanitaires que vous allez<br />

devoir prendre, comment se présente la<br />

rentrée 2020 ?<br />

E. P : Pratiquement tout le personnel reste en télétravail<br />

jusqu’au 24 août. Seuls les services techniques sont<br />

revenus sur les campus ainsi que certaines équipes<br />

qui avaient besoin d’utiliser des outils complexes.<br />

Les étudiants qui ont encore des cours les suivent à<br />

distance. La rentrée aura lieu à partir du 3 septembre,<br />

selon les programmes, comme prévu. Toutefois, nous<br />

ne savons pas, à date, quelles conditions sanitaires<br />

nous allons devoir appliquer. Et surtout combien nous<br />

allons pouvoir avoir d’étudiants par classe. Nous prévoyons<br />

donc de nous déployer à 50/50 en présentiel<br />

et distanciel : les cours magistraux sur Zoom et les<br />

travaux dirigés en présentiel. Il n’est pas question de<br />

ne faire que du distanciel. Nous avons donc entrepris<br />

d’équiper l’intégralité de nos espaces d’apprentissage<br />

de matériels high-tech pour dispenser les cours en<br />

présentiel et en distanciel de manière concomitante.<br />

Au Havre, nous nous installerons comme prévu fin<br />

juillet dans notre nouveau bâtiment qui est à la fois une<br />

très belle réalisation architecturale et un lieu propice<br />

au travail collaboratif et au déploiement des dernières<br />

technologies digitales.<br />

O. R : Qu’avez-vous prévu pour des<br />

étudiants internationaux qui ne pourront<br />

pas forcément rejoindre tout de suite vos<br />

campus ?<br />

E. P : Nous en recevons aujourd’hui un peu plus de<br />

750 en échange et en « fee paying » pour un effectif<br />

total de 4500 étudiants. A la rentrée, nous devrions<br />

pouvoir recevoir 75 à 80% de notre objectif de « fee<br />

paying ». Le problème, ce sont les visas et les conditions<br />

d’accès en France. D’autant que les bureaux de<br />

Campus France sont fermés dans de nombreux pays.<br />

Il risque d’y avoir des embouteillages pour la délivrance<br />

des visas et des permis de séjour lorsque cela sera<br />

possible de les obtenir.<br />

Tous les étudiants internationaux qui s’inscrivent pourront<br />

en tout cas suivre les cours à distance avant de<br />

rejoindre nos campus. Nous allons à la fois leur proposer<br />

de les suivre en synchrone, si leurs fuseaux horaires<br />

sont compatibles, et en asynchrone quand ce n’est pas<br />

le cas comme en Amérique du Sud. Nous prévoyons<br />

également des rentrées décalées en janvier 2021 pour<br />

les étudiants inscrits en Bachelor, PGE, MS et MSc qui<br />

ne pourront arriver en France dès septembre.<br />

Pour accompagner les<br />

candidats, EM Normandie<br />

a développé avec EOTIM,<br />

un cabinet de recrutement<br />

informatique, un baromètre<br />

leur permettant de mesurer<br />

leur « taux de sens » ou,<br />

autrement dit, d’identifier<br />

les valeurs qui les animent.<br />

Les candidats sont invités<br />

à choisir 5 objectifs de<br />

développement durable<br />

parmi les 17 définis par<br />

l’ONU (faim zéro, inégalités<br />

réduites, éducation de<br />

qualité, égalité entre les<br />

sexes, etc.) pour déterminer<br />

leur profil d’engagement<br />

socio-environnemental<br />

parmi 4 dominantes :<br />

sociale, économique,<br />

environnementale ou encore<br />

sociétale. Des matchs leur<br />

permettent ensuite d’identifier<br />

les e-admisseurs qui leur<br />

ressemblent le plus afin<br />

d’échanger sur les sujets<br />

qui leur tiennent à cœur.<br />

Découvrir le baromètre<br />

de calcul de taux de sens :<br />

https://sowers-eotim.appspot.<br />

com/sowers-emnormandie<br />

26


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN JUIN 2020 N° 38<br />

O. R : Vos campus à Oxford et Dublin sont-ils<br />

toujours fermés ?<br />

E. P : Ils doivent bientôt rouvrir et pourront recevoir nos<br />

étudiants. S’il y a encore des questions de quarantaine<br />

au Royaume-Uni, ils pourront suivre leurs cours sur<br />

les plateformes distancielles. Nous n’enverrons pas<br />

d’étudiants dans nos universités partenaires au premier<br />

semestre 2020-21. Par contre, nous avons décidé<br />

de garder ouvert l’accueil des étudiants d’échanges.<br />

O. R : Votre passage à l’enseignement à<br />

distance s’est bien déroulé ?<br />

E. P : Sans souci sur la plateforme Zoom. Il y a vraiment<br />

eu un élan de tous les personnels comme des étudiants<br />

pour bien répondre à la proposition de valeur de l’école.<br />

Nous avons basculé en 100% distanciel très vite et<br />

accompli des progrès considérables en un temps<br />

record. Mais c’était face à une question conjoncturelle,<br />

dans une sorte d’effet de sidération, si cela devient<br />

structurel cela sera différent.<br />

O. R : Qu’est-ce qui pose le plus problème<br />

dans l’enseignement à distance ?<br />

E. P : Il reste des questions à résoudre. Sur les droits<br />

à l’image, sur les droits d’auteur qu’il faut verser dès<br />

lors que le cours devient une œuvre. Ce qui est le cas<br />

dès qu’on passe en asynchrone. Cela implique de revoir<br />

les contrats de travail de nos enseignants et de nos<br />

intervenants extérieurs.<br />

Au-delà de ces problèmes juridiques, il faut créer<br />

de l’expérience étudiante. Si les cours ont bien été<br />

dispensés à distance, si même le travail en groupe<br />

a bien fonctionné, il manque évidemment toutes les<br />

dimensions sociales, sportives, culturelles. Il faut donc<br />

revenir sur les campus. C’est indispensable !<br />

O. R : La santé des entreprises risquant<br />

d’être chancelante, beaucoup de questions<br />

se posent quant à l’avenir de l’alternance,<br />

des stages ou de la formation continue ?<br />

E. P : Sur les 850 contrats d’alternance que compte<br />

l’école cette année, nous n’avons reçu que deux demandes<br />

de rupture, dont seulement une parce que<br />

l’entreprise avait des difficultés économiques. Aujourd’hui<br />

la crise ne semble pas affecter les grands<br />

