02.12.2020 Vues

AR n°53 — Extrait

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— AFRIQUE —

DE LA TAILLE

DES VULVES

Dans plusieurs pays africains, les jeunes filles se livrent,

dès la puberté, à des manipulations intimes pour allonger

leurs lèvres vaginales. Certains y voient un rituel initiatique

destiné à augmenter le plaisir des hommes. Pour d’autres,

cela ressemble surtout à une mutilation génitale.

Pour le sexe comme pour le reste, les critères

esthétiques sont extrêmement variables, dans

l’espace comme dans le temps. Si l’on s’intéresse

à la taille, le culte de l’hypertrophie

concerne généralement les organes masculins.

Mais il existe des régions du monde où

cette obsession atteint aussi les femmes.

Par exemple au Rwanda, pour être considérée

comme esthétiquement acceptable, une

vulve se doit d’être dotée de petites lèvres

les plus longues possible. Pour y parvenir,

dès l’âge de douze ans, les jeunes filles les

massent régulièrement en les étirant, après

les avoir généralement enduites d’huile ou

d’extraits de plantes. Les codes de cette

technique, baptisée Gukuna, sont transmis

de mère en fille, avec la supervision, le plus souvent, de la tante

paternelle. Les petites lèvres allongées peuvent ainsi atteindre

la largeur d’une main. C’est seulement après ce rite que la fille

serait, dit-on, prête à la vie conjugale. En fait, il s’agirait, toujours

selon la croyance, de procurer davantage de plaisir à

l’homme, car les lèvres ainsi allongées enroberaient mieux le

pénis. La coutume n’est pas limitée au Rwanda, et se pratique

également dans d’autres pays africains : Ouganda — où les

jeunes filles disent qu’elles « visitent le buisson » (Okukyalira

ensiko) quand elles se massent les lèvres —, Zambie,

Mozambique, République Démocratique du Congo… On la

trouve aussi hors d’Afrique, notamment dans les îles micronésiennes

de Chuuk, dans l’ouest de l’océan Pacifique.

ANTONIO FISCHETTI

Journaliste scientifiquement porté

sur le sexe. Dernier livre paru,

La Planète des sciences (Dargaud).

L’élongation des lèvres vaginales n’est pas

officiellement considérée comme une mutilation

sexuelle par l’Organisation Mondiale

de la Santé, car aucun organe n’est coupé

ou incisé. Il s’agit néanmoins d’une atteinte

à l’intégrité physique, dont on ne peut pas

dire qu’elle est toujours consentie par les

jeunes filles, qui sont victimes d’intimidations

si elles s’y soustraient. À ce titre, il est

logique que les mouvements féministes et

certaines ONG s’opposent à cette pratique.

Celle-ci n’est d’ailleurs pas sans risques :

utilisation d’herbes corrosives, douleurs,

saignements, infections…

Il est tout de même amusant de constater

que l’élongation des lèvres vaginales est aussi

pratiquée en Occident, mais d’une autre façon. En effet, les

cliniques de chirurgie esthétique les plus modernes proposent

aux femmes d’augmenter la taille de leurs grandes lèvres grâce

à des injections d’acide hyaluronique. Dans le but, affirment

les promoteurs de cette technique, de « lutter contre le vieillissement

de leurs parties intimes ». Les mêmes centres médicaux

proposent, à l’inverse, des opérations de « labiaplastie » pour

réduire la taille des petites lèvres ! Au fond, rien de nouveau

là-dessous : on trouve beau ici ce qu’on trouve moche ailleurs

et réciproquement. Mais il serait dommage que cette obsession

du remodelage génital fasse oublier la beauté de ces organes

au naturel.

Illustration : © Vivian Jolivet

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LE GUIDE DU QUEUTARD

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