3. La christologie - orthodox-mitropolitan-of-antinoes-panteleimon ...

Le concile de Nicée est avant tout un tribunal destiné à juger Arius
et le mettre en face de ses contradicteurs. C'est ce procès qui inaugure en
grande partie la démarche de dogmatisation.
Le débat christologique n'est pas le seul fait des élites et peut
nourrir de vives controverses chez les individus les plus humbles 17 : un
sermon de Grégoire de Nysse à ses fidèles de Constantinople, à la fin du
IV e siècle, en atteste en dépit et contre la dogmatisation commençante :
«Dans cette ville, si vous demandez de la monnaie à un boutiquier, il ne
tardera pas à disputer avec vous de la question de savoir si le Fils est
engendré ou incréé 18 . Si vous interrogez le boulanger sur la qualité de son
pain, il vous répondra que "le Père est supérieur au Fils" 19 et si vous
demandez au garçon de bain de faire son office, il vous affirmera que le
Fils a été créé ex nihilo 20,21
.»
Nombre de christologies se sont développées entrer le I er et
IV e siècle, ce dont témoignent une foule d'apocryphes publiés à cette
époque 22 . Avant 70, voire 135, le christianisme doit être considéré
entièrement comme une forme de judaïsme dont il va s'extraire et se
différencier progressivement 23 . Le débat entre diverses écoles de pensée,
qui disputent et parfois s'excommunient 24 , y est donc la règle, comme le
reflète le Talmud qui voit le début de la mise par écrit de la Mishnah dans
cette période.
La question principale 25 posée dans ces christologies concerne les
modalités de la paternité divine dont parle Jésus évoquant son «Père du
ciel». On médite «qui me voit voit mon père» 26 en tâchant d'élaborer les
conditions dans lesquelles ce phénomène serait possible. Elles se
répartissent en trois catégories selon la façon dont les éléments de cette
paternité sont compris : les christologies angéologiques, les christologies
différentialistes et enfin celles qui considèrent que le christ est un homme
choisi par Dieu.
Il faut se souvenir que «Christ» est la traduction grecque du mot
Messie issue de l'espérance de la restauration de la royauté
(indépendante) d'Israël tel que l'idéal en est fixé par la figure de David
dans le premier testament 27 . Dans cette configuration, les diverses
métaphysiques établissent un dosage subtil entre le concept de daimon 28 ,
le concept de royauté - entendu tantôt comme souveraineté, tantôt comme
autorité - et l'humanité de Jésus.
8. Christologies angéologiques
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