donneurs d’ordre. Par ailleurs, nous avons maintenant<br />

notre CFA en propre, qui supprime les quotas et nous<br />

permet d’accompagner en direct les alternants. Cela<br />

simplifie aussi les démarches administratives et les<br />

coûts pour les entreprises…ce qui est intéressant<br />

dans ce contexte économique lié à la crise sanitaire.<br />

La situation des stages est plus complexe. Surtout<br />

pour ceux qui ont lieu cet été alors que beaucoup<br />

d’entreprises rouvrent juste leurs portes. Comme le<br />

permet le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de<br />

la Recherche et de l’Innovation, ils pourront toutefois<br />

être repoussés jusqu’à juin 2021.<br />

Quant aux actions de formation continue, elles se sont<br />

quasiment tout arrêtées mais nous commençons à<br />

recevoir de nouvelles demandes.<br />

O. R : Avec tous ces soucis quelle est la<br />

situation financière de l’école ?<br />

E. P : Nous sommes en clôture de l’année 2019-20 donc<br />

peu touchés. En formation continue, les formations sont<br />

reportées, pas annulées. Il n’y a que dans notre filiale<br />

spécialisée dans le maritime et le portuaire, l’IPER, qui<br />

accueille des cadres internationaux, que des formations<br />

ont été annulées. Nous avons dû par contre investir<br />

pour nous adapter aux nouvelles consignes de sécurité<br />

sur nos campus et fait l’acquisition de matériel hightech<br />

comme je le disais précédemment. Pour l’année<br />

2020-2021, même si nous nous sommes susceptibles<br />

de subir quelques pertes sur certains de nos marchés,<br />

notre situation financière est saine et nous pourrons<br />

encaisser le choc économique post Covid.<br />

O. R : Et demain quels vont être vos<br />

challengers ?<br />

E. P : Nous pourrions assister à un changement profond<br />

du modèle de l’enseignement supérieur. Avec la<br />

crise du Covid-19, nous avons encore plus ouvert les<br />

portes aux grands opérateurs du numérique et ils s’y<br />

sont engouffrés. Alors que, jusqu’ici, l’enseignement<br />

supérieur a toujours été protégé par sa faculté à délivrer<br />

des diplômes, ces grands acteurs vont délivrer leurs<br />

propres certificats. D’abord dans le digital puis dans<br />

d’autres domaines. Teams Education va bientôt être<br />

couplé avec la plateforme Lynda / LinkedIn racheté<br />

il y a quelque année par Microsoft. Les écoles qui<br />

diplôment risquent de se retrouver en concurrence<br />

avec ces entités. Notre challenge est d’anticiper ce<br />

changement de paradigme et d’inventer le modèle<br />

de demain qui devra être agile, pluridisciplinaire, et<br />

expérientiel. La concurrence a toujours galvanisé<br />

notre système Grande école et je suis persuadé que<br />

nous saurons construire une proposition de valeur en<br />

phase avec les grands enjeux de demain.<br />

27


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS<br />

DOSSIER<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

© Shutterstock<br />

Les enjeux d’une<br />

rentrée (vraiment) pas<br />

comme les autres<br />

On ne sait pas encore dans quelles conditions<br />

exactes mais les écoles de management<br />

se préparent déjà à une rentrée – et une année – qui<br />

ne sera vraiment pas comme les autres.<br />

Entre enseignement 100% distanciel et distanciation<br />

sociale raisonnable elles tentent de trouver<br />

un équilibre.<br />

28


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER JUIN 2020 N° 38<br />

Si depuis le 11 mai universités et<br />

Grandes écoles ont commencé<br />

pour la plupart à rouvrir leurs campus<br />

à leurs personnels, la rentrée des<br />

étudiants ne se fera bien qu’à la rentrée.<br />

Mais à quelle date ? Alors que dans les<br />

universités rien ne laisse présager un<br />

report il n’en est pas de même dans les<br />

Grandes écoles. Et notamment pour celles<br />

recevant des élèves de classes préparatoires<br />

qui ne sauront pas avant le 12 août<br />

dans quelle école ils iront finalement. « La<br />

première année du programme Grande<br />

école (PGE) sera forcément décalée de<br />

quelques semaines pour laisser le temps<br />

aux étudiants, qui n’auront effectué leur<br />

choix d’école que le 12 août, de trouver un<br />

logement et de gérer leur installation »,<br />

explique Christophe Germain, le directeur<br />

général de Audencia BS. De son côté<br />

HEC maintient une rentrée au 30 août.<br />

Comme l’ICN dont la directrice générale,<br />

Florence Legros, assure : « Toutes les<br />

rentrées se feront le 1er septembre. Si<br />

on n’a pas tordu le coup au Covid d’ici<br />

là nous nous demandons si nous ferons<br />

une rentrée en présentiel sur la base du<br />

volontariat. Ensuite nous proposerons<br />

aux étudiants français de suivre les cours<br />

dans des groupes réduits. Avec une<br />

partie de e-learning ».<br />

La rentrée des MSc et Mastères Spécialisés<br />

sera également repoussée à octobre<br />

Des étudiants de l’EM Normandie<br />

dans la plupart des école de management.<br />

« Pour les MSc (que suivent aussi les<br />

étudiants de PGE en 3ème année), il s’agit<br />

de laisser quelques semaines supplémentaires<br />

aux étudiants internationaux<br />

pour qu’ils puissent nous rejoindre. Pour<br />

les Mastères Spécialisés, qui ont lieu en<br />

alternance, que les étudiants aient le<br />

temps de trouver un contrat dans une<br />

entreprise », commente la directrice générale<br />

de Neoma BS, Delphine Manceau.<br />

Les étudiants internationaux pourraient<br />

quant à eux ne faire leur rentrée qu’en<br />

janvier quitte à commencer par travailler<br />

à distance.<br />

Moins d’élèves sur les campus !<br />

S’il en était besoin, les difficultés que<br />

rencontrent aujourd’hui proviseurs ou<br />

directeurs d’écoles à rouvrir leurs classes<br />

sont là pour montrer aux directeurs<br />

de Grandes écoles combien la rentrée<br />

