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JOURNAL ASMAC No 3 - juin 2020

Plaisir - Entre gloutonnerie et ascèse Oncologie - Nouvelles approches thérapeutiques Rhumatologie - Hématochromatose Politique - Corona: tout donner et ne rien recevoir?

Plaisir - Entre gloutonnerie et ascèse
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Un bon repas, un bon vin, de bonnes discussions avec de bons amis – un plaisir qui rend la vie digne d’être vécue.<br />

Plaisirs sombres,<br />

renoncement<br />

enthousiaste<br />

Le plaisir constitue également toujours un acte de «transgression». Celui qui savoure,<br />

apprend qu’il est davantage qu’un simple serviteur et gardien de sa vie. Le plaisir<br />

conduit donc, en fin de compte, à un sentiment de souveraineté.<br />

Robert Pfaller, professeur de philosophie à l’Université d’Art de Linz<br />

«Quel désir peut être supérieur au dégoût<br />

du désir lui-même!» Tertullian<br />

L’une des idées les plus surprenantes<br />

pour tous ceux qui s’intéressent<br />

au sujet du plaisir est<br />

que les gens ne sont absolument<br />

pas des hédonistes par nature. On aurait<br />

en effet pu croire que tout le monde voudrait<br />

travailler le moins possible et avoir<br />

le plus de plaisirs possibles. En vérité, les<br />

personnes ont même souvent un avis encore<br />

plus réservé envers le plaisir qu’envers<br />

le travail. Preuve en est, les appels de<br />

plus en plus populaires à suivre certaines<br />

interdictions et restrictions qui ont récemment<br />

touché certains plaisirs jusqu’ici<br />

courants dans les cultures occidentales: la<br />

consommation de viande, d’alcool ou de<br />

tabac, l’utilisation de voitures, le port de<br />

fourrures ou de chaussures à talons, la<br />

consommation de pornographie mais<br />

également les blagues ou compliments<br />

dans la vie quotidienne sont au moins<br />

soumis – si ce n’est aux limitations des autorités<br />

– au regard vigilant de la morale<br />

dominante.<br />

Nécessité de franchir des limites<br />

La raison pour laquelle les personnes non<br />

seulement acceptent souvent et même saluent<br />

les interdictions de plaisir réside<br />

d’abord dans le fait que les plaisirs comportent<br />

toujours un élément malsain.<br />

L’alcool donne mal à la tête et abîme le<br />

foie; le sexe est source de complications<br />

sociales; faire la fête ruine l’appartement;<br />

danser sans s’inquiéter du lendemain a un<br />

coût pour le sommeil; etc. Oui, même les<br />

plaisirs apparemment anodins comme se<br />

promener ou philosopher ont quelque<br />

chose de mauvais en soi: il faut au moins<br />

être prêt à perdre du temps et à s’engager<br />

dans une entreprise incertaine. Le philosophe<br />

Georges Bataille a très bien reconnu<br />

cette dimension mauvaise de toute chose<br />

procurant du bonheur et a constaté qu’un<br />

acte de «transgression» est toujours nécessaire<br />

au plaisir.<br />

C’est du reste justement la réussite de<br />

cette transgression qui, dans toutes ces<br />

choses, apporte le plaisir. C’est pourquoi<br />

toutes les tentatives si typiques pour<br />

l’époque du postmodernisme de produire<br />

des plaisirs sans côté malsain, comme la<br />

bière sans alcool, la crème fouettée sans<br />

crème, le café sans caféine, le sexe sans<br />

contact physique, l’art sans génie et la politique<br />

sans décisions, n’ont connu que des<br />

succès modestes. Car ce n’est que si les<br />

Photo: Adobe<br />

34<br />

3/20 VSAO /<strong>ASMAC</strong> Journal

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