s’annonce difficile. Distanciation sociale,<br />

distribution de gels hydroalcoolique,<br />

port du masque, il va falloir totalement<br />

repenser l’organisation des campus. « Il<br />

faut attendre les préconisations du MESRI<br />

en termes de précautions sanitaires et<br />

de distanciation. Là comme ailleurs cela<br />

ne se passera pas comme avant. A nous<br />

de savoir nous adapter sachant que le<br />

e-learning et le télétravail fonctionnent<br />

très bien. A nous de l’intégrer en liens<br />

avec le changement climatique et le coût<br />

Les écoles solidaires<br />

Frais de scolarité élevés<br />

obligent, les écoles<br />

de management sont<br />

particulièrement actives pour<br />

aider leurs étudiants. Pour<br />

aider ses étudiants confrontés<br />

à d’importantes difficultés<br />

financières liées à la crise<br />

sanitaire, KEDGE a par<br />

exemple débloqué 100 000€<br />

de son fonds d’urgence en<br />

abondant à l’euro-euro l’effort<br />

financier de sa Fondation,<br />

dotant ainsi de 50K€<br />

supplémentaires le fonds<br />

d’urgence. KEDGE étudie<br />

les situations individuelles<br />

de chaque étudiant: rupture<br />

de convention de stage,<br />

rupture de contrats de travail<br />

étudiants, problématiques<br />

de logement, difficultés<br />

financières rencontrées par<br />

les financeurs, difficultés<br />

liées à l’expatriation à<br />

l’étranger etc. Même chose<br />

à emlyon dont la fondation<br />

mobilise un fonds d’urgence<br />

exceptionnel de 200K€ pour<br />

aider ses élèves en grande<br />

difficulté. « L’analyse de<br />

leur situation familiale et<br />

financière permettra l’octroi<br />

d’une aide ponctuelle visant<br />

à faciliter les conditions de<br />

vie de nos étudiants en cette<br />

période, tout en maintenant<br />

un lien de proximité et<br />

un accompagnement<br />

individualisé », explique<br />

Bénédicte Bost, directrice<br />

de la RSE et de la<br />

communication interne de<br />

emlyon. Même volonté à<br />

l’Edhec dont la Fondation<br />

EDHEC a lancé un large<br />

appel à la générosité de ses<br />

diplômés. Et pour chaque<br />

don effectué, l’EDHEC<br />

triple son effort en abondant<br />

du même montant à<br />

concurrence d’une enveloppe<br />

globale de 300 000 €.<br />

© Alexis Chezières<br />

29


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

des déplacements », explique le directeur<br />

général adjoint de Grenoble EM,<br />

Jean-François Fiorina quand le vice-dean<br />

de Skema, Patrice Houdayer réfléchit<br />

« à une demi-douzaine d’hypothèses<br />

d’espacement des étudiants en baissant<br />

les taux d’occupation grâce à une<br />

rotation des étudiants et à plus de cours<br />

en distanciel ».<br />

Partout il va falloir réduire le nombre de<br />

personnes par salle. ESCP BS envisage<br />

ainsi un système de rotation, pour permettre<br />

aux étudiants d’assister au plus<br />

de modules en présentiel possible. A l’ICN<br />

Florence Legros anticipe ainsi : « Nous<br />

proposerons aux étudiants français de<br />

suivre les cours dans des groupes réduits.<br />

Avec une partie de e-learning.<br />

Nous n’aurons en effet pas assez de<br />

place pour recevoir tous les étudiants<br />

avec une distanciation suffisante. Sans<br />

parler du temps qu’il faudra pour faire<br />

entrer des étudiants dans les salles au<br />

goutte à goutte en cours. Ce n’est pas<br />

comme pour un concours où on peut leur<br />

demander de venir deux heures avant ».<br />

Enseignement à distance :<br />

ça marche !<br />

La solution à tous les problèmes s’appelle<br />

enseignement à distance. La ministre de<br />

l’Enseignement supérieur, Frédérique<br />

Vidal, encourage tous les établissements<br />

à y recourir comme elles le font depuis<br />

le 16 mars avec un succsè variable. Particulièrement<br />

bien préparées du fait de<br />

leurs implantations et contacts internationaux,<br />

les écoles de management<br />

ont été les premières à transférer leurs<br />

cours. Sans trop de problèmes comme<br />

le confie, Patrice Houdayer : « Avec l’expérience<br />

acquise en Chine – où il nous<br />

a fallu deux semaines pour basculer<br />

tous nos enseignements en ligne – nous<br />

avons ainsi pu aller beaucoup plus vite en<br />

France où ce fut du vendredi au lundi ».<br />

Un enseignement à distance certes opérationnel<br />

mais dont les conditions sont<br />

loin d’être optimales. « Il faut aussi être<br />

conscient que les cours à distance tels<br />

Crise du Covid-19 : quelles conséquences pour l’emploi,<br />

les stages, l’alternance ?<br />

2020 sera à n’en point douter une année<br />

terrible sur le front de l’emploi et les jeunes<br />

seront en première ligne qu’il s’agisse de<br />

leur emploi, leurs stages ou encore leurs<br />

contrats d’apprentissage. L’Organisation<br />

de coopération et de développement<br />

économiques (OCDE) prévoit ainsi une<br />

entrée dans la vie active davantage<br />

chaotique, sur des emplois plus précaires<br />

et avec des effets durables possibles sur<br />

une carrière. « Compte-tenu de la crise<br />

économique liée au Covid-19, une part<br />

importante des 700 000 jeunes terminant<br />

cette année leur formation initiale risque<br />

de se trouver sans emploi », écrivent ainsi<br />

dans un communiqué commun la Cdefi, la<br />

CPU, la CGE, la Fnege et Syntec Conseil.<br />

Ensemble ils « alertent le gouvernement pour<br />

qu’à la fin de l’année 2020, les entreprises<br />

françaises soient accompagnées pour<br />

être en capacité de continuer d’employer<br />

la majeure partie des jeunes arrivant sur le<br />

marché du travail, évitant ainsi une explosion<br />

du taux de chômage des jeunes quittant<br />

cette année leur formation initiale ».<br />

Emploi : un complet retournement ? Dans<br />

son baromètre de l’insertion professionnelle<br />

2020 l’Apec met en regard les excellents<br />

résultats de la dernière promotion entrée<br />

sur le marché de l’emploi et le volume<br />

d’offres d’emploi actuellement proposées<br />

aux jeunes diplômés. D’un côté des<br />

conditions favorables pour la promotion<br />

2018 (85 % des bac+5 occupent un emploi<br />

12 mois après l’obtention de leur diplôme<br />

et sont 6,5 % mieux rémunérés que leurs<br />

prédécesseurs de la promotion 2017 avec<br />

un salaire brut médian de 32 000 €/an).<br />

De l’autre des « points de fragilité » qui<br />

pourraient s’accentuer pour les diplômés<br />

2019 et 2020 : 31 % des diplômés 2018<br />

actuellement en poste ont un contrat<br />

de travail non pérenne (CDD ou contrat<br />

d’intérim) et 43 % n’ont pas le statut de cadre.<br />

De plus, 1 diplômé sur 5 interrogé qualifie<br />

son emploi actuel de « job alimentaire ».<br />

Pour le mois d’avril 2020, l’Apec constate<br />

une chute des offres d’emploi destinées<br />

aux jeunes diplômés : -69 % contre -62 %<br />

pour l’ensemble des offres de cadres<br />

par rapport à avril 2019. Les activités<br />

informatiques, l’ingénierie R&D et le conseil<br />

et gestion des entreprises, trois secteursclés<br />

pour l’insertion professionnelle des<br />

jeunes diplômés, sont également impactés<br />

par cette baisse. Ils représentent, à<br />

eux seuls, un peu plus de la moitié des<br />

offres d’emploi proposées aux jeunes.<br />

L’alternance en péril ? « La rentrée<br />

en apprentissage s’annonce fortement<br />

impactée : même si nous constatons une<br />

présence des candidats, les prévisions<br />

de baisse du nombre de contrats en<br />

apprentissage se situent entre 30 et 50% ;<br />

il est indispensable qu’un plan de soutien de<br />

l’apprentissage soit mis en place », s’alarme<br />

Pierre Goguet, le président CCI France qui<br />

fait plusieurs propositions pour y remédier.<br />

Même inquiétude dans une tribune publiée<br />

dans Les Echos par le directeur général de<br />

ESCP Business School, Frank Bournois et<br />

les directrices de Neoma BS et Skema BS,<br />

Delphine Manceau et Alice Guilhon. Ensemble<br />

ils demandent ainsi une « reprise rapide<br />

des contrats d’alternance ». Si peu ont été<br />

rompus cette année, les perspectives pour<br />

la rentrée s’annoncent en effet difficiles.<br />

Or, comme ils l’expliquent « les entreprises<br />

vont devoir réinventer leurs modèles<br />

économiques et se doter de compétences<br />

nouvelles pour être compétitives dans<br />

une globalisation revisitée, avec un<br />

management à distance intensifié et une<br />

digitalisation accrue. Le pays a la chance<br />

de disposer des talents de jeunes diplômés<br />

totalement prêts à relever ces défis ».<br />

Beaucoup de stages ont dû être annulés.<br />

Alors que Frédérique Vidal, assure que<br />

« les absences de stages ne doivent pas<br />

pénaliser les étudiants pour l’obtention<br />

de leur diplôme » les écoles ont dû gérer<br />

de nombreuses annulations alors que<br />

beaucoup d’entreprises ont fermé leurs<br />

portes. La situation des stages d’études<br />

est particulièrement tendue. Comme le<br />

permet le MESRI ces stages pourront être<br />

repoussés jusqu’à juin 2021. Mais les écoles<br />

ont également imaginé différents processus<br />

pour garantir une expérience professionnelle<br />

à ceux qui en sont privés. Le stage peut<br />

ainsi parfois être remplacé par un projet<br />

tutoré, un mémoire ou encore une simulation<br />

de mise en situation professionnelle.<br />

30


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER JUIN 2020 N° 38<br />

que nous les délivrons maintenant sont<br />

des modalités exceptionnelles de crise.<br />

Ce n’est pas ce type de distanciel que<br />

nous pratiquons dans d’autres cadres »,<br />

reprend Patrice Houdayer.<br />

Dans une étude le BNEI (Bureau national<br />

des élèves Ingénieurs) en fait le constat :<br />

parmi les 11 000 étudiants répartis dans<br />

165 écoles interrogés sur les conséquences<br />

de la crise du Covid-19 seulement<br />

14,3% ont suivi l’intégralité de leurs cours<br />

et 55% en « grande partie ». Parmi les<br />

quelques 9,6% qui n’ont suivi leurs cours<br />

que « parfois » c’est à 42% par « manque<br />

de motivation ». Par ailleurs si plus de<br />

72% ont accès à l’ensemble des logiciels<br />

à distance, 22% n’ont accès qu’à une<br />

partie et que près de 6% en manquent<br />

beaucoup. Pour autant ils sont plus de<br />

57% à estimer que « l’enseignement à<br />

distance est différent mais pas plus dur ».<br />

Un satisfecit très relatif donc de la part<br />

des élèves ingénieurs.<br />

A distance : peut mieux faire<br />

Dans un autre étude sur Comment les<br />

E-C découvrent la formation à distance<br />

et s’adaptent ce sont 72 % des enseignants-chercheurs<br />

interrogés par News<br />

Tank et Adoc Mètis qui se disent satisfaits<br />

par les outils numériques mis à disposition<br />

par leur établissement. Un chiffre<br />

d’autant plus signifiant que les deux tiers<br />

des enseignants interrogés n’avaient<br />

jamais utilisé le distanciel. « Les outils<br />

existent, les universités en disposent,<br />

mais ils ne sont pas ou peu utilisés. Ils sont<br />

sous-investis, soit par le manque d’appétence<br />

des enseignants-chercheurs, soit<br />

encore par l’impression de ne pas pouvoir<br />

transposer les spécificités de sa propre<br />

discipline à distance, soit encore parce<br />

qu’ils n’en percevaient pas l’opportunité<br />

et la plus-value ou qu’ils se sentaient en<br />

déficit de compétence concernant leur<br />

usage », commente Hugo Gaillard, enseignant-chercheur<br />

à Le Mans Université<br />

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développée tout au long de son parcours, lui donneront une bonne hauteur d’avance.<br />

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31<br />

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L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER JUIN 2020 N° 38<br />

© ISC Paris<br />

Un amphithéâtre de l’ISC Paris.<br />

quand le directeur général d’Audencia BS,<br />

Christophe Germain, remarque : « Nous<br />

avons progressé quatre fois plus vite<br />

qu’en période normale. Là où il existait<br />

des réticences vis à vis de l’enseignement<br />

à distance elles se sont tues. »<br />

Dans l’urgence le recours à l’enseignement<br />

à distance a donc été accepté par tous<br />

mais ce serait trop dire qu’il est plébiscité.<br />

Delphine Manceau, la directrice<br />

générale de Neoma, rappelle ainsi que<br />

« l’enseignement à distance que nous<br />

pratiquons aujourd’hui a été imposé par<br />

les circonstances et n’est pas volontaire.<br />

De plus il n’est pas blended et n’associe<br />

pas le distanciel avec du présentiel ».<br />

Son constat : « Le télétravail est parfaitement<br />

adapté à des réunions courtes il<br />

manque toute une dimension informelle<br />

dans les échanges. Ces discussions avec<br />

leurs professeurs, les contacts avec<br />

les autres étudiants, c’est d’ailleurs ce<br />

qu’attendent nos étudiants. Aujourd’hui<br />

il nous manque tout l’informel, l’implicite<br />

et le relationnel enrichi ».<br />

Mixer présentiel et distanciel<br />

A la rentrée sera sans doute privilégiée<br />

une méthode « blended » avec des cours<br />

réalisés en présentiel tant que possible<br />

et retransmis en ligne en direct ou de<br />

manière asynchrone pour les étudiants qui<br />

ne pourraient se rendre sur les campus.<br />

C’est le choix de ESCP BS comme de la<br />

plupart des écoles. C’est celui d’Audencia<br />

BS. « Nous ne ferons pas du 100% à<br />

distance. L’idée est d’alterner de façon<br />

à pouvoir recevoir le nombre d’étudiants<br />

maximum sur place en fonction des conditions<br />

sanitaires que nous allons avoir<br />

à respecter. Ce qui signifie pour nous<br />

recevoir moitié moins d’étudiants sur les<br />

campus », signifie Christophe Germain.<br />

Mais si demain toutes les consignes de<br />

distanciation venaient à être levées,<br />

Audencia reviendra bien sûr au tout<br />

présentiel : « C’est très important pour<br />

construire le lien social de venir sur les<br />

sites. Mais il faut aussi que les étudiants<br />

soient conscients des enjeux sanitaires<br />

alors que les sondages montrent que<br />

les jeunes se sentent moins concernés<br />

que le reste de la population par la crise<br />

sanitaire ».<br />

Aujourd’hui seule Grenoble EM semble<br />

privilégier le recours systématique à<br />

l’enseignement à distance. « Nous allons<br />

nous organiser selon des cycles de deux<br />

mois pour gérer la progression de chaque<br />

programme et décider ou non d’ouvrir les<br />

campus », explique Jean-François Fiorina.<br />

Que faire pour les étudiants<br />

internationaux ?<br />

Dans l’hypothèse où les frontières extra-européennes<br />

resteraient fermées<br />

en septembre, les écoles travaillent à<br />

la création de cours 100% en ligne pour<br />

leurs étudiants internationaux. A Kedge,<br />

l’ensemble des programmes a ainsi été<br />

adapté pour pouvoir accueillir les étudiants<br />

internationaux en format distanciel<br />

pour leurs cours et leurs examens sur le<br />

premier semestre. « Ils seront libres d’in-<br />

Les pays anglo-saxons<br />

particulièrement touchés<br />

L’enseignement supérieur sait<br />

qu’il sera touché par la baisse<br />

notable des flux d’étudiants<br />

internationaux. Aux Etats-<br />

Unis The Chronicle of<br />

Higher Education titre Under<br />

Covid-19, University Budgets<br />

Like We’ve Never Seen<br />

Before alors que, selon un<br />

rapport que vient de publier<br />

le cabinet ABC Insights, près<br />

des trois quarts des présidents<br />

de colleges et d’universités<br />

prévoient des licenciements.<br />

Au Royaume-Uni une étude<br />

de University and College<br />

Union (UCU) citée par The<br />

Guardian estime la perte<br />

des droits de scolarité de 2,5<br />

milliards de livres l’année<br />

prochaine - dont 1,5 liés<br />

à la baisse du nombre des<br />

étudiants internationaux<br />

- et la disparition de<br />

30 000 emplois.<br />

32


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DOSSIER JUIN 2020 N° 38<br />

tégrer le campus à tout moment lorsque<br />

leur situation leur permettra. Sur deux<br />

MSc (Brand Marketing et International<br />

Business), les étudiants qui ne pourraient<br />

intégrer le programme qu’au deuxième<br />

semestre pourront débuter le cursus en<br />

janvier 2021 et le poursuivre en septembre<br />

avec la promotion suivante », explique<br />

le directeur des programmes de l’école,<br />

Pascal Vidal. Après inscription et paiement<br />

de l’acompte, les étudiants internationaux<br />

auront accès à des cours en ligne via des<br />

plateformes d’enseignement à distance<br />

comme Crossknowledge.<br />

Comme l’analyse Minh-Hà Pham, la<br />

vice-présidente de PSL en charge des<br />

relations internationales, « dans beaucoup<br />

de cas la meilleure solution sera<br />

de repousser les arrivées des étudiants<br />

internationaux au deuxième semestre.<br />

Les étudiants pourraient ainsi d’abord<br />

suivre une partie de leurs cours en ligne.<br />

Des discussions sont en cours pour<br />

développer une telle offre et l’ouvrir aux<br />

étudiants internationaux ».<br />

La préférence de choix des étudiants européens<br />

pour des pays proches pourrait<br />

amortir le choc. Pus de 90% des étudiants<br />

européens qui avaient initialement l’intention<br />

d’aller étudier dans une université<br />

de l’Union Européenne pensent toujours<br />

le faire selon une étude du cabinet QS.<br />

Mais pas forcément tout de suite : 46%<br />

des personnes interrogées ont l’intention<br />

de reporter leur entrée d’une année.<br />

Mais cela ne suffira certainement pas<br />

faire oublier l’absence de nombreux<br />

étudiants asiatiques. Selon les chiffres<br />

publiés le 14 avril par Studyportals, une<br />

plate-forme mondiale de choix d’études<br />

basée aux Pays-Bas, et cités par University<br />

Wolrd News ce sont 40% des<br />

étudiants internationaux potentiels qui<br />

envisagent d’abandonner leurs projets<br />

d’études à l’étranger. Parmi les étudiants<br />

qui reconsidéraient leurs options un peu<br />

plus de la moitié souhaitent reporter leur<br />

inscription à l’année prochaine ou l’année<br />

suivante, 40% de s’inscrire à un cours<br />

en ligne et seulement 18% pensaient<br />

définitivement renoncer à se rendre à<br />

l’étranger.<br />

Faudra-t-il gérer un<br />

bouleversement pérenne ?<br />

C’est LA question ! Faut-il simplement<br />

s’adapter pour 2020-21, et oublier ensuite<br />

le Covid-19 comme on a oublié le SRAS<br />

après 2002, ou se préparer à des crises<br />

récurrentes ? Sur son blog Academia Next<br />

le futurologue spécialisé dans l’éducation<br />

Bryan Alexander imagine ainsi trois scénarios<br />

pour la rentrée 2020 : « le modèle du<br />

Hubei: une seule vague courte », « vagues<br />

virales: longue durée, impacts inégaux »,<br />

« la longue peste ». Dans son analyse<br />

Bryan Alexander imagine qu’un « pays<br />

ou une région peut être relativement<br />

exempt de Covid-19 pendant un certain<br />

temps, puis la pandémie rugit, entraînée<br />

par une mutation ou un nouveau vecteur<br />

d’infection ».<br />

Une analyse que confirme Jean-François<br />

Fiorina : « Nous devons nous préparer à<br />

revivre ce même type de situation. Avec<br />

l’avantage de l’expérience. Il va falloir<br />

nous demander s’il faut établir un régime<br />

provisoire ou si nous devons accélérer un<br />

certain nombre de décisions et réfléchir<br />

à de nouveaux modèles en capitalisant<br />

sur le télétravail et le e-learning ».<br />

Olivier Rollot<br />

Le campus de emlyon BS<br />

Des étudiants<br />

négligents ?<br />

Les règles ne seront pas<br />

toujours faciles à faire<br />

respecter à des étudiants<br />

pas forcément convaincus<br />

de la nécessité de se<br />

protéger. Selon le dispositif<br />

d’études #MoiJeune le degré<br />

d’inquiétude vis à vis du<br />

Covid-19 des jeunes n’est que<br />

de 3,1 / 10 quand il monte à<br />

6/10 pour leurs proches. Un<br />

niveau en baisse constante.<br />

BSB croit toujours<br />

en l’alternance<br />

Dans le « contexte de<br />

situation économique<br />

complexe que traverse la<br />

France, pour répondre aux<br />

besoins des entreprises et<br />

aux attentes des étudiants »,<br />

Burgundy School of<br />

Business (BSB) double le<br />

nombre de places ouvertes<br />

en apprentissage dans ses<br />

programmes Bachelor et<br />

Master Grande Ecole (MGE).<br />

Sur Dijon et Lyon, dès la<br />

rentrée prochaine, c’est un<br />

potentiel de 300 jeunes.<br />

© emlyon BS<br />

33


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Eric Cornuel<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’EFMD<br />

« Les business schools doivent conclure<br />

des alliances stratégiques »<br />

En 20 ans à la tête de l’EFMD<br />

(European Foundation for Management<br />

Development) il a profondément fait<br />

évoluer les processus d’évaluation des<br />

business schools dans le monde entier.<br />

A l’heure du Covid-19 le regard d’Eric<br />

Cornuel sur un univers des business<br />

schools profondément bouleversé.<br />

Cet entretien a été réalisé le 12<br />

mars mais n’a pas pu paraître en avril<br />

le numéro 37 de l’Essentiel du Sup<br />

Prépas ayant été repoussé à mai. Il vient<br />

aujourd’hui éclairer la problématique de<br />

l’après Covid-19.<br />

Olivier Rollot : Le 100% en ligne est<br />

aujourd’hui la seule solution pour éviter une<br />

fermeture totale des business school. Où<br />

en est votre processus d’accréditation des<br />

formations en ligne ?<br />

Eric Cornuel : Il y a maintenant quinze ans que nous<br />

avons commencé à nous intéresser aux cours en ligne.<br />

Il y a quatre ans nous avons créé une accréditation<br />

spécifique, EOCCS - que nous allons rebaptiser EFMD<br />

Digital – qui est toujours la seule. Mais plus qu’au 100%<br />

en ligne nous croyons plus au développement du panachage,<br />

du blended.<br />

O. R : Cette crise, qui en suit d’autres, metelle<br />

en péril le mouvement de mondialisation<br />

de l’enseignement supérieur ?<br />

E. C : Beaucoup de phénomènes mettent en péril la<br />

mondialisation : des mouvements populistes, une classe<br />

moyenne laminée dont le niveau de vie est inférieur à<br />

celui de ses parents, l’éclatement de la société, l’espérance<br />

de vie qui baisse aux Etats-Unis, etc. Tout cela<br />

amène à la dualité d’une société entre économie réelle<br />

et manne financière sur fond de fusions-acquisitions<br />

sans création de richesse. Un contexte dans lequel le<br />

stress est la principale maladie du xxi e siècle.<br />

O. R : Le monde que vous décrivez c’est<br />

quand même un monde régi par les diplômés<br />

de business schools que vous accréditez…<br />

E. C : Avec la Fnege (Fondation nationale pour l’enseignement<br />

de la gestion des entreprises) et Michel Kalika<br />

nous avons justement créé le BSIS (Business School<br />

Impact System) pour comprendre comment les écoles<br />

forment leurs étudiants. Les écoles doivent vivre dans<br />

la société. Bien au-delà d’une école autocentrée elles<br />

doivent avoir une dimension heuristique. Nos institutions<br />

doivent se poser des questions sur leur impact global<br />

et sur leurs territoires immédiats.<br />

C’est aussi pour cela que nous avons contribué à<br />

créer le réseau Responsible Research in Business<br />

Management (RRBM). Après une parenthèse de 30<br />

ans pendant lesquels on a seulement voulu maximiser<br />

le profit et délocaliser les entreprises on relocalise.<br />

937 membres<br />

L’EFMD (European<br />

Foundation for Management<br />

Development) compte<br />

aujourd’hui 937 membres<br />

dans 91 pays dont plus de<br />

la moitié (541) en Europe<br />

et 160 en Asie. Dans ce<br />

cadre l’accréditation Equis<br />

est accordée à 189 business<br />

school (dont une qui l’a<br />

perdue et a une année pour<br />

se remettre à niveau) dans<br />

44 pays dont toujours plus<br />

de la moitié en Europe. « Il<br />

n’y a pas de quotas pour nos<br />

accréditations. Ce n’est pas<br />

parce qu’il y a tant d’écoles<br />

dans un pays qu’il ne peut<br />

pas y en avoir de nouvelle »,<br />

insiste Eric Cornuel.<br />

34


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS ENTRETIEN JUIN 2020 N° 38<br />

Nous devons accompagner – et même précéder –<br />

ce mouvement. Depuis 2013 nous avons introduit la<br />

Sustainability comme l’un de nos trois critères les plus<br />

importants dans l’accréditation EQUIS. Aujourd’hui nous<br />

essayons de préparer les changements climatiques.<br />

O. R : Qu’est-ce qui différencie l’EFMD de<br />

l’AACSB (Association to Advance Collegiate<br />

Schools of Business) ?<br />

E. C : L’AACSB délivre des certifications, l’EFMD des<br />

accréditations. L’AACSB est essentiellement américaine<br />

avec quelques cadres aux Pays-Bas et Singapour<br />

quand notre équipe de 80 personnes est composée<br />

de 29 nationalités différentes. L’EFMD n’est pas qu’un<br />

accréditeur, elle organise des conférences, des jobs<br />

fair, forme des cadres des business schools, possède<br />

une Executive Academy pour former plus largement<br />

des managers et possède même une base de 450 000<br />

CV d’étudiants à la recherche de stages.<br />

O. R : Combien d’audits EQUIS l’EFMD<br />

effectue-t-il chaque année ? Qui sont les<br />

auditeurs ?<br />

E. C : 50 environ en faisant tourner ceux qui président<br />

les comités et peuvent en effectuer deux ou trois par<br />

an. Tous les deans le font car c’est très enrichissant,<br />

cela permet de mieux connaître chaque système local<br />

et même de préparer de futurs partenariats.<br />

O. R : Et le BSIS. Dans combien de pays le<br />

dispensez-vous ?<br />

E. C : Aujourd’hui dans 15 pays. Nous avons par exemple<br />

audité l’IMD en Suisse, le CEIBS en Chine, Corvinus en<br />

Hongrie BS et HEC Liège en Belgique. C’est très plaisant<br />

à faire car on voit la finalité de chaque institution.<br />

C’est révélateur d’actions d’impact que tout le monde<br />

effectue sans toujours le savoir. Un peu comme M.<br />

Jourdain ! Et cela donne de la fierté à l’école mais aussi<br />

à sa région, sa ville, etc.<br />

A terme nous voudrions réaliser dans le même temps<br />

une « expérience EFMD », cumulant EQUIS et BSIS<br />

pendant une ou deux semaines, avec des outils plus<br />

sophistiqués permettant de donner plus de benchmarking.<br />

Nous commençons déjà à tester le cumul des<br />

audits EQUIS et BSIS ou EPAS et BSIS.<br />

O. R : Beaucoup de business schools<br />

françaises sont à la recherche d’un nouveau<br />

business model. Quel regard jetez-vous sur<br />

leur évolution ?<br />

E. C : L’Etat français s’est énormément désengagé<br />

de son enseignement supérieur. C’est une erreur<br />

considérable pour le futur de la société française.<br />

Les business schools françaises apportent un retour<br />

sur investissement exceptionnel aux diplômés avec<br />

beaucoup d’écoles au top des classements du Financial<br />

Times. Les universités classiques comme les instituts<br />

d’administration des entreprises (IAE) se paupérisent et<br />

c’est gravissime. Globalement il faut désinvestir notre<br />

enseignement secondaire pour mieux se concentrer<br />

sur l’enseignement primaire et supérieur.<br />

L’Etat a particulièrement failli dans les écoles consulaires<br />

en s’évertuant à réduire les ressources des chambres<br />

de commerce et d’industrie. Il faut maintenant définir<br />

de nouveaux modèles hybrides en créant des relations<br />

de long terme avec les stakeholders. Qui ne doivent<br />

pas seulement entrer pour ressortir rapidement du<br />

capital des écoles. Nous sommes dans une industrie<br />

de long terme où trois à cinq ans sont nécessaires<br />

pour sortir un programme. On découvre l’arrivée des<br />

fonds sans savoir ce qu’il adviendra à moyen / long<br />

terme. Si ce n’est pas au détriment des ressources<br />

des écoles, bravo ! Aux Etats-Unis Hult International<br />

Business School est accréditée EQUIS et 100% privée.<br />

Aujourd’hui les écoles sont particulièrement attaquées<br />

sur leurs produits profitables, comme la formation<br />

continue ou les MBA (masters of business administration),<br />

par d’autres acteurs comme les cabinets conseil<br />

et même LinkedIn.<br />

O. R : Comment les business schools peuvent<br />

réagir face à cette baisse des moyens et à<br />

ces nouvelles concurrences ?<br />

E. C : Il faudrait conclure des alliances stratégiques<br />

avec des acteurs mieux dotés plutôt que de travailler<br />

avec des partenaires qui ne connaissent pas nos<br />

métiers. Ces processus on ne les trouve aujourd’hui<br />

qu’en France qui est un laboratoire d’expérimentation.<br />

Il faut convaincre de grands acteurs mondiaux de<br />

travailler ensemble alors que la Chine risque de se<br />

fermer pendant un an.<br />

La naissance de<br />

« EFMD accredited »<br />

L’EFMD rationalise son<br />

offre en arrêtant deux de ses<br />

accréditations – EPAS pour<br />

les programmes et EOCCS<br />

pour les cours en ligne –<br />

pour lancer le tout nouveau<br />

« EFMD accredited ». La<br />

nouvelle accréditation sera<br />

ouverte à toutes les écoles, y<br />

compris accréditées Equis,<br />

avec des accréditations<br />

spécifique pour les MBA,<br />

E-MBA, BSc, MSc, etc. A la<br />

suite de ESCP et Skema, dix<br />

business schools parmi les<br />

meilleures (HEC Montréal,<br />

The Hong Kong University<br />

of Science and Technology,<br />

Saint-Gallen, etc.) sont les<br />

premières à sa lancer.<br />

35


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

Comment organiser<br />

examens et concours<br />

à l’heure du Covid-19 ?<br />

Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

a posé les conditions dans lesquels allaient pouvoir être organisés<br />

les concours cette année. Et cela ne va pas être simple ! Dans le même temps<br />

de très nombreux examens ont dû être organisés à distance. Avec parfois<br />

de fortes réticences dans les universités.<br />

Un candidat « présentant une<br />

toux pendant l’épreuve devra<br />

immédiatement être isolé<br />

pour terminer l’épreuve s’il<br />

est en état de le faire ou sera exclu ». Les<br />

candidats devront « porter un masque<br />

personnel grand public dès la file d’attente<br />

». Celui-ci pourra être retiré pendant<br />

l’épreuve « sous réserve d’application<br />

stricte des consignes de distanciation,<br />

en particulier pour les épreuves longues<br />

et de l’aération des locaux ». Il est également<br />

préconisé de « prévoir d’échelonner<br />

les horaires de convocations avant le début<br />

de l’épreuve pour éviter les regroupements<br />

et les attentes trop longues ». Le<br />

18 mai le ministère de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de l’Innovation<br />

a publié ses recommandations sanitaires<br />

liées au Covid-19 pour l’organisation<br />

d’épreuves de concours.<br />

Si la plupart sont de bons sens certaines<br />

recommandations paraissent difficiles à<br />

valider. Notamment à la fin des épreuves<br />

où « les candidats restent à leur place<br />

et les copies sont déposées directement<br />

dans une bannette que le personnel de<br />

surveillance présente aux candidats. »<br />

OK. « La sortie est échelonnée comme<br />

l’entrée sans croisement entre les candidats,<br />

rangée par rangée. » Pas de problème.<br />

Mais quand il est indiqué que les<br />

candidats sont invités à « quitter les lieux<br />

immédiatement, à ne pas stationner à<br />

l’extérieur des salles d’examen ou des<br />

bâtiments pour ne pas créer d’attroupements<br />

» ça se complique. Parce que s’il<br />

y a un jour dans sa vie où on ressent le<br />

besoin de parler pour vérifier la validité<br />

de ses réponses c’est bien à la sortie<br />

d’un examen…<br />

La moyenne pour tous ?<br />

Dans les universités le passage des examens<br />

est tout sauf un long fleuve tranquille.<br />

Le 20 mai le tribunal administratif<br />

de Paris a rejeté la requête formée par<br />

des enseignants-chercheurs de l’université<br />

Paris 1 Panthéon-Sorbonne suite à l’adoption<br />

par la commission « formation et vie<br />

universitaire » de l’université – en opposition<br />

avec sa présidence - d’un mode de<br />

contrôle des connaissances « renonçant<br />

à l’évaluation rigoureuse des connaissances<br />

des étudiants dans le cadre de<br />

leurs examens » selon les mots de Frédérique<br />

Vidal. Une douce litote puisque ce<br />

sont tout simplement les notes inférieures<br />

à 10 qui ne sont pas prises en compte pour<br />

le second semestre afin de « lutter contre<br />

les inégalités entre étudiants, exacerbées<br />

par la crise du coronavirus ». Le tribunal<br />

motive notamment son jugement par<br />

le fait que « seuls 73 % des étudiants disposent<br />

d’un équipement informatique<br />

personnel et que 40 % ne s’estiment pas<br />

en mesure de subir des épreuves à distance<br />

en un temps réduit ».<br />

Un fâcheux précédent pour la ministre qui<br />

considère que la délibération de la commission<br />

formation et vie universitaire de<br />

l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne<br />

« remet en cause et méprise l’engagement<br />

exceptionnel des enseignants-chercheurs<br />

de cette université au service de la continuité<br />

pédagogique pendant cette crise<br />

sans précédent, ce qui n’est pas acceptable<br />

». Surtout Frédérique Vidal considère<br />

que cette délibération porte une « atteinte<br />

directe à la qualité des diplômes<br />

36


L’ESSENTIEL <strong>DU</strong> <strong>SUP</strong> PRÉPAS DÉBAT<br />

JUIN 2020 N° 38<br />

délivrés par l’université et ce faisant, à<br />

l’avenir de ses étudiants qui souhaitent<br />

préserver la valeur de leur formation ».<br />

Quatre-vingt-cinq enseignants-chercheurs<br />

de l’université avaient en effet fait part<br />

au ministère, par la voie d’un courrier,<br />

de leur vive inquiétude devant ces modalités<br />

qui ne permettent pas d’assurer<br />

la qualité des diplômes nationaux. Résultat<br />

le ministère « appuiera les enseignants-chercheurs<br />

qui souhaiteront se<br />

pourvoir en cassation devant le Conseil<br />

d’Etat ». A suivre donc.<br />

Comment contrôler<br />

à distance ?<br />

Le jugement du tribunal administratif<br />

de Paris ne remet pas en cause la possibilité<br />

même de faire passer les examens<br />

à distance. Il note seulement la rupture<br />

d’égalité devant l’examen qui résulte de<br />

l’incapacité pour un nombre significatif<br />

d’étudiants de disposer du matériel informatique<br />

nécessaire. Ce qui ne semble pas<br />

poser de problème majeur sur le reste du<br />

territoire où de très nombreux examens<br />

sont organisés à distance. La question<br />

qui se pose est plutôt celle de la triche.<br />

« Avant, il s’agissait de répondre à des<br />

QCM (questionnaires à choix multiples,<br />

NDLR) sur des tablettes, sous surveillance,<br />

dans des amphithéâtres. Pour la<br />

première fois, nous allons le faire de chez<br />

nous et je vais m’appuyer sur mes fiches,<br />

sur Google et sur quelques camarades »,<br />

reconnaît par exemple Louise, 20 ans, en<br />

deuxième année de médecine dans une<br />

université de l’ouest de la France, interrogée<br />

par France 24.<br />

Pour éviter de tels comportements universités<br />

et Grandes écoles font appel à<br />

différentes solutions. Notamment de vidéo-surveillance.<br />

Avec le risque de voir<br />

la polémique enfler à mesure qu’on mêle<br />

vie privée – captation forcément dans un<br />

logement avec les problèmes potentiels<br />

que cela peut poser dès lors qu’un environnement<br />

est filmé – et nécessité de surveiller<br />

quand même le passage des examens.<br />

Ce fut le cas à Rennes 1 où, comme<br />

l’explique Le Monde, suite aux protestations<br />

des syndicats étudiants finalement<br />

seul l’institut de gestion décida d’y recourir.<br />

Et seulement avec une captation photographique<br />

régulière effectuée par une<br />

société de télésurveillance, Managexam,<br />

qui travaille depuis 2017 avec l’université<br />

de Caen pour les étudiants « empêchés<br />

», comme les étudiants porteurs de<br />

handicap.<br />

On est loin du processus mis au point au<br />

Canada par l’Université Concordia dont<br />

les examens d’une dizaine de cours, sur<br />

presque 800, seront télésurveillés cet été.<br />

Comme l’explique Radio Canada le logiciel<br />

de l’entreprise Proctorio aura ainsi<br />

accès à la caméra, la localisation physique,<br />

l’identité, le clavier, la localisation<br />

de la souris, les fenêtres ouvertes dans<br />

le navigateur, l’écran, les autres logiciels<br />

qui sont en activité sur l’ordinateur, etc.<br />

Les mouvements des yeux, de la bouche<br />

et de la tête seront enregistrés par le logiciel.<br />

Le candidat devra montrer sa carte<br />

d’étudiant à la caméra afin de faire valider<br />

son identité. Le tout est traité par<br />

une intelligence artificielle qui informe<br />

les professeurs en cas de comportement<br />

anormal. La porte-parole de l’Université<br />

Concordia, Vannina Maestracci, le certifie<br />

: « Ce sont eux qui prendront la décision<br />

de sanctionner ou pas l’étudiant,<br />

qui pourra se défendre ».<br />

Sébastien Gémon<br />

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